• Arthur, 23 ans : « Des #CRS m’ont cassé_la_gueule, littéralement »
    https://www.rue89lyon.fr/2019/12/10/arthur-23-ans-je-me-suis-fait-casser-la-gueule-dans-le-vrai-sens-du-terme-

    « Aujourd’hui, je comprends vraiment ce qu’on appelle ‘#violences_policières' »
    Plusieurs personnes sont témoins de la scène, avant qu’Arthur ne soit pris en charge et transporté par des #pompiers. Et notamment Bastien Doudaine, médecin de profession mais aussi « photographe bénévole ». Il suit depuis quelques temps les #manifestations et mouvements pour lesquelles il se sent « en soutien », muni d’un très bon appareil. C’est lui qui a contacté la rédaction de #Rue89Lyon.

    • Comportement de voyous.
      Une « vieillerie » à lire ou à relire si vous mettez le nez dessus un jour chez un libraire d’occasion : « Dossier B comme Barbouzes ». Ce livre explique comment, dans la région de Marseille, dans les années post 68, les truands de la Mafia, les barbouzes des CDR (comités de Défense de la République - milice d’extrême droite) et les flics de « l’anti-gang » s’entrainaient dans les mêmes stands de tir. Il faut dire qu’après 68, le gouvernement paniqué a ouvert grand les vannes du recrutement de la gendarmerie.... Ceux-là sont à la retraite (ou bientôt) mais les p’tits jeunes qui les ont remplacés dans les unités d’intervention n’ont guère plus de morale.
      Plein d’autres joyeusetés du même acabit au fil des pages...

  • Police, jamais sans mon arme

    Oui ! On protège un gouvernement qui n’est pas aimé. Mais c’est notre job. Benoit

    Quelle police offre-t-on à la société ? Quelle est la véritable mission d’un policier ? Protéger les personnes et les biens, enquêter, secourir et réprimer aussi.

    À partir du moment où les manifestants se comportent en combattant, je me transforme en combattant. Et le plus fort gagnera. Je n’ai aucune pitié. Benoit

    Il faut savoir assimiler ces 3 fonctions quand on est policier et ne pas en avoir peur. Arme à la ceinture, symbole de leur pouvoir, Marc, Benoit et Anthony questionnent le sens de leur mission.

    J’ai toujours mon arme avec moi. Je fais mes courses, j’ai mon arme avec moi. Je pars en vacances avec mon arme. C’est comme si je prenais mon téléphone portable, mes lunettes, mes clés de voiture ou ma carte bancaire. Ça fait partie de mon quotidien. Benoit

    L’excitation, l’adrénaline, la déception et la désillusion parfois font partie de leur quotidien.

    L’excitation et l’adrénaline m’empêchent d’avoir peur. J’ai peur après. A posteriori, je me dis : « Là c’était chaud quand même ! ». Benoit

    Comment on peut accepter aujourd’hui pour 1600€ de monter en région parisienne pour se faire cracher à la gueule avec une hiérarchie qui ne vous soutient pas ? Marc

    Avec

    Marc, policier
    Benoit, policier
    Anthony Caillé, policier, secrétaire national de la CGT intérieur.

    https://www.franceculture.fr/emissions/lsd-la-serie-documentaire/force-de-lordre-14-le-maintien-de-lordre-a-la-francaise

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    #Mantes-la-Jolie, des lycéens à genoux

    On doit éviter les policiers ! Alors que les policiers, normalement, ils ont des yeux, ils voient qu’on est des enfants, qu’on est des élèves. un lycéen

    C’est l’histoire d’une interpellation qui survient en pleine mobilisation lycéenne à Mantes-la-Jolie, dans un climat de haute tension.

    La première infraction, c’est d’abord la violation de liberté individuelle, c’est le fait d’avoir été séquestré dans un enclos pendant plusieurs heures. C’est une séquestration commise par une personne dépositaire de l’autorité publique, à savoir les fonctionnaires de police. C’est une infraction pénale. Maître Alimi

    L’histoire de 151 jeunes interpellés par les forces de l’ordre qui sont restés agenouillés plusieurs heures durant, les mains dans le dos ou sur la tête avant d’être transférés dans différents postes de police des Yvelines. Un événement qui va laisser des traces.

    Nous sommes restés 2/3 heures à terre, les mains sur la tête jusqu’à ce qu’ils nous embarquent dans leur voiture par petits groupes. une lycéenne

    Pour les familles plus que blessées, il s’agit d’une arrestation humiliante et inacceptable.

    L’important c’est de faire comprendre que l’autorité est du côté de la police, pas de la loi et que l’important c’est de le faire comprendre... Ce qui est préoccupant c’est que cette attitude est souvent encouragée par la hiérarchie et couverte aussi par le pouvoir politique. Jean-Marie Delarue

    Pour le commissaire de la ville, il s’agissait d’ « interrompre un processus incontrôlé ». Depuis, l’enquête préliminaire, confiée à I’Inspection Générale de la Police (IGPN), qui avait déjà établi « qu’il n’y avait pas de faute » commise par la police lors de cette arrestation, a été classée sans suite.

    Le recteur d’académie m’a appelé personnellement pour me remercier du travail que j’avais fait pour garantir la sécurité de cet établissement scolaire. C’est ça la vérité ! Arnaud Verhille

    Tous les éléments factuels ne peuvent qu’aboutir au constat que nous avons fait le travail de manière professionnelle avec la volonté de ne blesser aucun jeune pendant les quatre jours d’émeute malgré la violence. Arnaud Verhille

    Mais que s’est-il réellement passé ?

    On a ciblé des lycéens à un moment donné de leur vie, au moment d’une grève, au moment d’un blocus c’est-à-dire le moment où d’adolescent on passe à citoyen. Peut-être que l’État inconsciemment se rend compte que s’il veut diriger plus facilement des populations, et bien il faut taper à la racine et faire peur tout de suite. Maître Alimi

    Avec

    Yessa, Hanane, Myriam et Rachida et les jeunes du Collectif de Défense des Jeunes du Mantois
    Maître Alimi, avocat
    Jean-Marie Delarue, président de la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme
    Edouard Durand, juge pour enfants
    Arnaud Verhille, Officier et Commissaire de police de Mantes-la-Jolie
    Geneviève Bernanos du Collectif de Mères solidaires

    https://www.franceculture.fr/emissions/lsd-la-serie-documentaire/force-de-lordre-34-mantes-la-jolie-des-lyceens-a-genou

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    "Allô, Place Beauvau ?", davduf lanceur d’alerte

    Mais qu’est-ce que ça veut dire qu’une république qui tire sur ses enfants ? David Dufresne

    Ancien de Best, de Libé, d’I-Télé et de Mediapart, David Dufresne est écrivain, documentariste, explorateur de récits et du web. Mais d’où vient- il ? Des radios libres ? Des fanzines rocks ? Du mouvement punk ? C’est au milieu des années 1980 dans la presse alternative que David Dufresne démarre.

    Ce qui m’intéresse dans le Punk et le Rap, c’est le rapport à la police. David Dufresne

    Préoccupé par les libertés publiques et individuelles, il recense et dénonce sur son compte Twitter jour et nuit les blessés par les forces de l’ordre lors des manifestations des « gilets jaunes ».

    Twitter, en France, c’est un peu le nouveau fil AFP des journalistes... Recenser les violences policières sur mon fil Twitter, c’était une façon de dire : "maintenant les gars ! ça existe vous ne pourrez plus dire que vous ne saviez pas". David Dufresne

    Aujourd’hui, on peut raisonnablement dire que l’État a fait le pari de la violence. David Dufresne

    Avec

    David Dufresne, écrivain, documentariste (@davduf)
    Gérard Desportes, écrivain et journaliste
    Mireille Paolini, éditrice aux éditions du Seuil
    Yannick Bourg, écrivain
    Perline, ingénieure informaticienne
    Anita Hugi, réalisatrice et directrice de festival des journées de Soleure en Suisse

    https://www.franceculture.fr/emissions/lsd-la-serie-documentaire/force-de-lordre-24-allo-place-beauvau-davduf-lanceur-dalerte

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    Le #maintien_de_l’ordre à la française

    L’histoire du maintien de l’ordre c’est celle d’une disciplinarisation à la fois des forces de l’ordre mais aussi des manifestants des protestataires. Fabien Jobard

    Les manifestations des gilets jaunes nous ont bien rappelé que l’encadrement d’une foule nécessite des compétences, un savoir-faire, né dans notre pays après le drame de la Commune.

    Les manifestations "#loi_travail" et "#gilets_jaunes" ont donné lieu à des dégâts physiques et des dommages corporels qu’on n’avait jamais vu auparavant.

    Depuis cette date la question du contrôle des foules dans la « #légalité_républicaine » ne va cesser de se poser, et progressivement une doctrine à la française va se construire.

    Le préfet Lépine a marqué l’histoire du maintien de l’ordre, notamment en essayant de trouver des moyens alternatifs à la charge dans la foule. Ce qu’il a tenté de faire, c’est montrer le plus de force possible, pour ne pas avoir à s’en servir. Fabien Jobard

    Quelle est l’histoire du maintien de l’ordre à la française ? Quelles sont les évolutions majeures et les césures ? Aujourd’hui les autorités sont-elles plus violentes ou est-ce la perception de cette violence qui évolue ?

