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« George Orwell, what else ? (2/4) Apologie de la décence ordinaire »
Dans un foyer ouvrier – je ne parle pas ici des familles de chômeurs, mais de celles qui vivent dans une relative aisance – on respire une atmosphère de chaleur, de décence vraie, de profonde humanité qu’il n’est pas si facile de retrouver ailleurs. Je dirais même qu’un travailleur manuel, à condition qu’il ait un emploi stable et un bon salaire – condition qui se fait de plus en plus précaire – a beaucoup plus de chances d’être heureux qu’un homme qui a « fait des études ». La vie qu’il connaît parmi les siens semble plus naturellement encline à prendre une orientation saine et harmonieuse. J’ai souvent été frappé par l’impression de tranquille plénitude, de parfaite symétrie si vous préférez, que dégage un intérieur ouvrier quand tout va bien. En particulier l’hiver, après le thé du soir, à l’heure où le feu luit doucement dans le fourneau de cuisine et se reflète dans le garde-feu d’acier, à l’heure où le père, en manches de chemise, se balance dans son rocking-chair en lisant les résultats des courses, tandis que la mère, lui faisant pendant de l’autre côté de l’âtre, fait de la couture – les enfants qui se régalent de trois sous de bonbons à la menthe et le chien qui se rôtit doucement sur le tapis de chiffons… C’est un endroit où il fait bon vivre, à condition de n’être pas là juste physiquement, mais aussi moralement.