• Tous au vert ? Scénario rétro-prospectif d’un #exode_urbain

    Dès le début de la pandémie de #Covid-19, la #densité_de_population est apparue comme un facteur déterminant de la #propagation_du_virus. Cette corrélation entre #pandémie et #densité est aujourd’hui remise en cause par les scientifiques, notamment au regard de la multifactorialité de l’#épidémie. L’âge, la qualité des services de soin, le type de métier, le mode de cohabitation des ménages, les habitudes culturelles… sont autant d’éléments qui contribuent à accentuer ou non la pandémie.

    Pour autant, les postures critiques vis-à-vis de la ville et de ce qu’elle nous révèle de nos modèles socio-économiques ne faiblissent pas. Si cette pensée radicale n’est pas nouvelle, elle réémerge en période de crise et nous invite à poser la question de l’urbain au regard de la propagation virale et de la #distanciation_sociale au moment du #déconfinement, mais aussi en tant que reflet de la société.

    Creuset de tous les maux, la #ville est mise au banc des accusés et les disparités de densité révèlent d’autres inégalités, à la fois sociales, culturelles économiques.

    Dans ce contexte, certains experts et décideurs s’enthousiasment autour de l’idée d’une possible revanche des #campagnes. De nombreux auteurs et journalistes voient dans la #migration_massive des #Franciliens vers leurs #résidences_secondaires pendant le confinement le signe annonciateur d’un futur #exode_urbain.

    L’observation des dynamiques démographiques sur un temps long montre que les #espaces_ruraux, y compris loin des villes, se repeuplent en effet depuis les années 2000, ce qui participe à la revitalisation des campagnes, sans nécessairement affaiblir pour autant les villes.

    Si aucune accélération du phénomène n’est enregistrée, on peut tout de même se demander à quoi ressemblerait cette France post-exode-urbain, qui se serait reconnectée à sa ruralité et aurait retrouvé une équidensité de peuplement. Quelles seraient les conséquences de cette dé-densification massive des villes ?

    Quand la France était « équidense »

    Cette géographie idéalisée a en réalité déjà existé. Elle correspond à la France de la fin du XIXe siècle, au tout début de la révolution industrielle. En 1876, la population française est répartie de façon beaucoup plus homogène dans l’espace qu’elle ne l’est aujourd’hui.

    La France métropolitaine compte alors 38 millions d’habitants, une densité moyenne de 70 habitants au km2 et plus de la moitié de la population habite dans ce que nous appellerions aujourd’hui le rural.

    Cette répartition spatialement équitable traduit le fait que les hommes habitent au plus près de leur force de travail, laquelle est essentiellement liée à la terre. En 2017, la France métropolitaine recense plus de 64 millions d’habitants, une densité de 119 habitants au km2 et moins d’un quart de la population vit dans une commune de moins de 2 000 habitants.

    En 150 ans, la population a donc presque doublé, entre autres parce que l’espérance de vie est passée de 43 à 86 ans. Il est vrai que cette croissance démographique s’est fortement polarisée dans l’espace, puisque les trois quarts de la hausse de population enregistrée s’est concentrée sur seulement 5 % de la superficie du pays, ce qui nous conduit aux densités actuelles tant décriées.

    Si l’on projette un scénario de dé-densification massive des espaces urbaines pour revenir à cette géographie en apparence plus égalitaire, quelles seraient les variations de population et les conséquences pour les territoires ?

    Des populations qui tripleraient à la #montagne

    À partir des données historiques disponibles, il est possible d’imaginer une #France_néo-rurale pour en tirer quelques leçons contemporaines. Pour cela, la population de 2017 est répartie entre les communes, au prorata du poids qu’elles occupaient en 1876.

    Retrouver la répartition de population du XIXe siècle impliquerait une réduction massive de la population urbaine, ville-centre et proche périphérie, au profit des campagnes et des montagnes. Le littoral méditerranéen et son arrière-pays proche, ainsi que les zones touristiques et attractives de la côte atlantique devraient aussi se dépeupler.

    Sans la réalité des chiffres, on pourrait presque penser que le modèle est soutenable. Mais si l’on précise un peu les dynamiques observées, on se rend compte qu’il faudrait doubler la population rurale.