    Les forces de l’ordre savent parfaitement bien gérer le maintien de l’ordre ordinaire mais pas quand le pouvoir politique leur demande d’être plus répressif. Patrick Bruneteaux

    Avec :

    Fabien Jobard, directeur de recherches au CNRS, rattaché au Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (CESDIP)
    Olivier Filleule, professeur de sociologie politique à l’Institut d’études politiques, historiques et internationales de l’Université de Lausanne (IEPHI) et membre du Centre de recherche sur l’action politique de l’Université de Lausanne (CRAPUL)
    Patrick Bruneteaux, chercheur en sociologie politique au CNRS et membre du CRPS
    Jean-Marc Berlière, historien, spécialiste de l’histoire des polices en France et professeur émérite à l’université de Bourgogne
    Vanessa Codaccioni, historienne et politologue, maîtresse de conférences en science politique à l’Université Paris 8
    Cédric Moreau de Bellaing, maître de conférences en sociologie du droit à l’ École Normale Supérieure
    Jean-Marie Delarue, président de la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme

    https://www.franceculture.fr/emissions/lsd-la-serie-documentaire/force-de-lordre-44-police-jamais-sans-mon-arme

    #audio #police #forces_de_l'ordre #métier #travail #France #témoignage #policier #policiers

    ping @isskein @karine4 @cede @nepthys

  • J’apprends par ce tweet...


    https://twitter.com/LouisMRImbert/status/1173646846415257601

    ... qu’il y a des #actes du #colloque "#De_Frontex_à_Frontex" qui sont sortis...

    « L’agence Frontex au prisme du concept polysémique de frontière » , in Actes du colloque des 22-23 mars 2018 sur Frontex, Bruylant, à paraître en 2019.

    https://www.sciencespo.fr/ecole-de-droit/fr/profile/imbert-louis.html

    Pour rappel, à ce colloque, auquel j’ai participé dans le public... il y a eu des étudiant·es qui ont été blessés (notamment à la tête) par l’intervention musclée des #CRS sur le #campus de l’#Université_Grenoble_Alpes.

    C’était mars 2018 :
    https://seenthis.net/messages/678989

    voir aussi cet article de #Jon_Solomon #Sarah_Mekdjian :
    De #Frontex à Frontex. À propos de la “continuité” entre l’#université logistique et les processus de #militarisation
    https://seenthis.net/messages/697112

    ping @karine4 @cede @isskein

  • Les profiteurs de la frontière – Juin 2019 – Corporate Watch

    La maire de Calais essaye de changer l’image de Calais, souhaitant en faire une « ville fleurie ». Mais comme des locaux ont confié à Corporate Watch le mois dernier, « #ville_barbelée » serait un label plus approprié. Du port ferry jusqu’au tunnel à Coquelles, la périphérie de la ville est un paysage cauchemardesque de #clôtures surmontées de #barbelés à lames rasoir, de #caméras et #détecteurs_de_mouvement, de #terrassements, #tranchées et #terrains_inondés, tous destinés à arrêter les « damné·e·s de la terre » entreprenant cette traversée du détroit de la Manche, si évidente et acquise pour un·e citoyen·ne européen·ne.

    Tout cela implique de l’#argent pour financer les compagnies de construction et de sécurité qui fournissent et édifient l’#infrastructure de la frontière. En 2016, Calais Research a commencé à lister et décrire les #entreprises impliquées dans le marché de la frontière. Voici une rapide mise à jour sur quelques points marquants apparus depuis.

    Le #Centre_Conjoint_d’Information_et_de_Coordination_franco-britannique à Coquelles

    Il y a deux points principaux de passage de la frontière à Calais : le #port, près du centre historique de la ville, et le tunnel sous la Manche, à quelques kilomètres de la ville, à #Coquelles. Près de l’entrée du tunnel se trouve un énorme centre commercial, la Cité Europe, fréquentée par des locaux comme par des Britanniques de passage renflouant leur stock d’alcool bon marché.

    Juste à côté se tient un complexe abritant l’infrastructure policière française anti-migrant : la base principale de la #PAF (Police aux Frontières) et des #CRS, un tribunal où sont entendus les migrants, et le #Centre_de_Rétention_Administrative (#CRA).

    En novembre 2018, un nouveau bâtiment est ajouté au complexe déjà existant : le #CCIC – Centre Conjoint d’Information et de Coordination franco-britannique.

    Selon l’Agence France Presse, le centre est financé par le gouvernement de Grande Bretagne, il est « notamment équipé de #drones », et sert de poste de commande pour les forces de police françaises et britanniques. Celles-ci incluent côté français la PAF, les #douanes et les #gendarmes, et pour l’outre-Manche la police aux frontières (UK border force), la #police du #Kent ainsi que le service national de lutte contre la criminalité (#National_Crime_Agency#NCA).

    Le jour où nous sommes passé·e·s jeter un œil, nous n’avons vu aucun drone décollant du toit. Sur le parking se trouvaient plus de voitures banalisées que de véhicules de police officiels, dont plusieurs immatriculées outre-Manche. Il y avait encore un affichage à l’extérieur du centre (cf. photo) nommant les entrepreneurs impliqués dans sa construction et son équipement. Il indique un coût de 1,844 million d’euros pour ces travaux.

    Les compagnies identifiées incluent : #Villesange_Masson (Architectes locaux) ; #Groupe_Qualiconsult (consultant·e·s pour les projets de construction) ; #Verdi ; #Cougnaud_construction (spécialisé en construction modulaire industrialisée) ; #Ramery_Batiment ; #Eiffage_énergie (grosse société d’ingénierie française) ; #Satelec (électricien·ne·s) ; #Resipelec (électricien·ne·s) ; #Pylones_du_Littoral ; #Majencia (mobilier de bureau) ; #Covage_DGL_Networks (installateur de fibre optique) ; #Econocom.

    Extension du centre de Rétention

    Juste en face du CCIS se trouve le CRA de Coquelles. Actuellement, il permet d’enfermer 79 hommes, mais l’État français veut augmenter le nombre de places. Fin mars 2019, il annonçait un projet d’extension de 480 mètres carrés. L’agence d’architectes #COAST supervise les travaux, et travaille avec #BD_engineering.

    Douanes et tranchées

    En dehors de Coquelles, on voit d’importants travaux de chaque côté de la voie rapide menant au tunnel. Ce sont de grands #bunkers, chacun avec plusieurs quais destinés à la fouille des camions. Ce ne sont pas des mesures prioritairement anti-migrants, il s’agit en fait de nouveaux parking poids-lourds et de postes de douane, construits à la hâte par #Eurotunnel, en prévision de nouveaux contrôles sur les marchandises après le Brexit.

    Cependant, ces projets participent à renforcer les mesures de sécurité exceptionnelles auxquelles on doit ce changement d’atmosphère autour de Calais. Les bunkers sont protégés par des #tranchées et de nouvelles clôtures – canaux et lacs artificiels creusés et remplis d’eau comme une autre mesure contre ces humains dont on ne veut pas. Ceci fait suite aux modèles de #déforestation et d’#inondation initiés par Eurotunnel en 2016.

    Contrôles aux frontières privatisés au parking poids-lourd #Polley

    Une petite industrie s’est développée grâce à la « crise migratoire » : le #parking_poids-lourd sécurisé. Le gouvernement britannique inflige une contravention aux entreprises de transport de marchandises si des personnes sont trouvées dans leurs véhicules sans les documents administratifs adéquats. Dans les faits, cela se traduit par l’#externalisation des contrôles frontaliers vers les camionneurs eux-même, soucieux de ne pas être surpris avec des passager·e·s clandestin·e·s. Et l’entreprise de transport va payer des emplacements sécurisés pour marquer un arrêt avant de traverser la Manche.

    À #Dunkerque, #DK_Secure_Truck_Park dispose de 250 emplacements entourés de clôtures et surveillés par « 40 #caméras_de_surveillance haute-définition ». À Calais, la plus grosse société est #Polley_Secured_Lorry_Park, dirigée par un homme d’affaire local, #Francois_Polley. Ce site de 10 hectares se targue d’être protégé par des grilles hautes de 2,40 mètres et d’être surveillé 24h/24 et 7j/7.

    Récemment, nous avons entendu parler d’une nouvelle niche dans ce business. Les cars de transport de passagers opérés par #Flixbus profitent également des services de sécurité de Polley. Les cars en route vers la Grande Bretagne passent par le parking Polley avant de se diriger vers le tunnel. Là, un des agents de sécurité privés du parking va procéder à une première fouille du véhicule, cherchant d’éventuel·le·s clandestin·e·s dans la soute à bagages. Ceci, en plus des deux contrôles qui seront effectués par les autorités françaises et britanniques une fois au tunnel.

    Flixbus et Polley fournissent peu d’information publique sur cette #fouille supplémentaire. Il y n’y en a qu’une vague référence sur le site de Flixbus, où elle est simplement mentionnée comme « un #contrôle_pré-Royaume-Uni ».

    Hôtel de police…

    Notre dernier arrêt sur notre tour des infrastructures de la frontière s’est trouvé en plein cœur de la ville de Calais. On avait entendu dire que l’ancienne pratique de constamment arrêter et harceler les personnes pouvant être des migrant·e·s dans le centre ville est progressivement devenue marginale. On se demandait donc pourquoi on continuait de voir les camionnettes de CRS patrouiller les rues principales entre la mairie et le théâtre.

    Nous avons réalisé que leur activité principale consistait à déposer et passer prendre de costauds hommes blancs en civil à la porte du #Brit_Hotel. Des locaux nous expliquent alors que ce bâtiment hôtelier a été inoccupé pendant des années, avant de rouvrir sous ce nouveau nom en 2016. Sa clientèle semble être composée presque exclusivement de CRS et de gendarmes – mais si vous rêvez de dormir à côté d’un CRS bien bâti, vous pouvez réserver une chambre pour environ 50 euros la nuit.

    Brit Hôtel est une chaîne hôtelière répandue dans tout la France.

    #business #migrations #frontières #Calais #France #profit #complexe_militaro-industriel #militarisation_des_frontières #privatisation #externalisation_des_frontières

    ping @karine4 @isskein

  • Comment je me suis « radicalisé » : un professeur de philosophie explique pourquoi il bloquera les notes du baccalauréat - France 3 Occitanie
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/haute-garonne/toulouse/comment-je-me-suis-radicalise-professeur-philosophie-ex

    Ce professeur, « radicalisé » selon ses propres termes, avoue avoir hesité à rentrer en résistance face à sa hiérarchie. Mais selon ses propres dires, « la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, c’est lors de notre réunion de correcteurs, cette semaine. Nous avons demandé à notre inspecteur de nous réunir pour parler de nos inquiétudes, puisque la plupart des collègues, toutes disciplines confondues, sont désormais hostiles au projet de lycée Blanquer. Il nous a menacé de nous envoyer les #CRS. Dire à des profs de philo, formés au débat et à la discussion, qu’on n’a pas le droit, ne serait-ce que de parler, c’est inentendable. »

    #dialogue_social #matraque

    Se faire appeler pour aller matraquer des profs de philo qui ont posé une question… il y a un moment où les flics vont finir par s’en poser, des questions ?

