• 200 milliards : le #coût exorbitant des #aides_publiques_aux_entreprises

    Près de 200 milliards d’euros. C’est le montant des #aides_publiques versées aux grandes #entreprises_privées sans aucune contrepartie. Ce montant a été révélé par une étude de l’Institut de recherches économiques et sociales (Ires) et du Clersé (groupe de chercheurs de l’université de Lille). Il s’agit du premier #budget de l’État : plus de 30% de son budget total, et deux fois plus que le budget de l’Éducation nationale. #Subventions_directes, #niches_fiscales et sociales en tout genre ou encore #aides régionales et européennes, ces 200 milliards prennent des formes diverses, mais ont une même finalité : partir en poussière chez des intérêts privés, plutôt qu’au service de la collectivité.

    Le #capitalisme français est sous #perfusion, selon le titre même de l’étude de l’Ires. Il ne survit qu’avec l’aide d’un État qui lui donne tout sans rien attendre en retour. Une histoire d’amour et de dépendance donc ; au détriment d’une #politique_économique sensée. Toutes les études, y compris celles des services ministériels eux-mêmes, le montrent : les effets de ces milliards d’aides sont faibles voire inexistants. Pour la dernière étude de l’Ires : « L’#efficacité des allègements du coût du travail se trouve sans doute ailleurs : dans le soutien apporté aux marges de l’entreprises« . La puissance publique utilise donc l’argent du contribuable pour augmenter le profit du secteur privé.

    Résultat : pas de création d’emplois, pas de hausse des salaires, pas de relocalisations de l’industrie, mais une augmentation des dividendes des actionnaires. Pourtant, Emmanuel Macron et son gouvernement refuse toujours fermement de s’attaquer à ce premier poste de dépense. Il a même augmenté les niches fiscales de 10 milliards d’euros pour 2024, le même montant qu’il a retiré aux #services_publics. Une politique qui entraîne la #France droit dans le mur. Notre article.

    D’où viennent ces 200 milliards ?

    Le gâteau des #aides_aux_entreprises a considérablement grossi ces dernières années : l’État accorde 3 fois plus d’aides au #secteur_privé qu’en 1999. Et ce gâteau se découpe en plusieurs parts. Le magazine Frustration fournit un graphique de la répartition de ces aides (https://www.frustrationmagazine.fr/subvention-capitalisme). C’est environ 20% de #subventions directes de l’État ou des collectivités, 40% d’#exonérations de #cotisations_sociales, et 40% de niches fiscales et #baisses_d’impôts.

    Ces milliards d’aides ne tombent pas du ciel. Ils résultent très nettement des politiques des gouvernements libéraux depuis les années 2000. En particulier, des politiques d’Emmanuel Macron depuis 2017 et même avant, à la tête de l’Économie de François Hollande. Avant lui, les politiques de réduction des #cotisations_patronales des entreprises ont pavé le chemin sous Nicolas Sarkozy. Ensuite, le grand bond en arrière : la mise en place du #Crédit_d’Impôt_Compétitivité_Recherche (#CICE), qui a coûté à l’État plus de 100 milliards depuis 2013.

    Sa suppression permettrait de rapporter 10 milliards d’euros, a minima. La baisse pérenne des cotisations sociales est venue remplacer le CICE en 2019 par Macron, pour le même effet. D’autres dispositifs encore : le #Crédit_impôt_recherche (#CIR : sa suppression pour les grandes entreprises rapporterait 1.3 milliard), ou encore le #Pacte_de_Responsabilité (un ensemble de différents crédits d’impôts mis en place en bloc par François Hollande).

    Sous Macron, ces dispositifs perdurent et s’étendent. Ils cohabitent surtout avec d’autres milliards tendus par Macron aux entreprises. Par exemple, Macron a décidé seul de supprimer la #cotisation_sur_la_valeur_ajoutée_des_entreprises (#CVAE), qui bénéficiait aux collectivités territoriales, et de les rendre dépendantes aux recettes de la #TVA, l’impôt le plus injuste. Ce nouveau cadeau aux grandes entreprises coûte cette année 12 milliards d’euros, et coûtera 15 milliards en 2027.

    D’innombrables niches sont encore en vigueur : la niche « #Copé » (5 milliards d’euros) ou les niches fiscales défavorables au climat (19 milliards d’euros selon l’Institut d’étude pour le climat) pour ne citer qu’elles.

    200 milliards pour licencier ?

    Problème majeur : ces milliards d’aides aux entreprises se font sans contrepartie aucune. Bien souvent, elles permettent et encouragent même les attaques sociales des entreprises envers leurs salariés : baisses des salaires, #licenciements, #délocalisations, etc. Un exemple récent : l’entreprise #Forvia (ex-Forecia), fabricant français d’équipements automobiles. Depuis son lancement dans la filière de l’hydrogène, elle a touché 600 millions de subventions – et ce, hors CICE. Pourtant, le 19 février 2024, le directeur annonce d’une pierre deux coups le retour des bénéfices pour 2023 et la suppression progressive de 10.000 emplois pour les quatre prochaines années.

    Douche froide pour les salariés, dont l’entreprise annonce le même jour des bénéfices records et un grand #plan_de_licenciement qui ne dit pas son nom. L’Insoumission s’est entretenue avec des travailleurs de Forvia mobilisés contre la décision de leur direction. Ils dénoncent d’une même voix l’hypocrisie de leur direction mais aussi de la puissance publique :

    « On leur a donné 600 millions d’argent de l’Etat. Non seulement ils n’ont pas créé d’emplois mais en plus ils en suppriment. Ils touchent de l’agent pour virer les travailleurs, aussi simple que ça. C’était 600 millions pour un seul site de 300 salariés : ça fait 2 millions par salarié, et ils se permettent de fermer des sites. Juste pour leur marge. Et honnêtement, on a même l’impression que c’est nous qui payons le licenciement de nos collègues, puisqu’on va travailler plus pour compenser leur départ.« 

    Résultat direct et rationnel de l’absence de conditionnement social (et écologique) de ces aides publiques, les entreprises font ce qu’elles veulent de cet argent. Et Forvia est loin d’être la seule à profiter des aides d’entreprises pour augmenter ses marges au détriment des salariés, comme le soulignait l’étude de l’Ires. En 2019, le groupe #Michelin s’était déjà par exemple servi d’un crédit d’impôt (CICE) de 65 milliards d’euros pour délocaliser sa production en Pologne, en Roumanie et en Espagne.

    Et ces quelques exemples ne sont très certainement que l’arbre qui cache la forêt, au vu de l’ampleur des sommes engagées. D’une manière générale : beaucoup d’#argent_public pour les #actionnaires, qui aurait pu être consacré aux grands chantiers de #politiques_publiques. Combien d’écoles, d’hôpitaux, de lignes ferroviaires auraient pu être construits avec ces 200 milliards ? Combien de personnels soignants, de professeurs et d’AESH dans les écoles auraient pu être rémunérés ?

    Pour continuer d’arroser les entreprises, le Gouvernement fait les poches aux français

    Alors que le chantage à la dette et à la compression des dépenses repart de plus belle avec l’annonce des 5.5% de PIB de déficit, la #responsabilité de ces 200 milliards d’aides est immense. Le Gouvernement détourne les yeux de cette responsabilité et préfère concentrer ses attaques ciblées sur les dépenses sociales et les services publics. Les conséquences de ce récit politique sont déjà à l’oeuvre : moins 10 milliards d’euros passés par décret en février, multiples réformes de l’assurance-chômage, etc. Et d’autres coupes sont à venir pour atteindre les 3% de déficit d’ici 2027, jusqu’à 80 milliards d’euros de coupe selon Bruno Le Maire.

    Selon les mots de l’étude de l’Ires, « un État-providence caché en faveur des entreprises » se développe à l’heure où le Gouvernement détricote l’Etat-providence social. Romaric Godin résume la situation dans un article sur le chantage à la dette pour Mediapart : « L’épouvantail de la dette a pour fonction de démanteler ce qui reste de l’État social pour préserver les transferts vers le secteur privé et soutenir sa rentabilité face à une croissance stagnante.« 

    Plus encore, pour Benjamin Lemoine, sociologue et auteur de l’ouvrage L’Ordre de la dette (2022) : « Le maintien de l’ordre de la dette demande un dosage incessant entre le soutien au capital privé et une capacité à assurer sans chocs politiques le service de la dette, et depuis des années cette capacité repose entièrement sur le sacrifice de l’État social.« (https://www.editionsladecouverte.fr/l_ordre_de_la_dette-9782707185501)

    Derrière le refus du Gouvernement de s’attaquer aux aides aux entreprises, c’est donc tout un #modèle_économique qui ne veut être remis en cause par les macronistes. Le #capitalisme_français repose tout entier sur ce système de #soutien_public_au_capital. 200 milliards, cela commence à faire cher le fonctionnement de l’#économie.

    #Conditionnement_des_aides, suppression des niches fiscales inutiles : les recettes fiscales existent

    Un autre modèle est pourtant possible. Toutes les études sur les aides aux entreprises parlent d’une même voix : il faut conditionner les aides. Elles rejoignent ainsi les revendications de la France Insoumise depuis des années. La suppression du CICE est au programme de l’Avenir en Commun dès l’élection présidentielle de 2017. De même pour le CIR, et toutes les niches « anti-sociales et anti-écologiques ». La France Insoumise a ainsi publié ce 28 mars ses « 10 mesures d’urgence pour faire face à l’austérité » dans un document intitulé « Moins de dépenses fiscales, plus de recettes fiscales !« .

    Au programme : rétablir l’#ISF (+15 milliards), taxer les superprofits (+15 milliards), supprimer le CICE (+10 milliards), supprimer le CIR (+1.3 milliards), supprimer les niches fiscales les plus polluantes (+6 milliards), rétablir la CVAE (+15 milliards), mettre en place une #imposition_universelle_sur_les_entreprises (+42 milliards), renforcer la #taxe_sur_les_transactions_financières (+10.8 milliards) et mettre fin à la #flat_tax (+1 milliards). Un large panel qui vise à montrer une chose : « Les seules dépenses à réduire sont celles en faveur des plus riches » écrit la France Insoumise, pour qui les 200 milliards d’aides seraient un bon premier ciblage.

    Une chose est certaine : il existe, effectivement, de nombreux postes de dépenses sur lesquels le Gouvernement pourrait se pencher pour réduire le #déficit_public. Conditionner les aides aux entreprises paraît être une étape essentielle.

    https://linsoumission.fr/2024/04/05/200-milliards-aides-entreprises

    #alternative

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    Le rapport est probablement celui-ci, datant de 2022, à moins qu’un nouveau n’a pas été publié depuis :

    Un capitalisme sous perfusion : Mesure, théories et effets macroéconomiques des aides publiques aux entreprises françaises

    La pandémie apparue à l’hiver 2019-2020 a souligné avec une acuité spectaculaire le rôle des aides publiques pour maintenir sur pied les entreprises face à la mise en arrêt artificiel de l’activité. Il ne s’agit cependant que d’une partie d’un processus plus ample et ancien de développement, par la puissance publique et depuis maintenant plusieurs décennies, de dispositifs de soutien des entreprises, dispositifs qui mobilisent les finances publiques et sociales (mêlant dépenses effectives et exonérations) mais qui ne sont pas recensés sous la forme d’une catégorie statistique dédiée.

    L’étude se penche sur cet enjeu des aides publiques aux entreprises en posant quatre grandes questions : Combien ? Pourquoi ? Pour quels effets ? Et enfin, à quelles conditions ?

    Les informations statistiques sur l’ensemble des mesures d’aide aux entreprises et leur évolution dans le temps existent, sont publiques mais souvent disséminées et parcellaires. En particulier, il n’existe pas de catégorie statistique qui les regroupe. Celles-ci sont constituées de trois composantes : les dépenses fiscales (avec notamment le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi et le crédit d’impôt recherche), les dépenses socio-fiscales (exonérations de cotisations sociales employeurs) et les dépenses budgétaires de subvention et d’aide à l’investissement. Comme le montre l’étude, alors qu’elles oscillaient en moyenne autour de 30 milliards d’euros par an dans les années 1990, elles représentaient un montant de plus de 100 milliards d’euros par an dès 2008, et culminaient à 157 milliards en 2019, avant même la mise en œuvre du « quoi qu’il en coûte ».

    Mises en place selon des arguments en termes de compétitivité, d’emploi, d’investissement ou d’innovation, la discussion autour des effets théoriques et la revue de la littérature empirique laissent subsister de sérieux doutes sur la pertinence de ces mesures. Ces politiques peuvent de surcroît entraîner des effets d’accoutumance et de dépendance pour les entreprises, assorti d’un coût permanent pour les finances publiques et sociales, ceci pour des effets réels, mais souvent transitoires. Il en ressort l’idée que notre système économique est de plus en plus « sous perfusion » d’aides publiques aux entreprises.

    L’étude met enfin en évidence grâce à un modèle macroéconomique les différentes (in)efficacités des mesures de baisse de prélèvements obligatoires sur les entreprises selon qu’elles s’accompagnent ou pas de contreparties (par exemple en termes d’investissement productif), comparativement notamment à la dépense publique directe. Elle envisage également une utilisation alternative des sommes dépensées.

    En conclusion, l’étude s’interroge sur la conditionnalité des aides publiques aux entreprises, en particulier l’application de critères sociaux et/ou environnementaux.

    https://ires.fr/publications/cgt/un-capitalisme-sous-perfusion-mesure-theories-et-effets-macroeconomiques-des-ai

  • I proletari dell’intelligenza artificiale

    Come fa oggi un sito di commercio online a restituirci tutti i risultati che corrispondono a “maglia verde in seta” che stavamo cercando? Come fa un’auto che si guida da sola a riconoscere un pedone e a non investirlo? Come può Facebook capire che un certo contenuto è violento o pedopornografico e va bloccato? Come si comporta un chatbot per stabilire di quale informazione abbiamo bisogno? In tutti questi casi, la risposta è una: glielo insegna un essere umano.

    Un essere umano che guarda, analizza ed etichetta milioni di dati ogni giorno e li fornisce a quella che comunemente chiamiamo intelligenza artificiale (ia). L’intelligenza artificiale, per poter funzionare, ha bisogno di persone che la addestrino. E i suoi istruttori sono i nuovi proletari digitali. Quelli che si occupano delle mansioni più semplici, che si trovano alla base della piramide lavorativa del settore, i cui piani più alti sono occupati da analisti di dati, ingegneri o programmatori specializzati. Per insegnare all’intelligenza artificiale a riconoscere contenuti, e a crearne di nuovi, è necessario etichettare correttamente i dati, descrivere immagini, trascrivere testi, fare piccole traduzioni, identificare segnali stradali o altri elementi all’interno di immagini. I cosiddetti data labeling, gli etichettatori di dati, attraverso lavori spesso ripetitivi e alienanti, permettono l’addestramento dei software. Senza l’intervento umano, l’ia non sarebbe in grado di operare perché non saprebbe come interpretare i dati che le vengono sottoposti.

    “Quello che viene venduto come intelligenza artificiale è un tipo di apprendimento automatico, significa che bisogna nutrire la macchina con miliardi di dati, e sulla base di questo la macchina impara”, spiega Antonio Casilli, professore di sociologia al Telecom, l’istituto politecnico di Parigi, in Francia. “Per poter funzionare, che si tratti di creare un piccolo filtro di TikTok o software alla ChatGpt, c’è bisogno di masse enormi di dati, che devono però essere trattati, o meglio preaddestrati”. La “P” di chatGpt, che è l’acronimo di Generative pretrained transformer, significa infatti preaddestrato.

    Questo lavoro di preaddestramento è fatto però da persone che non sono quasi mai valorizzate. “Non vengono riconosciuti come i veri autori di questi prodigi tecnologici perché da una parte sono oscurati da professionisti molto più visibili, come i data scientist o gli ingegneri, e dall’altra perché non c’è interesse a far riconoscere l’intelligenza artificiale come una tecnologia labour intensive, cioè che ha bisogno di molto lavoro. L’intelligenza artificiale fa finta di essere una tecnologia che serve ad automatizzare il lavoro, e quindi a risparmiare, mentre invece ne richiede tantissimo”, spiega ancora Casilli.

    A sottolineare il concetto è anche Antonio Aloisi, che insegna diritto del lavoro all’università Ie di Madrid, in Spagna. “È sempre più evidente che l’imperfezione, l’incompletezza, l’inaccuratezza dei risultati, ha bisogno di un passaggio umano, che validi i risultati, che corregga gli errori e che faccia una prima verifica. In molte esperienze con i chatbot non c’è nulla di intelligente, ma soprattutto nulla di artificiale. I dati sono goffi, disfunzionali, per questo c’è bisogno di un ‘badante’ umano”.

    Quello degli istruttori è un lavoro a suo modo specializzato, ma quella specializzazione non è ben pagata, anzi è pagata malissimo. Non c’è interesse da parte delle aziende che reclutano questi lavoratori a riconoscerne le competenze, perché riconoscerle significherebbe pagarle. Casilli, con il suo gruppo di ricerca Diplab del politecnico di Parigi, uno dei tre al mondo che fa ricerca sul campo su questo tema, ha intervistato più di quattromila persone in venti paesi, soprattutto in quelli a basso reddito come Venezuela, Madagascar o Kenya, e ha raccolto e analizzato le esperienze di lavoro delle persone coinvolte.

    “Nella nostra ricerca abbiamo incontrato addirittura persone pagate 0,001 dollaro per ogni azione che compiono durante le loro mansioni. Sono reclutate in paesi talmente a basso reddito che per loro, purtroppo, diventa economicamente interessante svolgere questi compiti pagati male. In Venezuela, dove l’80 per cento della popolazione vive sotto la soglia di povertà e il salario medio è di sei-otto dollari al mese, arrivare a guadagnarne un po’ di più facendo microtask (traduzioni, descrizioni, tagging, sondaggi…) per l’intelligenza artificiale può in effetti rappresentare una prospettiva ed è su questo che fanno leva molte aziende come Google, la OpenAi, la Meta”.

    Si tratta di una catena di approvvigionamento molto lunga. Queste aziende subappaltano il lavoro ad altre, che di solito operano all’estero. “La filiera arriva fino in Asia, in Africa o in America Latina, dove ci sono piccole realtà informali, in cui si lavora in nero, spesso a conduzione familiare, e lì diventa difficilissimo, e a volte perfino pericoloso, investigare. Dobbiamo addentrarci in case, in internet point, in luoghi malfamati, per intervistare queste persone”, spiega Casilli.

    La ricerca di lavoratori avviene anche attraverso degli annunci online. “Vuoi aiutarci a plasmare il futuro dell’intelligenza artificiale? Abbiamo un lavoro al 100 per cento da remoto per te: non è richiesta alcuna esperienza, ma solo la volontà di imparare e contribuire al campo all’avanguardia dell’intelligenza artificiale. Che tu sia agli inizi o un professionista esperto, la nostra comunità ha un ruolo per te! Avrete l’opportunità di contribuire all’addestramento di applicazioni di ia come ia generativa, modelli linguistici di grandi dimensioni, assistenti virtuali, chatbot, motori di ricerca e molto altro ancora”. Questo è solo uno degli annunci che si trovano sui siti di ricerca lavoro per assumere addestratori di sistemi basati sull’intelligenza artificiale. L’antesignana di queste piattaforme è Amazon turk, nata come una sorta di supporto ad Amazon per mettere ordine tra i tantissimi annunci che comparivano sul sito, al caos delle descrizioni. Una bacheca globale per la ricerca di lavoro, con la possibilità di registrarsi e partecipare a queste microtask.

