• Le #Mandat français sur la #Syrie : une #domination_coloniale sans cesse contestée, par Alain Ruscio

    Le #Mandat_français sur la Syrie (1920-1946)

    Au terme de la Première guerre mondiale, la toute jeune Société des Nations (SDN) donna mandat au Royaume-Uni (en Irak et Palestine) et à la France (en Syrie et au Liban) d’administrer cette région, relevant auparavant de l’autorité de l’Empire Ottoman vaincu, à condition de rendre compte régulièrement de leur politique et de leurs actions, jusqu’au terme de la mission, l’indépendance.

    Mais les deux puissances gérèrent de façons radicalement différentes ces mandats.

    La brutalité – la France bombarda Damas en 1925 et en 1945 – et le refus obstiné d’envisager l’indépendance exigée par les nationalistes marquèrent la politique française, contribuant à une dégradation de l’image internationale du pays.

    « Cette terre qu’on a pu appeler la France du Levant… »[1]

    La France avait de longue date noué des contacts avec les habitants de la région. D’une formule, le général Édouard Brémond, qui connaissait bien la région, résuma cette ancienneté : « La Syrie, ce pays qui tient aux fibres de la France depuis Pépin le Bref, d’une manière si continue et si constante » (L’histoire secrète du traité franco-syrien, 1938)[2].

    Sous le Second Empire, son intervention ferme au Liban en faveur des chrétiens maronites, victimes de massacres, en 1860, lui avait valu reconnaissance et rayonnement, en tout cas pour une partie de la population, dans cette région. Nul doute que cette politique, à caractère humanitaire, avait également comme fonction d’affirmer les droits de la France face à l’éternel rival britannique.

    Cette histoire multiséculaire transpire dans l’ouvrage de Barrès, Une enquête aux pays du Levant, mi-journal de voyage, mi-réflexion sur la place, naturelle et prépondérante, de la France dans la région, écrit en 1914[3].

    Le tout sur un fond général d’esprit de croisade : « Sur cette terre d’Orient, une lutte qui dure depuis le Moyen-Âge est engagée entre la civilisation méditerranéenne, à base de christianisme, et l’Islam asiatique » (Robert de Beauplan, L’Illustration, 16 mars 1929)[4].

    Tout au long de la période des mandats, les Français présenteront leur politique comme correspondant à une mission très anciennement ancrée dans le temps, justifiée par des relations culturelles étroites et une présence (réelle) de la langue française dans la région : « Les traditions françaises sont très vieilles au Liban et en Syrie. Sans remonter jusqu’aux croisades (…), nos missionnaires, nos marins, nos ingénieurs ont, depuis longtemps, apporté leur dévouement et leur intelligence sur ces côtes. Nos missionnaires ont appris notre langue à la jeunesse depuis des générations, et il n’est pas de pays étranger au monde (…) où le français soit parlé aussi couramment qu’au Liban » (Général Gouraud, La France en Syrie, 1922)[5].

    Il est évidemment une autre raison à l’intérêt de la France pour la région : de solides intérêts économiques, installés bien avant 1914 dans cette partie de l’ex-Empire ottoman[6]. Après la guerre, cependant, c’est plus en termes de potentiel que de profits immédiats que certains raisonnent. Le Haut commissaire lui-même, le général Gouraud, justifia ainsi la politique française dans la région : « Il faut qu’on le sache en France : la Syrie est un pays très riche (…). Pour résumer d’un mot : “L’affaire payera“. Voilà pourquoi nous devons rester en Syrie et pourquoi nous y resterons » (Déclaration, Marseille, 9 novembre 1920)[7]. Un député de droite, Edouard Soulier, de retour de Syrie, expliqua à ses collègues : « La France récoltera. Si vous me permettez une comparaison familière, je dirai que, sous nos dépenses pour la Syrie, nous sommes comme le particulier qui fait figurer sur son livre de dépense : “Achat de titres de rentes : tant“. La dépense est peut-être forte, l’intérêt viendra. La dépense aujourd’hui est forte pour la Syrie, l’intérêt viendra, il viendra de toute façon. C’est un pays merveilleusement intéressant, nous devons le dire, le proclamer pour qu’on y aille (…). Surtout – et c’est ici que je suis sur le terrain le plus solide, celui que vous estimez le plus au point de vue économique – la Syrie, sous notre direction, et tant que nous serons là, parce que les Syriens eux-mêmes ne sont pas complètement des gens d’initiative et de persévérance, la Syrie pourra être pour la culture un pays plus merveilleux encore qu’il ne l’est ; il y a à entretenir ou à refaire les ports, il y a à multiplier les chemins de fer, à les envoyer comme de grandes mains tendues vers le centre de l’Asie. Au point de vue minier, les prospections n’ont, jusqu’ici, pas donné grand’ chose, mais comme l’antiquité y avait trouvé des richesses, on en retrouvera peut-être. Nous reboiserons, nous irriguerons, nous labourerons… » (Chambre des députés, 11 juillet 1921).

    Cette mise en valeur, dans l’esprit de l’orateur, devait être évidemment faite d’abord par des entreprises françaises.

    Le partage franco-britannique[8]

    L’entrée de l’Empire ottoman dans la guerre, dès octobre 1914, aux côtés de l’Allemagne, va ouvrir l’ère des tempêtes pour cette région. Dès ce moment, Britanniques et Français réfléchissent à la politique à suivre, après la victoire espérée face à cette coalition. En mai 1916, un mémorandum secret entre Sir Mark Sykes et François Georges-Picot[9] envisage le partage futur en zones d’influence. Le Levant est considéré comme une aire d’influence de la France, l’Irak et la Palestine revenant au Royaume-Uni.

    Mais le nationalisme arabe, entré en effervescence, ne veut pas qu’à l’emprise turque succède une domination occidentale. Sur te terrain, les Britanniques mènent un double jeu subtil, encourageant le nationalisme arabe, tout en multipliant les déclarations d’amitié à l’égard de la France. Le Shérif Hussein, autoproclamé Roi des Arabes, et son fils Fayçal mènent la lutte contre les Ottomans, avec le soutien des services britanniques (rôle du colonel Lawrence). C’est de concert que les troupes anglaises et celles de Fayçal entrent dans Damas (1er octobre 1918). Les Français, à la présence militaire insignifiante dans la région, ont été systématiquement écartés de ces événements.

    Fin octobre 1918, la guerre se termine de la même façon que sur le front ouest : l’allié de l’Allemagne, l’Empire Ottoman, est défait et son démembrement peut commencer.

    Londres est alors devant un choix : respecter l’accord Sykes-Picot ou continuer le soutien à Hussein-Fayçal. Le gouvernement britannique, lui-même en butte à des difficultés, privilégie la solidarité inter-impérialiste. Le président du Conseil français Clemenceau et le Premier ministre britannique Lloyd George entament des négociations, afin de confirmer le partage du Moyen-Orient en zones d’influence.

    Lors de conférence de la paix, qui s’ouvre à Paris le 12 janvier 1919, la question est réétudiée et entérinée. Ni les représentants des populations concernées, ni les autres délégations (États-Unis en particulier) ne sont associés à ces décisions. Le traité, finalement signé à Versailles le 28 juin 1919, n’évoque pas la question, malgré les protestations arabes. Il en est pourtant question dans les statuts de la SDN, fondée par ce même traité. Mais le moins que l’on puisse dire est que ces statuts étaient viciés dès l’origine par des formules ambigües : « Certaines communautés qui appartenaient autrefois à l’Empire ottoman ont atteint un degré de développement tel que leur existence comme nations indépendantes peut être reconnue provisoirement, à la condition que les conseils et l’aide d’un mandataire guident leur administration jusqu’au moment où elles seront capables de se conduire seules » (Pacte de la SDN, article 22). Les Français liront surtout le mot Mandataires et le verbe Guider, les nationalistes arabes l’expression Nations indépendantes et l’adverbe Provisoirement. En fait, le drame de la notion de Mandat était son statut incertain « lacune considérable qui contient en germes tous les litiges »[10]. Qui, réellement, en France, a fait la différence entre Mandat et Protectorat voire, pour certains, entre Mandat et Colonie ? À lire la majorité des discours politiques et des reportages de presse ou à observer les cartes de l’époque (les taches roses de l’Empire), on a l’impression que beaucoup ont considéré que notre domaine s’était enrichi et que, comme l’Algérie, comme l’Indochine, le Levant nous appartenait. Nul ne proteste, et bien peu s’interrogent, par exemple, lorsque les organisateurs de l’Exposition coloniale de Marseille, dès 1922, font construire un Pavillon des intérêts français dans le Levant. A fortiori, en 1931, à Vincennes, on n’a même plus cette hypocrisie : le Pavillon des États du Levant met donc les Mandats sur le même plan que les colonies[11].

    Un acteur important des événements écrira plus tard : « Pour la masse de l’opinion française, la France “possède“ la Syrie. Son devoir est de l’administrer, d’y sauvegarder les intérêts français. Mais on ne “traite“ pas avec les colonies. On les garde. On les défend contre les périls extérieurs. On les administre. Et c’est tout… Pour la plupart des Français, en effet, “notre mandat“ en Syrie n’est guère qu’une fiction. Notre devoir est de tenir ce que nous possédons, et un règlement du genre de celui que nous avons été amenés à envisager[12] apparaît – le mot a été prononcé – comme une trahison » (Pierre Viénot, Le Mandat français sur le Levant, 1939)[13]. L’auteur employa ce jour-là des formules (« pour la masse de l’opinion française (…) pour la plupart des Français »), mais, par expérience, il savait bien que beaucoup de décideurs avaient le même état d’esprit.

    Ce n’est qu’a posteriori que la conférence de San Remo confirme l’attribution des mandats (26 avril 1920), charge à Londres et à Paris d’en préciser la répartition et le contenu exact, ce qu’ils feront lors de la conférence franco-britannique de Londres (24 juin 1922)[14].

    En fait, dès leur prise de mandat, les Français façonnent la région, selon le vieux principe diviser pour régner : ils constituent la nouvelle Syrie autour des États d’Alep et de Damas et du sandjak d’Alexandrette (capitale Damas), l’État des Alaouites avec les sandjaks de Lattaquié et de Tartous (capitale Lattaquié), l’État du Djebel druze (capitale Soueida) et l’État du Grand Liban (capitale Beyrouth), lui-même cependant en quatre sandjaks, Liban-Nord, Mont-Liban, Liban-Sud et Bekaa et en deux municipalités autonomes, Beyrouth et Tripoli.

    « Il n’y a pas d’unité nationale syrienne »

    Il y eut une permanence du regard français sur la Syrie, durant toute la période : ce pays n’avait pas d’unité ethnique, religieuse et, partant, nationale.

    Il y avait cependant une donnée gênante – mais incontournable : on n’avait guère demandé l’avis des plus concernés, les peuples de la région. Or, si le Liban fut, peu ou prou l’enfant sage des États de la région à l’ère des mandats (l’influence française y était ancienne, la francophonie solidement implantée la communauté chrétienne plutôt accueillante), avec la Syrie, il en alla tout autrement.

    Tout à fait au début de la gestion mandataire, le député communiste Marcel Cachin interpelle le gouvernement et exige l’indépendance de la Syrie. Réponse du président du Conseil : « Il faut ne pas connaître l’histoire de la Syrie pour parler ainsi. Il n’y a pas là-bas un peuple ayant des traditions, des vues, des buts communs. Il y a des peuples qui peuvent vivre dans la liberté, par le moyen d’un système fédéral, mais qui, entre eux, ont besoin d’un lien et ont besoin de faire un effort administratif commun. En constituant pour eux ce lien, la France leur rend le plus grand service qu’ils puissent désirer » (Aristide Briand, Chambre des députés, 12 décembre 1921). Le grand reporter Albert Londres, qui enquête alors sur place, pense la même chose : « Y a-t-il une Syrie, des Syriens ? Au point de vue ethnique, on trouve un mélange de Libanais, d’Arabes, de Druses et de Turcs ; au point de vue confessionnel, quelque vingt-neuf religions ou sectes (…). Qu’est la Syrie ? Ce n’est pas un pays de nationalités mais de religions. En Syrie, il n’y a pas de Syriens (…). En tout vingt-neuf religions. Et le pays ne compte que deux millions huit cent mille habitants. Comment s’entendront-ils au paradis ? Pas de lien patriotique et, pour lien social, la communauté religieuse » (Le Petit Parisien, 16 décembre 1925)[15].

    Même au lendemain de la crise finale du printemps 1945, au cours de laquelle les Français furent payés pour savoir que le nationalisme syrien existait, le chef du GPRF persistait dans les mêmes schémas : « Il est très difficile de réaliser une entité géographique et politique qui s’appelle la Syrie. La Syrie est un ensemble de régions très distinctes les unes des autres, peuplées de populations extrêmement différentes et pratiquant des religions diverses ; d’où la difficulté particulière de conduire la Syrie jusqu’à devenir un État fonctionnant et se développant normalement » (Charles de Gaulle, Conférence de presse, 2 juin 1945)[16].

    Un conflit d’ampleur

    Si l’expression guerre de Syrie n’est pas passée dans le vocabulaire historique, c’est pourtant bien un conflit d’ampleur qui eut lieu durant les premières années de l’implantation du mandat.

    Le 8 octobre 1919, le général Gouraud est nommé Haut commissaire de France[17], signe évident du caractère prioritairement militaire de cette présence (Gouraud était l’ancien commandant en chef du Corps expéditionnaire aux Dardanelles). Dès ce moment, des troupes françaises commencent à relever les Britanniques. Malgré des entretiens informels et inaboutis entre Clemenceau et Fayçal, l’armée française rencontre sur le terrain une hostilité systématique. Sur la route de Damas, elle est accrochée à Maysalûn, le 24 juillet 1920, par un contingent militaire syrien sous les ordres du ministre de la Guerre de Fayçal, Youssef bey Azmi. Si cette bataille ne dure qu’une journée, elle est d’une extrême violence. De l’aveu même de Gouraud, elle est comparable à certains épisodes de la Première Guerre mondiale : « Les chars d’assaut et l’aviation ont combattu à coups de bombes et de mitrailleuses comme dans les combats de la Grande Guerre et ont pris une très grande part dans le succès » (Télégramme au Quai d’Orsay, 24 juillet 1920)[18]. Gouraud estime les pertes françaises à 150 hommes. On peut imaginer ce que furent celles des Syriens.

    Le lendemain, l’armée française entre dans Damas. La presse française quasi unanime se félicite de cette leçon administrée à des Syriens présentés comme bellicistes : « Nous sommes entrés à Damas. Attaquées par les Chérifiens, nos troupes battent l’adversaire » (L’Intransigeant, 26 juillet 1920)… « Les événements démontrent non seulement la force de la France, mais aussi sa bonne foi » (Le Temps, 26 juillet 1920). Mais la portée militaire de l’événement est niée : « C’est une mesure de police qui ne doit revêtir aucun caractère d’hostilité contre la population arabe » (Le Matin, 26 juillet 1920). Le Gaulois se permet cette précision : notre tâche sera « relativement aisée » si nous maintenons notre confiance à Gouraud[19]. Erreur, lui répond le billettiste de l’alors socialiste Humanité, appelé plus tard à une certaine carrière politique : « Bien que, d’après la dépêche officielle, la résistance paraisse brisée, ce n’est qu’un commencement » (Léon Blum, L’Humanité, 26 juillet 1920). Un quart de siècle durant cette résistance donnera raison à Blum.

    La politique française apparaît alors d’une totale limpidité : il s’agit de contrecarrer l’influence arabo-musulmane (Syrie) par une politique d’avantages à la communauté chrétienne (Liban). Pour ce faire, la diplomatie française commence par réduire le territoire syrien, tel que l’avait imaginé Fayçal, en mettant en place une entité dite Grand Liban (1er septembre 1920) qui, outre le mont Liban, intègre la vallée de la Bekaa et le littoral. Afin que nul ne se trompe sur l’indépendance de ce nouvel État, son étendard est symboliquement « aux couleurs françaises avec un cèdre sur la partie blanche du pavillon »[20].

    Que faire de ce qu’il reste de la Grande Syrie ? La diviser encore. La politique française est résumée par le conseiller civil de Gouraud, Robert de Caix : « Nous sommes à même de modeler la Syrie au mieux de nos intérêts et des siens. Les uns et les autres, comme aussi la réalité de son état politique, recommandent non une monarchie militaire, nationaliste, xénophobe, théocratique même dans une certaine mesure, mais une série d’autonomies à forme républicaine et constituant une fédération dont le lien serait l’organe représentant la France » (Robert de Caix, Note, 17 juillet 1920)[21]. Toute la politique française vis-à-vis de la Syrie jusqu’en 1945 est dans ce texte : « modeler la Syrie au mieux de nos intérêts » (évidemment cités en premier, l’expression « et des siens » apparaissant comme une simple formule polie) ; le refus d’une « monarchie militaire, nationaliste, xénophobe, théocratique » (le pouvoir fayçalien, mais à la vérité tout pouvoir central syrien) ; enfin, la mise en place d’une « fédération dont le lien serait l’organe représentant la France ».

    Selon cette logique, Gouraud découpe littéralement le pays : État d’Alep, État de Damas, territoire autonome alaouite, enfin État du Djebel druze. Bien au delà des rangs des nationalistes, les Syriens sont exaspérés. Le Mandat, qui avait déjà été difficilement accepté, est devenu en moins d’une année le synonyme de la perte de toute identité.

    Une paix jamais vraiment assurée

    Malgré les déclarations apaisantes – plus à vrai dire à l’intention de la SDN que de l’opinion – des gouvernements, les troupes françaises furent l’objet d’un perpétuel harcèlement de la résistance syrienne. On le vit bien lors de la grande révolte druze, étendue à Damas (1925-1926), qui ne put être matée par les troupes du général Sarrail, haut commissaire, et du général Gamelin, commandant en chef, qu’au prix de bombardements intensifs sur Damas (19 au 21 octobre 1925), faisant des milliers de morts. Le Temps, pourtant partisan de l’intervention, se fait l’écho de la presse anglaise – mieux informée sur place que la française : « Les pertes de la population indigène à Damas sont évaluées à 1.200 personnes, mais on croit que ce chiffre pourrait être plus élevé (…). La partie de la ville qui est maintenant inhabitable, abritait – dit-on – 120.000 personnes »[22].

    D’autres bombardements, cette fois aériens, auront lieu en mai 1926. Nul besoin, dès lors, de propagande nationaliste pour que naisse et explose un sentiment antifrançais. Quant à l’image internationale de la France, elle fut évidemment et fortement entachée, y compris chez ses alliés. Le même article du Temps précisait que Washington s’apprêtait à demander des réparations à Paris s’il s’avérait que des intérêts américains avaient été atteints.

    Il fallut attendre 1928 pour qu’un nouveau Haut commissaire, le cinquième en sept années, Henri Ponsot, lève l’état de siège. Si cette décision prouvait le rétablissement de l’ordre colonial, elle ne préfigurait cependant en rien une solution politique.

    Une tentative échoue, toujours en 1928. Ponsot provoque des élections plus ou moins contrôlées – et surtout excluant le territoire alaouite et le Djebel druze – mais, devant le succès nationaliste, dissout l’Assemblée et promulgue unilatéralement une Constitution.

    Cruauté des parallèles : c’est exactement à ce moment que les Britanniques passent à la phase active du processus qui mènera à l’indépendance de l’Irak. Un traité est signé le 30 juin 1930, débouchant sur une admission à la SDN le 30 mai 1932, l’Irak devenant le premier État arabe à connaître cette consécration internationale. On imagine que cette évolution fut suivie avec passion par les Libanais et les Syriens.

    Les hommes politiques les plus lucides, en France, se rendent à l’évidence : contrairement aux affirmations du début du mandat, le sentiment national, dans la région, est une force ; le Corps expéditionnaire ne contrôlera jamais réellement le pays, et les rares Syriens qui acceptent de collaborer avec la puissance mandataire sont isolés.

    Comme pour inaugurer l’année 1936 qui verra des transformations en France, Damas se soulève de nouveau en janvier de cette année, à l’occasion des cérémonies du 40 è jour après lé décès d’Ibrahim Hananou, fondateur du Bloc national[23]. De nouveaux affrontements font plusieurs dizaines de morts. La loi martiale est rétablie. L’histoire se répète : va-t-on vers une nouvelle bataille de Damas, comparable à celle, tragique, d’octobre 1925 ?

    Le Haut commissaire alors en place, le comte Damien de Martel, penche pour le langage habituel dans ces cas-là, la répression. Mais, en haut fonctionnaire discipliné, il interroge le Quai d’Orsay : doit-il rétablir l’ordre à tout prix ou entrer en négociations avec les nationalistes ?

    Promesses et revirements

    Fort heureusement, le ministre des Affaires étrangères Pierre-Étienne Flandin, un conservateur affirmé, n’est nullement un jusqu’au-boutiste. Il donne au Haut commissaire la consigne d’éviter de perpétuer la violence. Des négociations avec les éléments nationalistes commencent, puis aboutissent à un projet de traité, le 1er mars 1936. Les principales revendications syriennes sont acceptées. Le principe d’un voyage d’une délégation syrienne à Paris, afin de finaliser le projet, est arrêté. La sortie – enfin pacifique – de la crise s’esquisse.

    Du côté libanais, l’accord franco-syrien a un certain écho. Le chef de la communauté maronite, Mgr Arida, demande que son pays ait le même traitement.

    Contrairement à bien des idées reçues, ce n’est donc pas l’avènement du Front populaire[24] qui a amené la réorientation de la politique française au Levant. Par contre, le nouveau ministre des Affaires étrangères, Yvon Delbos et, surtout, son secrétaire d’État, Pierre Viénot, ont eu l’intelligence de maintenir M. de Martel, qui avait désormais l’oreille des nationalistes, à son poste.

    La personnalité de Pierre Viénot doit ici être soulignée. Ancien secrétaire particulier de Lyautey à Rabat (1920-1923), libéral authentique, sympathisant socialiste (il n’adhérera à la SFIO qu’à la chute du gouvernement Blum), prenant l’avis d’experts, comme Louis Massignon ou Robert-Jean Longuet, il donne immédiatement à sa mission une appellation : la « politique de confiance »[25]. En Tunisie et au Maroc, il n’hésitera pas à affirmer, face aux prétentions des colons, que « certains intérêts privés des Français de Tunisie ne se confond(ai)ent pas nécessairement avec l’intérêt de la France »[26]. Tout au long de son court mandat (juin 1936-juin 1937), il agira en honnête homme, tentant de mettre en accord ses conceptions libérales et ses actes.

    Début septembre, la délégation syrienne, prévue par le texte du 1er mars, arrive à Paris. Le 7, le Conseil des ministres analyse le projet de Traité franco-syrien d’alliance et d’amitié qui, suivi d’un Traité similaire avec le Liban, sera appelé à mettre fin aux Mandats[27]. Par une sorte de naïveté, côté français, c’est le texte du traité… irako-britannique de 1931 qui a servi de modèle[28]. Le droit à l’indépendance est formellement reconnu, mais est assorti de garanties pour la partie française : les deux pays devaient, durant les 25 années suivantes, s’entretenir régulièrement, les Syriens acceptaient le maintien de deux bases militaires françaises, plus celui de troupes, durant cinq ans, dans le pays alaouite et dans le Djebel druze, s’engageaient enfin à choisir des conseillers français pour certains postes, etc.[29].

    Le traité est paraphé par le leader syrien Hachem bey Atassi et par Pierre Viénot le 9 septembre, en présence du président du Conseil, Léon Blum. Viénot emploie des mots forts. Il salue le « patriotisme éclairé » des délégués syriens, puis conclut : « Ces textes substantiels qui traduisent notre amitié et qui embrassent tous les aspects des futurs rapports entre la France et la Syrie sur les bases de complète liberté, souveraineté et indépendance, ont une haute signification. Ces textes ouvrent la voie à la reconnaissance de la souveraineté de la Syrie par tous les États membres de la Société des nations. Ils donnent ainsi une satisfaction éclatante aux légitimes aspirations du peuple syrien » (Pierre Viénot, Déclaration, 9 septembre 1936)[30].

    Puis, le 20 octobre, Damien de Martel fait le voyage à Beyrouth pour entamer une négociation visant à parvenir à un accord franco-libanais. Lequel est signé le 13 novembre[31].

    Il y a cependant une différence de nature entre les traités. Si l’accord franco-syrien débouchait – ou aurait dû déboucher (voir infra) – sur une reconnaissance de l’indépendance, celui entre Paris et Beyrouth ressemblait plus à un protectorat. Le président de la République du Liban, Émile Eddé, ancien élève des Jésuites, qui avait vécu en France[32], craignait surtout « le joug musulman », une intégration à terme dans une grande Syrie, préférant « être conduit et corrigé par un berger que mangé par les loups »[33].

    En France, la nouvelle est dans l’ensemble plutôt bien accueillie, même par le conservateur Figaro[34]. La presse nationaliste, L’Action française, L’Écho de Paris, naguère si riches en informations et en protestations, ne font que signaler l’événement, sans commentaires. On a un peu l’impression qu’après plus de quinze années de relations conflictuelles, la France avait soudain envie de se débarrasser d’un fardeau, tout en se donnant bonne conscience quant aux intérêts français : « Ce projet, lorsqu’il aura été définitivement ratifié, est de nature à consolider sur le plan contractuel une position d’influence française que le maintien trop prolongé d’un régime d’autorité pouvait risquer à la longue de compromettre » (Le Temps, 8 septembre 1936). Le climat entre la France et les États naguère tenus en tutelle connaît alors une nette amélioration. Un (court) temps, l’image de la France dans le monde arabe redevient bonne. Pierre Viénot rencontre même à Genève l’homme politique et journaliste druze Chekib[35] Arslan[36], jusque là hyper-critique contre la France. Celui-ci le félicite et réitère son jugement positif dans un article de La Nation Arabe[37].

    Il reste alors, toutefois, aux deux Parlements à ratifier ce texte. Par ailleurs, une période probatoire de trois années est prévue, afin que les Syriens aient le temps de mettre en place un État, puis de poser la candidature de leur pays à la SDN.

    L’indépendance était donc programmée pour 1939.

    Mais en France, le Parti colonial, qui avait paru réduit au silence durant plusieurs mois, préparait une contre-offensive. Pourquoi, demandèrent certains, les États du Levant ne rembourseraient-ils pas les frais d’occupation et de police qu’après tout la France avait engagés pour le bien des peuples de la région ? Pourquoi laisserions-nous pour rien les éléments (voies ferrées, routes…) de la mise en valeur que nous laissions ? En 1937, les frères Tharaud, dont l’influence était forte sur l’opinion de droite, publièrent un récit de voyage dans la région qui réaffirmait la vieille thèse : « Cette unité syrienne (…) ne possède d’autre existence que celle que nous lui avons donnée, bien à tort, sur le papier du traité franco-syrien. La vérité qui saute aux yeux quand on circule dans ce pays, c’est qu’il n’y a pas de Syrie ». Logiques avec eux-mêmes, les Tharaud exigeaient que ce traité ne soit pas ratifié (Alerte en Syrie !, 1937)[38].

    Une campagne sur ce thème commence. Wladimir d’Ormesson, lui aussi fort influent, s’alerte : que la politique de Blum-Viénot ne soit pas interprétée comme une volonté pour la France de « se replier du proche-Orient », que notre « générosité » ne soit pas « la marque d’une faiblesse »… « car ce serait à bref délai un grabuge affreux dans toute cette région » (Le Figaro, 15 décembre 1936)[39].

    La chute du gouvernement Blum – on a vu que le président du Conseil était présent le 9 septembre 1936 – en juin 1937, encourage les adversaires du traité. Viénot ne sera pas reconduit dans le cabinet suivant, dirigé par Camille Chautemps, dans lequel d’ailleurs son poste sera supprimé, alors que le très conservateur Yvon Delbos gardait, lui, le Quai d’Orsay. Sur les causes de cette absence, une raison fut souvent invoquée : les douleurs occasionnées par sa vieille blessure de guerre. C’est possible. On ne peut cependant s’empêcher de penser que le caractère humaniste et politiquement avant-gardiste de son action fut insupportable aux réactionnaires qui revenaient en force dès juin 1937. Dans La Révolution prolétarienne, Jean-Paul Finidori, qui connaissait particulièrement bien la Tunisie, employa la formule adéquate : « Viénot est limogé »[40].

    À l’été 1938, le Premier ministre syrien Jamil Mardam Bey, en visite à Paris, se voit opposer de nouvelles exigences. Le nouveau ministre français des affaires étrangères, Georges Bonnet, est particulièrement fermé à toute conciliation, épaulé par le ministre de la Défense, Édouard Daladier, inquiet de la montée des tensions dans le monde. Le délégué syrien comprend que la France s’apprête à rompre unilatéralement un traité qu’elle a pourtant signé.

    Le 14 décembre 1938, la commission des Affaires étrangères du Sénat examine le projet. Les deux rapporteurs exposent « les graves inconvénients d’une ratification prématurée » (Bergeon), « non compatible avec l’intérêt de la France » (Henry-Haye)[41]. Georges Bonnet accueille favorablement cette demande – à moins qu’il l’ait provoquée : le gouvernement ne demande plus, désormais, la ratification du traité[42].

