• Au MuCEM, l’odyssée du retour au bled racontée par Mohamed El Khatib
    https://www.lemonde.fr/culture/article/2023/10/19/au-mucem-l-odyssee-du-retour-au-bled-racontee-par-mohamed-el-khatib_6195397_

    Au MuCEM, l’odyssée du retour au bled racontée par Mohamed El Khatib
    Le metteur en scène dévoile, dans les salles du musée marseillais, « Renault 12 », une exposition évoquant la transhumance annuelle des familles de l’immigration maghrébine et de leurs voitures cathédrales.
    Par Gilles Rof(Marseille, correspondant)
    Publié le 19 octobre 2023 à 12h00, modifié le 19 octobre 2023 à 15h45
    Combien sont-elles les Renault 12, Peugeot 504 et autre Renault 21 Nevada à être passées sur le port de Marseille, pour rejoindre le Maghreb ou en revenir, chargées jusqu’aux cieux ? Des dizaines de milliers, sûrement. Et Mohamed El Khatib, auteur, metteur en scène et réalisateur, ne pouvait rêver meilleur site que le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MuCEM), avec vue sur les quais de départ et d’arrivée vers l’Algérie et la Tunisie, pour faire entrer la saga de ces voitures cathédrales et de leurs passagers dans un musée national.
    « Le retour au bled fait partie de l’histoire de France. Ces familles, ces chibanis [les “anciens”] qui ont sillonné la route au volant constituent un patrimoine immatériel de la Méditerranée qui, jusqu’à maintenant, n’était pas documenté. Pendant des années, ils ont été le lien entre les deux rives », rappelle l’artiste, qui, avec sa double installation dans les espaces gratuits du musée, inaugure la carte blanche offerte par l’ancien président du MuCEM Jean-François Chougnet.Ce voyage, Mohamed El Khatib l’a vécu lui-même, chaque été, de 1981 à 1998. Version Maroc : trois jours de descente via l’Espagne, la traversée Algésiras-Tanger et les retrouvailles avec la famille restée au pays. « C’était une odyssée, le retour d’Ulysse à Ithaque, se souvient-il. On partait de nuit. Mon père rentrait de l’usine, dormait une heure et se mettait au volant. Il n’était pas question de perdre une journée. » L’artiste, 43 ans aujourd’hui, a mis beaucoup de lui dans cette exposition. Sur le parvis du fort Saint-Jean qui surplombe la mer, six voitures s’alignent, Renault 12 et Peugeot 504, break ou berline, bleue, jaune, orange et blanche. L’une d’elles, la R12 autel, comme l’a appelée Mohamed El Khatib, est dédiée à sa mère, décédée, et dont le corps a été rapatrié au Maroc.
    Mais c’est surtout un hommage aux pères que l’artiste rend. Le sien, bien sûr, âgé de 80 ans, objet d’un texte très émouvant. Mais aussi tous ces Algériens, Marocains ou Tunisiens venus travailler en France, pour qui la voiture était souvent le seul bien, et, comme en témoigne la journaliste Louisa Yousfi dans le catalogue d’exposition, l’espace d’une dignité retrouvée : « C’est le lieu du père. Ce qui le rend utile dans un pays où on lui retire tout pouvoir et où il est considéré comme un parasite. »
    « Renault 12 » trace sa route entre la nostalgie heureuse et les réalités pesantes d’une immigration qui cherche sa place. L’accident, fréquent sur les routes du retour au bled, y percute le visiteur avec l’épave d’une R12 broyée, traitée comme une pierre tombale. Une boussole qui indique la direction de La Mecque et un tapis de prière que l’on sortait du coffre rappellent, eux, ce temps, où, pour Mohamed El Khatib, « la présence de l’islam ne provoquait pas de réactions crispées ».
    Pour nourrir ses évocations, l’artiste a réuni à Marseille, avec l’aide de la photographe Yohanne Lamoulère, sa complice régulière, les souvenirs de ceux qui ont vécu l’été au bled, dans un film de vingt-sept minutes. « La 504, c’est papa, c’est maman, c’est ma vie », assure, avec cette punchline parmi d’autres, l’un des témoins.Le duo a également roulé jusqu’à Chichaoua, au Maroc, pour y traquer les « chameaux mécaniques », R12 et autres voitures increvables capables d’empiler, selon leur légende africaine, jusqu’à un million de kilomètres. Des véhicules à l’esthétique flamboyante, « ready-made ambulants » selon El Khatib, dont il importe la beauté clinquante au MuCEM. Comme cette Renault cassettothèque avec housses en tapis oriental, plafond en tissu léopard, boule à facette et chicha, dans laquelle on s’installe pour écouter la bande-son du voyage. Un mix de variétés françaises, de grands artistes arabes ou des « chebs » (« jeunes ») du raï. Symbole d’une culture de l’immigration qui vit entre deux terres.
    Dans cette exposition, qui a déjà attiré l’attention de plusieurs autres musées, Mohamed El Khatib soigne les détails. Son catalogue d’exposition a la forme d’un étui de carte grise géant… A côté des splendides photos de Yohanne Lamoulère, on y trouve des porte-clés à main de Fatma, une carte Michelin et un parfum d’intérieur à accrocher au rétroviseur. La clé d’une – vraie – Renault 12 a même été glissée dans un exemplaire. L’heureux gagnant partira du MuCEM à son volant.

    #Covid-19#migration#migrant#france#MUCEN#art#immigration#maroc#bled#retour#culturemigration#economie#transfert

  • #Judith_Butler : Condamner la #violence

    « Je condamne les violences commises par le #Hamas, je les condamne sans la moindre réserve. Le Hamas a commis un #massacre terrifiant et révoltant », écrit Judith Butler avant d’ajouter qu’« il serait étrange de s’opposer à quelque chose sans comprendre de quoi il s’agit, ou sans la décrire de façon précise. Il serait plus étrange encore de croire que toute #condamnation nécessite un refus de comprendre, de #peur que cette #compréhension ne serve qu’à relativiser les choses et diminuer notre #capacité_de_jugement ».

    Les questions qui ont le plus besoin d’un #débat_public, celles qui doivent être discutées dans la plus grande urgence, sont des questions qui sont difficiles à aborder dans les cadres existants. Et même si l’on souhaite aller directement au cœur du sujet, on se heurte à un cadre qui fait qu’il est presque impossible de dire ce que l’on a à dire. Je veux parler ici de la violence, de la violence présente, et de l’histoire de la violence, sous toutes ses formes. Mais si l’on veut documenter la violence, ce qui veut dire comprendre les #tueries et les #bombardements massifs commis par le Hamas en Israël, et qui s’inscrivent dans cette histoire, alors on est accusé de « #relativisme » ou de « #contextualisation ». On nous demande de condamner ou d’approuver, et cela se comprend, mais est-ce bien là tout ce qui, éthiquement, est exigé de nous ? Je condamne les violences commises par le Hamas, je les condamne sans la moindre réserve. Le Hamas a commis un massacre terrifiant et révoltant. Telle a été et est encore ma réaction première. Mais elle n’a pas été la seule.

    Dans l’immédiateté de l’événement, on veut savoir de quel « côté » sont les gens, et clairement, la seule réaction possible à de pareilles tueries est une condamnation sans équivoque. Mais pourquoi se fait-il que nous ayons parfois le sentiment que se demander si nous utilisons les bons mots ou comprenons bien la situation historique fait nécessairement obstacle à une #condamnation_morale absolue ? Est-ce vraiment relativiser que se demander ce que nous condamnons précisément, quelle portée cette condamnation doit avoir, et comment décrire au mieux la ou les formations politiques auxquelles nous nous opposons ?

    Il serait étrange de s’opposer à quelque chose sans comprendre de quoi il s’agit, ou sans la décrire de façon précise. Il serait plus étrange encore de croire que toute condamnation nécessite un refus de comprendre, de peur que cette compréhension ne serve qu’à relativiser les choses et diminuer notre capacité de jugement. Mais que faire s’il est moralement impératif d’étendre notre condamnation à des #crimes tout aussi atroces, qui ne se limitent pas à ceux mis en avant et répétés par les médias ? Quand et où doit commencer et s’arrêter notre acte de condamnation ? N’avons-nous pas besoin d’une évaluation critique et informée de la situation pour accompagner notre condamnation politique et morale, sans avoir à craindre que s’informer et comprendre nous transforme, aux yeux des autres, en complices immoraux de crimes atroces ?

    Certains groupes se servent de l’histoire de la violence israélienne dans la région pour disculper le Hamas, mais ils utilisent une forme corrompue de raisonnement moral pour y parvenir. Soyons clairs. Les violences commises par #Israël contre les Palestiniens sont massives : bombardements incessants, assassinats de personnes de tous âges chez eux et dans les rues, torture dans les prisons israéliennes, techniques d’affamement à #Gaza, expropriation radicale et continue des terres et des logements. Et ces violences, sous toutes leurs formes, sont commises sur un peuple qui est soumis à un #régime_colonial et à l’#apartheid, et qui, privé d’État, est apatride.

    Mais quand les Groupes Solidarité pour la Palestine de Harvard (Harvard Palestine Solidarity Groups) publient une déclaration disant que « le régime d’apartheid est le seul responsable » des attaques mortelles du Hamas contre des cibles israéliennes, ils font une erreur et sont dans l’erreur. Ils ont tort d’attribuer de cette façon la #responsabilité, et rien ne saurait disculper le Hamas des tueries atroces qu’ils ont perpétrées. En revanche, ils ont certainement raison de rappeler l’histoire des violences : « de la #dépossession systématique des terres aux frappes aériennes de routine, des #détentions_arbitraires aux #checkpoints militaires, des séparations familiales forcées aux #assassinats ciblés, les Palestiniens sont forcés de vivre dans un #état_de_mort, à la fois lente et subite. » Tout cela est exact et doit être dit, mais cela ne signifie pas que les violences du Hamas ne soient que l’autre nom des violences d’Israël.

    Il est vrai que nous devons nous efforcer de comprendre les raisons de la formation de groupes comme le Hamas, à la lumière des promesses rompues d’Oslo et de cet « état de mort, à la fois lente et subite » qui décrit bien l’existence des millions de Palestiniens vivant sous #occupation, et qui se caractérise par une #surveillance constante, la #menace d’une détention sans procès, ou une intensification du #siège de #Gaza pour priver ses habitants d’#eau, de #nourriture et de #médicaments. Mais ces références à l’#histoire des Palestiniens ne sauraient justifier moralement ou politiquement leurs actes. Si l’on nous demandait de comprendre la violence palestinienne comme une continuation de la violence israélienne, ainsi que le demandent les Groupes Solidarité pour la Palestine de Harvard, alors il n’y aurait qu’une seule source de #culpabilité_morale, et même les actes de violence commis par les Palestiniens ne seraient pas vraiment les leurs. Ce n’est pas rendre compte de l’autonomie d’action des Palestiniens.

    La nécessité de séparer la compréhension de la violence omniprésente et permanente de l’État israélien de toute justification de la violence est absolument cruciale si nous voulons comprendre quels peuvent être les autres moyens de renverser le #système_colonial, mettre fin aux #arrestations_arbitraires et à la #torture dans les prisons israéliennes, et arrêter le siège de Gaza, où l’eau et la nourriture sont rationnés par l’État-nation qui contrôle ses frontières. Autrement dit, la question de savoir quel monde est encore possible pour tous les habitants de la région dépend des moyens dont il sera mis fin au système colonial et au pouvoir des colons. Hamas a répondu de façon atroce et terrifiante à cette question, mais il y a bien d’autres façons d’y répondre.

