• #decodex donc,

    http://www.lemonde.fr/verification/source/la-nutrition

    La Nutrition

    Un site animé par le journaliste scientifique Thierry Souccar, [...]

    Notre avis :
    Ce site peut être régulièrement imprécis, ne précisant pas ses sources et reprenant des informations sans vérification. Soyez prudent et cherchez d’autres sources. Si possible, remontez à l’origine de l’information.

    Références :
    http://www.conspiracywatch.info/Qui-sont-vraiment-
    les-conspirationnistes-anti-vaccination_a47...

    Et quand tu cherches la fiabilité de http://www.conspiracywatch.info

    Notre avis :
    Nous n’avons pas encore étudié ce site. Pour en savoir plus, cherchez d’autres sources et remontez à l’origine de l’information.

  • Une discussion avec Aude Lancelin sur l’état (désastreux) de la presse hexagonale - VICE
    https://www.vice.com/fr/article/interview-aude-lancelin-le-monde-libre

    On est passé du grand patron de presse à l’idéologie bien affirmée à des actionnaires voraces, en fait. Des mecs fascinés par « le progrès » et tout ce qui dissimule le néolibéralisme le plus classique.

    Absolument. Ces gens-là ont un tout autre rapport à la presse qu’un Robert Hersant ou un Serge Dassault, qui ont pourtant longtemps fait pousser des cris d’orfraie à la gauche. Il ne s’agit plus de s’offrir un titre pour soutenir tel ou tel camp, on est passé à un autre âge de la propagande, plus insaisissable, plus dangereux par conséquent. Au sens large, il s’agit en effet d’imposer une vision libérale du monde, où la casse sociale la plus sordide se voit réenchantée en modernité ubérisée, de promouvoir un monde fluide, pseudo-innovant, sans alternative. Il s’agit également d’infuser dans le milieu du journalisme de nouvelles méthodes de « management », importées d’autres univers, comme celui de la banque. Personnellement je parlerais de saccage.
    […]
    À terme, je ne pense pas que Le Monde puisse être une réussite économique, même si pour le moment, jouer la carte « quotidien de référence » s’avère bien sûr un recours efficace. À cet égard, sa dernière innovation, le #Décodex

    Ça, je comptais vous en parler.

    Personnellement, ça m’a beaucoup fait rire. Comment les journalistes d’un groupe appartenant à deux milliardaires issus du luxe et des télécoms et un banquier d’affaires peuvent-ils se penser bien placés pour décerner des points de bonne conduite intellectuelle à qui que ce soit ? Comment peut-on notamment attendre d’un tel titre qu’il promeuve des idées dérangeantes ?

    Le cas des Crises, l’un des rares sites alternatifs en ce qui concerne les affaires internationales, est particulièrement évocateur. Son approche de la crise ukrainienne, à rebours de celle du Monde qui est plus ou moins réglée sur celle d’un Bernard-Henri Lévy, lui a sans doute valu cette mise à l’index. Ne peut-on pourtant dire que ce dernier, #BHL, est l’un des principaux propagateurs de #fake_news des vingt dernières années en France ? Souvenez-vous du nombre d’erreurs factuelles relevées par la presse américaine dans Qui a tué Daniel Pearl ?, souvenez-vous des contrevérités brandies par ce personnage pour justifier une intervention guerrière en Libye.

    • Au-delà du cas Joffrin, la #critique des #médias n’est pas un sport très répandu chez mes confrères. Ça passe souvent pour un manque de « #confraternité ». On entend souvent ce terme-là, que je n’ai pour ma part jamais compris. Si vous êtes charcutier, devez-vous vous sentir solidaire d’un confrère qui mettrait de la viande avariée dans ses saucisses ? C’est très curieux comme idée. Personnellement, je ne me sens nullement solidaire de David Pujadas, de Ruth Elkrief ou d’Arnaud Leparmentier. Nous ne faisons tout simplement pas le même métier, eux et moi. En réalité, la « confraternité » est bien souvent une façon de se serrer les coudes, de défendre des positions de pouvoir. Aussi bien Guy Hocquenghem que Karl Kraus ou George Orwell, tous journalistes à leur façon, ont insisté sur la nécessité, pour les journalistes, de mener une critique impitoyable de leur propre profession.

      #journalisme

    • Pas vraiment le temps mais oui, moi aussi, j’ai des réserves sur les positions d’Aude Lancelin même si je trouve certaines de ses positions vraiment pertinentes et parfois courageuses (mais d’une certaine manière elle est aussi un produit de ce système, et elle y est intégrée). Une autre chose me gêne, mais c’est peut-être le média « Vice » qui l’a imposé, c’est ces grands portraits d’elle. D’un côté elle critique les cultes de la personnalité, le spectacle affligeant de ces « journalistes paillettes », de l’autre elle ne refuse pas d’apparaître comme ceux qu’elle critique. Ce n’est pas l’essentiel, juste un symbole ici. Le plus important c’est bien sur les idées et les constats. Je garde en réserve pour développer plus tard, j’aurai sans doute envie d’y revenir.

  • Attention : le #Decodex peut rendre dingues ceux qu’il note
    https://reflets.info/attention-le-decodex-peut-rendre-dingues-ceux-quil-note

    Nos petites bafouilles sur le Decodex et l’hystérie ne pouvaient se conclure sans une plongée dans les articles publiés par ceux qui s’estiment injustement jugés par l’outil du Monde. Une conclusion s’impose : le Décodex […]

    #On_s'en_fout #EHESS #Jacques_Sapir #Jean-Paul_Ney #Le_Monde #Olivier_Berruyer #Samuel_Laurent

  • #Samuel_Laurent et son Décodex : une hystérisation idéologique du journalisme ?
    https://reflets.info/samuel-laurent-et-son-decodex-une-hysterisation-ideologique-du-journalisme

    Ce n’est pas en 140 caractères qu’il est possible de faire acte d’analyse et d’échanges constructifs sur un sujet tel que celui de la qualité et du contrôle de l’information. Il est par contre possible […]

    #Tribunes #conspirationnisme #Decodex #indépendance_de_la_presse #Liberté_d'expression #police_de_la_pensée

    • A propos de Decodex : je n’ai pas très envie d’en parler, ni de perdre du temps à en faire un commentaire détaillé pour le moment, mais j’ai trouvé que cette analyse était très intéressante, en ce qu’elle pose de bonnes bases pour un débat sur ces questions - importantes : qu’est-ce que l’information ? qu’est-ce que être « bien » informé ? Comment se faire une opinion (personnelle) de la qualité ds informations (mais aussi du savoir, de la connaissance).

      Ce sont des problématiques très larges qui dépassent de très loin le champs couvert par le Decodex (le moins qu’on puisse dire est que leur vision d’Internet est assez « étroite »), puisqu’il s’agit en gros de... tout Internet et l’ensemble du savoir encyclopédique :) Rien que ça.

      La question importante et constructive - puisqu’il faut l’être sinon Samuel Laurent et ses copains ont a vite fait de nous cataloguer comme le troll de chez troll - donc, c’est de savoir si l’initiative Decodex peut être une aide intéressante et/ou efficace, un complément, dans le cadre du débat sur la qualité de l’information disponible quelque soit le média vecteur (Internet, Papier, Télé, Radio).

      On a - sur seenthis - déjà quelques éléments de réponses.

    • Samuel Laurent est un troll, finalement je crois qu’il faut abandonner l’idée de démolir Decodex. ce bouzin est de toutes façons nul et sans intérêt et va sans doute mourir de sa belle mort très bientôt. Moi aussi j’étais en colère et j’avais envie de crier ma haine sur les réseaux mais finalement je crois que ce truc est comme zemour et bhl : ça ne mérite que silence et mépris et c’est tout (j’espère seulement que les profs ne vont pas se jeter dessus pour s’en servir avec leurs élèves pour leur apprendre ce que le bien vs. le mal...).

  • Oh, Monde©, donnez-nous notre Décodex quotidien !
    https://reflets.info/oh-monde-donnez-nous-notre-decodex-quotidien

    Attention, aujourd’hui, un combat de titans, entre la fine fleur des médias d’information et un vulgaire blog d’analyses géopolitiques. Genre, on sent quand même que ça va pas être facile pour le blog. Même s’il accueille […]

    #Breves #On_s'en_fout #Revue_de_Web #Décodeurs #Decodex #Le_Monde #Télé_7_jours

  • Hervé Le Crosnier : « Internet est devenu un véhicule à rumeurs » | Lettres Numériques
    http://www.lettresnumeriques.be/2017/02/24/herve-le-crosnier-internet-est-devenu-un-vehicule-a-rumeurs

    Cette semaine avait lieu la troisième conférence du cycle « Pour un numérique critique et humain ». À cette occasion, Hervé Le Crosnier est intervenu sur le thème « Internet – entre construction des communs et machine à rumeurs ». Lettres Numériques vous livre une interview de ce spécialiste des technologies de l’Internet et de la culture numérique.

    Quelles sont les dérives existantes ou quelles pourraient-elles être si on n’arrive pas à maintenir Internet comme un commun ?

    Il existe déjà des dérives. De l’Internet qui était un commun nous sommes en train de passer à de grands silos d’informations, le silo Google, Facebook, etc. Dès lors, les risques seraient d’arriver à des concentrations verticales qui suppriment l’interconnexion et à une hyper-concentration des acteurs. Comment peut-on penser qu’un acteur comme Facebook qui possède la moitié des internautes connectés de la planète n’a pas de responsabilités sociales ? Ce sont des questions à poser pour garantir l’Internet comme un commun. Cela passe aussi par la neutralité technique de l’Internet, c’est la première base.

    #C&Féditions #en-communs

    • Il me semble que les journaux traditionnels sont aussi de grands vecteurs de rumeurs, bien pires encore parce qu’une fois imprimé, c’est trop tard... Sur Internet, les contre-rumeurs sont publiées à peu près aussi rapidement que les rumeurs, et pour qui sait se servir d’Internet à peu près correctement, la c’est assez facile de passer à travers et de détecter le pipo du réel (pas besoin de #Decodex en fait) une fois aussi qu’on sait faire la différence entre l’expression d’une opiunion, d’une approche intellectuelle et le gros hoax bien vaseux. Non ?

  • Quand Le Monde, Facebook et Google partent en croisade contre la post-vérité
    https://medium.com/@sly/se-repenser-%C3%A0-lheure-du-pr%C3%AAt-%C3%A0-penser-quand-le-monde-facebook

    Pas mal de choses intéressantes dans ce billet d’un prof de communication et responsable de la communauté numérique de l’université Lyon 2.

    Premier point notable : le procédé se place au niveau de la source (du média) et non du contenu (de l’article) ou de l’auteur (du journaliste).
    (…) Deuxième point : malgré les apparences, le classement en 5 classes n’est pas véritablement un système d’échelle (du plus ou moins fiable), mais cache une classification en fait assez binaire, incarnée par un système de whitelist / blacklist, avec une classe intermédiaire pour les bordelines, une classe pour les inclassables et une classe pour les médias satiriques. (…)

    Problème : (…) on ne sait pas grand chose sur la méthodologie : quelles sont les personnes qui participent à la classification, sous quelle forme (individuelle, participative, “démocratique”), avec quelle grille de critères ?

    Noter le média plutôt que le contenu, un mode de préservation de statut :

    Le système du décodex fonctionne en fait sur le modèle traditionnel médiatique : c’est la sélection et la curation réalisées par les humains ( des journalistes ?) qui cadrent le corpus médiatique légitime, non plus à l’échelle du contenu (agenda-setting), mais ici à l’échelle du média : on pourra donc parler de media-setting.

    Paradoxalement, on retrouve derrière ce modèle qui dit évaluer par les faits (fact-checking) un modèle traditionnel de gatekeeping basé sur l’autorité, celles de journalistes, et du coup de leur opinions (ce qui n’est pas grave en soi, mais qui est toujours gênant quand le procédé se réclame d’un modèle opposé).

    Au fond, cela n’est pas tellement étonnant : Le Monde reste ici dans un modèle médiatique pré-digital, à l’opposé des processus d’accessibilité à l’information des plateformes sociales (facebook, twitter) qui, couplées avec des algorithmes, fonctionnent sur l’input des utilisateurs (mon propos ici a valeur de constat et non de jugement).

    Pour aller plus loin, on peut même se demander si Le Monde, perdant son statut de média de référence avec les bouleversements induits par le digital, ne trouve pas avec cette initiative un ultime sursaut de restaurer ce statut, non plus via sa ligne éditoriale mais en s’auto-imposant légitime dans un rôle d’évaluateur et d’accréditeur des médias, c’est à dire en se plaçant “au dessus” des autres médias.

    Du fact-checking à l’argument d’autorité :

    Parce qu’il est toujours possible d’opposer des faits à d’autres, surtout lorsque des liens de causalité rentrent en ligne de compte, le fact-checking utilise l’argument d’autorité pour contourner cette subjectivité et parvenir au bout du processus : classer les média, et donc finalement créditer ou discréditer, qualifier ou disqualifier (…)

    Par contre, et c’est là un terrain de jeu majeur du fact-checking, l’exercice de rattacher l’auteur d’une idée ou d’un propos à une autorité prend tout son sens.

    Au plus cette autorité est au centre de la sphère consensuelle, au plus son auteur sera facilement crédité. Au plus elle s’écartera de celle-ci au plus elle sera discrédité.

