• Nos chats sont-ils des terreurs écologiques ?

    “Les chats sont une #catastrophe pour la #biodiversité. Les chiens sont une catastrophe pour le climat” a affirmé le 13 décembre, sur TF1, le chercheur médiatique #François_Gemenne, ancien membre du GIEC et enseignant à Science Po Paris. En disant cela, il a admis lui-même aborder un sujet sensible, susceptible de déclencher la colère des téléspectateurs. Et cela n’a pas loupé : la séquence a été largement commentée sur les réseaux sociaux, beaucoup de gens – y compris d’autres écologistes – rappelant qu’il y avait beaucoup à faire, par exemple s’en prendre aux grands bourgeois et leur train de vie délirant, avant de s’intéresser à l’impact de nos chats et de nos chiens sur la biodiversité et le #climat. Oui mais ne serions-nous pas des défenseurs de la planète en carton-pâte si nous ne considérions pas honnêtement la #responsabilité des animaux les plus populaires et les plus mignons sur ce qu’il nous arrive ?

    1 – La destruction de la biodiversité a plusieurs causes

    Quand on pense à l’écologie, on pense d’abord au sujet du réchauffement climatique dû à l’impact des activités humaines carbonés. Mais il y a d’autres sujets à prendre en compte parmi lesquels la baisse très rapide de la biodiversité (quantité d’espèces différentes sur la planète). Elle est en chute libre car de nombreux êtres vivants disparaissent du fait de la transformation, par les activités humaines, de leur environnement. C’est pourquoi on parle d’une “#sixième_extinction_de_masse” : une grande partie des espèces qui peuplent la terre pourrait disparaître prochainement. Selon l’Office Français de la Biodiversité, un établissement public créé récemment pour promouvoir la sauvegarde de ces espèces, 68 % des populations de vertébrés (mammifères, poissons, oiseaux, reptiles et amphibiens) ont disparu entre 1970 et 2016, soit en moins de 50 ans. Et rien qu’en 15 ans, 30% des oiseaux des champs ont disparu, ainsi que 38% des chauves-souris. Si jamais on s’en fout royalement de ces animaux, on peut se rappeler que tout est lié et que ces disparitions ont des conséquences sur nos vies, car chacune de ces espèces jouent un rôle au sein d’un #écosystème, et que certaines peuvent ensuite prendre le dessus et devenir envahissantes…

    La France a un rôle particulier à jouer car elle est le 6e pays du monde à héberger des espèces menacées. Qu’est-ce qui, chez nous, contribue à cette #extinction_de_masse ? Comme partout, le #changement_climatique joue un rôle important en déstabilisant la vie et la reproduction de nombre d’espèces. Ensuite, la pollution de l’air, de l’eau et du sol est considérée par l’ONG WWF comme la première cause de perte de biodiversité dans le monde. On peut également citer la transformation de l’usage des #sols, avec le développement de l’agriculture intensive et l’étalement urbain : le premier transforme la végétation, par exemple en détruisant les #haies pour augmenter les surfaces cultivables par des engins de plus en plus gros, ce qui dégomme des lieux de vie pour nombres d’espèces, en particulier les insectes et les rongeurs, dont la disparition affecte ensuite les oiseaux.

    Il faut aussi mentionner la surexploitation des animaux, via la #pêche_intensive mais aussi la #chasse, bien que sur cette dernière activité, le débat fasse rage dans le cas de la France : les défenseurs de la chasse estiment qu’elle contribue à préserver la biodiversité, puisque les chasseurs “régulent” certaines espèces potentiellement envahissantes et relâchent dans la nature des animaux qu’ils élèvent le reste de l’année. Les lobbies de chasseurs dépensent beaucoup d’argent et de temps pour imposer cette réalité dans le débat public, allant jusqu’à dire que les chasseurs sont “les premiers écologistes de France”, mais les faits sont têtus : seuls 10% des oiseaux relâchés par leurs soins survivent car ils sont désorientés, incapables de se nourrir correctement et pas autonome. Quiconque vit en zone rurale connaît le spectacle navrant de ces faisans et autres bécasses qui errent au bord des routes, attirés par la présence humaine, en quête de nourriture… Quant à la “régulation” des #espèces_invasives, il semble que cela soit en grande partie une légende urbaine : “La grande majorité des animaux tués à la chasse, approximativement 90 ou 95 % n’ont pas besoin d’être régulés” explique le biologiste Pierre Rigaud au Média Vert.

    2 – Les espèces invasives, produits du #capitalisme mondialisé

    Mais dans la liste des causes de la baisse de la biodiversité, il faut mentionner l’impact très important des espèces invasives introduites par l’homme dans la nature – on arrive à nos chatons. Dans son dernier rapport, la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES, qui représente 130 gouvernements et publie des rapports réguliers) établit que la “présence cumulative d’#espèces_exotiques s’est accrue de 40% depuis 1980, et est associée à l’intensification des échange commerciaux ainsi qu’à la dynamique et aux tendances démographiques”. Parce que la “#mondialisation” est passée par là, ou, pour le dire clairement, que la #colonisation et la mise sous régime capitaliste du monde entier a eu lieu au cours du XXe siècle, des espèces circulent d’un continent à l’autre et parviennent dans des endroits où elles commettent de gros dégâts sur les espèces endémiques (“endémique” : qui vit dans un lieu donné. S’oppose à “exotique”).

    Le cas du #frelon_asiatique est très symptomatique : cette espèce a débarqué en France, vraisemblablement dans un conteneur venu de Chine, il y a 20 ans et nuit depuis largement à la biodiversité, notamment aux abeilles. 2004, c’est le début de l’intensification des #échanges_commerciaux avec l’Asie du fait de la délocalisation de toute une partie de la production industrielle en Chine, au grand bonheur des entreprises européennes et de leurs profits. Au passage, ils nous ont ramené le frelon.

    Mais nos animaux préférés seraient aussi en cause : les chats sont des mangeurs d’#oiseaux et ont effectivement, comme le dit François Gemenne, une part de responsabilité dans la baisse de la biodiversité… Ce qu’il ne dit pas, c’est qu’ils provoquent autant de mortalité en France et en Belgique que… nos #fenêtres, contre lesquelles les oiseaux se cognent et meurent… Selon le Muséum d’Histoire Naturelle, interrogé par France Info, les chats ne sont pas les principaux responsables de la disparition des oiseaux car ”Leur raréfaction tient avant tout à la disparition des #insectes et la perte d’habitat. Le chat représente toutefois une pression supplémentaire importante sur une population fragilisée.” Ce serait en #ville et sur les #îles que l’impact des chats serait important, et non dans les campagnes, où il est “un prédateur parmi d’autres”.

    3 – Accuser les chats pour préserver les capitalistes ?

    Lorsque l’on regarde les principaux facteurs de chute de la biodiversité dans le monde, on constate que tout à avoir des décisions humaines. Quel type d’#agriculture développons-nous ? Comment construisons-nous nos villes ? A quelle fréquence faisons-nous circuler les marchandises et les animaux entre les différentes parties du monde ? Quelles activités polluantes décidons-nous de réduire et lesquelles nous choisissons de garder ? On est donc très loin d’une simple équation scientifique : face à un problème comme la sixième extinction de masse, ce sont des décisions collectives potentiellement très conflictuelles que nous devons prendre. Qui arrête son activité ? Qui la poursuit ? Qui va continuer à gagner de l’argent ? Qui va devoir perdre une activité très rentable ?

    Puisque le pouvoir, en France comme dans le monde, appartient aux défenseurs du capitalisme, la décision est pour l’instant la suivante : ce qui génère du profit doit continuer à pouvoir générer plus de profit. L’#agriculture_intensive doit donc continuer et se développer. C’est pourquoi, depuis 50 ans, 70% des haies et des #bocages, refuges de biodiversité, ont disparu, et le phénomène s’accélère. Car les lobbies de l’#agriculture_industrielle ont sévi et, encore récemment, ont obtenu de pouvoir continuer leur jeu de massacre. La #pollution des sols et de l’air ? Elle continue. Le #glyphosate, cet #herbicide qui dégomme les insectes et rend les animaux malades, a été autorisé pour 10 années de plus par l’Union Européenne, pour continuer à produire davantage sur le plan agricole, une production qui sera en grande partie exportée et qui contribuera au grand jeu des profits de l’#agroalimentaire

    Les villes et les villages peuvent continuer de s’étendre et c’est flagrant en zone rurale : puisque le marché du logement est dérégulé et qu’il est plus profitable de construire sur terrain nu que de réhabiliter de l’ancien dans les centre-bourgs, les périphéries des petites villes s’étendent tandis que les centres se meurent… L’#étalement_urbain, qui fait reculer la biodiversité, s’étend sous la pression du #marché_immobilier. Là encore, c’est un choix en faveur du capitalisme et au détriment de la biodiversité… Et inutile de parler du réchauffement climatique : la COP 28, dont la délégation française comprenait Patrick Pouyanné, le patron de TotalEnergies, s’est soldée par un “accord pitoyable”, pour reprendre les mots de Clément Sénéchal, spécialiste du climat, dans Politis. Mais François Gemenne, lui, s’en est réjoui avec enthousiasme.

    Le consensus des dirigeants du monde entier est donc le suivant : il ne faut donner aucune véritable contrainte aux marchés qui prospèrent sur la destruction des espèces vivantes sur cette planète. Et en France, puissance agricole, ce constat est encore plus flagrant.

    Alors, que nous reste-t-il ? Les #décisions_individuelles. Ce pis-aller de l’#écologie_bourgeoise qui consiste finalement à dire : “bon, on a tranché, on ne va pas toucher au train-train du capitalisme qui nous plaît tant mais par contre on va vous demander à vous, citoyens, de faire des efforts pour la planète”. Mais attention : sans trop mentionner la consommation de #viande, le seul “#petit_geste” qui a un impact très significatif parce que la consommation de viande est en moyenne la troisième source d’émission carbone des Français (avant l’avion). Les industriels de la viande veillent au grain et ne veulent surtout pas qu’on se penche là-dessus.

    Parler des animaux domestiques s’inscrit dans cette veine-là. Bien sûr que, dans l’absolu, les chats et les chiens ont un impact sur la biodiversité et sur le climat. Car tout a un #impact. Mais d’une part cet impact reste marginal et d’autre part il est non systémique. Certes, le capitalisme a trouvé un bon filon pour faire du profit sur le dos de nos amours pour ces animaux qui apportent de la joie et du bonheur chez de nombreuses personnes, il suffit d’entrer dans une animalerie pour cela : la diversité des aliments, des jouets, des accessoires, le tout dans des couleurs chatoyantes pour appâter le maître bien plus que le chien… Mais lorsque l’on parle des chats qui mangent des oiseaux, on ne parle pas du capitalisme. Pire, on en profite pour masquer l’impact bien plus significatif de certaines activités. Les chasseurs, qui dépensent de lourds moyens pour influencer le débat public et ne reculent devant aucun argument ne s’y sont pas trompés : #Willy_Schraen, le président de la Fédération Nationale des Chasseurs (FNC) a tenté d’orienter, en 2020, l’attention du public sur l’impact des chats, qu’il accuse, ironie du sort, de trop chasser et qu’il a appelé à piéger. Aucune solidarité dans la profession !

