• #Decathlon : révélations sur un champion de l’#exploitation

    Des vêtements innovants et bon marché : tels sont les ingrédients du succès de Decathlon. Mais des documents confidentiels obtenus par Disclose racontent une tout autre histoire sur le géant français du sport. Travail d’enfants, exploitation d’ouvriers #ouïghours en #Chine, liens avec la #déforestation au #Brésil… Enquête sur une #multinationale prête à tout pour maximiser ses profits.

    La tente « 2 secondes ». Le sac à dos Quechua à 3 euros. Le masque intégral pour plonger à trois mètres de profondeur. Derrière ces produits iconiques, un nom qui rime avec innovation : Decathlon. La marque française a fait de son ingéniosité un emblème, vantant ses centres de conception au pied des Alpes, sur la côte Atlantique ou près de Lille. C’est là, dans le Nord, qu’elle a fait ses débuts en 1976, dans un petit entrepôt au bord d’une quatre-voies. Près de cinquante ans plus tard, elle a conquis les cœurs des consommateur·ices, s’affichant en tête des enseignes préférées des Français·es.

    Cette performance ferait presque oublier que Decathlon est avant tout une machine à cash, qui ouvre un magasin tous les quatre jours dans le monde. Son chiffre d’affaires a doublé en dix ans, atteignant 15,6 milliards d’euros en 2023, pour 931 millions d’euros de bénéfice net. Une prouesse telle que l’entreprise, non cotée en bourse, a versé l’an dernier 1 milliard d’euros de dividendes à son actionnaire majoritaire, la famille #Mulliez, également propriétaire de #Leroy_Merlin, #Auchan, #Kiabi ou #Flunch. Un partage de valeur réalisé au détriment des salarié·es des magasins, dénoncent les syndicats de Decathlon, qui ont appelé à la #grève en décembre 2024 ; fait rarissime dans l’histoire de l’enseigne. Peu coutumière des polémiques, la marque avait vu son image écornée fin 2023, lorsque Disclose avait révélé la poursuite de ses ventes en #Russie à l’aide de sociétés domiciliées dans les #paradis_fiscaux. Déjà, « l’amour du sport » revendiqué par la marque semblait s’effacer derrière l’appât du gain. Ce que vient confirmer une nouvelle série d’enquêtes de Disclose.

    Documents internes et témoignages inédits

    Pendant un an, nous avons plongé dans les secrets de fabrication de la multinationale française. Grâce à l’analyse de plusieurs dizaines de documents internes, des témoignages inédits d’ex-employé·es et la collaboration de chercheur·euses indépendant·es, notre investigation met au jour les graves conséquences humaines et écologiques de la stratégie « low cost » de Decathlon.

    Salaires misérables au #Bangladesh, #travail_d’enfants et #trafic_d’êtres_humains en Chine… D’après notre enquête, les principaux fournisseurs de Decathlon en Asie ont recours à plusieurs formes d’#esclavage_moderne. Ces conditions de production indignes sont la conséquence de la pression sur les coûts imposée par l’enseigne française à ses sous-traitants. Par souci d’économies, toujours, Decathlon compte aussi parmi ses partenaires des usines qui s’approvisionnent en #cuir auprès de géants du bœuf, accusés d’être les premiers responsables de la déforestation illégale au Brésil.

    Dans les pas de la #fast_fashion

    Alors que l’enseigne investit des millions pour ne pas être cataloguée comme une marque « low cost », ces deux mots s’affichent partout dans des documents transmis à Disclose par une source interne. Les prix bas, ce sont eux qui conduisent Decathlon à faire fabriquer la majeure partie de ses vêtements par des sous-traitants. Decathlon en compte 1 264 dans le monde, pour seulement… neuf sites de production « maison ». Pour s’assurer une rentabilité maximale, l’équipementier recherche en priorité les usines les moins chères. En l’occurrence, celles qui « travaillent pour des marques à bas prix et engagées dans la production de masse », comme le note un document interne, énumérant les critères pour sélectionner un sous-traitant. Une stratégie commerciale agressive qu’on aurait pu croire réservée aux géants chinois de la fast fashion, #Shein ou #Temu.

    Ses principaux fournisseurs sont en Asie : par ordre d’importance, en Chine, au #Vietnam et au Bangladesh. Ce dernier est d’ailleurs qualifié de « #low_cost_country » (« pays à bas coût »), dans une feuille de route interne. Confectionner des vêtements dans ce pays — où plus de la moitié de la population vit dans un bidonville — est une « force » pour Decathlon, renseigne le même document. Ici, le groupe travaille avec des fournisseurs présentés comme « #ultra_low_cost », qui emploient des adolescent·es, pouvant être légalement rémunéré·es sous le salaire minimum. D’autres usines intégrées à sa chaîne de production dans le pays sont qualifiées de « clandestines » par un ancien salarié. Bien qu’elles fournissent jusqu’à 10 % des composants d’une chaussure, la marque n’y effectue aucun audit, dévoile Disclose dans un premier volet de son enquête.