    Si, en revanche, il nous est interdit de parler de « l’#occupation », comme dans une sorte de Denkverbot allemand, si nous ne pouvons pas même poser le débat sur la question de savoir si le joug militaire israélien sur la région relève du #colonialisme ou de l’#apartheid_racial, alors nous ne pouvons espérer comprendre ni le passé, ni le présent, ni l’avenir. Et beaucoup de gens qui regardent le carnage dans les médias sont totalement désespérés. Or une des raisons de ce #désespoir est précisément qu’ils regardent les #médias, et vivent dans le monde sensationnel et immédiat de l’#indignation_morale absolue. Il faut du temps pour une autre #morale_politique, il faut de la patience et du courage pour apprendre et nommer les choses, et nous avons besoin de tout cela pour que notre condamnation puisse être accompagnée d’une vision proprement morale.

    Je m’oppose aux violences que le Hamas a commises, et ne leur trouve aucune excuse. Quand je dis cela, je prends une position morale et politique claire. Je n’équivoque pas lorsque je réfléchis sur ce que cette condamnation implique et présuppose. Quiconque me rejoint dans cette position se demande peut-être si la condamnation morale doit reposer sur une compréhension de ce qui est condamné. On pourrait répondre que non, que je n’ai rien besoin de connaître du Hamas ou de la Palestine pour savoir que ce qu’ils ont fait est mal et pour le condamner. Et si l’on s’arrête là, si l’on se contente des représentations fournies par les médias, sans jamais se demander si elles sont réellement utiles et exactes, et si le cadre utilisé permet à toutes les histoires d’être racontées, alors on se résout à une certaine ignorance et l’on fait confiance aux cadres existants. Après tout, nous sommes tous très occupés, et nous n’avons pas tous le temps d’être des historiens ou des sociologues. C’est une manière possible de vivre et de penser, et beaucoup de gens bien-intentionnés vivent effectivement ainsi, mais à quel prix ?

    Que nous faudrait-il dire et faire, en revanche, si notre morale et notre politique ne s’arrêtaient pas à l’acte de condamnation ? Si nous continuions, malgré tout, de nous intéresser à la question de savoir quelles sont les formes de vie qui pourraient libérer la région de violences comme celles-ci ? Et si, en plus de condamner les crimes gratuits, nous voulions créer un futur dans lequel ce genre de violences n’aurait plus cours ? C’est une aspiration normative qui va bien au-delà de la condamnation momentanée. Pour y parvenir, il nous faut absolument connaître l’histoire de la situation : l’histoire de la formation du Hamas comme groupe militant, dans l’abattement total, après Oslo, pour tous les habitants de Gaza à qui les promesses de gouvernement autonome n’ont jamais été honorées ; l’histoire de la formation des autres groupes palestiniens, de leurs tactiques et de leurs objectifs ; l’histoire enfin du peuple palestinien lui-même, de ses aspirations à la liberté et au #droit_à_l’autodétermination, de son désir de se libérer du régime colonial et de la violence militaire et carcérale permanente. Alors, si le Hamas était dissous ou s’il était remplacé par des groupes non-violents aspirant à la #cohabitation, nous pourrions prendre part à la lutte pour une Palestine libre.

    Quant à ceux dont les préoccupations morales se limitent à la seule condamnation, comprendre la situation n’est pas un objectif. Leur indignation morale est à la fois présentiste et anti-intellectuelle. Et pourtant, l’indignation peut aussi amener quelqu’un à ouvrir des livres d’histoire pour essayer de comprendre comment un événement comme celui-ci a pu arriver, et si les conditions pourraient changer de telle sorte qu’un avenir de violence ne soit pas le seul avenir possible. Jamais la « contextualisation » ne devrait être considérée comme une activité moralement problématique, même s’il y a des formes de contextualisation qui sont utilisées pour excuser ou disculper. Est-il possible de distinguer ces deux formes de contextualisation ? Ce n’est pas parce que certains pensent que contextualiser des violences atroces ne sert qu’à occulter la violence ou, pire encore, à la rationaliser que nous devrions nous soumettre à l’idée que toute forme de contextualisation est toujours une forme de #relativisme_moral.

    Quand les Groupes Solidarité pour la Palestine de Harvard disent que « le régime d’apartheid est le seul responsable » des attaques du Hamas, ils souscrivent à une conception inacceptable de la responsabilité morale. Il semble que pour comprendre comment s’est produit un événement, et ce qu’il signifie, il nous faille apprendre l’histoire. Cela veut dire qu’il nous incombe tout à la fois d’élargir la perspective au-delà de la terrible fascination du moment et, sans jamais nier l’horreur, de ne pas laisser l’#horreur présente représenter toute l’horreur qu’il y a à représenter, et nous efforcer de savoir, de comprendre et de nous opposer.

    Or les médias d’aujourd’hui, pour la plupart d’entre eux, ne racontent pas les horreurs que vivent les Palestiniens depuis des décennies, les bombardements, les tueries, les attaques et les arrestations arbitraires. Et si les horreurs des derniers jours ont pour les médias une importance morale plus grande que les horreurs des soixante-dix dernières années, alors la réaction morale du moment menace d’empêcher et d’occulter toute compréhension des #injustices_radicales endurées depuis si longtemps par la Palestine occupée et déplacée de force.

    Certains craignent, à juste titre, que toute contextualisation des actes violents commis par le Hamas soit utilisée pour disculper le Hamas, ou que la contextualisation détourne l’attention des horreurs perpétrées. Mais si c’est l’horreur elle-même qui nous amenait à contextualiser ? Où commence cette horreur et où finit-elle ? Si les médias parlent aujourd’hui de « guerre » entre le Hamas et Israël, c’est donc qu’ils proposent un cadre pour comprendre la situation. Ils ont, ainsi, compris la situation à l’avance. Si Gaza est comprise comme étant sous occupation, ou si l’on parle à son sujet de « prison à ciel ouvert », alors c’est une autre interprétation qui est proposée. Cela ressemble à une description, mais le langage contraint ou facilite ce que nous pouvons dire, comment nous pouvons décrire, et ce qui peut être connu.

    Oui, la langue peut décrire, mais elle n’acquiert le pouvoir de le faire que si elle se conforme aux limites qui sont imposées à ce qui est dicible. S’il est décidé que nous n’avons pas besoin de savoir combien d’enfants et d’adolescents palestiniens ont été tués en Cisjordanie et à Gaza cette année ou pendant toutes les années de l’occupation, que ces informations ne sont pas importantes pour comprendre ou qualifier les attaques contre Israël, et les assassinats d’Israéliens, alors il est décidé que nous ne voulons pas connaître l’histoire des violences, du #deuil et de l’indignation telle qu’est vécue par les Palestiniens.

    Une amie israélienne, qui se qualifie elle-même d’« antisioniste », écrit en ligne qu’elle est terrifiée pour sa famille et pour ses amis, et qu’elle a perdu des proches. Et nous devrions tous être de tout cœur avec elle, comme je le suis bien évidemment. Cela est terrible. Sans équivoque. Et pourtant, il n’est pas un moment où sa propre expérience de l’horreur et de la perte de proches ou d’amis est imaginé comme pouvant être ce qu’une Palestinienne éprouve ou a éprouvé de son côté après des années de bombardement, d’incarcération et de violence militaire. Je suis moi aussi une Juive, qui vit avec un #traumatisme_transgénérationnel à la suite des atrocités commises contre des personnes comme moi. Mais ces atrocités ont aussi été commises contre des personnes qui ne sont pas comme moi. Je n’ai pas besoin de m’identifier à tel visage ou à tel nom pour nommer les atrocités que je vois. Ou du moins je m’efforce de ne pas le faire.

    Mais le problème, au bout du compte, n’est pas seulement une absence d’#empathie. Car l’empathie prend généralement forme dans un cadre qui permette qu’une identification se fasse, ou une traduction entre l’expérience d’autrui et ma propre expérience. Et si le cadre dominant considère que certaines vies sont plus dignes d’être pleurées que d’autres, alors il s’ensuit que certaines pertes seront plus terribles que d’autres. La question de savoir quelles vies méritent d’être pleurées fait partie intégrante de la question de savoir quelles sont les vies qui sont dignes d’avoir une valeur. Et c’est ici que le #racisme entre en jeu de façon décisive. Car si les Palestiniens sont des « #animaux », comme le répète Netanyahu, et si les Israéliens représentent désormais « le peuple juif », comme le répète Biden (englobant la diaspora juive dans Israël, comme le réclament les réactionnaires), alors les seules personnes dignes d’être pleurées, les seules qui sont éligibles au deuil, sont les Israéliens, car la scène de « guerre » est désormais une scène qui oppose les Juifs aux animaux qui veulent les tuer.

    Ce n’est certainement pas la première fois qu’un groupe de personnes qui veulent se libérer du joug de la #colonisation sont représentées comme des animaux par le colonisateur. Les Israéliens sont-ils des « animaux » quand ils tuent ? Ce cadre raciste de la violence contemporaine rappelle l’opposition coloniale entre les « civilisés » et les « animaux », qui doivent être écrasés ou détruits pour sauvegarder la « civilisation ». Et lorsque nous rappelons l’existence de ce cadre au moment d’affirmer notre condamnation morale, nous nous trouvons impliqué dans la dénonciation d’une forme de racisme qui va bien au-delà de l’énonciation de la structure de la vie quotidienne en Palestine. Et pour cela, une #réparation_radicale est certainement plus que nécessaire.

    Si nous pensons qu’une condamnation morale doive être un acte clair et ponctuel, sans référence à aucun contexte ni aucun savoir, alors nous acceptons inévitablement les termes dans lesquels se fait cette condamnation, la scène sur laquelle les alternatives sont orchestrées. Et dans ce contexte récent qui nous intéresse, accepter ce cadre, c’est reprendre les formes de #racisme_colonial qui font précisément partie du problème structurel à résoudre, de l’#injustice intolérable à surmonter. Nous ne pouvons donc pas refuser l’histoire de l’injustice au nom d’une certitude morale, car nous risquerions alors de commettre d’autres injustices encore, et notre certitude finirait par s’affaisser sur un fondement de moins en moins solide. Pourquoi ne pouvons-nous pas condamner des actes moralement haïssables sans perdre notre capacité de penser, de connaître et de juger ? Nous pouvons certainement faire tout cela, et nous le devons.

    Les actes de violence auxquels nous assistons via les médias sont horribles. Et dans ce moment où toute notre attention est accaparée par ces médias, les violences que nous voyons sont les seules que nous connaissions. Je le répète : nous avons le droit de déplorer ces violences et d’exprimer notre horreur. Cela fait des jours que j’ai mal au ventre à essayer d’écrire sans trouver le sommeil, et tous les gens que je connais vivent dans la peur de ce que va faire demain la machine militaire israélienne, si le #discours_génocidaire de #Netanyahu va se matérialiser par une option nucléaire ou par d’autres tueries de masse de Palestiniens. Je me demande moi-même si nous pouvons pleurer, sans réserve aucune, pour les vies perdues à Tel-Aviv comme pour les vies perdues à Gaza, sans se laisser entraîner dans des débats sur le relativisme et sur les #fausses_équivalences. Peut-être les limites élargies du deuil peuvent-elles contribuer à un idéal d’#égalité substantiel, qui reconnaisse l’égale pleurabilité de toutes les vies, et qui nous porte à protester que ces vies n’auraient pas dû être perdues, qui méritaient de vivre encore et d’être reconnues, à part égale, comme vies.

