• #Antoine_Petit contesté au #CNRS

    Antoine Petit, le PDG du CNRS, avait cru bon d’en appeler à une loi « darwinienne » pour le financement de la recherche. « Une loi ambitieuse, inégalitaire — oui, inégalitaire, une loi vertueuse et darwinienne, qui encourage les scientifiques, équipes, laboratoires, établissements les plus performants à l’échelle internationale, une loi qui mobilise les énergies. »

    Il vient de se prendre un retour de manivelle percutant. Signé par le gratin de son établissement. Dont la présidente du Conseil scientifique, Dorothée Berthomieu (Institut de chimie moléculaire et des matériaux – Institut Charles-Gerhardt à Montpellier), mais aussi la quasi-totalité des présidents de section du Comité national de la recherche scientifique, des présidents des conseils scientifiques des Instituts du CNRS.

    Cette réaction très officielle et très fâchée s’ajoute à un texte cinglant publié dans Le Monde, intitulé « Le darwinisme social appliqué à la recherche est une absurdité ». Un texte déjà signé par plus de 9 000 personnes et des sociétés savantes (1) qui souligne l’aporie de la métaphore utilisée par Antoine Petit : « Invoquer Darwin pour justifier une #politique_de_la_recherche est un contresens : la #sélection naturelle porte sur des variations aléatoires, or les chercheurs ne travaillent pas au hasard. De plus, ils ne transmettent pas à leurs élèves leur supposé talent… Si l’analogie est vide de sens, peut-être faut-il se tourner vers la doctrine dite du #darwinisme_social ? C’est sous ce label que l’accent mis sur la compétition a été instrumentalisé par ceux qui, derrière le philosophe et sociologue anglais Herbert Spencer (1820-1903), cherchaient à justifier le laisser-faire propre au libéralisme économique, grâce auquel les “plus aptes” écraseraient naturellement les “inaptes”. Pourtant, Darwin lui-même vit très tôt ce que les évolutionnistes explorent massivement depuis cinquante ans : l’entrelacement de la compétition et de la coopération. »

    Plébéiens et patriciens

    L’ironie des auteurs du texte, dont quelques biologistes spécialistes de l’évolution des espèces, s’explique. Les métaphores biologiques utilisées en politiques, c’est une vieille histoire. Déjà, sous la République romaine naissante, un consul expliquait à la plèbe en grève que la société, c’est comme un corps. Certes, l’estomac (les patriciens) semblent n’être que des parasites des bras et des jambes (la plèbe), mais sans estomac, ils ne seraient pas nourris. Donc, faire grève, et ne pas fournir ses aliments à l’estomac allait se retourner contre eux. On ne sait si les plébéiens furent convaincus, mais la solution fut de les engager dans l’armée pour aller conquérir les esclaves qui allaient travailler à leur place.

    Dans le cas de la recherche, la #métaphore_biologique bancale d’Antoine Petit débouche sur la nécessité de dire qui est bon et qui est mauvais, de gaver le premier et de sacrifier le second. Mais comment le savoir ? A la fin des années 1970, le pouvoir politique voulait sacrifier la recherche en virologie, jugée obsolète et peu performante. Un laboratoire plutôt modeste, qui serait aujourd’hui très mal noté par les visiteurs du Haut Conseil pour l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (l’outil que le président Emmanuel Macron veut utiliser pour désigner les bons et les mauvais), s’y consacrait à l’Institut Pasteur. Heureusement, ses dirigeants n’ont pas suivi le vouloir politique. Et l’équipe de M. Montagnier et Mme Barré-Sinoussi ne fut pas éliminée. Du coup, elle découvrit le virus du sida, ce qui accéléra grandement diagnostics et traitements, sauva un nombre de vies innombrable, et, accessoirement, apporta deux Nobel.

    Ajoutons un exemple plus récent : la découverte de CRISPR (une technique d’édition des génomes qui permet d’intervenir avec plus de précision sur l’ADN) dont le potentiel en biotechnologies pour la santé et l’agriculture est immense. Voici ce qu’en dit dans un livre Jennifer Doudna, l’une des deux scientifiques qui ont le plus contribué à sa découverte : « Un ingénieur de la Silicon Valley m’avait dit : “Donnez-moi n’importe quel problème et je vais y investir 10 millions de dollars puis j’embaucherai la meilleure équipe et je résoudrai le problème.” Cela s’applique-t-il à CRISPR ? Probablement pas, car, cette découverte « a été inspirée par une recherche motivée par la curiosité envers les phénomènes naturels. La technologie que nous avons créée n’a pas demandé 10 à 20 millions de dollars pour être développée, mais elle nécessitait une compréhension approfondie de la chimie et de la biologie de l’immunité adaptative bactérienne, un sujet qui peut sembler sans rapport avec l’édition de gènes. Ceci n’est qu’un exemple de l’importance que revêt la recherche fondamentale — la poursuite de la recherche scientifique afin de comprendre notre monde naturel — et de sa pertinence dans le développement de nouvelles technologies. » Au moment où cette recherche commence, impossible de la ranger parmi les « bons » ou « mauvais sujets », impossible de juger ses auteurs comme « bons » ou « mauvais ».

    https://www.lemonde.fr/blog/huet/2019/12/12/antoine-petit-conteste-au-cnrs
    #recherche #France #darwinisme #compétition #inégalité #loi #réforme #it_has_begun #sélection

    • « Le darwinisme social appliqué à la recherche est une absurdité »

      La politique de la science est de plus en plus conduite par la compétition « au détriment de la coopération », s’indigne un collectif de 16 chercheurs.
      Le monde de la recherche française a bondi deux fois en une seule journée, le mardi 26 novembre : le matin, en lisant les propos du président-directeur général du CNRS [publiés dans le quotidien Les Echos], et le soir en visionnant le discours du président de la République pour les 80 ans de cette institution.

      Le premier, Antoine Petit, résumait ainsi l’idéologie qui sous-tend la future loi de programmation de la recherche, dont la présentation est prévue pour février 2020 : « Il faut une loi ambitieuse, inégalitaire – oui, inégalitaire, une loi vertueuse et darwinienne, qui encourage les scientifiques, équipes, laboratoires, établissements les plus performants à l’échelle internationale, une loi qui mobilise les énergies. »

      Le second assurait que les innombrables évaluations auxquelles sont soumis les chercheurs (annuelle, biennale, quinquennale, et lors de chaque publication et projet évalué par les pairs) pourraient diminuer à condition qu’elles permettent une « différenciation » et que les « mauvais » en « assument les conséquences ». Emmanuel Macron a également cité, parmi les « chantiers » de la future loi, la création, à côté des modes de travail statutaires de plus en plus rares, de « CDI de projets », nouvel oxymore désignant des contrats voués à durer le temps d’un projet.

      La dévalorisation des « mauvais » chercheurs fait ainsi écho à l’éloge des « plus performants » par le PDG du CNRS. Une « loi inégalitaire » ? Mesurons la charge : on propose ici de poser comme principe légal la négation d’un des piliers de notre devise républicaine. Mais, au-delà, un « darwinisme » dans la recherche, qu’est-ce à dire ?

      https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/12/06/le-darwinisme-social-applique-a-la-recherche-est-une-absurdite_6021868_3232.

      #paywall

    • Lettre à MM. Petit et Macron, et à tous les tenants de la compétition comme mode de fonctionnement des sociétés humaines

      Cela fait de très nombreuses années que les gouvernements successifs cherchent à mettre en avant les inégalités de traitement comme moteur d’une plus grande efficacité supposée des services publics. Le dernier exemple en date concerne le monde de la recherche et émane de M. Petit, président du CNRS, dans une tribune publiée par Les Echos (26/11/2019). Parlant de la future Loi de Programmation Pluriannuelle de la Recherche, M. Petit appelle de ses vœux « une loi ambitieuse, inégalitaire - oui, inégalitaire, une loi vertueuse et darwinienne, qui encourage les scientifiques, équipes, laboratoires, établissements les plus performants à l’échelle internationale, une loi qui mobilise les énergies. » Ces propos ont déjà fait réagir plusieurs chercheurs dans deux tribunes publiées simultanément par Le Monde (ici et là) la semaine dernière.

      Nous, acteurs de la recherche publique, souhaitons maintenant collectivement interpeller M. Petit et toutes les personnes pensant que la compétition entre individus est une solution pour améliorer le fonctionnement de nos sociétés : depuis Charles Darwin, plus de 150 ans de recherche nous ont appris que la sélection naturelle n’est pas un processus d’optimisation collective. Au contraire, la sélection naturelle opère souvent à l’échelle des individus, favorisant les caractéristiques des individus les plus aptes à survivre et à se reproduire, parfois au détriment du groupe. En biologie évolutive, on ne compte plus les exemples de « culs de sacs évolutifs », voire de « suicides évolutifs », où les avantages à court terme des individus finissent à long terme par faire disparaître une population entière.

      Pour ne prendre que l’exemple de la recherche, que nous connaissons mieux : si l’objectif de la future loi est bien, comme nous l’espérons, de faire progresser la connaissance et son utilité pour la société, sur quels critères devrait se fonder une loi soi-disant « darwinienne » ? Sur l’attribution de plus de moyens aux chercheur.e.s, ou aux groupes de chercheur.e.s, les plus productifs ? Une telle approche repose sur plusieurs postulats non vérifiés, notamment :

      – Qu’il est possible d’évaluer de façon objective la productivité ou la créativité des chercheurs. Or, la dérive du système d’évaluation actuel de la recherche pose beaucoup de questions [1]. Ce système est fondé sur des indicateurs quantitatifs, et favorise donc les chercheur.e.s qui publient le plus, parfois en utilisant des méthodes au mieux discutables (« sélection naturelle d’une mauvaise science », [2]), au pire frauduleuses [3].

      – Que les avancées scientifiques sont obtenues par quelques génies ou dans quelques « centres d’excellence ». Une vision critique de l’histoire des sciences balaie cette assertion [4]. La recherche est avant tout le fait d’équipes de recherche, de travaux expérimentaux de plus en plus collectifs, d’échanges d’idées et de discussions qui enrichissent nos perceptions des problèmes auxquels nous faisons face, rarement d’éclairs de génie isolés.

      – Que les moyens financiers sont « mieux » utilisés lorsqu’ils sont réorientés vers quelques rares personnes ou centres de recherche. Au contraire, miser de manière très inégalitaire sur quelques chercheur.e.s conduit inéluctablement à une perte de productivité de la science. En effet, la productivité marginale (en termes de connaissances produites) d’un euro injecté dans la recherche diminue avec les montants alloués - autrement dit, la même somme produit plus quand elle est divisée entre un plus grand nombre de groupes de recherche (voir la synthèse sur ce sujet [5]).

      En résumé, nous pensons qu’une politique de la recherche fondée sur une augmentation à outrance de la compétition sera contre-productive, parce qu’elle ne sélectionnera pas les caractéristiques des chercheurs qui promeuvent une science de qualité : rigueur, coopération, inventivité, scepticisme et originalité. Ces caractéristiques seront indispensables pour répondre aux défis scientifiques posés par les grands problèmes de société tels que les changements planétaires.

      Nous pensons également que notre raisonnement est valable pour le fonctionnement de bien d’autres institutions, au-delà du monde de la recherche : dès lors qu’un raisonnement fondé sur la mise en concurrence des acteurs est appliqué, les individus qui tirent leur épingle du jeu sont celles et ceux qui ont compris comment remplir les critères de sélection. Dans certains cas, cela peut aller de pair avec une augmentation du bien commun, mais c’est souvent fortuit, et dans de nombreux cas cela conduira à une diminution du bien commun et à une augmentation des inégalités : lorsque réduire son investissement pour le collectif permet de mieux remplir les critères de sélection, alors cette stratégie sera sélectionnée.

      Enfin, les choix de société ne doivent pas nécessairement être inspirés de ce qui se passe dans la nature. C’est aux sociétés humaines de choisir leur système de valeur en utilisant des arguments moraux. Les effets de la compétition dans la recherche et de nombreux autres secteurs de la société font déjà des dégâts considérables démontrés sur la santé mentale des personnes (« Le blues des chercheurs français », Le Monde 14/10/2019). Les recherches les plus sérieuses qui se sont penchées sur le sujet démontrent d’ailleurs que les inégalités pécuniaires ou de statut sont un moteur de mal-être et d’inefficacité, et ce dans toutes les couches de la société [6].

      Concernant la future loi de programmation de la recherche, nous soutenons donc les recommandations des sociétés savantes académiques de France, qui résultent d’une longue consultation de l’ensemble des acteurs de la recherche. Les recommandations identifiées comme prioritaires sont :

      – Faciliter l’organisation de la recherche en redonnant du temps de recherche aux chercheur.e.s et enseignant.e.s-chercheur.e.s, en rétablissant une confiance mutuelle entre administrations et chercheur.e.s et en facilitant la gestion des laboratoires via un assouplissement des règles budgétaires notamment ;

      – Donner plus de moyens à la recherche publique civile en augmentant les dotations de base des laboratoires, en améliorant le fonctionnement et la transparence de l’agence nationale de la recherche [ANR, l’agence en charge de distribuer les crédits sur projet] et en soutenant le montage des dossiers européens et la gestion des contrats obtenus ;

      – Renforcer l’emploi scientifique en augmentant les recrutements permanents dans tous les corps, contrairement à la tendance de ces dix dernières années, et en améliorant les carrières académiques, notamment en diminuant la précarité des jeunes chercheur.e.s ;

      – Dynamiser les interactions entre la sphère académique et le reste de la société en valorisant le doctorat dans le monde économique, en prenant en compte dans leur formation et leur progression de carrière l’implication des acteurs de la recherche publique dans des interactions avec la société et en encourageant des collaborations mutuellement bénéfiques entre la recherche publique et d’autres sphères de la société.

      A l’heure où les acteurs de la recherche et de l’enseignement supérieur se doivent d’être des parangons de rigueur scientifique pour contrer la montée des nouveaux obscurantismes, l’irruption d’un projet de réorganisation du monde de la recherche fondé sur une adhésion dogmatique à des idées néfastes, qui s’appuient sur des postulats systématiquement contredits par les données, suggère une incompréhension, feinte ou patentée, du métier de chercheur par ceux qui aimeraient le régenter. Ne nous méprenons pas sur la justification pseudo-darwinienne donnée à ce projet, renforcer l’inégalité ne saurait augmenter la productivité académique, mais permettra bel et bien d’appliquer la maxime latine Divide et Impera : diviser pour mieux régner. Et régner sur une recherche publique vidée de ses forces vives n’améliorera certainement pas le rang de la France dans les classements académiques qui servent de bréviaires aux défenseurs de ce projet.

      Bibliographie

      [1] Gingras, Y. (2014) Les dérives de l’évaluation de la recherche : du bon usage de la bibliométrie, Raisons d’agir.

      [2] Smaldino, P. E. & McElreath, R. (2016) The natural selection of bad science. Royal Society Open Science, 3. https://doi.org/10.1098/rsos.160384

      [3] Chevassus-au-Louis, N. (2016) Malscience. De la fraude dans les labos, Le Seuil.

      [4] Conner, C. (2011) Histoire populaire des sciences, L’Echappée.

      [5] Aagaard, K., Kladakis, A. & Nielsen, M. W. (2019) Concentration or dispersal of research funding ? Quantitative Science Studies, https://doi.org/10.1162/qss_a_00002

      [6] Wilkinson, R. & Pickett, K. (2013) Pourquoi l’égalité est meilleure pour tous, Les Petits Matins.

      https://www.petitions.fr/recherche__non_a_une_loi_inegalitaire

    • « Loi darwinienne » : au CNRS, le torchon brûle entre le PDG et les scientifiques

      Ses déclarations sur le financement de la recherche publique n’ont pas convaincu les chercheurs - c’est un euphémisme. Résultats : voilà Antoine Petit, actuel PDG du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), sous le feu des critiques, rapporte ce jeudi le Monde, et notamment celles de la présidente du Conseil scientifique de l’établissement, Dorothée Berthomieu et de l’ensemble des présidents de section du CNRS. Dénonçant dans un courrier les écrits d’Antoine Petit, qui appelaient fin novembre à l’élaboration d’une « loi inégalitaire, une loi vertueuse et darwinienne » en vue de la future loi de programmation de la recherche, les scientifiques s’inquiètent en effet du vote d’un texte qui « ne pourrait que renforcer les fragilités actuelles de la recherche publique française » et « une vision de la recherche basée sur la compétition à tous les niveaux ».