    Deux semaines plus tard commence l’année 1939, qui aurait dû voir, si la France avait respecté sa parole, l’indépendance de la Syrie et du Liban. En janvier, un nouveau Haut commissaire, Gabriel Puaux, est chargé de veiller aux intérêts français. Son état d’esprit peut être résumé par les formules qu’il emploiera, plus tard, dans un ouvrage de souvenirs : « C’est là-bas que passe la nouvelle route des Indes : celle des avions et des camions, là-bas que coulent les sources du pétrole ; c’est sur cette côte que s’édifie notre base d’opérations en Proche-Orient ». Conclusion limpide : « Tout nous commande donc de rester au Levant »[43]. En juillet, il dissout la Chambre syrienne et fait emprisonner des leaders nationalistes (d’autres choisissent l’exil)[44]. Fin août, le général Weygand, nommé chef du Théâtre d’opérations de la Méditerranée orientale, s’installe à Beyrouth. Dans la perspective du nouveau conflit mondial qui commence, il est plus que jamais hors de question pour la France d’abandonner des positions au Levant.

    Lorsque commence la Seconde Guerre mondiale, la situation est en bien des points comparable… à ce qu’elle était au terme de la Première : partout des blocages, des tensions, souvent des violences.

    Le Levant dans la Seconde Guerre mondiale

    Après la défaite de l’armée française et l’armistice de juin 1940, en métropole, le Levant reste sous le contrôle du gouvernement de Vichy.

    En décembre 1940, ce gouvernement a envoyé un signe qui ne trompe pas : pour la première fois depuis 1925, c’est de nouveau un militaire, le général Dentz, qui est nommé Haut commissaire.

    Mais, évidemment, cette région est l’objet d’une lutte violente entre Britanniques, encore massivement présents, et services allemands. En avril 1941, les Britanniques, inquiets de négociations secrètes entre les nazis et les nationalistes irakiens, envoient de nouvelles troupes sur place. Une guerre commence. Les positions françaises en Syrie et au Liban prennent alors une importance stratégique majeure.

    L’amiral Darlan, désigné comme le dauphin de Pétain, et en plein accord avec lui, multiplie les gestes de bonne volonté à l’égard de l’Allemagne[45]. Le 25 décembre 1940, il a rencontré Hitler à La Ferté-sur-Epte. Le 5 mai 1941, immédiatement donc après le début de la guerre irako-britannique, il rencontre cette fois Otto Abetz, à Paris. Les entretiens portent sur des facilités à accorder à l’aviation du Reich en Syrie et sur l’achat par les insurgés irakiens – avec l’argent allemand – des stocks d’armes françaises en Syrie[46]. Puis, une fois de plus, le 12 mai, à Berchtesgaden, Darlan est reçu, en secret, par le chancelier. La question du Levant et de l’Irak est de nouveau évoquée, preuve que les deux parties y accordaient de l’importance[47].

    Sur place, le général Dentz, par patriotisme, est très réticent. Mais il reçoit de Darlan des ordres formels : « Des conversations générales sont en cours entre les gouvernements français et allemand. Il importe au plus haut point pour leur réussite que, si des avions allemands à destination de l’Irak atterrissaient sur un terrain des territoires sous mandat, vous leur donniez toutes facilités pour reprendre leur route » (Amiral Darlan, Télégramme, 6 mai 1941)[48].

    Officiellement, la France de Vichy ne peut, ni ne veut, intervenir dans les rivalités germano-britanniques au Moyen-Orient. Pétain lui-même le déclare publiquement : « Les quelques avions qui avaient fait escale sur nos territoires ont aujourd’hui quitté la Syrie, à l’exception de trois ou quatre, hors d’état de voler (…). Il n’y a pas un soldat allemand ni en Syrie ni au Liban » (Message aux Français de Syrie, Vichy, 9 juin 1941)[49]. Pétain mentait sciemment. Le 14 mai précédent, il avait présidé le conseil des ministres, à Vichy, au cours duquel Darlan avait rendu compte des entretiens de Berchtesgaden. Il avait lui-même télégraphié à Dentz, le sentant peut-être réticent, pour confirmer la politique de collaboration avec l’Allemagne dans la région. Lorsque cette déclaration est faite, les premiers avions allemands ont atterri en Syrie depuis un mois, le 9 mai ; en tout, il y en aura une centaine[50] ; outre les pilotes et mécaniciens de bord, il y a une trentaine de spécialistes au sol.

    Le Levant français est devenu, de fait, une position avancée de l’Allemagne nazie.

    Les services britanniques ne sont évidemment pas dupes. L’intervention est décidée, en accord avec les gaullistes. De Gaulle connaît d’ailleurs la région pour y avoir été en poste, à l’état-major, à Beyrouth, de 1929 à 1931. Il l’a sillonnée, se rendant entre autres à Damas[51]. Son délégué pour le Moyen-Orient, le général Catroux, également (il a effectué plusieurs missions dans la région, la première en février 1919).

    Le 8 juin 1941, les troupes alliées, Français libres compris, attaquent. Le jour même, Catroux promet l’indépendance à la Syrie et au Liban – sans cependant préciser de date. La guerre est courte : le 21 juin, les troupes britanniques et les combattants français entrent dans Damas, auparavant évacuée par le général Dentz[52]. Le 23, de Gaulle et Catroux entrent à leur tour dans la capitale syrienne.

    On imagine que la presse vichyste, déjà très anglophobe, suivant une vieille tradition française, se déchaîne. Les partisans de De Gaulle ne sont pas épargnés. Charles Maurras dénonce « le crime des gaullistes », de ces « mauvais Français » qui, au nom d’un « super-patriotisme », cachent mal les « profils judaïques, maçonniques, communistes et autres »[53].

    Au début de cette guerre-éclair, De Gaulle tient à rappeler que, dès le début, la France libre a été associée aux décisions « dès le 20 mai » et que ses troupes – citées en premier – y ont participé : « La France Libre fait la guerre. Or, avec le consentement de Vichy, les Allemands ont commencé à prendre pied au Levant. Militairement, c’est un immense danger. Politiquement, c’est livrer au tyran des peuples que nous nous sommes engagés de tout temps à conduire à l’indépendance. Moralement, c’est, pour la France, perdre tout ce qui lui reste de prestige en Orient. Nous ne voulons pas cela. Voilà pourquoi nous sommes entrés en Syrie et au Liban avec nos alliés britanniques (…). La France ne veut pas de la victoire allemande. La France veut être délivrée. Nous exécuterons la volonté de la France » (Charles de Gaulle, Déclaration, Le Caire, 10 juin 1941)[54]. Comme toujours à l’époque, il surévalue quelque peu le rôle de la France libre – et, par ricochet, le sien. En réalité, les Français du Levant, plutôt légalistes et férocement anglophobes, n’ont guère été enthousiastes de la situation nouvelle. Politiquement, les Français libres n’ont donc l’importance que par le verbe gaullien ; militairement, ils ne représentent pas grand’ chose par rapport aux Britanniques.

    « Le moment venu »

    Mais l’essentiel n’est pas là : on aura surtout remarqué l’emploi du mot Indépendance. Le général Catroux en confirme le principe : « Dépositaire de la tradition libérale française et soucieuse de faire honneur aux engagements contractés envers vous, la France Libre, en entrant au Levant, a commencé, en dépit de la guerre et en dépit de l’état d’exception qu’elle impose, par un acte d’émancipation ; elle vous à rendus libres et indépendants. Vos aspirations sont satisfaites ». Voilà qui était clair et net. Mais les nationalistes durent être quelque peu refroidis par la suite de la déclaration : « Il s’agit maintenant d’organiser votre indépendance » (Déclaration, 26 septembre 1941)[55]. Suivait une série de déclarations de principe dans lesquelles il était bien difficile de démêler ce qui appartenait à ce Liban indépendant et ce qui restait contrôlé par la France, au nom de sa « mission séculaire ». L’appel se terminait par une formule qui repoussait encore l’échéance : Catroux appelait de ses vœux un « traité franco-libanais qui consacrera définitivement l’indépendance du pays »… sous-entendu : après la fin du conflit mondial… Le lendemain, 27 septembre, il faisait sensiblement la même déclaration au peuple syrien[56].

    De son côté, le chef de la France libre prévient la SDN[57] des intentions de son gouvernement (28 novembre 1941)[58]. De Gaulle se rend de nouveau au Levant en août 1942. À Beyrouth, il dit : « L’indépendance de l’État de la Syrie et de l’État du Liban est devenue un fait acquis ». Mais pour préciser immédiatement – message limpide aux alliés et aux indépendantistes – qu’il n’appartient qu’à la France de mettre en place cette indépendance, au rythme et selon les modalités fixés par elle. Et ce qui suit n’est pas propre à susciter l’enthousiasme des principaux intéressés, car chacun a encore en tête, évidemment, les atermoiements de la période 1936-1939 : « Ce n’est point à dire, certes, que la tâche soit maintenant achevée et que la Syrie et le Liban, qui ne connurent jamais, depuis des millénaires, une réelle indépendance nationale, aient en quelques mois achevé leur évolution. Les principes sont acquis, les bases sont jetées ! Il reste à ces peuple si anciens, devenus de si jeunes États, beaucoup à faire pour construire leur propre maison politique ». De Gaulle insiste ensuite sur la nécessité d’ « organiser l’indépendance », avec l’aide de la France, ce que « les dures servitudes de la guerre » ne permettent pas pour l’instant. Ce sera fait, conclut-il, « le moment venu » (28 août 1942)[59].

    Une fois de plus, des représentants officiels de la France donnaient l’impression d’adopter un double langage et de repousser éternellement l’ère des indépendances réelles (Catroux en 1941 : « … dès que possible… » ; de De Gaulle en 1942 : « … il reste… beaucoup à faire… »). Avec, cette fois, une particularité dérangeante : les Britanniques étaient sur place et observaient cette évolution.

    On sait que l’alliance entre gaullistes et Britanniques n’était pas dénuée d’arrière-pensées. Leur cohabitation, dans un Levant désormais acquis aux Alliés, va se révéler orageuse, les premiers soupçonnant en permanence les seconds de soutenir les éléments nationalistes locaux, afin de contrecarrer des visées restées à leurs yeux colonialistes.

    Mais il n’y a pas que le Royaume-Uni. Washington et Moscou, pour des raisons évidemment différentes mais circonstanciellement convergentes, professent un anticolonialisme stratégique. Le représentant de la France libre sur place, le général Beynet, écrit : « Nous avons donc tout le monde contre nous »[60]. Constat tragique, mais réaliste.

    Dans ce monde où beaucoup raisonnent déjà en termes de décolonisation, même si le mot est peu en usage à l’époque, le Gouvernement français (alors le GPRF) apparut, avant même la fin de la guerre, comme dirigé par des « casuistes », des « retardataires »[61], selon les termes d’un homme au cœur de l’appareil d’État, Jean Chauvel, secrétaire général du Quai d’Orsay[62].

    Une fin de mandat chaotique[63]

    La France souffle le chaud et le froid. Le 20 mars 1945, la Syrie et le Liban sont admis à la Conférence de San Francisco, qui prépare intensivement alors la charte des Nations Unies, avec le soutien de la délégation française.

    Est-ce l’indépendance totale ? Il faut apporter une nuance. Le général de Gaulle est un homme de convictions. Pour lui, les mouvements nationalistes syrien et libanais sont le fait d’adversaires irréductibles – et minoritaires – de la France, soutenus en sous-main par les Britanniques. Le 5 avril, une réunion décisive se tient, à Paris, sous la présidence du Général, qui déclare en préambule : « Il faut considérer que l’indépendance des États est une chose et que notre présence au Levant sous une forme militaire en est une autre. Nous ne renoncerons pas à cette présence »[64]. On sait aujourd’hui que son intransigeance n’était pas partagée par les autres présents. Georges Bidault, ministre des Affaires étrangères, était réticent devant la politique de force[65] – mais il n’eut quasiment jamais voix au chapitre, tant que le Général dirigea la France[66]. Jean Chauvel, déjà cité, mais aussi le général Beynet qui, sur place, connaissait la situation réelle, argumentèrent en faveur de concessions. Mais qui aurait eu le courage, un peu suicidaire, d’insister ? Au terme de la réunion, de Gaulle donne l’ordre à l’état-major d’envoyer sur place trois bataillons.

    Dans des instructions qu’il adresse à Bidault, De Gaulle résume son état d’esprit : il faut mettre fin à « la période d’effacement de la France », ne céder ni aux « caresses », ni aux « grognements » des Britanniques, pour conclure : « C’est le moment de marquer le coup. » (30 avril 1945)[67]. Le même jour, recevant l’ambassadeur d’Angleterre à Paris, Duff Cooper, il lui dit, sans langage diplomatique particulier : « Il n’y aura pas de désordres au Levant, à moins qu’ils ne soient fomentés par les Anglais eux-mêmes »[68]. Les Britanniques étaient habitués à l’hostilité du Général. Cette position laissait augurer de la grave crise à venir.

    La presse – qui par parenthèse aborde alors très rarement cette question – soutient la position française : « La position de notre pays n’a jamais changé. Depuis le jour où il a reconnu la souveraineté de la Syrie et du Liban, il n’a à aucun moment failli à sa parole. Mais, avant que cette souveraineté devienne pleinement effective, il entend – ainsi que cela a été également reconnu dès le début par ses partenaires – assurer la sauvegarde de ses droits et intérêts séculaires dans ces pays qui nous sont redevables, pour une si large part, aussi bien de leur développement culturel que de leurs progrès économiques ». Cet éditorial se concluait par un rappel, discret mais ferme, aux alliés britanniques de jouer le jeu de l’amitié avec la France (Le Monde, 25 mai 1945)[69].

    Le 7 mai, veille de la capitulation nazie en Europe, de nouvelles troupes (1.200 soldats, essentiellement des Sénégalais) arrivent à Beyrouth. Pour les Français, c’est une simple relève technique. Pour les nationalistes – cette fois, Syriens et Libanais unis – c’est une provocation. Ils le clament haut et fort : « Ils se trompent s’ils pensent qu’ils peuvent en faire quelque chose ; si toutes leurs armées à la fois se retournent contre nous, ils seront incapables de nous priver de notre indépendance tant que nous vivrons. Nous avons acquis cette indépendance au prix d’un sang précieux. Il n’est pas une parcelle du sol libanais qui n’ait été arrosée de sang pour l’obtention de cette indépendance. C’est pourquoi ils ne pourront nous ravir cette indépendance avant de nous anéantir tous. Ils peuvent nous priver de la vie, détacher nos têtes de nos épaules, mais ils ne pourront jamais prendre notre indépendance » dit ainsi le Premier ministre Abdel Hamid Karamé (Beyrouth, 16 mai 1945)[70]. Même opinion à Damas : « Je ne sais pas comment finira la crise ; ce qui est certain, c’est que les Syriens sont disposés à mourir plutôt que de permettre la moindre atteinte à leur Indépendance » (Saadalah Djabri, président de la Chambre des députés, 31 mai 1945)[71].

    Ensuite, tout va très vite. Au Liban, des grèves de protestation sont organisées. En Syrie, c’est plus violent. Des Français sont attaqués à Damas, à Alep, à Hama, dans le Djebel druze. Il y a des morts, des blessés. Les Français, militaires et civils, ne peuvent plus quitter leurs maisons ou des lieux sécurisés.

    La tension atteint son paroxysme dans la capitale entre le 22 et le 30 mai 1945.

    Le gouverneur militaire de Damas est alors le colonel François Olive, dit Oliva-Roget. Il a reçu des ordres formels de Paris : il s’agit d’anéantir ce qui est présenté comme une émeute. Il les transmet à ses subordonnés le 26 mai. Le 29, la bataille de Damas commence. Durant 36 heures, les troupes françaises – où les tirailleurs sénégalais sont majoritaires – utilisent les automitrailleuses, les tanks, les armes lourdes (canons de 75) et même l’aviation. Les troupes occupent le Parlement, les bâtiments gouvernementaux, le siège de la Banque centrale. Des dizaines de bâtiments brûlent. Le bilan humain est lourd. Toutes les études historiques estiment qu’il y eut des centaines de morts, la fourchette variant entre 500 et 2.000. De Gaulle lui-même, répondant à une question lors d’une conférence de presse que l’on citera plus longuement infra, évoquera « plusieurs centaines de personnes tuées ou blessées à Damas »[72]. On sait qu’il y eut également des morts – entre 100 et 300 –, dans les mêmes conditions, à Hama. Par contre, à Alep, le délégué français Fauquenot refusa de bombarder la ville[73].

    Cette initiative française est fortement critiquée dans le monde entier. Le gouvernement britannique, dont les relations avec de Gaulle sont devenues exécrables, Washington, Moscou, critiquent Paris en termes plus ou moins diplomatiques. Surtout, le monde arabo-musulman, bien au delà de Damas, s’enflamme. La Ligue arabe – qui est toute jeune : elle a été fondée en mars – émet une protestation indignée. Des manifestations populaires ont lieu dans tout le Moyen-Orient.

    C’est, finalement, le gouvernement de Londres qui résout la crise. À sa manière. Le 31 mai, devant les Communes, Anthony Eden fait une déclaration solennelle et ferme : « Nous avons reçu un appel pressant du gouvernement syrien. Nous avons le profond regret d’ordonner au commandant en chef en Orient[74] d’intervenir afin d’empêcher que le sang ne coule davantage »[75]. Ordonner… le mot est fort, précis, mais correspond à la réalité. Ainsi, Londres a envoyé un ultimatum à un officier français sans passer par Paris. Un incident supplémentaire aggrave encore la situation : ce message est rendu public avant même d’avoir été transmis au chef du gouvernement français. Les interprétations de cet incident diplomatique, qui aggravait encore le contentieux, divergent : maladresse ou mesure vexatoire de la part de Londres ? Qu’importe : de Gaulle, pour sa part, crut dur comme fer à la seconde version. Ce même 31 mai, Massigli, ambassadeur de France à Londres, est convoqué au 10 Downing Street par Churchill et Eden. Il lui est confirmé de transmettre à son gouvernement l’ordre formel de cesser le feu, assorti d’une menace d’intervention des troupes britanniques qui sont considérablement plus importantes que le contingent français. Ce même jour, le général Bernard Paget, commandant en chef des troupes britanniques au Moyen-Orient, en résidence au Caire, reçoit l’ordre de son gouvernement de se rendre à Beyrouth pour y faire appliquer cette mesure. C’est dire que cette mesure aurait été appliquée, quelle que fût la réponse des Français. La mort dans l’âme, finalement, de Gaulle accepte et transmet à Oliva-Roget l’ordre de cesser le combat et de ne pas s’opposer aux mouvements que les troupes britanniques seraient amenés à faire dans Damas.

    Le 1er juin au matin, le feu cesse. Les troupes anglaises font leur entrée dans Damas. Le général Paget y arrive le lendemain, en nouveau maître des lieux. Les Britanniques se donnent même le plaisir de procéder au transfert et à la protection des Français, en butte à l’hostilité de la foule syrienne (il y aura tout de même des cas d’agressions contre des individus isolés et même une quinzaine d’assassinats).

    Le 3 juin, le drapeau français a cessé de flotter à Damas.

    La veille, à Paris, de Gaulle s’était exprimé, cette fois publiquement, lors d’une conférence de presse consacrée quasiment à cette question. Il y avait fait un long récit de l’histoire du Mandat depuis les origines. Abordant la crise en cours, il employa l’argumentaire colonial classique : des « bandes armées », soutenues par les autorités syriennes et libanaises, avaient déclenché des troubles, et les Français avaient été obligés de répliquer. Le chef du gouvernement en profita surtout pour régler ses comptes avec Londres : son irritation contre la politique britannique était présente dans chaque formule[76].

    Mais le verbe gaullien ne pouvait rien contre la réalité du terrain : des populations syrienne et même libanaise excédées, dressées contre la France, un monde arabe en ébullition, des alliés en désaccord total et menaçants… il n’y avait plus de place – en tout cas, sous forme coloniale ou para-coloniale – pour la France dans la région.

    Jusqu’en septembre, les soldats se replient sur l’aéroport de Damas. Là, ils subissent l’affront de passer leurs derniers mois dans un véritable camp retranché (mines antipersonnel aux abords, barbelés, et même blockhaus aux quatre coins), protégés par des Britanniques, que l’on imagine goguenards, faisant des rondes[77].

    Au moins de Gaulle ne vit-il pas – en tout cas en tant que chef du gouvernement – l’aboutissement logique de son entêtement : il quitta le pouvoir avec fracas le 20 janvier 1946. Le 14 février suivant, le Conseil de sécurité de l’ONU demande à toutes les forces militaires étrangères de quitter le Levant ; pour les troupes françaises, le retrait s’acheva le 30 avril (Syrie) et le 31 août (Liban).

    Les Français, arrivés dans la région, après la Première guerre mondiale, avec la fierté des vainqueurs, en sont évincés sans gloire au terme de la Seconde.

    Un bilan ?

    Comme toujours en histoire coloniale, les défenseurs de l’œuvre française et ses critiques opposent, à coups de chiffres, des bilans fort opposés.

    Discours prononcé lors de l’inauguration du siège du Comité France-Orient par son président, M. Le Nail, ancien délégué de la SDN dans la région (1929) : « Laissez-moi proclamer la grandeur de l’œuvre française en Syrie et au Liban. Ce que mon pays a réalisé en dix ans, au travers de tant d’hostilités, d’intrigues, d’incompréhensions, si d’autres pays l’eussent accompli, quelle publicité, quelle orgueil, quel argument ! Mais ce n’est que la France : alors les Français n’en savent rien ! C’est vrai cependant qu’elle y a fait du beau travail, équipant les chutes d’eau pour la lumière et la force motrice, asséchant les marais, ouvrant les routes, lançant des voies ferrées, fondant les écoles d’agriculture. Des officiers, des fonctionnaires ont créé cette richesse, malgré l’émeute, malgré les crédits chichement mesurés, malgré l’indifférence de leurs compatriotes. Qui donc leur a dit que leur œuvre était bonne et qu’elle grandissait la patrie ? Eh bien, nous le disons ici. Nous les remercions de leur claire vision de la mission de la France. Et nous nous efforcerons d’en convaincre l’opinion, afin qu’elle les soutienne et que, forts de cette sympathie agissante, ils continuent à faire la France plus grande »[78].

    À la veille de la Seconde Guerre mondiale, Louis Kieffer, dans un document du Centre des Hautes Études sur l’Afrique et l’Asie Modernes (CHEAM), écrit : « Si l’on dresse, après vingt ans de Mandat, le bilan de la situation, on constate de remarquables progrès, qu’il serait injuste de ne pas inscrire à l’actif de la France. Les résultats tangibles apparaissent avec le plus d’évidence dans le domaine de l’équipement » (Genèse du Mandat français au Levant, 1939)[79].

    Une brochure anonyme de la même époque présente ce bilan de deux décennies de présence française : une superficie de terres cultivées doublée, un outillage industriel moderne, un réseau routier multiplié par 4, un réseau ferroviaire doublé, une fréquentation scolaire en hausse (50.000 élèves en 1919, 271.000 en 1939), etc.[80]

    Faut-il s’étonner si les habitants de la région – et en particulier les Syriens – aient une vision un peu différente ? La présence française a certes, comme en d’autres lieux colonisés ou para-colonisés, accéléré l’entrée de la région dans la modernité. Mais comment oublier, lorsqu’on est Syrien, la violence qui a accompagné la politique française, quasi du premier (bataille de Maysalûn, 23 juillet 1920) au dernier jour (affrontements de Damas, fin mai 1945), donc durant un quart de siècle ? Comment oublier que Damas, ville sainte pour les Musulmans, fut bombardée à deux occasions ?

    Un fait est d’ailleurs caractéristique : alors que les deux moments forts de la répression, 1925 et 1945, sont restés très présents, aujourd’hui encore, dans la mémoire des Syriens, ces faits sont à peu près ignorés en France[81], à part dans quelques milieux de chercheurs spécialisés.

    Aussi fut-ce tout naturellement que les autorités françaises, lorsqu’elles décidèrent de construire un nouveau lycée à Damas, lui donnèrent le nom de Charles de Gaulle. Le jour de l’inauguration par le président Sarkozy, en septembre 2008, nul journaliste français ne songea à rappeler le rôle du gouvernement de Gaulle en 1945, nul officiel syrien n’y fit allusion…

    –-

    [1] Un voyage en Syrie, Paris, Paris, Éd. de l’Illustration Economique et Financière, 1921 ; cité par Anne-Lucie Chaigne-Oudin, art. cité.

    [2] Préface à l’ouvrage de Marcel Homet, Syrie terre irrédente. L’histoire secrète du traité franco-syrien. Où va le Proche-Orient ?, Paris, J. Peyronnet & Cie, Éd., Coll. Outre-Mer

    [3] Paris, Libr. Plon, 1923

    [4] « Le mandat français en Syrie »

    [5] La Revue de France, 1 er avril, cité par Anne-Lucie Chaigne-Oudin, art. cité

    [6] Jacques Thobie, op. cit.

    [7] Cité par Correspondance d’Orient, n° 251, 15 décembre

    [8] Gérard D. Khoury, La France et l’Orient arabe, op. cit.

    [9] Un négociateur russe, Sazonoff, avait participé à ces négociations secrètes. Mais la révolution bolchévik mit évidemment fin à cette politique (et même révéla publiquement ces accords).

    [10] Robert de Beauplan, Où va la Syrie ? Le mandat sous les cèdres, Paris, Éd. Jules Tallandier, 1929

    [11] François Xavier Trégan, « Appréhensions et méthodes dans un système mandataire : le cas de la participation des États du Levant à l’Exposition coloniale internationale de Paris, 1931 », in Nadine Méouchy, op. cit.

    [12] Sous le Front populaire. Voir infra

    [13] Conférence, Institut International de Coopération Intellectuelle, 9 mars 1939, in Revue Politique Étrangère, Vol. IV, n° 2, 1939

    [14] Clémentine Kruse, « La France et le Levant (1860-1920) », Site Les clés du Moyen-Orient, 17 avril 2012

    [15] « Notre enquête en Syrie »

    [16] In Discours et Messages, Vol. I, Pendant la guerre, 1940-1946, Paris Plon, 1970

    [17] Journal des Débats, 9 octobre

    [18] Cité par Gérard D. Khoury, La France et l’Orient arabe, op. cit.

    [19] « La France en Syrie », 26 juillet

    [20] « Proclamation de l’État du Grand Liban », Journal des Débats, 5 septembre 1920

    [21] Cité par Gérard D. Khoury, Une tutelle coloniale, op. cit.

    [22] « Les événements de Damas », Le Temps, 30 octobre 1925

    [23] Robert Montagne, « Les émeutes de Damas », in Association des auditeurs du Centre des Hautes Études sur l’Afrique et l’Asie Modernes, Regards sur le Levant. Les anciens du CHEAM et l’émancipation du Proche-Orient, Paris, Éd. du CHEAM, 2000

    [24] Sur cette période, voir Jacques Couland, « Le Front populaire et la négociation des traités avec les États du Levant », in Walid Arbid & al., Méditerranée, Moyen Orient : deux siècles de relations internationales. Recherches en hommage à Jacques Thobie, Paris, L’Harmattan, Varia Turcica XXXIV, 2003

    [25] Télégramme aux hauts commissaires à Rabat, Tunis et Beyrouth, 15 juin 1936, cité par Jacques Couland, art. cité

    [26] Ce discours est souvent cité sans référence. Nous avons utilisé le texte paru dans Le Populaire, le 2 mars 1937.

    [27] G. Severis, « Le traité d’alliance franco-syrien sera signé demain à Paris », Le Figaro, 8 septembre ; Éditorial, « Le projet de traité franco-syrien », Le Temps, 8 septembre

    [28] G. Severis, « En quoi consiste le traité d’alliance franco-syrien », Le Figaro, 9 septembre

    [29] Pierre Viénot, conférence citée, mars 1939

    [30] Cité par Le Temps, 10 septembre

    [31] Cyril Buffet, « Le traité franco-libanais de 1936 », Cahiers de la Méditerranée, Vol. 44, n° 1, 1992

    [32] Michel Van Leeuw, « Émile Eddé (1884-1949) : “Pour le Liban, avec la France“ », Thèse, Université Paris VIII (dir. Jacques Thobie), 2001

    [33] Cyril Buffet, art. cité

    [34] Deux articles cités

    [35] Parfois orthographié Chakib

    [36] Raja Adal, « Shakib Arslan’s Imagining of Europe : The Colonizer, the Inquisitor, The Islamic, The Virtuous and the Friend », in Nathalie Clayer & Eric Germain, Islam in Europe in the Interwar Period : Networks, Status, Challenges, New York, Columbia Univ. Press, London, Hurst, 2008

    [37] « Le traité franco-syrien », septembre-novembre 1936, cité par Raja Adal, art. cité

    [38] Paris, Libr. Plon

    [39] « Le vrai sens de l’affaire d’Alexandrette »

    [40] « Le massacre de Tunis, apothéose de l’impérialisme français », 25 juin 1938

    [41] « La commission des affaires étrangères se prononce contre la ratification du traité franco-syrien », Journal des Débats, 16 décembre, p. 2

    [42] « Devant la commission des affaires étrangères, M. Georges Bonnet fait d’importantes déclarations sur les grands problèmes internationaux », Journal des Débats, même date, 1 ère page

    [43] Deux années au Levant. Souvenirs de Syrie et du Liban, Paris, Hachette, 1952.

    [44] Jean-David Mizrahi, « La France et sa politique de mandat en Syrie et au Liban (1920-1939) », in Nadine Méouchy (dir.), op. cit.

    [45] Tous ces épisodes se situent avant l’invasion de l’Union soviétique et la célèbre phrase de Pierre Laval : « Je souhaite la victoire de l’Allemagne » (22 juin 1942). Darlan a donc été un précurseur.

    [46] D’autres clauses concernent la collaboration en Tunisie et en Afrique subsaharienne. En échange, Darlan obtient des libérations de prisonniers et un assouplissement des conditions de passage de la ligne de démarcation.

