• #histoire #Auschwitz #déportation #extermination #génocide #Shoah #nazisme #antisémitisme #barbarie #crimedemasse > #antifascisme !

    🛑 Une plongée dans l’horreur et la barbarie : terrifiant...

    🛑 Un jour à Auschwitz...

    🛑 « L’arrivée à Auschwitz, en mai 1944, de dizaines de milliers de Juifs hongrois promis à l’extermination. Un récit implacable, qui confronte le témoignage d’une rescapée aux photos prises par un soldat SS. En mai 1944, le processus génocidaire nazi est à son apogée, avec la déportation et l’extermination à Auschwitz-Birkenau de quelque 424 000 Juifs hongrois. Un ensemble d’images témoigne de ce crime de masse : les clichés pris par Bernhard Walter, soldat SS chargé de photographier les déportés à leur arrivée dans le camp, que les nazis n’ont ensuite pas eu le temps de détruire (...) »

    >> Documentaire (89mn) disponible sur ARTE du 27/01/2023 au 26/04/2023 :

    ▶️ https://www.arte.tv/fr/videos/098533-000-A/un-jour-a-auschwitz

    https://api-cdn.arte.tv/img/v2/image/Navq5iri6hmmG8PcfaAqj6/1920x1080?type=TEXT&watermark=true

  • La Lutte de Classe n°9, #Barta, 5 février 1943

    Côte à côte avec les hommes, LES FEMMES TRAVAILLEUSES DOIVENT PASSER A L’ACTION CONTRE LES DEPORTATIONS ! L’arme de la grève doit être utilisée contre les rafles d’ouvriers !

    https://www.marxists.org/francais/barta/1943/02/ldc09_020543.htm

    Subitement, la bourgeoisie redécouvre les qualités professionnelles de la femme. La femme que le #régime_de_Vichy a profondément humiliée par des mesures consacrant son « infériorité » sociale (statut de la femme mariée, etc...), figure de nouveau en première page des journaux, non pas au foyer conjugal parmi les casseroles (vides) et la marmaille (affamée), mais derrière la machine, à l’atelier, où elle fait montre d’une habileté toute particulière.

    Après la débâcle de juin 1940, la bourgeoisie entreprit d’empêcher la lutte commune des exploités contre le capitalisme fauteur de guerre et de misère, et de désunir les travailleurs. Disposant de toutes les ressources du pouvoir policier, elle pourchassa les « étrangers », mit au ban de la société les « Juifs » (en détournant la colère des masses contre un supposé « capitalisme juif » la bourgeoisie protégeait ainsi les capitalistes en chair et en os avec ou sans religion) et, pour diviser ouvriers et ouvrières, chassa la femme au foyer.

    D’où viennent ces alternatives de mépris et d’engouement pour la femme de la part des organes capitalistes ? Que se cache-t-il derrière ?

    Toujours un but d’#exploitation économique.

    Engagé dans une lutte à mort pour étendre toujours plus sa domination, le capitalisme impérialiste (c’est-à-dire la domination de l’Etat et de toute la vie sociale par le grand capital) provoque des changements brusques et profonds dans la vie des peuples. #Chômage complet ou #travail_forcé pour toute la population, esclavage familial ("retour au foyer") ou dispersion de toutes les familles, tels sont maintenant les effets de la domination de la bourgeoisie. Vichy déporte les hommes en Allemagne pour y travailler au sauvetage du capitalisme européen contre l’Union Soviétique et veut que la femme les remplace dans les usines en France, pour la même besogne : fabriquer des engins de mort.

    Si les capitalistes sont prodigues de louanges sur l’habileté et même sur la supériorité dans certains cas du travail de la femme, c’est que l’ouvrière continue à être, à travail égal, moins payée que l’ouvrier.

    Les femmes (de même que les jeunes), sont plus que jamais surexploitées par la bourgeoisie. Et dans la situation actuelle, les conséquences de l’insuffisance des salaires sont d’autant plus graves pour la femme, qu’exploitée à l’usine, elle doit continuer son travail de ménagère, terrible esclavage surtout quand il faut soigner enfants et mari. Et, parmi les travailleuses les plus mal payées, la famine appelle la prostitution, suprême exploitation de la femme.

    La femme travailleuse ne doit pas accepter avec résignation la double exploitation que lui impose le capitalisme, en tant qu’ouvrière et en tant que ménagère. Les ouvrières entreront également dans la lutte pour mettre fin à la situation de plus en plus intolérable que leur crée le régime bourgeois pourrissant.

    Il faut faire le premier pas en commençant une action résolue basée sur la grève, pour l’amélioration des salaires et pour la revendication du salaire égal à travail égal pour tous les ouvriers sans distinction d’âge et de sexe. Lier cette lutte à celle des ouvriers contre la #déportation pour la guerre contre l’URSS, voilà le premier moyen d’unifier tous les exploités contre les exploiteurs et faire échec aux plans de guerre impérialistes.

    Autrefois la lutte de la femme pour l’égalité juridique et politique rencontrait l’incompréhension ou même l’hostilité des ouvriers les plus arriérés. Mais le régime policier de Vichy a réalisé la plus complète égalité politique de l’homme et de la femme, en les écrasant tous les deux. Ensemble, ils doivent lutter pour la reconquête des droits de la classe ouvrière (liberté de réunion, de presse, droit de grève, etc.) y compris le droit de vote pour les deux sexes à partir de 18 ans (peut-être à partir de 17 ou même de 16 ans puisque la bourgeoisie considère qu’à cet âge-là un jeune homme peut devenir chair à canon et qu’une jeune fille peut se marier et avoir des enfants).

    Pour lutter avec succès pour ces revendications la classe ouvrière doit s’organiser. Les organisations de lutte (économiques et politiques) du prolétariat doivent être basées sur la plus complète égalité de devoirs et de droits entre l’homme et la femme dans tous les domaines et pour toutes les tâches quelles qu’elles soient.

    Sous le régime capitaliste, qui a pour base la famille en tant que petite entreprise économique individuelle, l’égalité réelle et complète de la femme dans la société (égalité de charges et de droits) n’est pas possible. Libérer la femme, seule le peut la société socialiste qui libère la famille de l’esclavage économique en transformant les charges individuelles en charges sociales : maternités, crèches, jardins d’enfants, restaurants, blanchisseries, dispensaires, hôpitaux, sanatoria, organisations sportives, cinés, théâtres, etc..., la société bourgeoise connaît tout cela, mais dans quelle mesure et dans quel but ? Hôpitaux, maternités, restaurants, etc... doivent seulement entretenir, dans la mesure strictement indispensable à la production capitaliste, l’efficacité de la main-d’œuvre (assurances sociales, etc...). Théâtres, cinés, organisations sportives, etc... tout cela n’est pas destiné à rendre la vie heureuse et à instruire, mais à abrutir et à maintenir les masses sous la domination de l’idéologie bourgeoise. Quelles que soient les améliorations conquises, la grande majorité des femmes croupira toujours tant que les moyens de production appartiendront à la bourgeoisie. Ce n’est que quand la #classe_ouvrière sera la maîtresse de ses instruments de production et de répartition et quand la femme prendra part à leur administration et au travail dans les mêmes conditions que tous les membres de la société travailleuse, que ses qualités pourront s’épanouir librement et harmonieusement.

    La Quatrième Internationale attire tout particulièrement l’attention des femmes travailleuses sur le fait que le seul pays où la femme ait réalisé le maximum d’égalité c’est l’URSS, c’est-à-dire le pays qui s’est développé par la révolution prolétarienne d’Octobre 17. Elle attire également l’attention des ouvriers sur le fait que sans l’entrée en lutte à ses côtés des ouvrières le prolétariat ne pourra jamais vaincre la bourgeoisie.

    Pour améliorer les #salaires et les conditions de vie, vive l’union de lutte de l’ouvrier et de l’ouvrière ! A travail égal, salaire égal ! Egalité juridique pour la femme : à bas les statuts de la femme mariée ! En s’opposant par la #grève à ce que les ouvriers soient déportés pour la relève impérialiste contre l’#URSS, les ouvriers et les ouvrières commenceront la lutte qui mettra fin à la guerre impérialiste, au régime de misère et d’oppression, la lutte qui nous mènera au gouvernement ouvrier et paysan, le gouvernement des travailleuses et des travailleurs !

    #collaboration #impérialisme #révolution_russe #lutte_de_classe #droits_des_femmes #lutte_des_femmes

  • "On nous a abandonnés dans le désert à 2h du matin" : le calvaire des migrants refoulés de l’Algérie vers le Niger

    Chaque année, l’Algérie expulse des milliers d’Africains subsahariens vers le Niger, abandonnant les migrants non-nigériens au lieu dit Point-Zéro, qui marque la frontière entre les deux pays en plein Sahara. Le village nigérien d’#Assamaka, à plusieurs heures de #marche au sud, est aujourd’hui débordé par ces vagues de refoulements successives. Reportage.

    Quinze kilomètres de marche dans le Sahara avec un pied cassé. Les efforts pour soulever les béquilles qui s’enfoncent trop profondément lors des franchissements de dune, tandis que les grains de sable s’infiltrent dans les pansements à chaque pas, pendant des heures et des heures. C’est ce qu’ont enduré Alpha Mohamed et Houssain Ba début novembre lorsque ces deux jeunes Guinéens ont été abandonnés au #Point-Zéro, qui marque la frontière entre l’Algérie et le Niger.

    Un lieu inhospitalier avec du sable à perte de vue, où les autorités algériennes ont refoulé des dizaines de milliers d’Africains subsahariens ces dernières années.

    « On nous a abandonnés à Point-Zéro à 2h du matin et nous avons dû marcher avec nos béquilles pendant des heures. Nous ne sommes arrivés à Assamaka qu’à 11h du matin », confie Alpha Mohamed à InfoMigrants.

    Les deux amis de 18 ans sont alors loin d’être seuls. Autour d’eux, plus de 600 Maliens, Guinéens, Ivoiriens, Soudanais, Nigérians et Sénégalais errent hagards, la peau du visage recouverte par la poussière ocre du Sahara, les yeux plissés vers les quelques lumières scintillant à 15 kilomètres un peu plus au sud.

     Une armée de l’ombre composée d’ouvriers, de serveurs, de boulangers - les petites mains qui contribuent à faire tourner l’économie algérienne. Certains ont encore les bottes de chantier qu’ils portaient lorsque les autorités les ont arrêtés sur leur lieu de travail. Tous ont été brutalement arrachés à leur quotidien, alors qu’ils étaient chez eux au réveil, dans un restaurant pendant un repas, lors d’une quelconque sortie en ville, ou au travail.

    C’est le cas de Alpha et Houssain, qui ont été arrêtés sur le chantier d’un immeuble à Oran, où ils travaillaient comme manoeuvres. « Les policiers sont arrivés à 9h du matin et tous les ouvriers noirs se sont aussitôt enfuis. Nous, on a essayé de partir en montant dans les étages mais un policier nous a rattrapés. Il nous a bousculés exprès et nous sommes tombés : c’est comme ça qu’on s’est cassé le pied », se remémore Alpha.

    Après un passage express dans un hôpital oranais, les deux jeunes Guinéens sont déportés vers le centre de refoulement de #Tamanrasset, à 1 900 kilomètres de route au sud d’Alger. Les migrants qui s’y trouvent ont été complètement dépouillés de leurs maigres biens : téléphones portables, argent liquide, passeports, bijoux... Entassés dans des bétaillères, les migrants sont ensuite abandonnés au Point-Zéro. Pour Alger, c’est la fin de l’opération appelée sobrement « #reconduite_à_la_frontière ».

    Pour Alpha et Houssain, c’est juste le début du calvaire. Après des heures de marche dans le sable, balayé sans répit par l’Harmattan - un vent du Sahara en provenance du Nord-Est qui vous glace les os pendant la nuit - les deux jeunes passent à proximité du lieu-dit La Dune. Situé à trois kilomètres au nord d’Assamaka, c’est le premier endroit où certains des migrants les plus fatigués décident de passer la nuit, dans un décor post-apocalyptique. Le soleil levant découpe les silhouettes des carcasses de voitures, des pneus à demi-enterrés, et des vieux bidons de gasoil utilisés pour délimiter les territoires des cabanes des mécaniciens et commerçants de carburants qui peuplent les lieux.

    Les Guinéens ont eux continué directement leur chemin jusqu’au centre d’enregistrement des autorités nigériennes, avant de se présenter au #centre_de_transit de l’Organisation internationale des migrations (#OIM), le bras de l’ONU qui assiste les retours volontaires des migrants vers leur pays d’origine.

    Des autorités débordées par l’afflux des expulsés

    L’arrivée à Assamaka marque pour les refoulés d’Algérie le début d’une longue attente. La multiplication des vagues d’expulsion conjuguée au ralentissement des #rapatriements a fait gonfler le nombre de migrants sur place à près de 3 000 individus - plus du double de la population initiale d’Assamaka. Alpha et Houssain ont pu s’installer à l’intérieur du camp de transit de l’OIM - dont la capacité maximale est de 1 000 personnes - mais la grande majorité des migrants dort à la belle étoile, s’abritant comme ils peuvent dans des hangars ouverts. Leur patience est mise à rude épreuve.

    « Cela fait deux mois qu’on nous dit qu’on va partir bientôt ! », s’exclame Seyni Diallo, un jeune Sénégalais expulsé après un séjour de six mois en Algérie. « On manque de nourriture et de couvertures, c’est vraiment dur de dormir dehors ici, les nuits sont très fraîches », renchérit Sagma Kaboré, originaire du Burkina Faso.

    La #promiscuité de 3 000 migrants dans ces conditions donne des sueurs froides à plusieurs ONG. « On craint une véritable crise humanitaire à Assamaka si cette situation se prolonge. Une épidémie d’ampleur peut se déclarer très rapidement si une personne a la rougeole, la méningite ou le covid, », affirme Diabry Talaré, coordinatrice de Médecins sans frontières (MSF) à Agadez. L’isolement géographique d’Assamaka renforce les difficultés, à la fois pour la logistique humanitaire et pour la vie quotidienne des migrants qui y sont bloqués.

    Assamaka, un îlot surpeuplé isolé dans le désert

    Assamaka est une bourgade si isolée qu’elle donne l’impression d’un îlot surpeuplé perdu au milieu d’une mer de sable. Les pistes défoncées qui mènent à Arlit puis Agadez pullulent de bandits coupeurs de route. De simples voyageurs sont régulièrement braqués par ces pirates des sables - un 4x4 utilisé comme ambulance a même été intercepté et volé sur la route menant d’Assamaka à Arlit.

     L’#isolement est également marquant sur le plan des télécommunications. La plupart des réseaux téléphoniques nigériens ne fonctionnent pas à Assamaka. Au centre du village, on remarque ainsi quelques échoppes avec de drôles d’antennes improvisées - de longues tiges de bois d’environ six mètres de haut, d’où pendouille une demi-bouteille en plastique contenant un téléphone avec une carte SIM algérienne. C’est le principal moyen de se connecter à Internet.

    Mais pour beaucoup de migrants expulsés d’Algérie sans argent ni téléphone, il est quasiment impossible de contacter leurs proches durant leurs longues semaines d’attente.

    « Certains migrants ont passé deux ou trois mois sans nouvelles de leur famille, c’est une inquiétude permanente qui a un impact sur la santé mentale », explique Mahamadou Toidou, chargé des consultations psychologiques pour MSF à Assamaka. « Il y a des cas comme ce jeune Guinéen, qui a été arrêté dans la rue par les policiers algériens, alors que sa femme enceinte de deux mois et demi était à la maison. Depuis son expulsion il n’a pas pu la contacter, il s’isole dans son coin et pense tout le temps à ça... Il souffre énormément dès qu’il voit une femme avec son enfant », ajoute le psychologue.

    Opérations de « #ratissage » dans le désert

    Le fait que les autorités algériennes procèdent à ces #refoulements sans aucune coordination avec les autorités nigériennes a parfois des conséquences dramatiques. Une trentaine de corps sans vie ont été retrouvés au nord d’Assamaka depuis 2020. Pour éviter que des migrants se perdent et s’épuisent dans le désert, des équipes de l’OIM et de MSF lancent des opérations de ratissage lorsqu’un « #convoi_piéton » est signalé. Des 4x4 s’élancent alors vers le Point-Zéro à la recherche de personnes perdues ou trop fatiguées pour avancer.

    Ils sont rejoints depuis juillet dernier par une équipe d’Alarme Phone Sahara (APS), une organisation humanitaire nigérienne qui dispose d’un tricycle tout-terrain pour aller porter secours aux migrants égarés.