    4 – Sortir du discours écolo bourgeois : un mode d’emploi

    Les chats sont bel et bien des chasseurs mais il existe des solutions pour limiter leur impact sur la biodiversité : stériliser le plus souvent possible pour éviter leur prolifération, les faire sortir uniquement à certaines heures de la journée ou… jouer davantage avec eux durant la journée. Pas sûr que les mêmes solutions fonctionnent pour réduire l’impact de la FNSEA, de TotalEnergies, de Lactalis, de la CMA CGM et de tous les milliardaires français : le patrimoine de 63 d’entre eux, en France, émettent autant de gaz à effet de serre que la moitié de la population française.

    Pour amuser vos petites boules de poils, la rédaction de Frustration recommande l’arbre à chat. Pour amuser vos petits milliardaires on recommande la visite de l’épave du Titanic dans un sous-marin peu étanche

    Comment utiliser efficacement son temps d’antenne quand on est un scientifique médiatique comme #François_Gemenne ? On peut se faire mousser en se payant un petit bad buzz par la #culpabilisation des individus possédant un chat. Ou bien on peut prioriser les sujets, étant entendu que dans l’absolu, oui, toutes les activités humaines polluent et ont un impact sur la biodiversité. Comment procéder ?

    - Aller du plus systémique au moins systémique : critiquer le capitalisme (ou ses sous-catégories : marché immobilier, #agro-industrie, industrie pétrolière etc.), qui conduit les entreprises et les individus à chercher la production permanente et l’exploitation permanente dans un monde aux ressources finies, plutôt que les chats, qui se contentent de vivre et de paresser sans chercher à performer ou faire preuve de leur respect de la “valeur travail”.
    - Aller du plus impactant au moins impactant : oui, la nourriture des chiens pollue, mais l’industrie de la viande dans le monde est une bombe climatique. Mais peut-être est-il moins gênant de vexer Frolic et Royal Canin que Fleury Michon et Fabien Roussel ?
    – Aller du plus superflu au moins superflu : dans l’ordre, commencer à interdire les yachts et les vols en jet privé avant de s’en prendre à la voiture individuelle serait une bonne chose. Sans quoi, personne ne comprend la demande d’un effort à forte conséquence sur son mode de vie quand, pour d’autres, ce sont les loisirs qui seraient visés.

    Ensuite, puisqu’il faut trancher, que ces choix se fassent démocratiquement. Pour préserver la biodiversité, préfère-t-on interdire la chasse ou limiter le nombre de chats par personne ? Veut-on sortir du modèle agricole productiviste orienté vers la production de viande ou interdire les chiens ? Et si on rappelait au passage que les #animaux_de_compagnie sont parfois la seule famille des personnes seules et fragilisées, notamment parmi les personnes pauvres, et qu’ils fournissent des services à la population, non quantifiable sur le plan financier ?

    Bref, préférez-vous en finir avec les chatons ou avec la bourgeoisie ? De notre côté, la réponse est toute trouvée.

    https://www.frustrationmagazine.fr/chats-ecologie

    #chats #chat #écologie #animaux_domestiques #industrie_agro-alimentaire #priorité #à_lire

  • Des centaines de millions de francs de bonus cachés chez credit suisse ats/fgn - RTS

    La SonntagsZeitung révèle que d’ex-membres de la direction et des cadres de haut niveau de la gestion d’actifs du credit suisse se sont versés pendant des années d’énormes salaires et de fortes participations aux bénéfices. Des sommes généralement pas mentionnées dans le rapport annuel.

    Ces bonus spéciaux ont donné lieu à des versements exceptionnels de plusieurs centaines de millions de francs, révèle la SonntagsZeitung https://epaper.sonntagszeitung.ch/read/10000/10000/2023-05-07/1 . Rien qu’en 2019, deux versements de 50 millions de francs ont été effectués.

    Sommes pas mentionnées dans le rapport annuel
    Les bénéficiaires sont d’anciens membres de la direction et quelques cadres de haut niveau de la gestion d’actifs du credit suisse. Alors que le Conseil fédéral a décidé de supprimer ou de réduire au minimum de 25% les bonus des cadres de credit suisse, le journal indique qu’ils se sont versés pendant des années d’énormes salaires et de fortes participations aux bénéfices. Ces sommes n’étaient généralement pas mentionnées dans le rapport annuel.

    C’est surtout un groupe d’Américains au sein du conseil d’administration de credit suisse qui a été favorisé par ces versements. La participation aux bénéfices était valable pendant 15 ans.

    Source : https://www.rts.ch/info/economie/14003628-des-centaines-de-millions-de-francs-de-bonus-caches-chez-credit-suisse.

    #bonus #banques #finance #en_vedette #oligarchie #incompétence #prévarication #vol #détournement #credit_suisse #cadres #participation

  • « La Cour a détruit en un jour le résultat d’années de travail » : stupeur dans la société civile après une décision judiciaire sur la transparence financière
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/12/05/la-cour-a-detruit-en-un-jour-le-resultat-d-annees-de-travail-stupeur-dans-la

    « La Cour a détruit en un jour le résultat d’années de travail » : stupeur dans la société civile après une décision judiciaire sur la transparence financière

    La Cour de justice de l’Union européenne a jugé illégale la mise à disposition du public de registres des bénéficiaires effectifs des sociétés. Ces registres étaient pourtant devenus un outil majeur dans la lutte contre le crime financier.

    « La Cour a détruit en un jour le résultat d’années de travail, notamment de la part de la société civile qui a été à l’origine de cette bataille pour la transparence, se désole Delia Ferreira Rubio, présidente de Transparency International. C’est le plus beau cadeau que la Cour pouvait faire au crime organisé. Elle n’a probablement pas assez pris la mesure des conséquences d’une telle décision en matière de recul dans la lutte antiblanchiment. »

    Lire aussi : Article réservé à nos abonnés La justice européenne met un frein à la transparence financière
    La transparence des registres de bénéficiaires était l’une des mesures phares de la cinquième directive européenne antiblanchiment (2018), votée dans un contexte de scandales financiers à répétition, à l’image des « Panama Papers ». Ouverts progressivement au public depuis 2021 dans les différents Etats de l’UE, ces registres répertorient les ayants droit réels des sociétés, compliquant la dissimulation des fraudeurs et des réseaux criminels derrière des prête-noms et des sociétés-écrans.

    Cette opération transparence, défendue par les organisations de la société civile, a été combattue par certains propriétaires de société, qui estimaient que la publication de leur nom portait atteinte à leur vie privée. Amenée à se prononcer à l’occasion d’une question préjudicielle posée par la justice luxembourgeoise, la CJUE leur a donné raison. Dans son arrêt du 22 novembre, la Cour juge cette transparence contraire au respect de la vie privée et à la protection des données personnelles des citoyens, garantis par la Charte des droits fondamentaux de l’UE.

    Huit pays ont déjà verrouillé leurs registres
    Les conséquences de cette décision ne se sont pas fait attendre. En l’espace de quelques jours, plusieurs Etats européens ont fermé l’accès de leurs registres au public : les Pays-Bas, l’Irlande, Malte, Chypre, l’Allemagne, la Belgique, l’Autriche et le Luxembourg.

    #blanchiment #corruption #détournements_de_fond #la_voie_est_libre_pour_les_millionaires #guerre_sociale

  • https://aoc.media/analyse/2022/02/03/une-politique-du-meme

    Une politique du mème
    Par Albin Wagener
    Enseignant-chercheur en sciences du langage
    Ces derniers jours, l’image partagée sur Twitter d’un post-it mis en scène sur le bureau du président est ensuite devenue l’objet de nombreux « mèmes » sur les réseaux sociaux. On aurait bien tort de ne pas prendre au sérieux ces icônes issues de la culture underground, et de confiner les mèmes au simple domaine du numérique. Virales jusqu’à être mobilisées dans des manifestations, récupérées par des forces politiques d’extrême droite, ces productions graphiques polysémiques sont politiques par essence et bien loin d’être innocentes.

    Cela fait maintenant plusieurs années que les mèmes ont investi le champ numérique, devenant ainsi des objets incontournables de la culture web : des boards alternatifs (tels que 4chan ou Reddit) aux réseaux sociaux les plus majoritaires, ces petites vignettes qui combinent texte et image, souvent avec humour, sont devenues une manière d’exprimer un avis, de commenter l’actualité et même de marquer son engagement politique.
    C’est le propre de ces petits objets anodins que l’on confine souvent très injustement au simple domaine du numérique (ou du digital, sachant que les deux termes ne signifient pas exactement la même chose – contrairement à ce qu’un réflexe anglophobe commun tendrait à nous faire croire) : on estime qu’ils font partie d’une forme de mode, qu’ils ne sont là que pour signaler la circulation éphémère de traits d’humour potache, ou bien qu’ils sont d’abord l’apanage d’une culture des « jeunes » (sans que l’on sache très bien ce que cela signifie). Ce faisant, on a alors la tentation de ne pas prendre les mèmes au sérieux.