    Comment pouvons-nous même imaginer la forme future de l’égalité des vivants sans savoir, comme l’a documenté le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies, que les militaires et les colons israéliens ont tué au minimum 3 752 civils palestiniens depuis 2008 à Gaza et en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est. Où et quand le monde a-t-il pleuré ces morts ? Et dans les seuls bombardements et attaques d’octobre, 140 enfants palestiniens ont déjà été tués. Beaucoup d’autres trouveront la mort au cours des actions militaires de « #représailles » contre le Hamas dans les jours et les semaines qui viennent.

    Ce n’est pas remettre en cause nos positions morales que de prendre le temps d’apprendre l’histoire de la #violence_coloniale et d’examiner le langage, les récits et les cadres qui servent aujourd’hui à rapporter et expliquer – et interpréter a priori – ce qui se passe dans cette région. Il s’agit là d’un #savoir_critique, mais qui n’a absolument pas pour but de rationaliser les violences existences ou d’en autoriser d’autres. Son but est d’apporter une compréhension plus exacte de la situation que celle proposée par le cadre incontesté du seul moment présent. Peut-être d’autres positions d’#opposition_morale viendront-elles s’ajouter à celles que nous avons déjà acceptées, y compris l’opposition à la violence militaire et policière qui imprègne et sature la vie des Palestiniens dans la région, leur droit à faire le deuil, à connaître et exprimer leur indignation et leur solidarité, à trouver leur propre chemin vers un avenir de liberté ?

    Personnellement, je défends une politique de #non-violence, sachant qu’elle ne peut constituer un principe absolu, qui trouve à s’appliquer en toutes circonstances. Je soutiens que les #luttes_de_libération qui pratiquent la non-violence contribuent à créer le monde non-violent dans lequel nous désirons tous vivre. Je déplore sans équivoque la violence, et en même temps, comme tant d’autres personnes littéralement stupéfiées devant leur télévision, je veux contribuer à imaginer et à lutter pour la justice et pour l’égalité dans la région, une justice et une égalité qui entraîneraient la fin de l’occupation israélienne et la disparition de groupes comme le Hamas, et qui permettrait l’épanouissement de nouvelles formes de justice et de #liberté_politique.

    Sans justice et sans égalité, sans la fin des violences perpétrées par un État, Israël, qui est fondé sur la violence, aucun futur ne peut être imaginé, aucun avenir de #paix_véritable – et je parle ici de paix véritable, pas de la « #paix » qui n’est qu’un euphémisme pour la #normalisation, laquelle signifie maintenir en place les structures de l’injustice, de l’inégalité et du racisme. Un pareil futur ne pourra cependant pas advenir si nous ne sommes pas libres de nommer, de décrire et de nous opposer à toutes les violences, y compris celles de l’État israélien, sous toutes ses formes, et de le faire sans avoir à craindre la censure, la criminalisation ou l’accusation fallacieuse d’antisémitisme.

    Le monde que je désire est un monde qui s’oppose à la normalisation du régime colonial israélien et qui soutient la liberté et l’autodétermination des Palestiniens, un monde qui réaliserait le désir profond de tous les habitants de ces terres de vivre ensemble dans la liberté, la non-violence, la justice et l’égalité. Cet #espoir semble certainement, pour beaucoup, impossible ou naïf. Et pourtant, il faut que certains d’entre nous s’accrochent farouchement à cet espoir, et refusent de croire que les structures qui existent aujourd’hui existeront toujours. Et pour cela, nous avons besoin de nos poètes, de nos rêveurs, de nos fous indomptés, de tous ceux qui savent comment se mobiliser.

    https://aoc.media/opinion/2023/10/12/condamner-la-violence

    ici aussi : https://seenthis.net/messages/1021216

    #à_lire #7_octobre_2023 #génocide

    • Palestinian Lives Matter Too: Jewish Scholar Judith Butler Condemns Israel’s “Genocide” in Gaza

      We speak with philosopher Judith Butler, one of dozens of Jewish American writers and artists who signed an open letter to President Biden calling for an immediate ceasefire in Gaza. “We should all be standing up and objecting and calling for an end to genocide,” says Butler of the Israeli assault. “Until Palestine is free … we will continue to see violence. We will continue to see this structural violence producing this kind of resistance.” Butler is the author of numerous books, including The Force of Nonviolence: An Ethico-Political Bind and Parting Ways: Jewishness and the Critique of Zionism. They are on the advisory board of Jewish Voice for Peace.

      https://www.youtube.com/watch?v=CAbzV40T6yk

  • Adam Shatz · Vengeful Pathologies · LRB 20 October 2023
    https://www.lrb.co.uk/the-paper/v45/n20/adam-shatz/vengeful-pathologies

    What happened on 7 October was not an explosion; it was a methodical act of killing, and the systematic murder of people in their homes was a bitter mimicry of the 1982 massacre by Israeli-backed Phalangists in Sabra and Shatila in Lebanon. The calculated posting of videos of the killings on the social media accounts of the victims suggests that revenge was among the motives of Hamas’s commanders: Mohammed Deif, the head of Hamas’s military wing, lost his wife and two children in an airstrike in 2014.

    One is reminded of Frantz Fanon’s observation that ‘the colonised person is a persecuted person who constantly dreams of becoming the persecutor.’ On 7 October, this dream was realised for those who crossed over into southern Israel: finally, the Israelis would feel the helplessness and terror they had known all their lives. The spectacle of Palestinian jubilation – and the later denials that the killing of civilians had occurred – was troubling but hardly surprising. In colonial wars, Fanon writes, ‘good is quite simply what hurts them most.’

    #Fanon #persécuté #persécuteur ##Gaza #vengeance

    • Determined to overcome its humiliation by Hamas, the IDF has been no different from – and no more intelligent than – the French in Algeria, the British in Kenya, or the Americans after 9/11. Israel’s disregard for Palestinian life has never been more callous or more flagrant, and it’s being fuelled by a discourse for which the adjective ‘genocidal’ no longer seems like hyperbole.

      In just the first six days of air strikes, Israel dropped more than six thousand bombs, and more than twice as many civilians have already died under bombardment as were killed on 7 October. These atrocities are not excesses or ‘collateral damage’: they occur by design .

      As Israel’s defence minister, Yoav Gallant, puts it, ‘we are fighting human animals and we will act accordingly.’ ( Fanon: ‘when the colonist speaks of the colonised he uses zoological terms’ and ‘refers constantly to the bestiary ’.)

    • Fanon : « le colonisé est un persécuté qui rêve constamment de devenir persécuteur. »

      [...]

      It is, of course, true that Fanon advocated armed struggle against colonialism, but he referred to the use of violence by the colonised as ‘disintoxicating’, not ‘cleansing’, a widely circulated mistranslation. His understanding of the more murderous forms of anti-colonial violence was that of a psychiatrist, diagnosing a vengeful pathology formed under colonial oppression, rather than offering a prescription. It was natural, he wrote, that ‘the very same people who had it constantly drummed into them that the only language they understood was that of force, now decide to express themselves by force’. Evoking the phenomenological experience of anti-colonial fighters, he noted that in the early stage of revolt, ‘life can only materialise from the rotting cadaver of the colonist.’

      But Fanon also wrote hauntingly of the effects of war trauma – including the trauma suffered by anti-colonial rebels who killed civilians. And in a passage that few of his latter-day admirers have cited, he warned that

      racism, hatred, resentment and the ‘legitimate desire for revenge’ alone cannot nurture a war of liberation. These flashes of consciousness which fling the body into a zone of turbulence, which plunge it into a virtually pathological dreamlike state where the sight of the other induces vertigo, where my blood calls for the blood of the other, this passionate outburst in the opening phase, disintegrates if it is left to feed on itself. Of course the countless abuses by the colonialist forces reintroduce emotional factors into the struggle, give the militant further cause to hate and new reasons to set off in search of a ‘colonist to kill’. But, day by day, leaders will come to realise that hatred is not an agenda.

      To organise an effective movement, Fanon believed, anti-colonial fighters would have to overcome the temptations of primordial revenge, and develop what Martin Luther King, citing Reinhold Niebuhr, called a ‘spiritual discipline against resentment’. In line with this commitment, Fanon’s vision of decolonisation embraced not only colonised Muslims, freeing themselves from the yoke of colonial oppression, but members of the European minority and Jews (themselves a formerly ‘indigenous’ group in Algeria), so long as they joined the struggle for liberation. In A Dying Colonialism, he paid eloquent tribute to non-Muslims in Algeria who, together with their Muslim comrades, imagined a future in which Algerian identity and citizenship would be defined by common ideals, not ethnicity or faith. That this vision perished, thanks to French violence and the FLN’s authoritarian Islamic nationalism, is a tragedy from which Algeria still has not recovered. The destruction of this vision, upheld by intellectuals such as Edward Said and a small but influential minority of Palestinian and Israeli leftists, has been no less damaging for the people of Israel-Palestine.

      ‘What fills me with dread,’ the Palestinian historian Yezid Sayigh told me in an email,

      is that we are at an inflection point in world history. Deep ongoing shifts over at least the past two decades that have been giving rise to right-wing and even fascist movements (and governments) were already building up, so I see Hamas’s slaughter of civilians as roughly equivalent to Sarajevo 1914 or maybe Kristallnacht 1938 in accelerating or unleashing much broader trends. On a ‘lesser scale’, I’m furious at Hamas for basically erasing all we fought for over decades, and aghast at those who can’t maintain the critical faculty to distinguish opposition to Israeli occupation and war crimes, and who turn a blind eye to what Hamas did in southern Israeli kibbutzim. Ethno-tribalism.

      The ethno-tribalist fantasies of the decolonial left, with their Fanon recitations and posters of paragliders, are indeed perverse. As the Palestinian writer Karim Kattan wrote in a moving essay for Le Monde, it seems to have become impossible for some of Palestine’s self-styled friends to ‘say: massacres like those that took place at the Tribe of Nova festival are an outrageous horror, and Israel is a ferocious colonial power.’ In an age of defeat and demobilisation, in which the most extreme voices have been amplified by social media, a cult of force appears to have overtaken parts of the left, and short-circuited any empathy for Israeli civilians.