    « Je ne pouvais plus supporter de voir ces pauvres gens dans cette situation », confie Ibrahim François, un membre de l’équipe d’APS qui participe régulièrement aux opérations de ratissage. « Maintenant que les nuits sont froides, les Algériens refoulent toujours les migrants vers 2 ou 3h du matin. C’est fait exprès pour qu’ils se mettent en route pour chercher un abri, et qu’ils ne restent pas sur place », affirme t-il.

    L’éprouvante marche forcée dans le désert vécue par les deux jeunes Guinéens blessés reste marquée au fer rouge dans leur esprit. « On nous a traités comme des animaux en Algérie, on ne veut plus jamais y retourner », affirme Houssain Ba. « Maintenant on veut enfin pouvoir quitter Assamaka et rentrer chez nous. »

    L’expression « convois piétons » au Niger fait référence aux personnes refoulées d’Algérie qui sont non-nigériennes et que les autorités algériennes abandonnent au Point-Zero, à 15 km d’Assamaka. Les migrants nigériens sont refoulés lors de « convois officiels » qui ont fait l’objet d’un accord entre l’Algérie et le Niger en 2014. Les camions des convois officiels sont opérés par le Croissant Rouge algérien, qui transportent directement les expulsés jusqu’à la ville d’Agadez. Pour donner un ordre de grandeur, le « convoi piéton » du 1er novembre comptait 634 individus tandis que le « convoi officiel » du 3 novembre comptait 840 personnes (dont quelques non-Nigériens). Les 3 000 migrants actuellement à Assamaka sont les reliquats des vagues successives de « convois piétons ».

    #asile #migrations #réfugiés #abandon #expulsions #renvois #déportation #désert #Algérie #Niger #Sahara #désert_du_Sahara
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    Ajouté à la métaliste des « #left-to-die in the Sahara desert »
    https://seenthis.net/messages/796051

    via @rhoumour

  • Da #Melilla a #Beni_Mellal: dove sono finiti i respinti tra Spagna e Marocco

    Dopo le brutali violenze al confine con l’enclave spagnola di fine giugno, più di 200 persone sono state allontanate con la forza nel Sud del Marocco, in una zona impreparata alla loro assistenza. Ecco come ha risposto il territorio

    Le immagini dei violenti respingimenti dei migranti avvenuti il 24 giugno scorso da parte delle forze dell’ordine marocchine e spagnole alla frontiera con l’enclave spagnola di Melilla sono rimbalzate su tutte le testate europee. Quei 37 morti e le centinaia di feriti hanno suscitato sgomento e sdegno in tutta la comunità internazionale e diverse riflessioni su come ripensare alla gestione delle migrazioni ai confini dell’Unione europea. Mentre i riflettori erano puntati sul filo spinato dell’ingresso di Barrio Chino, file e file di autobus carichi di migranti partivano da Nador, dieci chilometri a Est di Melilla, e si snodavano lungo le diverse routes nationales del Marocco verso destinazioni il più possibile lontane.

    A 678 chilometri più a Sud, nel cuore della catena montuosa del Medio Atlante la città di Beni Mellal da un giorno all’altro si è trovata ad ospitare un flusso senza precedenti di migranti. Circa 210 persone si sono riparate nei pressi della stazione degli autobus, luogo di elezione dei senzatetto della zona. L’erba dei giardini di Boulevard Mohamed VI a fare da letto e i rami degli alberi a fare ombra dal sole cocente per proteggersi dai 45 gradi tipici della stagione estiva. Beni Mellal è il capoluogo di Beni Mellal-Khenifra, una regione grande come la Sicilia e la Valle d’Aosta messe insieme. A vocazione agricola e con un’intensa attività di estrazione di fosfati, è storicamente sempre stata considerata un’area di emigrazione di cittadini marocchini verso il Nord Italia, specie in Piemonte e Lombardia. Negli ultimi 15 anni però l’area è soggetta alla migrazione di ritorno e circolare. Altro fenomeno che la caratterizza è quello del transito dei migranti provenienti dai Paesi dell’Africa subsahariana che tentano di raggiungere l’Europa. Tuttavia, a causa della pandemia da Covid-19 e del rafforzamento dei controlli alle frontiere di Ceuta e Melilla, per alcuni, soprattutto ivoriani e ciadiani, il transito si è tramutato in uno stanziamento. Si tratta perlopiù di migranti in situazione “irregolare” che vivono in strada o in edifici in costruzione, mendicando agli incroci. L’intersezione tra boulevard Hassan II e boulevard Mohamed VI è stata ribattezzata dagli operatori delle Ong “la rotonda dei migranti”.

    La richiesta d’asilo è valutata prima dall’Unhcr e poi, in caso di esito positivo, da un ufficio del governo marocchino. Nel 2020 sono state riconosciute 847 “carte del rifugiato”

    In Marocco non esiste una legge che regoli il diritto alla protezione internazionale, nonostante dal dicembre 2014 sia in vigore la Strategia nazionale di immigrazione e asilo che ha come obiettivo quello di facilitare l’accesso ai servizi, all’educazione, alla salute e all’alloggio per gli stranieri presenti sul territorio nazionale. Non essendoci un sistema di asilo consolidato nel Regno, è l’Alto commissariato delle Nazioni Unite per i rifugiati (Unhcr) che affianca il governo marocchino prendendo in carico ed esaminando le richieste di protezione internazionale. In caso di esito positivo rilascia un documento che attesta lo status di rifugiato, ma che non regolarizza la posizione sul territorio. Con tale documento è possibile rivolgersi al Bureau des réfugiés et des apatrides (Bra), istituzione dipendente dal governo marocchino, che riesamina la documentazione e in seconda battuta può confermare o rigettare lo status. Nel primo caso, il beneficiario ottiene una “carta del rifugiato” con la quale successivamente è possibile richiedere un titolo di soggiorno e quindi regolarizzare la propria presenza. Nel rapporto di bilancio del 2020 sulla politica di immigrazione e asilo si parla di 847 persone con lo stato di rifugiato riconosciute dal Bra. Le statistiche aggiornate al 31 luglio scorso raccontano di una popolazione di 18.985 persone prese in carico da Unhcr di cui 9.277 richiedenti asilo e 9.708 con un primo esito positivo.

    Dal 25 al 30 giugno 2022, sono stati oltre 40 gli accompagnamenti delle Ong locali al pronto soccorso di Beni Mellal per fratture e ferite al cranio, agli arti e alla schiena

    A fine giugno le Organizzazioni non governative internazionali e le associazioni di Beni Mellal che si occupano di sviluppo, improvvisamente si sono trovate a gestire centinaia di persone, molte delle quali gravemente ferite, senza aver una particolare esperienza nella gestione dell’emergenza. La nazionalità più presente quella dei sudanesi, seguiti da ciadiani, etiopi, nigeriani e nigerini. Età media 23 anni. Nessuna donna. Per comunicare gli operatori internazionali si sono affidati all’intermediazione dei ciadiani che parlando sia francese sia arabo hanno fatto da traduttori per le altre nazionalità arabofone.

    A fare da capofila nella gestione dei primi soccorsi è Progettomondo, un tempo Mlal, Ong veronese attiva in Marocco e in particolare nella regione da circa 20 anni, specializzata in migrazione e sviluppo. La sede, situata nel quartiere di Hay Ghita, si è trasformata nella base operativa di coordinamento della società civile. Hanno unito le forze l’Ong italiana Cefa, partner storico di Progettomondo in Marocco specializzato in accompagnamento dei migranti, la Chiesa cattolica di Beni Mellal che si è offerta di pagare i medicinali e l’operazione per un giovane con il ginocchio in frantumi, l’associazione Cardev sempre disponibile per le attività con i migranti, la Mezzaluna Rossa che ha offerto i propri locali per fare le medicazioni e l’associazione Maroc solidarité médico sociale (MS2), attiva tra Rabat e Oujda, le cui operatrici si sono spostate eccezionalmente a Beni Mellal per mettere a disposizione risorse e competenze nell’accompagnamento medico. Costante la partecipazione degli operatori di Unhcr, attore non presente nella regione ma che proprio il giorno degli episodi di Melilla stava tenendo una formazione alle associazioni locali sul diritto all’asilo. “Nonostante l’area non sia specializzata nell’ emergenza, i vari attori avevano già in atto delle attività di assistenza” spiega Rachid Hsine, senior protection associate a Unhcr.

    “Soprattutto per i sudanesi, che non hanno una rete in Marocco, non c’è interesse a restare. Dati i maggiori controlli a Nord, molti si muovono verso le Isole Canarie” – Hsine

    La comunicazione, secondo Fabrizia Gandolfi, rappresentante Paese di Progettomondo in Marocco è stata la chiave di volta: “Le relazioni e la fiducia delle autorità locali e di sicurezza ci hanno permesso di portare gli aiuti. Per settimane, sono state condotte una decina di distribuzioni di viveri a beneficio di centinaia di persone con il benestare della Prefettura che collabora con Progettomondo da anni. I contatti continui con la Delegazione regionale della salute hanno facilitato l’accesso ai poliambulatori, laddove insorgesse reticenza nell’accogliere migranti irregolari. Anche le precedenti formazioni erogate al personale sanitario sull’accoglienza dei migranti nel corso dei nostri progetti hanno facilitato la ricezione”.

    Solo dal 25 al 30 giugno di quest’anno, sono stati oltre 40 gli accompagnamenti delle Ong locali al pronto soccorso di Beni Mellal per fratture e ferite al cranio, agli arti e alla schiena. Aimée Lokake, agente di terreno dell’Ong Cefa applaude lo staff medico locale: “I primi soccorsi sono stati garantiti a decine di migranti alla volta, nonostante l’arrivo inaspettato e la diffidenza nell’accogliere persone protagoniste di atti di violenza, come riportato dei media locali”. Emblematico della collaborazione tra i diversi attori il caso di Ahmed, sudanese di 22 anni arrivato a Beni Mellal con un piede in cancrena a causa delle medicazioni frettolose e sommarie ricevute all’ospedale di Nador subito dopo gli scontri. La prima diagnosi all’ospedale di Beni Mellal aveva dato un esito nefasto: amputazione. Tuttavia, società civile e istituzioni si sono mobilitate per dare una speranza al giovane. La Delegazione regionale della salute ha fatto da intermediario con medici e assistenti sociali, Progettomondo e Cefa hanno vegliato il ragazzo in ospedale, Unhcr, MS2 e l’Association de planification familiale di Rabat hanno tenuto i contatti con l’ospedale della capitale per verificare la possibilità di trasferimento, infine Progettomondo ha assicurato la presenza di un’ambulanza privata per il trasporto e Cefa si è fatta carico delle cure. A Rabat la diagnosi è stata più clemente, il piede è stato salvato e il giovane è stato inserito nei registri di Unhcr per richiedere la protezione internazionale.

    Sono 360 i milioni di euro versati dall’Ue al Marocco negli ultimi otto anni per la gestione del fenomeno migratorio. Di questi, il 75% (270 milioni) sono stati stanziati per “proteggere” le frontiere europee. Nell’agosto 2022 è trapelata la notizia di un ulteriore finanziamento di 500 milioni di euro che lascia presagire che episodi simili a quelli di Melilla potrebbero ripetersi

    Uno dei problemi emersi è stato quello della presa in carico: “Purtroppo sono le Ong e le associazioni che devono pagare i costi delle cure accessorie. Una volta ricevute quelle di base, i migranti finiscono in strada con conseguenti problemi di igiene. Le organizzazioni si sono trovate a mobilitare fondi straordinari per trovare alloggi consoni” racconta Hsine. Secondo i dati rilasciati da Progettomondo, alla fine di agosto il numero di migranti è sceso a 100. Alcuni hanno preso la volta di Melilla, altri si sono spostati a Casablanca e a Rabat, alcuni sono riusciti ad arrivare in Spagna prendendo il mare da Sud-Ovest. “Soprattutto per i sudanesi, che non hanno una presenza comunitaria in Marocco, non vi è alcun interesse a restare. Dato il rafforzamento dei controlli alle frontiere a Nord del Paese, molti tentano di arrivare alle Isole Canarie attraverso Laayoune (città a circa 30 chilometri dalla costa, ndr)” evidenzia Hsine. Ad agosto la notizia trapelata da fonti comunitarie di un prossimo finanziamento di 500 milioni di euro da parte dell’Unione europea al Marocco per la gestione delle migrazioni lascia presagire che episodi simili a quelli di Melilla potrebbero ripetersi, dato che negli ultimi otto anni 270 su 360 milioni di euro ricevuti sono stati allocati alla protezione delle frontiere.

    “La situazione dei migranti bloccati in Marocco non può essere considerata un’emergenza ma una crisi strutturale alimentata dalle politiche europee” – Gandolfi

    Uno dei nodi è l’utilizzo di questi fondi, considerando che le organizzazioni internazionali stimano che tra le 60 e le 80mila persone all’anno transitino irregolarmente sul territorio marocchino e solo nel 2020 sono stati 40mila i tentativi di ingressi e di uscita bloccati dalle autorità: “Le alternative sono diverse: approccio securitario, adattamento dei programmi alle popolazioni in movimento, intervento umanitario, integrazione oppure intervento nei Paesi di origine”, spiega Hsine. Secondo Gandolfi, la ricetta per far fronte a nuovi flussi massicci è andare oltre la risposta emergenziale: “Dal momento che la situazione delle persone migranti presenti irregolarmente e bloccate in Marocco non può essere considerata un’emergenza ma una crisi strutturale alimentata dalle politiche europee, è necessario creare dei tavoli di coordinamento permanenti tra società civile e collettività territoriali dove elaborare risposte condivise e responsabilizzare le istituzioni sul loro ruolo di governance”. Nel frattempo gli autobus continuano a partire dal Nord verso il Sud del Paese carichi di giovani che prima o poi ritenteranno di passare il confine, sperando di essere tra i fortunati a valicare il muro di quella che ormai sembra sempre di più somigliare a una fortezza.

    https://altreconomia.it/da-melilla-a-beni-mellal-dove-sono-finiti-i-respinti-tra-spagna-e-maroc

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    #toponymie_politique:

    L’intersezione tra boulevard Hassan II e boulevard Mohamed VI è stata ribattezzata dagli operatori delle Ong “la rotonda dei migranti”.

    #toponymie_migrante

    #Maroc #expulsions #renvois #déportation #migrerrance #Atlas_marocain #montagne #migrations #asile #réfugiés #Bureau des_réfugiés_et_des_apatrides (#Bra) #Progettomondo #Cefa #Mlal #Cardev #société_civile #HCR

  • Turkey : Hundreds of Refugees Deported to Syria

    EU Should Recognize Turkey Is Unsafe for Asylum Seekers

    Turkish authorities arbitrarily arrested, detained, and deported hundreds of Syrian refugee men and boys to Syria between February and July 2022, Human Rights Watch said today.

    Deported Syrians told Human Rights Watch that Turkish officials arrested them in their homes, workplaces, and on the street, detained them in poor conditions, beat and abused most of them, forced them to sign voluntary return forms, drove them to border crossing points with northern Syria, and forced them across at gunpoint.

    “In violation of international law Turkish authorities have rounded up hundreds of Syrian refugees, even unaccompanied children, and forced them back to northern Syria,” said Nadia Hardman, refugee and migrant rights researcher at Human Rights Watch. “Although Turkey provided temporary protection to 3.6 million Syrian refugees, it now looks like Turkey is trying to make northern Syria a refugee dumping ground.”

    Recent signs from Turkey and other governments indicate that they are considering normalizing relations with Syrian President Bashar al-Assad. In May 2022, President Recep Tayyip Erdoğan of Turkey announced that he intends to resettle one million refugees in northern Syria, in areas not controlled by the government, even though Syria remains unsafe for returning refugees. Many of those returned are from government-controlled areas, but even if they could reach them, the Syrian government is the same one that produced over six million refugees and committed grave human rights violations against its own citizens even before uprisings began.

    The deportations provide a stark counterpoint to Turkey’s record of generosity as host to more refugees than any other country in the world and almost four times as many as the whole European Union (EU), for which the EU has provided billions of Euros in funding for humanitarian support and migration management.

    Between February and August, Human Rights Watch interviewed by phone or in person inside Turkey 37 Syrian men and 2 Syrian boys who had been registered for temporary protection in Turkey. Human Rights Watch also interviewed seven relatives of Syrian refugee men and a refugee woman whom Turkish authorities deported to northern Syria during this time.

    Human Rights Watch sent letters with queries and findings to the European Commission, the European Commission’s Directorate-General for Migration and Home Affairs, and the Turkish Interior Ministry. Human Rights Watch received a response from Bernard Brunet, of the EU’s Directorate-General for Neighborhood and Enlargement Negotiations. The content of this letter is reflected in the section on removal centers.