    Et bien on a tort, tout simplement. Prendre les mèmes à la légère, c’est ignorer le rôle qu’ils ont joué dans les motivations de l’auteur des attentats de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, dont la consommation et la production de mèmes sur les forums d’extrême-droite ont été déterminantes pour son passage à l’acte. C’est également ignorer le fait que la figure de l’illustre « Pepe the Frog » a fini par être intégralement récupérée par l’alt-right conservatrice américaine, faisant de cette étrange grenouille verte l’emblème d’une communauté zélée de supporters trumpistes, particulièrement active dans ce qui deviendra par la suite l’assaut du Capitole.
    En outre, les mèmes ne sont pas un simple objet cantonné à l’espace numérique ; tout au contraire, ils sont postdigitaux par essence. Rappelons ici les travaux de Florian Cramer, qui précise la chose suivante : « en s’inspirant (…) du post-punk, du postcolonialisme et de Mad Max, le terme “post-digital”, dans son sens le plus facile à appréhender, décrit l’état de confusion des médias, des arts et du design après leur digitalisation[1] ». L’époque postdigitale dans laquelle nous vivons abolit, d’une certaine manière, les frontières entre ce qui se passe au sein des espaces numériques et ce qui se passe en-dehors, dynamitant ainsi les frontières artificielles entre « réel » et « virtuel », au profit d’une société qui se vit comme un nouvel ensemble de continuités complexes.
    Il en va de même pour les mèmes[2] : faciles à comprendre, à décoder et à ré-encoder pour de nouvelles utilisations, les mèmes deviennent des objets sociaux à part entière. Pour Limor Shifman, « dans cette ère hyper-mémétique, la circulation de copies et de dérivatifs par les utilisateurs constitue une logique prédominante (…). En ce sens, les copies deviennent plus importantes que ce qui est “original”[3] » ; en d’autres termes, c’est précisément parce que les mèmes font écho à cette nouvelle ère de reproductibilité et de légitimité de la copie, permise au départ par l’environnement participatif et collaboratif de ce que l’on appelle le web 2.0 (soit cette évolution d’internet permise par les réseaux sociaux et les encyclopédies collaboratives comme Wikipedia), que leur succès est considérable – une référence plus qu’évidente à la notion de folksonomie, développée entre autres par Olivier Le Deuff[4].
    Les mèmes participent à la réimplantation de la culture du web dans un espace qui le dépasse largement.
    Mais depuis quelques années, la dimension politique des mèmes a pris un nouveau tournant, puisque bon nombre de ces objets emblématiques ont fini par s’inviter sur les pancartes de manifestations diverses et variées, dans plusieurs pays du monde. À Hong-Kong, aux États-Unis, en Inde, en Allemagne, en Algérie ou en France, des manifestant.e.s de plusieurs pays se mettent à utiliser ces objets au sein d’événements bien réels, désormais également relayés et immortalisés au sein d’espaces numériques. Les mèmes participent ainsi à la réimplantation de la culture du web dans un espace qui le dépasse largement ; plus encore, ils deviennent l’emblème d’une véritable culture commune, puisqu’il est à noter que ces références fleurissent sur les pancartes de bon nombre de pays, lorsqu’il s’agit de porter des slogans et des idées dans des manifestations.
    Bref : depuis plusieurs années, la trajectoire des mèmes s’est très clairement éloignée de leur caractère confidentiel des débuts, cantonné à certains forums underground de connaisseurs, désireux de conserver jalousement le positionnement alternatif de ces drôles d’objets de communication. En réalité, les mèmes sont de redoutables vecteurs de transmission d’information – redoutables car très efficaces : en ce sens, ils reposent sur une dimension duale, au moins dans un prime abord. En effet, chaque mème de sorte à combiner à la fois un topème (soit un sujet sur lequel le mème porte un commentaire) et un référème (soit un contexte de culture populaire qui lui sert de support). Prenons un exemple : les créations mémétiques du compte « les Tintinades » ont précisément pour référème permanent l’univers de Tintin, mais font varier les topèmes au gré des envies ou de l’actualité.
    C’est précisément la force des mèmes : l’important n’est pas nécessairement les sujets qu’ils abordent, mais le fait qu’ils prennent appui sur des référèmes issus de la culture pop pour aborder ces sujets. Critiquer une mesure politique néolibérale en utilisant par exemple une image des Simpson peut s’avérer infiniment plus efficace ou viral que le commentaire d’un éditorialiste sur une chaîne d’information en continu ; bien évidemment, l’objet du mème ne sera pas de développer un argumentaire complexe, mais au contraire de le synthétiser dans une sorte de version .zip d’un discours particulier. Et c’est là l’autre particularité des mèmes – sa troisième dimension donc, si l’on peut dire, au-delà des dimensions de topème et de référème. En ce sens, le même est plus proche du signe peircien que du signe saussurien, pour reprendre cette distinction sémiotique.
    En d’autres termes, le mème n’est pas simplement un artefact communicationnel qui combine sujet de conversation et support culturel : il constitue une façon de transmettre des états mentaux et affectifs de manière relativement précise[5]. C’est plus particulièrement le cas des gifs, ces petites vidéos courtes, animées et répétitives, qui sont souvent utilisées dans des cas analogues aux mèmes (et qui en constituent pourtant une forme différente) : on y distingue souvent des personnages qui passent par des émotions différentes, avec des transitions fines, et l’expression d’états cognitifs ou mentaux qui permettent de s’identifier plus aisément au message transmis. Dans cette optique, les mèmes représentent souvent des morceaux (ou chunks) d’humanité : on peut y figurer la surprise, la déception, la colère, la tristesse ou encore l’incompréhension – là où un argumentaire purement langagier demanderait des précisions lexicales que le mème parvient souvent à transcender.
    Ce n’est pas simplement l’utilisation des mèmes dans le champ politique qui les transforme en objets politiques ; ils sont politiques par essence.
    Les mèmes permettent donc d’exprimer beaucoup de choses : il est non seulement possible de les utiliser pour produire un commentaire politique ou une critique sur l’état du monde ou de la société, mais également de transmettre l’exacte état affectif dans lequel on se trouve au moment où on produit cette critique ou ce commentaire. Cette nuance est de taille, et hisse le mème au rang des productions langagières qui produisent une communication d’une toute nouvelle forme, capable non seulement de transmettre un message, mais également de partager une émotion, tout en cimentant des communautés qui partagent les mêmes références culturelles. À ce titre, il est d’ailleurs important de revenir sur cette notion de référème.
    En effet, énormément de mèmes et de gifs mettent en lumière des scènes issues de films, de séries ou de dessins animés majoritairement issus de studios de production massivement nord-américains : qu’il s’agisse de Parks & Recreation, des franchises Marvel ou encore de BoJack Horseman, c’est l’ensemble du panthéon audio-visuel et du soft power culturel états-unien qui se retrouve très souvent mobilisé dans ces mèmes.
    Cette réalité n’a rien d’anecdotique, tout au contraire : à partir du moment où l’on sait que la manifestation des émotions et des états affectifs est culturelle, et que les manifestations proposées dans les mèmes sont jouées par des comédien.ne.s, on est en droit de se demander dans quelle mesure le mème ne participe pas, involontairement ou non (tout comme celles et ceux qui les créent et les transmettent) à la diffusion d’une hégémonie culturelle particulièrement pernicieuse, puisqu’elle s’appuie à la fois sur l’humour et la convivialité des références partagées pour s’inscrire dans le paysage médiatique et démocratique.
    En tant que nouveaux objets langagiers, les mèmes ont de multiples atouts qui les rendent particulièrement adaptés aux évolutions de nos sociétés, et qui permettent l’expression de messages complexes, sous des atours apparemment anodins. Mais comme tout objet langagier, les mèmes ne sont pas innocents : situés dans des pratiques à la fois permises par des affordances techniques et enracinées dans une culture numérique collaborative, ils constituent également des artefacts culturels qui installent et modifient nos références en matière de culture populaire, tout en alimentant les représentations sociales en matière d’expression des états affectifs et mentaux.
    En ce sens, ce n’est pas simplement l’utilisation des mèmes dans le champ politique qui les transforme en objets politiques ; ils sont politiques par essence, dans leur tridimensionnalité, leur contexte d’utilisation et les conditions de leur viralité. Reflets de l’époque qui les a enfantés, les mèmes sont également les précurseurs d’une époque à venir, qui permet de fusionner des éléments complexes au sein de frontières floues, où se jouent luttent d’influence, batailles sociales et guerres politiques.
     
    NDLR : Albin Wagener publiera en avril 2022 aux Éditions de l’université Grenoble-Alpes Mémologie. Théorie postdigitale des mèmes.
    Albin Wagener
    [1] Florian Cramer, « What is “post-digital” ? » dans David M. Berry et Michael Dieter, Postdigital aesthetics : art, computation and design, Palgrave MacMillan, 2015, p. 12-26

    [2] Consulter à ce titre l’encyclopédie mémétique en ligne KnowYourMeme : https://knowyourmeme.com.

    [3] Limor Shifman, « Memes in a digital world : Reconciling with a conceptual troublemaker », Journal of Computer-Mediated Communication, 18, 2013, pp. 362–377

    [4] Olivier Le Deuff, « Folksonomies : les usagers indexent le web », Bulletin des bibliothèques de France, 51 (4), 2006, pp. 66-70 https://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-2006-04-0066-002

    [5] Voir Albin Wagener, « Mèmes, gifs et communication cognitivo-affective sur Internet. L’émergence d’un nouveau langage humain », Communication, 37(1), 2020 https://journals.openedition.org/communication/11061

    #mème #langage #production_langagière_politique #détournement #web2.0 #virtualité #viralité #postdigital

  • #détournement : Les trois doses (Part.1)
    https://www.youtube.com/watch?v=GLdowgvx7lI


    Didier, Bernard et Pascal ont fait leur 2 doses (plus ou moins réellement pour certains) afin d’avoir le précieux sésame et retrouver leur « libertés », ils viennent le récupérer mais tout ne se passe pas comme prévue...

    Les trois doses (Part.2)

    https://www.youtube.com/watch?v=5J5Cfld5Qf8

    Après avoir essuyé le refus du pass sanitaire car ils n’ont pas de 3ème dose d’injection expérimentale, Didier et Bernard ont noyé leur déception dans l’alcool. Didier rentre chez ses futurs beaux-parents, mais la goutte de trop arrive...

    Film : Les trois frères
    Date de sortie : décembre 1995
    De Bernard Campan,
    Didier Bourdon
    Par Didier Bourdon, Bernard Campan
    Avec Didier Bourdon, Bernard Campan, Pascal Légitimus
    Pathé

    #passsanitaire #covid-19 #santé #coronavirus #france #sante #confinement #crise_sanitaire #vaccination #pandémie #surveillance #variant #santé_publique #sars-cov-2

  • Publication d’études : comment l’IHU et Didier Raoult font fi de la loi et l’éthique scientifique - L’Express
    https://www.lexpress.fr/actualite/sciences/publication-d-etudes-comment-l-ihu-et-didier-raoult-font-fi-de-la-loi-et-l-

    Depuis, nous avons recensé quelque 250 nouvelles études problématiques. La plupart, de qualité discutable, ont surtout l’intérêt de générer des points Sigaps, qui permettent de décrocher des financements importants. Une pratique légale mais non éthique - et érigée en art par l’IHU - que L’Express avait déjà dénoncée il y a un an. Plus grave, quatre études semblent avoir été menées sans autorisation légale.

    • Un bien joli résumé de l’Express.

      Entre fautes assez graves et détournement de fonds de recherche, l’IHU a fait fort… Et continue comme si de rien n’était…

      Pourquoi, alors, les autorités et tutelles, comme l’ANSM et l’AP-HM, n’ont-elles pas réagi pendant des années ? Pourquoi l’IHU a-t-il pu mener des essais cliniques qui nécessitent des autorisations d’un CPP et de l’ANSM sans les avoir ? L’ANSM aurait-elle oublié d’inscrire ces études dans le registre européen ? « C’est extrêmement improbable », tranche le Pr. Mathieu Molimard. Dans ce cas, comment se fait-il que des essais aient été menés sans son autorisation ? Ces organismes ignoraient-ils les dérives de l’IHU ou étaient-ils au courant et ont-ils décidé de fermer les yeux ? Interrogé, l’AP-HM n’a pas répondu à nos questions. L’ANSM, qui a pourtant bénéficié de plusieurs semaines de réflexions, s’est contentée d’indiquer que « les investigations et vérifications sur de possibles manquements de l’IHU de Marseille à la réglementation des essais cliniques sont toujours en cours » et que « des compléments ont été demandés » concernant les problématiques soulevées par L’Express. Comme en juillet dernier, l’agence française affirme que « si ces investigations mettent en évidence des manquements à la réglementation, les mesures nécessaires seront prises, dont des mesures sanitaires pour garantir la sécurité des participants et/ou une nouvelle saisine de la justice ». Une enquête qui peut a minima apparaître tardive dans la mesure où certains travaux ont été conduits il y a plus de dix ans et que ces agissements étaient connus de longues dates par les experts de la question.

    • L’Express a également découvert que l’IHU a publié 247 études entre 2011 et 2021 qui indiquent toutes le même numéro d’autorisation « IFR48 09-022 ». « Sauf que la règle générale est : une étude, une autorisation d’un CPP - et de l’ANSM pour une RIPH1 -, un numéro, rappelle Bettina Couderc. Il peut arriver qu’un protocole obtienne une extension, mais cela fonctionne seulement si l’essai est modifié à la marge ». « Il est de toute manière inimaginable qu’une seule autorisation soit donnée pour 247 études, on n’a jamais vu ça », renchérit Philippe Amiel. L’IHU a-t-il utilisé ce numéro pour suggérer qu’il avait obtenu les autorisations nécessaires ? C’est une vérification que les autorités compétentes, dont l’ANSM, devront mener. En attendant, l’analyse de ces 247 études révèle des entraves à l’éthique scientifique et questionne la qualité des travaux et leur intérêt. Signées en grande majorité par les Pr. Raoult (238 signatures), Fournier (174) et Lagier (104), ces études présentent des protocoles et objets de recherche très différents. 184 portent sur des analyses de selles humaines, 24 concernent des frottis vaginaux, 13 des échantillons d’urine. Les 26 dernières analysent des échantillons divers : de lait maternel, de sang, etc.