    “Ci siamo imbattuti in situazioni diverse, dall’addestramento dei filtri per la moderazione dei contenuti su Facebook in Kenya allo sviluppo di sindromi post-traumatiche da stress abbastanza forti, a famiglie venezuelane che si organizzano per lavorare senza fermarsi mai”, dice Casilli, raccontando alcune delle testimonianze raccolte sul campo. Certi creano delle piccole fabbriche in casa, dove la mattina lavora il padre, poi è il turno della figlia quando torna da scuola, e la sera la mamma o addirittura la nonna. In Venezuela l’elettricità costa poco, e all’epoca di Chavez era stato lanciato un programma per distribuire computer in tutte le famiglie, quindi oggi un po’ tutti possono lavorare da casa.

    Ci sono addirittura casi di false intelligenze artificiali: aziende che vendono videocamere di sorveglianza basata sull’ia a supermercati, e poi si scopre che non c’è alcuna intelligenza artificiale dietro, ma persone in Africa, pagate pochissimo, che fanno sorveglianza in tempo reale. “Abbiamo passato una settimana in una casa in Madagascar trasformata in fabbrica di dati, con lavoratori ovunque in garage, in soffitta. Erano almeno in 120 in una casa sommersa dalla spazzatura e con un bagno solo, pagati pochissimo e impiegati giorno e notte per far finta di essere un sistema di videosorveglianza basato sull’intelligenza artificiale”, racconta Casilli.

    La paga bassissima, soprattutto se paragonata ai miliardi che girano nell’indotto delle grandi aziende tecnologiche, non è l’unico dei problemi. Un aspetto sottovalutato è quello dei traumi psicologici a cui sono sottoposti i lavoratori. Si tratta spesso di compiti ripetitivi e alienanti, e in molti casi, come nella moderazione dei contenuti sui social network, si ha a che fare con contenuti tossici, violenti, sessualmente degradanti.

    E poi c’è l’instabilità. “Per i data worker uno dei problemi più sentiti, al di là delle paghe basse, è l’ansia di non avere un lavoro costante. Devono essere sempre disponibili. Non hanno alcun controllo sul salario, sul carico e sulle modalità di lavoro. I moderatori sono esposti tutto il giorno a contenuti osceni. Ci possono essere diverse conseguenze psicologiche”, spiega Simone Robutti, cofondatore della sezione berlinese e italiana della Tech workers coalition, un’organizzazione dei lavoratori del settore tecnologico nata per conquistare maggiori diritti e migliori condizioni. Molte di queste persone fanno questo lavoro perché hanno problemi di salute, non possono muoversi da casa. E quindi sono ulteriormente ricattabili, dice Robutti.

    Un altro aspetto del problema lo individua Teresa Numerico, professoressa di logica e filosofia della scienza all’università Roma Tre, secondo cui molti lavoratori firmano degli accordi di riservatezza così restrittivi che hanno addirittura paura di chiedere supporto legale o psicologico. “È per questo che si sa pochissimo di questo sottobosco lavorativo”.

    Il lavoro invisibile

    Spesso, quando si parla delle conseguenze dell’avvento delle intelligenze artificiali nel mondo del lavoro, si vede il pericolo maggiore nella sostituzione degli esseri umani da parte delle macchine. Ma Numerico sposta lo sguardo. “La conseguenza peggiore di questo processo non è tanto che l’intelligenza artificiale ha cominciato a fare il lavoro degli esseri umani, ma che ha incorporato il lavoro umano in modo tale da averlo reso invisibile. Questo produce maggiore potenziale di sfruttamento”.

    Stiamo assistendo da qualche anno alla cosiddetta piattaformizzazione del lavoro, cioè l’utilizzo delle piattaforme digitali e delle app per far incontrare domanda e offerta di lavoro. E sulle piattaforme sono impiegate persone che sono solo un’appendice delle macchine. “Questo li rende oggetto di sfruttamento. In un certo senso sono in competizione con le macchine. Si tratta di lavoratori intercambiabili. I rider sono ‘l’aristocrazia’ di questo processo, perché quantomeno si vedono”, dice Numerico.

    Nel gennaio 2023 Time ha pubblicato un’inchiesta sugli addestratori della OpenAi che guadagnavano meno di due dollari all’ora. L’azienda a cui la OpenAi aveva esternalizzato questo lavoro era la Sama di San Francisco, negli Stati Uniti, che impiega persone in Kenya, Uganda, India e altri paesi a basso reddito. Anche Google, la Meta e la Microsoft fanno così. Quelli assunti dalla Sama per conto della OpenAi erano pagati tra 1,32 e 2 dollari all’ora, a seconda dell’anzianità e delle prestazioni. Si legge nell’inchiesta: “Un lavoratore della Sama incaricato di leggere e analizzare il testo per la OpenAi ha raccontato di aver sofferto di disturbi ossessivi dopo aver letto la descrizione di un uomo che faceva sesso con un cane davanti a un bambino. ‘È stata una tortura’, ha detto”. Gli etichettatori di dati più giovani ricevevano uno stipendio di 21mila scellini kenioti (170 dollari) al mese.

    Come si vede dal racconto di Time, quando si parla di proletariato digitale esiste una divisione tra nord e sud del mondo. “Le grandi aziende che sviluppano e usano queste tecnologie hanno sede nei paesi ricchi. Ma chi completa manualmente queste attività è quasi sempre in Africa, in India. Anche perché le barriere all’ingresso sono poche: basta avere una connessione e una padronanza della lingua inglese”, spiega Aloisi. Numerico è d’accordo: c’è un tema di colonizzazione e razzializzazione.

    Come funziona in Italia

    “Anche in Italia troviamo annunci di lavoro in questo settore, che vanno dai 7 ai 15 euro l’ora”, spiega Aloisi.

    Secondo Casilli, poi, in Italia c’è qualche azienda un po’ più specializzata, per esempio nel trattamento di immagini per le radiografie e sistemi medici. “Ma la realtà è che non significa necessariamente che i lavori siano pagati meglio. L’Italia resta un paese in cui la difesa dei diritti dei lavoratori è sostanzialmente disattesa e ci sono situazioni di estrema precarietà”.

    Casilli anticipa i risultati di un’inchiesta del suo gruppo di ricerca, che sarà pubblicata tra qualche mese. I tre paesi europei più interessati dal fenomeno degli addestratori di sistemi di intelligenza artificiale sono la Spagna, il Portogallo e subito dopo l’Italia. Tanti lavoratori coinvolti, come in Italia, sono immigrati, che non hanno accesso al mercato del lavoro regolare e che trovano almeno una fonte di reddito, anche se scadente, in condizioni terribili, con addirittura il rischio enorme di non essere pagati. Sono persone che arrivano in Italia dall’Africa, dall’Asia, dal Sudamerica.

    Un’ulteriore faccia della stessa medaglia la evidenzia Numerico: “Per quanto riguarda l’addestramento in lingua italiana, spesso non è impiegato chi vive in Italia, ma chi parla italiano e vive all’estero, come per esempio in Nordafrica o in Albania”.

    Tutti questi lavoratori è come se si trovassero nel ventre di una balena e – a differenza di altri, come per esempio i rider – sono più difficili da tutelare, proprio perché invisibili. “Il primo passo è cominciare a far emergere la loro presenza, e poi avviare le lotte sindacali per trattamenti equi”, spiega Numerico, che individua nel lavoro da remoto un ostacolo, ma anche un modo per aggirarlo: la tecnologia potrebbe mettere in comunicazione queste persone dislocate in vari paesi e accomunate dal fatto di subire le stesse condizioni lavorative.

    In questo processo di piattaformizzazione il datore di lavoro scarica le proprie responsabilità, spiega Numerico. Non essendo un tipo di impiego subordinato, il datore non solo paga poco, ma non mette a disposizione dei lavoratori né i mezzi di produzione né gli spazi, e non si assume alcun rischio. Tuttavia, si prende il profitto che ne risulta. “Il lavoratore si assume tutti i rischi e deve anche pagarsi i mezzi per poter lavorare. Si crea uno spazio le cui regole sono dettate da chi detiene il controllo su quello spazio. Il datore di lavoro è evanescente”, conclude Numerico.

    Robutti della Tech workers coalition spiega che l’obiettivo dell’organizzazione è mostrare che ci si può sindacalizzare e organizzare anche nel settore della tecnologia digitale. Solo dieci anni fa non era realistico, c’erano veramente pochi esempi e nelle aziende del digitale non c’era la presenza di sindacati come in quelle tradizionali. “Ad oggi non c’è ancora un modo forte e consolidato con cui sindacalizzare i data worker. Si tratta spesso di persone che lavorano in subappalti di subappalti. Hanno pochissimo potere e per loro è molto complicato organizzarsi. Adesso che i rider hanno ottenuto molte più tutele rispetto a dieci anni fa, i sociologi del lavoro e gli accademici hanno cominciato a occuparsi dei data worker”.

    Un esempio virtuoso di sindacalizzazione lo racconta Casilli, spiegando che in Germania i sindacati sono molto attivi al fianco dei lavoratori del settore digitale già dal 2016. Anche in Kenya, dove per esempio la OpenAi ha fatto addestrare ChatGpt, ci sono grandissimi movimenti sindacali che coinvolgono i lavoratori del settore. Anche in Brasile ci sono pressioni per approvare norme che contengano misure per tutelarli. In Italia la situazione è meno rosea, conclude Casilli. “È difficile far vedere una popolazione invisibile”.

    Alessio De Luca, responsabile del Progetto lavoro 4.0 Cgil nazionale, spiega perché è così complicato anche per il sindacato tradizionale intervenire a tutela di questo tipo di professioni. Si tratta di un gruppo molto complesso, variegato ed esteso, e ogni giorno nascono e crescono una serie di nuove figure difficili da inquadrare, che lavorano direttamente con le piattaforme e non sono facilissimi da intercettare e organizzare. “Attraverso Apiqa, la nostra associazione che si occupa di lavoro autonomo, stiamo provando a stilare una serie di proposte normative. Le difficoltà maggiori riguardano l’individuazione della remunerazione e dei minimi salariali di questo ‘mondo di mezzo’. Bisognerebbe avere più strumenti possibili, a partire dai controlli: chi deve intervenire? Il garante? L’ispettorato del lavoro?”, si domanda De Luca. “Al momento stiamo immaginando proposte normative come l’equo compenso e trattamenti welfare e previdenziali. Il problema però è che si ragiona sempre dentro vecchi perimetri”.

    A livello europeo, spiega Aloisi, l’attenzione su questi fenomeni è cresciuta. Tra marzo e aprile è stata approvata ladirettiva piattaforme, la direttiva europea per il miglioramento delle condizioni dei lavoratori coinvolti nel settore e che in parte tutela i sottoproletari dei dati. La strada da seguire rimane quella dell’uscita dall’invisibilità, per poter agire e trovare soluzioni concrete al precariato e allo sfruttamento.

    https://www.internazionale.it/reportage/laura-melissari/2024/08/06/intelligenza-artificiale-lavoratori-sfruttamento
    #travail #conditions_de_travail #AI #IA #intelligence_artificielle #prolétariat #nouveau_prolétariat #data_labeling #données #soustraitance #sous-traitance #délocalisation #data_workers #travail_invisible

  • #Ikea, le seigneur des forêts

    Derrière son image familiale et écolo, le géant du meuble suédois, plus gros consommateur de bois au monde, révèle des pratiques bien peu scrupuleuses. Une investigation édifiante sur cette firme à l’appétit démesuré.

    C’est une des enseignes préférées des consommateurs, qui équipe depuis des générations cuisines, salons et chambres d’enfants du monde entier. Depuis sa création en 1943 par le visionnaire mais controversé Ingvar Kamprad, et au fil des innovations – meubles en kit, vente par correspondance, magasins en self-service… –, la petite entreprise a connu une croissance fulgurante, et a accompagné l’entrée de la Suède dans l’ère de la consommation de masse. Aujourd’hui, ce fleuron commercial, qui participe pleinement au rayonnement du pays à l’international, est devenu un mastodonte en expansion continue. Les chiffres donnent le tournis : 422 magasins dans cinquante pays ; près d’un milliard de clients ; 2 000 nouveaux articles au catalogue par an… et un exemplaire de son produit phare, la bibliothèque Billy, vendu toutes les cinq secondes. Mais le modèle Ikea a un coût. Pour poursuivre son développement exponentiel et vendre toujours plus de meubles à bas prix, le géant suédois dévore chaque année 20 millions de mètres cubes de bois, soit 1 % des réserves mondiales de ce matériau… Et si la firme vante un approvisionnement responsable et une gestion durable des forêts, la réalité derrière le discours se révèle autrement plus trouble.

    Greenwashing
    Pendant plus d’un an, les journalistes d’investigation Xavier Deleu (Épidémies, l’empreinte de l’homme) et Marianne Kerfriden ont remonté la chaîne de production d’Ikea aux quatre coins du globe. Des dernières forêts boréales suédoises aux plantations brésiliennes en passant par la campagne néo-zélandaise et les grands espaces de Pologne ou de Roumanie, le documentaire dévoile les liens entre la multinationale de l’ameublement et l’exploitation intensive et incontrôlée du bois. Il révèle comment la marque au logo jaune et bleu, souvent via des fournisseurs ou sous-traitants peu scrupuleux, contribue à la destruction de la biodiversité à travers la planète et alimente le trafic de bois. Comme en Roumanie, où Ikea possède 50 000 hectares de forêts, et où des activistes se mobilisent au péril de leur vie contre une mafia du bois endémique. Derrière la réussite de l’une des firmes les plus populaires au monde, cette enquête inédite éclaire l’incroyable expansion d’un prédateur discret devenu un champion du greenwashing.

    https://www.arte.tv/fr/videos/112297-000-A/ikea-le-seigneur-des-forets
    #film #film_documentaire #documentaire #enquête
    #greenwashing #green-washing #bois #multinationale #meubles #Pologne #Mazovie #Mardom_House #pins #Ingvar_Kamprad #délocalisation #société_de_consommation #consumérisme #résistance #justice #Fondation_Forêt_et_citoyens #Marta_Jagusztyn #Basses-Carpates #Carpates #coupes_abusives #exploitation #exploitation_forestière #consommation_de_masse #collection #fast-furniture #catalogue #mode #marketing #neuro-marketing #manipulation #sous-traitance #chaîne_d'approvisionnement #Sibérie #Russie #Ukraine #Roumanie #accaparement_de_terres #Agent_Green #trafic_de_bois #privatisation #Gabriel_Paun #pillage #érosion_du_sol #image #prix #impact_environnemental #FSC #certification #norme #identité_suédoise #modèle_suédois #nation_branding #Estonie #Lettonie #Lituanie #lobby #mafia_forestière #coupes_rases #Suède #monoculture #sylviculture #Sami #peuples_autochtones #plantation #extrême_droite #Brésil #Parcel_Reflorestadora #Artemobili #code_de_conduite #justice #responsabilité #abattage #Nouvelle-Zélande #neutralité_carbone #compensation_carbone #maori #crédits-carbone #colonisation

    • #fsc_watch

      This site has been developed by a group of people, FSC supporters and members among them, who are very concerned about the constant and serious erosion of the FSC’s reliability and thus credibility. The group includes Simon Counsell, one of the Founder Members of the FSC; Hermann Edelmann, working for a long term FSC member organisation; and Chris Lang, who has looked critically at several FSC certifications in Thailand, Laos, Brazil, USA, New Zealand, South Africa and Uganda – finding serious problems in each case.

      As with many other activists working on forests worldwide, we share the frustration that whilst the structural problems within the FSC system have been known for many years, the formal mechanisms of governance and control, including the elected Board, the General Assembly, and the Complaints Procedures have been highly ineffective in addressing these problems. The possibility of reforming – and thus ‘saving’ – the FSC through these mechanisms is, we feel, declining, as power within the FSC is increasingly captured by vested commercial interest.

      We feel that unless drastic action is taken, the FSC is doomed to failure. Part of the problem, in our analysis, is that too few FSC members are aware of the many profound problems within the organisation. The FSC Secretariat continues to pour out ‘good news stories’ about its ‘successes’, without acknowledging, for example, the numerous complaints against certificates and certifiers, the cancellation of certificates that should never have been awarded in the first place, the calls for FSC to cease certifying where there is no local agreement to do so, the walk-outs of FSC members from national processes because of their disillusionment with the role of the economic chamber, etc. etc. etc.

      There has been no honest evaluation of what is working and what is not what working in the FSC, and no open forum for discussing these issues. This website is an attempt to redress this imbalance. The site will also help people who are normally excluded from the FSC’s processes to express their views and concerns about the FSC’s activities.

      Please share your thoughts or information. Feel free to comment on our postings or send us any information that you consider valuable for the site.

      UPDATE (25 March 2010): A couple of people have requested that we explain why we are focussing on FSC rather than PEFC. Shortly after starting FSC-Watch we posted an article titled: FSC vs PEFC: Holy cows vs the Emperor’s new clothes. As this is somewhat buried in the archives, it’s reproduced in full here (if you want to discuss this, please click on the link to go to the original post):
      FSC vs PEFC: Holy cows vs the Emperor’s new clothes

      One of the reasons I am involved in this website is that I believe that many people are aware of serious problems with FSC, but don’t discuss them publicly because the alternative to FSC is even worse. The alternative, in this case is PEFC (Programme for the Endorsement of Forest Certification schemes) and all the other certification schemes (Cerflor, Certflor, the Australian Forestry Standard, the Malaysian Timber Certification Council and so on). One person has suggested that we should set up PEFC-Watch, in order “to be even-handed”.

      The trouble with this argument is that PEFC et al have no credibility. No NGOs, people’s organisations or indigenous peoples’ organisations were involved in setting them up. Why bother spending our time monitoring something that amounts to little more than a rubber stamp? I can just see the headlines: “Rubber stamp PEFC scheme rubber stamps another controversial logging operation!” Shock, horror. The Emperor is stark bollock naked, and it’s not just some little boy pointing this out – it’s plain for all to see, isn’t it?

      One way of countering all these other schemes would be to point out that FSC is better. But, if there are serious problems with FSC – which there are, and if we can see them, so can anyone else who cares to look – then the argument starts to look very shaky.

      FSC standards aren’t bad (apart from Principle 10, which really isn’t much use to anyone except the pulp and paper industry). They say lots of things we’d probably want forest management standards to say. The trouble is that the standards are not being applied in practice. Sure, campaign against PEFC, but if FSC becomes a Holy Cow which is immune to criticism (not least because all the criticism takes place behind closed doors), then we can hardly present it as an alternative, can we?…”

      By the way, anyone who thinks that PEFC and FSC are in opposition should read this interview with Heiko Liedeker (FSC’s Executive Director) and Ben Gunneberg (PEFC’s General Secretary). In particular this bit (I thought at first it must be a mix up between FSC and PEFC, or Liedeker and Gunneberg):

      Question: As a follow-up question, Heiko Liedeker, from your perspective, is there room ultimately for programs like the Australian Forestry Standard, Certfor and others to operate under the FSC umbrella?

      Heiko Liedeker: Absolutely. FSC was a scheme that was set-up to provide mutual recognition between national standard-setting initiatives. Every national initiative sets its standard. Some of them are called FSC working groups, some of them are called something else. In the UK they are called UKWAS. We’ve been in dialogue with Edwardo Morales at Certfor Chile. They are some of the FSC requirements listed for endorsement, we certainly entered into discussion. We’ve been in discussion with the Australian Forestry Standard and other standard-setting initiatives. What FSC does not do is, it has one global scheme for recognizing certification. So we do not, and that’s one of the many differences between FSC and PEFC, we do not require the development of a certification program as such. A standard-setting program is sufficient to participate in the network.

      https://fsc-watch.com

    • Complicit in destruction: new investigation reveals IKEA’s role in the decimation of Romania’s forests

      IKEA claims to be people and planet positive, yet it is complicit in the degradation and destruction of Romania’s forests. A new report by Agent Green and Bruno Manser Fonds documents this destruction and presents clear requests to the furniture giant.

