• “Cynisme”, “déconnexion” : L’opération “les réfugiés en renfort” de la préfecture de Seine-et-Marne indigne
    https://www.lesinrocks.com/2020/03/31/actualite/societe/esclavage-cynisme-loperation-les-refugies-en-renfort-de-la-prefecture-de


    La préfecture de Seine-et-Marne appelle les réfugiés à se mobiliser pour venir en aide aux agriculteurs qui manquent de main-d’œuvre à cause de l’épidémie de Covid-19. Contactées, les associations d’aide aux réfugiés dénoncent “un cynisme absolu” et alertent sur une situation inquiétante.

    “Mains d’œuvre saisonnière, les réfugiés en renfort !”. C’est par cette formule que la préfecture de Seine-et-Marne (77) a lancé une opération pour le moins particulière. Pour pallier le manque de main-d’œuvre sur les parcelles agricoles à cause de la crise sanitaire due au Covid-19, le préfet a décidé de “mobiliser les réfugiés”, indique-t-elle via un tweet posté ce lundi 30 mars en fin de journée. Une opération que beaucoup, dont les associations d’aide aux réfugiés, qualifient d’“indigne” et de “cynique”.

    “Face aux difficultés de recrutement rencontrées par la profession agricole et pour répondre aux besoins de main-d’œuvre exprimés, le Préfet de Seine-et-Marne mobilise les réfugiés”, peut-on lire dans le communiqué.

    Le préfet indique alors avoir demandé “aux gestionnaires des hébergements d’urgence des demandeurs d’asile du département de faciliter la mise en relation entre les réfugiés et les professionnels agricoles.” Précisant même que “56 réfugiés (...) se sont portés volontaires”.

    #racisme #réfugiés #immigration #cynisme

    • Recenser les morts en Ehpad : a minima 160 personnes, selon des articles de presse locales récoltés par Nassira El Moaddem sur le volatile bleu @NassiraELM
      https://twitter.com/NassiraELM/status/1244545214590726145

      Le gouvernement ne comptabilise pas, pour l’instant, les décès #Covid_19 dans les #EHPAD. Pourtant, la presse, notamment quotidienne régionale, les recense. J’ai démarré un recensement à partir de leurs articles. N’hésitez pas à me signaler en commentaire ce que je n’aurais pas vu

      Société d’abandon.
      Ce qui suit provient du compte @reventoline (blue bird)

      https://twitter.com/reventoline/status/1244979454813835270

      « Sur 80 résidents, 40 sont infectés » (ex. donné sur 1 Ehpad). Mais « Il faut agir vite » ne signifie pas ici tenter de sauver les pers. âgées infectées mais les aider à mourir ds la dignité, car non seulement elles sont abandonnées à une mort quasi certaine, ...mais les conditions de leur fin de vie sont indignes (pas d’Hypnovel ni de morphine, personne pr prescrire...). Même situation inhumaine ds les centres d’accueil de pers. lourdement handicapées.
      Les vieux, les handis lourds, les malades psy, les sans-abris 1ers à l’abandon...

      Ehpad : « Il faut agir vite, la situation est tendue et douloureuse »
      https://www.liberation.fr/amphtml/france/2020/03/29/ehpad-il-faut-agir-vite-la-situation-est-tendue-et-douloureuse_1783499

      « A l’hôpital, il y a dix jours nous avions de la place et on pouvait si besoin hospitaliser les plus fragiles. Maintenant, c’est difficile. On évalue, on arrive encore à prendre les patients qui s’aggravent dans notre service de gériatrie, et on n’a pas encore beaucoup de décès, mais cela arrive », raconte la gériatre. A Bicêtre, il y a 38 lits de gériatrie, bientôt 5 de plus. Ce week-end, 34 étaient occupés par des personnes âgées infectées.

      Cela va déborder. Et les digues sont à construire au plus vite. « Il faut trier les infos, il faut des médicaments, il faut surtout gérer les choses du quotidien, poursuit la Dr Ravier-Lebrun qui s’appuie sur ce qui s’est passé dans l’est de la France. L’expérience de nos collègues de Strasbourg nous a montré qu’ils n’ont pas pu hospitaliser les résidents, et que donc certains allaient mourir dans leur Ehpad. C’est ce qui se va se passer en Ile-de-France. Il faut de toutes urgences s’y préparer, trouver des volontaires pour aller, la nuit, dans ces établissements. Aider les gens à mourir. On doit bien ça à ces personnes seules, sans proches, ni famille. » Elle ajoute : « C’est très dur pour le personnel. Beaucoup d’entre eux sont angoissés, en arrêt de travail. Dans les 19 Ehpad, il manque de tout. Ou presque. Ainsi, dans l’un, c’est la directrice qui s’occupe de la lingerie, l’employée étant malade. Dans un autre, sur 80 résidents, 40 sont infectés. » Elle se souvient : « Et dire qu’il y a quinze jours, il n’y avait pas un cas. On va vers une #hécatombe. Tous ne vont pas mourir, il faut le dire aussi, ce n’est pas parce que vous êtes vieux, dans un Ehpad et infecté, que vous allez forcément mourir. »

      « Les familles sont à bout »

      Comme se sentent les résidents ? « Ils sont parfois très angoissés ou assez détachés, cela dépend, raconte la Dr Ravier-Lebrun. Mais les familles sont à bout, angoissées, elles sont à l’extérieur, elles ne peuvent pas venir le soir. On essaye de monter des Skype, là aussi on a besoin de bénévoles. »

      Le défi est immense. A cela vient s’ajouter une lourdeur typiquement française : l’Hypnovel (ou Midazolam, un médicament qui permet d’accompagner le plus doucement possible une agonie), n’est pas disponible pour les Ehpad, la réglementation tardant à évoluer en dépit d’affaires récentes (1). « Il y a d’autres protocoles certes, avec des produits comme le Rivotril et le Valium, et à présent on fait avec. Mais encore faut-il qu’il y ait des médecins qui puissent faire la prescription puis l’injection, puis accompagner. »

      Même les services hospitaliers de #soins_palliatifs risquent de subir une pénurie de #Midazolam et #Hypnovel ...

      #housses_mortuaires #morts_en_Ehpad #prise_en_en_charge_de_la_douleur

    • Julien, aide-soignant en intérim
      https://blogs.mediapart.fr/violencedutravailcom/blog/290320/julien-aide-soignant-en-interim
      Je suis aide-soignant en intérim. Tous les jours, je vais au front alors que j’aurai pu rester planqué chez moi. Je ne devais pas travailler le mois d’avril mais quand j’ai vu tout ce bordel j’ai appelé mon agence d’intérim et je leur ai dit que je culpabilisais de ne pas travailler.

      Alors j’ai repris pour aider les équipes face à la rupture.

      J’ai beaucoup de missions en Ephad. Et là, je peux vous dire, c’est la guerre. Le personnel ne subit pas le manque de moyens comme à l’hôpital. Il n’a carrément rien. Pas de masque. Parfois des masques chirurgicaux mais jamais de FFP2. Je sors d’un Ephad où 10 membres du personnel sont touchés par le covid. Quasiment tous les résidents sont atteints. Ils ont enfin reçu des protections mais c’est déjà trop tard.

      Et moi, en tant qu’intérim j’ai dû m’énerver pour que l’on me prête des tenues (je parle de la blouse) car oui, les intérimaires sont en général obligés d’amener leur tenue et les laver chez eux. Et ce, même en pleine épidémie. Je suis venu renforcer mais en vérité l’intérimaire aide-soignant c’est du personnel sacrifiable. Tant pis s’il refile le covid à ses proches. On parle de prime pour les soignants mais on oubliera les intérimaires qui eux ont choisi d’aller au front.

      Je veux également parler des infirmières libérales qui prennent tous les risques avec très peu de moyens. Les seuls masques qu’elles ont, ont été donnés par un carrossier. Pareil pour les quelques combinaisons. Une entreprise de BTP leur en a donné. Mais rien de l’État. Alors on les envoie au front. On les applaudi à 20h. Mais le pire s’est que notre président leur a doublé leur cotisation retraite à tel point qu’elles se demandent si c’est encore rentable de travailler en libérales. Et on compte sur elles pour gérer une épidémie de cette ampleur. Sans rien. On parle de vocation. Cela sert à justifier les bas salaires. Mais ça ne justifiera jamais les risques que nous prenons juste par le fait que l’on n’a rien.

      C’est fort d’avoir trouvé un homme pour représenté une profession féminisé à 90% mais il est vrai que lorsque les femmes s’expriment ca n’intéresse pas grand monde. Et puis une fois cette crise passé il ne restera peut être plus beaucoup de soignantes. Entre celles qui vont mourir du virus, celles qui vont se suicidé, celles qui vont être incapables de travailler pour cause de dépression, burn-out et celles qui vont changer de métier puisque « notre président leur a doublé leur cotisation retraite à tel point qu’elles se demandent si c’est encore rentable de travailler en libérales »...

    • Coronavirus : à Cannes, dans l’Isère ou dans le Puy-de-Dôme, de nouveaux résidents d’Ehpad succombent à l’épidémie
      Officiellement, 3 523 personnes sont mortes depuis le début de l’épidémie en France, mais ces chiffres, égrenés quotidiennement, ne représentent que ceux recensés en milieu hospitalier.
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/04/01/coronavirus-a-cannes-dans-l-isere-ou-dans-le-puy-de-dome-de-nouveaux-residen

      (...) Le gouvernement a dit sa volonté d’aller vers « un isolement » en chambre individuelle de chacun des pensionnaires des Ehpad et d’intégrer les décès survenus dans ces établissements dans les statistiques officielles. D’ici quelques jours, selon l’ARS PACA, l’organisation mise en place par ses soins pour la remontée des informations et le suivi des Ehpad devraient permettre d’avoir une vue exhaustive de la situation dans ces établissements, au moins pour cette région.

      Pour l’Ehpad parisien que je connais, le 18 mars les visites étaient devenues impossibles et l’isolement en chambre déjà en cours (pas toujours facile à tenir). Annonce gouvernementale de mesures déjà prises par les institutions concernées.

      Quant au dénombrement des décès déjà promis « pour le début de la semaine prochaine » la semaine dernière. On voit que c’est pas pour tout de suite.

  • Gaza, le Coronavirus, et le blocus israélien
    Ziad Medoukh, le 17 mars 2020
    https://agencemediapalestine.fr/blog/2020/03/17/gaza-le-coronavirus-et-le-blocus-israelien

    Même si jusqu’à présent, il n’y a aucun cas infecté par le Coronavirus dans la bande de Gaza, le fait que ce virus est arrivé en Cisjordanie et en Israël. Les Palestiniens de Gaza commencent à s’inquiéter notamment dans le contexte particulier marqué par une crise sanitaire et économique sans précédent. Pour eux, ce virus qui n’a pas de frontières, peut à n’importe quel moment y arriver, car personne ne peut arrêter la propagation du Coronavirus avec le manque d’installations médicales bien équipées, et la crise fondamentale qui touche le secteur de la santé en faillite du fait du blocus.

    #Palestine #Gaza #Coronavirus #Ziad_Medoukh #discrimination #Blocus #Injustice #Cynisme #Crime_contre_l'humanité #Massacre

    • Drôle de collision dans l’actualité : les chercheurs mobilisés contre le projet de loi de programmation pour la recherche devaient inaugurer ce lundi une « semaine noire », durant laquelle ils entendaient mettre « l’université et la recherche à l’arrêt ». Ces dernières seront effectivement à l’arrêt, mais pour cause de coronavirus tout comme le reste de l’économie et de la société. Ironie supplémentaire, certains de ces chercheurs se battent parfois depuis plus d’une décennie pour obtenir des moyens dans la durée pour la recherche sur… les coronavirus, comme le raconte Bruno Canard, directeur de recherche CNRS à Aix-Marseille, dans un coup de gueule désabusé.

      Une coïncidence révélatrice des défaillances du système de financement et de gouvernance du monde de la recherche, dont les bases ont été refondées il y a quinze ans. L’exécutif entendait cependant en renforcer encore la logique à travers la future loi de programmation, qui devait être présentée en conseil des ministres en avril. Antoine Petit, le PDG du CNRS, n’a pas hésité à appeler de ses vœux « une loi ambitieuse, inégalitaire – oui, inégalitaire, une loi vertueuse et darwinienne, qui encourage les scientifiques, équipes, laboratoires, établissements les plus performants à l’échelle internationale ».

      Les chercheurs rejettent l’esprit inégalitaire et darwinien du projet du gouvernement

      Cet « esprit inégalitaire » et « darwinien », c’est précisément ce dont ne veulent plus les chercheurs mobilisés contre le projet du gouvernement. Ils craignent un renforcement de « la mise en concurrence généralisée des établissements, des unités de recherche, des disciplines et des personnels, alors même que nous savons à quel point celle-ci est contre-productive, réduisant le partage et la coopération et accroissant considérablement les risques de fraude ou de dérive éthique », comme l’écrivaient les 800 chercheurs et universitaires signataires de la tribune publiée dans les colonnes du journal Le Monde, qui menacent de démissionner de leurs fonctions administratives si le gouvernement ne retire pas son projet.

      L’instrument de cette compétition exacerbée entre équipes de recherche, c’est l’Agence nationale de la recherche (ANR), créée en 2005 dans le cadre de la précédente grande loi sur la recherche. Sa mission : mettre en œuvre un financement de la recherche par projets, là où prédominait uniquement jusqu’ici une logique de financement par structures. L’objectif du gouvernement était alors de redynamiser le paysage hexagonal de la recherche dominé par des grands organismes comme le CNRS ou l’Inserm, qu’il jugeait inertes et irréformables.

      Logique « top-down »

      L’ANR a cependant très vite buté sur deux écueils. D’abord un défaut de conception. Comme l’expliquait à l’époque l’économiste Elie Cohen, la structure qui a inspiré sa création, la National Science Foundation (NSF) aux Etats-Unis, consacre l’essentiel de son budget colossal (8 milliards de dollars en 2020) à la recherche fondamentale selon un processus « bottom-up », c’est-à-dire à partir de projets remontant du terrain. A l’inverse, « l’ANR est une agence de moyens pour financer de la recherche finalisée, motivée par des enjeux socio-économiques à partir d’une logique top-down [c’est-à-dire descendante, selon des programmes définis, NDLR] », analysait Elie Cohen. Or, les grandes innovations ou les grandes percées scientifiques – comme la lutte contre les maladies – naissent souvent de la recherche fondamentale. D’où l’épithète de « libérale-bureaucratique » accrochée alors à la réforme de 2005 par ses détracteurs.

      « La science ne marche pas dans l’urgence et la réponse immédiate »

      Une logique incompatible avec la lutte contre les épidémies comme le coronavirus, observe le chercheur Bruno Canard, qui rappelle pourquoi les programmes de recherche fondamentale au long cours sont indispensables : « Cette recherche est incertaine, les résultats non planifiables, et elle prend beaucoup de temps, d’énergie, de patience. C’est une recherche fondamentale patiemment validée, sur des programmes de long terme, qui peuvent éventuellement avoir des débouchés thérapeutiques. Elle est aussi indépendante : c’est le meilleur vaccin contre un scandale Mediator-bis. » Et d’observer qu’à chaque fois qu’un virus émerge, on demande aux chercheurs de se mobiliser alors que « la science ne marche pas dans l’urgence et la réponse immédiate ».

      L’autre écueil sur lequel a buté l’ANR depuis sa fondation a été son manque de moyens. Lors de son lancement en 2005, elle s’était vu promettre par le gouvernement que son budget monterait progressivement en puissance pour atteindre 1,3 milliard d’euros en 2010. Las ! Celui-ci a plafonné à 858 millions d’euros en 2008, comme le rappellent les sénateurs Philippe Adnot et Jean-François Rapin dans leur rapport sur le projet de loi de finances pour 2020. Soit un maximum de 650 millions d’euros de crédits alloués aux projets de recherche. Ceux-ci ont ensuite diminué année après année jusqu’en 2015, avant de se redresser légèrement.

      Des taux d’échec démotivants

      Cette pénurie d’argent public, conjuguée à l’essor du nombre de dossiers présentés, a provoqué une chute du taux de succès des appels à projets : en 2018, seuls 16,2 % des projets présentés à l’ANR ont été retenus par elle pour faire l’objet d’un financement. « Avec un taux d’échec de 85 % des projets présentés, le rapport entre les charges administratives incompressibles et les financements espérés demeure très défavorable, entraînant une démotivation bien légitime des équipes scientifiques », concluent les deux sénateurs.

