• L’extrême droite veut faire main basse sur nos utérus de femmes blanches
    http://www.slate.fr/story/216453/extreme-droite-veut-faire-main-basse-uterus-femmes-blanches-natalite-orban-zem
    Titiou Lecoq

    En Hongrie, Viktor Orbán organise un sommet sur la démographie. En France, le magazine Causeur a publié une couv immonde titrée « Souriez, vous êtes grand-remplacés ! » accompagnée d’une photo de bébés (que je me refuse à poster ici).

    On parle assez peu de la menace que représente l’extrême droite pour les femmes. Pourtant, les femmes sont au centre de leurs pensées. La question démographique, comme le montrent ces deux actualités, est fondamentale.

    Quand on lit des textes des suprémacistes blancs, la peur du grand remplacement ne fait pas seulement des « étrangers » des ennemis. Elle vise également les femmes.

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    L’analyse courante dans ces milieux, c’est qu’avec le féminisme, les femmes ont acquis la liberté de disposer de leurs corps via aussi bien l’IVG que la contraception. Le féminisme a incité les femmes à chercher à s’émanciper hors de la maison. Il les a encouragées à obtenir une indépendance économique et on a vu une augmentation du salariat chez les femmes dans les années 1970.

    Tout cela au détriment de la natalité.

    Or la natalité, c’est la puissance d’une nation.

    Affiche de propagande nataliste sous le gouvernement de Vichy.

    Les féministes ont donc fragilisé le pays et les hommes, en refusant de leur donner des fils.
    Mâles blancs en voie d’extinction

    Dans un second temps seulement, leur analyse se porte sur les « immigrés » (je mets des guillemets parce qu’en réalité, ils parlent moins des immigrés que de tous ceux qu’ils perçoivent comme non-occidentaux. C’est évident sur la couv de Causeur où rien n’indique que ces bébés ne sont pas français. Ce qu’on voit, c’est qu’ils ne sont pas blonds aux yeux bleus.) (Et après, ce sont les militant·es anti-racistes qu’on accuse d’être obsédé·es par la couleur.) Les immigrés (de certains pays bien sûr) auraient, eux, réussi à maintenir une domination patriarcale grâce à laquelle leurs femmes font encore beaucoup d’enfants. La balance serait donc déséquilibrée.

    Dans cette logique paranoïaque, la nation est mise en danger par les féministes et par les étrangers. Les étrangers et les féministes concourent à faire disparaître les mâles blancs.

    Limiter l’immigration ne suffira pas, comme le dit Viktor Orbán. Ce qu’il faut, c’est convaincre nos femmes de faire davantage d’enfants.

    Affiche des années 1950.

    Le féminisme n’a évidemment aucun problème avec le choix d’être mère. Ses différents courants alertent fréquemment sur le manque d’infrastructures telles que les crèches. On dénonce les violences obstétricales. On réclame le droit de vivre différemment sa grossesse et son accouchement. (J’en profite pour signaler que les sages-femmes demandent une revalorisation de leur salaire.)

    Mais on réclame avant tout le choix. Le choix d’avoir ou ne pas avoir d’enfant. Dans de bonnes conditions. Librement. Sans pression. Sans culpabilité.

    Ce que veulent les suprémacistes, c’est faire main basse sur nos utérus et en disposer.

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    Une politique nataliste d’État

    Ainsi, le gouvernement de Orbán a mis en place une série de mesures pour inciter les couples à faire des enfants : il y a des aides pour les familles qui veulent accéder à la propriété ou agrandir leur logement, le doublement des allocations familiales, une aide sociale pour les grands-parents qui gardent leurs petits-enfants, etc.

    Mais, spoiler : parmi ces mesures, aucune ne permet aux femmes seules ou aux couples lesbiens ou homos d’avoir des enfants. Nous ne sommes pas face à une liberté de faire des enfants mais face à une politique nataliste d’État, avec un gouvernement qui décide qui peut ou ne peut pas se reproduire.

    En outre, des critiques expliquent que si la Hongrie se dépeuple à ce point, c’est également parce qu’un million d’habitants serait parti pour des raisons économiques et pour fuir le gouvernement Orbán.

