Les pollutions indélébiles de l’armée américaine au Proche-Orient Bruce Stanley - Traduit de l’anglais par Christian Jouret - Orient XXI
Les conséquences des interventions militaires américaines dans le monde sont connues : destructions, victimes civiles, régimes renversés ou soutenus... Elles laissent aussi de terribles traces environnementales, écologiques et sanitaires pour les populations, même quand les troupes américaines se sont retirées.
Le 2 juillet 2021, les forces de sécurité afghanes ont découvert au petit matin que l’armée américaine s’était retirée dans la nuit de la base aérienne de Bagram, au nord de Kaboul, tout à la fois le plus grand aérodrome du pays et une ville virtuelle avec ses hôpitaux, ses salles de classe, ses bunkers et ses magasins, laissant derrière elle des montagnes de munitions, des vélos, des déchets hospitaliers, des centaines de camions et de véhicules utilitaires, des blindés Mine Resistant Ambush Protected (MRAP) aptes à résister aux engins explosifs improvisés et aux embuscades, du mobilier, des tonnes de bouteilles d’eau en plastique, des équipements militaires hors d’usage ainsi qu’une piste en béton de 96 millions de dollars (83 millions d’euros) et 3 km de long.
Avant de restituer le complexe Camp Leatherneck-Camp Bastion près de Lashkar Gah (capitale de la province d’Helmand), les troupes américaines avaient emporté les chars d’assaut, rapatrié 13 000 effets personnels appartenant aux soldats et une grande partie des 25 000 tonnes de nourriture que la base avait stockées. L’armée de l’air américaine avait déjà rapatrié plus de 1 000 chargements d’équipement par avion-cargo C-17, et les 17 000 entrepreneurs privés qui étaient présents dans le pays depuis mars sont partis. À son apogée, en 2011, les États-Unis disposaient de 200 000 soldats et salariés de compagnies privées dans le pays.
Le 26 juillet 2021, le président Joe Biden et le premier ministre irakien Moustafa Al-Kazimi ont tenu une conférence de presse au cours de laquelle ils ont annoncé le retrait total des « troupes de combat » américaines d’Irak et la poursuite d’une « alliance stratégique » avec le personnel de soutien américain restant dans le pays à des fins de formation et pour faciliter le partage de renseignements. Au plus fort de l’opération Surge en 20071, plus de 300 000 soldats et salariés de compagnies privées américaines répartis dans plus de 70 bases et installations différentes se trouvaient en Irak.
Dans le Golfe, l’armée américaine a réduit sa présence en 2021 en retirant de ses bases son matériel de défense aérienne Patriot, en redéployant ses avions de chasse de la base aérienne Prince Sultan (Arabie saoudite) et en transférant à ses alliés la responsabilité de son système de défense antimissile à haute altitude, dénommé Terminal High Altitude Area Defense (THAAD).
Des montagnes de déchets en tout genre
Depuis 1958, date à laquelle 15 000 soldats ont débarqué au Liban, des millions de « bottes » américaines ont foulé les sols du Proche-Orient. Les quelque 60 000 soldats répartis aujourd’hui dans la région sont bien moins nombreux qu’en 2003 et 2007, la plupart étant rentrés chez eux ou ayant été redéployés « au-delà de l’horizon proche et proche-oriental ». Mais même partis, l’environnement ne les oublie pas, la terre se souvient et ses habitants sont hantés par les déchets toxiques flottants que l’armée américaine et ses sous-traitants ont laissés derrière eux. Des montagnes de chaussures de tennis et de maillots de football jetés, des sacs en plastique oubliés, de l’uranium appauvri jonchant le sol, des nappes phréatiques polluées, des milliers de fosses d’incinération, des gravats de béton toxiques, des bâtiments détruits, des armes abandonnées, des niveaux accrus de pollution atmosphérique, des résidus de munitions et des déversements de pétrole et de déchets toxiques dans les mers de la région n’ont pas été « rapatriés ».
Quelle que soit la distance à laquelle l’armée américaine recule « au-delà de l’horizon », ou quels que soient les composants redéployés en Arctique ou en Afrique, l’héritage anthropique2 de sa présence au Proche-Orient — comme l’agent orange au Vietnam, au Laos et au Cambodge — a une « demi-vie » assassine qui peut s’étendre sur des centaines d’années, mettant en danger l’environnement, la santé et les moyens de subsistance de générations d’habitants de la région.
Depuis 80 ans, l’armée américaine se débarrasse de la pollution générée par les conflits au Proche-Orient en abandonnant ses déchets et en n’assumant pas sa responsabilité à l’égard des milliers de sites toxiques qu’elle a créés, de véritables zones mortes, des « anthropocènes locaux »3 comme vis-à-vis de la pollution générale de l’air, du sol et de l’eau qu’elle a engendrée dans toute la région.
Le plus grand producteur de gaz à effet de serre
Il existe plusieurs risques anthropiques primaires que les troupes n’ont pas rapportés à la maison. C’est une sorte d’héritage des empreintes laissées par les « bottes » américaines sur le terrain. L’émission de gaz à effet de serre (GES) en fait partie. Il s’agit d’un terme générique désignant un cocktail de CO2, de méthane, d’oxyde nitreux ou de gaz fluorés émis par le large éventail d’opérations (dénommé la « dent ») et d’installations (la « queue ») qui caractérisent la présence militaire du Commandement central américain (Centcom) dans la région. Il faut savoir que le ministère américain de la défense est le plus grand producteur institutionnel de gaz à effet de serre au monde.
Au Proche-Orient ses émissions de gaz à effet de serre proviennent de la combinaison de plusieurs éléments : véhicules, navires, avions et autres équipements utilisés pour le soutien au combat (les Humvee parcourent environ 4 miles — environ 6,4 km — pour un gallon — 3,8 litres — de diesel en ville) ; le soutien des services de combat ; les opérations tactiques ou de secours ; l’entraînement à de telles opérations par le biais de jeux de rôle (wargames) ou d’exercices ; le maintien de l’ordre et les prisons ; les interventions d’urgence ; le déplacement des passagers pour leur déploiement ou leur redéploiement ; la production d’énergie électrique ou de vapeur produite directement ou acquise auprès de prestataires externes pour le fonctionnement des bases ; les décharges ou les installations d’élimination de déchets solides ; les déplacements aériens et terrestres des compagnies privées ou encore le traitement des eaux usées. Les émissions de carbone suie (ou black carbone) des navires militaires, avec leur combinaison de particules polluantes pour l’air et le climat, présentent des risques considérables pour les humains et pour l’environnement, notamment en dégradant la qualité de l’air côtier local, sachant que ces navires, pour ne prendre que cet exemple, font souvent tourner leurs moteurs diesel lorsqu’ils sont au port, produisant ainsi d’importantes émissions d’oxydes d’azote.
Au printemps 2020, le Centcom exploitait simultanément deux groupes d’attaque de porte-avions en mer d’Arabie en déploiement long. Chaque force comprend un porte-avions, trois croiseurs, quatre destroyers et neuf escadrons aériens. Une force amphibie était également présente dans la zone au même moment. Sur la mer d’Arabie, l’arsenal naval de Duqum (Oman), récemment agrandi, est devenu un port d’escale majeur pour les groupes d’attaque des porte-avions. Avec sa raffinerie de pétrole, ses installations de réparation et ses nouvelles constructions, on peut craindre qu’il génère une série de nuisances environnementales.

La chaîne d’approvisionnement militaire engendre aussi d’importantes émissions de gaz à effet de serre par la fourniture de viande, de nourriture, de carburant (le carburant fossile a été la plus grande importation des États-Unis en Afghanistan), de vêtements, etc. pour nourrir et habiller les troupes, à quoi s’ajoutent aussi les émissions du complexe militaro-industriel ou de l’industrie de guerre produisant chars, canons, navires, avions et autres munitions. Lockheed Martin a fait état d’un total de 33 millions de tonnes de gaz à effet de serre et de CO2 pour 2020.
Enfin, il y a les émissions produites par le ciblage des réserves de pétrole et des puits de pétrole pendant le conflit, et par l’utilisation intensive de fosses à incinération sur les bases américaines.
Une accélération du réchauffement climatique
Le potentiel de réchauffement planétaire (PRP)4 des différents types de gaz à effet de serre varie considérablement et persiste dans le temps selon des durées différentes. Le méthane — dont le PRP est d’environ 30 fois supérieur à celui du CO2 — contribue 80 fois plus au réchauffement de la planète que le CO2 sur sa durée de vie de 12 ans dans l’atmosphère, alors que le CO2 y reste au moins 300 ans. De nombreux sites de rejet de méthane à petite échelle — oléoducs, hydrocarbures de soute, ports navals, sites pétroliers détruits, fosses d’incinération — constituent d’importants dangers dont l’homme est responsable à court terme. La menace globale que représentent les émissions militaires en termes de potentiel de réchauffement planétaire, tant à court terme qu’à l’horizon d’un siècle, résulte du mélange de carburants utilisés — diesel, essence, GPL/propane, gaz d’aviation ou carburant spécial de la marine (hydrocarbures de soute) —, des grandes quantités utilisées et de la durée de vie des équipements.
Les navires de la marine fonctionnant avec du carburant diesel de soute seront en service pendant encore au moins 30 ans et contribuent déjà à plus de la moitié des émissions à effet de serre dans les ports où ils sont à quai, ce qui dégrade considérablement la qualité de l’air local. Le kérosène et les divers additifs utilisés pour les avions de combat sont de loin la principale source d’émissions de gaz à effet de serre dans le secteur militaire — le F-35 consomme 0,6 miles par gallon (mpg) tout en produisant plus de 27 tonnes de CO2 par mission. Selon une estimation récente, les émissions de gaz à effet de serre de l’armée américaine dans les « principales zones de guerre » du Proche-Orient s’élèveraient à plus de 440 millions de tonnes pour la période 2001-2018, contre 282 millions de tonnes pour l’Irak en 2013. Les populations locales situées en aval des bases aériennes américaines ont souffert des émissions polluantes localisées produites par les opérations en vol.