    En bout de chaîne, ce sont les ouvriers qui confectionnent les produits, #Quechua, #Kipsta, #Domyos ou #Kalenji qui paient le prix du système Decathlon. Disclose a obtenu une nomenclature interne qui détaille le coût de fabrication d’une basket pour enfant très populaire, la Decathlon PW 540. Sur les 8,61 euros de prix de revient au Bangladesh, le salaire des ouvriers et ouvrières représente seulement 2,84 euros. Prix de vente en France : 25 euros.

    Un champion de l’exploitation

    La soif de profit a poussé Decathlon dans les bras d’autres sous-traitants problématiques. En Chine, cette fois-ci. Ce deuxième épisode de notre enquête, publié jeudi 6 février, en partenariat avec Cash Investigation*, révèle que l’un de ses principaux partenaires locaux a recours au travail forcé des Ouïghours, une minorité musulmane persécutée par Pékin. Deux usines chinoises travaillant pour Decathlon utiliseraient également du coton originaire du Xinjiang, la région d’origine des Ouïghours, et où les accusations de travail forcé sont légion.

    Notre enquête sur la multinationale aux 931 millions d’euros de bénéfices en 2023, nous a aussi amené au Brésil. Ce troisième volet, publié en partenariat avec le média néerlandais Follow the Money, le samedi 8 février, s’intéresse à l’origine d’une autre matière première : le cuir utilisé dans les célèbres chaussures de randonnée Quechua. Les usines qui les assemblent au Vietnam utilisent des peaux de bovins en provenance du Brésil, au risque de contribuer à l’éradication des forêts primaires dans le pays.

    Confrontée à nos révélations, Decathlon se contente d’affirmer son « engagement en faveur d’un approvisionnement responsable ». L’entreprise assure par ailleurs « condamner fermement toute forme de travail forcé et de travail d’enfant ». Sa course aux prix les plus bas vient pourtant contredire ces engagements. Jusqu’à faire mentir le fondateur de la marque, Michel Leclercq, qui avait coutume de dire : « Il est interdit de tromper un client chez Decathlon ».

    https://disclose.ngo/fr/article/decathlon-revelations-sur-un-champion-de-lexploitation
    #sous-traitance #enquête

  • La laine française termine au fumier
    https://reporterre.net/La-laine-francaise-termine-en-fumier

    Il faut ensuite traiter la laine, et là, la bonne volonté des producteurs se heurte à la déstructuration de toute une filière. « Très peu de filatures sont capables de filer de manière très fine. Même chose pour le feutrage, que peu de professionnels savent faire. Et il n’existe pas de machine qui permettrait que ce soit plus rentable, détaille Alexandrine Parmentier. Si on récoltait 2 tonnes de laine, ça bouchonnerait forcément à un endroit. Il n’y a pas la capacité à absorber une telle production. »

    La dernière usine de lavage de laine en France, située à Saugues, en Haute-Loire, utilise encore des machines datant du XIXe siècle. « Même si elle tournait en trois-huit, elle traiterait moins de 2 % de la laine française », assure Pascal Gautrand, délégué général du collectif Tricolor. Créée en 2018, cette association interprofessionnelle ambitionne de recréer un espace de dialogue et une synergie pour redévelopper « une filière laine à haute valeur ajoutée ».

    Quel gâchis. On importe des tonnes de pulls merdiques en synthétique quand on pourrait faire de la vraie qualité avec propres ressources en laine.

    • En Irlande dans les années 80, il y avait des concours de tonte de mouton au ciseau à main. Le ou la gagnante devait être la plus rapide, quelques minutes parfois. Un autre critère était de ne pas blesser le mouton et sortir une laine entière, comme si on avait ôté son manteau au mouton, donc surtout sans déchirer la laine. C’était des moments fascinants de rencontres et de joie pour les éleveuses et éleveurs, ça égayait les festivités de mai/juin, avec parfois aussi les courses d’ânes, de chevaux ou de lévriers, une foire paysanne comme il a du aussi en exister en france.

    • Et dans le genre gâchis, une fois qu’on a accepté de tuer un animal comme le mouton pour le manger, il reste la peau. Combien de tanneries abandonnées, de métiers perdus, de peau de moutons à l’équarissage ?

      Dans le Minervois, vers le gouffre de #Cabrespine, #Mazamet ou #Carcassonne, le long des rivières de la montagne noire des dizaines d’usines de tannage abandonnées s’écroulent. Et ce n’est pas qu’en Occitanie. Sur ces photos, c’est Bourgogne, Limousin, Normandie où l’on voit la transformation du cuir. (Certes pas écologique, mais le sky pollue-t-il moins ?)

      https://cuirschadefaux.com/cartes-postales-anciennes
      https://www.boreally.org/industrie-abandon/tanneries-graulhet

      L’industrie de la tannerie et mégisserie à Graulhet est un moteur de l’économie locale, la ville est ancrée autour des usines qui longent la rivière Dadou. Les mégissiers artisans ont tanné des peaux diverses pour procurer du cuir en matière première à l’industrie de l’habillement et du textile. Très tôt avant l’an mille, Graulhet est réputée de très loin pour sa qualité de tannerie des peaux produisant un cuir résistant à un prix abordable grâce à l’utilisation d’un tanin spécial le rusca de garric que l’on extrait de l’écorce de chêne.

