• Aegean deaths: Mitarachis misleads Greek public

    As Greece’s Migration Minister Notis Mitarachis once again abuses his position by misinforming the Greek public – this time about people dying in the Aegean Sea – it is reasonable to demand that, whether he is lying or not, he must take his post seriously, and improve his performance, or resign.

    https://www.koraki.org/post/aegean-deaths-mitarachis-misleads-greek-public
    #décès #morts #mourir_aux_frontières #frontières #asile #migrations #chiffres #statistiques #Mer_Egée #Grèce #morts_aux_frontières

  • #Melilla, le lieu d’un #massacre#Lettre_ouverte aux députés européens

    « Nous avons passé un cap. Le massacre est sous nos yeux. Les #morts s’amoncèlent. Et il semble que ça ne compte pas. » Après les exactions de Melilla, le collectif « J’accueille l’étranger » interpelle les député·es européen·nes avec force : « Prononcez-vous fermement pour une toute autre politique d’immigration » !

    Le vendredi 24 juin 2022, à peu près deux mille personnes, depuis des jours et des jours harcelées dans les forêts autour de Gourougou par la police et la gendarmerie marocaines, ont décidé de s’organiser pour « frapper » la barrière.

    Ce n’est pas une chose nouvelle.

    Depuis qu’il y a des #barrières, il y a des gens pour les « frapper », c’est à dire pour les franchir.
    Avec ce qu’il faut pour s’accrocher et passer de l’autre côté.
    Sans l’aide de « mafias », comme on l’a suggéré ici et là, comme si cela dédouanait de toute culpabilité les Etats.
    Cherchant sa vie et ses droits, celui notamment de fuir un territoire non protecteur ou en guerre et de demander l’asile.
    Et surtout, sans menacer l’intégrité territoriale de l’Espagne, ou de l’Europe.
    L’#intégrité_territoriale de l’Espagne : le premier ministre espagnol l’évoquait déjà au moment où le Maroc laissait entrer dans les enclaves espagnoles les jeunes Marocains dont il se servait pour effrayer l’Espagne et avec elle, l’Europe. L’intégrité territoriale, c’est aussi une des questions posée lors du congrès de l’OTAN à Madrid, ce mercredi 29 juin.

    C’est une nouvelle manière de communiquer.

    La convention de Genève, qu’en France la campagne électorale a attaquée aussi, semble bien loin.
    Personne n’est en guerre contre l’Europe à la frontière sud. Le Sahel souffre de crises diverses, provoquées par la sécheresse et les changements climatiques dévastateurs. Mais le Sahel n’est pas en guerre contre l’Espagne, ni contre l’Europe.
    L’Union Européenne, avec l’aide des pays tiers, protège ses frontières.
    Que ce désir de protection-là soit une fuite en avant sans imagination et sans avenir, cela a été parfaitement argumenté.

    Que l’Union Européenne soumette les pays européens à la volonté ou au caprice des pays tiers dont elle fait ses gendarmes, cela connaît des précédents.

    Que le prix de ce désir de protection, sans imagination, sans avenir, dangereux et contreproductif, soit l’acceptation de milliers de morts, oubliés chaque année dans les déserts, au fond des mers et de l’océan, cela a été largement documenté.

    Hélas, pas assez, et pour cause : il s’agit justement de #disparitions.
    Nous, citoyens européens, qui accueillons quand l’Etat et/ou les départements ne le font pas, nous qui connaissons les jeunes qui viennent ici chercher leur vie, poussés par un élan qui ne s’analyse pas mais qui est celui de la survie, nous qui avons vu l’Europe changer, criminaliser de plus en plus l’immigration et empêcher l’asile, contrôler ses frontières extérieures puis ses frontières intérieures, créer des hot-spot, externaliser le contrôle, agir en #complicité avec les garde côtes libyens, refuser des ports aux bateaux chargés de rescapés, durcir les conditions de régularisation sur les territoires européens, nous gardions un espoir.

    Nous pensions : si les gens voyaient ce qu’on ne voit jamais, ces milliers de personnes, chaque année, disparues dans la mer et l’océan, ils se soulèveraient.
    Comment accepter, les yeux ouverts, la mort brutale et organisée de jeunes gens qui sont des frères, des pères, des fils, de jeunes gens qui sont aimés et attendus par des pères et des mères, des frères et des soeurs, des fils et des filles ?
    Nous avons passé un cap.
    Le massacre est sous nos yeux.
    Les morts s’amoncèlent.
    Et il semble que ça ne compte pas.
    Le gouvernement espagnol se déshonore en félicitant le Maroc.
    Puis en accusant les #mafias.
    Les autres gouvernements restent muets.
    En France, l’événement majeur est un entrefilet dans la revue de presse internationale, cinq jours après.
    En France, qui est partie prenante du massacre, puisque plus haut, à sa frontière, les policiers et gendarmes empêchent tout accès à son territoire, ce qui a provoqué, en un an, la mort de neuf jeunes gens, tous pour toujours pleurés par leurs pères, mères, frères et soeurs.
    Les collectifs que nous sommes s’étranglent de colère et de chagrin impuissant.
    Selon les témoins communautaires sur place, les corps sont dans trois hôpitaux. L’hôpital Hassan II de Nador, l’hôpital de Berkane, et un autre encore.
    Des chiffres circulent.
    136 morts ici, 64 là.

    Ces chiffres sont à confirmer : les responsables communautaires n’ont pas pu entrer dans les hôpitaux.
    Les journalistes ne le peuvent pas non plus.

    Mais les images et les récits en rendent le nombre avancé probable. Même si l’Europe y répond par des chiffres inférieurs, tout aussi variables. 5, 27, 45, 70 selon les médias et des témoins. Ce peu de certitude, ce peu de diligence pour enquêter immédiatement sur le nombre de morts, sur leur identité, comme le demande fermement le GISTI, ce flou entretenu, prouve à quel point le mal est fait. À quel point 5 ou 27 ou 136 ou 200, c’est du pareil au même, et à quel point, comme le dit l’archevêque émérite de Tanger, Santiago Agrelo Martínez, ce ne sont que des pauvres qui meurent : ne cherche pas à savoir combien, ne cherche pas à savoir comment.
    On voit les corps, on voit même qu’on creuse des trous dans la terre pour vite y enfouir les corps, ce qui ne veut pas dire enterrer. Frères, pères, fils de personne. Personne ne saura où leur vie s’est arrêtée. C’est l’idée d’une civilisation qui s’échoue. Elle le fait dans les eaux de la Méditerranée et de l’Atlantique, qui sont aveugles, presque jour après jour. Elle s’échoue ici, bien en vue.
    On voit, donc.
    On voit.
    Et il semble que ça ne compte pas.

    D’ailleurs, qui montre ?
    L’association pour les droits humains au Maroc, section Nador a filmé les violences, malgré les risques : on apprend, le 27 juin qu’un journaliste de El Pais est en garde à vue pour avoir voulu se rendre au cimetière.

    Quoi qu’il en soit, les policiers ont filmé, eux aussi.
    Dans leur montage, il y a un sens du suspens, on la voit de haut, de loin, cette petite foule, courant, bâtons en main, vers la barrière.

    Pour quelle raison les militaires et les policiers marocains ont-ils filmé les violences déshumanisantes, jusqu’au meurtre, dont ils se sont rendus coupables ?
    Cette question sans réponse jusque là, à peine posée, mériterait une enquête, elle aussi.
    Une image est destinée.

    À qui ? Et à quoi ?

    Une sorte d’avertissement ? Voici de quoi nous sommes capables ? Le sentiment du travail accompli ? Après tout, Pedro Sanchez l’a eu, ce sentiment, quand il a pris la parole tout de suite après le massacre. Et les policiers espagnols ont collaboré, se racontant, sans doute, dura lex sed lex, qu’il faut bien se salir les mains, que ce sont les ordres, qu’après tout les Européens votent, et qu’ici, on ne fait pas de politique. Dans une ignorance totale des traités internationaux, des droits fondamentaux, devenant violents sans le voir venir. La #banalité_du_mal hélas n’est pas réservée à un temps et un lieu.
    Mais de fait, sur la route migratoire, qu’on meure invisibles ou très visibles, on meurt toujours en silence - on disparaît.
    Et on meurt instrumentalisés.

    Nous savons très bien que les gens qui ont tenté de franchir la barrière de Melilla, cherchant à sauver leur vie comme nos enfants le feront dans quelques années, quand ils ne pourront pas supporter les 45 degrés de leur été qui durera six mois et fuiront la destruction de leur environnement, ne menacent l’intégrité de personne et au contraire, trouveront du travail dans les chantier et les champs d’une Europe en manque de main d’oeuvre. Nous savons très bien que les responsables de ces assassinats ne sont pas les réseaux de passeurs. #Nous_savons très bien que l’Europe a fait jusqu’à présent aux ressortissants des pays dont elle exploite les ressources, une #guerre_invisible. Le 24 juin, la guerre s’est exposée. Nous devons réagir à la hauteur de l’événement.

    Que l’#image serve au moins à prendre acte que la #violence_radicale est inévitable quand il s’agit de fermer radicalement une frontière, et que cela risque, à force, de ne plus secouer personne d’#indignation.

    C’est une course contre la montre que vous devez gagner. Pensant à l’Histoire telle qu’elle s’écrira au futur. Vous savez que devant elle, l’Histoire, et devant ce futur, nous avons raison. Vous aussi vous auriez préféré qu’en octobre 1961, la police française n’obéisse pas aux ordres et qu’elle ne jette pas en Seine des manifestants algériens pacifiques, ou qu’elle ne reçoive pas ses ordres-là. Qu’au mois de juillet 1942, elle n’obéisse pas aux #ordres, ou ne reçoive pas ses ordres-là qui ont permis l’envoi à la mort des juifs vivant en France.

    Il en est peut-être encore temps : lisez les nombreuses analyses que les spécialistes des circulations ont proposées, prononcez-vous fermement pour une toute autre politique d’immigration, grâce à laquelle des continents pourront à l’avenir se respecter, engagez-vous à faire preuve d’inventivité et d’imagination, loin de toutes les idéologies de la peur qui ont, hélas, en Europe, le vent en poupe.

    https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/050722/melilla-le-lieu-d-un-massacre-lettre-ouverte-aux-deputes-europeens

    #tribune #responsabilité #migrations #asile #réfugiés #frontières #barrières_frontalières #murs #décès #Espagne #Maroc #responsabilité

    via @isskein

  • Course poursuite entre #Sospel et #Nice : la personne blessée par le tir d’un policier est décédée (16 juin 2022)

    Une personne est décédée jeudi 16 juin après avoir été atteinte par le tir d’un policier qui a tenté de stopper la fourgonnette avec laquelle des passeurs venaient de forcer un barrage depuis l’Italie, quatre autres migrants à leur bord.

    (#paywall)
    https://www.nicematin.com/faits-divers/course-poursuite-entre-sospel-et-nice-la-personne-blessee-par-le-tir-dun-

    #Italie #France #frontière_sud-alpine #migrations #réfugiés #frontières #décès #mort #mourir_aux_frontières #Vintimille

    #Omar_El-Khoury #Omar_Elkhouli
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    ajouté au fil de discussion sur les morts à la frontière de Vintimille :
    https://seenthis.net/messages/784767

    lui-même ajouté à la métaliste sur les morts aux frontières alpines :
    https://seenthis.net/messages/758646

    • Nice : un migrant blessé par #balles lors d’une #course_poursuite de 40 kilomètres avec la police

      Le conducteur du fourgon qui transportait les deux migrants blessés cette nuit lors d’une poursuite avec la police, est en fuite ainsi que deux autres passagers.

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      Précision : dans une précédente version de cet article, nous indiquions que deux migrants avaient été blessés par balles. Mais, si les deux ont été pris en charge, seul un migrant a été touché par les tirs, l’autre a été victime d’un malaise.
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      Une personne a été blessée par balles dans la nuit du mardi 14 au mercredi 15 juin à l’issue d’une course poursuite avec la #police à Nice dans le quartier des #Moulins (Alpes-Maritimes), selon une source policière révélée par franceinfo. Touchée à la tête, elle est hospitalisée dans un état grave, précise le procureur de la République de Nice dans un communiqué.

      Il s’agit d’un migrant âgé de 35 ans et de nationalité égyptienne. Il faisait partie des passagers d’une camionette frigorifique qui a foncé sur des policiers. Avec lui, quatre autres migrants ont été interpellés. L’un d’eux a été pris en charge également, victime d’un malaise, selon des précisions apportées par France Bleu Azur. L’IGPN est saisie, a-t-on appris de source judiciaire. Trois hommes, dont le conducteur, sont en fuite.

      Selon les informations de franceinfo, tout a commencé vers deux heures du matin, lors d’une opération conjointe de police franco-italienne à la frontière sur la commune de Sospel (Alpes-Maritimes) à la frontière italienne. Le fourgon transportait cinq migrants, plus trois personnes dont le conducteur, a-t-on appris de source judiciaire. Le véhicule a d’abord refusé d’obtempérer au contrôle de la police. Une course poursuite de 40 kilomètres s’est alors engagée jusqu’à Nice, au quartier des Moulins.

      La police a tiré sur le véhicule qui les chargeait

      Le fourgon s’est arrêté avant de redémarrer et a foncé sur les policiers de la #police_aux_frontières (#PAF). Ces derniers ont fait usage de leurs #armes et ont tiré à quatre reprises. Deux personnes, des migrants, à bord du véhicule ont été blessés, l’une grièvement par balles, l’autre prise d’un malaise. Le conducteur et deux autres passagers ont réussi à s’enfuir, laissant sur place les cinq migrants.

      https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/migrants/info-franceinfo-nice-deux-migrants-blesses-par-balles-lors-d-une-course

    • La véritable histoire d’#Omar_Elkhouli, tué par un #tir policier à la frontière italienne

      Cet Égyptien a été tué par balle mi-juin après une course-poursuite entre les policiers et la camionnette où il se trouvait, avec d’autres sans-papiers. Présenté comme un « migrant », il vivait en fait en France depuis 13 ans, et s’était rendu en Italie pour tenter d’obtenir une carte de séjour.

      L’histoire d’Omar Elkhouli est emblématique de la violence aux frontières et des risques encourus par les exilé·es qui tentent d’éviter les contrôles de police. Elle est aussi symptomatique des difficultés administratives que rencontrent les étrangères et étrangers en France, en préfecture, pour obtenir des papiers.

      « Omar vivait en France depuis 13 ans », souffle Mohamed, installé dans le salon de sa maison à Carrières-sur-Seine (Yvelines). Il le connaissait à peine, mais c’est lui qui a dû rechercher les proches d’Omar en Égypte, afin de leur apprendre la nouvelle de son décès.

      Âgé de 35 ans, Omar Elkhouli a été blessé par balle à la tête dans la nuit du 14 au 15 juin, à la frontière franco-italienne, alors qu’il se trouvait dans une camionnette conduite par des passeurs. Le véhicule a d’abord été pris en chasse par la police italienne, puis par la police aux frontières (PAF) française, qui a ouvert le feu.

      Omar Elkhouli est mort mercredi 15 juin en fin de journée. « Le migrant égyptien est décédé », titrent alors des médias français. Personne n’imagine qu’il était en réalité établi en France depuis de longues années, et n’aspirait, ce soir-là, qu’à rentrer chez lui.

      « On était juste allés en Italie pour tenter d’avoir une carte de séjour », expliquent Momein et Elmatwely, deux passagers de la fourgonnette, rencontrés par Mediapart au domicile de Mohamed le 26 juin.

      « On leur rend la vie tellement impossible ici que même quand ils ont des années de présence en France, qu’ils travaillent et qu’ils ont des promesses d’embauche sérieuses, ils se retrouvent à faire appel à des entremetteurs qui proposent de leur faire des documents par le biais de trafics », surenchérit Mohamed en extirpant un épais dossier du buffet.

      Depuis 2018, Mohamed regroupe tous les documents permettant de prouver la présence de Momein en France, en vue de déposer une demande de régularisation auprès de la préfecture de Seine-Saint-Denis. « Je suis insomniaque, je me lève presque toutes les nuits pour tenter de lui trouver un rendez-vous pour le dépôt du dossier, mais il n’y en a jamais », dit-il, conscient de ce que son pays inflige aux personnes étrangères.

      Momein et Mohamed se sont rencontrés en 2016, alors que le premier réalisait des travaux chez la sœur du second – beaucoup d’exilés égyptiens travaillent dans le BTP. « On a tout de suite sympathisé, il est devenu un ami. » Un jour, Momein lui explique vouloir aller en Italie avec son ami Omar, pour rencontrer un intermédiaire, qui fournit de faux documents aux sans-papiers, afin de leur permettre d’obtenir une carte de séjour italienne.

      Mohamed les aide à acheter leur billet de train de Paris à Milan, et suit leur trajet « en direct », pour être certain que tout se passe bien. « J’ai encore le billet d’Omar dans nos échanges WhatsApp », glisse-t-il avant de cliquer sur sa photo de profil. « Il était si jeune. » Momein et Omar prennent le train samedi 11 juin au matin et parviennent à déposer leur dossier en préfecture en Italie, grâce au dossier monté par le trafiquant.
      Un rabatteur et une plongée en enfer

      Lorsqu’ils veulent rentrer en France, mardi 14 juin, où plusieurs chantiers en cours les attendent, il n’y a plus de train pour Paris depuis Vintimille. Ils sont approchés par un rabatteur, qui propose de les aider à traverser la frontière. « Il nous a dit qu’il y avait la police à la gare et que c’était risqué de rester là. On s’est dit que c’était une solution », raconte Momein, qui enchaîne les allers-retours au jardin pour griller une cigarette. « Il ne fumait que très occasionnellement avant, commente Mohamed en le voyant se lever. Mais depuis son retour, il n’arrête pas. »

      Le rabatteur trouve Elmatwely, le troisième passager égyptien, marchant sur le bord de la route tout près de la gare. Ce dernier venait d’arriver à Vintimille, il était minuit passé. « Il m’a dit qu’il y avait deux autres Égyptiens pour me mettre en confiance. Je connais bien cette frontière pour l’avoir passée plusieurs fois. Je savais que je risquais un contrôle », raconte-t-il à Mediapart.

      Elmatwely, qui s’était rendu en Italie pour renouveler son titre de séjour expiré, avait déjà été arrêté à deux reprises à la gare, et ramené en Italie. Cette fois, il marche 500 mètres avec Momein et Omar pour rejoindre un parking, où trois passeurs et un camion frigorifique les attendaient.

      « On a donné 50 euros chacun au rabatteur, et les passeurs nous ont dit qu’on les paierait 200 euros à notre arrivée à Nice », poursuit Momein.

      Le camion démarre aux alentours de 0 h 50 et s’arrête peu de temps après, sans doute pour faire le plein d’essence, présument les deux rescapés. « La police française nous a montré une vidéo où l’on voit les trois passeurs à une station essence », précise Momein. Leur dialecte lui laisse penser qu’ils sont algériens, ce que Mediapart n’a pas pu confirmer auprès du parquet de Nice. « Ils étaient jeunes. Pas plus de 30 ans. »

      Les sirènes de la police italienne retentissent 15 minutes après leur départ. Deux Algériens sont aussi à l’arrière du véhicule, parmi les passagers clandestins.

      « On demandait aux passeurs de s’arrêter mais ils accéléraient. Ils prenaient des virages serrés, on se cognait les uns contre les autres. À un moment donné, c’était tellement agité qu’Omar s’est retrouvé à ma place [à l’arrière droite du camion] et moi à la sienne », se remémore Momein.

      La scène dure environ 45 minutes. La police italienne a-t-elle ouvert le feu ? Momein et Elmatwely ne parviennent pas à se mettre d’accord. « Non », dit l’un. « Si, rétorque l’autre, mais ils visaient le châssis de la voiture. » C’est plus tard, durant la course-poursuite avec la PAF qu’Omar reçoit une balle à l’arrière de la tête.

      « Si on n’avait pas été bousculés à l’arrière, c’est moi qui l’aurais reçue », soupire Momein, la mâchoire serrée. Pour stopper l’hémorragie, ce dernier retire sa veste et appuie sur la plaie autant qu’il le peut. Mais Omar perd trop de sang.

      « Omar était encore conscient et priait Dieu », assure Elmatwely en mimant son geste. « Mais il y avait tellement de sang… », ajoute Momein, qui s’arrête brusquement de parler pour ravaler des larmes.

      Malgré leurs supplications, les passeurs refusent de s’arrêter. « On frappait sur la paroi de séparation en hurlant que l’un de nous était blessé à la tête, mais ils continuaient à accélérer. Un des passagers algériens a même appelé le rabatteur au téléphone pour qu’il dise au conducteur de s’arrêter. On a tous cru qu’on allait mourir. »

      « Il s’agissait d’un fourgon frigorifique, il n’y avait donc pas de fenêtres ou de portes à l’arrière pour permettre aux migrants de s’échapper », complète Me Zia Oloumi, leur avocat, qui s’est battu pour obtenir leur libération, une fois le cauchemar terminé.

      À leur arrivée à Nice, vers 2 heures du matin, plusieurs véhicules de police les attendent. Les passeurs « s’évaporent dans la cité », qu’ils semblaient « bien connaître », selon Elmatwely. Une fois la portière ouverte, Momein fait une crise d’angoisse et perd connaissance.

      « Des policiers lui mettaient des coups de pied pour voir s’il réagissait. Ils ont mis 15 minutes à prendre en charge Omar, poursuit son compagnon. Une policière était en état de choc en découvrant la scène, j’ai essayé de l’interpeller en plongeant mes mains dans le sang d’Omar tant elle ne réagissait pas », poursuit-il.

      Omar, puis Momein, sont conduits à l’hôpital. Les autres sont amenés au commissariat. « Les ambulanciers avaient déchiré mes vêtements, pleins de sang, mais quand ils ont vu que je n’étais pas blessé à l’hôpital, la police est venue me chercher. Ils m’ont emmené au poste en boxer », se souvient Momein. Une humiliation.

      En état de choc, Elmatwely estime avoir été « pressé comme un citron », interrogé sans même pouvoir se concentrer, sans avoir pu se changer, ni manger ou, dans un premier temps, boire. À leur sortie du commissariat, en début de soirée le 15 juin, les passagers de la camionnette sont placés en rétention, et se voient délivrer une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Sans suivi psychologique particulier.

      Elmatwely et Momein, qui se disent aujourd’hui « liés par la mort », n’ont plus goût à la vie. « On n’arrive plus à se projeter. On est venus ici pour se construire un avenir, pas pour vivre ce genre de choses. » L’avocat Zia Oloumi a réussi à les faire sortir lundi 20 juin, grâce à une décision de la cour d’appel d’Aix-en-Provence au vu de leur « vulnérabilité », de leur « état psychologique » et des « circonstances particulières de l’affaire ».

      « Le premier juge des libertés et de la détention, qui a pourtant tellement l’habitude de prolonger la durée de rétention qu’on le surnomme “Bonjour 28 jours”, avait déjà considéré qu’il y avait atteinte au droit à la santé et avait demandé leur sortie de rétention, détaille l’avocat. Mais le parquet a fait appel. Le préfet s’est battu pour maintenir ces personnes en rétention malgré le drame qu’ils avaient vécus. »
      La vie tranquille d’Omar Elkhouli en région parisienne

      À leur sortie de rétention, les deux Égyptiens ont porté plainte contre X et contre la police pour « mise en danger de la vie d’autrui ».

      Contacté par Mediapart, le parquet de Nice indique que deux enquêtes sont ouvertes : l’une, contre X, confiée à un juge d’instruction, pour les chefs « d’aide à l’entrée et à la circulation en France d’étrangers en situation irrégulière dans des conditions incompatibles avec la dignité humaine », « refus d’obtempérer aggravé par la mise en danger d’autrui », « tentative d’homicide sur personne dépositaire de l’autorité publique » ; l’autre, sous l’autorité du parquet, confiée à l’IGPN (Inspection générale de la police nationale), des chefs « d’homicide volontaire » concernant la victime du tir policier. Selon nos informations, le corps d’Omar Elkhouli devait être rapatrié en Égypte vendredi 1er juillet.

      Depuis Paris, Mohamed a activé son réseau pour retrouver la famille d’Omar dans la région de Gharbeya. Il est finalement parvenu à joindre un de ses cousins vivant en France, auquel il a demandé de se manifester au plus vite auprès de la justice pour permettre le rapatriement du corps.

      Ce cousin s’est aussi rendu au domicile d’Omar en région parisienne, pour récupérer son passeport égyptien et d’autres documents nécessaires aux démarches. Ses colocataires, Ibrahim, Mahmoud et Rezk, que Mediapart a retrouvés, n’arrivent toujours pas à y croire Omar vivait là depuis quatre ans, après avoir vécu avec Ibrahim dans un autre logement à Aubervilliers.

      « On a passé dix ans ensemble, jour et nuit. C’était mon frère », dit ce dernier lorsque nous les rencontrons dans leur appartement à Sarcelles (Val-d’Oise), lundi 27 juin. Les trois colocataires ont laissé sa chambre telle quelle : un lit, un canapé et une armoire occupent l’espace, des calligraphies coraniques décorent les murs ; le tapis sur lequel Omar priait repose encore sur son lit.

      « Omar était quelqu’un de pieux », appuient-ils. Il était aussi passionné d’haltérophilie, entretenant un compte TikTok où il publiait pléthore de vidéos où l’on peut le voir s’entraîner ou coacher des adhérents. Ibrahim se souvient de leur première rencontre, à son arrivée en France dix ans plus tôt.

      « Je suis arrivé sans rien. Je venais de traverser la mer et j’avais des claquettes aux pieds. Un ami en Égypte m’a donné son contact en me disant qu’il pourrait peut-être m’aider. Il m’a hébergé, m’a trouvé du boulot et m’a prêté 100 euros. » À vrai dire, il les a tous aidés. Mahmoud, qui errait dans les rues de Paris sans aucun contact en arrivant en France, a fini par être mis en relation avec lui.

      « Nos propres frères ne nous ont pas aidés comme il l’a fait », résument-ils, ajoutant qu’il organisait aussi des collectes d’argent pour les personnes endeuillées et dans le besoin en Égypte. « On veut que le monde entier sache qu’il n’était pas un “migrant”. Il vivait en France, il n’avait jamais eu d’ennuis avec la police. Il ne méritait pas de mourir ainsi. » Grâce à ses chantiers dans le BTP, Omar envoyait de l’argent à ses proches restés en Égypte chaque mois. Avant cela, il avait vécu deux ans à Dubaï, où il était cuisinier.

      « Pourquoi on nous traite comme ça ? Parce qu’on est des Arabes ? Dites-moi qui veut se lever tous les jours à 5 heures du matin pour aller travailler sur les chantiers ! », clame Mahmoud. « Omar avait des rêves d’Europe et avait choisi de rejoindre un pays de liberté », souligne Ibrahim. Mais après treize années de présence en France, Omar s’est trouvé face à un mur administratif.

      « Il savait qu’il serait impossible de prouver son existence sur treize ans. Mais surtout, il savait qu’il était impossible d’avoir un simple rendez-vous en préfecture. Un de mes amis, Égyptien également, travaille en étant déclaré et a accumulé plus de 40 fiches de paie. Cela fait trois ans qu’il n’arrive pas à prendre rendez-vous en préfecture. En entendant cette histoire, Omar a été totalement découragé », relate Ibrahim.

      Lorsqu’il apprend, en même temps que Momein, qu’un intermédiaire peut aider à obtenir une carte de séjour en Italie, Omar se raccroche à cette hypothèse. « Il voulait juste pouvoir retourner en Égypte voir ses proches. Notre hantise est de ne pas les revoir avant qu’ils ne décèdent », confie Ibrahim, qui n’a jamais revu ses parents et son épouse, aujourd’hui décédés. Et d’ajouter : « Omar voulait se fiancer. Il voulait pouvoir faire des allers-retours librement. » La phrase résonne dans la chambre du défunt, résumant à elle seule les conséquences de politiques migratoires injustes et mortifères.

      Le drame a bousculé Rezk, dont la décision est prise. Il rentrera en Égypte dès cet été. « Je ne peux plus rester ici », souffle cet ancien artisan du marbre, qui n’avait pas pour objectif l’Europe : lui et Ibrahim s’étaient d’abord exilés en Libye, où ils travaillaient et gagnaient « bien mieux », mais la guerre les a ensuite poussés au départ.

      Omar était aussi très impliqué dans la vie de son quartier, allant régulièrement rendre visite à deux personnes âgées vivant non loin de là. « Il avait même les clés de l’appartement de l’une d’elles et ses enfants l’appelaient pour prendre des nouvelles de leur mère », complète Ibrahim, qui vient tout juste de reprendre le travail tant la nouvelle l’a affecté. « J’ai voulu aller à la salle de sport où on allait ensemble tous les soirs, mais je me suis arrêté net devant la porte sans pouvoir entrer. »

      Avec qui ira-t-il au travail, au marché ou à la poste ?, énumère-t-il à l’entrée de leur immeuble, en montrant le nom d’Omar sur la boîte aux lettres. Un voisin lui présente ses condoléances. Le bail de location et les factures d’électricité, qui étaient à son nom, devront être modifiés. « Les choses ne seront plus jamais comme avant. On ne va rien faire de sa chambre pour l’instant, on verra plus tard, dit Ibrahim. On sait qu’on ne rencontrera plus jamais quelqu’un comme lui. »

      https://www.mediapart.fr/journal/france/030722/la-veritable-histoire-d-omar-elkhouli-tue-par-un-tir-policier-la-frontiere

    • Nice : un migrant blessé par balle par la police

      Un migrant a été grièvement blessé dans la nuit de mardi à mercredi à Nice. L’homme se trouvait dans un fourgon dont le conducteur avait forcé un premier barrage de police à Sospel, à la frontière franco-italienne, avant d’engager une course-poursuite jusqu’à Nice. Les forces de l’ordre ont alors ouvert le feu.

      Vers 2h du matin dans la nuit de mardi 14 à mercredi 15 juin, un fourgon transportant plusieurs migrants a forcé un barrage dans la commune de Sospel, située près de la frontière franco-italienne, dans la vallée de la Roya.

      Une course-poursuite s’est alors engagée sur 40 km jusqu’à Nice. Selon France Bleu Azur, la voiture se serait alors arrêtée avant de redémarrer et de foncer sur des agents de la police aux frontières (PAF), dans le quartier niçois sensible des Moulins.

      Le conducteur et ses deux acolytes auraient ensuite pris la fuite à pied, abandonnant les cinq exilés à bord. Les policiers ont fait usage de leurs armes et ont tiré à quatre reprises.
      L’IGPN a été saisie

      Parmi les cinq migrants découverts dans le fourgon, un a été blessé par balle et son « pronostic vital était engagé dans la nuit », a précisé la Direction départementale de la sécurité publique (DDSP) à l’AFP. Un autre a été pris en charge par les secours pour un malaise.

      L’inspection générale de la police nationale (IGPN) a été saisie de ce dossier, comme c’est systématiquement le cas lorsqu’un policier fait usage de son arme de service, a indiqué le procureur de la République de Nice.

      https://twitter.com/cestrosi/status/1537022125906722816

      Le maire de la ville, Christian Estrosi, proche du parti présidentiel, a apporté sur Twitter son soutien aux forces de l’ordre. « Je déplore bien évidemment les blessures occasionnées dans le fourgon mais elles sont le résultat d’un acte criminel auquel il était nécessaire de mettre un terme pour la sécurité de nos policiers et gendarmes afin d’éviter d’autres drames », a-t-il écrit.
      Au moins 30 morts à la frontière depuis 2015

      Des milliers de migrants tentent chaque année de franchir la frontière franco-italienne pour pénétrer sur le sol français, au péril de leur vie. Les exilés prennent tous les risques pour essayer de traverser la frontière, très surveillée. Ils montent sur le toit des trains ou empruntent des sentiers dangereux à travers la montagne pour éviter d’être repérés par les forces de l’ordre.

      En février, le corps carbonisé d’un homme avait été retrouvé sur le toit d’un train régional qui reliait la ville italienne de Vintimille à la France. En novembre, le cadavre d’un migrant africain, en état de décomposition avancée, avait été découvert dans une gorge, non loin de Vintimille. La personne avait probablement chuté en tentant de rejoindre la France.

      Selon les associations, au moins 30 exilés sont décédés à la frontière franco-italienne depuis 2015.

      https://www.infomigrants.net/en/post/41219/nice--un-migrant-blesse-par-balle-par-la-police

    • Un autre meurtre par la police, une autre violence pour la frontière.

      Le 16 juin 2022, un homme est décédé des suites d’une blessure à la tête causée par un tir policier. La raison sous-jacente est que, dans le véhicule, il y avait des personnes sans papiers et que le conducteur a refusé d’obtempérer.

      La police tue, la frontière aussi

      Le 16 juin 2022, un homme est décédé des suites d’une blessure à la tête causée par un tir policier. A part quelques articles de presse , ce qu’il s’est produit à la frontière franco-italienne le 15 juin 2022 est passé inaperçu. Pourtant, cela s’inscrit dans dans la continuité d’une série d’épisodes similaires et dans le débat qu’ils ont suscités sur l’usage de la violence par la police face à des refus d’obtempérer face à des automobilistes.

      Ce que l’on sait :

      Selon le communiqué du procureur de la République de Nice, la PAF aurait reçu de la part de ses homologues italiens le signalement d’une camionnette transportant des personnes en situation irrégulière, se dirigeant de la Vallée de la Roya vers Nice, en passant par Fanghetto (Italie) et Sospel (France). C’est l’une des voies de passage bien connues de la zone. Dans le PV de l’enquête (que nous avons pu consulter), la PAF admet que le contrôle effectué cette nuit là s’est effectué dans le cadre de la réintroduction des contrôles aux frontières intérieures de l’espace Schengen (cf. infra). Repérée en amont, la camionnette aurait donc refusé d’obtempérer une première fois entre Fanghetto et Sospel, dans une route de col en lacet. S’enclanche alors une course-poursuite de 40 kilomètres sur des routes de montagne sinueuses. A Cantaron, dans les hauteurs de Nice la police aurait de nouveau tenté de bloquer la route, et c’est là que, le conducteur forçant de nouveau le passage, la police aurait tiré à 4 reprises en justifiant d’une situation de légitime défense. L’une des personnes qui était à l’arrière du camion a alors reçu une balle à la tête. La camionnette a continué sa fuite, suivie jusqu’au quartier des Moulins à Nice (une vingtaine de kilomètres plus loin par l’autoroute)où le véhicule aurait été abandonné et le conducteur ainsi que 2 personnes assises a l’avant auraient pris la fuite. Le blessé et 4 autres passagers auraient été retrouvés sur place par la police. 2 impacts de balles au niveau des feux avant et des roues ont été constatés par le procureur, l’un ayant transpercé la carrosserie. Suite à cela le blessé grave (et un autre blessé léger en état de choc) a été transporté à l’hôpital où il a succombé à ses blessures le lendemain. Alors que le blessé agonisait à l’hôpital, les autres passagers, ont été arrêtés puis conduits au Centre de Rétention Administrative (CRA) de Nice.
      Le lendemain, le 17 juin 2022, malgré la décision de libération prise par le Juge des Libertés et de la Détention (JLD), le Procureur s’acharne et s’obstine en faisant appel de la décision, prolongeant ainsi la double-peine infligée aux victimes, encore sous le choc. Celles-ci risquent désormais un mois de détention suivi d’un éloignement du territoire.