En 2018, les gaz à effet de serre au Liban étaient de 4 tonnes par habitant. Cette même année, l’empreinte de ces gaz liée aux opérations de guerre était probablement supérieure à 50 tonnes pour chaque membre des services américains dans la région, et cela n’inclut pas les coûts environnementaux sur toute la durée de vie de la technologie et de la fourniture militaires.
Les fumées crasses de la base de Balad
Les décharges de déchets toxiques laissées sur place après le départ des troupes constituent un risque anthropique majeur pour la santé et l’avenir économique des populations locales en Irak, en Afghanistan et dans le Golfe. Depuis l’opération Bouclier du désert/Tempête du désert en 1990-1991, le Centcom a exploité une catégorie particulière de décharge de déchets toxiques, connue sous le nom de « fosses d’incinération à ciel ouvert » dans des bases militaires officielles, des camps temporaires et des avant-postes où les déchets produits par le personnel et les processus de ce camp — environ 4,5 kg de déchets solides par soldat et par jour — sont jetés dans de vastes fosses situées dans le périmètre du camp, et incinérés, souvent en permanence, 24 h/24. Pour des raisons d’opportunité et de sécurité, de grandes quantités d’ordures et de déchets militaires sont ainsi déversées dans des fosses d’incinération comme principale méthode d’élimination, puis brûlées avec du kérosène ou de l’essence comme accélérateur de feu, produisant un air, une terre et une eau toxiques.
La Joint Base Balad (JBB), deuxième plus grande base américaine en Irak, a abrité plus de 25 000 militaires et 8 000 prestataires de service, et brûlait, selon les rapports, plus de 140 tonnes de déchets par jour, soit au moins trois fois plus que les déchets produits par les 40 000 habitants de la ville de Balad, au nord-ouest de la base. La plus grande fosse d’incinération de JBB couvrait 4 hectares et a brûlé en permanence pendant des années après 2003. En 2006, une équipe venue évaluer la santé environnementale l’a qualifiée de « pire site environnemental » qu’elle ait jamais visité. La plupart des soldats de la base souffraient constamment de maux de tête, de toux et de mucosités noires qu’ils appelaient des « fumées crasses ».
Des batteries, des plastiques, des véhicules détruits, des chiens morts, des cartouches MK-19, plus de 80 000 canettes en aluminium par jour, des déchets médicaux et des parties de corps humains provenant d’hôpitaux, des appareils électroniques, de l’amiante, des emballages alimentaires (JBB abritait un Subway, un Taco Bell, un Pizza Hut et un Burger King), des métaux, des uniformes ensanglantés, des pneus, des matelas, des appareils électroménagers et des excréments humains ont été jetés dans les fosses de combustion. Des compagnies civiles telles que KBR5 et Halliburton étaient souvent chargées d’exploiter les fosses d’incinération.
Les tempêtes propagent les polluants
Le Centcom — seul commandement régional américain qui utilise des fosses d’incinération — a estimé en 2010 qu’il y en avait 22 en Irak, y compris à la prison d’Abou Ghraib, dans la zone verte et à Fallouja, et plus de 220 en Afghanistan. Un récent audit réalisé par des groupes d’anciens combattants sur leur utilisation dans la région depuis 1990 a suggéré que plus de 152 fosses existaient pendant l’occupation de l’Irak, 14 au Koweït, 4 en Somalie, ainsi que dans le Sinaï. Ces fosses d’incinération étaient également d’usage courant dans les postes d’Oman, des Émirats arabes unis, d’Arabie saoudite, de Doha, de Bahreïn, du Koweït, de Batman et d’Incirlik en Turquie, de Djibouti, de Diego Garcia, de Jordanie, de Syrie et d’Ouzbékistan. Le Département des anciens combattants des États-Unis a créé en 2014 un registre des risques aériens et des fosses à ciel ouvert, pour rechercher leurs effets et identifier tous les anciens combattants américains qui présentent des symptômes. On doit craindre que le registre ne documente pas toutes les fosses qui ont existé. En 2019, l’armée américaine a admis qu’elle avait encore neuf fosses actives dans la région, dont cinq exploitées par les États-Unis, deux par des contractants en Syrie et une par les forces américaines en Égypte.
Les fosses d’incinération produisent à la fois des toxines et des polluants en suspension dans l’air — particules, particules solides et gouttelettes liquides — et des déchets toxiques résiduels qui contaminent les eaux souterraines et le sol. L’hexachlorobenzène est l’une de ces émissions cancérigènes qui reste dans l’environnement, car elle a une longue demi-vie et adhère fortement au sol et à la végétation. Outre les panaches de fumée toxique qui dérivent constamment et laissent des cendres toxiques sur les tables et les vêtements des habitants des environs, les tempêtes de poussière et de sable propagent les polluants sous le vent vers d’autres populations, et les eaux souterraines et les rivières peuvent être polluées par des métaux lourds.
Une étude menée en 1999 sur les substances cancérigènes présentes dans l’air et l’eau à la base aérienne Prince Sultan, près de Riyad, a révélé la présence de plus de 9 types de substances, dont l’arsenic et le benzène. La base aérienne de Taëf et la base aérienne du roi Abdoulaziz à Dhahran disposent également de fosses d’incinération. La pollution de l’air à Bagdad, deuxième ville du Proche-Orient et située à 60 km sous le vent de la Joint Base Balad est depuis longtemps considérée comme néfaste, l’indice de qualité de l’air (IQA) quotidien étant régulièrement qualifié de « malsain » ou de « dangereux », avec des concentrations très élevées de particules toxiques (PM 2,5 en particulier) nettement supérieures aux recommandations de l’OMS. Le risque relatif d’exposition à long terme (RR) de mortalité par cancer du poumon à Bagdad est le plus élevé de toutes les villes irakiennes.
Des effets dramatiques sur la santé
Les maladies associées à l’exposition aux fosses d’incinération comprennent asthme, problèmes respiratoires, cancers, bronchite chronique, infections récurrentes, crampes et douleurs abdominales sévères, diarrhée, leucémie, cancer du poumon, saignements de nez, lésions pulmonaires, bronchiolite, troubles cardiaques graves, maux de tête sévères, infections cutanées, apnée du sommeil, infections de la gorge, ulcères, perte de poids subite, vomissements et lésions suintantes sur les extrémités.
Les effets aigus et chroniques sur la santé des civils au-delà du périmètre du camp vont des symptômes cliniques respiratoires aux cancers du foie, des poumons, des leucémies, des maladies auto-immunes, de la santé sexuelle et de la peau. Les yeux, le système cardiovasculaire et le tractus gastro-intestinal peuvent également être affectés, sans que cela ne se manifeste avant des années. Le président Biden pense que son fils Beau Biden, qui avait été affecté sur la base aérienne de Balad, est décédé d’un cancer du cerveau en 2015 en raison de l’exposition aux fosses d’incinération6. Les médecins civils ignorent souvent l’existence des fosses d’incinération et les risques sanitaires à long terme de l’exposition à leur toxicité, ou la manière dont l’exposition aux émissions de ces fosses peut aggraver les complications de ceux qui sont affectés par la Covid-19.
Des « produits chimiques éternels » polluent l’eau
On constate également la présence d’une pollution des eaux souterraines à proximité de presque toutes les bases et aérodromes américains dans le monde. Elle est due à l’utilisation de produits chimiques fluorés toxiques, très concentrés, qui sont présents dans les émulseurs utilisés dans la lutte contre le feu (les substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées ou PFAS dans leur acronyme anglais). Depuis les années 1970, l’armée américaine utilise cette mousse anti-incendie dans ses bases et ports navals pour éteindre les feux de liquides inflammables des avions ou des véhicules, pour combattre les incendies sur la base et pour former les équipes de pompiers, les résidus se dissipant alors directement dans le sol, le port ou les systèmes de drainage. Les porte-avions et les navires américains utilisent également cette mousse qu’ils évacuent directement dans la mer alors qu’ils font route. On a constaté que les concentrations accumulées de PFAS étaient toxiques pour les poissons, les crustacés et ceux qui s’en nourrissent.
L’infiltration de ces « produits chimiques éternels », qui ne se dégradent jamais et sont « bioaccumulatifs » sur des hectares de sol, crée des réservoirs souterrains de substances per- et polyfluoroalkylées et contamine l’eau potable et les puits en aval des bases au sein de populations situées à des kilomètres de là. Très mobiles dans l’environnement par le sol, la poussière, les eaux souterraines et l’air, ces substances migrent également vers les productions agricoles avoisinantes, les rivières et la mer. Ingérées ou inhalées — désignées comme « substances dangereuses » par l’Agence de protection environnementale américaine (US EPA) —, elles s’accumulent dans le sang et les organes, provoquant cancers, lésions hépatiques ou rénales, maladies de la thyroïde, malformations congénitales et problèmes du système reproducteur.
Un défi majeur de santé publique
Des études ont recensé 641 sites militaires sur le territoire américain qui sont des sources probables de pollution pour des sites éloignés. Une étude portant sur plus de 100 bases a révélé que 87 d’entre elles présentaient des concentrations de substances per- et polyfluoroalkylées 100 fois supérieures aux niveaux de sécurité tolérés. Depuis 50 ans, les bases navales déversent des milliers de gallons de contaminants de ce type dans les ports où elles sont situées. Sous la pression politique et juridique croissante des municipalités et des groupes d’anciens combattants, les experts américains en matière de santé ont fait valoir que la concentration de substances per- et polyfluoroalkylées dans l’eau potable était l’un des défis majeurs de santé publique de la prochaine décennie. Ils mènent actuellement des études autour de toutes les bases américaines aux États-Unis et commencent à mettre en place des stratégies d’atténuation. Le gouvernement américain prévoit de dépenser près de 3 milliards de dollars (2,54 milliards d’euros) aux États-Unis au cours des 30 prochaines années pour nettoyer les bases, les aéroports et les installations navales, soutenir les anciens combattants qui en subissent les effets sur leur santé, renforcer considérablement la réglementation sur ces substances et traiter les séquelles de la contamination des eaux souterraines dans les municipalités voisines.