    • L’Express a également comparé les textes de ces études, deux par deux. Il apparaît que 71 présentent plus de 50% de similarités, certaines sont même identiques à plus de 75%. Ce qui suggère que l’IHU pourrait utiliser un modèle préétabli, réutilisé à l’envie. Là encore, une « mauvaise pratique », selon les experts interrogés par L’Express.

      De plus, 56 de ces publications ne comportent qu’une ou deux pages, 25 en ont trois, 55 entre 5 et 10. Seulement 8 études proposent plus de 20 pages. La plupart portent d’ailleurs sur un nombre très réduit de patients, moins de 10 dans la majorité des cas. Deux hypothèses sont alors possibles : soit le Pr. Didier Raoult et ses équipes ont mené une dizaine d’études d’ampleur et les ont découpé en une multitude de petites publications - une méthode connue, appelée « la technique du salami » -, soit ils ont publié une étude à chaque fois qu’ils effectuaient un prélèvement sur un patient. "Dans les deux cas, ce n’est pas acceptable et cela n’entre pas dans les bonnes pratiques de la science, juge Hervé Maisonneuve, médecin spécialiste de l’intégrité scientifique.

    • Pire encore, 31 études ont été publiées dans la revue scientifique un jour seulement après réception, 126 en moins de huit jours. Seule une trentaine a été acceptée après trois mois.
      […]
      Sans surprise, plus de la moitié (135) de ces études ont été publiées - souvent quelques jours seulement après réception - dans New Microbes and New Infections (NMNI), une revue dont le comité éditorial comporte aujourd’hui cinq chercheurs Marseillais, dont trois de l’IHU, et qui était pilotée par un membre de l’IHU jusqu’en 2020.

    • « Le CNRS et l’Inserm ont été très choqués par ces pratiques et ont arrêté leur collaboration avec l’IHU en janvier 2018, rappelle Philippe Amiel. Et c’est bien l’ANSM qui est censée faire la police dans ce genre de cas. Mais la triste réalité c’est qu’il n’existe pas de structure en France qui soit en mesure de faire face à ce genre de situation, à des stratégies de contournement des règles d’une telle ampleur ». Fin septembre dernier, le comité d’éthique du CNRS se fendait d’ailleurs d’un avis très critique envers le professeur marseillais, signe que l’institut s’inquiète lui aussi des méthodes de l’IHU, et probablement du manque de réaction des autorités. Tout comme l’Office Français de l’Intégrité Scientifique, qui a lui aussi publié un communiqué ciblant directement le Pr. Didier Raoult.

    • Voilà c’est ça la plus grosse question : que l’IHU ait continué comme si de rien était, c’est leur choix de rapaces ok, mais que absolument toutes les autorités autour, aussi bien sanitaire (ANSM, Ordre des médecins, etc) mais aussi universitaires puisque c’est un centre d’études, mais aussi politiques (financement, etc) aient laissé faire ça pendant des décennies, et y compris là en plein covid alors que toutes les preuves étaient là (une autorisation pour 247 études ! l’éléphant dans le magasin de porcelaine quoi), c’est ça le plus gros scandale non ? Ça dénote au grand minimum des accointances, et au pire des malversations, de la corruption, des gros scandales possibles derrières…

      Et du coup le comble : ils sont là les vrais comploteurs « contre la santé du peuple » et « pour le profit et la gloire uniquement »… ailleurs aussi sûrement, mais là pour ceux là on a des preuves avérées.

      #scandale #santé #ANSM

  • #Tunisie - #Blocage du #port de #Zarzis en signe de #protestation contre les #garde-côtes_libyens.

    Depuis une semaine, les #pêcheurs membres de l’association #Zarzis_Le_Pêcheur - #Al_Bahar (de la ville côtière de Zarzis au sud-est de la Tunisie, à la frontière avec la Libye) bloquent leur #port_de_pêche et lancent un #appel urgent à l’aide aux autorités tunisiennes. Comme expliqué dans un communiqué, les petits pêcheurs demandent aux autorités tunisiennes de les protéger et de les secourir pour ce qu’ils décrivent comme des actes de #piraterie commis par les garde-côtes libyens dans les eaux territoriales et la zone de recherche et de sauvetage (#SAR) de la Tunisie.

    Les pêcheurs de Zarzis travaillent dans les #eaux_internationales entre l’Italie, la Tunisie et la Libye. Bien avant les révolutions de 2011, ils secourent en mer les personnes migrantes parties depuis la Libye dans des bateaux surchargés et délabrés. L’#enlèvement de pêcheurs tunisiens (et autres) par divers groupes armés libyens, souvent afin d’obtenir un rançon, n’est pas un phénomène nouveau. Récemment, cependant, les #enlèvements avec armes à feu, les #détournements_de_bateaux et les demandes de #rançon ont augmenté. Depuis cet été, les garde-côtes libyens - notamment de #Zawiya, selon les pêcheurs de Zarzis - opèrent dans la zone de Sar et dans les #eaux_territoriales_tunisiennes pour intercepter et renvoyer les migrants en Libye, comme convenu avec l’Italie et l’Union européenne. Des bateaux des garde-côtes libyens ont également été repérés dans d’autres localités tunisiennes plus au nord, près de la ville de #Mahdia.

    À la suite de ces attaques, les pêcheurs hésitent de plus en plus à divulguer leur emplacement pour signaler les bateaux en difficulté, de peur d’être également kidnappés à l’arrivée des soi-disant garde-côtes libyens. Les pêcheurs demandent l’aide des ONG pour porter secours en Méditerranée et la protection de l’Etat tunisien. Nous publions ci-dessous le communiqué de l’Association Zarzis Le Pêcheur - Al Bahar, traduit par Issameddinn Gammoudi et Valentina Zagaria.

    Pêcheurs de Zarzis : le secteur de la pêche est en train de mourir à cause d’un #accord_international injuste et de l’absence d’une politique nationale

    Les pêcheurs de Zarzis souffrent constamment, non seulement en raison de l’insuffisance des infrastructures portuaires, de la faiblesse de l’assistance, des répercussions de la situation politique dans les pays voisins, de la dégradation de l’environnement et de son impact sur la vie marine, mais aussi en raison des récentes opérations de piraterie et des #menaces armées contre les pêcheurs tunisiens dans les #eaux_territoriales_tunisiennes, commises par des hommes armés se réclamant des garde-côtes libyens. Ces pratiques sont devenues fréquentes, notamment l’enlèvement de personnes, la saisie illégale de bateaux et la négociation de rançons.
    En tant qu’association qui défend les intérêts professionnels légitimes et communs des pêcheurs, nous lançons un appel aux autorités, sous la direction de la Présidence de la République, pour qu’elles interviennent d’urgence et résolvent cette crise qui non seulement menace la continuité de la pêche mais s’est transformée en une violation de la souveraineté nationale :

    – Nous considérons les structures du ministère de l’agriculture, du ministère des affaires étrangères, du ministère de la défense et de la présidence du gouvernement pour responsables de la situation catastrophique produite par l’accord signé entre l’Union européenne, Malte, la Tunisie et la Libye. Nous considérons également que cet accord constitue une violation de la souveraineté nationale de l’État tunisien sur son territoire maritime, qui a imposé des restrictions injustes aux pêcheurs tunisiens, contrairement à leurs homologues des pays voisins.
    – Nous demandons à la marine tunisienne et à la garde maritime nationale tunisienne de jouer leur rôle en protégeant les navires de pêche tunisiens qui ont également été attaqués dans les eaux territoriales tunisiennes par des groupes se réclamant des garde-côtes libyens.
    – Nous considérons les structures étatiques en charge du contrôle de la pêche aveugle et interdite responsables de la faible rentabilité et exigeons le respect du droit à une vie digne des pêcheurs tunisiens du sud-est du pays.
    – Nous appelons à une action urgente de toutes les autorités concernées pour protéger les bateaux tunisiens et les marins tunisiens dans le territoire maritime tunisien, une protection qui devrait être la composante la plus fondamentale de l’autorité de l’État sur son territoire.

    La crise mondiale et ses répercussions s’ajoutent à toutes ces circonstances, qui ont contribué à la détérioration de l’activité de pêche dans la région et nous obligent à lancer un appel à l’aide pour tenter de préserver la durabilité du secteur à Zarzis et dans tout le sud-est du pays.

    Association Zarzis Le Pêcheur - Al Bahar pour le développement et l’environnement
    Slaheddine Mcharek, Président

    Version originale en italien :
    https://www.globalproject.info/it/mondi/tunisia-blocco-del-porto-di-zarzis-in-protesta-contro-la-guardia-costiera-libica/23667

    –-> traduction reçu via la mailing-list Migreurop, le 15.09.2021

    #migrations #asile #réfugiés #externalisation #frontières #Italie #UE #EU #contrôles_frontaliers

    ping @rhoumour @isskein @_kg_

  • En #Guadeloupe, l’#eau_courante, potable, est devenue un luxe

    En Guadeloupe, des milliers d’habitants vivent au rythme des « #tours_d’eau », des #coupures programmées, ou n’ont tout simplement pas d’eau au robinet depuis plusieurs années. Les habitants subissent des coupures prolongées, même en pleine pandémie de Covid-19. Face à la catastrophe sanitaire, les pouvoirs publics sont accusés d’#incurie. Premier volet de notre série.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/120721/en-guadeloupe-l-eau-courante-potable-est-devenue-un-luxe
    #eau_potable #eau_de_robinet #eau

    by @wereport photos @albertocampiphoto

  • Bélarus : un opposant arrêté après le détournement de son avion sur Minsk – Libération

    https://www.liberation.fr/international/europe/belarus-un-opposant-arrete-apres-le-detournement-de-son-avion-sur-minsk-2

    https://www.liberation.fr/resizer/SEXCFQYjH41zlRPVYMXXJA0FHCo=/1200x630/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/J3ZNXNLX7BA3VCKFQAZ4NL47BA.JPG

    Un peu de cartographie radicale puisqu’on est en train d’en faire un livre à paraître dans pas longtemps. On me demande souvent ce qui peut être « radical » dans la cartographie, c’est une question à laquelle il est difficile de répondre tant ce domaine est complexe et multiparamétrique. Mais on pourrait dire que la cartographie qui illustre cette histoire est de la cartographie radicale, surtout si elle rend visible l’ensemble du paysage (l’espace) dans lequel cette affaire se déroule et montre qu’il y a un truc qui cloche

    Loukachenko détourne un vol de la Ryanair reliant Athènes à Vilnius et arrête un journaliste exilé.

    Qui nous explique pourquoi - alors que les biélorusses ont leurré le pilote en prétextant une menace (une bombe ?) à bord - l’avion est contraint d’atterrir sur un aéroport qui est à presque trois fois la distance du plus proche qu’il est supposé choisir ? et qui parcourt quatre fois la distance de vol qu’il aurait eu à faire si il avait poursuivi sa route jusqu’à Vilnius ?

