• L’industrie alimentaire affronte le défi de la décroissance Marie-Josée COUGARD - 4 avril 2019 - les échos
    https://www.lesechos.fr/industrie-services/conso-distribution/lindustrie-alimentaire-affronte-le-defi-de-la-decroissance-1006467

    Jamais en dix ans les Français n’ont autant réduit leurs achats de produits alimentaires, selon l’Insee. Les volumes ont plus reculé (-1,2 %) en 2018 qu’au moment de la crise financière (-0,5 %).

    De prime abord, le constat est plutôt positif. L’an dernier, le chiffre d’affaires de l’industrie agroalimentaire a augmenté de 1,5 %, à 176,1 milliards d’euros. C’est une progression « supérieure à ce qu’on observe dans le reste de l’industrie », a souligné mercredi Richard Girardot, le président de l’Association nationale des industries alimentaires (Ania). Les entreprises ont embauché, créant près de 3.300 emplois. L’industrie de l’alimentation est le premier employeur français avec 427.600 emplois directs et près de 2,4 millions d’emplois induits. Autant d’éléments qui pourraient donner à penser que le bilan de santé de ce poids lourd de l’économie française est tout à fait positif. Pourtant, ce n’est pas le cas.

    248 fermetures d’usines
    L’industrie de l’alimentation est confrontée à un phénomène de déconsommation jamais observé en dix ans. Même au moment de la crise financière de 2008, la baisse des volumes n’avait pas connu pareille ampleur. Elle s’était alors limitée à -0,5 % quand en 2018, elle ressort à -1,2 %, selon l’Insee. Autant dire que « de la distribution ne stimule pas la consommation », martèle l’Ania. L’an passé, 26 annonces de fermetures d’usines ont été recensées par le cabinet Trendeo. Si l’on tient compte des annonces de créations, le solde net reste négatif à -8 contre -9 sur 2009-2011, ce qui fait dire à Richard Girardot que « les entreprises ont mieux résisté à la crise financière qu’à la guerre des prix ».

    En six années de déflation des prix alimentaires, 5,5 milliards de valeur ont été détruits pour la filière, souligne Nielsen. Les grandes marques ont beaucoup plus souffert que les autres. Entre 2013 et 2018, leurs prix ont reculé de 17 %, alors qu’au total les produits de grande consommation n’ont baissé que de 6,1 %. L’impact sur les marges s’est fait durement ressentir. En l’espace de trois ans, les marges brutes ont perdu 8 points pour tomber à 36 %, ce qui leur a valu de passer en dessous du niveau des marges de l’industrie manufacturière à 38 %, selon des calculs de l’Ania basés sur des chiffres Insee.

    Recul de l’innovation
    Dans cet environnement, l’industrie alimentaire peine à recruter et fait état de 21.000 emplois non couverts. « C’est le premier obstacle à la croissance des entreprises », a souligné Stéphane Dahmani, l’économiste de l’Ania. Les innovations, moins nombreuses, pâtissent de la situation. L’association estime que les lancements de produits ont chuté de 32 % sur l’année écoulée. Les entreprises agroalimentaires ont aussi perdu du terrain à l’exportation si bien que le solde des échanges a diminué de 5 %, à 7,2 milliards d’euros. Pis, l’écart s’est creusé avec les pays concurrents européens. Pour l’Ania, il ne fait pas de doute que « le déficit de compétitivité en France vienne avant tout de la destruction de valeur ajoutée spécifique au marché français ».

    La France occupe le quatrième rang de l’export, derrière les Etats-Unis, l’Allemagne et les Pays-Bas alors qu’elle était leader mondial en 2004. Les entreprises françaises ne sont que 20 % à s’aventurer sur les marchés étrangers quand c’est le cas de 80 % de leurs homologues allemandes. L’export entre pour un quart dans le chiffre d’affaires global du secteur alimentaire quand il représente 42 % pour le reste de l’industrie.