    [47] « Syrie : Vichy ordonne de résister le plus longtemps possible », Périodique De Gaulle en ce temps-là, n° 19, Paris, Éd. du Hénin, 1971

    [48] Cité in « Vichy livre la Syrie à Hitler », Périodique De Gaulle en ce temps-là, n° 18, Paris, Éd. du Hénin, 1971

    [49] Journal des Débats, 10 juin

    [50] Anne-Lucie Chaigne-Oudin, « Guerre du Levant, 8 juin-11 juillet 1941 », Site Les clés du Moyen-Orient, 5 janvier 2011

    [51] Voir Anne-Lucie Chaigne-Oudin, « Le commandant de Gaulle au Levant de 1929 à 1931 », Site Les clés du Moyen-Orient, 6 mai 2010

    [52] On sait qu’il sera condamné à mort par la Haute Cour de Justice, le 20 avril 1945, puis gracié par de Gaulle. Mais il mourra en prison le 13 décembre de la même année.

    [53] « Sur la manœuvre anglaise », L’Action française, 10 juin 1941

    [54] In Discours et Messages, Vol. I, Pendant la guerre, 1940-1946, Paris Plon, 1970

    [55] Correspondance d’Orient, n° 509, janvier 1945

    [56] Id.

    [57] L’organisme, évidemment en sommeil durant la guerre, ne sera (auto) dissous qu’en avril 1946.

    [58] Voir Pierre Guillen, « La France et la question du Levant à la fin de la Seconde Guerre mondiale », in Walid Arbid & al., op. cit.

    [59] In Discours et Messages, Vol. I, Pendant la guerre, 1940-1946, Paris Plon, 1970

    [60] Message à Georges Bidault, ministre des Affaires étrangères, 2& septembre 1944, cité par pierre Guillen, art. cité

    [61] On sait que ce même Gouvernement provisoire rendit public, en mars 1945, un programme pour l’Indochine jugé par tous les observateurs totalement dépassé par la situation réelle sur place, puis encouragea – ou, pour le moins, couvrit – en mai la sanglante répression du Constantinois, répression exactement contemporaine du drame de Damas (voir infra).

    [62] Lettre au ministre de France au Caire, Jean Lécuyer, 22 juin 1945, cité par Maurice Albord, L’armée française et les États du Levant, 1936-1946, Paris, CNRS Éd., 2000

    [63] Jacques Thobie, « Mai 1945 : crise au Levant et domaine réservé », in Enjeux et Puissances. Mélanges en l’honneur de Jean-Baptiste Duroselle, Paris, Publ. de la Sorbonne, 1986 ; voir également Anne Bruchez, « La fin de la présence française en Syrie : de la crise de mai 1945 au départ des dernières troupes étrangères », Revue Relations Internationales, n° 122, 2 / 2005

    [64] Cité par Jacques Thobie, art. cité

    [65] Jean-Rémy Bézias, « Georges Bidault et le Levant : l’introuvable politique arabe (1945-1946) », Rev. d’Hist. moderne et contemporaine (Mélanges en hommage à J.-B. Duroselle), octobre 1995

    [66] De Gaulle méprisait Bidault, qui en était bien conscient. Il aurait dit, lorsque le Général décida de quitter le pouvoir, en janvier 1946 : « C’est le plus beau jour de ma vie » (Georgette Elgey, Histoire de la IV è République, Vol. I, La République des Illusions, Paris, Fayard, Coll. Les grandes Etudes contemporaines, 1965)

    [67] Cité par Pierre Guillen, art. cité

    [68] Propos rapportés par l’ambassadeur lui-même in The Duff Cooper Diaries, London, Orion Books, 2005, cité par Henri de Wailly, 1945. L’Empire rompu. Syrie, Algérie, Indochine, Paris, Perrin, 2012

    [69] « Les incidents syro-libanais »

    [70] Cité in « La cise syrienne et libanaise », Correspondance d’Orient, n° 515, juillet 1945

    [71] Cité in « La cise syrienne et libanaise », art. cité

    [72] Conférence de presse, Paris, 2 juin 1945, in Discours et Messages, Vol. I, Pendant la guerre, 1940-1946, Paris Plon, 1970

    [73] Association des auditeurs du CHEAM, op. cit.

    [74] Le colonel Oliva-Roget

    [75] Cité par Henri de Wailly, op. cit.

    [76] Conférence de presse, Paris, 2 juin 1945, in Discours et Messages, Vol. I, Pendant la guerre, 1940-1946, Paris Plon, 1970. De Gaulle, qui n’oubliait rien, gardera jusqu’à la fin de ses jours une rancune contre Churchill et Eden. Vingt-trois années plus tard, recevant l’historien Michel-Christian Davet, qui avait consacré un ouvrage à ce drame (op. cit.), il dira : « Les Anglais ont été parfaitement odieux en Syrie » (2 avril 1968), « Vingt-sept ans après, de Gaulle maintient », Périodique De Gaulle en ce temps-là, n° 18, Paris, Éd. du Hénin, 1971

    [77] Commandant Edouard de Montalembert, « Souvenirs de Syrie (1944-1946) », in Regards sur le Levant, op. cit.

    [78] In Revue des Questions Coloniales & Maritimes, janvier-février 1930

    [79] In Regards sur le Levant, op. cit.

    [80] L’Œuvre française en Syrie et au Liban, 1919-1939, Paris, Larose, 30 juin 1939

    [81] Dans le très épais Dictionnaire de la France coloniale, sous la direction de Jean-Pierre Rioux (Paris, Flammarion, 2007), l’ère du Mandat sur le Levant n’est traitée qu’en 6 pages (rédigées par Pierre Fournié) sur 936.

    https://histoirecoloniale.net/mandat-francais-sur-la-syrie-une-brutale-domination-coloniale-san
    #France #histoire_coloniale #colonialisme #WWII #Seconde_guerre_mondiale #Damas #partage #SDN #guerre #conflit #paix #histoire

  • Festeggiamenti, incertezza e dolore: i primi giorni di una nuova #siria
    https://scomodo.org/festeggiamenti-incertezza-e-dolore-i-primi-giorni-di-una-nuova-siria

    I posti di frontiera sono vuoti, le immagini di Assad che campeggiavano ovunque sono state distrutte. Diversi mezzi militari sono abbandonati lungo l’autostrada. Domenica 8 dicembre i ribelli di Hayat Tahrir Al-Sham (HTS) insieme ad altre forze anti-governative sono arrivati a #damasco praticamente senza scontrarsi con l’esercito del regime. L’articolo Festeggiamenti, incertezza e dolore: i primi giorni di una nuova Siria proviene da Scomodo.

    #Uncategorized #reportage

  • Plus d’une trentaine d’élus français ont rendu visite à Assad depuis 2014 | by Syrie Factuel | Medium
    https://syriefactuel.medium.com/plus-dune-vingtaine-d-%C3%A9lus-fran%C3%A7ais-ont-rendu-visite-

    La diplomatie française a cessé toute relation avec le régime syrien en mars 2012. Mais, selon le décompte de Syrie Factuel, 32 élus français ont pourtant pris le chemin de #Damas depuis 2014 pour y rencontrer Bachar al-Assad ou d’autres figures officielles, lui permettant ainsi de diffuser sa propagande.

    La position officielle de la #France sur le conflit syrien est, au moins sur le papier, claire : priorité à la lutte contre #Daech, à l’amélioration de la situation humanitaire et la lutte contre l’impunité de « tous les crimes de guerres ». Appelant initialement au départ de #Bachar_al-Assad, le Quai d’Orsay a finalement revu sa position notamment suite à l’intervention russe de 2015, prônant une « solution politique » répondant « aux aspirations légitimes de tous les Syriens ». Laurent Fabius, alors ministre des Affaires étrangères, avait déclaré au Progrès « une Syrie unie implique une transition politique. Cela ne veut pas dire que Bachar al-Assad doit partir avant même la transition, mais il faut des assurances pour le futur ». Suite à la répression des mouvements pacifiques de contestation par le régime de Damas, la France n’entretient plus de contacts officiels avec les autorités syriennes depuis 2012. Pourtant, certains parlementaires français ont malgré tout maintenu le lien avec le régime pendant le conflit.

    Selon le décompte réalisé par Syrie Factuel, 32 élus français au total, majoritairement des députés, se sont rendus en Syrie entre octobre 2014 et septembre 2021. Au moins sept visites ont eu lieu entre février 2015 et janvier 2017, avec un pic d’activité au cours de la première année.

  • Elijah J. Magnier 🇪🇺 on X: “Protected under the UN flag and convoy, Several embassies evacuated #Damascus this morning: #Venezuela, #Chile, #Cuba, #Argentina, #Greece and #Spain. All left #Syria for fear of the unexpected, mainly the Israeli intentions towards the country.” / X
    https://x.com/ejmalrai/status/1866069488040358299

    Protected under the @UN
    flag and convoy, Several embassies evacuated #Damascus this morning: #Venezuela, #Chile, #Cuba, #Argentina, #Greece and #Spain. All left #Syria for fear of the unexpected, mainly the Israeli intentions towards the country.

  • Seit 1899 Einsamkeit in Berlin-Treptow
    https://www.gartenfreunde-treptow.de/texte-zur-geschichte/articles/die-aeltesten-kleingartenvereine-treptows-1887


    So richtig einsam ist es am Dammweg zwar nicht, nicht mal richtig leise, aber der Mensch blendet Störendes sehr gut aus, wenn ihm danach ist.

    Die ältesten Kleingartenvereine Treptows (1887)

    Bereits vor der und um die Jahrhundertwende zum 20. Jahrhundert wurden in Treptow, das damals noch vor den Toren Berlins lag, die ersten Laubenkolonien gegründet.
    Aus dieser Zeit existieren noch heute diese Vereine:

    „Zur Linde“ vormals „Little Po-Po“ (1887)
    „Neuseeland“ (1897)
    „Einsamkeit“ (1899)
    „Ehrliche Arbeit“ (1900)
    „Gemütlichkeit III“ (1902)

    https://www.openstreetmap.org/way/190618216

    Angeblich kann man da Bier trinken.
    https://wie.de/little-popo-in-der-kga-zur-linde.2820136908
    Little Popo in der KGA zur Linde

    Noch mehr Ifo zu Lilttle Po-Po
    https://admin.iamexpat.de/lifestyle/lifestyle-news/how-did-germany-fall-in-love-with-the-kleingarten-allotment

    By 1887, the trend had made it to the capital. What is thought to be Berlin’s oldest Kleingarten area was created by seven men in their mid-20s who inherited a plot of land from gardener Wilhelm Mosisch after his death. The garden was, and still is, located on Kiefholzstraße, which stretches through Treptow into Kreuzberg. Originally christened Little PoPo, the site’s namesake remained a mystery to club members for decades after it opened. “Could it have something to do with the pope?”, they asked themselves. “But then why ‘little’, in English?”, “Could it honestly be that the space had been so childishly named “Little bumbum” in a Denglisch mash-up of “Kleiner PoPo”?

    It turns out that the group of twentysomethings weren’t so innocent in their naming; the name had been chosen to hail one of Germany’s colonial exploits of the 1880s, a town in southeastern Togo, now known as Aného. In 1945 “Little PoPo” was abandoned and the space was re-dubbed as Kleingartenanlage zur Linde.

    #Berlin #Treptow #Dammweg #Einsamkeit #Geschichte #Laubenkolonie #Kleingartenanlage #Schrebergarten #Laubenpieper

  • Thread by jenanmoussa on Thread Reader App – Thread Reader App
    https://threadreaderapp.com/thread/1863260158396084525.html

    1/ Developments in Syria going so fast that reports become obsolete moments later.

    I’ve reported from inside Syria since 2011 and I live in the MidEast. So, let me explain in this thread what the implications could be for Syria and wider region in case the Syrian regime falls:

    2/ First, let me explain which units are participating in this offensive on the side of anti-Assad forces. Most belong to HTS. which split from Al-Qaeda in 2016. However, since 2018 HTS is designated a foreign terrorist group by the US State Department.

    3/ HTS is active around Aleppo and Hama. The commander of HTS is Abu Muhammad al-Jolani. Earlier he headed Nusra Front (Al Qaeda in Syria). After HTS split from AlQaeda, he claims to have distanced himself from AQ. There is still a $10 million bounty on his head by the U.S.

    4/ In addition to the HTS operation, there is another offensive going on simultaneously. This second battle is by the SNA (Syrian National Army - a Turkey funded Syrian rebel umbrella organization). The SNA operation is mainly targeting Kurdish forces north of Aleppo.

    5/ HTS takes lead, but following brigades also participate in offensive against Assad forces:

    –Faylak Al Sham (Sham Corps)
    –Jaysh al-Izza (Army of Pride)
    –Suqour al-Sham (Sham Falcons)
    –Ahrar alSham (Sham Free Men)
    –Turkistan Brigade
    –Ansar alTawhid (Supporters of Monotheism)

    6/ The Turkistan Brigade is interesting. Most of its members are jihadists from a/ Central Asia (Uzbeks, Tadjiks), b/ Chinese Uyghurs or c/ non-Syrian Arab fighters from the Middle East or Europe. Most came already to Syria for jihad in 2012-2015.

    7/ Almost all SNA groups are involved in fighting Kurds north of Aleppo. But 3 SNA battalions are part of HTS led offensive against Assad:

    –Suleiman Shah Division
    –Hamza Division
    –AlJabha alShamiya (Levant Front)

    There are no foreign fighters in SNA, some are Syrian Turkman.

    8/ Impossible to predict if the regime of Syrian president Assad will fall. But if so, these could be the implications for Syria. (Obviously the situation is super fluid. But based on my experience in war-torn Syria, these scenarios seem at this moment most likely):
    9/ If HTS and allies take over Syria they will enforce a strict interpretation of Sharia law. Although there are (cultural and historical) differences between HTS and the Taliban in Afghanistan, think of Syria under HTS turning into a “Taliban-light” state.

    10/ HTS and its predecessor Jabhat al Nusra have a bad track record when it comes to the treatment of ethnic and religious minorities.

    11/ Expect refugees. Syrian Christians, Kurds &other minorities will try to leave, mostly to Lebanon, Europe or US.

    Sectarian hatred runs high in Syria. Especially the Alawite & Shia populations might be under risk of serious revenge attacks by HTS and other opposition groups.

    12/ Very uncertain what will happen in Latakia and Tartous areas (western coastal region) where most Alawites live. This is also the region where Russia has their important naval facility. Will Russians evacuate? Can Alawites defend this area? Totally unclear at the moment.

    13/ Same goes for people linked to Assad institutions- politicians, journalists, soldiers, police, civil servants etc. Many will fear revenge attacks by HTS &allies and will try to escape, either Lebanon or Jordan. Others might stay and hope for the best. Or be forced to repent.

    14/ What will happen to the Kurds in Syria is also very unclear at the moment. SDF controlled areas in the northeast, where also American ground troops are present, might be able to survive due to US protection.

    But American troops are only present east of the Euphrates River. There are no US troops west of the Euphrates. Therefore places such as Sheikh Maqsoud (Kurdish neighborhood in Aleppo city) and Tal Rifaat and Manbij (north/northeast of Aleppo) might be run over by HTS or SNA. But even Kobani and Raqqa are vulnerable because US ground forces are located at quite a distance.

    15/ Possible fall of Syrian gov also has huge implications for eastern Syria where Islamic State still has a large covert present. If Deir Ezzor falls, expect Islamic State to regroup &take over parts of east Syria &desert areas in Homs province. IS and HTS will fight each other.

    16/ Obviously, in case the Syrian regime of President Assad collapses, it will have huge repercussions for the wider Middle East. I will explain the impact of this all country by country. Let’s start with Turkey:

    17/ For Turkey, the possible fall of Assad means the following:

    –Via its proxies in Syria (SNA and HTS) Turkey will hugely expand its power and influence in Syria, which was from 1516 until 1918 part of the Ottoman Empire.

    –Removal from Syria of Turkey’s old rival Russia. Erdogan wins, Putin loses.

    –Weakening/finishing off much-hated Kurdish forces in Syria.

    –With Syria pacified by HTS and its allies, Turkish president Erdogan can send millions of Syrian refugees from Turkey back to Syria “as the war is over and Assad is gone”. AKP will go up in the polls.

    18/ For Russia, the possible fall of Assad means the following:

    –No more ally in Damascus, end of political influence in Syria.
    –Outsmarted by Turkey.
    –No more or very limited military presence in Syria. Moscow’s Saigon?
    – Possible end to super important Tartus Naval base, established back in 1971 during the times of the Soviet Union.
    19/ For Israel, the possible fall of Assad means the following:

    –With Syria in the hands of jihadists, it will be impossible for Iran to keep transporting weapons over land from Iran, via Iraq and Syria to its proxy Hezbollah in Lebanon. With Beirut airport and Lebanese ports de facto controlled by Israeli naval and air forces, Hezbollah can’t rearm. A major win for Israel.

    –Just as Iranian weapons can’t reach Hezbollah anymore, the Iranian military loses access to Lebanon and Syria.

    – In the short term: HTS ruled Syria will keep Syria unstable and weak due to endless internal military and religious conflicts. Hardly a threat to Israel.

    – But in the long term: As jihadi groups traditionally get out of control; Israel will expect Western ally Turkey to reign in HTS on time.

    20/ For Iran, the possible fall of Assad means the following:

    –Iran loses a major ally in the region. Total disaster for Tehran.

    – Iran can’t any longer rearm proxy Hezbollah in Lebanon as the route from Iran to Lebanon is closed.

    –Regional rival Turkey expands its power while Iran experiences an embarrassing end to their political and military presence in Syria and Lebanon resulting in a weakening of Shiite interests in Syria, Lebanon and even Iraq.
    21/ For the U.S. the possible fall of Assad means the following:

    –Russians out of Syria.
    –Hated Iran ally Assad after a marathon struggle finally gone.
    –Isolating Hezbollah in Lebanon.

    In other words: All smiles. (Until of course the day comes when HTS gets out of control and/or IS regroups)

    22/ For Lebanon the possible fall of Assad means the following:

    –Little Lebanon might get sandwiched between its only two neighbours Israel and a jihadi run Syria.

    –As Hezbollah can’t rearm, will other religious groups inside Lebanon try to (forcefully?) fill the vacuum after the weakening of Hezbollah? Possibly leading to religious tension and civil strife.

    –Possible reactivation of jihadi groups and terrorism inside Lebanon with support from HTS in Syria.

    23/ For Iraq, the possible fall of Assad means the following:

    –HTS victory in Syria might inspire similar groups in neighboring Iraq, especially in Sunni areas.

    –Resurrection of Islamic State in Eastern Syria can easily spill over across the border to (western) Iraq. Such a return of Islamic State to Iraq will be accompanied by terrorism and possible civil war.

    • SYRIE. Les mercenaires islamistes contrôlent la quasi totalité d’Alep
      https://kurdistan-au-feminin.fr/2024/11/30/syrie-les-mercenaires-islamistes-controlent-la-quasi-totalite-d

      #Syrie – Les événements se sont rapidement intensifiés depuis hier soir jusqu’à ce matin dans la ville d’Alep, avec l’avancée rapide des mercenaires de l’armée d’occupation turque, Hay’at Tahrir al-Cham (anciennement Jabhat al-Nusra), branche syrienne d’Al-Qaïda, suite à l’effondrement des forces gouvernementales de Damas. Pour le moment, les forces arabo – kurdes contrôlent l’aéroport international d’Alep et tentent de protéger Cheikh Maqsoud et d’Achrafieh et les quartiers chrétiens d’Alep, face à un génocide annoncé.

      Les mercenaires de Hay’at Tahrir al-Sham ont pris le contrôle de dizaines de quartiers d’Alep sans résistance significative de la part des forces gouvernementales de #Damas.

      Les quartiers saisis par les mercenaires de « Hay’at Tahrir al-Sham » (HTC ou HTS, branche syrienne d’al-Qaïda), et ceux réunis sous le nom de l’« Armée Nationale Syriennes » (ANS ou NSA) sous commandement de l’État turc, comprennent Bustan al-Qasr, Kallaseh, Al-Fardous, Al-Qusaila, la Citadelle et ses environs, Jamilia, Salah al-Din, Bustan al-Zahra, Al-Faydh, Nouvel Alep, Al-Rashideen. (quatrième et cinquième quartiers), la zone industrielle de Ramouseh, Al-Hamdaniya, Al-Miridian, Al-Furqan, et des parties de Bab Al-Nayrab, Al-Aziziya et Al-Seryan, entre autres zones.

      Parmi les sites les plus importants repris par les mercenaires de Hay’at Tahrir al-Sham figurent le quartier général de la police d’Alep, l’académie militaire, les installations de recherche scientifique, le bâtiment du gouvernorat d’Alep, l’école d’artillerie, le bâtiment de l’immigration et des passeports, la place Saadallah Al-Jabiri, le bâtiment de la direction des communications, la direction de l’éducation d’Alep et l’université d’Alep. Cependant, leur contrôle total du siège de la compagnie d’électricité de la ville n’est pas encore confirmé.

      Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux ont confirmé la saisie par les mercenaires de grandes quantités de munitions dans des points militaires, indiquant un scénario possible de transfert entre les mercenaires et le gouvernement de Damas, aucun coup de feu n’ayant été tiré à de nombreux endroits.

      De plus, les insignes de l’État Islamique (EI / DAECH / ISIS) apparaissaient sur les vêtements et l’équipement militaire des mercenaires, indiquant l’implication directe des éléments étrangers restants de l’EI aux côtés des mercenaires de l’occupation turque et de Hay’at Tahrir al-Sham (HTS / HTC) dans les attaques d’Alep.

      De nombreuses sources ont confirmé que les mercenaires, en raison de leur dispersion non organisée, ont atteint plusieurs quartiers par des rues secondaires, seuls ou en petits groupes, en filmant leur présence sans contrôler totalement ces zones. Cela a contribué à la circulation de rapports contradictoires.

      Ce matin, le silence régnait dans la ville, aucun coup de feu n’a été entendu dans les quartiers. Des avions de guerre ont été observés survolant la ville, lançant plusieurs frappes aériennes sur des rassemblements dans la Nouvelle #Alep.

  • Daniel Cohn-Bendit et Raphaël Glucksmann : « Comment ne pas voir que la riposte israélienne viole les lois de la guerre et piétine le droit international ? »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/11/26/daniel-cohn-bendit-et-raphael-glucksmann-comment-ne-pas-voir-que-la-riposte-

    Comment ne pas voir pourtant que la riposte israélienne viole les lois de la guerre et piétine le droit international ? Comment ne pas voir que Benyamin Nétanyahou a fait de la continuation sans limite ni fin de cette guerre l’horizon de sa survie politique ? Comment ne pas voir l’empilement des cadavres à Gaza et l’annihilation méthodique de toute possibilité d’un Etat palestinien avec la colonisation en Cisjordanie ?

    Des criminels

    Comment ne pas voir que, après avoir soutenu en sous-main le Hamas pendant des années – en facilitant son financement par le Qatar et en favorisant sa mainmise sur Gaza par hostilité à l’égard de l’Autorité palestinienne et par rejet de toute solution à deux Etats –, Benyamin Nétanyahou épouse aujourd’hui les vues des pires extrémistes de son gouvernement, qui rêvent d’un Israël allant de la mer au fleuve ? Comment ne pas voir que ces extrémistes sont des colons fanatiques qui sont en train de coloniser l’Etat israélien de l’intérieur et sapent les fondements mêmes de la démocratie israélienne ?

    • Les tribunes payantes… 🙄

      Nous ne pouvons supporter l’insupportable. La destruction totale de Gaza, c’est insupportable. Les bombardements quotidiens du Liban, c’est insupportable. L’extension permanente de la colonisation en Cisjordanie, c’est insupportable. Les plans à demi cachés, à demi publics, d’expulsion en masse des Palestiniens, c’est insupportable. Voilà ce que vient rappeler le mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale émis le 21 novembre contre Benyamin Nétanyahou et son ex-ministre de la défense Yoav Gallant ; ce mandat qui n’a rien « d’antisémite » , contrairement à ce que prétend le premier ministre israélien, et qu’Israël aurait pu éviter en lançant une enquête sérieuse sur les crimes commis à Gaza.

      Nous avons pleuré avec les Israéliens le 7 octobre 2023, le plus abominable pogrom depuis la Shoah. Nous avons toujours pensé et dit que le Hamas était une organisation terroriste et qu’Israël avait le droit de se défendre, de le combattre et d’éliminer ses chefs. Nous sommes profondément attachés à l’existence d’Israël et nous voyons bien à quel point le Hamas, le Hezbollah et la théocratie iranienne qui les pilotent visent sa destruction.

      Comment ne pas voir pourtant que la riposte israélienne viole les lois de la guerre et piétine le droit international ? Comment ne pas voir que Benyamin Nétanyahou a fait de la continuation sans limite ni fin de cette guerre l’horizon de sa survie politique ? Comment ne pas voir l’empilement des cadavres à Gaza et l’annihilation méthodique de toute possibilité d’un Etat palestinien avec la colonisation en Cisjordanie ?

      Des criminels

      Comment ne pas voir que, après avoir soutenu en sous-main le Hamas pendant des années – en facilitant son financement par le Qatar et en favorisant sa mainmise sur Gaza par hostilité à l’égard de l’Autorité palestinienne et par rejet de toute solution à deux Etats –, Benyamin Nétanyahou épouse aujourd’hui les vues des pires extrémistes de son gouvernement, qui rêvent d’un Israël allant de la mer au fleuve ? Comment ne pas voir que ces extrémistes sont des colons fanatiques qui sont en train de coloniser l’Etat israélien de l’intérieur et sapent les fondements mêmes de la démocratie israélienne ?

      Le traumatisme du 7-Octobre est profond en Israël. Très profond. Beaucoup de gens en Europe – et au sein d’une partie de la gauche française – ont refusé de prendre la mesure de ce traumatisme, rejetant toute empathie véritable pour les victimes israéliennes, les civils assassinés, les femmes violées, les otages enlevés et toujours détenus… Cette indifférence teintée d’antisémitisme était et demeure répugnante.

      Mais l’indifférence aux victimes palestiniennes ou libanaises qui s’amoncellent chaque jour est-elle moins condamnable ? Ne voyons-nous pas que Nétanyahou, Smotrich [ministre des finances israélien], Ben Gvir [ministre de la sécurité nationale d’Israël] et leurs acolytes sont des criminels ? Ne voyons-nous pas ce qu’ils font et vers où ils vont ? Ou bien le voyons-nous et refusons-nous de l’admettre et de le dire ? Voulons-nous donc être complices de leurs crimes au nom des crimes commis par les terroristes du Hamas ? Allons-nous fermer les yeux devant les souffrances des Palestiniens et des Libanais parce que d’autres ont refusé d’ouvrir les leurs sur les souffrances israéliennes ?

      Seul cap digne et viable

      Non. Alors nous devons répéter inlassablement qu’il faut un cessez-le-feu et la libération des otages. Mais répéter cela ne suffira pas. Tout comme ne suffiront plus les rappels constants de notre attachement à la solution à deux Etats, la seule possible. Il faut des actes forts qui montrent que nos mots ne sont pas que des mots : la France doit reconnaître l’Etat palestinien.

      A moins de deux mois de l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, alors que Benyamin Nétanyahou et ses amis de l’extrême droite israélienne vont être encouragés à aller toujours plus loin par le soutien sans faille de la nouvelle administration américaine, il est urgent de sortir de notre léthargie.

      Le seul cap digne et viable, c’est l’émergence d’un Etat palestinien conjointement au démantèlement du Hamas, sous l’égide d’une Autorité palestinienne réformée, reconnaissant pleinement l’existence de l’Etat d’Israël jusque dans ses manuels scolaires et bénéficiant d’un soutien international massif. Voilà la seule perspective qui permettrait un chemin vers la paix, l’espoir d’une vie libre pour les Palestiniens et d’une vie sûre pour les Israéliens.

    • Ça reste tout de même pas terrible. Noter que d’un côté on reconnaît des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, ainsi que la colonisation permanente, mais dans le dernier paragraphe, on se sent obligé de terminer (littéralement le dernier paragraphe) avec ce poncif grotesque de la propagande israélienne :

      une Autorité palestinienne réformée, reconnaissant pleinement l’existence de l’Etat d’Israël jusque dans ses manuels scolaires

      Et évidemment on ne termine pas sur « l’espoir d’une vie libre et sûre pour les Palestiniens et les Israéliens », mais sur l’invocation rituelle du droit à la sécurité pour les Israéliens, exprimée comme un besoin spécifique :

      l’espoir d’une vie libre pour les Palestiniens et d’une vie sûre pour les Israéliens

      Alors faut reconnaître que le premier paragraphe est très positif par rapport aux mollesses passées, mais on reste dans un discours qui se sent obligé de reprendre les poncifs du genre (je n’insiste pas sur le passage sur le Hezbollah et l’Iran, évidemment fumeux, et évidemment on a l’impression que la bascule israélienne démarre le 7 octobre).

    • Je comprends pas depuis le tout début les argumentations à base de « Netanyahou fini par suivre les pires extrêmistes de son gouvernement » etc, alors que le mec est plus qu’un droitard depuis le début et né et élevé dans une famille fasciste. Comme si « à force de » il avait fini par devenir d’extrême droite et qu’on s’en rendait compte que maintenant…

    • Les mecs qui commencent par te dire que « c’est insupportable », alors qu’ils l’ont supporté pendant plus d’un an désormais (non sans avoir pendant tout ce temps, traîné dans la boue tout un parti politique et ses adhérent·es), c’est quel niveau de foutage de gueule ? Ils sont vraiment à gerber.