Il s’agit toutefois d’un préjudice environnemental mondial dont les conséquences sont spécifiques à chaque site et que l’armée américaine se doit reconnaître. On a constaté que les populations situées autour des bases aériennes de Futenma et de Kadenma à Okinawa (Japon) étaient exposées à des niveaux extrêmement élevés de pollution par les substances per- et polyfluoroalkylées par le biais des eaux souterraines et de l’air. À 11 km de la base aérienne de Ramstein, en Allemagne, la concentration de ces substances dans la rivière est 538 fois supérieure au niveau que l’Union européenne considère comme sûr. Les populations allemandes vivant autour des bases américaines dans tout le pays cherchent à former des recours pour tenir l’armée américaine responsable de ces crimes anthropiques.
Au Proche-Orient, en revanche, il existe peu d’études, voire aucune, sur la contamination des eaux souterraines hors site par les bases ou les ports américains en tant que zones d’émission, ou sur les effets de ces substances toxiques sur la santé des populations locales. Les autorités de la région n’ont pas encore abordé, étudié ou cherché à tenir l’armée américaine pour responsable de cet héritage anthropique. L’armée n’a certainement pas encore reconnu sa responsabilité dans la pollution hors site par les PFAS de ses bases comme à Incirlik (Turquie), Al-Dhafra (Émirats arabes unis), Naval Support Activity à Bahreïn, Al-Udeid (Qatar) ou Camp Lemonier (Djibouti), ni admis sa contribution aux effets néfastes des PFAS sur la santé des populations locales.
Les conséquences environnementales du massacre des villes
Les préjudices anthropiques subis par les populations du Proche-Orient résultent également de la « pollution par conflit ». Il s’agit des séquelles toxiques de l’urbicide, défini comme la destruction violente et intentionnelle de vastes pans d’infrastructures urbaines, de bâtiments, de sites industriels et de sources d’énergie dans le but de remporter une victoire militaire et de contrôler la ville : le massacre des villes résultant de ce que les Marines américains appellent les « opérations militaires en terrain urbanisé ». Les bâtiments explosent de l’intérieur sous l’effet de puissants explosifs, largués dans des zones peuplées, produisant une puissance énorme et des températures élevées.
Les matériaux de construction ainsi pulvérisés se répandent sous forme d’énormes nuages de poussière qui — comme cela a été constaté après l’attaque contre les tours jumelles à New York le 11 septembre 2001 — sont ensuite inhalés par les secouristes et les familles qui continuent à vivre dans le quartier, laissant un héritage de maladies pulmonaires telles que l’asbestose et la silicose, de complications cardiovasculaires et une mortalité prématurée. Les décombres, souvent abandonnés pendant des années là où ils sont tombés, contaminent les enfants qui jouent dans les ruines et entraînent des déchets toxiques dans les eaux souterraines et dans les rivières. Le conflit terminé, alors que la reconstruction est engagée, le déblaiement et la gestion de blocs urbains de décombres solides et dangereux — béton, ciment chargé de toutes ses impuretés, amiante, métaux, produits chimiques — engendrent une vulnérabilité supplémentaire pour la santé humaine sur le site, et une toxicité sur les décharges extérieures par la contamination de l’environnement et la récupération des déchets là où ils sont ensuite déposés.
Ramadi, site de trois grandes batailles acharnées pour le contrôle de la ville par la coalition militaire (2004, 2006, 2015), a perdu des quartiers entiers et la totalité de ses ponts sur l’Euphrate. La ville a aussi subi une pollution considérable due aux matériaux de construction qui ont été réduits en poussière lors des affrontements. La ville était détruite à 80 % au moment de sa reconquête en décembre 2015, faisant de cette cité d’un quart de million d’habitants un lieu pratiquement inhabitable et rasé. Une évaluation a dénombré 615 cratères de bombes dans le centre de la ville et plus de 3 000 maisons détruites après la bataille de 2015. Peu après, l’ONU a qualifié la destruction de la ville de « stupéfiante », pire que toute autre ville d’Irak, avec une estimation de sept millions de tonnes de débris et des coûts de reconstruction d’environ 10 milliards de dollars (8,46 milliards d’euros).
Il a fallu des années pour procéder à un nettoyage substantiel, notamment pour éliminer en toute sécurité pièges et munitions non explosées. Les États-Unis ont fait don de 5 millions de dollars (4,23 millions d’euros) pour aider à éliminer les explosifs de Ramadi. À long terme, il reste à gérer de manière adéquate l’installation de terrains de décharge, l’augmentation des niveaux de pollution locale du sol, de l’air et de l’eau, et à traiter les risques sanitaires des habitants. En outre, l’Euphrate présente à Ramadi des niveaux extrêmement élevés de contamination par les métaux lourds et son indice de qualité de l’eau (IQE) varie entre « marginal » et « médiocre ». Les canaux d’irrigation connaissent un sort comparable. Après la libération de Mossoul en 2017, les experts de l’ONU ont estimé que la ville avait à gérer plus de 11 millions de tonnes de débris dus au conflit et que 100 millions de dollars (85 millions d’euros) seraient insuffisants rien que pour couvrir les frais de transport par camion hors de la ville, la plupart des gravats ayant fini par être empilés sur les bords du Tigre ou déversés dans celui-ci.
« Ces choses-là arrivent ! Et ça fait désordre »
Il est des cas où l’urbicide se caractérise par la stratégie appelée « choc et effroi », quand une puissance de feu massive et écrasante est dirigée à une échelle jamais vue contre des infrastructures clés de transport, d’eau et d’électricité ou contre des moyens de communication, dans le but de paralyser et de déstabiliser subitement son adversaire pour prendre immédiatement le dessus. Les États-Unis ont largué 2 000 munitions à guidage de précision (MGP), conçues pour une destruction ponctuelle et ciblée, au cours des quatre premiers jours de leur invasion de l’Irak en 2003, et près de 20 000 au total pendant la phase de « guerre ». Le secrétaire d’État Rumsfeld, commentant la destruction urbaine résultant des attaques américaines contre les centres de population a haussé les épaules et déclaré : « Ces choses-là arrivent ! Et ça fait désordre ».
Les munitions non explosées et les résidus d’armes explosées, notamment le phosphore blanc et les armes à sous-munitions peu fiables jonchent le paysage urbain des conflits, constituant également des risques sanitaires à long terme pour les habitants des villes. Il existe quelques études sur l’impact de ces restes de guerre sur les communautés locales. Certaines établissent un lien avec une forte augmentation des malformations congénitales et des naissances prématurées dues à l’empoisonnement de l’environnement par le plomb et le mercure. En outre, on connaît depuis longtemps le rôle des munitions à uranium appauvri (UA) abandonnées après la première guerre du Golfe et celle de 2003 sur la santé reproductive des communautés du sud de l’Irak. C’est dans les villes les plus lourdement bombardées comme Bassora, Ramadi et Falloujah que les citoyens ont particulièrement souffert de problèmes de santé importants dus à la bioaccumulation de ces polluants dans l’air, le sol et les aliments.
Tous coupables, tous condamnables
En résumé, les séquelles anthropiques de la présence militaire américaine au Proche-Orient sont difficiles à discerner et, variant en fonction du temps et du lieu, à distinguer des autres contributions. De ce fait, il est peu aisé d’en attribuer la responsabilité première aux uns ou aux autres. Les dommages anthropiques sont des problèmes inextricablement complexes où se mêlent le connu et l’inconnu. La contamination par les matériaux de construction pulvérisés à Ramadi et Mossoul n’est pas seulement imputable aux opérations américaines, mais aussi à celles de Daesh et des forces irakiennes.
Les émissions de gaz à effet de serre par les Humvee et les F-35 se confondent avec des milliers d’autres sources de contamination. Il y a si peu de données, d’études ciblées, d’analyses ou d’intérêt politique pour les contributions spécifiques de l’armée américaine à la création de zones de pollution au Proche-Orient qu’il est malaisé de dresser un tableau complet des risques sanitaires et environnementaux à court ou long terme pour des populations particulières, découlant de pratiques militaires américaines spécifiques sur des sites spécifiques et à des moments spécifiques.
Et pourtant, comme l’a clairement reconnu une étude, il existe « une épidémie de contamination toxique sur les bases militaires américaines et à partir de celles-ci ». C’est un fait connu dont l’évidence s’impose pour les bases situées à l’intérieur des enceintes américaines comme pour les populations regroupées juste au-delà de leurs grilles. Ce qui est également clair, c’est que certains dommages anthropiques tels que la pollution des eaux souterraines par les per- et polyfluoroalkylées ou les fosses d’incinération sont désormais reconnus, à contrecœur, par le Pentagone comme ayant causé un préjudice important aux vétérans américains déployés dans la région, ce qui s’accompagne — peut-être, du moins peut-on le penser — d’une certaine acceptation de sa responsabilité, ainsi que de la mise en œuvre d’une réparation limitée des préjudices. Ces deux victoires ont été extrêmement difficiles à obtenir et ont pris des décennies. Les anciens combattants et leurs familles sont frustrés, tout comme les municipalités américaines qui se trouvent en aval ou sous le vent des bases navales et aériennes, par les lenteurs et l’obstination de la bureaucratie militaire. Ce drame aura sa suite devant les tribunaux et le Congrès des décennies durant.
« Faire ses besoins dans la gamelle des autres »
Mais qu’en est-il des décharges sauvages de l’armée américaine au Proche-Orient et des dommages collatéraux causés aux familles et aux populations qui vivent au contact de ses détritus ? L’héritage anthropique intergénérationnel de plus de deux millions de « bottes sur le terrain » et de « marins en mer » déployés dans la région depuis 1958 n’a été ni reconnu ni mesuré : c’est l’aspect connu et inconnu de l’approche du Centcom américain au Proche-Orient qui y voit une zone de combat plutôt qu’une communauté de peuples. Les États-Unis se sont uniquement intéressés aux expériences et à la santé des anciens combattants de retour ou en service, au taux en augmentation de leurs maladies respiratoires, à leurs affections physiques invalidantes et aux formes rares de maladies, plutôt qu’aux personnes qu’ils étaient censés protéger. Les analystes américains qui ont évalué les dommages anthropiques émanant des bases américaines à l’étranger font systématiquement remarquer qu’on ne pourrait pas s’en tirer avec ce type de traitement des déchets aux États-Unis ou que « l’Agence de protection environnementale américaine les fermerait si c’était chez nous ». Les États-Unis ont pollué le territoire d’autrui, mettant en danger les générations futures et hypothéquant leur possibilité d’avenir après avoir piétiné leurs plates-bandes. Quelle que soit la distance à laquelle on s’éloigne de l’horizon, la culpabilité pour la création de milliers de sites toxiques locaux — les anthropocènes locaux — ne s’effacera pas avant longtemps.
