• #Un couple détruit « la chaise de Van Gogh » en s’asseyant dessus dans un musée italien *

    Le 12 juin, le Palazzo Maffei de Vérone a diffusé les images de vidéosurveillance d’un incident pour le moins édifiant : un couple de touristes y est filmé en train de détruire une œuvre d’art contemporaine en s’asseyant dessus.

    La scène s’est déroulée dans une salle d’exposition, à un moment où les agents de surveillance s’étaient temporairement absentés. Profitant de leur absence, les visiteurs ont tenté de prendre une photo « à effet », explique le musée sur Instagram. On peut voir l’homme mimant une posture assise sur ce qui semblait être une chaise. Mais au lieu de feindre, il s’est véritablement assis... provoquant l’effondrement de l’œuvre.
    . . . . .
    https://www.youtube.com/watch?v=f4SUsTYG1qA

    source : https://www.lefigaro.fr/culture/un-couple-detruit-la-chaise-de-van-gogh-en-s-asseyant-dessus-dans-un-musee-

    #finance #déchets les #journuliste qualifient cette #fumisterie d’oeuvre d’#art la #vidéo-surveillance ne sert à rien

  • Des données officielles confirment la pollution autour de l’incinérateur d’Ivry-Paris 13, l’un des plus grands et anciens d’Europe
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2025/05/27/des-donnees-officielles-confirment-la-pollution-autour-de-l-incinerateur-d-i

    En février 2022, une étude de la fondation ToxicoWatch, spécialisée dans l’analyse toxicologique des polluants émis par les incinérateurs, pour le collectif 3R, avait révélé une contamination massive aux dioxines des œufs dans les poulaillers à Ivry et aux alentours. Depuis, l’ARS recommande toujours de ne pas consommer d’œufs issus de poulaillers domestiques dans 410 communes de l’aire urbaine de Paris et répète que l’incinérateur est une source de pollution parmi d’autres avec le trafic routier ou le brûlage de déchets à l’air libre.

    En avril, une nouvelle étude de ToxicoWatch a mis en évidence des niveaux importants de dioxines et de métaux lourds dans des mousses prélevées à moins de un kilomètre de l’incinérateur notamment dans des cours d’écoles d’Ivry et de la commune voisine de Charenton-le-Pont. Le Syctom a alors mis en cause la méthodologie de la fondation et assuré, comme en février 2022, que le lien n’est pas établi avec l’incinérateur, situé près du périphérique, à cheval sur Ivry et le 13e arrondissement de Paris.

    [...]

    Les concentrations relevées autour de l’incinérateur d’Ivry-Paris 13 oscillent donc entre près de deux fois et dix fois au-dessus de la valeur réglementaire allemande à mesure que l’on se rapproche de l’usine. « Ces données montrent qu’il y a bien une pollution due à l’incinération et pas seulement au trafic routier, contrairement à ce que répète le Syctom à chaque étude », commente Amélie Boespflug, coprésidente du collectif 3R.

    [...] En avril, les représentants de parents d’élèves FCPE de plusieurs écoles ont écrit à l’agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France avec cette question : « Est-il dangereux d’élever nos enfants à Ivry-sur-Seine ? » Le journal municipal de mai précise que les services de la ville étudient « une éventuelle répartition des élèves concernées dans d’autres établissements ». « Si on m’explique qu’il y a un risque sanitaire, je déplacerai les enfants, dit au Monde le maire (Parti communiste français) d’Ivry, Philippe Bouyssou. J’ai besoin d’un positionnement clair et sans ambiguïtés des autorités sanitaires : est-ce que oui ou non il y a un risque avec les retombées de dioxines ? »

    #pollution #air #déchets #incinérateur #ivry #Paris #école #cancer

    • « C’est l’incinérateur qui doit fermer, pas les écoles » : profs et parents veulent des réponses sur la pollution de l’usine
      https://www.leparisien.fr/val-de-marne-94/ivry-sur-seine-94200/cest-lincinerateur-qui-doit-fermer-pas-les-ecoles-profs-et-parents-veulen

      Aucun lien, pour le moment, n’est fait entre ces cas et l’incinérateur. Mais pour les représentants syndicaux, il y aurait un nombre anormal de cas de cancers dans cet établissement [lycée Romain-Rolland d’Ivry-sur-Seine]. La FSU exige également une plus grande transparence sur les prélèvements réalisés au sein du lycée et de la zone proche de l’incinérateur.

      Sans accès à ces demandes, le syndicaliste assure que les personnels pourraient, à la rentrée, faire valoir leur droit de retrait et qu’une "grève est tout à fait possible. Mais l’idéal serait d’éviter le conflit en informant sur l’état des contaminations, en envisageant de déplacer les écoles, de végétaliser, de mettre en place des purificateurs d’air ou autres solutions. »

      Au-delà des profs, c’est toute la communauté éducative qui n’en peut plus du flou concernant ce qu’elle estime être un manque de communication des autorités autour de cette fameuse pollution aux dioxines. Près de 72 conseils locaux de parents d’élèves d’Ivry mais aussi des XIIe et XIIIe arrondissements de Paris exigent même « l’arrêt immédiat de l’incinération de déchets à Ivry-sur-Seine ».

      « On espérait être rassurés de la part des pouvoirs publics lors de la dernière réunion mais on est ressorti alarmés. On était choqué du manque de réponse, on a presque vécu ça comme un manque de respect ou de sérieux », souffle Tomas Ibarlucia, papa d’un jeune garçon scolarisé dans l’école élémentaire l’Orme au Chat et représentant des parents d’élèves.

      « Quand j’entends qu’on pourrait déplacer les écoles, je trouve ça inacceptable. C’est l’incinérateur qui doit fermer ! ». Selon lui, des habitants envisageraient de déménager face à cette situation. « Soit les autorités publiques nous démontrent que ces pollutions sont sans risque ou alors ils prennent toutes les mesures nécessaires. Parce que si les enfants tombent malades ce sera de leur responsabilité. »

  • Petits réacteurs nucléaires modulaires : neuf modèles suivis par l’Autorité de Sûreté
    https://www.enviscope.com/petits-reacteurs-nucleaires-modulaires-neuf-modeles-suivis-par-lautorite-

    Michel Deprost 11/06/2025 - A la une, Nucléaire

    Les projets de petits #réacteurs #modulaires (#PRM) ou Small Modular reactors (#SMR) visent à répondre à des besoins en électricité à des niveaux moindres de puissance et d’une manière plus décentralisée. L’#ASNR suit l’émergence de neuf modèles.

    Les petits réacteurs modulaires introduisent une rupture dans la logique historique du #nucléaire civil qui a visé depuis des décennies à construire des réacteurs de plus en plus puissants : 600 MW, 900 MW, 1300 MW. Pour chaque accroissement de la puissance, il a été nécessaire de repenser en profondeur la conception globale y compris le génie civil. L’augmentation de la puissance a interdit, par nature, la construction en grandes séries.

    Des standards de sûreté identiques

    Les petits réacteurs modulaires sont présentés comme une solution flexible. En 2024, 9 modèles de petits réacteurs modulaires étaient suivis par l’ASNR sans compter le projet #Nuward porté par #EDF. Paul Durliat, chef de la Division de Lyon de l’ASNR, rappelle que pour les petits réacteurs modulaires la réglementation est la même que pour les réacteurs actuels. « Généralement ils présentent des standards de sûreté […] très élevés mais posent beaucoup de questions : il faut démontrer la capacité à construire du combustible dans des conditions de sûreté satisfaisante ». Ils imposent aussi de #prévoir le #démantèlement et la gestion des #déchets. Il faut enfin prendre en considération le fait que ces réacteurs seraient installés dans des zones plus densément peuplées que les réacteurs actuels.

    Une démarche cadrée

    L’ASNR a mis en place une démarche pour suivre l’avancement de ces projets avec différentes étapes. Certains, pourraient faire une Demande d’Autorisation de Création (#DAC). Jimmy Energy a déjà déposé sa demande, pour un projet de réacteur à haute température de 20 MWth. L’instruction est en cours. #Calogena est en phase de pré-instruction pour un projet de réacteur à eau légère de 30 MWth. Les porteurs de projets #NAAREA et de #Newcleo préparent leur DAC car ils ont validé la phase préparatoire. #Thorizon, jeune pousse néerlandaise qui s’implante à Lyon est en cours de phase préparatoire, au stade de la revue.

    Eric Zelnio chef du pôle LUUD ASN relève : « ça fait longtemps qu’on n’a pas eu autant de compétiteurs avec des solutions différentes. […] On peut raisonnablement penser que tout ne se traduira pas par des installations en fonctionnement […] parmi celles qui iront au bout un certain nombre d’options permettront peut-être des réemplois de matière ». Pour Eric Zelnio, il est prématuré de prévoir la part des PMR par rapport à l’ensemble du cycle […] il faut au moins attendre l’horizon 2030, pour voir qui arrive à concrétiser ses projets.

  • La Cour des comptes alerte sur l’urgence du stockage des déchets faiblement radioactifs

    Ces déchets dits de « faible activité à vie longue (FAVL) » représentent en volume plus d’une centaine de piscines olympiques.

    Où stocker les déchets faiblement radioactifs qui peuvent rester encore actifs pendant 100 000 ans, en France ? La Cour des comptes appelle les autorités à identifier rapidement des sites adaptés pour accueillir quelque 280 000 m3 de ces déchets, pour lesquels aucune solution de stockage n’existe aujourd’hui, selon un rapport publié mardi 3 juin.

    (...)

    Mais pour le long terme, la Cour des comptes fait le constat qu’"à ce jour aucune solution de stockage opérationnelle n’existe" pour ces déchets. Ils ne sont pas acceptés dans les stockages de surface compte tenu de leur vie longue, mais leur faible activité « ne justifie pas » non plus un stockage géologique comme dans le projet Cigéo, destiné à recevoir à 500 m de profondeur les déchets les plus dangereux à Bure (Meuse).

    https://www.franceinfo.fr/environnement/energie/nucleaire/la-cour-des-comptes-alerte-sur-l-urgence-du-stockage-des-dechets-faibleme

    #nucléaire
    #déchets_radioactifs
    #ANDRA

  • La crise du chiffonnage à #Paris (1900-1939)
    https://metropolitiques.eu/La-crise-du-chiffonnage-a-Paris-1900-1939.html

    Les chiffonniers ont marqué l’histoire des représentations de Paris. Dans les années 1940, leur disparition signe la fin d’un monde professionnel du recyclage, victime de l’industrialisation du traitement des #déchets privilégiant l’incinération et la mise en décharge. Pendant le premier tiers du XXe siècle, la région parisienne devient l’une des métropoles les plus urbanisées et industrialisées de l’Europe continentale. Les conséquences environnementales de la croissance démographique et les changements #Essais

    / déchets, Paris, #banlieue, #chiffonnier, #hygiène, #incinération, #collecte_des_ordures, #histoire

    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_ramon.pdf

  • Pollution plastique 5 000 canards se sont jetés à l’eau ce dimanche à Namur : « L’année prochaine on en prévoit 10 000 »

    Ce dimanche 18 mai, la Sambre a couiné. Elle en a vu passer des navires, des kayaks, des péniches amoureuses du ralenti, mais jamais une pareille basse-cour flottante : 5 000 canards jaunes se sont jetés à l’eau depuis le pont de l’Évêché, dans un tourbillon aquatique parfaitement organisé. Canamurois, premier du nom, événement mi-fou, mi-fondé, entièrement dédié à la course… de canards en plastique.

    Organisée par les Rotary Namur Val Mosan et Confluent, les volatiles . . . .