      A new investigative report (https://www.bmf.ch/upload/Kampagnen/Ikea/AG_BMF_report_IKEA_web_EN.pdf) by Agent Green and Bruno Manser Fonds shows a consistent pattern of destructive logging in IKEA-linked forests in Romania, with massive consequences for nature and climate. The findings are based on an analysis of official documents and field investigations of nine forest areas in Romania. Seven of them are owned by the IKEA-related company Ingka Investments and two are public forests supplying factories that produce for IKEA. The analysis uncovers over 50 suspected law violations and bad forest management practices. Biodiversity rich forest areas cut to the ground, intensive commercial logging conducted in ecologically sensitive or even old-growth forests without environmental assessments, dozens of meters deep tractor roads cutting through the forest are just a few of the issues documented.

      Most of the visited forests are fully or partially overlapping with EU protected areas. Some of these forests were strictly protected or under low-intensity logging before Ingka took over. Now they are all managed to maximize wood extraction, with no regard to forest habitats and their vital role for species. Only 1.04% of the total Ingka property in Romania are under a strict protection regime and 8.24% under partial protection. This is totally insufficient to meet EU goals. The EU biodiversity strategy requires the protection of a minimum of 30% of EU land area, from which 10% need to be strictly protected. One key goal is to strictly protect all remaining primary and old-growth forests in the EU.

      At the press conference in Bucharest Gabriel Păun, President of Agent Green, stated: “IKEA/Ingka seem to manage their forests like agricultural crops. Letting trees grow old is not in their culture. Removing entire forests in a short period of time is a matter of urgency for IKEA, the tree hunter. The entity disregards both the written laws and the unwritten ways of nature. IKEA does not practice what they preach regardless of whether it is the European Union nature directives, Romanian national legislation, or the FSC forest certification standard. But as a company with revenues of billions of Euros and Romania’s largest private forest owner, IKEA / Ingka should be an example of best practice.”

      Ines Gavrilut, Eastern Europe Campaigner at the Bruno Manser Fonds, added: “It is high time that IKEA started to apply its declared sustainability goals. IKEA could do so much good if it really wanted to set a good example as a forest owner, administrator, and large wood consumer in Romania and beyond. Needs could also be covered without resorting to destructive logging, without converting natural forests into plantations – but this requires tackling difficult issues such as the core of IKEA’s business model of “fast furniture”. Wood products should not be for fast consumption but should be made to last for decades.”

      Agent Green and Bruno Manser Fonds urge IKEA and the Ingka Group to get a grip on their forest operations in Romania to better control logging companies, not to source wood from national or natural parks, to effectively increase protection and apply forestry close to nature in own forests, to ensure full traceability and transparency of the IKEA supply chain, and allow independent forest oversight by civil society and investigative journalists.

      In August 2021, Agent Green published its first report documenting destruction in IKEA-linked forests in Romania. In May 2023, Agent Green and Bruno Manser Fonds sent an open letter of concern to the Ingka Group and IKEA Switzerland. BMF also started a petition demanding IKEA to stop deforestation in Romania’s protected forest areas and other high conservation value forests.

      The ARTE documentary IKEA, the tree hunter brilliantly tells the story of the real cost of IKEA furniture, the uncontrolled exploitation of wood and human labour.

      https://bmf.ch/en/news/neue-untersuchung-belegt-ikeas-beteiligung-an-der-waldzerstorung-in-rumanien-256

      #rapport

  • Italie : le Conseil des ministres approuve l’accord avec l’Albanie sur l’externalisation des demandes d’asile - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/53713/italie--le-conseil-des-ministres-approuve-laccord-avec-lalbanie-sur-le

    Italie : le Conseil des ministres approuve l’accord avec l’Albanie sur l’externalisation des demandes d’asile
    Par Marlène Panara Publié le : 06/12/2023
    Signé par Rome et Tirana le 6 novembre dernier, le texte sur la délocalisation d’une partie des demandeurs d’asile a été confirmé mardi par le Conseil des ministres italien. Le décret atteste que les migrants secourus en mer Méditerranée par les autorités italiennes dans les eaux extra-européennes - ou eaux internationales - pourront être emmenés directement en Albanie.
    Des migrants secourus par les garde-côtes italiens bientôt en Albanie. Mardi 5 décembre, le Conseil des ministres a approuvé l’accord de collaboration entre Rome et Tirana pour l’accueil d’une partie des demandeurs d’asile dans ce pays non membre de l’Union européenne. Avec ce décret, annoncé le 6 novembre dernier par la Première ministre italienne Giorgia Meloni et son homologue Edi Rama, l’Albanie prévoit de prendre en charge jusqu’à 3 000 demandeurs d’asile en même temps, soit environ 36 000 personnes par an, d’après les prévisions des autorités.
    Mardi, quelques précisions ont été apportées quant à la mise en application de cette mesure. Ainsi, seuls les migrants secourus par les autorités italiennes en dehors des eaux territoriales européennes pourront être transférés vers l’Albanie et ses deux centres spécifiques - à Shengjin, pour l’identification, et à Gjader pour le traitement de la demande d’asile. Une spécificité qui permet ainsi à l’Italie de ne pas entrer « en conflit avec les règles du droit européen [qui interdit l’externalisation des demandes d’asile, ndlr] qui ne s’appliquent évidemment que sur le territoire ou dans les eaux européennes », explique La Repubblica. « Si le sauvetage a lieu dans les eaux internationales, le droit d’asile communautaire ne s’applique pas et l’Italie a le droit d’emmener ces personnes vers un autre pays », précise aussi l’agence de presse italienne Ansa, citant une source à Bruxelles.
    Avec ce traité, les migrants récupérés en mer ne débarqueront pas en Italie, ne fouleront pas son sol. Ils seront directement emmenés vers les ports albanais. Rome contourne ainsi la responsabilité légale d’accueil qui lui incombe lorsqu’un demandeur d’asile est secouru sur son territoire, maritime en l’occurrence. Au lendemain de la signature de l’accord le 6 novembre, le Haut-commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR) avait d’ailleurs rappelé à l’ordre l’Italie sur ce point. « La responsabilité première de l’évaluation des demandes d’asile et de l’octroi de la protection internationale incombe à l’État où le demandeur d’asile arrive », avait tancé l’institution onusienne. Cet accord obligera donc, aussi, les garde-côtes italiens « à s’éloigner beaucoup plus des côtes nationales pour les opérations de sauvetage, ce qui ne s’était pas produit depuis de nombreuses années », souligne la Repubblica.
    Le décret détaille également le fonctionnement interne des futurs centres, où la durée de rétention ne devra pas excéder 18 mois. Dans les structures albanaises, les migrants ne pourront échanger avec leur avocat seulement « à distance, par visioconférence », depuis le centre de Gjader. En cas de recours, l’audience avec les magistrats de Rome - tribunal compétent pour la gestion des centres - se déroulera de la même manière. « Le respect de tous les droits prévus par la réglementation générale (italienne et européenne) en la matière » seront garantis, assure le communiqué publié à l’issue du Conseil des ministres. En cas de problème juridique ou sanitaire, le transfert des exilés dans des centres en Italie ne sera possible qu’à titre « exceptionnel ». Dans la grande majorité des cas, l’entièreté des procédures se déroulera sur le sol albanais.
    Le centre de Shengjin sera construit sur un périmètre d’environ 240 mètres, et sera entouré d’une clôture de 4 mètres de haut, rehaussée de barbelés. Celui de Gjader, destiné à vérifier les conditions de protection internationale et de rapatriement des migrants, sera construit sur une superficie constructible de 77 700 mètres carrés. À l’heure actuelle, il n’existe à cet endroit qu’une dizaine de « bâtiments vétustes ». Des fonctionnaires, juges, médecins et infirmiers italiens seront aussi embauchés pour faire fonctionner les centres. Au total, 135 profils sont recherchés par les autorités.
    Coût total de l’opération ? Environ 200 millions d’euros. La moitié sera allouée en 2024, puis 50 millions d’euros seront versés chaque année, pendant quatre ans. « Cette somme sera bien dépensée, pour lutter contre l’immigration irrégulière », a assuré le ministre italien des Affaires étrangères Antonio Tajani à l’issue du Conseil des ministres. Pour Matteo Mauri, du Parti démocrate, cet argent est au contraire « littéralement jeté à la poubelle ». L’opposant dénonce « une pure opération de propagande de la part d’un gouvernement qui doit faire face à l’échec de sa gestion de l’immigration ». « Faire en Albanie ce qui devrait être fait en Italie ne résoudra aucun problème ni aucun coût », a-t-il fustigé. Dès son officialisation il y a trois semaines, cette collaboration avait essuyé de nombreuses critiques. « Il s’agit d’un accord de refoulement, une pratique interdite par les normes européennes et internationales et pour laquelle l’Italie a déjà été condamnée par la Cour européenne des droits de l’Homme », avait déploré Elisa de Pieri d’Amnesty international qui évoquait un accord « illégal, et irréalisable ». L’ONG allemande de sauvetage en mer Méditerranée Sea-Watch évoquait de son côté « une manœuvre inhumaine et populiste sans fondement juridique ». « Avec cette nouvelle absurdité, le gouvernement tente une fois de plus de se soustraire à ses responsabilités en matière d’asile. Les migrants, privés de leurs droits, sont toujours ceux qui en paient les conséquences », déploraient les humanitaires sur leur compte X (ex-Twitter).
    Le député et secrétaire du parti d’opposition Più Europa, Riccardo Magi, avait déclaré, lui, : « On crée une sorte de Guantanamo italien, en dehors de toute norme internationale, en dehors de l’UE, sans la possibilité de contrôler la détention des personnes enfermées dans ces centres ». Cette année, plus de 152 000 migrants ont débarqué en Italie, contre 96 624 pour toute l’année 2022. En réponse, Rome multiplie les mesures pour dissuader les exilés de venir sur son sol. Le 28 novembre, les députés ont validé le décret Cutro 2, qui durcit les conditions d’accueil des migrants. Parmi les mesures les plus polémiques : celle qui autorise l’hébergement des mineurs de moins de 16 ans dans des centres pour adultes. Alors même que l’Italie a été épinglée plusieurs fois par la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) à indemniser des migrants mineurs, hébergés dans des centres pour adultes. Début septembre par exemple, la CEDH a condamné l’Italie pour « traitements inhumains et dégradants » à l’égard d’une migrante mineure ghanéenne. Cette dernière a été hébergée huit mois dans un centre pour adultes en Italie, malgré la reconnaissance de sa minorité. Victime d’abus sexuels dans son pays d’origine et en Libye, M.A. avait passé huit mois dans la structure, totalement inadaptée à sa vulnérabilité.

    #Covid-19#migration#migrant#italie#albanie#CEDH#delocalisation#asile#protection#rapatriement#vulnerabilite#droit#sante#mineur

  • #Vidéo sur l’#externalisation des #politiques_migratoires européennes

    Migreurop documente depuis sa création l’externalisation des politiques migratoires européennes. Ces politiques d’externalisation ont pour objectif de tenir les exilé·e·s au plus loin de l’espace européen en sous-traitant la gestion des mouvements migratoires aux pays dits « tiers » (d’origine ou de transit), quelles qu’en soient les conséquences sur les droits des personnes migrantes. Par le biais d’un #marchandage, l’UE et ses États membres se déchargent ainsi sur des pays non-membres des obligations qui leur incombent en vertu des conventions internationales qu’ils ont ratifiées.

    L’externalisation fonctionne selon quatre principes :

    - #Délocalisation : Les pays européens délocalisent le #contrôle_frontalier et exportent leurs politiques migratoires répressives dans des États dits « tiers » qui ne sont pas soumis aux mêmes lois et obligations en matière de respect des droits des personnes. Ils déplacent ainsi de fait les frontières européennes au-delà du territoire européen.

    - #Sous-traitance : L’UE délègue le contrôle migratoire à des États non-membres, transformés en garde-frontières d’une Union européenne qu’ils aspirent à rejoindre (comme les pays des Balkans) ou dont ils sont en partie dépendants (comme le Maroc, le Niger ou la Turquie).

    #Privatisation : Les États délèguent également de nombreuses prérogatives à des acteurs privés, comme les #compagnies_aériennes qui deviennent elles aussi garde-frontières, tandis que les demandes de #visas sont gérées par des sociétés privées, tout comme la #sécurité dans les camps d’exilés.

    - #Déresponsabilisation : En externalisant leurs politiques migratoires dans des pays non-signataires des principaux textes internationaux de protection des personnes migrant·e·s et réfugié·e·s, l’UE et les États européens contournent le droit. Ils cherchent à invisibiliser les violations des droits des personnes migrantes et fuient leurs #responsabilités.

    L’externalisation bafoue en toute impunité les droits des personnes exilées et met leurs vies en péril. Elle n’empêche pas les migrations, mais les rend plus dangereuses. Stop à l’externalisation et à l’#impunité des États !

    https://vimeo.com/838312263

    #migrations #asile #réfugiés #frontières #externalisation_des_frontières #droits_humains #refoulements #principe_de_non-refoulement #marchandage #droits_fondamentaux #responsabilité #ressources_pédagogiques

  • La « mondialisation » de l’économie
    https://www.lutte-ouvriere.org/documents/archives/cercle-leon-trotsky/article/la-mondialisation-de-l-economie
    #conférenceLO du 14 mars 1997

    Sommaire :

    De la guerre à la crise (1945-1975)
    – La remise en route de l’économie...
    – ...sous l’égide des États-Unis
    – Le mythe des « Trente glorieuses »
    – Les origines du marché commun
    – La crise monétaire, une des formes de la crise du système capitaliste

    Crise économique internationale et « mondialisation »
    – Le commerce international est-il plus « mondialisé » ?
    – Les entraves au développement du commerce international
    – Le cas des impérialismes européens
    – Les problèmes monétaires de l’#Union européenne
    – L’Union européenne : une construction fragile basée sur des rapports de force
    – Le #commerce_international : réglementé et inégal

    L’hypertrophie des marchés financiers
    – L’endettement des États à l’origine de la croissance des marchés financiers
    – Qu’est-ce que le #PIB ?
    – Les États déréglementent les marchés financiers
    – La #spéculation sur les emprunts d’État
    – La spéculation sur les actions
    – La spéculation sur les « produits dérivés »
    – La spéculation monétaire
    – Les profits spéculatifs détournent les capitaux de la production
    – Un marché monétaire international mais instable

    Concurrence étrangère, délocalisations : ne pas se tromper d’ennemi
    – Les #délocalisations sont-elles responsables du chômage ?
    – Bas salaires et investissements
    – Les capitaux se concentrent dans les pays riches
    – La croissance des #multinationales
    – Les #capitaux ne développent pas la planète, ils la pillent

    La « mondialisation » de la misère
    – Les inégalités s’accroissent
    – La #pauvreté se répand même dans les pays riches
    #Capitalisme et mondialisation
    – La base internationale du développement capitaliste
    – Le capitalisme a transformé le monde

    L’impérialisme, « stade suprême du #capitalisme » depuis un siècle
    – La dictature du capitalisme financier
    – Le monde entier partagé
    – L’#impérialisme n’a pas supprimé les contradictions du système, bien au contraire
    – Une première guerre mondiale pour le repartage du monde
    – Les bases objectives de la corruption du #mouvement_ouvrier...
    – ... et le pourrissement de toute la société

    L’impérialisme, un danger mortel pour l’humanité
    – La #crise_de_1929
    – Le #fascisme et la #guerre
    – La responsabilité des dirigeants socialistes et staliniens
    – L’humanité a payé cher le maintien du capitalisme au XXe siècle...
    – ... et paiera plus cher encore au XXIe siècle s’il se perpétue

    Nationalisme contre #mondialisation : un piège mortel pour les travailleurs
    – Le « #social-chauvinisme » du #PCF

    La mondialisation au service de l’humanité, c’est la société communiste
    – Mettre fin au capitalisme...
    – ... en mettant l’économie au service de tous
    – Seul le prolétariat en est capable

    #stalinisme #social-démocratie #réformisme #communisme_révolutionnaire

  • “Suissitude”. La barre #Toblerone contrainte d’effacer le #Cervin de son emballage

    Puisque le fabricant américain délocalise la #production de sa barre chocolatée en #Slovaquie, la législation helvète l’oblige à retirer de son emballage le dessin de la montagne emblématique du paysage suisse.

    https://www.courrierinternational.com/article/la-barre-toblerone-contrainte-d-effacer-le-cervin-de-son-emba
    #montagne #symbole #chocolat #délocalisation #montagne

    ping @cede

  • Face aux ravages de la mondialisation capitaliste, l’impasse du souverainisme. Deux textes :

    La « #démondialisation » et le protectionnisme, entre #démagogie cocardière et ineptie économique | #archiveLO (10  janvier 2012)

    https://mensuel.lutte-ouvriere.org/documents/archives/la-revue-lutte-de-classe/serie-actuelle-1993/article/la-demondialisation-et-le

    – La #mondialisation, un phénomène ancien et irréversible
    #Protectionnisme et surenchère patriotarde
    – Le #mouvement_ouvrier contre le protectionnisme

    Face aux ravages de la mondialisation capitaliste, l’impasse du souverainisme | #archiveLO (2 juin 2016)

    https://www.lutte-ouvriere.org/publications/brochures/face-aux-ravages-de-la-mondialisation-capitaliste-limpasse-du-souver

    – La mondialisation consubstantielle au capitalisme
    – Une mondialisation précoce
    – Une #exploitation mondialisée
    – La formation du #prolétariat international
    – Des États nationaux au service de la bourgeoisie
    – L’impérialisme, un stade « suprême » en décomposition…
    – D’une #guerre mondiale à l’autre
    – L’intervention des États au service de la bourgeoisie
    – La dérégulation financière, conséquence de la crise
    – Les multinationales et le #libre-échange généralisé
    – Les États, instruments privilégiés de leurs firmes
    – Le #Tafta et autres accords de libre échange
    – Les #délocalisations… et leurs limites
    – La mondialisation de l’exploitation
    – Une socialisation toujours plus grande de la production
    – L’impasse des idées souverainistes et protectionnistes
    – L’#Union_européenne, bouc-émissaire de tous les souverainistes
    – Renouer avec les perspectives communistes et l’#internationalisme_prolétarien

    #marxisme #nationalisme #obscurantisme #souverainisme #PCF #stalinisme #LFI #Mélenchon #internationalisme #communisme

    • Vous dites n’importe quoi, et avec un aplomb malfaisant qui sidère.

      LO est une organisation ouvrière. Sur ses 9000 membres militants, un petit pourcentage de travailleurs de l’éducation nationale et une énorme majorité de travailleurs d’industrie, d’administration, des hôpitaux, des transports publics, etc.

      Amusez-vous (si vous pouvez dédier un moment à l’honnêteté intellectuelle) à éplucher nos listes électorales aux législatives, aux régionales et aux municipales.

      Tout ceci, naturellement, n’ayant aucun rapport avec l’objet du post d’origine…

    • Je ne dis pas n’importe quoi.

      Lors de ta prochaine réunion en comité restreint étant donné votre audience, tu pourras te vanter de m’avoir mis en cause.