    Bélarus : un opposant arrêté après le détournement de son avion sur Minsk

    Un vol Ryanair entre Athènes et Vilnius a été intercepté par des avions de chasse qui l’ont contraint à se détourner pour atterrir sur l’aéroport de Minsk au Bélarus, où un journaliste opposant au régime d’Alexandre Loukachenko qui se trouvait à bord a été arrêté

  • Règlement de comptes et piratage à Rousies : des messages hostiles à la maire sur le panneau d’affichage de la ville

    Samedi 1er mai, le panneau d’affichage lumineux de Rousies dans le Nord a été détourné. Le temps pour le ou les pirates de diffuser des messages vindicatifs à l’encontre de la maire Josiane Suleck.

    https://france3-regions.francetvinfo.fr/image/yWN-OF3MNLSWWRCTDNDEnhJIRyI/930x620/regions/2021/05/06/6093ba93ee8f3_rousies001-5304700.jpg

    « Josiane Suleck payée 2 300 € par mois (1 500 par la commune et 800 par l’agglo) pour dépenser l’argent de la ville dans des procédures. Facile quand ce n’est pas son argent ! » 
    « Dans l’affaire de la boulangerie, Rousies fut condamné à payer 50 000€. Merci qui ? » 
    « Un grand merci à Josiane Suleck ».

    Ces messages vindicatifs à l’encontre de la maire ont été publiés le 1er mai sur le panneau d’affichage communal de Rousies dans le Nord.

    Stupeur dans cette petite ville de 4000 habitants ! Les photos du panneau se sont échangées à tour de bras, mais il a fallu attendre la fin d’après-midi pour que la mairie réagisse.

    « Un panier de crabes »
    Qui se cache donc derrière cette manœuvre de déstabilisation ? Visiblement mal à l’aise, l’équipe municipale n’a pas répondu à nos sollicitations. 

    L’élue d’opposition Carole Devos condamne, elle, le « procédé violent ». « Il y a du règlement de compte là-dessous, mais ce ne sont pas aux Roséens de servir d’otages ». Pour cette conseillère départementale, cela vient « forcément » de personnes qui font partie ou ont fait partie des services municipaux, car il faut disposer de codes pour procéder à ces publications. Elle évoque des affaires judiciaires en cours au sein de la mairie. « C’est un panier de crabes, il y a des revanchards ». 

    L’auteur toujours pas démasqué
    => Un agent municipal nous a confirmé avoir déposé plainte pour harcèlement contre la maire Josiane Suleck il y a maintenant trois mois : « Quand elle a quelqu’un dans le pif – et on ne sait pas toujours pourquoi – elle lui en fait voir de toutes les couleurs ! ». Et cet employé ne serait pas le seul à se plaindre. Jérôme Ayel, membre du comité de coordination CGT du bassin Sambre-Avesnois indique effectivement avoir été en contact dès fin 2019 « avec plusieurs agents de la collectivité pour des faits de harcèlement, des mises au placard et des salaires impayés ». 
    . . . . . . .
    La suite : https://france3-regions.francetvinfo.fr/hauts-de-france/nord-0/reglement-de-comptes-a-rousies-sur-le-panneau-de-la-mai

    #France #détournement #harcèlement #travail #violence #domination_féminine #publicité #Panneaux_publicitaires #agression_lumineuses

  • #Marseille privatopia : les #enclaves_résidentielles à Marseille : logiques spatiales, formes et représentations

    Marseille : privatopia ?

    La forte multiplication des « #résidences_fermées_sécurisées » est une tendance observée dans les #villes européennes et françaises, après celles d’Amérique latine, des USA, d’Afrique du sud etc. En #France, elle a surtout été repérée et analysée en contextes péri-urbains (Ile de France, Côte d’Azur, banlieues de Toulouse et Montpellier). Partout où elle se développe, cette tendance est souvent attribuée aux inquiétudes des habitants pour la #sûreté, ou leur #qualité_de_vie, ainsi qu’à des #replis_sociaux, thèmes récurrents dans les médias et discours politiques. Elle est aussi liée au rôle d’une « offre » portée par les majors de l’immobilier. Mais elle est aussi soutenue indirectement, dans le contexte néolibéral, par des pouvoirs publics qui se déchargent ainsi de l’aménagement et de la gestion d’#espaces_de_proximité.

    Nous observons et analysons depuis 2007 cette prolifération des #fermetures à Marseille. Après un premier état des lieux (Dorier et al, 2010), nous avons mené une second #inventaire exhaustif en 2013-2014. Et depuis lors, nous menons une veille ciblée sur certains secteurs. Démarrée au début des années 90, la diffusion des #enclosures atteint des sommets à Marseille où elle n’a quasiment pas été régulée : des #marges et des #enclaves se construisent ainsi dès qu’on s’éloigne du centre historique (Dorier, Dario, 2016). Au point que la #fermeture des #espaces_résidentiels, de leurs #rues et espaces de plein air semble en train de devenir la norme (Dorier, Dario, 2018)

    Depuis 25 ans, Marseille n’a cessé de se cloisonner de plus en plus et ce processus est venu aggraver les #inégalités d’#accès_aux_équipements et aux « #aménités » urbaines. Le #parc bâti du centre ville paupérisé s’est dégradé jusqu’à l’effondrement et au risque de péril imminent de centaines d’immeubles, qui ont du être évacués en urgence depuis novembre 2018, comme on le voit sur la carte de droite (voir aussi page dédiée). Pendant ce temps, les quartiers du sud et de l’est, ainsi que les zones en rénovation, se sont transformées en mosaïques résidentielles clôturées, sous le double effet de la #promotion_immobilière et de ré-aménagements voulus par les associations de #copropriétaires. Ils dessinent des espaces pour classes moyennes à aisées, sous forme de #lotissements et d’#ensembles_immobiliers majoritairement fermés et sécurisés, chacun doté de ses propres espaces « communs » privés : parkings, voirie privée, jardins.

    Cette « #Privatopia » tourne d’abord le dos au centre historique, à ses ilots anciens décrépis où l’action publique s’est illustrée par son inefficience pendant des décennies. La fermeture se diffuse d’abord dans les zones favorisées, puis dans les périphéries ouvertes à l’urbanisation, enfin dans les zones de rénovation urbaine : la création de nouvelles résidences fermées est devenue un moyen pour valoriser des opérations immobilières et y attirer des classes moyennes, face aux copropriétés dégradées et aux ensembles HLM appauvris. Lorqu’un bailleur rénove un ensemble de logements sociaux, celui-ci est également « résidentialisé », même si, avec des années de recul sur cette pratique, on sait désormais que clôturer ne résoud pas les problèmes socio-économiques des quartiers, ni même les problèmes de sécurité. Au contraire, la fragmentation physique pourrait bien alimenter les tendances aux séparatismes sociaux en tous genres.

    D’après nos enquêtes, en dehors des formes d’entresoi spécifique de quartiers particulièrement aisés, comme la colline Périer, et ses « gated communities » surplombant la mer, la fermeture est d’abord fortement associée au « tout voiture » qui caractérise encore Marseille et à la concurrence pour le stationnement résidentiel : les premiers espaces à être clôturés sont les parkings. Elle est également liée à 25 années de désengagement croissant de la municipalité dans la gestion de proximité (propreté, entretien des espaces verts, sécurisation publique des rues) ainsi qu’un encouragement de l’urbanisation privée par des ventes de parcelles publiques ou des zones d’aménagement favorisant la promotion immobilière. La fermeture résidentielle traduit l’affirmation d’une économie résidentielle, le rôle des promoteurs, syndics, copropriétés étant crucial : la « sécurisation » (privée) est supposée faire augmenter la valeur marchande des biens immobiliers… Enfin, la fermeture traduit une accentuation des replis sociaux : à Marseille la clôture « a posteriori » de rues qui étaient auparavant ouvertes au passage représente 55% des cas observés.

    Certains espaces du 8ème, 9ème, 12ème , nord du 13ème arrondissements (Les Olives), caractéristiques de cette urbanisation privée, deviennent un assemblage désordonné de copropriétés et d’enclaves de moins en moins accessibles et traversantes. La fermeture se diffuse par mimétisme, les ensembles résidentiels forment des « agrégats », qui bloquent les circulations : une véritable situation de thrombose dans certains quartiers, anciens comme récents (les Olives, Ste Marthe). Le comble, c’est que dans ces quartiers, les plus favorisés, au cadre de vie « a priori » le plus agréable, les déplacements à pied ou en vélo tiennent désormais de l’exploit. Les détours imposés par les barrières qui enserrent chaque rue ou jardin privé de résidence obligent à prendre la voiture pour accompagner un enfant à l’école du coin, acheter le pain… La ville perd de plus en plus en cohérence, et, avec cette juxtaposition de résidences sécurisées certains quartier ressemblent plus à une mosaïque de co-propriétés qu’à… une ville. Cela a été mis en évidence et modélisé par la toute récente thèse de Julien Dario (2019), réalisée dans le cadre de ce projet.

    A Marseille, depuis 2007, nous avons opté pour une étude empirique, directe, sur le terrain. Nous pu ainsi vérifier l’hypothèse qu’aux initiatives spontanées de fermeture de rues et de lotissements a posteriori, longtemps après leur construction, s’ajoutent des stratégies nouvelles. Elles associent promotion privée et action publique, et sont destinées à faire évoluer le peuplement de quartiers de la ville, à travers la production de logement « de qualité » attirant des classes moyennes et supérieures. Promoteurs et décideurs semblent juger utile de les rassurer à travers la livraison d’ensembles qui sont quasiment tous fermés dès la construction … En 12 ans, de 2008 à 2020 une série d’études, de masters et thèses ont permis de décrire et quantifier ce processus, d’observer la progression d’une fragmentation urbaine qui s’accroît aux échelles fines et d’évaluer ses impacts.

    Nos études se sont focalisées sur les fermetures massives des aires privilégiées (Colline Périer, Littoral Sud, Nord-Est avec la technopole de Chateau Gombert), et la transformation résidentielle de certains territoires périphériques en zones d’investissements immobiliers rentables, attirant des classes moyennes et supérieures (Littoral Nord, Sainte Marthe, grand centre ville/Euromed, franges du parc National des Calanques comme la ZAC de la Jarre). les résidences fermées deviennent ainsi un outil de plus value foncière… et de recompositions urbaines, valorisant toutes les zones ayant un attrait environnemental, tout en en restreignant l’accès.

    La diffusion d’un modèle

    Notre méthodologie a permis de prendre la mesure du phénomène à l’échelle d’une ville entière, et sur la durée, ce qui n’a pas été réalisé ailleurs en France. A deux reprises (2008-2009 et 2013-2014), la commune entière a été arpentée, chaque ensemble résidentiel fermé a été géolocalisé dans un SIG, inventorié, décrit, photographié, afin d’établir un corpus exhaustif : 1001 résidences ou lotissements étaient enclos en 2009, plus de 1550 en 2014. L’ensemble des clôtures ont été datées à partir d’enquête directe ou par photo-interprétation. Cette démarche est relatée dans deux rapports de recherche (Dorier et al., 2010 et 2014), 13 masters et une thèse (Dario, 2019).