      #culte_de_la_force #persécution #répétition

  • Nostalgie
    https://tagrawlaineqqiqi.wordpress.com/2023/10/21/nostalgie

    Chose rare, j’ai été saisie hier d’une vague de nostalgie. Ça ne m’arrive pas souvent, ça n’est pas franchement dans ma nature, et il y a un je-ne-sais-quoi de « c’était mieux avant » que je n’aime pas dans la nostalgie. Mais ça m’arrive quand même parfois de regarder le passé, puis le présent, et de pousser […]

    #Société #contrôle_social #musique #Politique
    https://0.gravatar.com/avatar/cd5bf583a4f6b14e8793f123f6473b33bb560651f18847079e51b3bcad719755?s=96&d=

  • Lettre ouverte au président de la République française - L’Orient-Le Jour
    https://www.lorientlejour.com/article/1354010/lettre-ouverte-au-president-de-la-republique-francaise.html

    Lettre ouverte au président de la République française
    OLJ / Par Dominique EDDÉ, le 20 octobre 2023 à 10h30

    Monsieur le Président,

    C’est d’un lieu ruiné, abusé, manipulé de toutes parts, que je vous adresse cette lettre. Il se pourrait qu’à l’heure actuelle, notre expérience de l’impuissance et de la défaite ne soit pas inutile à ceux qui, comme vous, affrontent des équations explosives et les limites de leur toute puissance.

    Je vous écris parce que la France est membre du Conseil de sécurité de l’ONU et que la sécurité du monde est en danger. Je vous écris au nom de la paix.

    L’horreur qu’endurent en ce moment les Gazaouis, avec l’aval d’une grande partie du monde, est une abomination. Elle résume la défaite sans nom de notre histoire moderne. La vôtre et la nôtre. Le Liban, l’Irak, la Syrie sont sous terre. La Palestine est déchirée, trouée, déchiquetée selon un plan parfaitement clair : son annexion. Il suffit pour s’en convaincre de regarder les cartes.

    Le massacre par le Hamas de centaines de civils israéliens, le 7 octobre dernier, n’est pas un acte de guerre. C’est une ignominie. Il n’est pas de mots pour en dire l’étendue. Si les arabes ou les musulmans tardent, pour nombre d’entre eux, à en dénoncer la barbarie, c’est que leur histoire récente est jonchée de carnages, toutes confessions confondues, et que leur trop plein d’humiliation et d’impotence a fini par épuiser leur réserve d’indignation ; par les enfermer dans le ressentiment. Leur mémoire est hantée par les massacres, longtemps ignorés, commis par des Israéliens sur des civils palestiniens pour s’emparer de leurs terres. Je pense à Deir Yassin en 1948, à Kfar Qassem en 1956. Ils ont par ailleurs la conviction – je la partage – que l’implantation d’Israël dans la région et la brutalité des moyens employés pour assurer sa domination et sa sécurité ont très largement contribué au démembrement, à l’effondrement général. Le colonialisme, la politique de répression violente et le régime d’apartheid de ce pays sont des faits indéniables. S’entêter dans le déni, c’est entretenir le feu dans les cerveaux des uns et le leurre dans les cerveaux des autres. Nous savons tous par ailleurs que l’islamisme incendiaire s’est largement nourri de cette plaie ouverte qui ne s’appelle pas pour rien « la Terre sainte ». Je vous rappelle au passage que le Hezbollah est né au Liban au lendemain de l’occupation israélienne, en 1982, et que les désastreuses guerres du Golfe ont donné un coup d’accélérateur fatal au fanatisme religieux dans la région.

    Qu’une bonne partie des Israéliens reste traumatisée par l’abomination de la Shoah et qu’il faille en tenir compte, cela va de soi. Que vous soyez occupé à prévenir les actes antisémites en France, cela aussi est une évidence. Mais que vous en arriviez au point de ne plus rien entendre de ce qui se vit ailleurs et autrement, de nier une souffrance au prétexte d’en soigner une autre, cela ne contribue pas à pacifier. Cela revient à censurer, diviser, boucher l’horizon. Combien de temps encore allez-vous, ainsi que les autorités allemandes, continuer à puiser dans la peur du peuple juif un remède à votre culpabilité ? Elle n’est plus tolérable cette logique qui consiste à s’acquitter d’un passé odieux en en faisant porter le poids à ceux qui n’y sont pour rien. Écoutez plutôt les dissidents israéliens qui, eux, entretiennent l’honneur. Ils sont nombreux à vous alerter, depuis Israël et les États-Unis.

    Commencez, vous les Européens, par exiger l’arrêt immédiat des bombardements de Gaza. Vous n’affaiblirez pas le Hamas ni ne protégerez les Israéliens en laissant la guerre se poursuivre. Usez de votre voix non pas seulement pour un aménagement de corridors humanitaires dans le sillage de la politique américaine, mais pour un appel à la paix ! La souffrance endurée, une décennie après l’autre, par les Palestiniens n’est plus soutenable. Cessez d’accorder votre blanc-seing à la politique israélienne qui emmène tout le monde dans le mur, ses citoyens inclus. La reconnaissance, par les États-Unis, en 2018, de Jérusalem capitale d’Israël ne vous a pas fait broncher. Ce n’était pas qu’une insulte à l’histoire, c’était une bombe. Votre mission était de défendre le bon sens que prônait Germaine Tillion « Une Jérusalem internationale, ouverte aux trois monothéismes. » Vous avez avalisé, cette même année, l’adoption par la Knesset de la loi fondamentale définissant Israël comme « l’État-Nation du peuple juif ». Avez-vous songé un instant, en vous taisant, aux vingt et un pour cent d’Israéliens non juifs ? L’année suivante, vous avez pour votre part, Monsieur le Président, annoncé que « l’antisionisme est une des formes modernes de l’antisémitisme. » La boucle était bouclée. D’une formule, vous avez mis une croix sur toutes les nuances. Vous avez feint d’ignorer que, d’Isaac Breuer à Martin Buber, un grand nombre de penseurs juifs étaient antisionistes. Vous avez nié tous ceux d’entre nous qui se battent pour faire reculer l’antisémitisme sans laisser tomber les Palestiniens. Vous passez outre le long chemin que nous avons fait, du côté dit « antisioniste », pour changer de vocabulaire, pour reconnaître Israël, pour vouloir un avenir qui reprenne en compte les belles heures d’un passé partagé. Les flots de haine qui circulent sur les réseaux sociaux, à l’égard des uns comme des autres, n’exigent-ils pas du responsable que vous êtes un surcroît de vigilance dans l’emploi des mots, la construction des phrases ? À propos de paix, Monsieur le Président, l’absence de ce mot dans votre bouche, au lendemain du 7 octobre, nous a sidérés. Que cherchons-nous d’autre qu’elle au moment où la planète flirte avec le vide ?

    Les accords d’Abraham ont porté le mépris, l’arrogance capitaliste et la mauvaise foi politique à leur comble. Est-il acceptable de réduire la culture arabe et islamique à des contrats juteux assortis – avec le concours passif de la France – d’accords de paix gérés comme des affaires immobilières ? Le projet sioniste est dans une impasse. Aider les Israéliens à en sortir demande un immense effort d’imagination et d’empathie qui est le contraire de la complaisance aveuglée. Assurer la sécurité du peuple israélien c’est l’aider à penser l’avenir, à l’anticiper, et non pas le fixer une fois pour toutes à l’endroit de votre bonne conscience, l’œil collé au rétroviseur. Ici, au Liban, nous avons échoué à faire en sorte que vivre et vivre ensemble ne soient qu’une et même chose. Par notre faute ? En partie, oui. Mais pas seulement. Loin de là. Ce projet était l’inverse du projet israélien qui n’a cessé de manœuvrer pour le rendre impossible, pour prouver la faillite de la coexistence, pour encourager la fragmentation communautaire, les ghettos. À présent que toute cette partie du monde est au fond du trou, n’est-il pas temps de décider de tout faire autrement ? Seule une réinvention radicale de son histoire peut rétablir de l’horizon.

    En attendant, la situation dégénère de jour en jour : il n’y a plus de place pour les postures indignées et les déclarations humanitaires. Nous voulons des actes. Revenez aux règles élémentaires du droit international. Demandez l’application, pour commencer, des résolutions de l’ONU. La mise en demeure des islamistes passe par celle des autorités israéliennes. Cessez de soutenir le nationalisme religieux d’un côté et de le fustiger de l’autre. Combattez les deux. Rompez cette atmosphère malsaine qui donne aux Français de religion musulmane le sentiment d’être en trop s’ils ne sont pas muets.

    Écoutez Nelson Mandela, admiré de tous à bon compte : « Nous savons parfaitement que notre liberté est incomplète sans celle des Palestiniens, » disait-il sans détour. Il savait, lui, qu’on ne fabrique que de la haine sur les bases de l’humiliation. On traitait d’animaux les noirs d’Afrique du Sud. Les juifs aussi étaient traités d’animaux par les nazis. Est-il pensable que personne, parmi vous, n’ait publiquement dénoncé l’emploi de ce mot par un ministre israélien au sujet du peuple palestinien ? N’est-il pas temps d’aider les mémoires à communiquer, de les entendre, de chercher à comprendre là où ça coince, là où ça fait mal, plutôt que de céder aux affects primaires et de renforcer les verrous ? Et si la douleur immense qu’éprouve chaque habitant de cette région pouvait être le déclic d’un début de volonté commune de tout faire autrement ? Et si l’on comprenait soudain, à force d’épuisement, qu’il suffit d’un rien pour faire la paix, tout comme il suffit d’un rien pour déclencher la guerre ? Ce « rien » nécessaire à la paix, êtes-vous sûrs d’en avoir fait le tour ? Je connais beaucoup d’Israéliens qui rêvent, comme moi, d’un mouvement de reconnaissance, d’un retour à la raison, d’une vie commune. Nous ne sommes qu’une minorité ? Quelle était la proportion des résistants français lors de l’occupation ? N’enterrez pas ce mouvement. Encouragez-le. Ne cédez pas à la fusion morbide de la phobie et de la peur. Ce n’est plus seulement de la liberté de tous qu’il s’agit désormais. C’est d’un minimum d’équilibre et de clarté politique en dehors desquels c’est la sécurité mondiale qui risque d’être dynamitée.

    Par Dominique EDDÉ. Écrivaine.

  • Construire des murs, briser des murs : le #livre anniversaire

    10 ans de construction interculturelle de cloisons sèches avec des jeunes de Suisse, d’Israël, de Palestine, d’Irlande et d’Irlande du Nord

    Qu’est-ce qui devient possible quand, dans l’éloignement des montagnes suisses, se rencontrent des gens qui ne se rencontrent presque jamais dans leur pays d’origine ? Quelles compétences et connaissances acquièrent-ils ?

    Dans le livre, ce sont surtout les #jeunes_adultes eux-mêmes qui ont leur mot à dire. Ils révèlent leurs expériences et racontent comment le travail avec les #pierres les affecte. Les #murs_en_pierres_sèches construits restent un témoignage fort de leur collaboration au fil des siècles.

    https://www.nakultur.ch/fr/shop
    #rencontre #jeunes #jeunesse #pierre_sèche

    –—

    #Construire ensemble un mur de pierres sèches et franchir ainsi des #murs_culturels

    Building Walls - Breaking Walls est un échange de jeunes entre des jeunes de Suisse, d’Israël, de Palestine et d’Irlande/Irlande du Nord. Pendant une semaine, ils travaillent ensemble sur un mur traditionnel en pierre sèche. En même temps, ils découvrent la #culture de l’autre à travers des discussions, des activités de plein air et en cuisinant ensemble. Le projet porte sur les murs entre les cultures - et sur la façon dont nous pouvons les surmonter.

    https://fr.buildingwalls-breakingwalls.ch

  • Luttes féministes à travers le monde. Revendiquer l’égalité de genre depuis 1995

    Les #femmes, les filles, les minorités et diversités de genre du monde entier continuent à subir en 2021 des violations de leurs #droits_humains, et ce tout au long de leur vie. En dépit d’objectifs ambitieux que se sont fixés les États pour parvenir à l’#égalité_de_genre, leur réalisation n’a à ce jour jamais été réellement prioritaire.