    Le sommet hongrois sur la démographie n’est pas exceptionnel. Il est bisannuel et existe depuis 2015. Ce n’est pas étonnant. Cette question de la natalité est au cœur des préoccupations puisqu’elle s’articule avec l’obsession du grand remplacement. Pour ne pas être remplacé, il faut se multiplier. À cette édition du congrès, devraient être présents : Marion Maréchal-Le Pen, Éric Zemmour, le président serbe Aleksandar Vučić, les Premiers ministres polonais (Mateusz Morawiecki), tchèque (Andrej Babiš) et slovène (Janez Janša), Mike Pence (ancien vice-président de Donald Trump).

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    En France, l’extrême droite se fait surtout entendre pour ses propos xénophobes et racistes. Mais le premier livre théorique d’Éric Zemmour, sorti en 2006, s’intitulait Le Premier Sexe et dénonçait la prise de pouvoir des femmes en France. Refuser aux femmes la possibilité de se réaliser comme un individu qui fait seul ses choix, faire pression sur elles, les ramener sans cesse à leurs fonctions reproductives, les limiter socialement à leur utérus, c’est au fondement de la pensée d’extrême droite. Ce n’est pas un à-côté dans leur conception du monde. Et la version moderne, dite « néo » (néo-fascisme, néo-extrême droite) n’y échappe pas.

    Mesdames, ces gens ne vous veulent pas du bien. Ils veulent faire main basse sur vos utérus.

    #féminisme

  • Les enfants, c’était mieux avant… (Slate.fr)
    http://www.slate.fr/story/126764/enfants-cetait-mieux-avant

    Derrière cette lamentation, il y a pourtant une réalité qui fait honte, et qui a été rendue particulièrement visible par le programme PISA d’évaluation des systèmes éducatifs dépendant de l’OCDE : entre 2003 et 2013, la tranche d’élève français les moins performants a vu ses performances chuter de manière notable, tandis que la proportion globale d’élèves en difficultés s’est accrue. Pire encore, les inégalités éducatives ont beaucoup progressé, surtout entre 2003 et 2006.

    Sont particulièrement touchées les catégories socio-professionnelles modestes mais aussi les enfants issus de l’immigration qui sont au moins deux fois plus susceptibles de compter parmi les élèves en difficulté et ce, même en corrigeant les données pour tenir compte des disparités économiques. En 2014, le sociologue Stanislas Morel s’est penché sur l’évolution des causes attribuées depuis les années 1960 à l’échec scolaire. Selon lui, les années 1990 ont constitué un virage au cours duquel on a cessé en France de considérer que les causes de l’échec scolaire étaient sociales (et donc dû au fait que l’école favorisait la culture des catégories aisées) pour envisager l’idée que ces causes étaient d’abord individuelles et devait être résolues médicalement par le diagnostic et la prise en charge de handicaps cognitifs tels que l’hyperactivité ou les troubles « dys ». Une perspective sans aucune doute salutaire pour les familles concernées par ces troubles mais qui n’explique pas les fortes disparités sociales et culturelles que souligne l’évaluation PISA.

    Ce n’est qu’en 1975 que cet apartheid social a été totalement aboli au profit du « collège unique » que nous connaissons aujourd’hui. Une réforme démocratique et juste, mais qui a révélé les inégalités bien plus qu’elle ne les a résolues puisque c’est l’enseignement bourgeois qui est devenu la norme pour tout-e-s.

    #éducation #enfants #échec_scolaire #violences #délinquance #déclinisme #passé #nostalgie #inégalités

  • Extension du domaine des idées
    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/061016/extension-du-domaine-des-idees

    L’ouvrage La #vie_intellectuelle en France démonte nombre de lieux communs sur le #déclinisme de la pensée française, la droitisation du monde intellectuel ou le prétendu rôle des avant-gardes. Entretien avec l’historien Christophe Charle et le politiste #Laurent_Jeanpierre, coordinateurs du livre.

    #Culture-Idées #Christophe_Chalre #déclin #Essais #Histoire #intellectuels #paris #Vie_des_Idées