    • @monolecte Oui, bien d’accord.
      @kassem Oui, bien vu le « damage control ».

      C’est typiquement le genre qui permet, tout en concédant l’évidence et l’inévitable, de continuer à marteler les limites du discours autorisé (7 Octobre comme pogrom, absence du mot « génocide », focalisation sur l’extrême-droite israélienne, légitimité de l’« Autorité palestinienne » et illégitimité de toute résistance armée, et continuer à fantasmer sur la « menace existentielle » contre l’existence d’Israël à la fois de la part des groupes armés, mais même des manuels scolaires distribués par l’UNWRA…).

      Donc tout ce qui irait plus loin que ce genre de considérations (comprendre : LFI) doit être disqualifié.

    • Juste le signe que le vent tourne et tant mieux.

      Pas lu non plus le terme #apartheid

      ça c’est à vomir :

      Allons-nous fermer les yeux devant les souffrances des Palestiniens et des Libanais parce que d’autres ont refusé d’ouvrir les leurs sur les souffrances israéliennes ?

      leur conseiller de lire : Nurit Peled-Elhanan https://seenthis.net/messages/1080541

      reconnaissant pleinement l’existence de l’Etat d’Israël jusque dans ses manuels scolaires

    • Ils parlent de pogrom pour le 7 octobre, quelle honte !

      Depuis 70 ans, ils n’ont rien dit sur le viol du Droit international, des résolutions de l’ONU, sur la torture, la répression des Palestiniens, même des enfants, sur les massacres récurrents de la population de Gaza bien avant le 7 octobre ...

      Les sionistes en général ont conforté l’impunité d’Israël depuis 70 ans. Très très longue impunité qui amène au probable génocide des Palestiniens aujourd’hui. Les sionistes doivent faire leur examen de conscience.

      Le seul point positif, comme dit ci-dessus, c’est que ces politicards sans scrupule ont senti le vent tourner ...

  • Révélations sur les #contaminations de la plus grande mine à ciel ouvert de l’Hexagone

    « La #pollution de l’#eau par la mine ? Il n’y a pas de problème. » Face au discours sur les « #mines_propres », Splann ! révèle les pollutions générées par la mine d’#andalousite de #Glomel, au cœur de la #Bretagne, exploitée par la multinationale #Imerys.

    En Centre Bretagne, la commune de #Glomel, étendue sur près de 80 km2, est un véritable château d’eau. Ses sources, ses ruisseaux et ses marais dominent les bassins versants de l’#Ellé et du #Blavet. On y trouve encore certains habitats naturels emblématiques de la région, landes, tourbières et autres prairies humides. C’est pour protéger cette richesse qu’ont été créés la réserve naturelle régionale des landes et marais de Glomel, ainsi que deux sites Natura 2000 et plusieurs zones naturelles d’intérêt écologique faunistique et floristique.

    Le paradoxe est que Glomel abrite aussi la plus grande mine à ciel ouvert en activité de l’hexagone : sur place, la #multinationale Imerys peut extraire chaque année jusqu’à 1,5 million de tonnes de roches et raffine dans ses deux usines un quart de la production mondiale d’andalousite.

    La « #Damrec » comme on dit ici en référence à l’ancien nom d’Imerys, est longtemps passée inaperçue. Déjà, qui connaît l’andalousite, ce minéral résistant aux très hautes températures ? On le retrouve sous forme d’additif dans les #bétons ou les #peintures, dans les blocs moteurs de camions ou dans les fours de toute l’#industrie, de la #métallurgie au #nucléaire. Mais si l’andalousite est couramment utilisée par la grande industrie pour ses propriétés réfractaires, nous n’avons jamais directement affaire à elle.

    D’immenses cratères au cœur de la Bretagne

    Le site de Glomel est resté d’autant plus discret qu’il n’est, aux yeux de l’administration, qu’une carrière : on imagine un modeste carreau au bord d’une route déserte, quelques camions. Sauf que…

    Sauf qu’il s’agit bel et bien d’une mine avec ses immenses #cratères, ses usines, ses #bassins_de_décantation remplis d’#eau_acide et ses montagnes de #déchets qui avancent dans le paysage, avalant les champs, les fermes et les chemins. Tout ceci inquiète nombre de riverains, qui voient se multiplier les cas de #cancer et se demandent ce qu’il restera des zones humides, des sources et des captages dans cet avenir où rien ne sera plus précieux que l’eau.

    Mais Imerys compte bien aller au bout de ce #gisement. Après une enquête publique houleuse et d’âpres débats, l’État vient de l’autoriser à poursuivre l’#exploitation jusqu’en 2044 en creusant une quatrième #fosse_d’extraction : un #trou grand comme quinze terrains de football et aussi profond que cinq immeubles parisiens empilés.

    Une étude partiale payée par l’industriel

    Sur le site internet d’Imerys Glomel, on lit qu’« une des priorités du site concerne la gestion des rejets aqueux […] dans les rivières, zones humides et nappes souterraines alentour ». L’enjeu est de taille, puisqu’en aval de la mine se trouve la réserve naturelle régionale de #Magoar_Penvern. Puis, à 6 km du site industriel, un premier captage d’#eau_potable dans l’Ellé alimente les 6000 habitants des communes voisines.

    Dans le #Kergroaz, un minuscule ruisseau qui serpente dans le sous-bois, Imerys rejette chaque année environ 1,5 million de mètres cubes d’#eaux_usées. Ces eaux sont traitées, et les exigences de la préfecture ont conduit l’entreprise à investir récemment dans une unité destinée à limiter la quantité de #manganèse et de #fer dans ses rejets. Mais même après traitement, ils contiennent des quantités très importantes de #contaminants : la préfecture des Côtes-d’Armor autorise le site à rejeter chaque jour dans ses eaux usées jusqu’à 9 kg d’#hydrocarbures et, entre autres, jusqu’à 11 kg par jour au total de #cobalt et de #nickel, des #métaux cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques.

    Pourtant, Imerys assure n’avoir « aucun impact sur les eaux » et a financé une étude sur cinq ans de l’état écologique du #Crazius, où se jette le Kergroaz. Cette étude payée par l’industriel conclut à un « bon état » du cours d’eau pour certains paramètres, mais ce qui frappe, c’est que les métaux les plus toxiques émis par le site ne semblent pas avoir été recherchés dans le cours d’eau.

    Pourquoi s’intéresser à la présence de fer et d’aluminium, et non à des contaminants bien plus redoutables comme l’#arsenic, le #cadmium, le #cobalt ou le #nickel, qui sont par ailleurs présents dans les déchets de cette mine ? Interrogé, Imerys n’a pas souhaité répondre à nos questions. Pour y voir plus clair, Splann ! a décidé de faire analyser les sédiments du Crazius.

    « Les quantités de #contaminants présentent manifestement un danger »

    En juillet puis en septembre, Splann ! a prélevé plusieurs jeux d’échantillons de sédiments dans le lit du ruisseau d’abord en amont du point de rejet de la mine, pour disposer d’un échantillon « témoin » ; puis dans un deuxième temps au niveau où Imerys rejette ses eaux usées ; et finalement à 2 km de là en aval dans le même cours d’eau, dans la réserve naturelle régionale.

    Ces sédiments ont été analysés par un laboratoire accrédité Cofrac. Les résultats de ces analyses ont été interprétés avec l’aide de Frédéric Gimbert, spécialiste des pollutions minières et chercheur en écotoxicologie au CNRS de Besançon.

    Alors que les sédiments du prélèvement témoin, en amont, ne présentent aucune contamination, au niveau du point de rejet d’Imerys, les concentrations en nickel sont jusqu’à 60 fois supérieures à la valeur guide pour un bon état écologique des sédiments d’eau douce. Les concentrations en cobalt sont jusqu’à 20 fois supérieures à cette valeur. Les analyses révèlent aussi la présence de métaux toxiques qu’Imerys n’est pas censé déverser : les sédiments contiennent quatre fois la valeur guide pour l’arsenic et une teneur anormale en cadmium, tous deux également cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques.

    « De telles quantités de contaminants présentent manifestement un danger et un #risque potentiel pour l’environnement, estime Frédéric Gimbert. Il faudrait également rechercher ces mêmes contaminants dans les #sols où se déposent les #poussières issues de l’#activité_minière et conduire plus largement une étude d’évaluation des #risques, pour l’environnement, mais aussi pour la santé publique. »

    Les analyses de Splann ! révèlent également que la contamination s’étend au-delà du périmètre immédiat de la mine. À deux kilomètres en aval du site, au cœur de la réserve naturelle régionale de Magoar Penvern, les concentrations en cobalt et en nickel sont plus de dix fois supérieures aux valeurs guides pour un cours d’eau en bon état écologique.

    Un captage d’eau potable en aval de la mine

    Qu’en est-il à six kilomètres en aval, dans la rivière Ellé où #Eau_du_Morbihan prélève une partie de l’eau qui sera ensuite traitée pour être distribuée aux communes voisines ? Pour le savoir, notre équipe s’est rendue à #Toultreincq [qui signifie trou saumâtre en breton, NDLR], dont l’usine de potabilisation est justement en plein travaux. Une toute nouvelle unité de traitement est en construction pour un coût de six millions d’euros d’argent public.

    « La pollution de l’eau par la mine ? C’est simple : ce n’est pas un sujet. Il n’y a aucun problème », déclare, dès le début de notre visite, Dominique Riguidel, le directeur d’Eau du Morbihan qui s’est déplacé en personne pour nous le dire. L’ouverture de nouveaux captages d’#eau_souterraine permettront de « diversifier les ressources et de limiter les prélèvements dans l’Ellé », explique-t-il. C’est-à-dire précisément à limiter la dépendance au captage de #Pont Saint-Yves, sur l’Ellé, en aval de la mine.

    Mais le directeur d’Eau du Morbihan est formel : tout ceci n’a aucun rapport avec le fait qu’Imerys rejette chaque année 1,5 million de mètres cubes d’eaux usées contenant des #sulfates, des hydrocarbures et des #métaux_lourds en amont de ce captage. « La nouvelle unité permettra de mieux traiter les #pesticides et les #médicaments », justifie-t-il.

    Un ingénieur chimiste, expert en contaminations pour des organismes de #santé_publique, s’interroge : « J’ai du mal à croire que tous ces travaux n’aient aucun rapport avec l’agrandissement de la mine. Vu l’argent que ça coûte de changer une installation, ça ne se fait pas sans raison objective. Et il n’est pas courant d’avoir de tels traitements de l’eau en tête de bassin versant, où elle est normalement moins polluée. »

    Pour connaître la qualité de l’eau sur l’Ellé, en aval de la mine, le plus simple est de s’adresser à l’agence régionale de santé (ARS), qui surveille les captages. Nous lui avons demandé de nous communiquer les analyses de l’eau captée en aval de Glomel.

    « Il n’existe pas de contrôle sanitaire sur la ressource ‘Pont Saint-Yves’ exclusivement », a répondu l’ARS. Le captage d’eau le plus exposé aux pollutions de la mine ne serait donc pas surveillé : l’agence publique ne contrôle la qualité des eaux brutes qu’après qu’elles aient été mélangées à la station de traitement. Une fois dilués dans les eaux prélevées ailleurs, les contaminants d’Imerys passent inaperçus. Ce qui pousse certains riverains désabusés à résumer ainsi la situation : « La mine de Glomel utilise la réserve naturelle régionale comme station d’épuration » pour traiter ses effluents chargés en métaux toxiques. « Mais si la contamination continue d’augmenter, explique l’ingénieur chimiste, l’eau de ce captage risque de ne plus être utilisable pour produire de l’eau potable. »

    Un lac rempli de métaux lourds

    « Quand j’étais ado, par une chaude journée d’été, je m’amusais à repérer les plans d’eau des environs sur les photos satellites. J’ai découvert un lagon bleu à Glomel. J’ai demandé à ma mère : ‘pourquoi on n’est jamais allées s’y baigner ?’ ». Voilà comment Camille a découvert la mine de Glomel : un espoir de baignade. Espoir déçu : le lac de douze hectares dont elle parle, une ancienne fosse d’extraction, recueille en continu des eaux acides et les boues de traitement des usines du site.

    Une autre riveraine se rappelle : « Pendant une réunion en 2022, j’ai demandé ce que contenait cette fosse qu’on appelle ‘la #fosse_2’. Imerys m’a répondu ‘Du #mica et des #oxydes_de_fer’. » Pas de quoi s’inquiéter, donc, Camille aurait pu s’y baigner. Mais dans un tableau perdu dans les 3000 pages du dossier d’enquête publique, on apprend que ces #boues contiennent de fortes concentrations de cadmium, de #chrome, de cobalt, de nickel et de #plomb : des métaux dits « lourds », cancérigènes, neurotoxiques et reprotoxiques.

    Les boues de cette #fosse contiennent aussi les produits chimiques utilisés dans l’usine. Lors d’une réunion publique, les porte-parole de l’entreprise ont assuré que « le procédé d’extraction ne fait pas intervenir de composés chimiques ». Pourtant, les documents de l’enquête publique indiquent que les usines de Glomel utilisent 75 tonnes par an de substances nocives pour l’#environnement et la santé.

    Par exemple, le #méthyl-isobutyl carbinol, un #solvant dangereux pour les #nappes_souterraines, l’#acrylamide, cancérigène, mutagène et reprotoxique, le #sulfonate_de_sodium et l’#amylxanthate, toxiques pour la #vie_aquatique.

    Les #déchets_miniers ont contaminé les #eaux_souterraines

    Chaque année, une trentaine de tonnes de ces produits sont déversées dans le « joli lac ». Imerys affirme que la fosse est « étanche », mais aucune membrane n’empêche ces boues acides de s’infiltrer dans les eaux souterraines. Et il en va de même dans tous les autres espaces du site où sont entreposées ces boues : la « fosse n°1 » (2 millions de m³) et « l’ancienne digue » (900 000 m³).

    Les contaminants de ces déchets toxiques ont commencé à migrer vers les eaux souterraines : c’est ce qu’indiquent certains éléments qu’Imerys a communiqués à l’administration. L’un des appareils de mesure de l’industriel relève que les taux de contaminants ont explosé entre 2012 et 2021.

    Par exemple, les déchets de la mine contiennent des concentrations importantes de nickel, un métal qui provoque des #cancers du poumon et des sinus et des #maladies_cardiovasculaires. Or, sous le site minier, les eaux souterraines contiennent 40 fois la teneur en nickel maximale autorisée pour les eaux brutes destinées à la consommation. Les autres contaminants (cobalt, cadmium, arsenic, produits chimiques…) susceptibles d’avoir migré vers la nappe ne semblent pas surveillés.

    En juin 2024, en prolongeant l’exploitation de vingt ans, les services de l’État ont autorisé l’entreprise à générer au total environ 12 millions de m3 de déchets supplémentaires, autant de déchets qui seront entreposés sur place et qui sont censés ne pas entrer en contact avec les eaux souterraines pour les décennies et les siècles à venir. Alors que jusqu’ici, Imerys n’a pas réussi à empêcher la contamination des eaux souterraines.

    Qui traitera les eaux acides ?

    En 2044, en théorie, l’extraction d’andalousite sera terminée et viendra le temps de la « #remise_en_état », comme on dit. Mais la roche exploitée à Glomel a une particularité : elle contient de la #pyrite, c’est-à-dire du #soufre. Quand la roche mise à nu par l’extraction ou les déchets miniers du site rencontrent de l’eau (la pluie par exemple), cette eau se transforme naturellement en #acide_sulfurique et entraîne vers l’aval les contaminants présents dans la roche. C’est ce qu’on appelle le #drainage_minier_acide, l’une des pollutions les plus redoutables liées à l’activité minière.

    Actuellement, toutes les eaux qui ruissellent sur le site sont collectées et traitées par lmerys pour perdre leur acidité. Mais qui va traiter ces eaux de ruissellement dans un siècle pour empêcher cette marée acide de contaminer le bassin de l’Ellé ? Dans les documents de l’enquête publique, Imerys assure qu’après la remise en état, « les #eaux_pluviales ne seront plus susceptibles de s’acidifier ». Les montagnes de déchets seront « étanchéifiées » avec une couche de résidus miniers très fins puis quelques centimètres de terre. L’entreprise assurera un suivi du site pendant dix ans après la fin de l’activité.

    On sait pourtant que le #drainage_minier_acide est sans limite de temps, comme le rappelle l’association de géologues miniers SystExt. À #Chessy-les-Mines, dans le Rhône, un gisement riche en pyrite a été exploité depuis le Moyen Âge. La mine a fermé après un effondrement dans la galerie principale, survenu en 1877. Un rapport confidentiel du Bureau des recherches géologiques et minières (BRGM) publié en 2019, que Splann ! s’est procuré, décrit le traitement des eaux acides mis en place à #Chessy.

    L’État a constaté que ces eaux minières, quoique traitées « depuis 130 ans », étaient trop polluantes, si bien qu’il a dû y construire une toute nouvelle station de traitement en 2005. Le drainage minier acide de Chessy dure donc depuis 150 ans sans que, d’après le rapport, l’acidité ou les concentrations de métaux dans les eaux n’aient baissé au cours du temps.

    À Chessy, le problème se pose sur 20 hectares ; à Glomel, il se poserait sur 265 hectares. La création d’une nouvelle fosse et de nouveaux #stockages de déchets augmentent d’autant la quantité d’eaux acides dont auront à s’occuper les six ou sept générations à venir.

    Une extension contestée en #justice

    « Les pollutions minières du passé posent des problèmes insurmontables, et l’État, qui doit les gérer tant bien que mal, le sait très bien, estime Dominique Williams, membre d’Eau et rivières de Bretagne. Pourtant, il reproduit les mêmes erreurs à une échelle dix fois supérieure. Les services de la préfecture ont délivré cette autorisation sans prendre la mesure de l’ampleur de cette pollution. »

    La préfecture des Côtes-d’Armor et la direction régionale de l’environnement ont été alertées de la contamination aux métaux lourds que révèle l’enquête de Splann !, et des problèmes soulevés par l’étendue considérable du drainage minier acide après la fermeture du site. La Région Bretagne a elle aussi « soumis ces informations à l’État afin qu’il puisse répondre aux inquiétudes exprimées » tout en indiquant à Splann ! qu’elle prenait « au sérieux l’alerte émise » sur la pollution de la réserve naturelle régionale.

    Or, malgré nos sollicitations, l’État ne s’est pas exprimé. Quant au groupe Imerys, notre rédaction lui a donné la possibilité de revenir sur ses déclarations concernant l’absence de métaux lourds et d’impact sur les eaux : il n’a pas souhaité nous répondre. Mais l’extension de la mine est d’ores et déjà contestée devant la justice. Fin octobre, l’association Eau et rivières de Bretagne a déposé un recours contre l’ouverture de la nouvelle fosse au tribunal administratif de Rennes.

    https://basta.media/Revelations-contaminations-plus-grande-mine-ciel-ouvert-Glomel-Bretagne-Ime
    #France #extractivisme #mines

  • Accusée d’ « #islamo-gauchisme », une chercheuse en #procès contre le vice-président de LR

    Ce mercredi a eu lieu l’audience d’appel pour #injure_publique après la #plainte de #Christelle_Rabier, enseignante-chercheuse, ciblée dans un tweet de l’actuel vice-président LR #Julien_Aubert l’accusant d’ « islamo-gauchisme ». Le délibéré sera rendu le 8 janvier prochain.

    C’est dans un contexte d’institutionnalisation et d’intensification de la #traque à l’ « islamo-gauchisme » que s’inscrit ce procès opposant Christelle Rabier, maîtresse de conférences à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS), à l’ex-député LR (et actuel vice-président du parti) Julien Aubert. Quelques jours après l’assassinat de Samuel Paty du 16 octobre 2021, Jean-Michel Blanquer, alors ministre de l’éducation, dénonce le 22 octobre au micro d’Europe 1 une « #complicité_intellectuelle du #terrorisme » derrière laquelle est désigné « l’islamo-gauchisme » qui « fait des #ravages à l’université » et favorise « une #idéologie qui, de près ou de loin, mène évidemment au pire ». Revenant sur l’assassinat de #Samuel_Paty, il soutient que « ce n’est pas un assassin seul, c’est un assassin qui est conditionné par d’autres gens, en quelque sorte les auteurs intellectuels de cet assassinat ». Des accusations qu’il réitérera le même jour devant le Sénat.

    Dans la foulée de ces déclarations, les députés Les Républicains Julien Aubert et #Damien_Abad réclament l’ouverture d’une #mission_d’information_parlementaire sur « les #dérives_idéologiques dans les milieux universitaires », dénonçant l’emprise « des courants islamo-gauchistes puissants dans l’enseignement supérieur » et la « #cancel_culture ». Une offensive réactionnaire annoncée dans un communiqué de presse le 25 novembre, et de nouveau par Julien Aubert sur le plateau de Cnews le lendemain, avant de publier deux tweets qui feront l’objet du procès face à Christelle Rabier. Après avoir déclaré dans un premier tweet titré « #Dérives_idéologiques dans les universités » qu’ « il y a deux mouvements, la #CancelCulture et l’#Islamogauchisme, qui nient le débat contradictoire et plaident pour une ostracisation de ceux qui ne pensent pas comme eux », le député en publie un second quelques heures plus tard ciblant explicitement dans un photomontage sept enseignants-chercheurs, dont l’enseignante de l’#EHESS :

    C’est à la suite de ces accusations que Christelle Rabier et son avocat décident, le 13 février 2021, de porter plainte contre Julien Aubert pour injure publique. L’ancien président de l’EHESS, #Christophe_Prochasson, avait alors refusé de lui accorder la #protection_fonctionnelle, refusant de fait de soutenir la chercheuse attaquée dans le cadre de ses recherches universitaires par un député réactionnaire. Après avoir déposé un recours en annulation contre cette décision auprès du #tribunal_administratif, l’enseignante finit par obtenir une prise en charge des frais d’avocat par son administration le 9 décembre 2022. Le rôle de la présidence de l’EHESS dans la traque à l’ « islamo-gauchisme » et à la répression des voix dissidentes s’est depuis affermie avec le successeur de Prochasson, #Romain_Huret, qui a sévèrement réprimé la mobilisation étudiante en soutien à la Palestine. Le 15 novembre 2023, le #tribunal_correctionnel rejette l’accusation de Christelle Rabier et innocente le député LR. L’audience d’appel avait lieu aujourd’hui, à la #Cour_d’appel de Paris. Le délibéré sera rendu le 8 janvier prochain.

    Ce procès pour « injure publique » reflète plus largement l’intensification sur les trois dernières années de la #chasse_aux_sorcières orchestrée par les gouvernements successifs. Après la demande d’une #mission_parlementaire par les deux députés LR, #Frédérique:Vidal mandatait en février 2021 le CNRS pour mener une « étude » sur l’ « islamo-gauchisme » dans les universités. En janvier 2022 se tenait à la Sorbonne le colloque « « Après la déconstruction : reconstruire les sciences et la culture » salué par des figures telles que Blanquer, Zemmour ou Ciotti, qui visait à faire un état des lieux de la pensée « #woke » et « décoloniale » dans les universités et à y restaurer un #ordre_moral_réactionnaire. La liste de ces initiatives est longue. La récente nomination par le nouveau gouvernement de #Patrick_Hetzel à la tête du ministère de l’ESR vient couronner cette #traque aux opposants politiques en promettant de renforcer la #répression et la #criminalisation de toute contestation de l’État radicalisé. La récente tribune de Hetzel laisse présager que les procès pour « islamo-gauchisme » fleuriront dans les prochains mois.

    Face à ces #intimidations et aux tentatives de #musèlement des #voix_dissidentes qui se multiplient, dans un contexte où le gouvernement prépare des offensives austéritaires d’ampleur, nous avons besoin de construire une riposte des organisations étudiantes, syndicales et politiques. Contre la criminalisation et la répression de l’État, de sa police et de sa justice, nous affirmons notre solidarité à Christelle Rabier et réitérons notre soutien inconditionnel à toutes celles et ceux qui se mobilisent contre l’ensemble des politiques réactionnaires et austéritaires du gouvernement, pour une société libérée des oppressions et de l’exploitation.

    https://www.revolutionpermanente.fr/Accusee-d-islamo-gauchisme-une-chercheuse-en-proces-contre-le-v
    #justice #France #ESR #enseignement_supérieur #université

    –-

    ajouté à la #métaliste de la saga autour du terme l’#islamo-gauchisme... mais aussi du #woke et du #wokisme, #cancel_culture, etc.
    https://seenthis.net/messages/943271

  • Unfall in Plänterwald: Taxi stößt mit Bolt zusammen und kracht gegen Ampel
    https://www.berliner-zeitung.de/news/unfall-in-berlin-plaenterwald-taxi-stoesst-mit-bolt-zusammen-und-kr

    Muss wohl ein Abbieger dabei gewesen sein.

    19.11.2024 von Morris Pudwell/Christian Gehrke - An der Kreuzung Dammweg, Ecke Kiefholzstraße in Berlin-Plänterwald kommt es am Montagabend zu einem Unfall zwischen einem Bolt und einem Taxi. Was bisher bekannt ist.

    Ein schwerer Unfall in Berlin-Plänterwald hat am späten Montagabend ein Großaufgebot der Feuerwehr ausgelöst. Zunächst gingen die Einsatzkräfte von vielen Verletzten aus. Nach ersten Erkenntnissen wurde aber niemand schwerer verletzt.

    Gegen 22.25 Uhr waren an der Kreuzung Dammweg, Ecke Kiefholzstraße in Plänterwald ein Bolt und ein Taxi zusammengestoßen. Das Taxi prallte gegen den Mast einer Fußgängerampel. Die Fußgängerampel wurde dabei vom Mast abgerissen und gegen den Zaun einer Kleingartenanlage katapultiert.

    An beiden Autos und an der Ampel entstand hoher Sachschaden. Alle beteiligten Insassen konnten selbstständig die Autos verlassen. Insgesamt sollen drei Personen in einem Rettungswagen gesichtet worden sein. Nach ersten Informationen musste aber niemand ins Krankenhaus. Die Polizei Berlin ermittelt die Unfallursache.

    #Plänterwald #Dammweg #Kiefholzstraße #Unfall #Taxi #Bolt

  • Brest : les discrètes réparations des navires qui livrent le gaz russe à travers le monde
    https://disclose.ngo/fr/article/brest-les-discretes-reparations-des-navires-qui-livrent-le-gaz-russe-a-tra

    Le port de Brest sert de chantier de réparation à des méthaniers qui livrent du gaz russe en Europe et en Asie, d’après l’enquête de Disclose, avec France 3 Bretagne. Ces escales permettent de maintenir à flot des navires qui contribuent à financer la guerre de Vladimir Poutine en Ukraine. Lire l’article

    • « Légal, mais parfaitement immoral » : ces navires au service de la Russie accueillis à Brest | Le Télégramme
      https://www.letelegramme.fr/bretagne/legal-mais-parfaitement-immoral-ces-navires-au-service-de-la-russie-acc


      Prévu pour la navigation dans les glaces, le méthanier Nikolay Urvantsev est arrivé à Brest cet été pour trois semaines de travaux, dans le cadre d’un arrêt technique classique.
      Photo d’archives Le Télégramme

      Il y aurait là un moyen de faire mal à l’économie russe. Mais l’Union européenne n’a pour le moment pas adopté cette possible sanction. Tout est donc parfaitement légal, comme le soulignent au Télégramme la préfecture maritime de l’Atlantique et le secrétariat général à la Mer.

      « Légal, mais parfaitement immoral », glisse, amer, l’un des observateurs impuissants de ce ballet, qui évoque « une logique purement économique ». Et qui relève : « La venue du Shtandart, simple réplique d’une frégate russe du XVIIIe siècle, aux fêtes maritimes de Brest, l’été dernier, avait soulevé une polémique de tous les diables. Des moyens conséquents avaient été engagés pour l’empêcher d’accoster. Là, alors que cela ne relève pas du symbolique et qu’on est même sur du très lourd, pas un mot. Personne ne bronche… »

      Les navires en question viennent en entretien et en réparation à Brest chez un spécialiste mondialement reconnu : les chantiers #Damen. Implantée à Brest depuis 2012, date à laquelle elle a racheté la Société brestoise de réparation navale (Sobrena), la société néerlandaise Damen jouerait, selon plusieurs sources, sa survie avec ces contrats. Localement, Damen génère près de 200 emplois directs et plusieurs centaines d’autres indirects, via les sous-traitants. Sans ces contrats, le port de Brest serait également, toujours selon nos sources, « lourdement impacté »… alors que près d’un milliard d’euros d’investissements vient d’y être annoncé pour les 40 prochaines années.

      En Une

  • « Vallée du silicium » - Alain Damasio
    https://podcast.ausha.co/torchon/vallee-du-silicium-alain-damasio

    Bon, vous allez croire que chez Torchon, on est des vieilles grincheuses. Mais clairement, il y a quelque chose qui cloche. Car derrière les néologismes inspirées du Grec et de Heidegger, derrière les jeux de mots lacanien, et derrière les références à la langue des forums geeks de nos années d’adolescence… On retrouve une critique de la tech un peu molle, voire, des lieux communs totalement éculés. Je n’en dis pas plus, j’ai peur de me mettre à dos mes amis geeks qui ne jurent que par la Horde du contrevent, et si vous avez le coeur bien accroché, écoutez l’épisode ! Durée : 51 min. Source : Torchon

  • Les écolieux, mille et un bastions de la lutte contre l’extrême droite
    https://reporterre.net/Les-ecolieux-mille-et-un-bastions-de-la-lutte-contre-l-extreme-droite

    Et puis, 1 400 lieux et 12 000 personnes, c’est loin d’être un raz de marée... « Au-delà de l’aspect concret de la vie en vert, ces espaces ont même une fonction cathartique et/ou soignante : ils prouvent qu’il reste de l’espace pour autre chose, de la couleur et de la beauté, du simple et du lent, du préservé », dit-elle à Reporterre. Les écolieux s’inscrivent peut-être moins dans les luttes et les résistances à des projets inutiles mais ils se positionnent aussi comme laboratoires d’un « autre monde possible ». Et pour certaines et certains comme bases arrière ou zones de repli.