      Pour ton information, je suis l’immonde nationiste qui :
      – A interviewé la caissière d’auchan Tourcoing qui avait fait une fausse couche sur son lieu de travail, suite aux ordres de son management.
      – A diffusé cet interview à toute la presse, ce qui lui a pris la journée de la veille de noël, ainsi que sa soirée de cette journée.
      Ce fait divers a ainsi pu avoir une audience nationale pour ne pas dire plus.
      Tout cela en étant salarié chez les mulliez avec le risque de valser à la porte, mais ce que ces milliardaires avaient fait dépassait l’acceptable.
      Ca leur a couté des millions d’euros en contre publicité.

      C’est pas tous les jours que des blogueurs attitrés sur seenthis, puisque tes publications ont le rare privilège d’être en page d’accueil, peuvent se vanter de truc pareils.
      Tu comprendras donc que tu ne m’impressionnes aucunement.

      Au fait, pour ce qui est de la mondialisation, les idées que tu prônes ressemblent étrangement à celles de Monsieur Gérard Mulliez mon ancien patron et de sa famille, une des plus riche de France grâce à la mondialisation.

      Point à aborder aussi lors de ta prochaine réunion en comité restreint.

      Un peu de lecture afin d’élargir ton horizon : https://www.solidaire.org

      Eux, c’est des vrais !

      Le malfaisant, c’est toi @recriweb .
      J’avais oublié de préciser. Ceci n’est pas une insulte, mais une réponse

    • « Les idées que tu prônes ressemblent étrangement à celles de Monsieur Gérard Mulliez. » Oui, car comme chacun sait, Gérard Mulliez est communiste révolutionnaire (marxiste, léniniste et trotskiste) et a dédié sa vie à la révolution mondiale qui abattra le capitalisme…

      Quant au PTB, nourri au maoïsme et au stalinisme, c’est aujourd’hui un « vrai » parti de gouvernement. Je comprends mieux vos aspirations nationalistes…

      Merci pour votre réponse, qui est très éloquente.

  • McKinsey, le cabinet du capitalisme toxique Jean-François Lisée

    On sort franchement sonnés de la lecture de When McKinsey Comes to Town (Quand McKinsey arrive en ville), le récent livre de deux journalistes du New York Times , Walt Bogdanich et Michael Forsythe, sur ce qu’ils désignent comme « le cabinet-conseil le plus influent au monde ». On ne doute pas que la compagnie, fondée il y a bientôt 100 ans et employant 38 000 personnes dans 65 pays, ait offert d’excellents conseils à des centaines de clients. Des conseils payants, en tout cas, McKinsey affirmant que, pour chaque dollar lui étant versé, ses clients en ont économisé dix en gain d’efficacité. Et puisqu’elle a touché, en 2021, 15 milliards $US en revenus, faites le calcul.

    Mais parmi ses conseils, on en trouve qui ont fait davantage que d’optimiser l’organisation de telle entreprise ou de tel ministère. McKinsey a lancé, ou amplifié, l’évolution récente du capitalisme.

    Fabricant d’inégalités. En 1950, le p.-d.g. d’une très grande entreprise empochait 20 fois le salaire d’un de ses employés. General Motors demanda à McKinsey de se pencher sur la rémunération des patrons. Surprise ! Le cabinet trouva qu’ils étaient outrageusement sous-payés, puis il répéta la même chose à tous les patrons intéressés. L’écart est passé depuis à 350 fois le salaire moyen. En liant la rémunération des patrons à la valeur de l’action, McKinsey les a incités à délaisser la stabilité et la planification à long terme pour se concentrer sur le court terme. De plus, McKinsey a enseigné aux entreprises que les mises à pied, justifiées ou non, provoquaient généralement une hausse de la valeur de l’action, donc de leur rémunération.

    Accélérateurs de délocalisation. À partir des années 1980, McKinsey proposa à un nombre croissant d’entreprises de délocaliser leur production en Asie, particulièrement en Chine. Cette tendance aurait eu lieu sans elle, mais elle en fut l’un des plus persistants promoteurs.

    Décourager la loyauté. Embauché par Walmart pour réduire ses coûts, McKinsey a repéré le problème : les « associés » restant longtemps à l’emploi du détaillant gagnent davantage. Solution : réduire le nombre de salariés à temps plein et augmenter ceux à temps partiel pour assurer un plus grand roulement et des salaires plus bas.

    Maintenir le flot de nicotine. Une fois les entreprises de tabac privées de publicité dans les années 1990, McKinsey leur conseilla « l’approche en entonnoir » visant à familiariser les jeunes à une marque de tabac, en particulier les Afro-Américains, alors même qu’elle avisait la Food and Drug Administration sur la meilleure façon de combattre le tabagisme.

    Mettre la vente d’opioïdes sur le turbo. Dans une de ses pages les plus noires, McKinsey a dû verser 640 millions $US en dommages pour avoir aidé la pharmaceutique Purdue à « turbocharger » (le terme est de McKinsey) sa vente d’opioïdes. Exemple : lorsque la chaîne de pharmacies Walgreens, inquiète des nombreuses surdoses, refusait de vendre plus qu’un certain nombre de comprimés à un client, McKinsey suggérait de contacter ce dernier pour qu’il s’approvisionne en ligne. L’épidémie d’opioïdes fut, et est toujours, plus tragique dans les villes dévitalisées, celles-là mêmes où les emplois manufacturiers ont été délocalisés, souvent à la suggestion de McKinsey.

    Flouer les assurés. Pourquoi la compagnie d’assurances Allstate a-t-elle été prête à payer pendant des mois une amende quotidienne de 25 000 $ plutôt que de livrer à un juge copie des recommandations de McKinsey ? Parce que le cabinet lui avait conseillé de régler, vite et au rabais, 90 % des réclamations, mais de se battre sans relâche pour ne rien donner aux 10 % des clients qui embauchaient un avocat. Allstate a ainsi réduit de 20 % ses dépenses en réclamations, et le salaire de ses patrons a bondi de 1260 %. McKinsey revendit sa méthode à plusieurs autres assureurs.

    Préparer la crise de 2008. McKinsey fut le plus grand promoteur des nouveaux instruments financiers dont l’écrasement a provoqué la crise de 2008. Il s’agissait de convertir des emprunts en « titres » que le prêteur pouvait vendre sur les marchés. On pouvait ensuite acheter une assurance, au cas où le titre perdrait sa valeur, ce qui, disait McKinsey et d’autres, était extrêmement improbable. L’écroulement de ce château de cartes a plongé le monde en récession, poussant, selon l’ONU, 200 millions de travailleurs dans la pauvreté.

    Aider la Chine à devenir dominante. Avec sa stratégie « Made in China 2025 », la Chine de Xi Jinping souhaite dominer les nouvelles industries et devancer les États-Unis et l’Europe. McKinsey a produit au moins dix rapports pour soutenir cet effort, que le gouvernement Biden juge « nocif ». Le cabinet a conseillé 26 de la centaine de compagnies jugées stratégiques par le pouvoir chinois devenant omniprésent, au point que l’État chinois a interdit à sa presse de continuer à mentionner sa présence. McKinsey fut aussi impliqué dans le développement des « cités intelligentes » chinoises, qui suivent à la trace chaque citoyen. La technologie fut d’abord déployée pour mettre sous surveillance la population ouïghoure, victime d’une tentative de génocide culturel.

    Aider les Saoudiens à traquer les dissidents. En 2018, McKinsey mena une opération de recensement des avis critiques d’influenceurs saoudiens pour le compte du pouvoir. La firme identifia un Montréalais, Omar Abdulaziz. Des parents restés en Arabie saoudite furent emprisonnés, Abdulaziz dut se cacher, de peur d’être kidnappé. Il craint que l’opération n’ait aidé à découvrir une personne avec qui il était alors en contact : Jamal Khashoggi, dépecé peu après par des sbires du régime.

    Joseph Stiglitz, Prix Nobel d’économie, résume ainsi l’oeuvre de McKinsey : le cabinet « optimise la cupidité des entreprises » en étant le concepteur, puis le supercontaminateur, des pires pratiques du capitalisme actuel.

    Source : https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/779151/chronique-le-cabinet-du-capitalisme-toxique

    #McKinsey #capitalisme #cupidité #inégalités #délocalisation #tabac #opioïdes #crise #Chine #expertise #consultants #consultance #consulting #privatisation #cabinets_de_conseil 

    • Dans la vidéo - Sennheiser MD 421
      https://en.wikipedia.org/wiki/Sennheiser_MD_421


      Lors de son succès la jeune chanteuse utilisait un de mes microphones préférés. Il est surtout connu pour le peu de feedback indésirable en comparaison avec la plupart des autres microphones quand il est utilisé sur scène.

      The Sennheiser MD 421 is a German cardioid dynamic microphone, widely used for speech in broadcasting and for music in live concerts and the recording studio. Introduced in 1960, the internal large-diaphragm transducer element of the MD 421 is still produced unchanged by Sennheiser. The MD 421 is considered a classic, an industry standard. More than 500,000 units have been sold.

      Sennheiser MD 421-II - Recording Microphone - Broadcasting Applications
      https://en-us.sennheiser.com/recording-microphone-broadcasting-applications-md-421-ii

      The MD 421 II continues the tradition of the MD 421, which has been one of Sennheiser’s most popular dynamic mics for over 35 years. The large diaphragm, dynamic element handles high sound pressure levels, making it a natural for recording guitars and drums. The MD 421’s full-bodied cardioid pattern and five-position bass control make it an excellent choice for most instruments, as well as group vocals or radio broadcast announcers. One listen and you’ll know why it’s a classic.


      A propos du dernier modèle 421 II on apprend dans Wikipedia

      MD 421 II introduced in 2002. Essentially the same as MD 421-U but manufactured with more economical processes.

      Sennheiser
      https://de.wikipedia.org/wiki/Sennheiser#Geschichte

      Il semble que la qualité des microphones Sennheiser ne soit plus aussi exceptionnelle qu’avant, mais c’est peut-être en partie dû à l’episode de #délocalisation. C’était un échec et depuis l’entreprise fabrique sa gamme pro exclusivement en Allemagne. L’autre raison est la concurrence grandissante. Aujourd’hui on trouve des microphones de très bonne qualité moins cher que chez Sennheiser, alors la marque aussi est contrainte de rendre sa production plus efficace en réalisant des économies sur les matériaux.

      Bereits Anfang der 1990er Jahre versuchte das Unternehmen, Teile der Produktion von Funkmikrofonen nach Shanghai zu verlagern. Aufgrund von Qualitätsmängeln, Transportschäden und illegaler Nachbauten der Produkte durch die Partnerunternehmen brachte Sennheiser die Produktion wieder zurück nach Deutschland.

      La gamme consumer par contre n’a plus rien à faire avec le producteur allemend qui a vendu le nom à une entreprise suisse.

      Mit Wirkung zum 1. März 2022 verkaufte Sennheiser seine Sparte Consumer Electronics mit Kopfhörern für Endverbraucher sowie Soundbars für 200 Millionen Euro an den schweizerischen Hörgerätehersteller Sonova und zog sich damit aus dem Endverbrauchergeschäft zurück. Sennheiser konzentriert sich nun auf das Geschäft mit professionellen Mikrofonen und Studiotechnik, darunter professionelle Kopfhörer. Sonova erhielt eine unbefristete Lizenz zur Nutzung der Marke Sennheiser. Rund 600 Mitarbeiter wechselten im Rahmen des Verkaufs zu Sonova.

      #microphones #technologie #mondialisation

  • Non, l’automatisation ne fera pas disparaître le travail. Entretien avec J. S. Carbonell – CONTRETEMPS
    https://www.contretemps.eu/automatisation-travail-machines-industrie-entretien-carbonell

    David Broder – Votre travail résiste à l’idée que nous assistons à un « grand remplacement technologique » du travail humain. Pourquoi ? Et qu’est-ce que les caisses automatiques nous apprennent à ce sujet ?

    Juan Sebastián Carbonell – D’abord, parce que c’est faux ; le remplacement technologique n’a pas lieu. Je prends l’exemple des caisses automatiques, car il y a eu une controverse en France au début des années 2000. La CFDT (Confédération française démocratique du travail) a fait campagne contre elles, en disant qu’elles allaient remplacer les caissières des supermarchés. Les syndicats sont parfois eux-mêmes victimes de cette illusion : la mythologie capitaliste du « grand remplacement » du travail par les machines. Pourtant, vingt ans après leur introduction, les caisses automatiques ne sont présentes que dans 57% des supermarchés en France, et là où elles sont présentes, elles s’ajoutent, et ne remplacent pas, les caisses conventionnelles avec des caissières humaines. Elles ne sont pas non plus toujours aussi automatiques : il y a toujours des caissiers pour surveiller et aider les clients, même si leurs tâches ont changé.

    Le livre tente donc de remettre en question ce sens commun. Pour moi, le problème de la transformation du travail aujourd’hui n’est pas tant que les nouvelles technologies pourraient éventuellement remplacer les travailleur.euse.s, mais qu’elles sont utilisées pour dégrader les conditions de travail, faire stagner les salaires et mettre en place une flexibilisation majeure du temps de travail.

    #travail #salariat #automatisation #machines #capitalisme #délocalisations #livre

  • https://www.lesechos.fr/industrie-services/conso-distribution/les-penuries-de-produits-commencent-a-gagner-les-magasins-1344406#utm_sourc

    Dans les enseignes de meubles ou de bricolage, le désordre de la reprise mondiale conjugué à la course aux conteneurs génère de plus en plus de ruptures de stocks. Les professionnels ne paniquent pas, mais ils estiment que le phénomène durera encore une année et qu’il tirera les prix à la hausse.

    Le chapô de cet article (sous #paywall) ayant aiguisé ma curiosité, j’ai trouvé quelques éléments d’analyse sur ce site professionnel :

    - concernant le début de 2021 : https://www.container-z.com/fr/blog-1/la-course-aux-gros-navires-arrive-t-elle-a-sa-fin

    - perspectives pour fin 2021 et 2022 : https://www.container-z.com/fr/actualites/penurie-de-containers-covid19-comment-se-profile-cette-fin-d-annee

    #pandémie #délocalisation #mondialisation #trafic_maritime #marchandise #pénurie

  • La Face cachée des #énergies_vertes

    Voitures électriques, éoliennes, panneaux solaires… La transition énergétique laisse entrevoir la promesse d’un monde plus prospère et pacifique, enfin libéré du pétrole, de la pollution et des pénuries. Mais cette thèse officielle s’avère être un mythe : en nous libérant des combustibles fossiles, nous nous préparons à une nouvelle dépendance à l’égard des métaux rares. De graves problèmes écologiques et économiques pour l’approvisionnement de ces ressources stratégiques ont déjà commencé. Et si le « monde vert » qui nous attend se révélait être un nouveau cauchemar ?

    http://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/61421_1

    #film #film_documentaire #documentaire

    #COP21 #COP_21 #transition_énergétique #technologie #technologies_vertes #voiture_électrique #énergies_propres #extractivisme #mines #green-washing #greenwashing #délocalisation_de_la_pollution #pétrole #métaux_rares #néodyme #cobalt #graphite #lithium #photovoltaïque #énergie_solaire #énergie_éolienne #éolienne #solaire #dépendance #RDC #République_démocratique_du_Congo #Australie #Chili #Bolivie #Indonésie #Chine #industrie_minière #Mongolie #Terres_rares #eaux_usées #radioactivité #réfugiés_des_technologies_vertes #eau #IDPs #déplacés_internes #cuivre #santé #Chuquicamata #cancer #Aliro_Boladas #centrales_à_charbon #modèle_économique_extractiviste #énergies_renouvelables #engie #Norvège #charbon #hypocrisie #green_tech #zéro_émissions #changement_climatique #Jean-Louis_Borloo #ADEME #Renault #bornes_électriques #Rapport_Syrota #Jean_Sirota #BYD #EDF #Photowatt #Péchiney_métallurgie #magnésium #nationalisme_des_ressources #Bolivie #recyclage #déchets #décharges_sauvages #Neocomp #fausse_transition #sobriété #progrès_technologique #décroissance #énergies_renouvelables

    –-

    déjà signalé par @odilon sur seenthis :
    https://seenthis.net/messages/888273

    • « La face positive des énergies vertes »

      Le documentaire « La face cachée des énergies vertes » est passé fin novembre sur Arte. Truffé d’erreurs et d’arguments partisans, allant jusqu’à comparer le problème des pales d’éoliennes, soit disant non recyclables, à celui posé par les déchets nucléaires !

      Autre exemple : ce documentaire assène que les énergies vertes et que les batteries nécessitent obligatoirement l’utilisation de terres rares. Ce n’est pourtant pas du tout l’avis de l’Ademe. D’autre part, le photovoltaïque n’utilise jamais de terres rares. Et pour l’éolien et les voitures électriques, leur utilisation dans les moteurs à aimants permanents permet de gagner en performances, mais cet usage n’est ni systématique, ni indispensable.

      Cet article présente :

      – La quinzaine d’erreurs grossières parmi les très nombreuses qui émaillent ce documentaire.
      – Le cercle vertueux du photovoltaïque et de l’éolien : plus on en installe, plus on réduit les émissions de gaz carbonique.
      – Que nos voitures contiennent davantage de terres rares que les voitures électriques sans moteurs à aimants permanents.
      – Pour qui roule le journaliste Guillaume Pitron, à l’origine de ce documentaire.

      En se fondant sur les avis qui se colportent, principalement sur la production des terres rares utilisées dans les énergies vertes, Guillaume Pitron, qui a enquêté dans une douzaine de pays, nous fait visiter quelques sites d’exploitation qui portent atteinte à l’environnement et à la santé des travailleurs.

      Hélas ce documentaire est gâché autant par sa partialité, que par de très nombreuses erreurs grossières.

      https://www.passerelleco.info/article.php?id_article=2390
      https://seenthis.net/messages/894307

    • Geologic and anthropogenic sources of contamination in settled dust of a historic mining port city in northern Chile: health risk implications

      Chile is the leading producer of copper worldwide and its richest mineral deposits are found in the Antofagasta Region of northern Chile. Mining activities have significantly increased income and employment in the region; however, there has been little assessment of the resulting environmental impacts to residents. The port of Antofagasta, located 1,430 km north of Santiago, the capital of Chile, functioned as mineral stockpile until 1998 and has served as a copper concentrate stockpile since 2014. Samples were collected in 2014 and 2016 that show elevated concentrations of As, Cu, Pb, and Zn in street dust and in residents’ blood (Pb) and urine (As) samples. To interpret and analyze the spatial variability and likely sources of contamination, existent data of basement rocks and soil geochemistry in the city as well as public-domain airborne dust were studied. Additionally, a bioaccessibility assay of airborne dust was conducted and the chemical daily intake and hazard index were calculated to provide a preliminary health risk assessment in the vicinity of the port. The main conclusions indicate that the concentrations of Ba, Co, Cr, Mn, Ni, and V recorded from Antofagasta dust likely originate from intrusive, volcanic, metamorphic rocks, dikes, or soil within the city. However, the elevated concentrations of As, Cd, Cu, Mo, Pb, and Zn do not originate from these geologic outcrops, and are thus considered anthropogenic contaminants. The average concentrations of As, Cu, and Zn are possibly the highest in recorded street dust worldwide at 239, 10,821, and 11,869 mg kg−1, respectively. Furthermore, the contaminants As, Pb, and Cu exhibit the highest bioaccessibilities and preliminary health risk indices show that As and Cu contribute to elevated health risks in exposed children and adults chronically exposed to dust in Antofagasta, whereas Pb is considered harmful at any concentration. Therefore, an increased environmental awareness and greater protective measures are necessary in Antofagasta and possibly other similar mining port cities in developing countries.

      https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5922233

      #santé #mines

    • L’association #Vernunftkraft

      Aufgeklärte und deshalb zu Recht besorgte Bürger dieses Landes (https://www.vernunftkraft.de/bundesinitiative) erkennen hinsichtlich der Rationalität energiepolitischer Entscheidungen nicht hinnehmbare Defizite.