      Avec de tels résultats, la France fait figure de lanterne rouge en Europe. Le taux de succès sur appel à projets affiché par l’ANR « demeure très en deçà du taux de sélection pratiqué chez nos principaux partenaires européens, qui varie de 40 % pour le Fonds national suisse (FNS) à 35 % pour la Fondation allemande pour la recherche (DFG), la moyenne européenne se situant à 24 % », soulignent-ils encore. Avant d’ajouter : « Pour parvenir à un taux de succès comparable, l’ANR devrait bénéficier, a minima, d’un budget global d’un milliard d’euros. » Redonner de véritables moyens dans la durée à la recherche fondamentale dans les laboratoires publics, voilà qui inaugurerait d’une véritable « rupture », telle qu’annoncée par le président de la République dans son allocation jeudi dernier.

      #gâchis

    • Coronavirus : « La majorité des projets qu’on avait sur le virus étaient en stand-by » faute de financement, explique un scientifique

      Le monde de la recherche est appelé à la grève jeudi contre la future loi de programmation pluriannuelle, en cours de finalisation par le gouvernement.

      Ce qui pose problème dans les laboratoires, c’est que nous avons des charges croissantes de travail, qui consistent à écrire des projets très faiblement financés", a dénoncé jeudi 5 mars sur franceinfo le microbiologiste Etienne Decroly, directeur de recherche au CNRS, alors que le monde de la recherche est appelé à la grève ce jeudi contre la future loi de programmation pluriannuelle, en cours de finalisation par le gouvernement.

      Le laboratoire d’Etienne Decroly, « Architecture et fonction des macromolécules biologiques », basé à Marseille, travaille sur le coronavirus depuis l’épidémie du Sras en 2003. « Mais la majorité des projets qu’on avait sur ce virus étaient en stand-by, en partie à cause de problèmes de financement », a-t-il regretté. « Une société moderne doit assumer le fait qu’on cherche dans différentes directions, sans savoir pour autant, au préalable, quelles vont être et d’où vont venir les avancées majeures », a souligné Etienne Decroly.

      franceinfo : Travaillez-vous toujours sur le coronavirus aujourd’hui ?

      Etienne Decroly : On retravaille sur le coronavirus, à la suite de l’émergence [en Chine]. Mais la majorité des projets qu’on avait sur ce virus étaient en stand-by, en partie à cause de problèmes de financement et de difficultés à renouveler les contrats de recherches pour financer ce genre d’activités. Nous avions été obligés de « shifter » une partie des projets de recherches vers des projets qui étaient financés. On n’avait donc pas complètement arrêté nos recherches, mais elles avaient été largement diminuées, et donc forcément, ces projets tournaient au ralenti.

      Que demandez-vous au gouvernement qui est en train de finaliser la nouvelle loi de programmation pour la recherche ?

      Ce qui pose problème dans les laboratoires, c’est que nous avons des charges croissantes de travail, qui consistent à écrire des projets très faiblement financés. Pour nous, ce qui est important pour pouvoir être efficaces, c’est de pouvoir consacrer du temps à la recherche d’une part et d’avoir des financements suffisants, d’autre part, pour qu’on ait du personnel statutaire qui puisse se remobiliser rapidement sur des nouveaux sujets de recherches, afin de pouvoir mieux répondre aux crises comme celle qui apparaît maintenant.

      Les autorités de santé doivent, selon vous, s’inscrire dans des processus plus longs et ne pas réagir uniquement en cas de crise, comme avec le nouveau coronavirus ?

      C’est normal qu’on réagisse quand il y a une épidémie. Mais je crois qu’il ne faut pas oublier que les processus de recherches sont des processus lents, dont on ne peut pas prédire initialement quels sont les sujets qui vont émerger. Et donc, une société moderne doit assumer le fait qu’on cherche dans différentes directions, sans savoir pour autant, au préalable, quelles vont être et d’où vont venir les avancées majeures.

      https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/coronavirus-la-majorite-des-projets-qu-on-avait-sur-le-virus-etaient-en

    • #5_milliards : des effets d’annonce mais toujours pas de moyens pour la recherche !

      Les effets d’annonce d’Emmanuel Macron en pleine crise du coronavirus renforcent notre colère et notre détermination : nous voulons des moyens et des postes pour produire une recherche de qualité maintenant !

      Emmanuel Macron, qui n’a de cesse de scandaliser les soignant∙es et les chercheur∙ses mobilisé∙es depuis le début de la crise du #COVID-19, ajoute l’#ignominie à l’#indécence. Il promet ainsi, à l’occasion d’une visite à l’Institut Pasteur, une « hausse du budget de la recherche à hauteur de cinq milliards d’euros sur dix ans » – ce qui, ramené au budget du Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (MESRI), représente 2% d’augmentation par an. Les 400 millions promis par Frédérique Vidal dès 2021, sont en dessous des 700 millions d’augmentation en 2018 et des 850 millions en 2019. Ces 5 milliards sont donc au mieux équivalent à l’investissement des 10 dernières années qui nous ont amenés à cette situation catastrophique.

      « La crise du COVID-19 nous rappelle le caractère vital de la recherche scientifique et la nécessité d’investir massivement sur le long terme. J’ai décidé d’augmenter de 5 milliards d’euros notre #effort_de-recherche, effort inédit depuis la période d’après-guerre », tweete-t-il le jeudi 19 mars (https://twitter.com/EmmanuelMacron/status/1240655308604739584).

      Nous supposons que la France est la seule nation qui ait besoin du COVID-19 pour « connaître le caractère vital de la recherche scientifique » et savoir qu’il fallait donner aux équipes de recherches des emplois permanents et des moyens pour travailler. Cet effort est promis depuis 2000 (stratégie de Lisbonne) et demandé depuis tout aussi longtemps par les Universités et les établissements publics de recherche (EPST). Nous aimerions que le Président ne se prévale pas de l’après-guerre, qui a connu la réorganisation du CNRS créé par Jean Zay en 1939, et encore moins d’un « #effort_inédit », lui qui a contribué depuis qu’il a été Ministre de l’économie et des finances à détruire l’#emploi_scientifique_permanent, en multipliant les #contrats_précaires.

      Aujourd’hui, alors que l’ensemble des instances représentatives de la recherche publique demande la création massive de postes titulaires et l’augmentation des financements récurrents aux laboratoires, Emmanuel Macron répond par des postes précaires et des #investissements_fléchés par #appels_à_projet #ANR. Alors que les Universités et la recherche, mobilisées depuis le 5 décembre et à l’arrêt le 5 mars, réclament des moyens de fonctionner décemment, comme nous l’exprimions dans notre motion (https://universiteouverte.org/2020/03/07/motion-de-la-deuxieme-coordination-nationale-des-facs-et-labos-en) issue de la deuxième coordination nationale des facs et labos en lutte qui a réuni 500 universitaires représentant 10 000 personnes mobilisées de toute la France, Emmanuel Macron nous répond avec encore plus de #mépris et nous distribue des miettes pourtant déjà prévues depuis longtemps.

      Jusqu’à présent, cette politique austéritaire ne semblait toucher que les étudiant·es les moins doté·es et les travailleur·ses de l’enseignement supérieur et de la recherche pressurisé·es et précarisé·es dramatiquement. Ce que met en lumière la crise du COVID-19, c’est que cette politique austéritaire est mortelle pour l’ensemble de la population. Faute de moyens donnés aux chercheur·ses pour faire de la recherche, nous sommes privé·es d’une des « armes » les plus efficaces de la « guerre » revendiquée par Emmanuel Macron : celle des résultats scientifiques de qualité permettant de résoudre les crises majeures.

      Emmanuel Macron et Frédérique Vidal feraient mieux d’écouter #Bruno_Canard, directeur de recherche CNRS à Aix-Marseille et spécialiste des coronavirus au CNRS, qui dénonce très exactement la méthode et les logiques dans lesquelles ce gouvernement s’enferre, en qualifiant de « #hold-up » l’#assèchement des financements pérennes au profit de l’ANR et du #Crédit_Impôt_Recherche. Nous réclamons, pour arriver à l’objectif minimal de 1% du PIB dédié à la recherche publique, 10 milliards, immédiatement et dans les trois années à venir, sous forme de titularisations de chercheur·ses précaires, de créations de postes et d’augmentation des crédits aux laboratoires publics.

      Avec cette déclaration d’Emmanuel Macron, nous sommes donc très loin des besoins réels de la recherche publique. Le plus insupportable serait de penser que la hausse de budget promise n’aille pas totalement à la recherche, mais bien plutôt à l’#optimisation_fiscale_privée. Depuis plusieurs années, sur le budget du MESRI, figurent 6,5 milliards de Crédit Impôt Recherche (#CIR), utilisés quasi exclusivement pour de l’#optimisation_fiscale, qui représente un quart du budget de l’enseignement supérieur et recherche et deux fois le budget du CNRS. Nous demandons donc sa suppression.

      Cette suppression du CIR permettra de dépenser utilement et immédiatement ce budget pour les acteurs en première ligne sur le front de la lutte contre l’épidémie et qui en ont cruellement besoin : les patient∙es, les soignant∙es et les personnels de la recherche. Maintenant.

      https://universiteouverte.org/2020/03/19/5-milliards-des-effets-dannonce-mais-toujours-pas-de-moyens-pour-
      #ESR

    • #LPPR/ Des annonces en trompe-l’œil bien loin de la réalité de l’enseignement supérieur et de la recherche

      Le Président de la République vient d’annoncer, le 19 mars 2020, une augmentation du budget de la recherche de 5 Md€ sur dix ans représentant à ses yeux « un #effort_inédit » depuis 1945. Cette annonce faite en plein cœur d’une crise sanitaire majeure qui met les établissements face à une situation très tendue, notamment du point de vue de la protection des personnels et usagers et de la continuité du service public de l’ESR, pose de nombreuses questions.

      Pour l’année budgétaire à venir, cela représenterait une augmentation de 400 millions d’euros a quant à elle précisé Frédérique Vidal.

      Contrairement aux apparences, ces annonces ne font que reprendre certains engagements et sont loin de répondre aux besoins urgents que nous exprimons maintenant depuis des mois. Le financement public de l’ESR nécessite un investissement de 3 milliards d’€/an pendant 10 ans pour atteindre l’objectif de 1 % du PIB pour la recherche publique et 2 % du PIB pour l’enseignement supérieur. Nous sommes loin du compte.

      Par ailleurs, ces annonces posent des problèmes de fond :

      1/ la conversion récente du Président de la République et de son gouvernement à la défense du service public ne nous fait pas oublier les attaques multiples concernant la fonction publique contenues dans les rapports préparatoires au projet de LPPR et au-delà dans la loi de transformation de la fonction publique d’août 2019. Le SNESUP-FSU rappelle son attachement à un service public de l’ESR au service de l’intérêt général et qui permette l’accès et la réussite de tou·tes les étudiant·es ;

      2/ le sursaut annoncé repose essentiellement dans un premier temps sur une augmentation du budget de l’#ANR. Il ne mettra pas fin aux limites intrinsèques de la recherche sur projet dénoncées par la plupart de la communauté scientifique. Que la recherche publique sur les coronavirus ait été délaissée du fait des mécanismes de concurrence induits par la recherche sur projet devrait pourtant nous alerter sur les dysfonctionnements graves de notre système de recherche. Débloquer des fonds en urgence pour la recherche en « santé globale » et seulement à cause de l’urgence témoigne d’une incompréhension totale de la temporalité propre à la recherche scientifique fondamentale. Faudra-t-il attendre d’autres crises (environnementale, énergétique, alimentaire, sociale, démocratique, etc.) pour que d’autres champs de connaissance bénéficient des fonds nécessaires pour mener leurs recherches ?

      Le SNESUP-FSU réaffirme la nécessité d’un financement pluriannuel reposant sur une augmentation significative des crédits de base de tous les laboratoires et non sur la généralisation des appels à projets ;

      3/ l’urgence d’un plan massif d’emploi scientifique reste complètement absente des propositions alors qu’elle est au cœur des revendications de la communauté universitaire. 6000 emplois par an sur 10 ans, toutes catégories confondues, sont nécessaires pour mettre fin d’urgence à la politique de précarisation et le recours massif aux vacataires.

      Face à la crise actuelle, la responsabilité de toutes et de tous est engagée. La nôtre, mais également celle du ministère qui ne peut se contenter d’annonces en trompe-l’œil. Nous attendons bien mieux.

      https://www.snesup.fr/article/lppr-des-annonces-en-trompe-loeil-bien-loin-de-la-realite-de-lenseignement-su

    • Recherche : la rupture selon E. Macron, c’est de ne rien changer

      En pleine crise épidémique, c’est avec un aplomb consternant tant il est déplacé, qu’Emmanuel Macron et le gouvernement ont annoncé des mesures concernant la recherche et l’enseignement supérieur, présentées comme d’une ampleur rare. Pendant la crise, l’enfumage continue. Décryptage d’un virage... à 360 degrés.

      Le 19 mars, à l’occasion d’une visite à l’Institut Pasteur à Paris, E. Macron a déclaré « J’ai décidé d’augmenter de 5 milliards d’euros notre effort de recherche, effort inédit depuis la période de l’après-guerre ». Bien sûr, il est absolument pathétique de constater qu’il a fallu ce genre de crise pour qu’enfin nos dirigeants comprennent, ou feignent de comprendre, « le caractère vital de la recherche scientifique et la nécessité d’investir massivement pour le long terme » (un autre élément de la déclaration d’E. Macron).

      Diriger, a fortiori diriger un pays, c’est prévoir, pas prendre des mesures quand on est déjà dans le mur. En complément de cette annonce, la ministre de la Recherche Frédérique #Vidal, également présente, a expliqué que le « #réinvestissement massif de 5 milliards d’euros allait s’ajouter aux 15 milliards d’euros déjà prévus, ce qui « fait une augmentation de 25% ». L’Elysée a précisé que cet effort se fera sur dix ans dans le cadre de la loi de programmation pluriannuelle sur la recherche (« #LPPR ») en cours de préparation et qu’il « se traduira notamment par une nouvelle augmentation du budget de l’Agence nationale de la recherche (ANR, un milliard d’euros supplémentaires, NDLR), une revalorisation substantielle des carrières, la création de nouvelles chaires de #professeurs_juniors et une amélioration de l’#efficacité de notre système de recherche ».

      Voilà les annonces. Alors on hésite entre le « Ouah ! » devant l’« ampleur » des sommes annoncées, le « Aïe ! » au rappel de cette fichue LPPR qui est toujours dans les tuyaux, et le « Euh… » ne s’agirait-il pas d’une opération de communication, au timing particulièrement cynique, et ne seraient-ils pas en train de nous enfumer ? Alors essayons d’y voir plus clair.

      Concernant les sommes tout d’abord. Commençons par rappeler, une fois encore, les engagements européens de la France (depuis le Conseil européen de Barcelone en mars 2002) impliquant notamment que le pays devait consacrer 1% de son PIB à la recherche publique. Notons au passage que cet engagement européen a été maintes fois répété par les gouvernements qui se sont succédés depuis et que le budget de la recherche publique française continue cependant de stagner entre 0.75 et 0.80% du PIB. Comme quoi, les promesses n’engagent que ceux qui y croient, un point sur lequel nous reviendrons.

      Pour que notre pays tienne, enfin !, ses engagement pris à Barcelone, il faudrait par exemple qu’il augmente par paliers ses dépenses publiques de recherche de 2 milliards d’euros par an pendant 3 ans (voir p. 18), donc, par rapport au budget actuel, +2 milliards l’an prochain, + 4 milliards l’année suivante, et + 6 milliards ensuite. Sur la période de 10 ans évoquée par les annonces récentes, cela représente donc 54 milliards d’euros. Aux contribuables qui seraient effrayés par ces sommes, rappelons que, sur 10 ans, ce ne sont pas moins de 60 à 70 milliards d’euros qui sont offerts aux entreprises par le biais du Crédit Impôt Recherche (CIR), dont l’inefficacité a pourtant été dénoncée par tous depuis longtemps (y compris la cours des comptes), et qui ne nous permet même pas aujourd’hui en retour d’avoir en quantité suffisante les médicaments dont nous aurions besoin (fabriquer en Asie, c’est moins cher ; il ne faudrait surtout pas que le CIR serve à maintenir l’emploi scientifique privé en France, ça ferait baisser les dividendes des actionnaires). Conclusion, même si les intentions ostentatoirement arborées pourraient paraitre bonnes, le compte n’y est pas, loin de là (et, à nouveau, nous reviendrons sur cette notion d’intention).