    La suite : https://www.lavenir.net/regions/namur/2025/05/18/5-000-canards-se-sont-jetes-a-leau-ce-dimanche-a-namur-lannee-prochaine-on-en-prevoit-10-000-DB6ES7HEX5F25J3KBFGCY3YNIE/?cx_testId=30&cx_testVariant=cx_1&cx_artPos=2#cxrecs_s

     #plastique #pollution #déchets #environnement #rotary #rotary club #eau #bêtise #conneries #Belgique

  • Le #nucléaire va ruiner la #France
    https://reporterre.net/La-relance-du-nucleaire-va-ruiner-la-France

    Malgré le coût faramineux du tout-nucléaire, la France s’enferre dans cette impasse. Voici les bonnes feuilles du livre-enquête « Le nucléaire va ruiner la France ». Laure Noualhat y décortique les mécanismes d’une gabegie.

    La relance nucléaire est-elle raisonnable ? À en croire Emmanuel Macron et tant d’autres, le « graal » nucléaire serait la seule solution pour ralentir le changement climatique et préserver notre confort. Alors que l’État fait des économies à tout-va, le secteur semble bénéficier d’un budget illimité.

    On a appris lundi que le centre d’enfouissement de #déchets_nucléaires #Cigéo à #Bure, coûtera jusqu’à 37,5 milliards d’euros. Pour la relance de la filière, la facture grimpera au minimum à 80 #milliards d’euros. À mesure que les #retards s’accumulent, ces montants sont sans cesse revus à la hausse. Le tout alors qu’#EDF est déjà lourdement endettée.

  • Stockage des #déchets #nucléaires à #Bure : pourquoi la facture du projet d’enfouissement pourrait exploser
    https://www.francetvinfo.fr/environnement/energie/nucleaire/dechets-nucleaires-a-bure/stockage-des-dechets-nucleaires-a-bure-pourquoi-la-facture-du-projet-d-

    Selon une nouvelle estimation de l’#Andra, le coût total de ce projet hors norme pourrait finalement s’élever à 37,5 milliards d’euros.

    Plus ça va, plus ça coûte cher. Comme l’EPR. Comme le démantèlement. Comme tout ce que l’atome nucléarise.

    • le projet Cigéo pourrait coûter entre 26,1 et 37,5 milliards d’euros*, étalés sur 150 années d’exploitation du site.

      Pour l’heure, 83 000 m3 de déchets les plus radioactifs sont attendus à Bure, dont la moitié a déjà été produite.

      Donc on y stockerait 553m³/an, on mettrait 75 ans à stocker les déchets produits en grosso-merdo 75 ans d’exploitation !? Donc ça ne suffit pas aux déchets qui continueraient d’être produits. Dans 150 ans il y aurait encore 75 ans de déchets à gérer. Soit ils se sont basé sur un projet d’arrêt du nucléaire civil soit c’est sous-dimensionné de moitié !

  • Le #compostage manuel de grande capacité : Red Hook Compost à #New_York
    https://metropolitiques.eu/Le-compostage-manuel-de-grande-capacite-Red-Hook-Compost-a-New-York.

    A travers l’exemple de Red Hook Compost, le site de compostage manuel le plus important des États-Unis, Stéphane Tonnelat montre que le compostage collectif peut être un levier d’apprentissage tout en traitant de grandes quantités de matières organiques. Il est aussi source de fierté pour ses usagers qui reconnectent leur alimentation aux sols agricoles. Le site de compostage de Red Hook, dans le district de Brooklyn, à New York, transforme plus de 200 tonnes de #déchets organiques par an avec des #Terrains

    / New York, compostage, déchets, #déchets_organiques, #insertion_sociale, #bénévoles, #prévention

    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_tonnelat5.pdf

    • RIFIUTI ? UNA RISORSA

      Questo volume rappresenta un riassunto di carattere divulgativo di problematiche ambientali ben note e già studiate in maniera approfondita; vuole essere semplicemente uno strumento di diffusione della cultura ambientale e un aiuto, suggerimento per le Amministrazioni Locali ed i cittadini, affinché possano sensibilizzarsi ulteriormente di fronte alle problematiche sorte con la società consumistica. Questo libretto potrebbe essere uno strumento per i Comuni per realizzare incontri partecipativi estesi alla cittadinanza, in maniera tale da spingere il singolo a dare il proprio contributo nel corretto comportamento riguardo la questione dei rifiuti, generando, sul medio lungo periodo, un beneficio sulla collettività in termine di salute e di risparmio economico. Il problema ambientale è un problema che riguarda tutti, per cui la responsabilità è collettiva e non individuale; a tal proposito la politica in genere ha un ruolo determinante come motore che inneschi e regoli comportamenti virtuosi nei cittadini, che a loro volta devono prendere coscienza di trattare l’ambiente come la propria persona o la propria casa.

      https://libri.editorialedelfino.it/prodotto/rifiuti-una-risorsa

      #livre

  • Kiabi, Shein, Decathlon : la fast fashion encaisse des millions d’euros d’argent public avec le don de vêtements invendus
    https://disclose.ngo/fr/article/kiabi-shein-decathlon-la-fast-fashion-encaisse-des-millions-deuros-dargent

    Les marques d’habillement à bas prix tirent profit de leurs invendus écoulés auprès d’associations comme Emmaüs ou La Croix Rouge, révèle Disclose, en partenariat avec Reporterre, à partir de documents confidentiels. Le résultat de la loi anti-gaspillage qui les encourage, depuis 2022, à donner leurs surplus en échange de 60 % de réduction fiscale. Au risque de financer la surproduction de l’industrie textile. Lire l’article

    • Les marques d’habillement à bas prix tirent profit de leurs invendus écoulés auprès d’associations comme Emmaüs ou La Croix Rouge, révèle Disclose, en partenariat avec Reporterre, à partir de documents confidentiels. Le résultat de la loi anti-gaspillage qui les encourage, depuis 2022, à donner leurs surplus en échange de 60 % de réduction fiscale. Au risque de financer la #surproduction de l’industrie textile.

      Sur le papier, l’offre est alléchante. Vingt palettes de vêtements neufs de la marque Shein envoyées depuis la Chine, gratuitement. Delphine Peruch, coordinatrice d’une #recyclerie dans le Var, n’en revient pas lorsqu’elle reçoit cette proposition, en novembre dernier. Elle a pourtant décliné : « Notre philosophie est de donner une seconde vie aux vêtements, pas de revendre du #neuf ». Ces derniers mois, son association croule sous les dons, comme toute la filière du #ré-emploi textile, asphyxiée par les #surplus. À la #Croix-Rouge, en Vendée, on ne récupère plus les vêtements confiés par les particuliers. Chez #Emmaüs, « on pousse les murs, on construit des chapiteaux, et certains dons ont dû être jetés », rapporte Louana Lamer, responsable textile de l’association.

      Le secteur craque face à une production de vêtements débridée. Chaque seconde, près de 100 pièces neuves sont injectées sur le marché français. Une hausse de 30 % en seulement quatre ans. « On a créé un système malade où il est normal de produire en trop, dénonce Emmanuelle Ledoux, directrice générale de l’Institut national de l’économie circulaire. Il faut que tout soit disponible tout le temps, jouer sur la #nouveauté, réduire les coûts avec des #économies_d’échelles… Le résultat, ce sont des niveaux élevés de surproduction. » Des vêtements qui ne servent à rien, donc, et qui alourdissent le #bilan_écologique désastreux de l’industrie de la mode, responsable de 8 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde.

      Pour limiter l’impact des textiles invendus, la loi anti-gaspillage interdit leur #destruction depuis 2022. Les entreprises présentes sur le marché français sont désormais obligées de les recycler, les vendre à des déstockeurs ou les donner à des #associations en échange d’une réduction fiscale équivalant à 60 % de la valeur des vêtements. Un effet d’aubaine méconnu, mais largement exploité par des poids lourds du secteur comme Shein, Decathlon et Kiabi.

      D’après l’enquête de Disclose, en partenariat avec Reporterre, qui s’appuie sur des documents internes et l’analyse d’une dizaine de rapports d’entreprises, les géants de la fast fashion reçoivent plusieurs millions d’euros de #réductions_d’impôt pour leurs surplus donnés à des associations. Exemple : pour un pantalon vendu 12 euros par Shein, la marque chinoise peut escompter une ristourne fiscale de 7,20 euros si elle choisit de l’offrir à une #recyclerie. De quoi rendre la surproduction rentable pour une enseigne capable de réduire ses coûts de fabrication à quelques dizaines de centimes par article. Mais en bout de chaîne, ce sont les associations qui trinquent : ensevelies sous les vêtements, elles doivent aussi, de plus en plus, les détruire par leurs propres moyens, voire… aux frais du contribuable.

      Un cadeau de Shein contre un reçu fiscal

      « Nous produisons ce que les clients veulent, au moment où ils le veulent et là où ils le veulent », assure le PDG de Shein, #Donald_Tang, dans un entretien au JDD en mars dernier. Selon lui, « ce modèle maximise l’efficacité et réduit le gaspillage presque à zéro ». Vraiment ? Sur le marché privé du #déstockage, où des entreprises s’échangent des lots de vêtements invendus, les colis du mastodonte chinois de la mode sont partout. Ils se vendent même par camions entiers, sur des sites web examinés par Disclose.

      Mais depuis quelques années, les habits Shein produits pour rien ont trouvé de nouveaux débouchés, bien plus rentables : les #brokers en invendus. Ces jeunes pousses françaises mettent en relation les grandes marques de vêtements avec les associations spécialisées dans le don. C’est l’un de ces brokers, baptisé #Dealinka, qui a contacté la recyclerie varoise de Delphine Peruch, en fin d’année dernière, pour lui proposer les palettes de vêtements de Shein.

      Cette #start-up créée en 2023, un an après l’entrée en vigueur de la loi anti-gaspillage, collabore avec les grands acteurs de la solidarité : Les Restos du Cœur, le Secours Populaire ou Les Petits Frères des Pauvres. À ses clients de la fast fashion, Dealinka promet de « réduire les frais liés aux stocks encombrants [et] associés à la destruction des produits ». Surtout, elle insiste sur « les dons effectués par les entreprises à des associations [qui] peuvent être éligibles à des #avantages_fiscaux ». Un argument que l’on retrouve dans un e-mail envoyé à la recyclerie du Var et consulté par Disclose. Dealinka propose ainsi « 21 m3 de marchandises » de Shein, en échange d’un « reçu fiscal que nous retournerons à notre client donateur ». La cargaison étant estimée à 53 167 euros, le « client donateur » — la marque chinoise ou l’un de ses importateurs — peut ici espérer déduire 31 900 euros de ses impôts.

      « La #défiscalisation est d’autant plus intéressante financièrement que, dans le cadre du don, ce sont les entreprises elles-mêmes qui déterminent la valeur de leurs produits », décrypte Romain Canler, directeur de l’Agence du don en nature. Pour Shein, qui propose la bagatelle de 7 000 nouvelles références par jour, d’après les calculs de l’ONG Les Amis de la Terre, rien ne filtre sur le nombre d’invendus. Pas plus que sur le montant des économies fiscales réalisées. Interrogé par Disclose sur le manque à gagner pour l’État, le ministère de l’économie n’a pas donné suite. Mais pour une entreprise au moins, le cadeau du fisc se compte en centaines de milliers d’euros : Decathlon.

      « Donner, c’est bon pour ton portefeuille »

      D’après un tableau obtenu par Disclose, Decathlon a bénéficié de 709 000 euros d’avoirs fiscaux, en 2024, pour 1,18 million d’euros de produits invendus donnés via #Comerso. Le slogan de cette entreprise qui, à l’instar de Dealinka, relie les marques et les associations ? « Vos invendus ont de la valeur ». Dont acte : la ristourne fiscale reversée à Decathlon, propriété de la richissime famille Mulliez, a presque triplé entre 2021 et 2024, toujours selon ce document interne. « En 2023, ces dons en nature équivalent à 0,01 % du chiffre d’affaires de Decathlon France », relativise la marque auprès de Disclose.

