• Immigration : « Les partis de gouvernement s’alignent sur le cadre idéologique de l’extrême droite »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/01/17/immigration-les-partis-de-gouvernement-s-alignent-sur-le-cadre-ideologique-d

    Immigration : « Les partis de gouvernement s’alignent sur le cadre idéologique de l’extrême droite »
    Tribune : Jean-Claude Barbier
    L’irrationalité économique des politiques migratoires est prouvée et n’est pas propre à la France. C’est ce que montre très bien The Economist dans son édition du 23 décembre 2023, en demandant une « détoxification » de ces politiques. Qu’il s’agisse des bateaux sur la Manche ou de l’immigration en général, les hommes et femmes politiques du Vieux Continent pratiquent la surenchère, estime l’hebdomadaire économique britannique.
    L’économiste El Mouhoub Mouhoud démontre de son côté que le « régime d’immigration » hérité du colonialisme en France est peu compétitif internationalement. Une étude du Center for Global Development, parue en 2021, indiquait que le déficit de main-d’œuvre se situerait à environ 44 millions d’actifs en Europe, dont 3,6 millions au Royaume-Uni, 3,9 millions en France et 7 millions en Allemagne. On ne peut que constater les ravages croissants du populisme et la progression des idées d’extrême droite, mais aussi la confusion entretenue entre demande d’asile et autres formes de migration. La Commission européenne, chargée d’organiser la solidarité, montre son impuissance depuis 2015.
    Après la victoire de Geert Wilders aux élections législatives néerlandaises, les observations du politiste Cas Mudde confirment une situation inquiétante en Europe. L’élection a été orchestrée par les partis en lice en termes « racialisés » et le niveau de vie et le problème du logement sont présentés aux électeurs en matière d’immigration. Ce sont les partis de gouvernement qui sont à l’origine d’un alignement sur le cadre idéologique de l’extrême droite.
    Le parallèle ici est frappant avec ce qui se passe en France, où les partis, et non les sondages, imposent leurs thèmes. A cet égard, la recherche illustre le caractère fragile des études concernant les opinions relatives à l’immigration et le danger puissant de leur possible manipulation : la simple mention répétée des faits d’immigration modifie les opinions.En ce qui concerne le Danemark et la Norvège, l’idée de réserver aux nationaux les bienfaits de la protection sociale généreuse est apparue il y a trente ans chez les partis d’extrême droite. Ces partis ont ainsi inventé le « chauvinisme du welfare [Etat-providence] ». Au Danemark, des politiques ouvertement anti-immigrés ont émergé en 2002 avec le centre droit, puis se sont poursuivies avec l’arrivée au pouvoir du parti social-démocrate de Mette Frederiksen, en 2019.
    Le gouvernement danois a été jusqu’à reprendre le programme de l’extrême droite, avec comme but une politique de « zéro réfugié » et a lancé l’idée d’expatrier les candidats à l’asile au Rwanda. Au cas par cas, le Danemark négocie toutefois des exceptions pour ses difficultés de recrutement. Le point-clé danois reste la cohésion culturelle du pays.
    Au Royaume-Uni, le gouvernement de Rishi Sunak travaille sur le transfert des demandeurs d’asile au Rwanda, mais les conservateurs au pouvoir sont très divisés sur le texte et le Parti travailliste y est opposé. Le Labour a cependant révisé sa politique d’immigration, y compris avec des mesures strictes, notamment contre les passeurs. Il n’a surtout pas l’intention d’ouvrir les frontières. L’obtention d’un visa dans le pays est d’ailleurs conditionnée à un salaire plancher, ce qui correspond à une immigration « choisie ».
    Si la « solution » préconisée par M. Sunak n’a aucune chance d’advenir en France, du fait de la Convention européenne des droits de l’homme, le plus grand contraste règne en Europe, particulièrement entre la France et l’Allemagne. Le nombre d’immigrés ukrainiens dépasse le million en Allemagne alors qu’il n’est que de 60 000 en France. La législation allemande permet aux demandeurs d’asile de travailler et une procédure dite « de tolérance » protège certains travailleurs qui n’ont pas le statut de réfugié. Par rapport à celles de la France, les performances d’apprentissage de la langue allemande, malgré ses difficultés, sont sans comparaison !
    En Allemagne, l’immigration et l’asile se situent, proportionnellement à la population, à des niveaux beaucoup plus élevés qu’en France. Certes l’Allemagne a des besoins de recrutement supérieurs à ceux de l’Hexagone, mais le patronat français, comme le fait remarquer El Mouhoub Mouhoud, préfère s’arranger avec l’immigration irrégulière. Il se contente d’agir en cachette, alors que les pénuries de main-d’œuvre sont criantes, notamment s’agissant des chaudronniers dans le secteur du nucléaire.
    Le patronat allemand appuie publiquement, et de façon responsable, les projets du gouvernement relatifs à l’immigration qui promeuvent l’immigration de travailleurs extra-européens. Mieux encore, les hauts responsables du patronat allemand combattent les idées du parti d’extrême droite Alternative für Deutschland (AfD).Certes, la menace pèse lourd sur la coalition du Parti social-démocrate (SPD), des Verts et du Parti libéral-démocrate (FDP) d’une part, et sur l’Union chrétienne-démocrate (CDU) d’autre part, face à la montée en puissance de l’AfD. Pour autant, aussi bien le patronat allemand que les partis de gouvernement ont une position explicite contre l’extrême droite alors qu’en France la « normalisation » du Rassemblement national, elle, s’accélère.
    Une certaine démocratie sociale fonctionne encore en Allemagne face à la menace de la partie de l’extrême droite contaminée par le nazisme. On pourrait s’inspirer de cet exemple plutôt que de s’enfoncer dans un pacte toxique qui enferme le macronisme dans l’ombre du Rassemblement national.
    Jean-Claude Barbier est sociologue auprès du Centre national de recherche scientifique du Centre d’économie de la Sorbonne.

    #Covid-19#migration#migrant#france#immigration#populisme#extremedroite#politiquemigratoire#democratie

    • Il sait se défendre le bougre, il est habitué, mais aussi parce qu’il parle méga vite et fort. Et quand il y a une étude qui contredit : « je ne l’ai pas lu je ne peux rien en dire », ce qui peut à la fois être tout à son honneur contrairement aux éditorialistes qui parlent sur mille sujets qu’ils ne connaissent pas, et en même temps c’est bien pratique… (et quand on est un spécialiste de ce domaine, c’est quand même bizarre qu’il n’ait pas connaissance de certaines études importantes qui en parlent).

      On voit aussi encore, qu’il est totalement anti démocratique, technocrate, et qu’il est typiquement ingénieur à notre connaitre en réalité que son petit bout de spécialité, avec des affirmations sur la nature humaine etc qui sont en contradiction totale avec les savoirs actuels en anthropologie et sociologie. Ils parlent de la Chine et de la Russie, comme il aurait pu parler des Incas ou de l’empire Romain : en ne parlant QUE des énormes civilisations impériales et industrielles, comme si ça représentait toute l’humanité. Bah non il se trouve que la majorité de l’humanité + sur la majorité de l’histoire humaine, c’est une vie de paysannerie et de petites communautés… Les pays dont ils parlent ne sont qu’une infime minorité de l’histoire humaine et ils les prends à témoin comme étant l’exemple de sa démonstration que c’est ça la « nature humaine ».

      Il est totalement ridicule sur ce point, et c’est vraiment dommage qu’aucun des deux journalistes ne l’ait contredit sur ce point fondamental d’anthropologie…

      #Jean-Marc_Jancovici #Jade_Lindgaard #nucléaire #écologie #climat #réchauffement_climatique #carbone #démocratie

  • #Inde : dans les champs du #Pendjab, la colère s’enracine

    Depuis leur soulèvement en 2021, les paysans du sous-continent sont revenus aux champs. Mais dans le grenier à #blé du pays, la révolte gronde toujours et la sortie de la #monoculture_intensive est devenue une priorité des #syndicats_agricoles.

