• Menaces sur la liberté académique et la liberté d’expression dans l’Enseignement supérieur et la Recherche (ESR)
    https://academia.hypotheses.org/55835

    Communiqué du SNTRS Paris-Nord Chère collègue, cher collègue, Le SNTRS-CGT s’alarme du climat de restriction de la liberté scientifique et de la liberté d’expression qui s’est installé dans le paysage de l’ESR depuis la reprise d’un conflit de haute intensité … Continuer la lecture →

    ##ResistESR #Actualités_/_News #Démocratie_universitaire #État_de_droit #Gouvernance_de_l'ESR #Libertés_académiques_:_pour_une_université_émancipatrice #CNRS #EHESS #libertés_académiques #libertés_d'expression #Université_de_Savoie_Mont_Blanc_USMB_

    • Au même moment, à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS), une véritable vague de haine et d’insultes a visé une anthropologue reconnue, spécialiste de la Palestine, pour avoir relayé le communiqué d’un syndicat étudiant sur la liste de discussion politique et syndicale interne à l’École. En réponse à ce qui ne peut être qualifié autrement que de délation calomnieuse, la direction du CNRS a initié une procédure disciplinaire accélérée contre notre collègue, pour des motifs aussi graves et choquants qu’« apologie du terrorisme » et « incitation à la haine raciale » ! Lors de cette procédure, la défense précise assurée par le SNTRS-CGT a permis de démontrer l’absurdité de ce qui était reproché à notre collègue, et de rappeler les grands principes et la jurisprudence sur la liberté d’expression, en particulier dans le monde universitaire. La direction du CNRS s’est ainsi contentée de prononcer une sanction minime – un avertissement – mais, a toutefois décidé de la publier au Bulletin Officiel, contre l’avis de la CAP.

  • L’impérialisme électoral de la France en Afrique : jusqu’à quand ? | Le Club
    https://blogs.mediapart.fr/fanny-pigeaud/blog/110324/l-imperialisme-electoral-de-la-france-en-afrique-jusqu-quand?at_medi

    L’impérialisme électoral de la France en Afrique : jusqu’à quand ?
    Pour comprendre les soubresauts politiques auxquels on assiste en Afrique francophone (coups d’État militaires, processus électoraux manipulés, mandats présidentiels inconstitutionnels...), il faut remonter à la période coloniale et s’intéresser à l’histoire de l’impérialisme électoral, à savoir la manière dont les élections ont été utilisées pour servir et légitimer l’empire français.

    #démocraties_ouest_africaines #Afrique #France #françafrique

  • #Wikipédia, #démocratie_rhétorique

    Depuis quelques années, des discussions ont lieu dans la version francophone de Wikipédia pour essayer d’aboutir à des conventions de styles relatives à la #transidentité, comme dans la version anglophone. Début 2024, un #sondage interne à Wikipédia a été ouvert à propos de la mention du nom de naissance pour les personnes trans. Ce sondage a suscité presque immédiatement la #polémique. L’affaire a été beaucoup discutée sur Mastodon et s’est retrouvée dans la presse.

    Jusque-là, mon rapport à Wikipédia était assez banal : consultation fréquente (plusieurs fois par semaines, voire par jour) mais pas de contribution. Il faut dire que j’avais retenu la leçon vécue par Marc Jahjah : il vaut mieux s’être bien renseigné sur le fonctionnement de Wikipédia avant de contribuer, car c’est rempli de patrouilleurs indélicats. Et pour présenter rapidement Wikipédia en cours, une compréhension de surface suffit.

    Arrive cette controverse sur le nom des personnes trans. Parce que je connais quelques universitaires impliqués dans les débats, j’ai commencé à parcourir les pages de discussion, par curiosité. Et parce qu’il est indispensable de se renseigner sur le fonctionnement de Wikipédia pour décoder ces discussions, notamment tous les sigles employés, je me suis mis à parcourir toutes les pages qui décrivent le projet Wikipédia, notamment sa hiérarchie des #normes (#principes_fondateurs, #règles et #recommandations).

    Dans la foulée, quelques personnes ont publié des analyses : « contradiction entre volonté de #transparence et d’#entre-soi »  ; « désillusion de l’#intelligence_collective »… c’est là que les roues se sont mises à tourner à toute vitesse dans ma tête.

    Attention : ce qui suit, ce sont mes élucubrations personnelles. Si je les partage, c’est parce qu’elle ne recoupent pas ce que j’ai pu lire ailleurs. Coïncidence, ces jours-ci sort un livre de Sana Boussetat intitulé La formule Wikipédia . Je vois dans la table des matières que quelques pages portent sur le débat participatif et la gestion des conflits, il va en être question dans ce billet… En m’exprimant sur un sujet qui n’est pas ma spécialité, je risque un peu la sortie de piste, donc je préfère le signaler dès ici. Si besoin, je mettrai mon billet à jour.

    #Communs

    Wikipédia fait partie des #biens_communs, plus spécifiquement de la catégorie des #biens_communs_informationnels, ou #communs_de_la_connaissance. Quand on parle de « #communs » tout court, on entend généralement des espaces « collectivement construits et administrés ».

    Wikipédia fait le pari de l’intelligence collective. Or Tam Kien Duong résume justement la controverse actuelle comme une « désillusion de l’intelligence collective ». Pour qu’il y ait #désillusion, il faut qu’il y ait illusion. Alors voici une hypothèse : on a pensé que les communs de la connaissance seraient vertueux par essence.

    #Utopie :

    « Le fruit des rencontres entre les biens et les personnes peut être aussi bien positif que négatif ou quelque part entre les deux. Dans l’arène intellectuelle, le concept des biens communs est souvent brandi comme un étendard synonyme de liberté d’expression, d’accès libre et universel, et d’autogestion […] Cela peut être constructif, d’ailleurs cela donne souvent de l’élan aux actions collectives autour des communs. Mais un commun n’est pas chargé de valeurs. Son impact peut être bon ou mauvais, durable ou non ».

    Les effets produits par les communs de la connaissance dépendent donc de la manière dont ils sont collectivement construits et administrés.

    Comme pour chaque autre catégorie de biens communs, concevoir des communs de la connaissance implique des difficultés spécifiques. Et dans le cas de Wikipédia, il y en a une qui s’est avérée particulièrement aiguë : la tension entre l’idée d’une encyclopédie qui doit être une source de savoir contrôlé, et le principe d’une encyclopédie ouverte, dont tout le monde peut parler, que tout le monde peut rejoindre.
    Démocratie

    Quand on utilise le nom « Wikipédia », on peut désigner l’encyclopédie mais aussi l’organisation qui produit cette encyclopédie. La nature de l’encyclopédie est clairement expliquée sur la page Wikipédia est une encyclopédie : c’est une collection d’articles qui présentent chacun une synthèse des connaissances sur un sujet. En revanche, la nature de l’organisation est un peu moins simple à appréhender.

    La page Principes fondateurs définit dans les grandes lignes « Wikipédia et les conditions de son élaboration ». Elle parle aussi d’un « projet collaboratif ». La page Ce que Wikipédia n’est pas mentionne une « communauté ». Pour mieux cerner cette organisation, il faut donc creuser. On découvrira progressivement que le fonctionnement de Wikipédia est organisé suivant une hiérarchie des normes :

    - principes fondateurs (fondement intangible)  ;
    - règles (issues d’une prise de décision, c’est-à-dire d’un vote)  ;
    - recommandations (élaborées par consensus)  ;
    - essais (propositions relatives au fonctionnement de l’encyclopédie).

    Comment qualifier ce fonctionnement  ? Démocratique  ? Bureaucratique  ? Si on en croit Wikipédia, ni l’un ni l’autre. D’abord, ce ne serait pas « un projet politique » :

    « La communauté s’est dotée de certaines règles, mais il ne faut pas perdre de vue qu’elles n’existent que pour le but auquel la communauté aspire : construire une encyclopédie de qualité. Par extension, Wikipédia n’est ni une démocratie, ni une dictature, ni une anarchie, ou toute autre tentative de réalisation d’un projet politique quelconque. »

    Ce passage a de quoi étonner. Le terme « démocratie » est ramené à une définition historique – « tentative de réalisation d’un projet politique » –, ce qui permet d’affirmer ensuite que Wikipédia ne correspond pas à la définition. Or cette dernière est contestable. On peut arguer du fait que la démocratie n’est pas un processus historique mais sociologique : Raymond Aron par exemple définit la démocratie comme l’organisation pacifique de la compétition pour le pouvoir, et cela s’applique très bien à Wikipédia.

    #Consensus

    Wikipédia a donc un fonctionnement démocratique, que Dominique Cardon résume ainsi : « Wikipédia possède une sorte de Constitution, dont les principes, les règles et les recommandations permettent de trancher en cas de litige ». Concrètement, il y a du vote à certains niveaux mais pas partout : le mécanisme central est en fait le consensus. Celui-ci repose sur les règles suivantes :

    - il y a toujours un consensus pré-établi, qu’il soit tacite ou manifeste  ;
    – si vous voulez modifier quelque chose, « cherchez une modification judicieuse mariant les idées de chacun »  ;
    – si vous êtes en désaccord, « trouvez un compromis »  ;
    – si le désaccord persiste, on revient au consensus précédent.

