« J’attends évidemment avec confiance le vote sur l’ensemble de la révision constitutionnelle demain, et avec encore plus de confiance la révision constitutionnelle. Je l’espère au Congrès à Versailles » a confié Valls
Ne doutons pas que les élus godillots de nos deux assemblées croupions répondront à son attente et sauront être "à la hauteur des exigences des Français".
Et si les députés avaient mal voté ? C’est visiblement ce qu’a pensé très fort Manuel Valls, le Premier Ministre qui hier soir, une fois l’article 2 du projet de loi de réforme constitutionnelle adopté, a voulu revenir sur le vote de... l’article 1, pourtant examiné, et adopté avant-hier soir, certes dans un hémicycle clairsemé.
Ce que Manuel Valls a voulu modifier, notamment, au coeur de la nuit, c’est l’amendement Denaja qui proposait d’interdire la dissolution de l’Assemblée Nationale pendant la durée de l’état d’urgence. Cette interdiction, expliquait Denaja, qui depuis a curieusement changé d’avis, permettait d’éviter qu’un gouvernement à la dérive se retrouve un jour, en période de crise, sans contrôle parlementaire. Ce à quoi Jean-Christophe Lagarde, président de l’UDI ajoutait qu’il était quand même extrêmement difficile d’imaginer la tenue d’une campagne électorale sereine, pour élire de nouveaux députés, avec perquisitions nocturnes, assignations à résidence et interdiction de rassemblements à tout bout de champ.
Cette précaution, qui avait le malheur de n’avoir pas les faveurs de la droite, a donc été annulée hier, par un autre amendement, voté à la demande de Manuel Valls, qui sait très bien que chaque voix LR va compter, sur ce texte.
Tout ça pose le problème de l’équilibre des pouvoirs. C’est encore une preuve, en tout cas, du déséquilibre de nos institutions actuelles, au profit de l’exécutif, au détriment du législatif. C’est notamment ce que décrit Pierre Rosanvallon, dans son dernier ouvrage, paru l’an dernier : "Le bon gouvernement", quand il parle du pouvoir législatif “subordonné à la fonction gouvernante”.
Notez, d’ailleurs, qu’hier soir, plusieurs députés, dont la socialiste Sandrine Mazetier, sont allés jusqu’à proposé de composer, de faire du donnant-donnant : “on interdit au gouvernement de dissoudre, et en échange, on est prêt à renoncer au vote de censure”. Ça n’a pas marché, force est restée à l’exécutif, et Manuel Valls a eu gain de cause. En jouant, exactement comme l’explique Rosanvallon, sur les notions de volonté, d’efficacité, ou de respect des décisions prises…
Un député frondeur nous confiait hier soir que ce genre d’attitude, “so 5ème République”, “tellement typique de notre régime”, réduisait effectivement le parlement à la soumission. Et ils sont probablement nombreux ce matin, comme lui, à attendre impatiemment la prochaine réforme constitutionnelle.