    La loi Egalim sans effet pour l’instant
    La mise en oeuvre de la loi Egalim destinée à calmer la guerre des prix et à faire remonter la valeur vers les entreprises et les agriculteurs n’a pour l’instant pas produit d’effets, estime le syndicat professionnel. « Les mauvaises pratiques persistent », juge l’Ania. Les trois quarts des entreprises que l’organisation a interrogées se sont encore vues demander des baisses de prix. Une sur quatre a subi des déréférencements. 60 % en ont été menacées. Le relèvement du seuil de revente à perte (SRP) a dégagé un gain de 600 millions d’euros sur douze mois glissants. « Ils sont allés directement dans les caisses de la distribution. Où est le ruissellement de la valeur sur la filière ? »  s’est interrogé Richard Girardot, qui réclame plus de contrôles de la DGCCRF.

    Interrogés, les distributeurs dénoncent de leur côté une étude de l’Ania « totalement biaisée ». Elle ne porte que « sur 3 % des entreprises », affirme Jacques Creyssel, le patron de la Fédération du commerce et de la distribution. « Plutôt qu’une communication agressive, nous attendons des industriels qu’ils expliquent comment les hausses acceptées vont redescendre aux producteurs, et notamment aux éleveurs. » Un an après les Etats généraux de l’alimentation, les deux filières ne sont pas près de s’entendre.
    #décroissance

  • Blocage administratif : la personnalité qualifiée de la CNIL fait plier la police devant la justice
    [TW] Attention cette recension contient une bonne nouvelle pour la liberté d’informer (oui, je sais, le même jour que la tentative de perquisition de @mediapart, ça fait bizarre, c’est pour ça que je préviens !)
    Aujourd’hui donc Le tribunal administratif de Cergy-Pontoise vient de donner raison à la personnalité qualifiée de la CNIL, qui avait contesté en justice plusieurs demandes de retrait et de #déréférencement émanant de l’Office central de lutte contre la cybercriminalité (OCLCTIC). Une première.
    par Xavier Berne sur #nextinpact : https://www.nextinpact.com/news/107570-blocage-administratif-personnalite-qualifiee-cnil-fait-plier-oclc

    Drôle d’anniversaire. Il y a quasiment quatre ans jour pour jour, le gouvernement publiait le décret permettant aux policiers de l’#OCLCTIC d’exiger auprès des fournisseurs d’accès à #Internet français le #blocage de contenus pédopornographiques ou terroristes.
    Contre les dérives potentielles d’un tel dispositif – où le juge est mis à l’écart – le législateur avait souhaité qu’une personnalité qualifiée, désignée par la #CNIL, puisse contrôler l’ensemble des demandes de retrait, de blocage puis de déréférencement (dans les annuaires et moteurs de recherche) ordonnées par l’OCLCTIC. La gardienne des données personnelles avait ainsi confié cette tâche à Alexandre Linden, conseiller honoraire à la Cour de cassation.

    N’étant pas abonnée je n’ai pas accès à la suite mais :

    – cela fait donc référence aux coups de pressions contre les 2 plateformes #indymedia (#grenoble et #nantes) qui avaient reçu des supposées revendications d’actions directes, cf @indymedianantes https://seenthis.net/messages/755412 , @indygrrr https://seenthis.net/messages/754703 ... (je rajouterai les articles plus précis plus tard quand je les retrouverai mais si je me rappelle bien les deux sites avaient retirés les communiqués ... pour les republier ensuite dans leurs propres communiqués, créant ainsi un #effet_Streisand)

    – la décision du tribunal est résumée ici : http://cergy-pontoise.tribunal-administratif.fr/A-savoir/Communiques/Internet-premier-jugement-rendu-sur-saisine-de

    Se prononçant pour la première fois dans le cadre de ce type de contentieux, le tribunal a précisé la grille d’analyse applicable en la matière.

    Estimant que les mesures en cause constituaient des mesures de police, il a exercé un contrôle normal sur la qualification juridique des faits effectuée par l’administration.

    Il lui incombait de déterminer si les publications en cause constituaient une provocation directe ou faisaient l’apologie d’actes de terrorisme, au sens du code pénal.