      « On commence à générer pas mal de cash » (Thomas Moreau, cofondateur de la start-up #Done, un broker d’invendus qui travaille pour Decathlon)

      La promesse d’économies fiscales, c’est aussi l’argument coup de poing de l’autre broker partenaire de l’enseigne française, la start-up lilloise Done. Le déstockage de vêtements vers des associations y est carrément présenté comme un « acte noble récompensé par 60 % en réduction d’impôt ». « On commence à générer pas mal de cash », confiait l’un des cofondateurs de la start-up à La Voix du Nord, en janvier dernier. Done prélève une commission de 12 % sur la valeur des stocks récupérés. Soit 12 000 euros pour 100 000 euros de vêtements offerts à des associations, les 48 000 euros restants revenant aux enseignes sous forme de réduction fiscale.

      Plutôt que d’interroger son modèle de production, qui alimente l’exploitation humaine au Bangladesh et en Chine, mais aussi la déforestation au Brésil comme l’a révélé Disclose, Decathlon fait du don un mantra. Sollicitée, l’enseigne indique qu’en 2024 « près de 90 % de [ses] magasins en France ont participé à des actions de dons, bénéficiant à plus de 200 associations ». Et à ses finances. Sur un site web destiné aux responsables de magasin, que Disclose a consulté, l’incitation fiscale est clairement présentée comme une motivation au don : « donner, c’est bon pour ton portefeuille ». Et à ce jeu-là, une autre enseigne de la famille Mulliez a redoublé d’ingéniosité : Kiabi.

      Le tour de passe-passe de #Kiabi

      En France, le champion français du prêt-à-porter ouvre un magasin tous les dix jours. Et plus de 800 000 vêtements Kiabi sont mis en vente chaque jour. Combien d’autres sont produits pour rien ? Selon les calculs de Disclose, basés sur ses déclarations extra-financières, la marque a généré au moins 5,6 millions d’invendus en 2023. Un volume qui a quasi doublé en deux ans. S’ils étaient tous mis en rayon ensemble, ces vêtements occuperaient environ 100 magasins de l’enseigne.

      Fort heureusement, Kiabi a trouvé une combine pour écouler ses surplus, tout en profitant de la générosité de l’État : les #Petits_Magasins. Avec ce concept « génial », comme elle le vante sur ses réseaux sociaux, la marque déstocke ses invendus auprès de boutiques solidaires qui vendent uniquement ses produits, sans passer par des intermédiaires. Encore mieux, ces Petits Magasins forment des salarié·es en insertion. L’idée, lancée en 2017, coche toutes les cases du cercle vertueux. À un gros détail près.

      Les Petits Magasins sont chapeautés par la société #Kivi, une joint-venture entre #Bunsha, la holding des magasins Kiabi, et le groupe d’insertion #Vitamine_T, qui compte le DRH de Kiabi à son conseil d’administration. Autrement dit, dans ce système « génial », Kiabi donne à Kiabi. Sauf « [qu’]il y a des rescrits fiscaux derrière ces dons », révèle le responsable de l’une de ces structures qui souhaite rester anonyme. Une information confirmée à Disclose par un ancien cadre de la marque.

      D’ici 2026, le leader français de la #mode_éphémère ambitionne d’écouler la totalité de ses invendus via les Petits Magasins fiscalement optimisables. Kiabi n’a pas souhaité communiquer à Disclose le montant des #exonérations_fiscales déjà obtenues grâce à cette opération. Mais en extrapolant ses derniers chiffres connus — 430 000 vêtements donnés aux Petits Magasins en 2021, d’une valeur de 1,9 million d’euros —, Kiabi aurait pu compter sur une réduction d’impôts de près de 15 millions d’euros si elle avait donné l’intégralité de ses invendus en 2023. Et sa soif d’argent public ne s’arrête pas là.
      Double peine pour les finances publiques

      Malgré un chiffre d’affaires record de 2,3 milliards d’euros en 2024, dont 45 millions d’euros reversés en dividendes à la famille Mulliez, Kiabi profite d’autres largesses publiques pour rentabiliser sa surproduction. À Reims (Marne), son tout nouveau Petit Magasin est implanté dans des locaux subventionnés par un bailleur social. À Hem (Nord), c’est la mairie qui a prêté un local rénové à ses frais. La communauté d’agglomération de Lens-Liévin (Pas-de-Calais) a quant à elle attribué, début mars, une subvention de 3 000 euros au Petit Magasin de Kiabi.

      En quelques années, au moins 30 de ces « #boutiques_solidaires » ont essaimé sur le territoire. Pourtant, Kiabi ne parvient pas à liquider l’ensemble de ses invendus : au moins un vêtement sur cinq donné aux Petits Magasins ne trouve pas preneur. Ces habits encore étiquetés sont alors susceptibles d’être donnés à des associations, au risque de concurrencer les véritables pièces de seconde main. « En injectant des invendus dans cette filière, les #fripes ne sont plus compétitives », regrette Emmanuelle Ledoux de l’Institut national de l’#économie_circulaire. La raison ? Les vêtements d’occasion demandent beaucoup plus de travail aux structures de ré-emploi, comme l’explique Lisa Coinus, ex-responsable textile au sein d’une ressourcerie à Arles : « Derrière une fripe de seconde main, il y a 20 minutes de travail de tri. Si elle nécessite un nettoyage, on passe à 30 minutes. Avec une petite réparation, on monte à 45 minutes. Une fringue Kiabi ou Shein neuve qui arrive, vous la mettez directement sur les étals ».

      Illustration de la saturation du secteur, son ancienne association accumule les stocks de vêtements sur un parking, à l’air libre. « En mars dernier, on a dépensé 8 000 euros pour enfouir 10 tonnes à la déchetterie », témoigne Lisa Coinus. Et quand les structures ne peuvent pas assumer ces coûts, les collectivités locales prennent le relais. C’est là un dernier coût caché des invendus de la fast fashion : un jour ou l’autre, ils finiront dans la filière des #déchets textiles. En théorie, cette dernière est financée par une #taxe versée par les enseignes de mode sauf… si les vêtements ont fait l’objet d’un don. « Au final, l’entreprise transfère à la collectivité la charge de l’élimination de ses déchets », analyse Bertrand Bohain, délégué général du Cercle du recyclage. Gouffre pour les #finances_publiques, inutile pour limiter la production exponentielle de la fast fashion, la loi anti-gaspillage porte décidément mal son nom.

      #Kiabi #Shein #Decathlon #invendus #vêtements #habits #mode #fast-fashion #dons #business #loi_anti-gaspillage #réduction_fiscale #industrie_textile #textile #occasion #seconde_main #second-hand

  • Dans les #banlieues, la naissance d’une #écologie_populaire et émancipatrice

    Accusés d’être indifférents aux questions écologiques, voire d’y être opposés, les habitants des #quartiers_populaires sont pourtant en première ligne des effets du dérèglement climatique. À l’avant-poste d’une écologie qui se veut plus discrète, conscients des #inégalités_structurelles des territoires qu’ils occupent, ils sont de plus en plus nombreux à revendiquer une écologie populaire et émancipatrice.

    En mai 2021, dans les quartiers populaires de #Bagnolet, en #Seine-Saint-Denis, le syndicat Front de mères et l’association #Alternatiba créent la première #Maison_de_l’écologie_populaire, sous le nom de #Verdragon. L’objectif  ? Mettre en place des projets écologiques au plus près des besoins des habitants des quartiers populaires. Dès l’ouverture, les membres du syndicat #Front_de_mères, créé deux ans plus tôt par la politologue et militante #Fatima_Ouassak, sont taxés de #communautarisme après la parution d’une tribune adressée au maire de Bagnolet qui les accuse de propager des idées «  indigénistes et racialistes  » et d’utiliser Alternatiba comme caution écologiste.

    En réponse à ces attaques, Alternatiba publie un communiqué de soutien qui rappelle que «  ce sont les milieux populaires et particulièrement les personnes racisées qui sont et seront les plus touchés par l’aggravation du #changement_climatique  ». Depuis, le lieu poursuit sa vie, entre l’organisation de soirées pour discuter des rapports du GIEC, d’expositions sur les luttes paysannes, ou encore via la distribution de paniers de légumes avec l’Association pour le maintien d’une agriculture paysanne (Amap). Mais les attaques qu’ont subies les co-fondatrices de Verdragon peu après l’ouverture du lieu révèlent la difficulté de faire émerger un endroit qui réunit les habitants des quartiers populaires autour de l’écologie. Comme si ces derniers, emmurés dans des grandes tours, devaient s’accommoder d’un territoire où s’entassent datacenters, usines polluantes ou échangeurs autoroutiers, sans jamais espérer s’en affranchir.

    Des réalités multiples

    D’abord, qu’entend-on par quartiers populaires  ? Dans sa thèse, la géographe #Léa_Billen rappelle que cette catégorie a tendance à gommer des réalités plurielles  : «  Ce que j’appelle “quartiers populaires” désigne des quartiers classés en #politique_de_la_ville. Mais il s’agit d’une toute petite partie de ce qu’on appelle plus largement “quartiers populaires”, des territoires à la fois très divers d’un point de vue urbain, avec des quartiers de #grands_ensembles, des #faubourgs_ouvriers, des centres anciens plus ou moins dégradés et du point de vue de leurs habitants, avec une #mixité_sociale plus ou moins importante. Mais ce qui les rassemble, ce sont des #inégalités_sociales, urbaines et économiques très fortes.  » Son travail de terrain s’est concentré sur les initiatives qui «  transforment les modes de vie au quotidien  », comme l’installation de #composteurs de quartier ou de #jardinières partagées, les #groupements_d’achats de produits écologiques ou encore la mise en place d’ateliers d’#autoréparation.

    Des initiatives qui s’inscrivent dans une diversité de modes d’action  : mobilisations contre un projet d’aménagement, interpellation de la ville ou du bailleur, actions de sensibilisation… S’il n’existe pas à ce jour d’études quantitatives pour le démontrer, «  ces initiatives sont beaucoup plus nombreuses qu’on ne le croit en quartiers populaires, d’après la géographe. Elles sont juste très discrètes, car les personnes qui les portent ne communiquent pas forcément sur leurs actions en dehors du territoire concerné. Parfois, même, les personnes qui font vivre ces initiatives ne se revendiquent pas de l’écologie.  »

    Pouvoir aux régies

    Cette écologie, plus silencieuse, se retrouve par exemple dans les #régies_de_quartier. Apparues dans les années 1980, elles viennent au départ répondre au problème de chômage des habitants des quartiers prioritaires. Elles fonctionnent sur un modèle hybride  : elles cumulent le statut d’association à celui d’entreprise d’insertion et les habitants sont majoritaires aux côtés d’élus, de représentants d’associations ou d’institutions aux instances de décision. Au départ, les régies de quartier se chargent principalement de l’entretien des lieux publics ou des résidences de quartiers et de l’insertion par l’emploi. Depuis l’arrivée de l’écologiste et ancien membre d’EELV Mathieu Glaymann à la direction de la régie de quartier de Saint-Denis, la régie s’est transformée en laboratoire de la #transition_écologique. Récupération et valorisation de cartons et de cagettes en bois, vide-grenier toutes les trois semaines, livraison en cyclo-logistique, ateliers zéro déchet, entretien des espaces publics avec des produits éco-labellisés… Les projets fleurissent sur le territoire.

    «  Ces initiatives sont beaucoup plus nombreuses qu’on ne le croit en quartiers populaires. Elles sont juste très discrètes.  »

    Aujourd’hui, 60 % du chiffre d’affaires de la régie de Saint-Denis repose sur des projets en lien avec la transition écologique  : «  Les régies de quartier en Seine-Saint-Denis comptent environ 500 salariés, affirme Mathieu Glaymann. Et dans notre régie, nous recrutons dans 95 % des cas des habitants de Saint-Denis. Il ne faut pas sous-estimer cet outil.  » Un puissant levier d’#émancipation, donc, qui fait écho à la stratégie d’#ancrage_territorial que la politologue et militante Fatima Ouassak revendique dans son essai La Puissance des mères. Pour un nouveau sujet révolutionnaire (La Découverte, 2020 : https://www.editionsladecouverte.fr/la_puissance_des_meres-9782348059377). L’autrice fait référence à l’#attachement ressenti par les habitants pour un territoire, critère indispensable selon elle, pour garantir sa protection.