      Ils rejoignent ainsi un collectif d’éminents scientifiques auteur·e·s d’une tribune (dans le Monde également) sévère à l’égard de la direction, mais également d’Emmanuel Macron après son discours fin novembre pour les 80 ans de l’institution. Interrogé sur les moyens de la recherche, le président de la République avait alors affirmé qu’« on ne pourra pas mettre plus de moyens pour tout le monde » et qu’il faudra « travailler sur l’attractivité » de la recherche. « La référence au darwinisme social dit le fond d’une politique de la recherche, soulèvent quant à eux les signataires de la tribune, depuis vingt ans, le curseur a été sciemment poussé vers la compétition au détriment de la coopération. (...) La loi à venir poussera à son terme cette logique, dont aucun effet positif n’a pu être observé. »

      https://www.liberation.fr/direct/element/loi-darwinienne-au-cnrs-le-torchon-brule-entre-le-pdg-et-les-scientifique

    • François-Xavier Fauvelle : « Monsieur le PDG du CNRS, savez-vous ce que votre darwinisme fait à la recherche ? »
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/12/23/francois-xavier-fauvelle-monsieur-le-pdg-du-cnrs-savez-vous-ce-que-votre-dar

      M. Petit nous dit qu’il aurait été mal compris et que ce darwinisme social serait très éloigné de ses valeurs personnelles [Le Monde du 18 décembre]. Le problème, voyez-vous, M. Petit, c’est que ce sont vos mots et vos formules qui nous permettent de juger de vos valeurs.

      Les propos d’Antoine Petit ne sont ni tout à fait neufs ni surtout de nature à améliorer le système français de recherche. Ils s’inscrivent dans une histoire déjà longue de gouvernance managériale du milieu académique, appliquée par tous les gouvernements successifs depuis deux décennies et dont M. Petit est aujourd’hui l’instrument. Le mot d’ordre de cette gouvernance est : soyez plus « compétitifs ». Les moyens pour y parvenir sont la précarisation, l’évaluation, et à présent la sélection darwinienne.

      #paywall

    • #Merci @simplicissimus voici le texte complet :

      #François-Xavier_Fauvelle : « Monsieur le PDG du CNRS, savez-vous ce que votre darwinisme fait à la recherche ? »

      L’historien interpelle, dans une tribune au « Monde », Antoine Petit, président-directeur général du CNRS, après le plaidoyer de celui-ci en faveur d’une recherche plus compétitive. Ce n’est pas, estime le professeur au Collège de France, ce qui améliorera les performances, mais ce qui les entrave aujourd’hui et pourrait les détruire demain.

      Tribune. Antoine Petit, PDG du CNRS, le plus grand organisme français de recherche, a livré à la communauté scientifique et au public sa vision du monde de la recherche et les orientations qu’il compte faire inscrire dans la future loi de programmation [Les Echos du 26 novembre, Le Monde du 18 décembre]. Quelques « petites phrases » savamment dosées et plusieurs fois réitérées ont fait bouillir l’immense majorité de la communauté scientifique. Selon Monsieur Petit, la recherche serait un monde « darwinien » dans lequel les « meilleurs » chercheurs et équipes devraient être favorisés par des lois « inégalitaires », et les autres condamnés à la disparition.

      De tels propos reflètent une ambiance politique décidément à la mode, qui aime à se représenter la société comme le théâtre d’un combat à mort dont sortent des « vainqueurs » et des « perdants »

      De tels propos reflètent une ambiance politique décidément à la mode, qui aime à se représenter la société comme le théâtre d’un combat à mort dont sortent des « vainqueurs » (winners) et des « perdants » (losers). On croyait à tort ce darwinisme social confiné à certaines marges idéologiques de nos sociétés. Car comment peut-on lucidement plaider pour que des lois naturelles qui expliquent la lutte pour la survie des espèces deviennent des lois normatives s’appliquant à la société ? M. Petit nous dit qu’il aurait été mal compris et que ce darwinisme social serait très éloigné de ses valeurs personnelles [Le Monde du 18 décembre]. Le problème, voyez-vous, M. Petit, c’est que ce sont vos mots et vos formules qui nous permettent de juger de vos valeurs.

      Les propos d’Antoine Petit ne sont ni tout à fait neufs ni surtout de nature à améliorer le système français de recherche. Ils s’inscrivent dans une histoire déjà longue de gouvernance managériale du milieu académique, appliquée par tous les gouvernements successifs depuis deux décennies et dont M. Petit est aujourd’hui l’instrument. Le mot d’ordre de cette gouvernance est : soyez plus « compétitifs ». Les moyens pour y parvenir sont la précarisation, l’évaluation, et à présent la sélection darwinienne.

      Un supposé « modèle américain » caricaturé

      Ce discours n’a cessé de brandir deux instances qui commanderaient une telle orientation. D’une part un supposé « modèle américain » caricaturé, qui garantirait des résultats quantifiables (comme par le classement dit « de Shanghaï ») dans un environnement de compétition internationale. On a donc « américanisé » le système français de recherche. Par l’assèchement des crédits récurrents des laboratoires et des universités, on a jeté chacun contre tous en quête d’un poste salarié, d’un programme financé ; on a multiplié les procédures d’évaluation ; on a diminué le nombre de postes et multiplié les contrats courts. Mais on a oublié de compenser cette pression supposément « vertueuse » par des conditions « américaines » de recherche : la sécurité de l’emploi (dont bénéficient, sauf banqueroute de leur institution, la quasi-totalité des universitaires en poste aux Etats-Unis, universités publiques et privées comprises), les salaires plusieurs fois supérieurs à ceux de la France, les crédits de recherche systématiquement alloués aux chercheurs individuels, l’accès à de multiples agences de financement.

      L’autre instance est le « contribuable » : c’est en lui hurlant à l’oreille pour s’assurer ses bonnes grâces que nos gouvernants n’ont cessé de répéter que les chercheurs et chercheuses devaient être soumis à une « évaluation », comme les élus sont soumis à l’évaluation de leurs électeurs, les boulangers à celle des clients du quartier, les entreprises à celle du marché, du manageur, des actionnaires. On a donc créé de toutes pièces, à l’intention des chercheurs, des procédures « démarche qualité » envahissantes. Il y a pourtant de très bonnes raisons pour que la recherche ne soit pas soumise à ces procédures : notre domaine d’activité est fondé sur des règles de fonctionnement instituées depuis deux siècles. Ce sont des procédures dites d’« évaluation par les pairs » (peer review), parfois publique (dans le cas d’une thèse, par exemple, parce que c’est un diplôme universitaire qui donne le titre de docteur, reconnu par l’Etat), parfois anonyme (pour éviter les conflits de personnes), parfois même en « double anonyme » (double blind).

      La loi du métier

      C’est la loi de ce métier, sans doute le seul soumis à une évaluation permanente : on ne cesse d’évaluer et d’être évalué à chaque diplôme que l’on passe, à chaque concours, à chaque article que l’on soumet pour publication, à chaque demande de financement que l’on dépose à un bâilleur de fonds publics ou une fondation. Faut-il s’étonner, comme le font certains, de l’autonomie de ces procédures internes par rapport au reste de la société ? Elles sont pourtant le fruit d’un équilibre entre le consensus nécessaire à l’existence de savoirs partagés et le dissensus qui permet le dépassement de vérités par d’autres vérités.

      M. Antoine Petit, votre vision d’une recherche plus compétitive et mieux évaluée n’est pas ce qui améliorera les performances des chercheuses et des chercheurs ; elle est ce qui les entrave aujourd’hui et ce qui les détruira demain si nous vous laissons faire. La « sélection » que vous appelez de vos vœux pour satisfaire votre représentation rêvée de l’Amérique et du contribuable est en réalité déjà là. La politique systématique d’assèchement des crédits récurrents de la recherche, la réduction catastrophique du nombre de postes ouverts aux jeunes chercheurs, la compétition pour les financements de recherche « sur projet » pour pallier la pénurie de financements récurrents, l’évaluation administrative permanente aux niveaux individuel et collectif et à tous les échelons de toutes les structures (universités, organismes, laboratoires, filières de formation…) ont déjà pour effet de jeter tout le monde contre tout le monde.

      « En vouloir »

      Il faut déjà « en vouloir » pour réaliser une thèse de doctorat qui durera quatre, cinq ou six ans selon les spécialités, en ne bénéficiant le plus souvent pas (du moins dans les sciences humaines et sociales) de contrats doctoraux financés ; l’oublier, c’est négliger le fait que la formation doctorale est de ce fait essentiellement subventionnée par les chercheurs eux-mêmes et leurs familles, qui sont aussi des contribuables. Il faut « en vouloir » pour se présenter plusieurs années de suite aux concours de recrutement des universités et des grands organismes de recherche ou dans le privé, souvent sans salaire, tout en répondant de son mieux à l’injonction « Tu publieras, pour être recrutable, trois articles par an comme premier auteur dans une revue de rang A » ; l’oublier, c’est refuser de voir qu’une partie essentielle de ce que la recherche produit de plus neuf l’est par des hommes et des femmes en recherche de postes et par leurs familles, qui sont toujours nos contribuables.

      Savez-vous, M. Petit, ce que ce système, les mots que vous employez pour le décrire, votre darwinisme, fait à la recherche ? Savez-vous la misère morale, les rancœurs, les renoncements, qu’engendre cette compétition inutile et toxique ? Voyez-vous son absurdité économique ?

      Quant aux « perdants » des recrutements, celles et ceux qui à la mi-trentaine, après avoir consacré leur première carrière bénévole à la recherche, se tournent, faute de postes, vers d’autres métiers, diriez-vous qu’ils ou elles sont des losers qui ne méritent que leur sort, des spécimens moins adaptés que d’autres et voués à l’extinction darwinienne ? Il faut encore « en vouloir » pour, ayant satisfait de telles exigences, avoir néanmoins poursuivi une recherche de fond qui ne privilégie pas la « rentabilité » à court terme, l’article court et sexy, facilement publiable et vite périmé. Il faut « en vouloir » pour, constatant, à peine recruté, qu’on ne bénéficiera de rien d’autre que de son salaire et d’un bureau partagé à trois ou quatre, et que le système ne vous alloue pas de crédits de recherche, comprendre qu’il faudra alors « se battre », c’est-à-dire déposer plusieurs fois chaque année, jusqu’au succès, des projets de recherche à plusieurs dizaines ou centaines de milliers d’euros.

      A ce jeu, bien sûr, il ne peut pas y avoir que des vainqueurs, la principale agence de financement française (l’Agence nationale de la recherche) offrant des taux de retour de projets « gagnants » inférieurs à 15 % : un taux aussi scandaleusement bas ne peut pas garantir qu’un excellent projet, même soumis plusieurs fois, l’emporte sur d’autres projets, excellents ou pas. Ce système est donc plus injuste qu’une loterie. Il faut « en vouloir » pour, n’ayant pas obtenu ce type de financement sur projet, poursuivre néanmoins sa recherche sur ses crédits personnels, ou bien frapper à la porte de sa ou de son collègue de bureau, ni plus ni moins méritant, ou peut-être plus constant, ou peut-être plus winner, et lui demander quelques centaines d’euros pour un déplacement. Savez-vous, M. Petit, ce que ce système, les mots que vous employez pour le décrire, votre darwinisme, fait à la recherche ? Savez-vous la misère morale, les rancœurs, les renoncements, qu’engendre cette compétition inutile et toxique ? Voyez-vous son absurdité économique ? Avez-vous la moindre idée que ce système éteint chez beaucoup le génie et le désir, pour favoriser vos survivants darwiniens qui n’ont jamais demandé que leur succès passe par un tel gâchis ?

      Une réforme en profondeur

      Puisque vous avez l’air, M. Antoine Petit, de vouloir une réforme en profondeur, nous vous en proposons une, radicale et authentiquement ambitieuse ; elle libérerait l’énergie, le talent, l’excellence, aujourd’hui freinés. Elle tient en deux points qui ne vous coûteront rien, plus un qui nous coûtera.

      Un : réabondez les crédits récurrents de la recherche en diminuant drastiquement ceux alloués sur projets. L’immense majorité des chercheurs et des chercheuses y retrouveront les modestes moyens dont ils ont besoin pour travailler et, le moment venu au cours de leur carrière, ils déposeront un projet ambitieux nécessitant des moyens plus importants. Les agences de financement ne seront plus dès lors inondées de demandes, évalueront avec sérieux celles soumises et offriront des taux de retour de 40 %, conformes aux moyennes « américaines » qui garantissent qu’un projet excellent soit financé à la première, deuxième ou troisième tentative.

      Deux : exigez que soient supprimées toutes les « agences de notation » qui s’ajoutent à nos procédures scientifiques en mobilisant, plusieurs semaines par an, soit en tant qu’évalué, soit en tant qu’évaluateur, tous les acteurs de l’enseignement et de la recherche, au prix d’un invraisemblable gaspillage d’énergie, de temps et d’argent.

      Trois : ouvrez des postes, recrutez à tour de bras dans tous les domaines où nous avons besoin de connaissances nouvelles, de connaissances pas forcément « rentables » mais néanmoins utiles pour nous diriger dans le monde et connaître nos prochains, mais aussi de connaissances dont nous n’avons pas encore besoin. Ce dernier conseil permettrait au système français de recherche de se rapprocher un tout petit peu du modèle « américain » ; et c’est un contribuable qui vous parle.

      https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/12/23/francois-xavier-fauvelle-monsieur-le-pdg-du-cnrs-savez-vous-ce-que-votre-dar
      #performance #vainqueurs #perdants #précarisation #évaluation #sélection_darwinienne #modèle_américain #compétition_internationale #évaluation_par_les_pairs #peer_review #évaluation_administrative

    • Le cauchemar de Darwin — à propos d’une tribune d’Antoine Petit, pdg du CNRS (18 décembre 2019)

      Antoine Petit a commis une tribune en accès payant dans le quotidien Le Monde ce 18 décembre 2019, dont le ton et le contenu restent à l’opposé de ce que la communauté des chercheurs et chercheuses a récemment dit attendre (voir https://academia.hypotheses.org/6055 et https://academia.hypotheses.org/5859). En voici une lecture assurée par le mathématicien #Antoine_Chambert-Loir, nouveau rédacteur d’Academia.

      Dans une tribune publiée par le journal Le Monde du mercredi 18 décembre 2019 (https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/12/18/antoine-petit-nous-avons-un-imperieux-besoin-d-une-grande-loi-ambitieuse-et-), Antoine Petit, président-directeur-général du CNRS, revient sur les « réelles ambitions scientifiques » qu’il a pour l’établissement qu’il dirige. Cette tribune fait suite à une précédente, qu’il avait publiée dans Les Echos, du 26 novembre 2019 (https://www.lesechos.fr/idees-debats/sciences-prospective/la-recherche-une-arme-pour-les-combats-du-futur-1150759) et à son discours du même jour, prononcé au Palais de la découverte, à l’occasion du 80e anniversaire du CNRS, en présence du président de la République.

      Les propos d’Antoine Petit avaient déjà suscité étonnement et colère, en particulier par la référence à la théorie de l’évolution de Darwin :

      « Il faut une loi ambitieuse, inégalitaire — oui, inégalitaire, une loi vertueuse et darwinienne, qui encourage les scientifiques, équipes, laboratoires, établissements les plus performants à l’échelle internationale, une loi qui mobilise les énergies. »

      et par le #vocabulaire_guerrier employé tout au long de sa tribune, dès son titre : « La #recherche, une #arme pour les #combats du futur. »

      Des réseaux sociaux jusqu’au Conseil scientifique du CNRS (https://www.lemonde.fr/blog/huet/2019/12/12/antoine-petit-conteste-au-cnrs), de nombreux collègues ont émis une contestation détaillée des propos d’Antoine Petit.

      La façon dont Antoine Petit revient aujourd’hui sur ses propos initiaux est encore plus problématique. Petite revue en quelques points.

      1. Son texte commence par un auto-satisfecit bienvenu du CNRS et par l’affirmation de la volonté de la communauté scientifique de répondre aux grands défis du moment. C’est une entrée en matière et on peut comprendre que la recherche

      fondamentale disparaisse provisoirement du radar. Il continue en évoquant « une très large consultation des laboratoires » qui a permis au CNRS de formuler dès juillet 2019 des propositions « que ce soit en matière de financement de la recherche, d’attractivité des emplois et carrières scientifiques, ou plus largement de recherche partenariale et d’innovation ». Là, Antoine Petit marche joyeusement sur la tête — ou plutôt sur les pieds de toute la communauté scientifique.
      Car ce qui est sorti de ces consultations était très différent du rapport produit par la direction du CNRS, malgré toute la diversité que commandent des pratiques scientifiques parfois assez éloignées.
      La communauté réclame des moyens, des postes, la diminution du poids de la recherche par projet ; le CNRS propose des contrats de chantier, la création de « tenure tracks pour les universités volontaires » et diminue le nombre de postes statutaires. Invité à l’émission du Téléphone sonne (France Inter) du 27 novembre (https://www.franceinter.fr/emissions/le-telephone-sonne/le-telephone-sonne-27-novembre-2019), Petit énonçait l’idée même qu’un recrutement précoce lui semblait anachronique.