      Die Zerstörung von Wäldern zwecks Ansiedlung von volkswirtschaftlich sinnlosen Windindustrieanlagen ist dabei die Spitze des Eisbergs.

      Zentrale Elemente der gegenwärtigen Energiepolitik sind extrem unvernünftig.

      Daher möchten wir der Vernunft Kraft geben.
      https://www.vernunftkraft.de

    • La guerre des métaux rares. La face cachée de la transition énergétique et numérique

      En nous émancipant des énergies fossiles, nous sombrons en réalité dans une nouvelle dépendance : celle aux métaux rares. Graphite, cobalt, indium, platinoïdes, tungstène, terres rares… ces ressources sont devenues indispensables à notre nouvelle société écologique (voitures électriques, éoliennes, panneaux solaires) et numérique (elles se nichent dans nos smartphones, nos ordinateurs, tablettes et autre objets connectés de notre quotidien). Or les coûts environnementaux, économiques et géopolitiques de cette dépendance pourraient se révéler encore plus dramatiques que ceux qui nous lient au pétrole.

      Dès lors, c’est une contre-histoire de la transition énergétique que ce livre raconte – le récit clandestin d’une odyssée technologique qui a tant promis, et les coulisses d’une quête généreuse, ambitieuse, qui a jusqu’à maintenant charrié des périls aussi colossaux que ceux qu’elle s’était donné pour mission de résoudre.

      http://www.editionslesliensquiliberent.fr/livre-La_guerre_des_m%C3%A9taux_rares-9791020905741-1-1-

      #livre #Guillaume_Pitron

    • Rapport ADEME 2012 :

      Énergie et patrimoine communal : enquête 2012

      L’enquête « Énergie et patrimoine communal » est menée tous les cinq ans depuis 1990. Elle porte sur les consommations d’énergie et les dépenses payées directement par les communes sur trois cibles principales : le patrimoine bâti, l’éclairage public et les carburants des véhicules.

      https://www.ademe.fr/energie-patrimoine-communal-enquete-2012

      –—

      Rapport ADEME 2015 :


      Scénarios 2030-2050 : une vision énergétique volontariste

      Quel mix énergétique pour les années 2030-2050 ? L’ADEME actualise son scénario Énergie Climat et propose des mesures pour contribuer à la déclinaison du plan CLIMAT.

      Les objectifs ambitieux du Plan Climat lancé par Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, confirment la stratégie volontariste de la France pour la transition énergétique. Dans le contexte actuel de mise à jour de la Stratégie nationale bas carbone (SNBC) et de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), l’actualisation du scénario énergie-climat de l’ADEME vient contribuer aux réflexions pour mettre en oeuvre ces objectifs.

      Cette contribution est double : d’une part, l’actualisation des « Visions énergétiques » de l’ADEME, qui souligne l’enjeu que représente l’atteinte des objectifs ambitieux inscrits dans la loi, et d’autre part, l’étude « Propositions de mesures de politiques publiques pour un scénario bas carbone », qui propose une liste de mesures concrètes à mettre en oeuvre.

      https://www.ademe.fr/recherche-innovation/construire-visions-prospectives/scenarios-2030-2050-vision-energetique-volontariste

    • En #Géorgie, la révolte de la “capitale du #manganèse” contre une exploitation hors de contrôle

      Le développement de technologies comme les voitures électriques a fait grimper la demande de manganèse. À #Tchiatoura, où cette ressource est abondante, on en paie les conséquences : excavations à tout-va, paysage saccagé, maisons qui s’effondrent, et main-d’œuvre mal payée.

      La grogne sociale monte depuis 2019 dans le district de Tchiatoura, ancienne “capitale” soviétique de la production de manganèse. Depuis trois mois, 3 500 mineurs sont en #grève pour réclamer la hausse de leurs salaires (qui ne dépassent pas 250 euros) et une meilleure assurance maladie. À la mi-mai, quelques mineurs du village de #Choukrouti, près de Tchiatoura, se sont cousus la bouche et ont entamé une #grève_de_la_faim, rapporte le site géorgien Ambebi.

      Face au silence des autorités locales et nationales, depuis le 31 mai, dix familles font un sit-in devant l’ambassade des États-Unis (la puissance occidentale la plus influente en Géorgie), à Tbilissi, la capitale. “Les gens réclament des compensations pour leur maison et demandent l’aide des diplomates étrangers”, pour rappeler à l’ordre la compagnie privée #Georgian_Manganese, filiale géorgienne de la société britannique #Stemcor, explique le site Ekho Kavkaza.

      Les habitants protestent contre les dégâts écologiques, économiques et culturels causés par une extraction intensive à ciel ouvert du manganèse. Utilisé dans la fabrication de l’acier, la demande pour ce métal est en forte croissance, notamment pour les besoins de l’industrie des véhicules électriques, des piles, des batteries et circuits électroniques.

      #paywall

      https://www.courrierinternational.com/article/degats-en-georgie-la-revolte-de-la-capitale-du-manganese-cont

    • En #Géorgie, la révolte de la “capitale du #manganèse” contre une exploitation hors de contrôle

      Le développement de technologies comme les voitures électriques a fait grimper la demande de manganèse. À #Tchiatoura, où cette ressource est abondante, on en paie les conséquences : excavations à tout-va, paysage saccagé, maisons qui s’effondrent, et main-d’œuvre mal payée.

      La grogne sociale monte depuis 2019 dans le district de Tchiatoura, ancienne “capitale” soviétique de la production de manganèse. Depuis trois mois, 3 500 mineurs sont en #grève pour réclamer la hausse de leurs salaires (qui ne dépassent pas 250 euros) et une meilleure assurance maladie. À la mi-mai, quelques mineurs du village de #Choukrouti, près de Tchiatoura, se sont cousus la bouche et ont entamé une #grève_de_la_faim, rapporte le site géorgien Ambebi.

      Face au silence des autorités locales et nationales, depuis le 31 mai, dix familles font un sit-in devant l’ambassade des États-Unis (la puissance occidentale la plus influente en Géorgie), à Tbilissi, la capitale. “Les gens réclament des compensations pour leur maison et demandent l’aide des diplomates étrangers”, pour rappeler à l’ordre la compagnie privée #Georgian_Manganese, filiale géorgienne de la société britannique #Stemcor, explique le site Ekho Kavkaza.

      Les habitants protestent contre les dégâts écologiques, économiques et culturels causés par une extraction intensive à ciel ouvert du manganèse. Utilisé dans la fabrication de l’acier, la demande pour ce métal est en forte croissance, notamment pour les besoins de l’industrie des véhicules électriques, des piles, des batteries et circuits électroniques.

      #paywall

      https://www.courrierinternational.com/article/degats-en-georgie-la-revolte-de-la-capitale-du-manganese-cont

  • #Entreprises_offshores : le transfert ponctuel de personnel, une alternative à l’expatriation

    Dans le contexte de #délocalisation, les difficultés de #transfert_de_connaissances proviennent non seulement de la #distance géographique et des problèmes de #communication, mais aussi de ceux reliés à la #culture et aux différences de #fuseaux_horaires qui rendent plus difficiles l’interaction des équipes onshores et offshores.

    Il existe de nombreuses façons différentes de gérer et de transférer les connaissances d’une organisation à une autre. Cependant, même avec de bons programmes de formation, des employés hautement qualifiés et expérimentés, les entreprises doivent développer des processus appropriés afin de transférer les connaissances entre les membres des deux partis.

    C’est pourquoi les entreprises comptent sur le transfert physique de #personnel, consistant soit à envoyer un expatrié vers son #centre_offshore, soit à envoyer du personnel offshore vers le siège.

    Dans ce contexte, nous avons exploré, dans une étude à paraître, comment une grande entreprise du secteur financier transférait ses connaissances, à travers le transfert physique de personnel. Nous avons mené une étude de cas approfondie d’une entreprise basée en Belgique, et ayant une implantation offshore en Pologne. Au total, 51 entretiens ont été menés sur les deux sites.

    Dès l’arrivée des nouveaux employés recrutés au sein du centre offshore, ceux-ci sont immédiatement envoyés au siège en Belgique. Ils y suivent un programme de formation intensif leur permettant d’acquérir toutes les connaissances nécessaires afin d’exécuter leurs tâches correctement une fois retournés dans le centre offshore en Pologne.

    « Sous un angle différent »

    Outre le transfert de connaissances sur le poste, le transfert de personnel vers le siège a également aidé ces derniers à développer des relations de travail plus étroites avec les employés du siège. Ce transfert de connaissances relationnelles donne une approche en termes de mentalité : comment faire les choses, comment collaborer, communiquer avec vos collègues en Belgique ?

    Comme en témoigne un employé dans notre étude :

    « Désormais, si les employés offshores ont une question, ils appelleront immédiatement quelqu’un en Belgique. Le comportement est différent, car maintenant ils connaissent personnellement les collègues belges. Ils savent aussi qui sait quoi en Belgique ».

    De plus, le fait de passer du temps avec les employés offshores au siège a aidé le personnel en Belgique à comprendre les habitudes et les valeurs de leurs homologues polonais. Un interviewé en témoigne :

    « La culture, les coutumes polonaises, la façon de travailler en Pologne… Je sensibilise mes collègues belges sur ces caractéristiques de façon plus directe ».

    Encore plus pertinent, les personnes interviewées pour cette étude ont également partagé avec nous le fait que :

    « Les employés offshore nous font réaliser des choses. […] Ils sont nouveaux, ils regardent les choses sous un angle différent. Nous (le personnel du siège) faisons les choses comme nous l’avons toujours fait ici en Belgique. […] Après un certain temps, ils (les employés offshores) sont encouragés à générer des idées sur la manière dont le processus peut être amélioré ou à proposer de nouvelles méthodes de travail ».

    Ce programme de transfert des employés offshores vers le siège a donc fortement encouragé les transferts de connaissances dans les deux sens, entre le siège et son centre offshore.

    Processus dynamique

    À la suite du programme, l’entreprise a lancé un autre programme de transfert physique de personnel au cours duquel un certain nombre d’employés du siège ont passé trois mois dans le centre offshore en Pologne en tant qu’expatriés à court terme, juste après le séjour de plusieurs mois des employés offshores au siège.

    Ces « #expatriés_à_court_terme » ont pu expliquer une fois de plus ce qui n’était pas entièrement compris par les employés offshores à leur retour en Pologne :

    « Nous (les expatriés) questionnons les employés offshores chaque jour. Face à un problème, je peux par exemple demander “peux-tu m’expliquer pourquoi tu fais comme ça”. Certains vont me répondre “parce qu’on m’a dit de le faire”. Et plus vous les poussez, mieux vous définissez les causes profondes du problème qui, une fois identifiées, permettent d’envisager de nouvelles solutions. C’est vraiment notre rôle (de l’expatrié à court terme) ».

    Les données recueillies montrent également que les expatriés à court terme sont essentiels pour transférer les connaissances de la Pologne vers le siège. Un interviewé en témoigne :

    « Il est vrai qu’en Belgique, si les gens sont là depuis plus de 20 ans pour faire la même tâche, ils ne remettront pas en cause le processus, ou très rarement. Maintenant, nous avons des gens (employés offshores) qui parfois détectent des pistes d’amélioration des procédures. Un nouveau venu polonais peut parfaitement contribuer activement à changer les méthodes de travail ».

    Dans cette étude, nous avons souligné que différents types de connaissances nécessitaient différentes pratiques de transfert de connaissances, soutenues par des formes diverses de transfert de personnel, afin que les membres de l’équipe offshore acquièrent les connaissances requises.

    En résumé, les résultats de l’étude soulignent que la création, la distribution et le partage des connaissances étant un processus dynamique, il nécessite une interaction intensive et continue. Il ressort de nos travaux de recherche que les entreprises devraient envisager un large éventail de types de transfert de personnel pour faciliter le transfert de connaissances depuis et vers le siège.

    Nous montrons que le recours à des #missions_internationales_bidirectionnelles plus courtes, en plus de l’expatriation à long terme, n’est pas seulement un moyen de compenser les inconvénients bien connus de l’#expatriation à long terme (par exemple lié aux coûts de l’opération, et aux difficultés d’adaptation des expatriés à leur nouvel environnement), mais constitue aussi un moyen de faciliter le transfert de différents types de connaissances entre les deux parties, et à des moments différents. De plus, cette étude démontre que diverses formes de transfert de personnel sont utilisées de façon complémentaire pour transférer différents types de connaissances.

    https://theconversation.com/entreprises-offshores-le-transfert-ponctuel-de-personnel-une-altern

    #migrations #offshore

    –-

    Et un nouveau terme :
    #expatrié_à_court_terme qui font des #missions_internationales_bidirectionnelles...

    #mots #terminologie #vocabulaire

    –-> ajouté à la métaliste sur la terminologie de la migration :
    https://seenthis.net/messages/414225

  • Vers un #tournant_rural en #France ?

    En France, la seconde moitié du XXe siècle marque une accélération : c’est durant cette période que la population urbaine progresse le plus fortement pour devenir bien plus importante que la population rurale. À l’équilibre jusqu’à l’après-guerre, la part des urbains explose durant les « trente glorieuses » (1945-1973).

    Dans les analyses de l’occupation humaine du territoire national, l’#exode_rural – ce phénomène qui désigne l’abandon des campagnes au profit des centres urbains – a marqué l’histoire de France et de ses territoires. En témoigne nombre de récits et d’études, à l’image des travaux de Pierre Merlin dans les années 1970 et, plus proches de nous, ceux de Bertrand Hervieu.

    Ce long déclin des campagnes est documenté, pointé, par moment combattu. Mais depuis 1975, et surtout après 1990, des phénomènes migratoires nouveaux marquent un renversement. Le #rural redevient accueillant. La #périurbanisation, puis la #rurbanisation ont enclenché le processus.

    La période actuelle marquée par un contexte sanitaire inédit questionne encore plus largement. N’assisterait-on pas à un #renversement_spatial ? La crise en cours semble en tous cas accélérer le phénomène et faire émerger une « #transition_rurale ».

    Si cette hypothèse peut être débattue au niveau démographique, politique, économique et culturel, elle nous pousse surtout à faire émerger un nouveau référentiel d’analyse, non plus pensé depuis l’#urbanité, mais depuis la #ruralité.


    https://twitter.com/afpfr/status/1078546339133353989

    De l’exode rural…

    Dans la mythologie moderne française, l’exode rural a une place reconnue. Les #campagnes, qui accueillent jusque dans les années 1930 une majorité de Français, apparaissent comme le réservoir de main-d’œuvre dont l’industrie, majoritairement présente dans les villes a alors cruellement besoin. Il faut ainsi se rappeler qu’à cette époque, la pluriactivité est répandue et que les manufactures ne font pas toujours le plein à l’heure de l’embauche en période de travaux dans les champs.

    Il faudra attendre l’après-Seconde Guerre mondiale, alors que le mouvement se généralise, pour que la sociologie rurale s’en empare et prenne la mesure sociale des conséquences, jusqu’à proclamer, en 1967 avec #Henri_Mendras, « la #fin_des_paysans ».

    L’#urbanisation constitue le pendant de ce phénomène et structure depuis la géographie nationale. Dans ce contexte, la concentration des populations à l’œuvre avait déjà alerté, comme en témoigne le retentissement de l’ouvrage de Jean‑François Gravier Paris et le désert français (1947). Quelques années plus tard, une politique d’#aménagement_du_territoire redistributive sera impulsée ; elle propose une #délocalisation volontaire des emplois de l’#Ile-de-France vers la « #province », mais sans véritablement peser sur l’avenir des campagnes. Le temps était alors surtout aux métropoles d’équilibre et aux grands aménagements (ville nouvelle – TGV – création portuaire).

    https://www.youtube.com/watch?v=JEC0rgDjpeE&feature=emb_logo

    Pour la France des campagnes, l’exode rural se traduisit par un déplacement massif de population, mais aussi, et surtout, par une perte d’#identité_culturelle et une remise en cause de ses fondements et de ses #valeurs.

    Le virage de la #modernité, avec sa recherche de rationalité, de productivité et d’efficacité, ne fut pas négocié de la même manière. Les campagnes reculées, où se pratique une agriculture peu mécanisable, subirent de plein fouet le « progrès » ; tandis que d’autres milieux agricoles du centre et de l’ouest de la France s’en tirèrent mieux. L’#exploitant_agricole remplace désormais le #paysan ; des industries de transformation, notamment agroalimentaires, émergent. Mais globalement, le rural quitta sa dominante agricole et avec elle ses spécificités. La campagne, c’était la ville en moins bien.

    Ce référentiel, subi par les populations « restantes », structurait la #vision_nationale et avec elle les logiques d’action de l’État. Cette histoire se poursuivit, comme en témoignent les politiques actuelles de soutien à la #métropolisation, heureusement questionnées par quelques-uns.

    … à l’exode urbain !

    Le recensement de 1975 marque un basculement. Pour la première fois, la population rurale se stabilise et des migrations de la ville vers ses #périphéries sont à l’œuvre.

    Le mouvement qualifié de « périurbanisation » puis de « rurbanisation » marquait une continuité, toujours relative et fixée par rapport à la ville. La « périurbanisation » exprimait les migrations en périphéries, un desserrement urbain. La « rurbanisation », la généralisation du mode de vie urbain, même loin d’elle. Le processus n’est pas homogène et il explique pour une grande part la #fragmentation contemporaine de l’#espace_rural en y conférant des fonctions résidentielles ou récréatives, sur fond d’emplois agricoles devenus minoritaires. Ainsi, la banlieue lyonnaise, l’arrière-pays vauclusien et la campagne picarde offrent différents visages de la ruralité contemporaine.

    Parallèlement, dans les territoires les plus délaissés (en Ardèche, dans l’Ariège, dans les Alpes-de-Haute-Provence par exemple), un « #retour_à_la_terre » s’opère. Si le grand public connaît ces nouveaux résidents sous l’appellation de « #néo-ruraux », des moments successifs peuvent être distingués.

    La chercheuse Catherine Rouvière s’intéressa à ce phénomène en Ardèche ; elle le décrypte en 5 moments.

    Les premiers, avec les « #hippies » (1969-1973), marquèrent culturellement le mouvement, mais peu l’espace, à l’inverse des « néo-ruraux proprement dits » (1975-1985) qui réussirent plus largement leur installation. Plus tard, les « #travailleurs_à_la_campagne » (1985-1995) furent les premiers à faire le choix d’exercer leur métier ailleurs qu’en ville. Enfin, les politiques néolibérales engagèrent dans ce mouvement les « personnes fragiles fuyant la ville » (1995-2005) et mirent en action les « #altermondialistes » (2005-2010). Le départ de la ville est donc ancien.

    https://www.youtube.com/watch?v=NcOiHbvsoA0&feature=emb_logo

    Jean‑Paul Guérin, voit déjà en 1983 dans ce phénomène d’exode urbain une opportunité pour les territoires déshérités de retrouver une élite. Ce qu’on qualifie aujourd’hui d’émigration massive avait ainsi été repéré depuis près de 30 ans, même si l’Insee l’a toujours méthodiquement minoré.

    Vers une transition rurale ?

    Présenter ainsi l’histoire contemporaine des migrations françaises de manière symétrique et binaire est pourtant trompeur.

    Tout comme l’exode rural est à nuancer, l’exode urbain engagé il y a des décennies mérite de l’être aussi. Les relations ville-campagne sont bien connues, la ruralité se décline dorénavant au pluriel et de nouveaux équilibres sont souvent recherchés. Malgré cela, la période actuelle nous oblige à poser un regard différent sur cette histoire géographique au long cours. La crise de la #Covid-19 marque une accélération des mouvements.