      La frontière tue

      En 2015 la France suspend unilatéralement l’application du Code Frontière Schengen d’abord pour cause formelle de COP21, puis d’antiterrorisme (suite au bataclan). Depuis 2020, le coronavirus est le dernier argument en date venu renforcer encore plus le mythe d’une frontière étanche à tous les maux du monde. Mais en réalité, les habitants du territoire savent très bien que le dispositif cible bien autre chose que le terrorisme ou le Covid. Dans la pratique, il cible les exilé.e.s arrivant d’Italie. C’est d’ailleurs ce qui force ces derniers à trouver d’autres voies de passage plus dangereuses ou coûteuses, et ce qui explique la prolifération des passeurs depuis lors à la frontière franco-italienne. Bien que le code frontières Schengen autorise les Etats-membres à réintroduire des contrôles systématiques à leurs frontières intérieures, cette mesure ne peut en aucun cas dépasser un délai de 2 ans selon ce même code. Or, la France a maintenu ces contrôles de 2015 à aujourd’hui. Le dispositif dans lequel s’inscrit l’opération ayant conduit à la mort d’un migrant est donc illégal au regard du droit européen, comme l’a encore rappelé la Cour de Justice de l’Union Européenne (CJUE) le 26 avril dernier.

      Vu qu’il perdure depuis 5 ans, rien d’étonnant à ce que ce type de contrôle, pourtant illégal au regard du droit européen, reste indiscuté dans l’opinion publique. De même, rien d’étonnant à ce que le degré de violence dont la PAF ait fait preuve ne soit pas mesuré à l’aune du délit initial dont ils ont été averti dès le début par leur homologues italiens : l’aide à l’entrée et au séjour irrégulier. Pour un délit toute somme « banal », la police a donc fait usage d’armes à feu au moins à quatre reprises.

      Faut-il s’étonner qu’une telle violence à nos frontière ne choque personne ? Ce n’est pas la première fois qu’un exilé meurt des balles de la police à cette frontière. En 1995 déjà,Todor, un enfant bosniaque, fut tué, toujours à Sospel et dans des conditions similaires. A l’époque, cela avait suscité un vif émoi. Si c’est la seconde fois qu’un.e exilé.e.s meurt directement des balles de la police, ce sont pas moins de 47 personnes qui ont péri en tentant de franchir la frontière franco-italienne depuis 2015. Alors oui, il semble ce qui choquait hier s’est banalisé.

      La police tue

      Ce drame vient, encore une fois, rappeler que la police tue, et qu’elle tue en toute impunité. Les parallèles avec la succession d’affaires récentes impliquant l’usage d’armes à feu face à des refus d’obtempérer est évidente. On pense à l’affaire du pont neuf, le meurtre de Souheil en août dernier dans le 3ème arrondissement de Marseille, celui tout récent de Raiana, ou encore ce qu’il s’est encore reproduit dans le même quartier du 18ème arrondissement de Paris le 17 juin.
      Dans tous ces cas, le refus d’obtempérer de la part d’un chauffeur semble avoir été suffisant pour justifier, aux yeux des tireurs, de la justice, de la presse et d’une part de l’opinion publique, l’usage « proportionné » de la force : une salve ininterrompue de tirs à balle réelle. Dans tous ces cas, on ne comprend donc pas bien comment les conducteurs aient pu à la fois « foncer sur le véhicule de police » et « prendre la fuite ». Soit le véhicule de police aurait du être percuté, soit en cas de fuite, la légitime défense ne se justifie pas. En d’autres termes, les témoignages des policiers se contredisent eux-mêmes. Dans tous ces cas, on ne comprend pas bien, vu que le conducteur cherchait à contourner le contrôle, son intérêt à braquer son volant sur les policiers. En revanche, on peut très bien imaginer l’intérêt des forces de l’ordre d’établir une telle version, de sorte à pouvoir plaider la légitime défense.

      Pour revenir à ce qu’il s’est passé dans les Alpes Maritimes, le communiqué de presse du Procureur nous apprend que deux enquêtes auraient été ouvertes. L’une contre les conducteurs/passeurs, pour aide à l’entrée et au séjour irréguliers, refus d’obtempérer "aggravé par la mise en danger d’autrui", et tentative d’homicide sur PDAP. L’autre, auprès de l’IGPN, contre les flics meurtriers, pour « violences volontaires avec arme par personne dépositaire de l’autorité publique suivie d’une incapacité supérieure à 8 jours ». Nous parlons ici d’un homme, simple passager, décédé d’une blessure à la tête des suites d’un tir policier. Et le Procureur parle d’une ITT de 8 jours. Tentative d’homicide volontaire pour un homme qui de toute vraisemblance a cherché à contourner (et non pas écraser) un barrage de police, violence volontaire ayant entraîné 8 jours d’ITT pour l’homme qui a porté le coup fatal et qui est sorti libre après quelques heures de garde à vue. Deux poids deux mesures.

      Les quatre personnes arrêtées ont été libérées suite à une audience le lundi 21 juin devant la Cour d’appel d’Aix.

      https://mars-infos.org/un-autre-meurtre-par-la-police-une-6421

    • "On veut que le monde entier sache qu’il n’était pas un « migrant »" : l’histoire d’Omar, tué par la police après une #course-poursuite entre Sospel et Nice

      Omar Elkhouli, un sans-papier égyptien, est décédé le 16 juin après avoir été atteint par le tir d’un policier, à la suite d’une course-poursuite entre Sospel et Nice. Ses proches, rencontrés par Mediapart, racontent son histoire.

      « On sait qu’on ne rencontrera plus jamais quelqu’un comme lui. » Les colocataires d’Omar Elkhouli pleurent la disparition de leur ami, survenue le 16 juin.

      Ce jour-là, Omar essaye de rentrer en France après s’être rendu en Italie pour obtenir une carte de séjour. Il est approché par un rabatteur, qui lui propose de lui faire passer la frontière dans un camion frigorifique avec d’autres personnes sans-papiers, dont l’un de ses amis, Momein.

      « On a donné 50 euros chacun au rabatteur et les passeurs nous ont dit qu’on les paierait 200 euros à notre arrivée à Nice », raconte l’Egyptien à Mediapart.
      « On demandait aux passeurs de s’arrêter »

      Dans le camion, se trouvent trois passeurs et cinq migrants. Une quinzaine de minutes après leur départ, la police italienne les repère.

      « On demandait aux passeurs de s’arrêter mais ils accéléraient, se souvient Momein. Ils prenaient des virages serrés, on se cognait les uns contre les autres. À un moment donné, c’était tellement agité qu’Omar s’est retrouvé à ma place [à l’arrière droite du camion] et moi à la sienne. »

      La police italienne aurait ouvert le feu, en visant le châssis de la voiture, puis la police aux frontières (PAF) française prend le relais. C’est là qu’Omar reçoit une balle à l’arrière du crâne.

      « On frappait sur la paroi de séparation en hurlant que l’un de nous était blessé à la tête mais ils [les passeurs] continuaient à accélérer. Un des passagers algériens a même appelé le rabatteur au téléphone pour qu’il dise au conducteur de s’arrêter. On a tous cru qu’on allait mourir. »

      En arrivant à Nice, dans le quartier des Moulins, les passeurs arrêtent la camionnette et s’enfuient. Les cinq passagers clandestins sont directement interpellés par la police.

      « Des policiers mettaient des coups de pied [à Omar] pour voir s’il réagissait », raconte à Mediapart un des migrants. « Ils ont mis 15 minutes à le prendre en charge », poursuit Momein.

      Omar est finalement conduit à l’hôpital, où il décède quelques heures après des suites de ses blessures, tandis que les autres migrants sont placés en rétention avant d’être relâchés le 20 juin, grâce à une décision de la cour d’appel d’Aix-en-Provence, en raison de leur « vulnérabilité », « état psychologique » et des « circonstances particulières de l’affaire ».
      Il travaillait et vivait en France depuis 13 ans

      Omar, 35 ans, vivait en France depuis 13 ans, selon ses proches, retrouvés par Mediapart. Depuis quatre ans, il logeait à Sarcelles, dans une colocation avec trois autres hommes.

      « Omar était quelqu’un de pieux. Nos propres frères ne nous ont pas aidés comme il l’a fait », assurent-ils. L’Egyptien travaillait sur des chantiers dans le BTP, il envoyait de l’argent tous les mois à ses proches restés en Égypte.

      Il était très impliqué dans la vie de son quartier, où il rendait régulièrement visite à deux personnes âgées. Le soir, Omar allait à la salle de sport, où il se filmait pour son compte TikTok.

      « Il savait qu’il serait impossible de prouver son existence sur 13 ans. Mais surtout, il savait qu’il était impossible d’avoir un simple rendez-vous en préfecture. Un de mes amis, Égyptien également, travaille en étant déclaré et a accumulé plus de 40 fiches de paie. Cela fait trois ans qu’il n’arrive pas à prendre rendez-vous en préfecture. En entendant cette histoire, Omar a été totalement découragé », relate Ibrahim, un de ses colocataires, très impacté par la mort de son ami.

      "On veut que le monde entier sache qu’il n’était pas un « migrant ». Il vivait en France, il n’avait jamais eu d’ennuis avec la police. Il ne méritait pas de mourir ainsi."

      (#paywall)
      https://www.nicematin.com/faits-de-societe/on-veut-que-le-monde-entier-sache-quil-netait-pas-un-migrant-lhistoire-do

  • #Maroc. À #Nador, les morts sont africains, l’argent européen

    Le 24 juin 2022, au moins 23 migrants sont morts à la frontière entre le Maroc et l’Espagne, et il y a eu plus d’une centaine de blessés des deux côtés. L’ONU et l’Union africaine exigent une enquête indépendante. La coopération migratoire entre le Maroc et l’#Espagne est de nouveau pointée du doigt. Reportage à Nador.

    Il est 14 h à Nador, nous sommes le samedi 25 juin 2022, le lendemain des tragiques incidents sur la frontière entre le Maroc et #Melilla, enclave sous occupation espagnole. Un silence de mort règne dans cette ville rifaine. Chez les officiels locaux, l’omerta règne. Les portes sont closes. « Revenez lundi », nous dit-on sur place. Aucune information ne filtre sur le nombre exact des morts, des blessés et des personnes refoulées vers d’autres villes marocaines. Un homme s’active pour informer le monde sur ce qui se passe ; il s’appelle Omar Naji.

    L’odeur de la mort

    Ce militant de l’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH) à Nador alerte l’opinion publique et les autorités sur ce drame écrit d’avance depuis une décennie. « Les acteurs de ce drame sont les politiques européennes d’#externalisation des frontières, le Maroc qui agit en tant qu’exécutant et des organisations internationales faiblement impliquées pour protéger les migrants et les réfugiés », accuse-t-il, sans détour. Faute d’une enquête judiciaire, Omar Naji tente dès les premières heures de la tragédie de récolter quelques pièces à conviction.

    Nous rencontrons Omar à la sortie de la morgue de Nador où se trouvent les corps des migrants morts sur la frontière. Ce militant sent l’odeur de la mort. « Les scènes que je viens de voir sont insoutenables. Des corps jonchent le sol depuis 24 heures. Les dépouilles baignent dans leur sang. Les installations de la morgue sont débordées », lâche-t-il, encore sous le coup de l’émotion.

    Deuxième étape dans cette quête d’indices pour reconstituer le puzzle de drame du 24 juin. À la permanence, les policiers ont passé une nuit blanche à réaliser les procès-verbaux des 68 migrants qui allaient être présentés le lundi 27 juin au parquet. La police a rassemblé les bâtons et les quelques objets tranchants utilisés par les migrants lors de la tentative de franchissement de la barrière. Pour la police judiciaire, ce sont les « pièces à conviction » qui ont permis au procureur de demander des poursuites judiciaires contre les migrants aujourd’hui en détention provisoire.

    Troisième étape dans cette contre-enquête de Omar Naji, la récolte de témoignages de personnes en migration. Nous nous rendons sur le mont Gourougou, où les migrants sont dans des campements de fortune. La voiture du militant démarre, nous sommes pris en filature par des membres de services de sécurité. Sur la route de la rocade méditerranéenne, nous passons devant les murs de Nador-Melilla. Ce dispositif est composé de 3 clôtures de 6 mètres de haut et 12 kilomètres de long. Les lames tranchantes, responsables de graves blessures parmi les migrants durant des années, ont été remplacées par des obstacles anti-grimpe et une haute technologie de surveillance, le tout financé par l’Union européenne (UE). « Le Maroc creuse une deuxième tranchée pour compliquer le passage des migrants. Le pays joue son rôle de gendarme, surtout depuis la reprise de la coopération sécuritaire et migratoire avec l’Espagne en mars 2022 », estime Naji. Une semaine avant les incidents, les ministères de l’intérieur des deux pays se sont engagés à « poursuivre leur #coopération_sécuritaire ». Le 6 mai dernier, le groupe migratoire mixte permanent maroco-espagnol avait fixé l’agenda sécuritaire de coopération entre les deux pays.

    Chasse aux migrants ou lutte contre « les réseaux » ?

    À #Barrio_Chino, point frontalier où s’est déroulée une partie des événements, des vêtements de migrants sont encore accrochés aux grillages. Canon à eau et forces d’intervention sont stationnés sur place pour faire face à de nouveaux assauts. Nous continuons notre chemin à la recherche de campements de migrants. Tout au long de l’année, les forces de l’ordre marocaines mènent des opérations pour chasser les migrants sous l’argument du « démantèlement de réseaux de trafic des êtres humains ». Pour Ali Zoubeidi, chercheur spécialiste en migrations, « il y a des réseaux de trafic présents dans d’autres endroits du Maroc, mais pas vers Melilla », observe-t-il, dans une déclaration à Infomigrants. La #Boza par Melilla est gratuite, c’est la route empruntée par les migrants sans moyens. Dans les faits, les #ratissages visent à disperser les migrants le plus loin possible de la frontière avec Melilla.

    Dans un communiqué, 102 organisations africaines et européennes dénoncent les violations systématiques des #droits_humains à Nador : « Depuis plus d’un an et demi, les personnes en migration sont privées d’accès aux médicaments, aux soins, voient leurs campements brûlés et leurs biens spoliés ».

    En 2021, l’AMDH Nador avait recensé 37 opérations de ratissage. Un chiffre en nette baisse en raison du Covid-19 et du confinement. En 2019, les opérations avaient atteint le chiffre record de 134 interventions. « Cette route a été réalisée spécialement pour permettre aux engins des forces de l’ordre d’accéder à la forêt », rappelle Naji, dont le téléphone ne cesse de recevoir des appels de journalistes d’un peu partout dans le monde. En pleine forêt, nous passons devant un campement des #Forces_auxiliaires, corps de sécurité géré directement par le ministère de l’intérieur. Ce camp, avec ses bâtisses en dur et plusieurs tentes, a été construit spécialement pour permettre des interventions rapides dans les #campements.

    Après une heure de route, Naji arrive à la conclusion suivante : « Les opérations menées par les forces de l’ordre ont poussé les migrants à fuir la forêt et toute la ville de Nador ». Nous quittons la forêt et nous croisons sur notre chemin les hauts responsables sécuritaires de la région, venus à bord de deux véhicules militaires, des #Humvee, pour inspecter les lieux. Les seuls migrants présents dans cette ville sont soit morts, soit à l’hôpital, soit emprisonnés. Les migrants ont été dispersés vers plusieurs villes du centre du Maroc (Béni Mellal et Kelaat Sraghna). Cette situation dramatique, au retentissement international, est la conséquence d’une #coopération_sécuritaire entre le Maroc et l’Espagne, avec un financement européen.

    L’UE, cynique bailleur de fonds

    Depuis 2007, l’UE a versé au Maroc 270 millions d’euros pour financer les différents volets sécuritaires de la politique migratoire marocaine. Ce financement se fait directement ou via des instances européennes et espagnoles (Fondation internationale et ibéro-américaine pour l’administration et les politiques publiques, International, Center for Migration Policy Development, etc.). Des montants que le Maroc considère « insuffisants au regard des efforts déployés par le pays pour la gestion des frontières ».

    Depuis 2013, cette coopération s’inscrit dans le cadre du #Partenariat_pour_la_mobilité. Le financement européen en matière d’immigration aussi passe par le #Fonds_fiduciaire_d’urgence de l’Union européenne pour l’Afrique ou des agences souvent espagnoles chargées d’acquérir des équipements sécuritaires pour le royaume chérifien (drones, radars, quads, bus, véhicules tout-terrain…). La Commission européenne (CE) présente ce financement avec des éléments de langage connus : « développer le système marocain de gestion des frontières, et de lutter de manière plus efficace contre le trafic d’êtres humains ». L’UE soutient aussi la #Stratégie_nationale_pour_l’immigration_et_l’asile adoptée par le Maroc en 2014. Cette politique est désormais en stand-by, avec un retour en force d’une vision sécuritaire.

    Dans ses négociations avec la CE, le Maroc compte un allié de taille, l’Espagne. Le royaume fait valoir de son côté « une reprise de la pression migratoire sur le Maroc », comme aime le rappeler #Khalid_Zerouali, directeur de l’immigration et de la surveillance des frontières au ministère de l’intérieur marocain, dans ses sorties médiatiques adressées à ses partenaires européens. Le Maroc se positionne comme partenaire fiable de l’UE et invite son partenaire européen à « la #responsabilité_partagée ». Les routes migratoires marocaines sont les premières portes d’entrée vers l’Europe depuis 2019. L’Intérieur brandit ses chiffres de 2021 : 63 121 migrants arrêtés, 256 réseaux criminels démantelés et 14 000 migrants secourus en mer, en majorité des Marocains.

    Chantages et pressions

    Dans ce contexte, un #chantage est exercé de part et d’autre. L’UE veut amener le Maroc à héberger des centres de débarquement de migrants (#hotspots) et signer avec le royaume un #accord_de_réadmission globale Maroc-UE. Sur ces deux sujets, Rabat continue d’afficher une fin de non-recevoir à ces demandes. Sur le plan bilatéral, la France fait un chantage aux #visas pour pousser le Maroc à rapatrier ses immigrants irréguliers. De son côté, le Maroc a fait de la gestion de l’immigration irrégulière une carte diplomatique, comme l’ont montré les évènements de Ceuta en mai 2021.

    La migration devient ainsi un moyen de pression pour obtenir des gains sur le dossier du Sahara. Un sujet sensible qui a été le cœur d’un gel diplomatique entre le Maroc et l’Espagne durant plus d’un an. La reprise des relations entre les deux pays en mars 2022 a réactivé la coopération sécuritaire entre les deux pays voisins. Pour les 102 organisations des deux continents, ce retour de la coopération est à la source du drame de Nador. « La mort de ces jeunes Africains sur les frontières alerte sur la nature mortifère de la coopération sécuritaire en matière d’immigration entre le Maroc et l’Espagne », peut-on lire dans ce document.

    Mehdi Alioua, sociologue et professeur à l’Université internationale de Rabat, accuse en premier l’UE et sa politique migratoire : « Ces frontières sont celles de la honte parce qu’elles sont totalement absurdes et hypocrites. Ces frontières sont incohérentes, elles sont là pour mettre en scène la “#frontiérisation”. […] La #responsabilité des Européens est directe. La responsabilité du Maroc de ce point de vue est indirecte », déclare-t-il dans une interview pour Medias24
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    Des migrants criminalisés et des corps à la morgue

    Nador, avec ses deux frontières maritime et terrestre avec l’Europe, est pris au piège de ces frontières. Les migrants payent le prix fort. L’an dernier 81 personnes sont mortes à Nador, noyées ou sur les grillages. Face au tollé mondial suscité par ces événements, le gouvernement marocain est sur la défensive. L’exécutif tente de présenter sa version des faits. Signe des temps, cette stratégie de damage control a été sous-traitée par des universitaires, des ONG ou des médias proches de l’État. Ils accusent tous… l’Algérie. Le chef du gouvernement espagnol accuse les “mafias” qui seraient responsables de ce drame tout en “saluant le Maroc pour son professionnalisme”.

    Loin de cette bataille des récits, les militants sur le terrain continuent à panser les blessures des migrants, rechercher les noms des disparus et leurs nationalités, tenter de mobiliser les avocats pour la défense des migrants poursuivis à Nador. Ce procès, qui a démarré le 27 juin, s’annonce comme le plus grand procès des personnes en migration au Maroc. Vingt-huit migrants sont poursuivis avec de lourdes charges pénales. Un deuxième groupe de 37 migrants, dont un mineur, est poursuivi pour des délits. Pendant ce temps, les corps des migrants morts sont toujours à la morgue, sans autopsie ni enquête judiciaire pour établir les circonstances de leurs décès.

    https://orientxxi.info/magazine/maroc-a-nador-les-morts-sont-africains-l-argent-europeen,5734
    #décès #morts #migrations #asile #réfugiés #mourir_en_Europe #frontières #mourir_aux_frontières

  • Y-a-t-il des morts acceptables ? ou comment finir une pandémie
    https://freakonometrics.hypotheses.org/63595

    Zylberman (2021) notait « cette pandémie a commencé avec le premier cas, mais elle ne se terminera pas avec le dernier cas (…) on ne peut pas dater la fin d’une pandémie et le début d’une endémie ». Pourtant, mi-avril, le président français a glissé dans une entrevue (Garnier (2022)) que « la société [est] en sortie de COVID » laissant entendre que la pandémie de SARS-CoV-2 était terminée. À la même époque, le virus tuait encore plus d’une centaine de personnes par jour, selon les statistiques officielles. S’il est légitime de s’interroger sur ce qu’est précisément un « mort de la COVID », il peut sembler étonnant que 100 morts par jour (pendant plus de 3 mois consécutifs) aient suscité autant d’indifférence, et qu’un tel niveau soit interprété comme la fin de la pandémie (....) Est-ce si difficile d’anticiper les risques, et de faire des dépenses préventives qui permettront de sauver des milliers de vies demain ? Plus de deux ans et demi après les premiers cas d’une pandémie qui restera dans l’histoire, on reste surtout avec ce goût amer que rien n’a été appris, rien n’a été compris, et que le désir de tourner la page en faisant comme si rien ne s’était passé l’aura finalement emporté.

  • Les #statistiques du HCR sur les #traversées de la #Méditerranée révèlent un nombre croissant de morts et de tragédies en mer

    Ceci est un résumé des déclarations de Shabia Mantoo, porte-parole du HCR - à qui toute citation peut être attribuée - lors de la conférence de presse du 10 juin 2022 au Palais des Nations à Genève.

    Alors que le nombre de réfugiés et de migrants qui franchissent la Méditerranée pour rejoindre l’Europe est moins élevé qu’en 2015, ces périples sont de plus en plus meurtriers. C’est ce que révèle un nouvel article basé sur la visualisation des données et rendu public ce jour par le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés.

    Depuis le pic de 2015, au cours duquel plus d’un million de réfugiés et de migrants avaient traversé la Méditerranée vers l’Europe, le nombre de personnes qui effectuent ces voyages a connu une évolution à la baisse, et ce avant même la pandémie de Covid-19. En 2021, 123 300 traversées individuelles ont été rapportées, et avant cela 95 800 en 2020, 123 700 en 2019 et 141 500 en 2018.

    Malgré cette baisse du nombre de traversées, le nombre de pertes en vies humaines a fortement augmenté. L’année dernière, quelque 3231 personnes ont été déclarées décédées ou portées disparues en mer en Méditerranée et dans le nord-ouest de l’Atlantique, contre 1881 en 2020, 1510 en 2019 et plus de 2277 en 2018. Un nombre de personnes plus important encore pourrait avoir perdu la vie sur la route à travers le désert du Sahara et dans les zones frontalières éloignées.

    Le HCR n’a cessé de dénoncer l’horreur et les dangers auxquels sont confrontés les réfugiés et les migrants qui ont recours à ces voyages. Beaucoup d’entre eux sont des personnes qui fuient les conflits, la violence et les persécutions. L’article basé sur la visualisation des données se concentre spécifiquement sur la route de l’Est et de la Corne de l’Afrique vers la Méditerranée centrale.

    Outre le nombre croissant de décès en mer, le HCR reste préoccupé par le fait que les décès et les abus sont également très fréquents le long des routes terrestres, le plus souvent dans et à travers les pays d’origine et de transit, notamment l’Érythrée, la Somalie, Djibouti, l’Éthiopie, le Soudan et la Libye - où l’écrasante majorité des menaces et des incidents sont signalés.

    Au cours de leur périple, les réfugiés et les migrants n’ont guère d’autre choix que de s’en remettre à des passeurs pour traverser le désert du Sahara, ce qui les expose à des risques élevés d’abus. Depuis la Libye et la Tunisie, beaucoup tentent de traverser la mer, le plus souvent vers l’Italie ou Malte.

    Dans de nombreux cas, ceux qui survivent à la traversée du Sahara et tentent la traversée maritime sont abandonnés par leurs passeurs, tandis que certains de ceux qui partent de Libye sont interceptés et renvoyés dans le pays, où ils sont ensuite détenus. Chaque année, des milliers de personnes périssent ou disparaissent en mer sans laisser de traces.

    Appelant à une action accrue pour prévenir les décès et protéger les réfugiés et les demandeurs d’asile qui entreprennent ces périples, le HCR a publié une stratégie de protection et de solutions mise à jour, ainsi qu’un appel de fonds en avril dernier.

    L’appel de fonds préconise une augmentation de l’assistance humanitaire, du soutien et des solutions apportées aux personnes qui ont besoin d’une protection internationale et aux survivants de violations flagrantes des droits humains. Il couvre quelque 25 pays répartis dans trois régions différentes, reliées par les mêmes routes terrestres et maritimes qu’empruntent les migrants, les demandeurs d’asile et les réfugiés. Parallèlement, le HCR exhorte les États à garantir des alternatives sûres aux dangereuses traversées et à s’engager à renforcer les interventions humanitaires, de développement et de paix pour faire face aux problèmes en matière de protection et de solutions.

    Le HCR s’est également joint à d’autres organisations des Nations Unies pour exhorter les États à adopter des mesures garantissant que les réfugiés et les migrants recueillis en mer soient débarqués dans des lieux où leur vie et leurs droits fondamentaux sont protégés.

    Le nouvel article du HCR basé sur la visualisation des données et intitulé « Pas de fin en vue » est disponible ici : https://storymaps.arcgis.com/stories/71d23940eade4ce887a44749a8cdaad0

    https://www.unhcr.org/fr-fr/news/briefing/2022/6/62a36b14a/statistiques-hcr-traversees-mediterranee-revelent-nombre-croissant-morts.html
    #décès #morts #morts_aux_frontières #mourir_aux_frontières #asile #migrations #réfugiés #chiffres

    ping @isskein @karine4

  • #Pays_basque : le cadavre d’un jeune migrant retrouvé dans la #Bidassoa

    Samedi 18 juin au matin, l’alerte a été donnée depuis la berge française du fleuve Bidassoa, à hauteur du pont international de #Béhobie, pour la découverte d’un cadavre.

    Les pompiers français sont intervenus pour repêcher le corps d’un homme d’origine subsaharienne. Selon le « Diario Vasco », le corps ne présentait pas de trace de violence, ni d’un séjour prolongé dans l’eau, laissant supposer un décès récent.

    Dix morts en un an et demi

    Le corps a été déposé sur les berges espagnoles, à #Irun, où il a été pris en charge par la Guardia Civil. Des recherches ont été menées pour découvrir des éléments d’identification du défunt, qui ne portait aucun document. Le jeune noyé a été identifié ce samedi 18 juin, rapporte le « Diario Vasco ». #Abderraman_Bas était de nationalité guinéenne. Âgé de 25 ans, le jeune migrant était arrivé au Pays basque, depuis l’île de Lanzarote, dans l’archipel espagnol des Canaries, au mois de mai dernier.

    Le 12 mars déjà, trois migrants avaient tenté de traverser la Bidassoa, Deux seulement y étaient parvenus. Un important dispositif de recherche avait été déployé, sans succès

    Ce drame du 18 juin 2022 porte à dix, le nombre de migrants qui ont perdu la vie en un an et demi, alors qu’ils tentaient de traverser le fleuve frontalier, dans l‘espoir d’une vie meilleure.

    « Politique migratoire commune »

    Le maire d’Irun, José Antonio Santano s’est dit profondément attristé par ce nouveau décès et il a assuré « Nous ne pouvons pas nous habituer à cette situation, à ce drame. Nous ne pouvons continuer à vivre cette hémorragie de jeunes vies dans le fleuve Bidassoa. Ils se jettent à l’eau pour éviter les féroces contrôles aux frontières. Si tel est le problème, nous devons trouver une solution. »

    L’élu a insisté sur l’importance, que depuis la France, soit comprise la nécessité « d’établir en Europe une politique migratoire commune pour tous les pays de l’Union qui évitent cette situation. »
    Les associations d’aide aux migrants appellent à manifester dimanche 19 juin à 12 h 30, place San Juan à Irun

    https://www.sudouest.fr/pyrenees-atlantiques/hendaye/pays-basque-le-cadavre-d-un-jeune-migrant-retrouve-dans-la-bidassoa-1133924

    #décès #migrations #asile #réfugiés #mort #mourir_aux_frontières #France #Espagne

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    Ajouté au fil de discussion sur les migrants morts à la frontière pyrénéenne :

    https://seenthis.net/messages/928561
    elle-même ajouté dans la métaliste sur les morts aux frontières alpines (même si c’est pas les Alpes... je sais je sais)

    https://seenthis.net/messages/758646

    ping @karine4 @isskein

    • Skriva li Mrežnica tijelo sirijskog migranta Rateba?

      Policija za taj dan i događaj kojeg Sirijci navode, nema evidenciju

      Mladi Sirijac Rateb Almohamad nestao je 30.listopada u 6 sati ujutro dok je s rođacima prelazio rijeku Mrežnicu na području iznad Generalskog Stola. Od tog dana gubi mu se svaki trag.

      Tvrde to njegovi rođaci koji ga traže preko društvenih mreža i već desetak dana pokušavaju doznati bilo kakvu informaciju. No, oni koji bi po logici trebali imati informaciju, a to je policija – trag nemaju.

      Ratebovi rođaci navode da je mladić tog jutra krenuo preko rijeke Mrežnice zajedno s dvojicom rođaka. Riječ je o klasičnoj grupi migranata koji su željeli iz Bosne do Slovenije preko Hrvatske. Prema njihovim tvrdnjama, dvojica su prešla Mrežnicu i došla na drugu stranu obale, dok je Rateba povukla voda te su vidjeli da se utapa i zove u pomoć. Nisu mu mogli više pomoći jer ih je, tako bar kažu, već pronašla hrvatska policija. Navode da su rekli da im se rođak utapa, no odgovora nije bilo.

      Rateb je, tvrde rođaci, iz Sirije s obitelji izbjegao prije 6 godina, a obitelj mu otad živi u Turskoj. Kažu da je na put prema zapadnim zemljama krenuo prije mjesec dana. U prilog svojim tvrdnjama poslali su njegove fotografije, ali i “screenshot” zadnje lokacije na kojoj su prelazili rijeku Mrežnicu. Kako bilo, krenuli su u potragu za Ratebom vjerujući da je još uvijek negdje živ i da će dobiti informacije.

      Inače, dvojica rođaka koji su bili s njim, sada su u Bosni.

      Karlovačka policija, barem prema onom što smo doznali danas, dok još uvijek čekamo službeni odgovor na upit, uopće nema evidentirane događaje s migrantima tog dana, u to vrijeme i na tom mjestu. U prijevodu, nitko ništa nije tražio za spomenuti događaj, iako su tog dana, ali na drugoj rijeci, imali pronalazak petorice migranata iz Alžira te Iraka, ali i pronalazak utopljenika u Kupi, uz slovensku granicu.

      Ukoliko Sirijci govore istinu, moguće je da tijelo nesretnog migranta još uvijek krije rijeka Mrežnica, nizvodno prema Zvečaju i Dugoj Resi. U ovom razdoblju dojava o pronalascima leševa u Mrežnici nije bilo.

      https://radio-mreznica.hr/skriva-li-mreznica-tijelo-sirijskog-migranta-rateba

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      Traduction:

      Young Syrian Rateb Almohamad disappeared on October 30 at 6 am as he was crossing the Mrežnica River with his relatives in the area above the General Table. From that day on, all trace of him is lost. This is claimed by his relatives who are looking for him on social networks and have been trying to find out any information for ten days. But those who logically should have information, and that is the police - have no clue. Rateb’s relatives state that the young man set off across the Mrežnica River that morning together with two relatives. This is a classic group of migrants who wanted to travel from Bosnia to Slovenia via Croatia. According to their claims, the two crossed the Mrežnica and came to the other side of the coast, while Rateba withdrew the water and they saw him drowning and calling for help. They couldn’t help him anymore because, so they say, the Croatian police had already found them. They say they said their cousin was drowning, but there was no answer. His relatives would be grateful for any information and ask for help According to relatives, Rateb fled Syria with his family 6 years ago, and his family has been living in Turkey ever since. He is said to have set out for Western countries a month ago. In support of their claims, they sent photos of him, but also a “screenshot” of the last location where they crossed the river Mrežnica. Either way, they set out in search of Rateb believing he was still somewhere alive and would get the information. By the way, the two relatives who were with him are now in Bosnia. The Karlovac police, at least according to what we learned today, while we are still waiting for an official answer to the inquiry, have no recorded events with migrants on that day, at that time and place. In translation, no one asked for anything for the mentioned event, although on that day, but on another river, they had the discovery of five migrants from Algeria and Iraq, but also the discovery of drowned in Kupa, along the Slovenian border. If the Syrians are telling the truth, it is possible that the body of the unfortunate migrant is still hidden by the Mrežnica River, downstream towards Zvečaj and Duga Resa. There were no reports of corpses in Mrežnica during this period.

      https://radio-mreznica.hr/skriva-li-mreznica-tijelo-sirijskog-migranta-rateba

  • Mort de #Blessing, 20 ans, à la frontière : un témoin sort de l’ombre pour accuser les gendarmes

    La Nigériane #Blessing_Matthew a été retrouvée noyée dans les Alpes en 2018, après que des gendarmes ont tenté de l’interpeller. Alors qu’un non-lieu a été prononcé, un témoin clé parle aujourd’hui pour la première fois et met en cause les forces de l’ordre. Mediapart l’a rencontré. Une sœur de Blessing et l’association Tous migrants demandent la réouverture du dossier. Révélations.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/300522/mort-de-blessing-20-ans-la-frontiere-un-temoin-sort-de-l-ombre-pour-accuse
    #décès #morts_aux_frontières #asile #migrations #frontières #Hautes-Alpes #Briançon #La_Vachette #Briançonnais #France #gendarmes #border_forensics #mourir_aux_frontières #Blessing

    Une enquête à laquelle je suis très fière d’avoir contribué :-)

    voir aussi ce fil de discussion :
    https://seenthis.net/messages/957606

    • L’enquête sur le site de Border Forensics :
      Introduction

      La mort de Blessing Matthew - Une contre-enquête sur la violence aux frontières alpines

      Le 9 mai 2018, le corps d’une jeune femme noire est découvert dans la rivière de la Durance, bloquée par la retenue d’eau du barrage de Prelles, situé sur la commune de Saint-Martin-de-Queyrières en aval de Briançon, dans les Hautes-Alpes françaises.