    Le consensus est un processus dialectique : on exprime des avis  ; on interprète l’ensemble de ces avis  ; on exprime des accords ou désaccords à propos de cette interprétation. Or ce processus n’a qu’un ensemble limité de règles, qui se concentrent sur la mise en forme, la politesse et la traçabilité. Il n’y a pas de règlement politique du consensus. Et pour moi, une dialectique sans règles politiques dégénère immédiatement en rhétorique.
    Bureaucratie

    Wikipédia est parfois qualifiée de bureaucratie. L’encyclopédie elle-même affirme ressembler à une bureaucratie mais ne pas en être une :

    « Bien que Wikipédia rassemble de nombreux éléments d’une bureaucratie, elle n’est pas régie par les lois : ce n’est pas un organisme quasi-judiciaire, et les règles ne sont pas le but final de la communauté. Bien que certaines règles puissent être appliquées, les règles écrites ne fixent pas l’usage accepté. Elles se contentent plutôt de documenter les consensus communautaires existants concernant ce qui doit être accepté et ce qui doit être rejeté. »

    On retrouve le même problème qu’avec « démocratie » : le terme est défini de manière très spécifique pour pouvoir dire ensuite que Wikipédia ne correspond pas à la définition. Pour moi, l’affirmation ci-dessus ne permet pas de dire que Wikipédia n’est pas une bureaucratie, circulez, y’a rien à voir. Tout ce qu’elle fait, c’est déplacer le centre de gravité du fonctionnement bureaucratique vers le consensus, qui est un processus tout à fait formalisé – il est même représenté sous la forme d’un schéma décisionnel.

    Sachant qu’on revient toujours au consensus précédent si un nouveau consensus ne peut pas être trouvé, le système tend au statu quo, en raison d’un paradoxe empirique : un consensus peut s’obtenir très facilement (soit parce qu’il est tacite, soit parce qu’il est produit par une toute petite poignée de contributeurs) mais un nouveau consensus peut être très difficile à obtenir, parce qu’il implique un dilemme social (la remise en question d’un consensus) et que le dépassement de ce dilemme génère une friction énorme.

    En effet, et contrairement à l’un des principes essentiels de conception des communs – créer des mécanismes de résolution des conflits dont le coût soit peu élevé –, l’élaboration du consensus sur Wikipédia contient plusieurs sources de frictions majeures.

    Il y a d’abord ce parasitage de la dialectique par la rhétorique, que j’ai évoqué un peu plus tôt. Certaines personnes le dénoncent parfois, en accusant des contributeurs favorables au statu quo d’étirer les discussions à dessein pour épuiser leurs contradicteurs, qui finissent par jeter l’éponge. Selon moi, Wikipédia souffre ici d’un déficit de régulation. Dans l’espace public politique, il n’y a pas que les suffrages qui soient réglementés : la parole l’est aussi. Ce n’est pas pour rien que l’Assemblée nationale fonctionne avec des temps de parole et un agenda. Une discussion sans limite de temps ou de signes, sans contrainte basée sur la représentativité des interlocuteurs, c’est une discussion qui favorise naturellement les esprits procéduriers et vétilleux.

    Il y a ensuite l’effet « aiguille dans une botte de foin » : un sujet passe facilement sous les radars, du fait de l’immensité de l’encyclopédie. Les personnes qui pourraient y contribuer utilement ne sont donc pas forcément au courant, malgré des mécanismes comme le Bistro – la page d’actualités quotidienne de Wikipédia en français.

    Autre source de frictions, la prime à l’ancienneté : considérer que ceux qui contribuent suffisamment et régulièrement à Wikipédia sont plus légitimes que les autres pour décider de son fonctionnement. Cette idée a un versant positif, aligné avec la notion de biens communs en général : les communs doivent être administrés par la communauté concernée. Mais elle a aussi un versant négatif, quand on conçoit cette communauté comme structurée en cercles concentriques hermétiques. Pour réduire la tension entre l’envie d’ouvrir l’encyclopédie et la nécessité de protéger son fonctionnement interne, les contributeurs utilisent par exemple des critères de participation aux sondages (nombre de contributions total, nombre de contributions récentes). Ceci permet de se protéger de manœuvres visant à détourner le projet encyclopédique en faveur d’intérêts particuliers. Mais cela empêche aussi des groupes de voir leurs intérêts représentés dans le processus, ce qui les repousse vers des mécanismes externes de résolution des conflits, comme les systèmes médiatique et judiciaire.

    Certaines recommandations de Wikipédia comme Ne mordez pas les nouveaux visent à éviter la discrimination envers les novices  ; j’ai mentionné en introduction le cas de Marc Jahjah, eh bien le contributeur qui l’avait si mal accueilli a été sanctionné. La prime à l’ancienneté est une forme plus subtile de cette même logique, qui permet paradoxalement de reconstituer des enclosures à l’intérieur du bien commun.

    Ces différents phénomènes compliquent la résolution des conflits les plus difficiles. Et à cela viennent s’ajouter deux notions qui m’ont l’air de causer beaucoup de problèmes : la neutralité et la bonne foi.

    #Neutralité

    L’un des #Principes_fondateurs de Wikipédia est la Neutralité de point de vue. Il ne s’agit pas de faire émerger un « point de vue neutre » mais de restituer la pluralité des points de vue de manière neutre, c’est-à-dire de manière équitable, en contextualisant les différents points de vue, et en citant des sources.

    La neutralité pose des difficultés car son sens dérive vite. Sur la page de discussion du fameux sondage, on peut lire plusieurs commentaires qui opposent « la communauté Wikipédia » à des « communautés militantes », qui ne seraient pas « neutres ». C’est oublier que la neutralité de Wikipédia n’est pas la recherche d’un point de vue neutre mais d’une pluralité de points de vue. C’est surtout croire qu’il existerait une séparation magique entre une communauté Wikipédia qui serait non militante et des communautés extérieures militantes.

    Militer consiste à « agir pour faire reconnaître et triompher ses idées » (source : TLF). Sachant que la frontière qui séparerait Wikipédia du reste de la société n’existe en fait pas, il est inévitable que des personnes militantes s’impliquent sur Wikipédia. Si une personne militante agit en opposition au principe de neutralité, par exemple en effaçant les idées contraires aux siennes, ses modifications (qui peuvent s’apparenter à du vandalisme) seront retoquées. Mais si elle respecte les règles de Wikipédia, par exemple en faisant représenter ses idées aux côtés d’idées antagonistes, alors son militantisme n’est pas un danger pour Wikipédia. De fait, nombre de contributeurs sur Wikipédia sont « militants » de quelque chose et l’encyclopédie s’en porte très bien.

    Qualifier les militants de « non neutres », c’est donc confondre les actions concrètes de personnes militantes et leurs objectifs supposés, c’est-à-dire leur faire un procès d’intention. Et c’est ici qu’intervient l’hypocrisie de la « bonne foi ».

    #Bonne_foi

    Supposez la bonne foi est une recommandation importante dans Wikipédia. Elle implique deux choses :

    « Quand vous pouvez supposer raisonnablement qu’une erreur faite par quelqu’un est née d’une bonne intention pour atteindre les objectifs du projet, corrigez-la sans la critiquer. »

    « Quand vous n’êtes pas d’accord avec quelqu’un, rappelez-vous qu’il est probable qu’il souhaite et croit sincèrement contribuer à Wikipédia. »

    La bonne foi est ainsi définie comme le souhait sincère de faire progresser l’encyclopédie, de ne pas la dégrader ni lui nuire. En d’autres termes, cela consiste à respecter les principes fondateurs, et notamment le deuxième – la neutralité de point de vue.

    Que la bonne foi existe chez certains, c’est une certitude. En revanche, la présomption systématique de bonne foi me semble constituer un principe naïf, ce que Frédéric Lordon appellerait une « anthropologie enchantée ». Présumer la bonne foi n’implique pas que les gens soient réellement de bonne foi. Et au risque d’enfoncer des portes ouvertes, rien ne permet de présumer que la communauté Wikipédia est constituée exclusivement de gens parfaitement informés et toujours bienveillants : tout indique au contraire qu’elle peut être un haut lieu d’ignorance et d’intolérance, et qu’en cela elle s’inscrit malheureusement assez bien dans l’histoire de l’encyclopédisme et de l’organisation des connaissances.

    Dans la discussion à propos du fameux sondage, il y a quelques personnes qui me semblent d’une mauvaise foi crasse, évidente, assumée  ; des personnes dont tout le monde peut voir qu’elles utilisent sciemment les règles pour orienter le cours des choses dans le sens qu’elles veulent. « Mais non, pensez-vous, je ne fais que m’en tenir aux principes de notre encyclopédie. » Il suffit de lire leur page utilisateur pour découvrir une adhésion revendiquée à des écoles de pensée et des familles idéologiques. L’hypocrisie dont je parlais est là : dire qu’il faut présumer de la bonne foi, se récrier face à toute accusation de parti pris idéologique, et faire des procès d’intention à ceux qui s’opposent à nous.

    Cela va donc sembler un peu violent, surtout pour les personnes attachées à ce principe, mais je crois que la présomption de bonne foi est à la fois une friction et une fiction. C’est un piètre paravent, qui empêche de forcer tout un chacun à jouer cartes sur table dans la résolution des conflits. Elle grippe l’élaboration du consensus. Elle aiguise la duplicité de ceux qui masquent leurs intentions tout en dénonçant celles des autres. Elle permet à certains de jouir d’un pouvoir légitimé par des règles qu’il est très difficile de faire évoluer, par inertie ou effet de majorité  ; des gens qui feront tout pour écœurer les personnes opposées à la reconduction de l’existant, et qui n’hésiteront pas à affirmer ensuite que ce sont ces opposants qui ont déserté (comme on peut le lire dans le Bistro du 6 mars).

    À ce stade de l’écriture, je fais une pause pour boire un verre d’eau et me calmer un peu afin de finir sur une note un peu plus maîtrisée. Pas simple car en lisant des pages de discussion Wikipédia, on attrape vite un syndrôme d’exaspération par procuration.

    #Information

    Suite au sondage, la controverse a fait tache d’huile et atteint désormais de nombreuses pages de discussion, comme celle d’Elliot Page, Chelsea Manning ou encore Laverne Cox. Certaines personnes questionnent le choix des informations données, leur forme, leur place. D’autres résistent, avec plus ou moins de… bonne foi.

