• Le département de l’Allier veut réformer (et durcir) le versement du RSA
    https://www.lemediasocial.fr/f90b7fe51_934f_4a63_b41f_e0d109e21afe

    « Briser le cycle de l’assistanat et redonner toute sa place au travail » : telle est l’ambition du conseil départemental de l’Allier qui, sous l’impulsion du groupe de l’Union républicaine pour le Bourbonnais (URB), propose de resserrer les conditions de versement du revenu de solidarité active (#RSA).

    Il considère en effet que le RSA « est devenu un mécanisme d’assistance chronique, coûteux pour les finances publiques et inefficace pour l’insertion ».

    Forte de « son expérience de terrain », la collectivité bourbonnaise suggère donc une réforme articulée autour de quatre piliers :

    limiter la #durée du RSA (36 mois à taux plein, puis #dégressivité) ;
    imposer 15 heures d’activité hebdomadaires (ce que prévoit déjà la loi pour le plein emploi) ;
    plafonner les aides sociales à 75 % du Smic, « pour que le travail paie toujours plus que l’inactivité » ;
    sanctionner « fermement » les fraudes (« exclusion pour les trafiquants ou travailleurs au noir »).
    Le département réclame par ailleurs une « refonte du financement » du RSA.

    La proposition de réforme a notamment été adressée au Premier ministre et à la ministre du Travail.

    #département #fraude #sanctions #départementalisation

    • “Eux, au moins, ils bossent."
      Le conseil départemental de l’Allier a recours à une société privée pour contrôler les bénéficiaires du RSA
      https://blogs.alternatives-economiques.fr/abherve/2025/05/18/le-conseil-departemental-de-l-allier-a-recours-a-une-

      Dans La Semaine de l’Allier, Annie Corne vice-présidente du Conseil départemental en charge de l’emploi et de l’insertion dénonce un système qu’elle affirme comme étant à bout de souffle “où l’inaction de l’État et l’inefficacité des contrôles laissent prospérer des tricheurs“ et dénonce une fraude massive, tolérée, voire entretenue par l’inaction de l’État “On finance ceux qui détruisent la société, pendant que les travailleurs se tuent à la tâche pour payer leurs impôts.“

      L’article nous apprend que pour effectuer des contrôles efficaces la collectivité a fait appel aux services d’une société privée Tessi dont la mission vise à croiser les fichiers, identifier les incohérences, consulter les réseaux sociaux, remonter les fraudes ...et qu’elle est satisfaite de leurs services “Eux, au moins, ils bossent. Et en quelques semaines, on a plus avancé qu’en trois ans.“

  • RSA : les départements dirigés par la droite et le centre refusent d’appliquer la hausse de 1,7 % prévue au 1er avril
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/03/26/rsa-les-departements-diriges-par-la-droite-et-le-centre-refusent-d-appliquer

    Ces départements annoncent avoir pris cette décision afin de protester contre des décisions de l’Etat non compensées financièrement.

    Pas de doute, on va continuer à smasher les RSAstes et autres « assistés ».

    Voir l’évocation de la chasse aux « fraudeurs » comme moyen de financer l’investissement militaire https://seenthis.net/messages/1106059

    #RSA #département

    • La CGT et les jeunes socialistes dénoncent le refus d’augmenter le RSA du Département
      https://www.ledauphine.com/politique/2025/04/10/la-cgt-et-les-jeunes-socialistes-denoncent-le-refus-d-augmenter-le-rsa-d

      Le comité des travailleurs privés d’emploi et précaires de la CGT d’Aubenas a dénoncé dans un communiqué la décision du président du

      « Il serait bon de rappeler à monsieur Amrane que ce gouvernement est celui de sa propre majorité et que cette revalorisation est bien maigre. Pour une personne seule, le RSA est de 635 euros par mois et aurait dû passer à 646 euros. Se posant comme “frondeur” à son propre camp il choisit de faire 500 000 euros d’économie sur le dos des plus #pauvres. » La CGT conclut : « Le montant du RSA permet tout juste de survivre et ce sont encore les plus pauvres qui sont visés. »