    Aujourd’hui, quelques auteurs s’interrogent et proposent des ajustements. En appelant à une Plouc Pride, une marche des fiertés des campagnes, Valérie Jousseaume nous invite ainsi collectivement à nous questionner sur la nouvelle place de la ruralité.

    https://www.youtube.com/watch?v=agAuOcgcOUQ&feature=emb_logo

    Et si, au fond, cette tendance témoignait d’un basculement, d’une transition, d’un tournant rural, démographique, mais aussi et surtout culturel ?

    La période rend en effet visible « des #exilés_de_l’urbain » qui s’inscrivent clairement dans un autre référentiel de valeurs, dans la continuité de ce qui fut appelé les migrations d’agrément. Celles-ci, repérées initialement en Amérique du Nord dans les années 1980 puis en France dans les années 2000, fonctionnent sur une logique de rapprochement des individus à leurs lieux de loisirs et non plus de travail.

    L’enjeu pour ces personnes consiste à renoncer à la ville et non plus de continuer à en dépendre. Dans la ruralité, de nombreux territoires conscients de ce changement tentent de s’affirmer, comme la Bretagne ou le Pays basque.

    Pourtant ils versent souvent, à l’image des métropoles, dans les politiques classiques de #compétitivité et d’#attractivité (#marketing_territorial, politique culturelle, territoire écologique, créatif, innovant visant à attirer entrepreneurs urbains et classes supérieures) et peu s’autorisent des politiques non conventionnelles. Ce phénomène mimétique nous semble d’autant plus risqué que dès 1978, Michel Marié et Jean Viard nous alertaient en affirmant que « les villes n’ont pas les concepts qu’il faut pour penser le monde rural ». Mais alors, comment penser depuis la ruralité ?

    https://www.youtube.com/watch?v=YOEyqkK2hTQ&feature=emb_logo

    Il s’agit d’ouvrir un autre référentiel qui pourrait à son tour servir à relire les dynamiques contemporaines. Le référentiel urbain moderne a construit un monde essentiellement social, prédictif et rangé. Ses formes spatiales correspondent à des zonages, des voies de circulation rapides et de l’empilement. Ici, l’#artificialité se conjugue avec la #densité.

    Le rural accueille, en coprésence, une diversité de réalités. Ainsi, la #naturalité se vit dans la #proximité. Ce phénomène n’est pas exclusif aux territoires peu denses, la naturalisation des villes est d’ailleurs largement engagée. Mais l’enjeu de l’intégration de nouveaux habitants dans le rural est d’autant plus fort, qu’en plus de toucher la vie des communautés locales, il se doit de concerner ici plus encore qu’ailleurs les milieux écologiques.

    Le trait n’est plus alors celui qui sépare (la #frontière), mais devient celui qui fait #lien (la #connexion). La carte, objet du géographe, doit aussi s’adapter à ce nouvel horizon. Et la période qui s’ouvre accélère tous ces questionnements !

    L’histoire de la civilisation humaine est née dans les campagnes, premiers lieux défrichés pour faire exister le monde. La ville n’est venue que plus tard. Son efficacité a par contre repoussé la limite jusqu’à dissoudre la campagne prise entre urbanité diffuse et espace naturel. Mais face aux changements en cours, à un nouvel âge de la #dispersion, la question qui se pose apparaît de plus en plus : pour quoi a-t-on encore besoin des villes ?

    https://theconversation.com/vers-un-tournant-rural-en-france-151490
    #villes #campagne #démographie #coronavirus #pandémie

    –—

    ajouté à la métaliste « #géographie (et notamment #géographie_politique) et #coronavirus » :
    https://seenthis.net/messages/852722

  • Les secrets d’une puissance invisible

    Derrière une propagande bien rôdée, la #Suisse fait partie des grandes nations impérialistes de ce monde. L’historien #Sébastien_Guex expose les stratégies mises en place pour parvenir à déployer un impérialisme helvétique « masqué ou feutré », ainsi que les dégâts, inhérents à une politique capitaliste, que ce modèle a causé et continue de causer.

    Proportionnellement à sa taille, mais aussi dans l’absolu, la Suisse fait partie des principales puissances impérialistes du monde depuis longtemps. J’y reviendrai. Mais il n’existe guère en Suisse, y compris au sein du mouvement ouvrier ou de la gauche, de conscience directe de ce phénomène. Plusieurs raisons contribuent à l’absence de cette conscience.

    Tout d’abord, la Suisse n’a jamais eu de véritables colonies et n’a donc pas été directement engagée dans la manifestation la plus claire du colonialisme ou de l’impérialisme, c’est-à-dire la guerre coloniale ou la guerre impérialiste.

    Au contraire, la bourgeoisie industrielle et bancaire suisse s’est depuis très longtemps avancée de manière masquée : derrière la neutralité politique, c’est-à-dire avançant dans l’ombre des grandes puissances coloniales et impérialistes (Grande-Bretagne, France, Allemagne, Etats-Unis) ; masquée aussi derrière un discours propagandiste omniprésent essayant et réussissant souvent à faire passer la Suisse pour le pays de la politique humanitaire, à travers la Croix-Rouge, les Bons offices, la philanthropie, etc. ; enfin, masquée par un discours, complémentaire au précédent, que j’ai appelé la « rhétorique de la petitesse » 1, présentant toujours la Suisse comme un David s’affrontant à des Goliath, un petit Etat faible et inoffensif.2

    Pour ces différentes raisons, certains auteurs ont caractérisé l’impérialisme suisse d’impérialisme secondaire. Mais l’expression me semble mal choisie, car elle entretient l’idée que l’impérialisme suisse serait de peu de poids, marginal, bref, beaucoup moins important que l’impérialisme des autres pays. Or la Suisse est une importante puissance impérialiste. Je préfère donc l’expression d’impérialisme masqué ou feutré.

    Au cœur des impérialismes européens

    Depuis des siècles, le capitalisme suisse est au cœur du développement du capitalisme européen. Au XVIe siècle déjà, les grands marchands et banquiers de Genève, Bâle, Zurich, sont au cœur des réseaux internationaux de circulation des marchandises et des crédits. Dès le XVIIe siècle, et surtout au XVIIIe, jusqu’au milieu du XIXe siècle, les milieux capitalistes bâlois, genevois, neuchâtelois, saint-gallois, zurichois, bernois, etc., participent de manière dense à cette immense opération d’exploitation et d’oppression du reste du monde par le capitalisme ouest et sud-européen en plein essor, soit le commerce triangulaire. L’origine de la fortune de la grande famille bourgeoise des de Pury, l’un des inspirateurs du fameux Livre blanc de 1993, vient de l’exploitation de centaines d’esclaves importés de force d’Afrique vers d’immenses domaines agricoles en Amérique.

    En 1900, la Suisse est le pays qui compte le plus de multinationales au monde par milliers d’habitants. Nestlé est probablement la multinationale la plus internationalisée au monde, c’est-à-dire qui compte le plus de filiales à l’étranger. Mais de l’autre côté, les milieux industriels et bancaires suisses sont entravés dans la course à la colonisation du monde par un gros obstacle : ils ne disposent que d’une puissance militaire relativement faible, et surtout, ils n’ont pas d’accès direct aux océans, à la différence de la Hollande ou de la Belgique, pays comparables dont le débouché sur la mer leur a permis de se lancer dans la conquête coloniale.

    Durant la période qui va de la guerre franco-prussienne de 1870 aux débuts de la Première Guerre mondiale, les cercles dirigeants de la Suisse rêvent d’un agrandissement territorial de la Confédération, soit du côté italien soit du côté français, qui leur donnerait accès à la mer (Gênes ou Toulon). En 1914 et 1915 par exemple, ils envisagent sérieusement d’abandonner la neutralité et d’entrer en guerre aux côtés de l’impérialisme allemand dans l’espoir d’obtenir, en cas de victoire, une part du butin, c’est-à-dire un couloir vers la Méditerranée, accompagné de quelques colonies en Afrique.3 Mais ils jugent finalement l’aventure trop risquée, sur le plan intérieur et extérieur, et choisissent de poursuivre dans la voie de la neutralité. Ce choix se révélera rapidement extrêmement payant, puisqu’il permettra aux industriels et banquiers helvétiques de faire de formidables affaires avec les deux camps belligérants.
    Dans l’ombre des puissants

    C’est cette position particulière qui va marquer les formes et aussi le contenu de l’impérialisme suisse depuis la fin du XIXe siècle jusqu’à aujourd’hui : comme la grande bourgeoisie industrielle et bancaire helvétique ne peut pas miser sur l’atout militaire, elle va apprendre et devenir virtuose dans l’art de jouer sur les contradictions entre grandes puissances impérialistes afin d’avancer ses propres pions. Dans ce sens, elle utilise de manière combinée deux atouts :

    - La politique de neutralité, alliée à celle des Bons offices et à la politique humanitaire (Croix-Rouge, etc.) permettent à l’impérialisme suisse de ne pas apparaître comme tel aux yeux de très larges pans de la population mondiale, ce qui lui confère une forte légitimité. Elles lui permettent aussi d’être fréquemment choisie pour jouer les arbitres ou les intermédiaires entre les grandes puissances impérialistes. Camille Barrère, Ambassadeur de France à Berne de 1894 à 1897, avait déjà compris cette stratégie lorsqu’il écrivait : « La marine de la Suisse, c’est l’arbitrage ».4
    – La bourgeoisie industrielle et bancaire suisse est capable d’offrir une série de services spécifiques (secret bancaire, fiscalité plus que complaisante, extrême faiblesse des droits sociaux, etc.), dont les classes dominantes des grandes puissances impérialistes ont fortement besoin, mais qu’elles peuvent difficilement garantir dans leur propre pays, généralement pour des raisons politiques internes. L’impérialisme helvétique ne leur apparaissant pas comme un rival trop dangereux, en raison de sa faiblesse militaire notamment, ces puissances accepteront que le pays s’installe et se spécialise durablement dans plusieurs niches hautement profitables (celle de paradis fiscal et de place financière internationale, en particulier).

    Les exemples qui illustrent la manière et la précocité avec laquelle la bourgeoisie suisse a su avancer ses propres intérêts dans le sillage des grandes puissances impérialistes, en jouant au besoin sur leurs contradictions, sont nombreux. Prenons-en deux :

    - Dès 1828, des Missionnaires bâlois, rapidement suivis par les commerçants d’une société, la Basler Handelsgesellschaft, fondée par le cœur de l’oligarchie bâloise (les familles Burckhardt, Merian, Iselin, Ehinger, Vischer), s’installent sur la côte de l’actuel Ghana. Ils vont jouer un rôle décisif dans la colonisation de cette région par la Grande-Bretagne. Dans les années 1860, ils entreprennent dans ce sens un véritable travail de lobbying, couronné de succès, auprès du Parlement anglais et ils participeront directement à la longue guerre coloniale menée par l’Angleterre contre le Royaume Achanti.5
    - En récompense, les négociants bâlois verront leurs affaires facilitées dans le Ghana placé sous tutelle britannique, de telle sorte que la Basler Handelsgesellschaft devient au début du XXesiècle l’une des plus grandes sociétés au monde d’exportation de cacao (le taux de profit net qu’elle dégage au Ghana atteint 25% en moyenne annuelle entre 1890 et 1910). Une anecdote permet à elle seule de mesurer l’influence acquise dans le pays par les négociants suisses et de montrer à quel point ils le considèrent comme leur pré carré. En mars 1957, le Ghana est la première colonie européenne d’Afrique à conquérir son indépendance. L’événement est historique. Cela n’empêche pas, quatre mois plus tard, lors de la fête organisée par les expatriés helvétiques pour le 1er août 1957, l’orateur suisse de conclure son discours devant des centaines d’invités par ces mots : « Vive le canton suisse Ghana ! ».6
    – Mais en parallèle à la carte anglaise, le capitalisme helvétique sait aussi jouer de la carte allemande ou française. Les Suisses vont même jouer un rôle de premier plan dans la politique coloniale allemande en Afrique, ce qui leur permettra, en retour, de disposer de la bienveillance des autorités coloniales et de développer de florissantes affaires.

    La stratégie évoquée ci-dessus s’est révélée particulièrement efficace, de sorte que la Suisse s’est transformée, au cours du XXe siècle, en une puissance impérialiste de moyenne importance, voire même, dans certains domaines, de tout premier plan. En voici deux illustrations :

    – Les multinationales suisses appartiennent au tout petit nombre des sociétés qui dominent le monde dans une série de branches, que ce soit dans la machinerie industrielle (ABB : 2erang mondial), de la pharmacie (Roche : 2e rang ; Novartis : 4e rang), du ciment et des matériaux de construction (LafargeHolcim : 1er rang), de l’agroalimentaire (Nestlé : 1er rang), de l’horlogerie (Swatch : 1er rang), de la production et de la commercialisation de matières premières (Glencore : 1er rang ; Vitol : 2e rang), de l’assurance (Zurich : 10e rang) ou encore de la réassurance (Swiss Re : 2e rang).
    – Dès la Première Guerre mondiale, la Suisse est également devenue une place financière internationale de premier plan, qui est aujourd’hui la quatrième ou cinquième plus importante au monde. Mais sur le plan financier, l’impérialisme helvétique présente à nouveau une spécificité. Les banques suisses occupent en effet une position particulière dans la division du travail entre centres financiers : elles sont le lieu de refuge de prédilection de l’argent des capitalistes et des riches de la planète entière et se sont donc spécialisées dans les opérations liées à la gestion de fortune.

    Exploitation massive

    Reste à souligner un dernier aspect, très important, de l’impérialisme suisse. Le rapport impérialiste ne consiste pas seulement à aller, comme cela a été dit plus haut, vers la main-d’œuvre taillable et corvéable à merci des pays pauvres. Il consiste aussi à faire venir sur place des travailleur-ses étranger-ères dans des conditions telles qu’ils et elles peuvent être exploité-e-s à peu près aussi férocement. Dans ce domaine également, le patronat helvétique s’est distingué en important massivement une main-d’œuvre immigrée, fortement discriminée par un savant système de permis de séjour axé sur le maintien de la plus grande précarité et par l’absence de droits politiques. Bref, il s’est distingué par l’ampleur de la politique de « délocalisation sur place », selon l’expression parlante d’Emmanuel Terray, qu’il a menée depuis très longtemps. Dès la fin du XIXe siècle, les travailleur-ses étranger-ères en Suisse représentent plus de 10% de la population (16% en 1913). Aujourd’hui, ils/elles constituent environ 25% de la population résidant en Suisse, soit plus de deux millions de personnes, la plupart salariées et n’ayant pas le droit vote fédéral, auxquelles il faut rajouter environ 200 000 travailleur-ses clandestin-e-s exploité-e-s.

    Notes
    1. ↑ Sébastien Guex, « De la Suisse comme petit Etat faible : jalons pour sortir d’une image en trompe-l’œil », in S. Guex (éd.), La Suisse et les Grandes puissances 1914-1945, Genève, Droz, 1999, p. 12.
    2. ↑ Cf. par exemple Documents diplomatiques suisses, vol. 6, pp. 146-148, 166-167 et 240-243.
    3. ↑ Lire Hans-Ulrich Jost, « Le Sonderfall, un mythe bien pratique », Moins ! n°49.
    4. ↑ Cité dans Jean-Claude Allain, « La politique helvétique de la France au début du XXe siècle (1899-1912) », in R. Poidevin, L.-E. Roulet (Dir.), Aspects des rapports entre la France et la Suisse de 1843 à 1939, Neuchâtel, La Baconnière, 1982, p. 99.
    5. ↑ Sébastien Guex, « Le négoce suisse en Afrique subsaharienne : le cas de la Société Union Trading Company (1859-1918) », in H. Bonin, M. Cahen (Dir.), Négoce blanc en Afrique noire, Bordeaux, Société française d’histoire d’outre-mer, 2001, p. 237.
    6. ↑ H. W. Debrunner, Schweizer im kolonialen Afrika, Basel, Basler Afrika Bibliographien, 1991, p. 19.

    https://lecourrier.ch/2020/12/06/les-secrets-dune-puissance-invisible

    #colonialisme #colonialisme_sans_colonies #impérialisme #capitalisme #guerres_coloniales #guerres_impérialistes #bourgeoisie_industrielle #bourgeoisie_bancaire #neutralité #discours #propagande #rhétorique_de_la_petitesse #impérialisme_secondaire #impérialisme_masqué #impérialisme_feutré #banquiers #banques #commerce_triangulaire #histoire #esclavage #de_Pury #multinationales #accès_à_la_mer #industrie #Bons_offices #humanitaire #politique_humanitaire #légitimité #arbitrage #paradis_fiscal #Basler_Handelsgesellschaft #Burckhardt #Merian #Iselin #Ehinger #Vischer #Ghana #Afrique #lobbying #Royaume_Achanti #cacao #finance #délocalisation_sur_place #Pury #Neuchâtel

    ping @cede

    • Intéressant le lien que l’auteur fait entre l’impérialisme suisse dans l’histoire et l’#exploitation des #travailleurs_étrangers sans droits politiques voire sans papiers plus contemporaine :

      Reste à souligner un dernier aspect, très important, de l’impérialisme suisse. Le rapport impérialiste ne consiste pas seulement à aller, comme cela a été dit plus haut, vers la main-d’œuvre taillable et corvéable à merci des pays pauvres. Il consiste aussi à faire venir sur place des travailleur-ses étranger-ères dans des conditions telles qu’ils et elles peuvent être exploité-e-s à peu près aussi férocement. Dans ce domaine également, le patronat helvétique s’est distingué en important massivement une main-d’œuvre immigrée, fortement discriminée par un savant système de permis de séjour axé sur le maintien de la plus grande précarité et par l’absence de droits politiques. Bref, il s’est distingué par l’ampleur de la politique de « délocalisation sur place », selon l’expression parlante d’Emmanuel Terray, qu’il a menée depuis très longtemps. Dès la fin du XIXe siècle, les travailleur-ses étranger-ères en Suisse représentent plus de 10% de la population (16% en 1913). Aujourd’hui, ils/elles constituent environ 25% de la population résidant en Suisse, soit plus de deux millions de personnes, la plupart salariées et n’ayant pas le droit vote fédéral, auxquelles il faut rajouter environ 200 000 travailleur-ses clandestin-e-s exploité-e-s.