    Les fake news, une radicalisation sémantique :

    Il est intéressant de constater une radicalisation sémantique dans le champ lexical médiatique : le nom rumeur, qui décrit le mode de propagation d’une information plus que la qualification de l’information, a laissé place à des concepts tels que fake news ou post-vérité, qui disqualifient en formant et en enfermant une catégorie de contenus bannis.

    Sur la question de la vérité, la définition de la rumeur offre la possibilité d’un doute (“véracité douteuse”) là ou le concept de fake news repose sur une approche binaire (vrai / faux) et excluante.

    Et plein d’autres choses intéressantes, notamment sur Wikipedia que l’auteur semble bien connaître.

    #Decodex #fake_news

    • A l’époque de l’affaire google, notamment chez Calimaq Silex, les chiffres concernant le mode d’accès aux articles et aux médias démontraient que les plateformes loin d’être des prescripteurs étaient la principale porte d’entrée sur les médias écrit. Supprimez cette entrée et c’est tout un pan de l’information qui disparait.
      Information unique, pensée unique.
      C’est à mon avis les sens du Decodex qui couplé aux Gafa va filtrer et faire disparaitre. Plus que de sphère consensuelle, je parlerai de sphère officielle et la coupure à un accès à toute information dissonante.
      On peut toujours parler sémantique et préservation de position mais il me semble que c’est rester loin de l’enjeu de démocratie que représente le decodex.

    • @unagi : tout à fait, on pourrait aussi parler du lien entre les prescripteurs du Decodex (et autres outils de certification, le Decodex n’étant qu’une expression d’un mouvement plus global dans la presse) et le mouvement de concentration verticale dans les médias numérique, entre fournisseurs d’accès et fournisseurs de contenus. Mais ça reste pour l’heure hypothétique et sans application concrète.

    • Premier point notable : le procédé se place au niveau de la source (du média) et non du contenu (de l’article) ou de l’auteur (du journaliste).

      En effet, réflexion aussi fondamentale. On peut potentiellement trouver partout (y compris dans le Monde...)des articles et des approches et des auteur·es dans lesquelles on pourrait faire confiance. Des articles intéressant aux côtés de grosses bouses. Mais on ne sait pas comment sont édités ces textes, et on sait que dans des journaux comme le Monde, le Diplo, le Figaro, Libé, le passage à l’édition (voire la censure souvent), ce travail éditorial est « profond ». Nous en avons de multiples exemples, plus d’un·e auteur·e ou actrices.eur d’articles se sont arrachés les yeux en lisant l’article qu’elles·ils avaient commis ou dont ils étaient les héros légèrement déshonoré (poke à ma copine Méta qui aurait bien lancé une salve de scud sur le Monde l’année dernière depuis le Bronx où elle habite). L’immense perte de confiance dans cette presse finalement toujours papier, elle est là aussi et surtout. Pas seulement dans les compromissions politiques et économiques.

      Mais si ce que ce prof écrit se révèle être exact - je veux dire le processus réel en cours et les intentions derrière Decodex, ce serait donc bien pire que tout ce que nous en avons pensé jusqu’ici. J’espère toujours, pour l’instant, que #Decodex n’est un énorme bug destiné à être éradiqué au plus vite.

      L’article est très intéressant, et amène un éclairage un peu nouveau sur cette affaire minable.

    • @reka : pour rendre justice aux éditeurs et éditrices (SR dans la presse, ou dans une certaine mesure modérateurs et modératrices dans les sites Mutu, j’imagine qu’il y en a ailleurs aussi), leur travail associé à celui des correcteur·rices permet 99% du temps d’éviter des erreurs et de rendre bien plus lisibles les articles.

      Cela dit, la circulation de la copie dans un quotidien est particulière. D’une part, sa rapidité est propice à toutes les approximations, simplifications voire décisions arbitraires des rédacs chef·fes. D’autre part, l’auteur·e ne le revoit pas avant parution, à la différence d’hebdos ou mensuels.

    • Très instructif. J’ajoute modestement au débat cette idée qui me trotte dans la tête depuis quelques jours : le phénomène auquel s’attaquent les initiateurs du Décodex, n’est pas fondamentalement la multiplication des fake news, mais le fait que les gens aillent sur des sites alternatifs s’informer. Cette attirance des internautes pour des informations dissonantes, alternatives, s’explique par la confiance très modérée qu’ils placent dans les média officiels (ce que les études d’opinion démontrent année après année). La stratégie des média mainstream consistant à tenter de discréditer les média alternatifs en les évaluant est voué à l’échec, précisément parce que la confiance en leur jugement est faible dans l’opinion . Ce qui pourrait sauver ces média consisterait à s’interroger sur ce qui fait qu’on ne les croit plus, et sur les manières dont ils pourraient modifier leurs pratiques de travail pour regagner la confiance du public. Mais de ça, il n’est jamais question.

    • Ça pique un peu les yeux de lire pragmatisme pour google et facebook et bonnes intentions pour le decodex alors que c’est une belle saloperie.

      Dans son manifeste récent Mark Zuckerberg mettait en valeur sa vision d’une colonie mondiale centralisée dont les règles seraient dictées par l’oligarchie de la Silicon Valley. https://seenthis.net/messages/571702

      Recension du livre de Eric Schmidt PDG de google par piece et main d’oeuvre :

      Le 4e Reich sera cybernétique : : Pièces et Main d’Oeuvre
      http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=439

      The New Digital Age. Reshaping the Future of People, Nations and Business » (« Le Nouvel Âge digital. Refaçonner le futur des peuples, des nations et des affaires ») Il faut prendre les auteurs au sérieux. Eric Schmidt, PDG de Google, et Jared Cohen, directeur de Google Ideas, sont des technarques. D’éminents représentants de cette technocratie qui gouverne notre présent et planifie notre avenir. C’est-à-dire qu’ils ont les moyens de réaliser leurs plans. Google, vous savez, l’entreprise partenaire de l’Etat américain et de la NSA (National Security Agency) dans le programme Prism d’espionnage universel. La machine à gouverner qui sait tout de nous, qui investit d’énormes capitaux dans la mise au point de « l’homme augmenté », du cyborg, du surhomme électronique cher à Politis (cf Politis et le transhumanisme : une autre réification est possible) et aux cyberféministes.

      Sans paraphraser l’article de Godard, sachez que ces plans concernent au premier chef la police des populations - ordre et gestion (cf Terreur et possession. Enquête sur la police des populations à l’ère technologique), la prévention des dissidences et insurrections.

      « Le danger est identifié : l’individu qui se cache. Et la sentence tombe : - "No hidden people allowed". "Interdit aux personnes cachées" (…) Les gouvernements doivent décider, par exemple, qu’il est trop risqué que des citoyens restent « hors ligne », détachés de l’écosystème technologique. Dans le futur comme aujourd’hui, nous pouvons être certains que des individus refuseront d’adopter et d’utiliser la technologie, et ne voudront rien avoir à faire avec des profils virtuels, des bases de données en ligne ou des smartphones. Un gouvernement devra considérer qu’une personne qui n’adhèrera pas du tout à ces technologies a quelque chose à cacher et compte probablement enfreindre la loi, et ce gouvernement devra établir une liste de ces personnes cachées, comme mesure antiterroriste. »

    • @arnoferrat Je suis d’accord, j’ai été « édité » autant que j’ai « édité » moi même, je sais bien la difficulté de ce métier, de faire les compromis nécessaire pour respecter, être fidèle à l’esprit de l’auteur·e, et surtout s’assurer que l’auteur·e est d’accord pour les changements, les ajustements et les suppressions. Ça veut dire qu’il faut du temps, ce temps que les quotidiens n’ont pas (mais le Diplo est un mensuel et bien qu’il y aurait le temps, c’est assez rare qu’un auteur reçoive son texte édité pour le valider, c’est aussi vrai dans d’autres mensuels et hebdo avec lesquels j’ai travaillé)

      j’ai donc peut-être été un peu rapide dans cette présentation qui oubliait le travail magnifique de certain·es éditeurs·trices, comme toujours. Mais j’ai aussi vu d’assez près le travail de rédactions en chef parfaitement scandaleux et manipulateur, c’est surtout de cela que je voulais parler.

      @wardlittell idée séduisante, peut-être vraie (on va la faire passer au Decodex juste pour voir si c’est crédible ha ha !). Et si Decodex n’est pas un gros bug, c’est peut-être en partie ce que tu dis, je ne serai pas surpris. ça fait quatre ou cinq ans que j’entends les responsables de la presse quotidienne, les journalistes « en vue », vomir sur la blogosphère et les sites alternatifs, les initiatives internet participative tellement ils ont la trouille d’être « déclassés ». A suivre en tout cas. Les analyses sur Decodex s’accumulent, difficile de suivre.

      Je me demande si le Monde va réussir à Survivre à Decodex.

    • @reka Merci du retour. A suivre en effet. Il y’a peut-être une analogie qui reste à analyser entre la crise de confiance vis-à-vis de la presse et celle vis-à-vis de la classe politique. De la même manière que la presse « mainstream » s’applique à décrédibiliser toute presse alternative, la réaction de la classe politique consiste à attaquer bille en tête les partis politiques qui récupèrent les électeurs défiants, alors qu’il serait sans doute plus efficace de s’améliorer soi-même pour répondre aux nouvelles exigences citoyennes.

  • Which World Cities Have the Best Universities ? - CityLab
    http://www.citylab.com/work/2017/01/mapping-the-worlds-knowledge-hubs/505748

    The global economy is increasingly powered by innovation and knowledge, and great universities are a key source of those, functioning as catalysts of the knowledge economy. Leading-edge universities form the axis of tech hubs like the Bay Area (Stanford, UC Berkeley, and the University of California at San Francisco), the Cambridge-Boston region (MIT and Harvard), and a regenerating Pittsburgh (Carnegie Mellon and the University of Pittsburgh).

    But what are the world’s leading centers for university knowledge?

    #savoir #université #connaissance #cartographie #classement #rating - tentative de nouveau mot clé dans lequel on pourrait bien intégrer le minable #decodex

  • Ils n’ont pas encore digéré le brexit, trump, ..., mais ils continuent.
    Un de ces jours, je vais balancer ce site au décodex, c’est sûr.

    Une question : sont-ce les résultats du même institut de sondage que permettait au Huffigton post d’annoncer il y a quelques mois que Clinton gagnerait avec 80% des suffrages ??

    http://www.huffingtonpost.fr/2017/02/23/limpopularite-de-donald-trump-dans-les-sondages-est-inedite

    Ils ne doutent de rien, ils font comme si de rien n’était.
    #decodex #barnum

  • « Fake news », la contre-attaque - Le Temps
    https://www.letemps.ch/economie/2017/02/20/fake-news-contreattaque

    La désinformation a parasité la campagne américaine et menace les élections françaises et allemandes. Sous pression, Facebook et Google s’allient à plusieurs médias européens pour démêler le faux du vrai. Mais l’efficacité de cette lutte anti-intox est critiquée

    En France, le projet porté par Google auquel participe Facebook s’intitule « CrossCheck » : 16 rédactions dont Le Monde et l’Agence France Presse travailleront de concert pour vérifier les rumeurs durant la présidentielle. En parallèle, Facebook a développé son propre outil pour labelliser les fausses informations publiées sur le fil de ses abonnés, un projet déjà expérimenté aux Etats-Unis et désormais déployé en France et en Allemagne. Lorsqu’une publication est décrite comme relevant de la désinformation par deux médias, elle sera identifiée par un drapeau rouge et sa visibilité sur le réseau social amoindri.

    Certaines critiques s’interrogent sur le rôle des journalistes en gardiens du « vrai ». Sous la pression économique, les médias ont souvent été les caisses de résonance pour les « fake news », comme le notait un rapport du Tow Center, dénonçant la tyrannie du clic : « Le potentiel d’audience d’une rumeur nouvelle est important. Du coup, les journalistes se jettent dessus pour avoir davantage de trafic. » Il y a quelques jours, Bild, le tabloïd allemand, avait fait son mea culpa pour avoir relayé des violences sexuelles imaginaires commises par des migrants.

    Cet algorithme de Facebook, qui contrôle la visibilité des contenus, est au cœur du problème. Facebook a fait du « like », de la personnalisation (la fameuse bulle) et de l’émotionnel le principal levier de son audience. Adrian Bangerter : « La fonction des rumeurs, dont font partie les « fake news », est d’alléger une incertitude intellectuelle et de soulager des tensions émotionnelles, que cela soit durant des élections ou lors de situations de crise. Les gens anxieux par nature sont davantage portés à croire et à partager ce genre de fausses histoires qui circulent. » Facebook a fait depuis quelques ajustements sur son algorithme. Une nécessité impérieuse, jugent de nombreux experts : lutter au coup par coup contre les « fakes news » sans se préoccuper de la main invisible qui les rend si populaires reviendrait à vider un énorme tuyau d’eau à la pipette.

    Lutter contre la désinformation, combat ordinaire des Wikipédiens

    En plus de quinze ans, l’encyclopédie collaborative a acquis une expertise précieuse dans la lutte contre la désinformation

    Les wikipédiens ont un joli mot pour cela : le vandalisme. Pour y faire face, Wikipédia peut compter sur le nombre et l’expertise des membres de sa communauté, plusieurs dizaines de wikipédiens bénévoles, devenus au fil des années des fact-checkeurs avertis. « Devenir contributeur Wikipédia, c’est quasiment comme recevoir un cours accéléré en droit d’auteur, en recherche de sources… A la fin, tu as un fort esprit critique qui fait que tu ne fais plus confiance à personne a priori », plaisante Frédéric Schütz.