    La théorie de l’indifférence

    Si le terme «  écologie  » est néanmoins toujours mis à distance par certains, «  c’est parce [qu’il] est associé à un discours dominant qui exclut les habitants des quartiers populaires et qui considère que l’écologie ne les concernerait pas, voire qu’ils y seraient même hostiles, note Léa Billen. Ce discours est performatif  : il produit un sentiment d’#impuissance chez ces habitants qui peuvent effectivement finir par penser que ce n’est pas pour eux  ». Pour en saisir les causes profondes, il faut revenir à l’histoire des politiques qui ont bâti ces quartiers. À partir des années 1960, le gouvernement décide de construire des grands ensembles pour répondre au défi du relogement des classes moyennes.

    Or, «  la construction des grands ensembles n’est pas accompagnée d’aménagements alentour  : il manquait beaucoup d’équipements publics, sociaux et culturels. Et malgré les plaintes des habitants de la classe moyenne, l’État est resté passif, analyse #Hacène_Belmessous, auteur de l’ouvrage Petite histoire politique des banlieues populaires (Syllepse, 2022), pour lequel il a fouillé les archives des municipalités populaires en périphérie des villes. Ces populations ont fini par céder à l’achat de maisons individuelles, laissant place à une population immigrée extra-européenne à qui l’on avait longtemps refusé l’accès à ces logements.  » Par la suite, la politique de #rénovation_urbaine dans les banlieues populaires qui se poursuit en 2003 après les émeutes des années 1990 est «  d’abord une tentative d’éliminer un problème politique  », poursuit le chercheur. L’objectif n’est pas de créer un meilleur cadre de vie pour les habitants, mais plutôt «  d’ouvrir les cités pour que la police puisse intervenir  ».

    Des quartiers qui étouffent

    Ces inégalités ont structuré les banlieues populaires. S’y ajoutent aujourd’hui des injustices environnementales. Documentées aux États-Unis depuis les années 1980, où les nuisances et pollutions frappent plus fréquemment les populations afro-américaines, elles deviennent une préoccupation en Europe à partir des années 2000. «  On étouffe à l’intérieur, entre les quatre murs des appartements HLM, trois étroits, trop chauds l’été, véritables passoires thermiques l’hiver, où l’air est pollué par l’ameublement bon marché  », constate aujourd’hui l’essayiste Fatima Ouassak, dans son ouvrage Pour une écologie pirate (Seuil, 2023). Mais aussi à l’extérieur, «  entre les quatre murs du quartier, submergés par le bruit des voitures, les odeurs nauséabondes, l’éclairage artificiel et la pollution atmosphérique  », poursuit-elle.

    «  Le problème n’est pas le message, mais le messager. Pour embarquer les catégories populaires, il faut créer des rapports plus horizontaux.  »

    En 2021, le Réseau action climat (RAC) et l’Unicef ont publié un rapport sur les liens entre la pauvreté des enfants et la pollution de l’air. Chez les enfants, «  cette exposition peut entraîner des problèmes respiratoires et immunitaires, mais aussi des pathologies telles que le diabète, l’obésité ou la dépression  », souligne le rapport. Si les populations les plus riches résident aussi dans les centres urbains, là où la pollution atmosphérique est la plus forte, les conséquences ne sont pas les mêmes pour les plus précaires. «  Les inégalités d’accès aux soins, liées aux revenus ou à la catégorie sociale, font qu’un même degré d’exposition a un impact différent sur la santé  », confirme l’Observatoire des inégalités dans une de ses analyses.
    S’émanciper des clichés

    Ces injustices sont de plus en plus largement dénoncées. Contre un discours écologique «  déconnecté des réalités des classes populaires  », #Féris_Barkat, né à Illkirch près de Strasbourg, a cofondé l’association #Banlieues_climat fin 2022, à tout juste 20 ans. Son but  ? Sensibiliser les jeunes de banlieue aux enjeux écologiques et leur permettre d’être formateurs à leur tour. Selon lui, l’écologie est avant tout un moyen de mettre en lumière des inégalités sociales «  peu audibles pour les politiques  ». Plusieurs membres de Banlieues climat sont ainsi allés former des parlementaires. Sept au total – dont le député La France insoumise François Ruffin et l’écologiste Marie-Charlotte Garin – ont bénéficié d’une formation de trois heures donnée par Féris, Sanaa, Someïa, Aymen, Imane et Khadim, le 17 janvier à l’Assemblée nationale. L’idée de cette formation est d’interpeller les élus. Pour le cofondateur de Banlieues climat, si leur message ne passe pas auprès des jeunes de banlieue, «  c’est une question de posture  »  : «  Le problème n’est pas le message, mais le messager. Pour embarquer les catégories populaires, il faut créer des rapports plus horizontaux.  »

    Il y a aussi «  un manque de représentativité  », constate #Amine_Kessaci, âgé de 21 ans et originaire des quartiers nord de Marseille. En juin 2020, il a créé l’association Conscience qui mène des projets de sensibilisation et organise des campagnes de ramassage de #déchets dans son quartier. L’initiative prend vite et sera bientôt déclinée localement dans d’autres quartiers populaires en France. Un succès rapide qu’il attribue au fait que «  ces initiatives sont portées par d’autres jeunes de quartiers  ». Aujourd’hui, s’il se présente aux élections européennes de juin, sur la liste menée par l’eurodéputée écologiste Marie Toussaint, c’est principalement pour porter la voix des quartiers populaires et déconstruire les stéréotypes qui leur sont associés.

    À l’affirmation que l’écologie ne parlerait pas aux habitants des quartiers, il répond  : «  Au contraire  ! Le 2 décembre, plusieurs personnes de mon quartier sont montées à Paris avec moi au meeting de Marie Toussaint. Elles se sont retrouvées dans son discours et ont compris ce qu’elle défendait.  » De son côté, Féris Barkat annonce que l’association Banlieues climat aura bientôt un lieu dédié à leur formation, depuis peu certifiée par le Ministère de l’Enseignement supérieur, à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis). Car, conclut-il, «  si les classes populaires ne sont pas outillées dès le départ à cause des inégalités d’accès à la connaissance, nous misons, au contraire, sur l’intelligence  ».

    https://www.socialter.fr/article/banlieue-climat-inegalites-ecologie-populaire
    #écologie

  • L’incinérateur des Carrières de Montréal : la trajectoire délicate d’une #infrastructure lourde
    https://metropolitiques.eu/L-incinerateur-des-Carrieres-de-Montreal-la-trajectoire-delicate-d-u

    Les trajectoires industrielles des grands équipements, tels que les infrastructures de traitement des #déchets urbains, participent à l’évolution des métropoles. Clarence Hatton-Proulx analyse le devenir de l’incinérateur de la Ville de #Montréal, qui n’a fonctionné qu’une vingtaine d’années (1969-1993). Les infrastructures ont généralement une longue vie. Barrage hydroélectrique, autoroute, canal, pipeline : une fois construites, les parties lourdes et coûteuses d’un système technique opèrent habituellement #Terrains

    / déchets, #incinération, Montréal, #Canada, #désindustrialisation, #politique_locale, #histoire_urbaine, #histoire, (...)

    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/hatton-proulx2.pdf

  • Pollution : Le Luxembourg balance 20 000 canards en plastique en France.

    Les volatiles en plastique ont pu compter sur le soutien de la foule de spectateurs à nouveau présente pour la course caritative organisée par la Table Ronde Luxembourg.
    . . . . .
    Et toi, surtout ne demande pas ton ticket de caisse au supermarché afin de vérifier ton compte.

    #pollution #pollutions #environnement #eau #plastique #déchets #bêtise #conneries #ue
    Source : https://www.lessentiel.lu/fr/video/tradition-20-000-canards-dans-l-alzette-pour-la-duck-race-2025-103332951

  • Il ne suffit pas de vouloir une #écologie_antiraciste : le #zéro_déchet, la #colonialité et moi

    On parle souvent des #écologies_décoloniales. On voit moins les #écologies_coloniales interroger leur propre colonialité. C’est ce qu’on va faire ici, en étudiant la colonialité dans le zéro déchet et les écologies de la #sobriété.

    #Colonial n’est pas un compliment. Et si j’étais du mauvais côté ? Si mon #écologie était une de ces écologies coloniales qui s’ignorent ? Plus j’y pense plus c’est crédible, plus je creuse plus ça devient évident. Dans ce billet, je tente de conscientiser la dimension coloniale du #zero_waste et des écologies similaires.

    Pour ça je vais dérouler les implicites du « point de vue zéro déchet » et montrer ce qu’ils ont de problématique. L’idée est de partir du #zéro_gaspillage et d’arriver à la #décolonialité. J’essaie de baliser un parcours qui aide mes camarades écologistes à voir en quoi iels sont concerné⋅es par la #critique_décoloniale, de tracer un chemin que d’autres pourraient emprunter, sans forcément connaître cette pensée en amont.

    Je pars du zéro #gaspillage parce que c’est là où je suis, ce que je connais le mieux, mais la colonialité que je découvre concerne l’écologie de façon beaucoup plus large.

    Des écueils et une méthode

    Mais il y a des écueils. En tant qu’européen blanc issu d’une famille de colons1 je suis mal placé pour comprendre les questions de colonialité et de #racisme. Bénéficier d’avantages dans un système de pouvoir produit de l’#ignorance chez les dominant·es, une incapacité à reconnaître des choses évidentes du point de vue des dominé⋅es2.

    À supposer que je surmonte cet obstacle, je ne suis toujours pas légitime. En abordant ces sujets, je risque d’invisibiliser la voix de personnes plus compétentes que moi et sur qui s’appuie ma réflexion. Même si j’identifie des limites réelles à l’approche zéro gaspillage, je ne suis pas expert en #décolonialité.

    Alors pourquoi parler du sujet ? D’abord parce qu’on n’avancera jamais si j’attends de me sentir à l’aise pour discuter de racisme et de colonialité. Mon écologie est d’une #blanchité aveuglante : étudier sa colonialité est une façon d’adresser une partie du problème. Ensuite, parce que je ne prétends pas produire un discours scientifique ou exhaustif. Je présente un témoignage, un parcours de conscientisation personnel, limité et imparfait.

    Dans les paragraphes qui suivent, j’aborde un à un des aspects du zéro déchet. Pour chaque aspect j’émets une critique, puis je la rattache à une facette de la colonialité. C’est cette dernière qui donne une unité aux défauts présentés ici.

    Un « nous » d’humanité générale

    Préserver « nos #ressources », changer « nos modes de productions », réduire « nos #déchets » : les discours zero waste utilisent régulièrement le possessif « #nos ». Ce n’est pas un usage fréquent, mais il n’est pas anecdotique. On peut même résumer l’approche zéro gaspillage à On peut même résumer l’approche zéro gaspillage à « ne pas faire de nos ressources des déchets3 » (je souligne).

    Mais qui est derrière ces possessifs ? À quel « #nous » renvoient ces expressions ? Je ne crois pas qu’ils ciblent un groupe limité de personnes physiques, des gens qu’on pourrait compter. C’est un « nous » général, qui désigne un ensemble plus abstrait. Selon moi, il englobe toute l’humanité.

    Puisque le zéro déchet pense à l’échelle mondiale, qu’il s’intéresse à l’#intérêt_commun et est anthropocentré, son horizon semble bien être celui de l’#humanité. J’en fais l’expérience dans mes propres textes, quand j’écris « nos besoins », « notre situation » ou « notre planète » dans les articles précédents.

    Un point de vue de nulle part

    Mais les écologistes qui tiennent ces discours en France ne représentent pas toute l’humanité. Ils et elles sont situées sur toute une série de plans : social, économique, géographique… Avec ce « nous », iels endossent un point de vue désitué et désincarné, qui ne correspond à personne. Ce faisant, iels invisibilisent leur propre situation d’énonciation concrète et oublient son impact sur leurs façons d’agir et leur rapport au monde.

    Dans un mouvement inverse, iels invisibilisent la pluralité des voix et la diversité des points de vue au sein des groupes humains. En prétendant que leur voix est universelle, capable d’exprimer celle de « l’humanité », ces écologistes minorent la place des #désaccords, des #conflits et des #hiérarchies entre êtres humains.