    Le désaccord porte sur la tension entre la volonté d’informer et celle de « ne pas nuire », cette dernière faisant partie des recommandations de Wikipédia concernant les Biographies de personnes vivantes. J’ai dit que Wikipédia est une encyclopédie et une organisation, il manquait donc un troisème élément : le lectorat. C’est essentiel car la controverse porte sur l’acte d’informer, qui est la fonction de l’encyclopédie. La neutralité de point de vue, par exemple, est pensée non pas pour elle-même mais pour le bénéfice des lecteurs.

    Or, et c’est une autre difficulté intrinsèque à l’usage du mot « neutralité », certains sur Wikipédia croient qu’il est possible d’informer de manière neutre. Il y aurait une équivalence entre respecter la pluralité des points de vue et informer le lectorat de façon neutre. Voilà qui sonne à mes oreilles comme une résurgence du modèle de la communication chez Shannon : un tuyau qu’on optimise jusqu’à ce que le bruit disparaisse. C’est impossible : informer/s’informer, c’est un processus communicationnel qui implique réception et feedback. C’est toujours situé, toujours soumis à diverses subjectivités, toujours parasité – jamais neutre.

    Si je devais le dire avec d’autres concepts d’info-com, je dirais qu’il y a une poussée ces jours-ci sur Wikipédia pour tenir compte de l’expérience informationnelle des personnes documentées dans l’encyclopédie. C’est un rejet de la tyrannie de la majorité, version encyclopédique. Et je dirais aussi que cela relève d’une chose plus générale : la volonté de tenir compte des valeurs portées par les processus/systèmes d’organisation des connaissances et des effets qu’ils produisent – ce que Birger Hjørland appelle une épistémologie « pragmatique » de l’organisation des connaissances. C’est ce courant de pensée qui produit aujourd’hui des recherches sur l’invisibilisation de certains groupes sociaux dans les archives et les encyclopédies, par exemple.

    #Universalisme

    Dans le fonctionnement de Wikipédia, les dilemmes sociaux qui ne peuvent être tranchés débouchent sur des compromis. Il n’y a pas d’autre issue au dissensus que le consensus. Pourquoi  ? Parce que Wikipédia est conçu pour afficher toujours le même contenu pour chaque lecteur.

    Dans un article de Wikipédia, on peut lire deux sections qui présentent des idées contradictoires. Mais on ne peut pas lire deux articles différents sur le même sujet, qui développent chacun leur lecture de ces contradictions. C’est le principal grief envers Wikipédia de mon co-directeur de thèse, l’historien Bertrand Müller, qui travaille sur le développement d’encyclopédies documentaires numériques capables de représenter le dissensus d’une autre manière. C’est en discutant de ce genre de chose que je me suis mis à faire des fiches de la forme « Concept (Auteur) » pour documenter des variantes de concepts par auteurs, et qu’à la fin on s’est retrouvés avec Cosma.

    Dans un article de Wikipédia, on peut lire qu’une personne stylise son nom d’une certaine manière, tout en minuscules par exemple. Mais on ne peut pas cocher une option qui permette d’afficher l’article dans cette convention de style. Il en résulte des bizarreries : on a un article « bell hooks » mais un article « Danah Boyd ».

    Dans un article de Wikipédia, on peut lire qu’une personne souffre de voir certaines informations divulguées, comme un nom de naissance. Mais on ne peut pas lire une version de cet article où ce nom est caché par défaut. Cela ne concerne pas que des personnes ayant fait une transition mais aussi des artistes dont le nom d’origine fuite et se retrouve relayé par Wikipédia (j’ai un exemple en tête mais par politesse je ne le citerai pas).

    Bref, Wikipédia est à la fois très innovante et pas innovante du tout. En tant qu’organisation éditoriale, c’est une nouveauté (et une réussite) indéniable. Le modèle encyclopédique, lui, est beaucoup plus classique, surtout au regard de ce qu’on pourrait faire avec le Web, les ontologies, le balisage sémantique… À quand Wikipédia multiformats  ?

    –-

    Pour clore ce billet bien trop long, je tiens à exprimer un petit message de soutien (sans les nommer) aux collègues qui s’investissent dans Wikipédia. Ils et elles se reconnaîtront. J’admire leur courage et leur patience. Si j’ai qualifié Wikipédia de démocratie rhétorique, disserté sur l’illusion de la présomption de bonne foi et les confusions autour de la neutralité, imaginé des rebonds parmi les concepts de ma discipline, eh bien c’est d’abord parce qu’il y a des collègues qui travaillent dur en première ligne et qui font connaître leurs efforts. Alors on s’y intéresse, on découvre de nouvelles choses, on élabore ses propres idées. Mais surtout l’enjeu c’est de propager l’idée centrale des communs : l’auto-organisation des personnes concernées. Au-delà des éléments précis abordés dans ce billet, c’est surtout cette idée-là qui me semble importante et intéressante.
    Bibliographie
    Bruce, Davis, Hughes, Partridge et Stoodley (dir.). Information experience : approaches to theory and practice. Emerald, 2014. 978-1-78350-815-0.
    Buckland, Michael. « Information as thing ». Journal of the American Society for Information Science. 1991, Vol. 42, n° 5, p. 351‑360. https://doi.org/10.1002/(SICI)1097-4571(199106)42:5<351::AID-ASI5>3.0.CO;2-3.
    Cardon, Dominique. Culture numérique. Presses de Sciences Po, 2019. Les petites humanités. 978-2-7246-2365-9.
    Gorichanaz, Tim. « Information and experience, a dialogue ». Journal of Documentation. 2017, Vol. 73, n° 3, p. 500‑508. https://doi.org/10.1108/JD-09-2016-0114.
    Hess et Ostrom (dir.). Understanding knowledge as a commons : from theory to practice. MIT Press, 2007. 978-0-262-08357-7.
    Hjørland, Birger. « Classification ». Knowledge Organization. 2017, Vol. 44, n° 2, p. 97‑128. https://doi.org/10.5771/0943-7444-2017-2-97.
    Lévy, Pierre. L’intelligence collective : pour une anthropologie du cyberspace. La Découverte, 1997. 978-2-7071-2693-1.
    Merzeau, Louise. « De la communication aux communs ». InterCDI. 2016, n° 261, p. 29‑30. http://www.intercdi.org/de-la-communication-aux-communs.
    Shannon, Claude E. « A Mathematical Theory of Communication ». Bell System Technical Journal. 1948, Vol. 27, n° 3, p. 379‑423. https://doi.org/10.1002/j.1538-7305.1948.tb01338.x.
    Wiener, Norbert. Cybernétique et société : l’usage humain des êtres humains. Trad. par Ronan Le Roux et Pierre Yves Mistoulon. Seuil, 2014 [1954]. 978-2-7578-4278-2.
    Wiener, Norbert. La cybernétique : information et régulation dans le vivant et la machine. Trad. par Ronan Le Roux, Robert Vallée et Nicole Vallée-Levi. Éditions du Seuil, 2014 [1948]. 978-2-02-109420-6.

    https://www.arthurperret.fr/blog/2024-03-08-wikipedia-democratie-rhetorique.html

    • #Sana_Boussetat, La Formule Wikipédia

      À l’heure où Wikipédia est entrée dans sa deuxième décennie et où les générations nées après les années 2000 n’auront pas connu d’avant Wikipédia, cet ouvrage propose de revenir sur l’œuvre qui est parvenue à dépoussiérer la norme et les usages bien pensés d’une tradition séculaire. Désormais, il est indéniable que l’avènement de Wikipédia a permis de franchir un cap vers une ère nouvelle où la connaissance et l’information ne s’écrivent plus exclusivement entre experts mais par le concours de rédacteurs bénévoles. Bouleversante, Wikipédia a osé modifier notre façon de rechercher la connaissance et, plus généralement, notre rapport au savoir. Mais sait-on vraiment ce qui se cache derrière un principe en apparence simple, celui d’une encyclopédie publiée sous licence libre et gratuite ? D’où nous vient ce concept hors norme ? Quels sont les fondements qui le régissent ? Comment s’organisent ses activités ? À quels rôles et quels moyens peut-on prétendre en rejoignant la communauté des wikipédiens ?

      Pensé comme un guide, cet ouvrage propose de revenir sur cette formule pionnière pour en offrir une description détaillée et un décryptage précis. Une entreprise indépendante dont l’unique but est d’aider le lecteur à appréhender un outil déjà bien installé dans les habitudes d’un grand nombre d’entre nous et qui façonne au quotidien notre information et notre connaissance du monde.

      https://www.fabula.org/actualites/119359/sana-boussetat-la-formule-wikipedia.html
      #livre

  • #CIAO-CIAO_BOURBINE (#BON_SCHUUR_TICINO)

    Un #référendum fou plonge la Suisse dans l’#état_d'urgence. En acceptant l’initiative « #No_Bilangue », il ne devrait plus y avoir qu’une seule langue nationale : le français. De nombreux Suisses alémaniques sont donc en crise. Dont Walter Egli, 56 ans, qui travaille pour la police fédérale et doit veiller à ce que le passage au monolinguisme se fasse correctement. Bien qu’il ne parle pratiquement pas le français lui-même, il est envoyé au #Tessin avec un partenaire romand pour découvrir un groupe de résistance tessinois qui lutte par tous les moyens contre la nouvelle loi.

    https://www.youtube.com/watch?v=ak9cfKFw0tw


    https://www.swissfilms.ch/fr/movie/bon-schuur-ticino/8E192B51D33E4ED2B6C0ABEEC82B75A7

    #langues #Suisse #monolinguisme #démocratie_directe #comédie #résistance #Tessin
    #film

  • Lutte contre le racisme : à l’Assemblée, la séance « la plus dingue » de la mandature | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/politique/070324/lutte-contre-le-racisme-l-assemblee-la-seance-la-plus-dingue-de-la-mandatu

    Un autre [amendement], défendu par Meyer Habib pour associer critique du « sionisme » et antisémitisme, a été rejeté à une voix près – chez Renaissance, le président du groupe Sylvain Maillard ou la députée de Paris Caroline Yadan ont voté pour, comme l’ensemble du groupe LR.