      Les jeunes socialistes de l’Ardèche ont aussi réagi dans un communiqué. « Le RSA est un filet de sécurité vital pour les personnes les plus en difficulté. Il garantit un minimum de ressources, bien en dessous du seuil de pauvreté, pour survivre. Le refuser, même partiellement, revient à mépriser des milliers de femmes et d’hommes, souvent isolés, souvent en situation d’exclusion, dont beaucoup sont des femmes seules avec enfants, ou des personnes âgées, très éloignées de l’emploi. La position de la majorité départementale est d’autant plus inacceptable qu’elle repose sur un vieux fantasme de la droite : celui de “l’assistanat”. Derrière un discours faussement pragmatique, Olivier Amrane recycle les poncifs les plus éculés sur les prétendus abus du système social. »

      #départementalisation #guerre_aux_pauvres

  • #Mayotte : #histoire_coloniale, fractures sociales et désastre environnemental

    Mayotte, petite île de l’océan Indien, symbolise à elle seule la collision brutale entre histoire coloniale, fractures sociales et désastres environnementaux. Département français depuis 2011, elle est un territoire en #crise, où la #misère humaine et les #catastrophes_naturelles s’entrelacent dans une spirale infernale. Les événements récents – #séismes, #tornades, #montée_des_eaux – ne sont que la face visible d’un #effondrement plus global. Ils révèlent une #vulnérabilité accumulée sur des décennies, amplifiée par des promesses non tenues, des #inégalités criantes et une gestion déconnectée des réalités locales.

    En 1974, Mayotte se sépare des Comores à l’issue d’un référendum où les Mahorais choisissent de rester français. Ce choix, né du désir d’échapper à l’instabilité politique des Comores indépendantes, place l’île dans une situation paradoxale : elle devient un territoire français entouré de voisins économiquement fragiles. Cette appartenance à la République française, vue comme une chance à l’époque, isole Mayotte de son propre environnement géographique et culturel. Rapidement, cette singularité engendre des tensions avec les autres îles de l’archipel, notamment l’île comorienne d’#Anjouan, d’où proviennent chaque année des milliers de migrants.

    L’intégration comme département, survenue en 2011, devait marquer une nouvelle ère pour Mayotte. Les Mahorais espéraient voir leur île se développer et accéder à des droits égaux à ceux des métropolitains c’est-à-dire que s’y applique pleinement les lois françaises et européennes, à la différence d’une collectivité territoriale. Mais cette #départementalisation s’est révélée un leurre. La croissance fulgurante de la population, (76 000 habitants en 1991, 300 000 habitants en 2023), dépasse largement la capacité des #infrastructures et des #services_publics à répondre aux exigences, tout en exacerbant l’obsolescence des équipements, faute d’entretien.

    Effondrement des services publics

    L’#éducation, en particulier, est le symbole de cet #échec. Avec des classes surchargées, des enseignants en sous-effectifs et des écoles délabrées, le #système_scolaire est incapable de répondre aux besoins d’une jeunesse nombreuse et en quête d’avenir. Cet effondrement du #système_éducatif alimente un sentiment d’#abandon et de #mépris parmi les Mahorais. Ils constatent chaque jour que la promesse d’#égalité_républicaine reste une illusion.

    Les infrastructures sanitaires et sociales sont tout aussi défaillantes. Les femmes comoriennes qui bravent les flots pour accoucher à Mayotte afin que leurs enfants acquièrent la nationalité française, contribuent à une #pression_démographique croissante. Mais ces enfants, bien que nés sur le sol français, grandissent souvent dans des conditions indignes. Ils alimentent les #bidonvilles, des espaces d’#exclusion où se forment des #bandes_de_jeunes livrés à eux-mêmes, vecteurs de #violences et d’#émeutes récurrentes. À leur majorité, en vertu du #droit_du_sol, ces enfants peuvent acquérir la #nationalité_française.