    Turkish officials deported 37 of the people interviewed to northern Syria. All said they were deported together with dozens or even hundreds of others. All said they were forced to sign forms either at removal centers or the border with Syria. They said that officials did not allow them to read the forms and did not explain what the forms said, but all said they understood the forms to be allegedly agreeing to voluntary repatriation. Some said that officials covered the part of the form written in Arabic with their hands. Most said they saw authorities at these removal centers processing other Syrians in the same way.

    Many said that they saw Turkish officials beat other men who had initially refused to sign, so they felt they had no choice. Two men detained at a removal center in Adana said they were given the choice of signing a form and going back to Syria or being detained for a year. Both chose to leave because they could not bear the thought of a year in detention and needed to support their families.

    Ten people were not deported. Some were released and warned that if they did not move back to their city of registration they would be deported if found elsewhere. Others managed to contact lawyers through the intervention of family members to help secure their release. Several are still in removal centers waiting for a resolution to their case, unaware why they are being detained and fearing deportation. Those released described life in Turkey as dangerous, saying that they are staying at home with their curtains closed and limiting movement to avoid the Turkish authorities.

    Deportees were driven to the border from removal centers, sometimes in rides lasting up to 21 hours, handcuffed the whole way. They said they were forced to cross border checkpoints at either Öncüpınar/Bab al-Salam or Cilvegözü/Bab al-Hawa, which lead to non-government- controlled areas of Syria. At the checkpoint, a 26-year-old man from Aleppo recalled a Turkish official telling him, “We’ll shoot anyone who tries cross back.”

    In June 2022, the UN refugee agency, UNHCR, said that 15,149 Syrian refugees had voluntarily returned to Syria so far this year. The local authorities who control Bab al-Hawa and Bab al-Salam border crossings respectively publish monthly numbers of people crossing through their checkpoints from Turkey to Syria. Between February and August 2022, 11,645 people were returned through Bab al-Hawa and 8,404 through Bab al-Salam.

    Turkey is bound by treaty and customary international law to respect the principle of nonrefoulement, which prohibits the return of anyone to a place where they would face a real risk of persecution, torture or other ill-treatment, or a threat to life. Turkey must not coerce people into returning to places where they face serious harm. Turkey should protect the basic rights of all Syrians, regardless of where they are registered and should not deport refugees who are living and working in a city other than where their temporary protection ID and address are registered.

    On October 21, Dr. Savaş Ünlü, head of the Presidency for Migration Management, responded by letter to Human Rights Watch’s letter of October 3 sharing this report’s findings. Emphasizing that Turkey hosts the largest number of refugees in the world, Dr. Ünlü rejected Human Rights Watch’s findings in their totality, calling the allegations baseless. Setting out the services provided by law to people seeking protection in Turkey, he underscored that Turkey “carries out migration management in accordance with national and international law.”

    “The EU and its member states should acknowledge that Turkey does not meet its criteria for a safe third country and suspend its funding of migration detention and border controls until forced deportations cease,” Hardman said. “Declaring Turkey a ‘safe third country’ is inconsistent with the scale of deportations of Syrian refugees to northern Syria. Member states should not make this determination and should focus on relocating asylum seekers by increasing resettlement numbers.”

    Human Rights Watch focused on the deportation of Syrian refugees who had been recognized by Turkey’s temporary protection regime but whom authorities nevertheless deported or threatened with deportation to Syria in 2022. All 47 Syrian refugees whose cases were examined had been living and working in cities across Turkey, the majority in Istanbul, before they were arrested, detained, and in most cases deported. All detainees are identified with pseudonyms for their protection.

    All but two had a Turkish temporary protection ID permit when they lived in Turkey, commonly called a kimlik, which protects Syrian refugees against forced return to Syria. Several said they had both a temporary protection ID and a work permit.

    Refugees, Asylum Seekers, and Migrants in Turkey

    Turkey shelters over 3.6 million Syrians and is the world’s largest refugee-hosting country. Under a geographical limitation that Turkey has applied to its accession to the UN Refugee Convention, Syrians and others coming from countries to the south and east of Turkey’s borders are not granted full refugee status. Syrian refugees are registered under a “temporary protection” regulation, which Turkish authorities say automatically applies to all Syrians seeking asylum.

    Turkey’s Temporary Protection Regulation grants Syrian refugees access to basic services including education and health care but generally requires them to live in the province in which they are registered. Refugees must obtain permission to travel between provinces. In late 2017 and early 2018, Istanbul and nine provinces on the border with Syria suspended registration of newly arriving asylum seekers.

    In February 2022, Turkey’s Deputy Interior Minister Ismail Çataklı said applications for temporary and international protection would not be accepted in 16 provinces: Ankara, Antalya, Aydın, Bursa, Çanakkale, Düzce, Edirne, Hatay, Istanbul, Izmir, Kırklareli, Kocaeli, Muğla, Sakarya, Tekirdağ, and Yalova. He also said residency permit applications by foreigners would not be accepted in any neighborhood in which 25 percent or more of the population consisted of foreigners. He reported that registration had already been closed in 781 neighborhoods throughout Turkey because foreigners in those locations exceeded 25 percent of the population.

    In June, Interior Minister Süleyman Soylu announced that from July 1 onward, the proportion would be reduced to 20 percent and the number of neighborhoods closed to foreigners’ registration increased to 1,200, with cancellation of temporary protection status of Syrians who traveled in the country without applying for permission. Many interviewees explained that they could not find employment in their city of registration and could not survive there but could find work in Istanbul.

    Rising Xenophobia in Turkey

    Over the past two years, there has been an increase in racist and xenophobic attacks against foreigners, notably against Syrians. On August 11, 2021, groups of Turkish residents attacked workplaces and homes of Syrians in a neighborhood in Ankara a day after a Syrian youth stabbed and killed a Turkish youth in a fight.

    In the lead-up to general elections in spring 2023, opposition politicians have made speeches that fuel anti-refugee sentiment and suggest that Syrians should be returned to war-torn Syria. President Erdoğan’s coalition government has responded with pledges to resettle Syrians in Turkish-occupied areas of northern Syria.

    Arrests

    Most of those interviewed were arrested on the streets of Istanbul, and others during raids in their workplaces or homes. The arresting officials sometimes introduced themselves as Turkish police officers, and all demanded to see the refugees’ identification documents.

    Under Turkey’s temporary protection regulation, Syrian refugees are required to live in the province where they first register as refugees. Seventeen of these 47 refugees were living and working in their city of registration, while the rest were living and working in a different province.

    Five refugees said they were arrested because of complaints or spurious allegations from neighbors or employers, ranging from making too much noise to being a terrorist. All refugees said these accusations had no foundation. Four of them were acquitted, released, or deported; one man is still being investigated.

    Detention

    On arrest, Syrian refugees were either taken to local police stations for a short period or directly to a removal center, usually Tuzla Removal Center in Istanbul. Other removal centers included were in Pendik, Adana, Gaziantep, and Urfa. In all cases, Turkish officials confiscated the Syrians’ telephones, wallets, and other personal belongings.

    The authorities refused refugees’ requests to call their family members or lawyers. One man who asked to speak to a lawyer said an officer at the police station said, “‘Did you commit any crime?’ When I said ‘no,’ he said, ‘Then you don’t need to call a lawyer.’”

    All said the Turkish authorities kept them in cramped, unsanitary rooms in various removal centers. Beds were limited and interviewees said they often had to share them. Refugees said they were usually divided according to nationality and were generally held with other Syrians. Boys under 18 were detained with adult men.

    While some removal centers had better conditions than others, all interviewees described a lack of adequate food and access to washroom facilities, as well as other unsanitary conditions. In Tuzla, where the majority of interviewees passed through, Syrians described being held outside in areas described as “basketball courts” for hours on end while waiting to be assigned a space, which was usually inside a cramped metal container.

    “Ahmad” described conditions at Tuzla Removal Center, where he was detained alongside unrelated children in overcrowded metal containers:

    There were six beds in my cell and two or three people had to share each bed, and in my cell, one kid was 16 and one was 17. At first there were 15 of us [in the cell] but then they added more people. We stayed 12 days without taking a shower because they didn’t have one.

    Beatings and Ill-Treatment

    All interviewees said Turkish officials in the removal centers either assaulted them or they witnessed officials kicking or beating other Syrians with their hands or wooden or plastic batons. “Fahad,” a 22-year-old man from Aleppo, described the beatings in Tuzla Removal Center:

    I was beaten in Tuzla…. I dropped my bread by accident and I tried to pick it up from the floor. An officer kicked me and I fell down. He started to beat me with a wooden stick. I couldn’t defend myself. I witnessed beatings of other people. In the evening if people smoked they were beaten. They [the guards] were always humiliating us. One man was smoking … and five guards started to beat him very hard and they made his eye black and blue and beat his back with a stick. And everyone who tried to intervene was beaten.

    “Ahmad,” a 26-year-old man from Aleppo, said Turkish police arrested him at his workplace, a tailor shop in Istanbul, and took him to Tuzla Removal Center where he was severely beaten on multiple occasions:

    I was beaten in Tuzla three times; the last time was the harshest for me. I was arguing about the fact that I should be allowed to go out of the doors of the prison, I should have been allowed time for breaks. So they [the guards] cursed me and insulted me and my family. I said I would complain to their director. I was beaten on my face with a wooden stick, and they [the guards] broke my teeth.

    Ahmad was eventually deported to northern Syria through the Bab al-Salam border crossing and is now staying in Azaz city, currently under the control of the Turkey-backed Syrian Interim Government, an opposition group, as he cannot cross into Syrian government-controlled Aleppo city because he is wanted by the Syrian army. “I fled the war [in Syria] because I am against violence,” he said. “Now they [the Turkish authorities] sent me back here. I just want to be in a safe place.”

    “Hassan,” a 27-year-old former political prisoner and survivor of torture from Damascus, was arrested at his house when his neighbors complained about the noise coming from his apartment. He spent a few months being transferred between various removal centers. At the last one, he was told to sign a voluntary return form. When he refused to sign, Hassan said, “I was put inside a cage, like a cage for a dog. It was metal … approximately 1.5 meters by one meter. When the sun hit the cage it was so hot.”

    When he was first arrested, Hassan managed to contact his wife before his phone was confiscated. She found a lawyer who helped secure his release.

    Forced to Sign “Voluntary Return” Forms

    Many deportees said Turkish officials – either removal center guards, or officials they described as “police” or “jandarma” interchangeably – used violence or the threat of violence to force them into signing “voluntary” return forms.

    Human Rights Watch gathered testimony indicating deportees were forced to sign “voluntary return” forms at removal centers in Adana, Tuzla, Gaziantep, and Diyarbakır, and a migration office in Mersin.

    “Mustafa,” a 21-year-old man from Idlib, was arrested on the streets in the Esenyurt neighborhood of Istanbul. After several days in a removal center in Pendik, he was transferred to Adana, where he was put in a small cell with 33 other Syrian men for a night. In the morning, Mustafa said, a jandarma officer came to take detainees separately to another room:

    When my turn came, they took two of us into a room where there were four officials: a jandarma, a plain-clothed man, the [Adana Removal Center] migration director, and a translator. I saw three people sitting on the floor under the table who had been taken earlier from our cell and their faces were swollen.

    The translator asked the man who was with me to sign some papers, but when he saw one was a voluntary return form he didn’t want to sign. The jandarma and the plain-clothed guy started beating him with their hands and their batons and kicked him. After about 10 minutes they tied his hands and moved him next to the men already on the floor under the table. The translator asked me if I wanted to taste what the others had tasted before me. I said no and signed the paper.

    Mustafa was later deported from Cilvegözü/Bab al-Hawa border crossing and is now staying in al-Bab city in northern Aleppo province.

    Syria Remains Unsafe for Returns

    Most people interviewed said they originated from government-controlled areas in Syria. They said they could not cross from the opposition-controlled areas of northern Syria to their places of origin for fear Syrian security agencies would arbitrarily arrest them and otherwise violate their rights. Those deported to northern Syria told Human Rights Watch they felt “stuck” there, unable to go to home or to forge a life amid the instability of clashes in northern Syria.

    “I cannot go back to Damascus because it is too dangerous,” said “Firaz,” 31, in a telephone interview, who is from the Damascus Countryside and was deported from Turkey in July 2022 and is now living in Afrin in northern Syria. “There is fighting and clashes [in Afrin]. What do I do? Where do I go?”

    In October 2021, Human Rights Watch documented that Syrian refugees who returned to Syria between 2017 and 2021 from Lebanon and Jordan faced grave human rights abuses and persecution at the hands of the Syrian government and affiliated militias, demonstrating that Syria is not safe for returns.

    While active hostilities may have decreased in recent years, the Syrian government has continued to inflict the same abuses onto citizens that led them to flee in the first place, including arbitrary detention, mistreatment, and torture. In September, the UN Commission of Inquiry on Syria once again concluded that Syria is not safe for returns.

    In addition to the fear of arrest and persecution, 10 years of conflict have decimated Syria’s infrastructure and social services, resulting in massive humanitarian needs. Over 13 million Syrians needed humanitarian assistance as of early 2021. Millions of people in northeast and northwest Syria, many of whom are internally displaced, rely on the cross-border flow of food, medicine, and other lifesaving assistance.

    International Law

    Turkey is a party to the International Covenant on Civil and Political Rights (ICCPR) and the European Convention on Human Rights, both of which prohibit arbitrary arrest and detention and inhuman and degrading treatment. If Turkey detains a person to deport them but there is no realistic prospect of doing so, including because they would face harm in the destination country, or the person is unable to challenge their removal, the detention is arbitrary.

    Turkey’s treaty obligations under the European Convention, the ICCPR, the Convention Against Torture, and the 1951 Refugee Convention also require it to uphold the principle of nonrefoulement, which prohibits the return of anyone to a place where they would face a real risk of persecution, torture or other ill-treatment, or a threat to life.

    Turkey may not use violence or the threat of violence or detention to coerce people to return to places where they face harm. This includes Syrian asylum seekers, who are entitled to automatic protection under Turkish law, including any who have been blocked from registration for temporary protection since late 2017. It is important that it also applies to refugees who have sought employment outside the province in which they are registered. Children should never be detained for reasons solely related to their immigration status, or detained alongside unrelated adults.

    EU Funding of Turkey’s Migration Management

    The implementation of the March 2016 EU-Turkey deal, which aimed to control the number of migrants reaching the EU by sending them back to Turkey, is based on the flawed premise that Turkey would be a safe third country to which to return Syrian asylum seekers. However, Turkey has never met the EU’s safe third country criteria as defined by EU law. The recent violent deportations show that any Syrian forcibly returned from the EU to Turkey would face a risk of onward refoulement to Syria.

    In June 2021, the Greek government adopted a Joint Ministerial Decision determining that Turkey was safe third country for asylum seekers from Syria, Afghanistan, Pakistan, Bangladesh, and Somalia.

    Turkey’s removal centers have been constructed and maintained with significant funding from the European Union. Prior to 2016, under the Instrument for Pre-Accession Assistance (IPA I and IPA II), the EU provided more than €89 million for the construction, renovation, or other support of removal centers in Turkey. Some €54 million of this funding in 2007 and 2008 was for the construction of seven removal centers in six provinces with a capacity for 3,750 people. In 2014, it provided another €6.7 million for renovation and refurbishment of 17 removal centers. In 2015, the EU provided about €29 million for the construction of six new removal centers with a capacity for 2,400 people.

    Following the first €3 billion committed to Turkey as part of the EU-Turkey deal of March 2016, the EU’s Facility for Refugees in Turkey (FRiT) provided €60 million to the then-Directorate General for Migration Management to “support Turkey in the management, reception and hosting of migrants, in particular irregular migrants detected in Turkey, as well as migrants returned from EU Member States territories to Turkey.” This funding was used for the construction and refurbishment of the Çankırı removal center and for staffing 22 other removal centers.

    The EU provided another €22.3 million to the DGMM for improving services and physical conditions in removal centers, including funding for “the safe and organized transfer of irregular migrants and refugees within Turkey,” and €3.5 million for “capacity-building assistance aimed at strengthening access to rights and services.”