    « Nous sommes rassemblés parce que la situation des agriculteurs est dans l’impasse. Dans le Pendjab, les paysans sont prisonniers de la monoculture du blé et du #riz, qui épuise les #nappes_phréatiques », explique Kanwar Daleep, président du grand syndicat agricole #Kisan_Marzoor. À ses côtés, ils sont une centaine à bloquer la ligne de train qui relie la grande ville d’Amritsar, dans le Pendjab, à New Delhi, la capitale du pays. Au milieu d’immenses champs de blé, beaucoup sont des paysans sikhs, reconnaissables à leur barbe et à leur turban.

    C’est d’ici qu’est parti le plus grand mouvement de contestation de l’Inde contemporaine. Pour s’opposer à la #libéralisation du secteur agricole, des paysans du Pendjab en colère puis des fermiers de toute l’Inde ont encerclé New Delhi pacifiquement mais implacablement en décembre 2020 et en 2021, bravant froids hivernaux, coronavirus et police. En novembre 2021, le premier ministre Narendra Modi a finalement suspendu sa #réforme, dont une des conséquences redoutées aurait été la liquidation des tarifs minimums d’achat garantis par l’État sur certaines récoltes.

    « Depuis cette #révolte historique, les agriculteurs ont compris que le peuple avait le pouvoir, juge #Sangeet_Toor, écrivaine et militante de la condition paysanne, basée à Chandigarh, la capitale du Pendjab. L’occupation est finie, mais les syndicats réclament un nouveau #modèle_agricole. Ils se sont emparés de sujets tels que la #liberté_d’expression et la #démocratie. »

    Pour Kanwar Daleep, le combat entamé en 2020 n’est pas terminé. « Nos demandes n’ont pas été satisfaites. Nous demandons à ce que les #prix_minimums soient pérennisés mais aussi étendus à d’autres cultures que le blé et le riz, pour nous aider à régénérer les sols. »

    C’est sur les terres du Pendjab, très plates et fertiles, arrosées par deux fleuves, que le gouvernement a lancé dans les années 1960 un vaste programme de #plantation de semences modifiées à grand renfort de #fertilisants et de #pesticides. Grâce à cette « #révolution_verte », la production de #céréales a rapidement explosé – l’Inde est aujourd’hui un pays exportateur. Mais ce modèle est à bout de souffle. Le père de la révolution verte en Inde, #Monkombu_Sambasivan_Swaminathan, mort en septembre, alertait lui-même sur les dérives de ce #productivisme_agricole forcené.

    « La saison du blé se finit, je vais planter du riz », raconte Purun Singh, qui cultive 15 hectares près de la frontière du Pakistan. « Pour chaque hectare, il me faut acheter 420 euros de fertilisants et pesticides. J’obtiens 3 000 kilos dont je tire environ 750 euros. Mais il y a beaucoup d’autres dépenses : l’entretien des machines, la location des terrains, l’école pour les enfants… On arrive à se nourrir mais notre compte est vide. » Des récoltes aléatoires vendues à des prix qui stagnent… face à un coût de la vie et des intrants de plus en plus élevé et à un climat imprévisible. Voilà l’équation dont beaucoup de paysans du Pendjab sont prisonniers.

    Cet équilibre financier précaire est rompu au moindre aléa, comme les terribles inondations dues au dérèglement des moussons cet été dans le sud du Pendjab. Pour financer les #graines hybrides et les #produits_chimiques de la saison suivante, les plus petits fermiers en viennent à emprunter, ce qui peut conduire au pire. « Il y a cinq ans, j’ai dû vendre un hectare pour rembourser mon prêt, raconte l’agriculteur Balour Singh. La situation et les récoltes ne se sont pas améliorées. On a dû hypothéquer nos terrains et je crains qu’ils ne soient bientôt saisis. Beaucoup de fermiers sont surendettés comme moi. » Conséquence avérée, le Pendjab détient aujourd’hui le record de #suicides de paysans du pays.

    Champs toxiques

    En roulant à travers les étendues vertes du grenier de l’Inde, on voit parfois d’épaisses fumées s’élever dans les airs. C’est le #brûlage_des_chaumes, pratiqué par les paysans lorsqu’ils passent de la culture du blé à celle du riz, comme en ce mois d’octobre. Cette technique, étroitement associée à la monoculture, est responsable d’une très importante #pollution_de_l’air, qui contamine jusqu’à la capitale, New Delhi. Depuis la route, on aperçoit aussi des fermiers arroser leurs champs de pesticides toxiques sans aucune protection. Là encore, une des conséquences de la révolution verte, qui place le Pendjab en tête des États indiens en nombre de #cancers.

    « Le paradigme que nous suivons depuis les années 1960 est placé sous le signe de la #sécurité_alimentaire de l’Inde. Où faire pousser ? Que faire pousser ? Quelles graines acheter ? Avec quels intrants les arroser ? Tout cela est décidé par le marché, qui en tire les bénéfices », juge Umendra Dutt. Depuis le village de Jaito, cet ancien journaliste a lancé en 2005 la #Kheti_Virasat_Mission, une des plus grandes ONG du Pendjab, qui a aujourd’hui formé des milliers de paysans à l’#agriculture_biologique. « Tout miser sur le blé a été une tragédie, poursuit-il. D’une agriculture centrée sur les semences, il faut passer à une agriculture centrée sur les sols et introduire de nouvelles espèces, comme le #millet. »

    « J’ai décidé de passer à l’agriculture biologique en 2015, parce qu’autour de moi de nombreux fermiers ont développé des maladies, notamment le cancer, à force de baigner dans les produits chimiques », témoigne Amar Singh, formé par la Kheti Virasat Mission. J’ai converti deux des quatre hectares de mon exploitation. Ici, auparavant, c’était du blé. Aujourd’hui j’y plante du curcuma, du sésame, du millet, de la canne à sucre, sans pesticides et avec beaucoup moins d’eau. Cela demande plus de travail car on ne peut pas utiliser les grosses machines. Je gagne un peu en vendant à des particuliers. Mais la #transition serait plus rapide avec l’aide du gouvernement. »

    La petite parcelle bio d’Amar Singh est installée au milieu d’hectares de blé nourris aux produits chimiques. On se demande si sa production sera vraiment « sans pesticides ». Si de plus en plus de paysans sont conscients de la nécessité de cultiver différemment, la plupart peinent à le faire. « On ne peut pas parler d’une tendance de fond, confirme Rajinder Singh, porte-parole du syndicat #Kirti_Kazan_Union, qui veut porter le combat sur le plan politique. Lorsqu’un agriculteur passe au bio, sa production baisse pour quelques années. Or ils sont déjà très endettés… Pour changer de modèle, il faut donc subventionner cette transition. »

    Kanwar Daleep, du Kisan Marzoor, l’affirme : les blocages continueront, jusqu’à obtenir des garanties pour l’avenir des fermiers. Selon lui, son syndicat discute activement avec ceux de l’État voisin du Haryana pour faire front commun dans la lutte. Mais à l’approche des élections générales en Inde en mai 2024, la reprise d’un mouvement de masse est plus une menace brandie qu’une réalité. Faute de vision des pouvoirs publics, les paysans du Pendjab choisissent pour l’instant l’expectative. « Les manifestations peuvent exploser à nouveau, si le gouvernement tente à nouveau d’imposer des réformes néfastes au monde paysan », juge Sangeet Toor.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/281223/inde-dans-les-champs-du-pendjab-la-colere-s-enracine
    #agriculture #monoculture #résistance

  • Réenchantez la démocratie, comment faire ?!
    https://ricochets.cc/Reenchantez-la-democratie-comment-faire-7242.html

    L’envie de réenchanter la démocratie, la démocratie du faire, fondée sur l’auto-organisation, l’horizontalité, l’intelligence collective, et œuvrant à l’élaboration de communs : voilà ce qui a rassemblé à Crest, ce samedi 2 décembre, une trentaine de personnes venues de 7 communes de Drôme et d’Ardèche. #Les_Articles

    / #Démocratie_locale, #Elections_locales, #Politique,_divers, Démocratie directe, communes libres...

    #Démocratie_directe,_communes_libres...

  • La #désinformation qui déstabilise la #démocratie

    « La désinformation est un bouton fantastique sur lequel appuyer pour déstabiliser les démocraties. C’est la #menace la plus sournoise. Parce que la démocratie fonctionne si on a accès à l’#information, pour pouvoir porter un jugement et participer au #débat_public ». C’est ainsi que le professeur adjoint en communication publique et politique à l’ENAP, Philippe Dubois, résumait le problème qui était au coeur du forum La démocratie au temps de la désinformation, tenu le 30 novembre à Montréal.