  • Trois ans après l’intox sur une pseudo attaque contre l’Hôpital Necker, il semblerait que #Martin_Hirsch n’ait pas compris la leçon. Il annonce ce soir :

    Plein soutien aux équipes de @HopPitieSalpe qui ont fait face à une bande de manifestants/casseurs dans une tentative d’intrusion violente dans le service de réanimation chirurgicale ! Et qui ont empêché la mise en danger de patients. Merci à la police. Plainte @APHP sera déposée.
    https://twitter.com/MartinHirsch/status/1123625089088532481

    Dans la foulée, le ministre de l’intérieur #Christophe_Castaner surenchéri :

    Ici, à la Pitié-Salpêtrière, on a attaqué un hôpital. On a agressé son personnel soignant. Et on a blessé un policier mobilisé pour le protéger. Indéfectible soutien à nos forces de l’ordre : elles sont la fierté de la République.
    https://twitter.com/CCastaner/status/1123664392011304961

    Sauf que très vite des vidéos et témoignages remontent. La première vidéo qui contredit la version d’une attaque a été publiée un peu avant 22h sur twitter. Et des témoignages écrits circulent sur facebook. J’ai tenté un suivi par ici et sur twitter le soir même (https://twitter.com/ValKphotos/status/1123711083229925377) mais le mieux est de suivre le signalement 746 de @davduf, vidéos à l’appui :

    allo @Place_Beauvau - c’est pour un signalement - 746 « J’ai vu ces manifestants à l’entrée de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière qui voulaient se réfugier parce que une colonne de CRS arrivait par le haut du boulevard (...) » Paris, #1erMai, 16h environ, source courriel
    https://twitter.com/davduf/status/1123717931655995393

    allo @Place_Beauvau - c’est pour un signalement - 746 (précisions 1) « (...) puis la commissaire a repéeré ces gens à l’entrée, elle ordonne à ses policiers de rentrer et de les dégager, et c’est là où la vidéo commence » Paris, #1erMai, 16h environ, source : courriel
    https://twitter.com/davduf/status/1123718112489234433

    allo @Place_Beauvau - c’est pour un signalement - 746 (précisions 2) Pitié-Salpêtrière, autre angle de vue. Paris, #1erMai, 16h environ, source : @happle26
    https://twitter.com/davduf/status/1123718404479815680

    @Place_Beauvau - c’est pour un signalement - 746 (précisions 3) Pitié-Salpêtrière, autre angle de vue, un peu plus tard Paris, #1erMai, 16h environ, source : @happle26
    https://twitter.com/davduf/status/1123718704565510145

    //edit : Pour retrouver l’ensemble des 23 « précisions », comme il les appelle, c’est par là : https://twitter.com/search?q=from%3A%40davduf%20%22allo%20%40Place_Beauvau%20-%20c%27est%20pour

    D’autres témoignages & vidéos suivent, y’aura sans doute un ou deux articles de médias libres qui raconteront plus en détail tout ça demain, mais il vaut mieux contrer l’intox au plus vite...
    D’après tous les témoignages que j’ai vu sur ce 1er mai à Paris, ça a été nasse générale et gazages non-stop avant même que le cortège démarre. Beaucoup de personnes ont paniqué, coincées entre les grenades lacrymo ou désencerclement sans avoir la moindre issue de sortie...

    @paris a lancé un appel : « 1er mai : appel à témoignage contre la propagande sur la Pitié-Salpétrière ! » : les contacter directement : https://paris-luttes.info/pour-un-premier-mai-rouge-et-un-12022
    //edit : les témoignages reçus sont à retrouver par ici : Des témoignages sur l’intox de la préfecture à propos de l’intrusion à la Pitié-Salpêtrière : https://paris-luttes.info/des-temoignages-sur-l-intox-de-la-12091

    Pour rappel, il y a trois ans, le débunkage autour de la pseudo attaque contre l’hôpital Necker avait donné ça : https://seenthis.net/messages/500286
    Pourtant, certains continuent d’utiliser cet exemple pour faire passer les manifestant-e-s pour des sauvages sanguinaires qu’iels n’ont JAMAIS été, contrairement à d’autres censés nous en protéger...

    //edit : le lendemain, je découvre aussi cet autre mensonge :

    WoW... en fait ce n’est pas un mais DEUX mensonges que vous avez proféré hier, @MartinHirsch, vous n’avez pas chômé ! Vous annoncez la fin de la grève du service des Urgences quand il n’en est rien et en plus vous faites retirer les banderoles revendicatives...


    Voir les réponses du collectif @InterUrg :

    _Nous avons annoncé lors de la dernière réunion de #négociations notre insatisfaction aux prémices de solutions proposées. La #grève continue !
    #InterUrgences #urgencesengreve #soutienalagrevedesurgences_
    https://twitter.com/InterUrg/status/1123622897765974016

    Inadmissible !! Mme Welty, directrice de l’@HopPitieSalpe demandant aux #CRS de décrocher les banderoles des #urgences en #grève, et qui s’exécutent, lors de la venue de @CCastaner !
    https://twitter.com/InterUrg/status/1123662488598405120

  • « Gilets_jaunes » : après les violences de samedi, la #stratégie_policière critiquée
    https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2019/03/17/gilets-jaunes-apres-les-violences-de-samedi-la-strategie-policiere-en-questi

    Ce sont des rangs même de la police que les critiques les plus virulentes sont montées, au long du week-end. « L’#opérationnalisation du maintien de l’ordre a été un #échec hier », estime Yves Lefebvre, le patron du syndicat Unité SGP-Police-FO, première organisation au ministère de l’intérieur, qui pointe la responsabilité de la #Préfecture de police de Paris, responsable du dispositif. Dimanche soir, le gouvernement a admis des « dysfonctionnements » dans le dispositif de sécurité et annoncé un renforcement à venir de la doctrine.

    « Ils ont fait le choix de la résilience, pour éviter les blessés, au détriment de l’intervention : ça donne une situation catastrophique sur le plan matériel, abonde Philippe Capon, secrétaire général de l’Unsa Police, le troisième syndicat de #gardiens_de_la_paix. Est-ce qu’on a eu des blessés graves ? Non. Mais est ce pour autant un maintien de l’ordre réussi ? La réponse est non. » 42 personnes ont été blessées parmi les manifestants, 17 au sein des forces de l’ordre, ainsi qu’un sapeur-pompier.

    « Le jour où on lâche du lest là-dessus, ils s’engouffreront dans la brèche, leur objectif depuis le début c’est d’aller à l’Elysée », explique une source policière à la préfecture de police, pour justifier le maintien d’un fort contingent sur cette zone.

    Seuls les escadrons de gendarmes mobiles et les troupes de la préfecture étaient engagés directement face aux manifestants. « En mobilisant les CRS uniquement sur la partie statique, on s’est privé d’une force de frappe, estime Philippe Capon, lui-même ancien #CRS. La préfecture s’estime la seule sachante, mais hier sa stratégie a échoué. »

    Le choix de la répartition des unités fait débat. « On a eu affaire à des groupes hyper mobiles, on a été d’entrée de jeu dans une situation de guérilla, d’émeute urbaine, pas de maintien de l’ordre, assure Yves Lefebvre. On aurait été beaucoup plus opérationnel avec les CRS. Les #gendarmes_mobiles sont plus difficiles à manœuvrer. »

  • Le « couple de la Contrescarpe » molesté par #Benalla et Crase jugé pour violences contre des policiers - LCI
    https://www.lci.fr/justice/le-couple-de-la-contrescarpe-moleste-par-benalla-et-crase-juge-pour-violences-co

    C’est de leur violente interpellation, le 1er mai dernier à Paris, qu’est partie l’affaire Benalla : Chloé P. et Georgios D, le couple filmé en train d’être molesté par Alexandre Benalla, sont jugés vendredi 8 février pour violences envers des policiers. Tous deux se voient reprocher d’avoir jeté des projectiles contre les forces de l’ordre, place de la #Contrescarpe.

    Un rassemblement pour le 1er mai sur cette place du Quartier latin avait dégénéré, après une traditionnelle journée de manifestations émaillée de violences. Georgios D., cuisinier grec de 29 ans, et sa compagne Chloé P., graphiste française de 30 ans, étaient jusque-là inconnus de la police et de la justice. Le couple affirme être simplement sorti boire un verre pour fêter les six ans de leur relation, lorsqu’il s’est retrouvé pris dans les heurts, au cours desquels le jeune homme a reconnu avoir jeté une carafe d’eau vers les #CRS, et sa compagne un objet qui pourrait être un cendrier. Des images de vidéo-surveillance, partagées au coeur de la tempête médiatique cet été dans un cadre illégal, avaient effectivement démontré leur comportement véhément à l’égard des forces de police.

    Chloé P. et Georgios D. sont par ailleurs parties civiles dans l’enquête visant Alexandre Benalla. C’étaient « les deux personnes les plus virulentes », avait dit d’eux l’ancien collaborateur de l’#Elysée lors de sa garde à vue le 20 juillet, selon son audition dont a eu connaissance l’AFP. Lors de sa dernière audition au Sénat, il avait justifié son intervention au titre de l’article 73 du code de procédure pénale, qui autorise des citoyens ordinaires à aider la police quand il est témoin de violences. Une défense fragilisée par les témoignages des forces de l’ordre sur place, qui n’ont jamais jugé son intervention comme une véritable « plus-value ».