    Ce double mouvement n’est possible que pour des personnes habituées à être légitimes, écoutées, à bénéficier d’avantages au sein d’un #système_de_pouvoir. Elles ne perçoivent pas ce que leur position a de singulier et ne s’étonnent pas que leur voix puisse énoncer des normes valables partout. Cette attitude semble correspondre à une facette de la colonialité, qui véhicule un #universalisme, voire un #universalisme_blanc.

    L’illusion d’une #humanité_unie

    Tout se passe comme si l’appartenance à la même espèce créait un lien fort entre les humains, que de ce simple fait, chaque membre de l’espèce avait des intérêts communs ou convergents. De quoi toutes et tous « nous » réunir dans même groupe : l’humanité.

    Les êtres humains auraient collectivement un intérêt commun à maintenir un climat stable et biodiversité abondante. Chacun⋅e aurait une bonne raison, même indirecte ou lointaine, d’agir dans ce sens. Par exemple, si je ne veux pas souffrir d’une chaleur mortelle lors de canicules intenses et fréquentes. Ou si j’ai peur que des guerres pour les ressources en eau, en terres fertiles, en ressources énergétiques ou en métaux adviennent sur mon territoire.

    Mais est-ce vraiment ce qu’on constate ? Partout les #intérêts_divergent, y compris dans des petits groupes. Qui a vraiment les mêmes intérêts que sa famille, ses ami⋅es ou ses collègues ? Plus le collectif est large, moins on trouve d’unité, d’uniformité et d’intérêts partagés. Les liens qu’on y découvre sont faibles, indirects et peu structurants. Chercher des #intérêts_convergents et significatifs à l’échelle de l’humanité semble largement illusoire.

    D’autant que certains ne sont même pas d’accord sur les limites de ce groupe. Qui compte comme un être humain ? Quand certains déshumanisent leurs ennemis en prétendant qu’iels sont des vermines. Que leur génocide n’en est pas un, puisqu’iels ne sont même pas « humains ». Qu’on peut en faire des esclaves, les dominer et les tuer « comme des animaux », puisqu’iels ne sont ne sont pas comme « nous ».

    Une faiblesse militante

    Pour la géographe #Rachele_Borghi, croire que nous somme toustes « dans le même bateau » est un des symptômes de la colonialité (Décolonialité & privilège, p. 110). Et c’est bien de ça qu’il s’agit : les écologies de la sobriété semblent croire que nous partageons la même situation critique, toustes embarqués dans un seul bateau-planète.

    Cette vision explique en partie l’insistance du zéro gaspillage sur la #non-violence et la #coopération. Le mouvement pousse à voir ce qui rapproche les personnes, ce qu’elles ont à gagner en collaborant. Il regarde l’intérêt général, celui qui bénéficie à « tout le monde », sans considération de #race, de #classe, de #genre, et ainsi de suite. Il passe un peu vite ce que chaque groupe a à perdre. Il ignore trop facilement les inimitiés profondes, les conflits irréconciliables et les #rapports_de_force qui traversent les groupes humains.

    Cette attitude constitue une véritable faiblesse militante. Faute d’identifier les tensions et les rapports de force, on risque d’être démuni lorsqu’ils s’imposent face à nous. On est moins capable de les exploiter, de savoir en jouer pour faire avancer ses objectifs. Au contraire, on risque de les subir, en se demandant sincèrement pourquoi les parties prenantes refusent de coopérer.

    Le spectre de l’#accaparement_des_ressources

    Plus profondément, un tel point de vue active un risque d’accaparement des #ressources. Si on pense parler au nom de l’humanité et qu’on croît que tous les êtres humains ont objectivement des intérêts convergents, il n’y a plus de conflits sur les ressources. Où qu’elles soient sur Terre, les #ressources_naturelles sont « nos » ressources, elles « nous » appartiennent collectivement.

    En pensant un objet aussi large que « l’humanité », on évacue la possibilité de conflits de #propriété ou d’#usage sur les ressources naturelles. L’humanité est comme seule face à la planète : ses divisions internes n’ont plus de pertinence. Pour assurer sa survie, l’humanité pioche librement dans les ressources naturelles, qui sont au fond un patrimoine commun, quelque chose qui appartient à tout le monde.

    Dans cette perspective, je peux dire depuis la France que j’ai des droits4 sur la forêt amazonienne au Brésil, car elle produit un air que je respire et abrite d’une biodiversité dont j’ai besoin. Cette forêt n’appartient pas vraiment à celles et ceux qui vivent à proximité, qui y ont des titres de propriété, ou même à l’État brésilien. C’est un actif stratégique pour l’humanité entière, qui « nous » appartient à tous et toutes.

    Sauf que rien ne va là-dedans. À supposer qu’on ait tous et toutes des droits sur certains #biens_communs, ça ne veut pas dire qu’on ait des droits équivalents. La forêt amazonienne m’est peut-être utile, dans un grand calcul mondial très abstrait, mais ce que j’en tire est infime comparé à ce qu’elle apporte à une personne qui vit sur place, à son contact direct et régulier.

    Les ressources naturelles sont ancrées dans des territoires, elles font partie d’écosystèmes qui incluent les humains qui vivent près d’elles. « Tout le monde » n’est pas aussi légitime à discuter et décider de leur avenir. N’importe qui ne peut pas dire que ce sont « ses » ressources, sans jamais avoir été en contact avec.

    Une attitude de colon

    Croire l’inverse, c’est faire preuve d’une arrogance crasse, adopter l’attitude d’un colon, qui arrivant de nulle part dit partout « Ceci est à moi » sur des terrains exploités par d’autres. Il faut une assurance démesurée, un sentiment de légitimité total, pour dire « nos ressources » en parlant de celles qui sont littéralement à autrui.

    Les écologistes qui adoptent ce point de vue ne semblent pas conscient⋅es que leur vision fait écho à des #logiques_prédatrices qui elles aussi, se sont parées de discours positifs et altruistes à leurs époques. Après la mission civilisatrice, la #mission_écologique pourrait prendre le relais. On ne viendrait plus exploiter les richesses des colonies pour l’Europe, mais protéger les ressources naturelles pour l’humanité. Un risque d’autant moins théorique qu’on a déjà évoqué les ambiguïtés et l’utilitarisme du zéro déchet.

    L’#impensé_colonial se manifeste aussi par une absence d’inversion des rôles. On pense le monde comme plein de ressources pour « nous », mais on ne pense jamais « chez soi » comme une ressource pour les autres. Quand on parle de l’épuisement des ressources en sable, on n’imagine pas renoncer aux plages françaises pour satisfaire les besoins d’autres pays qui veulent fabriquer du béton.

    Le « nous » d’humanité générale éclate en morceaux : son caractère fictif devient manifeste. Mis face à une #prédation qui touche à des ressources situées sur notre #territoire, nous, Français⋅es, cessons de considérer que tout est un #bien_commun et que nos intérêts se rejoignent avec ceux du reste du monde. Les crises du climat, de la biodiversité et de l’eau n’ont pas disparues. Mais notre approche ne permet plus d’y pallier.

    Une approche individualiste et dépolitisante

    Un autre défaut de l’approche zéro gaspillage est son aspect individualiste. Le zero waste veut prendre en compte les intérêts de toutes les parties prenantes, mais sa méthode d’action consiste à ne pas consulter les personnes. On s’informe sur ce qui leur arrive, sur leurs conditions de vie et de travail, mais on n’entre pas en contact avec elles. On veut agir pour ces personnes, mais sans devoir leur parler.

    Je vois trois dimensions à cette attitude. D’abord, une telle discussion est matériellement impossible : il y a trop de parties prenantes dans la production mondiale. L’ambition de toutes les prendre en considération est vouée à l’échec. Ensuite, une écologie qui imagine prendre en compte l’intérêt de toute l’humanité n’a pas besoin de parler aux autres. Elle croit pouvoir se projeter dans leurs situations et connaître leurs intérêts. Enfin, un certain mépris de classe n’est pas à exclure. On n’a pas envie de parler à celles et ceux qu’on estime inférieur⋅es : les fréquenter rend visible la #domination et les #injustices dont on profite.

    Depuis ma situation individuelle, je tente d’agir pour les autres, mais sans construire de liens explicites, de relations bidirectionnelles. C’est tout l’inverse d’une approche collective et politique. Certes, la matière et le cycle de vie des objets créent un lien invisible entre les personnes, mais il en faut plus pour créer des solidarités concrètes – pas juste des relations économiques entre clients et fournisseurs.

    Alors que le zéro gaspillage est un projet politique, dont le concept central est intrinsèquement politique, j’ai l’impression qu’il a du mal à dépasser une approche individuelle, à construire de l’#action_collective et des #solidarités. Il reste en ça prisonnier d’une époque néolibérale où les modèles mentaux partent de l’individu, parfois y restent, et souvent y retournent.

    Un risque de #paternalisme

    L’approche zéro gaspillage comporte aussi un risque de paternalisme (https://plato.stanford.edu/entries/paternalism). Si on définit l’intérêt d’autrui sans échanger avec lui, sans écouter sa voix et ses revendications explicites, on va décider seul de ce qui est bon pour lui, de ce qui correspond à ses besoins. On va considérer comme dans son intérêt » des choix que la personne rejetterait, et rejeter des choix qu’elle jugerait positifs pour elle. C’est précisément ce qu’on appelle du paternalisme : agir « dans l’intérêt » d’une personne, contre la volonté explicite de cette personne elle-même.

    Pensez aux travailleurs et travailleuses de la décharge de déchets électroniques d’Agbogbloshie au Ghana (https://fr.wikipedia.org/wiki/Agbogbloshie), qui sont interviewés dans le documentaire Welcom to Sodom (https://www.welcome-to-sodom.com). Iels expliquent que travailler là est là meilleure situation qu’iels ont trouvé, que c’est pire ailleurs : pas sûr qu’iels soient enthousiastes à l’idée d’une réduction globale des déchets. Certes, leur environnement serait moins pollué, leur santé moins en danger, etc. mais leur source de revenu disparaîtrait. Une écologie qui minore les désaccords, la diversité des points de vue et les conflits possibles montre encore une fois ses limites.

    Ce risque de paternalisme rejoint la question de la colonialité. Les Européens et les Européennes ont une longue tradition de hiérarchisation des races, qui met les blancs en haut et les personnes colonisées non-blanches en bas. Les personnes qu’on envahit, domine et tue sont présentées comme incapables de savoir ce qui est bon pour elles. Mais le colonisateur « sait ». Il est prêt à « se sacrifier » pour l’intérêt de ces peuples, qui « ne lui rendent pourtant pas ». Un tel point de vue s’exprime notoirement dans le poème raciste et colonialiste de l’écrivain Rudyard Kipling, Le fardeau de l’homme blanc (https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Fardeau_de_l%27homme_blanc).

    Mais n’est-ce pas quelque chose de similaire qu’on entend, quand j’écris dans l’article précédent (https://blog.whoz.me/zerowaste/le-point-de-vue-zero-dechet) que le zéro gaspillage consiste à mettre son intérêt direct en retrait, au profit de celui d’une personne plus loin dans la chaîne de production ? Le mépris s’est (peut-être) effacé, mais le discours sur le sacrifice altruiste est toujours là.

    Une position centrale qui interroge

    Avec la sobriété, les écologistes occidentaux trouvent une narration qui leur donne une place centrale, positive et active dans la lutte contre les injustices climatiques. Ce sont elles et eux qui proposent d’engager les sociétés contemporaines vers un #futur_désirable. Iels produisent des idées et expérimentent des pratiques qu’iels appellent à devenir la norme (#réemploi, #réparation, etc.). À la fois innovantes, précurseures, bienveillantes, ces personnes n’ont presque rien à se reprocher et plus de raison de se sentir coupables.