      Comment ensuite interpréter ce chiffre de 5 milliards ?

      La communication est malheureusement bien floue, ou au contraire très maitrisée dans ce flou, et il est difficile de s’y retrouver. 5 milliards, qui s’ajoutent aux 15 initialement prévus, ce qui fait une augmentation de 25%, le tout sur 10 ans. Triturez-vous les neurones dans tous les sens, rien ne colle. Quand on dit qu’on passe de 15 à 20 milliards, cela fait une augmentation de 33.3%, pas de 25%, mais ça, passe encore, F. Vidal nous a habitués à sa perception très personnelle de l’arithmétique. Quand on me dit que l’on va ajouter 5 milliards aux 15 initialement prévus, je comprends que le budget 2021 de l’ESR sera de 20 milliards d’euros. Si cela était +5 milliards dès l’an prochain et pendant 10 ans, ceci serait, pour le coup, environ ce qu’il manque pour tenir nos engagements de Lisbonne.

      Mais en sortant d’une crise comme celle que nous vivons, on peut raisonnablement supposer qu’il ne s’agit pas de cela. On peut aussi comprendre qu’il va y avoir 5 milliards de plus, en tout, et répartis sur 10 ans, soit 500 millions d’euros de plus par an en moyenne. Si c’est cela, c’est dérisoire au regard des besoins, mais aussi au regard de la crise, et au passage, c’est l’augmentation qui a déjà eu lieu cette année (et voir plus bas ce que cela veut vraiment dire). Mais il semblerait, tel que semble le comprendre la majorité des gens, que ce qui nous est dit, c’est que le budget de la recherche finira, dans 10 ans, par être de 5 milliards de plus par an qu’aujourd’hui. Si tel est le cas, nous sommes donc très loin des 54 milliards d’euros qu’il faudrait dépenser d’ici là pour avoir une recherche publique financée à hauteur de 1% du PIB, surtout lorsque l’on aura pris en compte 10 ans d’inflations et de GVT (cf plus bas).

      Passons maintenant à la « stratégie ». Dans la complète logique de ce qui avait déjà été évoqué concernant la LPPR, un renforcement majeur du financement de l’ANR (un milliard !) est annoncé. C’est absolument contraire à ce qu’attend la majorité des chercheurs, comme exprimé par le Comité National de la Recherche Scientifique, les sociétés savantes, ou encore le rapport à l’Assemblée National de la commission présidée par Amélie de Montchalin et Patrick Hetzel (la question 5, presque à la fin) qui montre que 2% (!) seulement des chercheurs interrogés souhaitent accorder une priorité au financement sur projet alors que 75% souhaitent accorder la priorité au financement récurrent.

      Dans son avis du 24 février dernier, à propos de la préparation de la LPPR, le Comité d’Ethique du CNRS (COMETS) rappelle qu’un « équilibre entre ressources récurrentes et contractuelles est nécessaire pour garantir l’indépendance des chercheurs, stimuler la découverte de nouveaux objets d’étude et favoriser la recherche fondamentale sur le long terme » et que « La domination de priorités thématiques dans le financement de la recherche a des conséquences négatives sur la diversité et la créativité de la production scientifique ». Rappelons que cette domination des #priorités_thématiques est un travers inhérent à la logique d’appel à projet, tout comme bien sûr la logique de #compétition . Qu’en pense le COMETS ? : « L’instauration de la compétition comme dynamique de la recherche est propice au développement de méconduites et fraudes telles que le plagiat et la falsification des résultats. Par ailleurs, la pression s’exerçant sur le chercheur peut générer diverses formes de harcèlement ».

      Un autre point cité de la stratégie, là aussi déjà présenté par ailleurs, est la création de nouvelles chaires de professeurs juniors, dont les modalités restent nébuleuses sauf sur un point évident qui est l’iniquité que ces postes créeraient. L’idée de ces postes est d’attirer des « #stars ». Or, voici ce que nous en dit le COMETS : « L’incitation au recrutement et à l’évaluation des personnels principalement selon des critères bibliométriques ne garantit pas le développement d’une recherche de qualité, pas plus que l’embauche de « stars » selon ces mêmes critères ».

      Quant à l’amélioration de l’efficacité de notre système de recherche, comment peut-on imaginer qu’il sera changé autrement que dans la logique à l’œuvre depuis une vingtaine d’années, les mêmes conseillers, la même idéologie, s’exprimant toujours au sein du ministère ? On ira encore un peu plus loin dans une logique qui a en fait détérioré l’efficacité de notre système de recherche par deux principaux facteurs : la complexification au motif de la simplification, et la pénurie extrême de personnel pérenne, comme expliqué ici.

      Pour autant, malgré ce décryptage, n’est-il pas déplacé de minauder ainsi sur des « « « détails » » » alors que l’on nous annonce une augmentation de budget ? Méfions-nous des effets d’annonce. En début d’année, le ministère plastronnait tel Tartarin, en annonçant un budget 2020 de 25,49 milliards d’euros avec une « hausse de + 500 millions d’euros par rapport à l’an passé représentant 10 % de la hausse du budget de l’État entre 2019 et 2020 ». Mais en janvier 2020, il y avait une inflation à 1.5% sur un an. Tenant compte de cette inflation, le budget 2019, reconduit en euros constant en 2020, aurait donc été de 25.36 milliards. L’augmentation réelle en euros constants n’était donc que de 125 millions d’euros environ. Or, il faut aussi tenir compte de ce que l’on appelle le GVT (Glissement Vieillesse Technicité), lié à la progression des rémunérations des personnels au cours de leur carrière. Au CNRS, le GVT est d’environ 25 millions d’euros par an. Comme le budget du CNRS représente environ 10% du budget du MESRI, on peut estimer à 250 millions d’euros le GVT pour l’ensemble de l’enseignement supérieur et de la recherche (ESR).

      Ainsi, entre 2019 et 2020, malgré l’annonce d’une augmentation de 500 millions, il y a donc eu 125 millions d’euros en moins pour faire de la recherche. Certes, d’autres ministères n’ont pas eu l’heur d’une telle augmentation ; au pays des aveugles, les borgnes sont rois. Alors, quand, nouvelle tartarinade, on annonce une « première marche de 400 millions » dès 2021, selon ce que l’on vient de voir, c’est 100 millions de moins qu’en 2020, ce qui veut dire que ce n’est pas 125, mais environ 225 millions en moins qui seront perdus par la recherche en 2021 par rapport à 2019.

      Surtout, souvenons-nous des engagements pris à Lisbonne, et jamais tenus depuis 18 ans. Soyons aussi extrêmement conscients du fait que notre pays sortira de cette crise épidémique très affaibli économiquement, donc que les recettes de l’Etat seront très diminuées. Qui peut avoir la naïveté de croire qu’un gouvernement néolibéral, dans un monde néolibéral, va accroitre massivement ses dépenses publiques dans une phase de sortie de crise où ses comptes seront encore plus dans le rouge qu’il y a deux mois, quand la cours des comptes l’exhortait à réduire ses dépenses publiques ? (Re)lisez, c’est crucial, ce billet antérieur expliquant qu’en matière de budget, aucun engagement ne peut jamais être tenu. Quelles que soient les annonces carillonnantes faites aujourd’hui, nous n’aurons de certitude sur le budget consacré à l’ESR en 2021 que lorsque le budget de l’État pour 2021 sera voté, idem pour 2022 et toutes les années suivantes.

      En pleine crise, nos dirigeants essaient de faire croire aux français qu’ils ont vraiment compris, et qu’ils vont être les sauveurs de la recherche.

      Mais comme nous l’avons vu, tant pour les montants annoncés que pour la stratégie, rien ne correspond à ce qui serait nécessaire pour qu’il y ait une rupture. Il s’agit donc là de pure #communication, mais aussi d’une façon de mettre en place, en force, le contenu néfaste de la LPPR, à défaut de la LPPR elle-même, alors que l’épidémie fait rage et que les personnels de l’ESR ne peuvent plus mener aucune action pour s’y opposer. Quelle abjection que de faire croire au plus grand nombre que l’on va sauver ce que l’on continue à mutiler ! Quel #cynisme absolu faut-il avoir pour refuser tout débat (cf. la non communication des tous les ministres à ce sujet) concernant l’état désastreux de l’hôpital ou de la recherche, au nom d’une « union sacrée » qui serait indispensable en temps de guerre, tout en profitant de cette période pour couper court à tout débat dans le cadre de la mise en place d’une loi âprement combattue.

      Avec ces annonces, E. Macron et son gouvernement ont montré de la plus éclatante manière que contrairement aux envolées lyriques d’il y a une semaine, absolument rien ne change dans leur logique. En effet, qui peut croire un Président, qui, le 12 mars dernier nous disait qu’il « nous faudra demain tirer les leçons du moment que nous traversons, interroger le modèle de développement dans lequel s’est engagé notre monde depuis des décennies et qui dévoile ses failles au grand jour, interroger les faiblesses de nos démocraties », qui ajoutait « les prochaines semaines et les prochains mois nécessiteront des décisions de #rupture en ce sens. Je les assumerai », et qui aujourd’hui propose aux chercheurs exactement les mêmes mesures que celles qu’ils combattent depuis des mois.

      Du 12 au 19 mars, il ne lui aura fallu qu’une semaine pour renoncer à tirer les leçons, interroger le modèle, et, en guise de rupture, proposer aux personnels de l’ESR des mesures strictement inchangées, où l’appel à projet, le pilotage de la recherche, la compétition à outrance sont rois, où absolument rien n’est proposé pour résoudre la crise extrême de l’emploi pérenne, pourtant source de tant de souffrance et de tant d’inefficacité.

      Il est probable que dans les jours qui viennent, devant l’ampleur des mouvements de soutien aux personnels de santé qui, chaque soir à 20h, rassemblent les français à leurs fenêtres, des annonces soient faites concernant l’hôpital public, et qui ont malheureusement toutes les chances d’être dans le même esprit, dans le même aveuglement.

      Car il est effarant tout autant qu’effrayant de constater à quel point l’#aveuglement_idéologique est ici à l’œuvre et empêche toute rupture. Ils ne peuvent pas changer, ils ne peuvent pas prendre et assumer des décisions de rupture car ils sont prisonniers de leur #idéologie. Puisque nos actuels gouvernants sont absolument incapables d’opérer les ruptures que E. Macron pense indispensables, si l’on pense comme lui que ces ruptures sont effectivement vitales, il n’y a pas d’autre solution que de changer de responsables, donc déjà, dans un premier temps, de gouvernement, en attendant les prochaines élections.

      Quand le temps du confinement sera passé, puisque nous savons déjà, pour la recherche au moins, quelles sont les intentions, aux antipodes de toute rupture, espérons que cette crise épidémique aura mis en évidence aux yeux de tous les français l’ampleur de l’incurie dans l’hôpital public et la recherche, qu’ils seront attentifs et solidaires aux demandes des personnels de ces deux institutions, et qu’au-delà, ils pèseront de tout leur poids de citoyens, de toutes les façons, pour qu’il y ait, enfin, les ruptures profondes et véritables qui seules nous donneront les moyens de faire face à la crise climatique, bien plus grave et bien plus durable que celle que nous vivons aujourd’hui.

      https://blogs.mediapart.fr/marchalfrancois/blog/200320/recherche-la-rupture-selon-e-macron-c-est-de-ne-rien-changer

      #stratégie_du_choc

    • L’Agence nationale de la recherche en quarantaine, vite ! - communiqué du SNCS, 19 mars 2020

      La crise provoquée par le SARS-CoV-2 étant brutalement entrée dans sa phase aiguë, un appel à la recherche, en vue de trouver des moyens d’endiguer l’épidémie de CoviD-19, a été lancé par le gouvernement. On ne rattrapera pas le temps perdu à ne pas financer comme elles auraient dû l’être les équipes qui travaillaient, depuis le début du siècle, sur les coronavirus. Mais il faudrait au moins, maintenant, ne pas faire exprès de perdre encore du temps.

      Or à l’heure – car c’est pratiquement une question d’heures – où il conviendrait de doper sans retenue toutes les équipes qui travaillent sur le SARS-CoV-2 et les systèmes qui peuvent lui être apparentés, que fait le gouvernement ? Il charge l’ANR de lancer un appel à projets ! Toujours avec les mêmes idées négatives : 1°) ne risquer dans l’affaire sou qui soit mal placé 2°) ne pas s’exposer à financer des équipes qui pourraient ne rien trouver ... 3°) surtout ne pas faire confiance directement aux établissements publics de recherche, en particulier ne tenir aucun compte de la continuité de leur culture scientifique, de leurs capacités de réaction immédiate ni de leurs compétences collectives ...

      Cette mascarade, ridicule en temps normal, est aujourd’hui potentiellement criminelle. Il faut, sans attendre - sans détour par l’ANR - financer sans restriction, « quoiqu’il en coûte », les équipes de recherche qui peuvent travailler sur le SARS-CoV-2. Des crédits doivent être alloués pour cela immédiatement au CNRS, à l’INSERM, à l’IRD et à l’INRAE.

      http://www.sauvonsluniversite.fr/spip.php?article8688

    • Coronavirus et financement de la recherche : poudre de perlimpimpin

      Les #effets_d’annonce d’Emmanuel Macron en pleine crise du coronavirus renforcent notre #colère et notre détermination : nous voulons des moyens et des postes pour produire une recherche de qualité MAINTENANT !

      Emmanuel Macron, qui n’a de cesse de scandaliser les soignant∙es et les chercheur∙ses mobilisé∙es depuis le début de la crise du COVID-19, ajoute l’#ignominie à l’#indécence. Il promet ainsi, à l’occasion d’une visite à l’Institut Pasteur, une « hausse du budget de la recherche à hauteur de cinq milliards d’euros sur dix ans » — ce qui, ramené au budget du Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (MESRI), représente 2% d’augmentation par an. Les 400 millions promis par Frédérique Vidal dès 2021, sont en dessous des 700 millions d’augmentation en 2018 et des 850 millions en 2019. Ces 5 milliards sont donc au mieux équivalent à l’investissement des 10 dernières années qui nous ont amenés à cette situation catastrophique.

      Nous supposons que la France est la seule nation qui ait besoin du COVID-19 pour « connaître le #caractère_vital de la #recherche_scientifique » et savoir qu’il fallait donner aux équipes de recherches des emplois permanents et des moyens pour travailler. Cet effort est promis depuis 2000 (#stratégie_de_Lisbonne) et demandé depuis tout aussi longtemps par les Universités et les établissements publics de recherche (EPST). Nous aimerions que le Président ne se prévale pas de l’après-guerre, qui a connu la réorganisation du CNRS créé par Jean Zay en 1939, et encore moins d’un « #effort_inédit », lui qui a contribué depuis son arrivée au Ministre de l’économie et des finances, à détruire l’emploi scientifique permanent, en multipliant les contrats précaires.

      Aujourd’hui, alors que l’ensemble des instances représentatives de la recherche publique demande la création massive de #postes_titulaires et l’augmentation des #financements_récurrents aux laboratoires, Emmanuel Macron répond par des postes précaires et des #investissements_fléchés par appels à projet #ANR. Alors que les Universités et la recherche, mobilisées depuis le 5 décembre et à l’arrêt le 5 mars, réclament des moyens de fonctionner décemment, comme nous l’exprimions dans notre motion issue de la coordination nationale des facs et labos en lutte qui a réuni 500 universitaires représentant 10 000 mobilisés de toute la France, Emmanuel Macron nous répond avec encore plus de #mépris et nous distribue des miettes pourtant déjà prévues depuis longtemps.

      Jusqu’à présent, cette #politique_austéritaire ne semblait toucher que les étudiant·es les moins doté·es et les personnels de l’enseignement supérieur et de la recherche pressurisé.e.s et précarisé·es dramatiquement. Ce que met en lumière la crise du COVID-19, c’est que cette politique d’#austérité est mortelle pour l’ensemble de la population. Faute de moyens donnés aux chercheurs de faire de la recherche, nous sommes privés d’une des « armes » les plus efficaces de la guerre revendiquée par Emmanuel Macron : celle des résultats scientifiques de qualité permettant de résoudre les crises majeures.

