Deux demandeurs d’emploi déposent un recours contre Pôle Emploi. Soutenus par la CGT-Chômeurs ils dénoncent le niveau des formations financées par l’organisme.
Ils ont jugé leur formation en cuisine « bidon », et n’ont même pas pu passer les examens. Ce mardi, deux demandeurs d’emploi vont déposer un recours contre Pôle Emploi en tant qu’organisme financeur du cursus. Ils sont soutenus dans leurs démarches par la CGT-Chômeurs qui est très critique à l’égard du plan « 500.000 formations » lancé en 2016 et qui ne viserait qu’à « dégonfler les chiffres du chômage » selon elle. Le syndicat a appelé à un rassemblement devant la direction générale de Pôle emploi à Paris.
Les deux plaignants qui souhaitaient suivre un cursus en cuisine avaient été envoyés en juin 2016 auprès de l’organisme ISP par Pôle emploi, « de manière très précipitée », a expliqué leur avocate, Emilie Videcoq. « Conditions matérielles ahurissantes », « locaux quasiment insalubres », intervenant « formé pour dispenser des cours à des serveurs » et non à des cuisiniers : plusieurs stagiaires avaient dénoncé publiquement à l’automne leurs conditions de stage. France Inter avait publié des photos montrant notamment des crottes de rat sous le bar, dans le local où ils devaient procéder à la phase pratique de leur formation. Un rassemblement avait alors été organisé avec d’autres stagiaires devant le Pôle Emploi de Neuilly-sur-Marne en janvier dernier, rapporte L’Humanité. À l’époque, l’un des deux plaignants a déjà été exclu de la formation, et l’autre non convoqué à l’examen.
« Il fallait faire du chiffre »
« La promesse de la formation n’a pas été tenue, c’était une escroquerie », a estimé Denis Gravouil, négociateur assurance-chômage pour la CGT, sur RTL. « En 2016, beaucoup de formations comme celle-ci ont été montées à la hâte par des centres de formation qui n’en étaient pas vraiment. Il fallait faire du chiffre sur l’injonction du gouvernement qui venait de lancer le plan « 500 000 formations ». Mais il n’y avait pas assez de centres de formation pour assurer cet objectif », selon lui. « On ne cherche pas à rendre service aux chômeurs mais à les sortir des statistiques. » Lorsqu’un demandeur d’emploi entre en formation, il sort en effet des catégories A, B ou C aux yeux de Pôle Emploi. Or ce sont ces catégories qui sont les plus suivies pour commenter, chaque mois, la baisse ou la hausse du chômage.
« Une vraie formation qualifiante, ça se prépare et ça se contrôle », souligne encore Denis Gravouil. En tant qu’organisme financeur de ces formations, Pôle emploi a l’obligation légale de mener ces contrôles sur la qualité du contenu des formations proposées. Dans le cas des deux plaignants, « l’inspection du travail a été saisie », a réagi Pôle emploi. « Et plus aucun demandeur d’emploi n’a été envoyé au sein de cet organisme ». Sur le site internet de l’organisme domicilé dans le 20e arrondissement de Paris, les fiches de formations sont estampillées des logos de la région Ile-de-France ou du Fonds social européen. Mais aucune trace en effet d’un lien avec Pôle Emploi.
Selon une enquête réalisée par Pôle Emploi en mars 2017, 87,3% des demandeurs d’emploi ayant bénéficié d’une formation par son intermédiaire ont été satisfaits ou très satisfaits. Dans le cas contraire, les demandeurs d’emploi peuvent adresser une réclamation au médiateur de Pôle Emploi. Les plaintes qui concernent les formations sont le plus souvent liées au fait que ces formations n’ont tout simplement pas lieu. Les deux plaignants demandent 50.000 euros chacun au titre du préjudice financier et moral subi. Si leur recours n’aboutit pas, l’action se poursuivra devant le tribunal administratif, a déjà prévenu leur avocate.