    Mais on devrait interroger une #narration qui vous donne la meilleure place, légitime vos choix et vos actions, sans jamais leur trouver d’aspects négatifs. Un tel #discours semble trop parfaitement bénéficier à celui ou celle qui s’y retrouve pour ne pas éveiller un soupçon.

    Je peine à ne pas voir dans la sobriété une sorte de version non-interventionniste du « #sauveur_blanc 5 ». Au lieu de prendre l’avion pour aller « aider » des enfants pauvres dans un pays du Sud, on « agit » à distance, par des effets indirects, incertains, et à moyen terme.

    On s’épargne l’aspect grossièrement raciste et paternaliste d’un « #tourisme_humanitaire » qui intervient sur place, perturbe les dynamiques locales, et laisse les conséquences à gérer à d’autres. Mais cet horizon d’agir de chez soi pour les dominés me semble prolonger des logiques similaires. On passe au sauveur « sans contact », qui sauve par un ruissellement de sobriété.

    On reste dans l’idée de porter secours aux « victimes » d’un système… dont on est l’un des principaux bénéficiaires. Un système construit par son pays, ses institutions, voire ses ancêtres… Et qui nous fabrique par notre éducation et nos socialisations.

    Des logiques d’#appropriation

    D’autant que les écologistes de la sobriété font preuve d’attitudes questionnables, qui tranchent avec leurs postures altruistes. Si j’ai les moyens d’acheter neuf, mais que je choisis l’occasion, je fais une excellente affaire, bien au-delà de l’intention écologique. On peut voir ça comme une façon pour un riche de récupérer des ressources peu chères, qui auraient sinon bénéficié à d’autres catégories sociales.

    En glanant Emmaüs et les #recycleries solidaires, les riches écolos s’introduisent dans des espaces qui ne leur étaient pas destinés au départ. Leur pouvoir économique peut même déstabiliser les dynamiques en place. Emmaüs s’alarme de la baisse de qualité des dons reçus, les objets de valeur étant détournés par des nouveaux #circuits_d’occasion orientés vers le profit ou la #spéculation (#Vinted, néo-friperies « #vintage », etc.).

    Par ailleurs, la façon dont les écologistes de la sobriété se réapproprient des pratiques antérieures questionne. Éviter le gaspillage, emprunter plutôt qu’acheter, composter, réparer, consigner : ces pratiques n’ont pas été inventées par le zéro déchet. L’approche zero waste leur donne surtout une nouvelle justification, une cohérence d’ensemble, et les repositionne au sein de la société.

    Des pratiques anciennement ringardes, honteuses, ou marginales deviennent soudainement à la mode, valorisées, et centrales quand des privilégié·es s’en emparent. L’histoire de ces usages est effacée, et les écolos les récupèrent comme marqueurs de leur groupe social. Une logique qui rappelle celle de l’#appropriation_culturelle, quand un groupe dominant récupère des éléments d’une culture infériorisée, les vide de leur signification initiale et en tire des bénéfices au détriment du groupe infériorisé.

    Une vision très abstraite

    Ma dernière critique porte sur le caractère très abstrait du zéro gaspillage. Les concepts centraux du mouvement présentent un fort niveau d’#abstraction. J’ai détaillé le cas du « gaspillage », mais on peut aussi évoquer les idées de « ressource » ou de « matière ».

    Une « #ressource » n’est pas vraiment une réalité concrète : le mot désigne la chose prise comme moyen d’un objectif, intégrée à un calcul utilitaire qui en fait une variable, un élément abstrait. La « #matière » elle-même relève d’une abstraction. Ce n’est pas un composé précis (de l’aluminium, de l’argile, etc.), mais la matière « en général », détachée de toutes les caractéristiques qui permettent d’identifier de quoi on parle exactement.

    Les dimensions géopolitiques, économiques et sociales liées à une « ressource » naturelle particulière, ancrée dans un territoire, sont impensées. Paradoxalement le zéro déchet insiste sur la matérialité du monde via des concepts qui mettent à distance le réel concret, la matière unique et spécifique.

    Le zéro déchet mobilise aussi ce que lea philosophe non-binaire #Timothy_Morton appelle des #hyperobjets : « l’humanité », la « planète », le « climat », les « générations futures »… Ces objets s’inscrivent dans un espace gigantesque et une temporalité qui dépasse la vie humaine. Ils sont impossibles à voir ou toucher. Quand on parle de « l’humanité » ou de « la planète », on cible des choses trop grosses pour être appréhendées par l’esprit humain. Ce sont des outils intellectuels inefficaces pour agir, qui mènent à une impasse politique.

    Cette fois-ci, le lien à la colonialité m’apparaît mois clairement. Je saisis qu’il y a un lien entre ces abstractions et la modernité intellectuelle, et que la #modernité est intimement liée à la colonisation. J’ai déjà parlé de la dimension calculatoire, optimisatrice et utilitariste du zéro déchet, mais la connexion précise avec la colonialité m’échappe6.

    Balayer devant sa porte

    Bien sûr, tout ce que je dis dans ce billet vaut aussi pour mon travail et les articles précédents. Mes critiques concernent autant le zéro déchet en général que la manière spécifique que j’ai de l’aborder. La colonialité que je reconnais dans le zero waste ne m’est pas extérieure.

    Et encore, ma position sociale et raciale font que je passe forcément à côté de certaines choses. Je sais que mes textes sont marqués de colonialité et de blanchité, par des aspects que je ne perçois pas, ou mal.

    Alors que la blanchité de l’écologie est le point de départ de ma réflexion, j’ai échoué à penser directement le lien entre suprématie blanche et sobriété. Cette réflexion sur la colonialité pourrait n’être qu’un détour, un moyen de ne pas aborder le problème, en en traitant un autre.

    Dans l’impasse

    Le système économique que le zéro gaspillage nous fait voir comme absurde a une histoire. Il est l’héritier de la colonisation du monde par l’Europe depuis le 15e siècle. Il naît d’un processus violent, d’exploitation et de #dépossession de personnes non-blanches par les européens. Son racisme n’est pas un aspect extérieur ou anecdotique.

    Une écologie qui veut sérieusement remettre en cause ce système ne peut pas être composée que de personnes blanches. Au-delà de ses « bonnes » intentions7, une #écologie_blanche est condamnée à reproduire des logiques de domination raciale et coloniale. En ne prenant pas en compte ces dominations, elle prolonge les façons de faire et de penser qui ont conduit à la crise climatique.

    Mais il ne suffit pas de vouloir une écologie décoloniale et antiraciste : il faut comprendre le problème avec l’écologie qui ne l’est pas. C’est ce j’ai tenté de faire dans cet article, malgré ma compréhension limitée de ces sujets. Le risque d’être imprécis, insuffisant, ou même erroné m’a semblé plus faible que celui ne pas en parler, ne pas ouvrir la discussion.

    Et pour qu’elle continue, je vous invite à vous intéresser à celles et ceux qui m’ont permis de recoller les morceaux du puzzle, de reconnaître un motif colonial dans le zéro gaspillage. Ils et elles ne parlent jamais de zéro déchet, rarement d’écologie, mais sans leurs apports, cet article n’existerait pas.

    En podcast

    Kiffe ta race (Rokhaya Diallo, Grace Ly)
    Le Paris noir (Kévi Donat)
    Code Noir (Vincent Hazard)
    Des Colonisations (Groupe de recherche sur les ordres coloniaux)
    Décolonial Voyage (Souroure)
    Décoloniser la ville (Chahut media)
    Isolation termique (Coordination Action Autonome Noire)
    Je ne suis pas raciste, mais (Donia Ismail)

    En livre & articles

    L’ignorance blanche (Charles W. Mills)
    Décolonialité & Privilège (Rachele Borghi)
    Amours silenciées (Christelle Murhula)
    La charge raciale (Douce Dibondo)
    La domination blanche (Solène Brun, Claire Cosquer)
    Le racisme est un problème de blancs (Reni Eddo-Lodge)
    Mécanique du privilège blanc (Estelle Depris)
    Voracisme (Nicolas Kayser-Bril)

    En vidéo

    Histoires crépues

    Notes

    Mes grands-parents et mon père naissent dans le Protectorat français de Tunisie. Ma famille quitte la Tunisie six ans après l’indépendance, lors de la crise de Bizerte. ↩︎
    J’hérite de cette idée générale de sa version spécifique proposée par Charles W. Mills dans son article L’ignorance blanche. ↩︎
    On retrouve cette idée dans Recyclage, le grand enfumage en 2020, même si la formulation de Flore Berligen (p. 15) est plus subtile. À l’inverse, cet article de 2015 reprend littéralement la formule. ↩︎
    Pas au sens de « droit » reconnu par un État ou une structure supra-nationale. C’est un droit au sens de revendication légitime, qui possède une valeur impersonnelle et qui mérite d’être prise en compte par tous et toutes, indépendamment de qui formule cette revendication. C’est un usage du mot « droit » qu’on retrouve en philosophie. ↩︎
    Toutes les personnes qui font du zéro déchet et prônent la sobriété ne sont évidemment pas blanches. Mais vu la quantité de blancs et de blanches dans le mouvement, on ne peut pas faire abstraction de cette dimension pour réfléchir à cette écologie. ↩︎
    Ma copine me souffle que le lien est simple : tout notre système intellectuel (politique, épistémologique, etc.) est produit par des colonisateurs. Il accompagne et légitime la colonisation. Même si je suis d’accord, c’est trop long à détailler à ce stade de l’article. ↩︎
    N’oubliez pas : le racisme n’est jamais une question d’intention. Ce sont les effets concrets et la domination qui constituent un acte comme raciste, pas l’intention de la personne qui le commet. ↩︎

    https://blog.whoz.me/zerowaste/il-ne-suffit-pas-de-vouloir-une-ecologie-antiraciste-le-zero-dechet-la-col
    #dépolitisation #individualisme #innovations #second_hand

  • La ville la plus propre du #Cameroun
    https://metropolitiques.eu/La-ville-la-plus-propre-du-Cameroun.html

    À l’occasion de la Journée mondiale de l’habitat, le gouvernement camerounais a organisé un concours des « villes propres ». L’article revient sur les origines et les ressorts politiques de cette cérémonie festive, qui agit comme une courroie de transmission du pouvoir aux élites municipales et aux populations locales. La Journée mondiale de l’habitat se tient chaque premier lundi du mois d’octobre sous l’égide des Nations unies. Chaque pays célèbre et s’approprie cette journée à sa manière en la #Terrains

    / Cameroun, propreté, #Afrique_de_l'Ouest, #déchets, #Afrique, #villes_africaines

    #propreté
    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_belinga.pdf

  • Stakeholder dynamics and sustainable waste management in peri-urban settings: a case study of actor interactions in Indonesia
    https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/frsc.2025.1509601

    This study investigates stakeholder dynamics within the TPS3R (Reduce, Reuse, Recycle Waste Processing Site) waste management program in Tulungagung Regency, East Java, Indonesia. TPS3R, a community-driven waste management initiative, aims to mitigate waste generation’s environmental and health impacts by promoting waste segregation, recycling, and circular economy practices. Tulungagung Regency was chosen for its representative peri-urban characteristics, including rapid urbanization and the coexistence of urban and rural attributes. The study employs the MACTOR (Matrix of Alliances and Conflicts: Tactics, Objectives, and Recommendations) methodology to analyze interactions among 15 key stakeholders, encompassing government officials, local community members, and environmental (...)

    #Community_Case_Study

  • La Cour suprême italienne annule la condamnation du Suisse Stephan Schmidheiny dans le dossier de l’amiante RTS - Julie Liardet avec ats

    La Cour de cassation italienne a annulé vendredi la condamnation de Stephan Schmidheiny pour homicide involontaire dans le dossier des victimes de l’amiante. Les avocats de l’homme d’affaires estiment qu’un nouveau procès en appel est peu probable, le cas atteignant la limite de la prescription le 25 avril 2025.

    Le milliardaire suisse avait été condamné en première instance à quatre ans de prison, une peine réduite à un an et huit mois de prison en appel. Il était poursuivi pour la mort d’un employé de la fabrique de Cavagnolo (Piémont) du groupe italien Eternit S.p.a. L’homme était décédé en 2008 d’une maladie liée, selon l’accusation, à une exposition à l’amiante pendant 27 ans.
    . . . . .