    La #colère gronde dans une population qui se sent méprisée, prise en étau entre un État central distant et des besoins locaux criants. Mais ce mépris ne se limite pas aux politiques sociales : il se manifeste aussi dans la gestion de l’#environnement. Mayotte est une île en pleine #dégradation_écologique, où les bidonvilles, sans réseaux d’#assainissement, rejettent leurs #déchets dans une #mer polluée, comme j’ai pu l’étudier dans le cadre d’une mission pour l’association Littocean. La destruction des #mangroves (due à un #développement_urbain incontrôlé et au #changement_climatique) et en conséquence des #récifs_coralliens, essentiels pour limiter l’#érosion et les submersions marines, témoigne de l’incapacité à relier environnement et développement.

    Une gestion écologique devenue symbole technocratique

    À cela s’ajoute un paradoxe criant : tandis que les populations locales luttent pour survivre, des moyens considérables sont mobilisés pour protéger l’écosystème marin par le biais du #parc_naturel de Mayotte. Ce parc, destiné à préserver la #biodiversité exceptionnelle des récifs coralliens, devient un symbole d’une gestion technocratique déconnectée des réalités humaines. Les Mahorais, exclus de ce projet, perçoivent cette #conservation comme une nouvelle forme de #colonialisme : une « #colonisation_bleue » où la priorité est donnée à la #nature, administrée par l’État français, au détriment des habitants. Ce fossé entre la préservation de l’environnement et les besoins des communautés accentue le #sentiment_d’abandon et l’idée que Mayotte n’est qu’un territoire périphérique, instrumentalisé pour des objectifs extérieurs et géopolitiques, traité comme une colonie et non comme un territoire français à part entière.

    Dans ce contexte, le changement climatique agit comme un catalyseur. Il intensifie les phénomènes naturels extrêmes, tels que les cyclones ou les #sécheresses, et exacerbe les inégalités. L’élévation du niveau de la mer menace directement les habitations précaires situées sur les littoraux, tandis que les ressources en #eau, déjà insuffisantes, s’amenuisent. Les catastrophes naturelles se multiplient, mais elles ne sont pas de simples fatalités : elles frappent un territoire déjà fragilisé, où chaque événement climatique devient un désastre humain par manque de préparation.

    Un avenir impensable et tragique

    Face à cette accumulation de crises, c’est le rapport au temps qui interroge. À Mayotte, l’idée même d’un avenir semble inatteignable. Les Mahorais vivent dans un présent sans repères, où les mêmes drames – émeutes, violences, destructions – se répètent sans fin. François Hartog, dans sa réflexion sur le #présentisme, décrit cet état où le passé perd sa valeur, où le futur est inconcevable, et où seul le présent s’impose, figé dans l’#urgence et l’incapacité d’anticiper.

    Mayotte incarne cette #temporalité_brisée. L’île n’a pas de nostalgie d’un âge d’or, car son histoire est marquée par des fractures successives : colonisation, séparation des Comores, départementalisation ratée. Elle n’a pas non plus de projet d’avenir, car les conditions de vie, les inégalités et les crises structurelles la maintiennent dans un état d’urgence permanent. Ce présentisme exacerbé renforce le sentiment d’#impuissance, rendant impossible toute perspective de reconstruction ou de progrès.

    La situation actuelle de Mayotte peut être qualifiée d’#hypercriticité : un état où les #tensions_sociales, politiques et environnementales atteignent un point de rupture, où chaque élément, même mineur, peut précipiter un #effondrement_global.

    Ce terme désigne non seulement l’accumulation des #vulnérabilités, mais aussi l’incapacité à s’en extraire. L’hypercriticité, c’est l’impossibilité de penser au-delà de l’urgence, l’incapacité de construire des ponts entre les crises pour trouver des solutions globales. À Mayotte, cet état est visible dans chaque aspect de la vie : dans l’école qui échoue à offrir un avenir, dans les bidonvilles qui s’étendent, dans la mer qui rejette les déchets de l’île et engloutit peu à peu ses côtes, dans l’#accès_à_l’eau et à un environnement sain, dans la pression démographique et ses conséquences écologiques.