    Meyer Habib a ajouté de la confusion à la confusion. Sous les « mais non ! » interloqués de Caroline Fiat, celui qui aime à se présenter comme « l’ami personnel » de Benyamin Nétanyahou s’est levé de son siège pour descendre dans le rang central et balancer, sur le pupitre du ministre de la justice, quatre pages de notes consignant les insultes qu’il a reçues. Stupeur dans la salle. Les huissiers sont immédiatement venus l’intercepter. Du jamais-vu dans l’hémicycle.

    Liste des députés ayant voté en faveur de l’amendement de Mayer Habib associant critique du sionnisme et antisémitisme :
    https://www2.assemblee-nationale.fr/scrutins/detail/(legislature)/16/(num)/3415

    Groupe Renaissance
    (169 membres)

    Pour : 11

    Benoît Bordat
    Françoise Buffet
    Philippe Frei
    Claire Guichard
    Brigitte Klinkert
    Patricia Lemoine
    Sylvain Maillard
    Lysiane Métayer
    Emmanuel Pellerin
    Anne-Laurence Petel
    Caroline Yadan
    Contre : 25

    Caroline Abadie
    Mounir Belhamiti
    Florent Boudié
    Anne Brugnera
    Fabienne Colboc
    Nicole Dubré-Chirat
    Philippe Dunoyer
    Philippe Emmanuel
    Philippe Fait
    Virginie Lanlo
    Michel Lauzzana
    Pascal Lavergne
    Annaïg Le Meur
    Fabrice Le Vigoureux
    Denis Masséglia
    Stéphane Mazars
    Nicolas Pacquot
    Didier Paris
    Patrice Perrot
    Béatrice Piron
    Jean-Pierre Pont
    Jean-François Rousset
    Liliana Tanguy
    Stéphane Vojetta
    Lionel Vuibert
    Abstention : 4

    Laurence Cristol
    Christine Decodts
    Raphaël Gérard
    Mathieu Lefèvre

    Non-votants : 3

    Mme Yaël Braun-Pivet (Présidente de l’Assemblée nationale), Mme Marie Guévenoux (Membre du Gouvernement) et M. Guillaume Kasbarian (Membre du Gouvernement).

    Groupe Rassemblement National
    (88 membres)

    Pour : 27

    Bénédicte Auzanot
    Philippe Ballard
    Christophe Bentz
    Pierrick Berteloot
    Emmanuel Blairy
    Sophie Blanc
    Frédéric Boccaletti
    Victor Catteau
    Edwige Diaz
    Frédéric Falcon
    Thibaut François
    Frank Giletti
    José Gonzalez
    Jordan Guitton
    Marine Hamelet
    Laurent Jacobelli
    Katiana Levavasseur
    Philippe Lottiaux
    Kévin Mauvieux
    Thomas Ménagé
    Julien Odoul
    Mathilde Paris
    Caroline Parmentier
    Kévin Pfeffer
    Lisette Pollet
    Jean-Philippe Tanguy
    Michaël Taverne

    Groupe La France insoumise - Nouvelle Union Populaire écologique et sociale
    (75 membres)

    Contre : 10

    Nadège Abomangoli
    Hendrik Davi
    Emmanuel Fernandes
    Antoine Léaument
    Murielle Lepvraud
    Pascale Martin
    René Pilato
    Thomas Portes
    Aurélien Saintoul
    Danielle Simonnet
    Non-votant : 1

    Mme Caroline Fiat (Présidente de séance).

    Groupe Les Républicains
    (62 membres)

    Pour : 6

    Valérie Bazin-Malgras
    Francis Dubois
    Pierre-Henri Dumont
    Meyer Habib
    Philippe Juvin
    Éric Pauget
    Groupe Démocrate (MoDem et Indépendants)
    (50 membres)

    Contre : 2

    Vincent Bru
    Frantz Gumbs
    Non-votant : 1

    Mme Marina Ferrari (Membre du Gouvernement).
    Groupe Socialistes et apparentés
    (31 membres)

    Contre : 2

    Marietta Karamanli
    Cécile Untermaier
    Groupe Horizons et apparentés
    (30 membres)

    Contre : 2

    Xavier Batut
    Naïma Moutchou
    Abstention : 2

    Agnès Firmin Le Bodo
    Jérémie Patrier-Leitus
    Non-votant : 1

    M. Frédéric Valletoux (Membre du Gouvernement).
    Groupe Écologiste - NUPES
    (22 membres)

    Contre : 2

    Sandra Regol
    Sabrina Sebaihi
    Groupe Gauche démocrate et républicaine - NUPES
    (22 membres)

    Contre : 1

    Davy Rimane
    Groupe Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires
    (22 membres)

    Contre : 1

    Paul Molac
    Abstention : 1

    Guy Bricout
    Non inscrits
    (6)

    #sionnisme #antisémitisme #démocratie_en_faillitte

  • Levons-nous contre toutes les guerres ! | entreleslignes |
    https://www.entreleslignes.be/humeurs/levons-nous-contre-toutes-les-guerres

    Les citoyens du monde sont outrés - et le font de plus en plus savoir - devant le spectacle atroce d’une planète déchirée par des guerres cruelles, sanglantes, absurdes, que les mécanismes de négociations prévus par les instances internationales auraient pu empêcher. Mais le jeu des grandes puissances alliées aux intérêts des marchands d’armes, des vendeurs d’énergie fossile, des entreprises de construction et autres, empêche les options de #paix et de développement harmonieux.

    -- Permalien

    #justice #démocratie

  • How an EU-funded security force helped Senegal crush democracy protests

    An elite EU-trained Senegalese police unit was meant to tackle cross-border crime. Instead it was used to quash a popular movement, an Al Jazeera investigation has found.

    The Senegalese government deployed a special counterterrorism unit, created, equipped, and trained with funding from the European Union, to violently suppress recent pro-democracy protests, a joint investigation between Al Jazeera and porCausa Foundation reveals.

    Since 2021, the trial of popular and controversial opposition leader #Ousmane_Sonko has led to demonstrations across the West African nation, in which dozens have been killed. Al Jazeera and porCausa obtained visual evidence, Spanish government contracts, a confidential evaluation report, and testimonies from multiple sources suggesting that the EU-funded #Rapid_Action_Surveillance_and_Intervention_Group, also known as #GAR-SI, was used to violently crush those protests.

    In one video, security personnel in the same type of armoured vehicles the EU bought for #GAR-SI_Senegal are seen firing tear gas at a protest caravan organised by Sonko last May. Al Jazeera verified that the incident happened in the southern Senegalese village of #Mampatim, about 50km (31 miles) from Kolda, in the Casamance region.

    The EU-funded elite units were instead meant to be based in Senegal’s border areas with Mali to fight cross-border crime.

    Elite unit

    #GAR-SI_Sahel was a regional project lasting between 2016 and 2023 and funded with 75 million euros ($81.3m) from the EU’s Emergency Trust Fund for Africa (#EUTF_for_Africa), a pot of development funding dedicated to addressing the root causes of migration in Africa.

    The programme was implemented by the #International_and_Ibero-American_Foundation_for_Administration_and_Public_Policies (#FIIAPP), a development agency belonging to Spain’s Ministry of Foreign Affairs. GAR-SI units were created across the region, in countries like Burkina Faso, Chad, Mali, Mauritania, Niger and Senegal, “as a prerequisite for their sustainable socio-economic development”.

    The Senegalese 300-strong unit, created in 2017, cost more than 7 million euros ($7.6m at the current exchange rate) and was aimed at creating a special intervention unit in the town of #Kidira, on the border of Mali, to protect Senegal from potential incursions by armed groups and cross-border crimes, including migrant smuggling.

    Modelled after Spanish units that fought against the separatist movement Basque Homeland and Liberty, also known by the Spanish initials ETA, GAR-SI Senegal has received technical training and mentoring from the Spanish Civil Guard as well as French, Italian and Portuguese security forces.

    After the completion of the project, at the request of all stakeholders, the EU delegation in Senegal continued with a second phase using another funding mechanism, according to one Spanish and one Senegalese police source familiar with the matter. About 4.5 million euros ($4.9m) was earmarked for a second 250-strong GAR-SI Senegal unit near the town of Saraya, close to the border with Guinea and Mali.

    A second unit was also created in Mali but for other countries, especially Chad, the project was considered to be a “failure”, according to the former Senegalese police official, who said the EU lost money by paying for equipment that was not appropriate for use.

    https://www.aljazeera.com/features/2024/2/29/how-an-eu-funded-security-force-helped-senegal-crush-democracy-protests

    #Sénégal #police #formation #EU #UE #Union_européenne #démocratie #ingérence #contre-terrorisme #Trust_Fund #Espagne #France #Italie #Portugal #frontières #financement #Mali #Tchad #équipement

  • Quand un président d’université insulte la démocratie
    https://academia.hypotheses.org/54945

    Les 28, 29 et 30 novembre 2023, le personnel et les usager·es de l’Université Grenoble Alpes votaient pour renouveler leurs conseils centraux (Conseil d’administration, Commission recherche et Commission formation et vie universitaire du Conseil Académique). Le 11 janvier 2024, Yassine … Continuer la lecture →

    #Actualités_/_News #Démocratie_universitaire #Gouvernance_de_l'ESR #élections_universitaires #recours_administratif #Université_Grenoble_Alpes #Yassine_Lakhnech

  • L’élection du président Arevalo au Guatemala donne l’occasion à l’historien Rodrigo Veliz Estrada de donner quelques indications sur l’histoire longue de l’impérialisme (espagnol puis étasunien) dans ce pays d’Amérique central. Un passé colonial qui au travers notamment de la condition des populations autochtone pèse jusqu’à nos jours.

