Aux amis des amis qui lui restent,
à propos de sa Guerre véritable
Remarques au sujet d’un texte trouvé sur le site de propagande #lundi_matin.
Je vous en conjure, mes frères, restez fidèles à la terre et ne croyez pas ceux qui vous parlent d’espoirs supraterrestres ! Ce sont des empoisonneurs, qu’ils le sachent ou non. Ce sont des contempteurs de la vie, des moribonds et des empoisonnés eux-mêmes, de ceux dont la terre est fatiguée : qu’ils s’en aillent donc !
Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra
En un mot le #moi a deux qualités. Il est injuste en soi en ce qu’il se fait centre de tout. Il est incommode aux autres en ce qu’il les veut asservir, car chaque moi est l’ennemi et voudrait être le tyran de tous les autres. Vous en ôtez l’incommodité, mais non pas l’injustice. Et ainsi vous ne le rendez pas aimable à ceux qui en haïssent l’injustice.Vous ne le rendez aimable qu’aux injustes qui n’y trouvent plus leur ennemi. Et ainsi vous demeurez injuste, et ne pouvez plaire qu’aux injustes.
Pascal, Les Pensées
Mais, direz-vous, quel objet a-t-il en tout cela ? Celui de se vanter demain entre ses amis de ce qu’il a mieux joué qu’un autre. Ainsi les autres suent dans leur cabinet pour montrer aux savants qu’ils ont résolu une question d’algèbre qu’on n’aurait pu trouver jusqu’ici. Et tant d’autres s’exposent aux derniers périls pour se vanter ensuite d’une place qu’ils auront prise, aussi sottement à mon gré. Et enfin les autres se tuent pour remarquer toutes ces choses, non pas pour en devenir plus sages, mais seulement pour montrer qu’ils les savent, et ceux-là sont les plus sots de la bande, puisqu’ils le sont avec connaissance, au lieu qu’on peut penser des autres qu’ils ne le seraient plus s’ils avaient cette connaissance.
Pascal, Les Pensées
Nous avons voulu lire La guerre véritable, et dix fois au moins nous avons verdi. Il aura fallu du temps, plusieurs mois, pour que la nausée passe un peu, que les mots trouvent leur chemin et que se formule quelque chose qui puisse saisir cette abjection, et donne corps au refus nécessaire de cette prose avariée. Puissent les relents qu’elle exhale écarter de ce mauvais chemin ceux qui s’y seraient perdus, depuis longtemps même. Il est grand temps. L’ignominie de ce texte, qui ne fait qu’exacerber une manière détestable de penser, de voir le monde, de le comprendre, de s’adresser aux autres qu’ON déploie depuis plusieurs années maintenant, aura, nous l’espérons, le mérite d’ouvrir les yeux à la progéniture des entichés du dévoilement. Avariance donc, un concept qui consonne avec un de ceux de l’ultra-gauche officielle vieille version, et se trouve mis ici à disposition de ceux qui fréquentent encore les marchands de communauté humaine, — avant l’heure d’ailleurs, puisqu’en bonne secte alternative, quel bonheur, on pratique déjà le communisme comme d’autres la philatélie —, pour qu’ils puissent nommer ce qu’ils quittent.
Après des événements comme les #massacres du 13 novembre dernier, ON ne peut quand même pas dire n’importe quoi, et ce qu’en d’autres circonstances ON a pu faire passer pour une tournure d’esprit subtile et nouvelle, aux accents provocateurs, promettant d’ouvrir des possibles subversifs, fait l’effet d’un mauvais spot publicitaire exhibant avec cynisme des postures aussi obscènes qu’attendues. Pascal, utilisé comme une cerise pourrie sur ce gâteau faisandé, vient ici servir de caution snobinarde, un glaçage dissocié sur un appareil raté, à ce raisonnement aussi profondément philosophique qu’un clip de #Daesh. Pour ce mauvais coup-là, ON a dû puiser dans les méandres des raisonnements les plus jésuitiques conservés certainement, malgré le chemin parcouru depuis, de ce qu’on appelle une bonne éducation. Tout le monde le savait, mais là, c’en est trop.