Chaque site toxique est particulier, avec son héritage anthropique en constante évolution, façonné par la vulnérabilité de l’environnement naturel local, les pratiques de la population, les méthodes de gestion, les engagements en matière de ressources et les crises climatiques ultérieures. L’armée américaine a contribué à créer, étendre, compliquer ou accélérer la formation de ces anthropocènes locaux, et à nuire à la sécurité sanitaire et environnementale de millions de personnes et de populations au Proche-Orient. Il est temps de reconnaître, comme le répètent souvent les vétérans américains, qu’il ne faut pas « faire ses besoins dans la gamelle des autres ». Il est temps de prendre ses responsabilités et de contribuer à la réparation de ces crimes environnementaux. Les bottes américaines ont laissé de terribles empreintes dans toute la région. Les photos et les souvenirs peuvent s’effacer pour toujours, mais pas les produits chimiques.
Bruce Stanley
Professeur émérite de relations internationales à Richmond, université internationale américaine de Londres.
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Source : ►https://orientxxi.info/magazine/les-pollutions-indelebiles-de-l-armee-americaine-au-moyen-orient,5020
]]>Why plastic ? - Le #mensonge du #recyclage
Qu’advient-il réellement de nos déchets plastiques une fois que nous les avons mis dans le bac de recyclage ?
Alors que la crise de la pollution plastique est devenue un scandale international, les plus grandes marques de biens de consommation de la planète ont déclaré avoir une solution : le recyclage. Mais nos emballages plastiques ont toujours plus de chances de finir brûlés ou jetés que recyclés.
▻https://pages.rts.ch/docs/doc/12884036-why-plastic-le-mensonge-du-recyclage.html
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Tic tac. 62 décharges marines d’armes, parfois chimiques, sont laissées à l’abandon le long des côtes de la Manche et atlantiques. Comme ces obus, fréquemment observés par les plongeurs à l’île de Groix. Mais face au risque, l’État oppose le « secret défense ». Une enquête d’Actu.fr sur les décharges d’armes chimiques au large des côtes françaises : une « bombe à retardement ».
▻https://splann.org/glane-pour-vous-dans-la-presse-en-juin-2022
Enquête. Des décharges d’armes chimiques au large des côtes françaises : une "bombe à retardement" | Enquêtes d’actu
▻https://actu.fr/societe/des-decharges-d-armes-chimiques-au-large-des-cotes-francaises-une-bombe-a-retar
Des décharges marines d’armes parfois chimiques polluent les océans depuis un siècle. Le risque de destruction de toute vie est réel. L’État oppose le « secret-défense ».
Trafic de déchets : comment de fausses sociétés de tri gèrent l’un des filons les plus juteux du grand banditisme français franceinfo - Stéphane Pair
▻https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-choix-franceinfo/trafic-de-dechets-comment-de-fausses-societes-de-tri-gerent-l-un-des-fi
Un peu partout en France, des communes voient apparaître de monstrueuses décharges à ciel ouvert ou cachées dans des hangars. Ces déchets ne seront jamais recyclés mais ils enrichissent par millions des escrocs particulièrement prudents.
Sur les hauteurs de la ville de Saint-Chamas, dans les Bouches-du-Rhône, dans ce qu’il reste de la société de tri Recyclage Concept 13, 30 000 mètres cubes de plastiques, de matériaux BTP à moitié calcinés, sont entassés là, en toute illégalité. C’est trente fois plus que ce qui était autorisé à cet endroit.
Cette montagne de déchets a partiellement brûlé en décembre dernier pendant près d’un mois ▻https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/incendie/saint-chamas-depuis-un-mois-un-incendie-dans-un-centre-de-dechets-empoi , avec, au passage, une pollution mesurée par Atmosud équivalente à celle de Pékin les mauvais jours. Cet incendie a eu lieu juste avant un contrôle de conformité et les registres ont brûlé. Le patron de cette société vient d’être mis en examen pour trafic de déchets.
▻https://www.francetvinfo.fr/pictures/8EJFENp2gaq0kWzbPNZCzkx2iqU/0x2:1023x576/944x531/filters:format(webp)/2022/05/25/php2v6J2E.jpg
La montage de déchets de Saint-Chamas, dans les Bouches-du-Rhône, en mai 2022. (STEPHANE PAIR / FRANCEINFO)
Fabrice et Isabelle, un couple de voisins, a vu monter chaque jour cette montagne au fil des rotations des camions bennes. « Les déchets arrivaient et ça se remplissait toujours plus... Une fois que le bâtiment était plein, des déchets se retrouvaient à l’extérieur. Cela faisait plus penser à une énorme poubelle qu’à une usine de traitement », décrit Fabrice. « Fatalement, nous sommes en colère car ce n’est pas la seule. Il y en a eu un peu partout, jamais sous le même nom, mais on se doute bien que ça vient de la même mafia » , poursuit Isabelle.
La réalité, c’est que ce trafic en bande organisée imite totalement les méthodes de la mafia, raconte Jean Sansonne, qui dirige Sos Corruption dans les Bouches-du-Rhône : "La camorra napolitaine contrôle le trafic de déchets avec des trains complets de déchets qui arrivent de toute l’Europe, en particulier de l’Europe du Nord. C’est documenté par des enquêtes des carabiniers italiens. Or depuis trois ans dans la région de Naples, s’est développé l’incendie de dépôts de déchets à recycler. Or chez nous en France on constate que les incendies de déchetterie se multiplient également. Ici à Saint Chamas mais aussi tout récemment à Saint-Martin-de-Crau et dans d’autres communes du Sud-Est. Tout porte à croire qu’il s’agit d’une procédure qui est copiée sur celle des mafias napolitaines."
Des millions d’euros de surfacturations et des sociétés complices
Comment ces escrocs génèrent-ils de l’argent ? Ils créent une société avec un capital dérisoire. Ils se déclarent comme trieur-recycleur, respectent en apparence la réglementation sur les déchets dits non polluants et facturent à prix cassé – moins de 180 euros la tonne – la levée et le faux recyclage des déchets industriels pour les enterrer ou s’en débarrasser parfois à l’international. Ce sont alors des millions d’euros à la clé qui s’évaporent avec des montages plus ou moins complexes de surfacturations via des sociétés complices.
Richard Hardouin, le président de France Nature Environnement dans les Bouches-du-Rhône (FNE 13), décrit le système : « On ne crée pas une société de recyclage avec un capital de 7 500 euros. Lorsqu’une entreprise dit faire du recyclage en louant un simple hangar, sans avoir de réceptacle pour gérer les eaux usées, et que cette entreprise change de nom tous les deux ans, la conclusion s’impose d’elle-même. » Richard Hardouin travaille avec des élus locaux à une proposition de loi pour mieux contrôler les installations de stockage de déchets dits non dangereux.
De son côté, le maire de Saint-Chamas nous a révélé avoir été menacé. Didier Khelfa n’en avait jamais parlé avant. Pousser à la mise en conformité de la société qui a pollué sa commune lui a valu des pressions directes.
« Cela m’a valu quelques menaces. J’ai été suivi, j’ai été intimidé. Est-ce que c’est la mafia ? Je ne sais pas, je n’ai jamais été confronté à elle auparavant. »
Didier Khelfa, maire de Saint-Chamas à franceinfo
Il raconte avoir rencontré à deux reprises les exploitants de l’entreprise : « La première fois, j’ai rencontré une jeune femme me disant qu’elle était en autoentreprise et qu’elle était gérante du site. Quelques mois après, elle est revenue avec son père, assurant ne m’avoir jamais dit ça en expliquant que c’est son père qui était le gérant. Ces gens-là sont au mieux, des irresponsables, au pire des voyous et des criminels contre l’environnement. »
Les déchets, deuxième source de revenus du banditisme en Europe
Du côté de la gendarmerie nationale, c‘est l’OCLAESP, l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique, qui surveille et chasse ces escrocs. L’entreprise Recyclage Concept 13 de Saint Chamas faisait partie de ses cibles lors du dernier coup de filet réalisé contre ce milieu. Début mai, sous la direction de la JIRS de Marseille, une juridiction spécialisée, une opération a mis sous les verrous deux pointures présumées de ce trafic dont une figure du banditisme régional, le Gardois Richard Perez surnommé « le roi des poubelles ». Il aurait livré plus de 6 000 tonnes de déchets à Saint-Chamas. Dans cette opération dont l’instruction est toujours en cours, trois autres escrocs présumés et six sociétés ont été mis en examen pour le transport, l’exploitation irrégulière et l’incendie de déchetteries.
Le trafic international de déchets est la deuxième source de revenus du banditisme en Europe, après la drogue. « Les groupes criminels qui sont impliqués dans les trafics de déchets utilisent les modes opératoires du banditisme, assure le patron de l’OCLAESP, Sylvain Noyau. Des téléphones anonymisés, des messageries cryptées, des détecteurs de balises, l’utilisation de fausse documentation, la corruption... De notre côté, nous utilisons absolument les mêmes techniques que celles que nous utilisons contre le banditisme traditionnel, avec des infiltrations des réseaux ou des mises en place de micros dans les espaces privés. »
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]]>Au Chili, des montagnes de vêtements usagés en plein désert
▻https://www.novethic.fr/actualite/environnement/dechets/isr-rse/jeudi-photo-au-chili-des-montagnes-de-vetements-usages-en-plein-desert-1503
Des dunes de vêtements en plein désert. Cette photo prise fin septembre par le photographe de l’Agence France Presse (AFP) Martin Bernetti a des allures surréalistes. Elle montre pourtant une réalité bien palpable, celle d’une décharge sauvage de textile située dans le désert d’Atacama près la commune d’Alto Hospicio au nord du Chili.