    La démocratie recule, soulignait d’ailleurs cette année un rapport du Varieties of Democracy Institute de l’Université de Göteborg (Suède) (https://v-dem.net/documents/29/V-dem_democracyreport2023_lowres.pdf), fruit d’une collaboration de près de 4000 experts de 180 pays. La désinformation, la #polarisation et l’#autocratisation se renforcent mutuellement.

    Avec l’ajout récent de la Thaïlande et du Mali, pour la première fois depuis plus de 20 ans, la liste des pays compte plus d’#autocraties que de démocraties : 5,7 milliards de personnes vivent dans des autocraties (72% de la population mondiale) contre 1 milliard de personnes pour les démocraties libérales —soit à peine 13%. Et près d’un tiers du premier groupe vit même au sein d’autocraties fermées (Chine, Iran, Myanmar et Vietnam, par exemple).

    Bref, le niveau de démocratie pour le citoyen mondial moyen est en recul, pour revenir au niveau de 1986. L’Europe de l’Est et l’Asie centrale, ainsi que l’Amérique latine et les Antilles, ont retrouvé leur niveau de la fin de la guerre froide.

    « C’est souvent un idéal que l’on prend pour acquis avec ses opportunités de délibération : presse libre, débats publics, et des institutions publiques pour faire fonctionner cela », avance Philippe Dubois. Ce « modèle le moins pire », comme l’aurait dit Churchill, « a bien souffert lors de la récente pandémie ». Avec ses mesures exceptionnelles et restrictives, la Covid-19 a vu reculer, de manière temporaire, certains droits et libertés. Cela a entaché la confiance dans les institutions démocratiques, et dans leurs acteurs, confiance qui n’était déjà pas si élevée avant la crise sanitaire.

    Or, les #réseaux_sociaux jouent eux aussi un rôle dans cette #régression. Peut-être parce qu’ils répercutent plus les #frustrations et la #colère que la #raison et les #nuances, il y aurait, semble-t-il, plus de cyniques et de mécontents qu’avant. Certaines tranches de la population s’avèrent aussi moins attachées à la démocratie, comme les jeunes, qui s’informent eux-mêmes davantage que les plus vieux par les algorithmes. « Cela ne signifie pas qu’ils rejettent la démocratie. Cela signifie plutôt qu’ils partagent davantage un type de contenu » qui la rejette, note le chercheur.

    L’École des médias de l’UQAM avait mandaté cet été la firme Léger pour sonder la population québécoise sur leurs perceptions sur des enjeux liés à la démocratie et à la désinformation. Le rapport montre que 25% de la population québécoise pense que les gouvernements cachent la réalité sur la nocivité des vaccins —18% pensent que c’est probable, alors que 8% pensent que c’est certain.

    C’est une #méfiance envers les institutions qui augmente, tout comme celle envers les #médias, car selon ce sondage, 44% de la population québécoise pense que les médias manipulent l’information qu’ils diffusent.

    En quête de #littératie_scientifique

    « Nous vivons une #crise_épistémologique avec une remise en question des #figures_d’autorité » constatait, lors du forum du 30 novembre, le professeur au département sciences humaines, lettres et communications de la TÉLUQ, Normand Landry. « Les gens parlent d’#esprit_critique mais c’est un mot galvaudé : où est notre capacité de se remettre en question et de changer d’idées et d’admettre nos erreurs ? »

    D’où l’importance de l’#éducation_aux_médias et de la littératie scientifique, soulignait-on dans ce forum organisé par les Fonds de recherche du Québec. Mélissa Guillemette, rédactrice en chef du magazine Québec Science, note que « moins de la moitié des Canadiens ont des bases solides en science (42%), c’est donc à mettre au premier plan. La littératie en santé au Québec reste elle aussi très faible chez 2 personnes sur 3 et pour 95% des 60 ans et plus, il s’avère même difficile de comprendre un médecin. »

    Les #jeunes ont particulièrement du mal à distinguer le #vrai du #faux. « Les adolescents ont du mal à reconnaître la désinformation. Ils manquent de bons critères d’évaluation pour juger de la qualité d’une bonne information », relève l’étudiante à la maîtrise en sciences de l’éducation de l’Université de Sherbrooke, Élise Rodrigue-Poulin.

    « Chez les enseignants aussi, le niveau de pensée critique varie souvent de faible à moyen. Et lorsque la nouvelle fait appel à trop d’#émotion, la plupart d’entre nous ne sommes plus capables de l’évaluer correctement », ajoute-t-elle.

    La solution serait de s’éduquer à reconnaître la désinformation, mais il faudrait aussi développer du contenu scolaire pour soutenir l’esprit critique chez les jeunes – et par ricochet, le personnel enseignant. Des éléments inclus dans le nouveau programme Culture et citoyenneté québécoise, vont dans ce sens.

    Ce serait toutefois insuffisant. « Le programme a plusieurs points positifs : donner des outils et des critères sur les informations et les médias, et l’explication de ce qu’est la démocratie. Comme enseignante, je trouve ça bon, mais il n’est pas obligatoire cette année et il a été présenté aux enseignants quelques jours avant la rentrée », explique Mme Rodrigue-Poulin. Il doit être implanté dans toutes les écoles en septembre 2024.

    Normand Landry renchérit : « Je salue l’adoption d’un programme mais je le pense moins sérieux dans le soutien à développer ce savoir. Depuis plus de 20 ans, l’#école développe du contenu d’éducation aux médias – par exemple, sur les compétences numériques, adopté en 2019 – mais sans se donner les conditions de déploiement et des ressources pour les enseignants. »

    La désinformation à gogo

    « Nous sommes dans une espèce de jungle et trouver la vérité, c’est un casse-tête. La désinformation, cela ne date pas d’hier mais c’est le volume qui augmente. », rappelle Nicolas Garneau, chercheur postdoctoral en informatique à l’Université de Copenhague.

    Et nous pouvons tous partager de la désinformation. Les réseaux sociaux sont conçus pour nous inviter à générer du contenu – « exprimez-vous », « posez des actions » – à partir de messages qui en appellent à nos #émotions.

    Il faut donc apprendre à se méfier des choix des #algorithmes et développer son esprit critique – « d’où ça sort ? », « quelle est la source de l’info ? »

    « Il ne faut pas oublier que ce sont des modèles économiques basés sur nos données. Ils enregistrent ce que l’on regarde et lorsqu’on s’exprime. Les plateformes exploitent nos #failles_psychologiques », rappelle Emmanuelle Parent, directrice générale et recherche du Centre pour l’intelligence émotionnelle en ligne (Le Ciel).

    Le professeur en journalisme à l’École des médias de l’Université du Québec à Montréal, Jean-Hugues Roy, s’intéresse plus spécifiquement à Facebook. Il remarque qu’il y a beaucoup de contenus viraux —et religieux— qui circulent. Qui plus est, en l’absence de véritables informations – en raison du blocage du contenu des médias par Meta – « il n’y a plus rien de pertinent. C’est un véritable marché aux puces de #contenus_viraux dont certains peuvent être toxiques. Cela peut prendre l’apparence de contenu journalistique, en ajoutant des éléments mensongers et trompeurs uniquement pour faire des clics. »

    Il est temps d’encadrer ces plateformes, poursuit-il. Une démarche entamée par le Canada avec le projet de loi C-18 qui vise à forcer les « géants du web » à indemniser les médias d’information —c’est ce projet de loi qui est la raison du boycottage des médias entrepris en ce moment par Meta au Canada.

    « Ce sont des entreprises privées et on s’attend à ce qu’elles prennent leurs responsabilités ou que les autorités le fassent. Nous avons une agence d’inspection des aliments au Canada, il est possible d’imaginer une agence d’inspection des réseaux sociaux alors que nos vies sont dessus et qu’ils font beaucoup d’argent avec nos données », pense M. Roy.

