La grande conférence internationale sur le climat, dite « COP 21 », va s’ouvrir dans quelques jours à Paris, et réunira 196 États. Elle vise au premier chef à obtenir un accord universel et, si possible, juridiquement contraignant sur les émissions de gaz à effet de serre, avec le but de maintenir le réchauffement climatique au XIXe siècle en dessous de deux degrés Celsius.
Or il se trouve qu’à lire beaucoup des articles qui nous arrive en déferlante à cette occasion, l’historien ne peut qu’être sensible à une certaine myopie rétrospective de bien des commentateurs. Beaucoup paraissent croire en effet que l’angoisse que suscite, fort légitimement, l’emprise délétère des humains sur la planète serait toute récente, exprimée et portée par l’écologie politique contemporaine. Rien n’est plus faux en réalité et l’émission de ce matin va s’attacher à le démontrer. Jean-Baptiste Fressoz, mon invité, chercheur au CNRS, enseigne à l’École des hautes études en sciences sociales et il a été maître de maître de conférence à l’Imperial College de Londres.
Sa présence s’imposait à ce micro car ses travaux sont précieux sur la prise de conscience, progressive ou à éclipses, depuis le XIXe siècle, des risques multiples engendrés par les progrès de la science et par la révolution industrielle. Risques concernant directement la santé des hommes et des femmes dans la longue durée mais aussi, déjà, le changement climatique engendré pour la première fois dans l’Histoire de la Terre, par les comportements débridés de l’industrie humaine, par ses élans, par son énergie et par ses aveuglements.