Plusieurs décharges comme celle-ci existent dans la région, comptabilisant environ 39 000 tonnes de déchets. Le Chili s’est spécialisé depuis une quarantaine d’années dans le commerce de vêtements de seconde main. Mais la quantité croissante d’habits à bas coût provenant d’Asie engorge son circuit de revente et nourrit de manière exponentielle ces montagnes de textile.
« Le problème est que ces vêtements ne sont pas biodégradables et contiennent des produits chimiques, ils ne sont donc pas acceptés dans les décharges municipales », explique Franklin Zepeda, qui a fondé en 2018 EcoFibra, une entreprise de recyclage en mesure de traiter jusqu’à 40 tonnes de vêtements par mois. Un effort bienvenu mais largement insuffisant pour résoudre l’ensemble du problème.
]]> Les basses fringues Robin des bois
►https://robindesbois.org/les-basses-fringues
La Fashion week [la semaine de la mode] déploie ses fastes, ses flashs, son buzz et ses défilés jusqu’au mardi 5 octobre. Ça clinque à Paris.
En Afrique, c’est toute l’année le défilé des vêtements à obsolescence programmée, des soutiens-gorge fatigués et des godasses éculées. Ça coince en Afrique.
L’Afrique est la principale bénéficiaire de la charité organisée et imposée par les économies occidentales et depuis quelques années chinoise.
La marée des vêtements hors d’usage déferle. De la Mauritanie au Kenya, tout le continent est touché.
L’impérialisme de l’aide humanitaire et de l’alibi « ça pourra toujours leur servir à quelque chose » commence à lasser. Les populations ne sont plus sous le charme des balles de troisième choix qui les submergent et dont chacune rapporte 50 à 100 € aux exportateurs.
Paul Kagamé, président du #Rwanda, a lancé en 2016 une fusée éclairante en déclarant que l’invasion des vêtements usagés était une atteinte à la dignité. Le Rwanda a imposé une taxe douanière de 5 US$ par kg de fripe importée. Les USA ont violemment réagi en rayant en 2018 le Rwanda de la liste des pays bénéficiaires de l’AGOA (African Growth Opportunity Act). L’AGOA permet des relations de libre-échange entre les USA et les pays africains. Les USA exportent pour environ 700 millions de dollars de vêtements usagés chaque année. Cette exportation massive présente l’avantage d’éviter de gérer des déchets solides, encombrants, combustibles et polluants. La destination dominante est l’Afrique. C’est sur le dos de l’Afrique que les USA font des économies.
La France n’est pas en reste. En 2020, malgré la paralysie de la logistique internationale, elle a exporté plus de 130.000 tonnes de déchets textiles en direct ou via la Belgique, les Pays-Bas, la Tunisie, le Maroc et les Emirats arabes unis. Les statistiques douanières ne reflètent que le commerce légal. Interpol constate à l’occasion d’opérations spéciales coordonnées entre les administrations douanières de plus de 70 pays que les vêtements usagés et accessoires de mode sont après les plastiques et les déchets métalliques la troisième catégorie de déchets à faire l’objet de contrebande. En 2020, les douanes de Lagos, Nigeria, ont saisi 3047 balles de vêtements usagés, 86 de sacs à main usagés et 35 de chaussures usagées.
Arrivés en Afrique, 2 articles sur 3 sont considérés comme inutilisables. Ils vont en décharge, sont jetés au bord des routes, érigent des falaises visitées par les vaches et les marabouts et se répandent dans les lagons et sur les plages. Les incendies à ciel ouvert sont fréquents et persistants. Ils produisent des fumées et des imbrûlés toxiques en décomposant les teintures chimiques et en brûlant des tissus synthétiques d’origine pétrochimique.
Les experts africains de la friperie constatent une dégradation rapide de la qualité des déchets importés. Sauf des perles rares comme quelques jeans ou chemises qui ont échappé à la revente en Europe ou aux Etats-Unis ou encore des t-shirts à l’effigie de stars du football, les vêtements usagés ne soulèvent plus l’enthousiasme. Le prêt-à-porter est devenu un prêt-à-jeter.
Le fondateur du Relais, le plus gros collecteur de textiles usagés en France, est du même avis. La « crème » revendable en France est tombée de 8 à 5 % en quelques années. Elle est captée par la vente via l’Internet, par les boutiques et les chaînes vintage. Même les grands magasins du boulevard Haussmann à Paris s’y mettent. Les lots à destination de l’Afrique vont encore s’appauvrir.
En Afrique, les arrivages de déchets textiles hors d’usage posent les même problèmes environnementaux, sanitaires et sociaux que les déchets électroniques. Les entreprises locales du secteur textile et de l’habillement ont disparu. Les importations massives de vêtements usagés les ont tuées.
. . . . . la suite : ►https://robindesbois.org/les-basses-fringues
#Fashion_week #pollution de l’#Afrique #obsolescence_programmée #aide_humanitaire #impérialisme #dignité #déchets #déchets_textiles #décharges #éco-organisme
]]>La « Terre des feux » italienne consume la santé des habitants
L’enfouissement et l’incinération de déchets en toute illégalité empoisonnent la région de Naples depuis plus de vingt ans. Pour la première fois, un rapport établit officiellement un lien entre ces déchets et la forte prévalence de tumeurs et de maladies.
Cela commence souvent par une fumée épaisse, noire, qui semble éteindre le jour et peine à se fondre dans l’obscurité de la nuit. Les volutes s’épaississent, l’air devient lourd, irrespirable. Les voisins ferment les fenêtres, inquiets. Quels déchets sont cette fois dévorés par les flammes ?
Au mois de juillet, 147 feux de déchets ont été comptabilisés par les autorités dans la province de Naples, 57 dans la province de Caserta. C’est soixante de plus qu’il y a un an, à la même période. Sur les terres autrefois fertiles qui s’étendent au nord de Naples, la « Terre des feux » brûle depuis plus de vingt ans. Sans trêve.
« Notre juridiction compte 38 communes et 34 d’entre elles sont touchées par un phénomène de pollution importante », résume en guise de préambule Carmine Renzulli, procureur de la République adjoint du tribunal de Naples Nord. Derrière son grand bureau situé au troisième étage du tribunal, il s’est fait un Post-it pour être sûr de ne rien oublier des chiffres vertigineux qu’il énonce : « On a recensé un total de 2 267 sites qui sont des décharges illégales et 653 touchés par des incendies illégaux de déchets. »
Ces chiffres se trouvent dans le rapport publié en début d’année par l’Institut supérieur de santé et le bureau du procureur de Naples Nord. Au moment même où il les prononce, le procureur sait qu’ils sont déjà obsolètes : « C’est une bataille continue que l’on mène, il est évident qu’à partir du moment où l’on ferme un site illégal, ceux qui enfouissent les déchets n’en démordent pas pour autant et cherchent juste un autre endroit où le faire. » Le rapport prévoit une mise à jour des chiffres tous les deux ans.
Surmortalité par cancers du sein
D’un point de vue symbolique, l’avancée de ce rapport est notable. Pour la première fois, la magistrature et les autorités sanitaires nationales établissent un lien de cause à effet entre la pollution de la Terre des feux et les chiffres alarmants de la santé des habitants de la région. Le rapport met en évidence la surmortalité par cancers du sein dans les communes les plus touchées, la forte prévalence de leucémies chez les 0-19 ans, d’asthme, de malformations congénitales, de naissances prématurées.
« Nous sommes la région la plus malade d’Italie en matière de maladies chroniques chez les jeunes, celle où les femmes ont le plus fort taux d’endométriose, celle où l’infertilité des jeunes est la plus forte, avec le risque ensuite que cela se transforme en cancer », s’indigne le docteur Antonio Marfella, responsable napolitain de l’association Médecins pour l’environnement.
Depuis l’été 2004, ce médecin qui travaille au sein de l’Istituto Nazionale dei Tumori de Naples, spécialisé en oncologie, alerte les autorités sanitaires régionales et nationales sur les pathologies de ses patients. Sans succès. Au fil de son combat solitaire, le docteur Marfella est passé dans le camp des victimes de la pollution, atteint lui aussi d’un cancer. Année après année, sur les murs des communes de la Terre des feux, les avis de décès de trentenaires, puis d’adolescents et d’enfants se sont multipliés, inlassablement. Cet été, les dernières victimes de la Terre des feux avaient 19, 15 et 7 ans.
Le fils de Marzia Caccioppoli, Antonio, n’avait pas encore fêté ses 10 ans quand il est décédé d’un glioblastome multiforme, un cancer du cerveau qui touche normalement des patients à partir de 55 ans. « Aucun médecin ne m’a jamais dit officiellement que c’était une tumeur liée au risque environnemental mais officieusement, si », se souvient-elle.
Après la naissance de son fils, elle avait préféré quitter Naples, son bruit et sa pollution, pour s’installer à Casalnuovo di Napoli, une petite ville située à une quinzaine de kilomètres au nord-est, au cœur d’une région qui fut longtemps appelée la « Campania Felix » pour ses terres fertiles : « Je ne savais pas que je l’emmenais alors sur la terre qui le tuerait, qu’il deviendrait l’une des victimes de l’écocide de la Terre des feux. »
Mobilisation citoyenne
Pour ces victimes et leurs proches, le rapport est une preuve de plus que leurs dénonciations n’étaient pas celles de « folles, d’illuminées », comme Marzia Caccioppoli et les autres mères l’ont entendu répéter lors de leurs mobilisations pour alerter sur la situation. « Mais, comme d’habitude, on essaie de cacher la poussière sous le tapis, déplore-t-elle. Ici, on peut mourir de cancer à 20 ans mais on ne reçoit pas de fonds supplémentaires pour faire du dépistage, de la prévention, proposer des examens médicaux spécifiques aux habitants. »
En 2013, après le décès de son fils, Marzia Caccioppoli fonde l’association Nous, les parents de tous, avec d’autres mères ayant perdu leur enfant sur la Terre des feux. Ensemble, elles ont créé un réseau de soutien pour les familles d’enfants malades, une vingtaine pour le moment, obligées de multiplier les « voyages de l’espoir vers les hôpitaux du Nord ». Elles organisent leurs propres journées de dépistage du cancer du sein dans les communes de la Terre des feux après avoir récupéré un échographe portable et avec l’aide d’un sénologue.