    #fake_news #post_truth #decodex #crosscheck

  • Charlot ministre de la vérité, par Frédéric Lordon (Les blogs du Diplo, 22 février 2017)
    http://blog.mondediplo.net/2017-02-22-Charlot-ministre-de-la-verite

    Frédéric Lordon est en grande forme. Faut dire que quand c’est trop,...

    Admettons-le : au début on n’a pas voulu y croire. Lorsque le 3 janvier on a entendu Samuel Laurent, « décodeur » en chef au Monde, annoncer « une innovation technologique (1) » conçue pour défaire la post-vérité, on s’est dit que c’était trop beau pour être vrai. Mais l’époque dispense sans compter, et il faut désormais tenir pour acquis qu’elle est capable de tout. La suite a prouvé combien. Il y a d’abord ce nom grotesque, Decodex, qui fait surtout penser aux collants bleus de Fantômas ou bien au manteau noir de Judex — et donne irrésistiblement envie d’avoir accès aux minutes du brainstorming, qu’on imagine quelque part entre Veritator, Orthofact et Rectifias. Il y a surtout une trouvaille dont on ne sait plus s’il faut l’assimiler au geste d’une performance artistique ou au comique du cinéma muet. Construire la machine à gifles et s’y attacher la tête dans l’ouverture, Buster Keaton ou Charlot n’auraient sans doute pas fait mieux. C’est que les génies du décodage se sont fabriqué pour longtemps des journées difficiles. Comme de juste, pas une des (nombreuses) traces de pneu de la presse « crédible » labellisée « vert » ne leur sera épargnée, immanquable avalanche dont les effets sur la santé nerveuse du chef décodeur sont déjà constatables sur les réseaux sociaux. Et chaque fois que le ministère de la vérité proteste de ses justifications doctrinales, c’est derechef pour faire tourner à plein régime la turbine à claques.

    Leibniz nomme « géométral » de toutes les perspectives le point de vue sur tous les points de vue, le point de vue suprême qui cesse d’être un point de vue particulier parce qu’il les synthétise tous. Le géométral, c’est le point de vue de Dieu. Ou, donc, du Monde. C’est bien connu : Le Monde n’a pas de point de vue. Il n’est pas l’organe officiel de la mondialisation, de l’Europe libérale, de la réforme indéfinie, et de l’entreprise-qui-crée-l’emploi — ou s’il l’est, il n’est que le porte-parole de la nature des choses. Et quand, de temps à autre, admettons-le, des « opinions » s’y font entendre, c’est dans les pages spéciales des éditoriaux, des chroniques et des tribunes, hermétiquement séparées du reste du journal voué, lui, aux faits vrais et à l’information neutre.
    Aussi bien Daniel Schneidermann que François Ruffin (7) s’essayent à faire comprendre à Samuel Laurent que c’est le propre du point de vue dominant que de pouvoir se nier comme point de vue particulier,

    Il y a comme une loi de proportionnalité du monde social qui justifie la critique en rapport avec l’importance des positions de pouvoir et des prétentions qui s’y expriment. C’est que la détention d’un pouvoir exorbitant conduit nécessairement à questionner la légitimité des détenteurs, et qu’en l’espèce on est conduit à se demander comment des pouvoirs aussi considérables se sont trouvés remis à des individus aussi insuffisants. La pédagogie généralisée de l’information vraie ne pouvait donc manquer de faire revenir la bonne vieille question de Marx de savoir qui éduque les éducateurs. On se dit d’abord que la croyance forcenée en un journalisme vierge de point de vue et riche seulement de faits devrait suffire à interdire l’accès à la profession. On se demande ensuite ce qui se passe dans les écoles de journalisme pour qu’on en laisse sortir des « diplômés » dans cet état. Sont-elles toutes sinistrées à ce point (ou n’y en a-t-il pas une ou deux qui résistent) ? À quel effondrement président-elles ? La dégradation intellectuelle du journalisme est-elle si avancée que le laisse entrevoir l’aval enthousiaste donné à la philosophie du Decodex jusqu’au plus haut niveau du « quotidien de référence » ?

    « Quand un patron parle, c’est de l’économie, quand un syndicaliste parle, c’est du militantisme »

    Il y aurait beaucoup à dire sur le geste qui conduit, sans visiblement qu’il en ait conscience, Le Monde à épouser cette pratique néolibérale entre toutes de l’évaluation généralisée — des autres. Comme on sait, née dans la finance, la pratique de l’évaluation est en voie de coloniser toutes les sphères de la vie sociale, organisant par là leur soumission à la logique d’une société de marché de part en part régie par le principe de concurrence. On évalue les chauffeurs de VTC, les appartements de location, les toilettes d’aéroport, et sans doute bientôt les dîners entre amis — le « code couleur », cette tragédie de la couleur que même la plus fertile imagination dystopique n’aurait pas pu anticiper. Voilà donc que Le Monde distribue des couleurs à l’information comme d’autres aux apports nutritionnels ou aux pots d’échappement. Le Monde est bien le journal de ce monde.

    Que le journalisme commence avec l’établissement de faits et la dénonciation des contre-vérités flagrantes, c’est une telle évidence qu’on se demande comment des titres ont cru y voir le motif d’une rubrique spéciale, en excès de leur habitude ordinaire qui prescrit pourtant depuis des lustres cette exigence presque constitutive de procéder à des vérifications élémentaires. Ceci d’ailleurs pour des raisons qui sont vieilles comme la politique : sitôt qu’ils ne sont plus surveillés comme le lait sur le feu les pouvoirs mentent, les institutions mentent, l’État ment. Le mensonge leur est constitutionnel, comme à toutes les institutions autonomisées, toujours tendanciellement portées à oublier ce qu’était leur fonction première, pour ne plus vivre que pour elles-mêmes.

    #decodex #fake_news #post_truth

    • Une fois n’est pas coûtume, j’ai lu l’article en entier. Lordon n’est pas ma tasse de thé et j’aime de moins en moins son écriture pompeuse et méprisante, cette espèce d’arrogance induite presque dans chaque phrase et qui décrédibilise de fait le discours. Je trouve que lui et ses collègues, au fond finissent par ressembler à ceux qu’ils défoncent et démolissent.

      Cela dit, j’ai aussi été agréablement surpris de la tournure, plus distanciée et plus simple (et peut-être plus modeste) de certains phrases/idées, certaines interrogations avec lesquelles je souscris complètement sur ce qu’est le Decodex et sur ce que devient Le Monde. Je les reproduis ici : j’y ai pensé de manière identique, je ne l’ai pas écrit mais Lordon l’a fait et ce qu’il a fait correspond très bien à ma consternation.

      A propos des positions des « gens du Monde » qui défendent coûte que coûte Decodex :

      Qu’un discours devienne à ce point instable par autoréférence devrait normalement inquiéter ses propres auteurs. Que la chose les laisse à ce point de marbre, et comme inconscients de la ruine qu’ils opèrent eux-mêmes de leur propre position a en tout cas valeur de symptôme. Mais symptôme de quoi sinon de ces époques finissantes qu’on reconnaît à l’enfermement de ceux qui prétendaient en être les guides, et ne mesurent plus ni à quel point ils ont rompu avec le reste de la société ni la portée de leurs propres paroles.

      A propos du Monde (c’est incomplet, mais c’est comme le Decodex, c’est un début) :

      C’est bien connu : Le Monde n’a pas de point de vue. Il n’est pas l’organe officiel de la mondialisation, de l’Europe libérale, de la réforme indéfinie, et de l’entreprise-qui-crée-l’emploi — ou s’il l’est, il n’est que le porte-parole de la nature des choses. Et quand, de temps à autre, admettons-le, des « opinions » s’y font entendre, c’est dans les pages spéciales des éditoriaux, des chroniques et des tribunes, hermétiquement séparées du reste du journal voué, lui, aux faits vrais et à l’information neutre.

      Samuel Laurent et ses copains des Décodeurs qui, avec ce pouvoir, sont un peu sortis de la réalité et planent en oblique 2000 m d’altitude. Justement sur la question - fondamentale - de celui qui a qui exerce le pouvoir, ce qui est le cas de Samuel Laurent comme journaliste du Monde soutenu à fond par sa « hiérarchie », Lordon écrit ceci qui est un base solide pour commencer à en parler :

      Aussi bien Daniel Schneidermann que François Ruffin s’essayent à faire comprendre à Samuel Laurent que c’est le propre du point de vue dominant que de pouvoir se nier comme point de vue particulier

      Maintenant, viennent les arguments, les raisons pour lesquelles « on » est journaliste ou pas et « ce qu’est un journaliste ». Avec des réponses d’une grande pauvreté. Et en écoutant, en lisant, on se souvient tout à coup que « mais c’est le Monde quand même, le journal prestigieux de référence ».

      interrogé sur les ressorts de sa vocation journalistique, le chef décodeur [répond] qu’elle doit tout à « la passion des faits ». La passion des faits… Des faits en général, sans autre précision. Des faits en tant que faits. Réponse philosophiquement vertigineuse, porteuse de tout un rapport au monde social et à la politique, qui laisse aussi dans un grand désarroi : il y a « les journalistes » (qui n’ont pas de point de vue) et il y a « les militants » (qui en ont un). Les premiers sont donc par essence respectueux des faits et les seconds portés à les distordre : {« Je ne suis pas militant, je suis journaliste. Et être journaliste, c’est expliquer le monde tel qu’il va ».}

      Pouvait-on imaginer définition plus pitoyable... Ce que Lordon exprime ainsi :

      Sentiment de vertige au spectacle de cet abysse.

      Revenons à la question du pouvoir, parce que c’est vraiment le truc le plus important. On ne discutera jamais assez sur les conditions qui amènent certain·es - parfois par hasard, parfois par vrai opportunisme ou carriérisme - à accaparer/confisquer ou simplement obtenir les pleins pouvoirs. Et la réflexion de Lordon dans le contexte du Decodex est intéressante :

      Il y a comme une loi de proportionnalité du monde social qui justifie la critique en rapport avec l’importance des positions de pouvoir et des prétentions qui s’y expriment. C’est que la détention d’un pouvoir exorbitant conduit nécessairement à questionner la légitimité des détenteurs, et qu’en l’espèce on est conduit à se demander comment des pouvoirs aussi considérables se sont trouvés remis à des individus aussi insuffisants.

      On peut penser que le terme « insuffisant » est très arrogant, voire insultant, d’un autre côté, en suivant ce Monsieur sur les réseaux sociaux et en lisant ce qu’il écrit dans le journal, on est abasourdi par l’indigence des propos, des analyses, des réflexions.

      Quelqu’un ici, sur seenthis, a expliqué que l’univers mental des gens de Decodex était étroitissime pour ce qui concerne en tout cas leur utilisation d’Internet et des projets/initiatives qui s’y développent. Dans l’émission « Arrêt sur image » cité par Lordon, on entend Samuel Laurent justifier sans rire que "les grosses rédactions sont plus sérieuses que les petites et que "si le public veut s’informer sur le Proche-Orient, il trouvera beaucoup plus d’infos [vraies] dans le Figaro, le Monde ou Libé parce que ce sont de « grosses rédactions » et qu’il y a « journalistes qui font des reportages, des choses comme ça ». C’est en effet nier que de très nombreux groupes de recherche, de réflexions, des blogueurs aussi, etc... se servent d’Internet comme plate-forme pour faire exister leurs projets et leurs initiatives qui souvent apportent des éléments plus riches, plus précis, et plus « vrais » ou « vraissemblable » que les "grosses rédactions) :) (j’ai honte de le dire comme ça mais bon) que ce que ferait un journaliste du Monde ou du Figaro, avec tout le respect que je leur dois puisque certains sont des ami·es très cher·es (et je pense d’ailleurs qu’elles/ils souffrent beaucoup en ce moment).

      Puis vient enfin cette réflexion sur le journalisme et sur ce qu’est la direction du journal de référence (je parle du Monde)

      On se dit d’abord que la croyance forcenée en un journalisme vierge de point de vue et riche seulement de faits devrait suffire à interdire l’accès à la profession.

      On se demande ensuite ce qui se passe dans les écoles de journalisme pour qu’on en laisse sortir des « diplômés » dans cet état. Sont-elles toutes sinistrées à ce point (ou n’y en a-t-il pas une ou deux qui résistent) ?

      La dégradation intellectuelle du journalisme est-elle si avancée que le laisse entrevoir l’ aval enthousiaste donné à la philosophie du Decodex jusqu’au plus haut niveau du « quotidien de référence » ?

      J’ai mis en gras parce que pour moi, c’est un mystère. J’ai travaillé pendant 30 ans au Monde d’abord, puis dans les environs du Monde ensuite lorsque j’étais au Diplo. j’y ai encore des ami·es fidèles (je parle surtout du Monde), qui parfois me racontent des trucs. Mais je ne comprends pas comment un journal comme le Monde ait pu avoir à sa tête des dirigeants aussi médiocre.

      Sur la manie de vouloir tout classer, tout ranger dans des cases pour sans doute mieux contrôler :

      C’est que la machine à gommettes occupe pile ce lieu monstrueux où se rencontrent la pathologie néolibérale du rating et la conception tutélaire de la démocratie. Il y aurait beaucoup à dire sur le geste qui conduit, sans visiblement qu’il en ait conscience, Le Monde à épouser cette pratique néolibérale entre toutes de l’évaluation généralisée — des autres. Comme on sait, née dans la finance, la pratique de l’évaluation est en voie de coloniser toutes les sphères de la vie sociale, organisant par là leur soumission à la logique d’une société de marché de part en part régie par le principe de concurrence.