  • Une France qui se tient sage

    Aveugles et hostiles à l’intelligence d’un mouvement qui retourne contre le néo-pouvoir les #valeurs qu’on lui inculque (#disruption, #mobilité, #agilité) et qui renvoie la #police à sa #violence archaïque (#blindés, #voltigeurs et #police_montée), les médias auront été les meilleurs #chiens_de_garde du #pouvoir et de la police, mais aussi les révélateurs du mépris des #élites et des journalistes pour les gilets jaunes, ces ploucs défavorisés : Cnews invitant #Patrick_Sébastien qui connaît ces gens-là, Le Monde les traitant d’« #invisibles » (mais aux yeux de qui ?), des philosophes contrits qui auraient préféré voir surgir un autre #peuple, plus jeune et plus mixte, congédiant ce peuple-ci comme beauf et FN. Et tous ces #experts nous expliquant que la #révolte a lieu grâce au changement d’#algorithme de #Facebook accentuant le rôle des « groupes », comme si les gens n’étaient pas capables de s’assembler tout seuls, et qu’il fallait bien une intelligence supérieure pour les sortir de leur bêtise. Merci M. Zuckerberg d’illuminer nos campagnes. Or le #mouvement est d’abord un mouvement de #rond-point, de #proximité et de #rencontres, qui provoque une extraordinaire redistribution des rôles.

    Le récit raconté par les médias était répugnant. La #TV s’est encore une fois ridiculisée face à #Internet. D’un côté cette image terrifiante présentée comme sécurisante au JT de 20 h, le 15 décembre, de manifestants devant l’Opéra qu’on empêche de rejoindre les Champs sous l’œil de la police montée prête à charger. De l’autre la profusion sauvage des « vidéos de #violences_policières », qui à force deviennent un genre en soi. Au Burger King à Paris, une femme est matraquée au sol, à Biarritz, en marge de tout mouvement de foule, une autre est frappée au visage par un tir de flash-ball. D’abord on empêche de manifester, puis on parque dans une fan zone, ensuite on gaze, et la semaine suivante on interdit les casques, masques et lunettes, indices de « radicalisation ». Des #CRS caparaçonnés en Robocop visent la tête nue de gilets jaunes auxquels on retire le droit de se protéger. Résultat : 170 personnes à l’hôpital à Paris le 8 décembre. 24 plaintes de photographes et journalistes. #Intimidation totale des manifestants. Et la honte : Paris se refermant sur lui-même comme un château-fort face aux hordes de manants.

    Les médias n’agissent pas que par obéissance, mais par perplexité et bêtise, parce qu’il leur manque une case : la case politique. Habitués à commenter des stratégies électorales, ils ne comprennent pas quand émerge un #fait_politique, ils ne le voient pas. Ils répètent que le mouvement n’est pas politique (alors qu’il n’est pas partisan, ce n’est pas la même chose). À la place, on le moralise (la violence, c’est mal !), on le judiciarise. On le scinde : les bons manifestants (qui se tiennent sages) et les mauvais (qui cassent). On parle de casseurs en mélangeant les pilleurs qui en profitent et les manifestants en colère qui se demandent jusqu’où ils sont prêts à aller. Pire encore : on militarise le conflit. Les médias ont parlé de scènes de guerre (quand parfois brûlaient juste une poubelle et un sapin de Noël), fantasmé la guerre civile, épouvantail agité par un État irresponsable qui comptait bien monter les uns contre les autres (« il va y avoir des morts ! »). La police a sorti les chiens, joué aux cow-boys avec ses LBD40, des flash-balls augmentés. Un quart de Paris a été transformé en ville morte, 46 stations de métro fermées le 15 décembre. Il fallait y être pour voir les gilets jaunes transformés en âmes errantes cherchant un endroit où se retrouver. Et on s’étonne de la colère du peuple alors qu’on le traite en ennemi ?

    Le contrechamp logique est la vidéo inouïe des lycéens de Saint-Exupéry à #Mantes-la-Jolie, qui dit l’ambition de ce pouvoir de plus en plus autoritaire. Une France qui se tient sage comme une image. La #banlieue ressemblait soudain aux pires fantasmes de BFM, TF1 ou LCI : à la Syrie. Une voix sinistre se félicitait en sifflotant : « Voilà une classe qui se tient sage, faudra balancer à leurs profs, je pense ils ont jamais vu ça. » Des #images « choquantes » ont dit les médias : ça n’engage à rien. Même ce planqué de Blanquer l’a dit. Alors qu’elles sont monstrueuses, inadmissibles, inexcusables. Les journalistes ont appris à l’école à ne pas donner leur avis, à recueillir les propos, citer les réseaux sociaux et réciter les éléments de langage. Des lycéens ont été agenouillés comme attendant une balle dans la tête, et jetés au milieu des poubelles, comme des détritus. Quelle leçon le petit coq français sur son fumier va-t-il encore vouloir donner au monde en matière de droits de l’homme ?


    https://www.cahiersducinema.com/produit/edito-n751-janvier-2019-une-france-qui-se-tient-sage

    #médias #gilets_jaunes #presse #journalisme #catégorisation #bons_manifestants #mauvais_manifestants #casseurs
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  • Maintien de l’ordre et violences policières : ce que l’histoire nous apprend
    http://theconversation.com/maintien-de-lordre-et-violences-policieres-ce-que-lhistoire-nous-ap

    Les manifestations des gilets jaunes de ces dernières semaines ont soulevé à nouveau la question des violences policières et d’un usage accru de la violence par les forces de l’ordre, une question déjà posée en 2016 à l’occasion du mouvement contre la « loi travail ». On voudrait apporter un éclairage historique sur ce phénomène supposé de « retour » de la violence. Il ne s’agit pas de relativiser les agissements policiers, mais d’inscrire les événements dans l’évolution du maintien de l’ordre en France.
    Calmer le « citoyen momentanément en colère »

    Le maintien de l’ordre repose en France depuis longtemps sur des unités spécialisées : les gendarmes mobiles, apparus en 1921, complétés par les CRS, à partir de 1944, avec le recours à certaines périodes à des unités non permanentes comme les compagnies d’intervention de la Préfecture de Police à Paris dans les années 1950-1960.

    A l’origine de ces forces se trouve la préoccupation de ne plus recourir à l’armée, de ne plus traiter le manifestant comme un « ennemi » mais un « citoyen momentanément en colère ».

    La montée de ces forces est aussi liée au développement de la manifestation canonique dans les formes légitimes d’expression politique depuis la fin du XIXème siècle. Les moyens mortels (armes à feu) sont évacués, remplacés après-guerre par des instruments en principe non létaux dont la matraque est l’emblème, puis les gaz à partir de 1947 et enfin les grenades assourdissantes.
    Les grévistes forcent le barrage de police le 20 mars 1906. Wikimedia
    Un matériel plus sophistiqué

    Depuis Mai 68 (qui avait pris la police au dépourvu), la sophistication du matériel s’est accentuée avec le développement des protections individuelles et des véhicules, le perfectionnement de l’armement. Le maintien de l’ordre s’est aussi technicisé, puisqu’après de longues décennies d’apprentissage « sur le tas » au sein des unités, il fait l’objet d’un enseignement spécifique, comme au centre de Saint-Astier, créé par la gendarmerie au lendemain de Mai 68 puis devenu permanent, où les unités s’entraînent régulièrement dans le décor d’une ville fictive. Les agents s’aguerrissent aux manoeuvres et aussi à la maîtrise de soi nécessaire au métier. Un répertoire s’est alors fixé, fondé sur son caractère défensif, la planification, le contrôle à distance des manifestants, le retardement de l’usage de la force, et le dialogue, voire la cogestion avec les organisateurs des manifestations pour faciliter leur encadrement policier. Depuis quarante ans, les effectifs de ces forces sont restés stables, autour de 30 000 hommes (17 000 gendarmes mobiles, 13 000 CRS). Elles peuvent recevoir le renfort d’autres forces de police, dont le maintien de l’ordre n’est cependant pas le « métier ». Ces interventions ont été à l’origine de violences policières (comme la mort de Malik Oussekine à Paris le 6 décembre 1986).
    CRS et manifestants pendant la lutte contre l’extension du camp militaire, Larzac, France, années 1970. Community of the Ark of Lanza del Vasto/Wikimedia, CC BY-ND
    Quel critère pour définir la violence policière ?

    La question du niveau de violence policière et de son évolution est éminemment complexe. Quel critère retenir en effet ?

    Le seul nombre de morts, souvent retenu, montrerait cependant que le maintien de l’ordre devient plus meurtrier en France à partir de 1879, en particulier pendant la période de l’après-guerre, marquée par la guerre froide et la guerre d’Algérie.

    En témoignent les épisodes sanglants du 17 octobre 1961 et du 8 février 1962, qui ont fait respectivement au moins cent morts et 8 morts à Paris.

    Cette seule courbe contredit l’existence d’un processus séculaire graduel de « réduction de la violence » et de pacification du maintien de l’ordre. En dehors de rares grands événements très meurtriers, il est difficile pour certains spécialistes de juger du niveau de violence policière le critère du nombre de morts dissimule d’autres formes de violence (charges, interpellations et intensité de la répression) et le « niveau de violence » renverrait avant tout aux perceptions de la manifestation.

    Si on s’en tient à ce seul critère mesurable, depuis un siècle, des phases d’apaisement relatif alternent avec des cycles de violence : celui qui oppose les organisations communistes à la police et culmine avec les manifestations contre le général Ridgway en mai 1952, puis la police aux Algériens en 1960-1962. Ces épisodes montrent que la violence policière fait toujours partie du répertoire d’action de l’État et a pu être un recours dans certaines circonstances.
    Contact plus fréquent

    La question du « retour » des violences policières doit être lue à la lumière des transformations du maintien de l’ordre depuis les années 2000. Celui-ci a été modifié par la lutte contre les « violences urbaines », autrement dit les émeutes des quartiers populaires (2005 et 2007). Les unités sont devenues plus mobiles et plus offensives, tant grâce à un armement plus agressif qu’en projetant des forces destinées à interpeller les émeutiers en vue d’une répression judiciaire.