    Le groupe Eternit SEG, dirigé par Stephan Schmidheiny, avait été le plus grand actionnaire puis l’actionnaire principal de l’entreprise Eternit Italia de 1973 à la faillite du groupe transalpin en 1986. La défense de Stephan Schmidheiny assure que l’industriel n’a jamais siégé au conseil d’administration de l’entreprise italienne et n’a jamais eu de responsabilité directe dans la gestion de la société.

    C’est la troisième fois que la plus haute instance judiciaire italienne annule une condamnation de Stephan Schmidheiny, ajoutent les avocats. Un procès en appel est actuellement encore en cours à Turin pour la mort d’employés dans l’usine de Casale Monferrato, près de la cité piémontaise.

    #amiante #Stephan_Schmidheiny #Schmidheiny #santé #cancer #pollution #toxiques #environnement #eternit #chimie #déchets #poison #esthétique #pierre_serpentinite #enquéte #non-lieu non #justice #impunité #Andeva #AVA

    Source : https://www.rts.ch/info/monde/2025/article/amiante-la-cour-supreme-italienne-annule-la-condamnation-de-schmidheiny-28830163

  • #Capitalisme_cybernétique : la machine qui dévore le monde
    https://lvsl.fr/capitalisme-cybernetique-la-machine-qui-devore-le-monde

    Obsolescence programmée, montagnes de déchets toxiques, consommation énergétique vertigineuse… Derrière la promesse de progrès, le capitalisme cybernétique engloutit des ressources à un rythme insoutenable. Chaque processeur alimente des intelligences artificielles, automatise la spéculation, et modélise des cibles militaires – avant de finir sa course dans une décharge, empoisonnant sols et travailleurs. Pendant que les infrastructures […]

    #Écologie #Mirages_numériques #Déchets_numériques #limites_planétaires

  • Les débats autour de la #tarification incitative pour la prévention et gestion des déchets
    https://metropolitiques.eu/Les-debats-autour-de-la-tarification-incitative-pour-la-prevention-e

    Pourquoi la redevance incitative pour la collecte des #déchets ménagers ne décolle-t-elle pas en #France ? Manque de clarté des objectifs, absence d’évaluation économique et jugements moraux perturbent la mise en place de cette politique publique. La tarification incitative (TI) du Service public de prévention et gestion des déchets (SPPGD) est une mesure qui consiste à facturer les usagers (ménages et entreprises) en fonction de la quantité de déchets qu’ils produisent. Cela se traduit par une taxe #Terrains

    / déchets, #collecte_des_ordures, tarification, France

    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met-missir_et_matias.pdf

  • Le festival Tomorrowland utilisera dorénavant des gobelets intelligents réutilisables Eric Steffens, VRT

    Tomorrowland n’utilisera plus de gobelets jetables pour sa prochaine édition, se conformant ainsi à la législation en vigueur. Le festival de musique électronique a ainsi présenté mardi les « gobelets intelligents réutilisables » qui seront utilisés pour sa prochaine édition. Une amende et une « privation de patrimoine » infligées par le Département de l’Environnement flamand pèsent toutefois toujours sur le festival.


    Mi-décembre, Tomorrowland s’était vu infliger une amende de 727.000 euros parce qu’il n’avait pas utilisé de gobelets réutilisables lors de son édition 2024. L’organisation avait en effet décidé - contrairement à d’autres festivals - de ne pas encore passer complètement aux gobelets réutilisables, comme l’exige la législation. Le festival avait expliqué qu’il souhaitait d’abord épuiser son stock de gobelets jetables et avait indiqué que les gobelets réutilisables posaient des problèmes pratiques.

    Tomorrowland avait dès lors fait appel face à cette sanction, estimant la dérogation demandée « refusée à tort ».

    Lors de sa prochaine édition, le festival se conformera toutefois pleinement à la réglementation en vigueur. Mardi, Tomorrowland a annoncé que des « gobelets intelligents réutilisables » intégrant la technologie RFID (Radio Frequency Identification, ndlr) seraient désormais employés lors de ses évènements. 
 
    Une première lors de Tomorrowland Winter en France
    « Après des années de recherche et de développement, ces gobelets seront officiellement utilisés pour la première fois dans un festival de musique, lors de Tomorrowland Winter en France, avant d’être déployés à Tomorrowland Belgique », se réjouit l’organisation dans un communiqué. « Avec cette innovation, Tomorrowland fait un pas important vers un système de festival plus durable et efficace, où technologie et conscience écologique vont de pair sans compromettre l’expérience des festivaliers. »

    Ces nouveaux gobelets permettront aux visiteurs d’acheter leurs boissons et de rendre leurs verres sans faire la file. De plus, cette caution sera automatiquement attribuée au payeur, « ce qui facilite l’invitation de ses amis tout en réduisant les risques de fraude ou de vol », précise l’organisation.

    #flicage #surveillance #contrôle #fichage #données_personnelles #RFID #Festival #Musique #déchets

    Source : https://www.vrt.be/vrtnws/fr/2025/03/11/le-festival-tomorrowland-a-boom-utilisera-des-gobelets-intellige

  • #Calais : en appel, la #justice confirme l’#illégalité de l’#interdiction de #distribution_de_nourriture aux migrants

    La cour d’appel de Douai, saisie par l’État, a confirmé l’illégalité des arrêtés, pris par le préfet du Pas-de-Calais dès 2020, qui interdisaient aux associations de distribuer des repas aux migrants dans le centre-ville de Calais. La cour s’est ainsi alignée sur la décision du tribunal administratif de Lille, en octobre 2022.

    Après plus de quatre ans de batailles juridiques, les associations d’aide aux migrants ont finalement obtenu gain de cause. Jeudi 27 février, la cour d’appel de Douai, dans le nord de la France, a confirmé « l’annulation des arrêtés pris par le préfet du Pas-de-Calais à l’automne 2020 interdisant les distributions gratuites de boissons et denrées alimentaires en certains lieux de la commune de Calais », peut-on lire dans la décision de justice rendue publique lundi 3 mars.

    La cour s’aligne ainsi sur le jugement du tribunal administratif de Lille, qui en octobre 2022 avait déjà estimé que cette mesure était illégale. Mais l’État avait fait appel de cette décision.

    C’est donc désormais définitif : le préfet n’a pas le droit d’empêcher les associations de distribuer de la nourriture aux migrants à Calais.

    Ces arrêtés « portent atteinte à la #dignité_humaine »

    Dès septembre 2020, en pleine crise de Covid-19, la préfecture du Pas-de-Calais avait pris plusieurs arrêtés afin d’interdire aux associations non mandatées par l’État de fournir de l’eau et des repas aux exilés vivant à Calais. Les autorités avaient invoqué des « #troubles_à_l'ordre_public » et des « #risques_sanitaires » pour justifier cette disposition, mise en place pendant deux ans.

    Contestant la #légalité de cette décision, une dizaine d’organisations d’aide aux migrants - dont le Secours catholique, Médecins du Monde ou encore l’Auberge des migrants - avait saisi le tribunal administratif de Lille. Le tribunal avait alors jugé, en octobre 2022, que les interdictions édictées par les trois arrêtés préfectoraux de septembre, novembre et décembre 2020, « sont disproportionnées par rapport aux finalités poursuivies », notamment parce qu’elles affectent « les conditions de vie de populations particulièrement vulnérables ».

    La cour d’appel de Douai lui a emboité le pas fin février : elle « estime que les quelques faits isolés mis en avant par le préfet, sans liens avérés avec les distributions de denrées, ne suffisaient pas à caractériser des risques d’atteinte à la tranquillité publique justifiant leur #interdiction ».

    Par ailleurs, « s’agissant des #dépôts_sauvages de #déchets sur la voie publique, la cour relève que d’autres mesures comme la mise à dispositions de bennes à #ordures pouvaient y remédier alors d’ailleurs que les interdictions ne visaient que certaines zones ».

    Ces arrêtés « sont illégaux en ce qu’ils portent atteinte à la dignité humaine, protégée par le 1er alinéa du Préambule de la Constitution du 27 octobre 1946 et par l’article 3 de la convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales », insiste la cour d’appel de Douai.

    L’État est condamné à verser 4 000 euros aux associations requérantes.

    #Jurisprudence

    Cette mesure, sans cesse renouvelée jusqu’à la décision du #tribunal_administratif de Lille en 2022, avait soulevé l’indignation des associations d’aide aux migrants dès son annonce. « [Cela] s’inscrit, une fois de plus, dans une politique d’épuisement et de non-accueil des migrants en France, et plus particulièrement à Calais », avait alors déploré Antoine Nehr, de l’Auberge des migrants.

    En octobre 2019, la mairie de Calais avait aussi pris un #arrêté similaire. Mais le texte avait été annulé en justice en décembre de la même année. Le tribunal administratif de Lille avait en effet jugé la mairie « incompétente » pour prendre des arrêtés visant à interdire dans certains lieux les distributions de repas aux exilés, comme elle avait déjà tenté de le faire en mars 2017.

    La décision de la #cour_d'appel de Douai peut-elle empêcher l’adoption d’autres arrêtés du même type ? C’est ce que pense Me Patrice Spinosi, l’avocat des associations, pour qui cette affaire va faire « jurisprudence ». « Si la préfecture du Pas-de-Calais prend un nouvel arrêté, on en demandera la suspension par une action en référé sur le fondement de cette décision », avait-il déclaré en octobre 2022 à l’AFP.

    https://www.infomigrants.net/fr/post/63190/calais--en-appel-la-justice-confirme-lillegalite-de-linterdiction-de-d

    –—

    septembre 2020 :
    Calais : maintien de l’interdiction de distribuer de la nourriture aux migrants
    https://seenthis.net/messages/878260

    #nourriture #solidarité #migrations #réfugiés #jurisprudence

  • Un monde d’immondices
    https://laviedesidees.fr/Claire-Larroque-Philosophie-du-dechet

    Nous ne voulons pas voir nos déchets, nous voulons à peine y penser, mais ils ont pourtant beaucoup à nous dire : sur nos manières, sur nos vies et plus encore sur ce que nous faisons aujourd’hui de notre monde.

    #Philosophie #environnement #nature #technique
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20250227_immondices.pdf

  • Le scandale enfoui de La Hague
    https://www.sortirdunucleaire.org/Le-scandale-enfoui-de-La-Hague

    En septembre 2024, des experts indépendants ont publié un rapport qui révèle un double scandale : les plus dangereux déchets nucléaires produits par la première usine de La Hague ont été abandonnés sur place, avec la complaisance des autorités. Entretien avec Jean-Claude Zerbib, ingénieur en radioprotection, qui explique pourquoi, 30 ans plus tard, ces déchets sont toujours là et comment ne pas répéter ces erreurs.

    En fait, tu t’aperçois que si l’électricité « nucléaire » a été jusqu’à maintenant vantée comme étant bon marché, c’est que, à tous les niveaux, la chaîne de production est gérée par des truands qui, pour optimiser les coûts, font fi de toutes les mesures de sécurité les plus élémentaires.

  • Scandale des #PFAS : 35 ans après, les #déchets de #Tefal contaminent toujours

    L’usine Tefal à #Rumilly, en #Haute-Savoie, a déversé jusqu’en 1989 des quantités de déchets chargés en PFAS. Grâce à des documents inédits, Reporterre révèle l’étendue de cette contamination aux polluants éternels.

    De sa jeunesse à Rumilly, en Haute-Savoie, Gilles [] se souvient encore des jeux dans une des décharges de la commune. Il transformait des fûts abandonnés en radeaux et voguait, dans ce fossé où l’eau transpirait de la nappe. Habitants, industriels… « Tout le monde venait y jeter des choses ! » assure-t-il aujourd’hui. Cette mémoire se confond avec celle de Patrice []. Son plaisir à lui, c’était le motocross, lancé sur un immense tas de boues « déversées par camions », notamment par un industriel bien connu du coin : Tefal. « Une fois adulte, je me suis dit que tout ce qui avait été jeté là, un jour, on finirait par le payer. En santé », lâche Gilles.