    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/02/02/guatemala-l-election-d-arevalo-est-un-symbole-de-renouveau-democratique_6214

    ❝Guatemala : « L’élection d’Arevalo est un symbole de renouveau démocratique »

    Propos recueillis par Angeline Montoya, 2 février 2024

    L’arrivée, surprise, au pouvoir du progressiste Bernardo Arevalo pourrait constituer un tournant pour le Guatemala, souligne l’historien Rodrigo Veliz Estrada, qui revient, dans un entretien au « Monde », sur les années de guerre civile et de pouvoir autoritaire subies par le pays d’Amérique centrale.
    Bernardo Arevalo, entré en fonctions le 14 janvier, est le premier chef de l’Etat progressiste au Guatemala depuis le coup d’Etat de 1954. Il est aussi le fils de Juan Jose Arevalo, premier président démocratiquement élu du pays (1945-1951) dans la foulée de la « révolution d’octobre » en 1944, et incarnation d’un « printemps guatémaltèque » qui dura dix ans. Rodrigo Veliz Estrada, historien guatémaltèque et chercheur à la Freie Universität de Berlin, revient sur l’histoire tourmentée de ce pays dont personne n’avait envisagé pareil tournant électoral.

    Crédité de 5 % des intentions de vote à la veille du scrutin présidentiel, Bernardo Arevalo a été élu au second tour, le 20 août 2023, avec 58 % des suffrages. Que signifie cette victoire pour le pays ?

    C’est un moment charnière ; il y aura un avant et un après. Le très long chapitre qui s’était ouvert avec le coup d’Etat militaire de 1954 se referme de manière hautement symbolique. C’est la première fois [en soixante-dix ans] qu’un acteur politique proposant des changements d’envergure arrive au pouvoir avec un fort soutien populaire. Je n’avais jamais observé un tel soulagement collectif dans le pays. L’élection d’Arevalo est un succès historique, même si maintenant tout reste à faire.

    Quel est le contexte de la « révolution » qui avait permis, en 1944, l’arrivée au pouvoir de Juan Jose Arevalo, père de l’actuel président ?

    Le Guatemala était alors une dictature en pleine décadence, aux mains d’une oligarchie agraire. L’Etat jouait un rôle central dans une économie vouée à l’exportation de la banane et du café. Il réquisitionnait la population indigène [grande majorité des trois millions de l’époque, notamment mayas], au moins une semaine par mois, dans les plantations. Et avait offert à l’entreprise bananière américaine, la United Fruit Company (UFCO), qui détenait le monopole de la production et de la commercialisation de la banane, la concession et le contrôle des ports, du chemin de fer, de la production d’électricité.
    En octobre 1944 se produit un soulèvement populaire – d’abord urbain, avec les jeunes gradés, les étudiants, les artisans et les ouvriers, rejoints ensuite par les ouvriers portuaires, les paysans, les travailleurs journaliers [qui chasse Juan Federico Ponce Vaides, successeur éphémère du dictateur Jorge Ubico]. L’Etat se dote d’une nouvelle Constitution sous la houlette de Juan Jose Arevalo, investi président en mars 1945.

    Comment peut-on définir les dix années du « printemps guatémaltèque » ?

    Juan Jose Arevalo a pris des mesures sociales importantes : rédaction d’un code du travail, interdiction du travail forcé des indigènes – qui, pendant quatre cents ans, avaient fourni une main-d’œuvre esclave –, sécurité sociale, lutte contre la corruption… Ces réformes ont suscité une très forte opposition. Arevalo père a dû faire face à une vingtaine de tentatives de coup d’Etat soutenues par les entreprises américaines (UFCO et la compagnie aérienne Pan Am) et par les dictateurs de la région : la dynastie Somoza au Nicaragua, Rafael Trujillo en République dominicaine, Tiburcio Carias Andino au Honduras.
    Son successeur, Jacobo Arbenz [1951-1954], s’est lancé dans des réformes plus radicales encore en nationalisant des terres – notamment celles de l’UFCO. Les Etats-Unis avaient d’abord soutenu Arevalo, mais, après 1948 et le début de la guerre froide, leur vision change. D’autant qu’Arbenz s’entoure de membres du parti communiste [Parti guatémaltèque du travail]. Dès lors, Washington apporte son soutien aux groupes qui avaient tenté, en vain, depuis plusieurs années, de renverser Arevalo et Arbenz. La CIA finance des campagnes instillant la peur d’une intervention militaire américaine dans la région. En [mars] 1954, la conférence panaméricaine adopte, sous pression américaine, une résolution [« résolution Foster Dulles », du nom du secrétaire d’Etat du président Eisenhower et par ailleurs actionnaire de l’UFCO] condamnant l’« infiltration communiste » au Guatemala. Le 18 juin, des mercenaires payés et armés par les Etats-Unis lancent une offensive sur la capitale guatémaltèque. Le président Arbenz pensait que l’armée le soutiendrait, mais ce ne fut pas le cas.

    Quelles sont les conséquences immédiates du putsch de 1954 ?

    Les organisations paysannes, les syndicats, les partis politiques qui avaient participé à la « révolution d’octobre », en 1944, sont interdits [par la junte militaire]. La gauche tente plusieurs fois, sans succès, de reprendre le pouvoir par les armes, en 1962, avec l’apparition des premières guérillas ou par les urnes. En 1963, une élection est organisée, à laquelle se présente de nouveau Juan Jose Arevalo, qui revient brièvement d’exil – son fils Bernardo est né à Montevideo [en Uruguay] en 1958. Mais un nouveau coup d’Etat empêche la tenue de l’élection.

    Entre 1960 et 1996, le Guatemala est déchiré par une guerre civile qui fait 200 000 morts…

    Cette guerre n’a pas eu la même intensité selon les périodes, les territoires ou les groupes ethniques impliqués. Entre 1963 et 1978, la répression est sélective : ce sont les dirigeants politiques qui sont enlevés ou assassinés. Mais, à la fin des années 1970, surgit une nouvelle guérilla, l’Armée de guérilla des pauvres, dans les zones indigènes qui la soutiennent. La répression est massive, avec des villages entiers massacrés et un racisme évident : on parle de génocide [plus de 83 % des 200 000 personnes tuées ou disparues appartenaient aux ethnies mayas, selon la Commission pour la vérité historique créée après la signature des accords de paix de 1996].
    Ce dessin a été réalisé par un enfant maya originaire du Guatemala, réfugié dans le camp Pujiltic, dans l’Etat du Chiapas, au Mexique, en 1983, dans le cadre d’une mission menée par l’association Enfants Réfugiés du Monde. Sur ce dessin, figurent une arme à feu, un hélicoptère, une chèvre et une poule accompagnant la fuite de l’enfant. Il a été gardé, avec d’autres dessins de ces enfants guatémaltèques comme trace de la guerre contre les peuples mayas. Le jeu et le dessin ponctuaient les missions d’ERM destinées à apporter une aide aux enfants réfugiés et déplacés.
    Ce dessin a été réalisé par un enfant maya originaire du Guatemala, réfugié dans le camp Pujiltic, dans l’Etat du Chiapas, au Mexique, en 1983, dans le cadre d’une mission menée par l’association Enfants Réfugiés du Monde. Sur ce dessin, figurent une arme à feu, un hélicoptère, une chèvre et une poule accompagnant la fuite de l’enfant. Il a été gardé, avec d’autres dessins de ces enfants guatémaltèques comme trace de la guerre contre les peuples mayas.
    Militairement, la guérilla perd en 1983. Son objectif stratégique était de prendre le pouvoir par les armes : elle a échoué. Des négociations sont ouvertes entre l’Etat, alors gouverné par les démocrates-chrétiens [droite] arrivés au pouvoir après les élections de 1985, et les quelques foyers de guérilla que l’armée ne parvient pas à éradiquer. Cette initiative reçoit le soutien du groupe Contadora (Mexique, Colombie, Panama, Venezuela), ainsi que de pays tels que la Norvège ou la France [et aboutit au bout d’un long processus sur l’accord de paix ferme et durable, signé le 29 décembre 1996].
    Les accords de paix ne résolvent pas tout, notamment le problème de la violence…
    La Mission des Nations unies pour le Guatemala, la Minugua, avait pour mandat de vérifier la bonne application du cessez-le-feu et le respect des droits de l’homme [en 1994]. L’Etat se révélait incapable de lutter contre les groupes paramilitaires qui continuaient d’opérer dans le pays, enlevaient des gens et commettaient des assassinats. Mais la Minugua n’avait pas la capacité d’enquêter. L’ONU l’a remplacée, en 2006, par la Commission internationale contre l’impunité au Guatemala, la Cicig. Quand le juriste et diplomate colombien Ivan Velasquez [aujourd’hui ministre de la défense colombien] en prend la tête en 2013, il ose s’en prendre aux grands groupes économiques corrompus, aux plus puissants [soixante structures criminelles sont démantelées entre 2007 et 2019].

    La Cicig a-t-elle renforcé la démocratie ?