    Autrement dit, il faut un encadrement de ces outils par l’humain. « Leur raison d’être est de nous donner un coup de main, pas de décider à notre place », tranche encore Nicolas Garneau.

    https://www.sciencepresse.qc.ca/actualite/2023/12/15/desinformation-destabilise-democratie

  • #François_Héran : « A vouloir comprimer la poussée migratoire à tout prix, on provoquera l’inverse »

    Le professeur au Collège de France estime, dans une tribune au « Monde », que la #régularisation « au compte-gouttes » des étrangers prévue dans la loi adoptée le 19 décembre finira en réalité par accroître l’immigration irrégulière, tant l’offre et la demande de travail sont fortes.

    La #loi_sur_l’immigration votée mardi 19 décembre n’est ni de droite ni de gauche. Quoi qu’en dise le président de la République, elle a sa source à l’#extrême_droite. Lors des débats du mois de mars, les sénateurs Les Républicains (LR) avaient repris en chœur les formules outrancières du Rassemblement national (RN) :« #submersion_migratoire », « #chaos_migratoire », « #immigration_hors_de_contrôle », « #explosion » des demandes d’asile, etc. Or les #données disponibles, rassemblées par Eurostat et l’ONU, ne disent rien de tel. C’est entendu, en France, comme dans le reste de l’Occident libéral, la migration progresse depuis l’an 2000, de même que la demande de refuge, mais de façon linéaire et non pas exponentielle quand on fait la part de la pandémie de Covid-19 en 2020-2021.

    Comment peut-on soutenir que la #migration_familiale vers notre pays serait une « #pompe_aspirante » qu’il faudrait réduire à tout prix, alors qu’elle est en recul depuis dix ans à force d’être prise pour cible par les lois antérieures ? Au sein de ce courant, une faible part relève du « #regroupement_familial » stricto sensu, soit 14 000 personnes par an environ, conjoints ou enfants mineurs, réunis en vertu d’un droit qui n’a rien d’automatique, contrairement à une légende tenace. Mais l’#erreur la plus flagrante, celle qui alimente largement la nouvelle loi, consiste à vouloir priver les étrangers, selon les mots prononcés par Eric Ciotti, le patron des Républicains, à l’issue du vote, des avantages « du modèle social le plus généreux d’Europe, qui fait de la France la #destination_privilégiée pour les migrants ». Il s’agit là d’une #croyance jamais démontrée.

    Marchands d’#illusion

    Il ne suffit pas, en effet, de constater que tel dispositif d’#aide_sociale existant en France au bénéfice des migrants est sans équivalent à l’étranger ou affiche un montant supérieur, pour qu’on puisse en conclure que la France serait plus « attractive ». Ceci vaut pour tous les dispositifs visés par la loi : allocation pour demandeur d’asile, aide médicale d’Etat, aide au logement, droit du sol, accès à la naturalisation…

    La seule démonstration qui vaille consiste à examiner les « #préférences_révélées », comme disent les économistes, c’est-à-dire à vérifier si les demandeurs de séjour ou d’asile ont effectivement privilégié la France comme destination depuis cinq ou dix ans, dans une proportion nettement supérieure à celle de son poids démographique ou économique au sein de l’Union européenne. Or, il n’en est rien, au vu des données d’Eurostat rapportées à la population et à la richesse de chaque pays. La France réunit 13 % de la population de l’Union européenne et 18 % de son PIB, mais n’a enregistré que 5 % des demandes d’asile déposées en Europe depuis 2013 par les réfugiés du Moyen-Orient, et 18 %, pas plus, des demandes d’origine africaine. Comment croire qu’elle pourra durablement se défausser sur les pays voisins après la mise en œuvre du Pacte européen ? Les politiciens qui font cette promesse à l’opinion sont des marchands d’illusions.

    Trop de loi tue la loi. A vouloir comprimer la poussée migratoire à tout prix au lieu de la réguler de façon raisonnable, on provoquera l’inverse du résultat recherché. Loin de tarir l’afflux des immigrés en situation irrégulière, la régularisation au compte-gouttes finira par l’accroître, tant sont fortes l’offre et la demande de travail. On a beau multiplier les effectifs policiers aux frontières, les entrées irrégulières ne cessent de progresser, quitte à se frayer de nouvelles voies.

    S’il est heureux que la régularisation des travailleurs sans papiers ne dépende plus du bon vouloir de l’employeur, le renforcement des pouvoirs du préfet dans la décision finale va dans le mauvais sens. A l’heure actuelle, déjà, comme l’a rappelé un avis sur la loi de finances 2023, un tiers au moins des préfets n’utilisent pas la #circulaire_Valls sur les #admissions_exceptionnelles_au_séjour, par idéologie ou par manque de moyens. La nouvelle loi fera d’eux plus que jamais des potentats locaux, en creusant l’#inégalité_de_traitement entre les territoires. Dans son rapport de 2013 sur le « #droit_souple », le Conseil d’État avait salué la circulaire Valls, censée rapprocher les critères de régularisation d’une #préfecture à l’autre au profit de l’« #équité_de_traitement ». C’est le contraire qui s’est produit, et l’ajout de critères civiques n’atténuera pas le caractère local et subjectif des décisions.

    Le contraire du #courage

    On nous oppose l’#opinion_publique, la fameuse « attente des Français » véhiculée par les sondages. Faut-il rappeler que la #démocratie ne se réduit pas à la #vox_populi et à la « #sondocratie » ? Elle implique aussi le respect des minorités et le respect des #droits_fondamentaux. Les enquêtes menées avec rigueur sur des échantillons suffisamment solides révèlent que les opinions recueillies sur le nombre des immigrés, leur utilité ou leur comportement dépendent fortement des affiliations politiques : les répondants ne livrent pas des #constats mais des #jugements.

    Dès que les questions précisent les contextes et les situations, comme c’est le cas de l’enquête annuelle de la Commission nationale consultative des droits de l’homme, les opinions se font plus nuancées, le niveau de tolérance augmente. Mais les recherches qui font état de ces résultats ne peuvent s’exposer dans les limites d’une tribune, et rares sont les quotidiens qui font l’effort de les exposer.

    Osera-t-on enfin porter un regard critique sur les formules magiques ressassées ces derniers mois ? La « #fermeté », d’abord, affichée comme une qualité positive a priori, alors que la fermeté n’a aucune #valeur indépendamment du but visé : de grands démocrates ont été fermes, mais de grands autocrates aussi. Il en va de même du « #courage », tant vanté par les LR (le projet de loi initial « manquait de courage », le nouveau texte est « ferme et courageux », etc.), comme s’il y avait le moindre courage à caresser l’opinion publique dans le sens de ses #peurs.

    La #démagogie est le contraire du courage ; la parole « décomplexée » n’est qu’un discours sans scrupule. Le vrai courage aurait été de rééquilibrer les discours destinés à l’opinion publique en exposant les faits, si contrastés soient-ils. Le président de la République avait souhaité « un compromis intelligent au service de l’intérêt général » : il a entériné une #compromission irréfléchie qui lèse nos #valeurs_fondamentales.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/12/21/francois-heran-a-vouloir-comprimer-la-poussee-migratoire-a-tout-prix-on-prov

    #loi_immigration #France #19_décembre_2023 #chiffres #statistiques #fact-checking #afflux #idées_reçues #propagande #discours

    voir aussi cet extrait :
    https://mastodon.social/@paul_denton/111617949500160420

    ping @isskein @karine4

  • Le #capitalisme contre la démocratie
    https://laviedesidees.fr/Le-capitalisme-contre-la-democratie

    Q. Slobodian retrace la généalogie du néolibéralisme, scientifique d’abord, économique ensuite, et politique enfin. Il est au moins autant l’œuvre intellectuelle des juristes qu’il se matérialise dans les thérapies de choc des institutions financières internationales. À propos de : Quinn Slobodian, Les Globalistes : une histoire intellectuelle du néolibéralisme, Seuil

    #Économie #démocratie
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20231220_globalistes.pdf
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20231220_globalistes.docx

  • Les stagnations trentenaires - by Rahmane Idrissa
    https://rahmane.substack.com/p/les-stagnations-trentenaires

    Les élites africaines n’ont jamais donné ses chances à la démocratie, mais comme ils ont décoré de ce nom la charade qui leur tenait lieu de système politique, il est normal que les populations rejettent la chose, même si, en réalité, ils n’en ont jamais vraiment joui. Certains effets de la constitution démocratique ont existé et existent encore en Afrique : élections, libertés d’expression et d’association. Cela n’est pas négligeable, mais cela a souvent été douteux (élections) ou précaire (libertés). En Afrique, la démocratie est restée un plat dont les gens ont humé les odeurs sans jamais pouvoir s’en nourrir.

