#désétatisation

  • Il est temps d’appeler les choses par leur nom :
    L’Etat est désormais une banale entreprise comme une autre.
    Propriété des capitalistes.
    Les citoyens-collaborateurs ont toujours le droit de vote pour élire leur président-PDG, mais le dit président ne doit rendre des comptes qu’à ses actionnaires, ses créanciers du système financier privé, autrement dit les capitalistes.

    Il semblerait que la gauche altermondialiste se soit endormie sur ses lauriers en assistant avec satisfaction au début de la démondialisation. Elle va devoir réactualiser ses slogans. Passer de « Le monde n’est pas un marchandise » à « Le monde n’est pas une entreprise »

    cf interview Luc Boltanski :
    http://www.telerama.fr/idees/trois-regards-sur-l-apres-cahuzac-pour-sortir-de-la-crise-democratique,9639

    Après la Seconde Guerre mondiale, une sorte de compromis avait été passé entre l’Etat et les grandes firmes capitalistes. Au premier, le soin d’assurer les conditions de reproduction de la force de travail — l’éducation, la santé, etc. — et le développement des infrastructures. Aux secondes, la responsabilité de payer l’impôt nécessaire à leur financement. Quand le capitalisme européen entre en crise, dans les années 1960-1970, de nouvelles voies sont explorées par les multina­tionales pour surmonter cette dernière et se soustraire aux contrôles étatiques, en réorganisant les modes de production, en développant des activités financières dérégulées et en transférant des capitaux dans des paradis fiscaux. Mais l’Etat, pour faire face à des dépenses sociales accrues par un chômage devenu endémique, a dû emprunter sur le marché des capitaux. Ce qui l’a rendu tributaire du capitalisme et a sapé un de ses principaux appuis idéologiques : le principe de sa souveraineté. Les marchés financiers et les agences de notation prenaient en effet le dessus sur un pouvoir que les dirigeants politiques devaient, pourtant, à leurs mandats électoraux.

    #Boltanski explique pourquoi la critique est devenue inaudible, résignée. En cause : la « tyrannie de la réalité », chère à @mona Chollet.

    dans le dernier tiers du XXe siècle s’est mis en place un mode de gouvernement « gestionnaire ». Des techniques de contrôle et de management venues de l’entreprise ont été étendues à la sphère publique — école, culture, santé —, puis appliquées à la gestion de l’Etat. Bien qu’il se dise compatible avec la démocratie, ce mode de gouvernement limite le rôle de la critique et, avec elle, de la politique. Les mesures prises sont en effet présentées comme si elles étaient dictées par des forces extérieures, quasi naturelles. La référence à une « nécessité » — « nous n’avons pas d’autres choix » — constitue l’instrument idéologique principal de ce mode de gestion, et la capacité des dirigeants à faire face à cette nécessité, c’est-à-dire à s’y plier, devient la vertu politique par excellence.

    Selon moi, dans notre passivité, il y a enfin une résignation, que tout ça était inéluctable.
    Comme si on avait intégré la #capitulation, sans la conscientiser réellement. On assiste à l’aboutissement d’un processus de 30 ans. Ce processus avait démarré en 1983 en France, quand Mitterand a cédé face à Reagan et Thatcher. Il a pris de l’ampleur en 1989 avec la chute du mur de Berlin, et la traduction politique européenne du triomphe capitaliste néolibéralisé en 1992 : le traité de Maastricht. Et depuis, on déroule les "réformes"pour démanteler l’Etat et le vendre à la découpe aux capitalistes.

    #privatisation #désétatisation #capitalisme