    Les progrès réalisés au cours des dernières décennies l’ont essentiellement été grâce aux #mouvements_féministes, aux militant.es et aux penseur.ses. Aujourd’hui, la nouvelle génération de féministes innove et donne l’espoir de faire bouger les lignes par son inclusivité et la convergence des luttes qu’elle prône.

    Cet ouvrage intergénérationnel propose un aperçu pédagogique à la thématique de l’égalité de genre, des #luttes_féministes et des #droits_des_femmes, dans une perspective historique, pluridisciplinaire et transnationale. Ses objectifs sont multiples : informer et sensibiliser, puisque l’#égalité n’est pas acquise et que les retours en arrière sont possibles, et mobiliser en faisant comprendre que l’égalité est l’affaire de tous et de toutes.

    https://www.uga-editions.com/menu-principal/nos-collections-et-revues/nos-collections/carrefours-des-idees-/luttes-feministes-a-travers-le-monde-1161285.kjsp

    Quatrième conférence mondiale sur les femmes


    https://fr.wikipedia.org/wiki/Quatri%C3%A8me_conf%C3%A9rence_mondiale_sur_les_femmes

    #féminisme #féminismes #livre #résistance #luttes #Pékin #Quatrième_conférence_mondiale_sur_les_femmes (#1995) #ONU #diplomatie_féministe #monde #socialisation_genrée #normes #stéréotypes_de_genre #économie #pouvoir #prise_de_décision #intersectionnalité #backlash #fondamentalisme #anti-genre #Génération_égalité #queer #LGBTI #féminisme_décolonial #écoféminisme #masculinité #PMA #GPA #travail_du_sexe #prostitution #trafic_d'êtres_humains #religion #transidentité #non-mixité #espace_public #rue #corps #écriture_inclusive #viols #culture_du_viol

  • Pop subaquatique
    https://laviedesidees.fr/Jill-Gasparina-Cousteau

    À travers un portrait du commandant Cousteau, Jill Gasparina pose l’épineuse question de la possibilité d’une “écologie pop”, ancrée dans le paradigme capitaliste, extractiviste et consumériste qui caractérise la culture de masse. À propos de : Jill Gasparina, Cousteau, Les Pérégrines

    #Arts #écologie #culture_populaire #ocean
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20231013_cousteau.docx
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20231013_cousteau.pdf

  • Départs massifs des jeunes : « On doit davantage faire attention, orienter au maximum le buget vers la jeunesse ! » (Me Oumar Youm).
    https://www.dakaractu.com/Departs-massifs-des-jeunes-On-doit-davantage-faire-attention-orienter-au-

    Départs massifs des jeunes : « On doit davantage faire attention, orienter au maximum le buget vers la jeunesse ! » (Me Oumar Youm).
    Abordant la question du départ massif des jeunes vers l’Europe, le président du groupe parlementaire BBY, Me Oumar Youm, a justifié le phénomène de l’immigration irrégulière par des facteurs courants.
    « C’est une pression sociale qui s’exerce sur la jeunesse. L’État doit prendre toutes ses dispositions pour que les jeunes puissent partir s’ils le veulent dans les meilleures conditions », a d’emblée soutenu le responsable politique lors de son passage à l’émission ‘’Face à Dakaractu’’.
    Pour le député, l’attractivité des pays européens aussi est une cause des départs par la voie maritime et désertique.« C’est cette forme de colonisation culturelle qui pousse certains à laisser leur travail pour tenter l’aventure. On doit davantage faire attention, orienter au maximum le buget vers la jeunesse. On doit accentuer les efforts de l’État », a plaidé Me Oumar Youm.

    #Covid-19#migration#migrant#senegal#jeunesse#emigration#europe#depart#migrationirreguliere#economie#culture

  • Anna Dushime über Berlin: „Wedding hat für immer mein Herz gestohlen“
    https://www.berliner-zeitung.de/panorama/anna-dushime-ueber-berlin-wedding-hat-fuer-immer-mein-herz-gestohle


    Anna Dushime in der Lang Bar im Waldorf Astoria

    9.10.2023 von Anne Vorbringer - Berlin hat rund 3,8 Millionen Einwohner, und jeder hat seinen eigenen Blick auf die Stadt. Was macht Berlin aus, wieso lebt man hier – und tut man es überhaupt gern?

    In unserer Rubrik „Fragebogen Berlin“ fragen wir bekannte Hauptstädterinnen und Hauptstädter nach ihren Lieblingsorten und nach Plätzen, die sie eher meiden. Sie verraten, wo sie gern essen, einkaufen oder spazieren gehen. Aber auch, was sie an Berlin nervt und was man hier auf keinen Fall tun sollte.

    Diesmal hat die Journalistin und Moderatorin Anna Dushime unsere Fragen beantwortet, die in Ruanda zur Welt kam, als kleines Kind mit ihrer Mutter und ihren Schwestern vor dem dortigen Völkermord floh und mit zehn Jahren schließlich nach Deutschland kam. Inzwischen lebt sie schon viele Jahre in Berlin und ist nach mehreren Bezirkswechseln glücklich in Charlottenburg gelandet.

    Ebendort, in der schicken Bar des Luxushotels Waldorf Astoria, um genau zu sein, empfängt die 35-Jährige auch die illustren Gäste ihrer neuen Talkshow „Der letzte Drink“. Statt oberflächlichem Promo-Geplänkel soll es mit Dushime als Gastgeberin um eine ehrliche, offene und spannende Unterhaltung gehen. Das Gespräch ist der Star!

    In der Pilotfolge, die demnächst in der ARD-Mediathek zu sehen sein wird, trifft Anna Dushime auf den Entertainer Roberto Blanco, der bei Mojitos und Whiskey Sour kein Blatt vor den Mund nehmen wird – ebenso wenig wie die Moderatorin, versteht sich.

    1. Frau Dushime, seit wann sind Sie schon in der Stadt – und warum sind Sie nach Berlin gekommen?

    Ich würde am liebsten sagen für die Liebe, aber eigentlich bin ich 2010 für ein Marketing-Praktikum (fast das gleiche) gekommen und wäre am liebsten direkt geblieben, aber meine Mutter hat’s mir ohne Abschluss nicht erlaubt (danke Mama!). 2012 bin ich dann nach meinem Abschluss mit meiner besten Freundin Tina endgültig zurückgekommen.

    2. Welcher ist Ihr Lieblingsort in Berlin?

    Einerseits der Schlosspark Charlottenburg wegen der Gärten und weil’s fancy klingt. Aber auch mein Bett, weil alles Wichtige in greifbarer Nähe ist (Baby, Netflix und Essen). Und Weißensee, weil die oben erwähnte beste Freundin da wohnt und ihre Wohnung mein Wohlfühlort ist.

    3. Wo zieht es Sie hin, wenn Sie entspannen wollen?

    Ehrlich gesagt in mein Bett, aber wenn ich mal raus muss, dann laufe ich eine Runde um den Lietzensee. Also mit Laufen meine ich gehen, nicht joggen! Joggen und entspannen passt für mich nicht zusammen.

    4. Welche Ecken der Stadt meiden Sie?

    Den Alexanderplatz, weil er so stressig ist, und das Soho House, weil da so viele prätentiöse Werber und „Kreative“ sind. Aber falls die Soho-House-Betreiber mitlesen: Wenn ihr mir eine Mitgliedschaft schenkt, komme ich!

    5. Ihr ultimativer Gastro-Geheimtipp?

    Ich habe keinen einzigen Geheimtipp auf Lager, weil ich einen sehr mittelmäßigen Geschmack habe und eher faul bin. Wenn Freunde zu Besuch kommen, muss ich immer googeln, was gerade angesagt ist. Außerdem bin ich eine überzeugte Essen-Bestellerin, deshalb sind meine „Geheimtipps“ die Läden, die ich bei Wolt oder Lieferando finde. Ich esse gerne das persische Essen von Aftab und afrikanische Spezialitäten von Didipa. Bier trinke ich im Hecht, und in der Lang Bar im Waldorf Astoria gibt es sehr gute Drinks.

    6. Ihr ultimativer Shopping-Geheimtipp?

    Ich bestelle seit Jahren nur im Internet, aber wenn’s schnell gehen muss, gehe ich in die Wilmersdorfer Arcaden. Ist kein wirklicher Geheimtipp, aber vielleicht ist das hier einer: Neulich, als ich durch Charlottenburg lief, sah ich eine Werbung für die Mall of Shisha. Seitdem will ich unbedingt hin.

    7. Der beste Stadtteil Berlins ist …

    Ich habe wirklich schon überall in Berlin gelebt: Prenzlauer Berg, Friedrichshain, Kreuzberg, Neukölln und Wedding. Und was soll ich sagen, letzterer hat für immer mein Herz gestohlen, aber Charlottenburg ist auch sehr schön. Im Wedding habe ich als Praktikantin gelebt, bin spät aufgestanden, spät ins Bett, habe mich nur von Döner und Tiefkühlpizza ernährt und war ständig unterwegs: Alles war günstig, entspannt und ich hatte wenig Verantwortung. In Charlottenburg lebe ich ein anderes Leben, aber so ist es wohl, erwachsen zu sein. Wobei: Ich gehe immer noch spät ins Bett und liebe die Spinat-Tiefkühl-Pizza von Lidl.

    8. Das nervt mich am meisten an der Stadt:

    Menschen, die neben Bars und Clubs ziehen und sich dann ständig wegen des Lärms beschweren. Dass U-Bahn, S-Bahn (kaputte Aufzüge), Freibäder, Cafés oft nicht wirklich barrierefrei sind, und dass es gefühlt immer weniger Orte zum Verweilen gibt, ohne direkt etwas konsumieren zu müssen.

    9. Was muss sich dringend ändern, damit Berlin lebenswert bleibt?

    Der Mietendeckel und wie gesagt: mehr barrierefreie Plätze und Orte zum Verweilen, ohne Geld ausgeben zu müssen.

    10. Ihr Tipp an Unentschlossene: Nach Berlin ziehen oder es lieber bleiben lassen?

    Falls ihr euch wegen des Lärms beschweren wollt, bitte in Kassel bleiben! Falls nicht: Kommt, probiert’s aus und wenn’s nichts ist, könnt ihr ja wieder weg.

    11. Cooler als Berlin ist nur noch …

    Kigali, wo ich geboren bin und wohin mich Rassisten im Internet ständig zurückschicken wollen. Pech: Ich bleibe erst mal hier.

    Zur Person

    Anna Dushime ist 1988 in Kigali geboren, in England zur Schule gegangen, hat am Niederrhein Abitur gemacht und in den Niederlanden studiert. Sie arbeitet als Autorin, Moderatorin und Redaktionsleiterin unter anderem für das preisgekrönte Satireformat Browser Ballett.