      On se demande comment les gens du Monde font pour ne pas voir (ou ils font semblant). Il y a des journalistes du Monde qui ne disent rien parce qu’ils ne peuvent pas, mais on a vu que leurs comptes twitter ou fb ne font pas une seule mention sur Decodex... Sans doute le seul moyen qu’ells·ils ont d’exprimer leur désaccord :

      la philosophie du Decodex révèle ce qu’elle est… en vérité, et pousse l’ironie jusqu’à permettre de le dire dans ses propres termes : un enfermement dans la croyance, la croyance d’un en-dehors de l’idéologie, c’est-à-dire finalement d’une idée possible de la politique hors de la politique — pour le coup : « contradictoire ».

      C’est tellement consternant qu’on est tenté de se demander s’il ne reste pas dans un coin au Monde quelques personnes qui n’ont pas complètement oublié ce que c’est que la politique, et qui n’ont pas secrètement un peu honte de ce qui est en train de se passer dans leur propre journal, de ce naufrage intellectuel, avalisé jusqu’au sommet de la direction : le règne des data et de l’algorithme, de la politique abandonnée à des illettrés politiques, où le néant de pensée se trouve le remplissage de substitution des lignes de code.

    • Ce passage est aussi savoureux, ça complète la collection :

      Ceci d’ailleurs pour des raisons qui sont vieilles comme la politique : sitôt qu’ils ne sont plus surveillés comme le lait sur le feu les pouvoirs mentent, les institutions mentent, l’État ment. Le mensonge leur est constitutionnel, comme à toutes les institutions autonomisées, toujours tendanciellement portées à oublier ce qu’était leur fonction première, pour ne plus vivre que pour elles-mêmes. Hormis quelques incertaines régulations institutionnelles, seule la coercition de l’information publique peut les tenir à un minimum de respect de la vérité. Que le procureur de Pontoise trouve d’abord à dire qu’Adama Traoré est mort de complications infectieuses, ou l’IGPN que le viol de Théo n’en est pas un mais une inadvertance, ceci n’est pas un accident mais la vérité des pouvoirs institués. Et c’est bien dans le rapport de force, contraints par l’opiniâtreté d’une volonté de dévoilement, que les pouvoirs finissent par cracher le morceau, et là seulement.

      La presse est en principe le lieu de cette volonté — en principe car elle-même, devenue pouvoir institutionnel, entretient (mais depuis si longtemps…) des liens troubles avec les autres pouvoirs institutionnels, ceux du capital et de l’État notamment, dont elle passe souvent les plats avec une étonnante décontraction, employant maintenant surtout son énergie à contrer les contre-pouvoirs (et pensant se refaire une virginité de temps en temps avec un Lux Leaks ou une affaire Fillon, péripéties à grand spectacle, opportunément venues pour mieux faire oublier l’ombre dans laquelle on laisse d’habitude les fonctionnements réguliers du système). Au passage, Pierre Rimbert rappelle dans « Les chauffards du bobard » (19) que quand la presse officielle fait dans le fake, elle n’y va pas avec le dos de la pelle, ni ne mollit à la taille des enjeux : au bout du mensonge, il y a parfois des guerres, des bombes et des morts par milliers.

    • Merci à toutes et tous pour vos avis précieux, oui le Decodex est une imbécilité sans nom, on revient à une sorte d’Eglise cathodique qui remplace la « catholique » ..Scandaleux que des journalistes se fasse l’écho du système mais bon c’est leur métier et c’’est l’Otan qui est derrière avec Stratcom pour soit disant lutter contre les fausses nouvelles.

    • Et c’est une journaliste américaine qui nous l’explique : c’est aux médias de décider de contrôler ce que pensent les gens et c’est notre travail" Mika Brzezinski, la fille du très va t’en guerre Zbigniew Brzezinski, qui pousse l’Occident a faire la guerre contre la Russie et la Chine, qui nous l’explique, ça doit être génétique chez ces anciens nobles polonais. https://francais.rt.com/international/34404--medias-controler-gens-trump-msnbc
      Attention on assiste en ce moment à une quasi révolution aux Usa depuis l’élection inopinée de Trump, suivez le « Projet Veritas » qui se veux anti-média, crée par un libéral ayant dénoncé les nombreuses affaires sous Obama et les Clinton :
      .http://veritaslive.com/02-23-2017/project-veritas-releases-over-100-hours-of-audio-from-inside-cnn.html
      C’est la guerre déclarée de l’Etat profond contre la nouvelle équipe au pouvoir qui a bien l’intention d’éradiquer celle qui a pris le pouvoir en 2001 ...

    • merci @sombre j’ai failli manqué tous ces précieux commentaires sur le dernier billet de Lordon. J’avais cité le même passage que Reka que j’ai adoré. https://seenthis.net/messages/572431

      Personnellement j’aime beaucoup Frédérique Lordon. Je le lis régulièrement. Je ne l’ai jamais trouvé ni arrogant ni méprisant bien qu’étant issue de la classe ouvrière. Il sait adapter son langage par rapport à son public. Bref j’ai pour lui une certaine admiration.

    • Ben @reka, si t’avais apprécié Lordon on aurait eu tout le papier en citation (y’en manque plus beaucoup) !! ;-)

      Pas d’accord avec toi @reka. Le ton du papier est ce qu’il doit être, « l’arrogance » de Lordon n’atteint pas le millième de celle de ceux qui se prétendent journalistes au Moonnndddeee.

      Autant j’étais remonté contre une référence de @hlc, autant celle-ci me réconcilie avec mes congénères.

    • @marielle : Disons que Lordon a souvent un style un peu pédant et j’avais trouvé ses interventions à « Nuit Debout » très agaçantes comme s’il parlait pour s’écouter parler en se prenant les pieds dans le tapis car le fond de sa pensée et ses arguments n’étaient pas clairs. Et depuis, j’évitais de lire ses articles.
      Mais là, l’analyse est plutôt bonne.

    • @monolecte euh moi ça fait quelques années :) que je m’interroge sur les processus qui permettent à des imposteurs (ou à des personnes « insuffisantes » comme le dit si élégamment Lordon dans ce texte) de s’accaparer un ou des pouvoirs exorbitants, et de l’imposer à celles et ceux qui de facto se retrouvent dans une position « en dessous » et qui doivent subir les diktats que ces nouveaux médiocres leur imposent sans réelle possibilité de les discuter. Sur le terme « médiocre » : il ne veut pas nécessairement dire « incompétent ». Je veux dire que ces médiocres peuvent être très compétent dans leur domaines de recherche ou de spécialisation, mais sont d’absolu désastres dès lors qu’ils se retrouvent en position de domination sur les autres (de toutes façons je suis contre toute forme de hiérarchie !). Pour moi le médiocre dont on parle l’est parce qu’il a pété un plomb et abuse plus ou moins largement du pouvoir qu’on lui a confié au mieux ou qu’il s’est accaparé au pire. Ce médiocre au pouvoir dirige de manière opaque, cache les informations stratégiques, joue les uns contre les autres, désespère les employés trop créatifs ou trop indépendants (ou leur arrache leurs prérogatives). Pour survivre à une direction médiocre dans ce sens, la seule solution est de partir, Se battre ne sert à rien. Constater l’échec et reconstruire autre chose ailleurs, mais pour certain.es qui restent, elles.ils finissent souvent par fonctionner sur des stratégies d’évitement, lesquelles sont également potentiellement destructrices. Un jour ou l’autre, ces directeurs « insuffisants » finissent par se crasher, par faire naufrage, tous seuls comme des grands, comme le « vasa » qui coula quelques minutes après son lancement lors de son inauguration tellement il était lourd tellement le roi de Suède voulait en faire le navire le plus puissant du monde.

      Cette médiocrité des dirigeants est démotivante pour beaucoup, mortelle pour certains dans le sens où elle tue l’enthousiasme de ceux qui n’ont pas envie de plier et détruit des idées, des initiatives prometteuses, des expérimentations.

      Je ne sais pas pourquoi on en parle plus aujourd’hui qu’hier, il me semble que ce phénomène st constant dans le temps depuis longtemps. Sauf qu’aujourd’hui, avec la multiplication des outils qui permettent la liberté, ceux qui subissent cette médiocrité s’en accommode moins bien et/ou en souffre beaucoup plus.

      J’ai vécu ces situations, plusieurs fois (vu du dessous) et je dois reconnaître que ça a laissé des empreintes qui, de temps en temps, redeviennent douloureuses. Ce n’est donc pas un sujet léger ! :)

      @marielle Le grand charme de seenthis est entre autre la qualité des discussions où des opinions très différentes peuvent s’exprimer sans crainte, et surtout — ce qui est le plus important — des discussions où les dérapages sont très très rares. Les échanges peuvent être vifs - parfois un peu brutaux - mais en général toujours argumentés. Je suis content de savoir que tu admires Lordon, c’est très bien, chacun·e admire qui elle·il veut, merci pour l’info. J’en profite pour te dire qu’ayant lu Lordon depuis quelques années, je vois que son écriture n’a pas toujours été aussi pédante et arrogante. Quand il écrivait plus modeste et sans ces métaphores à la con qui discréditent son discours, j’aimais bien certains de ses textes, et j’ai partagé (je partage toujours d’ailleurs) certains de ses points de vus. pas tous, mais c’est aussi normal.

      Par contre j’ai vu son écriture se dégrader et Lordon commencer à écrire comme Rimbert (qu’il cite dans le texte et qui a l’habitude d’éditer les papiers qu’ils peublie sur le blog du diplo), avec force de métaphores merdiques qui se croient fortes et drôles, mais qui respire l’arrogance de ceux qui pensent avoir toujours raisons sur tout le monde (genre Caligula) et qui finalement méprisent justement tous ceux qui ne pensent pas comme eux. Peut-être a-t-il subit de mauvaises influences éditoriale à force de trop fréquenter le « Diplo du haut ».

      @butadaie On est bien d’accord su l’essentiel, on dit la même chose pour ce qui concerne nos amis du Monde. Pour Lordon, comme je l’ai dit, je suis content qu’on ait toutes et tous des avis différents. Moi je n’aime plus, ni le style ni certaines idées (sauf certaines en partie exprimées dan ce texte), mais je suis content si d’autres trouvent que c’est bien. c’est la magie seenthis en quelques sortes.

    • A propos de Lordon et pour alimenter le débat, je fais remonter des « abysses » de Seenthis quelques discussions sur le keynasianisme et le spinozisme de sa pensée et (ce qui a fait pas mal de vagues) la parution de son bouquin, Imperium, où Lordon étrille sans ménagement l’anarchisme, l’internationalisme et tout ce qui caractérise le contenu de la pensée libertaire :

      https://seenthis.net/messages/524109
      https://seenthis.net/messages/559885

      (Heureusement qu’il existe quelques outils pour « défragmenter » Seenthis)

    • @sombre sur Lordon (et Friot) je trouve ce passage assez juste :

      Il est devenu de mode de cracher sur Lordon de manière peu rigoureuse, afin de marquer son manque de radicalité et du même geste, de démontrer la sienne... Cela devrait être le fruit d’une véritable lecture critique, faute de quoi l’on tire à côté, et ne demontrons que notre mauvaise foi ou notre mauvaise compréhension . (Il me semble qu’on peut observer le meme phénomène avec b. Friot.)
      https://seenthis.net/messages/559885#message561635

      Je trouve que ça décrit assez bien les textes et les postures de « palim-psao », « tantquil » et « Sortir du capitalisme ».

  • Bonjour,
    Pas toujours le temps de rentrer dans tous les articles mais j’avais mis de côté une référence de @hlc et je l’ai lue… Les bras m’en sont tombés.

    La voici.
    https://seenthis.net/messages/570133

    Le coupable : Séraphin Alava , Professeur des universités (à la lecture du papier il en a effectivement l’envergure), nous explique qu’il faut « éduquer » la jeunesse aux médias !!

    Sous un couvert faussement scientifique, un papier bourré de novlangue et de vide.

    L’enjeu révolutionnaire selon lui :

    Comment identifier et dire la vérité

    (sic !).

    Il faudrait expliquer au Pr. Alava qu’un scientifique digne de ce nom commence par définir les termes avec lesquels il va établir ses heuristiques et les moyens de les valider. Ici, kdal. La vérité ? Il ne la définit pas. C’est acquis : la vérité c’est lui et ceux qui lui ressemblent, les autres c’est la « radicalisation cognitive des jeeuuunnneess ».

    Et il y va l’artiste, il y va de bon cœur.

    Il n’a pas définit son concept de vérité mais une chose est sûre c’est pas les théories complotistes et alternatives la vérité, c’est ce qu’il pense lui la vérité, pas ce que pensent les autres.

    Et comme les autres ne voient pas la vérité là où lui la voit, alors il ne doute de rien, il propose de :

    repenser l’éducation aux médias et construire les nouvelles formes d’info-apprendre de demain

    (re-sic !)
    Rien de moins. C’est big brother, il va d’ailleurs nous montrer comment.

    Il cite Beuve-Mery, mais si Beuve-Mery pouvait parler peut-être qu’il lui expliquerait que la réflexion est aujourd’hui partout sauf dans ses journaux et dans ses médias qui disent que des vérités.

    Séraphin a bien analysé le truc, il y a trouvé des causes essentielles, en voici une :
    – un excès d’info : ça c’est de la science… T’as trop d’infos sur un sujet alors c’est pas bon, faut qu’on te rééduque. Et il te cite un sondage dans lequel « 26% des jeunes de 18 à 24 ans ne considèrent pas la radio comme une source crédible » : alléluia !! C’est une très bonne nouvelle ! Ils ont soif d’autre chose, soif d’autres sources, mais non, ça lui va pas, c’est pas bon car => la vérité sort de la radio, c’est bien connu.