Surtout, elles tentent d’obtenir justice pour la perte de leur enfant et pour éviter d’autres victimes. En 2015, après un long combat mené par de nombreuses associations, dont Nous, les parents de tous, une loi sur les écocides est adoptée par le Parlement italien. Une demi-victoire pour les militants : la loi n’est pas rétroactive. Les entreprises clairement identifiées comme ayant exporté leurs déchets toxiques sur la Terre des feux n’ont jamais été condamnées. « Certaines entreprises sont venues empoisonner nos terres et aujourd’hui elles sont encore ouvertes, leurs crimes restent impunis et ça, c’est une réalité que je n’accepte pas », fulmine Marzia Caccioppoli.
C’est là que le bât blesse : hormis quelques entreprises identifiées au cours de ces vingt dernières années, désigner les coupables relève du casse-tête. « Comment savoir avec exactitude quel déchet a provoqué quelle maladie ?, interroge le procureur adjoint Renzulli, et comment savoir qui a enfoui ce déchet-là en particulier ? On peut avoir d’un côté quelqu’un qui porte plainte mais ensuite, pour qu’il y ait condamnation, il faut que la cause de la mort soit certaine. Identifier les coupables n’est pas l’ambition de ce rapport. »
Il faudrait commencer par tracer les déchets, or, en Italie, nous avons encore un système papier avec une carte d’accompagnement qui est facilement falsifiable.
Antonio Marfella, responsable napolitain de l’association Médecins pour l’environnement
L’accord scellé entre la magistrature et l’Institut supérieur de santé en juin 2016 vise surtout à identifier les sites les plus touchés pour commencer à les dépolluer. La tâche est lourde : près de 37 % des 350 000 habitants de la zone concernée vivent à moins de cent mètres d’un ou plusieurs sites de stockage de déchets. « Commencer la dépollution maintenant comme le demande la magistrature, c’est commencer à reconstruire des immeubles alors qu’on est encore sous les bombes », s’emporte le docteur Marfella.
Car le ballet des camions venus décharger leurs déchets ne connaît aucun répit. Ni les incendies et leurs fumées toxiques. Lorsque la Terre des feux a commencé à faire parler d’elle, les coupables étaient tout trouvés : les « camorristes », les mafieux locaux, qui ont empoché de coquettes sommes pour « enterrer » à plusieurs mètres de profondeur des déchets spéciaux et toxiques d’entreprises, essentiellement lombardes et vénitiennes.
Aujourd’hui, le procureur adjoint Renzulli décrit un phénomène bien plus banal et profondément ancré dans les mentalités locales. « Traiter une grosse quantité d’amiante, ça coûte beaucoup d’argent. Donc les gens s’en moquent un peu si, en abandonnant ces déchets, ils peuvent provoquer des dégâts sur la santé des autres. Ils pensent d’abord à leur propre intérêt, à économiser ce qu’ils peuvent, c’est le cas des petites usines du coin », détaille-t-il.
Parmi les centaines de dossiers que traite chaque année sa juridiction, nombreuses sont les amendes infligées à des particuliers qui font des travaux dans leur maison et se débarrassent des déchets, ou à de petits entrepreneurs locaux qui ne se présentent même pas à l’audience.
« Il faudrait commencer par tracer les déchets, or, en Italie, nous avons encore un système papier avec une carte d’accompagnement qui est facilement falsifiable, regrette le docteur Marfella. C’est un problème que nous pourrons résoudre lorsque l’État décidera de se comporter en tant que tel en faisant appliquer ses règles sur le territoire, à commencer par la lutte contre l’évasion fiscale. »
En Italie, l’évasion fiscale des entreprises est estimée à 30 % en moyenne. Si ces chiffres sont souvent associés au manque à gagner pour l’État, le responsable napolitain de Médecins pour l’environnement souligne un autre aspect, fondamental : « Dès lors que cela concerne l’industrie manufacturière, cela signifie aussi que pour 100 millions de tonnes de déchets légaux, j’en ai 30 millions qui sont illégaux. Où vont-ils finir ? »
Du Nord au Sud, il tente d’alerter les autres régions sur le phénomène de l’enfouissement de déchets toxiques. Le docteur Marfella est catégorique : il n’y a plus une, mais des terres des feux en Italie.
▻https://www.mediapart.fr/journal/international/130921/la-terre-des-feux-italienne-consume-la-sante-des-habitants
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Pour télécharger le #rapport :
]]>A #Vittel, #Nestlé entre faux verdissement et vrais #déchets
Dans les #Vosges, les sécheresses répétées amplifient la bataille de l’#eau qui oppose Nestlé aux autres consommateurs d’#eau_potable. Sous son vernis écologique, la #multinationale suisse, révèle « Libération », est soupçonnée de dissimuler des décharges sauvages de plastique, au risque de polluer la nappe phréatique qui remplit ses bouteilles d’eau estampillées Vittel, #Contrex et #Hépar.
C’est un confetti de quelques kilomètres carrés dans le sud des Vosges, coincé entre Vittel et Contrexéville. Sur ce territoire s’étend le royaume français de Nestlé. C’est également ici que jaillit l’eau commercialisée par la multinationale sous les marques Vittel, Hépar et Contrex, générant 245 millions de chiffre d’affaires annuel. La nappe phréatique qui produit ces juteuses eaux minérales se retrouve menacée de pollution par des #décharges_sauvages. Des dépôts appartenant depuis de nombreuses années au géant de l’#eau_minérale, comme nous sommes en mesure de le révéler.
Le lieu n’est connu que de quelques riverains. Un secret de Polichinelle, dans une région où Nestlé et ses 900 emplois font la loi. Munie d’un parapluie, à quelques centaines de mètres de Vittel, Christiane Vuattoux joue aux guides. La professeure à la retraite fait partie des Vosgiens qui ont pris les armes médiatiques contre la multinationale de l’eau, écœurés par ses pratiques. Les deux pieds dans la glaise, elle jauge ce qu’elle appelle « la montagne ». « C’est hallucinant parce que des arbres ont poussé dessus ! » s’exclame-t-elle en désignant le sommet de la masse de terre et de plastique qui se dresse devant elle en lisière d’un bois vosgien, sur le territoire officiellement protégé où sont embouteillées les eaux minérales de Nestlé.
Malgré les nombreuses alertes lancées auprès de l’industriel et de la mairie de Vittel depuis sa découverte de la décharge sauvage, en 2014, la « montagne » de Christiane Vuattoux n’a pas bougé d’un pouce. « Je les ai même ramenés ici, se souvient-elle au sujet de la visite d’employés mandatés par une filière de Nestlé, sur les lieux. Ils m’ont dit “Ne vous inquiétez pas, on va tout enlever !” » Depuis, plus rien.
Colline de #bouteilles plastique
Venu prêter main-forte à la professeure retraitée pour sonder la décharge à la recherche de preuves de l’implication de Nestlé, Bernard Schmitt est un habitué des promesses non tenues. Sa compagne Renée-Lise Rothiot et lui-même sont à la pointe du combat citoyen contre le géant de l’eau en bouteilles et dirigent un collectif devenu le relais incontournable pour tous les lanceurs d’alerte de la région, à l’instar de Christiane Vuattoux. A les voir arpenter la colline de bouteilles plastique, bêche dans une main, appareil photo dans l’autre, on comprend vite qu’ils en ont vu d’autres. Le couple de médecins retraités se dit malgré tout « sidéré » par cette décharge qui s’étend sur une centaine de mètres de long et une dizaine de hauteur. « Tout près d’ici, il y a les cinq forages Hépar, qui est l’eau la plus superficielle exploitée sur Vittel », rappelle Bernard Schmitt.
Ce que les militants ignorent, c’est que Nestlé a discrètement tenté de faire le ménage suite aux premiers signalements, en 2014. Du moins en surface. C’est ce que révèle à Libération un entrepreneur vosgien qui souhaite garder l’anonymat. Début 2014, un haut cadre de Nestlé le contacte pour lui confier une mission hautement sensible : ôter les bouteilles de la décharge qui ont refait surface au fil des ans et qui commencent à attirer l’attention des promeneurs, dans ce petit bois en lisière de prairie. Il s’agit du directeur d’#Agrivair, la filiale « verte » de Nestlé qui organise chaque année des ateliers pédagogiques pour apprendre aux enfants « les bons gestes avec les déchets ». Cette filiale est propriétaire du terrain depuis 2001, selon un document fiscal que nous avons pu consulter.
Les employés de l’entreprise du bâtiment travaillent sur le site pendant trois jours. « Les bennes étaient mises à disposition par Nestlé et les bouteilles repartaient chez eux, se souvient le chef d’entreprise, facture à l’appui. On a enlevé les bouteilles les plus visibles, en bas du talus. » Une mission interrompue par Nestlé dès que celles-ci furent ôtées, sans que la multinationale ne juge utile de s’attaquer à la face immergée de l’iceberg. Coût de l’opération : 6 312 euros.
Autre décharge, mêmes méthodes. L’imposante tractopelle mord dans le mille-feuille de déchets plastique qui émerge, sur un terrain boueux situé à dix minutes de l’usine d’embouteillage de #Contrexéville. Les mains enfoncées dans les poches de leurs imperméables, les frères Thouvenin observent le ballet de la machine, mâchoires serrées. En 2014 déjà, les deux agriculteurs vosgiens dénoncent l’enfouissement discret de déchets par la multinationale suisse sur ce terrain, devant une caméra de France 5. Sollicitée à l’époque par les réalisateurs du documentaire, Nestlé promettait de s’occuper du problème. Six années plus tard, les détritus continuent de se désagréger dans le sol, représentant un risque de pollution des nappes phréatiques.