    Il s’ensuit une transformation notable des formes de maintien de l’ordre, où le contact est plus fréquent, avec toutes les occasions de violence que peuvent provoquer de telles situations. Aux dispositifs adoptés lors des manifestations parisiennes des gilets jaunes, on peut appliquer des constats dressés à l’occasion du mouvement contre la loi travail en 2016 .
    Manif du 11 novembre 2018 contre l’invitation de Donald Trump pour les commémorations du 11 novembre 1918 par M. Macron. Jeanne Menjoulet/Flickr, CC BY-SA

    On note ainsi une dimension offensive marquée, avec des tirs de lanceur de balle de défense (LBD) (communément appelé Flashball), le déploiement massif d’unités dédiées à l’interpellation de manifestants par un pouvoir politique désireux d’afficher le soir même « la restauration de l’ordre », en utilisant des agents venus des BAC et de la BRI, et non des professionnels du maintien de l’ordre.

    Tout cela tend à brouiller les frontières entre encadrement des manifestations et police des « violences urbaines ». De telles interventions, perçues comme un usage indiscriminé de la force, ne manquent pas de générer des phénomènes de solidarisation des manifestants et de nouvelles violences.
    Des pratiques françaises pointées du doigt

    A cet égard, les spécialistes pointent des pratiques françaises à rebours des stratégies de « désescalade » menées dans d’autres pays européens, qui passent par le dialogue continu avec les organisateurs et les manifestants : depuis la présence d’officiers de liaison médiateurs, comme les Peace Units aux Pays-Bas, les « officiers de dialogue » en Suède, jusqu’à des panneaux lumineux donnant les instructions de la police à ceux qui défilent.
    Intervention de ‘Peace Units’ néerlandais lors d’une manifestation sportive.

    La sophistication de l’arsenal n’est pas non plus synonyme de pacification : le LBD et les grenades de désencerclement sont des armes susceptibles d’entraîner de graves blessures. Les forces de l’ordre conservent aussi des instruments archaïques, comme les grenades offensives (responsables de la mort de Rémi Fraisse à Sivens en 2014).

    Si l’on peut évoquer un apaisement tendanciel ou relatif de la violence du maintien de l’ordre depuis 1968, la situation reste ouverte : l’usage de la violence dépend in fine du degré de légitimité des protestataires aux yeux de l’autorité politique et des forces de l’ordre.

    #maintien_de_l'ordre

  • #Plogoff

    Après le choc pétrolier de 1973, la France passe au tout nucléaire. Plogoff, commune de Bretagne, est retenue pour l’établissement d’une centrale. De l’incompréhension des habitants naît la contestation puis la résistance. Ce n’est qu’en 1981 que le projet est stoppé par Mitterrand, comme promis durant sa campagne. À l’instar de Fukushima, la centrale de Plogoff devait se situer sur une faille sismique.


    https://www.editions-delcourt.fr/serie/plogoff.html
    #BD #bande_dessinée #livre #nucléaire #résistance #Bretagne #France #EDF #centrale_nucléaire #énergie #violence #violences_policières #CRS #police #justice #ordre #Pentecôte_antinucléaire #anti-nucléaire

    Sur la violence des manifestants/opposants et celle des institutions :


    #violence_institutionnelle #violence_organisée #hypocrisie

    « Le procureur cherche une décision politique. L’essentiel est de savoir pourquoi la violence naît dans une société. Elle est le #cri de ceux qui ne peuvent plus parler »

  • "#Gilets_jaunes" : que font les #policiers_en_civil au milieu des manifestants ?

    La diffusion d’images sur les réseaux sociaux de membres des forces de l’ordre en civil, le 1er décembre à Paris, a alimenté les rumeurs sur leur présence parmi les « gilets jaunes ».
    Sur la plupart des images, on voit des hommes vêtus de grandes parkas ou de doudounes, une capuche ou un casque sur la tête, le bas du visage masqué. Ils marchent près de l’Arc de triomphe ou dans les rues pavées de Paris, le 1er décembre. Parfois, un seul détail, mais de taille, les distingue des manifestants qui se sont rassemblés dans la capitale, à l’appel des « gilets jaunes » : ils portent un brassard de police.

    Plusieurs vidéos ont ainsi été diffusées sur les réseaux sociaux après la journée de violences. Et une rumeur s’est répandue comme une traînée de poudre : des policiers se seraient infiltrés en civil parmi les manifestants pour agir comme des « casseurs ». Qu’en est-il réellement ? Selon nos informations, il y avait bien des policiers en civil lors de la manifestation des « gilets jaunes » le 1er décembre et il y en aura encore samedi 8 décembre. Mais la police nationale assure sur Twitter que ces agents en civil ne sont pas là « pour casser ».

    C’est leur tenue qui peut expliquer la confusion : pour passer inaperçus, les policiers en civil « s’adaptent au public ». « Alors enfiler un ’gilet jaune’, pourquoi pas. Il faut ressembler le plus possible aux gens à surveiller », révèle à franceinfo Jean-Marc Bailleul, secrétaire général du Syndicat majoritaire des cadres de la sécurité intérieure (SCSI-CFDT).
    « Faire le tri entre vrais et faux ’gilets jaunes’ »

    « La mission, en fait, c’est de se déguiser en manifestant avec une attitude de casseur, afin de repérer les groupes hostiles qui se déplacent dans le but de tout saccager », précise à franceinfo un policier de la BAC, qui souhaite rester anonyme. « Malheureusement, certains se font démasquer. Du coup, les gens pensent qu’ils sont là pour inciter à la casse et pour décrédibiliser le mouvement, alors que ce n’est pas du tout le cas », regrette cet agent, qui travaillera en civil samedi.

    Pour Jean-Marc Bailleul, il est « paradoxal » de penser que les policiers en civil « seraient là pour faire le mal ». « C’est pour le bien des manifestants. Il faut distinguer les casseurs qui se mêlent à eux », expose le secrétaire général du Syndicat majoritaire des cadres de la sécurité intérieure. Pour y parvenir, la « solution », pour les forces de l’ordre, c’est d’être « noyé » parmi eux. « Ce n’est pas pour nuire aux ’gilets jaunes’ : c’est pour faire le tri entre vrais et faux », poursuit-il.

    « Avec des policiers en tenue, il n’y aurait pas beaucoup d’interpellations. »
    Jean-Marc Bailleul à franceinfo

    La présence de policiers en civil aux manifestations de « gilets jaunes » est loin d’être exceptionnelle : elle est même systématique dans les rassemblements conséquents. « Dans les grosses manifestations, ils protègent les CRS, les policiers en tenue et les gendarmes mobiles, entre autres. Ils viennent en appui pour le maintien de l’ordre », explique Frédéric Lagache, secrétaire général adjoint du syndicat Alliance police, contacté par franceinfo.

    « Il y a des policiers en civil tous les jours »

    Leur effectif varie en fonction de la ville où a lieu la manifestation et de l’ampleur de cette dernière. La plupart du temps, il s’agit de policiers qui ont l’habitude de travailler en civil. Ils sont soit issus de la Direction de la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne (#DSPAP), soit des sûretés départementales. Il y a aussi des policiers membres des Brigades anticriminalité (#BAC). Les forces de l’ordre qui sont en première ligne – les #CRS par exemple – peuvent leur remettre les personnes interpellées, ce qui leur permet de rester mobilisées sur le terrain en permanence.

    « Il faut donc un maximum de policiers en civil pour traiter un nombre important d’interpellations. »
    Jean-Marc Bailleul à franceinfo

    Pour autant, ce ne sont pas des électrons libres. « Les policiers en civil ne sont jamais seuls. Ils sont par groupe de deux ou de trois et il y a toujours un gradé à proximité », ajoute le responsable syndical. Lorsque les manifestations sont déclarées, les organisations, comme les syndicats par exemple, disposent d’un service d’ordre. Celui-ci peut parfois repérer les casseurs et les désigner aux policiers en civil, qui se trouvent alors « le long » des défilés, détaille Jean-Marc Bailleul. Mais ce n’est pas le cas dans les manifestations de « gilets jaunes », y compris ce samedi.

    Comment s’y prennent-ils pour procéder à des arrestations ? « Ils repèrent les casseurs, les suivent et ensuite les interpellent au moment propice, quand c’est plus calme ou quand ils sont isolés », explique Jean-Marc Bailleul. « C’est un boulot de policier classique, poursuit-il. Il y a des policiers en civil tous les jours dans le métro, ou au Louvre par exemple, dans les endroits où il y a des voleurs à la tire, pour procéder à des interpellations. Car le vol ne va pas se passer juste devant un policier en tenue ou avec un brassard. »

    Ces policiers en civil ont le droit d’avoir sur eux tout leur équipement : arme, matraque télescopique, menottes, gilet pare-balles et, bien sûr, leur brassard police, même s’ils ne le montrent pas. « Mais quand on interpelle une personne on montre sa carte de police ou on dit ’police’ », précise Jean-Marc Bailleul. Leurs actions sont coordonnées par la salle de commandement. « Ils ne sont pas sous l’autorité des CRS », tient à rappeler le responsable syndical. Ils sont sous celle des commissaires ou des officiers qui représentent l’autorité civile du secteur.
    « Ils sont là pour faire remonter des informations »

    Dans les manifestations, l’autre mission des policiers en civil, c’est le renseignement. Soit ils informent le poste de commandement des CRS et des escadrons de gendarmerie, soit ils renseignent sur les casseurs et les pilleurs afin de procéder à des interpellations.

    « Les policiers en civil renseignent sur les mouvements du cortège. »
    La police nationale sur Twitter

    Sur son blog hébergé par Mediapart, le sociologue Laurent Muchielli estime que « faire du renseignement » de cette façon permet « parfois d’interpeller des leaders ou des meneurs pour maîtriser davantage la situation, diminuer éventuellement l’intensité de la manifestation et contrôler en particulier le moment toujours délicat de la dispersion à la fin d’une manifestation ».