      Une enquête a été ouverte, permettant d’identifier la jeune femme quelques jours plus tard comme étant Blessing Matthew, âgée de 21 ans et originaire du Nigeria. Elle avait été vue pour la dernière fois le 7 mai alors que la gendarmerie mobile tentait de l’interpeler avec ses deux compagnons de route, Hervé S. et Roland E, dans le village de La Vachette, à 15 kilomètres de la frontière franco-italienne.

      Au-delà de la douleur de sa famille et de ses deux compagnons de route, la mort de Blessing a suscité une vive émotion dans le Briançonnais. Elle a concrétisé les craintes, exprimées à plusieurs reprises par la société civile, concernant la militarisation de la frontière haute-alpine et ses conséquences dangereuses pour les personnes en migration. C’est le premier cas documenté de personne en exil décédée depuis 2015 dans le Briançonnais - 2 autres personnes y ont trouvé la mort depuis.

      Le 14 mai 2018, Tous Migrants, une association défendant les droits des migrant·es dans le Briançonnais, a transmis un signalement concernant la mort de Blessing au procureur de la République de Gap, en lui exposant les faits rapportés par une des personnes qui l’accompagnaient le jour de sa disparition. Ce signalement a été suivi d’une plainte, déposée le 25 septembre 2018 par une des sœurs de Blessing, Christiana Obie, auprès du procureur de la République de Gap pour « mise en danger de la vie d’autrui » et « homicide involontaire ».

      Le 10 décembre 2018, l’officier de police judiciaire en charge de l’enquête a transmis au tribunal de Gap la synthèse des résultats de celle-ci, qui conclut que les éléments constitutifs des infractions alléguées ne sont pas démontrés.

      Le 3 mai 2019, la sœur de Blessing et Tous Migrants se sont constitués partie civile dans une nouvelle plainte. Le 18 juin 2020, le tribunal de Gap a déclaré la plainte irrecevable et prononcé un non-lieu ab initio. L’ordonnance du juge d’instruction a été confirmée par la chambre d’instruction de la cour d’appel de Grenoble le 9 février 2021.

      Jusqu’à ce jour, le processus judiciaire n’a pas permis de faire la lumière sur les circonstances qui ont mené à la mort de Blessing, ni de déterminer qui en est responsable. Mais la famille de Blessing n’a pas abandonné sa quête de vérité et de justice : selon les mots de Christiana Obie, « ma sœur continuera à hurler » tant que la vérité ne sera pas connue et que la justice n’aura pas été faite.

      C’est pour soutenir cette demande de vérité et de justice de la famille de Blessing que Border Forensics a mené une contre-enquête, en collaboration avec Tous Migrants et grâce à la contribution d’un de ses compagnons de route, Hervé. Les enjeux de notre enquête vont également au-delà du cas de Blessing. Son décès représente un cas parmi les 46 mort·es en migration à la frontière franco-italienne répertorié·es depuis 2015. Or, comme pour Blessing, aucune responsabilité n’a été déterminée pour ces morts. Les pratiques de mise en danger à la frontière des personnes en exil ont ainsi pu être perpétuées sans entraves. C’est également pour contribuer à mettre fin à cette impunité, et pour que ces pratiques cessent, que nous avons mené cette enquête.

      https://www.borderforensics.org/fr/investigations/blessing-investigation

      Avec 3 #vidéos produites :

      1) le témoignage in situ d’un des compagnons de route de Blessing, Hervé :
      https://vimeo.com/714978117

      2) une interview des deux soeurs de Blessing et Hervé :
      https://vimeo.com/715094941

      3) une partie de la vidéo qui reconstruit les déclarations contradictoires des gendarmes :
      https://vimeo.com/715020037

      #Alpes #montagne #frontière_sud-alpine #violent_borders #reconstitution

    • Une émission de A l’air libre dédiée à l’enquête :
      Mort de Blessing Matthew : les gendarmes mis en cause

      Le 7 mai 2018, la jeune migrante Blessing Matthew est morte noyée près de Briançon. La justice a prononcé un non-lieu à l’égard des gendarmes. De nouveaux éléments mis au jour par Border Forensics pourraient aboutir à une réouverture de l’enquête.

      https://www.youtube.com/watch?time_continue=175&v=uYFiMVXFY28&feature=emb_logo

      https://www.mediapart.fr/journal/france/300522/mort-de-blessing-matthew-les-gendarmes-mis-en-cause

    • Newsletter de Tous Migrants, 30.05.2022

      Quatre ans après sa mort,
      nous demandons toujours vérité et justice pour Blessing !

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      Le 9 mai 2018, le corps d’une jeune femme est découvert dans la Durance au barrage de Prelles, une dizaine de kilomètres en aval de Briançon (Hautes-Alpes, France). La jeune femme est identifiée quelques jours plus tard comme étant Blessing Matthew, âgée de 21 ans et originaire du Nigeria. Elle avait été vue pour la dernière fois le 7 mai, entre 4 heures et 5 heures du matin, alors que des gendarmes mobiles tentaient de l’interpeler avec ses deux compagnons de route, Hervé S. et Roland E, dans le hameau de La Vachette, situé au pied du col de Montgenèvre, à proximité de la frontière franco-italienne.
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      ­Au-delà de la douleur de sa famille et de ses deux compagnons de route, la mort de Blessing a suscité une vive émotion dans le Briançonnais. Elle a concrétisé les craintes, maintes fois exprimées par la société civile, concernant la militarisation de la frontière haute-alpine et ses conséquences dangereuses pour les personnes exilées. C’est le premier cas documenté de personne exilée décédée dans le Briançonnais, depuis la décision du gouvernement français de rétablir les contrôles fixes aux frontières en 2015.
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      Ce drame intervient dans un contexte de très vives tensions.

      Le 22 avril 2018, alors que le groupuscule suprémaciste Génération Identitaire occupe le col de l’Échelle, trois personnes venues manifester leur solidarité avec les personnes exilées sont arrêtées et placées en détention provisoire. Le même jour, le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, décide de l’envoi de renforts immédiats des forces de l’ordre à la frontière. C’est ainsi qu’est déployé dans le Briançonnais, le 24 avril, un escadron de gendarmerie mobile de Drancy dont plusieurs membres seraient impliqués dans la poursuite et la chute dans la Durance de Blessing Matthew.

      Les témoignages des personnes exilées recueillis à Briançon attestent fréquemment de pratiques de course-poursuites, de mise en danger, et de violences physiques et verbales de la part des gendarmes mobiles, de la police aux frontières et des militant·es de Génération Identitaire. C’est dans ce contexte que survient la disparition de Blessing Matthew, le 7 mai 2018, puis la découverte de son corps deux jours plus tard.

      Le 14 mai 2018, suite à la mort de Blessing, Tous Migrants adresse un signalement auprès du Procureur de la République de Gap, exposant les faits rapportés par les personnes qui l’accompagnaient le jour de sa disparition, ainsi que les possibles infractions des forces de l’ordre : mise en danger délibérée de la vie d’autrui, homicide involontaire, violence volontaire, non-assistance à personne en danger, discrimination d’une personne en raison de son apparence. Ce signalement est suivi par le dépôt d’une plainte, le 25 septembre 2018, par la famille de Blessing.

      Un an plus tard, un communiqué de presse du procureur de Gap, transmis le 7 mai 2019, informe que le parquet a classé sans suite cette enquête au motif d’absence d’infraction. Suite à cela, l’association Tous Migrants se constitue partie civile pour soutenir la demande de vérité et de justice de la famille de Blessing. Le 15 novembre 2019, le procureur de Gap prend des réquisitions de non-recevabilité de cette constitution de partie civile, et de non-lieu ab initio concernant la plainte de la sœur de Blessing. Ces réquisitions sont confirmées par l’ordonnance du 18 juin 2020 du doyen des juges d’instruction du tribunal de Gap, puis par la décision du 9 février 2021 de la chambre d’instruction de la cour d’appel de Grenoble.

      La démarche en justice de Tous Migrants aux côtés de la famille de Blessing a au moins permis à l’association de prendre connaissance du dossier d’enquête du procureur, et notamment des déclarations des gendarmes mobiles. Tous Migrants a analysé ces déclarations et constaté leurs nombreuses incohérences, contradictions et zones d’ombres, notamment au regard de la topographie des lieux, des conditions de visibilité et du déroulement des événements. L’association a également constaté que les gendarmes enquêteurs ne semblent pas avoir examiné en détail ces incohérences et contradictions, ni cherché à clarifier les zones d’ombre, ni tenté de reconstituer le déroulement précis des faits et gestes des gendarmes mobiles. Bien au contraire, ils ont délivré un récit qui nous parait occulter ces incohérences, contradictions et zones d’ombre au profit d’un plaidoyer pro domo.

      Tous Migrants a alors contacté Border Forensics afin que leur équipe de chercheur·es puisse mobiliser les méthodes d’analyse spatio-temporelle développées dans le cadre des enquêtes déjà menées auparavant, notamment en Méditerranée. Border Forensics a mené sa propre contre-enquête, en collaboration avec Tous Migrants et grâce à la contribution fondamentale d’un des compagnons de route de Blessing Matthew, Hervé S. L’analyse de Border Forensics, a permis, grâce au témoignage précis et cohérent d’Hervé S. in situ, de confirmer et de préciser la reconstitution des événements. Selon ce témoignage, en poursuivant Blessing, les gendarmes l’ont mise en danger, menant à sa chute dans la Durance et à sa mort.

      De plus, Border Forensics a réalisé une analyse spatio-temporelle des déclarations des gendarmes qui a fait émerger les nombreuses omissions, contradictions et zones d’ombre de l’enquête de police judiciaire concernant les conditions qui ont mené à la mort de Blessing. L’analyse produite remet ainsi en cause les conclusions de l’enquête de police judiciaire disculpant les gendarmes.

      Le témoignage d’Hervé S. et l’analyse spatio-temporelle des déclarations des gendarmes mobiles, constituent des éléments nouveaux qui permettent à la famille de Blessing de demander la réouverture de l’instruction judiciaire, ce que vient de faire Maître Vincent Brengarth.

      Seule la réouverture de l’instruction pourra déterminer de manière définitive les événements ayant mené à la mort de Blessing et d’établir les responsabilités. Quatre ans après le drame, il est urgent que la justice française réponde enfin à la demande de vérité et justice de la famille de Blessing. « Ma soeur continuera de hurler et hurler » tant que justice ne sera pas faite, dit sa soeur Christiana Obie.

      Nous rappelons qu’à ce jour, que ce soit pour la mort de Blessing ou pour d’autres personnes exilées décédées à cette frontière, aucune responsabilité n’a été déterminée. Les pratiques de mise en danger à la frontière des personnes en exil par les forces de l’ordre ont ainsi pu être perpétrées sans entrave.

      Une dizaine de jours après la disparition de Blessing Matthew, le 18 mai 2018, une seconde personne exilée a été trouvée morte à quelques kilomètres seulement de La Vachette : il s’agit de Mamadi Condé, un homme de 43 ans, de nationalité guinéenne. Depuis la mort de Blessing et de Mamadi, et du fait de l’aggravation de la politique de militarisation de la frontière et de refoulements systématiques des personnes exilées aux mépris de leurs droits, cinq autres décès et une disparition certaine sont survenues dans le même secteur, entre les Hautes-Alpes françaises et la Vallée de Suse côté italien : Mohamed Fofana (25 mai 2018), Douala Gakou (15 novembre 2018), Tamimou Derman (7 février 2019), Mohamed Ali Bouhamdi (7 septembre 2019), Mohammed Mahayedin (22 juin 2021), Fathallah Belafhail (2 janvier 2022), Ullah Rezwan Sheyzad (26 janvier 2022). S’ajoutent toutes les personnes gravement blessées, parfois mutilées et handicapées à vie.

      C’est également pour que cessent les pratiques mortifères de contrôle des frontières, et l’impunité pour celles-ci, que nous nous battons pour que que justice soit rendue pour la mort de Blessing.
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    • Décès de Blessing Matthew : sa famille, Tous Migrants et Border Forensics réclament justice

      (Revue de Presse) Lundi 30 mai, Tous Migrants et Border Forensics ont organisé une conférence de presse au Centre International de Culture Populaire, avec l’appui de VoxPublic, afin de réclamer vérité et justice autour du décès de Blessing Matthew. Nigériane et âgée de 21 ans, la jeune migrante avait été retrouvée morte le 9 mai 2018 dans la Durance, en amont de Briançon (Hautes-Alpes). Elle avait été vue pour la dernière fois le 7 mai 2018, alors que des gendarmes mobiles tentaient de l’interpeller. Tous Migrants s’était alors immédiatement constituée partie civile, mais le procureur de Gap avait classé l’affaire sans suite.

      Aujourd’hui, Tous Migrants avec la famille de Blessing Matthew demandent la réouverture de l’enquête, sur la base d’un nouveau témoignage à même de rebattre toutes les cartes. Leur avocat, Me Vincent Brengarth, a déposé vendredi 27 mai une demande de réouverture de l’instruction. Partenaire de Tous Migrants dans ce combat, l’ONG Border Forensics a comparé les différentes versions des gendarmes et le témoignage, et a annoncé, reconstitutions à l’appui, avoir repéré de nombreuses incohérences et contradictions dans les dépositions des gendarmes et dans le dossier . Pour la toute première fois, des associations réunies ont réussi à documenter la possible responsabilité des forces de l’ordre dans le décès d’une personne exilée.

      La conférence de presse, tenue en présentiel au CICP et retransmise en ligne, a réuni pas moins de 70 à 80 personnes dont une quinzaine de journalistes, ainsi que des responsables associatifs, et politiques ainsi que des universitaires et chercheurs. Avec beaucoup d’émotion, Tous Migrants et Border Forensics ont présenté leurs revendications et les éléments avancés pour la réouverture du dossier. Christiana Oboe, la sœur de Blessing, était présente par visioconférence et a délivré un message poignant à une assemblée bouleversée par la force de ses propos. Elle demande la vérité, la justice, et formule le vœu que de tels drames ne se reproduisent plus.

      https://www.voxpublic.org/Sa-famille-Tous-Migrants-et-Border-Forensics-reclament-justice-pour-Bless

      déjà signalé par @simplicissimus ici :
      https://seenthis.net/messages/962883

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      sur la même page, la revue de presse tenue par Vox Public...

    • Mort d’une exilée à la frontière franco-italienne : un témoignage pointe la responsabilité des forces de l’ordre

      Un témoignage inédit pourrait relancer l’enquête sur la mort de Blessing Matthew, jeune réfugiée nigériane décédée dans des circonstances troubles dans les Alpes. Sa famille et l’association Tous Migrants espèrent la réouverture du dossier.

      En mai 2018, Blessing Matthew, jeune femme nigériane, est retrouvée noyée dans la Durance, à quelques pas de la frontière entre la France et l’Italie. Elle est la première personne exilée décédée dans le Briançonnais (Hautes-Alpes). Âgée de seulement 21 ans, elle essayait de fuir les forces de l’ordre lorsqu’elle est tombée dans la rivière, qui, près de sa source, prend des allures de torrent avant de traverser les Alpes provençales. Jusqu’à présent, les circonstances de la noyade de la jeune femme restaient troubles, sans que l’on sache si les forces de l’ordre présentes dans les environs ont directement joué un rôle.

      Depuis ce jour, sa famille et l’association Tous Migrants tentent de retracer les événements qui ont conduit à son décès. « Un parcours du combattant pour obtenir la vérité », regrette Vincent Brengarth, leur avocat. L’enjeu est de savoir si les forces de l’ordre ont été témoins de la scène, ou même si elles peuvent être tenues responsables de la noyade. Dans le dossier, clos définitivement en février 2021, les récits des agents présents divergent, tant sur les lieux que sur l’heure de la tentative de contrôle. Entre ces témoignages contradictoires et une enquête pénale close hâtivement, connaître le fin mot de l’affaire semblait vain.

      Jusqu’à ce dernier rebondissement : le compagnon de route de Blessing, Hervé, décide de témoigner sur les circonstances de sa mort. Le 30 mai 2022, l’association Tous Migrants et Border Forensics – organisation de recherche de preuves dans des cas de morts aux frontières – organisent une conférence de presse pour présenter de nouveaux éléments. Non seulement le témoignage d’Hervé est inédit, mais il vient appuyer les analyses spatiales et temporelles de Border Forensics. Tout semble coller. Les gendarmes pourraient être tenus responsable de la mort de la Nigériane de 21 ans. Reste à rouvrir le dossier pénal.
      Un témoignage clé sur la responsabilité des forces de l’ordre

      Même avec cette avancée de taille, quatre ans plus tard, l’affaire est toujours aussi douloureuse à répéter. La voix de Michel Rousseau, de Tous Migrants, tremble en racontant la nuit des événements : « Le 7 mai 2018, entre 4 et 5 heures du matin, trois personnes exilées marchent sur la route en direction de Briançon. À l’entrée du hameau de La Vachette, des torches s’allument dans la nuit. Puis, des cris : « Police, police ». Elles courent en direction de l’église. L’un arrive à se cacher. Blessing était poursuivie par des gendarmes. Elle a traversé un jardin où Hervé était lui aussi caché. Il la voit, elle fuit, éclairée par les torches des gendarmes. Et puis, elle s’est retrouvée bloquée par la rivière ... » Sa voix s’arrête dans un sanglot.

      En partenariat avec Tous Migrants, l’organisation Border Forensics publie le 30 mai une analyse fine et complète des événements. Le dossier, particulièrement détaillé, est le fruit d’un an de travail. Dans l’une des vidéos publiées, ses équipes retournent dans le petit village de La Vachette avec Hervé. L’homme, sous couvert d’anonymat et capuche sur la tête, parcourt le village, racontant chaque étape de cette course-poursuite nocturne. Arrivé dans un jardin près de l’église, il se serait caché dans les herbes hautes.

      Blessing, elle, était encore poursuivie par deux gendarmes. Il raconte les entendre crier : « Arrête toi, si tu t’arrêtes pas, on va tirer. » Elle court jusqu’au bout du jardin, jusqu’à la rivière, où il entend la jeune femme dire « Leave me, leave me » (« Lâchez-moi, lâchez-moi »), puis tomber. Il l’entend de nouveau. Son cri, « Help me, help me » (« Aidez-moi, aidez-moi »), se fait de plus en plus lointain, comme emporté par le courant. Cette nuit-là, aucun secours n’a été appelé, aucun des gendarmes ne semble avoir tenté de secourir Blessing. Son corps sera retrouvé 13 km en aval, bloqué dans une retenue d’eau.

      Le témoignage d’Hervé est, selon l’avocat de la famille de Blessing et de Tous Migrants, « de nature à rebattre totalement les cartes ». « Son récit éclaire les incohérences du dossier, ajoute l’avocat Vincent Brengarth. On comprend mieux les contradictions des témoins. » Si l’on en croit ce déroulé, les gendarmes pourraient alors être accusés de « non-assistance à personne en danger », si ce n’est d’ « homicide involontaire ».
      « Blessing a été traitée comme une citoyenne de seconde zone »

      Hervé n’a pas été entendu dans le dossier. L’homme, sans papiers, ne s’est pas présenté aux forces de l’ordre. « C’est compliqué pour une personne exilée de faire confiance à la police », euphémise Michel Rousseau, pour expliquer ce silence de quatre ans. L’avocat Vincent Brengarth complète : « La justice n’était même pas en capacité de le convoquer, aucun élément dans le dossier ne donnait son identité précise. » Son témoignage, couplé aux éléments réunis par Border Forensics, pourraient constituer un motif de réouverture de l’enquête. La demande a été déposée auprès du procureur de la République ce 27 mai.

      « C’est un dossier exceptionnel, d’une exceptionnelle gravité, souligne l’avocat. Blessing a été traitée comme une citoyenne de seconde zone. Comme si le devoir de vérité n’était pas le même pour tout le monde. » Dans ce dossier, c’est la première fois que l’on renseigne la possible implication de la police ou de la gendarmerie dans la mort d’une personne exilée. Un premier espoir pour faire justice dans les 46 morts de migrants - décomptées par Border Forensics - à la frontière franco-italienne depuis 2015. « On veut montrer qu’on peut documenter ces morts aux frontières, que c’est possible, que l’on peut obtenir vérité et justice », espère Agnès Antoine, de Tous Migrants.

      La sœur de Blessing vient interpeller les journalistes présents ce 30 mai. Christiana Obie se tient droite devant son écran d’ordinateur, mais sa webcam peine à cacher ses joues brillantes de larmes. « Ma sœur n’est plus. Elle est morte. Mais je veux travailler à ce que ce la prochaine victime ne soit pas la vôtre. Je veux éviter à d’autres de ressentir la douleur que ressent ma famille aujourd’hui. »

      Blessing a été la première victime des politiques répressives aux frontières, mais elle n’a malheureusement pas été la dernière. Quelques jours après la découverte de son corps, Mamadi Condé, guinéen de 43 ans, est retrouvé mort, non loin de La Vachette. La liste est longue, et elle ne prend pas en compte les blessés, handicapés à vie et traumatisés par cette traversée dangereuse. Dès décembre 2017, des associations, via le Collectif Citoyen de Névache, écrivaient au président de la République leurs craintes et leur colère quant au traitement des migrants : « Devons nous attendre des morts pour que nos institutions réagissent humainement ? »

      Un appel dans le vide. Les années suivantes, dans les Hautes-Alpes et sur le versant italien des montagnes, ont été meurtrières, du fait de la répression et de la militarisation de la zone. Les associations s’accordent pour dire que 2018 a marqué l’apogée de ces épisodes de répression aveugle et de traitements « inhumains ». « Les vols, les violences envers les exilés, c’était quotidien en 2018 », dénonce la militante associative Agnès Antoine. Comme elle, beaucoup ont observé ce durcissement sur le terrain, lors des maraudes. « Cette politique ne pouvait qu’aboutir à ce genre de drame. »

      Cristina Del Biaggio, enseignante-chercheuse spécialiste des migrations et collaboratrice de Border Forensics dans leurs recherches, ajoute : « La mort de Blessing n’est pas un cas isolé, elle est le fait d’une conjoncture entre politiques et pratiques policières. »

      Lorsque la jeune nigériane les a franchies, les Alpes étaient déjà devenues une zone « transformée en environnement hostile par nos politiques migratoires ». Elles le sont toujours. Rien qu’en janvier 2022, les montagnes ont encore vu deux victimes. Fathallah Belafhail, marocain de 31 ans, et Ullah Rezwan Sheyzad, 15 ans, venu d’Afghanistan, sont décédés en essayant de rejoindre une nouvelle vie.

      https://basta.media/mort-de-Blessing-Matthew-a-la-frontiere-franco-italienne-un-temoignage-poin

    • La mort neuve de Blessing Matthew

      Personne ne fera revenir Blessing Matthew à la vie. Elle est morte noyée dans la Durance le 7 mai 2018 après avoir été coursée par les gendarmes. Une mort « accidentelle » d’après la justice qui avait, le 9 février 2021 déclarée un « non lieu » pour clore le procès intenté aux gendarmes par par sa famille et l’association « Tous Migrants » pour homicide involontaire, en quelque sorte une mort sans responsable, une mort anonyme parmi les 46 migrant.es décédé.es sur la frontière depuis la militarisation de celle-ci.
      Blessing Matthew était nigériane, elle portait un nom anglais que l’on pourrait traduire par « celle qui est bénie », ou encore par « bénédiction ». Elle était migrante et recherchait une terre « bénie ». Elle n’a trouvé ni liberté, ni égalité, ni fraternité encore moins de bénédiction. La mort, glaçante d’effroi, horrible dans sa suffocation nocturne, l’attendait au hameau de la Vachette.
      Un « non-lieu » comme une immense injustice. Pourtant, il y avait un lieu, la Durance. Pourtant, il y avait lieu, matière à poursuivre, rien qu’en considérant les témoignages contradictoires des gendarmes : elle est passée par là, non par ici et nous ailleurs ! Il y avait un témoin, son camarade de fuite mais il n’a pas pu parler, refoulé sans ménagement en Italie. L’Italie en tant que « non-lieu » pour l’oubli, un ailleurs voulu comme définitif sans un « au revoir » possible.
      « La seule chose que je veux, c’est la justice » affirme lors de la conférence de presse du 30 mai, la sœur de Blessing. « Que la justice se remette en route » demande Michel Rousseau au nom de « Tous Migrants ». Rouvrir l’instruction pour mettre la justice dans son cheminement véritable, celui de l’enquête impartiale. Des faits nouveaux le permettent.
      D’abord, le témoignage d’Hervé, celui qui fuyait avec elle, aussi apeuré qu’elle, mais qui a réussi à se cacher. Un témoin capital pour donner une « mort neuve » à Blessing Matthew. Ensuite, le travail méthodique, digne d’une enquête policière, mené par « Border Forensics » suit, point par point, les recoupements, les contradictions entre les récits des gendarmes et celui d’Hervé. Cette enquête est visible sur leur site : https://www.borderforensics.org.
      Le parquet de Gap a tous les éléments pour rouvrir l’instruction. Le fera-t-il ? Le devoir de justice le réclame : il est impossible de voler une deuxième fois la réalité de sa mort à Blessing Matthew.

      https://alpternatives.org/2022/06/02/la-mort-neuve-de-blessing-matthew

    • Réouverture de l’instruction dans l’affaire Blessing Matthew : le parquet de Gap ne se considère pas « compétent »

      Proches et association de la jeune nigériane morte noyée dans la Durance en mai 2018, à Val-des-Prés, espèrent rouvrir l’instruction judiciaire avec des « charges nouvelles ».

      dimanche 12 juin, le procureur de la République de Gap a fait savoir au Dauphiné Libéré « qu’après étude de la demande », il « considère que le parquet de Gap n’est pas compétent pour traiter la requête en réouverture d’une information judiciaire sur charges nouvelles » dans l’affaire de la mort de Blessing Matthew.

      Le 27 mai dernier, les avocats de la sœur de la jeune exilée, morte noyée dans la Durance le 7 mai 2018 à La Vachette (Val-des-Prés), et de l’association Tous migrants avaient déposé auprès du parquet gapençais une demande de « reprise de l’information judiciaire sur charges nouvelles ». Blessing Matthew, une Nigériane de 20 ans, était décédée après une tentative d’interpellation par des gendarmes mobiles alors qu’elle tentait de rejoindre Briançon depuis l’Italie avec deux autres personnes migrantes.

      Des nouveaux éléments à charge contre les gendarmes selon les proches de la victime

      Les proches de Blessing Matthew et Tous migrants ont toujours pointé l’action des forces de l’ordre comme étant responsable du décès de la jeune femme. Néanmoins, après une plainte classée sans suite, la chambre d’instruction de la cour d’appel de Grenoble avait confirmé en février 2021 un non-lieu dans cette affaire.

      Fin mai, association et proche espéraient rouvrir l’instruction avec le témoignage – inédit jusqu’ici – d’Hervé S., l’un des migrants présents la nuit du drame ; et avec une contre-enquête menée par l’ONG Border Forensics.

      « Seul le procureur général est compétent »

      Cependant, le procureur de Gap Florent Crouhy a décidé de ne pas trancher lui-même la réouverture ou non de l’instruction. « En effet, ce dossier a fait l’objet d’un non-lieu par arrêt de la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Grenoble en date du 9 février 2021, rappelle-t-il.

      https://www.ledauphine.com/faits-divers-justice/2022/06/12/reouverture-de-l-instruction-dans-l-affaire-blessing-matthew-le-parquet-

      #compétence

    • Mort de Blessing Matthew : le procureur de Gap se dit incompétent pour rouvrir une information judiciaire

      La migrante nigériane avait été retrouvée morte dans la Durance en 2018 lors d’un contrôle de gendarmerie après avoir franchi la frontière italienne. La justice a décidé par deux fois de prononcer un non-lieu dans ce dossier.

      Me Vincent Brengarth a annoncé la couleur fin mai, évoquant « un témoignage de nature à rebattre totalement les cartes » dans l’affaire Blessing Matthew. L’avocat de la sœur de la migrante nigériane, qui s’était noyée dans la Durance (Hautes-Alpes) lors d’un contrôle de gendarmerie en 2018, affirme avoir retrouvé un des témoins de la scène, dont le récit inédit diffère de la version des forces de l’ordre.

      À la lumière de ce témoignage, l’avocat a effectué une « demande de réouverture d’information judiciaire » auprès du procureur de la République de Gap. Interrogé par BFM DICI, Florent Crouhy a indiqué ce dimanche qu’il se déclarait incompétent pour traiter la requête émise par Me Vincent Brengarth, rappelant que ce dossier « a fait l’objet d’un non-lieu par arrêt de la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Grenoble en date du 9 février 2021 ».

      La justice a à deux reprises estimé qu’aucun élément ne permettait d’étayer les accusations d’homicide involontaire, de mise en danger de la vie d’autrui et de non-assistance à personne en danger visant les gendarmes.

      L’avocat redirigé vers le procureur de la cour d’appel

      Selon Florent Crouhy, « seul le procureur général est compétent pour apprécier l’opportunité d’une réouverture sur charges nouvelles et en saisir la chambre de l’instruction ». Le procureur de la République de Gap précise ainsi avoir invité Me Vincent Brengarth à se rapprocher du procureur général de la cour d’appel de Grenoble pour lui faire part du nouveau témoignage.

      Celui-ci provient d’Hervé, un membre du « groupe d’exilés pourchassés par les gendarmes » après avoir été expulsés vers l’Italie, a annoncé Me Vincent Brengarth lors d’une conférence de presse suivie par l’Agence France-Presse (AFP) au moment du dépôt de la requête.

      « Il a vu que Blessing Matthew cherchait à se cacher. Il y a eu de façon évidente un contact avec l’un des gendarmes. (...) Il dit : ’J’ai vu le (gendarme) la saisir par le bras, elle se débattait, ils se tiraillaient’ », a-t-il développé.

      « Que justice soit rendue »

      Des paroles qui jettent à ses yeux une lumière sur « les différentes incohérences » qui se dégagent des récits des gendarmes. Et l’avocat de surenchérir : « On a le sentiment que les investigations n’ont jamais véritablement été menées à leur terme ».

      Christiana Obie Darko, la sœur de la victime, s’était également exprimée au cours de cette conférence de presse, fin mai : « Tout ce que je veux, c’est que justice soit rendue pour ma sœur, pour qu’elle puisse reposer en paix ».

      Avant l’apparition de la version d’Hervé, le parquet de Gap avait affirmé que « les circonstances précises dans lesquelles (Blessing Matthew) aurait chuté dans la Durance demeurent inconnues en l’absence de témoignage direct ».

      https://www.bfmtv.com/bfm-dici/mort-de-blessing-matthew-le-procureur-de-gap-se-dit-incompetent-pour-rouvrir-

  • "#Vidas_sin_rasto" : Pour les droits des personnes décédées et disparues à la frontière Sud et ceux de leurs familles

    #MANIFESTE POUR LES DROITS DES PERSONNES DECEDEES ET DISPARUES A LA FRONTIERE SUD ET CEUX DE LEURS FAMILLES

    Le nombre de personnes qui décèdent le long des routes migratoires, depuis les pays d’origine jusqu’à l ’Europe, via l’Espagne et la #frontière_sud est incommensurable. Il ne cesse de croître. Les données de l’année dernière (2021) le prouvent, puisqu’on estime à 2.126 au moins les personnes mortes ou disparues sur cette route migratoire vers l’Espagne, c’est-à-dire 24% de plus que l’année passée [1].

    Ce chiffre est le plus élevé depuis qu’a été enregistré officiellement le premier décès, en 1988, sur la plage de Los Lances (Tarifa, Cadiz). Un total de 12.2082 [2]vies tragiquement perdues, en un peu plus de trente ans. Un bilan qui aurait pu être évité. Les politiques migratoires actuelles, basées sur l’externalisation et la militarisation des frontières, ainsi que l’absence de voies sûres et légales, sont responsables du fait que des personnes s’engageant dans un projet migratoire ne parviennent pas toutes à destination. De nombreuses familles cherchent à savoir si leur proche est arrivé, s’il a péri en mer Méditerranée ou s’il a disparu dans l’océan atlantique.
    Une famille cherchant un proche est confrontée à des obstacles insensés. Le plus souvent, les réponses dépendent de la bonne volonté des individus engagés à titre personnel plus que des politiques ou des moyens qui devraient pourtant garantir les droits, à la frontière sud, des personnes décédées, disparues et de leurs familles.

    Cette absence de protection institutionnelle et de cadre légal, qui tiendrait compte de la dimension transnationale, fragilise les droits fondamentaux et affecte la dignité humaine, les droits post mortem et le droit des familles à connaître la vérité. Inaction et opacité volontaires punissent et torturent les unes, les familles, déshumanisent les autres, ceux et celles qui ont décidé, contraints ou non, d’entreprendre ce parcours migratoire.

    Nous exigeons de l’État espagnol qu’il défende clairement, devant les institutions européennes, un autre modèle migratoire, basé sur les droits et sur la mise en place de voies légales et sûres, afin d’en finir avec les souffrances, les morts et les disparitions à la frontière sud.

    Il s’agit, de manière urgente, immédiate :
    1. D’instaurer un bureau des personnes décédées et disparues, qui puisse apporter aide et soutien aux familles, tant en ce qui concerne les plaintes, la recherche et la localisation des proches, qu’en ce qui concerne le processus d’identification des corps.

    2. D’adapter le cadre juridique existant, en matière de disparition à la réalité transnationale des migrations, dans l’objectif de simplifier les démarches administratives dans lesquelles les familles sont quotidiennement prises.

    3. De mettre en place des protocoles, et d’adapter les outils et ressources des instituts de médecine légale dans le souci d’un traitement équitable en ce qui concerne l’identification des morts de la migration : les proches ont le droit de connaître la vérité, quel que soit le lieu où le corps a été retrouvé.

    4. D’établir un protocole spécifique concernant des banques de données ADN. En étroite coordination et dans un esprit de coopération avec les pays d’origine, ce protocole doit servir à la recherche, à la localisation et l’identification des personnes décédées à la frontière sud, et à garantir la comparaison systématique de l’ADN de la personne décédée et de celui de ses proches.

    5. D’offrir, sur la spécificité de ces réalités migratoires et des besoins des familles des personnes décédées et disparues, des formations aux fonctionnaires de l’Administration publique et aux associations et entités engagées dans le processus migratoire.

    6. D’établir des accords avec les pays d’origine et de transit pour veiller conjointement aux droits des personnes décédées ou disparues, de ceux de leurs familles, par la mise en œuvre de mesures de soutien et d’accompagnement nécessaires, aussi nombreuses soient-elles.