    #Afrique #démocratie

  • T’inquiète, #FB / #Facebook, mon compte est restreint,
    et le tien aussi, #guignol... :-D :-D :-D
    Et ta sœur, la #démocratie US Universelle, elle est restreinte ?

    #démagogue #OTAN #politique #hégémonique #withgodonourside #with_god_on_our_side #comics #comique_de_service #Occident

    « Votre compte est restreint pendant 18 jours
    Vos publications précédentes ne respectaient pas nos Standards de la communauté. Vous ne pouvez donc pas effectuer certaines actions, comme publier ou commenter.
    7 déc. 2023
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    22 août 2023
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    20 mai 2023
    Votre publication ne respectait pas nos Standards de la communauté concernant les discours hai »

  • Être maire de ville moyenne : expériences bretonnes
    https://metropolitiques.eu/Etre-maire-de-ville-moyenne-experiences-bretonnes.html

    Placée au cœur des programmes de revitalisation et de transition écologique, la figure du maire est centrale dans les #villes_moyennes. À partir d’une enquête conduite en #Bretagne, Hélène Martin-Brelot et Maïlys Créach exposent leurs préoccupations et les défis démocratiques et environnementaux qu’ils doivent relever. Plébiscitées pour le bon compromis qu’elles offrent entre proximité de la nature et des services, les villes moyennes voient leur attractivité se renforcer depuis plusieurs années (Ifop 2021). #Terrains

    / villes moyennes, #maires, #démocratie_locale, #environnement, #élus_locaux, #services_publics, (...)

    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met-martin-brelot-creach.pdf

  • Dixième partie : À propos des pyramides et de leurs usages et traditions. Conclusions de l’analyse critique des MAREZ et CBG « Enlace Zapatista
    https://enlacezapatista.ezln.org.mx/2023/12/05/dixieme-partie-a-propos-des-pyramides-et-de-leurs-usages-et

    On connaît l’obsession des systèmes dominants, tout au long de leur histoire, pour sauver l’image des classes ou des castes dominantes vaincues. Comme si le vainqueur se préoccupait de neutraliser l’image du vaincu, ignorer sa chute. Dans l’étude des vestiges de la civilisation ou de la culture vaincue, l’accent est généralement mis sur les grands palais des souverains, les constructions religieuses de la haute hiérarchie et les statues ou monuments que les dominants de l’époque faisaient faire d’eux-mêmes.

    […]

    Mais s’il n’est pas fait mention du fait que ces constructions ont dû avoir leurs concepteurs – leurs architectes, leurs ingénieurs et leurs artistes – , on mentionnera encore moins « la main-d’œuvre », c’est-à-dire les hommes et les femmes sur le dos desquels (à plus d’un titre) ont été érigées ces merveilles qui fascinent les touristes du monde entier pour tuer le temps avant d’aller en boîte, au centre commercial et à la plage.

    […]

    Cela dit, cette « image » de la pyramide – la pointe supérieure étroite et la base inférieure large – est à présent utilisée par le Sous-commandant insurgé Moisés pour nous expliquer un peu ce qu’a été le travail analytique (féroce et implacable, à mon avis) des MAREZ et des Conseils de bon gouvernement.

    Les MAREZ [Municipalités autonomes rebelles zapatistes] et les Conseils de bon gouvernement [CBG] n’ont pas eu que des défauts. Il faut se rappeler comment nous en sommes arrivés là. Pour les peuples zapatistes, ils ont été comme une école d’alphabétisation politique. Une auto-alphabétisation.

    La plupart d’entre nous ne savaient ni lire, ni écrire, ni parler espagnol. En outre, nous parlons des langues différentes. Ce fut une bonne chose car ainsi notre idée et notre pratique ne sont pas venues de l’extérieur ; au contraire, nous avons dû chercher dans nos propres têtes, dans notre histoire en tant qu’indigènes, dans notre mode, quoi.

    Nous n’avions jamais eu l’occasion de nous gouverner nous-mêmes. Nous avons toujours été gouvernés. Avant même l’arrivée des Espagnols, l’empire aztèque, que le gouvernement actuel aime tant – parce que ce truc des petits chefs leur plaît bien, je crois – a opprimé beaucoup de langues et de cultures, non seulement dans ce qui est aujourd’hui le Mexique, mais aussi dans ce qui est aujourd’hui l’Amérique centrale.

    […]

    Et, bon, nous avons dû nous organiser pour cela. Pendant dix ans, nous nous étions organisés et préparés pour le soulèvement armé, pour mourir et tuer, quoi. Et puis il s’est avéré que nous devions nous organiser pour vivre. Et vivre, c’est la liberté. Et la justice. Et pouvoir nous gouverner nous mêmes en tant que peuples, et non comme de petits enfants tels que les gouvernements nous voient.

    […]

    Ces gens nous soutiennent donc et nous avons commencé petit à petit avec la médecine préventive. Comme nous avions déjà récupéré les terres, et bien nous avons amélioré notre alimentation, mais on avait besoin de plus que ça. Alors la santé, quoi. Il faut récupérer les connaissances de l’herboristerie, mais ça ne suffit pas, on a aussi besoin de la science. Et grâce aux docteurs et aux doctoresses, que nous appelons « fraternités » parce que ce sont comme nos frères ; ils se sont rendus disponibles et nous ont guidés. C’est comme ça que sont nés ou se sont formés les premiers formateurs de santé, c’est-à-dire ceux qui préparent les promoteurs.

    […]

    Et puis c’est comme si une avancée en amenait une autre. Et en peu de temps, ben, ces jeunes en veulent plus, apprendre plus. Nous avons donc organisé notre santé dans chaque village, chaque région et chaque zone. Nous progressons dans chaque domaine de la santé, sages-femmes, plantes médicinales, hueseros [ndt : médecin traditionnel spécialiste des os], laboratoire, dentiste, ultrason, entre autres, et il y a des cliniques. Et pareil pour l’école, c’est-à-dire l’éducation. Nous disons école, parce que de l’éducation, les adultes, nous en manquons aussi, c’est très large pour nous ce que nous mettons dans « éducation », c’est pas seulement pour les enfants et les adolescents.

    […]

    Et la chose la plus importante que nous avons apprise dans les MAREZ, c’est que l’autonomie ne se fait pas dans la théorie, en écrivant des livres et en faisant des discours. Elle se fait dans l’action. Et nous devons le faire nous-mêmes en tant que pueblos, et ne pas attendre que quelqu’un vienne le faire pour nous.

    Tout cela est, disons, ce qu’il y a de bon des MAREZ : une école d’autonomie pratique.

    […]

    Donc, en résumé, je te dis que les MAREZ et les CBG nous ont servi à apprendre que la théorie sans pratique n’est que du blabla. Et que la pratique sans la théorie, ben, tu marches à l’aveugle. Et comme il n’y a pas de théorie de ce que nous avons commencé à faire, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de manuel ou de livre, et bien, alors nous avons aussi dû faire notre propre théorie. C’est en trébuchant que nous avons fait la théorie et la pratique. Je crois que c’est pour ça que les théoriciens et les avant-gardes révolutionnaires ne nous aiment pas beaucoup, parce que nous ne leur avons pas seulement pris leur boulot. Nous leur avons aussi montré que les mots sont une chose et que la réalité en est une autre. Et nous voilà, nous, les ignorants et les arriérés, comme ils disent, qui ne pouvons pas trouver le chemin parce que nous sommes des paysans. Mais nous sommes là et même s’ils nous nient, nous existons. Tant pis.

    […]

    En décembre et en janvier prochains, nous ne célébrons pas les 30 ans du soulèvement. Pour nous, chaque jour est une célébration, parce que nous sommes vivants et en lutte.