    Le recours au SIG (Système d’information géographique) a permis de tracer leur histoire, en croisant les localisations avec des images aériennes anciennes, le cadastre, la chronologie des programmes immobiliers. En 2011 et 2012, la première étude du LPED est actualisée à travers plusieurs mémoires d’étudiants sous la direction d’E.Dorier et S.Bridier. Ceux-ci observent une accélération des dynamiques d’enclosures dans les quartiers sud (Dario J. 2010, Toth P.2012), leur multiplication et leur diffusion dans les quartiers nord (Balasc et Dolo 2011, Dolo 2012, Robillard 2012). La propagation se fait beaucoup par mimétisme : plus de la moitié des ensembles fermés sont collés les uns aux autres, par grappes, transformant la physionomie et les usages possibles de l’espace urbain et développant des « marges » urbaines cloisonnées. On peut le vérifier, à travers l’exemple d’une marge Nord-Est de Marseille, sur les franges ville-espaces péri-urbains Les Olives : une juxtaposition désordonnée de lotissements fermés.

    Nous avons aussi beaucoup observé, recueilli de nombreux témoignages auprès de résidents, de riverains, de syndics, d’agences, de techniciens de l’urbanisme… Nous avons séjourné dans plusieurs de ces résidences. Nous poursuivons la veille sur certains contextes sensibles à haut potentiel spéculatif immobilier, comme la frange du massif des calanques ou sainte Marthe, ou encore des espaces où les fermetures sont conflictuelles. Par des analyses d’archives, des enquêtes fines sur des contextes urbains, des entretiens avec acteurs et habitants, des analyses de périmètres de la politique de la ville, le suivi de conflits de voisinages nous avons ensuite analysé les facteurs historiques et les impacts associés à cette dynamique d’enclosures, les inégalités sociales, les impacts sur la circulation, les inégalités environnementale (D.Rouquier 2013, J.Dario, 2019 et la thèse en cours de P. Toth, consacrée aux 8ème et 9ème arrondissements).

    Au final, on met à jour une dynamique de transition libérale, individualiste et sécuritaire, associée au règne de la voiture dans la ville (beaucoup de clôtures ont au départ pour justification le seul parking), qui freine d’autres évolutions souhaitables (transition écologique, inclusion sociale). Si le phénomène se banalise, on constate aussi une complexité territoriale du processus et son épaisseur historique. Dans des contextes de fortes recompositions urbaines (spatiales, foncières, sociales, démographiques), et dans les périmètres de nouvellement urbain, la fermeture d’espaces résidentiels est utilisée comme outil de diversification de l’habitat et de mixité sociale. Le processus n’a pas partout les mêmes motifs ni les mêmes impacts socio-environnementaux. D’où l’intérêt d’approches qualitatives par observations sensibles, entretiens avec des acteurs et habitants, dépouillements d’archives historiques (histoires de rues).

    Les quartiers sud

    En observant le facteur de proximité dans la diffusion, ainsi que le potentiel de valorisation immobilière des terrains vacants ou susceptibles de l’être, plusieurs scénarios de prospective ont été mis au point par Julien Dario pour anticiper l’évolution des espaces susceptibles d’être fermés, transmis à la Ville dans le cadre d’un contrat, comme aide à la décision (Dario 2011, 2014 et 2019). Dans les quartiers sud, on est frappé par la perspective de 53% de taux d’évolution spontané probable de la fermeture dans les 8ème et 9ème arrondissements, si aucune intervention publique ne vient réguler la tendance. Les surfaces touchées par les enclosures (résidences et périmètres d’entreprises) déjà localement très importantes pourraient y atteindre le tiers de la surface totale urbanisée. Des études de cas à échelle fine ont permis d’anticiper plusieurs conflits liés à ces processus (progressifs ou brutaux) en lien avec des dynamiques sociale locales.

    Les cas des lotissements « Coin Joli » et « Barry » (analysés ici par J.Dario entre 2011 et 2019) montrent comment certains dispositifs informels préfigurant l’enclosure sont mis en place progressivement, informellement, parfois subrepticement : enrochements, systèmes physiques fixes contraignants (plots métalliques) permettant encore le passage prudent de deux roues et piétons ; panneaux de sens interdit « privés » et informels apposés à l’extrémité de certaines rues. On passe d’une délimitation par panneautage à une fermeture symbolique et partielle, avant d’évoluer vers l’enclosure, qui peut être conflictuelle en privant de passage les riverains, en réduisant les perméabilités urbaines.

    Les quartiers nord : diffusion des ensembles résidentiels fermés dans les contextes de rénovation urbaine

    Un fait remarquable est la diffusion des enclaves résidentielles fermées au cœur et en bordure des zones urbaines sensibles (ZUS) telles qu’elles ont été définies par l’Agence Nationale de la Rénovation Urbaine (ANRU). Bénéficiant de la TVA réduite, les promoteurs sont incités à y produire une nouvelle offre de logement privée, afin de permettre une diversification et l’installation de classes moyennes. Mais les enclosures, supposées rassurer les candidats à l’accession à la propriété, et maintenir un niveau de prix élevé ne favorisent pas les relations sociales … et nos études montrent qu’en fait de « mixité », apparaissent de nouvelles formes de fragmentations et même de tensions résidentielles (Dorier et al, 2010, 2012), qui s’accompagnent, par ailleurs de formes d’évitement fonctionnel (Audren, 2015, Audren Baby-Collin, Dorier 2016 , Audren, Dorier, Rouquier, 2019). Le secteur du Plan d’Aou dans le 15ème arrondissement de Marseille, où la restructuration résidentielle est achevée a été analysé à l’aide d’étudiants (Balasc et Dolo 2011). Dans ce secteur cohabitent des zones de logements HLM en fin de réhabilitation, des lotissements anciens qui se sont fermés ou sont en cours de fermeture, des projets immobiliers récents, conçus sécurisés. La juxtaposition de ces différents types d’habitats aux profils sociaux différenciés engendre plus une fragmentation qu’une mixité Fonctionnelle, malgré la proximité. Les interrelations sont faibles entre les ensembles et les espaces. (Dorier, Berry-Chikahoui et Bridier, 2012)

    une crise des urbanités

    Tandis que cette transformation des espaces de copropriétés et rues privées de Marseille se poursuit, des pans entiers de vieux quartiers populaires se délabrent. En 2019, notre cartographie de ces ensembles résidentiels privés fermés ainsi que des HLM « résidentialisés » et enclos (dans les projets de rénovation urbaine) tranche avec la géographie des constructions déclarées en péril et brutalement évacuées de leurs habitants, suite à l’effondrement de deux immeubles vétustes du quartier Noailles, près du Vieux port de Marseille. Notre carte révèle des politiques de l’habitat à plusieurs vitesses, où des décennies de laisser-faire public face à la ville privée s’expriment d’un côté par la dégradation du bâti, et de l’autre par la multiplication de formes de repli et d’entre soi urbain ayant des impacts sur les circulations et sur l’accès aux équipements. A ce stade, des rééquilibrages publics sont indispensables. Quelques initiatives publiques pour maintenir des traverses piétonnières ont été lancées dans certains quartiers très touchés, elles sont compliques par les évolutions législatives (qui facilitent la clôture des espaces privés) ainsi que par la dévolution de la compétence en matière de voirie à la Métropole. Rétablir des accès et servitudes de passage pour les piétons est compliqué dans les espaces privés : il faut passer par une DUP, puis par l’achat d’une bande de terrain par la collectivité pour tracer un cheminement piétonnier. Des interventions seraient possibles dans certains cas où les clôtures ont été posées sur des rues non privées, ou hors de la légalité. Mais la collectovité ne s’auto-saisit pas des cas d’infraction. Les actions au cas par cas risquent de ne pas suffire à endiguer cette véritable crise d’urbanité.

    (observations menées conjointement à nos études sur le mal logement et des évacuations à Marseille).

    le projet ci-dessous a fait l’objet d’une exposition art-science, présentée à l’Espace Pouillon, campus centre Saint Charles de l’Université Marseille Privatopia 8-24 octobre 2020.

    Depuis 2014, une collaboration avec l’artiste peintre Anke Doberauer (photos et tableaux) a été rendue possible grâce à une résidence commune à la Fondation Camargo (2014). La jeune cinéaste Marie Noëlle Battaglia a également réalisé en 2020 un documentaire « En remontant les murs » inspiré par nos recherches, et en lien avec l’équipe (avant première le 18 octobre 2020, dans le cadre du festival Image de ville). Ces collaborations ont déjà donné lieu à des présentations croisées, comme celle du 3 avril 2019 organisée par le Goethe Institut à la Friche de la belle de mai, et pourraient déboucher sur une exposition et un ouvrage commun.

    Rapports de recherche-action :

    Dorier E. Dario J. Rouquier D. Bridier S. , (2014), Bilan scientifique de l’étude « Marseille, ville passante », Contrat de collaboration de recherche : « Développement urbain durable à Marseille » n°12/00718, 13 cartes, 18 croquis, 24 tableaux. juin 2014, 90 p.

    Dorier E. (dir), BERRY-CHIKHAOUI I., BRIDIER S., BABY-COLLIN V., AUDREN G., GARNIAUX J. (2010), La diffusion des ensembles résidentiels fermés à Marseille. Les urbanités d’une ville fragmentée, rapport de recherche au PUCA, Contrat de recherche D 0721 ( E.J. 07 00 905), 202 p, 35 cartes et croquis, 30 graphiques, 68 illustrations photographiques.

    Ces rapports ont donné lieu à de nombreuses restitutions publiques auprès des services de l’Urbanisme de la Ville, la Communauté urbaine, l’Agence d’Urbanisme (Agam), le département.

    Articles scientifiques :

    Dorier E. Dario J., 2018, « Gated communities in Marseille, urban fragmentation becoming the norm ? », L’Espace géographique, 2018/4 (Volume 47), p. 323-345. URL : https://www.cairn.info/journal-espace-geographique-2018-4-page-323.htm (traduction texte intégral ) texte intégral (ENG.) DORIER DARIO Espace geo anglais EG_474_0323

    Dorier E. Dario J., 2018, « Les espaces résidentiels fermés à Marseille, la fragmentation urbaine devient-elle une norme ? » l’Espace géographique, 2018-4 pp. 323-345.

    Dorier E., Dario J., 2016, « Des marges choisies et construites : les résidences fermées », in Grésillon E., Alexandre B., Sajaloli B. (cord.), 2016. La France des marges, Armand Colin, Paris, p. 213-224.

    Audren, G., Baby-Collin V. et Dorier, É. (2016) « Quelles mixités dans une ville fragmentée ? Dynamiques locales de l’espace scolaire marseillais. » in Lien social et politiques, n°77, Transformation sociale des quartiers urbains : mixité et nouveaux voisinages, p. 38-61 http://www.erudit.org/revue/lsp/2016/v/n77/1037901ar.pdf

    Audren, G., Dorier, É. et Rouquier, D., 2015, « Géographie de la fragmentation urbaine et territoire scolaire : effets des contextes locaux sur les pratiques scolaires à Marseille », Actes de colloque. Rennes, ESO, CREAD, Université de Rennes 2. Actes en ligne.

    Dorier E, Berry-Chickhaoui I, Bridier S ., 2012, Fermeture résidentielle et politiques urbaines, le cas marseillais. In Articulo– – Journal of Urban Research, n°8 (juillet 2012).