    7. D’entériner les engagements pris par la signature des pactes internationaux, et de garantir les moyens nécessaires à leur mise en œuvre en ce qui concerne la sauvegarde de la vie.

    https://migreurop.org/article3105.html

    #campagne #décès #mourir_aux_frontières #migrations #réfugiés #frontières #morts #ceux_qui_restent #celleux_qui_restent

  • Report a Missing Migrant

    If you know someone who went missing crossing the U.S.-Mexico border, please fill out this form as a first step to submitting a missing persons report with the Colibrí Center for Human Rights.

    If you wish to report someone in the desert who is in need of emergency assistance, please call 911. If you wish to report someone who disappeared in recent days or weeks, please see our “Active Search” guide before filling out the form.

    Once you complete and submit this online form, #Colibrí staff will be in touch with you to take the full report. It may take up to a week for you to receive this call, but you can be sure that Colibrí staff will call you back as soon as possible.

    Colibrí staff take every precaution to ensure the privacy and security of families. The information you report will remain confidential and will only be used to find missing people and help identify people who have died. Colibrí is not a law enforcement agency and does not inquire about immigration status.

    Colibrí does not charge for its services. All of its efforts are completely free for the families.

    If your loved one disappeared crossing the border through California, New Mexico, Texas, or within Mexico, please understand that Colibrí has limited ability to help find your loved one. Even so, Colibrí would like to include you in the Family Network, where you might find support.

    https://colibricenter.org/missing-migrant-form

    #missing_migrants #formulaire #décès #morts #frontières #migrations #réfugiés #database #base_de_données #USA #Mexique #morts_aux_frontières #Colibri #recherche #celleux_qui_restent

  • La #marchandisation des #frontières - Comment la #militarisation de l’UE alimente les réseaux de trafic entre l’#Afrique_du_Nord et l’#Espagne

    Ces dernières années ont été marquées par de très nombreuses traversées du nord du Maroc vers le sud et vers le Sahara occidental. De manière concomitante, les personnes impliquées dans les trafics illégaux ont également étendu leurs réseaux vers le sud. Cependant, ce changement n’est pas seulement d’ordre géographique mais aussi, et de manière substantielle, de nature. Jusqu’en 2019, où la militarisation des frontières du nord a atteint un pic, les traversées était organisées de manière relativement décentralisée ou collective : un groupe d’ami·es se rassemblait pour acheter un canot pneumatique pour traverser le détroit de Gibraltar, ou bien des groupes plus importants organisaient le passage des barrières de Ceuta et Melilla. L’hyper sécurisation des frontières du nord, orchestrée par l’Union européenne, a privé les voyageur·ses de ces modes d’organisation horizontaux. Désormais, ils doivent compter sur des réseaux de trafic de plus en plus centralisés. Ainsi, cette militarisation a non seulement favorisé des organisations qui sont plus verticales, mais elle a aussi diminué le nombre d’itinéraires possibles pour les voyageur·ses. Cela débouche sur une demande accrue vers une offre réduite d’itinéraires, et, en conséquence le marché est inondé de services de maigre qualité : des voyages avec un mauvais équipement ou dans des conditions météo dangereuses. Ce qui augmente le taux de décès. Ce phénomène est illustré, entre autres, par la prévalence actuelle des canots pneumatiques sur la route de l’Atlantique. Les membres d’Alarm Phone Maroc signalent également la hausse du prix d’un voyage, qui est passée d’environ 200 à plusieurs milliers d’euros, voire jusqu’à 5000 euros. Le fait que des personnes soient prêtes à payer ces sommes est révélateur autant de leur désespoir que de l’absurdité du discours de l’Union européenne : qui choisirait de payer 2000 euros s’iel pouvait avoir un visa pour 200 euros, soit un dixième ? Ces personnes ne « choisissent » pas de payer des passeurs – iels n’ont pas d’autre solution.

    Une autre représentation erronée est celle selon laquelle le cœur du problème serait les « passeurs ». Comme le montre cette analyse sur plusieurs régions, ce type de trafic des frontières ne serait pas possible sans une corruption d’état bien enracinée. Il faut donner de l’argent à des auxiliaires de police marocains qui patrouillent le long de la côte. Pour certaines traversées (notamment, les dénommés « Voyages VIP »), des personnes de la Marine marocaine sont payées pour ne pas faire d’interception. Des fonctionnaires espagnols, également, ont la réputation de recevoir de l’argent en sous-main, en particulier aux frontières des enclaves de Ceuta et Mellila – secteur où le trafic a quasiment disparu ces deux dernières années car le Covid-19 a provoqué la fermeture des frontières terrestres. Les réseaux du trafic s’étendent de chaque côté des frontières. Ils impliquent la population locale, des entreprises et les autorités sur les deux rives de la Méditerranée. Et n’oublions pas que le principal bénéficiaire du trafic aux frontières a toujours été et sera toujours l’économie europénne. Sans la main-d’œuvre bon marché des exilé·es, qui cultiverait les champs au sud de l’Europe, qui nettoierait les toilettes, qui garnirait les rayons des entrepôts ?

    Aussi, à Alarm Phone, nous faisons une analyse plus nuancée des « passeurs » et de leur rôle. Au fil des ans, nous avons rencontré des personnes très différentes impliquées dans le trafic aux frontières : celles qui gagnent de l’argent en organisant des voyages en bateau parce qu’elles n’ont pas d’autre source de revenus stables, celles qui organisent même gratuitement des voyages par bateau pour des personnes vulnérables (par exemple des femmes et des enfants), mais aussi celles qui exploitent avec brutalité les besoins d’autrui pour s’enrichir. Voici pourquoi nous utilisons des termes plus nuancés que celui de « passeurs ». Dans les communautés des voyageur·ses, les organisateurs sont appelés « Chairman ». En effet, il s’agit souvent de personnes qui, outre leur rôle d’organisateurs, jouissent d’une forte reconnaissance au sein de leur communauté, et gèrent une sorte d’agence de voyage. Ce sont bien des trafiquants, et nous n’hésiterions pas à les nommer ainsi et à dénoncer des pratiques d’exploitation si nous les rencontrions. Mais il y a toujours eu des agents de voyage qui font de leur mieux pour offrir un service indispensable. C’est pourquoi nous utilisons dans ce rapport les trois désignations (trafiquant, agent de voyage, Chairman), selon le contexte.

    Le rapport qui suit met en évidence le fonctionnement du trafic des frontières dans différentes régions en Méditerranée occidentale et sur la route Atlantique. Nous espérons qu’il montrera comment le vrai problème du commerce des frontières ne réside pas dans les trafiquants individuels et les agents de voyage. Si le commerce des frontières est florissant, c’est lié à deux facteurs étroitement associés, a) des politiques frontalières racistes de l’Union européenne, qui ne permet pas d’itinéraire légal, militarise les frontières et pousse les migrant·es à avoir recours à des réseaux centralisés et souvent basés sur l’exploitation, b) les structures capitalistes qui permettent aux fonctionnaires d’état et aux populations locales de s’enrichir et aux économies européennes de prospérer.
    2 Nouvelles des régions
    2.1 La Route de l’Atlantique
    Le commerce des frontières entre le Sahara occidental, le Maroc et les Îles Canaries.

    Au cours des dernières années, le commerce sur la Route de l’Atlantique a explosé. C’est une conséquence directe de la fermeture des itinéraires plus au nord. Les trafiquants et les agents de voyage qui auparavant travaillaient dans le nord se sont désormais installés dans le Sahara occidental : « Aujourd’hui, il y a beaucoup plus de “Chairmans” qu’en 2019. En raison des gros changements à Tanger et Nador, les Chairmans qui y travaillaient sont maintenant ici [au Sahara occidental] et des intermédiaires sont eux aussi devenus des Chairmans, explique A. d’Alarm Phone Maroc.

    Ces trafiquants et ces agents de voyage ont également déplacé leurs réseaux de recrutement. De nombreux passagers qui quittent le Sahara occidental ou le sud du Maroc n’y vivent pas, en fait : iels sont dans des camps et des quartiers habités par des migrant·es, à Tanger, Casablanca, Nador, etc. et ne se déplacent vers le sud que quelques jours avant leur départ. Le recrutement pour les passages se fait de bouche à oreille. En général, ce sont des Sub-saharien·nes fraîchement arrivé·es en avion de leur pays d’origine, des personnes vivant dans les villes mentionnées ci-dessus, ou bien des voyageur·ses marocains, surtout ceux et celles des régions les plus pauvres. Les trafiquants et les agents de voyage,quant à eux, ne vivent pas non plus près des lieux de départ, mais résident ailleurs.

    Le pic énorme de la demande, depuis 2020, a provoqué une forte hausse des bénéfices des trafiquants. Lors d’un entretien exceptionellement accordé au journal La Vanguardia, un agent de voyage marocain nous a dit qu’il gagnait € 70 000 en deux mois seulement. L’augmentation de la demande, cependant, a également pour conséquence la vente par des opérateurs douteux de services d’une qualité encore inférieure à ceux qui sont sur le marché, et qui sont déjà peu adéquats et dangereux. Comme l’explique B., militant d’Alarm Phone, « en même temps, les passagers sont plus souvent plumés par des organisations malhonnêtes, et ces voyages mal préparés provoque de nombreux décès et la disparition de bateaux ».

    Selon un agent de voyage, il faut verser environ €20 000 par voyage pour le carburant et l’équipement, alors que celui-ci doit être fourni par les agents de voyage (bateau en bois, coque en fibre ou en aluminium, dispositif de navigation, etc.). Il faut souvent y ajouter €10 000 pour la corruption de fonctionnaires. A., militant de Laayoune, explique comment les trafiquants collaborent avec des autorités de l’état susceptibles d’être corrompues :

    « Les bateaux qui partent d’ici, Laayoune ou Tarfaya, vous devez payer les garde-côtes, la police militaire. Si vous ne le faites pas, vous ne pouvez pas trouver un lieu de départ, puisqu’il y a un poste de contrôle tous les deux kilomètres. Les Marocains qui travaillent avec les trafiquants [sub-sahariens] vont s’arranger pour que les policiers soient payés et donc ne regardent pas quand des migrants embarquent ».

    Ceux et celles qui peuvent payer plus, pour ce qu’on appelle un voyage VIP (en général entre € 3000 et € 5000), peuvent embarquer pour une traversée grâce à des « cadeaux » plus importants, et éviter ainsi d’être interceptés non seulement près des côtes mais aussi plus loin en mer. Le voyageur ou la voyageuse ordinaire paye habituellement entre € 2000 et € 2500 pour une place sur un bateau. S’iel veut acheter plusieurs essais en un seul paiement (la version dite « garantie », le prix est plus élevé, € 3000 ou plus.

    En outre, le réseau de corruption entre les trafiquants bien rémunérés et des fonctionnaires est dense, et s’étend bien au-delà des départs de bateau. Quand des trafiquants sont arrêtés, ils encourent en général une peine entre 5 et 20 ans de prison. Mais la règle est différente pour les riches. Les trafiquants peuvent verser un gros “cadeau” et quitter la prison après quelques mois seulement. Cela signifie que les agents de voyage qui purgent vraiment leur peine de prison ne sont le plus souvent que du menu fretin. Il est intéressant de noter ce que l’agent de voyage de Dakhla interviewé par La Vanguardia en dit :

    « Pour la police et pour nous, les « trafiquants », la migration est intéressante. Nous gagnons de l’argent ensemble. Tous les deux ou trois mois, ils arrêtent un trafiquant pour montrer qu’ils font leur travail, mais je n’ai pas peur, j’ai de bons contacts ».

    Bien sûr, ces réseaux ne se limitent pas à la police (militaire) et aux trafiquants. Récemment un salarié de Caritas Meknès a été accusé d’avoir participé au trafic et d’avoir reçu sur son compte en banque personnel de substantielles sommes d’argent au cours des dernières années. Inutile de le préciser, la corruption flambe des deux côtés de la Méditerranée, avec des résidents locaux qui font partie des réseaux de trafic actifs dans les Îles Canaries. Ceci est bien illustré par le cas des bateaux et des moteurs abandonnés dans le port d’Arguineguin, Grandes Canaries. Une fois que les bateaux ont été remorqués au port par Salvamento Maritimo, les moteurs et le carburant sont volés et revendus pour € 300, puis ré-exportés vers la Mauritanie et le Sénégal par des petites entreprises espagnoles, par exemple des sociétés de matériel électronique, puis revendus dans les pays de départ jusqu’à €4000. Début octobre, un réseau de ce type, qui impliquait des travailleurs locaux du port d’Arguineguin ainsi que des habitants des villes voisines a été démantelé par les autorités espagnoles, lors de la découverte d’un conteneur avec 52 moteurs. Pendant longtemps, les autorités locales ne se sont pas préoccupées de ces bateaux et moteurs abandonnées, et ont laissé s’installer une espèce de cimetière de bateaux. L’automne dernier, le Ministre de l’intérieur a sous-traité avec une société la destruction de ces bateaux. Depuis, un peu plus 100 de ces bateaux ont été détruits pour la somme de € 60 000.

    Si nous abordons le commerce des frontières sur la route de l’Atlantique, nous ne pouvons pas ignorer les bateaux qui transportent de la drogue. Ils représentent une part très lucrative du modèle économique associé aux réseaux de trafic au Maroc et en Espagne. Ces navires, cependant, qui arrivent en général à Lanzarote, ne contactent jamais Alarm Phone : en conséquence, nous ne les intégrerons pas dans cette analyse.
    Traversées & Sauvetages : un mur invisible en Atlantique

    Cette nouvelle année a vu une augmentation supplémentaire des traversées et des arrivées. En tout, pour la région Ouest Méditerranée et Atlantique, 7430 personnes ont réussi à traverser en janvier et février. Pour mémoire, il y a eu 3915 arrivées sur la même période en 2021. Ce bond des arrivées est encore plus net sur la Route des Canaries, où l’arrivée de 5604 personnes, jusqu’à maintenant pour cette année, constitue une hausse de 119% par rapport aux deux premiers mois de 2021.

    Comme ces chiffres le montrent, les voyages jusqu’aux Îles Canaries représentent 3/4 de toutes les arrivées en Espagne. La route de l’Atlantique est toujours l’itinéraire le plus meurtrier vers l’Europe, avec une estimation de plus de 4404 décès et personnes disparues en 2021, selon le collectif Caminando Fronteras. Des naufrages importants continuent à se produire, pour les mêmes raisons que nous avons expliquées en détail dans nos rapports précédents. Par exemple, des bateaux se perdent en mer et disparaissent complètement (comme les 52 personnes qui ont quitté Tarfaya le 4 janvier ou les 60 personnes qui sont également parties la première semaine de janvier) ou par chance, sont secourus dans des lieux très éloignés (par exemple le bateau gambien avec 105 survivants et 17 décès, qui a été secouru à 800 km au sud des Canaries après 19 jours en mer en décembre ou les 34 personnes qui ont quitté Dakhla le 3 novembre, dont seulement 20 ont survécu aux trois semaines en mer). Une autre raison est que de nombreux bateaux rencontrent des problèmes peu après avoir quitté les côtes marocaines ou sahariennes. Ceci tient au choix des organisateurs, qui utilisent du matériel défectueux ou tout simplement ne prennent pas en compte les conditions météo. Par exemple, nous voyons de nombreux cas de canots pneumatiques percés ou de pannes de moteur.

    Ces deux problèmes sont liés à l’indifférence des autorités. Dans plusieurs cas, Alarm Phone a alerté les autorités marocaines rapidement, mais les opérations de secours ont été retardées de plusieurs heures avec pour conséquence de terribles tragédies. Nous portons le deuil des 45 personnes (43 par noyades, 2 à l’hôpital) lorsque la marine marocaine n’a pas réagi au naufrage de 53 personnes le 16 janvier et celui des quatre personnes que l’on a laissé se noyer le 6 février, parce que MRCC Madrid a délégué la responsabilité du sauvetage à Rabat, qui ne l’a pas organisé assez tôt.

    Ce cas met en évidence une orientation politique très troublante concernant l’Atlantique : la création d’un mur invisible en mer. Alarm Phone constate une tendance : de plus en plus d’opérations SAR sont déléguées aux autorités marocaines, bien que les bateaux soient dans la zone de chevauchement des deux zones SAR. En considérant que les bateaux qui relèvent à la fois de la responsabilité des autorités espagnoles et marocaines sont le problème de Rabat, l’état espagnol, en fait, applique une politique d’interception « où cela est possible ». Ceci peut être une réaction à la hausse du stock de téléphones satellites des agents de voyage. Depuis l’été dernier, de plus en plus de bateaux en ont été équipés. Avec un téléphone satellitte, les voyageur·ses en mer peuvent appeler les autorités et Alarm Phone et donner leur position GPS exacte. Cependant, dans plusieurs cas, quand la position GPS donnée est dans la zone SAR dont le Maroc revendique aussi la responsabilité dans le cadre de leur occupation du Sahara Occidental, des interceptions ont été organisées conjointement par les autorités espagnoles et marocaines.

    La création de ce mur invisible n’est pas la seule évolution inquiétante. La route de l’Atlantique est également en train de s’étendre vers le nord. Certaines communautés marocaines ont commencé à organiser des départs depuis des villes aussi lointaines qu’Al Jadida (près de Casablanca). Cela représente un voyage de 650 km vers le sud jusqu’à Lanzarote. De même, pendant cette période, certains sauvetages ont eu lieu très au nord des Canaries, comme celui de 35 personnes à 210 km au nord-est de Lanzarote, le 18 janvier.

    Les bateaux partent également toujours de plus loin au sud, mais moins souvent qu’à la fin de 2020. En 2021, 55% de tous les bateaux qui sont arrivés aux îles Canaries étaient partis du Sahara occidental, 26% du sud du Maroc, par exemple de Tan-Tan ou Guelmim. Cela correspond également à une baisse du pourcentage des voyages en provenance des pays du Sud. Maintenant, seulement un cinquième de toutes les arrivées sont des bateaux partant de la Mauritanie, de la Gambie, du Sénégal. La plupart des départs se font entre Boujdour et Tan-Tan, ce qui explique la très forte proportion d’arrivées vers la partie est des îles Canaries. Lanzarote, Fuerteventura et Gran Canaria reçoivent la quasi-totalité des arrivées. La moitié des voyageur·ses sont des ressortissant·es marocain·es, suivie par la Guinée, le Sénégal, la Côte d’Ivoire. Pour les voyageur·ses marocain·es, les expulsions ont repris après la réouverture des frontières par le Maroc début février.

    Les services d’accueil à Lanzarote sont connus pour être saturés. L’acheminement d’un plus grand nombre de bateaux secourus vers le port d’Arguineguin, à Gran Canaria, et le transfert des migrant·es vers Fuerteventura ne changent pas faire grand-chose à la situation. Jusqu’à très récemment, à leur arrivée dans le port d’Arrecife, les voyageur·ses étaient conduit·es dans un bâtiment industriel situé à quelques kilomètres de la ville et se voyaient attribuer un espace dans cet ancien entrepôt industriel. Les gens étaient retenus pour en quarantaine pendant 72 heures, et testés pour le Covid-19. Les conditions de détention étaient inhumaines : pas de lits convenables, pas d’intimité, pas de douches et pas d’espace sécurisé pour les mineur·es et les femmes. Des militant·es et des défenseur·ses des droits de l’homme ont fait campagne contre la “nave de la vergüenza“, l’”entrepôt de la honte”, et se sont plaints des conditions inhumaines auprès des autorités et d’un médiateur, qui ont à leur tour demandé la fermeture de cet espace. Au moment où nous finalisions ce rapport, le ministère de l’Intérieur a annoncé que la “nef” avait été vidée et que les nouveaux·elles arrivant·es seraient conduit·es au centre d’hébergement temporaire (CETI en espagnol) situé juste en face. Reste à savoir si cela se traduira par un changement significatif et un hébergement décent.

    2.2 Tanger, Ceuta et le détroit de Gibraltar : Une diminution des départs

    L’augmentation des traversées vers les îles Canaries s’est accompagnée d’une diminution des tentatives depuis Tanger, une route autrefois très fréquentée. Il y a environ 5 ans, tous les un ou deux mois, on entendait encore parler de Boza (arrivée) de 1 à 2 bateaux. Mais depuis le Covid-19 et, ajouté à cela, la fermeture des frontières, on n’entend plus beaucoup parler de Boza à Tanger.

    Sur la période de ce rapport, Alarm Phone n’a observé que 3 cas autour de Tanger. Le 5 novembre, sept personnes en détresse à l’Est de Tanger sont rentrées au Maroc de manière autonome. Le 9 novembre, un bateau avec 13 personnes à bord (dont 1 femme) a été intercepté par la Marine Royale, et le 12 décembre, 3 autres personnes ont été interceptées. Le seul cas du début de l’année 2022 s’est cependant avéré être un Boza. Le 10 janvier, Alarm Phone a été informé que 3 personnes étaient parties de Fnideq, près de Ceuta, dans un kayak en plastique. De l’eau pénétrait dans l’embarcation. Alarm Phone a informé les autorités mais a perdu le contact avec le bateau. Le lendemain, le syndicat CGT Salvamento Maritimo a annoncé que trois Marocains avaient été secourus et emmenés à Algeciras.

    L’une des principales raisons de la rareté des départs et de la rareté encore plus grande des réussites réside dans le fait que les autorités marocaines ont renforcé la sécurité et intensifié la militarisation de la frontière. Les personnes subsahariennes en exil vivent dans un état d’insécurité au Maroc car les attaques contre les personnes perçues comme migrant·es sont fréquentes. K., militant·e d’Alarm Phone à Tanger, rapporte :

    “La vie quotidienne est pleine de problèmes et vous êtes soumis à une répression massive. Les violations quotidiennes des droits de l’homme et les arrestations arbitraires vous laissent dans un état constant de panique ou d’anxiété. Mais la réalité est que, même face à toutes ces politiques, les gens ne désespèrent pas et cherchent toujours des moyens de voyager, mais la situation devient de plus en plus difficile pour les personnes en déplacement”.

    Cela entraîne une perte d’espoir et pousse de nombreuses personnes à se rendre à Laayoune, où les attaques et les arrestations ne sont pas aussi fréquentes et où il est encore possible d’effectuer la traversée.

    Les Marocain·es travaillant dans les associations qui organisent la continuité des voyages dans le nord du pays ne sont plus très actif·ves, en raison du renforcement de la sécurité et de la militarisation des frontières. Dans le Nord, ce ne sont plus que des petits groupes de personnes qui organisent le voyage, peut-être en raison d’un manque de demande. Parfois, ceux qui tentent de passer en Europe sont interceptés par la Force Auxiliaire (police militaire) sur terre ou par la Marine Royale en mer. Lorsque des personnes sont en détresse ou en danger en mer, la Marine Royale est contactée, mais il arrive souvent qu’elle n’arrive pas à temps.

    Des personnes en exil à Tanger nous ont dit que les prix pour les voyages depuis le Nord-Ouest sont variables, mais il est évident que la militarisation de la région a entraîné une augmentation massive des prix, et la professionnalisation du commerce frontalier. Pour les petits bateaux auto-organisés, chaque personne contribue entre 150 et 250 euros, mais le prix peut atteindre 500 à 750 euros. Les prix dépendent de la taille et de la qualité du matériel. Mais en raison de la militarisation massive de la zone frontalière de Tanger, il est désormais presque impossible d’organiser des voyages entre ami·es. Les gens continuent à faire la traversée, mais, en raison de l’augmentation de la surveillance des frontières, les voyageur·ses sont devenu·es dépendant·es de structures centralisées et paient entre 4000 et 6000 € pour le voyage. Ce prix est exorbitant, et montre que non seulement les voyageur·ses doivent rassembler eux-mêmes des sommes importantes, mais aussi qu’il permet à toutes les personnes impliquées dans ce trafic de réaliser de gros profits. Le prix représente un bon salaire pour les trafiquants, bien sûr, mais ils ne sont pas les seuls à en tirer profit. Lorsqu’il s’agit de corrompre la Marine Royale, pour les grands groupes, les chiffres sont énormes. Les chiffres qui nous ont été rapportés sont de l’ordre de 30 000 à 50 000 € pour les bateaux à moteur, mais les pots-de-vin peuvent atteindre 70 000 à 100 000 €.

    Il est clair que les gains réalisés grâce à cette augmentation absurde de l’action de l’armée et de la police se font au détriment des voyageurs : “C’est un non-sens absolu. C’est devenu un gagne-pain pour de nombreuses personnes. L’UE et le Maroc ont fait de l’exil un commerce vraiment rentable” commente K. de Tanger.
    2.3 Nord-est du Maroc : La répression continue dans la région de Nador

    Les forêts autour de Nador restent soumises à de fréquentes descentes de police, à la répression de l’État et à la violence envers les personnes Noires. Dans le cadre de cette répression, de nombreux·ses intermédiaires subsaharien·nes ont été arrêté·es ces dernières années.

    Les conditions de vie dans les camps sont loin d’être sûres. Le 24 janvier, elles ont entraîné la mort de 3 enfants. Ils sont morts étouffés après que leur abri de fortune en bâche ait pris feu dans la forêt de Gourougou (nord-ouest du Cimetière Sidi Salem, Nador). Leur mère, Happiness Johans, est décédée à l’hôpital quelques jours plus tard. En réaction, l’AMDH Nador a écrit une lettre ouverte au ministre de l’Intérieur pour demander que les personnes en exil soient autorisé·es à louer des maisons à Nador.

    Nador est non seulement un point de rassemblement pour les communautés de voyageur·ses subsaharien.nes, mais aussi un point de départ pour les ressortissant·es marocain·es qui se rendent en Espagne. Ils et elles souffrent également de la répression. Les arrestations et les expulsions inhumaines de mineur·es marocain·es à Nador continuent. L’AMDH de Nador rapporte que le 1er janvier, près de 80 mineur.es et jeunes non accompagné·es ont été embarqué·es de force dans des bus et emmené.es à Casablanca. Aucun·e d’entre eux·elles n’était originaire de cette ville.

    Les ressortissant·es marocain·es continuent de se rendre en Espagne continentale par voie maritime, mais ils et elles s’organisent très différemment des voyageur·ses subsaharien·nes. La région du Rif ne fait pas exception. Plutôt que des équipes professionnelles, ce sont des ami·es qui se réunissent pour planifier et organiser la traversée. Ils et elles mettent en commun leurs ressources pour obtenir l’équipement nécessaire et, dans certains cas, pour soudoyer les officiers militaires qui surveillent les zones de départ. Les ami·es et les membres de la famille peuvent également fournir un soutien matériel pour le voyage. Comme nous ne disposons pas d’autres informations concrètes sur la manière dont les ressortissant·es marocain·es parviennent à surmonter le système frontalier, et de même pour d’autres communautés, par exemple les ressortissant·es syrien·nes et yéménites, nous pouvons seulement décrire la manière dont les voyageur·ses subsaharien·nes passent par Nador.
    Le commerce frontalier autour de Nador : Les prix ont augmenté de façon spectaculaire

    Le système établi autour du passage vers l’Europe via Nador a connu des changements fondamentaux au fil des ans. Les prix ont augmenté de façon spectaculaire pour les voyages à partir de cette région. Un membre local d’Alarm Phone, qui vit dans les forêts de Nador depuis 2001, se souvient que jusqu’en 2010, on pouvait obtenir une place dans un bateau pour seulement 300 €. Puis, entre 2010 et 2014, un nouveau système a vu le jour dans les forêts : le système “garantie” Les gens voyagent désormais avec “garantie”. Ils et elles effectuent un paiement unique plus élevé, mais sont assuré·es d’avoir autant de tentatives de traversée qu’il en faut pour atteindre l’Europe. Il s’agit peut-être d’une réponse aux taux d’interceptions élevés, tant sur terre que sur mer. Il faut désormais souvent plusieurs tentatives pour réussir la traversée. Le prix de la “garantie” est passé à 1500 euros. Vers 2018, les prix sont montés jusqu’à 3 500 € et, pour une femme avec des enfants, jusqu’à 4 500 €.

    Pour comprendre comment les prix sont déterminés dans les forêts, il faut savoir que les négociations se font par le biais d’intermédiaires au sein des communautés subsahariennes. Ces intermédiaires rencontrent régulièrement les président·es des différentes communautés subsahariennes. Ils travaillent également avec des organisateur·ices de départs marocain·es. L’agent·e marocain·e demande aux intermédiaires une somme par tête pour organiser les bateaux. Cette somme est payée par le ou la futur·e passager·e, qui doit également verser une commission à l’intermédiaire.

    L’agent·e et l’intermédiaire négocient le prix par tête. Les voyageur·ses uni·es pourraient exercer une grande influence sur les agent·es dans ces négociations, car les Marocain·es n’ont aucun autre lien avec leurs client·es potentiel·les. Mais la loi de l’offre et de la demande favorise les trafiquant·es. Les possibilités de voyage, les places dans les canots pneumatiques, se font rares depuis quelques années maintenant et certaines communautés subsahariennes ont accepté de payer des sommes plus élevées aux trafiquant·es marocain·es afin de s’assurer une place. Cela a entraîné une hausse des prix au niveau mondial. Il s’agit d’une activité très rentable pour les agents de voyage.

    Nous savons que, face aux hausses de prix exorbitantes, les communautés ont tenté d’organiser elles-mêmes leurs voyages afin d’exercer une pression pour faire baisser les prix. Néanmoins, contrairement à la situation d’un Etat où la loi aurait permis à un syndicat de maintenir les prix à un niveau abordable, la criminalisation du commerce a mis les acheteur.euses à la merci d’un marché absolument non réglementé. Dans un contexte où le client se voit menacé de ne pas partir ou d’être tabassé s’il ne règle pas le montant d’avance, c’est le vendeur qui détient tout le pouvoir. Il n’est pas surprenant que des tentatives de négociations collectives au sein de groupes de client.es disparates aient échoué. Aujourd’hui, un.e candidat.e à la traversée est susceptible de payer jusqu’à 2600 euros d’avance au passeur et 900 euros à l’intermédiaire pour une place dans un bateau, aux côtés de 59 autres voyageur.euses.

    Les chefs des communautés ainsi que les intermédiaires ont toujours eu accès à une liste de personnes vivant dans les forêts et n’ayant pas les moyens de payer pour le voyage, c’est-à-dire souvent des mères seules, mais aussi d’autres personnes n’étant pas en mesure de rassembler assez d’argent. Les chefs notent également les noms de “celles et ceux qui ne posent pas problème” dans les camps, c’est-à-dire des personnes qui suivent les codes et les règles destinées à assurer la sécurité de la communauté dans ces camps. Progressivement, au fil des années, des places gratuites ont été libérées pour ces personnes à bord des bateaux. Les prix ayant aujourd’hui atteint de tels montants, pouvant aller jusqu’à 3500 euros pour une place, cette forme de solidarité n’est plus réalisable. La situation des personnes sans moyens financiers est désormais sans espoir. L’unique moyen qu’il leur reste d’atteindre l’Espagne est de passer par-dessus les barrières de Melilla – option qui, mises à part quelques rares exceptions, n’est envisageable que pour des hommes.

    Autour de Noël et du Nouvel An, de nombreuses tentatives collectives pour franchir les barrières de Melilla ont eu lieu. Ces tentatives ont été reçues violemment par les autorités espagnoles et marocaines. D’après le Ministre des affaires étrangères espagnol, plus de 1000 personnes ayant essayé de franchir les barrières de Ceuta et de Melilla ont été interceptées dans cette courte période. Les barrières frontalières de Melilla sont de plus en plus militarisées. La présence d’unités militaires armées y est désormais permanente. Néanmoins, le 2 mars, alors que nous rédigions le présent rapport, 2500 personnes sont parvenues à organiser une tentative pour franchir ces barrières. 500 d’entre elles environ ont réussi à rejoindre Melilla. C’est un énorme Boza. En terme d’arrivées, il s’agit de l’une des tentatives les plus fructueuses aux frontières de Melilla. Bienvenue en Espagne !
    Les cas Alarm Phone de ces derniers mois : 27 personnes ont disparu sans laisser de traces

    Pendant la période que couvre ce rapport, 16 embarcations en partance du Nord-Est du Maroc ont contacté l’Alarm Phone. 7 des 8 bateaux partis en novembre et en décembre entre Temsamane/Al Hoceïma et Nador sont bien arrivés à Motríl et à Almería. Seul un bateau, transportant 15 personnes, a été intercepté par la Marine Royale. Durant la toute première semaine de janvier, Alarm Phone a été impliqué dans deux cas : un bateau parti de Tazaghine a dû retourner au Maroc, un autre, parti de Nador avec 13 personnes à son bord, a été secouru jusqu’à Almería.

    Le 8 janvier, on informe Alarm Phone qu’un bateau transportant environ 36 personnes est parti de Nador pendant la nuit. Le MRCC Rabat confirmera plus tard l’interception du bateau. Nous déplorons le fait qu’une autre embarcation, ainsi que les 27 personnes qui étaient à son bord, parties de Nador quelques heures seulement après la première, aient disparu sans laisser de traces​​​​​​​. 9 des passager.es étaient des femmes.

    En février, deux bateaux qui avaient contacté Alarm Phone après leur départ d’Al Hoceïma ont été secourus et amenés en Espagne. Un autre bateau a été intercepté par la Marine Royale. Le 12 février, on informe Alarm Phone de la disparition en mer d’Alborán d’un bateau transportant 7 personnes, après être parti de Bouyafar à l’aube. Ce n’est qu’après deux jours et une grande pression exercée par les proches des passager.es ainsi que par Alarm Phone qu’il a été possible de découvrir que les voyageur.euses avaient été secouru.es, emmené.es à Motril et immédiatement placé.es en détention. Comme nous l’avons tweeté à propos de ce cas, “nous condamnons le silence des autorités qui relève d’un racisme structurel à l’encontre des personnes en mouvement. #LibertéDeMouvement.”
    2.4. Oujda et la frontière algérienne : les traversées deviennent plus dangereuses

    La situation à Oujda et à la frontière entre l’Algérie et le Maroc reste dangereuse et a empiré ces dernières semaines. Les quatre dernières mois ont été le théâtre d’arrestations de personnes, mineur.es y compris, qui mendiaient, ainsi que de refoulements répétés à la frontière.

    Bien des personnes ayant pour volonté de traverser la frontière qui sépare le Maroc de l’Europe doivent d’abord passer par l’Algérie. Puisque cette frontière est fermée depuis longtemps – y compris pour des personnes ayant des documents officiels leur permettant de voyager entre ces deux pays – traverser cette frontière est évidemment très difficile pour des personnes ne bénéficiant pas d’une telle permission. “Difficile” signifie presque toujours que cela coûte cher. Historiquement, les hommes devaient payer entre 150 et 200 euros, parfois même 250 euros, pour pouvoir traverser cette frontière terrestre entre l’Algérie et le Maroc. Les femmes devaient payer entre 300 et 400 euros et les personnes malades et/ou handicapées (physiques) devaient payer 500 euros.