    Nous allons célébrer le fait que nous avons entamé un chemin qui nous prendra au moins 120 ans, peut-être plus. Cela fait déjà plus de 500 ans que nous sommes sur la route, nous n’en avons donc plus pour très longtemps, à peine un peu plus d’un siècle. Et ce n’est plus si loin. C’est, comme le dit José Alfredo Jiménez, « là, juste derrière la petite colline ».

    #zapatistes #organisation #démocratie #Moises #pyramide #autocritique

  • Neuvième partie : La nouvelle structure de l’autonomie zapatiste. « Enlace Zapatista
    https://enlacezapatista.ezln.org.mx/2023/12/01/neuvieme-partie-la-nouvelle-structure-de-lautonomie-zapatis

    Je vais essayer de vous expliquer comment nous avons réorganisé l’autonomie, c’est-à-dire à quoi ressemble la nouvelle structure de l’autonomie zapatiste. Et plus tard, je vous donnerai des explications plus détaillées. Ou peut-être non, je ne vous en expliquerai pas plus, car c’est la pratique qui compte. Bien sûr, vous pouvez aussi venir à l’anniversaire et voir les pièces de théâtre, chansons, poésies et les arts et culture de cette nouvelle étape de notre lutte. Sinon, les tercios compas vous enverront des photos et vidéos. À un autre moment, je vous raconterai ce que nous avons trouvé de bon et de mauvais dans notre bilan critique des MAREZ et des CBG. Maintenant, je vais juste vous dire où on en est.

    […]

    Quatrièmement. – Comme on pourra le voir dans la pratique, le commandement et la coordination de l’autonomie ont été transférés des CBG et des MAREZ aux pueblos et aux communautés, aux GAL. Les zones (ACGAZ) et les régions (CGAZ) sont commandées par les pueblos, elles doivent rendre des comptes aux pueblos et chercher des moyens de répondre à leurs besoins en matière de santé, d’éducation, de justice, d’alimentation et à ceux découlant de situations d’urgence causées par les catastrophes naturelles, pandémies, crimes, invasions, guerres et autres malheurs causés par le système capitaliste.

    Cinquièmement. – La structure et la configuration de l’EZLN ont été réorganisées de manière à accroître la défense et la sécurité des localités et de la terre mère en cas d’agressions, d’attaques, d’épidémies, d’invasion par des entreprises prédatrices de la nature, d’occupations militaires partielles ou totales, de catastrophes naturelles et de guerres nucléaires. Nous nous sommes préparés pour que nos pueblos survivent, même isolés les uns des autres.

    Sixièmement. – Nous comprenons qu’il vous soit difficile d’assimiler ceci. Et que vous deviez batailler un certain temps pour le comprendre. Cela nous a demandé 10 ans à nous pour le penser, et sur ces 10 ans, 3 pour le préparer à la pratique.

    […]

    En réalité, l’unique intention de ce communiqué est de vous dire que l’autonomie zapatiste continue et avance, que nous pensons qu’il en sera mieux ainsi pour les pueblos, communautés, lieux-dits, quartiers, arrondissements, ejidos et hameaux où habitent, c’est-à-dire, luttent les bases d’appui zapatistes. Et que cela a été une décision de leur part, qui a pris en compte leurs idées et propositions, leurs critiques et autocritiques.

    […]

    Nous avons certainement commis beaucoup d’erreurs pendant toutes ces années. Nous en ferons certainement beaucoup d’autres pendant les 120 prochaines années. Mais nous NE nous rendrons PAS, nous NE changerons PAS de chemin, nous NE nous vendrons PAS. Nous examinerons toujours notre lutte, ses temps et ses manières avec un regard critique.

    #zapatistes #réorganisation #démocratie #autonomie #politique #communisme #communalisme #Moises #autocritique #processus

  • Direct Elections for Labor Leaders Make for More Militant Unions
    https://jacobin.com/2023/12/elections-democracy-union-leadership-militancy
    Voilà comment rendre les syndicats plus démocratiques et efficaces

    12.5.2023 by Chris Bohner - From the UAW to the Writers Guild, this year’s biggest contract victories have been won by unions in which members directly elect their leaders. That’s a right denied to most US union members — but it may be the key to unleashing broader labor militancy.

    The labor movement is rightfully celebrating recent contract victories by the United Auto Workers, Teamsters, SAG-AFTRA and the Writers Guild of America, which together cover nearly 650,000 workers. An essential thread uniting the campaigns is that the top union officers were all directly elected by the members, a basic democratic right denied to many union members in the United States. As other unions seek to learn lessons from these historic contract fights, a key takeaway is that a vibrant democratic process — “one member, one vote” — is crucial to a revitalized labor movement.

    A robust democratic process certainly played a major role in the United Auto Workers (UAW) contract fight with the Big Three automakers and the International Brotherhood of Teamsters (IBT) campaign against UPS. Leading up to their contract expirations, both the UAW and Teamsters had highly competitive and contested elections for their top leadership positions, directly engaging the membership in debates about the union’s negotiation strategy with employers and concessionary contracts, improvements in strike benefits, and the removal of antidemocratic obstacles. For example, at the Teamsters’ convention, delegates removed a constitutional provision that previously allowed union officers to impose a contract even if a majority of members voted against it. Injected with the energy of a contested election, the recent UAW and Teamster conventions were marked by spirited debates about union strategy, engaging members for the upcoming contract fights.

    But a review of the constitutions of the twenty largest unions in the United States shows that “one member, one vote” is a right denied to most union members. Of the top twenty unions — representing approximately 13.3 million members and 83 percent of all US union workers — only six have direct elections. Only 20 percent of all union members, or 2.7 million, have the right to directly elect their top officers. In contrast, 80 percent of members, or 10.6 million workers, have no such right.

    Apart from the Teamsters and UAW, the only other large unions with a form of direct elections are the Steelworkers, Machinists, SAG-AFTRA, and the National Association of Letter Carriers. Some smaller unions, like the Writers Guild and the International Longshore and Warehouse Union (ILWU), also have direct elections.

    The Laborers’ International Union of North America (LIUNA) used to have direct elections as part of a consent decree with the Department of Justice, but the union’s executive board eliminated the practice in 2010. The Operating Engineers (IUOE) and Carpenters also had direct elections, but they moved to a delegate system in the 1960s.

    Maybe it’s a fluke of the calendar, but the majority of strikes in 2023 (through October) were led by unions with “one member, one vote” policies, even though they represent a minority of unions. According to the Department of Labor, 448,000 workers have been on strike this year, and approximately 250,000 workers (by my count), or 56 percent of strikers, are affiliated with unions that have direct elections. Perhaps a more democratic union is a more militant union.
    “One Member, One Vote” vs. the Delegate Convention System

    As opposed to direct elections, most unions chose their top officers indirectly, electing delegates to a regularly scheduled convention at the local level through a membership vote. Those elected delegates then nominate and elect the top officers.

    While formally democratic, the flaws of the delegate convention system have been widely documented. Rather than promoting worker participation and vigorous democratic debate, the delegate system tends to entrench incumbents who can deploy the union’s vast legal, financial, political, and organizational resources to maintain power and stifle reform challenges. As a result, many unions are effectively run by a semipermanent officer and staff strata insulated from member control and accountability, leading to weakened organizations and a ground ripe for corruption.

    Under the delegate convention system, the rise of new leadership at a union is typically triggered by the retirement or death of a labor official rather than a challenger winning a contested election. Union conventions, a huge opportunity to involve the membership in organizing and contract campaigns, instead often resemble a choreographed beauty pageant thrown by the ruling party in a one-party state. With few substantive issues debated and without contested leadership fights, it’s not surprising that labor reporters don’t bother covering most union conventions.

    Despite the long-term decline in union membership and urgent debates about the strategic direction of labor, few of the top leaders of large unions even faced a challenger at their last convention, as the table below shows. Of the fourteen unions without direct elections, only five had a challenger for the top position. In contrast, of the six large unions with direct elections, four had contested elections.

    For over forty years, union reform movements — led by groups like Labor Notes and the Association for Union Democracy — have challenged this system, arguing for a broad array of democratic reforms to rebuild the labor movement. As Mike Parker and Martha Gruelle argue in their classic book Democracy Is Power:

    Some unions do, and many could, operate democratically with a convention system. But for most major U.S. unions, changing to a direct election for international officers would provide an opportunity to rebuild the union on the basis of member control.