    « Ils sont là pour faire remonter des informations aux autorités afin qu’elles adaptent le dispositif du maintien de l’ordre », précise à BFMTV Denis Jacob, secrétaire général du syndicat Alternative police. Il s’agit alors d’une mission à part entière explique Jean-Marc Bailleul : « Ceux qui font du renseignement ne font que ça, sauf s’ils voient quelque chose de grave. »

    https://www.francetvinfo.fr/economie/transports/gilets-jaunes/gilets-jaunes-que-font-les-policiers-en-civil-au-milieu-des-manifestant
    #police
    ping @davduf

  • Nombreux blessés par #flashball à Paris : la nouvelle « doctrine » #Castaner - Page 2 | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/121218/nombreux-blesses-par-flashball-paris-la-nouvelle-doctrine-castaner?page_ar

    « C’était impressionnant de voir autant de blessés »
    Boris est conduit à un véhicule de secours, où il rencontre une jeune fille touchée par un tir à la mâchoire, ainsi qu’un manifestant blessé à l’arcade sourcilière. « Un gradé des pompiers disait à ses collègues que les flics devaient arrêter de tirer au niveau de la tête. C’était impressionnant de voir autant de blessés. Je ne pensais pas qu’une balle en caoutchouc pouvait faire aussi mal. » Le photographe a déposé plainte à l’#IGPN.

    Membres de la BRI présents sur les #Champs-Élysées. © DR
    À 14 heures, au moment de ces tirs, c’est Fiorina, 20 ans, qui s’écroule, blessée à l’œil gauche. Elle se trouve sur le trottoir opposé, côté pair de l’avenue. « Nous étions le long du mur, près du McDo, et d’un coup, sur le trottoir d’en face, les CRS et #policiers civils se sont mis à tirer, a expliqué un témoin à Libération. J’ai entendu un bruit juste à côté de moi et j’ai vu cette fille tomber juste à côté de moi. » La jeune femme a été prise en charge à Cochin et, selon un témoignage obtenu par Libération, elle aurait « perdu la vision de l’œil gauche et ne la retrouvera jamais » et « subi de nombreuses fractures sur des os de la face et des saignements dans le cerveau ». Son entourage, qui la présente comme une « patriote » ralliée aux gilets jaunes, a fait une collecte pour couvrir ces dépenses urgentes.

    Un autre reporter d’images, Laurent Bortolussi, de l’agence Line Press, a suivi lui aussi la progression des hommes de la BRI vers l’avenue Georges V. « Cette unité de police descendait sur le côté droit des Champs, explique-t-il. C’était un mélange de civils et d’une compagnie de sécurisation. Et ils tiraient partout. Le 1er décembre, il y avait eu des heurts extrêmement violents et assez peu de blessés, et cette fois, on a eu des heurts moins violents, mais des blessés à la pelle. Les premiers incidents ont commencé vers 11 heures, et de 11 à 18 h 30, les policiers ont tiré au flashball des dizaines et des dizaines de fois. Plusieurs photographes ont été touchés. Un photographe italien a été touché à l’œil. Des tirs, on en voit plein. Il y a des moments où les policiers se lâchent et on les voit tirer à tort et à travers. »

    Policiers d’une compagnie d’intervention sur les Champs-Élysées. © karl Laske
    Laurent Bortolussi est témoin d’un tir qui a touché une dame de 70 ans, près de lui. « Ce tir est absolument incompréhensible, raconte-t-il. Elle était clairement la cible. Je regardais en direction des policiers. Et j’ai vu le tir partir de ce groupe et la percuter, et je l’ai vue hurler. À ce moment-là, je suis un peu pris à partie par la foule qui me dit de filmer ce qui se passe. Cette dame avait un gilet jaune, elle était appuyée contre un poteau, mais du fait de son âge, elle n’était ni violente, ni véhémente. Ce tir n’avait aucune nécessité de maintien de l’ordre. Il n’avait aucune justification. » Le reporter – dont on peut voir le film de la journée ici – se souvient de nombreuses personnes touchées plus légèrement, agenouillées, prostrées, après les tirs.

    Listant pêle-mêle blessures, mauvais traitements, confiscations de matériels subis par une dizaine de professionnels, l’Union des photographes professionnels (UPP) a dénoncé les « atteintes portées aux photojournalistes en exercice de leur métier », samedi.

    Questionné par Mediapart sur l’utilisation des flashball par son unité et les plaintes déposées à l’IGPN, le patron de la BRI, Christophe Molmy, renvoie sur le service communication de la préfecture. « Si c’est vrai, on traitera ça, a-t-il commenté, mais je ne vous répondrai pas. »

    Partisan d’une ligne dure et « d’un dispositif plus offensif » face aux manifestants, le patron du syndicat national des commissaires (SNCP), le commissaire David Le Bars, juge que ces blessés sont « des blessés de trop ». « S’il y a, à l’évidence des gestes inappropriés, ou des tirs ratés, on n’a pas de quoi se réjouir, commente le commissaire. Le tir de LBD doit être cadré, s’il y a un tir “tête”, c’est un tir raté. » Le syndicaliste juge néanmoins qu’il s’agit de « dommages collatéraux » et que le nouveau dispositif, « plus dynamique », a permis « d’éviter le chaos ». M. Le Bars ne veut pas commenter l’usage systématique des flashball en haut des Champs-Élysées, samedi.

    a question de la légalité de ce recours à outrance à ce type d’arme et des blessures au visage infligées à un certain nombre de manifestants sera pourtant posée. En effet, le règlement d’emploi du LBD 40 stipule expressément que « la tête n’est pas visée ». Dans son rapport consacré au « maintien de l’ordre au regard des règles déontologiques », le Défenseur des droits avait recommandé, en décembre 2017, « d’interdire l’usage des lanceurs de balle de défense dans le cadre d’opérations de maintien de l’ordre, quelle que soit l’unité susceptible d’intervenir ».

    À l’est de Paris, d’autres unités de Compagnie de sécurisation et d’intervention (CSI) interviennent. Antoine Coste, un graphiste 25 ans, est touché à la tête dans la soirée par un tir de flashball, boulevard Saint-Martin. Habitant le quartier République, il était descendu voir « par curiosité » et « sympathie » la fin du rassemblement avec des amis. Il est surpris par une charge des policiers parisiens sur la place, se retrouve seul et est touché par un tir alors qu’il se prépare à rentrer chez lui (voir ici une vidéo qui témoigne de la violence de la charge policière). « Il y avait une charge et la foule s’engouffrait dans le boulevard en direction de Strasbourg-Saint-Denis, explique Antoine. Ca sifflait, ça criait : “Macron démission !” Je me suis retourné pour voir ce qui se passait au niveau de la place de la République et j’ai reçu l’impact, d’un coup sec, puissant. Je me suis pris ce coup, je suis tombé au sol et je me suis relevé. Je ne sentais plus mon côté gauche. J’ai regardé ma main qui était pleine de sang. Les gens disaient que j’avais été touché à la tête. » Un manifestant inconnu le guide jusqu’à une ambulance, puis disparaît. « Quand j’étais dans le camion, je l’ai vu partir par le hublot et j’ai pensé : “Merde, je n’ai pas pu lui dire merci.” »
    Il a ainsi perdu l’un des témoins du tir policier. Hospitalisé à Cochin, Antoine a été opéré, mais il craint de perdre son œil.

    « Dans le cadre d’un rassemblement sur la voie publique, notait aussi le rapport du Défenseur des droits, le lanceur de balle de défense ne permet ni d’apprécier la distance de tir, ni de prévenir les dommages collatéraux. Au cours d’une manifestation, où par définition les personnes visées sont généralement groupées et mobiles, le point visé ne sera pas nécessairement le point touché et la personne visée pourra ne pas être celle atteinte. » Le rapport soulignait que même en cas de respect de la doctrine d’emploi, l’arme pouvait provoquer de graves blessures comme la perte d’un œil, « qui confère à cette arme un degré de dangerosité disproportionnée au regard des objectifs de maintien de l’ordre ».

    Le changement de « doctrine » opéré par Christophe Castaner laisse dubitatifs les analystes du maintien de l’ordre. Fabien Jobard, chercheur au CNRS rattaché au Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (CESDIP), juge que l’institution a été gagnée par « un début de psychose » devant certaines scènes montrant la faiblesse du dispositif policier et des policiers eux-mêmes, le 1er décembre. « Parler de violence inouïe, voire de guerre civile était une forme de surenchère, juge Fabien Jobard. La guerre civile, ce n’est pas ça… Les #CRS font un travail très anxiogène, et y ajouter une communication qui mise tout sur la peur ne peut rien arranger. »

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  • (16) Face aux lycéens, des policiers sans expérience de maintien de l’ordre - Libération
    https://www.liberation.fr/france/2018/12/11/face-aux-lyceens-des-policiers-sans-experience-de-maintien-de-l-ordre_169

    Des scènes devenues banales. Pratiquement lors de chaque mobilisation lycéenne, l’intervention des forces de l’ordre est sujette à critique et controverse. Avec une mécanique classique : un blocage de lycée, des élèves rassemblés devant, des heurts d’intensité variable et une réponse policière parfois disproportionnée. Puis ce sont des vidéos virales qui attestent de dérives et mobilisent l’opinion publique.

    Jeudi dernier, à Mantes-la-Jolie et dans toute la France, 700 lycéens ont été interpellés. Un lycéen d’un établissement huppé de Saint-Cloud raconte la même montée en tension lors de l’intervention de la police devant son lycée : « Les policiers ont envoyé du gaz lacrymogène un peu au hasard alors que c’était un blocus sans violence. Ça a attisé la haine des lycéens et créé une guerre de positions. » Selon lui, la situation s’est aggravée dans les jours qui ont suivi. « Lundi, ils ont interpellé un élève en se jetant à plusieurs dessus et l’un des policiers hurlait qu’ils allaient le tuer », assure-t-il encore sous le choc. Un exemple parmi tant d’autres des tensions de ces derniers jours.