    « L’entrée en résistance » revient souvent dans la bouche des festivaliers. Et pour beaucoup, vivre dans ces « utopies concrètes » constitue déjà un acte de résistance. « Il y a de l’insoutenable, alors forcément, il y a de la résistance, balance Patrick Viveret en introduisant son trépied du REV taillé sur mesure pour les écolieux : « D’abord, R comme résistance créatrice, ces lieux inventent une façon d’être en résistance et pas forcément uniquement en révolte. E comme expérimentation anticipatrice, car on y essaie d’autres façons de faire qui aideront peut-être à mieux traverser les crises. Le V apporte la vision transformatrice tant utile à l’invention d’alternatives. » Et de pointer que l’émergence de noms tels que ceux de Lucie Castets, Huguette Bello ou Laurence Tubiana au sein du Nouveau Front populaire s’apparente déjà à une innovation démocratique : l’élection sans candidat, une forme prisée de désignation des personnes-ressources dans les oasis. « Ces femmes n’étaient candidates à rien mais leurs noms ont émergé. C’est nouveau et cela mérite d’être multiplié. »

    • Varhleen @varhleen
      https://x.com/varhleen/status/1827443764450767210

      Alors j’ai passé six mois dans des #écolieux et c’est pas des "bastions contre" mais des "passerelles vers" l’#extrême_droite. Un univers de conspi antivax new agers glorifiant la Nature déifiée, qui ont fait du dev perso et de la Pensée Positive un mode de vie, et dont les essais "d’autres façons de faire qui aideront peut-être à mieux traverser les crises" ne sont que du #survivalisme peace and love. En mode "Il n’y a rien d’incompatible à vivre une apocalypse et un happy collapse", comme dit leur pote Servigne, qui a vécu en écolieux. Ça "lutte" pour sauver l’espèce comme l’ED lutte pour sauver la race, et ça construit des bastions de blancs CSP+ valides, parce que si l’espèce doit survivre et repeupler à partir de ces bastions après l’effondrement (contre lequel iels n’auront rien fait), autant que ça soit sur les mêmes bases cradingues que l’ED, hein ! Et osef de l’agonie actuelle et à venir de toustes les autres.
      On est sur la même ligne que #Damasio, qui s’est beaucoup rapproché du mouvement des écolieux (et de #Servigne) ces dernières années : « Pour moi, pourvu que le vivant continue à exister, et après, bah si y reste que dix mille habitants mais qu’on se reproduit, on recréera une forme d’humanité ; c’est pas forcément aussi grave que ça ».
      Ouais, 8 milliards de morts, pas forcément aussi grave que ça.

      N’allez pas chercher Marx ou Guérin dans leurs bibliothèques, vous trouveriez seulement Krishnamurti, ou des trucs pour vous apprendre à vous nourrir de lumière. Moins cher encore que les pâtes premier prix et les tomates sans huile, tiens. Ça serait trop con de découvrir qu’on connait déjà "d’autres possibles", que ça fait 200 ans que des gens luttes et meurent pour ces autres possibles et savent que ça se fait pas en se branlant les chakras autour de courgettes boostées à la lune montante et à la bouse de corne.
      Faudrait pas non plus sortir du prisme technocritique radicale sauce Floraisons et anticiv sauce Jansen/DeepGreenResistance, ça viendrait appuyer là où la saloperie réac fait mal.

      Anticapitalisme d’apparat, et bastions contre l’extrême droite mon cul.

      Pour compléter un peu :
      En vrai y a pas ou quasi pas de gens sur les écolieux qui vont voter RN ou même à droite. Globalement c’est pas conscientisé du tout, ces passerelles idéologiques, qui reposent plus sur des patterns de pensée communs avec un habillage différent. Idem pour ce qui est de l’aspect "alternatif" au capitalisme : y a une opposition sincère mais globalement très naïve, et on ne sait pas très bien ce que c’est, en fait, le #capitalisme. D’ailleurs on entend plus une critique du "#Système", compris comme un truc un peu abstrait teinté conspi, que du capitalisme, avec le logiciel duquel, d’ailleurs, quand on gratte un peu, il n’y a pas moins de passerelles. Pensée Positive et gestion managériale du stress, même combat, par exemple.

      Pour la grande majorité des gens que j’ai rencontrés sur les lieux, habitants ou visiteurs/wwoofers, les aspects antisciences, conspi, #new_age sont beauuuucoup plus prégnant et structurant que les aspects anticap. Plus le fait qu’au fond leur logiciel ne diffère pas fondamentalement du logiciel libéral. IMO, pris dans son ensemble, le mouvement fabrique beaucoup plus de conspifaf que d’anarchistes.
      Le fait aussi que ce soit des lieux d’accueil de personnes intéressées/inspirées par cette démarche et ce mode de vie, que la plupart des écolieux reçoivent un nombre conséquent de visiteurs/wwoofers/journalistes chaque année, et que donc y a comme un processus de validation permanente de leur démarche, ça vient également les conforter et ça rend aussi le shift très compliqué et peu probable. Chaque nouvelle visite amenant en plus une redite de leur discours qui, de redite en redite, se renforce comme vérité et conviction.

      #Reporterre

  • Damasio, les NFT et les crypto : façade radicale mais argent sale - Paris-luttes.info
    https://paris-luttes.info/damasio-les-nft-et-les-crypto-18475

    Damasio, le romancier techno-critique, arpenteur de ZAD et chantre du vivant, serait-il impliqué dans la promotion d’un sordide jeu d’argent spéculatif et le greenwashing des cryptomonnaies et des NFT ?
    La réponse est oui et tout est expliqué ici !

    « L’époque n’est plus aux demi-teintes. » (Manifeste de l’Ecole des vivants, cofondée par Alain #Damasio)

    « Il y a 25 packs à gagner pour ceux qui commenteront cette vidéo, alors hésitez-pas ! » (#Alain_Damasio pour la campagne promotionnelle de Cross the Ages)

  • Inclusion de tous les élèves dans les écoles d’Eure-et-Loir : c’est pas les « bisounours » mais ça marche
    https://www.liberation.fr/societe/education/dans-les-ecoles-deure-et-loir-cest-pas-les-bisounours-mais-ca-marche-2024

    Le département s’est délesté de ses instituts médico-éducatifs au profit d’une collaboration entre enseignants et éducateurs spécialisés. Permettant ainsi à des élèves ayant un handicap intellectuel de rester dans leur école de secteur.

    [...]

    Chez la petite fille de CM1, les progrès en matière de comportement ont été colossaux. « Au début, c’était très, très compliqué, se souvient Solène Palat, maîtresse de Fanny pour la deuxième année consécutive. On s’est pris des coups, elle claquait les portes, déchirait le matériel. Il a fallu trois mois pour qu’elle s’adapte. » « Elle a eu du mal à m’accepter parce que ce n’était pas moi l’année d’avant. Elle m’a griffée, poussée », complète Christice Pereira, l’AESH. En classe, il lui arrivait de se lever, sauter, faire des bruits. « Je disais à Christice : ce n’est pas contre toi, Fanny exprime un malaise, elle a besoin de quelque chose, il faut trouver ce que c’est », indique Mélanie Mathieu. Voilà tout l’intérêt des #Dame [dispositifs d’accompagnement médico-éducatif] : mutualiser des expertises professionnelles différentes pour trouver des solutions. « Fanny, c’est une réussite, parce qu’elle râle quand elle doit sortir de la classe », sourit l’enseignante spécialisée.

    Pour autant, concède Pascale Grimoin, « tout n’est pas parfait, on n’est pas chez les bisounours ». L’expérience de Solène Palat le confirme, elle qui s’occupait l’année dernière une classe de CE2 uniquement, et qui a pris une classe de CE2-CM1 cette année pour pouvoir garder Fanny. « J’ai pensé à elle : elle avait mis trois mois à s’habituer, je ne voulais pas qu’elle doive se réhabituer à quelqu’un d’autre. Mais si j’avais pensé à moi, je ne l’aurais pas prise, confie-t-elle. Ça ajoute un travail énorme à un travail qui est déjà énorme. » Un aspect loin d’être négligeable alors que de plus en plus d’enseignants, à bout, démissionnent.

    https://justpaste.it/fut7h
    #école #inclusion #handicap #ime

  • #Liban. Sur les #traces des #disparus de la #guerre_civile

    Comment filmer la #disparition ? Traduire par l’image ce qui n’est plus ? C’est un travail de #remémoration contre l’#amnésie_officielle et collective, et donc un travail pour l’histoire, que propose l’équipe du film The Soil and the Sea (« La terre et la mer »), qui sillonne le Liban sur les traces des #charniers de la guerre civile.

    Image trouble, son étranglé, vagues menaçantes… The Soil and the Sea (« La terre et la mer ») commence littéralement à contre-courant, la caméra submergée dans une lutte contre les vagues, dont nous tire la voix de l’écrivain libanais Elias Khoury lisant en arabe son poème « La mer blanche ». Ce sauvetage n’est pourtant qu’une illusion : c’est bien une noyade longue d’un peu plus d’une heure qui commence avec le film réalisé par Daniele Rugo, véritable plongée cinématographique dans la violence de la guerre civile libanaise.

    Partant de la côte beyrouthine, le film nous fait entrer au Liban par le charnier méditerranéen qui le borde, cette mer dans laquelle la guerre a souvent dégurgité ses #cadavres. The Soil and the Sea interroge les disparitions, exhume les histoires des #victimes et de leurs familles, creuse les bas-fonds de près de quinze années de #guerre_civile.

    Un pays amnésique et imprégné de #violence

    Au Liban, 17 415 personnes auraient disparu de 1975 à 1990, pendant la guerre civile qui a opposé de très nombreuses factions locales et internationales, mais dont les victimes ont été en majorité libanaises, palestiniennes et syriennes. Ce chiffre est tiré de la recherche constituée par le Lebanon Memory Archive, un projet piloté par l’équipe du film qui met en lumière cinq sites libanais abritant des #fosses_communes datant de la guerre1. Massacres délibérés, emprisonnements, torture, enlèvements, assassinats arbitraires ou ciblés, des lieux tels que #Damour, #Chatila, #Beit_Mery, #Aita_Al-Foukhar ou #Tripoli, sont emblématiques de toutes les facettes de la violence devenue routinière dans le Liban des années 1980. Leurs noms seuls suffisent à réveiller le souvenir d’une opération militaire, d’une prison ou d’une hécatombe dont les histoires sont tues dans un pays qui s’est remis de la guerre civile en instaurant un fragile statu quo.

    Afin de saisir la force de The Soil and the Sea, il faut comprendre la portée politique du simple geste de prise de parole proposé par le film. Dans les années 1990, la principale barrière mise en place pour éviter de retomber dans les méandres d’un affrontement civil a été le #silence. Aucune #politique_mémorielle n’a été mise en place à l’échelle du pays, les programmes scolaires s’arrêtent notoirement à la veille de la guerre civile, et la guerre est un arrière-plan anecdotique dans les conversations des Libanais·es. Des organisations de la société civile plaident pourtant depuis longtemps en défense des familles des personnes disparu·es, et une loi de 2018 promettait même d’éclaircir leur sort, mais le silence reste de mise pour la majorité de la société libanaise. La faute en revient surtout à l’absence de politiques publiques et d’institutions dédiées : il n’existe pas au Liban d’histoire « objective » de la guerre, scientifiquement constituée, et admise par l’État et la population. The Soil and the Sea donne un exemple saisissant de cette #amnésie_collective avec l’anecdote d’une mère qui pose une plaque et plante un olivier en mémoire de son fils Maher, disparu devant la faculté des sciences dans la banlieue sud de la capitale. Alors que cette faculté relève du seul établissement supérieur public du pays - l’Université libanaise -, les étudiant·es et les professeur·es rencontré·es par la mère de Maher sont effaré·es d’apprendre qu’une fosse commune « de trente mètres de long » a été enfouie sous les dalles de leur campus à la suite d’une bataille entre des factions libanaises et l’armée israélienne pénétrant dans Beyrouth en 1982.

    Pour recomposer l’histoire d’un pays amnésique, The Soil and the Sea choisit d’enchaîner les #témoignages, comme celui de la mère de Maher. Les #récits sont racontés en « voix off », superposés à des images montrant les lieux banals, gris, bétonnés, où les Libanais·es foulent souvent sans s’en douter - ou sans y penser - les corps de centaines de leurs semblables. Les voix des proches ou des survivant·es qui témoignent sont anonymes. Seuls ces lieux du quotidien incarnent la violence. Le film offre l’image d’un Liban pâle et quasi désert, où l’immobilier aussi bien que la végétation ont recouvert les plaies mal cicatrisées de la guerre. Des silhouettes lointaines parcourent ruines antiques et bâtiments modernes, gravats et pousses verdoyantes, mais on ne verra jamais les visages des voix qui racontent, par-dessus des plans savamment composés, les disparitions des proches, l’angoisse des familles, parfois de précieuses retrouvailles, plus souvent des vies passées dans l’errance et la nostalgie. Filmant le présent pour illustrer les récits du passé, The Soil and the Sea met au défi l’expérience libanaise contemporaine en montrant des lieux imprégnés jusque dans leurs fondations par une violence rarement nommée, qui prend enfin corps à l’écran dans les récits des familles laissées pour compte. Le travail de mise en scène du témoignage oral est aussi soigné du point de vue de l’image que du son, les mots crus des proches étant délicatement accompagnés par les arrangements légers et angoissants de Yara Asmar au synthétiseur.

    Géographie de l’oubli

    Faut-il déterrer les cadavres ? Serait-ce rendre justice aux familles que de retourner aujourd’hui la terre, et risquer ainsi de raviver les blessures d’un pays jamais guéri de la violence ? Ces questions, posées par un survivant du massacre commis par les milices palestiniennes à Damour en 1976, reçoivent plus tard une réponse indirecte de la part de la mère de Maher : « S’ils exhument des restes, où est-ce que je les mettrais ? » Juxtaposant des témoignages qui se font écho, The Soil and the Sea devient un jeu de questions et réponses qui exprime le paradoxe de l’#amnésie libanaise. Aux dépens de nombreuses victimes et de leurs familles, l’oubli a été un geste d’amnistie qui a permis à la société libanaise de se reconstruire, d’élever des banques et de déployer des champs sur une terre ravagée par le conflit. Beaucoup de victimes ont aussi été acteur·rices de la violence, à commencer par Maher, mort au service d’une milice, dont le récit de la disparition entame et conclut le film. En exhumant leurs corps, on risquerait de raviver des colères enfouies avec eux. Au lieu de prendre un tel risque, et outre l’impossibilité matérielle et politique d’une telle entreprise, le documentaire et le projet de recherche auquel il s’adosse se contentent de recueillir des #souvenirs sans les commenter autrement que par des images du quotidien, familières à tous·tes les Libanais·es.

    L’absence de protagonistes à l’écran, le choix de filmer les lieux représentés à des moments où ils sont inhabituellement déserts, illustrent d’abord la #disparition, thème principal de l’œuvre. Nous, spectateurs et spectatrices, sommes invité·es dans ces espaces comme dans des arènes cinématographiques qui réverbèrent les récits de la violence et abattent le quatrième mur, nous mettant au centre d’un récit oral, musical et visuel. Nous qui foulons le sol libanais, nous qui partageons sa mer et contemplons ses espaces, sommes responsables de constater la violence gravée en eux, nous dit le film. Si on ne peut résoudre les disparitions sans raviver la violence qui les a causées, si on ne peut déterrer les cadavres sans risquer d’exhumer la guerre qui les a tués, on peut au moins admettre l’amnésie, s’en reconnaître responsable, et apaiser par des #actes_mémoriels la violence fantôme qui hante le Liban.

    The Soil and the Sea apporte sa pierre à l’édifice mémoriel par la constitution d’une #géographie qui relève un à un des #lieux de l’oubli libanais. Les récits qui permettent l’enquête ne sont jamais exhaustifs. Ils permettent d’incarner cette géographie, lui donnant le relief et la profondeur qui manquent aux images du quotidien libanais contemporain. Par des procédés fins et dépouillés, le film de #Daniele_Rugo nomme l’innommable, montre ce qui ne peut être montré, et parvient ainsi à nous remémorer notre #oubli.

    https://orientxxi.info/lu-vu-entendu/liban-sur-les-traces-des-disparus-de-la-guerre-civile,7167
    #film #documentaire #film_documentaire

  • Mort de Damo Suzuki, chanteur mythique et mystique de Can
    https://www.liberation.fr/culture/musique/mort-de-damo-suzuki-chanteur-mythique-et-mystique-de-can-20240210_OJ3DUN6

    L’étrange destin de ce Japonais ambitionnant adolescent de « faire des bandes dessinées » s’est tramé une après-midi de mai 1970 sur un trottoir de Munich. Lâché par son chanteur américain Malcolm Mooney, par ailleurs sculpteur, qui file une sévère dépression, les membres du groupe #Can se traînent de bistrot en bistrot en maudissant leur sort avec pour horizon quatre concerts à assurer dans une boîte de la ville, le Blow Up. Czukay ramasse alors littéralement sur le trottoir un jeune musicien des rues qui avait entrepris de les coller depuis des heures et l’invite à chanter avec eux.

    Can est alors déjà un groupe important, monté par deux élèves (Czukay et Irmin Schmidt, claviériste) du compositeur allemand Karlheinz Stockhausen et qui a déjà laissé un classique derrière lui, Monster Movie, le tout premier jalon avec Phallus Dei d’Amon Düül d’une musique rock authentiquement allemande, où la violence et les libertés que s’accordent les musiciens apparaissent comme décuplés. Czukay racontait ainsi la soirée qui suivit : « Au début, Damo chanta de façon dramatique, mais assez paisible. Il était extrêmement concentré. Et puis d’un seul coup, il bondit comme un samouraï, agrippa le micro et se mit à hurler en direction du public. Cela énerva tellement les gens qu’ils commencèrent à se taper dessus, il y eut une bagarre générale et presque tout le monde s’est enfui. A la fin, il ne restait que quelques fans inconditionnels et enthousiastes, trente Allemands, trente Américains, pour qui on joua la suite. Ce fut magnifique, l’un de nos meilleurs concerts. » La musique du groupe venait de changer du tout au tout.

    Damo Suzuki est un voyageur, un peu artiste dans l’âme, un peu autre chose. Il a quitté le Japon pour l’Europe très tôt et dort sous les ponts, une expérience qu’il conseillera dans la quasi-totalité des interviews sur lesquelles on a mis la main et dont il gardera un souvenir émerveillé. Difficile de savoir s’il portait cette vision en lui ou si la rencontre avec le groupe allemand l’a cristallisée : Suzuki va alors se vivre comme une sorte de média, traduisant pour ceux qui peuplent ce bas monde des visions mystiques qui irriguent son cerveau depuis des univers parallèles. La musique du groupe agit alors sur lui comme une drogue, une amphétamine psychique qui lui permet d’aller chercher ce qu’il doit ramener.

    Le musicien et critique anglais Julian Cope verra dans sa voix et sa présence « une mélancolie », « une insistante sensualité » qui manquait aux autres. Communément considéré comme le chef-d’œuvre du groupe et véritable Sacre du Printemps de la musique psychédélique d’où qu’elle vienne, Tago Mago marque aussi le début de la fin pour l’association entre Suzuki et Can. La puissance abrasive et volontairement terne (il faut jouer monotone car la vie des gens est monotone) du groupe et les douces lumières allumées puis éteintes par leur chanteur ne pouvaient pas non plus s’accorder éternellement. « Il y a des moments où je me perds et me tourne vers l’autre monde, expliquait Suzuki en 2001. Parfois, je suis un chaman. J’ai l’impression que les voix que j’utilise ne sont pas les miennes. Connaissez-vous le théologien et scientifique suédois [du XVIIIe siècle] Emanuel Swedenborg ? Il a voyagé dans le monde après sa mort, s’est rendu au paradis mais aussi en enfer et a rédigé des rapports. Il y a été plusieurs fois. Moi, je suis très concentré comme un chaman, au moment de son contact avec la mort et après. »

    Volant assurément trop haut pour Can, Suzuki partit en 1973 après Future Days sur lequel il joue « à l’eau et aux sacs de sable ». Le groupe ne s’en remit pas et lui non plus. Suzuki n’a jamais quitté l’Allemagne, travaillant comme employé d’hôtel, exportateur de voitures anciennes ou même terrassier. Un premier cancer le rattrapera en 1983, ce qui coïncide avec son retour en musique au sein d’un groupe taillé sur mesure, Damo Suzuki’s Network. Si le plaisir de jouer s’entend toujours, l’intensité et les aspérités qui ont gouverné sa première carrière l’ont complètement déserté, ce qui permet rétrospectivement de mesurer le dévouement et l’esprit de corps dont les musiciens de Can avaient su faire preuve pour « porter » Suzuki vers sa vérité à lui.

  • Expulsion vers le #Rwanda. La #Suisse, pionnière d’une externalisation illégale ?

    Alors que la Cour suprême britannique a jugé illégal le plan du gouvernement britannique de délocaliser ses procédures d’asile au Rwanda, la Suisse doit examiner, lors de la prochaine session d’hiver, une #motion du Conseiller aux Etats #Damian_Müller (PLR) demandant d’y renvoyer les réfugié·es érythréen·nes débouté·es. Le contenu de la motion est truffée d’approximations et d’informations erronées quant à la légalité de la mesure qui devraient questionner les parlementaires sur le sérieux de la démarche. La réponse du Conseil fédéral apporte certains éléments factuels. Nous proposons ci-dessous des compléments utiles au débat public.

    La tentation de l’externalisation… et ses écueils

    La question de l’externalisation de tout ou partie des procédures d’asile est régulièrement thématisée par les gouvernements européens. Leur objectif vise généralement avant tout à donner un « signal » dissuasif à l’extérieur. Au Danemark, les tractations avec le Rwanda annoncées en grande pompe en 2021 ont été abandonnées en janvier 2023. L’annonce récente d’un accord par le gouvernement italien de Georgia Meloni avec l’Albanie suscite l’inquiétude du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugié-es (HCR), qui rappelle sa position sur la question de l’externalisation. Le HCR a du reste salué l’arrêt de la Cour suprême britannique.
    Une motion suisse illégale, coûteuse et à la portée réduite

    C’est dans ce contexte que le Conseil national devra examiner la motion 23.3176 déposée en mars 2023 par le Conseiller aux Etats PLR Damian Müller. Sa visée électorale ne fait aucun doute, pas plus que les motivations des membres du Conseil des États. Ceux-ci l’ont acceptée lors de la session d’été en dépit de son caractère manifestement illégal, coûteux et à la portée pratique réduite, comme le soulignait le Conseil fédéral dans sa réponse. Le coût d’image, pour la Suisse, n’avait alors pas été considéré. Il devrait, néanmoins, aussi être mis dans la balance par les membres du Conseil national lorsqu’ils devront voter en décembre. Ceux-ci devraient notamment considérer les points suivants :

    - Le nombre très restreint de personnes concernées par cette motion (300 personnes en Suisse)
    - Le coût de la mesure, incertain. Londres a déboursé plus de 120 millions de livres sterling dans le cadre de son accord, qui vient d’être jugé illégal.
    - Ce qu’implique de se lier les mains avec un État tiers dans le cadre de ces accords d’externalisation. Les précédents dans l’histoire récente européenne sont la Libye et la Turquie, pays qui n’ont pas manqué d’instrumentaliser le dossier migratoire dans le cadre de crises politiques. La volonté active du Rwanda auprès des États européens de jouer ce rôle de gestion migratoire doit être comprise à travers le prisme de ces enjeux géostratégiques.
    - Le Rwanda n’est pas un pays sûr : les risques de refoulements vers le pays d’origine des requérant·es sont présents et ont été documentés dans le cadre d’accords avec d’autres pays par le passé. C’est ce qu’a conclu la Haute cour de justice britannique et c’est aussi ce qu’a reproché le HCR à cet accord.
    - L’illégalité de la mesure : pour procéder à un renvoi forcé vers un État tiers, la Suisse est tenue d’examiner le lien des personnes concernées avec le pays en question selon la loi. Elle devrait aussi garantir le respect des normes de droits humains par l’Etat tiers, ici le Rwanda, et devrait pour cela obtenir des garanties de Kigali. Or l’approche des élections rwandaises en 2024 a été marquée par des violations des droits humains.

    La « légalité » de la délocalisation. Une argumentation factuellement fausse
    Que dit la motion ?

    Le 15 mars 2023, le Conseiller aux États Damian Müller, a déposé une motion invitant le Conseil fédéral à lancer un projet pilote visant à renvoyer les personnes déboutées dans un État tiers. Le projet s’attaque aux ressortissant·es érythréen·nes débouté·es. Il rappelle que les concerné·es ne peuvent pas être renvoyés sous la contrainte en Érythrée, le gouvernement érythréen refusant de telles expulsions. Damian Müller demande d’identifier rapidement un pays prêt à accueillir les ressortissant·es érythréen·nes débouté·es et cite le Rwanda en exemple. Un mécanisme comprenant une compensation financière serait à mettre en place, ainsi qu’une évaluation.

    Concernant l’externalisation que prône la motion, à savoir le renvoi vers un État tiers de personnes déboutées, et en particulier le Rwanda, l’auteur de la motion estime que ces mesures sont légales, s’appuyant sur deux éléments factuellement faux. La formulation de Damian Müller montre qu’il n’a lui-même aucune idée de la légalité ou non de la mesure !

    Affirmation fausse #1 – L’exemple erroné du HCR au Rwanda

    L’auteur de la motion affirme qu’il serait légal de mener l’ensemble de la procédure d’asile à l’étranger, citant en exemple le HCR qui « externalise déjà au Niger et au Rwanda les procédures d’asile des requérants en provenance de Libye ».

    - Pourquoi c’est faux – Le HCR a utilisé ces deux pays pour évacuer les réfugié·es vulnérables de Libye en raison des conditions de violence et de détention dans lesquelles elles étaient plongées. Il s’agissait d’une solution transitoire de mise à l’abri. L’Emergency Transit Mechanism vise à pouvoir traiter leur cas et trouver ainsi une solution durable pour elles, notamment un lieu de réinstallation. Evacuees from Libya – Emergency Transit Mechanism – UNHCR Rwanda. Lire aussi la fiche d’information sur la situation dans les deux ETM (juin 2023) : Document – UNHCR Flash Update ETM Niger and Rwanda

    Affirmation fausse #2 – L’accord avec le Sénégal de 2003

    L’auteur de la motion s’appuie sur une tentative d’accord de transit avec le Sénégal de 2003 pour estimer pouvoir « part[ir] donc du principe que la légalité du renvoi des requérants d’asile vers des pays tiers a déjà été examinée ».

    - Pourquoi c’est faux – Le Conseil fédéral rappelle dans sa réponse que l’accord en question visait au « transit » des personnes déboutées qui ne pouvaient rentrer directement dans leur pays d’origine, et que l’accord en question stipulait un retour en Suisse en cas d’impossibilité pour ces personnes de poursuivre leur voyage. La motion en question « irait beaucoup plus loin » puisqu’il s’agirait d’une relocalisation dans un Etat tiers, « pratique qui n’est suivie par aucun Etat européen ».

    La délocalisation au Rwanda est illégale selon la Cour suprême britannique

    Le plan Rwanda du gouvernement britannique a été enterré par la Cour suprême du Royaume-Uni le 15 novembre 2023. Le projet phare de Rishi Sunak visant à délocaliser la procédure d’asile au Rwanda pour les personnes entrant par voie irrégulière dans le pays a été jugée illégale. Le Rwanda n’est pas un pays sûr confirment les juges et le risque de renvoi vers leur pays d’origine des personnes expulsées violerait le principe de non-refoulement consacré par le droit international. Les 120 millions de livres sterling déjà versés par Londres à Kigali dans le cadre de cet accord ne serviront pas les objectifs du gouvernement anglais. Si celui-ci a déjà annoncé vouloir passer outre la décision de la Haute cour (!), il collectionne pour l’heure les déboires judiciaires, avec la Cour européenne des droits de l’homme qui a ordonné la suspension du vol collectif organisé par Londres en juin 2022 puis l’annulation par la Haute cour des décisions de refoulement individuelles en décembre de la même année.

    https://asile.ch/2023/11/27/la-suisse-pionniere-dune-externalisation-illegale

    #externalisation #réfugiés #asile #migrations #réfugiés_érythréens #procédure_d'asile #externalisation_de_la_procédure #modèle_australien

    –—

    ajouté à la métaliste sur les tentatives de différentes pays européens d’#externalisation non seulement des contrôles frontaliers (►https://seenthis.net/messages/731749), mais aussi de la #procédure_d'asile dans des #pays_tiers
    https://seenthis.net/messages/900122

  • Eva Illouz, sociologue : « Je crois qu’après les attaques terroristes, pour la société israélienne, le Hamas est devenu le nazi »

    L’universitaire franco-israélienne explique, dans un entretien au « Monde » que l’attaque terroriste du 7 octobre engage les deux camps dans une « guerre totale » et va changer irrémédiablement la perception des Palestiniens par les Israéliens.