    Opponents of direct elections argue that contested elections and direct democracy could promote unnecessary conflict and fuel internecine civil wars, weakening a union’s ability to challenge vastly more powerful corporations in contract and organizing fights.

    But the UAW’s recent history tells a different story. While the strike at the Big Three automakers has been hailed by many as one of the most consequential strikes in decades, it is also the direct result of a highly democratic process. Since 2021, the UAW has held multiple elections and membership votes, including approving a referendum for direct elections of officers; electing delegates to the convention; holding two general membership elections for top officers (including the runoff); approving a strike vote at the Big Three; and, most recently, holding ratification votes for the auto contracts. While many of these votes have been contentious and close-fought, the end result has been a more engaged membership and a revitalized union.
    Democracy, Finance Unionism, and Reform Caucuses

    One impact of labor’s flawed governance system is the perpetuation of “finance unionism,” a practice in which union leadership focuses on the continual accumulation of financial assets rather than using those resources for mass organizing and militant strike activity. According to Department of Labor data, since 2010, organized labor has lost nearly half a million members — yet labor’s net assets (assets minus debt) have increased from $14 billion to $33 billion in 2022, a 127 percent increase. A union leadership class insulated from real democratic control helps make finance unionism possible.

    However, as the UAW demonstrates, when a union moves to direct elections of leadership, it is more apt to use its financial assets for strikes and growth. For example, rather than continuing to invest the UAW’s massive strike fund in Wall Street hedge funds and private equity, the directly elected officers used those assets to fund a militant and successful strike, likely costing the union close to $100 million in strike benefits. And on the heels of the contract victory, the union has announced an ambitious campaign goal of organizing 150,000 nonunion autoworkers at thirteen companies.

    The lack of direct elections of officers also makes the task of internal union caucuses pushing for democratic reform — i.e., internal opposition parties like the Teamsters for a Democratic Union (TDU) or the UAW’s Unite All Workers for Democracy (UAWD) — much more difficult to achieve.

    This was on vivid display this year at the United Food and Commercial Workers International Union (UFCW) convention. Led by one of the largest UFCW locals, the Essential Workers For Democracy reform caucus proposed a raft of commonsense resolutions, including requiring only a majority vote to authorize strikes (scrapping the two-thirds requirement), strike benefits beginning on day one, capping salaries for international local staff and officers to $250,000, and devoting at least 20 percent of the union’s budget to organizing new workers.

    Yet these basic reforms were overwhelmingly defeated at the convention, with only a handful of locals supporting the resolutions. If the general membership of the UFCW had direct elections, these resolutions would have likely received widespread support (just as UAW and Teamster members supported similar measures at their conventions). Essential Workers For Democracy is building toward the 2028 UFCW convention for another crack at direct elections, but the labor movement needs these reforms now.
    Reform From the Right or the Left?

    No large union in the past forty years has voluntarily adopted “one member, one vote.” While reform caucuses at the Teamsters and UAW had pushed for direct elections for years, it did not become a reality until the Department of Justice (DoJ) filed criminal complaints at both unions and imposed democratic reforms as a remedy to rampant corruption and criminality facilitated by the delegate election system.

    In the case of the Teamsters, the union reached a settlement with George W. Bush’s administration to implement direct elections after the filing of a wide-ranging racketeering lawsuit by the DoJ (and lobbying by TDU). The UAW reached a settlement with the Donald Trump DoJ to hold a referendum on direct elections (64 percent of UAW members voted yes) after the filing of a broad criminal complaint.

    Ironically, anti-union Republican administrations were an important component of democratic reform at the UAW and Teamsters. But the history of labor reform is filled with strange bedfellows.

    For example, in 1959, Congress passed the Labor Management Reporting and Disclosure Act (LMRDA). Broadly seen as an attack on unions by business groups seeking to roll back new organizing, the law tightened restrictions on secondary boycotts, restricted pickets for union recognition, and banned Communists from holding union office. But the law also provided crucial reforms, including a bill of rights for union members, secret ballot elections for union officers, the right of members to see their union contracts, and the public disclosure of union annual financial reports.

    Even the Trump administration’s Department of Labor proposed meaningful reforms, including requiring unions to disclose their totals spent on organizing versus collective bargaining (very difficult data for members to obtain from most unions), the size of strike funds, and whether union officers are receiving multiple salaries from different labor bodies (“double dipping”). In addition, the Department of Labor proposed requiring more public unions to file financial reports, as many are currently exempt from the LMRDA. These reforms were widely opposed by organized labor and were shelved after Joe Biden assumed power.

    Unfortunately, if labor continues its long resistance to democratic initiatives like direct elections and greater transparency, these reforms may be imposed by hostile political forces like the George H. W. Bush administration’s takeover of the Teamsters in 1989, or the 1959 LMRDA reforms that were paired with a rollback of important labor rights like secondary boycotts. No one in the labor movement should desire a scenario where the state steps in to control a free and autonomous labor movement. But with freedom comes the responsibility to engage in democratic self-reform.

    Such democratic reform — as the UAW and Teamster contract fights illustrate — strengthens the power of the labor movement by mobilizing the membership in big fights and developing consensus on labor strategies through open debate. While “one member, one vote” threatens the power of the semipermanent strata of labor leaders and staff, sometimes the greatest act of leadership is to voluntarily devolve that power.

    Rather than fighting democratic reform initiatives, it is high time for organized labor to let the members decide by holding referenda on direct elections for officers. While the delegate convention system can be democratic, it has too often been the ally of corruption and passivity. If this system is worth defending, then it should be put up to a vote by the membership. Ultimately, as Labor Notes pointed out twenty-five years ago, “Union democracy — defined as rank-and-file power — is the essential ingredient for restoring the power of the labor movement.”

    #USA #syndicalisme #démocratie

  • Aux Etats-Unis, trois présidentes d’universités prestigieuses accusées de « minimiser » les dérives antisémites sur leurs campus
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/12/06/aux-etats-unis-trois-presidentes-d-universites-prestigieuses-dans-le-collima

    Quand un appel à l#'intifada, c’est au dire au soulèvement, est assimilé à un appel au #génocide par pétition principe, les mots n’ont plus aucun sens. La déni à la #Orwell est absolument effrayante et surtout elle a pour fonction d’empêcher de voir le génocide qui se commet sous nos yeux : celui de la population de #Gaza. Que ces présidentes d’université n’aient pas la présence de contredire, pendant et après ces auditions, leurs interlocutrices qui tordent ainsi le sens des mots et se contorsionnent à défendre une soi-disant liberté d’expression de mots qui n’ont pas été prononcés est totalement hallucinant.

    La question, posée à plusieurs reprises, était simple : « Est-ce que l’appel au génocide des juifs viole le code de conduite » des universités concernées, en matière de harcèlement et d’intimidation ? « Cela peut être le cas, selon le contexte, comme cibler un individu », a répondu Claudine Gay. « Si le discours se transforme en conduite, cela peut être du harcèlement », a déclaré Elizabeth Magill, expliquant aussi que la décision de qualification « dépendait du contexte ».

    Sally Kornbluth avait pourtant commencé par expliquer : « Je n’ai pas entendu parler d’appel au génocide des juifs sur notre campus. » « Mais vous avez entendu des “chants pour l’intifada” [soulèvement] », a répliqué Elise Stefanik. Cette dernière avait débuté l’audition en donnant sa définition personnelle de l’intifada – « Vous comprenez que cet appel à l’intifada est de commettre un génocide contre les juifs en Israël et au niveau mondial », faisant basculer le débat du soutien à l’intifada de certains manifestants à la question du génocide.

    « J’ai entendu des “chants” [pour l’intifada] qui peuvent être considérés comme antisémites dans le contexte d’un appel à l’élimination des juifs », a poursuivi Mme Kornbluth. Poussée dans ses retranchements pour savoir si appeler au génocide des juifs violait le code de conduite de Penn, elle a déclaré : « Cela ferait l’objet d’une enquête pour harcèlement s’il était omniprésent et grave. »

    « Elles doivent toutes démissionner pour déshonneur »
    Les réponses des trois femmes ont suscité un tollé. D’abord, de la part du milliardaire Bill Ackman, de confession juive et fondateur du fonds d’investissement spéculatif Pershing, qui ne décolère pas contre son ancienne université : « Elles doivent toutes démissionner pour déshonneur. Si le PDG d’une de nos entreprises donnait une réponse similaire, il serait viré dans l’heure. Pourquoi l’antisémitisme a-t-il explosé sur les campus et dans le monde ? A cause de dirigeants comme les présidentes Gay, Magill et Kornbluth, qui croient que le génocide dépend du contexte », a-t-il écrit sur X, mardi.