    En promouvant des réformes du système judiciaire, notamment avec ce qu’on a appelé les « tribunaux de haut risque », chargés d’enquêter sur les affaires les plus graves, et en renforçant le ministère public, la Cicig a pu s’attaquer aux groupes de pouvoir, députés, narcotrafiquants, avocats, chefs d’entreprise… Bien sûr, cela a engendré des résistances, surtout quand elle s’est mise à enquêter sur le président Jimmy Morales [2015-2019 ; soupçonné de financement illégal pour sa campagne et duquel la Cicig demanda la levée de l’immunité]. C’était une institution populaire. L’ex-procureure générale Thelma Aldana [qui avait travaillé de concert avec Ivan Velasquez, entre 2013 et 2018] avait donc toutes les chances d’être élue à la présidentielle de 2019. Raison pour laquelle sa candidature a été empêchée. Face aux menaces, elle a dû s’exiler avant le scrutin.
    Puis la Cicig a été expulsée par une large alliance de groupes de pouvoir visés par ses enquêtes. En 2020, les forces démocratiques et progressistes ne sont pas parvenues à contrecarrer leurs plans, et c’est Alejandro Giammattei qui est élu président [directeur du système pénitentiaire du Guatemala de 2005 à 2007, il a été incarcéré dix mois en 2010, accusé par la Cicig d’avoir sommairement exécuté des détenus]. Commence alors un régime d’impunité et de corruption.

    Comment expliquer l’élection, quatre ans plus tard, de Bernardo Arevalo ?

    La pandémie de Covid-19 a été un élément déclencheur. Il n’y avait pas de respirateurs ; les vaccins sont arrivés tard ; les dirigeants ont gardé pour eux les aides financières… L’humeur politique a changé. Dans toute l’Amérique latine, les élections postpandémie ont été gagnées par l’opposition. Pour autant, personne n’avait envisagé la victoire de Bernardo Arevalo ! Il est arrivé au second tour de l’élection presque par hasard : le régime avait tout fait pour empêcher de nombreuses autres candidatures qui avaient des chances de l’emporter : Thelma Cabrera, Roberto Arzu, Carlos Pineda… C’est seulement une semaine avant le scrutin que les jeunes ont commencé à se mettre d’accord, discrètement, sur les réseaux sociaux, pour voter pour lui.

    Les communautés indigènes se sont beaucoup mobilisées pour le défendre entre son élection, le 20 août 2023, et son investiture, le 14 janvier…

    Elles ont joué un rôle crucial. Les organisations communautaires mayas quiché, l’ethnie majoritaire et avec le plus de ressources, ont occupé les rues, campé devant le ministère public, avec une grande discipline politique. S’inspirant du cas de la Bolivie – l’arrivée au pouvoir du président Evo Morales [2006-2019] et le rôle des Indiens aymara –, elles pensent que le temps est venu de constituer une force politique capable de gouverner. Il est fort probable qu’il y aura un ou une candidate maya à la prochaine élection présidentielle guatémaltèque, prévue dans quatre ans.

    Arevalo père a construit la démocratie. Les Guatémaltèques se sont-ils souvenus de lui au moment de voter pour son fils, désormais chargé de la reconstruire ?

    Bien sûr ! Mais ce n’est pas pour cela qu’il a été élu. En 2003, le fils de Jacobo Arbenz, qui avait été démis par le coup d’Etat de 1954, s’était présenté à l’élection et était arrivé bon dernier. C’est lorsque les élites ont tenté d’empêcher Arevalo fils d’accéder au pouvoir que les gens ont fait le lien avec son père et qu’il s’est transformé en symbole de renouveau démocratique. Une éventuelle victoire de Donald Trump aux Etats-Unis, en novembre, est cependant inquiétante. Les groupes d’opposition se sentiront renforcés et prêts à contre-attaquer, car Arevalo ne sera plus soutenu par Washington comme il l’a été par Joe Biden.

    #impérialisme #colonialisme #démocratie #Guatemala #Espagne #Etats-Unis #PeuplesAutochtones #CommunautésIndigènes

  • (Août 2023) #nos_valeurs #démocratie etc…

    Pakistan Cypher Exposes U.S. Pressure to Remove Imran Khan
    https://theintercept.com/2023/08/09/imran-khan-pakistan-cypher-ukraine-russia

    “All will be forgiven,” said a U.S. diplomat, if the no-confidence vote against Pakistan Prime Minister Imran Khan succeeds.

  • Et si les #réseaux sociaux devenaient une chance pour nos #démocraties ? @AnneAlombert @jeancattan
    https://theconversation.com/et-si-les-reseaux-sociaux-devenaient-une-chance-pour-nos-democratie

    **Reprendre la main sur les algorithmes**

    C’est pour orienter les réseaux sociaux vers des architectures permettant de créer des espaces de débat, d’apprentissage, d’échanges et de coopération que nous devons agir en premier lieu, avant même de nous intéresser à la modération des contenus qui y circulent. Le règlement européen sur les services numériques le permet en théorie, mais il faudra que la Commission européenne se mobilise en ce sens. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Jusqu’à présent, le débat a bien plus porté sur le nombre de modérateurs de tel ou tel réseau ou le nombre de contenus retirés que sur la structure des réseaux sociaux en elle-même. Ce qui risque surtout de nous épuiser pour un résultat très relatif.

    Pour nous assurer que les réseaux servent une société démocratique où le débat, la construction collective et l’écoute sont privilégiés, nous devrions nous préoccuper de la manière dont les infrastructures numériques sont conçues, développées et financées. Comme les réseaux sociaux dominants sont structurellement fondés sur l’économie de l’attention, l’enfermement de leurs utilisateurs et l’amplification des contenus polémiques et choquants, nous devrions aussi décider de ne plus laisser aux mains du seul réseau social, c’est-à-dire d’une entreprise privée, le monopole de déterminer le flux algorithmique, soit le choix des contenus apparaissant sur nos fils d’actualités.

    Une telle proposition est une exigence minimale pour tendre vers une plus grande réappropriation des réseaux sociaux par les utilisateurs. Elle a d’ailleurs déjà été faite sous diverses formes, que ce soit par des spécialistes du numérique, la Comission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH), des #journalistes ou des #chercheurs. Ainsi, il s’agit non plus seulement de forcer la plate-forme à accentuer tel ou tel paramètre de leur #algorithme mais de contester le fait que la recommandation soit le seul fait de la plate-forme.

    Pour justifier ce principe, nous pouvons nous demander si une fois une taille critique et une certaine concentration du marché atteintes, il est bien légitime de laisser uniquement à des entreprises privées le soin de décider ce qui doit être vu ou ce qui doit être invisibilisé dans l’espace médiatique numérique. Quand bien même certains d’entre nous souhaiteraient s’abandonner aux algorithmes de #TikTok ou de #Twitter, pourquoi tout un chacun devrait-il s’y plier ? Est-ce à un acteur unique de déterminer les critères en fonction desquels les contenus apparaissent ou disparaissent de nos écrans ?

  • L’inquiétante progression d’Israël dans le classement des pays par nombre de journalistes emprisonnés
    https://theconversation.com/linquietante-progression-disrael-dans-le-classement-des-pays-par-no

    Israël est désormais l’un des pays du monde qui comptent le plus grand nombre de journalistes emprisonnés, selon une étude récemment publiée par le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), basé à New York.

    Chaque année, cette organisation publie un rapport faisant état du nombre de journalistes se trouvant derrière les barreaux. Au 1er décembre 2023, ce nombre s’élevait à 320, soit le deuxième le plus élevé depuis que ce classement a été créé en 1992. D’un certain point de vue, la dynamique est encourageante : le record en la matière – 367 – avait été enregistré en 2022.

    Il n’en demeure pas moins que le fait qu’autant de représentants du secteur des médias soient en prison est profondément préoccupant. Leur emprisonnement porte atteinte à la liberté de la presse et, souvent, aux droits humains.

    #démocratie_ou_pas

  • La #nouvelle du jeudi 20:42
    https://framablog.org/2024/01/25/la-nouvelle-du-jeudi-2042

    Chaque jour de cette semaine, à 20:42, une nouvelle de 2042 concoctée avec amour par les participant⋅es des ateliers #solarpunk #UPLOAD de l’Université Technologique de #Compiègne (UTC). Aujourd’hui, sous le regard étonné des enfants de 2042, une exposition sur Compiègne … Lire la suite­­

    #Communs_culturels #Enjeux_du_numérique #UPLOAD #atelier #Democratie #écriture #indices #LowTech #oligarchie #PIB #Politique #représentation #RIP #Sante #soin #Solarpunk #UTC #Voitures

    • Depuis septembre 2023, Mathieu a cherché dans le journalisme, dans la culture – pour des festivals, des institutions… En vain. Alors ce job d’étudiant dans un musée, payé au #smic_horaire – il espère effectuer vingt heures par semaine, soit de 800 à 900 euros de revenus par mois –, c’est mieux que rien. « Aujourd’hui, il y a une sacralisation des études longues, mais comme beaucoup de monde en fait, on se retrouve bloqués au moment de chercher du boulot et ensuite déclassés en matière de #salaire », déplore le jeune homme. Si ses parents, exploitant viticole et agente d’entretien dans un hôpital, étaient « très contents et fiers » de sa réussite en master, ils ne s’attendaient pas non plus à ce que la recherche d’emploi de leur fils soit si difficile.

      [...]

      Les enquêtes « Génération » du Céreq offrent, sur ce point, de précieuses grilles d’observation. Depuis 1998, le centre interroge, à intervalles réguliers, un large échantillon de jeunes adultes trois ans après leur sortie du système éducatif, la dernière enquête datant de 2020 (jeunes sortis du système scolaire en 2017). Sur le long terme, Philippe Lemistre confirme au Monde observer une augmentation du taux de chômage et une baisse du taux de cadres parmi les diplômés de #master. Pour la génération 1998, le taux de #cadres parmi l’ensemble des diplômés de master était de 56 %, il est de 49 % pour celle de 2017. Le taux de #chômage des bac + 5 était de 5 % en 1998 contre 9 % pour la génération 2017.