    Thèses

    Audren Gwenaelle (2015), Géographie de la fragmentation urbaine et territoires scolaires à Marseille, Université d’Aix Marseille, LPED. Sous la dir. d’Elisabeth Dorier et de V.Baby-Collin

    Dario Julien (2019) Géographie d’une ville fragmentée : morphogenèse, gouvernance des voies et impacts de la fermeture résidentielle à Marseille, Sous la dir. d’Elisabeth Dorier et de Sébastien Bridier. Telecharger ici la version complète. Cette thèse est lauréate du Grand prix de thèse sur la Ville 2020 PUCA/ APERAU/ Institut CDC pour la Recherche, Caisse des Dépôts

    Toth Palma (soutenance prévue 2021), Fragmentations versus urbanité(s) : vivre dans l’archipel des quartiers sud de Marseille Université d’Aix Marseille, LPED , Sous la direction de Elisabeth Dorier

    Posters scientifiques :

    Dario J. Rouquier D. et Dorier E., 2014, Les Ensembles résidentiels fermés à Marseille, in SIG 2014, Conférence francophone ESRI, 1-2 octobre 2014 – http://www.esrifrance.fr/iso_album/15_marseille.pdf

    Dario J. Rouquier D. et Dorier E, 2014, Marseille, fragmentation spatiale, fermeture résidentielle, LPED – Aix-Marseille Université, poster scientifique, Festival international de géographie de Saint Dié, oct 2014. https://www.reseau-canope.fr/fig-st-die/fileadmin/contenus/2014/conference_Elisabeth_Dorier_poster_LPED_1_Marseille.pdf

    Dario J. Rouquier D. et Dorier E., 2014, Marseille, Voies fermées, Ville passante, LPED – Aix-Marseille Université, poster. http://www.reseau-canope.fr/fig-st-die/fileadmin/contenus/2014/conference_Elisabeth_Dorier_poster_LPED_2_Marseille.pdf

    Contributions presse et médias

    Dorier E. Dario J. Audren G. aout 2017, collaboration avec le journal MARSACTU. 5 contributions à la série « Petites histoires de résidences fermées », collaboration journal MARSACTU / LPED, aout 2017. https://marsactu.fr/dossier/serie-petites-histoires-de-residences-fermees

    Dorier E. et Dario J. 23 aout 2017, interview par B.Gilles, [Petites histoires de résidences fermées] Les beaux quartiers fermés de la colline Périer, interview pr B.Gilles, MARSACTU, https://marsactu.fr/residences-fermees-dorier

    Dorier E. Dario J. 30 janv. 2017, interview par L.Castelly, MARSACTU : https://marsactu.fr/discussion-ouverte-residences-fermees

    Dorier E. , et Dario.J. 20 mars 2014, interview in MARSACTU , société : 29% de logements sont situes en residences fermees à Marseille

    Dorier E. Dario J., 4 oct 2013, « Hautes clôtures à Marseille », in Libération, le libé des géographes. (1 p, 1 carte) http://www.liberation.fr/societe/2013/10/03/hautes-clotures-a-marseille_936834
    Dorier E. , 7 avril 2013, « Le phénomène des résidences fermées est plus important à Marseille qu’ailleurs », Marsactu, talk quartiers, archi et urbanisme, http://www.marsactu.fr/archi-et-urbanisme/le-phenomene-des-residences-fermees-est-plus-important-a-marseille-quailleu

    Dorier E. Dario J., 10 fev 2013, « Fermetures éclair » in revue Esprit de Babel, Fermetures éclair

    télévision

    M6, Résidences fermées à Marseille – étude du LPED. Journal national, octobre 2013 : https://www.youtube.com/watch?v=hDM

    FR3, 19/20, Résidences fermées à Marseille – étude du LPED, 24 mai 2013, https://www.youtube.com/watch?v=o-O

    FR 5 (minutes 38 à 50) : « En toute sécurité », documentaire de B.Evenou, http://www.france5.fr/emission/en-t

    podcast radio

    Collaboration entre chercheurs et cinéaste, janvier 2021 : https://ecoleanthropocene.universite-lyon.fr/documenter-la-geographie-sociale-grand-entretien-a

    Collaboration entre chercheurs et artiste peintre, octobre 2020 : Sonographies marseillaises – Radio Grenouille et Manifesta 13 « Ce monde qui nous inspire #4 Marseille ville privée ? »

    https://urbanicites.hypotheses.org/688

    #sécurisation #privatisation #espace_public #classes_sociales #urban_matter #géographie_urbaine #TRUST #master_TRUST #immobilier #foncier #rénovation_urbaine #urbanisme #fragmentation_physique #inégalités #tout_voiture #voiture #automobile #stationnement_résidentiel #parkings #proximité #promotion_immobilière #urbanisation_privée #détours #barrières #mosaïque #
    #cartographie #visualisation

  • #Liban, un pays dans la tourmente

    Comment le Liban, « la Suisse de l’Orient », a-t-il sombré dans le chaos ? Alors que la double explosion du 4 août dernier dans le port de Beyrouth a remis au jour la gabegie et la corruption de la classe politique qui gangrènent cet Etat d’Asie occidentale, ce documentaire remonte le cours tourmenté de l’histoire de cette jeune nation à l’identité forgée par 18 communautés religieuses. En donnant la parole à des membres des services de renseignement, à des journalistes et à des artistes, il montre comment ce pays, au cœur des enjeux géopolitiques depuis sa création, s’est retrouvé piégé dans la poudrière du Moyen-Orient.

    –-> documentaire que j’ai regardé sur arte, mais qui n’est plus disponible sur leur site web (et pas trouvé sur youtube non plus).
    Une présentation du documentaire ici :

    https://www.moustique.be/27227/liban-un-pays-dans-la-tourmente

    #documentaire #film_documentaire
    #guerre_civile #camps_de_réfugiés #réfugiés_palestiniens #Arafat #histoire #Empire_ottoman #OLP #Israël #détournement_d'avions #guerre_des_six_jours #Moyen-Orient #Union_soviétique #Syrie #religion #massacres #nettoyages_ethniques #nettoyage_ethnique #Beyrouth #Hafez_al-Assad #Falanges #Bachir_Gemayel #Menahem_Begin #fragmentation #milices #Armée_du_Liban_Sud (#ALS) #Ariel_Sharon #Galilée #Paix_en_Galilée #invasion_israélienne #Philip_Habib #Sabra_et_Chatila #massacre_de_Sabra_et_Chatila #armes #USA #Etats-Unis #attentats-suicides #Hezbollah #Iran #enlèvements #violence #Ronald_Reagan #accord_de_Taëf #Rafik_Hariri #Hassan_Nasrallah #Bachar_al-Assad #révolution_du_Cèdre #guerre_du_Liban

  • anthologie_du_detournement
    http://www.mozinor.com/anthologie_du_detournement.htm

    Un article « encyclopédique » sur la Classe américaine et plein d’autres détournements

    Et tant qu’on y est, les versions HD disponible en streaming :
    – La classe américaine : https://www.youtube.com/watch?v=AamkpGfocp8


    – Ca Détourne (ou Le Triomphe De Bali Balo ou La Splendeur De La Honte ou L’Invasion Des Pervers Polymorphes) : https://www.youtube.com/watch?v=2yj_CeKopfM

    – Derrick contre Superman : https://www.youtube.com/watch?v=TsfMrVkxGTU

    #détournement #classe_américaine #fullHD #ça_détourne

  • The Pentagon funneled #coronavirus relief funds to defense contractors - The Washington Post
    https://www.washingtonpost.com/business/2020/09/22/covid-funds-pentagon

    “This is part and parcel of whether we have budget priorities that actually serve our public safety or whether we have a government that is captured by special interests,” said Mandy Smithberger, a defense analyst at the Project on Government Oversight, a watchdog group.

    #intérêts_privés #états-unis #détournement

  • Brandalism Take Over 100 UK Billboards | StreetArtNews | StreetArtNews
    https://streetartnews.net/2020/09/guerilla-take-over-of-100-uk-billboards-in-anti-car-protest.html

    nmental activist groups from the ‘Brandalism’ network have installed over 100 parody car advert posters on billboards and bus stops in England and Wales. The guerilla artworks featuring brands such as Range Rover, Ford, Volkswagen, BMW, Citroen, Lamborghini and Vauxhall were installed without permission in Bristol, Birmingham, Cardiff, Leeds, London and Exeter.

    #détournements

  • Canada : L’opposition veut que Trudeau témoigne devant un comité parlementaire pour l’affaire UNIS #détournement_de_fonds_publics
    https://www.ledevoir.com/politique/canada/582434/le-bloc-aussi-veut-voir-trudeau-devant-un-comite-parlementaire-pour-l-affa

    Les partis d’opposition veulent convoquer le premier ministre Justin Trudeau devant un comité parlementaire afin qu’il s’explique sur un contrat de près d’ un milliard de dollars qui a été confié à l’organisme UNIS, malgré ses liens avec la famille Trudeau.

    Le conservateur Pierre Poilievre avait déjà fait adopter la semaine dernière une motion au comité des Finances afin de tenir des audiences sur le sujet. Parmi la liste d’invités figuraient la ministre de la Diversité et de l’Inclusion et de la Jeunesse, Bardish Chagger, et le greffier du Conseil privé, Ian Shugart.

    Depuis, il a été révélé que la femme, le frère et la mère de M. Trudeau ont reçu 300 000 $ pour avoir participé à des événements publics d’UNIS depuis quelques années. L’une des filles du ministre des Finances, Bill Morneau, a prononcé des discours lors d’événements tandis qu’une autre est contractuelle pour l’organisation.

    M. Poilievre a plaidé pour que Justin Trudeau et Bill Morneau viennent répondre aux questions du comité puisque la controverse les concerne personnellement.

    MM. Trudeau et Morneau ont admis lundi qu’ils avaient commis une erreur en décidant de ne pas se récuser lorsque leur gouvernement a attribué à cet organisme de charité un contrat de 900 millions $ pour gérer un programme de bourses aux étudiants qui font du bénévolat.

    Ces excuses publiques n’ont pas suffi à convaincre le Bloc québécois et le Nouveau Parti démocratique, qui ont joint leur voix aux conservateurs afin de tenter d’aller au fond de l’affaire en comité parlementaire.

    « On pense que plus vite la lumière sera faite là-dessus, plus vite l’État canadien recommencera à fonctionner comme du monde », a déclaré le chef bloquiste Yves-François Blanchet, qui était de passage à Ottawa mardi matin.

    « Toutes les personnes impliquées dans ce contrat doivent répondre aux questions, incluant le premier ministre. Les Canadiens et Canadiennes s’attendent à des réponses et méritent des réponses », a fait valoir Peter Julian, porte-parole du NPD en matière de finances.

    En parallèle, le commissaire aux conflits d’intérêts et à l’éthique enquêtera, à la demande des conservateurs et du NPD, afin de déterminer si le premier ministre a contrevenu à la loi lorsque le gouvernement fédéral a choisi l’organisme UNIS pour gérer le programme de bénévolat étudiant.

    Le Bloc demande, comme il le fait depuis plusieurs jours, que M. Trudeau cède sa place comme premier ministre, le temps que le commissaire fasse la lumière sur cette affaire. Le bureau de ce dernier a déclaré sur les réseaux sociaux que le temps moyen d’une enquête est d’environ sept mois.

    « Je pense que M. Trudeau peut régler ça plus vite que ça en nous donnant l’ensemble de l’information, notamment lors de sa ou ses comparutions dans un ou plusieurs comités. Il n’en tient qu’à lui. S’il n’a rien fait de douteux, […] je l’invite donc à faire la lumière le plus vite possible », a répliqué M. Blanchet.

    Le comité des Finances doit se réunir jeudi après-midi. La liste de témoins n’a pas encore été annoncée.