      Emmanuel Macron et Frédérique Vidal feraient mieux d’écouter #Bruno_Canard, directeur de recherche CNRS à Aix-Marseille et spécialiste des coronavirus au CNRS, qui dénonce très exactement la méthode et les logiques dans lesquelles ce gouvernement s’enferre, en qualifiant de « #hold-up » l’assèchement des financements pérennes au profit de l’ANR et du #Crédit_Impôt_Recherche. Nous réclamons, pour arriver à l’objectif minimal de 1% du PIB dédié à la recherche publique, 10 milliards, immédiatement et dans les trois années à venir, sous forme de #titularisations de chercheur.e.s précaires, de créations de postes et d’augmentation des crédits aux laboratoires publics.

      Avec cette déclaration d’Emmanuel Macron, nous sommes donc très loin des besoins réels de la #recherche_publique. Le plus insupportable serait de penser que la hausse de budget promise n’aille pas totalement à la recherche, mais bien plutôt à l’#optimisation_fiscale privée. Depuis plusieurs années, sur le budget du MESRI, figurent 6,5 milliards de Crédit Impôt Recherche (#CIR), utilisés quasi exclusivement pour de l’optimisation fiscale, qui représente un quart du budget de l’Enseignement supérieur et recherche et deux fois le budget du CNRS. Nous demandons donc sa suppression1.

      Cette suppression du CIR permettra de dépenser utilement et immédiatement ce budget pour les acteurs en première ligne sur le front de la lutte contre l’épidémie et qui en ont cruellement besoin : les patient∙es, les soignant∙es et les personnels de la recherche. Maintenant.

      https://academia.hypotheses.org/21299

    • Coronavirus : « On aurait pu sans doute avoir un vaccin et / ou des traitements prêts… »

      Bonjour, peux-tu d’abord brièvement te présenter ?
      Je suis immunologiste, chercheur CNRS dans une unité INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale) en milieu hospitalier, retraité depuis 2009 mais directeur de recherches émérite, et, à ce titre, en temps normal, je vais tous les jours à mon labo.

      Commençons par le commencement : CoVid ?
      C’est un « nouveau » virus, pour l’homme en tout cas, puisqu’il était présent depuis longtemps chez le pangolin et la chauve-souris (la transmission vient plus probablement d’elle). La séquence du génome l’a démontré. Il n’est nul besoin d’imaginer un complot de l’armée US ou des laboratoires chinois. Des transmissions de ce genre se sont déjà produites : Ebola, le Sida où là encore les théories du complot ont surgi alors que les équipes de Pasteur en France et au Cameroun (entre autres) ont démontré le rôle des chimpanzés et/ou du singe vert. C’est un virus « émergent », comme l’a été en son temps (2002-2003) le SARS-CoV-1, responsable du SRAS, lui aussi un coronavirus. Ils appartiennent à la même famille, qui n’a rien a voir avec les virus de la grippe, mais ce coronavirus là est nettement plus contagieux que le SARS-CoV-1.

      Tu parles de virus émergents. Était-ce « prévisible » ?
      Oui, et je renvoie d’ailleurs à l’excellent article du Monde diplomatique de mars1. La multiplication des épidémies et pandémies à intervalles de plus en plus rapprochés est pour beaucoup d’éco-scientifiques liée à la mondialisation : transports aériens (qui nous mènent en quelques heures là où les caravelles prenaient des semaines) et réseaux routiers « désenclavant » les petits villages auparavant isolés – ce qui limitait la propagation – se surimposant à l’envahissement/destruction d’écosystèmes à des fins mercantiles, provoquant inévitablement la « confrontation » de l’homme à des virus avec lesquels il n’a eu aucun contact récent. Dans notre cas, la survenue d’une nouvelle épidémie à SARS était inévitable. D’où l’existence de réseaux d’alerte.

      Mais était-ce prévisible, donc pouvait-on avoir une action préventive ?
      Il est difficile de dire « oui » dans la mesure où les recherches ad hoc ont été stoppées avant d’aboutir. Un petit parallèle avec d’autres virus est utile. Pour la grippe, par exemple, on « prévoit » les mutations à venir, de sorte que l’on vaccine chaque année contre l’épidémie qui va survenir. Cela n’exclut pas une mutation inattendue. Ça a été le cas du H1N1 (2009-2010), mais l’existence d’équipes en alerte continue sur le sujet a permis de détenir très vite un vaccin, et de vacciner en masse. On sait que la mortalité en Europe et USA a été estimée au préalable de façon excessive, ce qui a nourri en 2010, et ensuite, les soupçons de collusion entre OMS et industrie pharmaceutique pour écouler une surproduction vaccinale.
      Là, pour les corona, c’est un peu l’inverse. La structure des virus corona permettait d’envisager un/des déterminant(s) antigénique(s) commun(s) permettant le projet d’un « pan vaccin » anti-corona. Un des meilleurs spécialistes français à ce sujet, Bruno Canard, mérite d’être cité longuement : « On venait alors de lancer de grands programmes de génomique structurale sur les virus pour essayer de ne pas être pris au dépourvu en cas d’émergence. La démarche est très simple : comment anticiper le comportement d’un virus que l’on ne connaît pas ? Eh bien, simplement en étudiant l’ensemble des virus connus pour disposer de connaissances transposables aux nouveaux virus. Un projet européen lancé à cette fin à l’époque a été suivi d’autres programmes. L’irruption du SARS-CoV en 2003 a illustré la pertinence de cette démarche. Cela nous a conduits à décrire une première structure cristallographique dès 2004. […] Je pense qu’énormément de temps a été perdu entre 2003 et aujourd’hui pour trouver des médicaments. En 2006, l’intérêt pour le SARS-CoV avait disparu ; on ignorait s’il allait revenir. Nous avons alors eu du mal à financer nos recherches. L’Europe s’est dégagée de ces grands projets d’anticipation au nom de la satisfaction du contribuable. Désormais, quand un virus émerge, on demande aux chercheurs de se mobiliser en urgence et de trouver une solution pour le lendemain. Or, la science ne marche pas comme cela. Cela prend du temps et de la réflexion. […] J’ai pensé à tous les projets ANR (Agence nationale de la recherche) que j’ai écrits, et qui n’ont pas été sélectionnés. J’ai pensé à ce projet ANR franco-allemand, qui n’a eu aucune critique négative, mais dont l’évaluation a tellement duré qu’on m’a dit de le redéposer tel quel un an après, et qu’on m’a finalement refusé faute de crédits. »2

      Tu veux dire que des projets de recherche sur des « pan vaccins » existaient et qu’ils n’ont pas été financés ?
      Oui. D’abord, ça prend du temps de rédiger des projets et de les soumettre pour ne pas survivre qu’avec de maigres projets récurrents. Ensuite, il faut attendre et, en France, les projets retenus par l’Agence nationale de la recherche ne sont qu’une fraction des projets soumis, et c’est la même chose au niveau européen.
      De plus, ces projets sont soumis en réponse le plus souvent à des « appels d’offres » qui correspondent aux sujets « en pointe », « prioritaires », à la mode ou « susceptibles de débouchés importants »… On voit ici, je vais y revenir, le danger de collusion public-privé…

      Tu veux dire que les établissements français de recherche ne sont plus subventionnés comme « avant » ?
      Oui. Quand j’ai démarré la recherche je fonctionnais très bien avec les seuls crédits d’État récurrents (normalement reconduits d’année en année). Puis sont apparus, à la fin des années 1970, les « actions thématiques programmées ». Mais elles représentaient une « cerise sur le gâteau ».
      La situation s’est vite dégradée sous Chirac, puis Sarkozy et Hollande. D’abord, les crédits récurrents – hors grands instruments et programmes spatiaux – ont été rognés systématiquement, en dépit des promesses d’atteindre le niveau, défini par l’Europe, de 2 puis 3 % du PIB… Actuellement, un labo INSERM – favorisé par rapport au CNRS – ne fonctionne qu’à 25-30 % sur crédits récurrents, 15 à 20 % pour le CNRS. Puis sont venus les financements « privés », qui certes (ARC, LNFCC pour le cancer, legs à Pasteur ou à Curie) existaient déjà, mais une nouvelle ampleur a été donnée par Téléthon et Sidaction (« La recherche ne doit pas vivre de quêtes » reste un slogan d’actualité). Puis les fameux projets ANR.

      Tu parais très critique sur la recherche sur projets…
      Soyons clairs : jamais au Wellcome Research Institute ni au NIH (Bethesda, près de Washington, USA) on ne m’a demandé dans les années 1973-1974 puis 1980-1981 mon projet comme « exchange fellow » puis « visiting scientist », ni à mon retour sous Mitterrand et même Chirac au début. J’avais, attention – comme on l’a encore – une évaluation annuelle sur « rapport d’activité », et le labo était évalué tous les quatre ans, avec dépôt d’un nouveau projet pour reconduction ou fermeture. La recherche en réponse sur projets change tout. Hors thématiques que l’on ne peut abandonner (la recherche sur le Sida en est un exemple), ça donne beaucoup de définitions programmatiques par des technocrates… Or, comme disaient les manifestants au temps de « Sauver la Recherche », sous Fillon, « l’ampoule électrique n’a pas été inventée en faisant des programmes sur la prolongation de la vie et l’amélioration de la luminosité de la bougie ». Puis sont venues les fausses déclarations sur les budgets en augmentation, et en parallèle les coupes de postes… et l’arrivée des ­partenariats public-privé.

      Le privé joue un rôle ?
      Eh oui ! Merci Jospin, merci Allègre (et aussi Geismar), et la loi innovation recherche qui permet de créer des start-up à côté de son labo, mais aussi le crédit impôt recherche, don de milliards d’euros au privé sans retour vérifié, Cour des comptes dixit. Dans un certain nombre de cas, start-up et grosses boîtes pharmaceutiques deviennent de fait co-directeurs du labo… public.

      Et les postes ?
      Alors là, cata absolue : chute des postes, développement de la précarisation – très net en biologie mais pas que là –, d’où les premières manifestations sous Fillon, et la manifestation récente des collectifs de laboratoires.
      Macron annonce une augmentation du budget recherche sur 10 ans…
      D’abord, le compte n’y est même pas, comme le souligne le communiqué du Syndicat national des chercheurs scientifiques (SNCS). Ensuite, on a l’habitude de ces annonces. Tant qu’il n y aura pas de vote sur ça au Parlement, je resterais plus que sceptique… Pour moi, ce qui compte, c’est la situation actuelle qui est quasi catastrophique…

      Alors, le virus ?
      Bon, on aurait pu sans doute avoir un vaccin et/ou des traitements prêts… Mais ça, c’est un investissement sur l’avenir. Pas toujours à fonds perdus. Parfois oui. C’est comme les machines à amplification génique (PCR, Polymerase Chain Reaction) pour détecter le virus. En avoir un nombre apparemment surdimensionné aurait en fait permis un dépistage à large échelle et une stratégie à la coréenne. Alors, bon, comme dit Bruno Canard, des chercheurs vont être mobilisés en urgence sur un « crash program »… Trop peu, trop tard. Et là encore, avec œil du privé qui, depuis les années 1990, investit peu en vraie recherche, mais engrange les profits. Alors qu’on a refusé entre 2009 et 2019 d’investir dans des projets fondamentaux (j’ai pris Canard comme exemple, il y en a d’autres).
      La recherche, comme les infra­structures hospitalières, est un investissement sur l’avenir et le public, pas une « short run », à flux tendu, avec personnel précarisé, pour profits immédiats. Une politique, disons-le, et on le voit à chaque crise, criminelle.

      https://npa2009.org/arguments/sante/coronavirus-aurait-pu-sans-doute-avoir-un-vaccin-et-ou-des-traitements-pret

    • Refonder l’Université et la Recherche pour retrouver prise sur le monde et nos vies

      La pandémie met à nu les inconséquences des politiques actuelles vis à vis de la recherche, de l’université ou de l’hôpital, estime un collectif de chercheurs et d’universitaires. Dans cette tribune, ils lancent un appel à la mobilisation pour reconstruire une politique scientifique de long terme et relever les défis environnemental, social et démocratique de notre pays.

      Nous affrontons une crise sanitaire majeure qui vient nous rappeler la fragilité de nos vies et de nos sociétés et la nécessité de systèmes de solidarité organisés, solides et pérennes : école, santé, retraites… Il aura fallu la pandémie du Covid‐19 pour que le pouvoir politique se souvienne brusquement de l’importance vitale d’institutions qu’il a pourtant détruites méthodiquement. En quarante ans, l’Hôpital français est passé de 11 à 6 lits pour mille habitants ; sur les seules six dernières années, 17 500 lits de nuit ont été supprimés. Les personnels hospitaliers sont en effectifs si réduits que des étudiants et des retraités sont aujourd’hui réquisitionnés comme forces supplétives. Alors même que les espoirs de traitement du virus dépendent des chercheurs, cela fait quinze ans que la recherche scientifique à l’Université et dans les grands organismes comme l’Inserm ou le CNRS subit le primat donné à des projets de court terme, pilotés bureaucratiquement, et concentrant sur quelques thèmes définis comme “porteurs” des moyens globalement en déclin. Quinze ans de démolition !

      La pandémie agit comme un révélateur : elle confirme aux yeux de tous que l’Université et la recherche publique auraient dû rester une priorité pour nos sociétés et que la diversité des axes de recherche, le temps long et les financements pérennes sont les conditions de son bon développement. Nous voyons bien que les appels à projets lancés de manière improvisée en réaction à chaque crise tiennent plus de la communication impuissante que de la programmation éclairée. Le mal est profond : les procédures bureaucratiques de mise en concurrence ne favorisent que le conformisme quand la liberté de recherche permet des découvertes fondamentales. Ce qui était choquant en temps ordinaire est devenu obscène en temps de crise. La pandémie du coronavirus met ainsi à nu l’inconséquence des politiques menées ces dernières décennies, dont la responsabilité est partagée par tous les gouvernements qui les ont appliquées.

      Derrière l’urgence sanitaire, notre société doit affronter trois autres crises : environnementale, sociale et démocratique

      En plus de l’urgence sanitaire qui révèle la crise de notre système de santé, notre société doit affronter trois autres crises : environnementale, sociale et démocratique. La crise écologique et climatique, au gré des catastrophes toujours plus nombreuses qu’elle engendre, affecte un peu plus chaque jour nos vies. Pas plus que pour les épidémies, l’alerte des scientifiques et de la jeunesse du monde entier sur la gravité du réchauffement climatique n’a conduit à prendre les mesures radicales qui s’imposaient. Sur le plan social, les dernières décennies ont été marquées par le creusement d’inégalités matérielles, territoriales, fiscales et culturelles. Enfin, une crise démocratique et politique conduit les citoyens à se détourner massivement de dirigeants incapables de répondre à leurs attentes ou agissant contre l’intérêt général. Même si chaque jour de nouveaux secteurs de la société expriment une volonté de redonner du sens à l’existence et d’en finir avec l’individualisme et le repli sur la sphère privée, cette aspiration profonde à décider des règles collectives que la société se donne, cette volonté des citoyens conscients de ce qui les relie se heurtent à l’imprévoyance, à la cécité et à l’autoritarisme de gouvernants qui confisquent la décision.

      Tous les savoirs scientifiquement construits par les recherches théoriques, par l’expérience, l’enquête, l’observation, la confrontation des hypothèses et des résultats, sont indispensables pour surmonter ces crises. Or, les institutions qui créent, transmettent, conservent et critiquent les savoirs, sortent exsangues de la période qui s’achève. Elles doivent être reconstruites sur de nouvelles bases, capables de faire vivre des sciences diverses et créatives, aptes à anticiper les défis auxquels notre société doit faire face. Ce travail de refondation de l’Université et de la recherche doit échapper à l’emprise des « experts » et des bureaucrates : il doit s’articuler à l’exigence démocratique et, en cela, il y a une affinité profonde entre le temps long de la science, son ancrage dans l’expérience et la controverse savantes, et l’exercice de la démocratie, impliquant la délibération et l’attention à l’expérience ordinaire des citoyens.