    Le 5 janvier dernier, le Maroc a officiellement établi une zone militaire à la frontière avec l’Algérie. Jusqu’alors, le Maroc était divisé en deux zones militaires, Nord et Sud. La création de cette troisième zone est due au conflit qui n’a cesse de s’intensifier entre le Maroc et l’Algérie. La frontière a été renforcée et équipée tant matériellement qu’en ressources humaines. En conséquence, traverser la frontière est également devenu plus coûteux et, récemment, le nombre de personnes qui la traversent a drastiquement baissé. Les prix ont doublé, voire triplé dans certains cas. Pour des hommes physiquement valides, le prix minimal est désormais de 250 euros, le double pour des femmes, et le triple pour des personnes (physiquement) handicapées ainsi que pour des femmes enceintes. On dit que les prix vont parfois jusqu’à 1000 euros. Ils dépendent des aptitudes physiques, plus particulièrement de la capacité à courir et de l’endurance. Désormais, traverser cette frontière est, en fait, surtout lié au transport de drogues et se fait en coopération avec les forces militaires marocaines qui, en échange, en profitent financièrement. On conseille aux personnes qui traversent d’avoir de l’argent et un smartphone sur elles afin de pouvoir payer leur sortie de prison si elles devaient être découvertes pendant la traversée.

    Les personnes qui souhaitent traverser sont souvent exploitées mais, n’ayant aucune autre option, elles ne peuvent pas l’éviter. Des femmes sont souvent violées dans la zone frontalière et tombent enceintes ou contractent des maladies sexuellement transmissibles. De nombreuses personnes meurent pendant la traversée. D’autres meurent après l’arrivée du fait des épreuves vécues. Cela est particulièrement courant en hiver en raison du manque de vêtements appropriés au climat ou parce qu’elles glissent sur le sol détrempé et tombent dans le fossé inondé de la frontière et s’y noient. Lorsque quelqu’un meurt en traversant la frontière, la personne qui mène le groupe ne peut appeler personne à l’aide sous peine d’être envoyée en prison. Même après la traversée, presque personne n’a le courage de recenser les morts qui ont eu lieu dans la zone frontalière : des personnes disparaissent sans que leur mort n’ait été consignée où que ce soit. Après avoir traversé la frontière, particulièrement en hiver, les personnes souffrent des conséquences physiques de ce parcours dangereux. La traversée peut durer de 2 à 3 jours, mais va parfois jusqu’à une semaine.

    Alors même que traverser la frontière devenait plus dangereux, les conditions de logement des personnes changeaient aussi. Alors qu’auparavant les personnes vivaient en plus grands groupes plus ou moins en auto-gestion, il est aujourd’hui plus courant de louer son propre petit espace dans un appartement bondé. Lorsque la police découvre qu’un grand nombre de personnes habitent dans un même appartement, elle s’y introduit de force et arrête les personnes sans papiers pour les déporter en Algérie en pleine nuit. A la fin de l’année dernière, par exemple, la police a arrêté 20 personnes à leur domicile. Nous avons été informé.es que sept personnes bénéficiant des papiers qu’il fallait ont été relâchées, que sept autres personnes ont été emmenées à la zone frontalière durant la nuit et que trois personnes ont été arrêtées pour privation de liberté et traffic d’êtres humains.

    Le début d’année a vu le nombre de rafles aux domiciles des personnes augmenter. Ces rafles se concentrent au niveau des quartiers habités par les migrant.es : Andalous et Ben Mrah, quartiers où les descentes de police sont de plus en plus fréquentes. En janvier, 16 personnes ont été arrêtées pour privation de liberté à Sidi Yahya, un autre quartier d’Oujda, et sont actuellement poursuivies en justice.

    En conséquence des mesures de contrôle liées au Covid-19, le “pass sanitaire”, l’attestation de vaccination en vigueur au Maroc, a été introduit de sorte que les personnes qui n’en bénéficient pas ne puissent pas faire leurs courses ou utiliser les transports en commun. L’accès au vaccin est variable. Il nous a été rapporté que des personnes sans titre de séjour ont pu être vaccinées au Maroc tant qu’elles étaient en mesure de montrer un passeport en règle. Néanmoins, le pass sanitaire n’est pas accessible à des personnes venant de traverser la frontière algérienne ou pour des personnes n’ayant pas les bons passeports. Cela signifie qu’elles ne peuvent pas voyager facilement. Le coût des transports est doublé, au moins, car les conducteurs cachent les personnes pour échapper aux contrôles.
    2.5. L’Algérie et les départs pour l’Espagne

    La tendance que nous avions remarquée dans les précédents rapports s’est poursuivie dans la période couverte par ce rapport. De novembre 2021 à mars 2022, le nombre de départs de jeunes hommes, de familles et de femmes parties des rives algériennes n’a cessé d’augmenter, en conséquence du retour de bâton du mouvement social de 2019, de la désillusion qui lui a succédée et des difficultés économiques dont la grande majorité de la population algérienne a fait l’épreuve et qui n’ont fait qu’empirer en contexte de pandémie.

    Sur le plan politique, les militant.es et les syndicalistes algérien.nes, ainsi que toute personne ayant été engagée dans le hirak, font toujours face à une répression impressionnante. Récemment, plusieurs organisations et de nombreux individus ont publié une déclaration dénonçant la criminalisation par les autorités algériennes des partis politiques, des syndicats et des bases d’organisations politiques. La répression ne mène pas seulement à l’exil d’un grand nombre de personnes algériennes. Elle rend également difficile l’obtention d’informations sur le terrain concernant la situation des voyageur.euses, car la menace de criminalisation force le silence de nombreux.ses citoyen.nes et militant.es.

    Dans un article publié par le site français Mediapart, un homme algérien résidant en Espagne demande : “Pourquoi on est autant à fuir l’Algérie ?,Tebboune [le président algérien] va se faire soigner en Allemagne et moi, je dois rester mourir ici ?”

    La défaillance du système de santé pousse de nombreuses personnes à quitter le pays. D’après un article du site algérien algeriepartplus, “les ressortissant.es algérien.nes sont les plus nombreux.ses à demander un visa pour avoir accès à un traitement dans les hôpitaux français”.

    Dans cette optique, il n’est pas surprenant que le nombre de départs depuis novembre soit resté très élevé et ait compté quelques pics pendant la période. Par exemple, la période entre le 30 décembre et le 4 janvier a vu le nombre de départs exploser, ce que les médias algériens ont largement documenté. Près de 40 bateaux sont partis de la côte algérienne en direction de la péninsule espagnole. D’expérience, nous savons que le nombre de départs augmente autour des périodes de fêtes nationales (par exemple autour de l’Aïd au Maroc). La Croix Rouge a recensé le passage de 312 personnes à ses bureaux d’Almeria. La moitié d’entre elles était arrivée au cours des 24h précédentes, entre le 31 décembre et le 1er janvier, d’après un article d’Infomigrants.

    Si de nombreux bateaux rejoignent avec succès les côtes espagnoles, bien d’autres ont un destin tragique. D’après l’ONG Caminando Fronteras, pas moins de 169 harragas algériens ont été portés disparus en 2021 et les corps sans vie de 22 d’entre eux ont été retrouvés par le Salvamento Maritimo. Entre le 1er et le 5 janvier, 30 Algérien.nes sont mort.es dans leur tentative pour entrer en Europe. Nos pensées vont, comme toujours, aux familles et aux proches des défunt.es.

    Notre emploi du mot “tragique” ne doit pas dissimuler où est la responsabilité de ces crimes : d’une part, le fait que les structures politiques algériennes n’offrent aucune perspective sociale et économique, d’autre part le refus délibéré des pays européens de permettre une route migratoire régulière ainsi que la militarisation des frontières que ces mêmes pays mettent en place. Combinés, ces facteurs forcent les gens à inventer et à risquer des chemins chaque fois plus dangereux vers un futur vivable.
    Le soutien porté par à Alarm Phone aux Algérien.nes qui voyagent vers l’Espagne

    Ces derniers mois, Alarm Phone a porté assistance à six bateaux partis d’Algérie en direction de l’Espagne (le 5 novembre, le 20 et le 30 décembre, le 11 et le 13 février). L’un d’entre eux transportait 9 personnes parties de Capdur (Béjaïa) le soir du 30 décembre et a finalement échoué sur l’île du Congrès (Espagne). Elles ont été finalement refoulées jusqu’à Nador, au Maroc.

    Les voyageur.euses algérien.nes ne font pas seulement face aux risques en mer. Une fois arrivé.es en Europe, le risque de déportation est désormais de plus en plus grand. A la mi-novembre, une entrevue entre les ministres de l’Intérieur algériens et espagnols a eu pour issue la décision du gouvernement algérien de débloquer l’équivalent de 6,4 millions d’euros pour financer le rapatriement des harragas algériens en 2022. Depuis lors, les déportations ont dramatiquement augmenté. Le 20 février, une trentaine d’Algérien.nes a été déportée d’Espagne vers Oran ou Ghazaouet. Le 1er février déjà avait eu lieu une déportation au cours de laquelle 40 Algérien.nes ont été expulsé.es de force dans le port d’Almeria. D’après l’un de nos contacts à Oran, le risque d’arrestations et de poursuites judiciaires pour les personnes déportées de force vers l’Algérie est très élevé. Cela fait partie intégrante de la dure criminalisation des harragas par l’Etat algérien dont il était déjà question lors d’un précédent rapport. La procédure de déportation ajoute donc un nouveau risque à la liste de ceux que les personnes en mouvement connaissent déjà et nourrit la corruption en Algérie puisque le seul moyen pour les personnes déportées de sortir de prison est de soudoyer quelqu’un.
    Un commerce frontalier florissant

    Il est clair que le déchaînement général et continu des politiques répressives à l’encontre des personnes en mouvement a créé les conditions propices au développement d’un commerce frontalier prolifique géré par des organisations clandestines en constante expansion. Dans un article intitulé “Algérie : Le trafic de migrants vers l’Espagne a généré près de 60 millions d’euros en 2021” Jeune Afrique met en avant une enquête menée en 2021 par la police espagnole montrant que “ces réseaux disposent aujourd’hui d’une flotte de « bateaux-taxis », des embarcations dotées de puissants moteurs de 200 à 300 chevaux permettant de gagner rapidement les côtes espagnoles et d’effectuer plusieurs rotations par semaine.”

    En Algérie, les organisations illicites impliquées dans le business des frontières sont devenues de plus en plus puissantes et structurées. En 2020, les observateurs.rices avaient déjà noté un changement dans le mode opératoire des voyageurs et voyageuses lié au rôle croissant des organisations criminelles dans l’organisation des traversées. Historiquement, l’exil des personnes algériennes était organisé de manière autonome. Des groupes d’une dizaine de personnes mettaient en commun leurs ressources pour financer un bateau et un moteur, puis préparaient correctement leur voyage avant de prendre la mer. Au cours des trois dernières années, la militarisation et la répression contre les voyageurs et voyageuses ont augmenté. Cela est allé de pair avec la corruption de la police des frontières. Cela a rendu possible le développement de puissantes organisations du marché noir. Celles-ci dominent désormais le marché. Nos contacts à Oran nous disent que l’organisation du passage clandestin telle qu’elle s’est développée en Algérie repose largement sur des pratiques systématiques de corruption au sein de la police des frontières. En outre, les départs autonomes sont désormais très difficiles, voire impossibles, car les trafiquants surveillent avec attention les côtes et les plages, à l’affût des départs de bateaux qui ne font pas partie de leur flotte.

    Ce phénomène est, selon Mediapart, particulièrement notable dans la région d’Oran, région à partir de laquelle la majorité des départs ont eu lieu au cours des derniers mois. Un pêcheur d’Oran raconte que “la marine n’arrive plus à faire face à la situation. Même quand elle tente de les stopper, [les passeurs] arrivent à leur échapper car leurs embarcations sont plus rapides. […] Certains jours, j’ai compté jusqu’à 11 bateaux de passeurs au mouillage”. Selon la chercheuse Nabila Mouassi, également citée dans l’article de Mediapart, “la mafia travaille sur un pied d’égalité avec l’État.”

    Quant au prix du passage, “tou.te.s les adolescent.e.s d’Oran et des villages alentours peuvent vous le dire”, affirme un contact local à Oran. Il varie de 750 à 4000 euros, selon le type de bateau, la qualité du moteur, la fourniture d’un GPS/téléphone satellite, etc.

    3 Naufrages et personnes disparues

    Au cours des quatre derniers mois, nous avons recensé plus de 200 décès et plusieurs centaines de personnes disparues dans la région de la Méditerranée occidentale. Alarm Phone a été témoin d’au moins dix naufrages et de cas de décès dus à un retard des secours ou à une absence d’assistance. Ces cas de “laissé.es pour compte” sont des évènements si courants qu’ils doivent être considérés comme faisant partie intégrante du régime mortel des frontières.

    Malgré tous les efforts déployés pour recenser les mort.e.s et les disparu.e.s, nous pouvons être sûr.e.s que le nombre réel de personnes qui sont mortes en mer en tentant de rejoindre l’UE est bien plus élevé. Nous voulons nous souvenir de chacun et chacune d’entre elles et eux et commémorer chaque victime inconnue afin de combattre le système politique qui les a tué.e.s.

    Le 8 novembre 2021, un bateau avec des ressortissant.es gambien.nes et sénégalais.es est parti de Gambie pour tenter d’atteindre les îles Canaries. C’était un groupe d’environ 165 personnes. Après deux jours, leurs proches ont perdu le contact avec elleet eux. Aucune nouvelle des voyageurs et voyageuses depuis. 35 des passager.e.s étaient originaires de Gunjur. Le village reste sous le choc et dans la confusion. (source : AP)

    Le 11 Novembre, quatre corps sans vie sont repêchés et trois personnes sont déclarées disparues. Les personnes décédées se sont noyées à proximité de la côte de Oued Cherrat, Skhirat, Maroc.

    Le 14 Novembre, un bateau est retrouvé, à environ 40 miles au sud de Gran Canaria, Espagne, avec sept corps sans vie à bord. Le bateau avait passé au moins six jours en mer. Une huitième personne est morte après le secours dans le port de Arguineguin, Gran Canaria, Espagne

    Le 15 Novembre, deux personnes meurent dans une embarcation à la dérive au Sud de Gran Canaria, Espagne. Il y a 42 personnes survivantes.

    Le 18 Novembre, un corps sans vie est rejeté sur la côte à Nabak, 16km au Nord de Dakhla, au Sahara Occidental.

    Le 18 novembre, un bateau avec deux corps sans vie et 40 survivant.es est retrouvé à la dérive à 216 km au sud de Gran Canaria, en Espagne.

    Le 19 novembre, un corps sans vie est retrouvé après le chavirement d’un bateau à moteur dans les alentours de la côte de Sarchal, Ceuta, Espagne.

    Le 20 novembre, Mutassim Karim est porté disparu alors qu’il tentait de rejoindre Melilla, en Espagne, à la nage. L’ONG AMDH pointe du doigt la Guardia Civil comme responsable du décès et demande l’ouverture d’une enquête sur cette disparition.

    Le 23 novembre, un bateau avec 34 personnes est retrouvé par un navire marchand à 500 km au sud de Gran Canaria. 14 personnes sont mortes et seules 20 personnes survivent après 3 semaines en mer.

    Le 25 novembre, une femme tombe à l’eau alors qu’un bateau de 58 personnes est intercepté par la marine marocaine au large de Laayoune, au Sahara occidental. Une autre personne était morte avant l’interception.

    Le 26 novembre, deux personnes meurent et quatre sont portées disparues après qu’un dinghy/zodiac ait chaviré au sud de Gran Canaria, en Espagne.

    Le 27 novembre, la mort de deux personnes est confirmée après qu’un bateau transportant 57 personnes ait chaviré pendant une opération de secours au sud-est de Fuerteventura, sur les îles Canaries, en Espagne. Quatre personnes sont toujours disparues.

    Le 27 novembre, deux corps sans vie sont retrouvés en mer, à Punta Leona et à El Desnarigado-Sarchal, à Ceuta, en Espagne.

    Le 30 novembre, cinq mineurs – Ahmed, Tarik, Yahya, Alae et Brahim – sont portés disparus dans le détroit de Gibraltar, au Maroc. Ils avaient quitté Ceuta deux semaines plus tôt dans un radeau sans moteur avec la péninsule pour cap. Nous sommes toujours sans nouvelle.

    Le 1er décembre, au moins 40 personnes perdent la vie après le naufrage d’un bateau au large de Tarfaya, au Maroc.

    Le 2 décembre, la dépouille d’un bébé est retrouvée à bord d’un bateau au large des côtes de Fuerteventura. Le bébé faisait partie d’un groupe de presque 300 personnes qui voyageaient dans cinq bateaux différents en direction de Fuerteventura en Espagne. L’Alarm Phone a été informé qu’un sixième bateau avait fait naufrage non loin de la plage de Tarfaya. 22 personnes ont été déclarées disparues et 13 personnes ont été retrouvées mortes.

    Le 6 décembre, un bateau avec 56 personnes à son bord arrive à Gran Canaria, en Espagne. Un bébé, deux femmes et un homme meurent avant d’avoir atteint l’île.

    Le 6 décembre, les dépouilles de trois personnes s’échouent sur le rivage, sur la plage de Beni Chiker, à Nador, au Maroc, très probablement après une tentative de traverser la frontière de Melilla.

    Le 6 décembre, un bateau transportant 20 personnes est secouru au sud de La Gomera, îles Canaries, Espagne. On y retrouve un corps mort.

    Le 8 décembre, 29 personnes meurent après qu’un bateau ait chaviré en Atlantique, au large de Laayoune, au Sahara occidental. 31 personnes survivent au naufrage.

    Le 9 décembre, un corps est retrouvé à 50km au nord de Dakhla, au Sahara occidental.

    Le 12 décembre, un corps mort échoue sur la plage de Fnideq au Maroc. Il semble s’agir du corps d’une personne ayant tenté d’atteindre Ceuta à la nage.

    Le 13 décembre, un corps est retrouvé près de la plage de Sarchal, à Ceuta, en Espagne.

    Le 14 décembre, un corps échoue sur la plage municipale de Tanger au Maroc.

    Le 14 décembre, un corps est retrouvé près de la Corniche de Nador au Maroc. La personne est probablement décédée au cours de sa tentative pour traverser la frontière de Melilla en Espagne.

    Le 17 décembre, un corps est retrouvé sur un bateau de 60 personnes au Sud-est de Gran Canaria, dans les îles Canaries, en Espagne.

    Le 18 décembre, 17 personnes meurent en mer entre la Gambie et les îles Canaries, en Espagne. Un bateau composé de 105 survivant.es est retrouvé à 800kms au sud de Tenerife. Le bateau avait quitté la Gambie 19 jours plus tôt.

    Le 18 décembre, 35 personnes meurent dans le naufrage d’un bateau transportant 52 personnes, au large de Boujdour, au Sahara occidental.

    Le 20 décembre, deux corps sont retrouvés près de la frontière algérienne à Touissite, Jerada, au Maroc.

    Le 21 décembre, un corps est retrouvé à Playa de los Muertos, à Almeria, en Espagne.

    Le 21 décembre, un bateau de 15 personnes fait naufrage au large de la côte d’Arzew en Algérie. Seules huit personnes ont survécu.

    Le 23 décembre, trois personnes meurent et trois disparaissent après qu’un bateau de 10 personnes ait chaviré à 3kms au large de Chlef, Mostaganem, en Algérie.

    Le 23 décembre, deux corps sont retrouvés à Ras Asfour, à Jerada, au Maroc (près de la frontière algérienne).

    Le 30 décembre, un corps sans vie est rejeté sur la plage de Ténès, Chlef, Algérie.

    Le 30 décembre, un corps sans vie est retrouvé près du port de Beni Haoua, Chlef, Algérie.

    Le 31 décembre, deux corps sans vie sont découverts sur la côte de Cherchell, Tipaza, Algérie.

    Le 31 décembre un corps sans vie est repêché en mer près de BouHaroun, Tipaza, Algérie.

    Le 31 décembre, six survivants et trois corps sans vie sont repêchés après un naufrage à 35 miles nautiques de la côte d’Almeria, Espagne.

    Le 03 janvier 2022, trois personnes meurent et dix personnes disparaissent dans deux naufrages au large de Cabo de Gata, Almería, Espagne.

    Le 04 janvier, deux bateaux avec 103 survivant·es et deux corps sans vie sont trouvés par des navires de la marine américaine lors de manœuvres dans l’Atlantique. Les survivant·es sont transféré·es à la Marine Royale.

    Le 04 janvier, Alarm Phone est informé de la disparition d’un bateau avec 52 personnes à bord. Le bateau était parti avec 23 hommes, 21 femmes et huit enfants de Tarfaya, au Maroc.

    Le 04 janvier, Alarm Phone est informé d’un cas de détresse avec 63 personnes à bord au large de Tarfaya, Maroc. Cinq personnes meurent en mer avant l’arrivée des secours et six personnes doivent être soignées à l’hôpital.

    Le 07 janvier, après plusieurs jours de dérive, un bateau est secouru à 26 km des côtes d’Alicante, en Espagne. Cinq personnes peuvent être secourues, au moins 12 personnes sont portées disparues.

    Le 07 janvier, Alarm Phone est informé de la disparition d’un bateau qui avait quitté Ain-El Turk, Algérie, le 03 janvier avec 12 personnes à bord. Le bateau semble avoir sombré en emportant tou.tes les passager·es.

    Le 08 janvier, Alarm Phone est témoin du naufrage d’un bateau avec 27 personnes à bord au large de Nador, au Maroc. Cinq corps en décomposition sont retrouvés près de Malaga, en Espagne, 15 jours plus tard. 22 personnes sont portées disparues.

    Le 9 janvier, Alarm Phone Maroc est informé qu’un bateau avec 12 personnes à bord a fait naufrage au large des côtes algériennes. Seules deux personnes ont survécu, dix personnes sont toujours portées disparues.

    Le 11 janvier, un corps sans vie est retrouvé dans l’eau au large de Rocher Plat, Tipaza, Algérie.

    Le 12 janvier, un corps en décomposition est rejeté sur le rivage à Plage Gounini, Tipaza, Algérie.

    Le 13 janvier, un bateau avec 60 voyageur·ses est perdu. Il était parti une semaine auparavant à destination des îles Canaries, en Espagne.

    Le 14 janvier, dix personnes meurent dans un naufrage au large des côtes algériennes. Seules trois personnes peuvent être sauvées après 12 jours de dérive.

    Le 16 janvier, Alarm Phone est informé d’un cas de détresse avec 55 personnes à bord. Lorsque les secours arrivent enfin, deux personnes sont déjà décédées et dix seulement peuvent être sauvées. 43 personnes sont toujours portées disparues. Le naufrage a eu lieu près de Tarfaya, au Maroc. Il est rapporté que deux personnes sont décédées à l’hôpital.

    Le 16 janvier, le corps d’un jeune homme est rejeté sur la côte orientale de Fuerteventura. Le jour suivant, le corps d’une jeune femme est également retrouvé.

    Le 17 janvier, une personne est retrouvée sans vie dans l’un des deux canots pneumatiques secourus au sud-est de Gran Canaria, en Espagne.

    Du 16 au 25 janvier, cinq corps sans vie sont rejetés sur le rivage sur différentes plages autour de Málaga, en Espagne :

    Le 16 janvier, un corps mort est retrouvé sur la plage de Cabo Pino, à l’est de Marbella, en Espagne.
    Le 17 janvier, deux corps morts sont retrouvés sur la plage de Las Verdas, à Benalmádena, en Espagne.
    Le 23 janvier, un corps est retrouvé flottant près de la plage de La Caleta, Malaga, Espagne.
    Le 24 janvier, un corps est retrouvé flottant à côté de la plage de Nerja, Espagne.

    Comme 17 personnes ont disparu lors de leur traversée vers Almeria entre le 16 et le 25 janvier, nous supposons que ces corps font partie des personnes qui se sont noyées dans les différents naufrages de cette période.

    Le 18 janvier, le corps sans vie d’une personne qui voyageait dans un bateau avec neuf autres hommes est repêché au large de Carboneras, Almeria, Espagne.

    Le 24 janvier, il n’y a toujours aucune trace d’un bateau avec 43 personnes qui avait quitté Nouadhibou, Mauritanie, le 5 janvier. Parmi ces personnes qui tentaient de prendre la route des îles Canaries, sept femmes et deux enfants

    Le 25 janvier, 19 personnes meurent et neuf personnes survivent à un naufrage à 77 km au sud-est de Lanzarote, en Espagne.

    Le 1er février, au moins deux personnes meurent lorsqu’un bateau pneumatique chavire à 100 km au large de Plage David, Ben Slimane, Maroc. Le nombre de personnes disparues n’est pas clair. Le bateau transportait environ 50 personnes, mais seules sept d’entre elles ont été secourues.

    Le 01 février, Alarm Phone Maroc rapporte qu’une personne est décédée pendant l’opération de sauvetage d’un bateau avec 58 personnes au large de Tarfaya, au Maroc.

    Le 02 février, au moins un homme meurt et un autre est évacué par hélicoptère vers un hôpital après qu’un bateau avec environ 50 personnes à bord, chavire à 35 km au sud de Morro Jable, Fuerteventura, îles Canaries, Espagne.

    Le 05 février, Alarm Phone Maroc découvre le naufrage d’un bateau transportant 58 personnes, survenu au large de Tarfaya, au Maroc. Huit personnes n’ont pas survécu à la tragédie selon les recherches d’Alarm Phone.

    Le 6 février, Alarm Phone est alerté du naufrage d’un bateau pneumatique transportant 52 personnes à 75 miles nautiques au sud-ouest de Boujdour, Sahara Occidental. En raison des conditions météorologiques difficiles et du mauvais état du bateau, les personnes à bord sont en grand danger. Le téléphone d’alarme informe immédiatement les autorités mais les secours sont retardés pendant des heures. Quatre personnes sont mortes avant l’arrivée du navire de sauvetage.

    Le 7 février, un bateau avec 68 personnes à bord fait naufrage à 85 km au sud de Gran Canaria, îles Canaries, Espagne. 65 personnes sont secourues mais trois personnes avaient sauté du bateau pneumatique et ont perdu la vie avant le début des opérations de sauvetage.

    Le 13 février, les restes d’une personne sont rejetés sur la plage de Targha, Chefchaouen, Maroc.

    Le 22 février, 40 personnes sont secourues après neuf jours de dérive au large de la côte de Sidi Ifni, au Maroc. Trois personnes étaient déjà décédées.

    Le 23 février, Alarm Phone est informé d’un naufrage avec 87-94 personnes au large de la côte d’Imtlan, Sahara Occidental. Trois corps sans vie sont récupérés à bord après quatre jours en mer, 47 personnes sont secourues, mais 37-44 personnes sont toujours portées disparues.
    4 Journée internationale de lutte : CommémorActions 2022 à l’occasion du 6 février

    Le travail de Alarm Phone consiste principalement à soutenir par téléphone les personnes en détresse pendant leur traversée. Mais dans la plupart des cas, le travail va bien au-delà. En plus de documenter les refoulements illégaux et l’absence d’assistance de la part des autorités, nous finissons parfois par soutenir les familles dans la recherche de leurs proches disparu.e.s. Lorsqu’un bateau disparaît, les proches restent souvent sans information pendant des mois, ne reçoivent pratiquement aucun soutien de l’État et se sentent livré.es à eux et elles -mêmes dans la tentative de retrouver leurs proches. C’est souvent le cas en Gambie, point de départ habituel des bateaux sur la route de l’Atlantique. Malheureusement, Alarm Phone n’est pas vraiment en action dans cette région mais certain.es de nos camarades activistes qui y vivent nous ont parlé d’un cas dans lequel iels se sont retrouvé.es impliqué.es fin janvier :

    Le 8 novembre 2021, un bateau avec des ressortissant.e.s gambien.ne.s et sénégalais.e.s est parti de Gambie pour rejoindre les îles Canaries. C’était un groupe d’environ 165 personnes, dont 8 femmes. Après deux jours, leurs proches ont perdu le contact avec elle et eux et n’ont plus de nouvelles depuis. Alarm Phone a rencontré plusieurs familles à Gunjur, en Gambie. Elles sont toujours désespérément à la recherche d’un groupe de 35 jeunes de leur village qui faisaient partie des passager.es du bateau. Jusqu’à aujourd’hui, elles n’ont reçu aucun soutien des gouvernements dans leur tentative de retrouver leurs proches.

    Selon le Comité International de la Croix-Rouge (ICRC), seulement “13 % des personnes qui se sont noyées en route vers l’Europe en Méditerranée et dans l’océan Atlantique entre 2014 et 2019 ont été retrouvées ou enterrées en Europe du Sud.” Étant donné que les funérailles sont une étape importante dans le processus de deuil, ne pas pouvoir enterrer les parents et ami.es perdu.es ou rester dans l’incertitude quant à leur sort empêche les gens de trouver comment surmonter leur chagrin. Malgré cela, ça peut donner d’autant plus de force pour sortir de sa supposée impuissance, passer à l’action ensemble et commémorer publiquement les personnes disparu.e.s tout en dénonçant le régime frontalier meurtrier et les responsables de ces morts.

    C’est pourquoi, chaque année depuis le massacre de Tarajal en 2014, des milliers de personnes à travers le monde descendent dans la rue le 06 février, Journée Mondiale de Lutte, en réponse à l’appel à l’action pour organiser des “commémorActions” décentralisées et locales. Ce sont des actions pour commémorer les personnes qui sont mortes, ont disparu ou ont été forcées de disparaître au cours de leurs voyages à travers les frontières. Cette année, de telles commémorations ont eu lieu au Cameroun, en Gambie, en Tunisie, au Mali, au Maroc, en Mauritanie, au Niger, au Sénégal, en Turquie, au Mexique, en France, en Allemagne, en Grèce, à Malte, en Serbie, en Slovénie, en Espagne, en Italie, au Royaume-Uni et ailleurs.
    Vous pouvez trouver une collection de vidéos et de photos sur les médias sociaux (#CommemorActions). En parallèle, notre projet sœur “Missing at the Borders ” recueille des images de toutes les villes où des actions commémoratives ont eu lieu. Voici quelques images des événements que les activistes d’Alarm Phone ont (co-)organisés le 6 février 2022 :

    En septembre 2022, une autre grande #commémorAction aura lieu en Tunisie. Nous espérons vous voir là bas, ou à l’une des nombreuses manifestations dans la lutte quotidienne contre l’inhumaine politique migratoire des puissants. Continuons à commémorer les personnes, pas les chiffres, et luttons ensemble pour la liberté de circulation pour toutes et tous !

    https://alarmphone.org/fr/2022/03/31/la-marchandisation-des-frontieres
    #asile #migrations #réfugiés #commémoration #morts_aux_frontières #décès #morts #route_atlantique #Atlantique #Sahara_occidental #Maroc #Canaries #mur_invisible #Tanger #Ceuta #Détroit_de_Gibraltar #Gibraltar #Nador #Oujda #Algérie #commerce_frontalier #naufrages #disparitions

  • Mai 2018 Hautes-Alpes : un corps qui pourrait être celui d’une migrante découvert dans la #Durance

    –-> je refais ici un fil de discussion (pour archivage) autour de la mort de #Blessing_Matthew (son identité à été dévoilée quelques jours après la découverte du cadavre)

    Le parquet n’exclut pas qu’il s’agisse d’une migrante. La victime ne correspond à aucune disparition inquiétante.

    Macabre découverte dans la Durance (Hautes-Alpes). Le corps d’une jeune femme noire a été découvert, mercredi 9 mai, dans la rivière, annonce le parquet de Gap. « Cette découverte ne correspond pas à une disparition inquiétante. Pour le moment, nous n’avons aucun élément qui permette d’identifier la personne et donc de dire s’il s’agit d’une personne migrante », a précisé le procureur de la République de Gap, Raphaël Balland.

    Une enquête judiciaire a été ouverte par le parquet et confiée à la gendarmerie afin de déterminer les circonstances du décès. « N’ayant pas en l’état d’éléments susceptibles d’être de nature criminelle, l’enquête a été ouverte du chef de ’recherche des causes de la mort’ », a indiqué le magistrat. Une autopsie sera réalisée lundi matin à l’institut médico-légal de Grenoble. « Les empreintes digitales seront exploitées afin de tenter de déterminer l’identité de la personne », a ajouté le procureur, invitant toute personne ayant des informations pouvant permettre de l’identifier à se manifester auprès de la gendarmerie.

    https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/migrants/hautes-alpes-le-corps-d-une-jeune-femme-noire-decouvert-dans-la-durance

    Ce que craignait les professionnels de la montagne est en train de se réaliser ? Des cadavres qui font surface à la fonte des neiges ?

    https://seenthis.net/messages/688734#message693469

    #frontières #mourir_aux_frontières_alpines #morts #décès #migrations #asile #réfugiés #Alpes #montagne #mourir_aux_frontières #violent_borders #frontière_sud-alpine #Saint-Martin-de-Queyrières
    –—

    ajouté à la liste des personnes en situation migratoire mortes dans les #Hautes-Alpes :
    https://seenthis.net/messages/800822

    elle-même ajoutée à la métaliste sur les mort·es aux frontières alpines :
    https://seenthis.net/messages/758646

    • Elle s’appelait #Mathew_Blessing...
      Communiqué de presse de Tous Migrants, 14.05.2018

      Lundi 7 mai, aux alentours de 5h du matin, un groupe composé de trois personnes étrangères, dont deux hommes et une jeune femme, marchaient en suivant la nationale 94 en direction de Briançon. La jeune femme marchait difficilement du fait de douleurs aux jambes et était souvent aidée par les deux jeunes hommes. À la hauteur du hameau de La Vachette, 5 policiers dissimulés dans les fourrés ont surgis brusquement sur la route nationale en allumant des torches électriques et en criant « police, police ». Les 3 personnes étrangères se sont alors enfuies à travers champ en direction du village où elles se sont dispersées, poursuivies par les policiers. L’un des deux hommes est interpellé vers l’Eglise. Les policiers sillonnent ensuite le village pendant plusieurs heures. La jeune femme ne donne plus aucune nouvelle d’elle depuis ce jour. En toutes hypothèses, les 5 policiers sont les dernières personnes à avoir vu vivante la jeune femme disparue. Mercredi 9 mai, le corps d’une jeune femme est retrouvée dans la Durance une dizaine de kilomètres plus en aval.
      La jeune femme disparue depuis lundi 7 mai s’appelle Mathew BLESSING. Elle est âgée de 21 ans et de nationalité nigériane.
      Les informations que nous avons recueillies font ressortir plusieurs éléments précis et circonstanciés qui pourraient relever des infractions suivantes :
      ➢ Mise en danger délibéré de la vie d’autrui par le manquement à une obligation particulière de sécurité ou de prudence, en l’espèce en organisant de nuit une poursuite à l’encontre de personnes de nationalités étrangères dans une zone dangereuse. Faits prévus et réprimés par l’article 223-1 du Code Pénal.
      ➢ Homicide involontaire par imprudence, négligence, ou manquement à une obligation de sécurité, en l’espèce en ayant conscience du danger de mort encouru par une chute dans la rivière, faits prévus et réprimés par l’article 221-6 du Code Pénal.
      ➢ Violence volontaire ayant entrainé la mort sans intention de la donner, faits prévus et réprimés par l’article 221-6 du Code Pénal.
      ➢ Non-assistance à personne en danger, en l’espèce en ayant omis de signaler aux services de secours la disparition d’une personne dans un environnement dangereux, faits prévus et réprimés par l’article 223-6 du Code Pénal.
      ➢ Discrimination d’une personne en raison de son physique ou de son apparence, faits prévus et réprimés par l’article 225-1 du Code Pénal.
      Les manquements aux obligations de sécurité et de prudence précédemment invoqués se déduisent des obligations propres des fonctionnaires de police résultant, notamment, du Code de Déontologie de la Police Nationale.
      Aux termes de l’article R. 434-10 du Code de déontologie de la police et de la gendarmerie Nationale, codifié dans la partie réglementaire du Code de Sécurité Intérieure :
      « Le policier ou le gendarme fait, dans l’exercice de ses fonctions, preuve de discernement.
      Il tient compte en toutes circonstances de la nature des risques et menaces de chaque situation à laquelle il est
      confronté et des délais qu’il a pour agir, pour choisir la meilleure réponse légale à lui apporter ».
      L’article R.434-19 du même code dispose également que :
      « Lorsque les circonstances le requièrent, le policier ou le gendarme, même lorsqu’il n’est pas en service, intervient de sa propre initiative, avec les moyens dont il dispose, notamment pour porter assistance aux personnes en danger ».
      Un signalement auprès du Procureur de la République, reprenant tous ces éléments, vint d’être déposé au nom de notre association par l’intermédiaire de nos avocats, afin que la justice fasse toute la lumière sur les circonstances ayant abouties à ce drame.