    Non formés

    Si ces situations ne sont évidemment pas systématiques, elles s’expliquent, notamment, par le profil des policiers envoyés au contact des élèves. Avant l’affaire de Mantes-la-Jolie, le 6 décembre, les événements survenus au lycée Henri-Bergson, à Paris en mars 2016 lors de la mobilisation contre la loi travail, l’avaient parfaitement illustré. Deux policiers du commissariat du XIXe arrondissement ont été condamnés à des peines de prison avec sursis pour des coups portés à plusieurs lycéens. L’un d’eux avait, dans le cadre de l’enquête, évoqué sa totale inexpérience de ce genre de situation. Agent de police administrative, il était chargé ce jour-là d’établir des « physionomies ». Sa fiche de poste comprenait une consigne claire : « Eviter tout contact avec les manifestants. » Lui et une quinzaine de policiers, mal équipés, avaient pourtant tenté de disperser la foule et d’interpeller des lycéens. Une vidéo où un policier porte un violent coup au visage d’un élève, aura été vue plus de 2 millions de fois en quelques jours.

    Contrairement à l’encadrement des manifestations, ce ne sont pas des unités de forces mobiles - #CRS et #gendarmes mobiles - qui interviennent devant les établissements scolaires. « Pour ce genre d’événement, c’est l’unité disponible au moment où ça se passe qui intervient, donc la sécurité publique. Ils sont les premiers à arriver sur les lieux et les premiers à gérer. Ils ont la possibilité d’appeler en renfort des unités de forces mobiles, mais il n’y en a pas toujours de disponible », analyse un colonel de gendarmerie. A Mantes-la-Jolie, jeudi dernier, ce sont plusieurs policiers d’unités différentes de proximité qui sont intervenus, peu nombreux et non formés au maintien de l’ordre, un savoir-faire bien à part dans la police et la gendarmerie.
    Mâchoire

    Une autre donnée a alourdi les conséquences des interventions de la police devant les lycées : l’arrivée depuis une dizaine d’années des armes dites « intermédiaires ». La semaine dernière, au moins quatre lycéens ont été touchés au visage par des tirs de lanceurs de balles en caoutchouc (armes de type « #FlashBall »). L’un d’eux aurait perdu un œil, les autres ont été touchés gravement à la mâchoire. En 2010, c’est aussi un lycéen qui avait été l’une des premières victimes de cette arme, alors nouvellement utilisée à l’occasion de mobilisations sociales.

    #Maintien_de_l'ordre #police #manifestations #lycées

  • « IL Y A LA VOLONTÉ QUE LES COLLÈGUES SE LÂCHENT »

    Le mouvement des gilets jaunes ébranle les forces de police. Certains fonctionnaires, comme Martin, #CRS, ont décidé de se mettre en #arrêt_maladie pour ne plus se sentir du mauvais côté de la barricade.

    Martin (1) est CRS depuis de nombreuses années. Des #manifestations et des interventions parfois violentes, il en a connu un nombre incalculable. Malgré des conditions de travail difficiles et des doutes occasionnels, il a toujours appliqué les directives avec #discipline et #obéissance, comme le veut la profession. Mais la réponse policière aux manifestations de ces dernières semaines ordonnée par le ministère de l’Intérieur l’a tellement écœuré qu’il a préféré se mettre en arrêt maladie pour ne plus cautionner cette #répression_aveugle. « Je ne me voyais pas taper sur des gens qui n’ont rien fait. L’usage de la #force est censé être proportionné. Même si ce terme est subjectif, ça veut dire qu’on n’a pas le droit de tout faire. Or, quand on nous dit de gazer sans sommation des #lycéens qui manifestent pacifiquement, c’est un #ordre_illégal. Dans le mouvement des gilets jaunes, ce ne sont plus des groupes de #casseurs bien identifiés qu’on a en face de nous, c’est le #peuple : des gens qui ont un réel #combat ou même qui se retrouvent en situation de #légitime_défense face à la police », s’insurge-t-il.

    « On se demande si notre devoir ne serait pas d’être avec le peuple. On subit la même #violence_sociale... »
    D’après lui, il y a une réelle volonté politique de jeter de l’huile sur le feu. « Quand on voit dans les comptes rendus opérationnels le nombre de lacrymos ou de #Flash-Ball utilisés, on est à des niveaux exceptionnels, alors qu’on a vécu des manifestations beaucoup plus dangereuses pour nous où on avait interdiction d’utiliser les lanceurs de balles de défense (nom officiel du Flash-Ball – NDLR) », affirme-t-il. « Et ça, ce sont des décisions qui viennent du #ministère_de_l’Intérieur », souligne-t-il. En parallèle, « aucune #consigne de mesure n’est donnée aux CRS, contrairement à d’autres manifestations où on nous met la pression. Là, il y a une volonté que les collègues se lâchent », estime-t-il. D’autant que l’état physique des fonctionnaires de police n’arrange pas vraiment les choses. « Quand on doit se lever à 2 heures du matin pour rejoindre sa compagnie à 3 heures et être sur les Champs-Élysées de 7 heures du matin à 22 heures, c’est sûr qu’on est épuisé et qu’on n’a plus le même discernement ni le même self-control », rappelle-t-il.

    Et ce n’est pas la prime promise par Emmanuel Macron qui suffira à apaiser les tensions. « Tous les collègues auxquels j’en ai parlé se sont sentis insultés. On l’a ressenti comme si c’était un susucre qu’on nous donnait pour qu’on ferme notre gueule et qu’on aille faire le #sale_boulot », lâche-t-il. D’après lui, le mouvement des gilets jaunes a fait naître des débats inédits dans sa compagnie. « Certains taperaient sur père et mère si on leur en donnait l’ordre. Mais il y a une vraie #crise_existentielle pour d’autres. On se demande si notre devoir ne serait pas d’être avec le peuple. On subit la même #violence sociale en termes de salaire, et on est doublement #victimes de l’#autoritarisme de l’État parce qu’en plus c’est notre patron et qu’on est muselés », souligne le fonctionnaire, qui a observé plusieurs arrêts maladie dans sa compagnie ces derniers jours. « Il ne manque pas grand-chose pour que les flics refusent de retourner en manif la prochaine fois », estime-t-il.

    Concernant le revirement annoncé dans la #stratégie_de_maintien_de_l’ordre mise en place par la préfecture de police de Paris – d’un dispositif plus statique samedi dernier à celui prévu comme plus mobile et offensif pour ce samedi –, Martin estime qu’il s’agit là d’une « décision politique habituelle ». « C’est ce qui a été fait lors des dernières manifestations contre la loi travail ou le 1er Mai : on nous donne l’ordre de laisser casser pour que le mouvement devienne impopulaire, et la fois d’après on y va fort parce que l’#opinion_publique attend une réaction de #répression_policière. »

    (1) Le prénom a été modifié.

    http://www.frontsyndical-classe.org/2018/12/un-crs-temoigne-on-nous-donne-l-ordre-de-laisser-casser-pour-q
    #CRS #gilets_jaunes #police #témoignage #résistance

    • Martin (1) est CRS depuis de nombreuses années. Des manifestations et des interventions parfois violentes, il en a connu un nombre incalculable. Malgré des conditions de travail difficiles et des doutes occasionnels, il a toujours appliqué les directives avec discipline et obéissance, comme le veut la profession. Mais la réponse policière aux manifestations de ces dernières semaines ordonnée par le ministère de l’Intérieur l’a tellement écœuré qu’il a préféré se mettre en arrêt maladie pour ne plus cautionner cette répression aveugle. « Je ne me voyais pas taper sur des gens qui n’ont rien fait. L’usage de la force est censé être proportionné. Même si ce terme est subjectif, ça veut dire qu’on n’a pas le droit de tout faire. Or, quand on nous dit de gazer sans sommation des lycéens qui manifestent pacifiquement, c’est un ordre illégal. Dans le mouvement des gilets jaunes, ce ne sont plus des groupes de casseurs bien identifiés qu’on a en face de nous, c’est le peuple : des gens qui ont un réel combat ou même qui se retrouvent en situation de légitime défense face à la police », s’insurge-t-il.

      « On se demande si notre devoir ne serait pas d’être avec le peuple. On subit la même violence sociale... »
      D’après lui, il y a une réelle volonté politique de jeter
      #de_l’huile_sur_le_feu. « Quand on voit dans les comptes rendus opérationnels le nombre de lacrymos ou de Flash-Ball utilisés, on est à des niveaux exceptionnels, alors qu’on a vécu des manifestations beaucoup plus dangereuses pour nous où on avait interdiction d’utiliser les lanceurs de balles de défense (nom officiel du Flash-Ball – NDLR) », affirme-t-il. « Et ça, ce sont des décisions qui viennent du ministère de l’Intérieur », souligne-t-il. En parallèle, « aucune consigne de mesure n’est donnée aux #CRS, contrairement à d’autres manifestations où on nous met la pression. Là, il y a une volonté que les collègues se lâchent », estime-t-il. D’autant que l’état physique des fonctionnaires de police n’arrange pas vraiment les choses. « Quand on doit se lever à 2 heures du matin pour rejoindre sa compagnie à 3 heures et être sur les Champs-Élysées de 7 heures du matin à 22 heures, c’est sûr qu’on est épuisé et qu’on n’a plus le même discernement ni le même self-control », rappelle-t-il.