    On December 21, 2021, the European Commission announced a €30 million financing decision to support the Turkish Interior Ministry’s Presidency of Migration Management’s “capacity building and improving the standards and conditions for migrants in Turkey’s hosting centers … to improve the management of reception and hosting centers in line with human rights standards and gender-sensitive approaches” and to ensure “safe and dignified transfer of irregular migrants.”

    https://www.hrw.org/news/2022/10/24/turkey-hundreds-refugees-deported-syria

    #asile #migrations #réfugiés #réfugiés_syriens #Turquie #renvois #expulsions #retour_au_pays #déportation #arrestations #rétention #détention_administrative

    –—

    ajouté à la métaliste Sur le #retour_au_pays / #expulsions de #réfugiés_syriens...
    https://seenthis.net/messages/904710

    • En Turquie entre 3,7 et 5 millions de réfugiés pour 82 à 84 millions d’habitants selon les sources. La Turquie accueille des réfugiés à hauteur de 4 à 6% de sa population.

      En UE 2,9 millions de réfugiés pour une population de 447 millions d’habitants, soit 0,6% de sa population.

      L’UE donne de l’argent à la Turquie mais cet argent doit servir à l’accueil des réfugiés, pas directement au bien être des Turcs...

      Si l’UE prenait sa part de l’accueil des réfugiés (au lieu de mettre tant d’argent dans les expulsions, et dans l’Agence Frontex coupable de crimes ignobles sur les migrants), la Turquie expulserait-elle actuellement une partie de ses réfugiés syriens vers la Syrie ?

      https://ec.europa.eu/info/strategy/priorities-2019-2024/promoting-our-european-way-life/statistics-migration-europe_fr

      https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/09/03/en-turquie-l-afflux-de-refugies-crispe-l-opinion_6093220_3232.html

    • Forcibly deportation | 390 refugees deported from Turkey to Syria through Bab Al-Salama crossing in a week

      SOHR sources have reported that Turkish authorities have forcibly deported 90 Syrian refugees, all carrying the temporary protection cards ”Kimlik,” to Azaz city in “Euphrates Shield” area, which is under the control of Turkish forces and their proxy factions in the northern countryside of Aleppo. The refugees, who were deported under the pretext that “they have not completed data needed for residence documents and do not have ID documents,” crossed into Syria via Bab Al-Salam crossing on the Syria-Turkey border.

      Accordingly, the number of Syrian refugees who have been forcibly deported from Turkey to Syria through Bab Al-Salama crossing in less than a week has reached 390.

      It is worth noting that Turkish authorities continue forcible deportation of Syrian refugees from Turkey to the so-called “safe zone” in northern Syria.

      https://www.syriahr.com/en/303083

    • Tägliche Angst vor Abschiebung

      In der Türkei berichten Flüchtlinge von immer größeren Anfeindungen bis hin zu willkürlichen Festnahmen durch die türkische Polizei und Abschiebungen. Das wiederum verstärkt auch die Zahl derer, die nach Europa wollen.

      Wenn Mara in Istanbul aus dem Haus geht, dann hat die Syrerin nicht nur Bauchschmerzen, sondern seit einiger Zeit richtige Angst. Vor mehr als fünf Jahren kam sie mit ihrer Familie in die Türkei. Sie ist offiziell als Flüchtling anerkannt.

      Doch seit einiger Zeit fühlt sie sich nicht mehr sicher. „Ich habe das Gefühl, dass sie jeden Tag irgendwelche neuen Regeln und Schikanen für uns Flüchtlinge aufstellen. Aber das Schlimmste ist: Sie machen uns ganz offen Angst, indem sie uns mit Abschiebungen nach Syrien drohen.“
      Leben in der Fremde

      Mara, Ende 20, heißt eigentlich anders, hat aber große Sorge, Probleme mit den türkischen Behörden zu bekommen, wenn sie hier ihren echten Namen nennt. Sie arbeitet als Übersetzerin, studiert hat sie Physik, doch ihr syrischer Abschluss wurde nicht anerkannt. Dennoch baute sie sich in der Türkei ein Leben in der Fremde auf, fühlte sich akzeptiert - anfangs.

      Denn mittlerweile schlage ihr offener Hass entgegen, sagt sie. „Vor zwei Tagen lief ich mit einer Freundin die Straße entlang. Wir unterhielten uns auf Arabisch. Plötzlich kam eine ältere Frau auf uns zu und rief: ’Ihr Hunde, geht endlich zurück in euer Land!’“

      Hetze gegen Geflüchtete

      Dass Rassismus gegen Syrer und andere Flüchtlinge aus der Region, wie dem Iran oder Afghanistan, in der Türkei in den vergangenen Jahren kontinuierlich zugenommen hat, beobachtet auch Piril Ercoban vom Verein „Mülteci Der“, einer türkischen Flüchtlingsinitiative.

      „Im vergangenen Wahlkampf wurden Flüchtlinge zu einem Instrument der Innenpolitik“, sagt sie. „In so vielen Bereichen ist man sich in der Türkei nicht einig, aber was die negative Sicht auf Flüchtlinge angeht, herrscht Einigkeit.“

      So hetzte auch der vermeintlich sozialdemokratische Oppositionsführer Kemal Kilicdaroglu immer wieder gegen Syrer, sprach von mehr als zehn Millionen Geflüchteten im Land - Zahlen fernab der Realität.

      Großangelegte Rückführungsmaßnahmen

      Das Bündnis um Staatspräsident Recep Tayyip Erdogan, ohnehin rechts-konservativ, stieg auf den Anti-Migrations-Zug auf und kündigte großangelegte Rückführungsmaßnahmen an. Dieses Wahlversprechen scheint nun in Gang gesetzt.

      Mara erzählt, in ihrem Stadtviertel stünden an manchen Tagen an jeder Ecke Polizisten auf der Suche nach Syrern, die illegal im Land sind, oder in einer anderen Stadt in der Türkei gemeldet. „Sie behandeln uns wie Kriminelle“, klagt Mara.

      Flucht weiter nach Europa

      Der türkische Innenminister verkündete Mitte dieser Woche neue Zahlen, die die türkische Bevölkerung beruhigen sollen, Syrer wie Mara dagegen in Angst und Schrecken versetzen. In den vergangenen vier Monaten seien mehr als 105.000 Menschen verschiedenster Nationalitäten ohne gültigen Aufenthalt des Landes verwiesen worden.

      Mara hat zwar einen gültigen Aufenthalt, kennt aber viele Geschichten von Personen, bei denen das keine Rolle gespielt habe und die dennoch festgenommen worden und in Abschiebehaft genommen worden seien.

      Eine Freundin habe diesem Druck und den Anfeindungen nicht mehr standgehalten und die Türkei vor einiger Zeit verlassen. „Sie hat alles zurückgelassen und hat sich in die EU aufgemacht“, erzählt Mara. Seitdem habe sie nichts mehr von ihr gehört. Sie wisse nicht einmal, ob die Freundin noch lebe.

      Milliardenhilfen für Aufnahme

      Ein Blick auf die offiziellen Zahlen der türkischen Regierung zeigt: Die Zahl der registrierten syrischen Flüchtlinge in der Türkei nimmt seit einiger Zeit immer weiter ab. Waren es im März 2020 noch rund 3,6 Millionen, ist der letzte Stand von September 2023 bei unter 3,3 Millionen - das ist der tiefste Stand seit sieben Jahren.

      Damals zeigte das im Frühjahr 2016 geschlossene EU-Türkei-Abkommen Wirkung: Die EU versprach Milliardenhilfen, im Gegenzug verpflichtete sich die Türkei, Fluchtrouten abzuriegeln und die Bürgerkriegsflüchtlinge zu versorgen. Beide Seiten halten sich schon seit mehr als drei Jahren nicht mehr an bestimmte Vereinbarungen.

      Hass und Diskriminierung

      Piril Ercoban vom Flüchtlingsverein erklärt, die türkische Regierung verwehre syrischen Flüchtlingen seit Sommer 2022 die Anerkennung. „Zum anderen treiben sie wirtschaftliche Faktoren, aber auch der Hass ihnen gegenüber und diskriminierende Richtlinien zur Rückkehr in ihr Heimatland oder zur Flucht nach Europa, trotz aller Gefahren.“

      Auch scheint das Recht auf Asyl und Gründe wie Verfolgung im Heimatland keine Rolle mehr zu spielen. „Es gibt Berichte, wo erheblich Druck auf Migranten ausgeübt worden sein soll, Formulare zur freiwilligen Rückkehr zu unterschreiben - in sehr aggressiver Form“, sagt Ercoban.

      „Wir durften niemanden anrufen“

      Davon berichtet auch Hamid aus dem Iran, der aus politischen Gründen nicht dorthin zurück kann. Nach einer Auseinandersetzung mit seinem türkischen Vermieter hätten Polizisten vor seiner Tür gestanden und ihn festgenommen. Er glaubt, er sei denunziert worden. Erst sei er auf eine Polizeiwache gekommen, dann in ein Abschiebezentrum, erzählt er.

      Zwei Tage habe er mit Hunderten anderen Männern im Freien verbracht, auf Beton. „Wir durften niemanden anrufen, weder Familie noch Anwälte. Wir waren da zwei Tage lange eingepfercht in diesem Käfig, es hat immer wieder geregnet und die Polizisten haben uns nur ausgelacht und geflucht.“

      Am dritten Tag sei er in eine überfüllte Zelle gebracht worden. Auf dem Weg dorthin seien ihm EU-Embleme an den Wänden aufgefallen. Im Nachhinein erfährt er: Das Zentrum wurde auch mithilfe von Geldern aus dem EU-Türkei-Abkommen finanziert. Irgendwann sagen ihm Beamte, wenn er ein Formular unterschreibe, komme er sofort raus.

      Das Formular: die Einwilligung zur Abschiebung. Hamid weigert sich. Über die kommenden Tage seien die Drohungen so groß geworden, dass er mit dem Gedanken gespielt habe, zu unterschreiben. Gerade noch rechtzeitig habe ihn seine türkische Freundin ausfindig gemacht und einen Anwalt eingeschaltet. Der habe ihn freibekommen und die Deportation verhindert - vorerst. Die türkische Regierung streitet Fälle wie den von Hamid ab.
      „Türsteher für Europa“

      In der EU, wo es in der Vergangenheit auch wiederholt Berichte über Misshandlungen von Migranten durch Behörden gab, nimmt man die Fälle in der Türkei wahr, mehr nicht. Längst liegen Ideen über ein aktualisiertes Abkommen mit der Türkei auf dem Tisch.

      „Wir sahen diese Vereinbarungen schon immer als unmoralisch an“, sagt Piril Ercoban. „Damals interessierte das niemanden.“ Doch die Zeiten haben sich geändert: Inzwischen lehnen große Teile der türkischen Bevölkerung das Abkommen ab, wenn auch nicht zwangsläufig aus moralischen Gründen.

      „Wir sind die Türsteher für Europa“, schrieb vor einigen Monaten eine junge Türkin in den sozialen Medien. „Und kommen selbst nicht mal rein.“ Ein Versprechen der EU war die Visafreiheit für türkische Staatsbürger, bis heute gibt es sie aus verschiedenen Gründen nicht.
      Tägliche Angst abgeschoben zu werden

      Hamid und Mara sind die politischen Umstände nicht wichtig. Sie leben derzeit von Tag zu Tag und spielen nun beide mit dem Gedanken, die Türkei zu verlassen. Ihre Heimatländer kommen nicht in Frage, es bleibt derzeit nur Europa, sagt Mara. Dass die Anfeindung auch dort stetig zunehmen, wissen beide.

      Auch die Zustände in den Lagern auf den griechischen Inseln kennen sie. Dennoch wägen sie nun ab: Jeden Tag ins Angst leben, abgeschoben zu werden, oder doch eine aus ihrer Sicht bisher ungenutzte Chance auf Freiheit wagen?

      https://www.tagesschau.de/ausland/europa/tuerkei-syrien-migration-100.html

  • Expulsions from Algeria 🇩🇿 to Niger 🇳🇪 continue.😡 Between 16-21/10/22 366 people from various countries were forced out of trucks by law enforcement 🇩🇿 at #PointZero & walk 15km (!!!) to #Assamaka (‘unofficial convoys’) or have been deported to #Assamaka with ‘official convoys’.

    On 19/19/2022 the 121 deportees of the unofficial convoy are of the following nationalities:
    Benin: 12
    Burkina: 3
    Cameroon: 5
    Gabon: 1
    Gambie: 1
    G/Bissau: 1
    G/Conakry: 37
    RCI: 6
    Libéria:3
    Mali: 33
    Niger: 3
    Nigeria: 4
    Senegal: 5
    Sierra Leone: 2
    –-
    In addition, on 16/10/2022 an official convoy with 97 deportees of Nigerian nationality arrived. The Algerian law enforcement agencies expelled
    52 men
    9 women
    17 boys
    19 girls

    On 21/10/2022 another convoy deported 148 Nigerien citizens:
    84 men
    9 women
    25 boys
    30 girls

    #expulsions #migrations #réfugiés #frontières #désert #déportations #abandon #Sahara #désert_du_Sahara
    #Algérie #Niger

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    Ajouté à la métaliste des « #left-to-die in the Sahara desert »
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    via @rhoumour

  • Le #Niger voit l’arrivée d’une nouvelle vague de plus de 600 migrants refoulés d’#Algérie

    Le 6 septembre, déjà, 847 personnes originaires d’Afrique subsaharienne étaient arrivées à #Agadez en provenance du pays voisin.

    Plus de 600 migrants, originaires d’une dizaine de pays africains, sont arrivés dans le nord du Niger après avoir été refoulés d’Algérie, a appris l’AFP, mardi 20 septembre, auprès des autorités locales.

    Six cent soixante-neuf personnes – dont quatorze femmes et cinq mineurs – sont arrivées « à pied » le 17 septembre à #Assamaka, ville nigérienne la plus proche de la frontière, après avoir été refoulées d’Algérie, ont indiqué à l’AFP les autorités locales. Parmi elles, 286 Maliens, 166 Guinéens, 37 Burkinabés, 27 Sénégalais, 25 Béninois, 22 Ivoiriens, 21 Gambiens, 21 Soudanais, 19 Nigérians, 14 Camerounais et 14 Sierra-Léonais, mais aussi deux Nigériens et des ressortissants du Tchad, de Mauritanie, de Guinée-Bissau, du Liberia et du Togo.

    L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a « confirmé » à l’AFP « l’arrivée de la vague de migrants » d’Algérie, sans toutefois avancer de nombre. « Nous sommes disposés à leur apporter une assistance. Les migrants qui souhaitent intégrer notre programme d’aide au retour volontaire peuvent être admis au niveau de notre centre de transit d’Assamaka », a assuré l’OIM.
    Des « traitements inhumains »

    Le 6 septembre, 847 migrants, en majorité des Nigériens et parmi lesquels 40 femmes et 74 enfants non accompagnés, étaient arrivés à Agadez après avoir été refoulés d’Algérie, avait indiqué à l’AFP la municipalité de cette grande ville du nord du Niger. Début juillet, l’OIM avait annoncé avoir secouru 50 migrants ouest-africains, dont des femmes et des enfants, « bloqués » dans le nord désertique du Niger, près de la frontière avec la Libye.

    Considéré comme un eldorado et un point de transit vers l’Europe, l’Algérie a expulsé depuis 2014 des dizaines de milliers de migrants irréguliers originaires d’Afrique subsaharienne, selon les Nations unies. Certains de ces migrants tentent de survivre en Algérie, souvent en mendiant, mais un grand nombre cherche surtout à gagner l’Europe.

    En juin, l’organisation Médecins sans frontières (MSF) avait dénoncé « les traitements inhumains » infligés à des migrants ouest-africains cherchant à gagner l’Europe, dont « environ 2 000 » sont « en moyenne mensuellement » refoulés d’Algérie et de Libye vers le Niger voisin. L’Algérie, qui n’a pas de législation en matière d’asile, a souvent démenti ces accusations, dénonçant une « campagne malveillante ».

    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2022/09/21/le-niger-voit-l-arrivee-d-une-nouvelle-vague-de-plus-de-600-migrants-refoule

    #expulsions #migrations #réfugiés #frontières #désert #déportations #abandon #Sahara #désert_du_Sahara

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    • Une nouvelle vague de plus de 600 migrants refoulés d’Algérie arrive au Niger

      Plus de 600 migrants, originaires d’une dizaine de pays subsahariens, sont arrivés dans le nord du Niger après avoir été refoulés d’Algérie, ont appris à l’AFP les autorités de Niamey. L’information a été confirmée par l’Organisation internationale des migrations, qui n’a cependant pas donné de chiffres. C’est la deuxième fois ce mois-ci qu’un tel afflux de migrants africains sont refoulés d’Algérie.