      Notre Mouvement citoyen ne cesse de dénoncer, notamment dans nos communiqués et alertes, les pratiques policières reposant sur des guets-apens et des courses poursuites. Ces pratiques révoltantes, désavouées par nombre de policiers et gendarmes eux-mêmes, ont déjà occasionné plusieurs accidents parfois très graves, à l’exemple de celui survenu dans la nuit du 18 au 19 aout dernier.
      Pratiquement toutes les nuits, des accidents sont évités de justesse au prix de souffrances nouvelles et parfois de blessures. Les dangers sont aggravés depuis ces dernières semaines par la débâcle, le renforcement de la présence policière et la présence active des « identitaires » qui collaborent avec la Police pour traquer les personnes migrantes en pleine montagne, sur les chemins et les routes.
      Rappelons que le village de La Vachette est traversée par la Durance qui, en cette période de l’année, connaît un débit très important, avec une température de l’eau de quelques degrés seulement. Toute chute d’une personne dans la rivière constitue un danger fatal.
      Rappelons que les demandeurs d’asile ne sont pas des personnes en situation irrégulière, pas plus que les mineurs isolés.
      Rappelons que le fait pour une personne étrangère d’être en situation irrégulière ne constitue pas un délit.
      Nous refusons que la Côte d’Azur, le littoral calaisien, le canal de la Villette et aujourd’hui nos montagnes, constituent pour les migrants un nouvel obstacle mortel après l’enfer libyen, le cimetière Méditerranéen, et tous ces murs de la honte qui s’érigent de par le monde.
      Nous exigeons l’interdiction des pratiques policières de guets-apens et de chasses à l’homme, ainsi que leurs avatars actuellement mis en oeuvre par le groupuscule suprémaciste Génération Identitaire.
      Nous exigeons le rétablissement de l’Etat de Droit et le plein respect des personnes étrangères qui frappent à notre porte et de leurs droits.
      Nous exigeons le respect par tous de notre devise « liberté, égalité, fraternité », à commencer par les représentants de l’Etat et les forces de l’ordre.
      Briançon, le 14 mai 2018

      https://www.facebook.com/tousmigrants/posts/2151764471721787

    • Le corps retrouvé dans la Durance serait celui d’une migrante qui fuyait la police

      Selon une association, la jeune femme marchait en direction de Briançon lorsqu’elle a été surprise par des policiers.

      L’enquête se poursuit pour déterminer les circonstances de la mort d’une jeune femme noire retrouvée dans la Durance (Hautes-Alpes) le 9 mai. Selon le procureur de Gap, Raphaël Balland, le corps n’a pas encore été « formellement » identifié.

      Mais pour l’association « Tous Migrants », qui vient en aide aux réfugiés dans la région depuis des mois, la jeune victime est une Nigériane de 21 ans qui voyageait avec deux hommes, également étrangers.
      Des policiers « dissimulés dans les fourrés »

      D’après « Tous Migrants », le 7 mai dernier, à l’aube, tous les trois marchaient sur une route nationale en direction de Briançon, lorsqu’ils auraient été surpris.

      Cinq policiers « dissimulés dans les fourrés » auraient fait irruption, provoquant la dispersion du groupe et une course-poursuite dans un village traversé par la Durance. Un des hommes y a été interpellé mais la jeune femme n’a plus donné signe de vie depuis, selon la même source.

      L’association, qui dénonce « les pratiques policières reposant sur des guets-apens », indique dans un communiqué avoir signalé ces éléments au parquet « afin que la justice fasse toute la lumière sur les circonstances de ce drame ».

      http://www.leparisien.fr/faits-divers/le-corps-retrouve-dans-la-durance-serait-celui-d-une-migrante-qui-fuyait-

    • Hautes-Alpes : la jeune noyée noire était-elle poursuivie par la police ?

      Mathew Blessing, 21 ans, Nigériane, n’a plus donné de nouvelles après avoir été poursuivie par la police le 7 mai, vers 5 heures du matin à La Vachette, hameau de la commune de Val-des-Prés (Hautes-Alpes). L’endroit se situe à 1 400 mètres d’altitude, juste sous le col frontalier de Montgenèvre qui constitue l’un des axes de passage importants des migrants d’Italie vers la France, malgré une importante présence policière.

      Deux jours plus tard, à quinze kilomètres en aval et de l’autre côté de la ville de Briançon, le corps d’une jeune femme noire a été retrouvé dans la Durance, sur un petit barrage. L’autopsie a établi qu’elle « serait décédée à la suite d’une noyade » selon le procureur de la République de Gap, Raphaël Balland, qui précise que « la jeune femme n’a pas encore été formellement identifiée » malgré l’appel à témoin lancé la semaine dernière.

      Le collectif briançonnais Tous migrants, qui regroupe les citoyens de la vallée engagés dans le soutien aux migrants, et notamment ceux qui vont leur porter assistance en altitude, n’a « quasiment aucun doute » sur le fait que la disparue et la noyée sont la même personne, dit l’un de ses membres, Michel Rousseau. Selon le communiqué de Tous migrants publié lundi soir, la jeune femme disparue marchait en direction de Briançon, après avoir réussi à passer la frontière, en compagnie de deux hommes dont les témoignages amènent l’association à redouter le pire : une noyade de la jeune femme lors de sa tentative d’échapper aux policiers. « La jeune femme marchait difficilement du fait de douleurs aux jambes […]. Cinq policiers dissimulés dans les fourrés ont surgi brusquement sur la route nationale en allumant des torches électriques et en criant "police, police". Les trois personnes étrangères se sont alors enfuies à travers champs en direction du village où elles se sont dispersées, poursuivies par les policiers. L’un des deux hommes est interpellé vers l’église. Les policiers sillonnent ensuite le village pendant plusieurs heures. La jeune femme ne donne plus aucune nouvelle d’elle depuis ce jour. En toutes hypothèses, les cinq policiers sont les dernières personnes à avoir vu vivante la jeune femme disparue. »

      Tous migrants, en raison « d’un faisceau d’indices concordants », a déposé lundi soir un signalement auprès du procureur de Gap. L’association soupçonne l’existence de délits de « mise en danger délibéré de la vie d’autrui », « homicide involontaire par imprudence, négligence ou manquement à une obligation de sécurité », « violence volontaire ayant entraîné la mort sans intention de la donner », « non-assistance à personne en danger », « discrimination d’une personne en raison de son physique ou de son apparence », ainsi que manquements au code de déontologie des policiers. Michel Rousseau est catégorique : « La gendarmerie dispose de tous les éléments que nous communiquons, nous ne sommes pas là pour faire une justice parallèle » et le parquet de Gap annonce qu’il « ne communiquera plus d’éléments sur les investigations en cours » d’ici la fin de l’enquête.

      Tous migrants exige solennellement « l’interdiction des pratiques policières de guet-apens et de chasse à l’homme » et « le rétablissement de l’Etat de droit et le plein respect des personnes étrangères qui frappent à notre porte ». Avec d’autres associations, elle appelle à une veillée funèbre ce mercredi soir à La Vachette. Face aux eaux tumultueuses et glaciales de la Durance, gonflées par la fonte des neiges.

      http://www.liberation.fr/france/2018/05/15/hautes-alpes-la-jeune-noyee-noire-etait-elle-poursuivie-par-la-police_165

    • Texte reçu par email, via @isskein, qui l’a reçu par une personne qu’elle ne connaît pas.
      Un texte poignant, qui vaut la peine d’être relayé :

      15 mai à 22:26
      Hautes-Alpes : Collomb envoi des renforts, un mort !
      Ou Génération Identitaire l’avait rêvé, les policiers l’ont fait.

      Ca y’ est, c’est sur toutes les lèvres... ce qui devait arriver, arriva. Ou devrait-on plutôt dire que c’est ce qu’ils ont décidé qui vient d’ arriver : la mort. Une jeune fille nigérianne a perdu la vie suite à une course poursuite avec la police lundi dernier 7mai, vers les 5h du matin, au niveau de la Vachette (pied du col de Montgenèvre). Son corps a été retrouvé immergé dans la Durance au barrage de Prelles, 10 km en aval, 3 jours plus tard.

      La militarisation de la Haute Vallée ne peut conduire qu’à des drames comme celui-ci. En plus d’empêcher illégalement des exilés de demander l’asile en France, elle leur ôte la vie, les traquant comme des animaux.

      NON la Haute Durance ne deviendra pas un tombeau à ciel ouvert.

      Pendant tout l’hiver, des dizaines de maraudeurs, de militants ont empêché la mort de frapper dans nos montagnes. Nous ne laisserons ni la police, ni les identitaires transformer la vallée en cimetière.

      Nous appelons à deux RENDEZ-VOUS ce MERCREDI 16 MAI

      11h30 devant le poste de police de Montgenèvre pour une assemblée, discussion, repas.
      20h30 à la Vachette (au croisement avec la route nationale), lieu du départ de la course poursuite meurtrière pour une veillée funèbre (ramenez des bougies et des fleurs, rassemblement en noir) pour les exiléEs.

      Nous demandons donc sans délais :
      – Le retrait immédiat des forces de police à la frontière.
      – La liberté de circulation pour toutes et tous.

    • Briançon • Elle s’appelait Mathew Blessing…

      A dix kilomètres de Briançon, une jeune femme nigériane, Mathew Blessing, âgée de 21 ans, a disparu le 7 mai dernier autour de 5h du matin. Son corps a été retrouvé dans la Durance, à proximité directe d’une prise d’eau du barrage de Prelles, sur la commune de Saint-Martin-de-Queyrières…

      Une coordination solidaire a été constituée, afin d’éclaircir les conditions du décès de Mathew, de suivre les résultats d’autopsie, de rechercher des proches éventuels, ainsi qu’organiser une commémoration et le retour de son corps vers son pays.

      Notre ami et collègue Sadık Çelik fait partie de cette coordination, en tant qu’automédia, et nous a fait parvenir le communiqué publié.

      Il nous fait aussi savoir qu’aujourd’hui des proches étaient arrivéEs sur place. Il y aura une enquête complémentaire indépendante à l’endroit où la jeune femme a été retrouvée morte. Un procureur de Gap a été saisi de l’affaire et a annoncé jusqu’alors un “décès par noyade”. Une plainte est déposée à la gendarmerie, et le communiqué de presse a suivi.

      Un rassemblement se déroulera demain, à 8h30, le 16 mai, à la mémoire de Mathew.

      Rappelons que ce n’est pas la première victime de cette chasse à l’homme aux frontières. En octobre, une enquête ouverte après la chute de deux migrants dans un ravin, au col de l’Echelle au-dessus de Briançon, survenue en août, fut classée sans suite. Ils avaient fuit une patrouille de gendarmerie…

      –-------

      Voici le communiqué de presse publié le 14 mai 2018, par “Tous migrants” sur leur page Facebook.
      Elle s’appelait Mathew Blessing…
      COMMUNIQUE DE PRESSE

      Lundi 7 mai, aux alentours de 5h du matin, un groupe composé de trois personnes étrangères, dont deux hommes et une jeune femme, marchaient en suivant la nationale 94 en direction de Briançon. La jeune femme marchait difficilement du fait de douleurs aux jambes et était souvent aidée par les deux jeunes hommes. À la hauteur du hameau de La Vachette, 5 policiers dissimulés dans les fourrés ont surgis brusquement sur la route nationale en allumant des torches électriques et en criant”police, police”. Les 3 personnes étrangères se sont alors enfuies à travers champ en direction du village où elles se sont dispersées, poursuivies par les policiers. L’un des deux hommes est interpellé vers l’Eglise. Les policiers sillonnent ensuite le village pendant plusieurs heures. La jeune femme ne donne plus aucune nouvelle d’elle depuis ce jour. En toutes hypothèses, les 5 policiers sont les dernières personnes à avoir vu vivante la jeune femme disparue. Mercredi 9 mai, le corps d’une jeune femme est retrouvée dans la Durance une dizaine de kilomètres plus en aval.

      La jeune femme disparue depuis lundi 7 mai s’appelle Mathew BLESSING. Elle est âgée de 21 ans et de nationalité nigériane.

      Les informations que nous avons recueillies font ressortir plusieurs éléments précis et circonstanciés qui pourraient relever des infractions suivantes :

      Mise en danger délibéré de la vie d’autrui par le manquement à une obligation particulière de sécurité ou de prudence, en l’espèce en organisant de nuit une poursuite à l’encontre de personnes de nationalités étrangères dans une zone dangereuse. Faits prévus et réprimés par l’article 223-1 du Code Pénal.
      Homicide involontaire par imprudence, négligence, ou manquement à une obligation de sécurité, en l’espèce en ayant conscience du danger de mort encouru par une chute dans la rivière, faits prévus et réprimés par l’article 221-6 du Code Pénal.
      Violence volontaire ayant entrainé la mort sans intention de la donner, faits prévus et réprimés par l’article 221-6 du Code Pénal.
      Non-assistance à personne en danger, en l’espèce en ayant omis de signaler aux services de secours la disparition d’une personne dans un environnement dangereux, faits prévus et réprimés par l’article 223-6 du Code Pénal.
      Discrimination d’une personne en raison de son physique ou de son apparence, faits prévus et réprimés par l’article 225-1 du Code Pénal.

      Les manquements aux obligations de sécurité et de prudence précédemment invoqués se déduisent des obligations propres des fonctionnaires de police résultant, notamment, du Code de Déontologie de la Police Nationale.

      Aux termes de l’article R. 434-10 du Code de déontologie de la police et de la gendarmerie Nationale, codifié dans la partie réglementaire du Code de Sécurité Intérieure :

      Le policier ou le gendarme fait, dans l’exercice de ses fonctions, preuve de discernement.
      Il tient compte en toutes circonstances de la nature des risques et menaces de chaque situation à laquelle il est
      confronté et des délais qu’il a pour agir, pour choisir la meilleure réponse légale à lui apporter.

      L’article R.434-19 du même code dispose également que :

      Lorsque les circonstances le requièrent, le policier ou le gendarme, même lorsqu’il n’est pas en service, intervient de sa propre initiative, avec les moyens dont il dispose, notamment pour porter assistance aux personnes en danger

      Un signalement auprès du Procureur de la République, reprenant tous ces éléments, vint d’être déposé au nom de notre association par l’intermédiaire de nos avocats, afin que la justice fasse toute la lumière sur les circonstances ayant abouties à ce drame.

      Notre Mouvement citoyen ne cesse de dénoncer, notamment dans nos communiqués et alertes, les pratiques policières reposant sur des guets-apens et des courses poursuites. Ces pratiques révoltantes, désavouées par nombre de policiers et gendarmes eux-mêmes, ont déjà occasionné plusieurs accidents parfois très graves, à l’exemple de celui survenu dans la nuit du 18 au 19 aout dernier.

      Pratiquement toutes les nuits, des accidents sont évités de justesse au prix de souffrances nouvelles et parfois de blessures. Les dangers sont aggravés depuis ces dernières semaines par la débâcle, le renforcement de la présence policière et la présence active des “identitaires” qui collaborent avec la Police pour traquer les personnes migrantes en pleine montagne, sur les chemins et les routes.

      Rappelons que le village de La Vachette est traversée par la Durance qui, en cette période de l’année, connaît un débit très important, avec une température de l’eau de quelques degrés seulement. Toute chute d’une personne dans la rivière constitue un danger fatal.

      Rappelons que les demandeurs d’asile ne sont pas des personnes en situation irrégulière, pas plus que les mineurs isolés.

      Rappelons que le fait pour une personne étrangère d’être en situation irrégulière ne constitue pas un délit.
      Nous refusons que la Côte d’Azur, le littoral calaisien, le canal de la Villette et aujourd’hui nos montagnes, constituent pour les migrants un nouvel obstacle mortel après l’enfer libyen, le cimetière Méditerranéen, et tous ces murs de la honte qui s’érigent de par le monde.

      • Nous exigeons l’interdiction des pratiques policières de guets-apens et de chasses à l’homme, ainsi que leurs avatars actuellement mis en oeuvre par le groupuscule suprémaciste Génération Identitaire.

      • Nous exigeons le rétablissement de l’Etat de Droit et le plein respect des personnes étrangères qui frappent à notre porte et de leurs droits.

      • Nous exigeons le respect par tous de notre devise “liberté, égalité, fraternité”, à commencer par les représentants de l’Etat et les forces de l’ordre.

      Briançon, le 14 mai 2018

      –-------

      Entre les “arrestations” musclées et récurrentes dans les gares de la région, les destructions de moyens de survie, les poursuites judiciaires contre les “aidants”, l’abandon cet hiver en haute montagne, et l’acceptation tacite de l’aide de milices fascistes et identitaires dans leur chasse à l’homme, on aurait beaucoup de difficultés à reconnaître une “politique d’accueil et d’asile”, pourtant vantée dans un nouveau texte de loi récent en cours de vote vers le Sénat.

      Là encore, les “forces de l’ordre” font un travail d’Etat au service d’une idéologie de repli identitaire, électoralement dirigé. Le libéralisme économique destructeur de droits sociaux s’accompagne d’une politique répressive à l’encontre de celles et ceux qui résistent, et s’acharne contre les plus faibles, qui fuient la prédation économique et les guerres. L’alliance contre nature du suprématisme et du libéralisme est “en marche”, concernant les politiques migratoires…

      Rappelons que cette idéologie n’est pas majoritaire en France, comme le prouve d’ailleurs l’accueil qui est fait aux marcheurs, partis de la région, en route pour Calais et Londres, via Paris.

      Le décès de la jeune Mathew Blessing est la conséquence directe de cette guerre anti-migrants qui s’avance masquée derrière les rictus hypocrites des politiciens entrés en compétition avec l’extrême droite…

      https://www.youtube.com/watch?v=TiWCo6EeNoI&feature=emb_logo

      https://www.kedistan.net/2018/05/15/briancon-elle-mathew-blessing

    • Briançon • Chronique d’une mort annoncée

      Un récit traduit de l’Italien, fait par Le “Rifugio Autogestito Chez Jesus”, et paru dans le Quotidien Piémontais, qui précise et complète l’article d’hier, à propos du décès d’une jeune migrante près de Briançon.

      Une semaine a passé depuis la mort de B. Cinq jours depuis que le cadavre d’une jeune femme “peut-être migrante” a été retrouvé, dans le fleuve qui passe sous Briançon, la Durance.

      Voici les faits.

      Un groupe d’une petite dizaine de personnes part de Clavière pour rejoindre Briançon à pied. Nous sommes dimanche soir, et comme chaque nuit les exilé·e·s qui tentent d’arriver en France se trouvent obligé·e·s d’éviter la route autant que possible et de passer par la montagne pour éviter les contrôles d’identité.

      Le groupe commence son chemin, et puis se sépare : la femme a des difficultés à marcher et a besoin d’aide et de soutien. Deux personnes restent avec elle, et les trois se détachent du groupe. Ils marchent sur la route, en se cachant dès qu’ils aperçoivent des lumières de phares ou entendent des bruits.

      La police a mis en place une véritable chasse aux migrant·e·s, plus féroce que jamais ces derniers jours. Ils se cachent sur les sentiers, pour surprendre, torches en main, ceux qui tentent la traversée, et font des rondes en voiture sur les routes. Ils se postent aussi aux entrées de Briançon, et à côté des carrefours, mettant en place de réels postes de blocage.

      Les trois personnes marchent pendant une quinzaine de kilomètres et se trouvent alors à 4 ou 5 kilomètres de Briançon. A la hauteur de la Vachette, cinq agents de la police nationale les attendent. Ils surgissent de derrière les arbres à gauche de la route. Il est entre quatre et cinq heures du matin, lundi 7 Mai. Les policiers se mettent à leur courir après. Le groupe se met en fuite, et entre dans le village de la Vachette. Un des trois réussit à se cacher, et les deux autres, un homme et une femme, courent sur la route. L’homme court plus vite, il cherche à attirer la police, qui parvient à l’attraper et le ramène directement en Italie.

      La femme, elle, disparaît.

      La police continue ses recherches dans le village de la Vachette pendant quatre heures. La rivière est en crue, et les policiers concentrent leurs recherches sur les rives de la Durance et autour du pont. Puis ils s’en vont. Cette façon de faire est tout à fait différente des pratiques habituelles de la police, pendant ces nuits de contrôle : en général, après avoir attrapé quelques personnes, ils ne recherchent les fugitifs et fugitives restant·e·s que durant quelques dizaines de minutes. Les recherches concentrées dans la zone du fleuve indiquent clairement que les policiers avaient compris que quelque chose de très grave avait eu lieu.

      50 heures plus tard, Mercredi 9 Mai, un cadavre de femme est retrouvé bloqué à la digue de Prelles, à 10 km au Sud de Briançon. Il s’agit d’une femme d’un mètre 60, aux longs cheveux noirs tressés. Des cicatrices sur le dos, un collier serti d’une pierre bleue.

      Le Procureur de la République de Gap, Raphaël Balland, a annoncé la nouvelle le jour suivant, en précisant que “Cette découverte ne correspond à aucune disparition inquiétante. Pour le moment, nous n’avons aucun élément qui nous permette d’identifier la personne et donc de dire si il s’agit d’une personne migrante”.

      Lourde déclaration du procureur. Les disparitions de personnes exilées ne sont donc pas inquiétantes, sous prétexte qu’on ne les signale pas ? Les soutiens de B. étaient au contraire très inquiets : mais comment se tourner vers la police pour déclarer des disparus, quand ils risquent d’être maltraités, et leurs soutiens réprimés ?

      De plus, le procureur ment, car la police savait qu’une femme avait disparue après une poursuite.

      Très peu de journaux ont relevé la nouvelle. Il semblerait que personne n’ait souhaité publier celle-ci. L’intérêt est d’ensevelir cette histoire, pour éviter un scandale face aux violences policières. Deux cas de femmes enceintes refoulées avaient déclenché des réactions publiques en mars dernier.

      Une enquête judiciaire a été ouverte et confiée à la gendarmerie afin de déterminer les circonstances du décès. Le magistrat a annoncé que “n’ayant pas d’éléments qui font penser à la nature criminelle du décès, une enquête a été ouverte pour déterminer les causes de la mort”. Mais cela aussi est faux. La nature du décès est criminelle.

      Ce n’est pas une mort accidentelle, ce n’est pas une erreur. Ceci est un homicide. Celui d’une jeune femme nigérianne de 21 ans. Cinq policiers les ont poursuivis. Cette femme, B, est morte à cause d’eux et de la politique qui dirige, contrôle et légitime leurs actions.

      B. est morte parce que la frontière ne peut pas être traversée en sécurité par les personnes sans papiers.

      B. n’est pas morte à cause de la montagne, par erreur, elle n’est pas morte dans la neige cet hiver. Elle est morte parce qu’elle était en train d’essayer d’échapper à la police, qui s’adonne de façon toujours plus violente à la chasse aux migrant·e·s.

      Elle a été tuée par ces cinq agents, comme le système de la frontière le leur ordonne.

      Il s’agit d’un homicide avec des mandataires et des exécutants.

      Le Procureur de Gap et la préfète sont autant responsables que les policiers qui l’ont tuée, compte tenu des directives assassines qu’ils donnent.

      Les responsables sont aussi la magistrature et le tribunal, qui criminalisent les solidaires qui cherchent à éviter ces morts en rendant la traversée la plus sûre possible. Les responsables sont tous les politiciens qui fondent leur campagne électorale sur la différence de couleur de peau et de nationalité des personnes.

      Si cela continue, les morts se multiplieront.

      14 maggio, Rifugio Autogestito Chez Jesus

      https://www.kedistan.net/wp-content/uploads/2018/05/briancon-chez-jesus-refugies-sadik-celik-1.jpg
      https://www.kedistan.net/2018/05/16/briancon-chronique-mort-annoncee

    • LA FRONTIERA UCCIDE

      La militarizzazione è la sua arma.

      Una donna è morta. Un cadavere ancora senza nome è stato ritrovato mercoledì all’altezza della diga di Prelles, nella Durance, il fiume che scorre attraverso Briançon.

      Una donna dalla pelle nera, nessun documento, nessun appello alla scomparsa, un corpo senza vita e senza nome, come le migliaia che si trovano sul fondo del Mediterraneo.

      Questa morte non è una disgrazia inaspettata, non è un caso, non è “strana” per tanti e tante. Non c’ entra la montagna, né la neve o il freddo.

      Questa morte è stata annunciata dall’inverno appena passato, dalla militarizzazione che in questi mesi si è vista su queste montagne e dalle decine di persone finite in ospedale per le ferite procuratesi nella loro fuga verso la Francia. È una conseguenza inevitabile della politica di chiusura della frontiera e della militarizzazione.

      Questa morte non è una fatalità. È un omicidio, con mandanti e complici ben facili da individuare.

      In primis i governi e le loro politiche di chiusura della frontiera, e ogni uomo e donna in divisa che le porta avanti.

      Gendarmi, polizia di frontiera, chasseurs alpins, e ora pure quei ridicoli neofascisti di Géneration Idéntitaire, pattugliano i sentieri e le strade a caccia dei migranti di passaggio da questi valichi alpini. Li inseguono sui sentieri e nella neve sulle motoslitte; li attendono in macchina in agguato lungo la strada che porta a Briançon e quelle del centro città. Molti i casi quest’inverno di persone ferite e finite all’ospedale in seguito alle cadute dovute alle fughe dalla polizia.

      Quella donna era una delle decine di migranti che ogni giorno tentano di andare in Francia per continuare la propria vita. Per farlo, ha dovuto attraversare nella neve, a piedi, quella linea immaginaria che chiamano frontiera. Perché i mezzi di trasporto, sicuri, le erano preclusi data la mancanza di documenti e per la politica razziale di controllo che attuano al confine. Poi è scesa sulla strada, quei 17 chilometri che devono percorrere a piedi per raggiungere la città. È lungo quel tratto che deve essere inceppata in un blocco della polizia, come spesso viene raccontato dalle persone respinte. Probabilmente il gruppo di persone con cui era, che come lei tentava di attraversare il confine, si è disperso alla vista di Polizia o Gendarmerie alla ricerca di indesiderati da acchiappare e riportare in Italia, nel solito gioco dell’oca che questa volta ha ucciso.

      Questa donna senza nome deve essere scivolata nel fiume mentre tentava di scappare e nascondersi, uccisa dai controlli poliziesci. L’ autopsia avverà a Grenoble nella giornata di lunedì, solo allora sarà possibile avere maggiori dettagli sulla causa della morte.

      La frontiera separa e uccide.

      Non dimentichiamo chi sono i responsabili.

      Texte vu sur la page FB du refuge Chez Jesus : https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=373079166510819&id=362786637540072
      Repris ici aussi : https://hurriya.noblogs.org/post/2018/05/12/frontiera-uccide-militarizzazione-sua-arma

    • "La migrante morta per scappare ai gendarmi è mia sorella: fatemela vedere"

      “Quello a Briançon è il corpo di mia sorella Blessing, ma i gendarmi mi impediscono di vederla”. È arrabbiata la sorella di #Blessing_Mathew, la giovane nigeriana, morta cadendo nella Durance, il fiume che da Montgenevre scorre verso il sud della Francia, mentre cercava di scappare dai gendarmi che pattugliano il confine per impedire ai migranti di valicarlo. “Sono andata dai poliziotti francesi al confine, volevo vedere mia sorella per aver conferma che fosse morta, ma me lo hanno impedito perché dicono che non ho i documenti per entrare nel loro Paese”.

      La donna ha un regolare permesso di soggiorno italiano, ma la sua carta d’identità non è valida per l’espatrio. Per questo ora si trova in Italia, a Claviere, negli spazi occupati sotto la chiesa del paese dal collettivo solidale con i migranti, in attesa di poter identificare il corpo di sua sorella. “Mi hanno prelevato del Dna per paragonarlo con quello del cadavere – racconta – Ma dicono ci vorranno 15 giorni per i risultati. Poi mi hanno interrogato a lungo, ma non mi hanno permesso di andare a vederla. Ho dato ai gendarmi anche le foto di mia sorella, non ci sono dubbi che sia lei. Poco lontano da dove è caduta hanno trovato una borsa con i suoi documenti”.
      Da Bari la donna ieri è arrivata a Torino per cercare di capire cosa fosse successo a sua sorella Blessing, 21 anni, scomparsa all’alba di lunedì 7 maggio. Il gruppo che era con la giovane si è sfaldato all’altezza di Vachette, il paese che si trova al fondo della lunga discesa da Montgenevre. Una pattuglia di gendarmi li ha sorpresi nel buio mentre cercavano di raggiungere Briançon e li ha inseguiti fin dentro l’abitato. Tre sono rimasti indietro, uno è stato catturato e rispedito in Italia, uno è riuscito a scappare ed è arrivato al centro Tous Migrants che è diventato il punto di riferimento per i migranti che usano la rotta alpina per raggiungere la Francia. Di Blessing però nessun traccia, se non quella borsa trovata lungo il fiume.
      Secondo il racconto di alcuni testimoni gli uomini delle forze dell’ordine francese hanno battuto le rive per alcune ore, prima di rinunciare. Segno che forse avevano capito cos’era accaduto. Il suo corpo è stato trovato solo tre giorni dopo nella diga di Prelles, a Saint Martin de Queyrières. Ancora oggi i gendarmi non hanno confermato né l’identità, né la dinamica della morte, su cui indaga la procura di Gap. “L’altro giorno qualcuno ha contattato mia madre in Nigeria dicendo che mia sorella aveva avuto un incidente – ricorda – Così ho chiamato la polizia e saputo cos’era successo. I gendarmi mi hanno fatto vedere i suoi vestiti, ma non so se fossero suoi perché non abitiamo insieme. Lei stava in un centro d’accoglienza a Torino”.

      Proprio da questo documento si è risaliti all’identità della giovane, ma il sospetto dei militanti del collettivo Chez Jesus – che per oggi hanno convocato un presidio al posto di confine di Claviere - è che le forze dell’ordine non vogliano confermare l’identità subito per far scemare la
      tensione che sta creando la notizia di una migrante morta al confine mentre cercava di fuggire dalla gendarmerie. “Ho chiesto loro cosa fosse successo, chi c’era con lei quando è caduta in acqua, quanto tempo ci è rimasta e chi l’ha trovata, ma non mi hanno risposto – attacca la sorella di Blessing – Voglio sapere cosa è accaduto a mia sorella e poterla salutare prima della sepoltura, non capisco perché me lo impediscano”.


      http://torino.repubblica.it/cronaca/2018/05/16/news/_la_migrante_morta_per_scappare_ai_gendarmi_e_mia_sorella_fatemela

    • Ce midi devant la PAF à Montgenèvre, #Benoît_Ducos, un citoyen solidaire s’est adressé aux forces de l’ordre.

      A MESDAMES ET MESSIEURS LES POLICIERS ET GENDARMES

      "Mesdames, messieurs les Policiers et Gendarmes,

      Nous ne voulons pas qu’après l’enfer libyen et le cimetière méditerranéen, le passage de cette frontière se transforme en un nouvel obstacle meurtrier pour les exilés qui souhaitent venir en France.

      Nous vous demandons de cesser immédiatement les méthodes de cow-boys que vous employez ainsi que cette stratégie de la peur, de l’intimidation et de la répression des solidarités à laquelle vous jouez en mettant en pratique guets-apens, course-poursuites et chasses à l’homme envers des personnes parce qu’elles sont noires de peau ou qu’elles font preuve d’humanité.
      Nous ne sommes plus aujourd’hui dans la bavure isolée mais dans la répétition systématique de graves atteintes aux droits fondamentaux des personnes de la part de fonctionnaires en charge normalement de protéger l’intérêt public.

      Un policier ou un gendarme se doit, dans l’exercice de ses fonctions de faire preuve de discernement.
      Où est il ce discernement lorsque vous osez poursuivre l’été dernier des jeunes exilés entre deux tunnels, dans la nuit noire, et que deux d’entre eux tombent dans un ravin, échappant à la mort par miracle mais dont l’un deux demeure gravement handicapé ?
      Où est il ce #discernement lorsque vous osez poursuivre en pleine nuit des exilés épuisés par la route et poussez l’un deux vers les eaux glaciales d’une rivière gonflées par la fonte des neige ?
      Où est il ce discernement lorsqu’une femme enceinte de 9 mois est interceptée ici même et que l’un d’entre vous ose lui rétorquer « ma mère à moi a bien accouché dans la neige, tu peux donc bien le faire aussi et même si c’est là devant la PAF ça ne me dérange pas » ?
      Où est il ce discernement lorsque des mineurs, isolés de surcroit, sont systématiquement refoulés. Où est il ce discernement lorsque des exilés pour vous échapper racontent qu’ils ont du traverser la rivière en crue à plusieurs reprises au péril de leur vie.
      Où est il ce discernement lorsque des personnes prônant la haine raciale vous remettent en main des exilés qu’ils ont intercepté et que vous osez les remercier pour le bon boulot qu’ils ont fait ?

      Un policier ou un gendarme se doit, même hors de l’exercice de ses fonctions, de porter assistance aux personnes en danger.

      Tous vous avez trainé vos guêtres sur les bancs de l’école. Je pense qu’un certain gouvernement de Vichy collaborant avec l’Allemagne nazie pour exterminer les juifs vous dit quelque chose. Rappelez vous, pendant cette période des solidaires et des fonctionnaires ont pris des risques pour les protéger et ont été traqués eux aussi.

      J’espère que vous faîtes le lien avec ce qui se passe aujourd’hui et que vous voyez de quelle machine vous êtes les serviteurs.
      La France en vous demandant d’agir ainsi ne respecte ni ses engagements internationaux ni les droits fondamentaux des êtres humains.

      Nous avons tous honte de cette situation et de ce qui se passe ici, certains d’entre vous aussi. Nous le savons parce qu’ils nous l’ont confié.

      Serons nous, un jour, comme ces femmes tunisiennes qui refusent désormais d’aller à la pêche parce les poissons qu’elles ramènent dans leurs filets se sont nourris de la chair de leur enfants ? N’oserons nous plus boire l’eau de nos sources ni mettre un pied sereinement en montagne parce que nous savons que des amis exilés y ont laissé leur vie, traqués comme du gibier.