    Reporterre s’est plongé dans le passé du célèbre fabricant de poêles antiadhésives, premier employeur de la ville. Des documents, en accès libre pour certains et obtenus auprès des services de l’État pour d’autres, révèlent comment l’activité historique de Tefal et l’enfouissement de déchets dans divers dépôts à Rumilly et alentour, pratiqué de 1968 à 1989, ont légué à la commune des sources de contamination aux « #polluants_éternels », les PFAS, toujours actives aujourd’hui. Un quartier résidentiel entier pourrait être exposé.

    Ces nouveaux éléments viennent compléter le tableau de la contamination à grande échelle découverte à Rumilly. Fin 2022, la cité savoyarde de 16 000 habitants apprenait que son eau potable contenait du PFOA, un PFAS interdit depuis 2020 et reconnu cancérogène en 2023, à un niveau supérieur aux recommandations sanitaires.

    Une substance que l’on retrouvait, jusqu’en 2012, dans le #PTFE, ce revêtement antiadhésif plus communément appelé #Téflon, qui a fait le succès des poêles de Tefal, détenu par le groupe #SEB. Depuis fin 2023, une nouvelle unité de traitement, dont le coût de fonctionnement pour un an a été financé par l’industriel, permet de rendre l’#eau du captage pollué à nouveau potable. Mais notre enquête montre que cela ne suffit pas à régler le problème.

    Un dôme enherbé au lourd passé

    Une grande butte de terre surplombe le plan d’eau des Pérouses, la base de loisirs où les Rumilliens aiment se baigner l’été. Difficile d’imaginer que ce dôme enherbé, qui se fond aujourd’hui dans le paysage, a accueilli, de 1968 à 1974 puis de 1979 à 1988, les déchets de Tefal.

    Le site de l’industriel se situe à moins de 1 kilomètre à vol d’oiseau. Dans son étude historique [1], un document inédit que Reporterre s’est procuré, Tefal reconnaît avoir enfoui ici 30 000 m³ de « boues », l’équivalent de douze piscines olympiques. Il s’agit des résidus solides extraits des rejets d’eaux usées de l’entreprise, à l’issue d’un traitement épuratoire. Celles déversées au dépôt des Pérouses, qui était à l’origine une carrière, contenaient, a minima pendant la période 1979-1988, des « résidus de revêtements [de PTFE] », composés du très toxique #PFOA.

    C’est à ce même endroit que Patrice venait jouer au motocross. « On y était allé avec des copains. On pensait que c’était solide, mais on s’était enfoncés », s’amuse un autre habitant de Rumilly. Des analyses réalisées par le bureau d’études TAUW pour le compte de Tefal — en ligne sur le site de la direction régionale de l’environnement (Dreal) — montrent qu’en 2023, soit trente-cinq ans après l’arrêt du dépôt, la nappe phréatique présente sous le site reste fortement polluée au PFOA. Jusqu’à 17 900 nanogrammes par litre (ng/l) pour ce seul composé. Un résultat « à interpréter avec réserve », précise toutefois TAUW.

    C’est tout de même quasiment neuf fois plus que la norme de qualité pour les eaux brutes — une eau qui n’a pas reçu de traitement —, fixée à 2 000 ng/l. Ce taux de PFOA fait partie des plus élevés jamais enregistrés en France dans une nappe phréatique, selon les informations disponibles. « À ce niveau-là, on est vraiment sur des sites très contaminés », analyse Sébastien Sauvé, professeur en chimie environnementale et spécialiste des PFAS.

    Pour les experts de TAUW, ce site « constitue vraisemblablement une source historique [de contamination] pour les eaux superficielles et les eaux souterraines. » Le Chéran, un cours d’eau présent en aval, contaminé aux « polluants éternels », pourrait donc avoir été impacté par le ruissellement de la nappe polluée par le dépôt.

    « Les PFAS se bioaccumulent facilement chez les animaux, notamment les invertébrés aquatiques dont les poissons se nourrissent. Je serais assez inquiet de manger un poisson provenant de ces rivières », dit Sébastien Sauvé.

    En avril 2023, l’Agence régionale de santé (ARS) a en effet recommandé de ne plus consommer les poissons pêchés dans le Chéran ou le Dadon. Le plan d’eau des Pérouses présente, lui, des taux de PFOA compris entre 200 et 300 ng/l. La norme des PFAS dans l’eau potable est de 100 ng/l. L’été dernier, des associations ont demandé d’y interdire la baignade, évoquant un risque de contamination par contact avec la peau. Une demande qui n’a pas été suivie d’effets.
    Des tonnes de déchets au milieu d’une ferme

    À une quinzaine de minutes en voiture du plan d’eau des Pérouses, dans la commune voisine de Sales, une ferme donne une vue imprenable sur les vallées de Haute-Savoie. Une poignée de maisons et quelques vaches parsèment le paysage. Sur cette exploitation, une légère butte, à quelques mètres de l’habitation des propriétaires, se détache : là, Tefal a déversé 5 000 m³ de boues, entre 1974 et 1979, dont au moins une partie contenait des PFAS, selon l’étude historique de l’industriel.

    « C’était un trou avant. Je me souviens de camions qui sont venus déverser, mais j’étais petit », se remémore l’exploitant agricole, qui ne souhaite pas non plus donner son nom. Ce dépôt a été mis en place avec l’accord du propriétaire qui souhaitait avoir un « accès plus direct à ses terres », révèle un document d’archives de 1973. À cette époque, la préfecture avait donné son aval à ce projet, estimant « qu’il n’y aurait pas de risque de #pollution des #nappes_phréatiques ».

    « Il y a localement un impact », estime pourtant le bureau d’études TAUW, qui a mesuré en 2023 un taux de 110 ng/l de PFOA dans une source d’eau, à 240 mètres en aval, « qui sert ponctuellement à l’abreuvement des bovins ». Une concentration de 125 ng/l a également été relevée une fois en 2022 dans un autre puits à 800 mètres. « Ce qu’ils mettaient, ça ressemblait à de la chaux. Ça n’a jamais été toxique, la chaux. Personne n’est tombé malade ici. Même moi, ça m’arrive de boire l’eau du puits », glisse le propriétaire des terres.
    Un quartier potentiellement exposé

    C’est peut-être ce qui se cache sous les usines de Tefal qui présente, encore aujourd’hui, le plus fort risque pour la population. La nappe phréatique, localisée sous les usines et entrepôts du géant de la poêle qui s’étendent sur une trentaine d’hectares au sud du centre-ville, est largement contaminée au PFOA.

    Or, les études hydrogéologiques montrent qu’elle s’écoule en direction du quartier pavillonnaire des Grangettes, situé en contrebas et peuplé d’environ 3 000 habitants. Dans ces eaux souterraines, les taux de PFOA relevés dépassent, là encore, à plusieurs reprises les 2 000 ng/l, la valeur de qualité de référence pour les eaux brutes. « Ces concentrations semblent témoigner d’un cas sérieux de pollution », dit Martin Scheringer, chercheur et président du Groupe d’experts internationaux sur la pollution chimique (IPCP).

    Dans cette zone, les experts de TAUW estiment que la contamination pourrait provenir des activités historiques de Tefal liées à l’utilisation de PTFE contenant du PFOA, mais aussi d’une ancienne décharge communale localisée sous un des bâtiments de l’entreprise. Elle y a déversé des déchets de septembre 1988 à mai 1989. Ces huit mois d’enfouissement, trente-cinq ans plus tard, représentent toujours un risque « élevé », d’après l’étude historique.

    Pour les habitants vivant dans le quartier des Grangettes, selon le bureau d’études, les voies d’exposition possibles sont multiples : puits privés pour arroser le potager, ingestion directe d’eau ou de particules de sol. Une enquête de voisinage menée sur 93 logements par le bureau d’études Antea, pour le compte de la mairie — un document obtenu par Reporterre auprès de la préfecture —, recense dans ce secteur 3 puits, 17 potagers et 1 élevage.

    Patrice, qui s’amusait dans les dépôts de boues avec sa moto, vit aux Grangettes et utilise son puits « depuis quarante ans » pour arroser son potager. Il va continuer à le faire, se disant peu inquiet. Virgile Benoit, membre de l’association environnementale Agir ensemble pour Rumilly et l’Albanais (Aera), adopte la position inverse : « Les révélations sur les PFAS à Rumilly m’ont fait sauter le pas : j’ai complètement arrêté de cultiver mon potager. »

    Contactée, la communauté de communes Rumilly Terre de Savoie n’a pas répondu à nos questions précises. « Je suis surpris d’apprendre que [la pollution] pourrait éventuellement se déplacer là-bas », exprime pour sa part Christian Dulac, maire de Rumilly. Une position étonnante, puisque l’étude d’Antea, rendue à la municipalité en octobre 2023, mentionnait déjà ce risque d’exposition. Christian Dulac a été élu maire en novembre 2023, à l’issue d’élections anticipées. Les habitants que nous avons rencontrés, pour partie des salariés de Tefal, affirment, eux, ne pas être au courant de la problématique.

    En novembre 2023, une enquête conjointe du Monde, de France 3 et du Dauphiné libéré a révélé des analyses de sang prélevées chez cinq femmes volontaires. Résultat : elles présentaient toutes des taux de PFOA 4 à 6 fois supérieurs à la moyenne détectée au sein de la population générale par une étude de Santé publique France de 2019.

    Selon des documents transmis par la préfecture, des recherches plus poussées pour caractériser précisément la pollution vont être engagées par Tefal. Aucune étude sur les humains n’est prévue.
    « Nous avons toujours agi dans le respect de la réglementation »

    Contactée, la société Tefal tient à souligner « son empreinte réduite parmi les entreprises utilisatrices de PFAS ». Il est vrai que les rejets actuels de PFAS de l’entreprise sont limités, en comparaison d’autres industriels. En revanche, les taux de PFOA cités plus haut, détectés dans les nappes présentes sous les dépôts de déchets de Tefal ou ses usines, figurent parmi les plus élevés jamais mesurés dans les eaux souterraines en France.

    « Les sources potentielles [de contamination] sont nombreuses, avec notamment des décharges publiques ou d’autres acteurs industriels présents dans la zone », complète Tefal. Dans ses rapports, TAUW mentionne effectivement l’existence possible d’autres sources. Par exemple, un autre « polluant éternel », le PFOS, qui n’est pas un marqueur de l’activité du fabricant de poêles, a été retrouvé dans la zone. Cependant, c’est bien le PFOA qui représente « 90 à 100 % des substances détectées » parmi les 47 PFAS recherchés lors de la campagne de mesures de TAUW de mai 2023. L’ex-site du fabricant de skis Salomon et l’ancienne tannerie de Rumilly ont fait, eux aussi, l’objet d’investigations. Dans un cas comme dans l’autre, leur contribution à la pollution au PFOA n’a pas été mise en évidence.

    « Nos boues et déchets ont été caractérisés par les autorités de l’époque comme des déchets inertes et non dangereux, ce qui correspondait à la connaissance scientifique de l’époque, explique Tefal. Nous avons toujours agi dans le respect de la réglementation […] avec l’autorisation ou à l’invitation des pouvoirs publics », complète l’entreprise, documents à l’appui. Elle assure qu’elle « n’était pas informée des inquiétudes concernant le PFOA avant le début des années 2000 ».

    « Qui va payer ? » s’interroge Gilles. « Le principe pollueur-payeur doit s’appliquer », plaide Virgile Benoit de l’Aera. Tefal assure être « engagée depuis plus de deux ans auprès des pouvoirs publics pour apporter une solution globale à une problématique collective ». Sollicitée, la préfecture de la Haute-Savoie n’a pas répondu à nos questions.

    https://reporterre.net/Scandale-des-PFAS-35-ans-apres-les-dechets-de-Tefal-contaminent-toujours
    #pollution #contamination