      Selon les autorités nigériennes, ils sont arrivés à pied il y a trois jours, à Assamaka, la ville du Niger la plus proche de la frontière algérienne : 669 migrants d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale refoulés d’Algérie. Parmi eux, surtout des hommes, mais également 14 femmes et cinq mineurs. Pour la plupart originaires du Mali et de Guinée, mais aussi du Burkina Faso, du Sénégal, de Côte d’Ivoire, de Gambie, du Soudan... Une dizaine de nationalités d’Afrique subsaharienne.

      L’Organisation internationale des migrations (OIM) a confirmé « l’arrivée de cette vague de migrants », sans préciser leur nombre. Elle a proposé de leur apporter une assistance, en particulier d’admettre, au centre de transit d’Assamaka, les candidats au retour volontaire.

      Ce n’est pas la première fois que l’Algérie, qui n’a pas de procédure d’asile, refoule des migrants. Mais c’est le deuxième afflux de cette ampleur en moins d’un mois au Niger. En juin dernier, l’ONG humanitaire Médecins sans frontières avait dénoncé « les traitements inhumains » infligés en Algérie à des migrants ouest-africains qui cherchaient à gagner l’Europe.

      https://www.infomigrants.net/fr/post/43462/une-nouvelle-vague-de-plus-de-600-migrants-refoules-dalgerie-arrive-au

  • Un leone, le stragi, la censura e uno schifezzario

    Quanto fu infame l’Italia in Libia. Stragista 100 anni fa e poi negli anni ’20-30. Ma infame anche nel nuovo secolo l’Italia di Berlusconi-Frattini con i profughi ma – sarà bene non scordarlo – l’accordo per il respingimento fu bipartisan (pochissimi a sinistra votarono contro).

    Il 16 settembre di 81 anni fa viene ammazzato «il leone del deserto»: è una storia che i nostri governanti (di vario colore) ritengono non dovremmo conoscere, dunque io la racconto ogni volta che posso.

    Omar Al Mukhtar ha 63 anni quando, nel 1923, diventa il capo della resistenza anti-italiana in Cirenaica, come allora veniva chiamata la Libia. Una vita da insegnante del Corano e poi gli ultimi anni da eroe e genio militare. Infinitamente superiori per numero (oltre 20 mila contro 2-3mila) e per armamento (aerei e gas tossici massicciamente usati) i fascisti ci misero un decennio per piegare la resistenza libica che dalla sua aveva solo l’appoggio della popolazione e la conoscenza del territorio.
    A vincere fu il generale Rodolfo Graziani, con massacri e campi di concentramento. Fascisti certo. Ma anche il colonialismo di Giolitti fu sanguinario quando nel 1911 (su fortissime pressioni del Banco di Roma, legato a interessi vaticani) aggredì la Libia: repressione scientifica, deportazioni (migliaia tra Favignana, Ustica e Ventotene ma anche tantissimi schiavizzati nelle grandi fabbriche del Nord Italia) e massacri come quello di Sciara Sciat su cui calò la censura. «Tripoli, bel suol d’amore» si cantava: in realtà suolo di orrore. Fra il 1911 e il ’15 la popolazione della Cirenaica passa da 300mila a 120 mila. Allora la sinistra italiana si opponeva al colonialismo. Forse perché una sinistra c’era.
    Un salto avanti nel tempo. Fu dunque Graziani, un criminale di guerra al pari delle Ss, a sconfiggere Omar al Mukhtar. A esempio deportando circa 100mila libici in 13 campi di concentramento: in 40mila vi moriranno. Non erano guerriglieri ma avrebbero potuto dar cibo o rifugio ai nemici dell’Italia.

    Nell’estate del ’31 «il leone del deserto» è con soli 700 uomini, pochi viveri e quasi zero munizioni. L’11 settembre è catturato e dopo un processo-farsa impiccato il 16 settembre. Ha 70 anni e sale al patibolo sereno. «Non ci arrenderemo, la prossima generazione combatterà e poi la successiva e la successiva ancora». Da uomo religioso aggiunge: «da Dio veniamo e a Dio torniamo».
    Di tutto questo sapremmo in Italia zero se non fosse per il coraggio di Angelo Del Boca e di pochi altri storici. Come si sa, il fascismo non ebbe la sua Norimberga. Una serie di amnistie (assai discutibili e comunque applicate in modo scandaloso) poi procedimenti archiviati, documenti nascosti per anni negli “armadi della vergogna” consentirono la libertà sia agli anelli minori di quella catena criminale che fu il fascismo che ai peggiori assassini e ai capi, compresi boia confessi come Rodolfo Graziani o Valerio Borghese.

    Quasi tutti in Italia, compreso Gianfranco Fini, hanno chiesto «scusa» – chi prima e chi molto dopo – agli ebrei per le persecuzioni ma le istituzioni non hanno ricordato e pianto quelli che siamo andati a massacrare in Africa. Anzi passano gli anni e i governi le imprese africane degli italiani – fascisti e non – restano nascoste.

    Nei libri e persino nelle sale cinematografiche.

    La censura – strisciante, mai dichiarata ma netta – colpisce dagli anni ‘80 sino a oggi Il leone del deserto di Moustapha Akkad, un campione d’incasso in molti Paesi. Un filmone tipico di Hollywood, con tutti i pregi e i difetti delle grandi produzioni, con ottimi attori (Anthony Quinn, Oliver Reed, Rod Steiger, Irene Papas, John Gielgud… ) e nessun falso storico anti-italiano; anzi, notò Del Boca, facciamo miglior figura che nella realtà: nel film alcuni italiani si ribellano a Graziani il che purtroppo non accadde (avvenne invece in Etiopia e in Somalia, pochi anni dopo). Quel film non lo si vide e tuttora non si può vedere. Questioni burocratiche pare; no anzi, è “vilipendio”; rettifica “manca il visto”; anzi no “è il distributore che preferisce non farlo girare”; in ogni modo qua e là arriva la Digos a sequestrarlo; passa solo in un paio di festival minori e in qualche cineclub coraggioso.

    Il vero, solo, indubitabile motivo della censura è che Akkad mostra, in modo documentato, gli orrori italiani in Libia. Il «leone» del titolo era appunto Omar Al Muktar, tuttora notissimo nell’Africa intera (in ogni grande città si trova una via a lui intitolata).

    Per riparare a tanta viltà si potrebbe chiedere adesso al nostro ministro della Pubblica istruzione di aprire il prossimo anno scolastico con questo film. Scusate, avevo dimenticato che non abbiamo più una scuola pubblica ma solo macerie dove resistono (questo sì) un po’ di professori, professoresse, studentesse e studenti non asserviti, non rincoglioniti, non domati da manganelli (molti) e carote (poche).

    Da questa estate all’ignoranza, alla rimozione, all’auto-assoluzione si aggiunge uno schifezzario: ad Affile (nel Lazio) c’è un sacrario dedicato al boia Graziani che lì era nato. Il cosiddetto sacrario è una doppia vergogna: per l’omaggio a un criminale ma anche per lo sperpero di soldi pubblici. Vi immaginate cosa succederebbe se in Germania si facesse un monumento a Himmler o a Eichmann? Naturalmente la classe politica italiana non si è accorta – prima, durante la costruzione e dopo – dell’omaggio al massacratore (in Africa ma anche altrove). Ben pochi – Zingaretti, Vincenzo Vita, Touadi, Vendola – hanno preso posizione e/o hanno chjesdyo spiegazioni o interventi del governo che “ovviamente” si è fatto di nebbia. La s-governatrice Polverini, prima di dimettersi, ha stanziato altri 20mila euro per il completamento e la video-sorveglianza dello schifezzario che lei chiama sacrario. Se in Italia quasi tutto tace “in alto” (“in basso no: manifestazioni di protesta ci sono state e, se vi interessa saperne di più, ne racconto sul mio blog) fuori dallo stagno italiano il monumento a Graziani è uno scandalo internazionale.

    Ovviamente il passato si lega sempre al presente e al futuro. Oggi nel Lazio i gruppi neofascisti vengono aiutati dalle istituzioni: Casa Pound ha avuto in regalo (di nuovo denaro pubblico) un bel palazzo dal sindaco Eia-Eia-Ale-danno. E voi credete che sui molti misfatti di Forza Nuova o sui senegalesi uccisi il 13 dicembre 2011 a Firenze si sia davvero indagato? E che qualche istituzione si sia davvero preoccupata dei feriti, uno dei quali rimarrà del tutto paralizzato? E’ pur vero che alcuni magistrati e poliziotti con coraggio indagano sul neo-nazifascismo e sui suoi complici. Ma che peso volete abbiano nei palazzi dell’Italia che non ha trovato i colpevoli di piazza Fontana e delle altre stragi, che censura un serio film anticolonialista e che non manda subito le ruspe ad Affile?

    NOTA CON QUASI SPOT

    Se già sapete cos’è il mensile «Pollicino gnus» (quel «gnus» sarebbe «news» all’emiliana) e conoscete la sovversiva Mag-6 (Mutua auto gestione) di Reggio Emilia mi congratulo. Se no… informatevi. Questo qui sopra è l’editoriale del numero di gennaio 2013 dedicato alla Libia. Visto che sono il direttore ir/responsabile della rivista mi hanno chiesto di introdurlo: ho ripreso discorsi perlopiù già fatti in blog, cercando di attualizzarli. Se andate su www.pollicinognus.ittrovate l’indice di questo numero e indicazioni utili (sugli arretrati, su come abbonarsi, sull’info-shop). Di abbonarvi e di capire come funziona la Mag – una piccola, lunga, vincente storia di un modo diverso per rapportarsi al denaro – lo consiglio davvero. (db)

    https://www.labottegadelbarbieri.org/un-leone-le-stragi-la-censura-e-uno-schifezzario
    #mémoire #fascisme #histoire #Italie #Rodolfo_Graziani #Graziani #colonisation #passé_colonial #Italie_coloniale #colonisation #leone_de_deserto #Omar_Al_Mukhtar #Omar_al-Mokhtar #résistance #Libye #Cyrénaïque #résistance_libyenne #camps_de_concentration #massacres #Giolitti #censure #Sciara_Sciat #déportations #amnistie #Valerio_Borghese #Affile #leone_del_deserto #cinéma

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    https://seenthis.net/messages/871953

    ping @olivier_aubert

  • Erdogan opponents allege Greek border pushbacks

    For years #Greece has been accused of illegally pushing asylum-seekers back to #Turkey, a practice it strenuously denies.
    But according to witnesses and rights groups, the summary #deportations are also hitting vulnerable opponents of Turkish President Recep Tayyip #Erdogan.
    Kurdish writer Meral Simsek, 42, is one of several people who told AFP they were sent back to Turkey to face imprisonment and possible torture after already making a perilous crossing of the border on the River #Evros.

    Athens has always denied that its security forces engage in illegal #pushbacks.

    In March, Greece’s national transparency authority said a four-month investigation found no evidence of such practices.

    EU border agency Frontex has also repeatedly been accused by rights groups of illegally returning migrants across EU borders.

    Its chief Fabrice Leggeri quit last month amid an investigation by the European anti-fraud office OLAF, reportedly into alleged mismanagement.

    Alkistis Agrafioti, a lawyer with the Greek Council for Refugees, said the time has come for the EU to mount a “serious” inquiry into pushbacks.

    “Pushbacks not only run contrary to international law, but they are also accompanied by criminal acts — stealing, violence, abuse” and lives being put in danger, she added.

    Marina Rafenberg / AFP

    https://www.rfi.fr/en/erdogan-opponents-allege-greek-border-pushbacks

  • Pourquoi moins de Juifs de France ont été déportés que ceux des autres pays d’Europe Time of Israel
    https://fr.timesofisrael.com/pourquoi-moins-de-juifs-de-france-ont-ete-deportes-que-ceux-des-au

    Le livre de Jacques Semelin, qu’il présente comme "la meilleure riposte aux falsifications de l’histoire", va à l’encontre des opinions défendues à ce sujet par éric zemmour


    L’historien et politologue Jacques Semelin sur le plateau du 13H de France 2, le 10 mai 2016. (Crédit : Culturebox / Capture d’écran)

    « Pourquoi les trois quarts des Juifs en France n’ont pas été déportés » : telle est la question – et le sous-titre – du nouveau livre de l’historien Jacques Semelin, directeur de recherche émérite au CNRS, écrit avec le journaliste Laurent Larcher du journal La Croix.

    Dans Une énigme française, publié chez Albin Michel le mois dernier, le chercheur s’interroge sur les raisons pour lesquelles environ 75 % des Juifs de France pendant la Seconde Guerre mondiale ont pu éviter la déportation (environ 74 150 d’entre eux furent déportés, sur un total de près de 320 000 personnes), sur la raison pour laquelle « la France est le pays où les Juifs ont proportionnellement subi le moins de pertes » parmi les pays de « l’Europe occupée par l’Allemagne hitlérienne », pour reprendre des mots de Serge Klarsfeld.

    Son livre, dans lequel « il s’agit juste de rétablir les faits » et qu’il présente comme « la meilleure riposte aux falsifications de l’histoire », va à l’encontre des opinions défendues à ce sujet par Eric Zemmour. Un chapitre entier est d’ailleurs consacré à celui-ci (récemment, l’historien Laurent Joly a lui aussi écrit un ouvrage, La Falsification de l’histoire, en réponse aux thèses défendues par le polémiste au sujet de la Seconde Guerre mondiale).

    Alors que le candidat à la présidentielle estime que ce relatif sauvetage est dû à la politique de Vichy (avec un pourcentage de déportés bien inférieur à ceux aux Pays-Bas, en Pologne ou en Belgique), l’historien répond que cela n’a rien à voir avec un quelconque effort de Vichy, qui a au contraire vivement discriminé et participé à la déportation des Juifs.

    https://www.youtube.com/watch?v=elNZF0rlsgs

    Jacques Semelin liste ainsi parmi ces raisons leurs stratégies de survie ; les priorités stratégiques du IIIe Reich ; les réseaux d’entraide ou d’évasion ; ou encore l’aide de la population à les cacher ou ne pas les dénoncer, ainsi que les protestations publiques de quelques responsables catholiques.

    « Deux tiers des Juifs de France sont partis en zone libre et se sont dispersés un peu partout », a expliqué Jacques Semelin à France 24. « Il faut aussi noter que ceux qui parlaient français et qui avaient plus d’argent s’en sortaient mieux. »

    Aux arguments d’Eric Zemmour, l’historien a répondu auprès de France 24 : « C’est n’importe quoi. On ne le trouve aucunement dans les archives. Éric Zemmour joue sur l’ignorance des gens. »

    Écrivant à la première personne, l’homme revient sur la genèse de ses recherches, et explique pourquoi il passé 10 ans à travailler sur le sujet. Il revient aussi sur les rencontres effectuées dans ce cadre : avec des survivants, avec le politologue Stanley Hoffmann ou encore avec l’ancienne déportée et ministre Simone Veil, qui l’a questionné en 2008 : « Comment se fait-il que tant de Juifs ont pu survivre en France malgré le gouvernement de Vichy et les nazis ? », question à la base de ses recherches.

    https://www.youtube.com/watch?v=f6vN3bYiTsE

    Il revient également sur le discours du Vel d’hiv de l’ancien président Jacques Chirac. Selon lui, le chef d’État est allé trop loin alors qu’il reconnaissait la responsabilité et la culpabilité de la France dans la Shoah tout en occultant le fait que de nombreux Français avaient aidé ou sauvé des Juifs, notamment lors de la Rafle du Vel d’hiv.

    « Au moment de celle du Vel d’hiv en juillet, il s’est passé quelque chose auquel personne ne s’attendait. Les nazis et Vichy comptaient arrêter 27 000 Juifs, surtout étrangers, mais en fin de compte, ils n’en ont attrapé ‘que’ 13 000, même si cela fait 13 000 de trop », et cela grâce à des citoyens qui ont pu alerter les Juifs visés, dit l’historien.

    Jacques Semelin, spécialiste des génocides et des violences extrêmes, des formes de résistances civiles et de sauvetage, et de la survie des Juifs en France durant la Seconde Guerre mondiale, avait déjà publié plusieurs ouvrages sur ce dernier sujet, dont Persécutions et entraides dans la France occupée. Comment 75 % des Juifs en France ont échappé à la mort en 2013, et La survie des Juifs en France (1940-1944) en 2018. Son nouvel ouvrage vise à faire la synthèse de ces travaux déjà publiés.

    #Shoah #Histoire #juifs #Juifs_de_France #déportation #Historiographie #éric_zemmour #falsifications #déportations #Seconde_Guerre_mondiale #vichy #entraide #culpabilité

  • Libya ’abandoning migrants without water’ in deserts

    Libya is forcing people across its land borders into ’no man’s land’ remote stretches of deserts without water, according to a UN rights expert.