    Als Kolumnistin schrieb sie bis 2022 für die taz regelmäßig über Dating, Rassismus und alles dazwischen. Sie moderierte außerdem die erste Staffel des Erfolgspodcasts „1000 erste Dates“, den Ärzte-ohne-Grenzen-Podcast „Notaufnahme“ nahm sie von 2019 bis zu ihrer Elternzeit wöchentlich auf. Für Podimo sprach sie im Format „18“ mit interessanten Persönlichkeiten über das Jahr, in dem sie 18 wurden.

    Derzeit ist sie auch als Co-Host im Podcast „Enter Sandman“ zu hören. Sie ist Mutter eines Sohnes und lebt in Berlin. Demnächst erscheint ihr neues TV-Talkshow-Format „Der letzte Drink“ in der ARD-Mediathek.

    #Ruanda #Kigali #Royaume_Uni #Allemagne #Berlin #culture #médias

  • Comment appeller toutes ces productions culturelles dont la trame de fond permet d’innocenter la #pédocriminalité ?

    Péril en la demeure
    https://www.arte.tv/fr/videos/114550-000-A/peril-en-la-demeure
    Franchement, oui, le film est bien foutu et les acteurs excellentes.
    Mais merde quoi, à la fin, comme une évidence, car ils sont tous manipulateurs et menteurs, il part avec la seule honnête et gentille qui dispose d’un avenir : Viviane, mineure à qui il donnait des cours de guitare.
    Là tu as le résumé
    https://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%A9ril_en_la_demeure_(film)

    Spoleir ! ne lis pas la suite si tu veux regarder ce film.
    Il se barre avec le fric, dit à ses parents qu’il ne faut pas croire qu’il s’est suicidé, débarque chez la jeune fille qui l’accueille à sa fenêtre et que l’on voit nue 5 secondes puis dans la même pause, habillée. Genre, fantasme Mara desnuda, son désir est magique et imparable puisqu’il la voit à poil.

    #1984

  •  »#SchleFaZ« -Aus bei Tele 5 : Oliver Kalkofe sucht neuen Sender
    https://www.spiegel.de/kultur/tv/schlefaz-aus-bei-tele-5-oliver-kalkofe-sucht-neuen-sender-a-8c6ae006-3022-49

    La fin de l’émission de télévision la plus drôle est proche. Toutes les autres énissions satiriques sur les chaînes allemandes sont déjà rentrées dans les rangs de la politique de guerre officielle, seulement Oliver Kalkofe défendait encore l’autonomie du royaume des pires films du monde. Après de longs combats Peter Rütten et lui ont perdu la guerre contre l’empire Disney qui a simplement acheté la chaîne Tele 5 afin de la transformer en réserve de revenants cinématographiques qu’on y fera prendre l’air avant de les retourner au columbarium.

    Heureusement on trouve encore des oeuvres d’Oliver le Gros sur Youtube.

    SchleFaZ #149 : Vier Fäuste schlagen wieder zu (Staffel 11, Folge 1)
    https://m.youtube.com/watch?v=7xkg6kzZGMU

    Vom »Angriff der Riesenkralle« bis zu »Vampirella«: Die TV-Satiriker Oliver Kalkofe, 58, und Peter Rütten, 61, erfreuen seit mehr als zehn Jahren eine treue Fangemeinde mit einer Sendereihe auserlesener Schundfilme. Jetzt lässt der Kanal Tele 5 das Trash-Festival »Die schlechtesten Filme aller Zeiten« (»#SchleFaZ«) zum Jahresende auslaufen. Das teilte das Medienhaus Warner Bros. Discovery Deutschland am Montag in München mit.

    »Nach elf überaus erfolgreichen Jahren (…) heißt es auf der Höhe des Erfolgs nun leider Abschied nehmen. Wir sind verständlicherweise betrübt und dennoch dankbar für die vielen Momente kreativen Wahnsinns, die wir in dieser Zeit erschaffen konnten«, betonten Kalkofe und Rütten in einem gemeinsamen Statement. »Unseren wunderbaren Fans sei versprochen: Das schmucke Schlachtschiff #SchleFaZ wird trotz allem nicht untergehen, sondern nach einem neuen Heimathafen suchen und weiter live auf der Bühne die Welt des schlechten Films umsegeln. You Can’t Stop the #SchleFaZ

    Die Senderverantwortlichen bedankten sich bei den beiden Entertainern und ihrem Team: »Ihre Leidenschaft, ihr Elan, ihre Akribie und Liebe zum Format haben #SchleFaZ zu dem gemacht, was es heute ist: ein echter TV-Kult«, wird die Programmchefin bei Warner Bros. Discovery Deutschland, Marion Rathmann, in der Mitteilung zitiert.

    Noch neunmal bringen die Trash-Cineasten in der letzten Staffel die schönsten Machwerke ins Wohnzimmer. So dreht sich an diesem Freitag (22 Uhr) alles um das argentinische Fantasy-Machwerk »Im Reich der Amazonen« (1986) mit Mindi Miller und Penelope Reed.

    Die letzte offizielle Herbststaffel läuft noch bis zum 27. Oktober, bis dahin werden es bei Tele 5 insgesamt 160 Filme gewesen sein. Im Advent folgen laut Sender dann vier weitere »liebevoll sezierte Trashfilm-Trüffel«. Am Silvestertag 2023 schließlich will das Duo die Reihe noch einmal ausgiebig mit einer »Sonderprogrammierung aus über zehn Jahren #SchleFaZ-Schundfilm-Hölle« abfeiern, wie es hieß.

    »Die schlechtesten Filme aller Zeiten« wird in Berlin produziert. Kalkofe und Rütten waren Aushängeschilder von Tele 5 unter Senderchef Kai Blasberg, unter anderem mit Sendungen wie »Kalkofes Mattscheibe« oder »Rüttens Bullshit-Universum«. Blasberg verließ den Sender 2020 nach dessen Übernahme durch Discovery Deutschland. »#SchleFaZ« war ein letztes Überbleibsel aus dieser Phase.

    Tele 5 werde »in Zukunft verstärkt auf den Bestand der einzigartigen Warner-Film-Bibliothek mit ihrer Mischung aus legendären Klassikern, Top-Blockbustern und erstklassigen Serien zugreifen«, heißt es in der Pressemitteilung von Warner Bros. Discovery Deutschland.

    Pour les anglophones voilà Oliver Kalkofe dans le rôle de Donald the Great T.
    https://seenthis.net/messages/921763

    #Allemagne #humour #culture #télévision #cinéma

  • « Arrêter la circulation des idées, des savoirs et des créations artistiques avec l’Afrique est un contresens historique »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/09/20/arreter-la-circulation-des-idees-des-savoirs-et-des-creations-artistiques-av

    « Arrêter la circulation des idées, des savoirs et des créations artistiques avec l’Afrique est un contresens historique »
    Tribune
    Alors que 3 millions d’étudiants effectuent ces jours-ci leur rentrée dans les universités françaises, le ministère de l’Europe et des affaires étrangères, sur ordre de l’Elysée, donne instruction au ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche et à celui de la culture de suspendre toute coopération universitaire, scientifique et culturelle avec le Burkina Faso, le Mali et le Niger. Sans même vouloir évoquer la Guinée, le Tchad, le Gabon, ou la Centrafrique, pour lesquels Paris n’a pas jugé utile de suspendre sa coopération universitaire, scientifique et culturelle, on peut se demander pourquoi les chercheurs, les étudiants, les acteurs culturels et les artistes du Burkina Faso, du Mali et du Niger sont ainsi visés par une suspension des visas d’entrée en France.
    Les chercheurs, les universitaires, les étudiants et les artistes sont les premières victimes des régimes autoritaires, tandis que la liberté d’expression et la pensée critique se rétrécissent dans ces pays en crise. La France ne veut-elle pas entendre ce que les intellectuels et les artistes maliens, burkinabés et nigériens ont à dire ? La tradition d’accueil des intellectuels et des artistes, et l’exception culturelle dont s’enorgueillit la France doivent-elles être brutalement bafouées ?
    Les intellectuels et les artistes ont en commun d’être des passeurs de savoirs et d’émotions mis en partage. Ils nous conduisent là où l’individuel, voire l’intime, et le collectif se rejoignent pour construire une histoire commune et inventer l’avenir. La connaissance et la culture, c’est ce qui nous relie les uns aux autres et qui fait notre humanité.
    Lire aussi : Article réservé à nos abonnés La France suspend les mobilités étudiantes avec le Niger, le Mali et le Burkina Faso
    Tout débute, semble-t-il, le 24 mai 2021, avec le second coup d’Etat au Mali, qui met un terme au processus de transition difficilement négociée avec la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), au profit du colonel Assimi Goïta, nouveau chef de l’Etat. Ce coup d’Etat s’accompagne d’un changement d’alliance stratégique du Mali, qui fait alors appel à la Russie. Le 17 février 2022, la France décide de retirer ses forces au Mali, conduisant le pays hôte à mettre fin le 2 mai à l’accord de défense avec la France. Le 16 novembre, Paris cesse son aide publique au développement au Mali. Commence alors un processus similaire avec le Burkina Faso, puis le Niger. Le 30 septembre 2022, le Burkina connaît un second coup d’Etat militaire en moins de huit mois, avant de mettre fin à son tour à l’accord de défense avec la France, le 23 janvier.
    Le 18 février, Paris ordonne le retrait de ses troupes stationnées dans le pays. Le 26 juillet, un nouveau coup d’Etat intervient, cette fois au Niger. Trois jours plus tard, Paris réplique encore par la suspension de ses actions d’aide au développement et d’appui budgétaire au Niger, conduisant ce dernier à mettre fin le 4 août à l’accord de défense avec la France.
    Le Mali, le Burkina et maintenant le Niger ; cela commence à faire beaucoup. Le 7 août, la France décide la suspension collective de la délivrance des visas aux ressortissants burkinabés, maliens et nigériens, tandis que de son côté, appuyant cyniquement la décision de Paris, Air France stoppe ses dessertes aériennes sur les trois pays.
    Après l’arrêt des aides publiques au développement, puis celui de la délivrance des visas et des bourses d’étude, c’est désormais la suspension de toute coopération culturelle avec le Mali, le Niger et le Burkina Faso qui est rendue publique à travers un banal courriel envoyé le 11 septembre par le haut fonctionnaire de défense et de sécurité du ministère de la culture, aux directions régionales des affaires culturelles.
    A en croire la communication officielle, la France punisseuse aurait le droit pour elle, arguant qu’en raison de la dégradation de la situation sécuritaire dans ces trois pays, les consulats ne sont plus en mesure de délivrer des visas de façon sereine. C’est là une curieuse réponse, lorsque la mise en danger du personnel consulaire et des ressortissants français n’est pas attestée dans les faits. En qualité de membre fondateur de l’Unesco, la France est en réalité tenue de respecter les engagements pris en vertu des accords et principes de cette organisation internationale. Et parmi ces engagements figure la promotion de la libre circulation des personnes dans le cadre des échanges culturels, scientifiques et éducatifs.
    Or une telle obligation ne peut souffrir du pouvoir discrétionnaire reconnu aux Etats en matière de protection de leur territoire national. Prise en défaut à l’égard de ces engagements dans le cadre d’une convention internationale qui a la primauté sur le droit interne, la France se met également hors du droit international au regard de son engagement pour la réalisation des objectifs de développement durables (ODD).
    La suspension des coopérations, des visas et des bourses aura en effet comme conséquence directe et immédiate d’entraver la participation des chercheurs, des enseignants, des étudiants, des acteurs culturels et des artistes maliens, nigériens et burkinabés à de nombreux programmes de recherche, d’éducation et de création. Enfin, l’illégalité dans laquelle l’Etat français s’est mis en sanctionnant ces trois pays du Sahel est susceptible de recours auprès des juridictions internationales, dès lors que les mesures prises touchent les peuples et les personnes, et non les régimes, dont on connaît par ailleurs la capacité de résistance, sinon de résilience face aux sanctions internationales. Le monde universitaire, de la recherche et de la culture a une dimension internationale et il se situe dans une temporalité qui n’est nullement celle de l’action politique et diplomatique. En revanche, il se nourrit, et depuis fort longtemps, de la circulation globalisée des personnes, des savoirs, des créations, des technologies.
    Si empêcher une telle circulation est illégal et même un non-sens, c’est aussi un contresens historique qui concourt à ce que la France se replie un peu plus sur elle-même et s’appauvrisse, au moins autant que ses partenaires sahéliens. Arrêter l’histoire, c’est hypothéquer l’avenir. Aussi, en tant que collectif d’universitaires, de chercheurs, d’acteurs culturels et d’artistes internationaux, nous demandons au gouvernement français le rétablissement immédiat de la délivrance des visas aux ressortissants du Mali, du Burkina Faso et du Niger, ainsi que la reprise de tous les programmes de coopération culturelle, universitaire et scientifique avec ces trois pays. Texte à l’initiative de Fatoumata Coulibaly, géographe, université des sciences sociales et de gestion de Bamako (Mali) ; Charles Grémont, historien, IRD (France) ; Gilles Holder, anthropologue, CNRS (France) ; Stéphanie Lima, géographe, institut national universitaire Jean-François-Champollion (France) ; Emmanuelle Olivier, ethnomusicologue, CNRS (France) ; Ophélie Rillon, historienne, CNRS (France) ; Mathias Vicherat, directeur de Science Po Paris.Liste complète des signataires