      #sans-papiers #droits_politiques #saisonniers

  • #En_découdre - paroles ouvrières en roannais

    Après la deuxième guerre mondiale, l’industrie textile emploie des milliers d’ouvrières sur le territoire Roannais. Elles produisent des vêtements de luxe dont la qualité est reconnue dans la France entière. A travers une série d’entretiens, ce film retrace l’histoire de ces femmes rentrant souvent jeunes à l’usine. Elles y découvrent des conditions de travail difficiles, le paternalisme patronal, mais également la solidarité ouvrière. Relatant les inégalités qui se jouent entre ouvriers et ouvrières, elles décrivent surtout la rencontre avec la culture syndicale et leur volonté d’en découdre avec l’exploitation. Des promesses d’émancipation de « mai 1968 » jusqu’aux combats contre la fermeture des usines et les destructions de leurs emplois à partir des années 1980, ces paroles ouvrières livrent une mémoire à la fois personnelle et politique des grandes mutations du monde contemporain.

    https://vimeo.com/330751537


    #ouvrières #femmes #industrie #femmes_ouvrières #France #industrie #histoire #industrie_textile #textile #témoignages #histoire_ouvrière #CGT #syndicat #syndicalisme #usines #bruit #paternalisme
    #film #film_documentaire #salaires #sainte_Catherine #cadeaux #droit_de_cuissage #inégalités_salariales #émancipation #premier_salaire #désindustrialisation #métallurgie #conditions_de_travail #horaire #horaire_libre #grève #occupation #Rhônes-Alpes #délocalisation #toilettes #incendies #chantage #treizième_salaire #plans_sociaux #outils_de_travail #Comité_national_de_la_Résistance (#CNR) #chronométrage #maladie_du_travail #prêt-à-porter #minutage #primes #prime_au_rendement #solidarité #compétition #rendement_personnel #esprit_de_camaraderie #luttes #mai_68 #1968 #licenciement #ARCT #financiarisation #industrie_textile

  • La pandémie de Covid-19 accélère la mondialisation des services
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/10/26/la-pandemie-de-covid-19-accelere-la-mondialisation-des-services_6057341_3234

    « Un boom des délocalisations pourrait bien advenir dans les activités de service, affirme El Mouhoub Mouhoud, professeur d’économie à l’université Paris-Dauphine, y compris pour des tâches élaborées. » Les confinements liés à la pandémie de Covid-19 ont accéléré l’adoption et l’usage des technologies numériques dans de nombreux secteurs d’activité. En France, le nombre de téléconsultations de médecine a été multiplié par plus de 100 entre février et avril 2020. A l’université, les étudiants suivent désormais les cours depuis l’étranger, en visioconférence. « La distance n’est plus un obstacle à la fourniture d’un service », observe M. Mouhoud. A cela s’ajoute un mouvement de sous-traitance commencé il y a plusieurs décennies. « Les services comme la comptabilité, le marketing ont été progressivement externalisés, notamment par les entreprises manufacturières, explique Isabelle Méjean, professeur à l’Ecole polytechnique. Or les services externalisés peuvent être plus facilement délocalisés. »Le numérique est aux services ce que le container fut au transport de marchandises : il décuple le volume des échanges. Dans une étude publiée fin septembre, Western Union prévoit que la valeur du commerce international des services augmentera d’environ un tiers d’ici à 2025. Les plus fortes hausses seront enregistrées dans les secteurs des services aux entreprises (+ 37 %), des technologies de l’information (+ 35 %) et de la finance (+ 32 %). En décembre 2019, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) voyait déjà dans les services le « nouveau moteur de la mondialisation ». La valeur des échanges dans ce secteur a augmenté plus rapidement que celle des biens, à un rythme annuel de 5,4 % entre 2005 et 2017. Les services, qui ne pesaient que 9 % du commerce mondial en 1970, représentent désormais 20 %. Contrairement aux marchandises, les services échappent aux droits de douane et aux coûts de transport dans un monde où les tensions protectionnistes sont réapparues.Externalisés et numérisés, les services sont plus facilement échangeables, donc délocalisables. La généralisation du télétravail pendant le confinement pourrait accélérer ce mouvement de délocalisation. Une tâche qui s’effectue à distance peut avoir lieu n’importe où : chez soi comme à l’étranger. Dans son livre intitulé The Globotics Upheaval : Globalization, Robotics and the Future of Work, publié en 2019 (Oxford University Press, non traduit), l’économiste Richard Baldwin prédit même l’émergence d’une nouvelle forme de mondialisation, où des télé-migrants à bas coût remplaceraient les cols blancs qualifiés des pays riches. M. Mouhoud préfère, lui, parler de tâches plutôt que d’emplois : « Les tâches d’exécution, de routine, sont à moins forte valeur ajoutée, et donc plus facilement sous-traitées ailleurs, contrairement aux tâches qui nécessitent de l’interaction. »Selon l’OCDE, 40 % des emplois dans l’industrie sont des emplois de service. Entre 2000 et 2015, la part de ces emplois susceptibles d’être délocalisés est passée de 8 % à 18 %. Si cette mondialisation accentue le risque de suppressions d’emplois, elle élargit aussi les débouchés des pays développés. D’après l’étude de Western Union, la hausse du commerce des services devrait, en effet, bénéficier principalement aux pays développés, parmi lesquels les Etats-Unis, la France, Singapour, l’Allemagne ou encore l’Australie. Dans l’Hexagone, les services en entreprise représentent désormais 20 % de la valeur ajoutée du pays, contre seulement 5 % en 1995. Pour les pays en développement qui n’ont pas bénéficié, comme l’Afrique, des précédentes vagues de mondialisation, le commerce de services représente une chance d’intégration aux chaînes de valeur mondiales. Les entreprises de service offrent plusieurs avantages par rapport aux industries manufacturières : elles réclament généralement moins d’investissements, font travailler davantage de femmes et sont opérationnelles plus rapidement. Encore faut-il que ces pays possèdent une main-d’œuvre qualifiée et une infrastructure numérique. Or la moitié de la population mondiale n’a pas accès à Internet, et seul un habitant sur cinq y a accès dans les pays à bas revenu.
    Article réservé à nos abonnés Lire aussi Délocalisations : des centaines d’emplois menacés partout en France
    Selon les chiffres de l’OMC, la part des pays en développement dans les exportations mondiales de services est passée de 25 % en 2005 à 34,4 % en 2017. Mais cette progression masque une grande hétérogénéité. Les pays à bas revenu ne totalisent que 0,3 % des exportations, alors que cinq pays émergents, tous situés en Asie, en concentrent la moitié. Les services qu’ils exportent, à faible valeur ajoutée, sont les plus susceptibles d’être remplacés par des machines. L’entreprise [24]7.ai, spécialisée dans la gestion de centres d’appels, avec plusieurs milliers d’employés travaillant pour la plupart en Inde et aux Philippines, a désormais recours à l’intelligence artificielle pour les remplacer. « La prochaine frontière de la mondialisation se trouve dans les services, estime Mme Méjean. C’est le secteur le plus protégé, avec de nombreuses barrières non tarifaires, les marges de progression sont donc les plus importantes.

    #Covid-19#migrant#migration#mondialisation#sante#economie#delocalisation#mobilite#immobilite

  • Avec la fermeture de l’usine de La Chapelle Darblay, la France perd toute capacité de recycler du papier - Basta !
    https://www.bastamag.net/Fermeture-derniere-papeterie-France-La-Chapelle-Darblay-papier-recycle-rel

    L’usine de papier quasi centenaire de Grand-Couronne, en Seine-Maritime, a mis la clef sous la porte. Un non-sens alors qu’elle était la seule entreprise à produire du papier journal 100 % recyclé de France. Les salariés, soutenus notamment par des organisations écologistes, espèrent encore la sauver. Reportage.

    #papier #recyclage#délocalisation ##UPM #extractivisme #abjection

  • Surprise : depuis 2013, le CICE a créé seulement 100 000 emplois… qui ont chacun coûté 900 000 euros au contribuable
    https://www.frustrationmagazine.fr/surprise-depuis-2013-le-cice-a-cree-seulement-100-000-emplois-qu

    En 2012, quelques mois après l’arrivée au pouvoir du “socialiste” François Hollande, un technocrate de renom nommé Louis Gallois, ex-PDG de la SNCF et d’Airbus de son état, publie un rapport qui “brise les tabous” et appelle à augmenter la “compétitivité” des entreprises françaises en baissant le “coût du travail”. Ses préconisations, saluées par le MEDEF, sont aussitôt exaucées par le gouvernement l’année suivante, et le Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) est mis en oeuvre. Chaque année, 20 milliards d’euros sont octroyés aux entreprises françaises sous la forme de crédits d’impôts, calculés en fonction de la masse salariale : les grandes entreprises sont donc les principales bénéficiaires du dispositif. Pierre Gattaz, le président du MEDEF, se pavane avec son badge “1 million d’emploi”, la (...)

    • Sauf que cinq ans de CICE, c’est 100 milliards d’euros. Soit entre 900 000 et 1 millions d’euros l’#emploi. On aurait pu recruter des soignant.e.s, du personnel pour les EPHAD, investir dans nos écoles, nos hôpitaux – et on aurait été moins dans la merde face à l’épidémie de coronavirus, au hasard… Mais non. On a créé avec ça de l’emploi potentiellement précaire, inutile voire nocif (combien de responsables des ressources humaines et de chefs de produits marketings ?). Et surtout, qu’on soit clair, 900 000 euros par emploi signifie surtout que cet argent est parti ailleurs que dans le travail : vers la #délocalisation, vers les hauts salaires et surtout vers les #dividendes versés aux actionnaires. Le seul résultat notable de cette #politique, et le timide rapport de France Stratégie évite bien d’en parler, c’est le versement de dividendes qui a battu chaque année un nouveau record : 50 milliards d’euros ont été versés en 2019, rien que par les entreprises du CAC 40.

      Quel gâchis ! On aurait pu créer des emplois afin de réaliser une réelle transition écologique massive. On aurait pu également sortir toute une partie des gens de la misère. On aurait pu financer une réduction du temps de travail. On aurait pu combler 25 fois le déficit annuel de la Sécu, ce fameux “trou” dont on nous rebat les oreilles pour nous dire que c’est terrible parce qu’il n’y a pas “d’argent magique” et qu’on doit donc tailler dans les effectifs et réduire les prestations sociales.

  • « Nous ne sommes plus en mesure d’assurer notre #autosuffisance #sanitaire » | Alternatives Economiques
    https://www.alternatives-economiques.fr/ne-sommes-plus-mesure-dassurer-autosuffisance-sanitaire/00093445

    La crise sanitaire a mis en lumière la #dépendance française en matière de fourniture de matériel médical et pharmaceutique. Elle a rappelé l’importance d’avoir une #industrie et des usines sur son territoire pour produire les produits dont nous avons besoin, alors même que les signes d’une reprise de l’épidémie de #Covid-19 s’accumulent. Pour Nathalie Coutinet, économiste à l’Université Paris 13, membre des Economistes Atterrés et spécialiste des firmes pharmaceutiques, cette situation est la résultante d’une décennie de #délocalisations et de concentration du secteur. Les puissances publiques publiques ont toutefois plusieurs leviers à leur disposition pour renverser le cours des choses.

    #santé #politique

  • À #Belfort, « #General_Electric argumente avec le Covid pour délocaliser » | Public Senat
    https://www.publicsenat.fr/article/parlementaire/a-belfort-general-electric-argumente-avec-le-covid-pour-delocaliser-1828

    Alerte à Belfort. Le site de production de turbines à gaz, racheté à #Alstom par Général Electric (GE) en 2015, est à nouveau dans la tourmente et l’avenir s’assombrit. Deux jours après le #déconfinement, l’heure n’était pas vraiment à la joie pour les salariés. General Electric choisit ce moment pour annoncer de nouvelles #délocalisations de la réparation des turbines. L’ingénierie, le commercial et les activités de maintenance sont concernés. L’entreprise demande par ailleurs « à ses 240 sous-traitants de réduire de 20 % leur prix à partir du 1er mai, sous peine de ne plus être considérés comme partenaires de l’entreprise » explique Cédric Perrin, sénateur LR du Territoire de Belfort.

    #stratégie_du_choc

  • « Pourquoi rester dans une ville aussi chère que San Francisco quand on peut partir avec son ordinateur dans la Sierra Nevada ? »
    https://www.lemonde.fr/international/article/2020/05/19/san-francisco-pourquoi-rester-dans-une-ville-aussi-chere-quand-on-peut-parti

    [...] La pandémie a accéléré le mouvement – entamé depuis quelques années – de #délocalisation de la « tech » dans les Etats de la région : le Nevada, où Reno est devenu un « hub » d’ingénierie, autour de l’usine Tesla ; l’Arizona et même l’Utah, à Salt Lake City. Au point de changer la sociologie de l’électorat dans nombre de circonscriptions, comme les républicains l’ont constaté à leur détriment dans les derniers cycles électoraux.

    Le #télétravail va s’incruster. Selon une étude de l’association patronale Bay Area Council, sur cent vingt-trois grandes entreprises de la région, 90 % d’entre elles pensent poursuivre le #travail_à_distance lorsqu’elles rouvriront. 18 % comptent même avoir 100 % de leurs effectifs en WFH (ou « work from home », le nouveau sigle incontournable). Deux tiers pensent alterner équipes et horaires pour réduire le nombre de salariés présents en même temps dans les locaux.

    En 2011, quand Twitter s’était installée dans un immeuble Art déco de Market Street, dans le coeur décati de San Francisco, la plate-forme était devenue le symbole de la gentrification et du boom immobilier. Elle est aujourd’hui le symbole de la fuite hors les murs. Les employés ne sont plus tenus de venir au bureau, et ce « pour toujours », s’ils le souhaitent. « Forever », a tweeté le PDG Jack Dorsey le 12 mai aux 5 100 salariés. A l’exception, bien sûr, des emplois qui nécessitent une présence physique, comme l’entretien des serveurs.

    Microsoft ne prévoit pas de réintégration avant octobre au plus tôt. Facebook et Google, avant la fin 2020. Apple fait figure d’exception. Le retour va s’y effectuer de manière progressive à partir de début juin. L’entreprise craint que les projets internes de la compagnie ne finissent par filtrer, à la faveur des communications à distance. Un souci qui n’est pas sans fondement. Les experts ont constaté une multiplication des attaques de « phishing » (hameçonnage) à la faveur de connexions Wi-Fi insuffisamment sécurisées.

    Une prime d’installation de 1 000 dollars

    Quid du traitement princier dont les informaticiens bénéficiaient dans la Silicon Valley ? Les cafétérias véganes, les bars à sushi ? Les séances de yoga ? Google – qui a atteint cette année une capitalisation de 1 000 milliards de dollars, mais craint la récession et a gelé les embauches – a prévenu : finis les lunchs gratuits. Et pas question d’envisager de faire des notes de frais ni même d’offrir une pizza à l’équipe sur le budget du service.

    D’autres ne sont pas aussi pingres. Twitter a offert de rembourser « les bureaux, les chaises ergonomiques » et même « les coussins » nécessaires au travail à la maison ainsi que les abonnements Internet. La messagerie Slack a offert 1 000 dollars aux employés pour aménager leur « home office ».
    Les géants de la Vallée avaient investi dans des sièges sociaux pharaoniques, à la mesure de leur hégémonie planétaire. Ils sont obligés de réaménager les locaux s’ils veulent revenir à une forme de collectivité. Séparations de Plexiglas, stations de gel hydroalcoolique en lieu et place de la machine à café, ségrégation devant les ascenseurs… Pas très excitant pour les ingénieurs qui avaient pris l’habitude des tables de ping-pong et divans de méditation. Qui va se bousculer pour retourner dans des bureaux à l’allure de « chambres de torture pour cols blancs ? », résume Casey Newton, du site The Verge.

    San Francisco n’est pas unique en son « exode ». Selon un rapport du site d’immobilier Redfin, en date du 15 mai, le coronavirus va « accélérer une #migration de grande ampleur » aux Etats-Unis, loin des villes côtières où le coût de la vie est élevé et la concentration de population potentiellement nocive.

    L’étude prévoit « une évolution démographique d’ampleur sismique » vers les villes moyennes de l’intérieur du pays. Si c’était le cas, la carte électorale pourrait en être bouleversée, la polarisation amenuisée : un bol d’air dans un système politique paralysé. Le coronavirus a déjà produit un électrochoc dans l’opinion en soulignant les failles du système de santé et le défaut de production de biens essentiels. En accélérant la décentralisation des emplois technologiques, la pandémie pourrait contribuer à rééquilibrer les « red states » républicains de l’intérieur du pays et les « blue states » des élites libérales. Un service majeur à la démocratie américaine.

    #travail_à_domicile #travail

    • J’imagine que le deal, c’est une journée de présentiel par semaine et la sierra Nevada est à 200 ou 300 km (il y a même un train !), c’est faisable mais au final c’est plus de kilomètres hebdomadaires et ça vient tendre l’immobilier sur des rayons encore plus grands... Avec le présentiel et le recrutement de locaux, il reste ces repères culturels communs qui font que c’est plus facile de bosser ensemble... Mais comme tu dis, beaucoup pourraient trouver le bénéfice assez faible comparé à une délocalisation.

      Ça me fait penser à un truc vu à l’hôpital : du personnel de nettoyage chargé de nettoyer et de désinfecter du matos chirurgical dit que vivement que ce soit jetable qu’on ait plus ce boulot chiant à faire. Mon frère les a entendues et leur a dit que quand ce serait le cas on les jetterait aussi, elles seraient pas payées à rien foutre. J’imagine que c’est le genre de courte vue qui fait qu’on est comme des grenouilles dans la casserole !

  • Vers des jours heureux... | Le Club de Mediapart

    https://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/280420/vers-des-jours-heureux

    Un virus inconnu circule autour de la planète depuis le début de l’année. Péril mortel et invisible, nous obligeant à nous écarter les uns des autres comme si nous étions dangereux les uns pour les autres, il a retourné les tréfonds des sociétés comme on retourne un gant et il a mis au grand jour ce que l’on tentait jusqu’ici de masquer. Sans doute provoque-t-il un nombre important de morts et met-il sous une lumière crue les limites des systèmes de santé des pays développés, y compris les plus riches d’entre eux. Sans doute, ailleurs, expose-t-il les populations de pays plus pauvres à un extrême danger, les contraignant pour se protéger à accomplir une obligation impossible, le confinement. Mais ceci n’est que la surface des choses.

    Le gant retourné donne à voir la voie périlleuse dans laquelle le monde se trouve engagé depuis des décennies. En mettant les services hospitaliers sous contrainte budgétaire, là où ils étaient développés, et en les négligeant là où ils sont insuffisants, les responsables politiques affolés se sont trouvés pris de court devant l’arrivée de la pandémie. En France, l’impréparation criante à ce type d’évènements, la liquidation coupable de la réserve de masques, la délocalisation de l’industrie pharmaceutique avec pour seule raison la recherche de profits plus grands, la faiblesse des moyens de la recherche scientifique, mettent le gouvernement en situation d’improvisation. En prenant le chemin du confinement dont il ne sait comment sortir, il s’est engagé dans la voie d’une mise en cause radicale des libertés publiques. S’étant privé des autres moyens de protection de la population, il bénéficie d’un acquiescement forcé de cette dernière. Pour le cas où cet acquiescement manquerait, un discours moralisateur et culpabilisant se déploie. Et pourtant, partout, d’innombrables initiatives contredisent l’individualisme entretenu par le modèle économique et social et témoignent de la permanence de la fraternité entre les humains.

    Mais le gant retourné fait apparaître aussi, au moins aux yeux les plus lucides, que la réponse aux enjeux auxquels l’humanité dans son ensemble est en ce moment confrontée, ne saurait être une addition de politiques nationales, encore moins si ces politiques tentent de se mener en vase clos. Il y manquera toujours une part, celle de la communauté des humains qui ne peut refuser plus longtemps de se voir pour ce qu’elle est : une communauté de destin, ce qu’Hannah Arendt nommait une association politique d’hommes libres.

    Ainsi, derrière la crise sanitaire qui est au premier plan, avec la crise économique qui s’amorce et la catastrophe écologique en cours, c’est une crise de civilisation qui émerge enfin. Le monde entièrement dominé par le système capitaliste qui ne cesse de creuser les inégalités et de détruire la nature, est aujourd’hui un bateau ivre qui n’a d’autre horizon que son naufrage à travers des violences insoupçonnées.

    S’il est encore temps de reprendre les commandes, alors ce séisme inédit est l’occasion que le monde doit saisir pour rompre enfin avec sa destruction largement amorcée et inventer une société entièrement différente. Ainsi, ayant conjuré la terreur de l’inconnu, les peuples danseront de joie sur les décombres du vieux monde qui menaçait de les emporter.