    Eva Illouz, sociologue, est directrice d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales à Paris. Elle a enseigné à l’université hébraïque de Jérusalem, à Princeton et à Zurich. Elle a notamment écrit Les Emotions contre la démocratie° (Premier Parallèle, 2022). Elle a pris position contre le gouvernement de Benyamin Nétanyahou et avait signé, en août, une pétition dénonçant « un régime d’apartheid »_ pour les Palestiniens. https://sites.google.com/view/israel-elephant-in-the-room/home

    [Luc Bronner...] Comment qualifier ce qui arrive à la société israélienne après l’attaque du Hamas, les 1 400 morts, les milliers de blessés et les otages ?

    On a du mal à trouver les catégories pour qualifier cet événement inédit. Des attaques terroristes de cette ampleur, il n’y en a jamais eu, dans aucun pays. Il y a des massacres, bien sûr, mais pas un attentat terroriste dont le nombre de victimes est, proportionnellement à la population, beaucoup plus grand que celui du 11-Septembre, ou qui serait l’équivalent de 10 000 personnes en France massacrées en quelques heures.

    J’oserais ajouter qu’il y a eu là des déclinaisons inédites de l’horreur : se réveiller un jour de fête au bruit de mitraillettes avec un ennemi infiltré chez soi, le faible devient le fort, le fort devient le faible, l’armée qu’on attend et qui ne vient pas, les terroristes qui tuent des bébés, décapitent, tuent les enfants en face de leurs parents, et les parents en face des enfants, kidnappent vieillards, enfants, hommes, femmes, l’enregistrement et la diffusion des massacres sur les réseaux sociaux, tout cela n’a aucun précédent. Il y a eu là une démultiplication des techniques de l’horreur.

    Cela va rester le plus grand choc de l’histoire juive post-Shoah. C’est toute la réalité ontologique d’Israël qui a été remise en question. Les nazis essayaient de cacher les atrocités, pas de les diffuser. La mort elle-même est devenue un motif de propagande. Il y a là un changement de régime de l’atrocité.

    C’est la raison pour laquelle la guerre est devenue totale et existentielle. Israël apparaît comme fort, mais cette force est sous-tendue par une peur existentielle qui s’est radicalisée. Pour un Israélien, la possibilité du génocide ne semble jamais très loin. Il y a aussi une confusion terminologique inédite, puisque les « indigénistes décoloniaux » en France et sur les campus américains ont emprunté le vocabulaire de la résistance pour qualifier un crime contre l’humanité.

    La société israélienne est une société fracturée, comme l’avaient montré les manifestations massives de ces derniers mois contre les réformes du gouvernement Nétanyahou. Quelles peuvent être les répercussions sur le plan politique ?

    L’horreur et la peur sont d’une telle ampleur que la société entière est soudée autour d’un objectif : redonner un sentiment de sécurité aux citoyens. En 1973, la guerre du Kippour avait aussi été vécue comme un choc, mais il y avait eu 2 800 morts, et parmi eux 0 civil tué. Dans la situation présente, la division entre civils et militaires s’est effacée ; c’est non seulement ce qui caractérise le terrorisme mais aussi parce que des Etats, comme l’Iran, agissent comme des organisations terroristes.

    Cela veut dire aussi que les civils israéliens qui n’ont jamais porté d’arme sont en train de s’armer parce que la #guerre peut surgir à tout moment dans leur cuisine. Il y a une forte militarisation de la société civile. Quand la sécurité sera retrouvée, il va y avoir des règlements de comptes avec le gouvernement d’extrême droite, qui, par sa négligence de tous les avertissements sécuritaires qu’on lui a donnés, a agi de façon criminelle.

    Mais je crois aussi que toutes les positions politiques vont subir des révisions dramatiques. C’est vrai pour la gauche et c’est vrai pour la droite. Le fait que la gauche postcolonialiste mondiale a refusé de condamner les massacres aura des répercussions sur la gauche israélienne. Après l’Intifada de l’an 2000, qui avait fait 1 000 morts israéliens, la gauche s’était effondrée parce qu’un grand nombre de gens étaient arrivés à la conclusion que les Palestiniens ne voulaient pas la paix. Cela va être plus dramatique aujourd’hui. Ce qui va disparaître notamment, c’est l’idée d’un Etat binational pour les deux populations qui était devenue en vogue cette dernière décennie.

    C’est vrai aussi pour la droite, qui nous a menés dans ce désastre à cause de la doctrine sécuritaire qu’elle a défendue : l’idée qu’on pouvait gérer, de façon indéfinie, les relations avec les Palestiniens comme un conflit militaire de basse intensité est un échec.

    Benyamin Nétanyahou et ses alliés ont voulu utiliser le #Hamas contre l’Autorité palestinienne pour rendre impossible la création de deux Etats ; ils n’ont pas voulu voir que le blocus de #Gaza allait créer une situation explosive et ont laissé penser que le Hamas était des gens minables qu’on contrôlait facilement par l’argent du Qatar. Mais la plus grande erreur a été de ne pas avoir vu que le Hamas est un mouvement idéologique, millénariste et génocidaire et qu’on n’achète pas le calme avec un tel mouvement dont l’objectif est de vous éliminer.

    La mise en place d’un cabinet d’union nationale peut-elle avoir des effets durables ?

    Les Israéliens ont eu le sentiment d’avoir été abandonnés par l’Etat, qui a été spectaculairement dysfonctionnel. On savait que le gouvernement était composé de gens cyniques, calculateurs, fanatiques et incompétents, on en a la preuve éclatante.

    La fonction essentielle d’un gouvernement d’union est de calmer les Israéliens sur le fait qu’on n’a pas donné la boîte d’allumettes à des pyromanes. Mais quand le retour à la sécurité va se faire, il est possible que le pays se divise encore plus profondément qu’avant la guerre. La droite accuse déjà les protestataires d’avoir été des traîtres et d’avoir permis ce désastre alors que le camp démocratique a, bien évidemment, tous les droits de penser que ce sont les réformes judiciaires et la négligence du gouvernement qui sont responsables de la situation.

    Israël est traumatisé par les otages enlevés par le Hamas et retenus à Gaza. Des voix peuvent-elles s’élever en Israël pour s’alarmer d’un usage disproportionné de la force à Gaza ?

    L’opération « Bordure protectrice », à Gaza en 2014, n’avait pas été conduite dans une situation aussi dramatique et répondait principalement à l’enlèvement et au meurtre de trois jeunes Israéliens et à de nombreux tirs de roquettes. Il avait pourtant été fait un usage excessif de la force. La plupart des Israéliens ne l’avait pas remis en question, seule une petite minorité, moins de 20 %, s’y était opposée. Moi-même je m’y étais opposée publiquement.

    Dans les circonstances actuelles, la proportion sera beaucoup plus faible. Mais il faut comprendre deux choses. La première, c’est que le Hamas se sert de sa population civile comme bouclier. Lorsque Tsahal a fait l’annonce que les #Palestiniens devaient évacuer le Nord pour aller dans le Sud, le Hamas a fait une contre-déclaration en disant qu’il s’agissait d’une « fake news »[?]. Tout le monde s’est concentré sur le désastre que l’annonce israélienne représentait pour les civils palestiniens – à juste titre, car il s’agit d’un désastre humanitaire à grande échelle –, mais presque personne n’a trouvé monstrueux que le Hamas puisse mentir à sa population pour la garder près de lui comme bouclier. On ne s’est pas non plus beaucoup ému du refus total de l’Egypte d’accueillir les Palestiniens.

    Deuxièmement, beaucoup d’Israéliens pensent que les civils palestiniens et leurs dirigeants ont en commun leur haine radicale des juifs. D’autant plus que les #images de corps ensanglantés de jeunes filles israéliennes exhibés dans les rues de Gaza au milieu d’une foule excitée apparaissent incriminantes pour les civils. Face à ces images, il devient difficile de faire la distinction entre le peuple de Gaza et ses leaders. On voit une population faire bloc avec le Hamas dans la haine des Israéliens et des juifs. La perception que les Israéliens ont des Palestiniens de Gaza est très différente de celle qu’ils ont des Iraniens, là il est beaucoup plus facile de distinguer entre le régime des ayatollahs et une population civile en insurrection. Avec le Hamas, la distinction s’estompe.

    Mais je voudrais aussi ajouter que cette notion de proportionnalité quand il s’agit d’un événement humain aussi violent que la guerre me laisse perplexe. Qu’est-ce que c’est la proportionnalité ? Décapiter, violer, torturer 1 500 Palestiniens contre les 1 500 juifs qui sont morts dans des conditions similaires ? Comment créer une commensurabilité des massacres ? Parce que #Israël vit constamment dans un état de guerre et de conflit, il a développé une doctrine militaire exigeant que l’ennemi paye un prix plus fort, pour le dissuader de recommencer.

    Cette guerre est différente : il s’agit d’un ennemi qui veut oblitérer Israël et sa population. Il s’agit d’une #guerre_totale. Les Israéliens pensent à cette guerre dans les termes suivants : ce sera nous ou eux. Lorsqu’un camp déclare officiellement que son but est de vous effacer de la surface de la Terre, il devient difficile de penser à la proportionnalité.

    J’ajouterais cependant que le but de Tsahal est d’éradiquer le Hamas et le Hamas seulement. Est-ce qu’ils y parviendront sans toucher massivement les civils ? Sans doute pas, et je le regrette profondément.

    La nature de la guerre va-t-elle évoluer ?

    Ce qui était perçu comme un conflit militaire ou colonial vieux de plus d’un siècle est désormais interprété à travers la grille de l’antisémitisme . Il y a un basculement du politique au racial et au religieux. Pour la société israélienne, l’antisémitisme génocidaire qui habitait sur les terres de l’Europe a migré vers l’#islamisme. Jusqu’à présent, les Palestiniens, aux yeux des Israéliens, n’étaient pas les nazis. Je crois qu’après les attaques terroristes cela a changé : le Hamas est devenu le nazi. Il y a un risque que, par effet de contamination, les Israéliens voient l’ensemble des Palestiniens de Gaza de la même façon. Est-ce que l’Europe aurait fait un compromis avec les nazis ? Churchill a décidé de bombarder Dresde, alors que l’Allemagne avait déjà perdu. Je ne dis pas que le Hamas est nazi. J’ai conscience des différences historiques et idéologiques. Mais c’est comme cela que, désormais, il est vu.

    Ce qui complique considérablement ces questions, c’est que ce sont les mêmes Palestiniens qui ont aussi été victimes d’un déplacement de population, du blocus, de la misère, qui est le résultat de l’asphyxie israélienne et de la corruption du Hamas.

    Nous avons un objet conceptuel et moral à deux faces : d’un côté il y a une victime, mais de l’autre cette victime s’identifie à un groupe à visée génocidaire. Il faut développer un regard humain et fraternel qui puisse voir toutes ces tragédies en même temps. Mais, aujourd’hui, il faut choisir son camp.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/10/17/eva-illouz-sociologue-je-crois-qu-apres-les-attaques-terroristes-pour-la-soc

    • Des attaques terroristes de cette ampleur, il n’y en a jamais eu, dans aucun pays.

      Il y a eu là une démultiplication des techniques de l’horreur.

      Que fait-on de Sabra et Chatila sous la surveillance des criminels de l’état sioniste ?

    • #damage_control #justification_de_génocide

      Ça fait tellement penser aux blancs justifiant les représailles contre les indiens, en Amérique du nord. Ça fait penser aux mauvais westerns, où les gentils blancs sont horrifiés par les scalpages commis par les indiens, parce qu’un convoi de colons s’est installé sur les terres des indiens, non sans avoir tué un ou deux membres de la tribu qui s’approchaient trop.

      « Vous comprenez, nous, on veut juste vivre paisiblement. Ok, parfois, il y a un accident malheureux. Mais bon, tout de même, là, ils nous en veulent en tant que blanc, c’est grave. C’est eux ou nous. Force doit rester à la loi (des blancs) ».

    • Réponse à Éva Illouz à propos d’une interview donnée dans le journal Le Monde, Ron Naiweld
      https://lundi.am/Reponse-a-Eva-Illouz

      Je suis né en Israël et y ai grandi, et je travaille comme historien du Judaïsme au CNRS et à l’EHESS, où Eva Ilouz est directrice d’études. Une réponse est nécessaire non seulement pour corriger des erreurs factuelles, mais aussi pour proposer quelque chose qu’elle ne propose pas – une vision de la réalité d’où pourrait surgir l’espérance face au conflit mortifère.

      [...]
      En fait, la nazification symbolique des Palestiniens est à la base de leur déshumanisation par beaucoup d’Israéliens.
      En faisant preuve de leur déshumanisation, les terroristes du 7 octobre sont tombés dans une place qui leur était déjà prête. Ce n’est pas pour relativiser leurs actes que je rappelle que des atrocités ont été commis aussi par des Israéliens pendant et après la Nakba – des massacres, des viols, des expulsions, des vols de terre, qui sont aujourd’hui documentés grâce à l’effort de chercheurs courageux en Israël. Ces violences sont inscrites dans des corps des humains qu’Eva Ilouz est prête à sacrifier pour la « sécurité » d’Israël et des Israéliens, comme l’indique ce passage dans lequel on croit entendre une porte-parole de l’armée israélienne – « J’ajouterais cependant que le but de Tsahal est d’éradiquer le Hamas et le Hamas seulement. Est-ce qu’ils y parviendront sans toucher massivement les civils ? Sans doute pas, et je le regrette profondément. »

    • D’une prédilection dune partie de la gauche française pour l’abjection - Digression à partir du texte de Judith Butler « Condamner la violence »
      https://lundi.am/D-une-predilection-d-une-partie-de-la-gauche-francaise-pour-l-abjection

      Il me revient ainsi que Sartre a pu, par exemple, justifier la prise d’otage du commando de Munich, ou encore, que Foucault a soutenu la révolution islamiste iranienne au moment même où celle-ci jetait en prison et torturait les révolutionnaires communistes. À ce goût pour l’abject, s’ajoute le fait que, manifestement, sur les sujets qui touchent au conflit israélo-palestinien, le #tiers-mondisme des années 70, et son antisémitisme plus ou moins larvé, n’a pas été assez critiqué.

      Le texte de Butler a donc l’immense mérite d’avoir une position morale très claire et très saine. Car, en effet, d’un point de vue moral, il n’y a aucune raison de discriminer entre les morts, les torturés, et les mutilés de l’un ou l’autre camp. Il est, en effet, totalement sophistique, et du plus pur cynisme, de lier et de réviser ceux-ci à la lumière d’une lecture purement politique – ou plutôt purement idéologique - , laquelle justifierait de juger qu’il y a des bonnes et des mauvaises victimes. Pour le dire autrement, les actes commis par le Hamas contre des civils, parfois des enfants, n’ont rien d’actes de #résistance, ce que l’histoire des résistances – parmi lesquelles celles de la résistance française - montre suffisamment bien. De même, la #guerre que mène Israël contre des civils, parfois des enfants, n’a rien de représailles justifiées.

      Toutefois, je pense qu’il y a une limite à la position de Butler et que celle-ci est politique. Tout d’abord, Butler semble conditionner la légitimité d’un #État au fait que celui-ci ne se serait pas fondé sur la violence. Cette prémisse sous-jacente me convient assez bien, car elle implique, en toute rigueur, que l’on s’oppose à tous les États, car je n’en connais aucun qui ne se soit pas fondé sur la violence . Il faudrait donc s’opposer à la fois à l’État israélien et au projet d’État palestinien et à tous les autres. Ce que ne fait pas, me semble-t-il, Butler.

      On peut penser que cela s’explique notamment parce que cette prémisse est, en fait, solidaire d’une autre, que je conteste : que l’État d’Israël serait fondamentalement le résultat d’un projet colonialiste. À nouveau, soit on le dit de tous les autres États, soit il faut repenser l’histoire politique du peuple juif et celle de la région où il a fondé son État. Je ne vois pas comment la première perspective pourrait ignorer que ce peuple, comme beaucoup d’autres, notamment les palestiniens, a droit à un État. Et je ne vois pas comment ne pas considérer, au regard de l’histoire de la région, que cet État puisse être ailleurs – et non dans quelques chimériques autant que bureaucratiques Birobidian... - parce qu’il y a toujours eu une présence juive dans cette région. Ce qu’on ne peut pas dire des français en Algérie ou en Indochine avant qu’ils ne s’accaparent ces territoires par exemple, ou des européens sur le continent américain. Dire de l’État d’Israël qu’il est intrinsèquement colonisateur et raciste, voilà l’erreur héritée du tiers-mondisme, qui biaise à mon avis les jugements que l’on peut porter sur cette situation. Car, une fois que l’on a dit cela, la seule perspective cohérente, est celle de la destruction de cet État. Mais alors, pourquoi pas de tous les autres États ?

      [...]

      Beaucoup de choses dépendent de ce raisonnement puisque, tant que cet État ne sera pas reconnu comme légitime par ses voisins immédiats et par les organisations telles que le Hamas, il n’aura aucune raison de cesser de faire la guerre. Et, pour ainsi dire, mécaniquement, il tendra infinitésimalement à faire de la rationalité guerrière, sa rationalité. Ce que personne de bon sens ne peut souhaiter, quelque soit l’État dont il est question. Je dis infinitésimalement parce que, tant que cet État est bien celui de tous les israéliens, dont les arabes israéliens, il ne pourra qu’approcher infinitésimalement d’une telle extrémité, c’est-à-dire qu’il s’en rapprochera très nettement comme cela est actuellement le cas, mais qu’il rencontrera, malgré cela, des #oppositions_internes – une résistance au sens exact du terme -, ce qui, encore une fois, est effectivement et actuellement le cas en Israël. Lorsque cette tendance ne sera plus infinitésimale, mais tout simplement totale, alors j’accepterai d’envisager la destruction de l’État d’Israël, et de tous les autres États et organisations – comme le Hamas - qui ne tolèrent aucune forme de résistance.

  • Le soulèvement de Soueïda mènera-t-il à une nouvelle Syrie ?

    [L’article de Mazen Ezzi que nous publions ci-dessous date du 15 septembre. Depuis lors, le mouvement de contestation du pouvoir du régime d’Assad continue dans le gouvernorat de Soueïda. Le 1er octobre, dans les rues de la capitale – Soueïda – une manifestation a pris forme dans la rue et s’est réunie sur la rebaptisée Place de la Dignité (al-Karama). Un des slogans lancés par de nombreuses femmes et des hommes était « La Syrie est nôtre. Elle n’appartient pas à la famille Assad. Vive la Syrie, à bas Bachar al-Assad ». Un autre slogan qui ressortait était le suivant : « Celui qui a détruit la Syrie ne peut la reconstruire. La reconstruction commence depuis les places de la Dignité ». Dans la tradition du régime Assad, diverses menaces plus ou moins biaisées font allusion aux attaques de Daech utilisées par le régime contre Soueïda en 2018. A ce propos, l’activiste syrien originaire de Soueïda – résidant actuellement à Lyon – Firas Kontar écrit, le vendredi 29 septembre, sur sa page Facebook : « Syrie : manifestations dans la région de Soueïda, le régime Assad fait ressurgir la menace djihadiste de #Daech contre la province. Comment ? Hier la chaîne Almayadeen, proche du Hezbollah [Liban] et d’Assad, a diffusé une vidéo montrant les djihadistes de Daech en préparation de l’offensive qu’ils ont menée sur la province en 2018. Plus de 200 civils avaient été massacrés par les djihadistes durant cette offensive, l’armée d’Assad et l’aviation de Poutine avaient laissé faire. Pourquoi ? Assad exigeait l’enrôlement de 30 000 jeunes de la province dans son armée pour mener sa guerre contre les Syriens et les habitants avaient refusé. La diffusion de cette vidéo au moment où la province manifeste contre Assad est une menace à peine voilée à l’encontre des habitants de la province de Soueïda. Le massacre de Daech contre la province Druze en 2018 s’est fait en coordination avec Assad, les djihadistes avaient été évacués en bus par le régime du camp de réfugiés de Yarmouk, dans la banlieue de #Damas, vers le nord de la province de Soueïda. Tout cela je le démontre dans le livre Syrie, la Révolution impossible, j’avais aussi évoqué le massacre de Soueïda dans un article publié sur le site Un œil sur la Syrie [animé alors par Ignace Leverrier]. »

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/10/08/le-soulevement-de-soueida-menera-t-il-a-une-no

    #international #syrie

  • A la “border force” de Gérald Darmanin, l’écologiste #Damien_Carême oppose une #chaîne_de_solidarité

    Communiqué de presse – 29 septembre 2023

    C’est un appel urgent à la #solidarité envers les exilé·es que lance aujourd’hui l’eurodéputé écologiste Damien Carême. Dans la continuité des Maraudes solidaires qu’il initiait à Montgenèvre en 2021, il invite les parlementaires humanistes français·es et européen·nes à le rejoindre sur le terrain à la frontière franco-italienne, de Briançon à Menton, pour créer une chaîne de solidarité. Ensemble, elles et ils se relaieront aux côtés de juristes, avocat·es, acteur·ices et citoyen·nes engagé·es en faveur d’un #accueil_digne et du #respect_des_droits des exilé·es. A la #frontière, où les effectifs des forces de l’ordre ne cessent d’être renforcés, et où les violations du droit sont légion, les élu·es observeront et rendront publiquement compte des pratiques des autorités françaises. Une #mobilisation indispensable pour rappeler le gouvernement aux fondamentaux : #accueil, #solidarité, #respect_du_droit.

    Damien Carême, député européen écologiste et maire solidaire de Grande-Synthe près de Calais jusqu’en 2019, déclare :

    “Les migrations font depuis toujours partie de l’histoire de l’humanité, il y aura toujours des arrivées de personnes exilées en Europe. Les réponses sécuritaires des gouvernements français et européens en réaction à l’arrivée de quelques milliers d’exilé·es sur l’île de Lampedusa, sont extrêmement préoccupantes. C’en est assez de la politique de non accueil prônée par Gérald Darmanin et sa reprise sans honte de la rhétorique nauséabonde de l’extrême-droite ! Nous, solidaires, rappelons que notre devoir, notre mission d’humanité, c’est d’accueillir dignement et inconditionnellement les exilé.es, et de toujours agir dans le respect du droit. C’est aussi la seule solution pour un #apaisement. Notre présence aux côtés des solidaires est indispensable pour montrer aux exilé·es, déjà fragilisé·es par des parcours de vie douloureux et des événements traumatiques, que de nombreux citoyen·nes et élu·es s’opposent à la froideur de la “#border_force” de Monsieur Darmanin pour défendre une politique humaine et fondée sur le droit. Nos #témoignages, en tant que parlementaires, seront cruciaux. Ils compléteront les #observations des acteur·ices de terrain qui, plus que jamais, ont besoin de #visibilité et de #soutien. Notre place est à leurs côtés. La chaîne de la solidarité est lancée.”

    Depuis Lampedusa en Italie, où quelques milliers de chercheur·euses de refuge ont récemment accosté, les parcours d’exil se poursuivent parfois jusqu’à la frontière franco-italienne. Sur place, les associations s’organisent pour répondre aux besoins croissants d’accueil et de solidarité. À cette même frontière, depuis des années, les forces de l’ordre, françaises comme italiennes, interpellent, enferment et refoulent quotidiennement des exilé·es en violation du droit international, européen et français.

    Le 21 septembre, la Cour de Justice de l’Union européenne (CJUE) a d’ailleurs condamné ces pratiques et rappelé le gouvernement français à ses responsabilités. Malgré ce rappel cinglant au respect et à l’application du droit européen, le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin continue de militariser les frontières et d’appeler au “tri” des exilé·es selon leur nationalité, des pratiques manifestement contraires au droit européen et au droit d’asile.

    Face aux besoins urgents d’humanité et d’accueil à la frontière, l’opération lancée par Damien Carême appelle les engagé·es solidaires et défenseur·euses des droits fondamentaux à agir ensemble et sans attendre. Pour faire respecter le droit et s’assurer que la France est à la hauteur de ses engagements et de ses responsabilités. La chaîne de la solidarité est lancée.

    Contact presse : Coralie Guillot coralie.guillot@europarl.europa.eu +32.485.145.485.

    En savoir plus :

    · Ces derniers jours, Damien Carême a sollicité par courriers l’ensemble des parlementaires des forces progressistes du Parlement européen, de l’Assemblée nationale et du Sénat pour les appeler à rejoindre cette lutte pour le respect des droits fondamentaux et de la dignité humaine.

    · Les maraudes solidaires : Organisées en 2021 à l’initiative de Damien Carême à l’appel des solidaires, associations et ONG de Montgenèvre, ces opérations de solidarité visaient à dénoncer les atteintes aux droits fondamentaux des personnes exilées et les pressions exercées envers les bénévoles par les forces de l’ordre à la frontière. Plusieurs élu·es se sont mobilisé·es à ses côtés pour protéger les bénévoles et les exilé·es, faire cesser le harcèlement des forces de l’ordre à leur encontre et empêcher les refoulements illégaux.

    – Une situation de crise pour les associations d’accueil des exilé·es à Briançon qui risque de s’amplifier : depuis plusieurs mois, les Terrasses solidaires, lieu d’accueil pour les exilé·es venu·es d’Italie, tirent la sonnette d’alarme. Le lieu est arrivé à l’extrême limite de ses capacités d’accueil : les associations sont débordées et n’arrivent plus à en assurer la gestion dans de bonnes conditions. Dans ce contexte déjà difficile, l’arrivée annoncée de nouvelles personnes exilées en provenance de Lampedusa inquiète les acteur·ices de la société civile, dont les nombreuses alertes n’ont pas entraîné la mise en place de Dispositif d’Hébergement d’Urgence par l’Etat, comme la loi l’impose pourtant.

    – Dans un arrêt du 21 septembre 2023, la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a confirmé que les pratiques des autorités françaises de contrôle, d’enfermement et d’éloignement des exilé.es aux frontières intérieures depuis près de dix ans sont illégales, et a rappelé la France à ses obligations de respect du droit de l’UE.

    #militarisation_des_frontières #frontières #frontière #Italie #France #frontière_sud-alpine #tri #dignité_humaine #droits_humains #droits_fondamentaux

    –—

    voir aussi ce fil de discussion :
    EU judges slam France’s migrant pushbacks
    https://seenthis.net/messages/1018096

  • Termes nautiques
    https://www.annoncesbateau.com/conseils/termes-nautiques

    petit #dictionnaire

    Écrit par : Bénédicte Chalumeau
    ...
    Pour naviguer il est nécessaire d’avoir une compréhension du vocabulaire de la navigation, de la mer et des bateaux. Nous vous présentons ici les termes techniques les plus courants, utilisés dans le monde maritime.

    A
    #Abattre :
    Écarter sa route du lit du vent. Ce mouvement s’appelle une abattée.

    #Abord (en) :
    Sur le côté du bâtiment.

    #Accastillage :
    Objets et accessoires divers équipant un navire.

    #Accoster :
    Placer un bâtiment le long d’un quai ou le long d’un autre navire.

    #Acculée :
    Mouvement en arrière d’un navire, il cule.

    #Adonner :
    Le vent adonne pour un navire à voiles quand il tourne dans un sens favorable à la marche, c’est à dire quand il vient plus à l’arrière. Le contraire est refuser.

    #Affaler :
    Faire descendre, c’est le contraire de hâler. Affaler quelqu’un le long du bord, ou d’un mât, c’est le faire descendre au bout d’un filin.

    #Aiguillots :
    Pivots fixes sur une mèche du gouvernail ou sur l’étambot et tournant dans les fémelots.

    #Aileron :
    Partie de tente qui se place en abord. Prolongements en abord et généralement découverts de l’abri de navigation.

    #Ajut :
    Noeud servant à réunir momentanément deux bouts de cordage.

    #Allure :
    Direction d’un navire par rapport à celle du vent.

    #Amariner :
    Amariner un équipage : l’habituer à la mer.

    #Amarrage :
    Action d’amarrer.

    #Matelotage
     : bout de lusin, merlin, ligne, etc... servant à relier ensemble deux cordages.

    #Amarres :
    Chaînes ou cordages servant à tenir le navire le long du quai.

    #Amener :
    abaisser, faire descendre.

    #Amer :
    Point de repère sur une côte.

    #Amure :
    Manoeuvre qui retient le point inférieur d’une voile du côté d’où vient le vent (voiles carrées). Par extension est synonyme d’allure. Pour les bateaux latins, on continue à dire qu’ils naviguent bâbord ou tribord amures, selon que le vent vient de la gauche ou de la droite.

    #Anguillers :
    Conduits, canaux ou trous pratiqués dans la partie inférieure des varangues des couples pour permettre l’écoulement de l’eau dans les fonds.

    #Anspect :
    Ou barre d’anspect. Levier en bois dur servant à faire tourner un cabestan ou un guindeau. Primitivement, servait à pointer les canons en direction.

    #Aperçu :
    Pavillon signal que l’on hisse pour indiquer que l’on a compris un signal.

    #Apiquer :
    Hisser l’une des extrémités d’un gui ou d’une vergue de manière à l’élever au-dessus de l’autre.

    #Apparaux :
    Ensemble des objets formant l’équipement d’un navire.

    #Appel :
    Direction d’un cordage, de la chaîne de l’ancre.

    #Appuyer :
    Haler, raidir un cordage pour soutenir ou fixer l’objet auquel il aboutit. Appuyer un signal, c’est l’accompagner d’un signal sonore, coup de Klaxon, pour attirer l’attention. Appuyer la chasse : poursuivre obstinément.