    En voici une autre : attention, je ne ment pas, vous pouvez le contrôler dans son papier :
    – « Ce qui forme une culture n’est pas la conservation, mais le filtrage. Et Internet est le scandale d’une mémoire sans filtrage, où l’on ne distingue plus l’erreur de la vérité » : vous avez bien lu, fô filtrer l’info car internet ne le fait pas. Lui il sait ce qui est vérité donc il faut utiliser son prisme pour filtrer.

    Je m’arrête là car ce papier est un tissu de c*%@#$ et de contre vérités (c’est le cas de le dire) et si je devais analyser l’ensemble, je suis encore là cette nuit.

    Camarade Séraphin, Le Monde t’a entendu, y’a maintenant le decodex, tu peux y aller et filtrer la bas tout ton saoul.

    Pr. Des universités, s’il vous plaît ! Orwell doit se retourner dans sa tombe !! Ça me rappelle un film « Equilibrium » où la aussi t’avais le grand frère qui pensait pour toi et qui organisait les filtrages pour que seule la vérité atteigne le prolétaire.

    Le plus triste n’est pas Alava en fait, c’est que son papier ait été tagué par 5 seenthisers, et certainement pas pour les mêmes raisons que moi...

    #barnum #bonneteau #decodex

    • « Le plus triste n’est pas Alava en fait, c’est que son papier ait été tagué par 5 seenthisers, et certainement pas pour les mêmes raisons que moi... »

      Et pourquoi pas ?

      Si vous suivez mon fil, faites attention, je peux tagguer même si je ne suis pas d’accord, mais que je garde en réserve les arguments des autres.

      Il faut quitter sa bulle de filtre pour pouvoir répondre.

      Tiens, justement, c’est ce que je dois faire demain... Il est temps que je retourne préparer mon intervention.

    • Bonjour @hlc.
      Autant pour moi.
      Je pense néanmoins préférable d’alerter tes lecteurs peu rapides à la comprenette (moi par exemple) de la teneur de ta référence.
      Tu aurais mis un truc du style « y’a un zozo en plein sophisme, allez voir si vous voulez rire » et là ma réaction aurait été différente.

      Bonjour @francoiscarmignolia1. Suis d’accord avec toi, à fond. Il est nécessaire de se poser la question de ce qu’est la vérité , la vérité objective , la vérité universelle .
      C’est pour cela que je critique le professeur car lui il ne se la pose pas (ou plus sais pô). Rudy est pour lui la Pythie, et bien que Pr. Il a malheureusement abdiqué les principes même de la recherche scientifique : doute, remise en cause, définitions des termes, des concepts, validations expérimentales, ouverture, etc.

      Le papier que tu as mis en lien, bien qu’il ne m’ait pas fanatisé (ah que veux-tu, les universitaires j’ai du mal...), et bien il faudrait l’envoyer au Pr. Alava pour qu’il s’en inspire (sans trop d’espoir quand même).

      Bon dieu, qui a assez peu d’humilité pour prétendre dire la vérité ? Rien que ça, ça disqualifie.

  • Merci #DECODEX… – RussEurope
    https://russeurope.hypotheses.org/5692

    Je dois ici confesser une erreur. Et je le fais en toute humilité. L’application « Decodex » lancée à sons de trompes par Le Monde n’était pas une opération d’auto-promotion de ce journal. J’avais pu me laisser induire en erreur par le fait qu’apparaissaient en vert, donc en lectures réputées comestibles, toutes les publications associées au Monde. J’avais pu penser qu’il s’agissait d’une attaque hystérique contre le pluralisme de la pensée, d’une tentative aussi sotte que grossière pour « certifier » la vérité, comme si cette dernière pouvait tomber sous copyright. Bref, j’avais pu dire des choses peu agréables pour les auteurs de cette opération, comme dans l’interview réalisé par RT (en anglais) : https://www.rt.com/viral/376488-fake-news-crackdown-facebook-google 

    En réalité, il s’agissait d’une opération visant à renforcer le pluralisme de la presse en assurant une promotion gratuite aux sites classés « orange » (come c’est le cas pour RussEurope) ou en « rouge », comme c’est scandaleusement le cas pour le blog d’Olivier Berruyer Les Crises – à qui j’apporte mon soutien dans cette nouvelle forme de censure . Je m’en suis rendu compte en regardant les statistiques de mon carnet.

    • Des journalistes bas-de-gamme bien formatés comme Samuel Laurent (maîtrise bidon de com’, « master » de journalisme) osent juger péremptoirement des professeurs d’université du niveau de Jacques Sapir... ce serait un peu comme un troufion de 2ème classe qui se croirait en mesure de donner des ordres à un général.

      L’un des effets majeurs du déclassement scolaire, du pédagogisme foireux et de l’inflation des diplômes, est d’avoir créé une multitudes de foutriquets qui se prennent pour Jacqueline de Romilly, Émile Durkheim ou Jacques Monod. Sans compter ceux qui, sans même se donner la peine, existent médiatiquement en exhibant leur titre de « fils-de » (Huchon) et même maintenant de « petits-fils-de » (Mendès-France)...

      C’est dire l’état de délabrement, de népotisme et de reproduction consanguine conforme de la caste mérdiatique... La descente a été graduelle, insensible depuis les années 1990. Ils sont, en plus, passés idéologiquement du libertaire eu libéral et du permissif au répressif. Cela s’est fait comme sur un anneau de Moebius : ils sont restés sur la même face mais sont pourtant passés de l’autre côté. C’est pourquoi ils ont toujours la sincère impression d’être les dignes successeurs de ce qu’étaient Le Monde et le Libé il y a 40 ans... et regardent ceux qui sont de l’autre côté comme étant les « fachos ».

    • oui en effet pour Samuel Laurent, c’est un troll de chez troll trop fier de lui et narcissique du haut de son univers indigent. Il a 20 ans de retard. C’est un peu la honte pour Le Monde, mais il est bien accompagné avec Leparmentier et Fénoglio. je me demande comment c’est possible qu’un journal comme le Monde ait pu tomber entre des mains aussi médiocres, surtout quand on se souvient des plumes d’antan. Cela it Je ne suis pas sur que Sapir soit trop fréquentable non plus si je me réfère à ses récentespositions plus que zarbi en particulier sur l’Euro et sur le FN.

      ps @rodolphe on s’est rencontré à Saint-Dié, n’est-ce pas, après une de mes confs ou la conf collective sur la géographie radicale ?

  • Aulnay : une enquête préliminaire ouverte après de nouvelles accusations contre un policier
    http://www.lemonde.fr/violences-policieres/article/2017/02/14/aulnay-sous-bois-l-igpn-saisie-apres-de-nouvelles-accusations-contre-l-un-de

    Mohamed K. a décidé de porter plainte

    Une fois dans l’immeuble, le contrôle dégénère. « Barbe Rousse me cogne avec sa matraque, dit Mohamed K. Les agents me menottent, me balayent au sol, m’écrasent la tête, me donnent des coups de genou dans les yeux, je voyais mon sang au sol, j’essayais de ramper. » La scène a duré trente à quarante minutes, selon lui, avant qu’il soit emmené au commissariat.

    « J’avais du mal à respirer et je ne comprenais pas ce que je faisais là. » Les policiers l’informent qu’il est en garde à vue pour « outrage et rébellion ». Il y restera vingt-quatre heures, sans comprendre ce qui lui était reproché.

    Emmené au service médico-judiciaire de l’hôpital Jean-Verdier à Bondy, il se voit délivrer cinq jours d’ITT (interruption temporaire de travail).

    Après vingt-quatre heures en garde à vue, Mohamed K. se réveille, les yeux « si gonflés par les coups reçus » qu’il n’y voyait plus rien. Sa famille, alertée par un ami, a appelé plusieurs fois le commissariat pour prendre des nouvelles : « Il leur a été répondu que j’allais sortir. »

    Au moment des faits, Mohamed K. n’a pas porté plainte : « Je venais de trouver du travail et je ne pouvais pas me permettre de risquer de le perdre », a-t-il expliqué à L’Obs. Depuis, il a toutefois décidé de porter plainte, l’avocat de Théo L., Me Eric Dupond-Moretti, se chargeant de le défendre.

    Tout est là : la violence quotidienne, l’impunité qui transforme la police en bande organisée, l’absence de motifs... et au final la peur de porter plainte pour ne pas perdre son travail.

    #police #violences_policiei

    • Ce serait bien d’arrêter de mettre des liens vers le site du Monde , le site qui se targue de gérer la vérité vrai avec #Décodex.

      L’index de la vérité officielle privatiséee.
      Le monde, l’organe officiel du néolibéralisme français, le site qui est choqué par les « journaux » de gauche et qui les signale. Exemple Fakir.

      Ne plus publier de liens vers cette feuille de choux européiste , c’est frapper ses propriétaires milliardaires au portefeuille.
      Par contre, si un article est intéressant, on le publie dans son intégralité.

      Avant de publier quelque chose, faire une recherche afin de voir s’il n’y a pas un lien vers un autre site.
      Merci

  • l’An 2000 - Un wiki pour dépasser le Decodex ? - Libération.fr
    http://an-2000.blogs.liberation.fr/2017/02/14/decodex-wikipedia

    En réalité, le blog les-crises.fr a été classé rouge (il est depuis repassé à l’orange) parce qu’il défend des positions pro-russes, notamment sur le conflit ukrainien.

    Mais il est bien difficile de trouver une manière raisonnable de jauger l’idéologie d’un site. Être partisan est-il un signe de non-fiabilité de l’information ? Existe-t-il vraiment des sites sans aucune idéologie ? Le Monde pourrait très bien lui aussi recevoir sa pastille orange pour ses partis pris pro-européens ou libre-échangistes.

    Face à la controverse, Le Monde a ainsi préféré retirer momentanément de sa base le site Fakir de François Ruffin qui avait hérité au départ d’une pastille orange du fait d’« une ligne éditoriale militante et [d’]un parti pris clairement revendiqué ».

    Il faudrait que je prenne plus de temps pour écrire sur cette affaire du Decodex... mais quand même :
    – est-il possible d’assimiler chaque article et l’ensemble d’un média ?
    – le problème des « fake news » tient plus à la circulation hyper-rapide dans les médias sociaux qu’à la question de l’origine des informations sur des sites publics et présents à long terme
    – est-il compatible d’établir des listes (rouges vertes ou oranges) et dans le même temps de défendre la liberté de la presse telle qu’elle est définie dans la Loi de 1881 ?
    – quand les fausses nouvelles volontairement répandues causent des troubles à l’ordre public, le parquet est en mesure d’agir... pourquoi ne le fait-il pas ? Est-ce que le « trouble à l’ordre public » serait proportionnel à l’audience d’un média, mais dans le même temps cette audience serait une protection contre les accusations ("too big to fail ?")
    – le reportage de TF1 qui a joué un si grand rôle dans l’élection de Nicolas Sarkozy est à classer dans quelle couleur ?

    Au final, on veut trouver une « solution technique » à un problème proprement politique : pourquoi les citoyens s’engagent-ils moins dans la vie sociale et dès lors sont-ils plus sensibles aux pressions, aux émotions et aux paroles qui confortent leurs idées profondes ?

    C’est en redonnant toute sa place et sa valeur au débats, aux controverses et aux oppositions que l’on avancera sur ce problème (et pas en trouvant comme seul « opposant » à Marine Le Pen le fantasque Patrick Buisson...).

    Au fait, c’est quoi la couleur du grand journal qui a provoqué la guerre d’Irak en apportant des « preuves » de l’existence d’armes de destruction massive ? Mais une guerre, ce n’est certainement pas un trouble à l’ordre public, et c’est bon pour les médias ça coco.

    • merci de lancer le débat aussi finement, je n’ai pas trop de temps en ce moment, mais je crois que que c’est important d’en parler. Ces pastilles vertes rouges oranges étaient tellement énormes qu’aucun·es d’entre nous n’a vu tout de suite à quel point c’était tragique de débilité (et de médiocrité). Nous aurons l’occasion de revenir souvent sur ces questions très fondamentales auxquelles, je le redis, je crois que seenthis utilisé comme outil de veille collectif.ve apporte une partie de la réponse.

      Pour ma part, j’ai énormément appris avec la lecture quotidienne de seenthis, des signalements, des discussions et des ajustements que nous sommes toutes et tous amené·es à faire de temps en temps. Ça a affuté encore plus mon esprit critique et d’une certaine manière, mes méthodes de travail.

      Je reste néanmoins toujours avec l’impression d’être quotidiennement submergé pour ne pas dire enseveli par les infos et les savoirs qui me sont offert ici et ailleurs, et je n’ai toujours pas trouvé la bonne approche pour juguler cette masse...

      Par ailleurs, j’aime beaucoup le (nouveau) titre de ton compte ! Il fallait y penser. Bravo !

  • Le lustre retrouvé du « Monde diplo »

    http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2017/02/14/le-lustre-retrouve-du-monde-diplo_5079218_3236.html

    Creuset de l’altermondialisme et du mouvement Nuit debout, le mensuel engagé connaît un regain d’audience et pèse toujours avec succès sur la gauche de la gauche.