      « Vision idéalisée de la recherche »

      Les enquêtes font aussi apparaître une hiérarchie très nette entre filières. Dans la génération 2017, le taux de chômage est de 6 % pour les diplômés d’écoles d’ingénieurs, 9 % pour ceux d’écoles de commerce, 10 % pour ceux de master de lettres, sciences humaines et sociales (LSHS). Les différences s’agissant du taux de #déclassement, qui concerne les diplômés n’occupant pas un emploi de cadre trois ans après la fin de leurs études, sont encore plus spectaculaires : ce taux est de 41 % pour les masters LSHS, 28 % pour les masters en sciences et techniques, 26 % pour les écoles de commerce et 9 % pour les écoles d’ingénieurs.

      Ces difficultés contribuent à l’inadéquation fréquemment observée entre les #études réalisées par les jeunes et les #emplois qu’ils occupent. De tous les diplômés de master, moins de la moitié va travailler dans son domaine de spécialité, relève Philippe Lemistre. Charles (qui a souhaité garder l’anonymat), 29 ans, a été poussé par sa mère à suivre de longues études, la garantie à ses yeux de trouver un bon boulot. Après une tentative infructueuse en fac de médecine, puis une licence en biomédical, il a passé un master en neurosciences cognitives à Bordeaux, avant de s’inscrire en doctorat au Centre de recherches interdisciplinaires de Paris (l’actuel Learning Planet Institute). Puis d’abandonner après quelques mois.

      « J’avais une vision idéalisée de la recherche, qui est en réalité un secteur très compétitif, mal payé et offrant peu de débouchés. Je dirais que 80 % du temps d’un chercheur est consacré à faire des demandes de subventions pour financer son travail », fait valoir Charles. Aujourd’hui, le jeune homme est chef de projet dans le social et s’il n’a pas « galéré », comme il le dit, à trouver un boulot, c’est aussi grâce à un cadre familial très aidant et un bon réseau amical. Malgré tout, « les études ouvrent des portes et un bac + 5 donne une légitimité quand on postule à des postes de cadre », reconnaît-il.

      Si la massification de l’accès à l’enseignement supérieur s’est traduite par un accès plus important des enfants des classes populaires aux diplômes de bac + 5, elle a aussi encouragé « des logiques de plus en plus discriminantes en termes d’origine sociale et de genre », ce que Philippe Lemistre appelle « la démocratisation ségrégative ». Dans la mesure où le nombre d’années d’études après le bac n’est plus un critère absolu de distinction, il faut, pour les enfants des classes sociales supérieures, trouver d’autres façons de sortir du lot. Cela passe par les choix de filières, de spécialités, d’écoles, d’expériences à l’étranger, etc.

      edit => double cursus en master pour ’"faire la différence"

      https://justpaste.it/g1uy6

      #études #université #étudiants #stages #césure #démocratisation_ségrégative #précaires #prolétarisation

    • Encore la même rengaine imbécile que depuis le début de la massification de l’université sur les formations universitaires qui ne débouchent pas sur des emplois de la discipline étudiée. Cette vision étroitement professionnelle ne pige rien aux exigences de polyvalence et de d’adaptabilité du marché du travail (savoir se former dans des champs renouvelés, quitte à ce que ce soit « sur le tas », ou fil des #parcours, dirait-on plutôt aujourd’hui).

      Le mauvais côté, c’est que la surqualification par rapport aux emplois réellement exercés menace l’ordre social.

      #formation #polyvalence #sélectivité

  • « On va arrêter de faire des lois » : Emmanuel Macron cherche-t-il à contourner le Parlement ? - Le Parisien
    https://www.leparisien.fr/politique/on-va-arreter-de-faire-des-lois-emmanuel-macron-cherche-t-il-a-contourner
    https://www.leparisien.fr/resizer/963uP__Nkg-lsEJEv3U5o5naO9E=/1200x675/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/leparisien/LVW3JEJOQJB4HILEDTTFAIEJDQ.jpg

    La formule, attribuée à Emmanuel Macron en Conseil des ministres, le 17 janvier, est évidemment provocatrice : « On va arrêter de faire des lois. » Car le gouvernement n’a bien sûr pas l’intention de ne plus déposer de projets de loi et bien d’autres textes seront étudiés à l’avenir. Mais elle en dit long sur un virage que le chef de l’État semble déterminé à aborder, après l’épisode de la loi immigration, qui s’est étalé pendant des mois.

    Face aux parlementaires de la majorité, réunis à l’Élysée le 15 janvier dernier, Emmanuel Macron a assumé la nouvelle méthode. « On a pris beaucoup de lois ces dix-huit derniers mois, beaucoup de ces lois sont à décliner sur le terrain », commence le chef de l’État, citant des domaines aussi divers et variés que la sécurité, la justice, l’éducation, la culture, l’industrie ou encore l’énergie.

    Puis il a prévenu : « Il y a beaucoup de choses qu’on peut faire hors textes. Ce n’est pas simplement le fait de faire moins de lois. On a fait autant de textes dans les premiers mois de cette mandature que sous la précédente. Simplement, on a fait plus de textes d’initiatives parlementaires, moins d’initiative gouvernementale mais avec beaucoup plus d’amendements. » La salle des fêtes de l’Assemblée nationale est restée parfaitement silencieuse face à ces changements de pied, prônés par le président.

    #démocratie

  • Immigration : « Les partis de gouvernement s’alignent sur le cadre idéologique de l’extrême droite »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/01/17/immigration-les-partis-de-gouvernement-s-alignent-sur-le-cadre-ideologique-d

    Immigration : « Les partis de gouvernement s’alignent sur le cadre idéologique de l’extrême droite »
    Tribune : Jean-Claude Barbier
    L’irrationalité économique des politiques migratoires est prouvée et n’est pas propre à la France. C’est ce que montre très bien The Economist dans son édition du 23 décembre 2023, en demandant une « détoxification » de ces politiques. Qu’il s’agisse des bateaux sur la Manche ou de l’immigration en général, les hommes et femmes politiques du Vieux Continent pratiquent la surenchère, estime l’hebdomadaire économique britannique.
    L’économiste El Mouhoub Mouhoud démontre de son côté que le « régime d’immigration » hérité du colonialisme en France est peu compétitif internationalement. Une étude du Center for Global Development, parue en 2021, indiquait que le déficit de main-d’œuvre se situerait à environ 44 millions d’actifs en Europe, dont 3,6 millions au Royaume-Uni, 3,9 millions en France et 7 millions en Allemagne. On ne peut que constater les ravages croissants du populisme et la progression des idées d’extrême droite, mais aussi la confusion entretenue entre demande d’asile et autres formes de migration. La Commission européenne, chargée d’organiser la solidarité, montre son impuissance depuis 2015.
    Après la victoire de Geert Wilders aux élections législatives néerlandaises, les observations du politiste Cas Mudde confirment une situation inquiétante en Europe. L’élection a été orchestrée par les partis en lice en termes « racialisés » et le niveau de vie et le problème du logement sont présentés aux électeurs en matière d’immigration. Ce sont les partis de gouvernement qui sont à l’origine d’un alignement sur le cadre idéologique de l’extrême droite.
    Le parallèle ici est frappant avec ce qui se passe en France, où les partis, et non les sondages, imposent leurs thèmes. A cet égard, la recherche illustre le caractère fragile des études concernant les opinions relatives à l’immigration et le danger puissant de leur possible manipulation : la simple mention répétée des faits d’immigration modifie les opinions.En ce qui concerne le Danemark et la Norvège, l’idée de réserver aux nationaux les bienfaits de la protection sociale généreuse est apparue il y a trente ans chez les partis d’extrême droite. Ces partis ont ainsi inventé le « chauvinisme du welfare [Etat-providence] ». Au Danemark, des politiques ouvertement anti-immigrés ont émergé en 2002 avec le centre droit, puis se sont poursuivies avec l’arrivée au pouvoir du parti social-démocrate de Mette Frederiksen, en 2019.
    Le gouvernement danois a été jusqu’à reprendre le programme de l’extrême droite, avec comme but une politique de « zéro réfugié » et a lancé l’idée d’expatrier les candidats à l’asile au Rwanda. Au cas par cas, le Danemark négocie toutefois des exceptions pour ses difficultés de recrutement. Le point-clé danois reste la cohésion culturelle du pays.
    Au Royaume-Uni, le gouvernement de Rishi Sunak travaille sur le transfert des demandeurs d’asile au Rwanda, mais les conservateurs au pouvoir sont très divisés sur le texte et le Parti travailliste y est opposé. Le Labour a cependant révisé sa politique d’immigration, y compris avec des mesures strictes, notamment contre les passeurs. Il n’a surtout pas l’intention d’ouvrir les frontières. L’obtention d’un visa dans le pays est d’ailleurs conditionnée à un salaire plancher, ce qui correspond à une immigration « choisie ».
    Si la « solution » préconisée par M. Sunak n’a aucune chance d’advenir en France, du fait de la Convention européenne des droits de l’homme, le plus grand contraste règne en Europe, particulièrement entre la France et l’Allemagne. Le nombre d’immigrés ukrainiens dépasse le million en Allemagne alors qu’il n’est que de 60 000 en France. La législation allemande permet aux demandeurs d’asile de travailler et une procédure dite « de tolérance » protège certains travailleurs qui n’ont pas le statut de réfugié. Par rapport à celles de la France, les performances d’apprentissage de la langue allemande, malgré ses difficultés, sont sans comparaison !
    En Allemagne, l’immigration et l’asile se situent, proportionnellement à la population, à des niveaux beaucoup plus élevés qu’en France. Certes l’Allemagne a des besoins de recrutement supérieurs à ceux de l’Hexagone, mais le patronat français, comme le fait remarquer El Mouhoub Mouhoud, préfère s’arranger avec l’immigration irrégulière. Il se contente d’agir en cachette, alors que les pénuries de main-d’œuvre sont criantes, notamment s’agissant des chaudronniers dans le secteur du nucléaire.
    Le patronat allemand appuie publiquement, et de façon responsable, les projets du gouvernement relatifs à l’immigration qui promeuvent l’immigration de travailleurs extra-européens. Mieux encore, les hauts responsables du patronat allemand combattent les idées du parti d’extrême droite Alternative für Deutschland (AfD).Certes, la menace pèse lourd sur la coalition du Parti social-démocrate (SPD), des Verts et du Parti libéral-démocrate (FDP) d’une part, et sur l’Union chrétienne-démocrate (CDU) d’autre part, face à la montée en puissance de l’AfD. Pour autant, aussi bien le patronat allemand que les partis de gouvernement ont une position explicite contre l’extrême droite alors qu’en France la « normalisation » du Rassemblement national, elle, s’accélère.
    Une certaine démocratie sociale fonctionne encore en Allemagne face à la menace de la partie de l’extrême droite contaminée par le nazisme. On pourrait s’inspirer de cet exemple plutôt que de s’enfoncer dans un pacte toxique qui enferme le macronisme dans l’ombre du Rassemblement national.
    Jean-Claude Barbier est sociologue auprès du Centre national de recherche scientifique du Centre d’économie de la Sorbonne.