      2. Antoine Petit devait bien sûr revenir sur sa demande d’une « loi vertueuse et darwinienne » pour la recherche, d’une « loi ambitieuse, inégalitaire – ou différenciante s’il faut faire dans le #politiquement_correct ».
      Tout le monde est passé assez vite sur sa demande d’une loi « inégalitaire » dans un pays dont la devise est Liberté, égalité, fraternité. L’allusion au « politiquement correct » n’a pas non plus fait couler trop d’encre ; elle est pourtant une génuflexion à la droite extrême américaine qui est peu à peu parvenue à imposer cette idée que le souci de l’égalité serait une aberration utopique un peu

      ridicule.
      Des collègues juristes pourraient probablement commenter longuement l’idée qu’une loi soit « vertueuse ». Antoine Petit reconnaît aujourd’hui « bien volontiers » une provocation. Est-ce bien là une posture raisonnable pour le président-directeur-général du principal établissement de recherche publique français que de diffuser des provocations à l’encontre de ses personnels dans une presse (Les Échos) pas particulièrement bienveillante envers la recherche publique ? Est-ce que ce « bien volontiers » un peu patelin peut excuser ce débordement ?
      Des collègues biologistes ont expliqué dans le détail en quoi la comparaison avec Darwin était un contre-sens, comment cette théorie explique l’évolution des espèces sur un temps long, et non par une compétition immédiate entre individus. D’autres ont démontré comment ce darwinisme relevait plutôt de la théorie du « darwinisme social » — une adaptation par Herbert Spencer de la théorie de Darwin à la société, que Darwin avait d’ailleurs lui-même combattue. Il aurait pu tenir compte de ces explications, les lire, se documenter. Mais non, il reproche un « glissement sémantique », fait référence à ses opinions personnelles qui, en tant que président-directeur-général du CNRS, nous intéressent beaucoup moins que le projet qu’il a pour cet établissement.
      Et c’est justement là qu’Antoine Petit, précisément en tant qu’il est le président-directeur-général du CNRS, dépasse largement les bornes de la décence, lorsqu’il qualifie de façon méprisante ces collègues « d’esprits savants » en regrettant seulement qu’il ait « pu heurter la sensibilité de certains ». Manifestement, Antoine Petit a quitté le cercle des scientifiques auquel il appartenait pour rejoindre celui où l’on espère quelque profit politique à moquer les savants qui, chaque jour, font progresser la connaissance, les mêmes savants dont il a pourtant la charge.

      3. Il évoque les difficultés financières du CNRS, « la perte de plus de 3000 emplois en 10 ans ». Mais il ne dit rien de son attitude face aux représentants du collectif RogueESR lorsque la communauté, au début de cette année, avait protesté contre les suppressions de 50 postes de chargés de recherche. Il ne dit rien non plus de la façon dont le Conseil scientifique modifie les classements de recrutements qu’avaient effectué les collègues des sections du Comité national (https://academia.hypotheses.org/3289), certes en en ayant le droit, mais en s’asseyant de façon très cavalière sur leur travail fouillé, le dénigrant même comme lorsqu’il disait au micro de France Culture le 25 juin 2019 (https://www.franceculture.fr/societe/cnrs-le-pdg-repond-aux-accusations-de-discrimination :

      « J’imagine que dans votre métier, vous êtes capable de me dire : ceux-là, c’est plutôt des “bons journalistes”, ça c’est plutôt des “journalistes moyens”, et ceux-là sont plutôt “moyennement journalistes”… »

      Il sait pourtant, il n’a probablement pas oublié, que le travail de recrutement d’un Comité national est un peu plus détaillé que de classer les candidats en bons ou moyens. Il ne dit rien encore de la façon dont il espère attirer des « stars » venues de l’étranger. Sans parler des différences de rémunération, on pourrait par exemple imaginer qu’il se préoccupe de leur future retraite, notamment dans la situation incertaine de la réforme proposée par le gouvernement.
      Il n’évoque pas non plus les craintes soulevées par le journaliste Martin Clavey dans son blog The Sound of Science (https://www.soundofscience.fr/1899) que d’utiliser la section 50 (Gestion de la recherche) du Comité national, cette année dotée de 12 postes de directeur de recherche (contre 2 ou 3 les années précédentes) pour nommer — via le Conseil scientifique — des candidats éventuellement désignés par les autres sections du CNRS. Bien entendu, il n’évoque pas le fait que ces dernières années, la politique du CNRS ait explicitement prohibé (sous menace de déclassement) le recrutement de directeurs de recherche qui ne fussent pas issus du CNRS, au mépris des lois sur l’impartialité des recrutements.

      4. Le 26 novembre, Antoine Petit, à moins que ce ne fût Emmanuel Macron lui-même, nous disait « vous ne serez pas moins évalués ». Aujourd’hui au moins, il reconnaît un « trop-plein d’évaluation ». Mais il exige de ne soutenir que les recherches « au meilleur niveau international ». Et cela n’a aucun sens ! Cela signifierait ne plus soutenir des disciplines dans laquelle la France ne serait pas en pointe, au risque d’une perte de savoir-faire, sans voir que le développement de ces disciplines pourrait être fondamental pour des disciplines voisines. Il feint aussi d’ignorer que, presque par principe, la recherche scientifique connaît des creux, des obstacles ; grâce à l’acharnement des collègues, ce n’est que pour mieux rejaillir ensuite.

      5. Il fallait bien qu’Antoine Petit évoque le financement de la recherche. Il le fait au moyen d’un truisme « L’argent n’est pas infini » problématique à plusieurs titres. Tout d’abord, il admet sans contestation les arbitrages de Bercy. Si la fonction d’Antoine Petit n’est pas d’aller chercher l’argent avec les dents, à quoi sert-il ?
      Ensuite, ce truisme minore le faible investissement de la France dans sa recherche publique. On peut revenir ici sur le rôle qu’il laisse à l’Agence nationale de la recherche lorsqu’il demande que son budget « s’aligne sur les standards internationaux ». Alors que la communauté scientifique lui a dit, dans le détail, le temps qu’elle perdait à répondre à ces appels d’offre, que ne réclame-t-il que cet argent soit affecté directement au CNRS et à ses chercheurs ? Si c’est une question d’évaluation des travaux, le CNRS, via le Comité national, ou l’Hceres, seraient en très bonne position pour lui indiquer les équipes les plus dynamiques, ou celles dont les besoins sont les plus urgents.

      6. Comme lors du 26 novembre, c’est la perspective de la loi de programmation pluriannuelle pour la recherche qui semble motiver la tribune d’Antoine Petit. Seulement, il y a loin d’une loi à ses effets. Surtout quand ce qui empêche la recherche française de fonctionner raisonnablement n’est pas tant son organisation que le manque de moyens qui lui est donné. Car si tous les exposés des motifs des lois successives consistent à répéter « excellence, excellence, excellence » (en sautant sur sa chaise comme un cabri ?), on devinait dès 2008, et on sait aujourd’hui, tant par l’analyse a posteriori des différents rapports produits dès 2003, que par les effets de la #loi_LRU, comment cette invocation de l’excellence n’a pour seul but que de masquer la baisse de l’investissement français à la recherche publique.

      7. La fin de la tribune d’Antoine petit évoque la « #coopétition, mélange de coopération et de compétition ». Dans l’entreprise, ce néologisme caractérise des situations où des concurrents décident de mener un partenariat industriel ou commercial. Mais je dis que dans le contexte de la recherche, ce mot subtil n’est que du baratin. Il existe bien sûr une forme de compétition dans la recherche, qui consiste dans certains cas à faire la course pour obtenir une découverte avant une équipe concurrente.
      Mais prenons un peu de recul : à l’échelle de l’humanité, du point de vue des connaissances acquises par les humains, quel intérêt cette compétition a-t-elle ?

      Institutionnalisée, elle est en revanche un remarquable outil de management. Il y a une dizaine d’années, le ministre allemand de la recherche était invité à prononcer un discours lors de l’inauguration de la promotion de l’Institut universitaire de France auquel j’avais été nommé. Son vocabulaire m’avait déjà frappé : lorsqu’il s’agissait d’États ou d’organismes de recherche, il s’agissait de coopération ; dès qu’il était question de chercheurs, de compétition. Antoine Petit dit que « la compétition ne nous fait pas peur ». Et bien elle devrait. Car toutes ces choses-là, de la compréhension du VIH à celle de la cohomologie des schémas en passant par les trous noirs et le linéaire B, sont trop importantes pour être ravalées à une sordide compétition.

      https://academia.hypotheses.org/6219
      #LRU

    • Backlash over call for ‘Darwinism’ in French research funding

      Ahead of a new law that critics fear will reduce tenure rights, French scientists have opposed CNRS chief’s full-throated support for competition.

      The chief executive of France’s leading network of research institutes has faced a huge backlash from scientists after calling for a new law to unleash “Darwinian” competition among academics for funding.

      Antoine Petit’s comments appear to have set off an unprecedented row within the French National Centre for Scientific Research (CNRS) ahead of a new research law set to come before the French parliament in February or March.

      Writing in Les Echos in November, Professor Petit called for an “ambitious, unequal law – yes, unequal, a virtuous and Darwinian law, which encourages the most efficient scientists, teams, laboratories and establishments on an international scale”.

      Some of the CNRS’ top scientists, including the president of its scientific council, responded that the comments had caused “deep disapproval and deep concern” in an open letter released the following month.

      “There is complete consensus within the CNRS [against this approach] – except for the head,” said François Massol, a CNRS evolutionary ecologist.

      The row has continued into the new year, with a steady stream of public condemnation from French scientists. One geneticist argued in a recent Liberation article that Darwin himself, who preferred “patient reflection away from competitive relentlessness”, would never have had his research supported under the CNRS as envisaged by Professor Petit.

      Meanwhile, 29 faculties and 26 labs were reported to be on strike in protest against the proposed changes, and the wider pension reforms that in December brought hundreds of thousands of protesters on to the streets.

      One group of researchers, including Dr Massol, have taken aim at what they see as Professor Petit’s misapplication of Darwinism.

      “Natural selection operates at the individual level, favouring the characteristics of those who can survive and reproduce, sometimes to the detriment of the group or even the species,” they wrote in a petition in December, which has garnered close to 15,000 signatures and support from 39 academic societies. Instead, they recommend freeing up more research time, better funding and more permanent positions.

      Professor Petit has been “misusing science for the sake of science policy”, said Dr Massol.

      Speaking to Times Higher Education, Professor Petit acknowledged that if looked at “from a specialist point of view, the use of the Darwin term was not fully appropriate”.

      The point was to emphasise that France needs to “attract the best scientists and support the best teams” and that it would be “useless” to distribute money equally across all the country’s research institutions, he said.

      “Sometimes in France, we have a problem with equality, we like to have everybody equal,” Professor Petit said. “Science is like sport. Everybody can play soccer, but not everybody can play in the Champions League.”

      Critics disagreed. “If you concentrate research money on a few labs or people, you’ll have much more conservative science, which is less exploratory,” said Philippe Huneman, a CNRS research director focusing on evolutionary biology.

      Pervasive job insecurity would drive more academics to research fraud, he added.

      France’s new research law is yet to be made public. But judging from preliminary discussions, Professor Huneman feared it could make the previously permanent positions of assistant professor and CNRS junior researcher temporary.

      Professor Petit said that he would be “very surprised” if the law scrapped tenure for these positions, given the strength of opposition. Instead, it could introduce a new “experimentation” career track for a small proportion of academics, with tenure awarded later than it is now. He also hoped that the new law would come with substantial new funding.

      https://www.timeshighereducation.com/news/backlash-over-call-darwinism-french-research-funding

      Comme dit Benoît Kloeckner sur twitter :

      « Chaque fois que Petit s’explique sur sa sortie Darwinnienne c’est pire »

      –-> commentaire à cette citation :

      « “Sometimes in France, we have a problem with equality, we like to have everybody equal,” Professor Petit said. “Science is like sport. Everybody can play soccer, but not everybody can play in the Champions League.” » (Antoine Petit cité par le THE).

      https://twitter.com/BrKloeckner/status/1219714969505271809?s=03
      #sport #football

    • Petit debunk sur la notion d’#égalité par Julien Gossa

      « Le système de la recherche n’est pas égalitaire, ça n’a pas de sens. »
      Interview d’Antoine Petit dans @TheMeta_News

      –---

      1. « C’est la #nature »

      C’est la définition même du spencérisme ou darwinisme social.

      2. « C’est partout pareil »

      Il s’agit d’une pure reprise de @LaurenceParisot, ex présidente du MEDEF : « La vie, la santé, l’amour sont précaires, pourquoi le travail échapperait-il à cette loi ? »

      Ce type de comparaison a très peu de sens :
      – les domaines ne sont en rien comparables ;
      – rien ne prouve que les inégalités dans ces domaines soient efficaces.

      Exemple : le sport est inégalitaire, mais les règles sont claires et on peut facilement mesurer les performances. Au 100m, le premier arrivé gagne.

      En recherche, on ne sait pas définir "premier arrivé" et on ne sait pas le mesurer.

      La comparaison tombe à l’eau.

      Exemple : le cinéma et la grande cuisine sont inégalitaires, mais a-t-on mesuré ce qu’on y gagnait et ce qu’on y perdait ?
      De combien de bons plats ou films se passe-t-on à cause de ce système ? Impossible à dire.

      L’inégalité existe, mais elle n’est pas nécessairement bonne.

      3. « On le fait déjà, il n’y a donc rien de choquant »

      On a là l’enchaînement logique qui permet de tout justifier.
      « [insérez un truc ignoble] ? C’est la nature humaine, d’autres le font, et nous aussi on le fait déjà. » Donc c’est ok ?

      (essayez, ça marche vraiment)

      4. Mélange du #besoin et des #performances

      Ce n’est pas du tout la même démarche que de distribuer à chacun selon ses besoins et selon ses performances.

      Mélanger les deux est particulièrement spécieux.

      Une analogie avec la santé pour essayer de préciser les choses :
      Soigner selon les besoins, c’est décider de soigner les plus malades.
      Soigner selon les performances, c’est décider de soigner les plus importants (donc les plus riches).

      Ca s’exclue mutuellement.

      5. Le coup du tabou : Antoine Petit dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas...
      Ou pas. Il n’en sait rien. Qu’il le prouve.

      Il a les moyens de monter une enquête auprès des personnels, qu’il le fasse. Et qu’il en tire les conséquences.

      En attendant, on a une très grosse consultation menée par 23 sociétés savantes qui a reçu plus de 9000 réponses, et ses conclusions sont contraires aux affirmations du PDG du CNRS.

      http://blog.educpros.fr/julien-gossa/2019/08/15/bilan-2018-2019-iv-recherche

      6. Mélange de trois choses qui n’ont strictement rien à voir : ANR, classements et disputatio (édition scientifique).

      La #disputatio est inhérente et aussi vieille que la production scientifique.

      L’ANR et les classements ont 15 ans et n’ont jamais prouvé leur efficacité.

      En clair, il est indispensable pour la production scientifique que les chercheurs soumettent leurs articles à d’autres chercheurs qui les sélectionnent.

      Il n’est pas du tout indispensable de passer par l’ANR et les classements. On a fait très longtemps sans, et mieux.

      7. Parmi ceux qui s’expriment contre les inégalités, on trouve des gagnants des inégalités. « c’est d’ailleurs drôle ».

      Ici, on a simplement une négation des principes et de l’idéal. Pour Petit, si on est gagnant d’un système, on ne doit pas le critiquer.

      Illustration : Sauf à me balader nu, je dois porter des vêtements, la plupart fabriqués par des enfants de pays pauvres. Donc je dois être pour le travail des enfants, et la pauvreté d’autres pays.

      C’est « Mister Gotcha », dans le texte :

      Les raisonnements et confusions présentés par M. Petit visent à empêcher toute pensée critique et donc toute amélioration.

      Ils oublient simplement les notions de principe, d’idéal et de progrès, en justifiant l’existant par l’existant.

      Il ne peuvent conduire qu’au pire.

      https://twitter.com/JulienGossa/status/1220633089107464193?s=20

    • « Le milieu de la recherche est inégalitaire »

      Antoine Petit, PDG du CNRS, a choisi TMN pour parler de la future loi de programmation, du système de recherche, de la parité… et de Darwin, bien sûr. Interview.