    Cette crise révèle une conjonction inédite entre deux histoires : celle, humaine, de la #globalisation, avec ses migrations, ses inégalités et ses #fractures_coloniales ; et celle, planétaire, d’une Terre abîmée par la dégradation accélérée des écosystèmes. Comme l’explique Dipesh Chakrabarty dans "Une planète, plusieurs mondes" (https://www.cnrseditions.fr/catalogue/histoire/une-planete-plusieurs-mondes), ce croisement marque une #rupture : à Mayotte, cette rencontre s’incarne dans une « planète des pauvres », où les damnés de la Terre subissent de plein fouet l’amplification de ces dynamiques destructrices. Ici, les vulnérabilités humaines et écologiques se confondent dans un cycle sans précédent, soulignant la nouveauté tragique de cette crise.

    Toutefois, l’hypercriticité peut aussi être un point de départ. Elle force à regarder en face l’ampleur des problèmes et à repenser radicalement les relations entre les hommes, leur territoire et leur futur. Si Mayotte continue sur cette voie, elle risque de devenir un archétype de l’#effondrement_insulaire, un avertissement pour d’autres territoires. Mais si elle parvient à dépasser ce présentisme, à prendre en compte l’histoire passée, à s’attaquer aux urgences présentes tout en imaginant un avenir collectif mettant en avant la #double_identité mahoraise française et comorienne pour en faire un exemple d’#hybridité_culturelle réussie, elle pourrait, paradoxalement, transformer sa fragilité en force, en inventant un modèle résilient face aux défis du XXIe siècle. Le temps, à Mayotte, n’a pas encore retrouvé son cours, mais il n’est pas trop tard pour le remettre en mouvement.

    https://theconversation.com/mayotte-histoire-coloniale-fractures-sociales-et-desastre-environne
    #Comores #colonialisme #environnement

  • Le cumul entre RSA et travail saisonnier autorisé dans trois nouveaux départements
    http://www.lefigaro.fr/social/le-cumul-entre-rsa-et-travail-saisonnier-autorise-dans-trois-nouveaux-depar

    La Gironde, la Dordogne et le Loire-et-Cher ont décidé d’autoriser les allocataires du RSA à occuper un travail saisonnier.

    Cumuler le RSA et un travail saisonnier est désormais possible dans trois nouveaux départements. Sont concernés la Gironde, la Dordogne et le Loir-et-Cher. Pour ces trois départements, il s’agit notamment de faire face à la pénurie de postes à pourvoir pendant la période des vendanges ou dans des secteurs en tension comme la restauration.

    #RSA #départementalisation #cumul_intégral #travail_saisonnier #emploi_saisonnier

    Dans 11 départements : #Aube #Bas-Rhin #Bourgogne #Côte-d’Or #Dordogne #Gironde #Haut-Rhin #Loir-et-Cher #Marne #Rhône #Saône-et-Loire

  • Les «antillais» sont-ils caribéens ?

    "On l’appelait département français, département d’outre-mer, sans savoir comment le nommer car lui même avait du mal à se situer sur la carte du Monde. Au loin, les autres îles s’étaient depuis longtemps enracinées dans leur drapeau et même si les difficultés torturaient leur destin, elles chevauchaient la mer avec la vaillance de petites nations intrépides".

    E. Pépin, Toxic Island

    Le titre de cet article peut sembler au premier abord assez paradoxal. En effet, les Antilles et la #Caraïbe sont en principe deux synonymes désignant la même région, en français, en anglais (The Caribbean / The Antilles1) en hollandais (De Caraïben / De Antillen) et en espagnol (El Caribe / Las Antillas).

    Il existe pourtant une vision française plus étroite de ce que représentent « les Antilles », par contraction de la terminologie d’ « #Antilles_françaises ». Cette perception se retrouve notamment dans la terminologie de l’Université des Antilles (sous entendu la Martinique et la Guadeloupe) et de la Guyane (UAG). Elle se retrouve aussi par exemple à travers l’appellation du principal journal de #Martinique et de #Guadeloupe : le « #France-Antilles » (la Guyane a son « France-Guyane »). On parle aussi volontiers dans les journaux de l’ « Hexagone2 » et des #Départements_d'Outre_Mer (#DOM) de la « #communauté_antillaise » pour désigner les personnes originaires de Martinique, de Guadeloupe et parfois par extension de Guyane3. Ces « Antillais » considèrent d’ailleurs leurs voisins de #Dominique et de #Sainte-Lucie comme des étrangers (pas des « Antillais ») qu’ils appellent les « Anglais ».