    Pour retrouver la géographie du XIXe siècle, la ville de Bagnères-de-Bigorre dans les Hautes-Pyrénées passerait ainsi de 7 200 habitants à 16 100. Celle de Charolles, en Saône-et-Loire, de 2 700 à 6 200, et la commune de Murat, dans le Cantal, verrait sa population bondir de 1 880 habitants à près de 5 900.

    Avec une surface moyenne des appartements située à 32 m2 par personne en France, il faudrait construire plus de 130 000 m2 à Murat, soit 1 900 logements de 70 m2 ou bien encore près de 40 immeubles de 8 étages pour assurer cette transition néo-rurale.

    Certains espaces de montagne verraient tripler leur population résidente, c’est le cas globalement des Pyrénées, ou dans une moindre mesure du Massif central. Les Alpes, en revanche, n’enregistreraient qu’une faible hausse de 15 % et le Jura resterait stable puisqu’il pèse, en 2017, un poids équivalent à celui de 1876.
    Des villes pas forcément moins denses

    À l’inverse, certaines villes apparaissent proportionnellement moins peuplées en 2017 qu’en 1876. La capitale française, par exemple, devrait accroître sa population de 54 % et atteindre ainsi les 3,3 millions d’habitants pour retrouver son poids dans la population française.

    En 1876, 5,2 % de celle-ci vivait à Paris pour 3,2 % aujourd’hui. Bordeaux devrait voir sa population progresser de près de 50 % et dépasser les 370 000 habitants. Lyon, Lille et Saint-Étienne enregistreraient des hausses démographiques de 15 à 30 %.

    Outre ces quelques exceptions, l’ensemble des villes françaises devraient globalement se dépeupler et se dédensifier. Les villes moyennes, qui ont enregistré les plus fortes progressions de population au cours des deux derniers siècles, pourraient donc subir aussi ces mouvements d’exode urbain. Si l’on se fonde sur la géographie du XIXe siècle, Romans-sur-Isère ou Albi perdraient plus de 10 000 habitants et Colmar plus de 30 000.
    Le risque d’une gentrification rurale

    À partir de ce scénario rétro-prospectif, il est possible de discuter des conséquences des aspirations ou des appels à la dé-densification massive des villes. Pour dédensifier sérieusement les villes, il faut songer à urbaniser les campagnes, artificialiser de nombreux espaces fragiles et protégés.

    Pour garantir un accès à l’emploi, à la santé, à l’éducation dans un modèle d’habitat dispersé, il faut prévoir de développer les réseaux numériques, énergétiques, routiers afin d’assurer la connexion de ces espaces. Les déplacements motorisés augmenteraient, les prix dans ces espaces nouvellement convoités sans doute aussi, provoquant une forme de gentrification rurale, qui peut déjà s’exprimer dans les campagnes les plus attractives. Le corollaire de ce déménagement territorial pourrait même se traduire finalement par un nouvel engouement pour les villes.

    Finalement, cette projection nous montre surtout à quel point ville et campagne sont profondément reliées et constituent en réalité les deux facettes d’un même modèle territorial. Si en ces temps anxiogènes, la ville repoussoir trouve son pendant dans la campagne refuge, cela ne remet pas en cause la nécessité de travailler à l’amélioration des interactions spatiales, plutôt que d’appeler à soutenir de nouvelles fractures.
    Au-delà de l’opposition entre ville et campagne

    Le rapport affectif que les Français entretiennent avec le monde rural est un ciment important pour la cohésion territoriale. L’attractivité retrouvée de certaines campagnes depuis 20 ans, n’a jusque-là pas remis en cause la dynamique urbaine dont nous avons aussi besoin.

    L’urbanisation a bien sûr ses limites, mais il me semble que les enjeux pour l’action ne sont pas tant liés à la densité des villes, qu’à la qualité des espaces. Cela passe par une déminéralisation des espaces pour redonner une place à la nature, favoriser la biodiversité, réduire les îlots de chaleur.

    Il y a également un enjeu très fort autour de la reconnexion des espaces fonctionnels de vie, de travail, de loisir pour réduire les mobilités et accroître le bien-être des populations. Sur ce dernier point, les villes moyennes ont une opportunité à saisir en offrant dans la proximité à la fois des ressources résidentielles, productives et récréatives.