      Si on lit la tribune des Echos parue en novembre dernier, vous plaidez pour une réforme darwinienne, d’une part, mais surtout inégalitaire. Qu’est-ce qu’une réforme inégalitaire ?
      J’ai indiqué le soir des 80 ans du CNRS devant Emmanuel Macron que la réforme devait être inégalitaire ou « différenciante », si l’on devait faire dans le politiquement correct [Si vous voulez réécouter, c’est par ici, NDLR]. Pour moi, le milieu de la recherche est par nature inégalitaire, comme le sont tous les milieux de haut niveau : le sport est inégalitaire, la grande cuisine est inégalitaire, le cinéma aussi. En recherche, on passe notre temps à créer des inégalités : entre les gens pris au CNRS et ceux qui ne le sont pas, entre les directeurs de recherche et ceux qui ne le sont pas, etc. Je ne pensais pas que cela allait perturber les gens à ce point-là : je voulais simplement dire qu’on ne pouvait pas avoir une loi qui consisterait à avoir 100 et à donner 1 à chacun. La loi devait assumer que tout n’est pas égal, que certaines disciplines ont besoin de plus de moyens que d’autres, qu’il y a des champs où il faut moins investir, que des gens sont plus performants que d’autres, etc. Ce sur quoi tout le monde est d’accord… mais il ne faut pas le dire. Je n’ai notamment pas entendu grand monde remettre en cause l’existence de l’Agence nationale de la recherche (ANR), qui crée des inégalités de fait : soit vous êtes pris, soit vous ne l’êtes pas. Nous avons en 2019 proposé que les taux de succès aux appels à projet soient portés à 30% ou 40%, cela crée également des inégalités. Autre exemple : le classement de Shanghai, qui traumatise totalement les universités. C’est donc une fausse polémique comme on les adore ; le milieu de la recherche veut se croire égalitaire alors qu’il est tout sauf égalitaire, en commençant par la base : quand on soumet un papier, il peut être rejeté. C’est le quotidien des chercheurs. Mais le fait de le dire a perturbé un certain nombre de gens, y compris parmi des normaliens, des gens en poste à l’institut universitaire de France ou même, c’est d’ailleurs drôle, au Collège de France. Le système de la recherche n’est pas égalitaire, ça n’a pas de sens.« M’accuser de darwinisme social
      est très facile mais ce n’est que
      de la rhétorique . »

      https://www.themeta.news/interview-a-petit

  • LES NOUVELLES DE NORVÈGE : « UNE VERSION MODÉRÉE DU CRÉATIONNISME AMÉRICAIN »

    La Norvège c’est aussi ça.

    La Norvège est censée être un des pays les plus progressistes du point de vue des idées, des pratiques sociales, de la pensée... Mais c’est sans compter avec les super-riches qui ne savent pas trop quoi faire de leur fric. L’armateur Einar John Rasmussen (81 ans) qui habite à Kristiansand [dans une région réputée être la plus religieuse et conservatrice du pays] a décidé de contribuer à hauteur de 15 millions de couronnes norvégiennes (150 000 euros) au fonctionnment de la toute nouvelle fondation "BioCosmos". Le travail de cette fondation consiste essentiellement à rejeter, discréditer la théorie de l’évolution de Darwin. Selon le journal "Vårt Land" [Notre patrie], BioCosmos fait la promotion d’une théorie très ésotérique et fumeuse - que la fondation appelle "design intelligent". En gros, cette théorie soutient que la nature est si bien organisée, que l’évolution ne s’est pas produite de manière aléatoire, mais résulte d’un système d’ingénierie. Le milliardaire norvégien a estimé que cette théorie est tellement pertinente qu’il faut qu’elle soit enseignée dans toutes les écoles norvégienne, et de fait, à proposé à la fondation 150 000 euros pour produire des livres à distribuer gratuitement dans les écoles. les élu·es accompagnés d’ailleurs de quelques représentants de l’église, se sont scandalisé sur les principes soutenus par BioCosmos et le soutien financier d’Einar Rasmussen. Ils considèrent que c’est une "version modérée du créationnisme américain". Le scientifique religieux Martin Jakobsen du Collège Théologique Ansgar de Kristiansand, interrogé par la NRK, estime que la méthode de la fondation BioCosmos soutenue par Rasmussen est complètement débile : « il veut montrer qu’il n’y a pas de conflit entre la foi et la science, mais ce qu’il fini par faire en discréditant la théorie de l’évolution, c’est de confirmer un préjugé selon lequel les religieux sont sceptiques à l’égard de la science et des nouvelles connaissances. Quand vous vous voulez savoir comment fonctionne la nature, vous devriez le demander à un naturaliste. Et si vous vous demandez comment fonctionne Dieu, vous pouvez parler à un théologien. »

    Que les riches essayent de s’insérer dans le système pédagogique n’est pas nouveau en Norvège. Les climatosceptiques, les extrémistes religieux et certaines sectes "attaquent" régulièrement le système scolaire, heureusement avec assez peu de succès.

    Skipsreder Einar Rasmussen blar opp for å motbevise Darwins teori – NRK Sørlandet – Lokale nyheter, TV og radio

    https://www.nrk.no/sorlandet/skipsreder-einar-rasmussen-blar-opp-for-a-motbevise-darwins-teori-1.14754033

    Det er skipsreder Einar John Rasmussen (81) fra Kristiansand som bidrar med 15 millioner kroner til den nyopprettede stiftelsen BioCosmos.

    Målet med stiftelsen er å avvise Darwins evolusjonsteori. Ifølge Vårt Land, som først omtalte saken, skal BioCosmos spre teorien om « intelligent design ».

    #norvège

  • Quelque 60’000 internés administratifs en Suisse jusqu’en 1981 Stéphanie Jaquet et l’ats - 19 Mai 2019 - RTS
    https://www.rts.ch/info/suisse/10443579-quelque-60-000-internes-administratifs-en-suisse-jusqu-en-1981.html

    C’est l’estimation d’une commission indépendante d’experts, qui publie lundi les cinq premiers livres issus de quatre ans de recherche. Le Matin Dimanche et la NZZ am Sonntag s’en font l’écho.

    https://www.youtube.com/watch?v=0I8KJDE2b-E

    Des innocents privés de liberté au seul motif que ces personnes étaient pauvres, alcooliques, mères illégitimes, rebelles, mendiantes, homosexuelles, réfugiées ou jugées trop fainéantes. Ce chiffre de 60’000 victimes pour le XXe siècle est une estimation prudente.

    Travail forcé, stérilisation, prison, violences sexuelles
    Certaines ont été enfermées dans des établissements pénitentiaires, d’autres contraintes au travail forcé, au mariage et parfois à la stérilisation. Presque toutes les femmes internées ont subi des violences sexuelles.

    Selon le rapport, 648 institutions ont participé à ces internements : il a fallu établir une topographie des établissements https://www.uek-administrative-versorgungen.ch/interactivereport/fr répartis dans le pays. Le phénomène était de grande « ampleur », note Markus Notter, le président de la Commission indépendante d’experts « internements administratifs » (CIE) : « La manière dont l’Etat a traité ces personnes va au-delà de ce qu’on pensait jusqu’à présent », explique-t-il au Matin Dimanche. « On doit se demander comment cela a été possible et pourquoi il n’y a pas eu davantage de résistance », ajoute-t-il.

    Les cinq premiers volumes scientifiques seront publiés dès lundi ; trois autres paraîtront en juillet et la CIE livrera ses recommandations en septembre. Une exposition itinérante nommée « Exclus & Enfermés », accompagnée d’un site internet comportant nombre d’archives, permet de se plonger de manière approfondie dans les contenus de la Commission indépendante.

    Le passé sombre de la Suisse
    L’internement administratif https://www.notrehistoire.ch/medias/65360 ne constitue qu’une partie du passé sombre de la Suisse. Des enfants ont aussi été placés dans des foyers ou ont dû travailler dans des fermes jusqu’en 1981.

     #darwinisme_social #domination #internement_administratf #différence #hospices_de_pauvres #maisons_de_travail

    • L’étude de squelettes jette la lumière sur les victimes de placements forcés Alain Arnaud/gma - 15 Mai 2019 - RTS
      https://www.rts.ch/info/regions/autres-cantons/10431990-l-etude-de-squelettes-jette-la-lumiere-sur-les-victimes-de-placements-f

      Les victimes de placements forcés dans le canton des Grisons souffraient de maltraitance, selon l’étude de nombreux squelettes par des chercheurs. Plus de 100 tombes ont ainsi été excavées du centre de correction cantonal Realta à Cazis.


      Toilette pour des enfants de l’« Institut de sauvetage pour la jeunesse abandonnée et négligée » du château de Kasteln (AG) en 1941. Image : Keystone

      Les chercheurs ont profité de la construction d’un nouveau bâtiment pénitentiaire pour excaver les 103 tombes. Des centaines de pensionnaires internés depuis le milieu du XIXe siècle y sont enterrés. S’ils s’y trouvaient, c’est parce qu’ils passaient pour débauchés, réfractaires au travail, fous ou simplement s’écartant de la norme.

      Les nouvelles analyses révèlent que certains y étaient aussi pour raisons de santé, notamment pour la syphilis congénitale ou des maladies génétiques. Elles indiquent surtout que les conditions de vie y étaient rudes, et que l’état physique des internés s’y détériorait rapidement.

      Côtes cassées
      Beaucoup de pensionnaires ont contracté la tuberculose. Le nombre "extrêmement élevé" de côtes cassées révèle par ailleurs les mauvais traitements qui y étaient légion.

      Les Grisons comptent plusieurs milliers de victimes de placements forcés, un monument en leur mémoire leur rend hommage depuis peu sur les hauts de Coire. En Suisse, les estimations font état de 50’000 à 60’000 victimes des mesures de coercition à des fins d’assistance. La pratique n’a cessé qu’au début des années 1980.
      #violence_institutionnelle

  • La plongée des « collapsologues » dans la régression archaïque – Daniel Tanuro
    http://www.contretemps.eu/critique-collapsologie-regression-archaique

    A l’heure où la jeunesse de différents pays entame des mobilisations de masse face à la catastrophe climatique, se pose de façon d’autant plus urgente la nécessité de débattre des cadres d’analyses et des réponses politiques face à la crise environnementale. Parmi les courants de pensée les plus récents sur le marché éditorial, la collaposologie[1] s’avère être un succès de librairie, en particulier grâce aux livres co-écrits par Pablo Servigne. Ce succès, largement porté par une campagne publicitaire des plus classiques, est-il un bon signe pour les luttes écologiques et sociales ? Ou n’obscurcit-il pas les horizons émancipateurs que de telles luttes sont à même dessiner ?

    « Le regard tourné vers l’avant est d’autant plus pénétrant qu’il est conscient. L’intuition, authentique, se veut nette et précise. Ce n’est que si la raison se met à parler que l’espérance, vierge de toute fraude, recommence à fleurir » (Ernst Bloch)

     

    Dans leur ouvrage Comment tout peut s’effondrer, paru en 2014, Pablo Servigne et Rafaël Stevens créaient le concept de « collapsologie », qu’ils définissaient comme suit :

    « La collapsologie est l’exercice transdisciplinaire d’étude de l’effondrement de notre civilisation industrielle et de ce qui pourrait lui succéder, en s’appuyant sur les deux modes cognitifs que sont la raison et l’intuition et sur des travaux scientifiques reconnus ».

    Ce n’était qu’un point de départ. En 2017, Pablo Servigne signait un deuxième ouvrage – L’autre loi de la jungle – avec Gauthier Chapelle. Les auteurs y reprenaient la thèse de l’anarchiste russe Kropotkine qui, dans un essai célèbre, paru en 1902, défendait l’idée – déjà émise par Marx et Engels – que l’évolution des espèces ne résulte pas seulement de la compétition, mais aussi de l’entraide[2]. Enfin, en octobre 2018, le trio Servigne-Chapelle-Stevens signait Une autre fin du monde est possible. Vivre l’effondrement et pas seulement y survivre.

    L’impact de cette trilogie mérite qu’on s’y arrête. Les « collapsologues » jouissent en effet d’une grande renommée, dans des milieux extrêmement différents. D’une part, ils sont fort populaires sur les réseaux sociaux, dans des mouvances alternatives et auprès de nombreux/ses activistes de la mouvance écologique radicale. D’autre part, ils ont été reçus à Bercy et à l’Elysée, invités par les fédérations patronales de Belgique et de Suisse et les plus grands médias mainstream ont amplement commenté leurs écrits. Certains journaux dits « de qualité » ont même été jusqu’à saluer en eux les fondateurs d’une nouvelle discipline scientifique…Qu’est-ce donc qui suscite tant d’intérêt, voire d’engouement ?

    On se concentrera ici sur le dernier livre paru, Une autre fin du monde est possible. Pablo Servigne et ses amis y répondent implicitement à certaines critiques, en ignorent d’autres et approfondissent des thèmes développés précédemment. La grande nouveauté de l’ouvrage est de proposer aux lecteurs de passer de la « collapsologie » à la « collapsosophie », autrement dit de la science de l’effondrement à la philosophie de l’effondrement. On verra que cet exercice ambitieux les entraîne vers des conceptions fort discutables, et même dangereuses.

    #collapsologie #naturalisation_des_rapports_sociaux

    • Eh bé ça va loin là…

      D’emblée, le lecteur est frappé par une contradiction : Servigne, Stevens et Chapelle découvrent l’écoféminisme… mais Une autre fin du monde n’évoque ni la lutte des femmes pour leur émancipation, ni la nécessité d’un mouvement autonome des femmes, ni la place centrale de ce mouvement dans les combats contre la destruction environnementale et sociale. Les auteurs préfèrent développer l’idée que les « archétypes féminin et masculin » sont « des polarités qui ne s’opposent pas ». Estimant que « les hommes souffrent aussi de la blessure secrète du patriarcat », ils plaident pour la « réconciliation hommes-femmes » et nous invitent à pratiquer à cet effet des « rituels initiatiques ».

      C’est là que la « collapsosophie » dérape pour plonger dans la régression archaïque, non seulement en paroles, mais en actes. Question rituels, les auteurs recommandent en effet leurs bonnes adresses : aux lecteurs mâles, ils conseillent de suivre, comme ils l’ont fait eux-mêmes, les week-ends d’initiation du « nouveau guerrier » (New Warrior Training Adventure) organisés par le ManKind Project, dont ils chantent les louanges.

      Ce ManKind Project est un business mis sur pied par trois étasuniens à l’initiative d’un certain Bill Kauth. Pour celui-ci, psychothérapeute jungien, il s’agissait de répondre à la vague féministe des années quatre-vingts. Impressionné par le potentiel émancipateur des groupements féministes, Kauth décida de mettre sur pieds des groupes non mixtes censés permettre aux hommes aussi de se libérer, en retrouvant leurs racines profondes et leur âme de mâles « adultes et sains ». Bref, en assumant leur archétype masculin.

      #anti-féminisme #essentialisme #masculinisme

    • Merci @aude_v !

      #Daniel_Tanuro avait déjà écrit des articles un peu critiques sur ce sujet :

      Une critique de la « collapsologie » : C’est la lutte qui est à l’ordre du jour, pas la résignation endeuillée
      https://www.gaucheanticapitaliste.org/leffondrement-des-societes-humaines-est-il-inevitable-une-cri

      Crise socio-écologique : Pablo Servigne et Rafaël Stevens, ou l’effondrement dans la joie
      http://www.lcr-lagauche.org/pablo-servigne-et-rafael-stevens-ou-leffondrement-dans-la-joie

      Et il y a un article de Pierre Thiesset dans de numéro de mars de La Décroissance qui montre bien comment ces "scientifiques" se font les dupes volontaires et enthousiates de diverses mystoqueries...

    • Ceci dit, chez Adrastia, ils ont même prévu un kit de « résilience » : une sacoche de biffetons bien planquée sous un matelas (et quelques marchandise trocables accumulées en réserve), solutions on ne peut plus efficace pour assurer sa survie en milieu hostile : chacun pour soi et la monnaie pour tous. Mais c’est tellement « bien argumenté », que ces vieux réflexes d’accumulation (en cas de guerre, en cas de crise ou de victoire de la gauche) et bien ça passe crème, enfin chez les CSP++, je suppose. Mais sinon, l’essentiel est de garder sa capacité à « faire société » hein ! ... Un faire société en mode « arnaquez-vous les uns les autres et malheur aux vaincus ». Une somme pour tous les bons petits soldats (guerriers sains, droits et courageux d’avant le patriarcat) du capitalisme productiviste ’globalized’

      http://adrastia.org/plan-damortissement-des-chocs-deffondrement

      Je suis un citoyen lambda, plutôt aisé, ingénieur et entrepreneur, maison, famille nombreuse, les deux pieds dans le système, le bon hamster dans sa roue en fait.

