• « Politique »
    http://blogs.mediapart.fr/blog/fedor-aliouslowensko/030812/politique

    La question a toujours été organisationnelle, pas du tout idéologique : une organisation est-elle possible, qui ne se modèle pas sur l’appareil d’État, même pour préfigurer l’État à venir ? Alors une machine de guerre, avec ses lignes de fuite ? Opposer la machine de guerre à l’appareil d’État : dans tout agencement, même musical, même littéraire, il faudrait évaluer le degré de voisinage avec tel ou tel pôle. Mais comment une machine de guerre, dans n’importe quel domaine, deviendrait-elle moderne, et comment conjurerait-elle ses propres dangers fascistes, face aux dangers totalitaires de l’État, ses propres dangers de destruction face à la conservation de l’État ? D’une certaine manière, c’est tout simple, ça se fait tout seul, et tous les jours. L’erreur serait de dire : il y a un État globalisant, maître de ses plans et tendant ses pièges ; et puis une force de résistance qui va épouser la forme de l’État, quitte à nous trahir, ou bien qui va tomber dans les luttes locales partielles ou spontanées, quitte à être à chaque fois étouffées et battues. L’État le plus centralisé n’est pas du tout maître de ses plans, lui aussi est expérimentateur, il fait des injections, il n’arrive pas à prévoir quoi que ce soit : les économistes d’État se déclarent incapables de prévoir l’augmentation d’une masse monétaire. La politique américaine est bien forcée de procéder par injections empiriques, pas du tout par programmes apodictiques. Quel jeu triste et truqué jouent ceux qui parlent d’un Maître suprêmement malin, pour présenter d’eux-mêmes l’image de penseurs rigoureux, incorruptibles et « pessimistes » ? C’est sur les lignes différentes d’agencements complexes que les pouvoirs mènent leurs expérimentations, mais que se lèvent aussi des expérimentateurs d’une autre sorte, déjouant les prévisions, traçant des lignes de fuite actives, cherchant la conjugaison des ces lignes, précipitant leur vitesse ou la ralentissant, créant morceau par morceau le plan de consistance, avec une machine de guerre qui mesurerait à chaque pas les dangers qu’elle rencontre.

    #Deleuze #machinedeGuerre #Méditerranéequivient

  • Sur ce nouveau #blog de #philosophie, une Interview with Catherine Malabou - Groundwork
    http://groundworkphilosophy.wordpress.com/2012/02/17/interview-with-catherine-malabou

    So in philosophy a groundwork is never a groundwork, it’s always a re-grounding work.

    #hegel #heidegger #deleuze #raison #fondement #ontologie

    Où C. Malabou, ex MC de Nanterre désormais au CRMEP de la Kingston University de Londres http://fass.kingston.ac.uk/research/crmep, que vient d’ailleurs de rejoindre E. Balibar (encore Nanterre), précise ses rapports avec #Derrida, son concept de #plasticité et ses recherches actuelles, en rapport notamment avec celles de Q. Meillassoux, qui lui est une sorte de star à l’ENS Ulm.

    what I’m trying to do has some relation to that, to the extent that a radical approach to philosophy has to precisely put everything between parentheses and say, ‘what is an absolute beginning?’ This is Meillassoux’s question. At the same time, I’m not sure that the problem is finitude. I’m not sure that the problem is the emergence of man into that.

    The first thing I can say about plasticity and politics is about abolishing the frontier between symbolic and biological life. So it will be about a kind of awareness, a biological being. Not bodily beings but biological. Producing the subjectivation of biological life. Which is taking into account, really becoming aware of, the epigenetic fashionability of our brain and of our body. This is beyond what we can be aware of, what we hear, listen to and read. We are imprinted by so many other processes and we are trying to be aware of that and understand what it means. Today the conception of our physical bodily existence as only proceeding from a genetic code is absolutely obsolete. We are made of, by epigenetic factors and this I think is very important for us to be aware of. Because what is a political subject? I think here again I agree with Meillassoux that it can’t be the classical finite subject. In too many contexts the political subject is the Kantian subject, a finite subject that is limited. I have nothing against limits but perhaps limits have to be thought of differently.

    Petite référence à la querelle #Freud / #Jung et au film A dangerous method à la fin (film pas mal j’ai trouvé, dans sa capacité à mettre en scène des problèmes théoriques importants en #psychanalyse, en gros à raconter une correspondance sans que ce soit chiant)

  • Préface de Michel #Foucault à la traduction américaine du livre de Gilles #Deleuze et Felix #Guattari, L’Anti-Oedipe : capitalisme et schizophrénie.
    http://1libertaire.free.fr/PrefaceFoucaultDeleuezGuattari.html

    D’où les trois adversaires auxquels L’Anti-Œdipe se trouve confronté. Trois adversaires qui n’ont pas la même force, qui représentent des degrés divers de menace, et que ce livre combat par des moyens différents.

    1) Les ascètes politiques, les militants moroses, les terroristes de la théorie, ceux qui voudraient préserver l’ordre pur de la #politique et du discours politique. Les bureaucrates de la révolution et les fonctionnaires de la Vérité.

    2) Les pitoyables techniciens du désir, les psychanalystes et les sémiologues qui enregistrent chaque signe et chaque symptôme, et qui voudraient réduire l’organisation multiple du désir à la loi binaire de la structure et du manque.