    “They appear linked to efforts to strengthen Libya’s external border enforcement so as to prevent migrants from eventually arriving to Europe,” said Benjamin Lewis from the Office of the UN High Commissioner for Human Rights on Thursday (27 January).

    Speaking to MEPs in the sub-committee on human rights, Lewis said the expulsions are being carried out by the Libyan department for combating illegal migration, also known as the DCIM.

    It also runs a slew of detention centres rife with abuse amid documented reports of rape, killings and enforced disappearances.

    “According to one Libyan official, DCIM is now and I quote, ’deporting more people faster than ever before,’” said Lewis.

    The official DCIM figures indicate 7,500 have been expelled from Libya’s external land borders in 2019 and 2020, many from the city of al-Kufra in southeastern Libya and into Chad and Sudan.

    But Lewis says the true numbers are much higher, noting many include children and women entitled to protection under international law.

    Some have simply been left abandoned, while others have been abducted and re-trafficked into Libya as victims of sexual violence, he said.

    “We also took note of an increased presence of border brigades or, quote ’desert patrol units.’ These are operating along Libya’s land borders, particularly in the west of the country, near Algeria and Tunisia,” he said.

    Lewis said questions abound to what extent the EU delivery of vehicles, equipment and other tech to the DCIM and interior ministry may have been used to expel the people.

    Two years ago, the commission delivered 30 off-road vehicles to Libya’s ministry of interior to help with border management.

    Armed militia units are known to operate within the ministry as well as in the ministry of defence. The commission had also in the past met with Libyan Coast Guard commanders in Brussels to discuss needs.

    It has delivered buses, ambulances and boats to the guard , which last year intercepted and returned some 32,000 people at sea.

    Some of those are being aggressively intercepted in Malta’s search and rescue zone, as witnessed by EUobserver last summer.

    The past month alone has seen an additional 6,000 interceptions, according to the International Organization for Migration.

    Around 12,000 migrants are currently imprisoned in 27 Libyan detention centres, posing questions on the fate of the thousands of others.

    Suki Nagra, a director at the UN mission in Libya, said many languish in secret or illegal detention facilities operated by armed groups.

    “Overall, there’s been little to no accountability for these crimes,” she said, also speaking to the MEPs.

    For its part, the European Union defended its role in Libya.

    “We want to change the whole system to seek alternatives for detention,” said Jose Antonio Sabadell, the EU’s ambassador designated to Libya.

    He noted that for the first time ever a camp for women and children in Libya will be guarded by female staff, “which will at least avoid some of the abuses.”

    He also pointed out that more than 65,000 people have been either taken back voluntarily to their countries of origin or to a safe place from Libya over the past five years.

    “I think it’s a very significant number,” he told MEPs.

    https://euobserver.com/migration/154222
    #Libye #asile #migrations #réfugiés #abandon #expulsions #renvois #déportation
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    ajouté à la métaliste sur les « #left-to-die in the Sahara desert »
    https://seenthis.net/messages/796051

  • Serge Klarsfeld : « À l’entendre, il faudrait se débarrasser des musulmans. Mais les nazis disaient pareil des juifs, sans préciser comment. Et nous avons eu les chambres à gaz... Comment Zemmour compte-t-il se débarrasser des musulmans ? »
    https://www.humanite.fr/politique/serge-klarsfeld/serge-klarsfeld-eric-zemmour-promeut-des-theses-bestiales-comme-les-nazis


    #Zemmour

    Merci Serge Klarsfeld !

  • Le souffle de Martha

    #Martha_Desrumaux est une enfant du Nord à la destinée romanesque. « Petite bonne », puis ouvrière à neuf ans, elle deviendra, à force de révolte et d’engagement, une pionnière dans les combats pour les droits sociaux dans l’entre-deux guerres. Personnage féminin emblématique du Front Populaire, Jean Renoir la met en scène dans le film La vie est à nous en 1936. Instigatrice de la lutte des mineurs contre l’occupant nazi, elle est déportée en 1942 et participe à la résistance au sein même du camp de Ravensbrück. Dès 1945, elle est désignée pour être l’une des premières femmes députées de l’Histoire de France, avant de tomber dans un relatif oubli.

    https://lcp.fr/programmes/le-souffle-de-martha-55887
    #film #film_documentaire #documentaire

    #syndicalisme #femmes_ouvrières #classe_ouvrière #lutte_des_classes #CGTU #CGT #politique #industrie_textile #France #féminisme #communisme #parti_communiste #femmes_syndicalistes_et_progressistes #meneuse_communiste #engagement_public #vierge_rouge #Louis_Manguine #marche_des_chômeurs #militantisme #guerre_civile_espagnole #brigades_internationales #Résistance #sabotage #grève #Ravensbrück #camp_de_concentration #déportation #droits_des_femmes

    Une citation :

    « Je suis Martha Desrumaux et les nazis ne m’ont pas eue »

  • Libérés de prison sur le papier, déportés le lendemain : l’histoire cachée [des juifs de 1939 à 1945]
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/12/01/liberes-de-prison-sur-le-papier-deportes-le-lendemain-l-histoire-cachee-des-


    Ernest Fruchter, FONDS DES RENSEIGNEMENTS GENERAUX AUX ARCHIVES DE LA PREFECTURE DE POLICE

    « Il ne faut pas s’arrêter aux documents judiciaires qui parlent de “libération” », explique Johanna Lehr. Cette chercheuse de 42 ans vient de passer trois ans à retracer le parcours des juifs emprisonnés à la Santé, à Fresnes, aux Tourelles, à la Petite Roquette et dans quelques autres centres de détention parisiens durant la seconde guerre mondiale. Elle a plongé dans la petite fraction des archives qui n’a pas été détruite dans les années 1950-1960, dépouillé les registres d’écrou et des documents policiers et judiciaires auxquels personne n’avait touché depuis la guerre. « Aux Archives de Paris, j’étais la première à les demander, raconte-t-elle. Les magasiniers, un peu surpris, ont coupé au cutter la vieille cordelette jaunie qui fermait les dossiers d’appel. J’ai ouvert prudemment les chemises en carton imprégnées de poussière, ouvert à mon tour quelques scellés, et j’ai tout lu. »

    Rouage discret et méconnu

    De ce voyage exceptionnel quatre-vingts ans en arrière, Johanna Lehr ressort avec une conviction : les registres officiels donnent une image erronée du rôle de l’administration, de la police et de la justice françaises dans la persécution des juifs. Le cas d’Ernest Fruchter n’est pas isolé. Environ 4 000 juifs emprisonnés comme lui à Paris ont été libérés de façon fictive, pour mieux être placés dans des camps d’internement, selon l’évaluation avancée par Johanna Lehr dans l’article des Annales qu’elle vient de consacrer au sort des contrevenants au statut des juifs. Nombre d’entre eux ont ensuite été déportés, à l’image de Fruchter, Abraham Sukermann ou encore Pinkus Mangel. « Pour eux, mettre un pied en prison, pour quelque raison que ce soit, même minime, revenait à être pris dans un engrenage effroyable, résume-t-elle. C’était le début de la mise à mort. »

    Au cœur de cet engrenage de la persécution, un rouage discret et méconnu : la « consignation provisoire ». L’expression feutrée cache une réalité brutale. Cette mesure administrative avait été créée en novembre 1939 dans le cadre de la répression contre les communistes, avant de s’étendre aux mendiants et aux étrangers, puis à bien d’autres. Elle permettait d’enfermer avant leur jugement des hommes et des femmes, juifs ou non, arrêtés pour diverses infractions et jugés dangereux. Ils étaient transférés au dépôt, qui servait de centre de « tri » et faisait office de prison, et y attendaient leur libération, leur incarcération décidée par un juge français, ou leur internement en camp prononcé par les autorités françaises ou allemandes. Au total, quelque 40 000 personnes ont ainsi été « consignées » provisoirement durant l’Occupation. Elles étaient juives pour près d’un tiers, d’après Johanna Lehr.

    De façon plus inattendue, la mesure a aussi touché des détenus sortant de prison, à l’instar d’Ernest Fruchter. Loin d’être libérés comme ils auraient dû l’être, ceux-ci étaient immédiatement dirigés vers le dépôt, et, de là, vers des camps d’internement, celui de Drancy essentiellement. La déportation constituait l’étape suivante. Johanna Lehr estime qu’environ 45 % des détenus ainsi consignés à la suite de poursuites pour infraction à la loi sur le statut des juifs ont été déportés. Et les autres ? « Certains payaient les policiers corrompus pour ne pas être envoyés à Drancy, d’autres ont pu rester au camp jusqu’à sa libération, et une poignée a pu s’évader », explique-t-elle.

    Cette procédure a laissé peu de traces. Dans le registre de la prison des Tourelles, une simple mention à la plume « C. Etranger » en face du nom d’Ernest Fruchter, à la colonne « motif de sortie », signifie qu’il est « consigné » comme étranger, et ne quitte donc pas la prison libre. Dans le livre d’écrou de la Santé, le même ordre se lit de façon sibylline dans le mot « Préfecture » inscrit à côté de la date de libération du détenu. Il s’agit pourtant d’un mécanisme tout à fait hors norme. Une peine après la peine. Une seconde sanction, administrative, à l’impact souvent plus dramatique que la première, ordonnée par les juges.

    Accélérateur de déportation

    Les motifs de l’emprisonnement initial se révèlent parfois minces, et les condamnations limitées. Adolf Rosen se retrouve ainsi à la Santé pour revente prohibée d’œufs à 5,50 francs l’unité. Chaim Samborski pour avoir, avec sa femme, proposé du chocolat « à un prix supérieur au prix autorisé » dans le train Compiègne-Paris. Abraham Lobel pour écouler du tissu sur le marché de Saint-Fargeau-Ponthierry, en Seine-et-Marne. « Ces maigres transactions sont automatiquement assimilées par les juges à de la vente ou du courtage, interdits en tant que tels aux juifs, et entraînent la condamnation de leurs auteurs », précise Johanna Lehr.

    De même, c’est pour avoir « soustrait frauduleusement deux rouleaux de cuir » que quatre immigrés de Belleville, dont un cordonnier, un ouvrier coupeur de chaussures et un maroquinier, sont placés en détention provisoire à la Santé, le 12 juillet 1942. Compte tenu du casier judiciaire vierge de chacun et des « renseignements favorables » pris sur leur compte, le tribunal correctionnel de la Seine ne les condamne finalement qu’à six mois de prison avec sursis. Aucune peine ferme n’ayant été prononcée, ils doivent être libérés « sur-le-champ », conclut le jugement, le 17 octobre. Une liberté purement virtuelle. « Consignés provisoires », ils sont, dès la levée d’écrou, conduits au dépôt, puis au camp de Drancy et déportés par le convoi 42, qui part le 6 novembre. Destination : Auschwitz. Aucun n’en reviendra. Pas plus qu’Adolf Rosen, Chaim Samborski ou Abraham Lobel.

    En réalité, les revendeurs d’œufs, de chocolat et de tissu, les voleurs de rouleaux de cuir et les autres ne sont pas « consignés » pour ce qu’ils ont fait, mais pour ce qu’ils sont : des juifs. Du moins ce qu’ils sont censés être, puisque, à leur arrivée en prison, plusieurs d’entre eux s’affirment catholiques, sans religion ou encore protestants, comme le montre la ligne « religion déclarée » dans les registres d’écrou de la Santé. Une façon pour certains de justifier pourquoi ils ne se sont pas fait recenser comme juifs, alors que la loi les y oblige depuis le 2 juin 1941. « Ma mère m’a induit en erreur en me laissant croire qu’elle était orthodoxe, en me cachant qu’elle avait été mariée à la synagogue et que sa propre mère était juive, ainsi que les père et mère de son mari, mon père. Si elle ne m’avait pas trompé, j’aurais fait ma déclaration d’israélite », tente, par exemple, Isaac Chemoul, un démonstrateur de cravates qui fait partie des « consignés ».

    La consignation postcarcérale apparaît ainsi comme un outil à la fois discret et puissant de la répression antisémite menée par la police et la justice françaises sous la pression de l’occupant. Un accélérateur de la déportation, nombre de « consignés », notamment français, ayant été mis dans les tout premiers convois vers Auschwitz.

    « Nouvelles lumières »

    « Ce travail marque une avancée, relève Serge Klarsfeld, président de l’association Fils et filles de déportés juifs de France et inlassable défenseur de la mémoire. On connaît mal le système des arrestations individuelles, notamment parce que les rapports de police et les dossiers judiciaires de première instance ont, hélas, été détruits après-guerre. En plongeant dans les prisons, en s’intéressant à cette consignation provisoire, qui n’avait pas été étudiée jusqu’alors, Johanna Lehr apporte de nouvelles lumières sur le sort des juifs de France. »

    Qui en est responsable ? Qui a décidé quoi ? Difficile de trancher, en l’absence de justifications officielles. La chercheuse suggère néanmoins un scénario : celui d’une procédure utilisée par les autorités françaises pour satisfaire les Allemands tout en conservant l’illusion de la souveraineté nationale.

    Au fil de la guerre, la pression hitlérienne est de plus en plus marquée, nourrie par la volonté d’éradiquer les juifs d’Europe. Les autorités allemandes jugent trop peu sévères les peines prononcées en première instance pour « infraction au statut des juifs ». Elles réclament une répression toujours plus forte, davantage d’hommes et de femmes à déporter. Soumis à ces demandes, le commissaire aux questions juives, Xavier Vallat, promet d’abord que le parquet fera systématiquement appel des peines considérées comme trop clémentes, ou, lorsque le délai d’appel est passé, que les prévenus feront l’objet d’un internement administratif. « Mon travail à partir des archives laisse penser qu’il n’a probablement pas mis en œuvre ce qu’il a promis aux Allemands, avance Johanna Lehr. Se heurtant à l’indépendance des juges, il a sans doute choisi de ne pas s’engager dans le suivi fastidieux des condamnations, mais d’appliquer plus simplement à tous les détenus poursuivis pour infraction au statut des juifs une mesure homogène : l’internement administratif via la “consignation provisoire”. »

    « Tout cela s’inscrit dans une stratégie générale, ajoute l’historien Laurent Joly, directeur de recherche au CNRS et auteur de L’Etat contre les juifs (Flammarion, 2020). A Paris, les Allemands ont renoncé à mener de grandes rafles visant les juifs français. Ils ont donc ciblé les apatrides, les étrangers, et misé sur des arrestations individuelles pour ce qui concerne les Français. Il s’agissait d’être efficaces tout en restant discrets. Et pour cela, d’utiliser au maximum les services français et les procédures existantes. » Notamment la consignation provisoire. La mesure est d’abord employée de façon individuelle, en visant spécifiquement les juifs étrangers, puis elle devient un outil général, notamment à partir d’octobre 1942, lorsque les autorités allemandes exigent la remise de tous les juifs sortant de prison dans le département de la Seine.

    Carte d’identité « lavée »

    Durant l’été 1943, le camp de Drancy, où se retrouvent les « consignés », bascule sous tutelle exclusivement allemande, et l’Etat français perd tout droit de regard sur les internés juifs de Paris. Le 9 novembre 1943, le préfet de police, Amédée Bussière, renouvelle ses instructions, sous la dictée de la Gestapo : « Tous les juifs ou les juives, français ou étrangers, seront, à l’expiration de leur peine, conduits à Drancy ; il en sera de même pour les juifs remis en liberté à la suite d’un non-lieu ou en liberté provisoire au cours de l’instruction. » La machine à exterminer fonctionne alors à plein.

    Les magistrats savaient-ils qu’en « libérant », sur le papier, ces personnes emprisonnées, ils les condamnaient en réalité parfois à mort ? Les policiers avaient-ils conscience de leur contribution à la stratégie d’extermination ? Là encore, il paraît impossible de répondre de façon générale et univoque. Mais certains cas laissent peu de doute. Notamment celui de Joseph Inspektor, un juif parisien de 42 ans, arrêté en avril 1944, peu avant la fin de la guerre. Cet électricien d’origine russe, naturalisé français, est en règle avec les lois antijuives. La carte d’identité qu’il tend aux quatre inspecteurs éveille toutefois leurs soupçons. Conduit à la préfecture, Inspektor avoue : il a « lavé » sa carte, de manière à effacer la mention « juif ». Père de deux enfants, l’homme tente alors de négocier sa liberté avec les policiers. Sans succès. En affirmant faire du trafic de cartes et de tickets d’alimentation, ce qui est faux, il réussit simplement à charger suffisamment son dossier pour être envoyé en prison plutôt que dans un camp d’internement, antichambre de la déportation.