      C’est on ne peut plus clair, non ?

      #la_résilience_sans_peine #darwinisme_social #pourritures #hamster (et fier de l’être)

    • Où l’on découvre un nouveau syndrome dépressif : l’éco-anxiété :
      https://www.francetvinfo.fr/sante/environnement-et-sante/quand-le-changement-climatique-attaque-la-sante-mentale-et-si-votre-dep

      (et aussi)
      Histoire en BD d’un jeune couple gentil qui décide de passer à la « résilience ».
      http://adrastia.org/tout-va-bien-enfin-ca-va-aller

      Plüche est illustratrice et travaille sur un projet de BD, Nours est menuisier et travaille en parallèle sur des projets d’écriture et de photographie. Tous les deux sont fusionnels et vivent heureux et modestement. Mais en ce début d’année, l’équilibre économique mondial commence à s’effriter sérieusement et nos deux personnages, habitants d’une grande ville et loin d’être autonomes, vont subir ce qui se révèlera être la plus grande crise économique que l’Histoire ait connue.

      Pour passer direct à la lecture de la BD :
      https://bdtoutvabien.tumblr.com/post/179654965981/tout-va-bien-sur-vos-%C3%A9crans-en-janvier-2019

      Où l’on découvre (page 12) l’engouement de nos deux jeunes gens pour la collapsologie :
      Madame écoute (en faisant un peu d’exercice physique) une interview de Pablo Servigne (sur la chaîne Youtube de Thinkerview)
      Dialogue entre Madame et Monsieur (page 13) :
      Elle : Il faut que tu écoutes cet interview.
      Lui : D’accord. Je ferai ça cet aprèm en allant à l’atelier.
      Elle : J’ai écouté le début.
      Lui (les pieds déjà sous la table) : Notre cher Pablo est toujours aussi calme ?
      Elle (finissant de réchauffer une gamelle de pâtes) : Ah, toujours.
      (Puis faisant une petite bise affectueuse à Monsieur qui semble un peu contrarié quand même)
      Et toujours aussi beau !

      (Ouch ! ...)

  • S’adapter : le nouvel horizon du libéralisme ?
    https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-2eme-partie/sadapter-le-nouvel-horizon-du-liberalisme

    « Il faut s’adapter », « nous sommes en retard »... autant d’expressions rebattues dans nos sociétés mondialisées, et dont l’origine remonte déjà à la révolution industrielle. Car, du point de vue néolibéral, forme de libéralisme qui privilégie une forme d’intervention étatique, l’espèce humaine devrait apprendre à vivre dans un nouvel environnement, s’adapter à cette « grande révolution » par des politiques de santé et d’éducation, lesquelles seraient menées par des experts distants du peuple « masse ». Source : Radio France

    https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/18722-21.02.2019-ITEMA_21988787-2.mp3

  • Georgia Guidestones : Das beunruhigendste US-Monument | TRAVELBOOK
    https://www.travelbook.de/mystery/georgia-guidestones


    Au premier abord c’est un truc qui a une certaine plausibilité. Pourtant quand on le voit dans son contexte il prend une autre signification.

    Im US-Bundesstaat Georgia steht ein mysteriöses Monument, um das sich diverse Verschwörungstheorien ranken. Denn auf den sogenannten Guidestones sind obskure Inschriften eingraviert, welche die Zehn Gebote für eine neue Weltordnung sein sollen.

    De moin point de vue c’est un projet génocidaire :

    1. Maintain humanity under 500,000,000 in perpetual balance with nature.
    ...
    10. Be not a cancer on the earth — Leave room for nature — Leave room for nature.

    Arno dit :
    https://seenthis.net/messages/662355#message662361

    ces histoires d’île de riches, de la lubie d’Ayn Rand dans son Atlas Shrugged (La Grève), dont le principe final est que les riches se retirent du monde, laissent le système s’effondrer, pour ensuite reconstruire la société selon leurs critères à eux.

    cf. https://de.wikipedia.org/wiki/Georgia_Guidestones

    #Ayn_Rand #darwinisme_social #génocide

  • Parcours complexe de supériorité - Le Monolecte
    https://blog.monolecte.fr/2018/05/29/parcours-complexe-de-superiorite

    La neutralité de la machine n’est que celle que l’on veut bien lui accorder. La machine ne fait que le boulot pour laquelle elle a été programmée et le fait suivant les critères et les barèmes qu’on lui a assignés. De ce point de vue là, la machine n’est pas si neutre que cela, elle agit en fonction des intentions de ceux qui se cachent derrière.

    En résumé, une machine qui trie en fonction des aptitudes à faire du vélo ne pourra en aucun cas être bienveillante pour les poissons. Sa seule neutralité, en fait, c’est de servir de paravent à l’humain ou au groupe d’humain qui a décidé délibérément d’exclure les poissons de la compétition.

    #parcoursup #éducation #école #domination #inégalité #surnuméraires

  • #Concurrence ou entraide ?

    Si l’on invoque souvent à tort #Hobbes ou #Darwin pour faire de la loi du plus fort une prétendue loi naturelle, l’ingénieur agronome #Pablo_Servigne, spécialiste de la transition écologique, souligne que la coopération et l’entraide sont elles aussi au cœur de l’évolution. Face à lui, l’économiste #Christian_Cordes souligne l’importance de la #compétitivité et de ses règles dans un monde globalisé.

    https://www.arte.tv/fr/videos/058227-057-A/square-idee
    #vidéo #ressources_pédagogiques #entraide #darwinisme #sélection_naturelle #altruisme #égoïsme #coopération #individualisme #groupes #compétition #Thomas_Hobbes

    Pablo Servigne :

    « La culture de l’individualisme on l’a développée depuis des décennies, celle qui nous fait dire ’si il n’y a plus rien dans les magasins, je vais vite aller stocker de la nourriture pour survivre’. C’est la culture de l’égoïsme qui nous fait faire cela. A court terme, ça marche, mais à très court terme, après il faut coopérer, il faut apprendre à s’entraider avec ses voisins si on veut survivre, sinon on est mort quand les stockent finissent. La clé c’est de comprendre que ce ne sont pas les #pénuries le plus dangereux. L’être humain sait gérer les pénuries depuis des centaines de milliers d’années. Ce qui est dangereux c’est d’arriver dans les pénuries avec une culture de l’égoïsme. C’est pour cela qu’on a besoin de mettre les lunettes de la coopération et de l’entraide pour désamorcer cette bombe sociale, pour arriver dans les pénuries ou dans les catastrophes mieux armés humainement ».

    • L’Entraide. L’autre loi de la jungle

      Dans cette arène impitoyable qu’est la vie, nous sommes tous soumis à la « loi du plus fort », la loi de la jungle. Cette mythologie a fait émerger une société devenue toxique pour notre génération et pour notre planète.

      Aujourd’hui, les lignes bougent. Un nombre croissant de nouveaux mouvements, auteurs ou modes d’organisation battent en brèche cette vision biaisée du monde et font revivre des mots jugés désuets comme « altruisme », « coopération », « solidarité » ou « bonté ». Notre époque redécouvre avec émerveillement que dans cette fameuse jungle il flotte aussi un entêtant parfum d’entraide…

      Un examen attentif de l’éventail du vivant révèle que, de tout temps, les humains, les animaux, les plantes, les champignons et les micro-organismes – et même les économistes ! – ont pratiqué l’entraide. Qui plus est, ceux qui survivent le mieux aux conditions difficiles ne sont pas forcément les plus forts, mais ceux qui s’entraident le plus.

      Pourquoi avons-nous du mal à y croire ? Qu’en est-il de notre ten­dance spontanée à l’entraide ? Comment cela se passe-t-il chez les autres espèces ? Par quels mécanismes les personnes d’un groupe peuvent-elles se mettre à collaborer ? Est-il possible de coopérer à l’échelle internatio­nale pour ralentir le réchauffement climatique ?

      À travers un état des lieux transdisciplinaire, de l’éthologie à l’anthro­pologie en passant par l’économie, la psychologie et les neurosciences, Pablo Servigne et Gauthier Chapelle nous proposent d’explorer un im­mense continent oublié, à la découverte des mécanismes de cette « autre loi de la jungle ».


      http://www.editionslesliensquiliberent.fr/livre-L_Entraide-9791020904409-1-1-0-1.html
      #livre

    • Lire ou relire « L’entraide facteur d’évolution » de Pierre Kropotkine. Un grand siècle de distance mais peu de rides. Lire ou relire aussi « l’évolution, la révolution et l’idéal anarchique » de Reclus. Peut-être qu’un jour on arrêtera de tourner en rond !

  • Comment le pouvoir génère des connards | Slate.fr

    http://www.slate.fr/story/161458/pouvoir-generateur-connards

    Je suis désolé de vous imposer ça, mais la lecture du papier m’a fait penser à une situation connue.

    La chose n’est pas nouvelle : les personnalités narcissiques ont tendance à apprécier les positions de pouvoir. Pour certains psychologues et psychiatres, Donald Trump en serait le parangon, le type prêt à tout pour rester au sommet de la chaîne alimentaire, y compris et surtout en avilissant ses congénères et en se pensant au-dessus des lois et des normes applicables au commun des mortels.

    #connards #pouvoir

  • #OGM - Mensonges et vérités

    La #controverse entre pro-OGM (organismes génétiquement modifiés) et anti-OGM rend le débat passionnel et parfois incompréhensible. Ce tour d’horizon mondial démêle le vrai du faux, preuves scientifiques à l’appui.

    Depuis plus de vingt ans, les OGM (organismes génétiquement modifiés), en particulier les plantes, ne cessent de s’étendre sur la planète, dans le but d’améliorer les rendements de soja, maïs, coton, colza, riz, etc. Dix pays, sur les vingt-huit qui en cultivent, représentent, à eux seuls, 98 % de la superficie mondiale des cultures transgéniques – soit 11 % des terres cultivées –, essentiellement sur le continent américain, le sous-continent indien et en Chine. Aux États-Unis, où les premières plantations de soja transgénique ont été introduites en 1996, les OGM représentent environ 90 % des cultures de soja, de maïs et de coton. Selon leurs défenseurs, ils sont indispensables pour répondre aux besoins d’une population en forte croissance. C’est l’argument du géant du secteur, le semencier américain Monsanto, qui produit aussi le célèbre Roundup, un herbicide total dont la substance active, le glyphosate, épargne les plantes OGM.


    https://www.arte.tv/fr/videos/057483-000-A/ogm-mensonges-et-verites

    #film #documentaire #reportage #vidéo
    #BT #maïs_BT #rentabilité #TH #soja #Roundup #USA #Etats-Unis #monoculture #agriculture #élevage #Argentine #Monsanto #pommes_De_terre #risques #génie_génétique #toxine_BT #pesticides #industrie_agro-alimentaire #glyphosate #herbicide #super_mauvaises_herbes #darwinisme #soja_roundup_ready #atrazin #business #santé #cancer #Mexique #propriété_intellectuelle #brevets #Percy_Schmeiser #sécurité_alimentaire #Ghana #malformation_congénitale #justice #biodiversité

    #USAID (qui lie #aide_au_développement et utilisation de OGM dans le pays qui va recevoir l’aide)

    #Gates_Foundation (qui finance des tests de plantes OGM au Ghana)

    #biotechnologie_agricole #coton #Bukina_Faso #coton_BT #Sofitex #rendements #Geocoton #Roundup_Ready_Flex_Cotton #néo-colonialisme

    #MON810 #maïs_MON810 #riz_doré #riz #Philippines #golden_rice #Syngenta #technologie #dengue #oxitec #moustiques_transgéniques #AGM #animaux_génétiquement_modifiés

    • Une ONG présentée dans le film, au Ghana :
      #Food_sovereignty_ghana

      Food Sovereignty Ghana is a grass-roots movement of Ghanaians, home and abroad, dedicated to the promotion of food sovereignty in Ghana. Our group believes in the collective control over our collective resources, rather than the control of our resources by multinational corporations and other foreign entities. This movement is a product of Special Brainstorming Session meeting on the 21st of March, 2013, at the Accra Freedom Centre. The meeting was in response to several calls by individuals who have been discussing, writing, or tweeting, about the increasing phenomenon of land grabs, the right to water and sanitation as a fundamental human right, water privatization issues, deforestation, climate change, carbon trading and Africa’s atmospheric space, and in particular, the urgent issue of the introduction of GM food technology into our agriculture, particularly, its implications on food sovereignty, sustainable development, biodiversity, and the integrity of our food and water resources, human and animal health, and our very existence as a politically independent people. These calls insisted that these issues need to be comprehensively addressed in a systematic and an organized manner.

      Foremost in these calls was the need for a comprehensive agricultural policy that respects the multi-functional roles played by agriculture in our daily lives, and resists the avaricious calculations behind the proposition that food is just another commodity or component for international agribusiness. The trade in futures or speculation involving food have pushed food prices beyond the reach of almost a billion of people in the world who go to bed, each day, hungry. Even though we have have doubled the amount of food to feed everybody in the world today, people still don’t have access to food. The primary cause of this is the neo-liberal agenda of the imperialists, such as the SAP, EPA, AGOA, TRIPS, AoA, AFSNA, AGRA, which have the focus on marginalising the small family farm agriculture that continues to feed over 80% of Africa and replacing them with governance structures, agreements and practices that depend on and promote unsustainable and inequitable international trade and give power to remote and unaccountable corporations.

      We came together in order to help turn a new leaf. We see a concerted effort, over the years, to distort our agriculture to such an extent that today, our very survival as a free and independent people crucially depend on how fast we are able to apply the breaks, and to rather urgently promote policies that focus on food for people, and value our local food providers, the arduous role of the resilient small family farm for thousands of years. We need to resist imperialist policies such as the Structural Adjustment Programmes of the World Bank and the IMF which rolled away 30 years of gains towards food sovereignty in the 1970s and 80s. Those African countries that graduated from the SAP were subsequently slammed with HIPIC. In all these years, the imperialist countries fortified their agricultural production with heavy government subsidies, as Africa saw the imposition of stringent conditionality removing all government subsidies on our own agriculture. The effect has been a destruction of our local food production capacity and a dependence on corporations for our daily food needs. This has had a devastating effect on Africa’s agriculture, and our ability to feed ourselves.

      We believe that a proper analysis of the food crisis is a matter that cannot be left with trade negotiators, investment experts, or agricultural engineers. It is essentially a matter of political economy. As Jean Ziegler succinctly puts it, “Every child who dies of hunger in today’s world has been murdered.” Our Food Under Our Control! is determined to make sure that such a crime becomes impossible in Ghana. Our number one mission is to switch the language from food security to food sovereignty as the goal, to repeat the words food sovereignty at every opportunity and say we don’t want food security, that can still be dependence, we want food sovereignty, we need food sovereignty. This is not the same as “food security”. A country can have food security through food imports. Dependence on food imports is precarious and prone to multiple risks — from price risks, to supply risks, to conditionality risks (policy conditions that come with food imports). Food sovereignty, on the other hand, implies ensuring domestic production and supply of food. It means that the nationals of the country (or at the very least nationals within the region) must primarily be responsible for ensuring that the nation and the region are first and foremost dependent on their own efforts and resources to grow their basic foods.

      Aims and objectives:

      1. To help promote the people’s right to healthy and culturally appropriate food produced through ecologically sound and sustainable methods, and to generally ensure the priority of domestic food crops produced by small farms over export crops.

      2. To help create mass awareness about the political, economic, health and environmental impacts of genetically modified food technology and defend the right of the people to define their own food and agricultural systems.

      3. To help ensure small farms are sustained by state provision and facilitation of necessary infrastructure: Security of land tenure, Water, Financial credit, Energy, Fertilizers, Transport, Storage, Extension service, Marketing, Technology and Equipment for production, harvesting, storage and transport, and Insurance against crop failures due to climate changes, or other unforeseen circumstances.

      4. To help resist the theft, destruction, and loss of the Commons, our natural and indigenous resources, by means of laws, commercial contracts and intellectual property rights regimes, and to generally serve as the watch-dog over all aspects of agricultural sustainability in Ghana.