    Un soir d’hiver à Evry, dans l’Essonne. Dans la pénombre d’une petite salle de réunion en sous-sol, en bordure d’un vaste centre commercial, ils se retrouvent en petit comité. « Normalement, on est un peu plus nombreux », s’excuse Jacques Simon, professeur à la retraite et président local de l’Association des amis du Monde diplomatique. Comme tous les troisièmes lundis du mois, il est venu avec le dernier numéro du mensuel, dont il a surligné de nombreux passages. Son camarade de réunion a fait de même. Pendant deux heures, les deux hommes débattent des articles qui les ont marqués. La situation grecque, la Syrie ou le besoin d’une « autre politique », dans un cadre proche de la vie militante.

    Il y a ce soir-là un ancien membre d’Attac, aujourd’hui proche du Front de gauche, et un « gaulliste social », séduit par l’ancien vice-président du MoDem, Jean Lassalle. Pourquoi lisent-ils le Diplo ? « C’est un journal alter, qui est dans la mise en cause du système », répond Jacques Simon. En 1995, l’édito « La pensée unique », signé du directeur, Ignacio Ramonet, avait mis des mots sur ce que le journal entend combattre.

    Deux décennies plus tard, le titre continue de se tenir à rebours des grandes tendances médiatiques : peu disert sur la présidentielle française, traitant avec parcimonie le terrorisme islamique ou la question russe. Mensuel, le Diplo prône un journalisme de temps long, quand une majorité de médias concentrent leur énergie sur leur flux d’information. Journal d’opinion, il incarne un courant de la gauche radicale qui a quasiment disparu de la presse quotidienne, avec le déclin des journaux proches du Parti communiste et le recentrage de Libération. International, il consacre de longs formats à des contrées lointaines, quand beaucoup de médias ont dû réduire leur présence à l’étranger. Critique, il n’a de cesse de faire la leçon à ses homologues, dont il dénonce les partis pris et les conformismes.

    Après plusieurs années difficiles, le mensuel vit un spectaculaire renouveau. Sa diffusion a progressé de 12 % en deux ans, son nombre d’abonnés est au plus haut (89 000 fin 2016, selon la direction), et il affiche un résultat d’exploitation positif (1,2 million d’euros en 2015), quand beaucoup d’autres titres décroissent. Son site Internet attire plus d’un million de visiteurs uniques par mois et sa page Facebook compte un million de fans, de Paris à Bruxelles, de Dakar à Tunis.
    Le Diplo a même reçu, en avril 2016, une « étoile » de l’ACPM, l’Alliance pour les chiffres de la presse et des médias, ces récompenses distribuées chaque année par l’organisme qui certifie les chiffres de ventes. Dans la catégorie presse magazine, aux côtés de Valeurs actuelles, l’hebdomadaire de la droite de la droite. Deux titres aux antipodes, deux symboles de l’essor d’une presse aux opinions tranchées.

    « Un autre monde est possible »

    A sa création, en 1954, par Hubert Beuve-Méry et François Honti, il s’agit d’un supplément du Monde destiné aux « cercles diplomatiques » et aux « grandes organisations internationales », réalisé par le service étranger du quotidien. Mais il s’en affranchit à partir de 1973, dans le sillage de Claude Julien, son directeur emblématique, sur fond de divergences éditoriales et personnelles avec André Fontaine. Jusqu’à obtenir sa filialisation, accordée par Jean-Marie Colombani en 1996.

    Le journal loge aujourd’hui dans une ruelle du 13e arrondissement de Paris. Un petit immeuble coquet en briques rouges et pierres apparentes, qu’il a acquis dans les années 2000 et qui fait sa fierté. Le bâtiment symbolise surtout une forme d’autonomie qui va de pair avec une bonne santé financière, fondée notamment sur sa diversification (éditions étrangères, périodiques, atlas…). Et le journal suit toujours la ligne tracée par Claude Julien : appliquer un « devoir d’irrespect » et être équilibré, voire profitable, pour protéger son indépendance. Actionnaire majoritaire à 51 %, le groupe Le Monde n’exerce qu’une tutelle lointaine sur sa filiale. Les personnels détiennent 23,6 % du capital et choisissent eux-mêmes leur directeur.

    Le titre s’appuie aussi sur cette Association des amis du Monde diplomatique, qui possède le restant du capital (25,4 %). Moins active que par le passé, elle dispose encore d’un solide réseau. C’est elle qui organise de multiples débats, comme celui d’Evry, où peuvent intervenir des membres de la rédaction, loin des radars, mais qui nourrissent une présence régulière sur le terrain. Les lecteurs, fidèles, répondent aux fréquents appels du journal, sous forme d’abonnements ou de dons : en 2015, 5 millions de recettes – autant que les ventes au numéro.

    Longtemps titre emblématique du tiers-mondisme, le Diplo, propalestinien revendiqué, a accompagné l’émergence de l’altermondialisme. En 1997, un édito d’Ignacio Ramonet appelle à la création de ce qui deviendra l’Association pour la taxation des transactions financières et l’action citoyenne (Attac). L’année suivante, Bernard Cassen, alors directeur général, en devient le premier président. En 2001, le Diplo est à l’initiative du Forum social mondial de Porto Alegre (Brésil), dont le slogan, « Un autre monde est possible », reprend le titre d’un autre éditorial de M. Ramonet.

    Constance des engagements

    Devenu l’organe non officiel du mouvement altermondialiste, il en subit le ressac quelques années plus tard. Fin 2005, l’intervention d’Ignacio Ramonet dans la crise interne qui déchire Attac provoque une division dans la rédaction et coûte cher au mensuel, qui voit ses lecteurs s’éloigner. Alors teinté par « le souverainisme et l’esprit national », comme le souligne Roger Martelli, historien du communisme et ex-dirigeant du PCF, le titre voit faiblir sa capacité à rassembler les différentes sensibilités de la gauche radicale : internationalistes, chevènementistes, chrétiens de gauche, libertaires…

    Pourtant, depuis 2014, il a retrouvé sa capacité à fédérer la gauche de la gauche. Pour quelle raison ? Selon l’un de ses journalistes, il y a d’abord un effet du contexte politique français, celui, dit-il, d’« un gouvernement de gauche de droite ». Le Diplo a tiré à boulets rouges sur François Hollande dès août 2012, et la hausse de sa diffusion s’est accélérée après le virage social-libéral de 2014.

    Autre explication avancée en interne : la succession d’événements majeurs, comme la crise grecque, la vague d’attentats en France et Belgique ou les guerres au Moyen-Orient. Autant de sujets abondamment couverts par les médias, mais sur lesquels les points de vue alternatifs – hostiles à l’austérité en Grèce, à l’évidence de la « guerre au terrorisme » ou à la réduction du drame syrien à la question djihadiste – peinent à percer.

    Il y a plus de vingt ans, le Diplo avait attiré une nouvelle génération, au-delà du noyau historique tiers-mondiste, en prenant le contre-pied des médias lors de la première guerre du Golfe, et lors des grèves françaises de novembre 1995. Il avait connu le même succès après le 11-Septembre, puis en 2005, quand il s’était fait le porte-voix des opposants au traité constitutionnel européen : ses périodes fastes coïncident avec les grandes batailles idéologiques contre le discours dominant.

    C’est encore le cas. « Dans un champ médiatique mis en coupe réglée par quelques milliardaires, le Diplo occupe une place singulière, celle d’un pôle d’indépendance, de non-soumission à l’air du temps et de rigueur de l’information », estime Bernard Cassen. De son côté, Serge Halimi, son directeur, insiste sur la constance des engagements du titre contre l’hégémonisme américain et le libéralisme. Les nouveaux lecteurs seraient plutôt jeunes et urbains, intellectuels précaires ou militants associatifs, anticapitalistes, qui ne lisent pas d’autres médias. Un panel proche de Nuit debout, qui avait occupé, au printemps 2016, la place de la République à Paris.

    Un « Diplo » plus ouvert

    Si la paternité du mouvement est souvent attribuée à François Ruffin, rédacteur en chef du journal satirique Fakir et grand ami du Diplo, elle est largement partagée avec Frédéric Lordon, un économiste critique, partisan d’une sortie de l’euro, dont la réputation est solide dans les sphères de l’anticapitalisme et du souverainisme de gauche. Contributeur régulier du Diplo, il est aussi l’auteur d’un blog, « La pompe à phynance », qui est la locomotive du site. A leur invitation, Serge Halimi s’est rendu, en avril 2016 à la Bourse du travail, défendre avec eux l’idée d’une jonction du mouvement avec les syndicats opposés à la « loi travail ». En vain.

    L’épisode constitue l’une des rares sorties publiques du directeur, dans un journal qui se tient désormais à distance de l’action politique. Elu en 2008 aux côtés d’Alain Gresh, alors directeur adjoint, Serge Halimi, 61 ans, assume cette prudence qui se mêle d’une forte méfiance envers toute forme de médiatisation ou de personnalisation. Collaborateur depuis la fin des années 1980, il a incarné une forme de sortie de crise quand les tensions étaient vives entre la direction et une partie de la rédaction.

    Sous sa direction, certains marqueurs ont été atténués, notamment dans le traitement de Cuba ou du Venezuela. Les articles les plus récents s’ancrent dans l’observation des sociétés plus que dans la solidarité avec les régimes hérauts de l’antiméricanisme, même s’il reste dans l’ADN du journal. Serge Halimi a ainsi pris récemment ses distances avec les soupçons sur la guerre de l’information de la Russie, sans commune mesure, selon lui, avec l’action des Etats-Unis dans le secteur du renseignement : « Un vent mauvais souffle sur l’Occident. Chaque élection ou presque est appréciée à travers le prisme de la Russie », a-t-il écrit dans le numéro de janvier.

    Dominique Vidal, qui avait démissionné de la rédaction en chef en 2005 lors de la crise d’Attac, estime que la nouvelle équipe a su faire évoluer le traitement des emblématiques sujets latino-américains. « On faisait un journal avec une attitude dogmatique, où l’on répétait nos vérités, estime-t-il. Aujourd’hui, on a un Diplo plus ouvert, qui se confronte à la complexité de la réalité. » Symptomatiquement, le nombre de signatures de journalistes a augmenté, comme le nombre de reportages.

    Critique des médias

    Une évolution en partie redevable au rédacteur en chef, Philippe Descamps, journaliste éprouvé, auteur, en 1995, du Système Carignon avec l’écologiste Raymond Avrillier, dont on souligne en interne qu’« il n’est pas un idéologue ». « On bénéficie d’une liberté remarquable dans le choix des sujets, et il y a un respect total », assure ce journaliste, qui trouve le mensuel « plus digeste, mieux écrit, allégé ». D’autres regrettent la raréfaction des spécialistes de géopolitique, dans une équipe qui compte aujourd’hui 10 permanents sur 26 salariés.

    Conformément à sa tradition, le Diplo donne la parole aussi bien à des journalistes, universitaires et militants, et reste un objet hétérogène, mêlant contenus journalistiques et articles d’opinion, sans que la distinction soit formellement faite. Ce choix maintient une forme d’ambiguïté qu’avait pointée en 2013 Flavie Holzinger, aujourd’hui journaliste au Monde, dans sa thèse sur « Le Monde diplomatique d’Ignacio Ramonet, de 1991 à 2008 ». Elle s’interrogeait sur l’engagement politique des rédacteurs : certains ont en effet un passé de cadres politiques, comme sa rédactrice en chef adjointe, Martine Bulard, une ancienne dirigeante du PCF. Pour Flavie Holzinger, cela posait « le problème de la partialité des analyses, même si celui-ci étant connu et affiché, le lecteur dispose de clés pour le décoder ».

    Autre marqueur fort : la critique des médias. « Dès les années 1970, le journal a systématiquement “déconstruit” le bourrage de crâne néolibéral et proposé d’autres grilles de lecture de la réalité, rappelle Bernard Cassen. D’où l’attention particulière accordée aux médias qui, massivement, véhiculent la “pensée unique”, formule mise en circulation pour la première fois dans nos colonnes. » Point d’orgue de cette démarche : la publication, en 1996, d’un texte de Pierre Bourdieu sur la télévision, deux ans avant la polémique autour des Nouveaux Chiens de garde (Liber-Raisons d’agir, 1997), célèbre pamphlet de Serge Halimi, qui l’a opposé en particulier à Edwy Plenel, alors directeur de la rédaction du Monde.

    Aujourd’hui, la fréquence des articles sur les médias s’est encore accentuée. Le directeur s’y consacre, ainsi que les journalistes Pierre Rimbert, Benoît Bréville et Renaud Lambert, tous anciens du journal satirique Le Plan B, qui composent le proche entourage du directeur – Pierre Rimbert fait d’ailleurs figure de successeur potentiel. Point central de doctrine, cette observation millimétrée du travail des confrères se double d’une défiance certaine à leur égard. Rares sont les personnes qui travaillent au mensuel qui acceptent de répondre aux questions des journalistes.

    Pour le Diplo, les autres médias font parfois figure d’alliés conscients ou naïfs des marchés financiers, de la politique américaine, et sont prisonniers de leurs propres représentations. Début 2015, le mensuel avait ainsi exprimé une grande méfiance envers « l’esprit Charlie » qui flottait sur la presse, et a semblé relativiser la spécificité de l’attentat contre l’hebdomadaire. Ce qui lui a valu, deux ans plus tard, une violente charge dans les pages du journal satirique du journaliste Fabrice Nicolino, grièvement blessé lors de l’attaque qui a coûté la vie à douze personnes, le 7 janvier 2015. Début 2017, un article titré « Mon voisin vote FN » tentait d’infléchir la figure médiatique de l’électeur FN. Pierre Rimbert, lui, se moquait de la place accordée dans les autres titres aux « fake news », ironisant sur « les poids lourds de l’information qui s’indignent que des chauffards du bobard roulent les lecteurs sans permis ».