      L’indépendance du monde savant doit être garantie par des statuts protecteurs, des moyens et du temps long

      Pour nous, le temps est venu d’une refondation de l’Université et de la recherche reposant sur deux principes régulateurs. L’aspiration collective à déchiffrer l’inconnu suppose l’indépendance effective du monde savant vis‐à‐vis de tous les pouvoirs : cette autonomie doit être garantie par des moyens répartis entre les disciplines en fonction de leurs besoins, par des statuts protecteurs des libertés académiques et par le temps long nécessaire au développement de toute recherche. Le corollaire de l’autonomie du monde savant est son engagement sur un principe : sa responsabilité vis‐à‐vis de la société. L’usage politique, technique et industriel des travaux scientifiques doit se décider dans un cadre pluraliste et démocratique, en accord avec l’intérêt commun. Cela suppose de réinstituer l’Université comme lieu de formation des citoyens à une pensée autonome et aux savoirs critiques, et comme lieu de production et de transmission au plus grand nombre de connaissances scientifiques et techniques. À rebours des propensions récentes au conformisme, à la bureaucratie et à la généralisation d’une sélection prétendument darwinienne, cette institution implique aussi que l’Université éclaire le débat démocratique par l’élaboration de synthèses plurielles, établies par la confrontation savante, plutôt que par une évaluation technocratique, toujours en retard d’une crise.

      Face à la gravité de la situation qui affecte nos vies, l’heure n’est pas aux mises en cause individuelles. Mais nous n’oublierons pas ce qui a permis que l’on en arrive là. Les morts de cette crise nous obligent. Et nous ne laisserons pas celles et ceux qui n’ont pas su la prévenir ou en réduire la portée, la résoudre par des mesures liberticides, ou mettre en place un énième plan d’austérité justifié par une dette que des politiques aveugles ont contribué à fabriquer. Le métier de scientifique ne consiste pas à aménager la crise ou climatiser l’enfer, ni à bâillonner la démocratie au nom du savoir expert.

      Conscients des crises qui frappent notre société, nous appelons chacun et chacune à se mobiliser pour engager la refondation de notre monde abîmé. Ce printemps, dès la fin du confinement, nous nous engageons à repenser collectivement l’ensemble de nos institutions sociales, politiques et économiques et à poser les jalons d’une société conforme à nos aspirations et à nos besoins. Après l’été, nous convions l’ensemble des citoyens à des Assises de la Refondation, le 20 septembre 2020, pour définir un programme visant à rompre de manière effective avec les politiques actuelles et à juguler les crises environnementale, sociale et démocratique qui menacent notre monde et nos vies. Nous devons à la jeunesse un horizon élargi, un avenir à nouveau ouvert.

      Nous appelons tous les autres secteurs de la société à se joindre à notre démarche, et à écrire leur propre texte de refondation en adaptant ce paragraphe de conclusion.

      La signature de cet “Appel du 20 mars 2020”, qui appelle à repenser les liens entre science et société, est ouverte à tous les citoyens et citoyennes, au‐delà des acteurs de l’enseignement supérieur et de la recherche, étudiants, universitaires, chercheurs, techniciens, ingénieurs et administratifs.

      https://www.mediacites.fr/forum/national/2020/03/31/refonder-luniversite-et-la-recherche-pour-retrouver-prise-sur-le-monde-et

    • Budget #MESRI : analyse des annonces

      Budget de la recherche : la montagne accouche d’une souris !
      Lors de leur visite à l’Institut Pasteur, le 19 mars 2020, le Président de la République et la ministre chargée de la recherche ont annoncé que 25 milliards d’euros supplémentaires seraient consacrés à la #recherche. Par le dossier de presse diffusé le 25 mars, on apprend que les cinq milliards supplémentaires constituent un #objectif_budgétaire qui devrait être atteint en une décennie. L’effort serait progressif pour atteindre un montant annuel de 600 millions, à partir de 2028…
      https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid150594/un-effort-de-25-milliards-d-euros-pour-relever-les-de
      L’actuel Gouvernement transfère donc aux Gouvernements des deux prochaines mandatures la mission d’honorer l’essentiel de cet #engagement_budgétaire, pourtant bien modeste. En ce qui le concerne, il consent à une augmentation de 400 millions d’euros du budget du ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation (MESRI) pour l’année 2021, la dernière année budgétaire complète du présent quinquennat.
      Comme le précisait la ministre lors de son audition par la commission du Sénat, le 6 avril, cette enveloppe budgétaire supplémentaire serait destinée à l’abondement de la totalité des missions de son ministère. Cette augmentation comprendrait donc aussi les mesures de revalorisation salariale, dont celles destinées à compenser la baisse des pensions, consécutive à l’adoption de la loi de réforme des retraites dont l’examen est pour l’instant reporté.
      http://www.senat.fr/compte-rendu-commissions/20200406/cult.html
      Pour le budget de l’année 2020, les programmes budgétaires du MESRI et les montants des autorisations d’engagement sont les suivants :

      Ces données budgétaires sont tirées du rapport de la commission des finances du Sénat sur le projet de budget 2020 :
      https://www.senat.fr/rap/l19-140-323/l19-140-3231.pdf
      L’annonce d’un accroissement de 400 millions d’euros du budget global du MESRI pour l’année 2021 représente donc une augmentation d’environ 1,5 %.
      Pour bien comprendre ce qu’elle représente, en euros constants, il faut la comparer à celle du budget des programmes du MESRI pour l’année 2020 :

      L’effort « inédit depuis la période de l’après-guerre » annoncé par le Président de la République, le 19 mars 2020, commencera donc par une hausse du budget 2021 du MESRI inférieure à celle de 2020 ! Il est en effet historique qu’un Président décrive une baisse du soutien à la recherche comme un engagement massif en sa faveur.
      Pour rappel, le crédit d’impôt « recherche » a représenté une dépense fiscale évaluée à 6,2 Md€ en 2018 et à 6,5 Md€ en 2019. Soit une augmentation de 4,8 %. Elle était de 4,4 Md€ en 2009. La véritable augmentation est là !

      –-> Analyse de #Pierre_Ouzoulias, reçu via la mailing-list Facs et Labos en lutte, le 10.04.2020

    • Mensonge d’État ou incompétence ? Frédérique #Vidal au Sénat

      Parmi les mesures de contrôle de l’action de l’exécutif en période d’état d’urgence sanitaire, il est un outil utile pour mettre en jour les incohérences du gouvernement : les questions écrites. Présentées au ou à la ministre concernée, elles permettent à la représentation nationale de clarifier un point touchant à la politique suivant, en invitant le ou la ministère à prendre langue avec son administration pour y répondre avec précision.

      Le 6 avril 2020, plusieurs sénateurs et sénatrices ont donc interrogé la Ministre de l’Enseignement Supérieur http://www.senat.fr/basile/visio.do?id=c/compte-rendu-commissions/20200406/cult.html&idtable=/compte-rendu-commissions/20200406/cult.html&rch=gs&_c=ouzoulias&al=true), de la Recherche et de l’Innovation, à la fois sur la clôture compliquée de l’année universitaire en cours, mais aussi sur les dispositions prises pour faciliter la recherche pour lutter contre l’épidémie. Cette audition a eu lieu au terme d’un chemin de croix technique.

      N’ironisons pas trop sur les avatars de cette vidéo conférence, précise Sylvestre Huet dans l’article qu’il consacre à l’audition de Frédérique Vidal (https://www.lemonde.fr/blog/huet/2020/04/08/covid19-vidal-se-melange-les-microscopes) : les sénateurs ont dû s’y reprendre à trois fois – deux la semaine dernière et finalement ce lundi 6 avril – pour parvenir enfin à tenir cette séance de questions/réponses. Le rendez-vous échoua deux fois en raison de défaillances de l’équipement de vidéoconférence du ministère… pour un lien avec le Sénat. N’ironisons pas, mais soulignons que cette situation lamentable illustre le soin étrange avec lequel l’exécutif traite ses relations avec le Parlement. Et la nécessaire modernisation du ministère en charge… de l’innovation.

      Passons rapidement sur certains échanges. Sylvie Robert s’est enquis de la survie alimentaire des étudiant·es les plus précaires1. Jacques Grosperrin a fustigé le retard pris par le Ministère sur la publicisation des algorithmes locaux de Parcoursup. Passons également sur les questions touchant aux tests sérologiques, aux tests cliniques et aux essais thérapeutiques en cours, qui intéressent Laure Darcos, pour porter notre attention sur deux points : le financement supplémentaire prévu par le président Macron et les cryomicrosocopes, désormais indispensables pour qui veut travailler sur les coronavirus aujourd’hui.

      Comptes d’apothicaires au nom du COVID-19

      Citons la Ministre, sur les efforts budgétaires consentis par l’État en cette période de crise profonde :

      S’agissant du financement de la recherche, le Président de la République a annoncé qu’y seraient consacrés 5 milliards d’euros supplémentaires par an. Aujourd’hui, 15 milliards d’euros par an sont investis dans ce domaine. Pour passer à 20 milliards annuels, des étapes successives sont prévues. Au total, 25 milliards d’euros seront investis sur dix ans.

      Le Premier ministre me l’a confirmé ce matin : dès que le calendrier parlementaire le permettra, le projet de loi de programmation pluriannuelle de la recherche sera soumis au Parlement [Nous soulignons]. Il est néanmoins très important – c’est le sens de l’annonce du Président de la République – que nous puissions lancer les premiers investissements dès 2021, que la loi de programmation pluriannuelle de la recherche ait été votée ou pas. Nous prévoyons, dans le cadre du projet de loi de finances pour 2021, une première augmentation de 400 millions d’euros pour la mission interministérielle recherche et enseignement supérieur (Mires).

      Quelqu’un de peu familier avec ce gouvernement Philippe pourrait être bluffé par l’aplomb avec lequel la Ministre fait équivaloir 5 milliards par an, à 25 milliards sur dix ans (soit 2,5 milliards par an), puis à « une première augmentation de 400 millions d’euros », alors que l’on sait par ailleurs que 6,5 milliards annuels du Crédit Impôt Recherche sont consentis annuellement depuis le début du quinquennant à des fins d’optimisation fiscale. La suite est tout aussi pimentée, puisque la Ministre rappelle l’existence du Loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR), qui sera soumise au Parlement « dès que le calendrier parlementaire le permettra »2. Un peu plus tard au cours de son audition, elle précise que 1,5 milliards d’euros sont affectés à l’ANR, soit deux fois plus que ce qu’il a été récemment attesté par l’Hcérès et la Commission des finances du Sénat. Pour autant, notre quidam sait que c’est la loi de finances qui fait foi. Ce ne sera donc pas 5 milliards qui passeront à la recherche — alors que le Ministère en a les moyens avec les 6,5 milliards de CIR — mais 400 millions d’euros en 2021. Prestidigitatrice, la Ministre Vidal continue à essayer de faire croire à la représentation nationale que la recherche, en temps d’épidémie, est une priorité du gouvernement.

      Pour le budget de l’année 2020, les programmes budgétaires du MESRI et les montants des autorisations d’engagement sont les suivants :

      L’annonce d’un accroissement de 400 millions d’euros du budget global du MESRI pour l’année 2021 représente donc une augmentation d’environ 1,5 %.

      Pour bien comprendre ce qu’elle représente, en euros constants, il faut la comparer à celle du budget des programmes du MESRI pour l’année 2020 :

      Pour rappel, le crédit d’impôt recherche a représenté une dépense fiscale évaluée à 6,2 Md€ en 2018 et à 6,5 Md€ en 2019. Soit une augmentation de 4,8 %. Cette dépense était de 4,4 Md€ en 2009. La véritable augmentation est là !

      L’effort « inédit depuis la période de l’après-guerre » annoncé par le Président de la République, le 19 mars 2020 (https://academia.hypotheses.org/21299), commencera donc par une hausse du budget 2021 du MSRI inférieure à celle de 2020 ! Il est en effet historique qu’un Président décrive une baisse du soutien à la recherche comme un engagement massif en sa faveur.

      À quels comptes d’apothicaires la Ministre s’est-elle livrée pour tenter de faire croire que la recherche pour lutter contre l’épidémie, en identifier les causes et les thérapies était une priorité du gouvernement ? Ils ne convainquent personne, et encore moins, après le vote de la loi de finances rectificatives. Il s’avère qu’aucun effort supplémentaire n’a été fait et que, même pour l’appel Flash Covid-19, le financement de ces nouveaux programmes se fait à budget constant, au point où le CNRS est obligé de faire un appel aux dons (https://academia.hypotheses.org/21662) . On pourrait en rire si l’affaire n’était pas si grave et que cela ne touchait pas l’activité de celles et ceux qui se sont engagés dans une course contre la montre et le virus. Comparant l’effort allemand en matière de recherche, dès 2020, Pierre Ouzoulias souligne que les comptes Covid-19 n’y sont pas. Mais qu’en est-il de l’équipement des laboratoires qui travaillent déjà sur ce virus ?
      Compétences à la loupe… ou plutôt au microscope

      S’enquêrant des conditions de travail des laboratoires spécialisés, Pierre Ouzoulias a posé à la Ministre Frédérique Vidal la question écrite suivante :

      Les laboratoires qui sont actuellement sur le front de la recherche insistent sur la nécessité de mettre aux normes leurs équipements et outils de recherche. Tandis qu’un laboratoire chinois travaillant sur le coronavirus dispose de deux cryomicroscopes électroniques valant chacun 5 millions d’euros, les laboratoires de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) en demandent depuis quatre ans un plus petit, valant 2 millions d’euros, sans réponse pour l’instant. Sans budget supplémentaire, il sera très difficile pour ces organismes de mettre leurs matériels à niveau, et donc de trouver des financements.

      Je vous approuve sur la nécessité de faire une pleine confiance aux laboratoires, chercheurs et organismes de recherche, sans passer par les appels à projets, dans la situation actuelle d’urgence. Comment leur donner très rapidement les moyens de résoudre leurs problèmes d’équipements ?

      Tout le monde avait entendu la colère de Bruno Canard le 5 mars 2020, dans un texte qu’Academia a reproduit (https://academia.hypotheses.org/20902). Directeur de recherche, spécialisé sur les virus à ARN dont font partie les coronavirus, il avait été empêché de poursuivre ses recherches, entre autres faute de matériel adapté. Depuis 2016, son équipe demande l’acquisition d’un cryomicroscope, dont la technologie révolutionnaire permet d’observer la structure des virus, notamment leur superficie3. Faute de vaccin, s’attaquer à l’enveloppe pourrait en effet affaiblir considérablement la virulence du Coronavirus et ainsi enrayer l’expansion du Covid-19. Depuis le début de l’épidémie, la demande de l’équipe de Bruno Canard n’a pas davantage reçu de soutien du ministère, ce qui préoccupe Pierre Ouzoulias.

      La réponse de la Ministre est lunaire.

      Sur le matériel microscopique d’abord :

      L’acquisition de matériels est bien sûr nécessaire, mais il faut beaucoup de temps pour fabriquer, tester et calibrer un cryomicroscope. Il faudra le faire, et cela est prévu dans la future LPPR. En l’occurrence, ce n’est pas l’urgence du moment, d’autant qu’il y a un cryomicroscope tout à fait utilisable au sein du Centre commun de microscopie appliquée (CCMA), dans mon ancienne université — je connais donc bien le sujet.

      On voit très bien que la technique de gouvernement, pour les microscopes de haute technologie, c’est comme pour les masques : DIY. Alors qu’il s’agit de matériel vendu par des entreprises spécialisées, Frédérique Vidal en appelle à la future LPPR, pour le « fabriquer, tester et calibrer ». Qui plus est, elle indique qu’on trouve déjà un cryomicroscope à l’Université de Nice-Côte d’Azur. Elle conclut : « Je connais donc bien le sujet ».

      On peut se demander si Frédérique Vidal connaît bien le sujet parce qu’elle est censée être biologiste de carrière ou, comme Ministre, suivre l’actualité scientifique — notamment les attributions de prix Nobel, et donc le prix Nobel de chimie de 2017, qui récompensait l’invention de la technologie qu’utilise le cryomicroscope — ou si elle connaît bien le sujet en tant que présidente de l’Université de Nice Sophia-Antipolis, position qui l’a conduite à suivre le dossier. Dossier qui ne concerne pas un cryomicroscope. À ces trois titres, l’incompétence est manifeste, à moins qu’il ne s’agisse plus simplement d’enfumage et de mensonge.

      Sur la politique de recherche scientifique, ensuite, Frédérique Vidal prend ensuite de la hauteur :

      Nous agissons dans deux directions différentes : le soutien immédiat et la préparation de l’avenir. Nous soutenons ainsi des programmes de recherche permettant de comprendre le fonctionnement du Covid-19 et d’augmenter la connaissance générale sur les coronavirus. Dans l’immédiat, l’urgence est au repositionnement de médicaments et de thérapies, aux essais cliniques et aux tests. Néanmoins, nous devons également accumuler des connaissances pour le long terme. Nous avons ainsi ouvert à travers l’ANR la possibilité de financer des projets à plus longue échéance.