      5. To help protect and preserve public access to and ownership of the Commons: Water, Land, Air, Seeds, Energy, Plants, Animals, and work closely with like-minded local, national, and international organisations in the realization of the foregoing objectives.


      http://foodsovereigntyghana.org

    • Un chercheur, #Damián_Verzeñassi de l’#université_de_Rosario, mentionné il y a une année dans un article de Mediapart :

      Argentine : soja transgénique voisine avec maladies

      Avia Terai, ville de 10 000 habitants, est exposée aux pulvérisations incessantes sur ses champs de soja et de coton de glyphosate, le composant de base de l’herbicide de Monsanto. Un pesticide que l’Organisation mondiale pour la santé a étiqueté cancérogène en 2015. Ici, des enfants naissent avec des malformations, des troubles neurologiques sévères et le taux de cancer est trois fois plus élevé que la moyenne nationale, selon l’étude du docteur argentin Damián Verzeñassi de l’université de Rosario. De son côté, Monsanto nie catégoriquement l’authenticité de ces études et considère que la #toxicité de son produit phare Roundup n’a pas encore été prouvée.

      https://www.mediapart.fr/studio/portfolios/argentine-soja-transgenique-voisine-avec-maladies

      Le chercheur a fait une étude dans laquelle il montrait un lien entre le glyphosate et le développement de cancer :
      “Hay una incidencia del glifosato en los nuevos casos de cáncer”

      Desde 2010 se hicieron relevamientos en 32 localidades de la región pampeana y se relevaron más de 110 mil personas. Según Verzeñassi, si se encontró en estas localidades, donde se aplicó el modelo productivo con transgénicos a base de agrotóxicos, un pico muy importante de casos de cáncer, hipotiroidismo y abortos espontáneos.


      https://rosarionuestro.com/hemos-encontrado-un-incremento-en-la-incidencia-del-glifosato-en-los

    • #Red_de_Médicos_de_Pueblos_Fumigados (Argentine)

      La Red Universitaria de Ambiente y Salud (REDUAS) es una coordinación entre profesionales universitarios, académicos, científicos, miembros de equipos de salud humana en sus distintos niveles y demás estudiosos, preocupados por los efectos deletéreos de la salud humana que genera el ambiente degradado a consecuencias de la actividad productiva humana, especialmente cuando esta se da a gran escala y sustentada en una visión extractivista.

      La REDUAS surge como una de las decisiones tomadas en el 1º Encuentro de Médicos de Pueblos Fumigados, realizado en la Facultad de Ciencias Médicas de la Universidad Nacional de Córdoba y organizado por el Modulo de Determinantes Sociales de la Salud de la Cátedra de Pediatría y por la Cátedra de Medicina I de dicha Facultad; concretado el 26 y 27 de agosto de 2010

      La REDUAS se construye para unir, coordinar y potenciar el trabajo de investigación científica, asistencia sanitaria, análisis epidemiológico y divulgación ,difusión y defensa del derecho a la salud colectiva, que realizan equipos que desarrollan este tipo de actividades en 10 provincias distintas de la Republica Argentina y que se encuentran activados por el problema del daño a la salud que ocasiona la fumigación o aspersión, sistemática de más de 300 millones de litros de plaguicidas sobre casi 12 millones de personas que conviven con los sembradíos de cultivos agroindustriales.

      Para avanzar en ese sentido se propone aportar al debate público por la necesidad de construir prácticas productivas que permitan una supervivencia feliz de la especie humana en la superficie terrestre y de la responsabilidad publica, privada, colectiva e individual en el resguardo de esas condiciones ecológicas.

      Considerando al derecho a la salud, como uno de los valores sociales que debemos tratar de privilegiar en el análisis de las decisiones políticas y económicas que se toman en nuestra sociedad, creemos necesario ampliar la difusión del conocimiento de los datos científicos que se dispone, y que muchas veces se invisibilizan; aportar a la generación de nuevos datos e informaciones experimentales y observacionales – poblacionales; y potenciar la voz de los equipos de salud, investigadores y pobladores en general afectados en sus derechos por agresiones ambiéntales generadas por practicas productivas ecológicamente agresivas.


      http://reduas.com.ar
      #résistance

    • #Madres_de_Ituzaingo_Anexo-Cordoba
      http://madresdeituzaingoanexo.blogspot.fr

      Madres de #Ituzaingó: 15 años de pelea por el ambiente

      En marzo de 2002 salieron a la calle por primera vez para reclamar atención sanitaria ante la cantidad de enfermos en el barrio.Lograron mejorar la zona y alejar las fumigaciones, nuevas normas ambientales y un juicio inédito. Dicen que la lucha continúa. Un juicio histórico


      http://www.lavoz.com.ar/ciudadanos/madres-de-ituzaingo-15-anos-de-pelea-por-el-ambiente
      #Sofia_Gatica

    • Transgenic DNA introgressed into traditional maize landraces in #Oaxaca, Mexico

      Concerns have been raised about the potential effects of transgenic introductions on the genetic diversity of crop landraces and wild relatives in areas of crop origin and diversification, as this diversity is considered essential for global food security. Direct effects on non-target species1,2, and the possibility of unintentionally transferring traits of ecological relevance onto landraces and wild relatives have also been sources of concern3,4. The degree of genetic connectivity between industrial crops and their progenitors in landraces and wild relatives is a principal determinant of the evolutionary history of crops and agroecosystems throughout the world5,6. Recent introductions of transgenic DNA constructs into agricultural fields provide unique markers to measure such connectivity. For these reasons, the detection of transgenic DNA in crop landraces is of critical importance. Here we report the presence of introgressed transgenic DNA constructs in native maize landraces grown in remote mountains in Oaxaca, Mexico, part of the Mesoamerican centre of origin and diversification of this crop7,8,9.

      https://www.nature.com/articles/35107068

    • #Gilles-Éric_Séralini

      Gilles-Éric Séralini, né le 23 août 1960 à Bône en Algérie1, est un biologiste français, professeur de biologie moléculaire à l’université de Caen2. Il est cofondateur, administrateur et membre du conseil scientifique du CRIIGEN3, parrain de l’association Générations Cobayes4 et lanceur d’alerte5. Il est aussi membre du conseil scientifique de The Organic Center6, une association dépendant de l’Organic Trade Association (en)7, « le principal porte-parole du business bio aux États-Unis »8, et parrain de la Fondation d’entreprise Ekibio9.

      Il s’est fait notamment connaître du grand public pour ses études sur les OGM et les pesticides, et en particulier en septembre 2012 pour une étude toxicologique portée par le CRIIGEN mettant en doute l’innocuité du maïs génétiquement modifié NK 603 et du Roundup sur la santé de rats10,11. Cette étude, ainsi que les méthodes utilisées pour la médiatiser, ont été l’objet d’importantes controverses, les auteurs étant accusés d’instrumentaliser de la science, ou même suspectés de fraude scientifique12,13. En réalité, les agences de santé européennes et américaines réagissent sur le tard, indiquant les lacunes et faiblesses méthodologiques rédhibitoires de la publication (notamment un groupe de contrôle comportant un nombre d’individus ridiculement bas). Certains dénoncent aussi un manque de déontologie pour s’assurer d’un « coup de communication ». La revue Food and Chemical Toxicology retire l’étude en novembre 2013.


      https://fr.wikipedia.org/wiki/Gilles-%C3%89ric_S%C3%A9ralini

      Dans le documentaire on parle notamment d’un article qu’il a publié dans la revue « Food and chemical toxicology », que j’ai cherché sur internet... et... suprise suprise... je l’ai trouvé, mais le site de Elsevier dit... « RETRACTED »
      Long term toxicity of a Roundup herbicide and a Roundup-tolerant genetically modified maize
      https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0278691512005637

      Il est par contre dispo sur sci-hub !
      http://sci-hub.tw/https://doi.org/10.1016/j.fct.2012.08.005

      voici la conclusion :

      In conclusion, it was previously known that glyphosate con- sumption in water above authorized limits may provoke hepatic and kidney failures ( EPA ). The results of the study presented here clearly demonstrate that lower levels of complete agricultural gly- phosate herbicide formulations, at concentrations well below offi- cially set safety limits, induce severe hormone-dependent mammary, hepatic and kidney disturbances. Similarly, disruption of biosynthetic pathways that may result from overexpression of the EPSPS transgene in the GM NK603 maize can give rise to com- parable pathologies that may be linked to abnormal or unbalanced phenolic acids metabolites, or related compounds. Other muta- genic and metabolic effects of the edible GMO cannot be excluded. This will be the subject of future studies, including transgene and glyphosate presence in rat tissues. Reproductive and multigenera- tional studies will also provide novel insights into these problems. This study represents the first detailed documentation of long- term deleterious effects arising from the consumption of a GM R- tolerant maize and of R, the most used herbicide worldwide. Altogether, the significant biochemical disturbances and physi- ological failures documented in this work confirm the pathological effects of these GMO and R treatments in both sexes, with different amplitudes. We propose that agricultural edible GMOs and formu- lated pesticides must be evaluated very carefully by long term studies to measure their potential toxic effects.

    • #RiskOGM

      RiskOGM constitue depuis 2010 l’action de recherche du ministère en charge de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie pour soutenir la structuration d’une communauté scientifique et le développement de connaissances, de méthodes et de pratiques scientifiques utiles à la définition et à la mise en œuvre des politiques publiques sur les OGM.

      Le programme s’appuie sur un Conseil Scientifique et sur un Comité d’Orientation qui réunit des parties prenantes.

      Les axes de recherche prioritaires identifiés portent sur les plans de surveillance générale des OGM, la coexistence des cultures, la gouvernance, les aspects économiques, éthiques et sociaux ou encore la démarche globale d’analyse de la sécurité des aliments contenant des produits transgéniques,

      3 projets en cours ont été soutenus après un 1er appel à proposition fin 2010. Fin 2013, suite à un deuxième appel, le projet (#PGM / #GMO90plus) a été sélectionné et soutenu à hauteur de 2,5 M€. Il vise à une meilleure connaissance des effets potentiels sur la santé de la consommation sur une longue durée de produits issus des plantes génétiquement modifiées.

      http://recherche-riskogm.fr/fr
      #programme_de_recherche

      Un projet dont fait partie #Bernard_Salles, rattaché à l’INRA, interviewé dans le documentaire.
      Lui, semble clean, contrairement au personnage que je vais un peu après, Pablo Steinberg

    • Projet #G-Twyst :

      G-TwYST is the acronym for Genetically modified plants Two Year Safety Testing. The project duration is from 21 April 2014 – 20 April 2018.

      The European Food Safety Authority (EFSA) has developed guidance for the risk assessment of food and feed containing, consisting or produced from genetically modified (GM) plants as well as guidance on conducting repeated-dose 90-day oral toxicity study in rodents on whole food/feed. Nonetheless, the long-term safety assessment of genetically modified (GM) food/feed is a long-standing controversial topic in the European Union. At the present time there are no standardized protocols to study the potential short-, medium- and/or long-term toxicity of GM plants and derived products. Against this backdrop the main objective of the G-TwYST project is to provide guidance on long-term animal feeding studies for GMO risk assessment while at the same time responding to uncertainties raised through the outcomes and reports from recent (long-term) rodent feeding studies with whole GM food/feed.

      In order to achieve this, G-TwYST:

      Performs rat feeding studies for up to two years with GM maize NK603. This includes 90 day studies for subchronic toxicity, 1 year studies for chronic toxicity as well as 2 year studies for carcinogenicity. The studies will be based on OECD Test Guidelines and executed according to EFSA considerations
      Reviews recent and ongoing research relevant to the scope of G-TwYST
      Engages with related research projects such as GRACE and GMO90plus
      Develops criteria to evaluate the scientific quality of long-term feeding studies
      Develops recommendations on the added value of long-term feeding trials in the context of the GMO risk assessment process.
      As a complementary activity - investigates into the broader societal issues linked to the controversy on animal studies in GMO risk assessment.
      Allows for stakeholder engagement in all key steps of the project in an inclusive and responsive manner.
      Provides for utmost transparency of what is done and by whom it is done.

      G-TwYST is a Collaborative Project of the Seventh Framework Programme of the European Community for Research, Technological Development and Demonstration Activities. The proposal for G-TwYST was established in reponse to a call for proposals on a two-year carcinogenicity rat feeding study with maize NK603 that was launched by he European Commission in June 2013 (KBBE.2013.3.5-03).

      https://www.g-twyst.eu

      Attention : ce projet semble être sous forte influence des lobbys de l’OGM...

      Fait partie de ce projet #Pablo_Steinberg, interviewé dans le documentaire.

      Pablo Steinberg est d’origine argentine, il est également le toxicologue du projet « #GRACE : GMO Risk Assessment and communication evidence », financé par l’UE :

      GRACE was a project funded under the EU Framework 7 programme and undertaken by a consortium of EU research institutes from June 2012 - November 2015. The project had two key objectives:

      I) To provide systematic reviews of the evidence on the health, environmental and socio-economic impacts of GM plants – considering both risks and possible benefits. The results are accessible to the public via an open access database and other channels.

      II) GRACE also reconsidered the design, execution and interpretation of results from various types of animal feeding trials and alternative in vitro methods for assessing the safety of GM food and feed.

      The Biosafety Group was involved in the construction of the central portal and database (CADIMA; Central Access Database for Impact Assessment of Crop Genetic Improvement Technologies) that managed the information gathered in the pursuit of the two objectives and in the dissemination of information.

      http://biosafety.icgeb.org/projects/grace

      La conférence finale de présentation du projet GRACE a été organisée à Potsdam... un 9 novembre... date-anniversaire de la chute du mur...
      Voici ce que #Joachim_Schiemann, coordinateur du projet, dit à cette occasion (je transcris les mots prononcés par Schiemann dans le reportage) :

      « Nous aussi, avec nos activités, nous essayons d’abattre certains murs et de faire bouger certaines positions qui sont bloquées. Je trouve que c’est très symbolique d’avoir organisé cette conférence à Potsdam, à proximité de Berlin et des vestiges du mur »

    • Prof. Potrykus on #Golden_Rice

      #Ingo_Potrykus, Professor emeritus at the Institute of Plant Sciences, ETH Zurich, is one of the world’s most renowned personalities in the fields of agricultural, environmental, and industrial biotechnology, and invented Golden Rice with Peter Beyer. In contrast to usual rice, this one has an increased nutritional value by providing provitamin A. According to WHO, 127 millions of pre-school children worldwide suffer from vitamine A deficiency, causing some 500,000 cases of irreversible blindness every year. This deficiency is responsible for 600,000 deaths among children under the age of 5.

      https://blog.psiram.com/2013/09/prof-potrykus-on-golden-rice
      Ce riz, enrichi de #bêtacarotène pour pallier aux carences de #provitamine_A, a valu, à Monsieur #Potrykus, la couverture du Time, une première pour un botaniste :

    • Golden Illusion. The broken promise of GE ’Golden’ rice

      GE ’Golden’ rice is a genetically engineered (GE, also called genetically modified, GM) rice variety developed by the biotech industry to produce pro-vitamin A (beta-carotene). Proponents portray GE ’Golden’ rice as a technical, quick-fix solution to Vitamin A deficiency (VAD), a health problem in many developing countries. However, not only is GE ’Golden’ rice an ineffective tool to combat VAD it is also environmentally irresponsible, poses risks to human health, and compromises food security.

      https://www.greenpeace.org/archive-international/en/publications/Campaign-reports/Genetic-engineering/Golden-Illusion
      #rapport

    • #MASIPAG (#Philippines)

      MASIPAG a constaté que les paysans qui pratiquent la production agricole biologique gagnent en moyenne environ 100 euros par an de plus que les autres paysans, parce qu’ils ne dépensent pas d’argent dans des fertilisants et pesticides chimiques. Dans le contexte local, cela représente une économie importante. En plus, l’agriculture biologique contribue à un milieu plus sain et à une réduction des émissions de gaz à effet de serre. Malgré cela, le gouvernement philippin poursuit une politique ambiguë. En 2010, il a adopté une loi sur la promotion de l’agriculture biologique, mais en même temps il continue à promouvoir les cultures génétiquement modifiées et hybrides nécessitant le recours aux intrants chimiques. La loi actuelle insiste également sur une certification couteuse des produits bio par les tiers, ce qui empêche les #petits_paysans de certifier leurs produits.

      http://astm.lu/projets-de-solidarite/asie/philipinnes/masipag
      #paysannerie #agriculture_biologique

    • #AquAdvantage

      Le saumon AquAdvantage (#AquAdvantage_salmon® pour les anglophones, parfois résumé en « #AA_Salmon » ou « #AAS ») est le nom commercial d’un saumon transgénique et triploïde1.

      Il s’agit d’un saumon atlantique modifié, créé par l’entreprise AquaBounty Technologies (en)2 qui est devenu en mai 2016 le premier poisson génétiquement modifié par transgenèse commercialisé pour des fins alimentaires. Il a obtenu à cette date une autorisation de commercialisation (après son évaluation3) au Canada. En juillet 2017, l’entreprise a annoncé avoir vendu 4,5 tonnes de saumon AquAdvantage à des clients Canadiens qui ont à ce jour gardés leur anonymat4. L’entreprise prévoit de demander des autorisations pour des truites5, des tilapias 5 et de l’omble arctique génétiquement modifiés6.