    Les questions de laïcité et du voile demeurent épineuses. La relation de la France à l’islam ou à ses minorités est un sujet peu présent, et reflète peut-être l’embarras d’une partie de la gauche radicale. Dénonciateur de l’islamophobie, Alain Gresh, incarnation historique de la ligne internationaliste, a quitté le journal début 2016 pour fonder le journal en ligne Orient XXI. info. Ce départ a agi comme une clarification de la ligne. « On insiste plus sur la prolophobie que sur l’islamophobie », résume un journaliste. « Souligner la composante sociale des inégalités permet de combattre l’idée que les populations d’origine maghrébine ou africaine constitueraient un problème spécifique », écrivait le rédacteur en chef adjoint, Benoît Bréville, en février 2015. Une façon de mettre à distance les thèses de l’extrême droite, mais aussi le discours postcolonial.

    Aujourd’hui, le Diplo n’envisage pas de prendre position dans la campagne présidentielle, encore moins de se mêler de politique politicienne. En 2012, Serge Halimi n’avait pas caché avoir glissé un bulletin Mélenchon dans l’urne, comme Ignacio Ramonet et Bernard Cassen. Ce dernier, qui continue de collaborer au journal, a franchi un pas supplémentaire en acceptant de contribuer au programme du député européen sur le volet « francophonie politique ». Pour certains, la dynamique qui porte le Diplo épouse celle du candidat de La France insoumise. « Son succès est indexé au contexte social et politique, juge ainsi Clémentine Autain, porte-parole du mouvement Ensemble ! et directrice de la publication du magazine Regards. Son regain est lié à la percée de Mélenchon, de Nuit debout. C’est un journal ancré dans notre espace politique. »

    Un avis que partage Pierre Khalfa, avec des réserves. D’« abonné historique », l’ancien dirigeant d’Attac en est devenu lecteur épisodique. « Le reproche qu’on peut leur faire, c’est de ne pas donner une vision pluraliste de la gauche radicale, juge celui qui est aujourd’hui coprésident de la Fondation Copernic. S’ils font une critique des politiques néolibérales et sécuritaires assez saine, ils tiennent une ligne souverainiste de gauche qui n’est pas la mienne. »

    Mais l’existence d’un positionnement politique clair est contestée par d’autres observateurs, comme Roger Martelli, pour qui il reflète surtout « un état d’esprit ». Un état d’esprit moins radicalement incarné qu’à une époque, mais certes pas moins influent.

    • Le monde diplo est-t’il à ce point « moins radicalement incarné qu’à une époque » pour qu’il passe le test du decodex ?

      ( @reka tu es dispensé de répondre à cette question, je connais déjà ta réponse ^^ )

      Je présume que cet éloge du monde diplo par l’e-monde sert à les faire passé pour moins hostile à la gauche suite à leur déplorable decodex.

    • Ce serait bien d’arrêter de mettre des liens vers le site du Monde , le site qui se targue de gérer la vérité vrai avec #Décodex.

      L’index de la vérité officielle privatiséee.
      Le monde, l’organe officiel du néolibéralisme français, le site qui est choqué par les « journaux » de gauche et qui les signale. Exemple Fakir.

      Ne plus publier de liens vers cette feuille de choux européiste , c’est frapper ses propriétaires milliardaires au portefeuille.

      Avant de publier quelque chose, faire une recherche afin de voir s’il n’y a pas un lien vers un autre site.
      Merci

  • L’image de l’assassin de l’ambassadeur russe en Turquie primée au World Press Photo

    http://www.lemonde.fr/photo/article/2017/02/13/l-image-de-l-assassin-de-l-ambassadeur-russe-en-turquie-primee-au-world-pres

    Les organisateurs ont salué le courage du photojournaliste turc Burhan Ozbilici, auteur d’un cliché témoignant « de la haine de notre époque ».

    Je dirai, « de la campagne d’hostilité programmée envers les russes » personnellement ...

    • Ce serait bien d’arrêter de mettre des liens vers le site du Monde , le site qui se targue de gérer la vérité vrai avec #Décodex.

      L’index de la vérité officielle privatiséee.
      Le monde, l’organe officiel du néolibéralisme français, le site qui est choqué par les « journaux » de gauche et qui les signale. Exemple Fakir.

      Ne plus publier de liens vers cette feuille de choux européiste , c’est frapper ses propriétaires milliardaires au portefeuille.

      Avant de publier quelque chose, faire une recherche afin de voir s’il n’y a pas un lien vers un autre site.
      Merci

    • Ce serait bien d’arrêter de mettre des liens vers le site du Monde , le site qui se targue de gérer la vérité vrai avec #Décodex.

      L’index de la vérité officielle privatiséee.
      Le monde, l’organe officiel du néolibéralisme français, le site qui est choqué par les « journaux » de gauche et qui les signale. Exemple Fakir.

      Ne plus publier de liens vers cette feuille de choux européiste , c’est frapper ses propriétaires milliardaires au portefeuille.

      Avant de publier quelque chose, faire une recherche afin de voir s’il n’y a pas un lien vers un autre site.
      Merci

  • 14 Editorial - Analyses

    Comment Imerys se fournit en talc au pays des talibans
    Le groupe français, spécialiste mondial des minéraux industriels, s’approvisionne en Afghanistan dans une zone disputée par l’insurrection, finançant ainsi la guerre civile