      La ministre distingue donc la recherche médicale et la « connaissance générale sur les coronavirus », sans avoir l’air de comprendre que cette connaissance générale ou fondamentale peut justement apporter des savoirs tout à fait utiles pour enrayer l’épidémie. Et qu’il convient donc de financer de façon importante les équipes qui ont fait la preuve depuis plusieurs années de leur capacité et de leur volonté de contribuer à la lutte contre le COVID19. On peut légitimement se demander ce que cette femme fait à la tête d’un Ministère de la recherche, qui promeut les thèses en 180 secondes, mais pas les recherches fondamentales sur les enveloppes de virus responsables d’une pandémie majeure.

      On a trop négligé lors des trente dernières années l’accumulation de connaissances.

      Tout·e chercheur ou chercheuse digne de ce nom ne tentera même pas à faire l’herméneutique de l’assertion de la Ministre, puisqu’elle n’a aucun sens. Ce qui suit est d’autant plus intéressant.

      La LPPR aura pour objet d’y remédier dans tous les champs disciplinaires, et pas seulement pour la santé. Nous aurons besoin, par exemple, de programmes de recherche de sociologie et d’anthropologie afin d’analyser les comportements en période de confinement ou lorsque le virus, ayant quitté l’Europe, continuera de sévir sur d’autres continents. Les projets financés relèvent donc pour un tiers des sciences humaines et sociales, dont le rôle est de penser et comprendre ces phénomènes. Il faut à la fois gérer l’urgence et respecter le temps de la recherche.

      À la demande d’un cryomicroscope de 2 à 5 millions d’euros, la Ministre répond donc « quand, dans plusieurs années, le virus aura quitté l’Europe, mais qu’on pourra aller l’étudier ailleurs, il faudra financer des sciences humaines et sociales ». Toutefois, l’essentiel n’est pas le soutien inopiné aux SHS, mais bien dans l’excuse « LPPR » dont se drape la Ministre pour justifier le retard, le défaut de financement ou d’anticipation. La LPPR devient désormais un mantra, une incantation, pour rémédier, de façon magique et lointaine, à toutes les insuffisances actuelles de la politique scientifique du gouvernement.

      Il y a fort à parier que la représentation nationale ne sera pas dupe4.

      L’audition de la Ministre Vidal devant la Commission culture du Sénat est ainsi éclairante. Non seulement la Ministre ne comprend pas les grands équilibres du budget de son ministère — dont on comprend qu’ils sont supervisés par Bercy — à moins qu’elle ne les travestisse ; non seulement elle semble être devenue une femme scientifique incompétente sur les sujets qu’elle dit connaître ; mais elle semble parfaitement inapte à engager, en tant que ministre, une recherche d’urgence sur le coronavirus ou la gestion du COVID-19. Elle semble encore plus incapable de conduire une politique scientifique de long terme, comme elle en dit en avoir l’intention en agitant la LPPR. Reste à savoir comment le Sénat peut sanctionner mensonges, incompétence et politique de gribouille.

      Liens :

      - Commission de la culture, audition de Frédérique Vidal, Ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, 6 avril 2020 : http://www.senat.fr/basile/visio.do?id=c/compte-rendu-commissions/20200406/cult.html&idtable=/compte-rendu-commissions/20200406/cult.html&rch=gs&_c=ouzoulias&al=true

      - Covid-19 : Vidal se mélange les microscopes, par Sylvestre Huet, Sciences2, 8 avril 2020 : https://www.lemonde.fr/blog/huet/2020/04/08/covid19-vidal-se-melange-les-microscopes

      – Covid-19 : Vidal se mélange les microscopes (suite), par Sylvestre Huet, Sciences2, 8 avril 2020 : https://www.lemonde.fr/blog/huet/2020/04/09/le-covid-19-vidal-les-microscopes-et-macron-suite

      https://academia.hypotheses.org/22264

    • C’est certainement pas de l’incompétence car nous parlons ici d’une ministre qui a choisi comme conseillé personnel monsieur Frédéric Dardel : c’est à dire le mec qui gérait le centre des dons des corps dans lequel le personnel jouait au foot avec les têtes humaines avant de les revendre au pied de l’université et dont les corps porteurs de VIH et hépatite B et C étaient fournis aux étudiant·es en médecine sans qu’on les préviennent histoires qu’ils chopent le SIDA en TP de dissection avant de choper le covid au CHU.
      https://seenthis.net/messages/833635

  • Coronavirus is a death sentence for Palestinians caged in Gaza -

    Even a small outbreak among Gaza’s densely-packed, blockaded population would put an impossible strain on a healthcare system already teetering on the verge of collapse
    Shannon Maree Torrens
    Mar 12, 2020 4:06 PM

    https://www.haaretz.com/middle-east-news/.premium-coronavirus-in-gaza-a-death-sentence-for-caged-palestinians-1.8667

    Imagine two million human beings living in the space of just 365 square kilometers. One of the most densely populated places on Planet Earth, confined in a cage from which they cannot escape. These two million people cannot leave, even if they wanted to, without great difficulty.

    They must live their lives within the confines of this rapidly deteriorating area of land, some persisting in the hope that one day things may change, but many surviving with the realization and resignation that they very well may not. No matter their degree of optimism or pessimism, all are isolated from the rest of the world. We call this place the Gaza Strip, and it has been under blockade by Israel since 2007.

    It is now March 2020. The novel coronavirus, has become an issue of global concern. The disease it causes, COVID-19, has spread far from its origins in China. In a short space of time, coronavirus is seemingly everywhere. It moves as frequently as the planes and people who spread it back and forth across the world.

    As of 11 March, more than 118,000 people have been infected globally, almost 4,300 people have died and at least 114 countries/territories and areas are affected. The world buys masks and hand sanitizer. The World Health Organisation classifies novel coronavirus as a pandemic. People stock up on food. “What will happen to us?” the world says. “What if we get sick?”

  • Après Weinstein et Trump, c’est Polanski qui se plaint de subir “une chasse aux sorcières” : un summum de l’indécence.


    http://ellesaimentca.com/aucun-homme-na-subi-de-chasse-aux-sorcieres-jamais

    Un an avant #metoo, je faisais partie d’une association dans laquelle eurent lieu de nombreuses violences sexuelles. A cette époque où il était encore si difficile de prendre la parole, une des premières femmes ayant dénoncé les violences d’un membre avait eu l’incroyable courage de cherche de l’aide, notamment en en parlant publiquement. Suite à quoi elle avait été rejointe dans sa dénonciation par une deuxième victime, puis très rapidement une troisième etc.
    Je me rappelle qu’au moment où mes collègues avaient abordé le sujet, l’un d’entre eux avait dit “quand même, c’est bizarre toutes ces plaintes qui sortent d’un coup, j’ai un peu l’impression que maintenant qu’une femme le dénonce, toutes celles qui ont des récriminations en profitent pour s’acharner sur lui ! Il ne faudrait pas que ça tourne en une chasse aux sorcières ”*

    A cette époque, je n’avais pas fait le chemin que j’ai fait aujourd’hui sur le féminisme, et cela ne m’a pas choquée. Mais apparemment — encore une preuve que les oppressions sont instillés insidieusement — ça m’a quand même marquée, puisque lorsque ça a été mon tour de devoir dénoncer un abus sexuel dans le groupe, cette phrase m’est revenue en tête. En conséquence de quoi, au moment où j’ai pris la parole pour dénoncer mon agresseur, je n’ai pas osé rechercher la solidarité d’autres femmes, parce que j’ai eu peur qu’on m’accuse de “faire une chasse aux sorcières” et d’être “manipulatrice/vengeresse/hystérique/[insérer ici tout adjectif permettant d’invalider la colère légitime d’une femme]”.

    Depuis, chaque fois que j’ai vu ressurgir l’expression “chasse aux sorcières”, ce fut suite à des dénonciations de violences sexuelles.
    Et puis un jour, ça m’a frappée :
    Mais mais MAIS … d’où les HOMMES se font passer pour les sorcières ?

    #domination_masculine #révisionnisme #inversion_patriarcale #déni #cynisme #sorcières #femmes #violences_sexuelles #appropriation_culturelle #victimisation_des_agresseurs

  • #Chroniques_du_Monde_Normal (saison 2)
    https://tagrawlaineqqiqi.wordpress.com/2019/11/10/chroniques-du-monde-normal-saison-2

    Voilà quelques années que nous n’avions plus visité le Monde Normal mais pris de curiosité – ou de nostalgie – nos courageux observateurs y sont retournés ! Le Monde Normal a visiblement changé très vite, et toutes les petites choses qui nous dépassaient déjà se sont multipliées. Nous allons donc, ces prochains mois, remettre à jour […]

    #cynisme #voyage
    https://0.gravatar.com/avatar/fae7880a13ff373ef7ab14b76ec88027?s=96&d=identicon&r=G

  • Nucléaire : comment le gouvernement travaille en catimini à la construction de six nouveaux EPR
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/10/14/nucleaire-comment-le-gouvernement-travaille-en-catimini-a-la-construction-de

    Dans une lettre adressée au président d’EDF, le gouvernement donne une feuille de route précise conduisant à la construction de six réacteurs EPR sur les quinze prochaines années.

    Officiellement, rien n’est décidé : la France n’a pas décidé de construire – ou non – de nouveaux réacteurs EPR, et le débat est toujours ouvert. Le président de la République, Emmanuel Macron, a simplement demandé à EDF de présenter, mi-2021, un dossier complet, pour pouvoir prendre une décision sur ce sujet épineux.

    Pourtant, en coulisses, les choses avancent, et le gouvernement défend une option très claire. Dans une lettre envoyée au président d’EDF, le 12 septembre, que Le Monde a pu consulter, la ministre de la transition écologique et le ministre de l’économie, Elisabeth Borne et Bruno Le Maire, donnent une feuille de route précise à Jean-Bernard Lévy pour « être en mesure de répondre à l’exécution d’un programme de construction de trois paires de réacteurs sur trois sites distincts ». Et le courrier de détailler que la construction de chaque paire sera « espacée de quatre ans et les tranches au sein d’une même paire de dix-huit mois ».

    « Un état des lieux »

    Le courrier précise le calendrier imaginé par le gouvernement pour dessiner ce nouveau départ pour le nucléaire français : d’abord, mi-novembre 2019, « un état des lieux intégrant le retour d’expérience de la construction des premiers EPR ». Face aux difficultés du réacteur de troisième génération en cours de construction à Flamanville (Manche), le gouvernement stipule :

    Puis, dès la mi-décembre 2019, EDF devra fournir au gouvernement « une analyse des capacités de la filière », pour accomplir les nouveaux réacteurs. Ce travail devra être basé « sur une liste de conditions à réunir pour que la filière puisse garantir la tenue d’un tel programme dans les délais et les coûts impartis ». Le document doit être assez détaillé, puisqu’il devra regrouper « l’ensemble des besoins de la filière en contrats, investissements, recrutements, formations ou autres ».

    Enfin, en mars 2020, l’électricien devra communiquer « la liste des plans d’action de la filière lui permettant, pour chacune des compétences ciblées, d’atteindre le niveau requis ». Ils devront, « dans la mesure du possible, atteindre leur plein effet pour la mi-2021 ».
    Pourquoi se lancer dans une vague de constructions de six réacteurs alors que celui de Flamanville n’est toujours pas en mesure d’être connecté au réseau – et ne le sera pas avant 2023 ? La filière nucléaire estime qu’une construction en série est le seul moyen de faire baisser les coûts et de donner de la visibilité aux sous-traitants.

    « Aucune mise en doute »

    Contacté par Le Monde, le ministère de la transition écologique et solidaire déclare que « cette lettre de mission ne présage en rien les décisions qui pourraient être prises après mi-2021 » et assure que le fait de mentionner la construction de six réacteurs EPR est uniquement « une hypothèse de travail » – c’est pourtant la seule mentionnée dans le courrier adressé à M. Lévy. Chez EDF, on rappelle que ce courrier fait suite à une réunion qui s’est tenue à Matignon avant l’été, et que cette lettre « formalise ce qui y a été discuté ».

    Une démarche qui a de quoi indigner les opposants au nucléaire. « Le gouvernement a déjà pris sa décision : appuyer les projets de fuite en avant d’EDF, au mépris de la démocratie et de la majorité des citoyens, opposés à la construction de nouveaux réacteurs », estime Charlotte Mijeon du Réseau Sortir du nucléaire, qui interroge :

    Le courrier n’aborde pas de front la question, pourtant essentielle, du financement de ces nouveaux réacteurs.
    « Ce courrier est inquiétant : il donne le sentiment que des décisions ont déjà été prises », déplore la députée LRM Barbara Pompili, présidente de la commission du développement durable de l’Assemblée nationale, qui se dit « très surprise ».

    « C’est un quasi-engagement à faire trois paires d’EPR, s’étonne un très bon connaisseur du sujet. Cela n’était jamais allé aussi loin. Aucune mise en doute n’existe dans la rédaction. »
    Ce planning prévisionnel tranche avec les discours officiels chez EDF ou au gouvernement. En faisant l’annonce de la feuille de route énergétique de la France pour les dix prochaines années, en novembre 2018, Emmanuel Macron s’était bien gardé d’annoncer la construction de nouveaux réacteurs. Il avait remis cette décision à plus tard, en fixant une borne à la mi-2021, date à laquelle EDF devra présenter un dossier complet pour convaincre de sa capacité à construire des réacteurs dans les délais et dans le budget impartis.

    Une filière totalement déboussolée

    Cette date avait été choisie opportunément : le réacteur EPR de Flamanville 3 était censé avoir démarré quelques mois auparavant, ce qui aurait permis de s’appuyer sur cette expérience. Mais le scénario ne s’est pas déroulé comme prévu : des défauts sur des soudures situées à des endroits cruciaux ont obligé EDF, sous pression de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), à décaler le démarrage de Flamanville à 2023 et à revoir son coût à 12,4 milliards d’euros – contre 3,5 milliards à l’origine.

    La loi relative à l’énergie et au climat, votée en septembre, a repoussé à 2035 le moment où la France devra avoir un mix électrique composé à 50 % de nucléaire et à 50 % d’énergies renouvelables. D’ici là, l’Hexagone devra avoir fermé quatorze réacteurs nucléaires, et développé fortement l’éolien et le solaire – et l’ASN devra avoir autorisé la prolongation de la durée de vie des réacteurs actuels pour au moins dix ans.

    « Mais atteindre 50 % de nucléaire ne veut pas dire atteindre 0 % », souligne un conseiller ministériel. Autrement dit : pour tenir cet équilibre, il va falloir construire de nouveaux réacteurs, argumentent les dirigeants d’EDF. Le parc actuel a été construit dans les années 1980 et 1990 et ne sera pas éternel. Il fait face au risque de l’« effet falaise » : devoir fermer rapidement un grand nombre de réacteurs qui ne pourront plus être prolongés. Pour faire face à ces arrêts en cascade, la France devrait reprendre la construction de réacteurs dès 2021, selon une étude de la Société française d’énergie nucléaire.
    Un impératif pour une filière totalement déboussolée par les graves difficultés rencontrées sur le chantier de Flamanville ou dans les usines de Framatome, filiale d’EDF qui construit les principaux composants des réacteurs. Le président de l’ASN a déjà mis en garde à plusieurs reprises la filière, en soulignant les risques de la perte d’expérience et de l’affaiblissement des compétences. Cette difficulté est un enjeu majeur pour une filière qui emploie plus de 200 000 personnes et mène une intense campagne de lobbying auprès des pouvoirs publics pour reprendre la construction de réacteurs.

  • La Turquie au centre des questions migratoires

    Le plan de la Turquie est de créer dans le nord de la Syrie une vaste zone sécurisée pour renvoyer les réfugiés. Mais au-delà des obstacles politiques et militaires, un tel projet coûterait des milliards d’euros. Ankara fait donc pression sur les Européens pour qu’ils mettent la main au porte-monnaie.

    https://www.infomigrants.net/fr/post/19897/la-turquie-au-centre-des-questions-migratoires?ref=tw_i

    #safe_zones #zones_sures #réfugiés #réfugiés_syriens #Turquie #Syrie #renvois #expulsions #retour_au_pays #safe_zone #zone_sure

    ping @isskein

    • De zones sures, on en parlait déjà en 2016 :
      Turkey thanks Merkel for support of #safe_zones in Syria
      https://seenthis.net/messages/466387

      Mais on parlait aussi de leur inefficacité... comme l’ont démontré les exemples de l’#Irak et de la #Bosnie :
      Look back and learn : #Safe_zones in Iraq and Bosnia
      https://seenthis.net/messages/471070

      2021, #Kaboul, #Afghanistan :
      France, UK to propose safe zone for people leaving #Afghanistan, submit resolution at UN meeting : Emmanuel #Macron
      https://seenthis.net/messages/927759

    • La Turquie veut-elle rapatrier deux millions de réfugiés au Nord de la Syrie ?