      Selon les dossiers produits par AquaBounty à la FDA, deux gènes de saumons Chinook et deux séquences provenant d’une autre espèce (loquette d’Amérique) ont été introduits7, (information reprise par un article du New-York Times8 et un article scientifique évoquent aussi un gène provenant d’un autre poisson (loquette d’Amérique9). En 2010, AquaBounty, produirait déjà au Canada sur l’Île-du-Prince-Édouard les œufs de poissons destinés à des élevages en bassins enclavés à terre au Panama10 pour des poissons à exporter (alors que l’étiquetage n’est toujours pas obligatoire aux États-Unis)10.

      Ce poisson est controversé. Des préoccupations scientifiques et environnementalistes portent sur les risques d’impacts environnementaux à moyen et long terme, plus que sur le risque alimentaire. La FDA a considéré que la modification était équivalente à l’utilisation d’un médicament vétérinaire (hormone de croissance et modification transgénique)11 et a donc utilisé son processus (dit « NADA12 ») d’évaluation vétérinaire. Dans ce cadre, la FDA a conclu que ce poisson ne présentait a priori pas de risques pour la santé, et pouvait être cultivé de manière sûre. Mais en 2013, l’opportunité d’élever un tel poisson reste très contestée13 notamment depuis au moins 1986 concernant les risques qu’il pourrait poser à l’égard de l’environnement14, l’autorisation de mise sur le marché pourrait être à nouveau repoussée15.


      https://fr.wikipedia.org/wiki/AquAdvantage
      #saumon #saumon_transgénique #AquaBounty_Technologies

      Aussi appelé...
      #FrankenFish

  • Radio : Olivier Rey, Le darwinisme en son contexte, 2015

    Dans la série Racine de Moins Un, émission de critique des sciences, des technologies et de la société industrielle, je vous propose d’écouter une conférence du philosophe et mathématicien #Olivier_Rey sur la critique du #darwinisme, donnée à Strasbourg en novembre 2015.

    En fait, Olivier Rey ne cache pas qu’il formule cette critique notamment à partir de sa foi chrétienne. Mais il n’est pas créationniste pour autant, il ne croit pas que c’est Dieu en personne qui a créé les différentes espèces, ni partisan de l’Intelligent design, du dessein intelligent comme on dit dans les pays anglo-saxons, c’est-à-dire de l’idée que ce serait une puissance intelligente qui serait à l’origine de l’évolution des espèces.

    Sa critique est plutôt d’ordre épistémologique et philosophique, en ce qu’elle s’attache à comprendre les conditions de possibilité et de pérennité de la formulation des idées et concepts scientifiques. Conditions qui sont souvent oubliées par les scientifiques eux-mêmes, dans le cours même de l’énoncé de leurs propres conceptions.

    Ce faisant, il cherche à mieux comprendre les revendications des créationnistes, non pour les approuver ou les justifier, mais bien plutôt pour les resituer dans leur contexte social et politique.

    Bref, c’est une approche suffisamment originale et critique, qu’il me semble intéressant de faire connaître, même si l’on ne partage pas la perspective très chrétienne qu’il formule à la fin de sa conférence… Car lorsqu’il déclare « car avant de s’adonner à la science, il faut accéder à une humanité capable de science et s’y maintenir », il me semble qu’il a tout à fait raison (ce serait la version actuelle de « science sans conscience n’est que ruine de l’âme » de Rabelais). Mais je pense que pour cela le christianisme n’est plus vraiment nécessaire ni utile, mais bien plutôt qu’une culture de critique historique et sociale sur la société capitaliste et industrielle serait d’un plus grand secours. Et cela ne s’enseigne pas dans les universités, et moins encore dans les Églises…

    http://sniadecki.wordpress.com/2018/03/21/rey-darwinisme

    La transcription du début de cette conférence viens démentir les trois blessures narcissiques que, selon #Freud, l’homme moderne aurait subit de la part de la science au cours des derniers siècles. Argument fétiche de bien des scientistes...

    http://archive.org/download/RMU041ReyDarwinisme/RMU_041_ReyDarwinisme.mp3

  • Andréas Sniadecki, Jean-Jacques Kupiec, l’ignorance au cœur de la cellule, 2018

    Un penseur étrange en biologie a fait connaître ses théories ces dernières décennies : #Jean-Jacques_Kupiec et son idée d’#ontophylogenèse. Pour lui, le fonctionnement de la cellule vivante et la formation de l’être vivant au cours du développement (ontogenèse) sont fondées sur des mécanismes identiques à ceux de l’évolution des espèces (phylogenèse), à savoir, le hasard des variations et la sélection naturelle, selon la théorie de Charles Darwin, le coryphée de la biologie et de l’évolution dans sa forme moderne. [...]

    Autant cette théorie semble simple, voire simpliste, autant l’appareillage conceptuel et philosophique qui l’habille est complexe et sophistiqué. Malheureusement, un examen un peu attentif révèle que cet habillage est là essentiellement pour impressionner les badauds et les journalistes scientifiques et faire tenir la théorie debout en semant la confusion dans les esprits. Dépouillée de ses oripeaux, cette théorie apparaît pour ce qu’elle est : une énième variante du fétichisme qui entoure le mécanisme de la #sélection_naturelle imaginé par Darwin.

    http://sniadecki.wordpress.com/2018/03/20/sniadecki-kupiec

    http://archive.org/details/SniadeckiKupiec

    #darwinisme, #biologie, #critique_techno, #misère_intellectuelle.

  • Jean Bricmont : "Comme Mme Sastre demande, de façon un peu méprisante, quel sont nos arguments, je vais lui répondre de façon « darwinienne » (je suis un général d’accord avec une approche évolutionniste de l’être humain). Il y a une grande différence entre les hommes et les femmes en terme de propagation des gènes : les hommes ont intérêt (du point de vue de la propagation de leurs gènes) à des rapports sexuels occasionnels et les femmes pas (vu leur investissement dans la procréation). Ce qui explique la différence entre les sexes en terme de drague et aussi le fait que ce soit des femmes qui lancent le mouvement metoo.

    Mais cela implique aussi des différences entre les hommes et entre les femmes et pas seulement entre les sexes. Les hommes dominants ont intérêt à la liberté sexuelle la plus grande, mais les hommes dominés pas : cette liberté peut les amener à élever un enfant qui n’est pas le leur (et les études d’ADN confirment cela).

    C’est un peu la même chose chez les femmes ; celles qui sont attrayantes et qui sont dans une position sociale qui leur permet de dire non ont intérêt à voir un maximum d’hommes se présenter à elles (ce que permet la "libération sexuelle"), de façon à avoir un choix maximal pour trouver un porteur de bons gènes et pour avoir qqn qui les aide à élever les enfants (les deux ne sont pas toujours les mêmes).

    Mais les femmes qui sont moins attrayantes ou dans une position sociale dominée qui ne leur permet pas de dire non n’ont pas le même intérêt : la "libération sexuelle » peut les amener à perdre leur partenaire ou au moins à devoir faire beaucoup d’efforts pour le garder.

    Le résultat net de la la "libération sexuelle » a été une victoire des hommes dominants sur les dominés et des femmes attrayantes sur les autres.

    Paradoxalement, c’est "l’ordre moral » « réactionnaire » , par exemple l’injonction de porter le voile (qui tend à diminuer la concurrence entre femmes concernant leur beauté) qui est égalitaire et la "libération sexuelle » qui accroit les inégalités à l’intérieur de chaque sexe.

    Je ne veux pas défendre l’ordre moral (je ne suis pas de façon absolue pour l’égalité au détriment de la liberté) mais il faut au moins voir quels sont les enjeux.

    Il faut aussi souligner l’aspect de classe du « manifeste des 100 femmes » : les signataires appartiennent à des milieux bourgeois et/ou intellectuels dans lesquels elles ne sont pas réellement très importunées. Mais celles qui appuient le mouvement metoo sont en général dans une situation très différente (je ne parle pas d’Hollywood, qu’il faudrait analyser séparément).

    Ce qui est correct dans le « manifeste des 100 femmes », c’est que des individus sont parfois, mais surtout aux Etats-Unis, jetés en pâture devant le tribunal de l’opinion publique, devant lequel il est impossible de se défendre. Mais de tels lynchages existent aussi pour des opinions politiquement incorrectes.

    Dans son texte, Mme Sastre nous parle de retour de l’ordre moral (et, bien sûr du Goulag), ce qui, comme le retour du fascisme est un pur fantasme, agité par les « libéraux » pour jouer à se faire peur et renforcer encore leur pouvoir. La réalité c’est que le libéralisme économique comme le relativisme moral et le cynisme dominent totalement nos sociétés et que cela ne risque pas de changer de si tôt.

    Il y a beaucoup de dangers pour les libertés, mais pas pour la liberté sexuelle des dominants." http://soirmag.lesoir.be/133247/article/2018-01-10/peggy-sastre-le-puritanisme-met-les-femmes-sous-cloche

  • « Les nazis n’ont rien inventé. Ils ont puisé dans la culture dominante de l’Occident libéral » – Entretien avec Johann Chapoutot
    http://lvsl.fr/nazis-nont-rien-invente-ont-puise-culture-dominante-de-loccident-liberal-entret

    Johann Chapoutot est professeur d’ #histoire à l’Université Paris-Sorbonne, spécialiste de l’ #Allemagne nazie. Il a consacré de nombreux ouvrages à l’étude de l’idéologie #nationale-socialiste (La loi du #sang, le #nazisme et l’ #Antiquité…) traduits en sept langues et récompensés par de nombreux prix. Il s’intéresse aux fondements philosophiques, historiques et (pseudo-)scientifiques du nazisme ; il étudie les moyens par lesquels cette vision du monde a pu devenir hégémonique en Allemagne à partir de 1933. Ses analyses mettent en lumière certains aspects peu connus de ce phénomène historique ; nous avons décidé de le rencontrer.

    [...]

    LVSL : Vous mentionnez à plusieurs reprises l’importance du darwinisme social dans la vision du monde nationale-socialiste, ce courant de pensée selon lequel les individus les plus faibles d’une société sont destinés à mourir, en vertu de la loi impitoyable de la sélection naturelle. À l’origine, c’était une grille de lecture utilisée par des penseurs #libéraux anglo-américains, destinée à justifier la mortalité que causait le capitalisme au sein des classes populaires… Existe-t-il une continuité entre ce courant de pensée, et l’ #eugénisme racialiste propre au national-socialisme ?

    Totalement. Les #nazis sont des gens qui n’inventent rien. Lorsque j’ai commencé à étudier le nazisme il y a quinze ans, je l’ai fait dans l’idée qu’il était un phénomène monstrueux, maléfique, incompréhensible, en rupture radicale avec ce qui l’avait précédé… Mais quand j’ai lu les nazis, j’ai découvert qu’ils disent des choses tout à fait banales par rapport aux penseurs de leur temps. L’idée que toute vie est combat est d’une banalité absolue dans l’ #Europe du XXème siècle. Le #darwinisme_social a été introduit en Allemagne par un britannique, #Houston_Stewart_Chamberlain, gendre de #Wagner et mélomane. Il avait lu #Darwin et surtout les darwinistes sociaux : #Spencer, #Galton… En 1897, il rédige les Fondements du XIXème siècle, un livre qui pose les bases du darwinisme social allemand. Cet ouvrage est la passerelle culturelle entre le darwinisme social anglo-saxon et sa version allemande.

    Cette idée d’une lutte pour la vie, et d’une vie comme zoologie, d’une lutte zoologique pour l’existence en somme, qui passe par la sécurisation des approvisionnements et de la reproduction, se retrouve partout, singulièrement en Grande-Bretagne et en France ; en effet, le darwinisme social est la théorie d’une pratique politique – l’ordre #capitaliste, et géopolitique – la #colonisation. Il se trouve qu’au XIXème siècle, l’aventure coloniale allemande n’est pas très importante par rapport à ce qu’elle est en #France et en #Grande-Bretagne. Elle a donc été introduite tardivement dans ce pays, par #Chamberlain. Cette idée prospère rapidement, se développe, et nourrit les argumentaires pangermaniques : les Germains sont supérieurs aux #Slaves comme les #Britanniques le sont aux « #Nègres » ; par conséquent, les Germains doivent conquérir leur espace vital au détriment des Slaves. Les nazis récupèrent ces idées banales radicalisées par la Grande Guerre. La guerre de 14-18 prouve que les darwinistes sociaux ont raison : tout est guerre, lutte et combat. Les nazis décident de faire de cette expérience une politique : si les Allemands ne veulent pas mourir, ils doivent être réalistes, et laisser choir l’ #humanisme et l’humanitarisme. Il faut accepter que toute vie est combat, sous peine de mourir.

    J’irais plus loin que le cadre de votre question. Je trouve que ce darwinisme social se porte très bien aujourd’hui. Il se retrouve dans des petits tics de la langue qui se veulent bienveillants (« t’es un battant toi« …). Il se retrouve dans la bêtise de certaines personnes que l’on prétend #philosophes et qui vous parlent des gens qui ne sont rien, des #assistés, des #fainéants… Si l’on se retrouve au sommet de la société parce qu’on a été #banquier, haut fonctionnaire, président de la #République, alors on a tendance à croire que c’est un #ordre_naturel qui nous a élu, que l’on est là parce qu’on est le meilleur, naturellement ; que l’on s’est affirmé dans la lutte pour la vie, en somme. Cela part d’un manque de lucidité stupéfiant sur la fabrique sociale de la « réussite ».

    LVSL : Les historiens marxistes mettent l’accent sur une autre forme de continuité : la continuité économique et sociale qui existe entre l’ordre pré-nazi et le IIIème Reich, c’est-à-dire la perpétuation de la domination d’une classe de financiers et d’industriels sur celle des travailleurs. Que pensez-vous de la thèse marxiste classique, qui analyse le fascisme et le nazisme comme « expressions politiques du capitalisme monopolistique » ?

    C’est la thèse officielle du Komintern à partir de 1935. Les membres du Komintern se sentent fautifs, car jusqu’alors c’est la stratégie « classe contre classe » qui a prévalu ; elle a abouti à ce que les communistes combattent les sociaux-démocrates davantage que les nazis. L’arrivée d’ #Hitler au pouvoir a constitué un vrai choc pour eux. D’où l’abandon de la stratégie « classe contre classe » au profit de la tactique du « #Fron_Populaire ».

    Les #communistes allemands ont été traumatisés par la disparition de la #gauche la plus puissante d’Europe, la gauche allemande. Pour penser ce traumatisme, ils ont élaboré cette herméneutique, en stricte orthodoxie marxiste, qui consiste à dire que le “fascisme” constitue la dernière tentative d’une bourgeoisie aux abois pour se maintenir en position de domination sociale, économique, politique, financière… Le « #fascisme » devient un terme générique qui désigne tout aussi bien la doctrine de Mussolini que celle des nationaux-socialistes allemands (en Europe de l’Est, on parlait de « deutsche Faschismus« , fascisme allemand), alors que ce n’est pas du tout la même chose. Dans sa formulation la plus résumée et la plus dogmatique, cette grille de lecture devient un catéchisme un peu idiot. Cette lecture orthodoxe issue du Komintern est demeurée celle d’une historiographie de gauche fortement marquée par l’histoire sociale, qui n’est pas à rejeter, car elle a produit de grands travaux.

    La grande industrie allemande et la finance allemande ont évidemment trouvé tout leur intérêt à l’arrivée des nazis au pouvoir. Les répercussions de la crise de 1929 sont terribles en Allemagne. L’Allemagne est le pays le plus touché, parce qu’il était le mieux intégré au circuit du capital international ; il a beaucoup souffert de la fuite brutale des capitaux américains. À l’été 1932, l’Allemagne compte 14 millions de #chômeurs ; si on prend en compte les chômeurs non déclarés, elle en compte 20 millions. La crise signifie pour les Allemands la famine et la tuberculose. Les nazis ont été vus comme les derniers remparts possibles contre une #révolution bolchévique. D’où la lettre ouverte de novembre 1932 à Hindenburg qui l’appelle à nommer Hitler chancelier, signée par des grands #patrons de l’industrie et de la banque. Le parti nazi reçoit des soutiens financiers considérables. C’est grâce à eux qu’il peut fournir à des centaines de milliers de SA des bottes, des casquettes, des chemises, de la nourriture. Les campagnes électorales des nazis coûtent une fortune, notamment du fait de l’organisation de leurs gigantesques meetings ; Hitler ne cesse de se déplacer en avion, à une époque où l’heure de vol est hors de prix. Les #mécènes qui financent le parti nazi voient en lui le dernier rempart contre le péril rouge. Ils sont gâtés, car d’une part les nazis détruisent de fait la gauche allemande, les syndicats, l’expression publique ; de l’autre, ils relancent l’économie comme personne ne l’avait fait avant eux par la mise en place de grands travaux d’infrastructure à vocation militaire, et par des commandes d’armement inédites dans l’histoire de l’humanité. Les commandes d’armement font travailler le charbon, l’acier, la chimie, les composants électriques, le cuir, la fourrure, la mécanique, l’aviation…

    Les #industriels savent très bien que l’Etat allemand ne peut pas financer ce qu’il est en train de faire. L’Etat commande des chars, des avions, mais ne paie pas ; il joue un jeu assez complexe et plutôt malin (je vais simplifier, mais le principe est là). Il paie les industriels en bons à intérêt… et leur déclare que ceux-ci seront versés grâce au pillage de l’Europe. Tout le monde est au courant, les industriels au premier rang, parce qu’ils ne sont pas payés, ou très peu : l’heure des comptes va sonner plus tard, quand le Reich aura les moyens d’envahir l’Europe. Les industriels ont donc été les complices et les bénéficiaires du Reich.