      Mesdames, messieurs les policiers et gendarmes, posez vous simplement cette question car ce n’est pas un scénario improbable : que voudriez vous que l’on fasse pour vous si vous étiez un jour dans la situation de ces gens qui fuient leur pays ? Si un jour, vous deviez tout abandonner, si un jour vous deviez marcher pour échapper à la mort.
      Osez, vous poser cette question et allez jusqu’au bout du raisonnement. Que souhaiteriez-vous tous que l’on vous fasse, hormis du bien.
      Si vous n’êtes pas responsable du bien que vous ne faites pas, vous êtes par contre entièrement responsable du mal que vous faîtes.

      Les vrais femmes et hommes libres sont celles et ceux qui osent aller chercher leur rêve au bout du chemin, celles et ceux qui veillent contre les injustices.
      En acceptant d’obéir à des directives et des injonctions inhumaines vous trahissez chaque jour les valeurs que vous êtes sensés servir et qui sont la liberté, l’égalité et la fraternité. Elles font pourtant la fierté de vos drapeaux sur lesquels sont inscrits ’République Française’. Chaque jour bafouées, elles font de vous les véritables personnes en situation irrégulière.
      Posez vos képis et cessez cette mascarade car vous n’êtes que les serviteurs de lois injustes et nombre d’entre vous le savent déjà.
      Si vous vous demandez encore << mais pourquoi le ferais-je >>, dites vous que parfois désobéir c’est se couvrir d’honneur.
      Pour Blessing, pour tous ceux qui souffrent au passage de cette frontière, pour tous ceux qui arrivent pour demander de l’aide et un peu de paix, pour nous tous, pour que nous n’ayons plus honte de notre pays, Mesdames, Messieurs les Policiers et Gendarmes, ayez le courage de le faire."

      Montgenèvre le 16 mai 2018

      https://www.facebook.com/tousmigrants/posts/2152643054967262

    • La frontière tue

      elle s’appelait
      elle s’appelle elle s’appellera

      silence

      parfois il vaut mieux le silence
      que de parler à travers ou au travers
      d’appeler au calme
      de parler au nom

      la frontière
      les papiers
      ses agents armés
      la traque
      la peur
      la rivière
      la mort

      fascistes État le travail est le même
      l’histoire sait

      administration
      uniforme
      banal

      expulsions
      déportations
      colonisation

      la terreur c’est l’État
      la Justice son sacre

      balland bigot macron collomb
      ce sont eux que la rivière devrait emporter
      ça ne suffira pas

      soyons la crue et non la berge
      soyons les sources qui percent la roche
      que nos larmes forment un torrent de rage

      elle est morte en passant par la montagne
      tuée par la frontière
      et ceux qui la défende

      ne confondons pas le torrent
      et ceux qui nous poussent
      à l’eau

      https://valleesenlutte.noblogs.org/post/2018/05/14/la-frontiere-tue

    • SO SORRY
      Que la terre lui soit légère

      Ce soir à la Vachette, au bord de la Durance ces quelques mots adressés à la famille de Blessing.

      Comment vous dire ? / So Sorry

      A vous les sœurs de Blessing, à vous tous les membres de sa famille et tous ses amis, qui avez perdu le sourire de Blessing, comment vous dire notre tristesse, notre désarroi, notre colère de savoir que c’est dans notre pays, dans nos montagnes que Blessing s’est perdue à jamais ?
      Comment vous dire combien chacun d’entre nous voudrait s’associer profondément à votre chagrin de l’avoir perdue si jeune, en plein espoir d’une vie meilleure ?

      Mais nous avons si honte des sombres événements qui se produisent dans nos montagnes depuis de nombreux mois, que nous osons à peine vous adresser ces quelques mots de compassion.
      Certains d’entre nous sillonnent les montagnes pour tenter de vous protéger contre ces drames nocturnes, d’autres vous accueillent dans les refuges solidaires ou dans leurs maisons, et vous accompagnent dans vos longs et douloureux périples, parfois à leurs risques et périls.
      Mais comment vous dire notre impuissance à permettre que vous soyez toujours accueillis dans le respect et la dignité, malgré toute notre bonne volonté ?

      Nous ne connaissions pas Blessing mais chacun de nous peut se reconnaître en elle, qui aspirait simplement à construire sa vie.
      Comment vous dire que nous saluons le courage qu’il lui a fallu, ainsi qu’à vous tous, pour tout quitter et arriver jusqu’à nous, dans l’espoir d’un possible que vous ne trouvez plus chez vous ?

      La mort de Blessing, nous la portons tous en nous, non seulement comme un drame personnel, mais aussi comme un échec de notre France soit-disant des droits de l’homme, de notre Europe qui ne sait pas ouvrir ses portes.
      Comment vous dire que nous ne voulons pas que sa mort soit vaine, que nous nous battrons pour qu’elle ne tombe pas dans l’oubli, et pour que les lois changent ou soient appliquées ?

      Comment vous dire que chacune des fleurs, chacune des bougies que nous allumons ce soir pour Blessing, est un désir de s’associer à votre peine, un chuchotement de réconfort à votre oreille.

      Comment vous dire que jamais plus nous ne pourrons regarder les belles rivières de nos vallées : La Clarée, la Durance, sans penser à Blessing, à vous tous, au combat de solidarité qui est le nôtre ?

      Puisse Blessing nous donner la force de ne jamais baisser les bras.

      https://www.facebook.com/tousmigrants/posts/2152699918294909

    • La noyée de la Durance serait bien la migrante Nigériane de 21 ans

      Le procureur de la République de Gap a confirmé que la jeune femme retrouvée noyée mercredi 9 mai dernier au barrage de Prelles serait bien Blessing Matthew, une migrante nigériane.
      Dans un communiqué cette après-midi, le procureur de la République de Gap Raphaël Balland a confirmé que la jeune femme retrouvée noyée mercredi 9 mai dernier au barrage de Prelles (Saint-Martin-de-Queyrières) serait bien Blessing Matthew, une migrante nigériane.

      « En l’absence d’élément formel d’identification de la jeune femme décédée par noyade et retrouvée dans la Durance le 9 mai 2018, une expertise génétique a été effectuée par l’IRCGN [Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie nationale, NDLR] par comparaison du profil génétique de cette jeune femme avec celui d’une femme de nationalité nigériane, vivant en Italie, et qui s’était présentée auprès des enquêteurs le 15 mai 2018 comme étant possiblement sa sœur qu’elle n’avait plus revue depuis environ 10 ans », précise le magistrat.

      Il poursuit : « Ce jour, cette expertise a conclu à une très forte probabilité qu’il s’agissait effectivement de sa sœur (2000 fois plus probable que par rapport à une personne qui ne serait pas sa sœur). Il s’agirait donc de Blessing Matthew, autrement appelée Blessing Obie. »

      Cette comparaison de profil génétique s’ajoute à d’autres éléments recueillis par les gendarmes ces derniers jours, selon Raphaël Balland, dont des témoignages et « la découverte le 7 mai 2018 par les gendarmes d’un sac contenant un certificat médical au nom de Blessing Matthew à proximité de la Durance sur la commune de Val-des-Prés ».

      « Les investigations [...] se poursuivent pour compléter les éléments d’identité de cette jeune femme et tenter de connaître les circonstances précises de ce décès », conclu le magistrat gapençais.


      https://www.ledauphine.com/hautes-alpes/2018/05/18/la-noyee-de-la-durance-serait-bien-la-migrante-nigeriane-de-21-ans

    • COMMUNIQUE DE PRESSE de Tous Migrants du 22.05.2019

      MAMADOU, BLESSING
      Deux morts à en dix jours à la frontière franco-italienne
      Protégeons les humains, pas les frontières

      Ce vendredi 18 mai en fin d’après-midi, des randonneurs ont découvert le corps de Mamamdou, un migrant mort d’épuisement en tentant de passer la frontière franco-italienne. Son compagnon d’infortune a lui aussi frôlé le drame.

      Il y a 10 jours, une jeune femme Nigériane, Blessing Matthew avait été retrouvée noyée dans la Durance. Elle avait été effrayée en amont par un contrôle de police.

      Depuis des mois des habitants du Briançonnais sont mobilisés pour accueillir les personnes exilées dignement et pour tenter d’éviter les drames. Chaque nuit, des solidaires, traqués eux aussi par la Police, ont veillé et porté secours aux exilés en grande difficulté dans la neige et le froid… pour que les Alpes ne soient pas une autre Méditerranée, un cimetière à ciel ouvert.
      Déjà deux drames de trop depuis la fonte des neiges… deux drames qui ne sont pas des accidents, mais bien la conséquence d’une politique mortifère.

      Aujourd’hui, c’est la politique toujours plus répressive du gouvernement, l’envoi de renforts de gendarmerie, le non-respect de la loi et le bafouement des droits humains qui obligent ces hommes et ces femmes à prendre toujours plus de risques pour éviter les contrôles de police et qui conduit à ces drames.

      Rappelons que les demandeurs d’asile ne sont pas des personnes en situation irrégulière, pas plus que les mineurs isolés.
      Rappelons que le fait pour une personne étrangère d’être en situation irrégulière ne constitue pas un délit.
      Nous refusons que nos montagnes constituent pour les migrants un nouvel obstacle mortel après l’enfer libyen, la traversée de la Méditerranée, et tous ces murs de la honte qui s’érigent de par le monde.

      Nous exigeons le rétablissement de l’Etat de Droit et le respect des droits des personnes étrangères qui frappent à notre porte.
      Nous exigeons le respect par tous de notre devise « liberté, égalité, fraternité », à commencer par les représentants de l’Etat et les forces de l’ordre.

      Que les morts reposent en paix. Que les vivants soient protégés. Sans relâche.

      https://www.facebook.com/tousmigrants/posts/2155513458013555:0

    • Deux migrants morts mais pas de coupable pour le parquet

      Le procureur de la République de Gap vient de classer “sans suite” les enquêtes judiciaires relatives aux décès de Blessing Matthew et Mamadi Conde survenus en 2018 dans le Briançonnais. Pour le parquet, aucune infraction n’a été commise par les forces de l’ordre pourtant pointées du doigt par les associations de défense des migrants.

      https://www.ledauphine.com/hautes-alpes/2019/05/08/deux-migrants-morts-mais-pas-de-coupable-pour-le-parquet

    • Blessing, migrante noyée dans la Durance : des mois de silence et un dossier en souffrance

      Il y a un an, le corps de Blessing Matthew était retrouvé contre un barrage des Hautes-Alpes. La Nigériane, qui venait de franchir la frontière, fuyait une patrouille de gendarmes. Le parquet a écarté lundi leur responsabilité, ce que contestent sa sœur et l’association Tous migrants.

      C’était il y a un an. Le 7 mai 2018, Blessing Matthew s’est noyée dans la Durance à La Vachette (Hautes-Alpes), un lieu-dit de Val-des-Prés situé sur la route de Briançon. Cette Nigériane de 20 ans venait juste de passer la frontière franco-italienne, de nuit, en groupe et par les sentiers, dans le secteur du col de Montgenèvre. Selon ses compagnons de traversée, la dernière fois qu’elle a été vue, peu avant l’aube, elle était poursuivie par les forces de l’ordre, boitillante, épuisée et terrifiée, sur les berges du torrent en crue printanière. Le 9 mai, son corps est retrouvé à dix kilomètres en aval, flottant contre un barrage EDF du village de Prelles. La jeune femme ne porte plus que sa culotte, un anneau d’argent et un collier avec une pierre bleue. C’est le premier cadavre retrouvé depuis le début de l’afflux de migrants à la frontière des Hautes-Alpes, en 2016. Depuis, les corps de trois autres Africains ont été découverts dans la montagne. L’histoire de Blessing est pourtant une tragédie à part. Parce que c’était une femme, alors qu’elles sont ultra-minoritaires sur la frontière, parce que c’était la première victime, et parce que les conditions de sa mort restent troubles.

      Le 25 septembre 2018, sa sœur aînée, Christina, qui vit en Italie, pays dont elle a la nationalité, porte plainte « contre X, pouvant être les représentants de l’autorité publique » pour « homicide involontaire, mise en danger de la vie d’autrui et non-assistance à personne en danger ». Depuis, le parquet de Gap, à l’exception d’une demande d’identité de témoins cités dans la plainte, ne s’était plus manifesté. Sept longs mois de silence donc. Jusqu’au classement sans suite, lundi soir, par le procureur de la République de Gap, Raphaël Balland, de l’enquête « pour recherche des causes de la mort » ouverte à la découverte du corps.

      Confiée aux gendarmes de Briançon et à ceux de Marseille pour la partie « tentative d’interpellation » de Blessing, l’enquête a conclu « à l’absence d’infraction » de la part des gendarmes mobiles. La plainte de Christina, reçue « en phase de clôture de l’enquête » n’a pas changé sa nature, ni donné lieu à la saisine de l’Inspection générale de la gendarmerie, détaille le procureur : « Les gendarmes n’ont distingué que trois silhouettes dans la nuit, sans déceler qu’il y avait une femme » et « n’ont pas entamé de course-poursuite mais ont mis en œuvre un dispositif de recherche des trois migrants dans la zone de fuite. »

      Trop tard et trop peu pour Christina et l’association briançonnaise Tous migrants : elles se sont constituées partie civile auprès du doyen des juges d’instruction du tribunal de Gap, comme le permet la loi lorsque le parquet ne donne pas suite à une plainte dans un délai de trois mois. Maeva Binimelis, du barreau de Nice, signe la nouvelle plainte au nom des trois avocats de Christina et de Tous migrants.

      L’ouverture d’une instruction, désormais incontournable, permettra aux parties civiles d’avoir accès à l’enquête : « J’ai des doutes sur sa qualité. Le parquet a-t-il fait tout ce qui était en son pouvoir ? » interroge l’avocate. Christina, « terriblement choquée », veut « éclaircir les zones d’ombre. Que s’est-il passé cette nuit-là ? Est-ce un accident ? Quel rôle ont joué les forces de l’ordre ? »
      Lampes torches

      La nouvelle plainte s’appuie sur une version différente de celle des enquêteurs, établie par le travail des militants de Tous migrants, mobilisés dès la découverte du corps. Ils retrouvent Roland, l’un des compagnons de Blessing, Nigérian lui aussi, au principal lieu d’accueil de Briançon, celui de l’association Refuges solidaires qui a accueilli 8 550 migrants depuis juillet 2017. Roland leur raconte que Blessing, épuisée, Hervé (un troisième Nigérian) et lui-même ont été surpris par cinq « policiers » vers 5 heures du matin après avoir marché toute la nuit. Lampes torches allumées près d’eux, ils crient « police ! » Les trois Nigérians détalent vers La Vachette, en contrebas. Roland se cache à l’entrée du hameau, voit les autres s’enfuir et les forces de l’ordre patrouiller longuement avant de partir. Si Roland n’a pas été arrêté, Hervé a été interpellé ce matin-là puis reconduit à la frontière, selon le monde opératoire classique dans les Hautes-Alpes : 1 899 « non-admissions » en 2017, 3 409 en 2018, et 736 déjà en 2019 selon la préfecture, en application de la règle européenne prévoyant que les demandes d’asile doivent être faites dans le premier pays d’arrivée.

      Gisèle Peyronel est une des trois personnes qui viennent entretenir sa tombe. Photo Eric Franceschi

      Tous migrants localise Hervé dans un camp de Turin et son témoignage, recueilli par l’avocat italien de Christina, confirme et précise celui de Roland. Les « policiers » qui « leur courent après » ont leurs armes à la main et menacent de tirer, assure-t-il. Caché en contrebas de l’église, au-dessus de la Durance, il aperçoit Blessing sur l’autre rive, accroupie dans un pré, des lampes torches allumées non loin d’elle. Repéré, il s’enfonce dans des taillis et ne la voit plus, mais il l’entend crier et appeler à l’aide pendant plusieurs minutes. Puis plus rien. Les « policiers » continuent à chercher sur la rive.

      Un troisième témoin rencontré par Tous migrants, J., séjournant dans un gîte à proximité, a été réveillé au petit matin par un « déploiement impressionnant » : des ordres sont criés, trois utilitaires de la gendarmerie sont stationnés dans la rue, une dizaine de gendarmes fouillent les jardins, les abords de la rivière. Michel Rousseau, pilier de Tous migrants, détaille ce recueil de témoignages, mission habituelle de l’association : « Ces témoins, choqués mais clairs dans leurs propos, nous ont parlé en toute connaissance de cause. Nous avons vérifié leurs récits sur les lieux. Tout se tient. » Dès le 14 mai 2018, l’association alerte le procureur, par signalement. Ses militants, puis Roland, sont ensuite entendus par les gendarmes. L’association, en parallèle, dénonce publiquement « les pratiques policières révoltantes reposant sur des guets-apens et des courses poursuites ». Ce signalement auprès du procureur avait été le premier. Depuis, Tous migrants, sous l’égide de Me Binimelis, en a déposé huit autres, reprochant aux forces de l’ordre violences, délaissements de personnes vulnérables, faux en écriture publique, destructions de documents, vols, injures à caractère racial… Deux victimes ont même porté plainte pour « violences aggravées » et « vol aggravé ».

      L’avocate explique que le parquet ne lui a fait part d’aucune prise en compte de ces signalements et plaintes. « Il y a pour moi deux poids et deux mesures : pour les militants solidaires, la machine pénale va jusqu’au bout, mais lorsqu’on suspecte des représentants de la force publique, aucune suite ne semble être donnée. » Depuis un an, 10 militants solidaires ou maraudeurs ont été condamnés à Gap pour « aide à l’entrée d’étrangers en situation irrégulière sur le territoire », dont deux, à de la prison ferme.
      « Mise en danger »

      Contacté par Libé , le procureur de Gap assure que « la totalité des signalements et plaintes a été traitée », donnant lieu soit « à des vérifications auprès des services potentiellement concernés », soit « à l’ouverture d’enquêtes préliminaires », dont il ne précise pas la nature, soit à leur ajout« à d’autres procédures en cours ». Il déplore la « posture » de Tous migrants qui consiste à lui fournir des « éléments quasi inexploitables : des témoignages anonymes, ne permettant pas d’identifier les forces de l’ordre visées ».

      Hervé, le témoin clé concernant Blessing, n’a ainsi pas été entendu, explique le procureur qui regrette que Tous migrants ne lui ait pas communiqué « les éléments du témoignage » de cet homme et son identité complète. Les enquêteurs l’avaient joint par téléphone au début de l’enquête mais il avait « refusé de revenir en France pour témoigner », dit le procureur…

      Sur la même période, les témoignages d’infractions commises par les forces de l’ordre, en particulier de par la police aux frontières, se sont multipliés. Les chasses à l’homme - ou « chasses au Noir », comme le lâche Maeva Binimelis - n’ont par ailleurs jamais cessé. « C’est tous les jours, à pied, en quad ou à motoneige, avec des jumelles infrarouges et même des chiens parfois », détaille un maraudeur briançonnais. La Commission nationale consultative des droits de l’homme, institution officielle venue en inspection à Briançon, a invité l’Etat, en juillet, à « prendre immédiatement les mesures qui s’imposent à la frontière franco-italienne pour mettre fin aux violations des droits fondamentaux et aux pratiques inhumaines », à « sortir du déni » et à « modifier radicalement sa politique responsable de la mise en danger d’êtres humains ». La préfecture des Hautes-Alpes indique que « ce rapport à portée nationale n’appelait pas de réponse locale, même si certains faits, appréciations et interprétations pourraient être discutés ».

      Treize ONG, menées par Amnesty et l’Anafé, ont lors d’une mission en octobre récolté « de nombreux témoignages de violation des droits […] et de menaces proférées par les policiers » et déposé 11 référés-liberté, dont 8 pour des mineurs isolés refoulés. La préfecture fustige ce rapport « outrancier et erroné », assurant que les forces de l’ordre « exercent leurs missions dans le strict respect de la loi » et ont « pour consigne constante de considérer en toutes circonstances l’état de vulnérabilité des personnes ». Elle ajoute que signalements et plaintes sont du ressort de la justice et qu’elle n’en a « pas été destinataire ». Michel Rousseau gronde : « Ce qui se passe ici révèle la violence directe, brutale et barbare de notre système. »

      Dans un recoin du cimetière de Prelles, à l’écart, Blessing repose sous un tumulus de terre. Il y a toujours des fleurs fraîches sur sa tombe.

      https://www.liberation.fr/france/2019/05/07/blessing-migrante-noyee-dans-la-durance-des-mois-de-silence-et-un-dossier-en-souffrance_1725550/?redirected=1&redirected=1

    • 12.01.2021

      Hautes-Alpes : Un avocat tente de relancer l’affaire de la migrante retrouvée morte

      Classée sans suite, l’affaire de la migrante retrouvée morte noyée dans les Hautes-Alpes est en passe d’être relancée

      Classée sans suite en 2019 par le parquet de Gap, l’enquête sur le décès d’une migrante nigériane de 21 ans, retrouvée noyée peu après avoir franchi la frontière franco-italienne, pourrait être relancée à la faveur d’un nouvel épisode judiciaire.​

      La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Grenoble a examiné mardi les arguments de Me Vincent Brengarth, l’avocat de l’association Tous migrants, qui avait interjeté appel après l’ordonnance de non-lieu rendue en juin 2020 par le juge d’instruction chargé du dossier.

      Pourchassée dans la forêt

      L’association avait déposé une plainte avec constitution de partie civile auprès du doyen des juges d’instruction de Gap en mai 2019 après le classement sans suite, espérant ainsi l’ouverture d’une information judiciaire et une reprise d’enquête. « L’ordonnance de non-lieu a été rendue par le juge d’instruction sans même instruire le dossier. Il s’est contenté de reprendre à son compte l’enquête préliminaire », regrette Me Brengarth.

      L’avocat rappelle que la seule enquête réalisée l’a été « sous le contrôle du procureur de Gap », qui n’est, assure-t-il, « pas indépendant ». Il pointe également des « incohérences et des contractions » dans les déclarations des gendarmes sur le déroulement des faits. « Un témoin confirmant qu(e la migrante) a été pourchassée dans la forêt n’a pas été entendu », déplore-t-il également. Blessing Matthew, une Nigériane de 21 ans, avait été retrouvée noyée à Saint-Martin-de-Queyrières, le 7 mai 2018, peu après avoir franchi la frontière en provenance de l’Italie.

      https://www.20minutes.fr/justice/2951195-20210112-hautes-alpes-avocat-tente-relancer-affaire-migrante-retro

    • Hautes-Alpes : le délibéré de l’appel pour relancer l’affaire Blessing Matthew fixé au 9 février

      Chaque hiver, des migrants tentent de franchir la frontière à pied dans le froid glacial des nuits montagnardes. Depuis une semaine, presque chaque nuit, des interventions de secours ont lieu à la frontière franco-italienne du Briançonnais. Samedi soir, sept personnes « en transit » étaient activement recherchées vers Cervières. Plus tôt, quatre autres migrants étaient secourus à Montgenèvre. Lundi dernier, une dizaine d’entre eux étaient retrouvés en situation de péril au col de Montgenèvre.

      Si la problématique migratoire est bien moins importante aujourd’hui, elle ne cesse d’être présente au quotidien dans les Hautes-Alpes à travers les secours à personne, l’accueil solidaire ou les dossiers en justice.

      A ce titre, l’affaire Blessing Matthew pourrait bien être relancée par l’avocat de l’association Tous migrants. Le dossier, classé sans suite par le parquet de Gap en 2019, a été examiné mardi dernier par la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Grenoble. Maître Vincent Brengarth avait interjeté appel après l’ordonnance de non-lieu rendue en juin 2020. L’association Tous migrants avait déposé une plainte avec constitution de partie civile auprès du doyen des juges d’instruction de Gap en mai 2019 après le classement sans suite. Selon l’avocat, la seule enquête réalisée l’a été « sous le contrôle du procureur de Gap qui n’est pas indépendant ». De même, un témoin a affirmé que « la migrante a été pourchassée dans la forêt » et n’a pas été entendu.
      Pour mémoire, Blessing Matthew était une jeune Nigériane de 21 ans qui avait été retrouvée noyée à Saint-Martin-de-Queyrières le 7 mai 2018 après avoir traversé la frontière. Elle a été inhumée dans le cimetière du village de Prelles.

      Maître Vincent Brengarth attend maintenant le 9 février prochain, date à laquelle sera rendu le délibéré qui pourrait ou non relancer l’affaire :

      https://www.dici.fr/actu/2021/01/18/hautes-alpes-delibere-de-l-appel-relancer-l-affaire-blessing-matthew-fixe-9-fev

    • Mort d’une jeune Nigériane en 2018 : l’avocat de Tous migrants veut relancer l’affaire

      #Blessing_Matthew avait été retrouvée noyée le 9 mai 2018, au barrage de Saint-Martin-de-Queyrières, dans les Hautes-Alpes. Le parquet de Gap avait, un an plus tard, classé l’affaire de la mort de la jeune femme sans suite. Au grand dam de l’association #Tous_migrants qui n’a, depuis, de cesse de la relancer.

      Classée sans suite en 2019 par le parquet de Gap , l’enquête sur le décès d’une migrante nigériane de 21 ans, retrouvée noyée peu après avoir franchi la frontière franco-italienne, pourrait être relancée à la faveur d’un nouvel épisode judiciaire.

      L’affaire devant la cour d’appel de Grenoble

      La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Grenoble a examiné mardi les arguments de Me #Vincent_Brengarth, l’avocat de l’association Tous migrants, qui avait interjeté appel après l’ordonnance de non-lieu rendue en juin 2020 par le juge d’instruction chargé du dossier. L’association avait déposé une #plainte avec constitution de partie civile auprès du doyen des juges d’instruction de Gap en mai 2019 après le #classement_sans_suite, espérant ainsi l’ouverture d’une information judiciaire et une reprise d’enquête.

      « L’ordonnance de non-lieu a été rendue par le juge d’instruction sans même instruire le dossier. Il s’est contenté de reprendre à son compte l’enquête préliminaire », regrette Me Brengarth. L’avocat rappelle que la seule enquête réalisée l’a été « sous le contrôle du procureur de Gap », qui n’est, assure-t-il, « pas indépendant ». Il pointe également des « incohérences et des contractions » dans les déclarations des gendarmes sur le déroulement des faits.

      « Un témoin confirmant [que la migrante] a été pourchassée dans la forêt n’a pas été entendu », déplore-t-il également.

      Elle venait de franchir la frontière

      Blessing Matthew, une Nigériane de 21 ans, avait été retrouvée noyée à #Saint-Martin-de-Queyrières, le 7 mai 2018, peu après avoir franchi la frontière en provenance de l’Italie. Sa sœur avait alors porté plainte en accusant les gendarmes d’avoir tendu un « véritable #guet-apens » au groupe dans lequel Blessing Matthew figurait.

      Décision le 9 février

      L’enquête avait déterminé que les gendarmes mobiles « s’étaient identifiés à haute voix » avant un contrôle, provoquant la fuite de la jeune femme et de ses deux compagnons.

      Selon le parquet de Gap, « les circonstances précises dans lesquelles [elle] aurait chuté dans la Durance demeurent inconnues en l’absence de témoignage direct ». La section de recherches de Marseille avait finalement « conclu à l’absence d’infraction susceptible d’être retenue à l’encontre des gendarmes mobiles », avait relevé le parquet. La décision a été mise en délibéré au 9 février.

      https://www.ledauphine.com/faits-divers-justice/2021/01/13/mort-d-une-jeune-nigeriane-en-2018-l-avocat-de-tous-migrants-veut-relanc

  • fin mars 2022 : Cure detalji o tragediji na Kupi : ’Ušli smo u vodu, krenuli s pretragom i na jednom dijelu našli utopljenika’

    Traduction en ligne :
    –-> Cure détails sur la tragédie sur le Kupa : « Nous sommes allés dans l’eau, avons fait une recherche et avons trouvé un homme noyé dans une partie »

    La police croate, après un rapport de collègues slovènes, a arrêté un groupe de migrants en provenance du Congo. L’un est mort, malgré la réanimation, et un autre noyé a été retrouvé à Kupa

    La nuit dernière, la police slovène a informé ses collègues croates qu’un groupe plus important de migrants se trouvait à Kupa. Des policiers de Vrbovsko, des forces spéciales de Rijeka et avec eux des pompiers se rendent sur le terrain car le terrain est inaccessible. Après trois kilomètres de marche, ils trouvent cinq hommes figés qui disent que le sixième est proche.

    « La personne était inconsciente, alors ils l’ont aidé professionnellement, mais ils ont essayé de la réanimer, mais la personne est décédée. Lorsque l’ambulance est arrivée, ils ont constaté le décès de cette personne. le poste de police de Vrbovsko », a déclaré Tomislav Horvat , chef du service des migrations illégales de la police de Primorje-Gorski Kotar.

    La nuit était froide, la température de l’air moins 1 et le Kupa sauvage 7 degrés. 22 pompiers de cinq brigades de pompiers volontaires se sont rendus sur les lieux. Ils disent n’avoir jamais vu des gens aussi épuisés et hypothermiques. Bien qu’ils aient été noyés par des couvertures, ils tremblaient constamment sur des brancards. Et le tout premier qu’ils ont trouvé leur a annoncé une autre terrible nouvelle.

    "Des collègues ont dit d’où il venait, c’est-à-dire du Congo, donc il a aussi dit que son frère s’était noyé, c’est-à-dire qu’il avait disparu dans la Kupa", a déclaré Dalibor Mareković , commandant du DVD de Vrbovsko.

    Il va à la police et le GSS a commencé hier à rechercher son frère autour de Severin na Kupi.

    "C’est là que nous sommes allés dans l’eau et avons commencé à fouiller le terrain pour trouver le corps d’un noyé dont nous avons pris soin et transporté par l’eau. Ces villages sont abandonnés depuis longtemps, ce sont déjà des ruines, donc le terrain est totalement inaccessible, la jungle .", a déclaré Goran Tomac , chef de la station HGSS Delnice.

    Dans de rares endroits, vous pouvez vous approcher de la rivière, qui a gonflé de pluie et de neige jusqu’à 4 mètres la nuit du drame.

    "Avec un dériveur et une chienne, c’est un kayak debout, nous sommes partis tous les quatre et nous avons descendu un ou deux kilomètres jusqu’à lui", a expliqué Bruno Stipancic , membre de la station HGSS de Delnice.

    Cette fois, Kupa a coûté la vie à deux migrants.

    Il y a huit jours à peu près au même endroit un autre, un Camerounais qui a déjà été enterré.

    "En tant que ville, nous avons fourni certains fonds et nous avons une tombe commune pour toutes ces personnes et nous les enterrons jusqu’à ce que les proches se manifestent", a déclaré Drazen Muftić, le maire de Vrbovsko.

    Pour eux deux, c’était la fin du chemin vers une vie meilleure. Les cinq détenus d’ici la fin de la journée devraient être transférés dans un centre d’accueil à Zagreb. Ils auraient admis qu’ils étaient au moins 11 dans le groupe et qu’ils avaient tenté de traverser la Coupe avec un radeau improvisé, mais personne ne sait où se trouve maintenant le reste du groupe.

    https://www.rtl.hr/vijesti-hr/novosti/crna-kronika/4221832/cure-detalji-o-tragediji-na-kupi-usli-smo-u-vodu-krenuli-s-pretragom-i-na-jednom

    #Croatie #Slovénie #asile #migrations #réfugiés #frontière_sud-alpine #Alpes #montagne #décès #mort
    #Kolpa #Kupa

    –—

    Ajouté à cette métaliste des morts à la frontière Slovénie-Croatie :
    https://seenthis.net/messages/811660

    Elle-même ajouté à la métaliste des morts dans les Alpes :
    https://seenthis.net/messages/758646

  • #Covid-19 : l’estimation de l’OMS sur le nombre de #morts fait grincer des dents à New Delhi
    https://www.rfi.fr/fr/europe/20220417-covid-19-l-estimation-de-l-oms-sur-le-nombre-de-morts-fait-grincer-des-

    En deux années de pandémie, le Covid a déjà fait près de 6 millions de morts. En tout cas officiellement. Le chiffre réel est, de l’avis même de l’OMS, beaucoup plus élevé. L’agence serait arrivée au chiffre de 15 millions de #décès liés directement ou indirectement au Covid, dont une grande partie rien qu’en Inde. Une estimation qui fait grincer des dents à New Delhi.

    • Même pas possible de parler de vérité pour le coup, ou inversement.

      Sérieusement cet article est à décorer.

      Je suis très inquiet plus par la petitesse de l’article compte tenu de l’importance du sujet, plus inquiet encore que dans un même si petit article il soit quand même possible dans un même paragraphe de parler d’un chiffre réel et tout aussi bien d’une estimation pour le même sujet. Ou de juger une imperfection pour proposer une estimation. Même si ce n’est pas entièrement faux c’est intellectuellement absurde. Du grand art RFI.

      Et de citer l’OMS avec autant de faciliter qu’il leur semble impossible de mettre un lien vers la source, le fameux document bloqué par New Delhi que personne n’a vu, selon Le Monde.
      D’autant qu’en cherchant la source on tombe sur un article plus récent (3 jours) sur exactement le même sujet de l’Inde (d’ailleurs j’en décompte 4 en tout - Inde ceci Inde cela) avec un document lié non pas à l’OMS mais au Center for Global Development qui par leur autonomie affichées ne semblent pas avoir de lien avec l’OMS.

      Ceinture noire pour RFI.

  • 03.04.2022

    Plusieurs étrangers ont été trouvés le long de la rive de la Kupa près de Vrbovsko. L’un était mort dans la rivière, l’autre est mort malgré la réanimation

    This week, another man lost his life (https://www.novilist.hr/novosti/crna-kronika/vise-stranaca-pronadeno-uz-obalu-kupe-kod-vrbovskog-jedan-je-bio-mrtav-u-rijeci-drugi-preminuo-unatoc-reanimaciji/?meta_refresh=true), killed by unjust European policies. According to the report from the Slovenian police, people have been found in the area along the #Kupa River in the wider #Vrbovsko area. There, they found five people inaccessible terrain along the banks of the #Kupa_River, and after a short time, another man who was unconscious and hypothermic. He was assisted and the officers attempted to save him, but despite an attempt at resuscitation, the man died.

    #Croatie #Slovénie #asile #migrations #réfugiés #frontière_sud-alpine #Alpes #montagne #décès #mort
    #Kolpa

    –—

    Ajouté à cette métaliste des morts à la frontière Slovénie-Croatie :
    https://seenthis.net/messages/811660

    Elle-même ajouté à la métaliste des morts dans les Alpes :
    https://seenthis.net/messages/758646

    • –-> du coup, cet article mentionne deux morts (et non pas un) le 3 avril 2022

      La police croate, après un rapport de collègues slovènes, a arrêté un groupe de migrants en provenance du Congo. L’un est mort, malgré la réanimation, et un autre noyé a été retrouvé à Kupa

      La nuit dernière, la police slovène a informé ses collègues croates qu’un groupe plus important de migrants se trouvait à Kupa. Des policiers de Vrbovsko, des forces spéciales de Rijeka et avec eux des pompiers se rendent sur le terrain car le terrain est inaccessible. Après trois kilomètres de marche, ils trouvent cinq hommes figés qui disent que le sixième est proche.