    #Covid-19#migrant#migration#france#niger#mali#burkinafaso#afrique#cooperation#developpement#crise#visas#universitaire#chercheur#artiste#culture#politiquemigratoire

  • Dans le Var, un festival de rock indé sacrifié pour des raisons politiques ?
    https://www.telerama.fr/musique/dans-le-var-un-festival-de-rock-inde-sacrifie-pour-des-raisons-politiques-7

    Le Pointu Festival n’est à ce jour pas reconduit par la mairie LR de Six-Fours-les-Plages, organisatrice de l’événement. Une décision qui survient après que la foule a clamé des chants anti-police lors de la dernière édition.

    À Six-Fours-les-Plages, le public d’un concert de rock chante « tout le monde deteste la police »
    https://www.francebleu.fr/infos/politique/a-six-fours-les-plages-le-public-d-un-concert-de-rock-chante-tout-le-mond

    C’est une vidéo enregistrée par un spectateur d’un des concerts du Pointu Festival sur l’Île du Gaou le week-end dernier à Six-Fours-les-Plages. Une partie du public chante « tout le monde déteste la police ». Selon ce témoin, entre deux morceaux, le groupe britannique Idles venait de lancer un « ACAB », l’acronyme anglais « All cops are bastards » ("Tous les flics sont des salauds").

    Ce mercredi, Renaud Muselier a dénoncé ce slogan et la réaction du public. « Faire chanter ’Tout le monde déteste la police’ à la foule, est inacceptable et insupportable, dit le président du conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur. Ici, les forces de l’ordre peuvent compter sur notre soutien, notre estime. »

    De son côté, le député RN Frédéric Boccaletti lui aussi se dit scandalisé. "Ces agissements sont parfaitement intolérables et d’autant plus condamnables à l’heure où nos forces de sécurité et de secours sont tous les jours confrontées à une violence sans précédent", écrit-il dans un communiqué.

    D’autres témoins présents à ce concert dimanche affirment au contraire que le groupe anglais n’a pas provoqué le public. Les chansons des Idles évoquent souvent des sujets politiques comme le Brexit, l’immigration et l’homophobie. Le Pointu Festival s’est tenu sur l’île du Gaou du 7 au 9 juillet.

    #police #culture

  • En France, la crise au Sahel provoque une confusion diplomatico-culturelle
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/09/15/en-france-la-crise-au-sahel-provoque-un-cafouillage-diplomatico-culturel_618

    En France, la crise au Sahel provoque une confusion diplomatico-culturelle
    Un courrier demandant la suspension de tout projet de coopération avec les artistes du Mali, du Niger et du Burkina Faso a provoqué, jeudi, l’indignation des milieux du spectacle vivant et un spectaculaire rétropédalage de la part des autorités concernées.
    Par Joëlle Gayot, Sandrine Blanchard et Philippe Ricard
    Publié hier à 05h00, modifié hier à 11h55
    La polémique et la confusion qu’elle a suscitée jeudi 14 septembre sont à la hauteur des incertitudes générées par la suspension, par la France, de toute forme de coopération avec le Niger, le Mali et le Burkina Faso, y compris dans le domaine de la culture, pourtant très loin des enjeux sécuritaires qui déchirent la région. La crise diplomatique qui sévit entre la France et les trois pays du Sahel, en raison d’une « épidémie » de coups d’Etat militaires dénoncée par le président de la République, Emmanuel Macron, vient de déborder sur le territoire artistique. Au point de déclencher, en quelques heures, l’indignation dans les milieux du spectacle vivant et un spectaculaire rétropédalage de la part des autorités concernées.(...)
    Tout commence jeudi matin, à l’initiative du tout-puissant Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles (Syndeac). Ce dernier dénonce un courrier « au ton comminatoire » envoyé la veille par les directions régionales des affaires culturelles (DRAC). « Sur instruction du ministère de l’Europe et des affaires étrangères », assène le document révélé par l’organisation syndicale, les établissements culturels subventionnés ont appris qu’ils devaient « suspendre, jusqu’à nouvel ordre, toute coopération avec les pays suivants : Mali, Niger, Burkina Faso ».
    Ce message, expédié aux structures – les centres dramatiques et chorégraphiques nationaux et les scènes nationales – qui dépendent des DRAC, est passé par le secrétariat du ministère de la culture. Les mesures préconisées sont radicales, à en croire le courrier mis en cause par le Syndeac : « Tous les projets de coopération qui sont menés par vos établissements ou vos services avec des institutions ou des ressortissants de ces trois pays doivent être suspendus, sans délai, et sans aucune exception. Tous les soutiens financiers doivent également être suspendus, y compris via des structures françaises, comme des associations par exemple. De la même manière, aucune invitation de tout ressortissant de ces pays ne doit être lancée », est-il précisé en quelques lignes tranchantes.
    Cette rafale de consignes venue d’en haut provoque la stupeur dans les milieux culturels. « Nous n’avons jamais connu d’injonction de la sorte, explique Bruno Lobé, vice-président du Syndeac et directeur du Manège, scène nationale de Reims (Marne). La philosophie de la France vis-à-vis d’artistes vivant dans des pays avec lesquels elle est en conflit a toujours été de continuer à les inviter, sans jamais rompre le dialogue. Ces créateurs sont déjà empêchés de travailler par leurs propres gouvernants. Si nous en rajoutons une couche, ce sera, pour leur viabilité, mais aussi pour l’image de la France, une véritable catastrophe. »
    La mise en œuvre de l’approche préconisée par les autorités françaises constituerait un précédent. Et une incohérence que souligne Bruno Lobé : « Au début de la guerre en Ukraine, le discours tenu était le suivant : “Continuez à soutenir les artistes russes. Ils ne sont pas Vladimir Poutine.” Quelle est la différence entre un artiste burkinabé, malien, nigérien et un artiste russe ? » (...)
    Si les instructions de la missive devaient être suivies, non seulement des artistes feraient les frais de la dissension des politiques, mais les théâtres et les festivals seraient contraints de bouleverser leurs programmations de saison. Cependant, la polémique oblige très vite les deux ministères à clarifier leurs intentions.
    Si la coopération culturelle publique est bien à l’arrêt, tout comme l’aide au développement et l’appui budgétaire, seuls les artistes n’ayant pas encore reçu de visas sont concernés. Dans les trois pays, justifie encore le Quai d’Orsay, « nous avons suspendu la délivrance de visas, nos postes n’étant plus en mesure de traiter ces demandes du fait de la situation sécuritaire dégradée ».
    L’épisode pourrait néanmoins laisser des traces. « C’est sans doute un fonctionnaire zélé du ministère de la culture qui a rédigé le courrier sur la base de consignes un peu générales des affaires étrangères, qu’il a dû surinterpréter », observe une source sous couvert d’anonymat. Un nouveau message devait être envoyé vendredi par le ministère de la culture afin de clarifier la situation, a indiqué Mme Abdul Malak sur RTL. D’ici là, les professionnels du spectacle vivant risquent de rester sur leurs gardes. « Le fait que ce soient des zones d’influence ou d’anciennes colonies françaises doit jouer dans l’énervement du gouvernement », observe Bruno Lobé. « La sanction est politique, mais celle qui va véritablement souffrir de ses conséquences, c’est la population. Pourquoi viser la culture ? Ce n’est pas très malin », conclut Hassane Kassi Kouyaté.

    #Covid-19#migrant#migration#france#niger#burkinafaso#mali#artiste#visas#politiquemigratoire#crise#culture#postcovid

  • La police rejette un candidat musulman à cause d’une tache sur le front due à ses #prières | #Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/150923/la-police-rejette-un-candidat-musulman-cause-d-une-tache-sur-le-front-due-
    #discrimination #culte

    Lors de cet entretien avec un agent du commissariat de Poissy (Yvelines) le 24 mars 2021, Karim est questionné sur la tache qu’il a sur son front. C’est une #tabaâ, une marque causée par un épaississement de l’épiderme dû à la pratique régulière de la prière musulmane et au frottement du front sur le tapis. « J’ai répondu en toute transparence que j’étais #musulman et que je priais depuis le lycée. J’ai expliqué que tous les musulmans n’avaient pas cette #tache, car certains avaient la #peau plus sensible que d’autres, explique Karim à Mediapart. Puis il m’a dit que j’aurais rapidement une réponse. »

    [...]

    Il faut dire que cet argument du préfet de #police a été légitimé au plus haut sommet de l’État. Après l’attentat contre la préfecture de police par Mickaël Harpon en 2019, le ministre de l’intérieur de l’époque, Christophe #Castaner, avait listé les éléments devant le Sénat qui, selon lui, signaient une radicalisation. « Dans ces signes, il y a le port de la barbe, le refus de serrer la main à une collègue féminine, le fait de présenter une hyperkératose au milieu du front, c’est la tabaâ, le prosélytisme religieux intempestif », assurait-il lors d’une audition à l’Assemblée nationale, avant d’être largement moqué et critiqué.

