#décolonisons

  • BALLAST | Françoise Vergès : « La lutte décoloniale élargit les analyses » (1/2)
    https://www.revue-ballast.fr/francoise-verges-la-lutte-decoloniale

    Le Sud, ce n’est pas un espace pure­ment géo­gra­phique, mais poli­tique. C’est le pro­duit d’une longue fabri­ca­tion par le Nord et par le sys­tème capi­ta­liste, qui en a fait un espace de vul­né­ra­bi­li­té, à piller et à exploi­ter. Ce qu’on a appe­lé le « Tiers monde » et qu’on appelle main­te­nant le « Sud glo­bal », c’est cette constante divi­sion de l’humanité et de la pla­nète en deux espaces, avec des fron­tières mou­vantes qui dis­tinguent d’un côté les gens qui ont droit à une vie décente, qui ont accès à de l’eau ou de l’air propre, et de l’autre ceux qui n’y ont pas droit. Dans le même temps, on trouve dans ce qu’on appelle le « Nord » (y com­pris en Europe) des espaces construits comme des Suds. Une géo­gra­phie urbaine en enclaves se déve­loppe, et par­tout les classes moyennes et riches se pro­tègent en construi­sant des « gated com­mu­ni­ties ». Leurs membres passent d’une enclave à l’autre, de leur mai­son cli­ma­ti­sée au centre com­mer­cial cli­ma­ti­sé — autant d’espaces entre­te­nus par des femmes et des hommes raci­sés (mais sur­tout des femmes), sur­ex­ploi­tés puis reje­tés dans des quar­tiers excen­trés où l’eau et l’air sont pol­lués. Le confort de quelques-uns est construit sur l’invisibilisation et l’exploitation de plu­sieurs. Et cette construc­tion en enclaves sécu­ri­sées, sur­veillées, inter­dites aux pauvres, est visible y com­pris dans les villes du Sud. Il faut constam­ment affi­ner les car­to­gra­phies que construisent des États auto­ri­taires, le néo­li­bé­ra­lisme et l’impérialisme, mais aus­si inté­grer le fait d’un monde mul­ti­po­laire.

    #décolonisons #géographie_des_Suds