    Dans tous les cas, les approches clivantes de l’espace, opposant ville et campagne, #centre et #périphérie, ne nous font avancer. Au contraire, s’il doit y avoir un nouveau modèle de résilience à l’issue de la crise, c’est sur l’exceptionnel maillage de l’#espace_géographique de la France et sur le couple ville-campagne hérité de notre histoire, qu’il doit se construire.

    https://theconversation.com/tous-au-vert-scenario-retro-prospectif-dun-exode-urbain-137800
    #néo-ruralité #géographie #cartographie #visualisation

  • Autour des avions et de la #diffusion du #coronavirus, dans la conférence de #Sansonetti :


    –-> plutôt que la théorie du #climat (là où il fait chaud, pas de virus), c’est celle des connexions par #avion qui serait à privilégier pour la #propagation du #virus...

    La conférence :
    https://seenthis.net/messages/834008

    #géographie #ressources_pédagogiques #coronavirus
    Et comme dit ma collègue Sarah Mekdjian :

    j’ajoute à mon TD sur le #déterminisme_climatique

    #déterminisme_géographique #avions #transports #températures #Afrique #Asie #Europe #transport_aérien #température #cartographie #visualisation

    #Philippe_Sansonetti

    • Reçu d’une amie à qui j’ai envoyé le commentaire ci-dessus

      Avevo visto la cartina in gennaio : une crisi annunciata.

      Pensa te che Zurigo in febbraio ha chiuso i voli diretti con la Cina, Ginevra no (3 voli /settimana con Pechino). All’atterraggio ricevevano un foglio dell’ufsp con scritto: in CH non é obbligatorio portare la mascherina (gettatela uscendo dall’aereo). Poi nessun controllo (febbre, quarantena... niente ).

      Morale ? Confronta il numero di casi à GVA e ZH !

      La politica ginevrina Del non chiudere l’aeroporto a Ginevra é stata spiegata pubblicamente dal medico cantonale il 25 febbraio all’unige (conferenza disponibile su mediaserver dell’uni).

      Remarque : la conferenza era sul mezzo giorno e gli esperti facevano « blagues » perché « je vous rappelle qu’au jour d’aujourd’hui il n’y a aucun cas en Suisse »..... un’ ora dopo la stampa annunciava il primo caso in Ticino. Tu vuoi farmi credere che il medico cantonale non lo sapevo ????

      #Suisse #Zurich #aéroports #Genève

    • Coronavirus en Afrique : pourquoi la catastrophe annoncée n’a pas eu lieu ?

      Les experts annoncent depuis des mois une déferlante de l’épidémie de coronavirus en Afrique, où la pauvreté et le manque d’infrastructures de santé font craindre le pire. Pourtant, alors que le premier cas remonte au 14 février sur le continent, la vague n’est toujours pas arrivée. Comment expliquer cette relative préservation ?

      Depuis le premier cas de coronavirus sur le continent, le 14 février en Égypte, les experts nous prédisent un scénario effrayant. L’Afrique allait être rapidement submergée par la pandémie de Covid-19 avec à la clé un cataclysme sanitaire dans un continent pauvre au système de santé défaillant. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) appelle presque chaque jour le continent « à se préparer au pire ». Deux mois plus tard, le tsunami n’a toujours pas eu lieu, alors que les pays européens et les États-Unis sont violemment frappés.
      L’Afrique est le continent le moins touché par l’épidémie de coronavirus

      Avec 1.216 décès et 26.058 cas recensés au 22 avril, l’Afrique est le continent le moins touché par l’épidémie de coronavirus. L’Algérie, est le pays qui déplore le plus grand nombre de décès (402) devant l’Égypte, le Maroc et l’Afrique du Sud. Par comparaison, la France et ses 66 millions d’habitants a dépassé la barre des 20.000 morts du Covid-19. Alors pourquoi l’Afrique avec ses 1,2 milliard d’habitants semble échapper à l’épidémie ?

      Évidemment, le faible nombre de tests et le manque de données faussent en partie le bilan, le nombre de cas étant sans doute largement sous-estimé. Le chef du Centre africain de contrôle et de prévention des maladies, John Nkengasong, concède à l’AFP que, faute de tests, les statistiques ne sont pas parfaites. Mais il écarte l’idée que de nombreux cas passent sous les radars. « Les hôpitaux seraient envahis de malades, ce qui n’est pas le cas », confirme le médecin. D’autres facteurs peuvent en revanche apporter quelques pistes d’explication.