      À plusieurs reprises, le président turc Recep Tayyip Erdogan a fait part de son souhait d’établir une zone de sûreté dans le Nord-Est du pays pour y réinstaller entre un et trois million de réfugiés syriens.

      Bonjour,

      Lors de son discours à la tribune des Nations Unies, le 24 septembre 2019, le président turc Recep Tayyip Erdogan a évoqué son plan pour l’établissement d’« un corridor de paix d’une profondeur de 30 kilomètres et d’une longueur de 480 kilomètres » dans le Nord-Est de la Syrie, où il souhaite « permettre l’installation de 2 millions de Syriens avec l’appui de la communauté internationale ». L’idée d’une zone de sûreté n’est pas neuve puisqu’elle est discutée entre la Turquie et les Etats-Unis depuis le mois de janvier 2019. Les 13 et 14 janvier, le président Donald Trump avait déjà twitté qu’il souhaitait créer une « safe zone de 20 miles », soit un peu plus de 30 kilomètres. Début août, les médias turcs et américains, comme le Washington Post, rapportaient deux pays ont convenu de coopérer à la création d’une « zone sûre » dans le nord de la Syrie.
      Erdogan souhaite rapatrier entre 1 et 3 millions de réfugiés syriens dans une « zone de sûreté » au Nord-Est de la Syrie

      Lors de son intervention à l’ONU (à partir de 15 minutes et 33 secondes dans la vidéo suivante, en anglais), ainsi que quelques jours plus tôt en Turquie, le président Erdogan a accentué sa volonté de mettre en place une telle zone de sécurité, en avançant qu’elle pourrait permettre la relocalisation d’un à trois millions de réfugiés syriens, selon la taille de la zone. Ainsi à New York, le chef d’État turc a exposé une carte, où l’on distingue la zone de sûreté planifiée, tout en détaillant : « Si cette zone de sûreté peut être déclarée, nous pouvons réinstaller en toute confiance entre 1 et 2 millions de réfugiés […] Les réfugiés peuvent être réinstallés en les sauvant de camps de tentes ou de camps de conteneurs. Nous pouvons prendre ensemble [avec les États-Unis, les forces de la coalition, la Russie et l’Iran] les mesures qui s’imposent pour aller de l’avant. Ce n’est pas un fardeau que nous pouvons supporter exclusivement en tant que République de Turquie. Nous devons prendre les mesures nécessaires dès que possible. Si nous pouvions étendre la profondeur de cette région jusqu’à la ligne Deir Ez-Zor, Raqqa, nous pourrions augmenter le nombre de Syriens jusqu’à 3 millions qui reviendront de Turquie, d’Europe et d’autres parties du monde vers leur patrie. Nous sommes très résolus dans la réalisation de ce programme et nous sommes impliqués dans les préparatifs nécessaires ».
      https://www.youtube.com/watch?v=Bve1yt0SEb4

      Selon les données du Haut-commissariat aux réfugiés des nations unies, plus de 3,6 millions de réfugiés syriens vivent actuellement en Turquie. Selon une étude préliminaire pour l’installation 1 million de réfugiés dans la zone tampon, qui a été partagée par Ankara avec d’autres pays lors du sommet de l’ONU en septembre et que le site américain Bloomberg a pu consulter, la Turquie souhaite construire des villages et des villes pour les réfugiés pour un coût estimé d’environ 26 milliards de dollars, qui seraient réglés par la communauté internationale.

      Cependant, la zone de sûreté souhaitée par Ankara et convenue avec Washington tarde à se concrétiser rapidement, puisqu’une telle aire nécessiterait de repousser vers le Sud les forces kurdes de l’YPG, alliées des Américains. Mercredi 2 octobre, d’Hulusi Akar, le ministre de la défense turque, faisant part de l’impatience d’Ankara, a déclaré que le « but ultime [de la Turquie] est de mettre fin à la présence terroriste du PKK, du PYD de l’YPG dans le nord de la Syrie, d’établir un corridor de paix et de faire en sorte que nos frères et sœurs syriens dans notre pays rentrent chez eux. »
      La position du Quai d’Orsay

      Contactée par CheckNews pour connaître la position de la France sur cette « zone de sûreté » souhaitée par la Turquie, une source diplomatique française au Quai d’Orsay répond que « des discussions sont en cours entre les États-Unis et la Turquie pour établir un mécanisme de sécurité frontalière. Nous souhaitons que ces discussions permettent d’apaiser les tensions sur la frontière syro-turque et d’éviter toute action unilatérale. Le retour des réfugiés syriens doit être sûr, digne et volontaire, conformément au droit international. Comme exprimé dans la déclaration conjointe des ministres des affaires étrangères du Small Group sur la Syrie du 26 septembre dernier, nous saluons les efforts remarquables des voisins de la Syrie qui accueillent sur leurs territoires la grande majorité des réfugiés syriens. Nous encourageons la communauté internationale à apporter une assistance humanitaire ainsi qu’un soutien financier à ces pays afin d’apporter une réponse collective à la crise des réfugiés syriens, jusqu’à ce que ces derniers puissent revenir volontairement dans leurs régions d’origine, dans la dignité et en sécurité. La France continuera d’œuvrer pour une solution politique crédible en Syrie, conforme à la résolution 2254 du Conseil de sécurité des Nations unies, pour que les conditions d’un tel retour soient réunies. »

      https://www.liberation.fr/checknews/2019/10/06/la-turquie-veut-elle-rapatrier-deux-millions-de-refugies-au-nord-de-la-sy

    • Turquie : Expulsion de Syriens vers leur pays en dépit des dangers

      Les autorités ont menacé, détenu et parfois battu des réfugiés syriens avant de les contraindre à retourner dans leur pays.

      Les autorités turques à Istanbul et à Antakya ont arbitrairement expulsé des dizaines de réfugiés syriens ou plus vers le nord de la Syrie entre janvier et septembre 2019, en dépit des combats qui se poursuivent dans ce pays, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Les Syriens expulsés ont déclaré que les autorités turques les avaient forcés à signer des formulaires qu’ils n’étaient pas autorisés à lire, et dans certains cas les ont parfois battus ou menacés, avant de les expulser vers la Syrie.

      Fin juillet, le ministre turc de l’Intérieur, Süleyman Soylu, avait nié que la Turquie ait « déporté » des Syriens, mais avait ajouté que toute personne qui le souhaitait pouvait « volontairement » rentrer en Syrie en bénéficiant de procédures lui permettant de retourner dans des « zones de sécurité » non spécifiées. Toutefois, les recherches de Human Rights Watch indiquent que la Turquie a illégalement expulsé des Syriens vers le gouvernorat d’Idlib, l’une des régions les plus dangereuses de Syrie. Les attaques de l’alliance militaire syro-russe ont tué au moins 1 089 civils dans cette région depuis le mois d’avril, selon l’ONU, y compris au moins 20 personnes lors d’une frappe aérienne menée le 16 août.

      « Les responsables turcs affirment que tous les Syriens qui rentrent dans leur pays sont heureux de le faire, mais ceci ne correspond pas à la réalité sur le terrain », a déclaré Gerry Simpson, directeur adjoint de la division Crises et Conflits à Human Rights Watch. « La Turquie a accueilli un nombre quatre fois plus élevé de Syriens que l’Union européenne, mais ne devrait toutefois pas les renvoyer vers une zone de guerre. »

      La Turquie est un État partie au Pacte international relatif aux droits civils et politiques et à la Convention européenne des droits de l’homme, qui interdisent les arrestations ou détentions arbitraires.

      La Turquie est également tenue de respecter le droit coutumier international du non-refoulement, qui interdit l’expulsion de personnes vers un pays où elles seraient exposées au risque de persécution, de torture ou d’autres mauvais traitements, ou de menace à leur vie.

      Communiqué complet en anglais :

      www.hrw.org/news/2019/10/25/turkey-syrians-being-deported-danger

      https://www.hrw.org/fr/news/2019/10/25/turquie-expulsion-de-syriens-vers-leur-pays-en-depit-des-dangers

    • Unbearable to hear Erdogan talking about « resettlement » syrians in zones they « cleared » in Syria and plea to all to help TK in this task. This has nothing to do with resettlement. It is returns to unsafe country in an area invaded by turkey where killings of Kurds occurred.

      source :
      https://twitter.com/AmandineBach/status/1206885923402780672

      –-> déclarations de Erdogan lors du Global Refugee Forum à Genève, décembre 2019 : https://www.unhcr.org/global-refugee-forum.html

    • Réfugiés syriens : non, il n’est pas encore temps de rentrer

      Les récents combats dans la province d’Idlib ont remis un coup de projecteur sur le calvaire des civils syriens. Neuf ans après le début de la guerre, on estime à plus de 6,6 millions le nombre de personnes déplacées à l’intérieur de la Syrie et à 5,6 millions celui des réfugiés syriens dans le monde. Autant d’exilés que d’aucuns aimeraient voir retourner dans leur foyer… L’activiste syro-britannique Leila al-Shami alerte ici sur le danger de la politique du retour dans un pays où la répression et la brutalité du régime n’ont jamais cessé.

      « Personne ne quitte son domicile volontairement, à moins que sa maison soit la bouche d’un requin. »
      (Warsan Shire, poétesse britannico-somalienne)

      *

      La traversée de Méditerranée est périlleuse. Rien qu’en 2018, 2 277 personnes sont ainsi mortes en tentant de rejoindre l’Europe [2].

      Ceux qui ont survécu au voyage ont dû faire face à un accueil mitigé. D’une part, l’afflux de réfugiés et de migrants en Europe (ainsi que dans d’autres pays du monde) offre des boucs émissaires parfaits aux classes dirigeantes incapables de régler leurs problèmes internes, tout en alimentant un climat de xénophobie et des sentiments nationalistes croissants. D’autre part, il existe des élans de solidarité, qui vont de l’organisation d’un accueil effectif aux manifestations scandant « Refugees welcome ». Ces efforts vitaux méritent d’être poursuivis. Mais la solidarité qui ne commence qu’aux frontières de l’Europe a ceci de problématique qu’elle ne se penche pas sur les raisons principales qui poussent les demandeurs d’asile à fuir leur pays.
      La moitié de la population syrienne chassée de chez elle

      Depuis 2011, date à laquelle l’État syrien a commencé sa guerre contre un soulèvement pro-démocratique, plus de la moitié de la population a été chassée de chez elle. Même si d’autres acteurs du conflit, parasites djihadistes ou forces d’opposition, ont eux aussi provoqué des déplacements, la responsabilité principale revient à la violence de l’État et de ses bailleurs de fonds étrangers [Russie, Iran, Hezbollah libanais [3] ]. Le régime a eu recours à d’incessants bombardements aériens des villes et à des arrestations massives d’opposants. De nombreux observateurs évoquent le chiffre d’un demi-million de morts [4] (selon un bilan qui date de plus de deux ans). Avec 27 % des logements et deux tiers des établissements scolaires et médicaux endommagés ou détruits, le pays est un champ de ruines. L’effondrement des services publics et de l’économie, qui ont plongé près de 80 % de la population dans la pauvreté, sont d’autres causes évidentes de déplacement.

      En dépit d’un consensus mondial croissant sur le fait que la guerre semble toucher à sa fin, les Syriens continuent de s’exiler pour sauver leur vie. Depuis décembre 2019, près d’un million de personnes [80 % sont des femmes et des enfants] ont fui la province d’Idlib face aux assauts incessants du régime et de la Russie pour reprendre l’enclave rebelle. Peu de possibilités de secours leur étaient offertes, car la frontière syro-turque est fermée. Ces réfugiés s’entassent donc dans des camps insalubres ou dorment en plein air. Avec l’inexistence des soins, une éventuelle propagation du coronavirus parmi les populations déplacées pourrait avoir des conséquences dévastatrices.
      Entre « crise » et arme migratoire

      Bien qu’en Europe, on évoque sans cesse la « crise migratoire », seuls 11,6 % des déplacés syriens se sont réfugiés sur le Vieux Continent. La plupart demeurent dans la région, accueillis en premier lieu dans les pays limitrophes, où ils sont de plus en plus considérés comme un problème. En Turquie, qui accueille plus de 3,6 millions de Syriens sur son sol (plus que tout autre pays), l’incitation au renvoi des immigrés a constitué un argument-clé lors des élections municipales de 2019. Sur les médias sociaux, des campagnes de désinformation ont répandu la haine et la division, provoquant rassemblements anti-syriens et attaques contre leurs commerces. En juillet dernier, des milliers de réfugiés syriens, légaux ou illégaux, dont des enfants, ont été arrêtés dans tout le pays – à Istanbul en particulier, la rafle a été massive. Ces exilés ont été contraints de signer des formulaires de rapatriement « volontaire » puis ont été expulsés vers le nord de la Syrie.

      Ces derniers mois, la Turquie a utilisé les réfugiés comme une arme, arguant du fait que l’Union européenne (UE) n’avait pas versé l’intégralité des paiements convenus pour les maintenir sur son territoire. Les autorités ont incité des milliers de personnes [majoritairement des Afghans, mais aussi des Irakiens, des Syriens, des Somaliens, etc.] à traverser sa frontière avec la Grèce, les plaçant dans une situation d’extrême précarité puisque la frontière était bouclée du côté grec. Amassés le long des barbelés, des réfugiés ont été maltraités par les gardes-frontières grecs, aspergés par des canons à eau et des gaz lacrymogènes [5]. L’UE a multiplié les réunions d’urgence pour faire face à cette « crise » et envisager de répondre aux demandes de la Turquie. C’est la menace de voir s’échouer sur les côtes européennes des milliers de cadavres basanés qui l’a poussée à « agir » – ce que les images quotidiennes d’enfants syriens pris au piège sous les décombres de leurs maisons détruites et les cris angoissés de leurs parents n’ont jamais réussi à faire.

      Parallèlement, l’hostilité grandit envers les réfugiés au Liban, où ils constituent aujourd’hui un tiers de la population, la plupart d’entre eux se trouvant dans une situation précaire sans résidence légale. Un décret gouvernemental a donné la priorité à l’emploi aux travailleurs libanais, ce qui a conduit au licenciement de nombreux Syriens. Les incitations au racisme se sont multipliées de la part de politiciens de premier plan qui décrivent les réfugiés comme une menace existentielle pour la stabilité et la prospérité du Liban et appellent à leur retour en Syrie, arguant que le pays est désormais « sûr ». Les camps de réfugiés ont fait l’objet de rafles. Manière de pousser les Syriens à rentrer chez eux… Selon Human Rights Watch, au Liban aussi des formulaires de rapatriement « volontaire » ont été utilisés pour mener des expulsions expéditives.
      Le mensonge d’un pays sûr et stable

      L’idée que la guerre touche à sa fin et que la Syrie est désormais un endroit « sûr » est une petite musique qui monte en puissance à mesure que l’empathie pour les souffrances des Syriens s’amenuise. L’un des principaux promoteurs de ce récit est le régime lui-même. En septembre 2018, le vice-premier ministre Walid Al-Mouallem a déclaré devant l’Assemblée générale des Nations unies que la « guerre contre le terrorisme » était « presque terminée », que la Syrie était « devenue plus sûre et plus stable » et que « les portes étaient ouvertes à tous les réfugiés syriens pour qu’ils rentrent volontairement et en toute sécurité ».

      Le régime utilise la question du retour comme un levier par lequel il espère obtenir des fonds pour la reconstruction du pays. Mais cet argent sera détourné par le régime pour « financer ses atrocités, œuvrer pour son propre intérêt, réprimer ceux qui sont perçus comme des opposants et profiter à ceux qui lui sont fidèles », s’alarme Human Rights Watch. En Europe, des groupes d’extrême droite ont également relayé le récit du retour post-guerre en toute sécurité. Après leurs visites à Damas, des politiciens allemands de l’AfD et des militants de la mouvance identitaire ont appelé au rapatriement des réfugiés syriens.
      Résister aux appels au retour

      Il faut résister à ces appels au retour. D’ores et déjà, des exilés sont contraints de rentrer en raison de la précarité et de l’hostilité qu’ils rencontrent dans les pays d’accueil ; dès leur arrivée en Syrie, certains sont enlevés de force par les services de sécurité. Le Réseau syrien des droits de l’homme (SNHR) rapporte qu’entre début 2014 et août 2019, 1 916 réfugiés, dont 219 enfants, ont été arrêtés à leur retour au pays. Parmi eux, on compte 638 disparus et 15 morts sous la torture.