    Concernant les publications litigieuses, il a estimé que celles-ci relataient des faits qui n’étaient pas qualifiables d’actes de terrorisme au sens de l’article 421-1 du code pénal. Le contenu de ces publications ne pouvait dès lors pas être analysé comme constitutif de l’infraction de provocation ou d’apologie à commettre des actes de terrorisme, telle que mentionnée à l’article 421-2-5 du code pénal.

    – le jugement complet est là : http://cergy-pontoise.tribunal-administratif.fr/content/download/154036/1559647/version/1/file/1801344.pdf (déso, pas eut le courage de le lire !)

    – l’article précédent de nextinpact par Marc Rees est en accès libre : Blocage administratif : le ministère de l’Intérieur attaqué par le représentant de la CNIL : https://www.nextinpact.com/news/107449-blocage-administratif-ministere-interieur-attaque-par-representan (seenthisé par @parleur ici : https://seenthis.net/messages/747414 )

    – vu comment @laquadrature scude à tours de bras sur twitter, je sens qu’il va y avoir bientôt un article gratiné :D

    Pendant que la censure sans juge est remise en question en France, elle continue d’avancer à grand pas en Europe. #ReglementTerro #CensureSecuritaire
    https://twitter.com/laquadrature/status/1092425719676846081
    Pour rappel : un site militant avait été censuré par la police au nom de la lutte antiterroriste. Un an et demi plus tard, cette censure est reconnue illégale par un juge. Le contrôle préalable du juge est indispensable, le règlement terro le contourne.
    https://twitter.com/laquadrature/status/1092418451535286272
    Et cette décision ne doit surtout pas nous rassurer : elle démontre exactement les dérives que permet la censure sans juge en France.
    https://twitter.com/laquadrature/status/1092425719676846081

    et aussi :

    Mme @DominiqueBilde, vous venez de dire en CULT que la censure anti-terro n’appelait pas à beaucoup de débats, contrairement à la censure politique qui vous inquiéterait davantage. Ignorez-vous que, en France, la censure anti-terro sans juge est détournée en censure politique ?
    https://twitter.com/laquadrature/status/1092450956493684736
    Aujourd’hui, un tribunal administratif vient de déclarer illicite la censure exigée par la police il y a 1,5 ans contre le site militant Indymedia, prétextant abusivement de l’anti-terrorisme. En défendant le règlement anti-terro, vous défendez ces abus.
    https://twitter.com/laquadrature/status/1092450957802250242

    Bon, je dis au début qu’il y a une bonne nouvelle, mais dans l’absolu, que la police se sente assez légitime pour faire pression comme ça sur des sites au prétexte qu’ils hébergent des supposés revendications, c’est tout sauf une bonne nouvelle....

    • Communiqué de @indymedianantes suite à ce rendu https://seenthis.net/messages/759682

      C’est un important précédent qui fait jurisprudence et laisse entrevoir la possibilité de mettre des bâtons dans les roues de la machine à censure de l’État. Cela dit, il y a de fortes chances pour que ce dernier s’adapte rapidement et trouve de nouvelles parades pour pouvoir censurer la contestation sur Internet en évitant les déboires de cette affaire. La prochaine loi européenne sur le sujet que nous avons déjà mentionnée leur donnera notamment un nouveau cadre légal [2]. Et de toute façon étant donné le nombre croissant de mesures de ce type, cette « victoire » n’est qu’une goutte dans un océan de coupures (sans compter celles que les entreprises privées comme facebook opèrent déjà sur leur propre site).

  • Google prié de déréférencer plus de 550 millions de liens en 2015
    http://www.nextinpact.com/news/97885-google-prie-dereferencer-plus-550-millions-liens-en-2015.htm

    Google a été prié de déréférencer plus de 550 millions de liens de son moteur de recherche en 2015, un record absolu. Mais si les ayants droit ont ainsi recours de manière croissante aux services du géant de l’internet, ceux-ci ne semblent pas pour autant trouver cela très efficace... Souvent considéré comme la principale porte d’entrée vers les sites de piratage, Google reçoit quotidiennement plusieurs centaines de milliers de requêtes dites « DMCA » – du nom de la législation américaine relative au (...) #Google #RIAA #copyright #déréférencement