    Le lendemain, la Maison Blanche désavouait sans les citer les trois patronnes des prestigieuses universités. « C’est incroyable qu’il soit nécessaire de dire cela : les appels au génocide sont monstrueux et contraires à tout ce que nous représentons en tant que pays », a déclaré Andrew Bates, porte-parole de la Maison Blanche. Yad Vashem, le mémorial de la Shoah en Israël, s’est dit de son côté « consterné que des dirigeants d’institutions académiques d’élite utilisent une contextualisation trompeuse pour minimiser et excuser les appels au génocide des juifs ».

    La présidente de Harvard, Claudine Gay, a tenté de limiter les dégâts dans un communiqué. « Certains ont confondu le droit à la liberté d’expression avec l’idée selon laquelle Harvard tolérerait les appels à la violence contre les étudiants juifs. Soyons clairs : les appels à la violence ou au génocide contre la communauté juive, ou contre tout groupe religieux ou ethnique, sont ignobles, ils n’ont pas leur place à Harvard, et ceux qui menacent nos étudiants juifs devront rendre des comptes. »

    « Liberté d’expression, même pour les opinions insupportables »
    Cette audition tendue faisait suite aux prises de position propalestiniennes et anti-israéliennes, et pour certaines antisémites, de certains étudiants et associations d’étudiants dans la foulée du 7 octobre. La direction des universités concernées a été accusée de ne pas avoir réagi suffisamment. La séance au Congrès a commencé par une minute du silence pour les victimes de l’attaque terroriste du Hamas. Ensuite, des vidéos de manifestations sur les trois campus ont été diffusées, et l’on y entendait les étudiants scander « intifada ».

    La patronne de Harvard a affirmé que les propos « haineux » lui étaient « odieux » et assuré que les appels au génocide étaient « en désaccord avec les valeurs de Harvard », mais elle a insisté sur le respect de la liberté d’expression : « Notre université s’engage en faveur de la liberté d’expression, même pour les opinions insupportables, scandaleuses et haineuses. » Mme Kornbluth a adopté une ligne similaire. « Le droit à la liberté d’expression ne s’étend pas au harcèlement, à la discrimination ou à l’incitation à la violence dans notre communauté », a affirmé la présidente du MIT, rappelant en creux que cette liberté est quasi absolue. Elle est garantie par le premier amendement de la Constitution américaine (« Le Congrès n’adoptera aucune loi (…) pour limiter la liberté d’expression »), à la différence de l’Europe, où la liberté d’expression est limitée.

    L’audition a aussi tourné au procès de ces institutions, notamment Harvard, considérée comme un temple du gauchisme par les républicains. L’élu républicain de Floride Aaron Bean a cité une enquête d’un journal de Harvard révélant que 80 % du personnel de la faculté se jugeait progressiste et seulement 1 % conservateur. Selon le classement effectué par les associations conservatrices College Pulse et FIRE (The Foundation for Individual Rights and Expression), qui ont sondé quelque 55 000 étudiants, l’université figure au 248ᵉ et dernier rang de la liberté d’expression, avec pour commentaire : « épouvantable ».

    Mme Stefanik a déploré que le nombre d’étudiants juifs à Harvard soit tombé de « 25 % dans les années 1980 à 5 % à 10 % aujourd’hui ». « Ce ne sont pas des données que nous collectons lors du processus d’admission », a répondu Claudine Gay. Le processus de discrimination positive de Harvard a été déclaré inconstitutionnel en juin.

  • Dans l’attente d’un relogement : angoisses et espoirs déçus de la rénovation urbaine
    https://metropolitiques.eu/Dans-l-attente-d-un-relogement-angoisses-et-espoirs-decus-de-la-reno

    Dans le cadre du partenariat entre Métropolitiques et le Prix de thèse sur la ville, Françoise Lorcerie et Patrice Aubertel présentent le travail de Charles Reveillere, Prix Spécial 2023. Ce dernier interroge la façon dont les habitants vivent le temps qui s’étire entre l’annonce de leur relogement et le déclenchement effectif des opérations – et comment les institutions ignorent cet interstice. Nourri par les récits des luttes urbaines et investi lui-même dans des mobilisations aux côtés de personnes #Commentaires

    / #Marseille, #logement, #rénovation_urbaine, #habitat, #démocratie, #logement_social

    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_aubertel_lorcerie.pdf

  • Scholars Who Study the Middle East Are Afraid to Speak Out
    https://www.chronicle.com/article/scholars-who-study-the-middle-east-are-afraid-to-speak-out

    American college campuses have been at the center of charged political disputes in the weeks since Hamas attacked Israel on October 7, and the subsequent attacks by Israel on Gaza. These heated debates have focused on the pressures on university presidents to take a stand, the behavior of student groups, allegations of antisemitism, and the censorship of pro-Palestinian speech. But less attention has been paid to one group directly affected by the controversies: the scholars who work on and teach about the Middle East, who every day concentrate professionally on issues related to the Israeli-Palestinian dispute.

    #états-unis #démocratie #nos_valeurs #censure #liberté_d’expression #criminel

  • Que nous a appris le Qatargate ?
    https://laviedesidees.fr/Que-nous-a-appris-le-Qatargate

    Il y a un an, le Qatargate donnait à voir la politique de l’influence qui se déploie à la périphérie de la #démocratie européenne. Il conduit aujourd’hui à réfléchir à la vulnérabilité, mais aussi à la réticence des institutions européennes à y faire face.

    #International #Union_européenne #corruption
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20231205_vauchez-2.docx
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20231205_vauchez.pdf

  • Contrôle de l’accès à l’Université de Strasbourg : les élu∙es préoccupé∙es
    https://academia.hypotheses.org/54118

    Sujet : [infos-élus-cac] contrôle accès et sûreté Unistra Date : Thu, 23 Nov 2023 16:55 De : Liste Refonder Pour : president@unistra.fr Monsieur le Président Ces derniers jours, nous ont été rapportés des faits … Continuer la lecture →

    #Démocratie_universitaire #État_de_droit #Gouvernance_de_l'ESR #Libertés_académiques_:_pour_une_université_émancipatrice #droits_étudiants #expression_politique #libertés_publiques #sécurité #Université_de_Strasbourg

  • Justice patronale : les syndicats de Tisséo condamnés à 15.000 euros d’amende pour faits de #grève
    https://www.revolutionpermanente.fr/Justice-patronale-les-syndicats-de-Tisseo-condamnes-a-15-000-eu

    Lundi 18 septembre, les quatre organisations syndicales de Tisséo (CGT, CFDT, FNCR, Sud) étaient assignées par leur direction au tribunal. Cette dernière demandait 40.000€ d’amende par syndicat (!) pour « abus du droit grève » suite au mouvement historique qui avait secoué l’entreprise durant les derniers mois.

    Ce lundi 20 novembre, la décision de justice a été rendue : les quatre syndicats sont condamnés ensemble à payer 15 000 euros (dont 10 000 euros d’amende et 5 000 euros de frais de justice) pour le « blocage de deux entrepôts de bus et tramway les 30 et 31 mai 2023 ». Les syndicats de Tisséo ont rappelé avoir seulement filtré les entrées sans les bloquer, mais la justice a finalement donné raison à la direction, rappelant son caractère de classe, du côté des patrons.

  • L’autonomie ne donne pas droit à déroger au code du travail !
    https://academia.hypotheses.org/54022

    Que fait la ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche pour la santé, la sécurité et les conditions de travail des agents ? La Formation Spécialisée – Santé Sécurité et Conditions de Travail du CSA ministériel de l’Enseignement Supérieur et … Continuer la lecture →

    #Démocratie_universitaire #Gouvernance_de_l'ESR #Santé_au_travail #FSSSCT_MESR #santé_au_travail #Sylvie_Retailleau