    #Araignée :
    Patte d’oie à grand nombre de branches de menu filin qu’on installe sur les funes des tentes et tauds pour permettre de les maintenir horizontaux. Hamac : réseau de petites lignes à oeil placées à chaque extrémité de la toile du hamac pour le suspendre : elles se réunissent à deux boucles métalliques ou organeaux d’où partent les « rabans » de suspension.

    #Arborer :
    Arborer un pavillon, c’est le hisser au mât. En Méditerranée, dans la langue des galères, le mât s’appelait l’arbre.

    #Ardent :
    Un navire est ardent lorsqu’il tend de lui-même à se rapprocher du lit du vent. C’est le contraire du mou.

    #Armement :
    L’armement d’un bâtiment consiste à le munir de tout ce qui est nécessaire à son genre de navigation ; ce terme désigne aussi la totalité des objets dont un navire est muni. Ces objets sont inscrits sur les « feuilles d’armement ». Dans une embarcation, on appelle ainsi son équipage.

    #Armer :
    Armer un navire : le munir de son armement. / Armer un câble : le garnir en certains endroits pour le garantir des frottements.

    #Arraisonner :
    Arraisonner un navire c’est le questionner sur son chargement, sa destination, et toutes autres informations pouvant intéresser le navire arraisonneur.

    #Arrimage :
    Répartition convenable dans le navire de tous les objets composants son armement et sa cargaison.

    #Arrivée :
    Mouvement que fait le navire quand il s’éloigne du lit du vent pour recevoir le vent plus de l’arrière. Synonyme : « abattée ». Contraire : « auloffée ».

    #Arrondir :
    Passer au large d’un cap pour éviter les dangers qui le débordent.

    #Assiette :
    Manière dont le navire est assis dans l’eau, autrement dit sa situation par rapport à la différence de ses tirants d’eau avant et arrière.
    Assiette positive : T AV < T AR
    Assiette négative : T AV > T AR

    #Atterrir :
    Faire route pour trouver une terre ou un port.

    #Attrape :
    Cordage fixé sur un objet de façon à pouvoir en temps utile l’amener à portée de main.

    #Atterrissage :
    Action d’atterrir.

    #Auloffée :
    Mouvement d’un navire tournant son avant vers le lit du vent. Contraire : arrivée abattée (ou abattée).

    #Aveugler :
    Une voie d’eau, obstruer avec des moyens de fortune

    B
    #Bâbord :
    Partie du navire située à gauche d’un observateur placé dans l’axe de ce navire en faisant face à l’avant.

    #Baguer :
    Faire un noeud coulant.

    #Baille :
    Baquet (appellation familière donnée à leur école, par les élèves de l’école Navale).

    #Balancine :
    Manoeuvre partant du haut du mât et soutenant les extrémités d’une vergue ou l’extrémité d’un gui ou d’un tangon.

    #Ballast :
    Compartiments situés dans les fonds du navire et servant à prendre du lest, eau ou combustible.

    #Ballon :
    Défense sphérique que l’on met le long du bord.

    #Bande :
    Inclinaison latérale du navire. Synonyme de gîte. Mettre l’équipage à la bande : l’aligner sur le pont pour saluer un navire ou une personnalité.

    #Barbotin :
    Couronne à empreintes du guideau ou du cabestan sur laquelle les maillons d’une chaîne viennent s’engrener successivement.

    #Base :
    Banc de roche ou de corail formant un bas-fond.

    #Bastaque :
    Hauban à itague employé sur les petits bateaux. Il peut aussi servir à hisser certains objets.

    #Bastingage :
    Autrefois muraille en bois ou en fer régnant autour du pont supérieur d’un navire, couronnée par une sorte d’encaissement destiné à recevoir pendant le jour, les hamacs de l’équipage ; une toile peinte les recouvrait pour les protéger de la pluie et de l’humidité. On emploie aussi ce terme par extension pour désigner les gardes corps ou lisses de pavois.

    #Battant :
    Partie du pavillon qui flotte librement par opposition au guindant qui est le long de la drisse.

    #Bau :
    Poutres principales placées en travers du bateau pour relier les deux murailles de la coque et supporter les bordages de la coque.

    #Beaupré :
    Mât situé à l’avant du bâtiment.

    #Béquiller :
    #Empêcher un navire échoué de se coucher en le maintenant avec des béquilles.

    #Berceau :
    Assemblage en bois ou en fer destiné à soutenir un navire quand il est halé à terre.

    #Berne (en) :
    Mettre le pavillon à mi-drisse en signe de deuil.

    #Bigue :
    Très gros mât de charge maintenu presque vertical et portant à son extrémité supérieure des cordages et des appareils destinés à lever des poids très lourds. On nomme aussi bigues deux mâts placés et garnis comme le précèdent, et dont les têtes sont réunies par une portugaise.

    #Bittes :
    Pièce de bois ou d’acier fixé verticalement sur un pont ou un quai et servant à tourner les aussières.

    #Bitture :
    Partie d’une chaîne élongée sur le pont à l’avant et à l’arrière du guindeau, filant librement de l’écubier aussitôt qu’on fait tomber l’ancre (prendre une bitture).

    #Bollard :
    Point d’amarrage à terre constituée par un gros fût cylindrique en acier coulé, à tête renflée, pour éviter le glissement de l’amarre.

    #Bôme :
    Vergue inférieure d’une voile aurique.

    #Borde :
    #Ensemble des tôles ou des planches formant les murailles d’un navire.

    #Bordée :
    – Distance parcourue par un navire en louvoyant et sans virer de bord.
    – Division : de l’équipage pour faire le quart.

    #Border :
    – ne voile : la raidir en embarquant l’écoute.
    – La côte : la suivre de très près.
    – Un navire : mettre en place le bordé.

    #Bordure :
    Côté inférieur d’une voile ; la ralingue qui y est fixée se nomme ralingue de fond ou de bordure.

    #Bosco :
    Maître de manoeuvre (marine de guerre), Maître d’équipage (marine de commerce)

    B#osse :
    Bout de cordage ou de chaîne fixé par une de ses extrémités et qui, s’enroulant autour d’un cordage ou d’une chaîne sur lesquels s’exerce un effort, les maintient immobile par le frottement.

    #Bossoir :
    – Pièce de bois ou de fer saillant en dehors d’un navire et servant à la manoeuvre des ancres à jas ; par extension coté avant d’un navire. De capon - de traversières : sert à mettre l’ancre au poste de navigation ; d’embarcation ou portemanteau : sert à suspendre et à amener les embarcations.
    – Homme de bossoir : homme de veille sur le gaillard avant.

    #Bouge :
    Convexité transversale entre ponts et faux-ponts des navires.

    #Bouée :
    Corps flottant.

    #Bourlinguer :
    Se dit d’un bateau qui lutte dans une forte mer et d’un marin qui navigue beaucoup.

    #Braie :
    Sorte de collier en toile à voile ou en cuir que l’on applique autour du trou pratiqué dans le pont pour le passage d’un mât, d’une pompe, de la volée d’un canon afin d’empêcher l’infiltration de l’eau à l’intérieur du bateau.

    #Branles :
    Nom ancien des hamacs (d’où « branle-bas »).

    #Brasse :
    Mesure de longueur pour les cordages, 1m83, servant aussi à indiquer la profondeur de l’eau. Ce terme est en usage dans la plupart des nations maritimes mais la longueur en est différente : en France : 1m624, en Angleterre et en Amérique : 1m829 (six pieds anglais).

    #Brasser :
    Orienter les vergues au moyen des manoeuvres appelées bras. - carré : placer les vergues à angle droit avec l’axe longitudinal du navire. Brasser un tangon.

    #Brider :
    Étrangler, rapprocher plusieurs cordages tendus parallèlement par plusieurs tours d’un autre cordage qui les serre en leur milieu ; ou augmente ainsi leur tension.

    #Brigadier :
    Matelot d’une embarcation placé à l’avant pour recevoir les bosses ou les amarres, annoncer les obstacles sous le vent ou aider à accoster avec la gaffe.

    #Brin :
    Mot servant à indiquer la qualité du chanvre d’un cordage ; le meilleur est dit le premier brin. S’emploie aussi pour qualifier un homme remarquable.

    #Bulbe :
    Renflement de la partie inférieure d’une étrave.

    #Bulge :
    Renflement des flancs du navire.

    C
    #Cabaner :
    Chavirer sans dessus dessous en parlant d’une embarcation.

    #Cabestan :
    Treuil vertical servant à actionner mécaniquement ou à bras les barbotins.

    #Cabillot :
    Chevilles en bois ou en métal qui traversent les râteliers et auxquelles on amarre les manoeuvres courantes au pied des mâts ou en abord.

    #Câblot :
    Petit câble d’environ 100 mètres de longueur servant à mouiller les embarcations au moyen d’un grappin ou d’une petite ancre.

    #Cabotage :
    Navigation entre deux ports d’une même côte ou d’un même pays.

    #Caillebotis :
    treillis en bois amovible servant de parquet et laissant écouler l’eau.

    #Calfatage :
    Opération qui consiste à remplir d’étoupe, au moyen d’un ciseau et à coups de maillet, les coutures des bordages ou des ponts en bois d’un navire afin de les rendre étanches. L’étoupe est ensuite recouverte de brai.

    #Calier :
    Homme employé spécialement à la distribution de l’eau douce.

    #Caliorne :
    Gros et fort palan destiné aux manoeuvres de force.

    #Cap de mouton :
    Morceau de bois plat et circulaire percé de trois ou quatre trous dans lesquels passent des rides pour raidir les haubans, galhaubans, etc...

    #Cape (à la) :
    On dit qu’un navire est à la cape quand, par gros temps, il réduit sa voilure ou diminue la vitesse de sa machine en gouvernant de façon à faire le moins de route possible et à dériver le plus possible pour éviter les effets de la mer.

    #Capeler :
    Capeler un mât, c’est faire embrasser la tête du mât par toutes les manoeuvres dormantes qui doivent entourer cette tête et s’y trouver réunies.

    #Capeyer :
    Tenir la cape.

    #Capon :
    Palan qui servait à hisser l’ancre sur les anciens navires (bossoirs de capon).

    #Carène :
    Partie immergée de la coque d’un navire.

    #Caréner (un navire) :
    Nettoyer et peindre sa carène.

    #Cartahu :
    Cordage volant, sans affectation spéciale, destiné à hisser ou amener les objets qu’on y attache. Les cartahus de linge servent à mettre le linge au sec ; ils se hissent parfois entre les mâts de corde.

    #Chadburn :
    Système mécanique employé pour transmettre les ordres de la passerelle aux machines (marine de commerce).

    #Chambre (d’embarcation) :
    Partie libre, à l’arrière de l’embarcation où peuvent s’asseoir les passagers.

    #Chandeliers :
    Barres généralement en acier fixées verticalement en abord d’un pont, autour des panneaux et des passerelles pour empêcher les chutes. Les chandeliers sont percés de trous dans lesquels passent les tringles ou les filières de garde-corps.

    #Chapelle, #Faire_chapelle :
    Se dit d’un navire qui, marchant, sous un vent favorable, vient à masquer par suite, d’une cause quelconque et est obligé de faire le tour pour reprendre les mêmes amures.

    #Charnier :
    Tonneau à couvercle, ayant généralement la forme d’un cône tronqué et dans lequel étaient conservés les viandes et les lards salés pour la consommation journalière de l’équipage (ancien). Par extension réservoir rempli d’eau potable.

    #Chasser (sur son ancre) :
    Entraîner l’ancre par suite d’une tenue insuffisante de fond.

    #Château :
    Superstructure établie sur la partie centrale d’un pont supérieur et qui s’étend d’un côté à l’autre du navire.

    #Chatte :
    Grappin à patte sans oreilles dont on se sert pour draguer les câbles ou les objets tombés à la mer.

    #Chaumard :
    Pièce de guidage pour les amarres solidement fixées sur le pont dont toutes les parties présentent des arrondis pour éviter d’user ou de couper les filins.

    #Chèvre :
    Installation de trois mâtereaux réunis à leur tête pour les manoeuvres de force.

    #Choquer :
    Filer ou lâcher un peu de cordage soumis à une tension.

    #Claire :
    Ancre haute et claire :
    ancre entièrement sortie de l’eau, ni surpattée, ni surjalée. On dira de même :
    manoeuvre claire, pavillon clair.

    #Clan :
    Ensemble formé par un réa tournant dans une mortaise qui peut être pratiquée dans un bordage, une vergue ou un mât.

    #Clapot :
    Petites vagues nombreuses et serrées qui se heurtent en faisant un bruit particulier.

    #Clapotis :
    Etat de la mer qui clapote ou bruit de clapot.

    #Clin :
    Les bordages sont disposés à clin quand ils se recouvrent comme les ardoises d’un toit :
    embarcation à clins.

    #Clipper :
    Nom donné à un
    voilier
    fin de carène, spécialement construit pour donner une grande vitesse (clipper du thé, de la laine).

    #Coaltar :
    Goudron extrait de la houille (protège le bois de la pourriture).

    #Coffre :
    Grosse bouée servant à l’amarrage des navires sur une rade.

    #Connaissement :
    Document où est consigné la nature, le poids et les marques des marchandises embarquées. Cette pièce est signée par le capitaine après réception des marchandises avec l’engagement de les remettre dans l’état où elles ont été reçues, au lieu de destination sauf périls et accidents de mer.

    #Conserve, Naviguer de conserve :
    Naviguer ensemble (un bâtiment est ainsi « conserve » d’un autre).

    #Contre-bord (navire à) :
    Navire faisant une route de direction opposée à celle que l’on suit.

    #Coque :
    Boucle qui se forme dans les cordages.

    #Coqueron :
    Compartiment de la coque souvent voisine de l’étrave ou de l’étambot, servant e soute à matériel.

    #Corde :
    Ce mot n’est employé par les marins que pour désigner la corde de la cloche.

    #Cornaux :
    W-C. de l’équipage consistant en auges inclinées qui découlent dans les conduits aboutissant à la mer ; les cornaux étaient autrefois placés à tribord et à bâbord sur le plancher de la poulaine.

    #Corps-morts :
    Chaînes et ancres disposées au fond de la mer, solidement retenues par des empennelages, et dont une branche qui part dès la réunion des chaînes est nommée itague revient au-dessus de l’eau où elle est portée par un corps flottant (bouée ou coffre).

    #Coupée :
    Ouverture pratiquée dans les pavois ou dans le bastingage permettant l’entrée ou la sortie du bord.

    #Couples :
    Axes de charpente posés verticalement sur la quille.

    #Coursive :
    Terme général pour désigner des passages étroits tels que ceux qui peuvent se trouver entre des chambres ou autres distributions du navire.

    #Crachin :
    Pluie très fine. Crachiner.

    #Crapaud (d’amarrage) :
    Forts crampons pris sur le fond et servant au mouillage des coffres et des grosses bouées.

    #Crépine :
    Tôle perforée placée à l’entrée d’un tuyautage pour arrêter les saletés.

    #Croisillon :
    Petite bitte en forme de croix.

    #Croupiat :
    Grelin de cordage quelconque servant à amarrer l’arrière d’un navire à un quai ou à un bâtiment voisin. Faire croupiat :
    appareiller le navire en s’aidant d’une amarre pour éviter le navire vers la sortie du port ou du bassin.

    #Cul :
    Fond, partie arrière, basse ou reculée, d’un objet.
    – Cul d’une poulie :
    Partie de la caisse opposée au collet.
    – Cul de poule :
    Arrière allongé et relevé.
    – Cul de porc :
    Sorte de noeud.

    #Culer :
    En parlant d’un navire : marche arrière en avant.

    D
    #Dalot :
    Trous pratiqués dans les ponts et laissant s’écouler dans un tuyau placé au-dessous l’eau qui se trouve à la surface du pont.

    #Dames :
    Échancrures du plat-bord d’un canot garnies de cuivre et destinées à recevoir et à maintenir les avirons pendant la nage.

    #Darse :
    Bassin d’un port.

    #Déborder :
    Action de pousser au large une embarcation ou un bâtiment accosté à un navire ou à un quai.

    #Débouquer :
    Sortir d’un canal ou d’une passe pour gagner la mer libre.

    #Décapeler :
    Un mât, une vergue, c’est enlever les cordages qui y sont capelés ; un cordage, entourant un objet quelconque, c’est le dépasser par-dessus cet objet et l’enlever. De façon générale : ôter, décapeler un tricot, etc...

    #Défense :
    Tout objet suspendu contre le bord d’un navire ou d’une embarcation pour préserver la muraille du choc des quais et de toute construction flottante.

    #Déferler :
    Larguer les rabans de ferlage qui tiennent une voile serrée et la laisser tomber sur ses cargues. La lame déferle lorsqu’elle brise en s’enroulant sur elle-même ou en choquant une plage, une roche.

    #Déferler_un_pavillon :
    Peser sur la drisse pour permettre au pavillon de se déployer.

    #Déhaler :
    Déplacer un navire au moyen de ses amarres.

    Se déhaler :
    S’éloigner d’une position dangereuse au moyen de ses embarcations, de ses voiles.

    #Dérader :
    Quitter une rade.

    #Déraper :
    Une ancre : l’arracher du fond. Un navire dérape lorsqu’il enlève du fond sa dernière ancre.

    #Dérive :
    Différence entre le cap vrai du bâtiment et sa route vraie sous l’effet du vent de la mer et du courant.On appelle aussi « dérive » les surfaces que l’on immerge au centre de la coque ou sur les côtés pour s’opposer à la pression latérale du vent ; on devrait dire dans ce cas « contre dérive ». Être en dérive : navire ou objet qui flotte au gré du vent, des lames, des courants.

    #Désaffourcher :
    Relever une des deux ancres qui tiennent un navire affourché.

    #Désarmé :
    Un navire est désarmé lorsqu’il est amarré dans un port sans équipage et qu’il n’y a, en général, que des gardiens à bord.

    #Détroit :
    Ancre installée à la poupe d’un bâtiment.

    #Déventer :
    Une voile : la brasser en ralingue de façon à ce qu’elle fasseye.

    #Dévers :
    Inclinaison de l’étrave et courbure vers l’extérieur des couples de l’avant ayant pour avantage d’éviter l’embarquement des lames, formées par la vitesse du bâtiment.

    #Délester :
    Décharger le lest d’un navire, par exemple, alléger un navire.

    #Démailler :
    Séparer les maillons d’une chaîne, ou l’ancre de sa chaîne.

    #Demande :
    Filer à la demande un cordage qui fait effort, c’est le laisser (à la) filer en n’opposant qu’une faible résistance, mais en se tenant prêt à arrêter le mouvement au besoin.

    #Dépaler :
    Être dépalé : être porté par les courants, en dehors de la route que l’on doit suivre.

    #Déplacement :
    Poids du volume d’eau déplacé par un navire qui flotte. Le déplacement s’exprime en tonnes de 1000 kg.

    #Dévirer :
    (Cabestan, treuil, etc...) : tourner en sens contraire.

    #Dinghy :
    Embarcation en caoutchouc. L’on dit aussi
    zodiac quel que soit le modèle.

    #Double :
    Le double d’une manoeuvre : la partie qui revient sur elle-même dans le sens de la longueur après avoir passé dans une poulie ou autour d’un cabillot ou de tout autre objet. Quart de vin supplémentaire à titre de récompense.

    #Doubler :
    – Au vent : naviguer au vent de, passer au vent de...
    – Un cap : manoeuvrer et faire route de manière à contourner un cap.
    – Un bâtiment : le gagner de vitesse.
    – Les manoeuvres, cordages : les disposer en double en cas de mauvais temps ou autrefois à l’approche du combat.

    #Draille :
    Cordage tendu le long duquel une voile, une tente peuvent courir ou glisser par le moyen d’un transfilage ou d’anneaux.

    #Drisse :
    Cordage ou palan servant à hisser une vergue, une corne, une voile.
    – De flamme : cordage confectionné au moyen d’une machine spéciale, en une tresse ronde avec huit faisceaux, de trois fils à voile non goudronnés et destiné à hisser les signaux.

    #Drome :
    Ensemble des embarcations, des pièces de rechange : mâts, vergues, avirons, etc... embarqués à bord d’un bâtiment.
    – Des embarcations : rassemblement en bon ordre des avirons, mâts, gaffes d’un canot sur les bancs.

    #Drosse :
    Cordage en filin, en cuir, en fil d’acier, ou en chaîne qui sert à faire mouvoir la barre de gouvernail.

    #Drosser :
    Entraîner hors de sa route par les vents et la mer.

    #Ducs d’albe :
    Nom donné à un ou plusieurs poteaux réunis, enfoncés dans le fond d’un bassin ou d’une rivière afin d’y capeler des amarres quand on le déhale d’un navire.

    E
    #Echafaud :
    Planches formant une plate-forme que l’on suspend le long de la coque pour travailler.

    #Echouer :
    Toucher le fond.

    #Ecope :
    Pelle en bois à long manche qui sert à prendre de l’eau à la mer pour en asperger la muraille d’un bâtiment pour la nettoyer. Elle sert également à vider les embarcations.

    #Écoutille :
    Ouverture rectangulaire pratiquée dans le pont pour pouvoir accéder dans les entreponts et dans les cales.

    #Ecubier :
    Conduit en fonte, en tôle ou en acier moulé ménagé de chaque bord de l’étrave pour le passage des chaînes de l’ancre. Ouverture par laquelle passe la chaîne d’une ancre.

    #Elingue :
    Bout de filin ou longue estrope dont on entoure les objets pesants tels qu’une barrique, un ballot, une pièce de machine, etc... A cette élingue, on accroche un palan ou la chaîne d’un mât de charge pour embarquer ou débarquer les marchandises.

    #Embardée :
    Abattée d’un navire en marche en dehors de sa route ou au mouillage ou sous l’effet du vent ou du courant.

    #Embarder :
    Se dit d’un navire qui s’écarte de sa route à droite ou à gauche en suivant une ligne courbe et irrégulière. On dit aussi qu’un navire, à l’ancre, embarde quand il change constamment de cap sous l’effet du vent ou du courant.

    #Embellie :
    Amélioration momentanée de l’état de la mer et diminution du vent pendant une tempête ou encore éclaircie du ciel pendant le mauvais temps ou la pluie.

    #Embosser :
    Un navire : mouiller ou amarrer le bâtiment de l’AV et de l’AR, pour le tenir dans une direction déterminée malgré le vent ou le courant.

    #Embouquer :
    S’engager dans un canal, un détroit ou une passe.

    #Embraquer :
    Tirer sur un cordage de manière à le raidir : embraquer le mou d’une aussière.

    #Embrun :
    L’embrun est une poussière liquide arrachée par le vent de la crête des lames.

    #Emerillon :
    Croc ou anneau rivé par une tige dans un anneau de manière à pouvoir tourner librement dans le trou de l’anneau.

    #Empanner :
    Un navire à voile empanne ou est empanné quand il est masqué par le côté de l’écoute de ses voiles.

    #Encablure :
    Longueur employée pour estimer approximativement la distance entre deux objets peu éloignés l’un de l’autre. Cette longueur est de 120 brasses (environ 200 mètres). Longueur normale d’une glène d’aussière. Autre définition de l’encablure : un dixième de mille soit environ 185 mètres.

    #Encalminé :
    Voilier encalminé : quand il est dans le calme ou dans un vent si faible qu’il ne peut gouverner.

    #Engager :
    Un navire est engagé quand il se trouve très incliné par la force du vent, le désarrimage du chargement ou la houle et qu’il ne peut se redresser. Cordage engagé : cordage qui bloque.

    #En grand :
    Tout à fait, sans retenue.

    #Entremise :
    Fil d’acier reliant deux têtes de bossoir et sur lequel sont frappés les tire-veilles. Pièces de bois, cornière, placées dans le sens longitudinal. Elles servent avec les barrots à établir la charpente des ponts, à limiter les écoutilles, etc...

    #Épauler :
    La lame : prendre la mer à quelques quarts de l’AV pour mieux y résister.

    #Epontille :
    Colonne verticale de bois ou de métal soutenant le barrot d’un pont ou d’une partie à consolider.

    #Erre :
    Vitesse conservée par un navire sur lequel n’agit plus le propulseur.

    #Espars :
    Terme général usité pour désigner de longues pièces de bois employées comme mâts, vergues, etc...

    #Essarder :
    Essuyer, assécher avec un faubert ou une serpillière.

    #Etale :
    – Sans vitesse.
    – Étale de marée : moment où la mer ne monte ni ne baisse

    #Etaler :
    Résister à.

    #Étalingure :
    Fixation de l’extrémité d’un câble, d’une chaîne sur l’organeau d’une ancre. - de cale : fixation du câble ou de la chaîne dans la cale ou le puits à chaînes.

    #Etambot :
    Pièce de bois de même largeur que la quille et qui s’élève à l’arrière en faisant avec celle-ci un angle généralement obtus qu’on nomme quête. Il reçoit les fémelots ou aiguillots du gouvernail.

    #Etamine :
    Étoffe servant à la confection des pavillons.

    #Etarquer :
    Une voile : la hisser de façon à la tendre le plus possible.

    #Étrangler :
    Une voile : l’étouffer au moyen de cordages.

    #Etrangloir :
    Appareil destiné à ralentir et à arrêter dans sa course une chaîne d’ancre.

    #Evitage :
    Mouvement de rotation d’un bâtiment sur ses ancres, au changement de marées ou par la force du vent qui agit plus sur lui que sur le courant. Espace nécessaire à un bâtiment à l’ancre pour effectuer un changement de cap, cap pour cap.

    F
    #Fanal :
    Lanterne d’embarcation.

    #Fardage :
    Tout ce qui se trouve au-dessus de la flottaison excepté la coque lisse et offrant de la prise au vent. Dans la marine de commerce, désigne aussi les planches , nattes, etc... que l’on place sur le vaigrage du fond pour garantir les marchandises contre l’humidité.

    #Fatiguer :
    Un bâtiment fatigue lorsque, par l’effet du vent, de la mer, ses liaisons sont fortement ébranlées.

    #Faubert :
    Sorte de balai fait de nombreux fils de caret et dont on fait usage à bord pour sécher un pont après la pluie ou le lavage.

    #Faux-bras :
    Cordage installé le long du bord, pour faciliter l’accostage des embarcations.

    #Femelots :
    Pentures à deux branches embrassant l’étambot ou le gouvernail et représentant des logements pour recevoir les aiguillots.

    #Ferler :
    – Une voile carrée : relever par plis sur la vergue une voile carguée et la fixer au moyen de rabans dits de ferlage qui entourent la voile et la vergue.
    – Un pavillon : le plier et le rouler en le maintenant ensuite avec sa drisse.

    #Filer :
    – Une amarre : laisser aller une amarre dont un des bouts est attaché à un point fixe.
    – La chaîne : augmenter la touée d’une chaîne en la laissant aller de la quantité voulue en dehors du bord.
    – Par le bout, une chaîne ou grelin : laisser aller du navire dans l’eau.

    #Filière :
    Cordage tendu horizontalement et servant de garde-corps ou à suspendre différents objets. - de mauvais temps : cordage qu’on tend d’un bout à l’autre du bâtiment et auquel les hommes se retiennent pendant les forts mouvements de roulis et de tangage.

    #Flux :
    Marée montante.

    #Forain :
    Ouvert : Rade foraine : rade sans abri, exposée au mauvais temps du large (mouillage d’attente).

    Forme :
    – Bassin de radoub, ou cale sèche : bassin de radoub.
    – Formes d’un navire : ses lignes.

    #Fraîchir :
    Se dit du vent qui augmente d’intensité.

    #Frais :
    Désigne la forme du vent : joli frais, bon frais, grand frais.

    #Franc-bord :
    Distance entre le niveau de l’eau à l’extérieur du navire et la partie supérieure du pont principal à la demi-longueur du navire.

    #Fret :
    Somme convenue pour le transport de marchandises par navire. Les marchandises composant le chargement du navire.

    #Fuir :
    Devant le temps ou devant la mer : gouverner de manière à recevoir le vent ou la mer par l’arrière.

    #Fune :
    Grelin qui traîne le chalut. Prolongement de la filière des tentes d’un navire (mettre les tentes en fune).

    G
    #Galhauban :
    Cordage en chanvre ou en acier servant à assujettir par le travers et vers l’arrière les mâts supérieurs.

    #Gambier :
    Changer la position d’une voile à antenne ou au tiers d’un côté à l’autre du navire en faisant passer la vergue de l’autre côté du mât. Synonyme : muder, trélucher.

    #Galipot :
    Sorte de mastic avec lequel on recouvre les pièces métalliques en cas de repos prolongé ou d’exposition à l’arrosage par l’eau de mer. Pâte formée en parties égales de céruse et de suif fondu, étalée à chaud, au pinceau, sur les surfaces à protéger. On l’enlève par grattage et lavage à l’huile. Galipoter (vieux).

    #Gite :
    Synonyme de bande : Giter.

    #Glène :
    De cordage : portion de cordage ployée en rond sur elle-même, c’est à dire lové.

    #Grain :
    Vent violent qui s’élève soudainement généralement de peu de durée. Les grains sont parfois accompagnés de pluie, de grêle ou de neige.

    #Gréement :
    L’ensemble des cordages, manoeuvres de toutes sortes et autres objets servant à l’établissement, à la tenue ou au jeu de la mâture, des vergues et des voiles d’un navire.

    #Guindeau :
    Appareil servant à virer les chaînes, à mouiller et à relever les ancres à bord d’un navire. Son axe de rotation est horizontal.

    H
    #Habitacle :
    Sorte de cuvette ou de caisse cylindrique en bois ou en cuivre recouverte à la partie supérieure d’une glace et qui contient le compas de route et les lampes qui l’éclairent.