    Etre un acteur responsable, c’est préparer l’avenir ", revendique avec fierté le groupe français Imerys sur son site Internet. Pour ce spécialiste des minéraux industriels, leader mondial du secteur avec un chiffre d’affaires d’environ 4 milliards d’euros en 2015, l’avenir se prépare aussi en sécurisant ses approvisionnements. Présent dans plus de 50 pays, Imerys omet toutefois d’en mentionner un : l’Afghanistan.
    Une enquête menée par Le Monde révèle que ce spécialiste des minéraux industriels, coté en Bourse et contrôlé par le milliardaire belge Albert Frère - associé à la famille canadienne Desmarais -, s’approvisionne en talc, à travers un intermédiaire pakistanais, à Nangarhar, une province de l’est de l’Afghanistan en proie à une insurrection -armée des talibans et de l’organisation Etat islamique. L’extraction minière y constitue l’une des principales sources de financement des insurgés.
    Tout commence en 2011. Cette année-là, le groupe français, qui cherche à élargir son portefeuille de minéraux, rachète au géant Rio Tinto le français Luzenac, l’un des leaders mondiaux de la production de talc, pour 232 millions d’euros. Jean-François Robert, alors directeur à Toulouse des ressources de ce producteur, voit dans cette acquisition une aubaine. Lui qui plaidait sans succès auprès de Rio Tinto pour mettre en place une chaîne d’approvisionnement en Afghanistan va enfin être entendu. Il connaît bien le -Pakistan, pour y avoir effectué trois séjours entre juillet 2008 et mars 2009. A l’époque, tous les producteurs cherchent une alternative à la Chine. Depuis que la demande intérieure du géant asiatique a décollé, le minerai blanc n’est plus disponible à l’exportation, ou alors à un coût élevé et d’une piètre qualité.
    A son retour du Pakistan, Jean-François -Robert tente de convaincre Rio Tinto d’y nouer des partenariats. Rio Tinto Minerals, qui s’approvisionne déjà en talc afghan en -petites quantités, tergiverse. C’est finalement Imerys qui, après avoir racheté Luzenac, -décide de franchir le pas en 2011.
    Région " extrêmement dangereuse "
    Le groupe français explique avoir pris cette décision sur la base d’un rapport commandité en 2010 par Rio Tinto Minerals à un cabinet dont il ne souhaite pas dévoiler le nom. " L’objet de l’étude consistait à vérifier que la chaîne de fourniture de talc depuis l’Afghanistan respectait les règles internationales et les règles éthiques de Rio Tinto. Ses conclusions ont été positives sur tous ces aspects ", affirme Vincent Gouley, porte-parole d’Imerys.
    Cette même année, d’autres rapports rendus publics s’alarment pourtant de la dégradation de la situation dans la province de -Nangarhar, où se situent les mines. " Au début de 2011, un nombre croissant d’incidents ont été signalés à Nangarhar ", note la même année l’organisation indépendante norvégienne Landinfo dans une étude, qui relève que la -région est " extrêmement dangereuse ". Le district de Khogyani, où Imerys a l’intention de se fournir en talc, y est décrit comme une " zone disputée, contrôlée ni par les autorités ni par les insurgés ".
    Malgré le durcissement du conflit avec les -talibans, Imerys autorise donc Jean-François Robert à mettre en place une chaîne d’approvisionnement en talc afghan, via le Pakistan. Les concentrations massives d’un talc de -qualité satisfaisante, et pouvant donner lieu à une extraction commerciale, sont rares dans le monde. Dans le sud de l’Afghanistan, elles sont d’une qualité exceptionnelle. Le pays -regorge d’un talc très prisé, notamment par les constructeurs automobiles. Ils en consomment en moyenne 13 kg par véhicule, notamment pour la fabrication de tableaux de bord ou de pare-chocs - le minerai contribue à la -rigidité du plastique en réduisant son poids.
    L’industrie automobile est prête à payer le surcoût lié au transport depuis l’autre bout de la planète. Le talc sert aussi d’agent d’enrobage des comprimés dans l’industrie pharmaceutique, à la fabrication du papier, de la céramique, de la peinture... et du maquillage. Imerys précise qu’il " procure de la douceur aux poudres corporelles, un aspect soyeux au maquillage et (...) augmente la douceur des savons tout en réduisant le coût de leurs formulations ". Un talc " tout en douceur " acheté dans une région en guerre.
    Pour mettre la main sur ce minerai, Imerys souhaite rester discret. Un approvisionnement dans le sud de l’Afghanistan risquerait de mettre à mal son image d’" entreprise responsable ", d’autant que la France est engagée à ce moment-là, au côté des troupes de l’OTAN, dans un conflit où elle perdra 86 de ses -soldats, selon le décompte du site Internet indépendant Icasualties.org. Imerys choisit donc de passer par un intermédiaire pakistanais. North West Minerals, une entreprise dirigée par deux frères, apparaît comme le partenaire idéal. Un document interne à Imerys, consulté par Le Monde, précise que l’un des deux frères est un ancien fonctionnaire dans une zone tribale du Pakistan, l’autre un officier de l’armée pakistanaise à la retraite - leur père ayant été attaché militaire à l’ambassade du Pakistan aux Etats-Unis.
    Ces relations étroites avec l’armée pakistanaise sont cruciales pour assurer le transport du talc de l’Afghanistan vers le Pakistan, dans des zones fortement militarisées. " La famille appartient à la communauté pachtoune des Parachinar, très bien introduite auprès des autorités locales ", ajoute le document. Ce qui lui permet d’entretenir des liens étroits avec des propriétaires de mines issus de la même communauté, de l’autre côté de la frontière, en Afghanistan. Pour rassurer les dirigeants d’Imerys sur la possibilité d’un partenariat, il est précisé que les deux frères ont reçu une " éducation occidentale " et qu’" ils parlent bien anglais ".
    North West Minerals loue à partir d’octobre 2011 un entrepôt à Karachi pour stocker et trier le talc d’Imerys. Mais, très rapidement, le groupe français ne se contente pas d’en acheter. Il propose de verser 1,5 million de dollars (1,4 million d’euros) à son partenaire pour augmenter et améliorer sa production. " Ce n’était pas un prêt, mais plutôt une avance sur paiement, remboursable à travers une remise sur chaque tonne qui nous est livrée, sans limitation de durée ", reconnaît Vincent Gouley, d’Imerys. Et Imerys déduit sur chaque tonne, achetée entre 205 et 249 dollars, une somme d’environ 10 dollars.
    Un accord est signé en juillet 2013. Le premier versement de 500 000 dollars est effectué le 20 août 2013, suivi d’un second, puis d’un troisième, du même montant, quelques mois plus tard. Imerys donne des consignes claires sur les investissements : la construction d’une plate-forme de tri à Peshawar et d’une plate-forme logistique à Karachi. Mois après mois, Jean-François Robert, qui a refusé de répondre aux questions du Monde, tient scrupuleusement les comptes, vérifie que chaque dépense est bien engagée, de l’achat des machines à l’acquisition de terrains. Sur un tableau Excel, il vérifie qu’à chaque dépense effectuée par North West Minerals, " le travail est effectué comme prévu dans le plan ". Puis, dans la colonne " preuves ", il mentionne " les visites de sites avec photos " ou encore " les factures payées au fournisseur ".
    Les ventes de talc afghan à destination d’Imerys, dans ses usines aux Etats-Unis et en Europe, passent de 20 000 tonnes en 2012 à 39 000 tonnes en 2014.
    Conditions de travail spartiates
    Imerys va encore plus loin. A plusieurs reprises, ses employés se rendent à Peshawar, la ville pakistanaise la plus proche de la frontière afghane, pour rencontrer les propriétaires des mines afghanes. Il s’agit de leur donner des conseils sur les techniques d’extraction, et accessoirement sur les procédures de sécurité pour éviter que des ouvriers ne meurent -ensevelis dans des mines. Aucun employé d’Imerys ne peut se rendre sur place, pour des raisons de sécurité évidentes. Mais les photos qui accompagnent les présentationsPowerPoint faites à la direction du groupe français suggèrent des conditions de travail spartiates. Des hommes creusent le flanc des montagnes à coups de barres de fer, ou à l’aide de pelleteuses sur les sites plus importants. D’autres cassent les roches à l’aide de marteaux-piqueurs, chaussés de sandales. Parfois les roches de talc sont transportées à dos de mulet.
    L’un des fournisseurs afghans d’Imerys, à travers North West Minerals, s’appelle Dost Mohammad, " l’un des plus influents producteurs de la région ", comme l’explique un mémo interne rédigé en 2015 par Imerys. A la tête de l’entreprise Shamshir Zamir Ltd, il possède des mines à ciel ouvert dans le petit district de Khogyani, qui comprend " seize petits villages très pauvres ", note l’entreprise française. Un district qui est surtout en guerre, et où l’organisation Etat islamique fait une première incursion en septembre 2015. Dès 2011, un attentat-suicide tue des habitants sur un marché et une école est incendiée.
    En août 2013, de violents combats opposent les forces de l’armée afghane aux talibans, faisant des dizaines de morts. Qu’importe, le problème d’Imerys n’est pas la guerre mais la qualité du minerai.
    Le spécialiste des minéraux industriels sélectionne lui-même les mines afghanes où il souhaite s’approvisionner, en testant la pureté de leurs échantillons. L’une des mines évaluées se situe à " Kapisa, près de la base militaire française ". Elle sera retenue par Imerys Talc. La qualité, rien que la qualité. Et, pour garantir le meilleur produit à ses clients, l’entreprise va mettre en place une procédure de contrôle très particulière. Sur chaque bloc de talc arrivé d’Afghanistan, des techniciens doivent prélever des échantillons et les envoyer, de Peshawar à Toulouse, pour rejeter ceux qui contiennent des traces d’amiante, cancérigènes. Un point sur lequel de nombreuses entreprises de cosmétiques, qui vendent de la poudre pour bébé, sont intransigeantes.
    En 2014, Imerys Talc suggère même de former dans son laboratoire de Toulouse un technicien pakistanais. Sur les cartes de l’entreprise, seules les ressources en talc " blanc cristal ", le plus noble et plus pur de tous, sont mentionnées. North West Minerals a mis à disposition de Dost Mohammad plusieurs -camions et du matériel pour qu’il puisse -extraire le talc et l’acheminer de l’autre côté de la frontière. Jean-François Robert note tout, dessine même sur une carte les routes empruntées par les camions depuis la mine afghane jusqu’à la ville pakistanaise de -Peshawar en passant par Jalalabad et le poste-frontière de Torkham.
    Imerys consolide sa chaîne d’approvi-sionnement alors qu’au même moment les rapports d’organisations internationales se multiplient pour alerter sur l’aggravation du conflit au Nangarhar et la mainmise des -talibans sur les ressources minières. " Selon les autorités afghanes, les talibans ont pris le contrôle d’importantes opérations minières dans la province de Nangarhar. L’extraction de talc semble particulièrement préoccupante ", met en garde l’équipe d’appui analytique et de surveillance des sanctions de l’ONU, dans un rapport public soumis au Conseil de sécurité en août 2015.
    En octobre 2016, la situation est loin de s’améliorer. Le même comité précise au Conseil de sécurité que les talibans " extorquent de l’argent aux exploitations minières qui opèrent avec la licence du gouvernement ". Ashfaq -Bangash, l’un des dirigeants de North West Minerals, admet tout juste qu’" il faut payer des taxes à la tribu locale et au village, en plus de celle versée au gouvernement ", sans davantage de précisions.
    " Le talc coûte entre 40 et 60 dollars la tonne lorsqu’il sort de la mine afghane, et 150 dollars quand il arrive dans l’entrepôt de North West Minerals, de l’autre côté de la frontière. Entre les deux, entre 50 et 100 dollars partent dans les taxes officielles, les transports... et dans la nature ", explique au Monde une source bien informée de la chaîne d’approvisionnement à la frontière afghane. Une partie de l’argent est en fait détournée par des fonctionnaires corrompus et par les insurgés.
    Les talibans ou les groupes qui se revendiquent de l’organisation Etat islamique prélèvent des sommes en espèces à la sortie des mines, et parfois des " taxes de transport " sur la route reliant Jalalabad au poste-frontière de Torkham, la seule menant vers le Pakistan. Les sommes prélevées sont impossibles à chiffrer. Le groupe français, dont les achats de talc afghan représentent entre 1 % et 3 % de l’approvisionnement global selon les années, précise que ce ne sont que des " approvisionnements d’appoint ".
    Du point de vue des talibans afghans, l’argent tiré de l’extraction minière, qui concerne également le marbre, le fer, les terres rares, le lithium ou encore les pierres précieuses, n’a rien de négligeable, puisque cette activité constitue, d’après l’ONU, leur deuxième source de financement. Pour les militants de l’organisation Etat islamique, qui ont banni la culture de l’opium et de la marijuana dans les districts qu’ils contrôlent, ces revenus tirés de l’extraction minière sont même cruciaux.
    Un rapport rédigé en février 2016 par le centre d’études Afghanistan Research and Evaluation Unit (AREU) à partir d’informations collectées dans la province de Nan-garhar donne de précieuses informations sur le financement des insurgés. Presque rien ne leur échappe : de l’opium à la dîme pré-levée sur les récoltes en passant par les ventes de peaux de bêtes.
    " Le principal interlocuteur de notre partenaire North West pour son approvisionnement en talc d’origine afghane est le gouvernement lui-même, qui exerce un contrôle étroit sur la -filière locale d’extraction de talc ", explique Vincent Gouley, porte-parole d’Imerys. Les propriétaires de mines afghanes ont en effet fourni leurs licences à North West Minerals, ainsi qu’à Imerys. Mais que valent-elles ?
    Celle de Dost Mohammad existe bien, dans les registres du ministère afghan des ressources minérales, mais elle ne prévoit l’exploitation que de 5 000 tonnes par an, un chiffre dérisoire par rapport à la réalité. " De nombreux propriétaires de mines sous-évaluent la production pour payer le minimum de royalties. Quel fonctionnaire ira vérifier dans une zone en guerre ? ", remarque Javed Noorani, un spécialiste afghan du secteur minier.
    L’" usine de la poudre blanche "
    Selon l’étude menée par l’AREU, les représentants du gouvernement ne peuvent pas s’aventurer au-delà des chefs-lieux de district ou des principaux axes routiers de Nangarhar, et sont considérés par la population comme agissant " au service de leurs propres intérêts " :" Ils sont perçus par une large partie de la population rurale comme incapables d’assurer le leadership requis, la sécurité ou le soutien économique. "
    " L’industrie minière, légale et illégale, est gangrenée par la corruption à Nangarhar ", renchérit Asadullah Zemarai, de l’organi-sation afghane de lutte contre la corruption Integrity Watch Afghanistan. Selon ce chercheur, des pots-de-vin sont prélevés sur l’extraction et le transport des minerais vers le Pakistan et reversés à des députés, des membres du conseil de la province, des représentants des ministères afghans du commerce et des ressources minières.
    En quelques années, Imerys a mis sur pied une chaîne d’approvisionnement complexe, qui s’étend des mines d’Afghanistan jusqu’à ses usines en Europe ou aux Etats-Unis. Dans la zone industrielle du port de Qasim, à Karachi, l’entrepôt par lequel transite le talc d’Imerys n’est signalé par aucune pancarte. Il est connu là-bas sous le nom de l’" usine de la poudre blanche ". Des hommes et des femmes trient le minerai à mains nues, parfois sous un soleil de plomb.
    Employés à la journée, ils sont payés 4,50 euros pour dix ou douze heures de travail. L’usine ferme parfois ses portes pendant des semaines, lorsque les approvisionnements cessent. " Aucun enfant ne travaille ici, témoigne au Monde un ouvrier de la -plate-forme logistique de North West Minerals à Karachi. Le seul problème, c’est que nous n’avons ni gants ni aucune protection pour notre travail, et rien pour nous soigner en cas d’accident. "
    La direction d’Imerys a exprimé une fois ses craintes quant à la chaîne d’approvisionnement mise en place. C’était pour s’inquiéter de l’utilisation des fonds versés à North West Minerals. Dans un courrier daté du 10 avril 2014, Jean-François Robert évoque une réunion qui s’est tenue à Dubaï entre les responsables de North West Minerals et -Daniel Moncino, membre du conseil exécutif du groupe et adjoint de Gilles Michel, le PDG d’Imerys. Daniel Moncino a, selon le courrier consulté par Le Monde, mis en doute l’" utilité " de l’entrepôt de Karachi. L’entreprise française missionne en 2014 le cabinet d’audit Mazars, basé au Pakistan, pour passer au peigne fin les comptes de North West Minerals, qui en est sorti blanchi.
    Pourquoi le leader mondial des minéraux industriels a-t-il pris le risque de s’approvisionner dans une région en guerre, alors qu’il se targue d’être une " entreprise responsable " ? En 2016, les insurgés exerçaient un contrôle dans au moins 37 % des districts d’Afghanistan, une superficie qui n’a jamais été aussi vaste depuis 2001. Près de 11 500 civils ont été tués ou blessés cette même année, dont un tiers d’enfants, selon la Mission d’assistance des Nations unies en Afghanistan.
    " Investissement responsable "
    Le " code d’éthique et de conduite des affaires " d’Imerys consacre pourtant un chapitre aux droits de l’homme, où il est écrit : " Quel que soit l’endroit où nous nous trouvons, nous cherchons à nous assurer que la présence d’Imerys encourage des relations saines et qu’elle évite les conflits civils. " Et plus loin : " en fonction de la gravité des actes commis par un administrateur, cadre dirigeant ou employé d’Imerys, et dans le respect du droit local applicable, Imerys prendra les mesures nécessaires, pouvant aller jusqu’au licenciement, afin de sanctionner les comportements répréhensibles et décourager tout nouvel acte similaire de la part d’un administrateur, cadre dirigeant ou employé du groupe ".
    Dans son rapport d’activité de 2015, Imerys affirme n’exploiter " aucun site en lien avec des minerais alimentant les conflits ". Il y est même précisé que le directeur de l’innovation est chargé de la conformité des " activités d’achat et de la chaîne d’approvisionnement " aux principes de la Déclaration universelle des droits de l’homme...
    Ces engagements permettent à l’action Imerys d’être présente dans de nombreux indices dits d’" investissement responsable ", tels Ethibel Excellence Europe, qui regroupe des sociétés pionnières en termes de responsabilité sociale d’entreprise. Dans son dernier rapport d’activité, publié en mars 2016, Imerys indique être présent dans d’autres indices, tels le FTSE4Good Index Series, le MSCI Global Sustainability Index, le STOXX Global ESG Leaders Index ou encore l’indice Gaia mis en place par EthiFinance.
    En 2011, Arielle Malard de Rothschild a été nommée au conseil d’administration -d’Imerys. La gérante de la banque Rothschild & Cie est aussi la vice-présidente de l’ONG Care International, dont le bureau de Kaboul a essuyé une attaque des talibans en septembre 2016. Est-elle au courant qu’Imerys s’approvisionne en talc afghan ? Arielle Malard de Rothschild a refusé de répondre à nos questions.
    " Le talc afghan alimente l’insurrection et devrait faire partie des « minerais de conflit » dont l’achat est interdit dans certaines autres régions du monde. Pourquoi l’Union européenne laisse-t-elle ses entreprises en acheter en Afghanistan ? C’est incompréhensible ", estime Javed Noorani.
    Malgré les avertissements de nombreuses organisations internationales, dont l’ONU, Imerys continue d’acheter du talc de Nangarhar. Il affirme n’avoir " aucune présence en Afghanistan, ni aucun lien avec les sociétés exploitantes dans la région ".
    Julien Bouissou
    La réponse d’Imerys
    L’achat de talc afghan enfreint-il le " code d’éthique et de conduite des -affaires " d’Imerys, qui s’attache à " défendre les droits de l’homme tels qu’ils sont définis dans la Déclaration universelle des droits de l’homme ", dans la conduite de ses opérations à travers le monde ? " Tout l’Afghanistan n’est pas en guerre, répond Vincent Gouley, porte-parole d’Imerys, et nous ne disposons d’aucune information indiquant que le talc acheté est issu d’une mine sous contrôle taliban. " Imerys précise qu’elle ne participe qu’indirectement à la sélection des mines afghanes, en choisissant les qualités de talc parmi les échantillons rapportés par son partenaire pakistanais North West Minerals. " C’est notre seul partenaire, précise Vincent Gouley, et il est choisi avec précaution. " Imerys vérifie notamment que les paiements ne sont pas effectués en espèces et qu’aucun intervenant dans sa chaîne d’approvisionnement ne figure sur " les black lists internationales ", ou contrevienne à une réglementation internationale.
    #reponse_absurd #culpabilite #Afghanistan #ei

    • C’est ainsi que nous avons une presse d’opinion française (en réalité bien moins qu’aux États-Unis, par exemple), qui assume son engagement, et une autre, dite « mainstream », qui tente de se tenir à distance de ses contenus de publications, prétendant être « neutre » ou « objective ». Ce qui est parfaitement faux. La presse désireuse d’être classée comme « objective » ou « neutre » est en réalité une presse qui publie des contenus « orientés », comme toute la presse. Elle est à la fois détenue par des industriels tous proches des institutions de l’État de par leurs activités, mais aussi subventionnée par l’État, tout en étant tributaire de la publicité et… de l’engagement idéologique de ses journalistes

      Démontage en règle des critères utilisés par Decodex pour « juger » de la fiabilité d’une info

      #Le_Monde