Silence radio
Des pratiques hors-la-loi, rappelle Aurore Chaigneau, professeure de droit à l’université Paris-Nanterre. « Même sur sa propriété, on n’a pas le droit de polluer. Il existe des règles relatives aux décharges sauvages ou à l’abandon de déchets qui peuvent trouver application », explique la spécialiste du droit de propriété, rappelant qu’un propriétaire a « quelques obligations environnementales ». Une analyse que partage Jean-François Fleck, président de Vosges Nature Environnement. « On se pose la question de la réglementation en vigueur à l’époque où ces déchets ont été enfouis, mais en tout état de cause ça s’est fait de manière sauvage, ça n’est pas enregistré à notre connaissance comme site pollué. C’est très grave parce qu’on ne connaît pas la destination future de ces terres. On va demander que ces terrains soient réhabilités aux frais de l’entreprise », prévient-il, redoutant la pollution des nappes phréatiques du secteur.
Contactée par Libération, l’entreprise n’a pas répondu à nos nombreuses questions, que ce soit sur les risques de pollution de la nappe phréatique ou la dépollution des sites. Malgré ce silence radio, le dossier pourrait bien prendre une tournure administrative. Selon un courrier de la préfecture des Vosges que nous avons pu consulter, l’inspection des sites classés « s’est saisie du dossier ».
« On se disait qu’il y aurait une prise de conscience et qu’ils allaient tout retraiter, mais au final ils se moquent de tout », lâche le cadet des Thouvenin en désignant les bâches plastifiées et bouchons de bouteilles exhumés par l’engin de chantier. Dans ce coin du Grand-Est, ce sont plus de 1,5 milliard de bouteilles estampillées Vittel, Contrex ou Hépar qui sont produites chaque année par l’entreprise helvète. Dans le secteur, rares sont les familles qui n’ont pas au moins un membre qui « travaille à l’usine ». Comprendre l’un des deux établissements de Nestlé. Face au géant qui « mutile, assèche et se fait du fric », les Thouvenin l’assurent : ils ne sont plus seuls à dire stop. « Il y a de plus en plus de monde qui a envie de charger le fusil. »
Signe de la fébrilité de la multinationale de l’eau, une plainte a été déposée contre l’un des frères Thouvenin pour « violation et dégradation de propriété privée en réunion ». Une plainte qui lui a été notifiée lors d’une convocation à la gendarmerie de Vittel, le 22 mai, comme l’intéressé le confie à Libération. Ce qu’on lui reproche : s’être introduit sur le terrain de Nestlé pour y dénoncer l’imposante décharge sauvage.
#Pompages illégaux
Dans ce contexte de plus en plus tendu, Bernard Schmitt et Renée-Lise Rothiot sont devenus les porte-parole des révoltés de l’eau. Quelques jours avant d’explorer la décharge de bouteilles signalée par Christiane Vuattoux, pelle à la main, les deux médecins à la retraite donnaient une conférence de presse sur un dépôt illégal jouxtant un terrain appartenant à Agrivair. Leur message était clair : contrairement à ce qu’elle affirme, Nestlé ne peut ignorer la présence de tous ces déchets à ses portes. « Depuis, pleins de gens nous ont signalé des décharges », se réjouit Bernard Schmitt.
Quelques mois auparavant, c’était une plainte collective contre Nestlé pour « exploitation de forages et prélèvements d’eau sans autorisation » sur les communes de Vittel et Contrexéville qui occupait le couple, aux côtés de la fédération écologiste France Nature Environnement et de l’UFC-Que Choisir. Plus d’un milliard de litres d’eau auraient ainsi été pompées sans autorisation par Nestlé, dans une région où les arrêtés sécheresse rythment chaque été. Avant de quitter les lieux de la décharge sauvage, Bernard Schmitt jette un œil à la cagette que sa compagne remplit de bouteilles tout juste déterrées. « On présentera ces échantillons à notre prochaine action », glisse cette dernière en ajustant ses lunettes ruisselantes.
Les décharges illégales ne sont que le dernier épisode de la colère qui enfle contre Nestlé dans ce coin paupérisé des Vosges, où la bataille pour l’eau fait de plus en plus de bruit. Si la production d’énergie rafle les deux tiers des prélèvements d’eau en France, le tiers restant doit être réparti entre l’agriculture, l’industrie (dont les géants de l’eau minérale comme Nestlé) et les usagers. Sur le secteur de Vittel et Contrexéville, l’embouteilleur suisse n’est pas que le premier employeur, dont les marques d’eau font la fierté du territoire depuis le XIXe siècle. Il est également – et de loin – le premier consommateur industriel d’eau.
« Porte du désert »
Dans la rue du cimetière de Valfroicourt, entre Vittel et Epinal, les époux Chevrier sont la mémoire vivante de cet affrontement pour l’or bleu. « L’accès à l’eau est un droit qu’il faut défendre », lâche l’exploitant retraité. Sa compagne et lui-même ont vu arriver l’eau courante dans le village en 1972. Quatre ans plus tard, la commune décidait de privatiser la fontaine publique, vestige de l’époque où il fallait porter la précieuse ressource par seaux entiers jusque chez soi. « Pas question ! » pour les Chevrier, qui décident de s’enchaîner à la fontaine avec une paire d’amis et quelques pancartes. Prise de court, la commune fera marche arrière, rapidement imitée par d’autres.
Près de cinquante ans après leur coup d’éclat, c’est un projet contesté de pipeline d’eau potable qui a remis les deux retraités en selle. Avec un nouvel ennemi en ligne de mire : Nestlé. En 2018, la commission locale de l’eau a souhaité acheminer de l’eau potable aux habitants de trois communes dont Vittel depuis une nappe située à une quinzaine de kilomètres de là – notamment sous Valfroicourt. Si l’objectif affiché par les élus locaux est de soulager la nappe phréatique en déficit chronique, le message qu’ils envoient est dévastateur : ce serait aux habitants d’aller boire ailleurs, et non à l’industriel suisse de baisser ses prélèvements.
« Nous avons déjà deux forages sur notre commune, qui alimentent 21 communes du secteur, on craignait qu’en venant forer sur notre nappe on se retrouve en rupture de stock », expose Jean-Marie Chevrier. Pour signifier son opposition au projet soutenu par Nestlé, l’agriculteur érige un monument de paille au bord de la départementale qui traverse Valfroicourt, barrée de l’inscription « Porte du désert ».
Face à la mobilisation citoyenne, les tuyaux du pipeline ne seront finalement pas posés. Afin de reprendre la main dans ce dossier embarrassant, la préfecture des Vosges a annoncé la création d’un « observatoire indépendant des ressources en eau » d’ici 2022, qui devra revoir la répartition de l’eau sur le secteur. Longtemps complaisant avec le producteur d’eau minérale, le préfet a prévenu : « Les besoins en eau potable des populations à partir des seules ressources locales [sont] prioritaires ».
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Les échos du combat vosgien pour l’eau sont parvenus jusqu’aux oreilles de Mathilde Panot. La députée La France insoumise de la 10e circonscription du Val-de-Marne en est convaincue : « Vittel est l’exemple de ce qui se passe de plus fort en termes de main basse sur l’eau par des intérêts privés avec des conséquences dramatiques. » Les sécheresses des dernières années sont pour elles le signal que le législateur doit intervenir. « Nous ne pouvons pas laisser des multinationales continuer à faire du profit et à gaspiller l’eau alors qu’on en a impérativement besoin », assure la présidente de la toute jeune commission d’enquête sur l’industrie de l’eau. Début avril, elle a embarqué des députés en TGV pour aller constater les décharges vittelloises de Nestlé.
En attendant le rapport parlementaire, attendu début juillet et qui sera sans doute un nouveau pavé dans la mare de Nestlé Waters, Mathilde Panot a pu cuisiner les cadres de l’entreprise suisse. Lors d’une audition en visioconférence le 22 avril, elle interroge Sophie Dubois, la directrice générale de Nestlé Waters France, sur l’inaction de la société suite aux alertes concernant ses deux décharges sauvages. La responsable de la multinationale ne voit pas le problème. « Nous avons engagé un diagnostic de la situation en 2019. Nous aurons le résultat de nos analyses cet été, ce qui nous permettra de prendre les mesures les plus adaptées pour résorber cette situation en accord avec les services de l’Etat », balaye-t-elle.
Prise illégale d’intérêts
Interrogée sur les cinq années séparant les premières alertes et la commande de ce « diagnostic », la patronne de Nestlé Waters France relativise : « Ça ne fait pas si longtemps par rapport à l’existence de ces anciens dépôts de déchets, qui datent des années 60 et 70 et dont Nestlé Waters a hérité. » Un délai également justifié par… le temps qui s’est écoulé sans que rien ne soit fait. « La situation est complexe à gérer parce que la végétation a repoussé sur ces sites, qui se sont reboisés naturellement », conclut la responsable de Nestlé à propos de cet « héritage du passé ».
Dans le rapport de force entre Nestlé et une partie de la société civile, les mauvaises nouvelles sont aussi judiciaires. Suite à un signalement de l’association anticorruption Anticor à l’encontre de l’ex-présidente de la commission locale de l’eau, cette élue locale et l’association présidée par son mari, passé par l’entreprise suisse, devront répondre d’accusations de prise illégale d’intérêts en faveur de la multinationale devant le tribunal de Nancy, en septembre. Il leur est notamment reproché d’avoir favorisé le projet de pipeline d’eau potable malgré leurs liens avec l’entreprise concernée. Chez les Schmitt, les pancartes sont déjà prêtes pour le jour du verdict.
►https://www.liberation.fr/environnement/pollution/a-vittel-nestle-entre-faux-verdissement-et-vrais-dechets-20210526_XU3VVCV
]]>La Face cachée des #énergies_vertes
Voitures électriques, éoliennes, panneaux solaires… La transition énergétique laisse entrevoir la promesse d’un monde plus prospère et pacifique, enfin libéré du pétrole, de la pollution et des pénuries. Mais cette thèse officielle s’avère être un mythe : en nous libérant des combustibles fossiles, nous nous préparons à une nouvelle dépendance à l’égard des métaux rares. De graves problèmes écologiques et économiques pour l’approvisionnement de ces ressources stratégiques ont déjà commencé. Et si le « monde vert » qui nous attend se révélait être un nouveau cauchemar ?