      Et ce n’est pas la prime promise par Emmanuel Macron qui suffira à apaiser les tensions. « Tous les collègues auxquels j’en ai parlé se sont sentis insultés. On l’a ressenti comme si c’était un #susucre qu’on nous donnait pour qu’on ferme notre gueule et qu’on aille faire le sale boulot », lâche-t-il. D’après lui, le mouvement des #gilets_jaunes a fait naître des débats inédits dans sa compagnie. « Certains taperaient sur père et mère si on leur en donnait l’ordre. Mais il y a une vraie crise existentielle pour d’autres. On se demande si notre devoir ne serait pas d’être avec le peuple. On subit la même violence sociale en termes de salaire, et on est doublement victimes de l’autoritarisme de l’État parce qu’en plus c’est notre patron et qu’on est muselés », souligne le fonctionnaire, qui a observé plusieurs arrêts maladie dans sa compagnie ces derniers jours. « Il ne manque pas grand-chose pour que les flics refusent de retourner en manif la prochaine fois », estime-t-il.

      Concernant le revirement annoncé dans la stratégie de maintien de l’ordre mise en place par la préfecture de police de Paris – d’un dispositif plus statique samedi dernier à celui prévu comme plus mobile et offensif pour ce samedi –, Martin estime qu’il s’agit là d’une « décision politique habituelle ». « C’est ce qui a été fait lors des dernières manifestations contre la loi travail ou le 1er Mai : on nous donne l’ordre de laisser casser pour que le mouvement devienne impopulaire, et la fois d’après on y va fort parce que l’opinion publique attend une réaction de répression policière. »

      (1) Le prénom a été modifié.
      Aya Lafargue

      https://www.humanite.fr/il-y-la-volonte-que-les-collegues-se-lachent-664783

  • "On est juste de la chair à canon" (témoignage d’un CRS) / France Info Vidéo

    Témoignage d’un CRS à visage couvert :

    On a compris que dans les hautes instances ils avaient peur, ils avaient peur pour eux, pour l’Etat, pour le gouvernement. Ils se sont dit : « On envoie les bleus, on envoie tout le monde, on envoie la chair à canon et après on verra. »

    https://www.francetvinfo.fr/economie/transports/gilets-jaunes/violences-a-paris-le-temoignage-d-un-crs_3083347.html

    #répression #affrontements #émeute #CRS #giletsjaunes #gilets_jaunes #Etat #gouvernement #soulèvement

  • Sur les #champs des #gilets | Le Club de Mediapart
    https://blogs.mediapart.fr/samizdat/blog/261118/sur-les-champs-des-gilets

    Le #mouvement des gilets jaunes divise au sein des forces progressistes et révolutionnaires. La journée du 17 novembre aura conforté celles et ceux qui y voient un mouvement régressif et quasi contre révolutionnaire, avec de multiples actes racistes, sexistes et homophobes.

    Elle aura aussi conforté celles et ceux qui, au sein de la #gauche radicale, y voit une chance de convaincre de nouvelles personnes de la nécessité de mettre nos forces en commun pour renverser un pouvoir qui ne sert que ses intérêts et celui des plus riches.

    Face à ce constat et cette division des forces anti-racistes et anticapitalistes, je ne voyais qu’une solution pour le rassemblement du 24 novembre : aller sur place pour se faire ma propre opinion et, peut-être, apporter mon soutien au mouvement. Rejoignant un appel et réflexions lancés par certains autonomes (Génération Ingouvernable, Nantes Révoltés, Rouen dans la Rue, Cerveaux Non Disponibles), j’ai donc décidé de rejoindre les gilets jaunes sur les Champs Élysées. Et je ne regrette pas ce choix tant la journée fut riche et constructive pour la suite.

     J’avais donc fait le choix de ne pas écouter la préfecture et d’aller à la Concorde, lieu initial du rassemblement. Très vite, je me suis rendu compte que beaucoup, beaucoup de personnes avaient pris la même décision, malgré l’interdiction.

    Il est totalement impossible de compter le nombre de gilets jaunes présents à Paris ce 24 novembre. Des groupes de plusieurs centaines de personnes se constituaient et déambulaient tout autour des champs, allant jusqu’à Madeleine, Hausman voir même St Lazare. Mais les chiffres de la préfecture (et des médias) ont largement sous estimé la réalité. Par moment, de véritables marées jaunes se constituaient (et pas que sur les champs).

    Si les #CRS bloquaient les principaux axes d’entrée sur les Champs, ils ne pouvaient empêcher les gilets jaunes d’accéder à « la plus belle avenue du monde » par d’autres petites rues. Résultat : malgré les très nombreuses charges, canon à eau et centaine de gaz lacrymo, les Champs sont devenus le terrain d’occupation de milliers de manifestants. Parfois coupés entre eux par des CRS. Au point que par moment, ce sont les CRS qui se retrouvaient « nassés ». Des énormes barricades se montent. Des feus prennent de partout. Tout cela dans une ambiance assez « festive » et « déterminée ».

    Contrairement à ce que certains médias ont affirmé ce samedi, ce rassemblement n’a pas du tout été orchestré ou pris en main par l’extrême droite. Pas plus qu’il n’a été pris en otage par des autonomes / anarchistes.

    Durant toute la journée, j’ai été très attentif à cette menace fasciste. Si je ne peux pas prétendre avoir été partout à tout moment de la journée, je peux tout de même témoigner n’avoir assisté à aucun dérapage raciste/sexiste/homophobe. J’ai bien vu quelques drapeaux français et quelques dizaines de royalistes ou autres militants clairement marqués à droite. Mais ces individus, voire ces petits groupes, n’ont en aucun cas été meneurs du mouvement. Ils étaient présents, très minoritaires.

    Plusieurs Marseillaises ont été chantées, par des milliers de personnes, y compris ceux qui étaient en train de monter les barricades, allumer les feux ou affronter les CRS. Clairement, ces #Marseillaises étaient plus proches de celle entendues cet été pendant la coupe du monde que de celles chantées aux meetings du Front National.

    L’une des choses les plus frappantes aura été la solidarité totale des gilets jaunes entre eux. Solidarité face aux attaques policières. Mais solidarité aussi dans les pratiques de luttes. Si tous n’ont pas monté de barricades ou allumé de feux, personne ne s’y est opposé, bien au contraire. Il est assez étonnant d’avoir passé plus de dix heures dans le quartier des Champs Elysées, sans avoir entendu une seule remarque critiquant les méthodes des gilets jaunes les plus offensifs.

    Ce qui frappe le plus dans cette journée, c’est la force inouïe de ce mouvement. Jamais nous ne pensions qu’il serait possible d’occuper les Champs #Élysées malgré l’interdiction de la préfecture et les CRS présents en masse. Jamais nous ne pensions que des barricades aussi immenses pourraient tenir des heures durant. Rarement nous n’avions senti les forces de l’ordre en telle difficulté. Et tout cela grâce à un mouvement sans aucun organe de direction, totalement décentralisé. Il est vraiment étonnant de voir comment une foule totalement #autonome, sans syndicat, sans parti politique, sans association, a pu triompher dans ses stratégies de contournement, de blocage et d’occupation.

  • Deux blessés graves aux #Champs-Elysées : l’exécutif en accusation - Page 2 | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/271118/deux-blesses-graves-aux-champs-elysees-l-executif-en-accusation?page_artic

    J’avançais avec ma fille et ma nièce, on était en train de discuter, et mes deux fils et mon neveu nous suivaient, lorsque la grenade a explosé, raconte la mère de Gabriel, jointe par Mediapart. A priori, des gens levaient les mains en l’air devant la police. Alors que nous avancions, les garçons ont vu un truc tomber. Ils se sont baissés, mais Gabriel a pris la grenade pour protéger son frère et son cousin.

    Gabriel a eu la main arrachée, et il a subi deux opérations, la première dans la nuit de samedi à dimanche, la seconde dimanche. Mais il a aussi reçu de nombreux éclats « sur tout le côté droit », sur la jambe, et le front. Son frère Florent a eu aussi le pied touché par des éclats qui ont traversé sa chaussure, et il en a reçu d’autres sur le crâne. Marvin, son cousin, a été touché par trois éclats.

    Le site Lundi matin a le premier diffusé l’information, via Twitter, dès samedi soir : « Avenue Franklin-Roosevelt, un homme a la main arrachée, la police continue de gazer là où d’autres manifestants tentent de le prendre en charge. Très, très violent. »

    On n’avait pas les effectifs. On essaie de contenir jusqu’à épuisement de ceux d’en face, tant qu’il n’y a pas de mise en danger d’autrui, mais cette fois c’est allé jusqu’à un quasi-épuisement de nos stocks de munitions. Les Allemands vont au contact, mais pour aller au contact, il faut être bien plus nombreux. » Des unités de gendarmes mobiles ont même ravitaillé des CRS à court de munitions.

    « On a opéré une concentration très importante des forces autour d’un premier cercle, autour du palais de l’Élysée, pour bunkériser l’Élysée, explique un #CRS. En deuxième rideau, il y avait beaucoup moins de monde. Les milliers de personnes qui ont pu s’engouffrer sur les Champs-Élysées par la place de l’Étoile et les rues adjacentes se sont retrouvées devant le barrage de l’Élysée. Il aurait fallu plus de forces en amont… »

    À un moment donné, la CRS 7 a été à court de munitions, confirme cette source. « Il y a eu un nombre considérable de grenades de tirées, poursuit-elle. La GLI-F4 est une munition qui peut occasionner des blessures sérieuses. Les unités doivent les utiliser en fonction de la menace. Mais c’était très tendu, par conséquent tous les moyens ont été utilisés. »

    En novembre 2014, le rapport des inspections générales de la police et de la gendarmerie relatif à l’emploi des munitions en opérations de maintien de l’ordre avait soutenu que l’interdiction de la GLI-F4 était « susceptible d’encourager des manifestants résolus à en découdre à conduire des #affrontements encore plus violents », en privant les forces de l’ordre d’un argument puissant, en tout cas #explosif.

    En 2018, le ministère de l’intérieur a cependant annoncé ne plus passer commande de ce type de grenade afin de lui substituer un modèle moins dangereux. Mais « la #GLI_F4 sera utilisée jusqu’à épuisement des stocks », a indiqué récemment ce ministère à Libération.

    une illustration : https://twitter.com/i/status/1067052658421305344