    La question ici posée est donc la suivante : les « Antillais » originaires de Martinique, Guadeloupe et #Guyane sont-ils caribéens ? L’histoire et la géographie rattachent leurs territoires à cet espace. Cependant, la départementalisation en 19464 a entrainé le façonnement sur un demi-siècle d’une #identité « antillaise » toute particulière, entre une #France très bien connectée (entre trois et six navettes aériennes journalières directes pour Paris, trois compagnies aériennes) mais lointaine (7 000 km, 8 heures de vol) et une Caraïbe proche (quelques centaines de kilomètres tout au plus pour les autres îles des Petites Antilles) mais au contraire très peu connectée. A titre d’exemple il est bien plus long et plus difficile de se rendre de Fort-de-France (Martinique) ou de Pointe-à-Pitre (Guadeloupe) à Kingston (Jamaïque) ou à Paramaribo (Suriname) que de se rendre à Paris. De manière encore plus caricaturale, pour se rendre par les airs depuis Fort-de-France à Roseau, capitale de l’île voisine de la Dominique située à une trentaine de kilomètres au Nord, il faut compter deux escales (Sainte-Lucie et Antigua par exemple), avant d’entamer les deux heures de routes qui relient l’aéroport de Melville Hall à la ville...

    Culture et populations tendent à rapprocher ces îles voisines. Les locuteurs de Guadeloupe, Martinique, Dominique et Sainte-Lucie peuvent par exemple se comprendre en créole (bien qu’il existe des variations notables) sans utiliser le français ni l’anglais. D’après une étude ethnologique, plus de 95% des Guadeloupéens parlent ainsi le #Créole comme #langue maternelle et le Français seulement comme langue secondaire. Plus de 80% des Martiniquais parlent eux le français et le créole comme langue maternelle (Lewis 2009). Par ailleurs, si il n’existe pas de statistiques ethniques dans les territoires français, d’après les estimations de chercheurs de l’Université de Laval (Québec) plus de 80% de la population martiniquaise et plus de 90% de la population guadeloupéenne se composent de noirs et de métisses5 6. Ces chiffres sont assez comparables à ceux de Sainte-Lucie (94% de noirs et de métisses7) et de la Dominique (95%8) bien que la part de la population noire y soit sensiblement plus forte.

    Le niveau de vie et l’éducation sont par contre beaucoup plus similaires entre les Antilles Françaises et la France qu’ils ne le sont par rapport à ces îles voisines. Les Martiniquais sont considérés comme de riches touristes à Sainte-Lucie et en Dominique (où on les appelle « the French »). Les « Anglais » sont eux plus souvent perçus comme des travailleurs pauvres, des clandestins (bienvenus pour les travaux agricoles ou de construction) ou des trafiquants de drogues en Martinique. Le PNB par habitant de la Dominique est deux fois et demi moindre que le PIB par habitant estimé pour la Martinique par l’INSEE (respectivement 7 284 euros9 et 19 600 euros10). Le PIB par habitant de la Martinique est pour sa part beaucoup plus proche du PNB par habitant total français (23 100 euros11), bien que sensiblement inférieur.

    Parmi les étudiants interrogés dans les différentes branches de l’Université des Antilles et de la Guyane, moins d’une personne sur deux se dit « caribéen » (31% en Guyane, 37% en Martinique, 52% en Guadeloupe). Quand on demande ensuite à ceux qui revendiquent une identité plurielle (par exemple Guadeloupéen et Français et Caribéen) de hiérarchiser leurs sentiments d’appartenance, moins de 15% de ces « Antillais » se disent avant tout Caribéens (12,5% pour les Guyanais, 11% pour les Martiniquais, 5% pour les Guadeloupéens). De manière générale on est ici avant tout Guyanais (43%), Martiniquais (71%) ou Guadeloupéen (78%) (Cruse 2011).