    #Covid-19#migration#migrant#france#immigration#populisme#extremedroite#politiquemigratoire#democratie

    • Il sait se défendre le bougre, il est habitué, mais aussi parce qu’il parle méga vite et fort. Et quand il y a une étude qui contredit : « je ne l’ai pas lu je ne peux rien en dire », ce qui peut à la fois être tout à son honneur contrairement aux éditorialistes qui parlent sur mille sujets qu’ils ne connaissent pas, et en même temps c’est bien pratique… (et quand on est un spécialiste de ce domaine, c’est quand même bizarre qu’il n’ait pas connaissance de certaines études importantes qui en parlent).

      On voit aussi encore, qu’il est totalement anti démocratique, technocrate, et qu’il est typiquement ingénieur à notre connaitre en réalité que son petit bout de spécialité, avec des affirmations sur la nature humaine etc qui sont en contradiction totale avec les savoirs actuels en anthropologie et sociologie. Ils parlent de la Chine et de la Russie, comme il aurait pu parler des Incas ou de l’empire Romain : en ne parlant QUE des énormes civilisations impériales et industrielles, comme si ça représentait toute l’humanité. Bah non il se trouve que la majorité de l’humanité + sur la majorité de l’histoire humaine, c’est une vie de paysannerie et de petites communautés… Les pays dont ils parlent ne sont qu’une infime minorité de l’histoire humaine et ils les prends à témoin comme étant l’exemple de sa démonstration que c’est ça la « nature humaine ».

      Il est totalement ridicule sur ce point, et c’est vraiment dommage qu’aucun des deux journalistes ne l’ait contredit sur ce point fondamental d’anthropologie…

      #Jean-Marc_Jancovici #Jade_Lindgaard #nucléaire #écologie #climat #réchauffement_climatique #carbone #démocratie

  • « Depuis six décennies, l’#aménagement touristique de la #montagne est engagé dans une fuite en avant »

    L’attribution des #Jeux_olympiques d’hiver de 2030 à la #France risque de retarder encore l’engagement des communes touristiques de montagne dans la #transition_écologique, estime, dans une tribune au « Monde », le géographe #Rémy_Knafou.

    La France a eu des politiques touristiques pour la montagne ; elle n’en a plus depuis longtemps. Et la récente décision d’attribuer à la candidature française les Jeux olympiques d’hiver de 2030 ne va pas faciliter la transition juste que le réchauffement climatique, plus important qu’en plaine, appelle pourtant.

    Le #plan_neige des années 1960, sous la présidence du général de Gaulle, était une réponse à l’#exode_rural qui vidait la montagne de ses forces vives et au projet de retenir en France la clientèle des skieurs français qui fréquentait les pays alpins voisins. Il en résulta la création ex nihilo en haute altitude de nombreuses stations de sports d’hiver et l’aménagement de vastes #domaines_skiables, désormais parmi les plus étendus de la planète.

    Avalanches et glissements de terrain meurtriers couplés à une mévente immobilière incitèrent l’Etat à un infléchissement, qui s’exprima dans le #discours_de_Vallouise, prononcé par le président #Valéry_Giscard_d’Estaing, le 23 août 1977 : « Trop de #résidences_secondaires s’éparpillent au gré des ventes de #terres_agricoles. Trop de #stations_de_ski furent implantées sans tenir compte suffisamment des populations locales et des contraintes de l’#environnement. L’effort de l’Etat portera dorénavant sur un tourisme intégré à d’autres activités, accessible au plus grand nombre, respectueux des sites et des #paysages. »

    Des clientèles étrangères en majorité fortunées

    En 1985, l’Etat s’est doté d’une loi « montagne », qui entendait à la fois développer et protéger – ce que, de facto, la France faisait déjà depuis une vingtaine d’années avec la création, en 1963, du #parc_national_de_la_Vanoise : tout était interdit dans sa zone centrale quand (presque) tout était permis dans sa zone périphérique, où se développaient quelques-unes des plus importantes stations françaises de #sports_d’hiver.

    Mais force est de constater que cette loi « montagne », complétée en 2016 par la loi « montagne II », n’a pu ralentir la progression de l’#immobilier en altitude, de l’équipement en #remontées_mécaniques et en #neige_artificielle, tandis que, parallèlement, les espoirs de #démocratisation du ski disparaissaient d’un marché porté par la venue croissante de clientèles étrangères en large majorité fortunées.

    Ainsi, depuis six décennies, l’aménagement touristique de la montagne est engagé dans une #fuite_en_avant – que j’avais déjà analysée dans ma thèse, publiée en 1978, « Les stations intégrées de sports d’hiver des Alpes françaises » (Masson) –, la croissance immobilière appelant constamment l’extension des domaines skiables et ceux-ci nécessitant à leur tour la construction de nouveaux programmes résidentiels. C’est ainsi que la seule #Tarentaise en est arrivée à totaliser en altitude 427 500 lits touristiques, soit plus que de la population cumulée des deux agglomérations d’Annecy et de Chambéry !

    Un cercle vicieux défendu par les #lobbys du ski

    La montagne hivernale a produit une machine infernale, sorte de course-poursuite sans fin entre les lits et les remontées mécaniques. La nécessité, toujours pour alimenter le chiffre d’affaires des remontées mécaniques, de remplacer les lits « froids » – les passoires thermiques représentent près de la moitié du parc ! – construits dans les années 1960-1990 et progressivement sortis du marché nourrit aujourd’hui cette dynamique.

    L’actuelle croissance immobilière va donc à l’encontre de ce qu’il faudrait faire : elle poursuit l’#artificialisation_des_sols, attire une clientèle étrangère qui va accroître l’empreinte carbone des stations et repose sur une progression de l’#enneigement_artificiel – c’est en effet une attente des acquéreurs de logements à plus de 15 000 euros le mètre carré, qui souhaitent sécuriser la pratique du ski, quels que soient les aléas d’un enneigement sur le repli.

    On voit comment le système touristique de la montagne hivernale a enfanté un cercle vicieux défendu par les puissants lobbys du ski – dont la dernière victoire en date est la promesse de l’organisation des Jeux olympiques d’hiver en 2030.

    A la recherche d’un équilibre de développement

    La France a été préférée à la Suède et à la Suisse parce que le #Comité_international_olympique (#CIO) aurait prudemment opté pour le pays qui n’avait pas le projet de soumettre à référendum ou à votation sa candidature – on le sait, le CIO ne trouve plus de candidatures que dans les pays dictatoriaux ou dans les démocraties qui ne demandent pas leur avis aux populations afin d’éviter le refus des citoyens contribuables.

    Au lieu de célébrer cette victoire trop facile, les pouvoirs publics s’honoreraient à engager la montagne touristique dans une transition juste, d’autant que les conditions semblent malgré tout favorables. En effet, face au réchauffement climatique, la montagne a et aura un avenir touristique, avec ou sans neige, car on y trouvera, en été en particulier, des températures plus supportables qu’ailleurs.

    Les communes et stations qui continueront à vivre du ski devraient le faire à plusieurs conditions. Il leur faudrait tout d’abord considérer le niveau actuel de développement comme un état d’équilibre qui permet de bien vivre sans poursuivre la construction de nouveaux #logements, l’effort étant tourné vers la #rénovation de l’existant. De plus, elles ne devraient plus se lancer dans des projets d’aménagement accentuant la pression sur un milieu naturel déjà très exploité, et qui pourraient compromettre leur réorientation économique, celle-ci étant inévitable à moyen ou à long terme.

    Prendre l’avis de toutes les populations

    Lorsque de tels projets (nouvelles urbanisations, retenues d’eau pour les canons à neige, etc.) sont néanmoins retenus, les communes devraient réfléchir à la manière de prendre en compte non seulement les avis de ceux qui habitent ces lieux touristiques à l’année, mais aussi les avis de ceux qui font vivre ces lieux en les fréquentant : une petite minorité ne devrait plus décider seule du sort de ces lieux.

    Enfin, les communes devraient alimenter un #fonds_de_prévoyance – car les temps difficiles finiront par arriver, même pour les communes de haute altitude –, afin que la collectivité nationale ne soit pas amenée, in fine, à financer une reconversion qu’elles auront refusé de préparer. C’est à ce prix que l’attribution des Jeux olympiques d’hiver à la France, si elle est confirmée, ne se transformera pas en victoire à la Pyrrhus.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/12/30/depuis-six-decennies-l-amenagement-touristique-de-la-montagne-est-engage-dan
    #tourisme #aménagement_du_territoire #ski #loi_montagne #Vanoise #loi_montagne_II #lits_froids