• Notre réussite scolaire dépendrait de variations génétiques (HuffingtonPost)
    http://www.huffingtonpost.fr/2016/05/12/milliers-variations-genetiques-reussite-scolaire-influence_n_9923418.

    La réponse est non :

    L’influence de ces 74 variations génétiques prises ensemble (dont les 3 précédemment identifiées par les mêmes chercheurs) est « très petite ». Elle explique seulement 0,43% des différences de niveau d’études entre les individus, relèvent les chercheurs.

    Car :

    En effet, de nombreuses études, en France et dans le monde ont démontré l’impact très important de l’environnement social, économique ou encore géographique sur le niveau d’éducation.

    « Il y a tellement de causes connues et importantes qui expliquent pourquoi des personnes n’atteignent pas un haut niveau d’étude que s’intéresser à des causes génétiques inconnues et ayant un minuscule effet semble inutile », affirme carrément Aravinda Chakravarti, un généticien de l’université Johns Hopkins à The Verge.

    Le site cite également Arthur Caplan, bioéthicien à l’université de New York, qui s’il n’est pas aussi vindicatif, évoque également « le danger de ce genre de rapports qui peuvent détourner d’énormes facteurs » entraînant des différences de niveau d’éducation, « comme la sécurité des écoles, le nombre de professeurs, la taille des classes, l’alimentation ».

    #éducation #niveau_scolaire #génétique #déterminisme_génétique

  • Marshall Sahlins : La nature humaine
    http://www.lyber-eclat.net/lyber/sahlins/nature1.html

    edit : la page libre des éditions de l’éclat semble avoir disparu... on trouve le pdf ici
    https://download.tuxfamily.org/defi/pdf/La%20Nature%20humaine%3A%20une%20illusion%20occidentale.pdf

    J’en appelle au principe nietzschéen : les grands problèmes sont comme des bains d’eau glacée, il faut en sortir aussi rapidement qu’on y entre.

    Depuis plus de deux mille ans, ceux qu’on appelle les « Occidentaux » ont toujours été hantés par le spectre de leur #nature : à moins de la soumettre à quelque #gouvernement, la résurgence de cette nature humaine cupide et violente livrerait la société à l’anarchie. La théorie politique de l’animal sans foi ni loi a souvent pris deux partis opposés : ou bien la hiérarchie, ou bien l’égalité ; ou bien l’autorité monarchique, ou bien l’équilibre républicain ; ou bien un système de domination idéalement capable de mettre un frein à l’égoïsme naturel des hommes grâce à l’action d’un pouvoir extérieur, ou bien un système auto-régulé où le partage égal des pouvoirs et leur libre exercice parviendraient à concilier les intérêts particuliers avec l’intérêt commun. Au-delà du politique, nous trouvons là un système métaphysique totalisant qui décrit un #ordre_naturel des choses : on retrouve en effet une même structure anarchique originaire entre des éléments qu’on ordonne soit à l’aide d’une hiérarchie, soit par l’égalité ; ce système vaut aussi bien pour l’organisation de l’univers, que pour celle de la #cité, et intervient même dans la conception de la santé du corps humain. Il s’agit d’une métaphysique propre à l’Occident, car la distinction entre nature et #culture qu’elle suppose définit une tradition qui nous est propre, nous démarquant de tous les peuples qui considèrent que les bêtes sont au fond des êtres humains, et non que les humains sont au fond des bêtes. Pour ces derniers, il n’est pas de « nature animale » que nous devrions maîtriser. Et ils ont raison, car l’espèce humaine telle que nous la connaissons, l’homo sapiens, est née il y a relativement peu de temps dans une histoire culturelle de l’homme beaucoup plus ancienne.
    La paléontologie en témoigne : nous sommes, nous aussi, des animaux de culture ; notre patrimoine biologique est déterminé par notre pouvoir symbolique. Notre esclavage involontaire aux penchants animaux est une illusion ancrée dans la culture.

    Je m’inscris en faux contre le #déterminisme_génétique, si en vogue aux États-Unis aujourd’hui, et qui prétend expliquer la culture par une disposition innée de l’homme à rechercher son intérêt personnel dans un milieu compétitif. Cette idée est soutenue par les « sciences économiques » qui considèrent que les individus ne cherchent qu’à assouvir leurs désirs par un « choix rationnel », sans parler des sciences du même acabit, et pourtant si populaires, comme la psychologie évolutionniste et la #sociobiologie qui font du « gène de l’égoïsme » le concept fourre-tout de la science sociale. Mais, comme Oscar Wilde le disait à propos des professeurs, l’ignorance est le fruit d’une longue étude. Oubliant l’histoire et la diversité des cultures, ces fanatiques de l’égoïsme évolutionniste ne remarquent même pas que derrière ce qu’ils appellent la nature humaine se cache la figure du #bourgeois. À moins qu’ils ne célèbrent leur #ethnocentrisme en prenant nos us et coutumes pour des preuves de leurs théories du comportement humain. Pour ces sciences-là, l’espèce, c’est moi.

    Prétendre que la méchanceté innée de l’homme est propre à la pensée occidentale va aussi à l’encontre du discours dominant, j’entends par là le #postmodernisme et son désir d’indétermination

    #livre #anthropologie #critique