    3) Enfin, l’ennemi majeur, l’adversaire stratégique (alors que l’opposition de L’Anti-Œdipe à ses autres ennemis constitue plutôt un engagement tactique) : le #fascisme. Et non seulement le fascisme historique de Hitler et de Mussolini qui a su si bien mobiliser et utiliser le désir des masses, mais aussi le fascisme qui est en nous tous, qui hante nos esprits et nos conduites quotidiennes, le fascisme qui nous fait aimer le pouvoir, désirer cette chose même qui nous domine et nous exploite.

    - ne tombez pas amoureux du #pouvoir.

  • De la minorité

    « Minorité et majorité ne s’opposent pas d’une manière seulement quantitative. Majorité implique une constante idéale, comme un mètre-étalon par rapport auquel elle s’évalue, se comptabilise. Supposons que la constante ou l’étalon soit Homme-blanc-occidental mâle-adulte-raisonnable-hétérosexuel-habitant des villes-parlant une langue standard (…). Il est évident que "l’homme" a la majorité, même s’il est moins nombreux que les moustiques, les enfants, les femmes, les noirs, les paysans, les homosexuels… etc. C’est qu’il apparaît deux fois, une fois dans la constante, une fois dans la variable dont on extrait la constante. (…) La majorité suppose un état de droit et de domination, et non l’inverse. Une autre détermination que la constante sera donc considérée comme minoritaire, par nature et quel que soit son nombre, c’est-à-dire comme un sous-système ou comme hors système (selon le cas). Mais à ce point tout se reverse. Car la majorité, dans la mesure où elle est analytiquement comprise dans l’étalon, c’est toujours Personne – Ulysse – tandis que la minorité, c’est le devenir de tout le monde, son devenir potentiel pour autant qu’il dévie du modèle (…). C’est pourquoi nous devons distinguer le majoritaire comme système homogène et constant, les minorités comme sous-systèmes, et le minoritaire comme devenir potentiel et créé, créatif. » « Les minorités et les majorités ne se distinguent pas par le nombre. Une minorité peut être plus nombreuse qu’une majorité. Ce qui définit la majorité, c’est un modèle auquel il faut être conforme : par exemple l’Européen moyen adulte mâle habitant des villes… Tandis qu’une minorité n’a pas de modèle, c’est un devenir, un processus. On peut dire que la majorité, ce n’est personne. Tout le monde, sous un aspect ou un autre, est pris dans un devenir minoritaire qui l’entraînerait dans des voies inconnues s’il se décidait à le suivre. Quand une minorités se crée des modèles, c’est parce qu’elle veut devenir majoritaire, et c’est sans doute inévitable pour sa survie ou son salut (par exemple avoir un Etat, être reconnue, imposer ses droits). Mais sa puissance vient de ce qu’elle a su créer, et qui passera plus ou moins dans le modèle, sans en dépendre. Le peuple, c’est toujours une minorité créatrice, et qui le reste, même quand elle conquiert une majorité : les deux choses peuvent coexister parce qu’elles ne se vivent pas sur le même plan. Les plus grands artistes (pas du tout des artistes populistes) font appel à un peuple, et constatent que « le peuple manque » : Mallarmé, Rimbaud, Klee, Berg. Au cinéma, les Straub. L’artiste ne peut que faire appel à un peuple, il en a besoin au plus profond de son entreprise, il n’a pas à le créer et ne le peut pas. L’art, c’est ce qui résiste : il résiste à la mort, à la servitude, à l’infamie, à la honte. Mais le peuple ne peut pas s’occuper d’art. Comment un peuple se crée, dans quelles souffrances abominables ? Quand un peuple se crée, c’est par ses moyens propres, mais de manière à rejoindre quelque chose de l’art (Garel dit que le musée du Louvre, lui aussi, contient une somme de souffrance abominable), ou de manière que l’art rejoigne ce qui lui manquait. L’utopie n’est pas un bon concept : il y a plutôt une « fabulation » commune au peuple et à l’art. Il faudrait reprendre la notion bergsonnienne de fabulation pour lui donner un sens politique. » ( Gilles Deleuze )

    #Deleuze
    #Minorité

  • « L’INFÂME DIALECTIQUE » Le rejet de la dialectique dans la philosophie française de la seconde moitié du XXe siècle
    http://isabelle.garo.free.fr/chantier/Infame_dialectique.html

    Ces « aventures de la dialectique », pour reprendre le titre du livre de Merleau-Ponty, sont significatives d’un certain régime d’alliance entre théorie et politique, mais d’une alliance qui n’est pas analysée en tant que telle et qui se trouve déportée sur le terrain de la philosophie elle-même.

    Pour le dire autrement, alors que la dialectique était chez Marx une « méthode » de l’analyse historique -le terme de « méthode » restant à discuter-, du moins une théorie des contradictions du réel qui ouvre à l’intervention politique son champ propre, la dialectique devient ici l’enjeu politique d’un débat strictement théorique, qui ne prend plus en charge l’histoire réelle. Néanmoins la discussion autour de la dialectique conserve sa portée politique indirecte : elle va contribuer à littéralement interdire un certain type d’approche historique, du moins sur le terrain de la philosophie, mais assez largement aussi sur celui des sciences humaines.

    #Deleuze #Foucault #Marx #Hegel #Dialectique #Histoire