▻http://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/61421_1
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déjà signalé par @odilon sur seenthis :
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Les #Roms souffrent du « #racisme_environnemental » de l’UE, conclut le rapport | Nouvelles du monde
Un rapport conclut que les communautés roms d’#Europe vivent souvent sur des terrains vagues pollués et manquent d’#eau_courante ou d’#assainissement à cause du « racisme environnemental ».
Le #Bureau_européen_de_l'environnement (#EEB), un réseau paneuropéen d’ONG vertes, a constaté que les communautés roms étaient souvent exclues des #services_de_base, tels que l’#eau_potable courante, l’assainissement et la collecte des #ordures, tout en vivant fréquemment sur ou à proximité de certains des sites les plus sales de Europe, comme les #décharges ou les #terrains_industriels contaminés.
Jusqu’à 10 millions de Roms vivent en Europe, dont 6 millions dans les États membres de l’UE. Bien que leur exclusion sociale soit documentée depuis longtemps, les chercheurs du BEE disent que le déni des services de base et l’exposition à la pollution ont été négligés.
L’EEB, en collaboration avec des chercheurs d’Europe centrale et orientale, a trouvé 32 cas de « racisme environnemental » dans cinq pays européens : #Hongrie, #Bulgarie, #Roumanie, #Slovaquie et #Macédoine_du_Nord. Les chercheurs se sont également appuyés sur les travaux existants sur les conditions de vie des Roms en #Bosnie-Herzégovine, en #Serbie, au #Monténégro et au #Kosovo.
L’absence d’eau, d’assainissement et de collecte des ordures a été un problème dans plus de la moitié des études de cas, comme #Stolipinovo en Bulgarie, la plus grande colonie rom d’Europe et une partie de la ville de #Plovdiv. On estime qu’environ 60000 personnes vivent dans le quartier, mais beaucoup sont coupées des services d’eau courante et d’assainissement du reste de Plovdiv, capitale européenne de la culture en 2019.
En Hongrie, l’accès à l’approvisionnement public en eau de certaines communautés roms a été fermé pendant les vagues de chaleur estivales – des décisions ont touché 800 personnes à #Gulács en août 2017 et 1 500 habitants de #Huszártelep en 2013. La ville du nord de la Hongrie d’#Ózd a reçu près de 5,5 millions d’euros (£ 4,8 m) de la Suisse pour améliorer l’approvisionnement en eau courante des communautés roms, mais les chercheurs ont déclaré que beaucoup n’avaient pas bénéficié du programme. Les autorités ont affirmé que les ménages roms n’avaient pas payé leurs factures.
Des recherches antérieures ont conclu que seulement environ 12% des communautés roms avaient des toilettes à chasse d’eau et des systèmes de drainage fonctionnels.
Pata-Rât, à la périphérie de Cluj-Napoca, dans le nord-ouest de la Roumanie, est connue pour son architecture gothique et ses palais baroques.
▻https://www.villagefse2016.fr/les-roms-souffrent-du-racisme-environnemental-de-lue-conclut-le-rappo
#exclusion #eau_potable #accès_à_l'eau
ping @albertocampiphoto
La suite de :
Fil de discussion autour de la #Loi_de_programmation_pluriannuelle_de_la_recherche (#LPPR) : informations autour du contenu de la loi...
]]>Le Poison de La Mafia Calabraise et La Loi du Silence
Depuis des années, le journaliste #Sandro_Mattioli enquête sur un trafic de déchets toxiques en Calabre, dans le sud de l’Italie, qui impliquerait la mafia locale : la ‘Ndrangheta. En 1989, soixante tonnes de déchets médicaux prêts à être incinérés ont été découvertes dans un village de la province de Consenza. Des bateaux auraient également servi de vaisseaux-poubelles. D’autres ont disparu en mer. La mafia calabraise semble être aux commandes de ce trafic destructeur.
▻https://www.youtube.com/watch?v=FL8Zp5h1upc
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Sri Lanka’s Tragic and Totally Avoidable Disaster · Global Voices
▻https://globalvoices.org/2017/04/18/sri-lankas-tragic-and-totally-avoidable-disaster
The death toll from last Friday’s collapse of the Meethotamulla garbage dump in the Sri Lankan capital Colombo rose to 28 people this Monday. Rescue workers say another 30 people are still trapped under the mud and debris, though hopes are fading that any of these individuals will be found alive. The garbage collapse buried roughly 145 houses in the Colombo slum.
]]>Arctique/réchauffement : les décharges radioactives affectées | Russie | RIA Novosti
▻http://fr.ria.ru/politique/20140401/200885074.html
Le dégel du permafrost arctique suite au réchauffement climatique pourrait constituer une menace pour les décharges radioactives situées sur l’archipel de Nouvelle-Zemble, estime le ministère russe des Situations d’urgence.
« La dégradation du pergélisol sur l’archipel, dans les zones de stockage de déchets radioactifs, représente un danger particulier », lit-on dans une prévision établie par le ministère pour 2014.
Le document souligne également que la fonte du permafrost dans les régions arctiques de la Russie risque d’avoir des conséquences négatives pour les infrastructures pétrolières aménagées sur ces territoires qui recèlent plus de 70% des réserves prospectées de pétrole et environ 93% des réserves de gaz naturel.Selon les spécialistes du ministère des Situations d’urgence, le dégel du permafrost sur les bords de la mer de Kara pourrait intensifier l’érosion du littoral qui recule de 2 à 4 mètres chaque année.
Les golfes de la mer de Kara abritent de nombreux objets ayant servi aux essais nucléaires effectués en Nouvelle-Zemble, des fragments du brise-glace atomique Lénine, ainsi que le sous-marin nucléaire K-27. D’après le ministère des Situations d’urgence, un abysse avoisinant l’archipel renferme près de 1.200 objets radioactifs dangereux.
© RIA Novosti.
Arctique : gisements de pétrole et de gaz russes
Les objets sous-marins sont consignés au registre tenu par le ministère. A l’heure actuelle, ce document compte plus de 24.000 objets. Il s’agit de déchets radioactifs stockés principalement à des profondeurs allant jusqu’à 500 mètres.
#Russie
#Arctique
#réchauffement-climatique
#décharges-radioactives
#dégel
#permafrost
archipel de #Nouvelle-Zemble
Comment l’Europe fait passer ses déchets pour des dons
▻http://fr.myeurop.info/2014/02/12/comment-l-europe-fait-passer-ses-dechets-pour-des-dons-humanitaires-131
Chaque Français produit 20 kg de #déchets_électriques_et_électroniques par an. Que deviennent nos millions de téléphones, d’ordinateurs ou de tablettes hors d’usage ? Certains pays européens se débarrassent de ces déchets souvent toxiques sous couvert de #dons_humanitaires à l’Afrique ou l’Asie. Enquête.
C’est une déferlante. Environ 900 millions de #smartphones se sont vendus dans le monde en 2013, dont 15 millions en France (50 millions depuis 2008). lire la suite
#Économie #Environnement #Europe #Afrique #Asie #charité_empoisonnée #décharges #recycler
]]>Ghana’s poor eke out a living from toxic e-waste - Voices of Africa
▻http://voicesofafrica.co.za/ghanas-poor-eke-living-toxic-e-waste
More than five million pieces of second-hand electronics arrive in the West African nation annually, mainly from Europe, the United States and China, according to a 2012 report by Ghana’s Environmental Protection Agency (EPA).
Those not in working condition – about three-quarters of the shipments docking at Accra’s main port – are dumped at Agbogbloshie, the EPA says.
Over the years, the landfill has morphed into a toxic graveyard containing tens of millions of discarded electronics, or e-waste.
It has also become a source of income for the poorest of the poor who search for recyclable metals, like aluminium, copper and iron, that they sell to scrap dealers for a few cents.
Environmental and health risks
More than a quarter of Ghana’s 25-million people live under the poverty line of 1.25 dollars a day, according to World Bank data.
About 40 000 of them, including young children, live in the slum next to the dump and eke out a living from toxic e-waste.
“I lost my job as a security guard five years ago. The only way I can feed my family is by sorting through scrap. My son stopped going to school to help me,” explains Amenume, who hails from the village of Alakple, in the country’s north-east.
“We know we can get sick from the smoke. But if we stop working here, we won’t have anything to eat,” he adds.
#déchets_électroniques #déchets_toxiques #décharges #bidonvilles #récupération #pauvreté
]]>Living off the landfill: Indonesia’s resident scavengers | World news | The Guardian
►http://www.guardian.co.uk/world/2011/sep/27/indonesia-waste-tip-scavengers
Around 2,000 families are estimated to live and work at Bantar Gebang, but as Jakarta’s waste increases, so does the tip’s population. Most are unskilled workers from Java, some of whom have been scavenging in streets and rubbish bins their whole lives. But life here, says new resident Dadi, 25, can be a difficult adjustment. “I couldn’t eat properly for weeks when I arrived, the smell was so bad,” he says of the tip’s stench of curdled milk. “I vomited every day.”
Despite a strong sense of community on the tip, many also find that they are stigmatised when they cross its borders. “For a long time, it was hard to go back home,” says Sar Jok, 59, a “boss” who recruits new residents into teams of scavengers and sells their findings to independent recycling companies. “People would say, ’Why do you live on the dump? It smells bad, you smell bad’. But when they saw I made good money, their opinions changed.” Scavengers, some of them children as young as five, make around 30,000 rupiah (£2.20) a day. Like the few paddy farmers who still till what’s left of the neighbouring rice fields, many of Bantar Gebang’s residents must do all they can to survive off the land. Nila, 31, a mother of three, regularly scavenges for her family’s dinner. “I’ll find vegetables, and fish or meat on the mountain,” she says, cooking dinner over an open fire. “If it looks and smells OK, I take it. So far we’ve been lucky – nothing’s happened to us.”
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