    Emplois d’été Canada
    Les partis d’opposition se demandent aussi pourquoi le gouvernement Trudeau a créé un programme de 900 millions $ pour aider les étudiants à faire du bénévolat plutôt que d’octroyer l’argent à un programme déjà existant — Emplois d’été Canada.

    « Cela n’a aucun sens. Ils ont mis une tonne d’argent — 912 millions $ — pour un tout nouveau concept alors qu’ils avaient un programme clé en main », a critiqué Dan Albas, porte-parole du Parti conservateur en matière de développement économique.

    Les libéraux ont déjà injecté 60 millions $ dans Emplois d’été Canada afin de créer 10 000 emplois de plus pour les jeunes de 15 à 30 ans. Ce nouveau financement a permis de faire passer le budget total du programme à 323 millions $ et l’objectif d’emplois à 80 000.

    Ni le gouvernement ni UNIS a dit combien de bénévoles allaient être recrutés avec le programme de plus de 900 millions $. Le programme a aussi fait face à son lot de critiques.

    Les participants du programme allaient gagner l’équivalent de 10 $ de l’heure — soit moins que le salaire minimum dans toutes les provinces. Les participants pouvaient se voir accorder des bourses allant jusqu’à 5000 $ en faisant du bénévolat pendant un maximum de 500 heures.

    Il y a aussi eu des questions au sujet des postes disponibles au sein du schéma géré par UNIS. Des étudiants étaient requis pour filmer des vidéos, créer des sites web et faire de la « création de contenu » pour satisfaire les critères du programme de bénévolat.

    M. Albas et le porte-parole du NPD en matière d’éthique, Charlie Angus, ont soutenu que tout cela venait en contradiction avec le programme d’emplois d’été. Le gouvernement avait demandé aux députés à travers le pays d’identifier des emplois dans leurs circonscriptions respectives. Plusieurs organisations n’ont pas reçu de financement.

    « Nous avions des organisations légitimes prêtes à engager des étudiants pour faire du travail légitime, et tout cela a été écarté, s’est indigné M. Angus. Il s’agissait de postes bien plus crédibles que de créer des vidéos qui expliquent comment faire des exercices. »

    Les libéraux ont indiqué qu’ils prévoient aller de l’avant avec le programme de bénévolat, malgré la décision d’UNIS et du gouvernement de mettre fin à l’entente le 3 juillet dernier. Le ministère fédéral de l’Emploi et du Développement social a depuis repris la gestion du programme.

    Les conservateurs, néodémocrates et verts disent tous que le gouvernement devrait apprendre de ses erreurs et mettre l’argent dans le programme d’Emplois d’été Canada, qui est déjà géré par le gouvernement et qui fonctionne bien.

    La chef parlementaire du Parti vert, Elizabeth May, dit que les organisations qui ont déjà sollicité des postes par le biais du programme de bénévolat étudiant
    devraient être en mesure de transférer leurs demandes au programme d’emplois d’été.

    #Justin_Trudeau #trudeau #fils_de #favoritisme #détournement #népotisme #famille #bénévolat (payé ? ? ? ) #conflit_d'intérêt #corruption #collusion #détournement_de_fonds_publics #précarité #travail #associations #baisse_des_salaires

  • En RDC, le jeu trouble du milliardaire israélien Dan Gertler face aux sanctions américaines
    Selon Global Witness et la Plateforme de protection des lanceurs d’alerte en Afrique, l’homme d’affaires a réorganisé son empire pour continuer d’opérer dans le pays.

    Par Joan Tilouine Publié le 02 juillet 2020
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/07/02/en-rdc-le-jeu-trouble-du-milliardaire-israelien-dan-gertler-face-aux-sanctio

    En deux décennies, l’homme d’affaires israélien Dan Gertler est devenu milliardaire en République démocratique du Congo (RDC), sa « deuxième maison » comme il dit. Dans cet immense pays d’Afrique centrale, il a connu les guerres et s’est lié d’amitié avec Joseph Kabila, l’ancien chef de l’Etat (2001-2019) – une proximité utile pour ses acquisitions minières et pétrolières. Le successeur et allié de M. Kabila, Félix Tshisekedi, à peine proclamé vainqueur de l’élection présidentielle en janvier 2019, a rencontré Dan Gertler et s’interdit de le critiquer en public.

    Pourtant, avec ses circuits financiers offshore tortueux, le tycoon israélien – qualifié de « pilleur » des richesses extractives congolaises par des ONG locales et occidentales – aurait fait perdre plus de 1 milliard de dollars de revenus à l’Etat, dans un pays qui compte parmi les plus pauvres de la planète. Sa fortune (1,2 milliard de dollars en 2020, selon le magazine Forbes), il l’a amassée « grâce à des opérations minières et pétrolières opaques et corrompues portant sur des centaines de millions de dollars en RDC », selon le département du trésor des Etats-Unis, qui a décrété des sanctions économiques en décembre 2017 contre l’homme d’affaires, lequel conteste cette accusation. Six mois plus tard, quatorze de ses sociétés et véhicules financiers offshore ont été visés à leur tour par les autorités américaines. Il lui est désormais interdit de manipuler des dollars, la devise des affaires en RDC.

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    RDC : un rapport révèle comment Dan Gertler a essayé d’échapper aux sanctions
    Publié le : 02/07/2020
    http://www.rfi.fr/fr/afrique/20200702-rdc-enquete-glencore-rapport-gertler-echapper-sanctions

    C’est une nouvelle enquête sur le milliardaire israélien Dan Gertler. Depuis décembre 2017, il est sous sanctions des États-Unis, accusé par le Trésor américain d’avoir servi d’intermédiaire dans la vente d’actifs miniers en RDC et ce qui aurait coûté au pays près d’un milliard et demi de dollars entre 2010 et 2012. Le nouveau rapport de Global Witness et PLAAFF, la plateforme de lanceurs d’alerte d’Afrique, explique comment Dan Gertler a essayé d’échapper à ces sanctions.

    Le rapport s’intitule « Des sanctions, mines de rien » et explique comment Dan Gertler a créé, à partir octobre 2017, quelques semaines avant l’annonce officielle des sanctions qui le frappent, une nouvelle holding Gerco SAS et une dizaine de sociétés.

    Différents prête-noms les chapeautent, sa femme, des membres de sa famille, des amis. Ces sociétés lui ont permis de continuer de faire des affaires en RDC. Elles ont encore obtenu des permis miniers à bas prix juste avant le départ du pouvoir de Joseph Kabila. L’une de ces sociétés a même signé un contrat avec la Gécamines, la société d’État. (...)

  • #Hautes-Alpes : des migrants ont-ils été rackettés par deux policiers de la #PAF à la frontière franco-italienne ?

    Les deux policiers sont jugés en correctionnel à Gap pour des faits présumés de #violence et de #détournement_de_fonds.

    Soupçonné de violence contre un jeune migrant en août 2018, un gardien de la paix de la #police_aux_frontières (PAF) de #Montgenèvre (#Hautes-Alpes) et un adjoint de sécurité (ADS) du même service, jugé pour détournement de fonds, en janvier 2019, comparaissent cet après-midi devant le tribunal correctionnel de Gap.

    Comme depuis le déconfinement du 11 mai et la reprise des audiences correctionnelles, le procès se déroule sans public en raison des mesures sanitaires liées au coronavirus.

    Le gardien de la paix, un fonctionnaire âgé de 51 ans, et l’ADS âgé de 30 ans, dont le contrat n’a pas été renouvelé par l’administration sont respectivement poursuivis pour « #violences_volontaires_sans_ITT » commises par #personne_dépositaire_de_l’autorité_publique (#PDAP) dans l’exercice ou à l’occasion de ses fonctions, et pour « #faux_administratif » et « #soustraction_frauduleuse_de_fonds_publics » par PDAP.

    Une révélation en interne

    L’enquête menée par l’antenne marseillaise de l’inspection générale de la police nationale (#IGPN) a débuté en janvier 2019 après un rapport remis au parquet de Gap par la direction départementale de la police aux frontières (DDPAF) des Hautes-Alpes, « signalant plusieurs dysfonctionnements administratifs et en interne mais également des faits de violence contre un migrant et de détournement de fonds », a indiqué une source judiciaire. « Une révélation en interne qui fait suite à des soupçons de rackets réguliers à l’encontre de migrants qui traversaient la frontière franco-italienne à Montgenèvre », souligne cette même source.

    Concernant ces vols présumés, « l’enquête n’a pas permis d’établir, ni la réalité des dénonciations, ni l’identification des éventuels auteurs, au contraire des faits qui justifient la comparution des deux prévenus aujourd’hui », a souligné avant le début du procès, le procureur de la République de Gap, Florent Crouhy.

    « Dès la fin de l’année 2018, le parquet a reçu de nombreux courriers de migrants ou d’associations dénonçant des faits de vols sur des migrants. Les vérifications n’ont jamais permis d’étayer ces dénonciations, les migrants étant le plus souvent impossible à retrouver », a indiqué le magistrat qui représentera le ministère public à l’audience.

    Un enregistrement audio à charge contre le policier

    Selon le rapport de l’IGPN, le gardien de la paix - actuellement en arrêt maladie - est soupçonné d’avoir donné un #coup_de_poing à un migrant Malien, aujourd’hui âgé de 17 ans. L’#altercation a été discrètement enregistrée par la victime présumée qui accuse des policiers de lui avoir volé son argent quelques jours plus tôt lors d’un contrôle sur la voie publique à Montgenèvre.

    L’adjoint de sécurité est soupçonné d’avoir gardé pour lui 90 euros en espèce, c’est-à-dire le montant d’une amende dressée lors d’un contrôle à l’encontre d’un conducteur italien qui n’avait pas sa ceinture de sécurité. L’auteur présumé qui conteste les faits a jusqu’ici soutenu qu’il s’agissait d’une erreur de remplissage du procès-verbal.

    « La commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) a rendu en 2018 un rapport sur lequel la frontière italienne ne doit pas être une zone de non-droit. Notre affaire s’inscrit pleinement dans cette problématique de comportements qui ne sont pas acceptables », a expliqué avant le début de l’audience Me Vincent Brengarth, du barreau de Paris, avocat de la victime présumé ainsi que de l’association « Tous Migrants » qui doit se constituer partie civile au procès. Créée en 2016 à partir d’un mouvement citoyen de 2015, l’association « sensibilise la population aux enjeux migratoires et plaide pour le respect des droits des étrangers et notamment des personnes exilées auprès des pouvoirs publics », rappelle son coprésident Michel Rousseau.
    Les prévenus encourent 3 et 10 ans d’emprisonnement

    « Nous disposons d’un enregistrement audio ce qui permet la tenue de ce procès. Nous attendons que les responsabilités des policiers qui sont mis en cause pour des faits de vols et de violence soient déterminées par le tribunal, avance Me Brengarth. C’est un procès rare pour des pratiques dont on sait qu’elles sont régulières. Le dossier révèle qu’il ne s’agit pas de faits isolés. Il est indispensable que la justice puisse rétablir le droit de ceux que nous devons protéger ». Alors que l’ancien Adjoint de sécurité (ADS) encourt jusqu’à 10 ans d’emprisonnement, le gardien de la paix risque jusqu’à 3 ans de prison. Le jugement devrait être mis en délibéré.

    https://www.laprovence.com/article/faits-divers-justice/6035565/hautes-alpes-des-migrants-ont-ils-ete-rackettes-par-deux-policiers-de-la
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