      Par ailleurs, la guerre fait toujours rage dans certaines parties du pays et même celles qui ne subissent plus de bombardements quotidiens sont loin d’être « sûres et stables ».

      Une autre ONG, la Syrian Association for Citizens Dignity, a examiné la situation dans les zones anciennement tenues par l’opposition, mais repassées sous le contrôle du régime après des bombardements aveugles et une guerre de siège. Des « accords de réconciliation » avaient été conclus dans la plupart des cas sous les auspices de la Russie : les personnes affiliées à l’opposition se voyaient garantir la protection de leurs droits, pendant au moins six mois, y compris contre la persécution, et étaient exemptées d’enrôlement au sein des forces du régime.

      Ces garanties n’ont pas été respectées. De nombreux jeunes ont été incorporés de force dans les milices pro-Bachar et envoyés comme chair à canon sur les lignes de front, où ils ont été amenés à se battre contre d’anciens camarades. Les réfractaires ont été arrêtés, ont disparu ou ont été tués par les services de sécurité. Dans le viseur du régime : les membres de l’opposition armée et politique et leurs familles, les media activists et les travailleurs humanitaires [6].
      S’attaquer aux causes profondes

      Si l’UE considère toujours officiellement que la Syrie reste un pays peu sûr pour le retour des réfugiés, le climat européen se fait de plus en plus délétère pour ces derniers, comme pour les autres migrants. Les pays de l’Union ont mis en place des contrôles frontaliers plus stricts et des systèmes de quotas. Ils ont mis fin à leurs opérations de sauvetage en mer et tendent à criminaliser la solidarité. Les groupes d’extrême droite gagnent en puissance, cherchant à diaboliser les migrants comme une menace existentielle pour les Européens (blancs). Il est vital de continuer à résister à ces phénomènes afin que ceux qui fuient la guerre, la persécution et la pauvreté bénéficient d’un refuge et d’un soutien pour reconstruire leur vie dès leur arrivée en Europe.

      Alors que leur nombre reste relativement faible aujourd’hui, les réfugiés servent déjà de prétexte pour restreindre la liberté d’aller et venir, construire des murs et des frontières impénétrables, accroître les dispositifs sécuritaires de l’État et exploiter des divisions fondées sur la race, la religion ou l’origine nationale. Que se passera-t-il demain lorsque les effets du changement climatique et de l’effondrement écologique provoqueront de vastes mouvements de population à travers le monde ?

      La solidarité doit aussi s’attaquer aux causes profondes. Une pression accrue doit être exercée sur le régime syrien pour qu’il mette fin aux violations systématiques des droits humains, notamment les détentions arbitraires et le bombardement permanent des populations et des infrastructures civiles. Tous ceux qui ont commis des crimes de guerre doivent être mis face à leurs responsabilités. Il faut s’opposer aux appels au rapatriement des réfugiés, à moins qu’ils ne soient vraiment volontaires, sûrs et dignes – et contrôlés par des acteurs indépendants.

      Un moyen concret de solidarité est de soutenir les organisations de la société civile syrienne, qui tentent collectivement de mettre en lumière les souffrances de ceux qui ont été déplacés de force de leurs maisons. C’est l’objectif de la campagne intitulée #HalfofSyria [7], qui documente l’expérience du déplacement et les raisons pour lesquelles les Syriens craignent toujours de rentrer chez eux. Car au bout du compte, l’équation est simple : tant que les gens ne seront pas protégés des massacres dans leur propre pays, ils continueront à chercher la sécurité à l’étranger.

      http://cqfd-journal.org/Refugies-syriens-non-il-n-est-pas

      via @cqfd

  • When Big Tobacco Invoked Eric Garner to Fight a Menthol Cigarette Ban - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2019/07/14/nyregion/fur-menthol-bans-lobbyists.html

    Le cynisme sans fin des lobbies...

    With San Francisco banning menthol cigarettes last year, and the Food and Drug Administration considering a nationwide ban, it seemed like the time was ripe for New York to follow suit.

    Then Reynolds American, the tobacco giant, got to work. It enlisted the Rev. Al Sharpton and his group, the National Action Network, as well as the boss of the Manhattan Democratic Party, Keith L.T. Wright, a former 12-term assemblyman from Harlem, to fight the ban proposed by the City Council.

    In closed-door meetings with Council members in May, they argued that a ban would disproportionately affect black New Yorkers. They invoked Eric Garner, who was killed on Staten Island by police officers enforcing cigarette regulations, and suggested such encounters could increase if menthol cigarettes were to go underground.

    The bill has since been set aside.

    The effort to stop the menthol ban was centered on a longstanding but increasingly prominent and effective strategy for waging political warfare in New York: Deploy the concerns of black residents as a weapon to sway the Democrat-heavy Council toward a stance favored by corporate clients.

    #Lobby #Tabac #Eric_Garner #Cynisme #Public_relation

  • Trump Shrugs Off Khashoggi Killing by Ally Saudi Arabia - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2019/06/23/us/politics/trump-khashoggi-killing-saudi-arabia.html

    But in an interview with NBC’s “Meet the Press,” Mr. Trump said the episode had already been thoroughly investigated. He said the Middle East is “a vicious, hostile place” and noted that Saudi Arabia is an important trading partner with the United States.

    “I only say they spend $400 to $450 billion over a period of time, all money, all jobs, buying equipment,” the president told Chuck Todd, the show’s moderator. “I’m not like a fool that says, ‘We don’t want to do business with them.’ And by the way, if they don’t do business with us, you know what they do? They’ll do business with the Russians or with the Chinese.”

    #usa #trump #cynisme

  • Irresponsabilité de @pepsicofrance qui remplace ses bouteilles en carton par du #plastique. Morale 1) les multinationales ne s’intéressent qu’à leurs profits immédiats et se moquent de l’#avenir 2) il faut interdire le plastique jetable #pollution #cynisme https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/06/12/pepsico-passe-du-carton-au-plastique-pour-emballer-ses-jus-tropicana_5475211 …
    https://twitter.com/vslonskamalvaud/status/1139103677686435840

    Irresponsabilité de @pepsicofrance qui remplace ses bouteilles en carton par du #plastique. Morale 1) les multinationales ne s’intéressent qu’à leurs profits immédiats et se moquent de l’ #avenir 2) il faut interdire le plastique jetable #pollution #cynisme https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/06/12/pepsico-passe-du-carton-au-plastique-pour-emballer-ses-jus-tropicana_5475211

  • « L’obligation de travailler les dimanches relève de la fatalité » : des salariés de la grande distribution témoignent
    https://www.francetvinfo.fr/economie/entreprises/travail-le-dimanche/l-obligation-de-travailler-les-dimanches-releve-de-la-fatalite-des-sala

    « Dans ce genre de cas, les salariés vont souvent aux prud’hommes. Et ils gagnent puisque la grande distribution n’a jamais été dans les clous, explique Antoine. Mais c’est prévu : chaque magasin provisionne les sommes nécessaires. » En clair, les directions sortent à l’occasion le chéquier pour virer le personnel jugé indésirable, résume Antoine. La grève du 22 octobre 2016 contre le travail dominical à l’hypermarché Cora de Lempdes (Puy-de-Dôme) est ainsi restée gravée dans les mémoires des salariés auvergnats. « Ils se sont débarrassés de la plupart des grévistes, révèle une employée, par des ruptures conventionnelles ou des départs en formation. Quand il n’y a plus eu le budget, ils ont aussi procédé à des licenciements. Mais pas avec ce motif-là, bien sûr ».

    #cynisme #travail #dimanche

  • affordance.info : De l’ENA à l’ISF. Ou la fabrique de l’innommable.
    https://www.affordance.info/mon_weblog/2019/04/ena-isf-innommable.html
    https://www.affordance.info/.a/6a00d8341c622e53ef0240a47ede54200d-600wi

    J’allais écrire que j’étais sidéré mais la « sidération » est un mot qui a été vidé de son sens à force de se banaliser. Depuis un événement que j’identifie comme l’arrestation de Dominique Strauss-Kahn en 2011, en passant par l’attentat contre Charlie-Hebdo en 2015 et jusqu’au récent incendie de Notre-Dame en 2019, le mot « sidération », qui désigne quand même « l’anéantissement soudain des fonctions vitales, avec état de mort apparente, sous l’effet d’un violent choc émotionnel », est mis à tous les drames et à toutes les larmes, souvent accompagné du mot « état ». Notre état de sidération.

    Alors je vais tout de même l’employer, ce mot. Cette locution. Cet état de sidération. En lisant l’article du Parisien faisant état du projet de remplacer « l’ENA » par « l’ISF », j’ai été, une fois de plus, sidéré, dans un état de sidération. Et je me suis immédiatement souvenu - parce que nous sommes la start-up nation - de ce que Bernard Stiegler racontait à propos de la « disruption », expliquant pourquoi et comment c’était avant tout une stratégie de tétanisation de l’adversaire et ce qui faisait « que vous arriviez toujours trop tard ». La disruption expliquait encore Stiegler, ce sont « des stratégies pour prendre de vitesse ses compétiteurs et ses régulateurs. »

  • Purdue’s Sackler family fights ’inflammatory’ Massachusetts opioid case | Reuters
    https://www.reuters.com/article/usa-opioids-litigation/purdues-sackler-family-fights-inflammatory-massachusetts-opioid-case-idUSL1

    La nouvelle bataille juridique des Sackler : expliquer qu’ils étaient juste les crétins utiles de Purdue Pharma votant les budgets.

    BOSTON, April 2 (Reuters) - Members of the Sackler family behind OxyContin maker Purdue Pharma LP have asked a judge to toss a lawsuit by Massachusetts’ attorney general claiming they helped fuel the U.S. opioid epidemic, arguing it contains “misleading and inflammatory allegations.”

    The wealthy family in a motion on Monday argued that Massachusetts Attorney General Maura Healey, who brought the suit, had mischaracterized internal records to create the “false impression” they personally directed privately-held Purdue’s marketing of painkillers.

    Her lawsuit, filed in June in Suffolk County Superior Court and revised earlier this year to include new allegations, was the first by a state to try to hold Sackler family members personally responsible for contributing to the opioid epidemic.

    The case is among roughly 2,000 lawsuits filed by state and local governments seeking to hold Purdue and other pharmaceutical companies responsible for the U.S. opioid crisis.

    Opioids were involved in a record 47,600 overdose deaths in 2017 in the United States, according to the U.S. Centers for Disease Control and Prevention.

    Healey’s complaint cites records to argue that family members, including Purdue’s former President Richard Sackler, personally directed deceptive opioid marketing while making $4.2 billion from Purdue from 2008 to 2016.

    They did so even after Purdue and three executives in 2007 pleaded guilty to federal charges related to the misbranding of OxyContin and agreed to pay a total of $634.5 million in penalties, the lawsuit said.

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    But in their motion, the Sacklers said nothing in the complaint supports allegations they personally took part in efforts to mislead doctors and the public about the benefits and addictive risks of opioids.

    They said their role was limited to that of typical corporate board members who participated in “routine” votes to ratify the management’s staffing and budget proposals.

    “Not a single document shows an individual director engaging in any unlawful conduct regarding the sale of prescription opioids or ordering anyone else to do so,” the Sacklers’ lawyers wrote.

    Healey’s office had no comment.

    At least 35 states have cases pending against Purdue. A handful have also named Sackler family members as defendants, including Richard Sackler, Theresa Sackler and Mortimer D.A. Sackler.

    Last week, Purdue reached its first settlement in the recent wave of lawsuits, agreeing with the Sacklers to a $270 million deal with Oklahoma’s attorney general. The Sacklers were not named as defendants in Oklahoma’s lawsuit.

    Purdue had been exploring filing for bankruptcy before the accord’s announcement, Reuters reported in early March. (Reporting by Nate Raymond in Boston Editing by Noeleen Walder and Tom Brown)

    #Opioides #Sackler #Cynisme

  • « C’est un scandale auquel il faut mettre fin » : la Fondation Abbé Pierre dénonce la reprise des #expulsions après la #trêve_hivernale
    https://www.francetvinfo.fr/economie/immobilier/immobilier-indigne/c-est-un-scandale-auquel-il-faut-mettre-fin-la-fondation-abbe-pierre-pr

    Sur un paillasson de 12 mètres carrés, déroulé devant le ministère en charge du Logement, dans le 7e arrondissement de Paris, on peut lire un slogan : « Bienvenue à la rue ». L’objectif est d’attirer l’attention sur l’augmentation de 46% du nombre d’expulsions en dix ans, d’après les chiffres de la fondation. « C’est un scandale auquel il faut mettre fin », affirme Manuel Domergue, directeur des études au sein de l’association. Il assure que 125 000 décisions d’expulsion sont prises par la justice chaque année et que l’association a aidé 14 000 ménages menacés en dix ans. La fondation demande « un plan d’urgence pour éviter ces expulsions locatives ».

    • En aparté, je connaissais une vieille dame en banlieue parisienne qui a légué sa maison à Emmaüs. Elle est décédée il y a 20 ans, la maison est toujours sans occupant et la glycine a envahit le jardin.
      Et je n’aime pas du tout ce #cynisme titré sur le paillasson.

    • Margin call : survivre à Wall Street - Interviews (VOST)
      https://www.youtube.com/watch?v=0vS_z2YSLf0


      Margin call : survivre à Wall Street - Sortie le 2 mai 2012

      Un film de J. C. Chandor Avec Kevin Spacey, Paul Bettany, Jeremy Irons

      L’histoire de Margin call : survivre à Wall Street Pour survivre à Wall Street, sois le premier, le meilleur ou triche. La dernière nuit d’une équipe de traders, avant le crash. Pour sauver leur peau, un seul moyen : ruiner les autres...

    • Grosse nausée quand il cite extasié l’encyclique sur l’environnement :

      « Il y a une même logique entre le viol des enfants, l’abandon des vieillards et l’idéologie du marché qui nous sauverait de la question écologique. »

      « Avec les petits enfants ça marche pas trop bien en ce moment », lui rétorque très finaud son pote journaliste.

      Giraud est jésuite. Et il prétend qu’il ne savait rien, qu’il découvre le problème de la pédophilie dans l’Église catholique. Alors qu’il vient de reconnaître par ailleurs sans ciller que oui bien sûr, la banque du Vatican a blanchi l’argent de la mafia mais qu’on ne l’y reprendrait plus, promis, c’est le pape qui l’a dit.

      Après avoir expliqué en long et en large que tout est lié, encyclique à l’appui, en l’occurrence il faudrait « distinguer ».

      Brillante démonstration qu’ils font eux-mêmes partie du problème et pas de la solution. Tu m’étonnes qu’il essaie pour finir de se faire passer pour un allié. Sur le fond c’est le salut par la foi, l’amendement personnel et la soumission : du Rabbhi technocrate.

      #jésuitisme #cynisme #alliés

  • À #Paris, les migrants jouent à la #loterie leur place dans un centre d’accueil

    Dans un centre d’accueil de jour parisien, les places sont désormais jouées à la loterie. L’association #France_Horizon se désole de devoir faire face à beaucoup plus de demandes qu’elle ne peut en proposer. Les travailleurs sociaux organisent donc un #tirage_au_sort tous les matins à 9 heures.

    https://www.franceinter.fr/societe/une-place-au-chaud-jouee-a-la-loterie-pour-des-migrants-a-paris
    #France #hébergement #logement #it_has_begun #chance (ou pas) #cynisme #asile #migrations #réfugiés
    ping @reka

  • Military panel held to debate gender balance in the Armed Forces fails to include women


    –-> cherchez l’erreur !

    https://www.telegraph.co.uk/news/2018/12/11/military-panel-held-debate-gender-balance-armed-forces-fails/?WT.mc_id=tmg_share_tw
    #genre #femmes #hommes #armée #non-mixité #hypocrisie #photographie #bullshit

    D’autres mots-clé ?
    Je sais qu’il y a pas mal d’exemples sur seenthis de ce genre de post, mais je ne trouve pas les bons mots-clé...

    @mad_meg et @aude_v : une idée ?