    #Hale-bas :
    Petit cordage frappé au point de drisse des voiles enverguées sur des drailles et qui sert à les amener.

    #Haler :
    Remorquer un navire dans un canal ou le long d’un quai au moyen d’un cordage tiré au rivage. Tirer un cordage ou un objet quelconque au moyen d’un cordage sur lequel on fait un effort.

    #Hanche :
    Partie de la muraille d’un navire qui avoisine l’arrière. On relève un objet par la hanche quand il est à 45° par l’arrière du travers.

    #Haut-fond :
    Sommet sous-marin recouvert d’eau peu profonde et dangereux pour la navigation.

    #Hauturière :
    Navigation au large ; contrôlée par l’observation des astres. Long cours.

    I
    #Itague :
    Cordage passant par une poulie simple et sur lequel on agit à l’aide d’un palan pour augmenter la puissance. Chaîne retenant un coffre et maillée au point de jonction des chaînes des ancres de corps-mort.

    J
    #Jambettes :
    Montants, bouts d’allonges qui dépassent le plat-bord d’un bâtiment et sur lesquels on tourne des manoeuvres ou on prend un retour. Pièces de bois ou de fer légèrement inclinées et retenant les pavois.

    #Jarretière :
    Sangle qui sert à saisir une drôme dans une embarcation.

    #Jauge :
    Volume des capacités intérieures des navires exprimé en tonneaux de 2m3.83 ou 100 pieds cubes anglais.

    #Jauge brute :
    Volume de tous les espaces fermés du navire sans exception aucune.

    #Jauge nette :
    Volume des espaces utilisables commercialement.

    #Jaumière :
    Ouverture pratiquée dans la voûte d’un navire pour le passage et le jeu de la partie supérieure de la mèche du gouvernail.

    #Joue :
    Creux des formes de la coque à l’avant d’un navire. Synonyme : épaule. Face extérieure de la caisse d’une poulie.

    #Joute :
    Compétition d’embarcations à l’aviron.

    #Jusant :
    Marée descendante.

    L
    #Laisse :
    – De marée : partie du rivage alternativement couverte et découverte par la mer dans les mouvements de la marée.

    #Laize :
    Chacune des bandes de toile dont se compose une voile.

    #Lamanage :
    Pilotage restreint aux ports, baies, rade et rivières de peu d’importance. Dans la coutume d’Oléron, le pilote s’appelait loman, c’est à dire homme du lof (côté du vent) ; on en a fait laman, puis lamaneur.

    #Larder :
    Voir paillet.

    #Latte :
    – De hauban : patte métallique fixée sur le bordage pour servir de cadène de hauban.

    #Lège :
    Bâtiment lège : bâtiment vide.

    #Lest :
    Matières pesantes arrimées dans les fonds du navire pour en assurer la stabilité.

    #Libre pratique :
    Permission donnée par les autorités sanitaires d’un port à un navire de communiquer librement avec la terre.

    #Loch :
    Appareil servant à mesurer la vitesse du navire.

    #Lumières :
    Petits canaux ou conduits pratiqués sur la face antérieure des varangues et destinés à conduire les eaux de cale au pied des pompes. Synonyme : anguillers

    M
    #Mahonne :
    Chaland de port à formes très arrondies utilisé en Méditerranée.

    #Maille :
    Intervalle entre deux couples voisins d’un navire ou entre deux varangues. Ouverture laissée entre les fils des filets de pêche.

    #Main_courante :
    Barre en métal, ou pièces de bois mince, placées de chaque côté des échelles de dunette, de roof-passerelle, de gaillard, etc... pour servir de rampe.

    #Maistrance :
    (Marine Nationale) - L’ensemble des officiers mariniers de la Marine de guerre française et plus particulièrement ceux de carrière qui constituent le cadre de maistrance proprement dit.

    #Maître_bau :
    Bau situé dans la plus grande largeur du navire.

    #Maître_couple :
    Couple situé de même.

    #Maître_de_quart :
    (Marine nationale) - Gradé du service manoeuvre qui, à bord des bâtiments militaires, seconde l’officier de quart dans le service des embarcations et rend les honneurs du sifflet à l’arrivée et au départ des officiers.

    #Maniable :
    Modéré (vent) ; assez beau (temps).

    #Manifeste :
    Liste complète et détaillée par marque et numéros des colis de marchandises formant la cargaison d’un navire. Cette liste est remise à la Douane du port de destination.

    #Marie-Salope :
    Chaland à saletés.

    #Marnage :
    Synonyme : d’amplitude pour la marée.

    #Maroquin :
    Cordage tendu entre deux mâts pour servir à supporter une ou plusieurs poulies dans lesquelles passent des manoeuvres ou des drisses.

    #Mascaret :
    Phénomène qui se produit dans le cours inférieur d’un fleuve consistant en plusieurs lames creuses et courtes formées par la remontée du flot contre le courant du propre fleuve.

    #Mât_de_charge :
    Espar incliné tenu par des balancines portant des apparaux servant à déplacer des poids.

    #Mâter :
    Mettre un mât en place. Mâter une pièce, une barrique, les avirons : les dresser et le tenir dans une position verticale.

    #Mégaphone :
    Tronc de cône creux et léger servant à augmenter la portée de la voix.

    #Membrure :
    Pièce de bois ou de fer soutenant le bordé et les vaigres sur laquelle viennent se fixer les barrots (Synonyme : couple).

    #Midship :
    Aspirant ou enseigne de vaisseau, en général le plus jeune parmi les officiers. Désigne également des chaussures ouvertes utilisées à bord des bâtiments de la Marine en pays chaud.

    #Mole :
    Construction en maçonnerie, destinée à protéger l’entrée d’un port et s’élevant au-dessus du niveau des plus fortes marées.

    #Mollir :
    Diminuer de violence (vent / mer).

    #Mou :
    Un cordage a du mou quand il n’est pas assez tendu. Donner du mou : choquer une manoeuvre. Un navire est mou quand il a tendance à abattre.

    #Moucheter_un_croc :
    Amarrer un bout entre pointe et dos pour empêcher le décrochage.

    #Mouiller :
    Jeter l’ancre et filer la touée de la chaîne convenable.

    #Mousson :
    Vents périodiques, soufflant avec de légères variations pendant une moitié de l’année dans une direction et pendant l’autre moitié de l’année dans la direction opposée. (Mers de Chine et Océan Indien).

    #Musoir :
    Pointe extrême d’une jetée ou d’un môle ; se dit aussi de l’extrémité d’un quai à l’entrée d’un bassin ou d’un sas.

    N
    #Nable :
    Trou percé dans le fond d’une embarcation servant à la vider lorsque cette embarcation n’est pas à flot. S’obture au moyen d’un bouchon de nable.

    #Nage :
    Mouvement imprimé par l’armement aux avirons d’une embarcation.
    – Chef de nage : Nageurs assis sur le banc arrière dont les mouvements sont suivis par tous les autres.
    – Nage à couple : Quand il y a 2 (canot) ou 4 (chaloupe) nageurs sur chaque banc.
    – Nage en pointe : 1 nageur par banc (baleinière).

    #Natte :
    Nom donné aux paillets et aux sangles qu’on place en divers endroits de la mâture et du gréement qu’on veut garantir du frottement.

    #Nid de pie :
    Installation placée assez haut sur le mât avant de certains navires et dans laquelle se tient l’homme de vigie. A bord des navires polaires, on dit plutôt #nid_de_corbeau.

    O
    #Obéir :
    Un navire obéit bien à la barre quand il en sent rapidement l’action.

    #Obstructions :
    Défenses fixes, d’un port pour en interdire l’accès à un ennemi de surface, sous-marin ou aérien.

    #Oeil :
    Boucle formée à l’extrémité d’un filin.

    #Oeil de la tempête :
    Éclaircie dans le ciel au centre des ouragans.

    #Oeuvres_mortes :
    Partie émergée de la coque.

    #Oeuvres_vives :
    Partie immergée de la coque.

    #Opercule :
    Tape de hublot.

    #Oreilles_d_âne :
    Cuillers en tôle permettant d’augmenter le débit d’air entrant par les hublots.

    P
    #Paille de bitte :
    Tige de fer traversant la tête d’une bitte pour empêcher la chaîne ou l’aussière de décapeler.

    #Paillet :
    Réunion de fils de bitord, torons de cordage, etc... tressés ensemble et formant une sorte de natte. On les emploie pour garnir les manoeuvres dormantes afin empêcher le frottement.

    #Palanquée :
    Colis, ensemble de marchandises groupées dans une élingue ou un filet pour être embarquées ou débarquées en un seul mouvement de grue.

    #Palanquer :
    Agir sur un objet quelconque avec un ou plusieurs palans.

    #Panne (mettre en) :
    Manoeuvre qui a pour objet d’arrêter la marche du navire par le brasseyage de la voilure.

    #Pantoire :
    Fort bout de cordage terminé par un oeil muni d’une cosse.

    #Pantoire_de_tangon :
    Retient le tangon dans le plan vertical.

    #Paravane (un) :
    Deux brins de dragage fixés au brion terminés par des flotteurs divergents. Installation destinée à la protection contre les mines à orin.

    #Paré :
    Prêt, libre, clair, hors de danger.

    #Parer :
    – Un cap : le doubler ; - un abordage : l’éviter.
    – Une manoeuvre : la préparer.
    – Manoeuvres : commandement pour tout remettre en ordre.
    Faire parer un cordage : le dégager s’il est engagé ou empêcher de la faire.

    #Passerelle :
    Petit cordage servant de transfilage ou à passer une manoeuvre plus grosse dans les poulies ou un conduit.
    Aussière ou chaîne passée d’avance sous la coque d’un bâtiment afin de permettre une mise en place rapide d’un paillet makaroff.

    #Pataras :
    Hauban supplémentaire destiné à soulager temporairement à un hauban soumis à un effort considérable - très employé sur les yachts de course, ce hauban mobile appelle largement sur l’arrière.

    #Patente de santé :
    Certificat délivré à un navire par les autorités du port pour attester l’état sanitaire de ce port.

    #Pavois :
    Partie de coque au-dessus du pont formant garde corps.

    #Grand_pavois :
    Pavillon de signaux frappés le long des étais et de l’entremise dans un ordre déterminé.

    #Petit_pavois :
    Pavillons nationaux en tête de chacun des mâts. Au-dessus du pavois : Syn. « de montré » pour un signal par pavillon de 1 signe.

    P#eneau (faire) :
    Tenir l’ancre prête à mouiller par grands fonds après avoir filé une certaine quantité de chaîne pour atténuer la violence du choc sur le fond.

    #Perdant :
    Synonyme : jusant.

    #Perthuis :
    Détroit entre les îles, des terres ou des dangers.
    Ouverture d’accès dans une cale sèche.

    #Phare :
    Construction en forme de tour portant un feu à son sommet.
    Mât avec ses vergues, voiles et gréement. Ex. : phare de misaine, phare de l’avant, phare de l’arrière, phare d’artimon, phare carré.

    #Phoscar :
    Sorte de boîte à fumée et à feu jetée d’un bâtiment afin de matérialiser un point sur la mer.

    #Pic (a pic) :
    Position verticale de la chaîne de l’ancre au moment où celle-ci est sur le point d’être arrachée au fond. A long pic : laisser la chaîne de l’ancre un peu plus longue que pour être à pic.

    #Pied :
    Jeter un pied d’ancre : mouiller avec un peu de touée pour un court laps de temps.
    Mesure de longueur égale à 0,305mètre.

    #Pied_de_biche :
    Pièce de fonte, dans un guindeau.

    #Pied_de_pilote :
    Quantité dont on augmente le tirant d’eau pour être sur de ne pas talonner.

    #Pigoulière :
    Embarcation à moteur assurant à heures fixes à TOULON le service de transport du personnel entre différents points de l’Arsenal.

    #Piloter :
    Assurer la conduite d’un navire dans un port ou dans les parages difficiles de la côte.

    #Piquer_l_heure :
    Sonner l’heure au moyen d’une cloche.

    #Plat-bord :
    – Dans un bâtiment en bois : ensemble des planches horizontales qui recouvrent les têtes des allonges de sommet.
    – Dans un navire en fer : ceinture en bois entourant les ponts.

    #Plein :
    Synonyme : pleine mer.
    – Plus près bon plein : allure de 1 quart plus arrivée que le plus près.
    – Mettre au plein : échouer un bateau à la côte.

    #Poste (amarre de) :
    Aussière ou grelin de forte grosseur fournie par les ports pour donner plus de sécurité et plus de souplesse à l’amarrage des navires et éviter l’usure de leurs propres aussières d’amarrage.

    #Pot_au_noir :
    Zone des calmes équatoriaux caractérisés par des pluies torrentielles.

    #Poulaine :
    Partie extrême avant d’un navire : lieu d’aisance de l’équipage.

    #Poupée_de_guindeau :
    Bloc rond en fonte sur lequel on garnit les amarres que l’on veut virer au guindeau.

    #Prélart :
    Laize de toile à voile souple, cousues ensemble puis goudronnées, destinées à couvrir les panneaux d’une écoutille et empêcher l’accès de l’eau dans les entreponts ou la cale.

    #Puisard :
    Espace compris entre deux varangues et formant une caisse étanche dans laquelle viennent se rassembler les eaux de cale.

    #Pilot_chart :
    Cartes périodiques publiées par l’Office Météo des Etats-Unis fournissant des renseignements sur la direction et la force des vents et des courants probables et la position des icebergs.

    Q
    #Quart :
    32ème partie du tour d’horizon, vaut 11 degrés 15 minutes.
    Synonyme. : de rhumb de compas.

    #Queue _de_rat :
    – Cordage terminé en pointe.
    – D’un grain : rafale violente et subite à la fin d’un grain.
    – Aviron de queue : aviron servant de gouvernail.

    #Quille_de_roulis :
    Plan mince, en tôle, fixé normalement et extérieurement à la coque, dans la région du bouchain, sur une partie de la longueur du navire, et destiné à entraîner l’eau lors des mouvements de roulis pour les amortir plus rapidement.

    R
    #Raban :
    Tresse ou sangle de 8 à 9 mètres de long formée d’un nombre impair de brins de bitord.
    – De hamac : bout de quarantenier servant à suspendre le hamac.
    – De ferlage : cordon ou tresse servant à serrer une voile sur une vergue, un gui, etc...

    #Rabanter :
    Fixer ou saisir un objet à son poste avec les rabans destinés à cet usage.
    – Une voile : la relever pli par pli sur la vergue et l’entourer, ainsi que la vergue, avec les rabans.

    #Radier :
    Maçonnerie sur laquelle on établit les portes d’un bassin et d’une forme.

    #Radoub :
    Passage au bassin d’un navire pour entretien ou réparation de sa coque.

    #Rafale :
    Augmentation soudaine et de peu de durée du vent.

    #Rafiau ou #Rafiot :
    Petite embarcation, mauvais navire.

    #Rafraîchir :
    Un câble, une amarre, c’est en filer ou en embraquer une certaine longueur de manière à ce que le portage ne soit jamais à la même place.

    #Raguer :
    Un cordage rague lorsqu’il s’use, se détériore en frottant sur un objet dur ou présentant des aspérités. Se dit aussi d’un bâtiment frottant contre un quai.

    #Rail :
    Pièce en cuivre vissée sur un mât à pible ou un gui sur laquelle sont enfilés les coulisseaux.

    #Rambarde :
    Garde-corps.
    Synonyme : de main courante.

    #Ras :
    Radeau servant aux réparations à faire à un bâtiment près de sa flottaison.
    Petits appontements flottants.

    #Ratier :
    Argot de bord - Matelot sans spécialité chargé de l’entretien de la coque.

    #Rattrapant :
    Yacht rattrapant. Terme de régate : lorsque deux yachts font la même route ou à peu près, celui qui est en route libre derrière l’autre commence à être considéré comme « yacht rattrapant l’autre » aussitôt qu’il s’en approche assez près pour qu’il y ait « risque de collision » et continue à être tel jusqu’à ce qu’il redevienne en roue libre devant ou derrière, ou s’en soit écarté par le travers jusqu’à écarter le risque de collision.

    #Raz :
    Courant violent dû au flot ou au jusant dans un passage resserré.

    #Reflux :
    Mouvement rétrograde de l’eau après la marée haute.
    Synonyme : jusant, ébe.

    #Refuser :
    Le vent refuse lorsque sa direction vient plus de l’avant. Contraire : adonner.

    #Relâcher :
    Un navire relâche quand par suite du mauvais temps, avaries subies, etc... il est forcé d’interrompre sa mission et d’entrer dans un port qui n’est pas son port de destination.

    #Renard :
    Plateau sur lequel sont pointés les noms des officiers qui descendent à terre.

    #Rencontrer :
    La barre ou simplement rencontrer : mettre la barre du côté opposé à celui où elle était auparavant pour arrêter le mouvement d’abatée du navire.

    #Rendre :
    Un cordage rend lorsqu’il s’allonge. Une manoeuvre est rendue lorsqu’on l’a amenée à son poste en halant dessus. Rendre le mou d’un cordage : tenir le cordage à retour d’un bout tandis qu’on hale de l’autre bout. Rendre le quart : remettre le quart à son successeur.

    #Renflouer :
    Remettre à flot un navire échoué.

    #Renverse :
    Du courant : le changement cap pour cap de sa direction.

    #Ressac :
    Retour violent des lames sur elles-mêmes lorsqu’elles vont se briser sur une côte, un haut-fond.

    #Retenue :
    Cordage en chanvre, en acier ou chaîne servant à soutenir un bout-dehors, un bossoir.

    #Rider :
    Une manoeuvre dormante : c’est la raidir fortement à l’aide de ridoirs ou de caps de mouton.

    #Riper :
    Faire glisser avec frottement.

    #Risée :
    Petite brise subite et passagère.

    #Rocambeau :
    Cercle en fer garni d’un croc, servant notamment à hisser la vergue d’une voile au tiers et à amurer le point d’amure du foc le long de son bout-dehors.

    #Rôle :
    Rôle de combat, rôle d’équipage, etc...

    #Rondier :
    Gradé ou matelot chargé d’une ronde.

    #Roof :
    Superstructure établie sur un pont supérieur et ne s’étendant pas d’un côté à l’autre du navire.

    #Roulis :
    Balancement qui prend le navire dans le sens transversal.

    #Routier :
    Carte marine à petite échelle comprenant

    S
    #Sabaye :
    Cordage avec lequel on hâle à terre un canot mouillé près de la côte.

    ##Sabord :
    Ouverture rectangulaire pratiquée dans la muraille d’un navire.

    Saborder :
    Faire des brèches dans les oeuvres vives d’un navire pour le couler.

    #Safran :
    Surface du gouvernail sur laquelle s’exerce la pression de l’eau pour orienter le navire.

    #Savate :
    Pièce de bois sur laquelle repose un navire au moment de son lancement.

    #Saisine :
    Cordage servant à fixer et à maintenir à leur place certains objets.

    #Sangle :
    Tissu en bitord qui sert à garantir du frottement certaines parties du navire ou du gréement ou à maintenir au roulis des objets suspendus.

    #Sas :
    Partie d’un canal muni d’écluses, destinée à établir une jonction entre deux bassins de niveaux différents. Compartiment en séparant deux autres dont les ouvertures ne peuvent s’ouvrir que l’une après l’autre.

    #Saute_de_vent :
    Changement subit dans la direction du vent.

    #Sauve-Garde :
    Cordages fourrés ou chaînes servant à empêcher le gouvernail d’être emporté s’il vient à être démonté. Ils sont fixés d’un bout sur le gouvernail, de l’autre sur les flancs du bâtiment.

    #Sec (à) :
    Un bâtiment court à sec, est à sec de toile lorsqu’il navigue sans se servir de ses voiles, mais poussé par le vent.

    #Semonce :
    Ordre donné par un navire armé à un autre navire de montrer ses couleurs et au besoin d’arrêter pour être visité.

    #Coup (coup de) :
    Coup de canon appuyant cet ordre.

    #Servir :
    Faire servir : manoeuvre d’un navire à voiles pour quitter la panne et reprendre la route.

    #Seuil :
    Élévation du fond de la mer s’étendant sur une longue distance.

    #Sillage :
    Trace qu’un navire laisse derrière lui à la surface de la mer.

    #Slip :
    Plan incliné destiné à mettre à l’eau ou à haler à terre de petits bâtiments ou des hydravions au moyen d’un chariot sur rails.

    #Soufflage :
    Doublage en planches minces sur le bordé intérieur ou extérieur.

    #Souille :
    Enfoncement que forme dans la vase ou le sable mou un bâtiment échoué.

    #Sous-venté :
    Un voilier est sous-venté quand il passe sous le vent d’un autre bâtiment, d’une terre qui le prive de vent.

    #Spardeck :
    Pont léger au-dessus du pont principal.

    #Suceuse :
    Drague travaillant par succion du fond.

    #Superstructures :
    Ensemble des constructions légères situées au-dessus du pont supérieur.

    #Surbau :
    Tôle verticale de faible hauteur encadrant un panneau, un roof ou un compartiment quelconque.

    #Syndic :
    Fonctionnaire de l’Inscription Maritime remplaçant les Administrateurs dans les sous-quartiers.

    #Syzygie (marée des) :
    Marées correspondant à la nouvelle ou à la pleine lune. Synonyme : marée de vive-eau.

    T
    #Table_à_roulis :
    Table percée de trous.
    Par gros temps, on y met des chevilles appelées violons ou cabillots qui permettent de fixer les objets qui s’y trouvent.

    #Tableau :
    Partie de la poupe située au-dessus de la voûte.
    Dans un canot ou une chaloupe, partie arrière de l’embarcation.

    #Talon_de_quille :
    Extrémité postérieure de la quille sur laquelle repose l’étambot.

    #Talonner :
    Toucher le fond de la mer avec le talon de la quille.

    #Tangon :
    Poutre mobile établie horizontalement à l’extérieur d’un navire, à la hauteur du pont supérieur et perpendiculairement à la coque, sur laquelle on amarre les embarcations quand le navire est à l’ancre.
    – De spinnaker ou de foc : espars servant à déborder le point d’écoute du spinnaker ou du foc au vent arrière.

    #Tangage :
    Mouvement que prend le navire dans le sens longitudinal.

    #Tanker :
    Navire pétrolier.

    #Tape :
    Panneau en tôle ou pièce de bois obturant une ouverture.

    #Taud :
    Abri de grosse toile qu’on établit en forme de toit au-dessus des ponts pour garantir l’équipage contre la pluie. Etui placé sur les voiles serrées pour les garantir de la pluie.

    #Teck :
    Bois des Indes presque imputrescibles aussi fort et plus léger que le chêne ; très employé dans la construction navale.

    #Tenir :
    Navire tenant la mer : se comportant bien dans le mauvais temps.

    #Tenir le large :
    Rester loin de la terre.

    #Tenue :
    Qualité du fond d’un mouillage. Les fonds de bonne tenue sont ceux dans lesquels les pattes des ancres pénètrent facilement et ne peuvent cependant en être arrachées qu’avec difficulté.
    La tenue d’un mât est son assujettissement par les étais et les haubans.

    #Teugue :
    Partie couverte du pont supérieur avant, constituant un gaillard d’avant où les hommes de l’équipage peuvent s’abriter.

    #Tiens-bon ! :
    Commandement à des hommes qui agissent sur un cordage, un cabestan, etc... de suspendre leurs efforts tout en restant dans la position où ils sont (voir « Tenir bon »).

    #Tiers (voile au) :
    Synonyme : de bourcet
    Voiles des canots et chaloupes.

    #Tillac :
    Pont supérieur ou parfois plancher d’embarcation.

    #Tins :
    Pièces de bois carrées placées à des distances régulières sur le fond d’une cale-sèche et destinées à soutenir la quille des navires.

    #Tire-veilles :
    Nom donné à un bout de filin terminé par une pomme à la rambarde au bas de l’échelle de coupée d’un navire et auquel on se tient pour monter à bord ou pour en descendre.
    Bout amarré sur l’entremise des bossoirs d’embarcation et auxquels se tient l’armement d’une embarcation quand on la met à l’eau ou quand on la hisse.

    #Tomber :
    – Sous le vent : s’éloigner de l’origine du vent.
    – Sur un navire, une roche : être entraîné par le vent, le courant ou toute autre cause vers un navire, un rocher, etc...
    – Le vent tombe, la mer tombe : le vent diminue d’intensité, les vagues de force.

    #Tonnage :
    Capacité cubique d’un navire ou de l’un de ses compartiments exprimée en tonneaux. Le tonneau est égal à cent pieds cubes anglais ou à 2,83 mètres cubes (c’est le tonneau de jauge) ; Le tonnage exprime toujours un volume.

    #Tonne :
    Grosse bouée en bois, en fer ou en toile.

    #Top :
    Prendre un top : comparer une pendule réglée avec son chronomètre, ou relever un signal horaire au compteur.

    #Tosser :
    Un navire tosse lorsque, amarré le long d’un quai, sa coque frappe continuellement contre le quai par l’effet de la houle.
    A la mer, le navire tosse quand l’AV retombe brutalement dans le creux des vagues.

    #Touage :
    Remorquage, plus particulièrement en langage de batellerie.

    #Toucher :
    Être en contact avec le fond. Toucher terre : faire escale.

    #Touée :
    Longueur de la remorque avec laquelle on hale un navire pour le déplacer.
    Longueur de la chaîne filée en mouillant une ancre. Par extension : longueur d’une certaine importance d’un câble filé ou d’un chemin à parcourir.

    #Touline :
    Petite remorque et plus généralement lance-amarre.

    #Tourner :
    Une manoeuvre : lui faire faire un nombre de tours suffisant autour d’un point fixe pour l’empêcher de filer ou de lâcher.

    #Traîne :
    Tout objet que l’on file à l’arrière d’un navire à l’aide d’un bout de filin.
    A la traîne : un objet est à la traîne lorsqu’il n’est pas placé à la place qui lui est assignée.

    #Transfiler :
    – Deux morceaux de toile : les rapprocher bord à bord au moyen d’un bout de ligne passant alternativement des oeillets pratiqués dans l’un dans ceux pratiqués dans l’autre.
    – Une voile : la fixer à sa vergue, gui ou corne au moyen d’un filin nommé transfilage et passant d’un oeillet à l’autre en embrassant la vergue, le gui, la corne.

    #Traversier :
    Amarre appelant d’une direction perpendiculaire à l’axe longitudinal.
    Un vent traversier est un vent bon pour aller d’un port à un autre et pour un revenir.

    #Trou_d_homme :
    Ouverture elliptique d’un double fond ou d’un ballast.

    #Tunnel :
    Conduit en tôlerie de dimensions suffisantes pour permettre le passage d’un homme et à l’intérieur duquel se trouve une ligne d’arbres entre la chambre des machines et la cloison de presse-étoupe AR.

    V
    #Va_et_vient :
    Cordage en double servant à établir une communication entre deux navires ou entre un navire et la côte, notamment pour opérer le sauvetage des naufragés.

    #Vadrouille :
    Bouts de cordage défaits, serrés sur un manche et servant au nettoyage. Faubert emmanché.

    #Vague_satellite :
    Soulèvement de la mer produit par le mouvement du navire en marche.

    #Varangue :
    La varangue est la pièce à deux branches formant la partie inférieure d’un couple et placées à cheval sur la quille. La varangue est prolongée par des allonges. Tôle placée verticalement et transversalement d’un bouchain à l’autre pour consolider le petit fond du navire.

    #Vase :
    Terre grasse, noirâtre, gluante. La vase peut être molle, dure mêlée ; elle présente généralement une bonne tenue.

    #Veille (ancre de) :
    Ancre prête à être mouillée.

    #Veiller :
    Faire attention, surveiller. Veiller l’écoute : se tenir prêt à la larguer, à la filer. Veiller au grain : l’observer, le suivre.

    #Vélique :
    Point vélique = centre de voilure de toutes les voiles.

    #Ventre :
    La partie centrale d’un bâtiment surtout lorsque ses couples sont très arrondis.

    #Verine :
    Bout de filin terminé par un croc ou une griffe et dont on fait usage en simple ou en double pour manier les chaînes des ancres.

    #Videlle :
    Reprise faite à un accroc dans une toile.

    #Virer :
    Exercer un effort sur un cordage ou sur une chaîne par enroulement sur un treuil, guindeau ou cabestan.
    – Virer à pic : virer suffisamment le câble ou la chaîne pour amener l’étrave du navire à la verticale de l’ancre.
    – Virer à long pic : virer en laissant la chaîne un peu plus longue que la profondeur de l’eau.

    #Virer_de_l_avant :
    faire avancer un navire en embraquant ses amarres de l’avant au cabestan ou au guindeau.
    – Virer sur la chaîne : rentrer une partie de la chaîne en se servant du cabestan ou du guindeau.
    – Virer de bord : changer les amures des voiles.

    #Vit_de_nulet ou #Vi_de_mulet :
    Tige de métal articulée fixée à une vergue, à un gui, à un mât de charge pour le relier au mât qui porte une douille. Employé en particulier pour les mâts de charge.

    #Vitesse :
    L’unité marine de vitesse est le noeud qui représente un mille marin (1852 mètres) à l’heure. Ne jamais dire un noeud à l’heure.

    #Vive-eau :
    Grande marée.

    #Voie_d_eau :
    Fissure ou ouverture accidentelle dans des oeuvres vives.

    W
    #Wharf :
    Littéralement quai, plus spécialement pour désigner un appontement qui s’avance dans la mer au-delà de la barre sur la côte occidentale d’Afrique.

    Y
    #Youyou :
    Très petite embarcation de service à l’aviron et à la voile.