    Il se retrouve donc à la Santé, un lieu où, paradoxalement, il est plus en sécurité qu’ailleurs. Pour lui, l’objectif consiste à y rester le plus longtemps possible, jusqu’à la Libération, que chacun devine alors proche. La mutinerie survenue dans la prison le 14 juillet 1944 change la donne. Les portes et les serrures de nombreuses cellules sont brisées, et les autorités ne peuvent plus garder autant de prisonniers qu’avant. Comme d’autres, Joseph Inspektor est alors placé par le juge d’instruction Raymond Charles sur la liste des personnes à libérer, pour faire de la place. Son avocate, Me Rochette, se rend immédiatement dans le bureau du juge « pour lui représenter les graves conséquences » auxquelles cette décision expose son client, expliquera-t-elle plus tard : « consigné provisoire » en tant qu’« israélite », Inspektor doit nécessairement passer par le dépôt de la Préfecture de police et risque fort d’être envoyé à Drancy, puis dans un camp de concentration. L’avocate presse le juge de revenir sur sa décision. Il refuse, en s’appuyant sur une circulaire du parquet, qui incite les magistrats à prononcer le plus possible de mises en liberté afin de décongestionner la prison.

    C’est ainsi que, malgré les suppliques de son avocate, Joseph Inspektor est simultanément « libéré » de prison et remis aux policiers français. Au dépôt, cellule 42, il sait qu’il va être dirigé vers un camp, mais il garde espoir. « Il paraît que, dans le camp, le régime est bien plus doux qu’avant, et j’espère pouvoir écrire de temps à autre », note-t-il le 28 juillet 1944 dans une dernière lettre. « Moi, je suis très calme, sans m’énerver, complète-il. Pendant quatre ans, j’ai profité de la liberté. Maintenant, je suis enfermé et je me confie à la grâce de Dieu. Il y en a qui disent que, dans le camp, nous serons mieux qu’à la Santé. » Il ne passe que trois jours à Drancy. Le 31 juillet 1944, il fait partie de l’ultime convoi qui quitte la banlieue parisienne pour Auschwitz.

    « Aucune intervention allemande dans l’ensemble de ce processus, relève Johanna Lehr. Il aurait été tout à fait possible pour les autorités françaises de protéger ce juif français, en ne l’arrêtant pas en pleine rue, en ne l’inculpant pas pour des infractions à des lois antijuives françaises, en ne le libérant pas de prison à quelques jours de la Libération, puis en ne l’envoyant pas à Drancy. Ce ne fut jamais le choix opéré par les acteurs français. » La chercheuse marque un silence puis glisse une dernière remarque : « Lors de l’épuration, personne n’a eu à répondre de ses actes dans cette affaire. »

    Serge Klarsfeld le confirme : « La très grande majorité des juifs arrêtés en France l’a été par la police française, sur les ordres du gouvernement français. » Le reste, l’idée que Pétain aurait protégé les juifs, « c’est de l’histoire-fiction ».

  • Generalplan Ost - Planungshorizont Krim - Zielrichtung Ukraine - Vo...
    https://diasp.eu/p/12936309

    Generalplan Ost - Planungshorizont Krim - Zielrichtung Ukraine - Vordenker der Vernichtung - Prof. Dr. Götz Aly über die Planer einer neuen Europäischen Ordnung (1941 - 1943) im Gespräch mit Alexander Kluge. | 16.06.2017 - 45 Min.

    https://www.youtube.com/watch?v=0ZbeI1xzs48

    #Überbevölkerung #Volk_ohne_Raum #Rassismus #Osteuropa #Rassengesetze #Ostkrieg #Armut #Umsiedlungsprojekte #Aussiedlung #Rationalisierung #Modernisierung

  • Près de 5,000 migrants expulsés du régime frontalier algérien en un mois

    Ces derniers jours, nous avons reçu de nouveau l’information des dénonciateurs de l’Alarme Phone Sahara concernant deux autres déportations massives de l’Algérie vers le Niger : Une expulsion massive officielle et une non-officielle ont eu lieu. Le dimanche 21 mars, 601 migrant.e.s originaires de plusieurs pays d’Afrique sub-saharienne ont été déporté.e.s et abandonné.e.s dans la zone frontalière entre l’Algérie et le Niger, en plein désert, et forcés de marcher 15 à 20 kilomètres jusqu’au poste frontière d’Assamaka, comme cela arrive habituellement aux personnes déportées dans des convois non officiels.
    Deux jours plus tard, le mardi 23 mars, un autre convoi est arrivé d’Algérie avec des personnes déportées de force. Cette fois, la plupart des migrant.e.s étaient des Nigérien.ne.s, dont 917 hommes, 66 femmes et 87 mineurs, ainsi que d’autres migrant.e.s d’Afrique subsaharienne. Une fois de plus, un total de 1,211 personnes a été expulsées violemment et contre leur gré par les autorités sécuritaires algériennes.
    Tous ces événements doivent être replacés dans le contexte des derniers jours et des dernières semaines et doivent être scandalisés ! Les 5 et 11 mars, au moins 1,054 personnes ont été expulsées. De plus, 2,098 autres personnes sont arrivées au poste frontière d’Assamaka les 14 et 16 mars après avoir été déportées d’Algérie, selon les dénonciateurs d’Alarme Phone Sahara. De plus, des sources de Gao au Mali rapportent également l’arrivée de 125 migrants déportés venant de la frontière algéro-malienne et nigéro-malienne entre le 18 et le 20 mars.
    Nous voulons souligner et crier à nouveau certaines de nos demandes pour arrêter ces politiques frontalières antihumaines, racistes et meurtrières :
    o Alarme Phone Sahara demande l’arrêt immédiat des déportations et des refoulements de réfugié.e.s et de migrant.e.s de l’Algérie vers le Niger - pas de guerre aux réfugié.e.s et aux migrant.e.s !
    o Alarme Phone Sahara appelle à la fin des actes de vol et de violence des forces de sécurité algériennes contre les migrant.e.s et les réfugié.e.s !
    o Alarme Phone Sahara appelle à la fin de l’externalisation des frontières européennes sur le sol africain !

    https://www.facebook.com/1643705359272714/posts/2549686525341255

    #Algérie #expulsions #migrations #réfugiés #frontières #Niger #désert #Assamaka #déportations #abandon #Mali #Sahara #désert_du_Sahara

    –—

    Ajouté à la métaliste des « #left-to-die in the Sahara desert »
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    • Algérie - Niger : des migrants violentés et expulsés en plein milieu du désert

      Malgré la fermeture des frontières terrestres, due à la pandémie de Covid-19, le refoulement systématique des migrants depuis l’Algérie vers le Niger n’a pas cessé. Ainsi, depuis le début de l’année, près de 4 370 personnes ont été emmenées par les forces de l’ordre algériennes jusqu’au « point zéro », en plein désert, à proximité de la région nigérienne d’Agadez. Nombre de ces personnes en migration ont témoigné, auprès des équipes MSF, des violences qu’elles ont subies.

      Safi Keita, enceinte de quatre mois, résidait en Algérie où elle était vendeuse d’épices. Elle avait laissé ses deux enfants à leur grand-mère au Mali, son pays d’origine. Un jour, les forces de l’ordre ont débarqué à son domicile pour l’arrêter : « Les gendarmes algériens ont défoncé la porte. Ils ont tout emporté, argent et téléphones. Ensuite, ils m’ont conduite au poste », raconte la jeune femme.

      Le lendemain, Safi est emmenée de force dans un centre de détention, « Ils nous ont fait monter dans des camions bondés, nous étions très serrés et nous n’avions pas de masque. » Une fois arrivée au centre, on lui a demandé de sauter du camion : « Comme j’étais enceinte, cela m’a provoqué des douleurs au ventre », raconte Safi.

      Dans le centre de détention, où elle a passé quatre jours, Safi doit faire face à des conditions d’hygiène déplorables et des repas uniquement composés de pain. « J’étais enceinte, mais je n’ai bénéficié d’aucun traitement de faveur. Les gardes n’ont éprouvé aucune compassion envers moi. » Les détenus ont ensuite été transportés à la frontière entre l’Algérie et le Niger, dans le désert.

      Au milieu de nulle part

      Selon le recensement effectué par les équipes de Médecins Sans Frontières, en 2020, plus de 23 175 personnes migrantes sont arrivées dans la petite ville désertique d’Assamaka, près de la frontière entre le Niger et l’Algérie. C’est un peu moins que les 29 888 expulsions recensées par les équipes de MSF en 2019, mais c’est un nombre qui, malgré la fermeture des frontières du Niger depuis mars 2020 en raison de la Covid-19, reste pourtant élevé.

      Les équipes MSF d’Agadez ont recueilli des centaines de témoignages de ces personnes migrantes aidées ou secourues par l’association après avoir été expulsées d’Algérie. Plus de 989 migrants ont été victimes de violences en 2020, et 21 ont témoigné avoir été torturés. Plus de 1 900 personnes migrantes ont aussi été soignées pour des problèmes de santé mentale.

      Les migrants ont témoigné avoir été arrêtés puis placés dans des centres de détention pendant des jours, des semaines, voire des mois et ensuite entassés dans des bus ou des camions par les forces de sécurité algériennes afin d’être déposés à la frontière entre l’Algérie et le Niger, dans un lieu appelé le « Point Zero ». Dans le désert, au milieu de nulle part, souvent en pleine nuit.

      Livrés à eux-mêmes, sans rien, les personnes expulsées d’Algérie doivent effectuer, sans aucune carte ou moyen de localisation, une marche d’environ 15 km pour rejoindre le village d’Assamaka, au Niger. Certains se perdent et ne sont jamais retrouvés.

      En provenance d’Afrique de l’Ouest, du Moyen-Orient ou d’Asie du Sud, ces hommes, femmes, enfants et personnes âgées résidaient, pour certains, en Algérie depuis des années avant d’être expulsés. D’autres traversaient le pays pour atteindre l’Europe.
      Dépouillés et volés

      Traoré Ya Madou, originaire du Mali, a travaillé pendant six ans en tant que peintre en Algérie avant d’être arrêté par les forces de l’ordre. « Nous habitions sur le chantier où nous travaillions. Ce matin-là, la police algérienne a débarqué. Généralement, nous leur donnions de l’argent ou nous résistions, et les agents partaient. Mais cette fois-là, ils étaient nombreux, environ une vingtaine, ils ont cassé la porte et sont entrés. Une fois à l’intérieur, ils nous ont menottés et transportés à la gendarmerie. J’y suis resté 24 heures sans manger. Là-bas, nous avons été minutieusement fouillés. Durant la fouille, ils retirent même vos sous-vêtements… Nous avons subi un traitement inhumain. J’avais 2 500 euros sur moi, ils m’ont tout pris. Ils m’ont aussi sauvagement battu et j’ai dû être transporté à l’hôpital », détaille-t-il. Pour avoir résisté aux policiers algériens, Traoré a été puni. Il a été déposé encore plus loin d’Assamaka que les autres, et a dû marcher près de quatre heures pour rejoindre la petite ville.

      Les histoires de Safi et Traoré ne sont qu’un court aperçu de ce qui se passe à la frontière entre l’Algérie et le Niger.

      En 2015, au Sommet de la Valette sur la migration, les pays européens et africains ont davantage renforcé le système de contrôle aux frontières et facilité le renvoi, volontaire ou non, des migrants qualifiés d’illégaux. C’est ainsi que des personnes en migration ont continué d’être arrêtées arbitrairement, soumises à de mauvais traitements ou renvoyées vers un pays où elles risquent d’être persécutées.

      Ces politiques mises en œuvre pour freiner les flux de migrants n’ont pas empêché ces personnes de rechercher un endroit sûr ou une vie meilleure. Au contraire, cela n’a abouti qu’à davantage de criminalisation et de violences envers les personnes en migration.

      « Les conditions d’arrestation, de détention, et d’expulsion orchestrées par le gouvernement algérien ne respectent pas le principe fondamental de non-refoulement et sont des pratiques contraires aux droits de l’homme et au droit international des réfugiés, explique Jamal Mrrouch, chef de mission de MSF au Niger. Il est primordial de commencer à réajuster ces politiques et de garantir une assistance humanitaire et une protection aux personnes migrantes, en veillant à ce que les structures locales dans les pays de transit, comme le Niger, puissent répondre aux besoins de tous. »

      https://www.msf.fr/actualites/algerie-niger-des-migrants-violentes-et-expulses-en-plein-milieu-du-desert

    • Algérie : le « #point_zéro », cet endroit au milieu de nulle part où sont abandonnés les migrants

      Depuis le début de l’année, plus de 4 000 personnes ont été emmenées par les forces de l’ordre algériennes jusqu’à la frontière du Niger, en plein désert, dans un endroit appelé « point zéro ». Abandonnés là, sans repères, certains se perdent et ne sont jamais retrouvés. Dans un rapport, MSF dénonce une nouvelle fois ces renvois illégaux malgré la fermeture des frontières.

      « Les gendarmes algériens ont défoncé la porte. Ils ont tout emporté, argent et téléphones. Ensuite, ils m’ont conduite au poste […] J’étais enceinte, mais je n’ai bénéficié d’aucun traitement de faveur. Les gardes n’ont éprouvé aucune compassion envers moi. » Safi, une Malienne enceinte de quatre mois, fait partie de ces migrants récemment « raflés » par les autorités algériennes puis emmenés de force dans le désert, à quelques kilomètres seulement du Niger, au « point zéro ». C’est là, au milieu de nulle part, que les migrants sont abandonnés.

      Ils doivent, par leurs propres moyens et souvent sans GPS, trouver un chemin pour rejoindre le Niger. La frontière est pourtant fermée depuis le mois de mars 2020 en raison de la pandémie de coronavirus. Qu’importe : les refoulements n’ont jamais cessé. Depuis le début de l’année, près de 4 370 personnes ont ainsi été conduites à ce « point zéro ».

      Les migrants sont abandonnés « souvent en pleine nuit », écrit Médecins sans frontières (MSF) dans un rapport publié mercredi 21 avril. Le processus d’expulsion est souvent le même : après leur arrestation, les migrants - qui sont parfois installés en Algérie depuis plusieurs années - sont envoyés dans des centres de détention pendant quelques jours ou quelques semaines, puis entassés dans des bus et emmenés dans le désert.
      « Certains se perdent et ne sont jamais retrouvés »

      Sur l’ensemble de l’année 2020, plus de 23 000 migrants ont traversé le désert, selon les chiffres de MSF.

      « Livrés à eux-mêmes, sans rien, les personnes expulsées d’Algérie doivent effectuer, sans aucune carte ou moyen de localisation, une marche d’environ 15 km pour rejoindre le village d’#Assamaka, au Niger. Certains se perdent et ne sont jamais retrouvés », écrit encore MSF.

      Ces renvois ne sont pas inédits. Depuis des années, l’Algérie renvoie illégalement des migrants en les relâchant dans le désert. La rédaction d’InfoMigrants a recensé de nombreux témoignages de migrants victimes de ces expulsions illégales. Beaucoup parlent de la peur de se perdre, du manque de repères, du soleil qui assomme ou des nuits froides, de la soif qui les saisit.

      « On nous a déposé à environ 15 kilomètres de la frontière. Le reste, on a dû le faire à pied. Cette nuit-là, entre 2h et 6h, on a marché vers le Niger, on était environ 400 personnes », expliquait en janvier à InfoMigrants Falikou, un Ivoirien de 28 ans.

      Lorsqu’ils parviennent à atteindre la frontière nigérienne, les migrants sont pris en charge par l’Organisation internationale des migrations (OIM) qui dispose de plusieurs centres dans le pays. Certains décident de rentrer chez eux, d’autres en revanche tentent de retourner en Algérie, ou essayent de rejoindre l’Europe via les côtes marocaines ou libyennes.

      https://www.infomigrants.net/fr/post/31694/algerie-le-point-zero-cet-endroit-au-milieu-de-nulle-part-ou-sont-aban

  • Un nombre choquant de morts, mais aussi des luttes grandissantes sur place
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    2020 a été une année difficile pour des populations du monde entier. Les voyageur.euses des routes de #Méditerranée_occidentale et de l’Atlantique n’y ont pas fait exception. Iels ont fait face à de nombreux nouveaux défis cette année, et nous avons été témoins de faits sans précédents. Au Maroc et en #Espagne, non seulement la crise du coronavirus a servi d’énième prétexte au harcèlement, à l’intimidation et à la maltraitance de migrant.es, mais les itinéraires de voyage ont aussi beaucoup changé. Un grand nombre de personnes partent à présent d’Algérie pour atteindre l’Espagne continentale (ou même la #Sardaigne). C’est pourquoi nous avons commencé à inclure une section Algérie (voir 2.6) dans ces rapports. Deuxièmement, le nombre de traversées vers les #Canaries a explosé, particulièrement ces trois derniers mois. Tout comme en 2006 – lors de la dénommée « #crise_des_cayucos », lorsque plus de 30 000 personnes sont arrivées aux Canaries – des bateaux partent du Sahara occidental, mais aussi du Sénégal et de Mauritanie. Pour cette raison, nous avons renommé notre section sur les îles Canaries « route de l’Atlantique » (voir 2.1).