      « La personne était inconsciente, alors ils l’ont aidé professionnellement, mais ils ont essayé de la réanimer, mais la personne est décédée. Lorsque l’ambulance est arrivée, ils ont constaté le décès de cette personne. le poste de police de Vrbovsko », a déclaré Tomislav Horvat , chef du service des migrations illégales de la police de Primorje-Gorski Kotar.

      La nuit était froide, la température de l’air moins 1 et le Kupa sauvage 7 degrés. 22 pompiers de cinq brigades de pompiers volontaires se sont rendus sur les lieux. Ils disent n’avoir jamais vu des gens aussi épuisés et hypothermiques. Bien qu’ils aient été noyés par des couvertures, ils tremblaient constamment sur des brancards. Et le tout premier qu’ils ont trouvé leur a annoncé une autre terrible nouvelle.

      "Des collègues ont dit d’où il venait, c’est-à-dire du Congo, donc il a aussi dit que son frère s’était noyé, c’est-à-dire qu’il avait disparu dans la Kupa", a déclaré Dalibor Mareković , commandant du DVD de Vrbovsko.

      Il va à la police et le GSS a commencé hier à rechercher son frère autour de Severin na Kupi.

      "C’est là que nous sommes allés dans l’eau et avons commencé à fouiller le terrain pour trouver le corps d’un noyé dont nous avons pris soin et transporté par l’eau. Ces villages sont abandonnés depuis longtemps, ce sont déjà des ruines, donc le terrain est totalement inaccessible, la jungle .", a déclaré Goran Tomac , chef de la station HGSS Delnice.

      Dans de rares endroits, vous pouvez vous approcher de la rivière, qui a gonflé de pluie et de neige jusqu’à 4 mètres la nuit du drame.

      "Avec un dériveur et une chienne, c’est un kayak debout, nous sommes partis tous les quatre et nous avons descendu un ou deux kilomètres jusqu’à lui", a expliqué Bruno Stipancic , membre de la station HGSS de Delnice.

      –-> puis l’article parle d’un autre mort (fin mars 2022) :
      https://seenthis.net/messages/957547

      https://www.rtl.hr/vijesti-hr/novosti/crna-kronika/4221832/cure-detalji-o-tragediji-na-kupi-usli-smo-u-vodu-krenuli-s-pretragom-i-na-jednom

  • Italy : Two migrants killed, one injured in lorry accident on A10

    Yet another tragedy of migration has been reported in Italy, near the border with France. Two foreigners on Saturday morning (April 2) died after being hit by a lorry on the A10 highway between Genoa and Ventimiglia, near Bordighera, in the northwestern region of Liguria. A third person was seriously injured in the accident.

    The umpteenth tragedy of migration has been reported in Italy, near the border with France. The accident took place April 2 on the A10 highway connecting Genoa to the border city of Ventimiglia, in the northwestern region of Liguria.

    Two foreigners were hit and killed by a lorry while a third was seriously injured and taken to the hospital of Santa Corona in Pietra Ligure, in the province of Savona. All three are citizens of Sri Lanka.

    Sources on the ground said the three men were crossing the highway near the service station of Bordighera, in the direction of France, with four others who reportedly fled the scene.

    The lorry’s driver reportedly saw them appear suddenly and was unable to stop the vehicle on time to avoid the impact. The accident occurred at 7 am local time.

    The driver, a 32-year-old Italian man, was in a state of shock after the crash. He was driving to the Principality of Monaco to deliver pizzas and focaccias.
    Investigation on the scene

    The driver told rescuers: “I saw a group of people appear suddenly and saw them on the highway, I couldn’t avoid them”. He tested negative for alcohol use. Road police from Imperia Ovest are investigating the accident.

    The migrants could have been left at the service station by a trafficker or could have climbed down from a truck on which they were hiding, investigative sources said. Police will inspect images from video surveillance cameras at the gas station.

    A reported 23 migrants have died since 2015 while trying to reach France

    The one on Saturday was the umpteenth fatal accident involving migrants who were trying to reach France. Some have died after being hit by a car or lorry while walking on a highway, or by electrocution on the roof of a train. Others have drowned while trying to swim to a French beach or after falling off the Col de Mort, a rocky cliff overlooking the sea along the road leading to the border crossing of Ponte San Luigi, in Ventimiglia.

    According to volunteers who have been assisting migrants for years, a reported 23 foreigners have died in the area since 2015.
    Tragedy sparks new controversy on hosting policy in Ventimiglia

    The accident sparked a new controversy on hosting policies, landings and on the management of migrants in the area of the border Italian city of Ventimiglia, which has been under pressure for years.

    “Allowing immigrants to land in Italy and then abandoning them is unacceptable”, said on Saturday the city’s mayor, Gaetano Scullino (center-right). He expressed sorrow for the accident, saying migrants were “left to their own devices” and describing the lorry’s driver as an “innocent victim of this tragedy.”

    “Migration flows, which also involve those fleeing war, must and can be managed by Europe”, the mayor went on to say, citing as an example the management of Ukrainian refugees. “If immigration is only of an economic type, it is also naïve to accept it passively”, he concluded.

    The whip of the League party in the Liguria regional council, Stefano Mai, accused Interior Minister Luciana Lamorgese. “We have been denouncing for years the presence of migrants who walk on the A10, and the highway often closed to rescue them. The minister does not appear to be aware of this reality. It is necessary to stop landings, to take action on security at the border. Lamorgese must wake up,” he said.
    Bishop of Ventimiglia says France must end discrimination

    The bishop of Ventimiglia and Sanremo, Antonio Suetta, spoke about the accident in a statement released on Monday, April 4.

    “I quote the Holy Father and urge authorities, the French nation, to end as soon as possible such unjust discriminations and conducts, which impact poor and defenseless people as well as other European nations, in particular, in this case, Italy,” said Suetta.

    “I hope that in the political debate and in the electoral campaign leading up to the election of the new president of the French Republic such a humanitarian emergency will find the right attention, careful reflection and concrete perspectives for a solution,” added the bishop.

    He also stressed the need to open a hosting center in Ventimiglia, a project discussed over the past few months, also with the mediation of the interior ministry, but which has not yet been implemented.

    “The first three months of the ongoing year have already forced us to register four deaths”, concluded Suetta. “I also call on Italian authorities to urgently complete a temporary hosting center which had been originally planned for our border area.”

    The four deaths reported so far this year include two migrants who died of electrocution on as many trains bound for France (in February and March) and the pair who died on the A10 on Saturday.

    https://www.infomigrants.net/en/post/39651/italy-two-migrants-killed-one-injured-in-lorry-accident-on-a10

    #Italie #France #frontière_sud-alpine #migrations #réfugiés #frontières #décès #mort #mourir_aux_frontières #Vintimille
    –—

    ajouté au fil de discussion sur les morts à la frontière de Vintimille :
    https://seenthis.net/messages/784767

    lui-même ajouté à la métaliste sur les morts aux frontières alpines :
    https://seenthis.net/messages/758646

    • La police tue, la frontière aussi

      Le 16 juin 2022, un homme est décédé des suites d’une blessure à la tête causée par un tir policier. A part quelques articles de presse locale (ici ou ici) ce qu’il s’est produit à la frontière franco-italienne le 15 juin 2022 est passé inaperçu. Pourtant, cela s’inscrit dans dans la continuité d’une série d’épisodes récents ayant suscité un vif débat sur l’usage de la violence par la police en cas de refus d’obtempérer par des automobilistes.

      Ce que l on sait :

      Selon le communiqué du procureur de la République de Nice, la PAF aurait reçu de la part de ses homologues italiens le signalement d’une camionnette transportant des personnes en situation irrégulière, circulant entre la vallée de la Roya et Nice, sur l’une des voies de passage bien connues de la zone frontalière. Dans le PV de l’enquête (que nous avons pu consulter), la PAF admet que le contrôle effectué cette nuit là s’est effectué dans le cadre de la réintroduction des contrôles aux frontières intérieures de l’espace Schengen (cf. infra). Repérée en amont, la camionnette aurait refusé d’obtempérer une première fois entre Fanghetto (Italie) et Sospel (Sospel). S’enclenche alors une course-poursuite de 40 kilomètres sur une route de montagne très sinueuse. A Cantaron, dans les hauteurs de Nice la police aurait de nouveau tenté de bloquer la route. C’est là que, le conducteur forçant de nouveau le passage, la police aurait tiré à 4 reprises en justifiant d’une situation de légitime défense. L’une des personnes qui était à l’arrière du camion a alors reçu une balle à la tête.

      Suivie par plusieurs véhicules de police, la camionnette a continué sa fuite jusqu’au quartier des Moulins à Nice. Le conducteur ainsi que 2 personnes assises a l’avant auraient pris la fuite, abandonnant le véhicule. Bloqués à l’arrière, le blessé et 4 autres passagers auraient été retrouvés sur place par la police. Deux impacts de balles au niveau des feux avant et des roues ont été constatés par le procureur, l’un ayant transpercé la carrosserie. Suite à cela le blessé grave (et un autre blessé léger en état de choc) a été transporté à l’hôpital où il a succombé à ses blessures le lendemain. Tandis que celui-ci agonisait à l’hopital, ses compagnons de route ont été arrêtés puis conduits au Centre de Rétention Administrative (CRA) de Nice.

      Reconnaissant entre autres l’absence de prise en charge en terme de santé mentale de personnes traumatisées, le Juge des Libertés et de la Détention (JLD) a ordonne leur libération le 17 juin. Cependant le Procureur s’est acharné en faisant appel de la décision, prolongeant ainsi la double-peine infligée aux victimes, encore sous le choc. Celles-ci risquent désormais un mois de détention suivi d’un éloignement du territoire.

      La frontière tue

      En 2015 la France suspend unilatéralement l’application du Code Frontière Schengen d’abord pour cause formelle de COP21, puis d’antiterrorisme (suite au bataclan). Depuis 2020, le coronavirus est le dernier argument en date venu justifier cela. Le mythe d’une frontière étanche à tous les maux du monde permet de cacher une réalité bien différente. Les habitants du territoire savent très bien que le dispositif cible bien autre chose que le terrorisme ou le Covid. Dans la pratique, il cible les exilé.e.s arrivant d’Italie. C’est d’ailleurs ce qui force ces derniers à trouver d’autres voies de passage plus dangereuses ou coûteuses, et ce qui explique la prolifération des passeurs depuis lors.

      Bien que le code frontières Schengen autorise les Etats-membres à réintroduire des contrôles systématiques à leurs frontières intérieures, cette mesure ne peut en aucun cas dépasser un délai de 2 ans selon ce même code. Or, la France a maintenu ces contrôles de 2015 à aujourd’hui. Le dispositif dans lequel s’inscrit l’opération ayant conduit à la mort de cette personne est donc illégal au regard du droit européen, comme l’a encore rappelé la Cour de Justice de l’Union Européenne (CJUE) le 26 avril dernier.

      Vu que ces contrôles sont illégaux depuis 5 ans, rien d’étonnant à ce que leur illégalité reste indiscuté dans l’opinion publique. De même, rien d’étonnant à ce que le degré de violence dont la PAF ait fait preuve ne soit pas mesuré à l’aune du délit initial dont ils ont été averti dès le début par leur homologues italiens : l’aide à l’entrée et au séjour irrégulier. Pour un délit toute somme « banal », la police a donc fait usage d’armes à feu au moins à quatre reprises.

      Faut-il s’étonner qu’une telle violence à nos frontière ne choque personne ? Ce n’est pas la première fois qu’un exilé meurt des balles de la police à cette frontière. En 1995 déjà, Todor, (https://www.amnesty.org/ar/wp-content/uploads/sites/8/2021/06/eur210041995fr.pdf), un enfant bosniaque, fut tué, toujours à Sospel et dans des conditions similaires. A l’époque, cela avait suscité un vif émoi. Si c’est la seconde fois qu’un.e exilé.e meurt directement des balles de la police, ce sont pas moins de 47 personnes ((https://www.borderforensics.org/investigations/blessing-investigation) qui ont péri en tentant de franchir la frontière franco-italienne depuis 2015. Alors oui, il semble ce qui choquait hier s’est banalisé.

      La police tue

      Ce drame vient, encore une fois, rappeler que la police tue, et qu’elle tue en toute impunité. Les parallèles avec la succession d’affaires récentes impliquant l’usage d’armes à feu face à des refus d’obtempérer est évidente. On pense à l’affaire du pont neuf, le meurtre de Souheil en août dernier dans le 3ème arrondissement de Marseille, celui tout récent de Raiana, ou encore ce qu’il s’est à peine produit dans le même quartier du 18ème arrondissement de Paris.

      Dans tous ces cas, le refus d’obtempérer de la part d’un chauffeur semble avoir été suffisant pour justifier, aux yeux des tireurs, de la justice, de la presse et d’une part de l’opinion publique, l’usage « proportionné » de la force : une salve ininterrompue de tirs à balle réelle. Dans tous ces cas, on ne comprend donc pas bien comment les conducteurs aient pu à la fois « accélerer en direction du véhicule de police » et vouloir « prendre la fuite ». Soit le véhicule de police aurait du être percuté, soit en cas de fuite, la légitime défense ne se justifie pas. En d’autres termes, les témoignages des policiers se contredisent eux-mêmes. Dans tous ces cas, on ne comprend pas bien, vu que le conducteur cherchait à contourner le contrôle, son intérêt à braquer son volant sur les policiers. En revanche, on peut très bien imaginer l’intérêt des forces de l’ordre d’établir une telle version, de sorte à pouvoir plaider la légitime défense.

      Pour revenir à ce qu’il s’est passé dans les Alpes Maritimes : Le communiqué de presse du Procureur nous apprend que deux enquêtes ont été ouvertes. L’une contre les conducteurs/passeurs, pour aide à l’entrée et au séjour irréguliers, refus d’optempérer "aggravé par la mise en danger d’autrui", et tentative d’homicide sur PDAP. L’autre, auprès de l’IGPN, contre les flics meutriers, pour « violences volontaires avec arme par personne dépositaire de l’autorité publique suivie d’une incapacité supérieure à 8 jours ». Nous parlons ici d’un simple passager, décédé d’une blessure à la tête des suites d’un tir policier. Et le Procureur parle d’une ITT de 8 jours. Tentative d’homicide volontaire pour un homme qui de toute vraisemblance a cherché à contourner (et non pas écraser) un barrage de police, violence volontaire ayant entraîné 8 jours d’ITT pour l’homme qui a porté le coup fatal et qui est sorti libre après quelques heures de garde à vue. Deux poids deux mesures.

      via la mailing-list Migreurop, 19.06.2022

    • #Bordighera, sull’A10 è strage di migranti. Il conducente del furgone sotto shock: «Sono sbucati all’improvviso»

      L’autista si è sentito male ed è stato portato in ospedale.

      «Li ho visti, ho visto un gruppo di migranti sbucare all’improvviso». E’ sotto shock il conducente del furgone che stamani, poco prima delle 7, ha travolto un gruppo di stranieri che stavano attraversando la carreggiata sull’Autostrada dei Fiori, all’altezza dell’area di sevizio di Bordighera. Due migranti sono morti sul colpo, mentre un altro, di 32 anni, è rimasto gravemente ferito ed è stato traportato all’ospedale Santa Corona di Pietra Ligure.

      Il conducente del furgone targato Montecarlo è l’italiano Angelo D.V., che stava trasportando pizze e focacce nel Principato di Monaco. L’automobilista si è sentito male poco dopo l’accaduto: troppo forte lo shock per quanto accaduto.

      Gli agenti della sottosezione della polizia stradale di Imperia Ovest stanno ancora ricostruendo l’accaduto e soprattutto identificando le vittime, ma da quanto si apprende le tre persone coinvolte sarebbero tutti uomini di nazionalità cingalese. Sembra che il gruppo fosse composto da sette migranti, quattro dei quali sarebbero riusciti a mettersi in salvo e ad attraversare la carreggiata, probabilmente nel tentativo scavalcare la recinzione che divide l’Autofiori da Montenero, per poi raggiungere l’Aurelia.

      Non è ancora chiaro come i migranti siano arrivati nell’area di servizio: forse qualcuno li ha accompagnati fino a quel punto per poi lasciarli. Per ricostruire l’esatta dinamica di quanto accaduto, la polizia acquisirà le immagini delle telecamere presenti. A coordinare le indagini è il magistrato della Procura di Imperia Luca Scorza Azzarà.

      Al confine con l’Italia ormai gli stranieri morti sull’autostrada o in ferrovia sono decine. Una lunghissima scia di sangue, che sembra non avere fine. Solo il 2 marzo scorso, un migrante è morto folgorato nel tentativo di raggiungere la Francia, nascosto sul tettuccio di un treno regionale partito da Ventimiglia. Ma le tragedie sono tante, troppe.

      https://www.riviera24.it/2022/04/bordighera-sulla10-e-strage-di-migranti-il-conducente-del-furgone-sotto-sh

    • Migranti morti sulla A10, caccia ai passeur

      Chi ha accompagnato i migranti o indicato loro la strada tra l’Arziglia di Bordighera e l’A10 portandoli a quell’appuntamento con la morte? Chi sono i passeur che «aprono» i sentieri della speranza per passare il confine? E una volta nell’area di servizio cosa sarebbe accaduto? C’era un appuntamento con un camionista compiacente per arrivare in Francia? C’era qualcuno con delle tronchesi pronto ad aprire le porte di un Tir per trasformarlo in un nascondiglio? La polizia stradale, ma non solo, sta cercando di dare risposte chiare in merito alla tragedia avvenuta all’alba di sabato sull’autostrada, con due migranti investiti e uffici e un terzo in coma. Se l’autista, sanremese, del furgone che ha investito i due indiani è indagato per omicidio stradale colposo, non è escluso che esistano altre complicità per quanto avvenuto. E ancora: chi doveva verificare lo stato delle recinzioni dell’A10 ed impedire accessi abusivi? Se è vero che sono mesi e mesi che i sentieri di Montenero vengono utilizzati dai migranti per raggiungere l’autostrada come è possibile che non sia scattato un piano per rinforzare le protezioni e impedire ogni genere di scavalcamento (nell’interesse non solo dell’incolumità dei migranti ma anche degli utenti di galleria e viadotti)?

      Ieri la polizia è riuscita a dare un nome ad una delle vittime. Si tratta di un indiano di 36 anni che era già stato identificato in Italia (probabilmente al suo ingresso). Sono state le impronte digitali a portare alla sua scheda. Niente, invece, è emerso dal database del Ministero dell’Interno in merito alle impronte dell’altra vittima, rimasta completamente sfigurata nell’impatto (a questo proposito gli investigatori estenderanno le verifiche a livello internazionale). Non sono invece ancora state rilevate le impronte dell’indiano che si trova ricoverato in prognosi riservata e in coma in Rianimazione. I poliziotti lo potranno fare (anche per il rispetto dei protocolli Covid) solo se le sue condizioni miglioreranno e se verrà trasferito in un reparto ospedaliero di sub-intensiva.

      Nel frattempo le indagini si starebbero orientando lungo due piste, legate entrambe a canali informativi riservati. La prima è quella che porta agli altri componenti della «comitiva» che sabato mattina ha risalito Montenero verso l’autostrada (sicuramente non erano solo tre i migranti diretti sull’A10). La seconda interessa invece la «rete di illegalità» e di speculazioni che ruota intorno al fenomeno del popolo migrante e della sua odissea nel tentare di passare il confine con la Francia (con sistematici respingimenti da parte delle autorità transalpine). Si cercano anche testimoni che possano aver notato il gruppo di stranieri sull’Aurelia o in qualche luogo dove potrebbero aver passato la notte prima di raggiungere l’A10 e quel drammatico appuntamento con il destino a decine di migliaia di chilometri da casa.

      https://www.lastampa.it/imperia-sanremo/2022/04/04/news/migranti_morti_sulla_a10_caccia_ai_passeur-2916354

  • Mort de Steve : une expertise judiciaire démontre la responsabilité de la police
    https://disclose.ngo/fr/article/mort-de-steve-expertise-judiciaire-demontre-responsabilite-de-la-police

    Le 21 juin 2019, lors de la fête de la musique, à Nantes, Steve Maia Caniço tombe dans la Loire et se noie. Selon une reconstitution vidéo obtenue par Disclose, sa chute est liée aux tirs de grenades lacrymogène par les forces de l’ordre. Lire l’article

  • Dépolitiser le meurtre social dans la pandémie de Covid-19, Nate Holdren – Cabrioles – Carnet de recherche pour l’Autodéfense Sanitaire face au #Covid-19
    https://cabrioles.noblogs.org/depolitiser-le-meurtre-social-dans-la-pandemie-de-covid-19

    A temporary memorial for the victims of COVID-19 is seen near the armory in Washington Oct. 23, 2020. Each day the artist adds new flags to the installation as the death toll rises. As of Oct. 29, about 228,000 Americans have died from the disease. (CNS photo/Tyler Orsburn)

    Le cauchemar pandémique actuel est la manifestation la plus récente et la plus aiguë de la tendance de la société capitaliste à tuer beaucoup et régulièrement, une tendance que Friedrich Engels appelait « meurtre social ». Le capitalisme tue parce que les comportements destructeurs sont, dans une large mesure, obligatoires dans ce type de société. Les entreprises doivent faire suffisamment d’argent ou de graves conséquences sociales s’ensuivent – pour elles, leurs employés et le gouvernement. Pour que cela se produise, le reste d’entre nous doit poursuivre ses activités économiques qui sont obligatoires pour maintenir ce type de société.

    Le fait que ces activités soient obligatoires signifie que les sociétés capitalistes sont dépendantes du marché : la participation au marché n’est pas facultative, mais obligatoire. Comme l’a dit Beatrice Adler-Bolton, dans le capitalisme « vous avez droit à la survie que vous pouvez acheter », et donc les gens font généralement ce qu’ils doivent faire pour obtenir de l’argent. Les résultats prévisibles sont les suivants : certaines personnes n’obtiennent pas assez d’argent pour survivre ; certaines personnes sont en danger en raison de conditions de travail, de vie et d’environnement dangereuses ; certaines personnes souffrent d’un manque de biens et de services de qualité suffisante pour favoriser le plein épanouissement de l’être humain ; et certaines personnes infligent aux autres les conditions susmentionnées. La réalité simple et brutale est que le capitalisme tue beaucoup, régulièrement. (L’apocalypse en constante progression de la crise climatique est une autre manifestation de la tendance au meurtre social, tout comme le meurtre très ancien et toujours en cours des travailleurs dans les opérations ordinaires de tant de lieux de travail).

    La tendance au meurtre social crée des problèmes potentiels que les gouvernements doivent gérer, puisque les États sont eux aussi soumis aux pressions et aux tendances découlant du capitalisme. Ils se retrouvent face aux résultats du meurtre social, résultats auxquels ils sont censés apporter des réponses, avec des options relativement restreintes par les limites que leur impose le capitalisme. Dans ce contexte, les gouvernements ont souvent recours à une tactique spécifique de gouvernance : la dépolitisation.

    La dépolitisation est une tentative du gouvernement de « mettre à distance le caractère politiquement contestable de la gouvernance », pour reprendre les termes du politologue Peter Burnham. On pourrait appeler cela la règle du déni : prendre des décisions sans avoir l’air d’en prendre, considérer les conséquences comme inévitables et essayer de placer l’autorité ailleurs afin d’éviter d’avoir à répondre de ce qui se passe.

    L’analyse de Burnham est utile pour comprendre la réponse de l’administration Biden à la pandémie, à plusieurs égards. Premièrement, il place la dépolitisation dans un contexte théorique et social plus large en soulignant que les gouvernements doivent gérer les conséquences politiques potentielles des problèmes qui sont générés de manière assez prévisible par le capitalisme.

  • Deux personnes en situation migratoire enterrées à Oulx et Bardonecchia (mortes probablement 2015 et 2016) :

    «Un corpo di giovane uomo, senza documenti, probabilmente proveniente da un paese arabo viene trovato morto lungo un sentiero nel Comune di Oulx. E’ il secondo morto ignoto trovato in alta Valle di Susa, che si trova a fare i conti con l’emergenza umanitaria delle popolazioni in fuga da guerre e carestie.

    Un corpo di giovane uomo, senza documenti, probabilmente proveniente da un paese arabo viene trovato morto lungo un sentiero nel Comune di Oulx. Otto mesi fa è stato seppellito nel cimitero del piccolo comune valsusino: morto ignoto, gli inquirenti non sono riusciti a identificarlo. Come nel cimitero di Lampedusa, dove le immagini delle croci di legno senza nome hanno fatto il giro del mondo, anche nelle Valli olimpiche, a pochi chilometri da Torino o Lione, ci sono tombe anonime di persone morte nel tentativo di passare la frontiera. «E’ il secondo morto ignoto trovato in alta Valle di Susa – racconta il sindaco di Oulx Paolo De Marchis –, il primo l’aveva trovato una signora che portava il cane a passeggio su un sentiero nei dintorni di Campo Smith, a Bardonecchia», e oggi riposa anche lui con la sua croce anonima, in un cimitero in alta valle.»

    https://issuu.com/dislivelli/docs/68_webmagazine_giugno16

    #Oulx #Bardonecchia #Val_de_Suse #Val_Susa

    #migrations #asile #réfugiés #décès #morts_aux_frontières #mourir_aux_frontières #frontière #frontière_sud-alpine #Alpes

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    ajouté au fil de discussion sur les morts à la frontière des Hautes-Alpes :
    https://seenthis.net/messages/800822

    lui-même ajouté à la métaliste sur les morts aux frontières alpines :
    https://seenthis.net/messages/758646

    • Migranti: quei morti ignoti nei sentieri alpini al confine con la Francia

      C’è una croce anonima nel piccolo cimitero di Oulx, comune di 2.500 anime in Alta Val di Susa. È di un giovane uomo, forse di origine araba, trovato morto lungo uno dei sentieri che portano in Francia. Nelle valli che hanno ospitato le Olimpiadi, simbolo di un mondo che non conosce frontiere, ogni notte decine di migranti cercano di attraversare il confine. «È il secondo morto ignoto trovato in alta Valle di Susa. Il primo l’aveva trovato una signora che portava il cane a passeggio su un sentiero nei dintorni di Campo Smith, a Bardonecchia, e oggi riposa anche lui con la sua croce anonima, in un cimitero in alta valle», racconta il sindaco di Oulx Paolo De Marchis, intervistato da Dislivelli, bella rivista di montagna dell’omonima associazione. Il primo piano del numero di Giugno della rivista, intitolato «Non passa lo straniero», racconta quel che sta succedendo lungo i sentieri che attraversano cime e passi delle Alpi e portano in Francia, Svizzera o Austria.

      https://www.redattoresociale.it/article/notiziario/migranti_quei_morti_ignoti_nei_sentieri_alpini_al_confine_con_la_fr

    • Morti ignoti nelle Valli olimpiche

      Un corpo di giovane uomo, senza documenti, probabilmente proveniente da un paese arabo viene trovato morto lungo un sentiero nel Comune di Oulx. Otto mesi fa è stato seppellito nel cimitero del piccolo comune valsusino: morto ignoto, gli inquirenti non sono riusciti a identificarlo. Come nel cimitero di Lampedusa, dove le immagini delle croci di legno senza nome hanno fatto il giro del mondo, anche nelle Valli olimpiche, a pochi chilometri da Torino o Lione, ci sono tombe anonime di persone morte nel tentativo di passare la frontiera.

      «E’ il secondo morto ignoto trovato in alta Valle di Susa – racconta il sindaco di Oulx Paolo De Marchis –, il primo l’aveva trovato una signora che portava il cane a passeggio su un sentiero nei dintorni di Campo Smith, a Bardonecchia», e oggi riposa anche lui con la sua croce anonima, in un cimitero in alta valle. Il fenomeno delle persone straniere che tentano di passare la frontiera clandestinamente non è nuovo per la Valle di Susa, ma dall’ottobre dell’anno scorso la situazione è peggiorata. Capita di vedere all’imbrunire lungo la strada statale che sale in alta valle, verso Bardonecchia, furgoni che si fermano per far scendere due o tre persone alla volta, che si avviano verso la frontiera. «Ne abbiamo visti personalmente sia io che i miei assessori», spiega il sindaco. Probabilmente le organizzazioni di trafficanti di esseri umani hanno individuato la valle come una delle possibili vie di accesso alla Francia. «Nonostante le forze dell’ordine negli ultimi tempi abbiamo aumentato gli sforzi per presidiare il territorio – continua De Marchis – capita spesso di vedere persone incamminarsi sui sentieri, lungo la pista da fondo di Claviere, sulle sponde della Dora Riparia o lungo la statale in direzione della frontiera. Sui sentieri del mio comune ogni anno nella stagione dello scioglimento delle nevi troviamo indumenti, scarpe o altre tracce abbandonate», segnale del passaggio di immigrati verso la frontiera. In valle è capitato più di una volta di raccogliere la testimonianza di immigrati clandestini che una volta passata la frontiera ed essersi incamminati per qualche chilometro giù per la Valle della Maurienne, sono stati intercettati dalla Gerdarmerie francese che li ha riportati in Italia.
      «La notte capita di passare nei pressi di vecchi casolari abbandonati e scorgere delle luci», continua il sindaco, e sono i piccoli fuochi improvvisati da immigrati di passaggio che cercano riparo. «Una sera nella vecchia stazione di Beaulard si è sviluppato un incendio – ricorda De Marchis – che ha fatto saltare la linea a 380 volt della stazione. Ricordo che da casa mia ho visto dei lampi e delle fiammate incredibili. Siamo subito accorsi. Un ragazzo esausto si era addormentato con la sigaretta accesa che gli ha incendiato la coperta». Pochi mesi prima un altro incendio, in un casolare abbandonato di fronte al centro commerciale Le Baite di Oulx. Sempre causato da persone che cercavano riparo per la notte.
      Alcuni dei migranti diretti al confine, nelle Valli Olimpiche, sono i minorenni non accompagnati che vengono intercettati dagli inquirenti e portati presso le strutture del Consorzio Intercomunale Socio Assistenziale Valle di Susa, il Conisa, di cui De Marchis è presidente: «Abbiamo 12 ragazzi minorenni in carico attualmente, tutti arrivati negli ultimi sei mesi. Li abbiamo distribuiti tra i centri disponibili della bassa valle tra Susa, Rubiana e Almese. Ma ora non abbiamo più posti disponibili e stiamo chiedendo aiuto ai consorzi socio assistenziali vicini». La presa in carico di minori non accompagnati, sia italiani che stranieri, è obbligatoria per i centri socio assistenziali di tutto il territorio nazionale. E il Conisa non si sottrae certo al suo dovere. Ma l’alto onere economico, la scarsità di posti a disposizione e i forti ritardi nei rimborsi da parte dell’Asl mettono oggi a dura prova la tenuta del consorzio montano.

      http://www.dislivelli.eu/blog/morti-ignoti-nelle-valli-olimpiche.html

  • « Silence, des ouvriers meurent » : sur les chantiers du Grand Paris, des accidents de travail à répétition | Pierre Jequier-Zalc
    https://basta.media/Accidents-du-travail-chantiers-Grands-Paris-Jeux-Olympiques-silence-des-ouv

    Basta ! a recensé au moins quatorze accidents du travail graves, dont quatre ayant entraîné la mort d’ouvriers, sur les chantiers liés au Grand Paris et aux Jeux olympiques. Le recours à l’intérim et à la sous-traitance en cascade pose question. Source : Basta !

  • Ventimiglia, migrante folgorato sul tetto di un treno (02.03.2022)

    L’uomo, di cui non è ancora stata sabilita l’identità, stava tentando di raggiungere la Francia dall’Italia.

    L’uomo morto stamani sul tetto di un locomotore di un treno a Ventimiglia (Imperia) è un migrante che stava tentando di raggiungere la Francia dall’Italia. Non è stato ancora possibile identificarlo ma sono in corso indagini per risalire alla sua identità.

    L’uomo potrebbe essere rimasto folgorato nel momento del passaggio di tensione a corrente alternata (quella utilizzata in Francia). Si tratta di una ipotesi visto che già in passato diversi macchinisti si sono accorti di problemi al sistema di alimentazione, proprio nella zona delle Calandre, dove anche oggi è stato fermato il convoglio.

    E’ stato l’elisoccorso Grifo a individuare il corpo carbonizzato, a contatto con il pantografo che collega il tetto della carrozza ai cavi dell’alta tensione.

    Oltre cento i passeggeri, tra frontalieri e studenti diretti in Francia, che sono rientrati in stazione a Ventimiglia soltanto verso le 10.20, accompagnati da un convoglio proveniente dall’opposta direzione. Sul posto hanno operato vigili del fuoco, agenti della polfer e personale sanitario.

    Con la tragedia di oggi sale il numero di migranti morti sulla ferrovia al confine con la Francia: chi investito dal treno in corsa, chi folgorato, malgrado i cartelli di allerta che alcune associazioni umanitarie hanno affisso in stazione per avvisare del pericolo gli stranieri che vogliono espatriare in Francia.

    https://www.rainews.it/tgr/liguria/articoli/2022/03/lig-ventimiglia-folgorato-migrante-morto-tetto-treno-67edb90a-6b78-452f-b389

    #Italie #France #frontière_sud-alpine #migrations #réfugiés #frontières #décès #mort #mourir_aux_frontières #Vintimille
    –—

    ajouté au fil de discussion sur les morts à la frontière de Vintimille :
    https://seenthis.net/messages/784767

    lui-même ajouté à la métaliste sur les morts aux frontières alpines :
    https://seenthis.net/messages/758646

  • Livreurs UberEats ou Deliveroo, ils risquent leurs vies pour un burger | Lina Rhrissi
    https://www.streetpress.com/sujet/1646309485-livreurs-ubereats-deliveroo-morts-route-accident-uberisation

    Poussés par des algorithmes, les livreurs UberEats et Deliveroo risquent leurs peaux, forcés d’aller toujours plus vite pour des revenus de plus en plus bas. Depuis trois ans, 11 sont morts sur les routes. Et les blessés se comptent par milliers. Source : StreetPress

  • News found in the FB group « Dead and missing in the Balkans », 25.03.2019

    I have very small information about one person who drowned in the Kolpa river on the border croatia / slovenia.
    the coordinates are 45.485706,14.911013. Near Planica, Croatia.
    The person that travelled with him has been deported back to Kladusa on the 25th of march.
    His name was Mehdi, from Casablanca Morocco.
    He was 26 / 27 years old.

    cas cartographié ici :


    https://www.google.com/maps/d/viewer?mid=1loCgbvNrkMZHhyRPZdlifDaPlvkj50Ld&hl=en&ll=45.440627367377616%2C1

    #Croatie #Slovénie #asile #migrations #réfugiés #frontière_sud-alpine #Alpes #montagne #décès #mort

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    Ajouté à cette métaliste des morts à la frontière Slovénie-Croatie :
    https://seenthis.net/messages/811660

    Elle-même ajouté à la métaliste des morts dans les Alpes :
    https://seenthis.net/messages/758646