      Malgré un déclin de l’activité, #Graulhet fait partie des villes leaders dans la production de tannage de petites peaux et notamment de la basane, une peau de mouton utilisée pour les chaussures. De nos jours après avoir été frappé par différentes crises économiques, la ville de Graulhet pratiquement mono industrie sur la tannerie a vu fermer la majorité des usines installées en bord de rivière. On recense plus d’une centaine de friches industrielles dans la ville , la municipalité arrivée en 2008 a pour projet de changer cette image par la reconversion des usines abandonnées aux travers de projets de développements.

      #métiers_disparus #cuir #tannerie #moutons

  • Le cuir végétal
    Xenius | ARTE
    https://www.arte.tv/fr/videos/079431-004-A/xenius

    Une designer de l’école des arts appliqués de Schwäbisch Gmünd travaille ainsi sur un matériau proche du #cuir, composé de pelures de fruits. Les présentateurs de « Xenius » se glissent dans la peau d’un « tanneur de fruits » et épluchent ananas, melons et pamplemousses. De nombreuses solutions alternatives existent déjà. Mais que valent-elles réellement ?

    #cuir_végétal et aussi #Bangladesh #pollution #tannage

  • The true cost

    This is a story about clothing. It’s about the clothes we wear, the people who make them, and the impact the industry is having on our world. The price of clothing has been decreasing for decades, while the human and environmental costs have grown dramatically. The True Cost is a groundbreaking documentary film that pulls back the curtain on the untold story and asks us to consider, who really pays the price for our clothing?

    Filmed in countries all over the world, from the brightest runways to the darkest slums, and featuring interviews with the world’s leading influencers including Stella McCartney, Livia Firth and Vandana Shiva, The True Cost is an unprecedented project that invites us on an eye opening journey around the world and into the lives of the many people and places behind our clothes.


    https://truecostmovie.com
    #film #documentaire #industrie_textile #vitesse #mode #agriculture #coton #travail #exploitation #Rana_Plaza #cotton_Bt #mondialisation #globalisation #ressources_pédagogiques #Inde #Bangladesh #fast_fashion #fashion #santé #Monsanto #OGM #pesticides #fertilisants #suicides #Inde #déchets #Chine #vêtements #habits consumérisme #pollution #eau #cuir #terres

  • #Déforestation : l’UE pas à l’aise dans ses biftecks - Libération
    http://www.liberation.fr/terre/2015/03/17/deforestation-l-ue-pas-a-l-aise-dans-ses-biftecks_1222694

    Et ses résultats donnent le vertige. « Toutes les deux minutes, entre 2000 et 2012, la superficie d’un terrain de football a été déboisée de manière illégale pour exporter ces matières premières vers l’UE », dénonce Fern (« fougère » en anglais). En 2012, l’UE « a importé l’équivalent de 6 milliards d’euros de #soja, #bœuf, #cuir et #huile_de_palme issus de cultures ou d’élevages pratiqués sur des #terres déboisées illégalement dans des zones tropicales ». Près d’un quart des matières premières agricoles issues de la déforestation illégale sur le marché mondial est destiné à l’#UE. A eux seuls, cinq pays (Pays-Bas, Royaume-Uni, Allemagne, Italie et France) « importent 75% et consomment 63% de ces produits entachés d’illégalité affluant vers l’UE ». Chacun ayant sa triste spécialité. Avec l’Allemagne, les Pays-Bas « sont les plus gros importateurs d’huile de palme destinée aux cosmétiques et aux produits alimentaires ». Au royaume italien des chaussures et des sacs de créateurs, le cuir domine. « Il n’est pas surprenant que, dans la principale puissance agricole de l’UE, la France, ce soit le soja, utilisé pour nourrir les animaux », ajoute le rapport. Outre-Manche, le bœuf est le produit estampillé « déforestation illégale » le plus importé.

    Plus de la moitié de la superficie des terres déboisées illégalement pour approvisionner l’UE en denrées agricoles est située au Brésil. Et un quart en Indonésie, où les plantations de palmiers à huile et de bois sont les principales causes de déforestation et où « au moins 80% de ces exploitations sont illégales ». Mais ce phénomène touche aussi la Malaisie, le Paraguay, la Papouasie-Nouvelle-Guinée ou les bassins du Congo et du Mékong.

    (j’en ai carrément ras le bol que le terrain de foot serve de mesure de référence)