    Le contact physique avec ces différents espaces explique sans doute en partie cette représentation identitaire en rapport avec l’espace de vie : 90% des étudiants martiniquais ont déjà voyagé en France alors que seuls 56% ont déjà voyagé dans la Caraïbe (hors DOM Français). 76% des étudiants guadeloupéens ont été en France mais seuls 52% dans la Caraïbe. Les Guyanais ne sont que 50% à avoir été en France, mais seuls 25% ont par ailleurs déjà voyagé dans la Caraïbe (Cruse 2011). Clairement, l’espace vécu intègre beaucoup plus la France que la Caraïbe.

    Par ailleurs, les déplacements de ces étudiants dans la Caraïbe montrent une nette concentration dans les autres DOM français et dans les îles proches (Sainte-Lucie et Dominique). Mis à part la République dominicaine, qui est vendue comme une destination touristique aussi sur le marché des touristes « français d’Outre Mer », le reste de la Caraïbe demeure très peu visité. Le centre de gravité de l’espace vécu de ces étudiants se trouve entre la France et ses dépendances caribéennes.

    Cet espace vécu reflète parfaitement l’espace des échanges commerciaux. Si l’on prend l’exemple de la Martinique, les trois quarts des importations proviennent de l’Union Européenne (les deux tiers desquelles proviennent de France « métropolitaine »). Au contraire, seules 7% des importations proviennent de la Caraïbe. Pour ce qui est des exportations, 83% des ventes martiniquaises sont destinées à la France (Guadeloupe 57%12, France « métropolitaine » 25%) à comparer aux 3% à destination de la Caraïbe (INSEE 2009).

    Rien n’incite d’ailleurs aux #échanges entre les habitants des îles françaises et le reste des Caribéens. Les #prix des échanges sont prohibitifs, que l’on pense au transport, à l’envoi de marchandises ou même plus simplement aux appels téléphoniques. Une compagnie de téléphonie mobile comme Digicel facture par exemple les appels entre DOM 23 centimes d’euros par minute, d’un DOM vers la France « métropolitaine » 55 centimes, et d’un DOM vers « la Caraïbe13 » 73 centimes. Il est donc beaucoup moins cher d’appeler la France – et d’y entretenir des liens -, à 7 000 kilomètres, que la Dominique qu’on aperçoit depuis la côte sud de la Guadeloupe et depuis la côte Nord de la Martinique...

    L’ensemble de ces éléments montrent que, malgré leur positionnement géographique caribéen et les héritages culturels (langue créole, histoire commune, etc.), les Antilles françaises sont avant tout vécues comme des régions françaises. Ceci s’explique en grande partie par l’ensemble des politiques menées depuis la #départementalisation (politiques économiques et éducation notamment). La forte connexion avec la France (transport, commerce, médias, etc.) et la coupure avec le reste de la Caraïbe jouent un rôle particulièrement important dans ce processus.

    http://www.caribbean-atlas.com/fr/thematiques/qu-est-ce-que-la-caraibe/les-antillais-sont-ils-caribeens.html
    #mots #terminologie #vocabulaire #Antilles #colonisation #géographie_coloniale #ressources_pédagogiques

  • « Ti Katorz », vierge noire devant la cathédrale… - 7 Lames la Mer
    http://7lameslamer.net/Ti-Katorz-te-fale-pa-kalkil-ael.html

    #LaRéunion, qui tergiverse entre #colonie et #départementalisation, celle de l’après-guerre et des cars courant d’air, celle du chemin de fer et des #MessageriesMaritimes, celle qui peu à peu s’éloigne de nos mémoires, dont on efface en douce les vestiges pour leur substituer d’arrogants bâtiments sans âme ni prestige, celle dont on feint de penser qu’elle n’a d’intérêt que pour les nostalgiques réfractaires à la modernité… Cette Réunion-là n’a pas fini d’alimenter nos imaginaires par la profusion de personnages populaires qu’elle a engendrée et dont les ombres hantent encore les rues de nos cités et la mémoire collective. Léone Claire Lagarigue, plus connue sous le ti’nom de « #TiQuatorze », était de ceux-là.

    #créole