  • Projets artistiques avec le Sahel : « Il n’est pas question d’arrêter d’échanger avec les artistes et les lieux culturels », assure la ministre de la culture
    https://www.lemonde.fr/culture/article/2023/09/15/projets-culturels-avec-le-sahel-il-n-est-pas-question-d-arreter-d-echanger-a

    Projets artistiques avec le Sahel : « Il n’est pas question d’arrêter d’échanger avec les artistes et les lieux culturels », assure la ministre de la culture
    Seuls les « nouveaux projets de coopération qui démarreraient maintenant et demanderaient des visas, ou d’envoyer des Français » au Burkina Faso, au Mali, au Niger, sont concernés par la demande de suspension, affirme Rima Abdul Malak.
    Confrontée à l’indignation du secteur culturel depuis la diffusion d’un message demandant la suspension de tout projet de coopération avec les ressortissants du Mali, du Niger et du Burkina Faso, la ministre de la culture, Rima Abdul Malak, s’est employée, vendredi 15 septembre, à déminer le sujet.« Ce n’est pas un boycott, pas de représailles », a-t-elle affirmé sur RTL. « Il n’est pas question d’arrêter d’échanger avec les artistes et les lieux culturels, des musées, des festivals et des théâtres » du Niger, du Mali et du Burkina. « Tous les artistes qui ont déjà des visas et qui ont des tournées prévues ou des spectacles prévus, ceux-là vont pouvoir venir comme prévu. Tous ceux qui sont d’origine burkinabée, nigérienne ou malienne, mais qui vivent en France évidemment, ne sont pas du tout du tout concernés », a précisé la ministre. Sont concernés les « nouveaux projets de coopération qui démarreraient et nécessiteraient des visas, ou d’envoyer des Français là-bas », compte tenu du « contexte sécuritaire extrêmement dégradé ». Un « message » sera renvoyé vendredi pour repréciser les mesures.
    Le gouvernement est mis en cause depuis la diffusion, mercredi, d’un message émanant des directions régionales de la culture (DRAC), qui représentent le ministère et sont chargées de conduire la politique culturelle de l’Etat dans les régions et les départements, appelant à « suspendre sans délai, et sans aucune exception » tous les « projets de coopération qui sont menés (…) avec des institutions ou des ressortissants de ces trois pays ». « Tous les soutiens financiers doivent également être suspendus, y compris via des structures françaises, comme des associations par exemple. De la même manière, aucune invitation de tout ressortissant de ces pays ne doit être lancée », poursuivait le message.
    Ce message a provoqué la colère des acteurs culturels : « Cette interdiction totale concernant trois pays traversés par des crises en effet très graves n’a évidemment aucun sens d’un point de vue artistique et constitue une erreur majeure d’un point de vue politique. C’est tout le contraire qu’il convient de faire », a cinglé le Syndeac dans un communiqué. « Cette politique de l’interdiction de la circulation des artistes et de leurs œuvres n’a jamais prévalu dans aucune autre crise internationale, des plus récentes avec la Russie, aux plus anciennes et durables, avec la Chine », a-t-il ajouté.
    Jeudi, confronté à la polémique, le ministère de la culture avait assuré n’avoir demandé « aucune déprogrammation d’artistes, de quelque nationalité que ce soit ». « Cette décision n’affecte pas les personnes qui seraient titulaires de visas délivrés avant cette date ou qui résident en France ou dans d’autres pays », a-t-il ajouté.

    #Covid-19#migrant#migration#france#mali#niger#burkinafaso#culture#visas#politiquemigratoire#postcovid#artiste

  • La famille d’un patron fait interdire un spectacle sur la mémoire ouvrière, Pierre Jequier-Zalc
    https://www.politis.fr/articles/2023/09/la-famille-dun-patron-fait-interdire-un-spectacle-sur-la-memoire-ouvriere


    Réunion d’ouvriers dans l’usine Piron de Bretoncelles lors de la grève de 1974 (©DR)

    À Bretoncelles, petite commune de l’Orne, la programmation d’un spectacle sur les 50 ans d’une grève historique a provoqué l’ire des descendants du #patron de l’époque. Après des menaces de mort, le #maire l’a finalement interdit, avec l’approbation du #préfet.

    Un spectacle en trois temps

    C’est un spectacle qui aurait dû rester dans l’anonymat du Perche, ce territoire niché à une centaine de kilomètres au sud-ouest de la capitale. Une œuvre vivante, amateur, pour faire sortir de l’oubli la #grève de l’usine Piron, équipementier automobile, en 1974, dans la commune de Bretoncelles. Un mouvement social très important avait en effet secoué cette entreprise où les ouvriers, dans la poursuite de la lutte historique de LIP, avaient fini par licencier leurs patrons. « Cet événement a eu un retentissement national à une époque où on rêvait d’autogestion ouvrière. Piron a été un petit exemple de ce rêve-là », raconte à Politis Jean-Baptiste Evette, écrivain et un des trois réalisateurs du spectacle. En 1974, Le Monde était même venu couvrir cette lutte.

    Mais voilà, cinquante ans plus tard, beaucoup ont oublié cette grande grève. Trois amis, à l’initiative de Patrick Schweizer, ancien #ouvrier et syndicaliste, décident de faire revivre sa mémoire. Pendant plusieurs mois, ils se plongent dans les archives, et réalisent des entretiens avec des acteurs de l’époque, ouvriers, membres du comité de soutien, etc. De ce travail de recherche naît un spectacle, Bretoncelles, si un jour ça se passait ainsi, décomposé en trois temps.

    « Il commence par une reconstitution du piquet de grève dans l’usine pour raconter les discussions qu’avaient entre eux les ouvriers », explique Jean-Baptiste Evette. Ensuite, un défilé « carnavalesque » est prévu dans la ville avec une fanfare. Enfin, tout ce beau monde termine sa route dans la salle des fêtes de Bretoncelles, occupée à l’époque par les ouvriers de l’usine Piron, pour une rencontre-débat. Le tout devait se dérouler pour les journées européennes du patrimoine, le 17 septembre.

    #classe_ouvrière #culture #censure

  • La comédie musicale ou la « sucralisation » des sentiments
    https://laviedesidees.fr/La-comedie-musicale-ou-la-sucralisation-des-sentiments

    Héritière de l’opérette, la comédie musicale associe une #musique populaire à des thèmes ultra-contemporains, ce qui n’exclut pas l’usage de clichés, voire du kitsch. Car la comédie musicale a son esthétique propre. En bref, ce genre léger n’est pas à prendre à la légère.

    #Arts #États-Unis #sub-culture #Entretiens_vidéo #théâtre #danse #culture_populaire #LGBT
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/2023_comediemusicale.docx

  • La seconde vie des livres
    https://laviedesidees.fr/La-seconde-vie-des-livres

    Les plateformes numériques ont transformé en profondeur le marché du #livre d’occasion. L’occasion pour Vincent Chabault de proposer une sociologie des intermédiaires culturels. À propos de : Vincent Chabault, Le Livre d’occasion : sociologie d’un commerce en transition, Presses Universitaires de Lyon

    #Société #culture #marché #sociologie_économique
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20230901_chabault.pdf
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20230901_chabault-2.docx

  • Otto Waalkes – der Fall: Warnung vor dem Warnhinweis
    https://www.berliner-zeitung.de/kultur-vergnuegen/debatte/otto-waalkes-der-fall-warnung-vor-dem-warnhinweis-li.381872

    24.8.2023 von Harry Nutt - Über Otto Waalkes lachen? Die TV-Konserve eines bald 50 Jahre alten Bühnenauftrittes ermöglichte kürzlich die Überprüfung. Funktioniert der Humor noch, der eine ganze Teenagerkohorte zum unkontrollierten Giggeln gebracht hatte? Das Eingeständnis, einmal davon gestreift worden zu sein, ist begleitet von der Scham, selbst den flauesten Pointen und flachesten Witzen nicht ausgewichen zu sein. Trost spendet vielleicht die Erkenntnis, dass sittliche Reife seit jeher beinahe naturwüchsig aus Sumpfblüten, Abgründen und Niederlagen hervorgeht.

    Zum gerade in Gestalt von Warnhinweisen vom Westdeutschen Rundfunk (WDR) dargebotenen Stück „Otto – der Fall“ kommt man ohne humorhistorische Einordnung nicht weiter. An dem eingangs beschriebenen Auftritt des Pseudo-Barden, der mit Gitarre auftrat, ohne sie ernsthaft zu bespielen, verblüfft inzwischen die zappelige Jugendlichkeit, die im weiteren Verlauf der Karriere immer mehr als zwangsneurotischer Tick eines in die Jahre gekommenen Komikers erschien. Mit und über Otto zu lachen deutete auch auf ein Verharren in der Infantilität.
    Populärer Arm des subversiven Schabernacks

    Aber natürlich war da viel mehr. In der Spaßoffensive jener Jahre, für die nicht zuletzt die der sogenannten Neuen Frankfurter Schule zugerechneten Drehbuchautoren Bernd Eilert, Pit Knorr und der Dichter Robert Gernhardt stehen, war die Kunstfigur Otto letztlich auch ein Teil des Versuchs, die deutsche Humorproduktion zu radikalisieren. Als Mitarbeiter des Magazins Titanic waren sie lustvoll bemüht, die eng gezogenen Grenzen des Biedersinns der Unterhaltungsbranche zu sprengen. Otto war gewissermaßen der populäre Arm des grob-subversiven Schabernacks, der in der Titanic auf die Spitze getrieben wurde und nicht zuletzt darin bestand, Tabus aller Art zu Leibe zu rücken.

    Wenn der WDR jetzt bezüglich in die hauseigene Mediathek verklappter Ausgaben von Harald Schmidts Show „Schmidteinander“ sowie einiger Otto-Auftritte vor Inhalten warnt, die heute als diskriminierend empfunden werden können, so unterliegen derlei Markierungen einer grotesken Fehleinschätzung vom Auffassungsvermögen des Publikums unserer Zeit und früherer Jahre. Tatsächlich wäre es eine soziologisch interessante Frage, inwieweit die Verwendung sexistischer, rassistischer, antiklerikaler und anderweitig abschätziger Einlassungen der flapsigen Wortkünstler gegen Institutionen und soziale Gruppen zur nachhaltigen Liberalisierung der Bundesrepublik – und durch grenzüberschreitende Schallwellen auch der DDR – beigetragen haben. Die skrupellose Otto-Bande hatte sich ganz gezielt der Herausforderung der herrschenden Moral verschrieben und ist dabei ziemlich tief in den Massengeschmack vorgedrungen.

    Ach, Robert Gernhardt

    Inzwischen feiert die längst in die Knie gezwungen geglaubte Hegemonie biederer Moral ihre Wiederkehr im theoriegesättigten Ton mutmaßlicher Intersektionalität, mit dem Unterdrückung markiert und Opferstatus wie eine Trophäe verliehen wird.

    Wenn man die Warnhinweise des öffentlich-rechtlichen Senders auch nicht gleich für eine Unterwerfung an den Zeitgeist halten will, zeugen sie doch zumindest von einer eklatanten Denkfaulheit, mit der man sich vor kreativer Verantwortung aus dem Staub macht. Vielleicht kann eine Zeile des Otto-Einflüsterers Robert Gernhardt zur Beruhigung beitragen: „Ob im Mann, ob im Weib, Dunkel herrscht in jedem Leib.“

    #Allemagne #culture #humour #censure #ÖRR #WDR