    Pour cela, il faut :

    – ne pas tricher avec les constats qu’il y a lieu de faire ;
    – mesurer les risques d’une sortie de crise orientée à un retour à la situation antérieure ou à d’autres dérives ;
    – saisir cette opportunité pour poser les fondements radicalement différents d’une société mondiale juste et viable.

    #covid-19 #le_monde_d_après

  • #Essais_cliniques : quand la #science recrute ses doublures en #Afrique ou chez les #pauvres

    Alors qu’il est question sur LCI de vérifier une molécule en Afrique avant d’en faire bon usage face au Covid-19 ou que le protocole du professeur Raoult est mis en question, retour sur l’histoire des essais cliniques : quand le progrès médical faisait bombance des corps de peu d’importance.

    C’était sur LCI la semaine dernière, et la scène en a cueilli plus d’un devant le direct :

    Si je peux être provocateur, est-ce qu’on ne devrait pas faire cette étude en Afrique, où il n’y a pas de masques, pas de traitements, pas de réanimation ? Un peu comme c’est fait d’ailleurs pour certaines études sur le Sida. Chez les prostituées, on essaye des choses parce qu’on sait qu’elles sont hautement exposées et qu’elles ne se protègent pas.

    En plateau, c’est #Jean-Paul_Mira, chef de la réanimation à l’hôpital Cochin de Paris, qui prononce cette phrase. En duplex, Camille Locht, directeur de recherche à l’Inserm, acquiesce :

    Vous avez raison, on est d’ailleurs en train de réfléchir à une #étude en parallèle en Afrique.

    Soigner ou punir, pourquoi choisir ?

    L’idée n’a pas choqué ce microbiologiste parce qu’elle est banale : la #délocalisation des essais cliniques, notamment en Afrique, et/ou sur des prostituées, relève au fond d’une pratique ordinaire de la #recherche_médicale. Mais elle a heurté de nombreux spectateurs parce qu’elle embarque tout un chapelet de représentations qui ne ressortent pas seulement de l’#histoire_de_la_médecine mais aussi de l’#histoire_sociale et de l’#histoire_coloniale. Car l’histoire des essais cliniques est l’histoire d’un #rapport_de_pouvoir, et plus précisément d’un rapport profondément inégalitaire. Longtemps, c’est sur cette inégalité-là que s’est juché le progrès scientifique. A bien des égards, c’est toujours vrai.

    L’exemple des prostituées (celles qui “ne se protègent pas”), que prend le médecin sur LCI, ne vient pas de nulle part : dans l’histoire de la médecine clinique, de nombreuses expérimentations ont été pratiquées sur les travailleuses du sexe. Et souvent, de façon coercitive. Leur marginalité par rapport à la société y a souvent été pour beaucoup, au XIXe siècle, à une époque où justement l’expérimentation médicale se stabilisait. Ces femmes n’étaient pourtant pas hors la loi : ni le tout premier code pénal français (qu’on doit aux révolutionnaires, en 1791), ni celui de 1810 (qui restera en vigueur jusqu’en 1994), n’interdiront la prostitution, qui d’ailleurs est aussi pratiquée de façon ordinaire par les femmes de classes populaires, mariées ou non. Mais même si on appelait ça “le cinquième quart”, c’est-à-dire, celui qui met du beurre dans les épinards et souvent sauve le ménage de la misère, la pratique est stigmatisée par les autorités en dépit de ce que l’historienne Clyde Plumauzille appellera une “dépénalisation silencieuse”. Et c’est depuis ce stigmate-là, et aussi parce qu’elles peuvent propager les maladies, qu’on décidera régulièrement de tester sur elles des remèdes.

    A la fin des années 1820, par exemple, on décide de créer un dispensaire spécialement pour elles, géré par les médecins de la Préfecture de police, qui obligent les filles, prostituées officielles ou non (on dit "soumises" ou "insoumises"), à se faire soigner. A partir de 1836, à Paris, les filles soumises (celles qui se sont déclarées) qui pensent être touchées par des maladies vénériennes comme la syphilis n’ont plus le droit de se présenter dans aucun autre hôpital, et relèvent uniquement de l’infirmerie construite sur les flancs de la prison Saint-Lazare. Un hôpital-prison où, au passage, les médecins peuvent aussi renvoyer toutes les autres, dès lors qu’on les jugerait trop turbulentes, rappellent les historiennes Claire Barillé et Sandie Servais dans leur contribution au livre collectif Impossibles victimes, impossibles coupables.
    Un petit goût de mercure dans la tisane

    C’est dans ce cadre répressif-là que se généralisent les essais thérapeutiques sur les prostituées, sur qui l’on teste, par exemple, différents dosages de mercure. Sont-elles averties du risque inhérent aux expérimentations ? Dans sa formidable généalogie des essais cliniques et de la médecine expérimentale, Les Corps vils, parue en 2008 à La Découverte, le philosophe Grégoire Chamayou racontait qu’une véritable sédition avait eu lieu, entre ces murs parisiens où le soin et le contrôle se superposaient : les prostituées avaient découvert qu’une partie d’entre elles, à qui on administrait un simple placebo et non le traitement au mercure, pouvaient aussi guérir. Réponse de l’administration sanitaire : on inventa alors un breuvage suffisamment amer pour donner au placebo le goût du mercure, et leur faire croire ainsi qu’elles étaient toutes à la même enseigne.

    Car le consentement aux essais cliniques est une invention bien plus tardive que la pratique. C’est tout le sens du terme “corps vils”, qui traduit une locution latine centrale dans l’histoire du jargon médical : “fiat experimentum in corpore vili”, qui rappelle explicitement qu’historiquement, on a d’abord testé les médicaments sur ces “corps de peu d’importance” - mais sans toujours leur demander leur avis. Dans le même ouvrage, Chamayou rappelle que, longtemps, on s’accommodera de faire porter sur les plus pauvres, comme sur les prostituées, le risque des essais, puisqu’après tout, c’est leur mode de vie tout entier qui les exposerait à la mort :

    Le médecin ne portera pas la responsabilité d’un risque que la pauvreté leur aurait de toute façon fait courir.

    Ce rapport sacrément décomplexé à l’administration du risque sur les plus modestes vous semble à peine croyable ? On le comprend mieux si on a en tête deux éléments. D’abord, qu’on a longtemps pratiqué les premiers essais sur les suppliciés et les condamnés. Ainsi, il était très courant de voir des médecins faire le pied de grue au pied de l’échafaud en quête de corps à peine morts, prêts pour l’expérimentation. La science prenant son essor, ce seront bientôt les corps des condamnés qui seront mis à disposition, de leur vivant. Au premier chef, les condamnés à mort, mais aussi des bagnards, sur qui l’on testera par exemple au bagne de Rochefort, en Charente-Maritime, divers remèdes qu’on hésitait encore à administrer aux marins. Ces corps-là sont toujours vivants, mais déchus de leur statut social, et c’est depuis cette déchéance-là qu’on les met à disposition pour la recherche. Ils deviennent au fond profitables pour la médecine quel qu’en soit le prix, parce qu’ils n’ont plus de valeur sociale.
    Droit de guerre ou droit de... guérir ?

    Mais il faut aussi avoir en tête que les hôpitaux du XIXe siècle ne sont pas ceux qu’on connait aujourd’hui, mais d’abord des lieux d’accueil, des hospices, dédiés aux indigents. Ainsi s’installe aussi l’idée que les pauvres, dont les soins mais aussi l’inhumation, représentent une charge pour la collectivité, peuvent bien rembourser leur dette vis-à-vis de la société en soumettant leur corps à divers essais réputés nécessaires. Immoral ? Le débat s’installera à l’échelle de toute l’Europe, dès le XVIIIe siècle, et impliquera, dans le giron des Lumières, aussi bien les Encyclopédistes français qu’Emmanuel Kant. La controverse enfle ainsi, tandis qu’on découvre le principe de la vaccination qui implique d’inoculer dans certains corps la maladie à titre de test. Kant répondra par exemple qu’on n’a pas le droit de risquer la vie d’une partie de la population pour que l’autre vive. Mais bien des philosophes des Lumières estiment, eux, que le progrès de la science prime, et Grégoire Chamayou compare finalement la légitimation des expérimentations à un “droit de guerre”, quand un pouvoir politique lève une armée en masse pour sauver un pays.

    Longtemps, ces corps-là, qu’on pense d’une valeur sociale inférieure, font ainsi office de “doublures”, pour reprendre l’image, très éloquente, développée par Grégoire Chamayou dans son livre. Puis l’idée que le consentement éclairé du patient est nécessaire s’installe bon an, mal an. Si le cobaye est consentant, encore faut-il que les essais soient viables. Or la fin du XIXe siècle est aussi le moment où la recherche médicale se sophistique et se rationalise, avec la généralisation des statistiques, et des mesures qui se systématisent dans les essais (on dit notamment “métrologie”). Ce qu’on appelle “la médecine des preuves” est née, et elle implique des tests à grande échelle... et donc, des corps. La conquête coloniale viendra suppléer au manque de corps à cette échelle, et fournir une nouvelle catégorie de “doublures”. C’est dans cette histoire-là que s’enracine la réaction du médecin sur LCI : aujourd’hui, des essais sont encore pratiqués en grand nombre dans les pays en voie de développement, et notamment en Afrique.
    Les doublures africaines

    En 2015, 658 essais étaient pratiqués en Afrique, dont 280 en Egypte - qui, contre toute attente, tiendrait lieu d’eldorado justement parce que ses infrastructures de santé et ses universités y sont plutôt plus développées. Sur place, on n’en est plus aux gigantesques camps coloniaux, où la nouvelle administration coloniale faisait procéder à des tests à grande échelle dans des régions subalternes, qui correspondent aujourd’hui au Sénégal ou au Cameroun. Ces pays sont aujourd’hui indépendants. Mais leur politique sanitaire reste étroitement liée aux anciennes puissances coloniales, ou à leurs industries pharmaceutiques. Si elles sont correctement menées, c’est à dire que les populations y ont un bénéfice thérapeutique réel, ces recherches sont essentielles pour donner accès à des pays entiers à des traitements cruciaux. C’est pour ça, par exemple, qu’une chercheuse sonnait l’alerte dans Le Monde, le 3 avril, alors qu’aucun des 359 essais cliniques aujourd’hui enregistrés sur terre pour la recherche sur les traitements Covid-19 n’avait encore débuté en Afrique. Mais encore faut-il que ces recherches se déroulent dans les règles de l’art. Car, malgré une naissance aussi tardive que laborieuse, des standards ethiques existent aujourd’hui.

    La bascule remonte au procès de Nüremberg, en 1946, après quoi il sera entendu qu’on doit encadrer la recherche pour que rien ne ressemble plus à ce qui a pu se pratiquer dans les camps nazis. Dans les deux ans qui suivent, un premier squelette de charte éthique prend forme, qui débouche, six ans plus tard, sur ce qui restera comme “la déclaration d’Helsinki”.

    La Déclaration d’Helsinki date de 1964, et c’est le tout premier texte qui encadre les essais. Un texte fondateur, qui reconnaît la nécessité des expérimentations humaines “pour le progrès de la science et pour le bien de l’humanité souffrante”, et qui distingue par exemple les expérimentations menées au chevet du malade, des essais sur un non-malade, dans le but d’élargir la connaissance scientifique. L’idée du consentement du cobaye y figure noir sur blanc. Mais il ne s’agit encore que d’une charte de bonnes pratiques : aucune contrainte dans la Déclaration d’Helsinki ou dans les textes qui verront le jour dans la foulée, et qui précisent par exemple que la personne sur qui on expérimente doit avoir un intérêt. Charge, en fait, aux pays de s’en saisir pour transformer ces grands principes moraux en loi. Il faudra 24 ans en tout pour que la France y vienne : la profession médicale et les juristes sont divisés, et une part non négligeable d’entre eux sont loin d’être acquis à l’idée d’avaliser pour de bon l’expérimentation sur des sujets humains.
    1988, et la toute première loi française

    Mais en 1983, la création du Comité national d’éthique, qui prendra position en faveur des essais, paraît avoir accéléré le calendrier : la toute première proposition de loi sur les essais thérapeutiques en France est débattue en 1985 à l’Assemblée nationale. Le blocage du texte dans le champ politique montre bien toute la charge polémique qui entoure la question de l’expérimentation thérapeutique, en France, dans les années 1980. C’est finalement après un rappel à l’ordre du Conseil d’Etat que sera votée la toute première loi sur les essais : du nom des parlementaires qui la portent, ce sera la loi Huriet-Sérusclat, entrée en vigueur un 20 décembre 1988. On y trouve notamment le principe que ceux sur qui sont pratiqués les tests, qui n’ont pas de bénéfice thérapeutique direct, parce qu’ils ne sont pas malades, peuvent être indemnisés - mais pas les autres. Et aussi que les essais ne sont possibles pour toute une catégorie de personnes qu’à la condition expresse qu’elles y aient intérêt pour leur santé : ça concerne par exemple les mineurs, ou des adultes vulnérables comme les détenus et des patients en situation d’urgence.

    Un quart de siècle plus tard, de nombreuses ONG signalent que les essais cliniques ont explosé en Afrique. Même MSF fait désormais des essais sur le sol africain : les premiers essais de l’ONG sur Ebola remontent à 2014 mais dès les années 1990, on trouve dans les archives de Médecins Sans Frontières la trace d’essais liés au paludisme, avec par exemple cette explication :

    Face à l’absence de données, Médecins sans frontières (MSF) a mis en place des études cliniques afin de mesurer l’efficacité des antipaludéens et d’adapter les traitements au sein de ses missions. Entre 1996 et 2004, plus de 12 000 patients furent inclus dans 43 études réalisées dans 18 pays d’Asie et d’Afrique.

    Comme ici, il s’agit parfois de tester, sur place, des pathologies spécifiques, qui séviraient dans certains pays, et pas dans d’autres. Mais pas toujours. Il arrive aussi qu’une firme pharmaceutique délocalise son expérimentation parce que c’est parfois jusqu’à cinq fois moins cher de mener des essais dans un pays africain qu’en Europe. Et aussi parce que la loi Huriet-Sérusclat ne contraint pas les industriels qui délocalisent leurs essais, même lorsqu’il s’agit de laboratoires français ? Et qu’on prendrait bien des libertés sous les tropiques vis à vis de ces principes éthiques dont l’ébauche fut si tardive en France ? Il est caricatural, et souvent carrément faux, d’imaginer qu’on ferait n’importe quoi dans ce nouveau far west de l’innovation thérapeutique. Des protocoles existent, qui montrent que l’éthique n’a pas tout bonnement disparu quelque part au dessus du Détroit de Gibraltar. Et en 1981, un texte international, resté comme “la Déclaration de Manille”, avait complété celle d’Helsinki, en précisant les conditions des essais cliniques dans les pays en voie de développement.
    Asymétrie Nord-Sud

    Malgré tout, le rapport Nord-Sud en matière d’essais reste marqué par une forte asymétrie. Ainsi, plusieurs scandales, dont certains se sont soldés par des actions en justice, montrent que bien des protocoles peuvent se révéler plus laxistes une fois les essais menés à l’étranger. Par exemple, pour tout ce qui concerne le bénéfice des traitements : quand on voit le tarif de commercialisation de bien des molécules, ou encore les maladies pour lesquelles on procède à des tests, on peut douter parfois que la balance des bénéfices et des risques soit toujours favorables aux populations qui se prêtent aux tests. Jean-Philippe Chippaux est médecin et directeur de recherche à l’IRD, l’Institut de recherche pour le développement. Dans un ouvrage éclairant qui date de 2004, et disponible par ici, ce chercheur de terrain, qui a longtemps travaillé depuis Dakar, concluait qu’il y avait urgence à ce que “les Africains s’approprient le concept de l’essai clinique pour répondre à leurs besoins spécifiques de santé publique”. Il rappelait à cette occasion la dimension infiniment politique des essais cliniques. C’était vrai au XVIIIe siècle lorsqu’au pied de l’échafaud, la science faisait bombance des corps des suppliciés ramenés au rang d’objet. Mais c’est toujours vrai à présent qu’il s’agit de géopolitique sanitaire :

    L’essai clinique apparaît comme un instrument incontournable de l’indépendance sanitaire. Car, au-delà de cette appropriation, la finalité de la pratique d’essais cliniques dans les pays africains est bien de susciter une capacité locale permettant d’y décider, réaliser, surveiller et exploiter en toute indépendance les recherches cliniques. Cela nécessite une compétence technique et une maîtrise politique, donc financière, de la recherche et de la santé.

    L’essai thérapeutique comme une émancipation plutôt qu’une double peine ? L’idée a quelque chose de rassérénant tant la lecture de la généalogie de Grégoire Chamayou, Les Corps vils, est édifiante. Mais elle rend encore plus décisive la question du consentement des sujets de l’expérimentation. Or, de ce point de vue-là, c’est peu dire que les garanties ne sont pas équivalentes selon que l’essai a lieu sur le sol français ou, par exemple, au Cameroun. Un essai sur le VIH s’est déroulé sur place entre 2004 et 2005, qui ciblait plus particulièrement 400 prostituées. Objet de l’essai à l’époque : un antiviral du nom de "Tenofovir", qui sera commercialisé en France à partir de février 2002. Mais avant sa mise sur le marché, il avait fallu le tester. Or Act-up avait révélé que, non seulement, les femmes camerounaises qui faisaient partie de la cohorte sous placebo étaient insuffisamment protégées. Mais que, de surcroît, elles étaient très nombreuses parmi toutes celles impliquées dans l’étude du laboratoire Gilead, à avoir signé en pensant qu’on allait leur administrer un vaccin. Et pour cause : le protocole écrit, auquel on leur avait donné furtivement accès, était en anglais. Or, pour la plupart, ces femmes étaient illettrées, et surtout, francophones.

    Le consentement de ces femmes n’était donc pas réel. Leur situation paraît d’autant plus asymétrique qu’en France, au contraire, bien des candidats aux essais cliniques doivent au contraire faire carrément acte de candidature. Contrairement aux travaux sur le don du sang, il existe peu d’enquêtes sociologiques sur les essais thérapeutiques. Mais il existe un travail passionnant, signé du politiste Olivier Filleule. Pour une journée d’études en 2015 (qui donnera lieu à l’ouvrage collectif Recrutement-engagement dans des essais cliniques en prévention, sous la direction de Mathilde Couderc et Caroline Ollivier-Yaniv, également en ligne et en acces libre par ici), le chercheur, spécialiste de l’engagement, a passé au crible les lettres de motivation envoyées par 4259 candidats, entre 1991 à 2001, pour des essais vaccinaux sur le VIH. Il a cherché à comprendre non seulement qui se proposait de participer à de tels essais, non rémunérés (et pourquoi), mais aussi qui était retenu.

    Et on prend bien la mesure, en lisant Olivier Filleule, combien un protocole en bonne et due forme, ici, en France, implique non seulement une information au cordeau des volontaires, à qui on exposera clairement les coûts de l’engagement ou les risques encourus. Mais aussi un tri des motivations des candidats, que les promoteurs des essais avertissent par exemple du “caractère illusoire de rétributions pouvant être espérées”. On découvre ainsi au tamis de son enquête qu’un certain nombre des candidats, notamment du côté des hommes, plaçaient beaucoup d’espoir dans l’idée qu’ils pouvaient se faire d’un partenariat privilégié avec les chercheurs au bénéfice de la science. Pas sûr que c’était ce qu’entendaient ces deux médecins sur LCI, début avril, sur fond d’épidémie de Covid 19.

    https://www.franceculture.fr/societe/essais-cliniques-quand-la-science-recrute-ses-doublures-en-afrique-ou-
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