    Ne parlons même pas de ce qu’est devenue leur activité après 1940. Leurs commandes augmentent, et l’industrie obtient via Himmler que l’on mette le système concentrationnaire à son service. On en arrive à la loi d’airain des salaires de Karl Marx : vous ne rémunérez la force de travail qu’autant que nécessaire, afin qu’elle puisse se renouveler pour se maintenir. La loi d’airain des salaires dans les années 1940, c’était les camps de concentration, c’est-à-dire l’exploitation jusqu’à son terme de travailleurs que l’on n’a même pas besoin maintenir en vie, parce qu’il y avait une telle rotation que si un travailleur mourait en deux jours, un autre le remplaçait aussitôt.

    [...]

    • Dans mon propre bouquin qui creuse la même question, j’ai plutôt trouvé la source à ce qui est, pour moi, le nœud de l’histoire occidentale : 1492. Cela marque la fin du Moyen-Âge, la fin de la cosmologie chrétienne et c’est même pour cela qu’elle est devenue si virulente et le début de l’ère des grands #génocides systématiques qu’il fallait bien justifier d’une manière ou d’une autre. Et tout cela est lié à l’émergence du capitalisme, le système prédateur qui doit se trouver une assise idéologique au fait de piller les autres pour accumuler toujours plus.

    • Fillon et le Blitzkrieg
      https://blogs.mediapart.fr/bernard-gensane/blog/220217/fillon-et-le-blitzkrieg

      Le terme “Blitzkrieg” est apparu en 1935 dans la revue Die Deutsche Wehr (L’Armée allemande). D’après les théoriciens de cette organe, les États pauvres en ressources alimentaires et en matières premières (comme l’Allemagne de l’époque) devaient gagner la guerre au plus vite par un engagement massif et violent. Cette notion sera utilisée pour évoquer la guerre civile espagnole : « Nazi-Deutschland testete in Spanien seine späteren Blitzkrieg gegen Frankreich (L’Allemagne nazie a testé en Espagne sa future guerre éclair contre la France). Le 25 septembre 1939, l’hebdomadaire étasunien Time Magazine décrivait ainsi l’invasion de la Pologne par l’Allemagne : « This is no war of occupation, but a war of quick penetration and obliteration – Blitzkrieg, lightning war » (Ce n’est pas une guerre d’occupation mais une guerre de pénétration et de destruction rapides – le #Blitzkrieg, la guerre éclair).

      https://www.youtube.com/watch?v=rlQ3cfBMhFY&feature=youtu.be


      c’était en 2017 et aujourd’hui #macron a siphonné les idées de #fillon

  • La #loi_de_la_jungle n’existe pas

    Longtemps, on a présenté la #compétition comme un phénomène inhérent au vivant. Désormais, explique le biologiste #Pablo_Servigne, la science montre au contraire l’importance de l’#entraide chez les plantes, les animaux… et les hommes.

    https://bibliobs.nouvelobs.com/idees/20171130.OBS8029/la-loi-de-la-jungle-n-existe-pas.html
    #biologie #concurrence #Darwinisme #darwin

    C’est ce que disait déjà #Kropotkine, non ?
    https://www.youtube.com/watch?v=Ss4kNrxCllM

  • La promotion du darwinisme social : ça suffit ! Le Devoir - 5 avril 2017 - Robert Laplante - Directeur général de l’Institut de recherche en économie contemporaine, et directeur de « L’Action nationale »

    Il y a des limites à toujours prétendre que ce sont les autres qui sont de trop dans la vie économique », tranche l’auteur.
    http://www.ledevoir.com/economie/actualites-economiques/495586/la-promotion-du-darwinisme-social-ca-suffit

    L’Institut économique de Montréal donne maintenant dans les métaphores agricoles. Voilà que la très sérieuse boîte de rhétorique idéologique accuse les producteurs laitiers de traire les consommateurs plutôt que les vaches ( http://www.ledevoir.com/economie/actualites-economiques/495312/traire-les-vaches-ou-les-consommateurs ). On comprend que l’IEDM ne reculera devant rien pour sacrifier aux dieux du marché, surtout pas devant le pelletage de fumier…
     
    Réagissant aux propos du président de l’UPA qui taillait en pièces la proposition de troquer la gestion de l’offre en agriculture pour une entente sur le bois d’oeuvre, un certain Alexandre Moreau dudit institut en profite pour nous servir l’habituelle cassette. Plus de compétition pour plus de productivité et de meilleurs prix pour les consommateurs ! Jouant sur les données, se drapant dans les rapports de l’OCDE, le discoureur de l’IEDM fait des phrases pour mieux masquer ce qui se cache derrière sa proposition simpliste : promouvoir un darwinisme social effréné.


    À l’en croire, une société ne peut pas choisir de contrôler son agriculture en offrant à ses producteurs des conditions de stabilité leur permettant de travailler autrement que sous la botte des puissances de l’agrobusiness mondialisé. Il faudrait les exposer à tous les vents de la concurrence internationale pour que le prix du litre de lait baisse chez le dépanneur ? Tout franchement, il y a des limites à prendre les pis de vache pour des lanternes. Choisir de gérer l’offre pour soutenir un développement maîtrisé de l’agriculture n’a rien d’une hérésie. Sauf dans les cercles feutrés des idéologues qui considèrent que l’on doit mettre toute la société au service de l’économie.
     
    Sacrifier la cohésion sociale
    Le Québec tient à son agriculture. Il tient à consolider la place qu’elle occupe dans son économie tout autant que dans les structures sociales des communautés de toutes les régions. L’agriculture joue un rôle déterminant dans l’occupation du territoire, et surtout dans son humanisation. Si l’IEDM trouve de la grandeur à penser que l’on peut laisser les grandes corporations s’accaparer le territoire et les fermes pour faire bondir le PIB et les statistiques d’exportation, il y a ici des millions de gens qui pensent qu’un milieu habité par ceux qui le façonnent vaut la peine qu’on organise les règles pour limiter les appétits. Organiser la production en fonction de valeurs de convivialité et de qualité de vie vaut infiniment plus cher qu’un rendement trimestriel versé aux actionnaires.
     
    La proposition de troquer la forêt contre les pâturages équivaut à proposer la guerre de tous contre tous dans toutes communautés agricoles et forestières du Québec. Dresser les usines de sciage et ceux qui travaillent contre les producteurs laitiers et les usines de transformation, c’est choisir de sacrifier la cohésion sociale au nom d’une concurrence dont on ne se demande pas à qui elle profite. Les consommateurs qu’invoque le promoteur d’une agriculture apatride ne sont pas que des clients de dépanneurs : ce sont des citoyens qui peuvent choisir de vivre autrement que sous l’empire de la concurrence effrénée. Des citoyens pour qui l’agriculture compte tout aussi bien pour assurer la souveraineté alimentaire de leur pays que pour en contrôler un tant soit peu les conditions d’exercice.
     
    Les agriculteurs du Québec sont des acteurs économiques à part entière. Le soutien dont ils bénéficient et les modèles institutionnels qui encadrent leur activité tiennent non pas de la faiblesse de leur performance, mais bien plutôt de la reconnaissance de la valeur globale de leur contribution à la prospérité générale et au bien commun. Tous les pays soutiennent leur agriculture. Il n’y a rien de honteux ou d’aberrant à le faire. Ce n’est pas parce que le modèle de gestion de l’offre est pris d’assaut les idéologues et les grandes corporations qu’il faut y renoncer.
     
    Les choix démocratiques d’une politique publique soucieuse d’offrir à l’agriculture québécoise une stabilité et une régulation qui font que l’intérêt général prime les seules considérations de marché sont des choix légitimes. S’il quittait les limbes du tout-au-marché pour descendre sur le plancher des vaches, le discoureur de l’IEDM pourrait sans doute réaliser qu’il faut être bête à manger du foin pour s’imaginer que tout s’équivaut dans le marché. Bien des bûcherons ne demanderaient pas mieux que de lui administrer une bonne volée… de bois vert.
     
    Il y a des limites à toujours prétendre que ce sont les autres qui sont de trop dans la vie économique.

    #darwinisme_social #Quebec #Agriculture #néo_libéralisme #Agriculture #Tous_contre_tous #agrobusiness #OCDE #dieux_du_marché #IEDM #UPA

  • Darwin, darwinisme social, et eugénisme, Diane B. Paul, 2003
    https://sniadecki.wordpress.com/2017/02/07/eugenic-paul-fr
    chez @tranbert

    Il ne fait aucun doute que nombre de vulgarisateurs se sont trompés sur Darwin. (Les propres ambiguïtés de Darwin, ses hésitations et ses louvoiements l’expliquent aisément.) Certains pourraient bien ne pas l’avoir lu. Cela pourrait également être vrai de Marx, de Freud et de maints autres penseurs importants. Mais la puissance collective d’une théorie n’a jamais dépendu d’une compréhension correcte et détaillée de la part de ses interprètes. Dans certains contextes, le discours darwinien, portant sur la lutte et la sélection, a conféré une nouvelle crédibilité à de vieilles idées sur la concurrence, la race et le genre. En Allemagne, comme l’affirme l’historien Richard Evans, ce que les Nazis ont retiré de Darwin n’était pas un corpus d’idées cohérent ou une idéologie évoluée mais un langage. La rhétorique associée à la variante nazie du darwinisme social fut efficace pour justifier les politiques nazies, car :

    « Elle contribua à réconcilier ceux qui en faisaient usage et pour qui il était devenu une manière quasi automatique de penser la société, avec le fait d’accepter les politiques préconisées par les Nazis et dans nombre de cas, à y collaborer volontairement en les mettant en œuvre. »

    Il est exact que toutes les idées sur la société justifiées en se référant à Darwin étaient antérieures à son œuvre, et que nombre de ceux qui l’invoquaient ne le comprenaient pas vraiment. La principale contribution du darwinisme à la théorie sociale est d’avoir popularisé certains mots d’ordre. Mais cela n’ôte rien à sa portée. De nos jours, comme par le passé, la rhétorique constitue un puissant expédient.

    #Darwin #darwinisme_social #eugénisme #théorie

  • Conférence d’André Pichot sur ceux qui utilisent la biologie pour justifier de la morale, en bien ou en mal (solidarité ou compétition), chez @tranbert
    https://sniadecki.wordpress.com/2016/01/18/pichot-solidarite

    Début seulement de la conférence, à quand la suite ?

    A travers l’histoire du darwinisme, Pichot retrace les diverses idéologies et doctrines informes qui ont servit à justifier « scientifiquement » la compétition ou (plus rarement) la solidarité dans les sociétés humaines à partir des connaissances en biologie. Un florilège de bêtises et de stupidités pourtant très sérieusement soutenues par nombre de scientifiques, encore aujourd’hui.

    Et on y parle notamment de Kropotkine, allant alors de fait à rebours de la source de thèse de Renaud Garcia (La nature de l’entraide , 2015).

    D’abord l’exemple de Kropotkine, l’anarchiste russe, qui en 1902 a publié L’entraide, un facteur de l’évolution. Il va présenter la chose de la manière suivante : tout d’abord, il ignore complètement la lutte entre les tribus, il repart sur une base animale à partir de ce qu’il a observé en Sibérie, où les conditions de vie sont très dures, où lorsqu’il y a une entraide entre les individus les espèces animales survivent. La sélection naturelle darwinienne est transposée au niveau de l’environnement, ce n’est plus la lutte contre les individus, mais la lutte contre le milieu. Et ce sont les individus les plus solidaires dans cette lutte contre le milieu qui vont survivre. La concurrence entre les individus est éliminée. Que veut faire Kropotkine ? Il veut ancrer la morale dans la nature ; il ne veut plus d’une morale ancrée dans un dieu ou n’importe quoi d’autre. C’est un naturaliste, il a une approche naturaliste, et utilitariste aussi, comme chez Wallace, c’est-à-dire que l’avantage de la morale, c’est que cela facilite la survie des individus à l’intérieur du groupe.

    C’est tout à fait utilitariste : que les groupes les moins solidaires disparaissent, c’est qu’ils l’ont bien mérité ; ils n’étaient pas moraux puisqu’ils ne pratiquaient pas la solidarité entre eux. Donc tout est bien dans le meilleur des mondes. C’est une sorte de calvinisme naturaliste, on a d’ailleurs souvent comparé le darwinisme à une version calviniste de la nature. Kropotkine conserve cet aspect utilitariste et donne la version la plus gentille, celle qui sera le mieux acceptée, d’un altruisme entre les membres de la société. C’est lui qui va en donner une version qui va réapparaître régulièrement. Il écrit en 1902, mais il y en a eu avant lui, il en cite d’ailleurs un certain nombre, on a toute une liste d’auteurs qui vont reprendre sa doctrine au fil du siècle, et cela existe encore aujourd’hui. Vous connaissez peut-être les livres de Patrick Tort, tous les trois ou quatre ans il publie un livre où il dit qu’il a découvert « l’effet réversif de l’évolution », afin de montrer que le darwinisme est moral, etc., et c’est en fait la thèse de Wallace qui ressort.

    C’est quelque chose qui réapparaît constamment et qui a servit à moraliser le darwinisme.

    Il existe également la contrepartie qui est la version où au lieu de s’occuper de l’altruisme à l’intérieur du groupe on s’intéresse à la lutte entre les groupes.

    J’ai choisi Kropotkine parce que c’est le cas le plus extrême, c’est des penseurs de gauche qui adhèrent au darwinisme, surtout par anti-cléricalisme, parce qu’ils pensent que L’Origine des espèces est dirigée contre le créationnisme donc ils sont forcément darwiniens (même si c’est très largement imaginaire parce que le créationnisme arrive bien plus tard après la guerre de 1914-18). Mais en même temps, ils sont très gênés par les références à Malthus et à Hobbes de la théorie de Darwin.

    #Kropotkine #Darwin #darwinisme #biologie #André_Pichot #Renaud_Garcia (pour le lien) #conférence

  • Stephen Jay Gould, l’évolution sans histoire

    http://sniadecki.wordpress.com/2015/12/05/sniadecki-gould

    Comment faire pour discréditer une idée ? Il suffit de la caricaturer, d’en donner une image grossière et inconsistante, de l’entourer de la plus extrême confusion, pour ensuite la démolir à l’aide de toutes sortes d’arguments qui en montrent le caractère simpliste, incohérent et ridicule.

    On lit parfois et l’on entend dire souvent que #Stephen_Jay_Gould (1941-2002), avec son ouvrage L’éventail du vivant, le mythe du progrès (1996), aurait « démontré » que l’#évolution n’est pas dirigée par une tendance vers le « progrès » ou qu’il aurait « prouvé » qu’il n’existe pas de tendance à la complexification des êtres vivants au cours de l’évolution.

    Petit détail qu’oublient au passage ceux qui soutiennent ces affirmations : il est logiquement impossible de prouver qu’un phénomène ou qu’une chose n’existe pas… En logique, en mathématiques et en science, il est uniquement possible de prouver que des objets existent, que les phénomènes suivent telle ou telle loi. Tout au plus, à partir de la connaissance de ce qui est possible, peut-on estimer qu’un phénomène où une chose ont une existence plus ou moins probable.

    Quoiqu’il en soit de ce point d’épistémologie élémentaire, la lecture de ses livres et articles fait comprendre que rien n’est plus faux : Gould n’a rien « démontré » ni « prouvé » en la matière ; comme à son habitude, il n’a fait que marteler ( drill en anglais), en les enrobant dans beaucoup de verbiage sans rapport avec le problème, les quelques idées qui lui tiennent lieu de pensée sur le sujet.

    Cela, nous allons véritablement le démontrer et positivement le prouver.

    par Andréas Sniadecki.

    #biologie ; #idéologie_scientifique ; #darwinisme ;

    Et #évolution, bien sûr !