      Une longueur d’avance

      L’épidémie a gagné l’Afrique quelques semaines après l’Europe, permettant à ses dirigeants d’adopter des mesures préventives très en amont. « Avant même la détection des premiers cas de coronavirus sur le sol rwandais, nous avons pris très tôt des mesures d’hygiène qui ont été appliquées sur presque toute l’étendue du territoire », corrobore le docteur Sabin Nsanzimana, directeur général du Rwanda Biomedical Centre, à RFI. L’Afrique du Sud, la Tunisie, le Maroc et l’Algérie ont imposé un confinement et des couvre-feux avant que l’épidémie n’ait eu le temps de se propager.
      Une faible densité de population

      Avec 43 habitants par kilomètre carré, contre 181 en Europe de l’Ouest ou 154 en Asie du Sud-Est, l’Afrique demeure un continent faiblement peuplé dans la plupart des régions. Les habitants sont généralement concentrés dans les capitales, qui ont été très tôt confinées. En Côte d’Ivoire, le grand Abidjan est ainsi officiellement isolé du reste du pays depuis le 30 mars. Idem au Lagos, où les habitants des deux mégalopoles, Abuja et Lagos, ont interdiction de quitter la ville. Cette faible densité limite considérablement les contacts et donc la transmission du virus.

      Moins de circulation des personnes

      Contrairement à la plupart des pays occidentaux, de nombreuses régions africaines restent très isolées et vivent en quasi-autarcie. Le virus circule donc très peu dans la population. L’Afrique est également beaucoup moins touristique que l’Europe ou les États-Unis. Sur les 50 aéroports les plus fréquentés au monde, un seul est africain (celui de Johannesburg). L’Afrique ne compte pas non plus de diaspora importante comme la Chine ou l’Inde, qui doivent faire face au retour de nombreux étudiants revenant de l’étranger. Peu de grands mouvements de population ont d’ailleurs été constatés en Afrique subsaharienne.
      Une pyramide des âges beaucoup plus jeune

      Environ 60 % de la population africaine est âgée de moins de 25 ans. Or, le coronavirus frappe plus particulièrement les personnes âgées : en France, 75 % des personnes décédées du Covid-19 ont plus de 75 ans. L’Italie du Nord, région la plus touchée au monde, est aussi caractérisée par une très forte population âgée. « En Afrique, il n’y a plus de vieux à tuer sur le continent » résume sarcastiquement l’écrivain ivoirien Gauz, dans une tribune sur le site de Jeune Afrique. L’Afrique présente aussi un très faible taux d’obésité, qui est un facteur de risque majeur de mortalité au Covid-19.

      Une immunité pré-existante ?

      Une étude préliminaire du NHS (National Health Service) et de King’s College montre une corrélation négative entre les pays affectés par la malaria et ceux touchés par le Covid-19, qu’elle explique par un possible effet protecteur des traitements prophylactiques pour la malaria comme la chloroquine contre le coronavirus. Or, 93 % des cas de malaria sont enregistrés en Afrique, selon l’OMS. D’après une autre étude, c’est la vaccination systématique du BCG déployée en Afrique qui pourrait expliquer l’immunisation de la population. Les pays sans politique de vaccination universelle du BCG comme l’Italie et les États-Unis sont à l’inverse les plus touchés par le Covid-19, notent les auteurs. Des corrélations qui n’apportent toutefois aucune preuve de cause à effet.
      Famine, criquets, effondrement de l’économie : ces autres menaces bien plus concrètes

      Malgré ces atouts, l’Afrique risque pourtant de faire les frais de l’épidémie de Covid-19. Conséquence de la fermeture des frontières, des mesures de confinement et de la hausse des prix des denrées alimentaires, « le nombre de personnes menacées de famine en Afrique de l’Ouest pourrait quasi tripler en trois mois », a ainsi alerté l’ONG Oxfam le 21 avril. Une invasion de criquets fait également des ravages en ce moment en Afrique de l’Est. En Éthiopie, 200.000 hectares de terres agricoles ont été dévorées et un million de personnes ont désormais besoin d’une aide alimentaire d’urgence. La pandémie de coronavirus a également mis à l’arrêt la plupart des campagnes de vaccination contre la polio, la rougeole ou la diphtérie. En Afrique, le coronavirus est loin d’être la priorité des habitants.

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      #pyramide_des_âges #densité_de_population