    Le nombre d’arrivées sur les #îles_Canaries est presqu’aussi élevé qu’en 2006. Avec plus de 40 000 arrivées en 2020, le trajet en bateau vers l’Espagne est devenu l’itinéraire le plus fréquenté des voyages vers l’Europe. Il inclut, en même temps, l’itinéraire le plus mortel : la route de l’Atlantique, en direction des îles Canaries.

    Ces faits sont terrifiants. A lui seul, le nombre de personnes mortes et de personnes disparues nous laisse sans voix. Nous dressons, tous les trois mois, une liste des mort.es et des disparu.es (voir section 4). Pour ce rapport, cette liste est devenue terriblement longue. Nous sommes solidaires des proches des défunt.es ainsi que des survivant.es de ce calvaire. A travers ce rapport, nous souhaitons mettre en avant leurs luttes. Nous éprouvons un profond respect et une profonde gratitude à l’égard de celles et ceux qui continuent de se battre, sur place, pour la dignité humaine et la liberté de circulation pour tous.tes.

    Beaucoup d’exemples de ces luttes sont inspirants : à terre, aux frontières, en mer et dans les centres de rétention.

    En Espagne, le gouvernement fait tout son possible pour freiner la migration (voir section 3). Ne pouvant empêcher la mobilité des personnes, la seule chose que ce gouvernement ait accompli c’est son échec spectaculaire à fournir des logements décents aux personnes nouvellement arrivées. Néanmoins, beaucoup d’Espagnol.es luttent pour les droits et la dignité des migrant.es. Nous avons été très inspiré.es par la #CommemorAction organisée par des habitant.es d’Órzola, après la mort de 8 voyageur.euses sur les plages rocheuses du nord de #Lanzarote. Ce ne sont pas les seul.es. : les citoyen.nes de Lanzarote ont publié un manifeste réclamant un traitement décent pour quiconque arriverait sur l’île, qu’il s’agisse de touristes ou de voyageur.euses en bateaux. Nous relayons leur affirmation : il est important de ne pas se laisser contaminer par le « virus de la haine ».

    Nous saluons également les réseaux de #solidarité qui soutiennent les personnes arrivées sur les autres îles : par exemple le réseau à l’initiative de la marche du 18 décembre en #Grande_Canarie, « #Papeles_para_todas » (papiers pour tous.tes).

    Des #résistances apparaissent également dans les centres de rétention (#CIE : centros de internamiento de extranjeros, centres de détention pour étrangers, équivalents des CRA, centres de rétention administrative en France). En octobre, une #manifestation a eu lieu sur le toit du bâtiment du CIE d’#Aluche (Madrid), ainsi qu’une #grève_de_la_faim organisée par les personnes qui y étaient détenues, après que le centre de #rétention a rouvert ses portes en septembre.

    Enfin, nous souhaitons mettre en lumière la lutte courageuse de la CGT, le syndicat des travailleur.euses de la #Salvamento_Maritimo, dont les membres se battent depuis longtemps pour plus d’effectif et de meilleures conditions de travail pour les gardes-côtes, à travers leur campagne « #MásManosMásVidas » (« Plus de mains, plus de vies »). La CGT a fait la critique répétée de ce gouvernement qui injecte des fonds dans le contrôle migratoire sans pour autant subvenir aux besoins financiers des gardes-côtes, ce qui éviterait l’épuisement de leurs équipes et leur permettrait de faire leur travail comme il se doit.

    Au Maroc, plusieurs militant.es ont dénoncé les violations de droits humains du gouvernement marocain, critiquant des pratiques discriminatoires d’#expulsions et de #déportations, mais dénonçant aussi la #stigmatisation que de nombreuses personnes noires doivent endurer au sein du Royaume. Lors du sit-in organisé par l’AMDH Nador le 10 décembre dernier, des militant.es rassemblé.es sur la place « Tahrir » de Nador ont exigé plus de liberté d’expression, la libération des prisonnier.es politiques et le respect des droits humains. Ils y ont également exprimé le harcèlement infligé actuellement à des personnes migrant.es.

    De la même manière, dans un communiqué conjoint, doublé d’une lettre au Ministère de l’Intérieur, plusieurs associations (Euromed Droits, l’AMDH, Caminando Fronteras, Alarm Phone, le Conseil des Migrants) se sont prononcées contre la négligence des autorités marocaines en matière de #sauvetage_maritime.

    Les voyageur.euses marocain.es ont également élevé la voix contre l’état déplorable des droits humains dans leur pays (voir le témoignage section 2.1) mais aussi contre les conditions désastreuses auxquelles iels font face à leur arrivée en Espagne, dont le manque de services de première nécessité dans le #camp portuaire d’#Arguineguín est un bon exemple.

    Au #Sénégal, les gens se sont organisées après les #naufrages horrifiants qui ont eu lieu en très grand nombre dans la seconde moitié du mois d’octobre. Le gouvernement sénégalais a refusé de reconnaître le nombre élevé de morts (#Alarm_Phone estime jusqu’à 400 le nombre de personnes mortes ou disparues entre le 24 et le 31 octobre, voir section 4). Lorsque des militant.es et des jeunes ont cherché à organiser une manifestation, les autorités ont interdit une telle action. Pourtant, trois semaines plus tard, un #rassemblement placé sous le slogan « #Dafa_doy » (Y en a assez !) a été organisé à Dakar. Des militant.es et des proches se sont réuni.es en #mémoire des mort.es. Durant cette période, au Sénégal, de nombreuses personnes ont été actives sur Twitter, ont tenté d’organiser des #hommages et se sont exprimées sur la mauvaise gestion du gouvernement sénégalais ainsi que sur les morts inqualifiables et inutiles.

    https://alarmphone.org/wp-content/uploads/sites/25/2021/01/Pic-Intro2-call-out-rally.jpeg

    https://alarmphone.org/fr/2021/01/29/un-nombre-choquant-de-morts-mais-aussi-des-luttes-grandissantes-sur-plac
    #décès #morts #mourir_aux_frontières #asile #migrations #réfugiés #Méditerranée #mourir_en_mer #route_Atlantique #Atlantique #Ceuta #Melilla #Gibraltar #détroit_de_Gibraltar #Nador #Oujda #Algérie #Maroc #marche_silencieuse

    ping @karine4 @_kg_
    #résistance #luttes #Sénégal

    • Liste naufrages et disparus (septembre 2020-décembre 2020) (partie 4 du même rapport)

      Le 30 septembre, un mineur marocain a été retrouvé mort dans un bateau dérivant devant la côte de la péninsule espagnole, près d’Alcaidesa. Apparemment, il est mort d’hypothermie.

      Le 1er octobre, un cadavre a été récupéré en mer dans le détroit de Gibraltar.

      Le 2 octobre, 53 voyageur.euse.s, dont 23 femmes et 6 enfants, ont été porté.e.s disparu.e.s en mer. Le bateau était parti de Dakhla en direction des îles Canaries. L’AP n’a pas pu trouver d’informations sur leur localisation. (Source : AP).

      Le 2 octobre, un corps a été retrouvé sur un bateau transportant 33 voyageur.euse.s au sud de Gran Canaria. Cinq autres passager.e.s étaient dans un état critique.

      Le 2 octobre, comme l’a rapporté la militante des droits de l’homme Helena Maleno, d’un autre bateau avec 49 voyageur.euse.s sur la route de l’Atlantique, 7 ont dû être transférés à l’hôpital dans un état critique. Deux personnes sont mortes plus tard à l’hôpital.

      Le 6 octobre, un corps a été récupéré au large d’Es Caragol, à Majorque, en Espagne.

      Le 6 octobre, un corps a été rejeté sur la plage de Guédiawaye, au Sénégal.

      Le 9 octobre, Alarm Phone a continué à rechercher en vain un bateau transportant 20 voyageur.euse.s en provenance de Laayoune. Iels sont toujours porté.e.s disparu.e.s. (Source : AP).

      Le 10 octobre, un corps a été retrouvé par les forces algériennes sur un bateau qui avait initialement transporté 8 voyageur.euse.s en provenance d’Oran, en Algérie. Deux autres sont toujours portés disparus, 5 des voyageur.euse.s ont été sauvé.e.s.

      Le 12 octobre, 2 corps de ressortissant.e.s marocain.e.s ont été récupérés en mer au large de Carthagène.

      Le 16 octobre, 5 survivant.e.s d’une odyssée de 10 jours en mer ont signalé que 12 de leurs compagnons de voyage étaient porté.e.s disparu.e.s en mer. Le bateau a finalement été secouru au large de la province de Chlef, en Algérie.

      Le 20 octobre, un voyageur est mort sur un bateau avec 11 passager.e.s qui avait débarqué de Mauritanie en direction des îles Canaries. (Source : Helena Maleno).

      Le 21 octobre, la Guardia Civil a ramassé le corps d’un jeune ressortissant marocain en combinaison de plongée sur une plage centrale de Ceuta.

      Le 21 octobre, Salvamento Maritimo a secouru 10 voyageur ;.euse.s dans une embarcation en route vers les îles Canaries, l’un d’entre eux est mort avant le sauvetage.

      Le 23 octobre, le moteur d’un bateau de Mbour/Sénégal a explosé. Il y avait environ 200 passager.e.s à bord. Seul.e.s 51 d’entre elleux ont pu être sauvé.e.s.

      Le 23 octobre, un corps a été rejeté par la mer dans la municipalité de Sidi Lakhdar, à 72 km à l’est de l’État de Mostaganem, en Algérie.

      Le 24 octobre, un jeune homme en combinaison de plongée a été retrouvé mort sur la plage de La Peña.

      Le 25 octobre, un bateau parti de Soumbédioun/Sénégal avec environ 80 personnes à bord est entré en collision avec un patrouilleur sénégalais. Seul.e.s 39 voyageur.euse.s ont été sauvé.e.s.

      Le 25 octobre, un bateau avec 57 passager.e.s a chaviré au large de Dakhla/ Sahara occidental. Une personne s’est noyée. Les secours sont arrivés assez rapidement pour sauver les autres voyageur.euse.s.

      Le 25 octobre, Salvamento Marítimo a sauvé trois personnes et a récupéré un corps dans un kayak dans le détroit de Gibraltar.

      Le 26 octobre, 12 ressortissant.e.s marocain.e.s se sont noyé.e.s au cours de leur périlleux voyage vers les îles Canaries.

      Le 29 octobre, nous avons appris une tragédie dans laquelle probablement plus de 50 personnes ont été portées disparues en mer. Le bateau avait quitté le Sénégal deux semaines auparavant. 27 survivant.e.s ont été sauvé.e.s au large du nord de la Mauritanie.

      Le 30 octobre, un autre grand naufrage s’est produit au large du Sénégal. Un bateau transportant 300 passager.e.s qui se dirigeait vers les Canaries a fait naufrage au large de Saint-Louis. Seules 150 personnes ont survécu. Environ 150 personnes se sont noyées, mais l’information n’est pas confirmée.

      Le 31 octobre, une personne est morte sur un bateau en provenance du Sénégal et à destination de Tenerifa. Le bateau avait pris le départ avec 81 passager.e.s.

      Le 2 novembre, 68 personnes ont atteint les îles Canaries en toute sécurité, tandis qu’un de leurs camarades a perdu la vie en mer.

      Le 3 novembre, Helena Maleno a signalé qu’un bateau qui avait quitté le Sénégal avait chaviré. Seul.e.s 27 voyageur.euse.s ont été sauvé.e.s sur la plage de Mame Khaar. 92 se seraient noyé.e.s.

      Début novembre, quatre Marocain.e.s qui tentaient d’accéder au port de Nador afin de traverser vers Melilla par un canal d’égout se sont noyé.e.s.

      Le 4 novembre, un groupe de 71 voyageur.euse.s en provenance du Sénégal a atteint Tenerifa. Un de leurs camarades est mort pendant le voyage.

      Le 7 novembre, 159 personnes atteignent El Hierro. Une personne est morte parmi eux.

      Le 11 novembre, un corps est retrouvé au large de Soumbédioune, au Sénégal.

      Le 13 novembre, 13 voyageur.euse.s de Boumerdes/Algérie se sont noyé.e.s alors qu’iels tentaient de rejoindre l’Espagne à bord d’une embarcation pneumatique.

      Le 14 novembre, après 10 jours de mer, un bateau de Nouakchott est arrivé à Boujdour. Douze personnes sont décédées au cours du voyage. Les 51 autres passager.e.s ont été emmené.e.s dans un centre de détention. (Source : AP Maroc)

      Le 16 novembre, le moteur d’un bateau a explosé au large du Cap-Vert. Le bateau était parti avec 150 passager.e.s du Sénégal et se dirigeait vers les îles Canaries. 60 à 80 personnes ont été portées disparues lors de la tragédie.

      Le 19 novembre, 10 personnes ont été secourues alors qu’elles se rendaient aux îles Canaries, l’une d’entre elles étant décédée avant son arrivée.

      Le 22 novembre, trois corps de jeunes ressortissant.e.s marocain.e.s ont été récupérés au large de Dakhla.

      Le 24 novembre, huit voyageur.euse.s sont mort.e.s et 28 ont survécu, alors qu’iels tentaient de rejoindre la côte de Lanzarote.

      Le 24 novembre, un homme mort a été retrouvé sur un bateau qui a été secouru par Salvamento Maritimo au sud de Gran Canaria. Le bateau avait initialement transporté 52 personnes.

      Le 25 novembre, 27 personnes sont portées disparues en mer. Elles étaient parties de Dakhla, parmi lesquelles 8 femmes et un enfant. Alarm Phone n’a pas pu trouver d’informations sur leur sort (Source : AP).

      Le 26 novembre, deux femmes et deux bébés ont été retrouvés mort.e.s dans un bateau avec 50 personnes originaires de pays subsahariens. Iels ont été emmenés par la Marine Royale au port de Nador.

      Le 27 novembre, un jeune ressortissant marocain est mort dans un canal d’eau de pluie en tentant de traverser le port de Nador pour se rendre à Mellila .

      Le 28 novembre, un.e ressortissant.e marocain.e a été retrouvé.e mort.e dans un bateau transportant 31 passager.e.s en provenance de Sidi Ifni (Maroc), qui a été intercepté par la Marine royale marocaine.

      Le 2 décembre, deux corps ont été retrouvés sur une plage au nord de Melilla.

      Le 6 décembre, 13 personnes se sont retrouvées au large de Tan-Tan/Maroc. Deux corps ont été retrouvés et deux personnes ont survécu. Les 9 autres personnes sont toujours portées disparues.

      Le 11 décembre, quatre corps de “Harraga” algérien.ne.s d’Oran ont été repêchés dans la mer, tandis que sept autres sont toujours porté.e.s disparu.e.s.

      Le 15 décembre, deux corps ont été retrouvés par la marine marocaine au large de Boujdour.

      Le 18 décembre, sept personnes se sont probablement noyées, bien que leurs camarades aient réussi à atteindre la côte d’Almería par leurs propres moyens.

      Le 23 décembre, 62 personnes ont fait naufrage au large de Laayoune. Seules 43 à 45 personnes ont survécu, 17 ou 18 sont portées disparues. Une personne est morte à l’hôpital. (Source : AP)

      Le 24 décembre, 39 voyageur.euse.s ont été secouru.e.s au large de Grenade. Un des trois passagers qui ont dû être hospitalisés est décédé le lendemain à l’hôpital.

      https://alarmphone.org/fr/2021/01/29/un-nombre-choquant-de-morts-mais-aussi-des-luttes-grandissantes-sur-place/#naufrages

  • Appel de Migrant Solidarity Network : non aux #déportations vers l’Ethiopie !

    Nous demandons à Karine Keller Suter, Cheffe du Département fédéral de justice et police (DFJP) et Mario Gattiker, Secrétaire d’Etat aux Migration (SEM), ainsi qu’aux autorités compétentes la #suspension du vol spécial vers l’Ethiopie prévu le 27.01.2021 et l’annulation du renvoi forcé des requérant.e.s d’asile éthiopien.ne.s résidant en Suisse

    NON aux déportations vers l’Éthiopie ! Non au vol spécial du 27 janvier !

    Lundi S.A. a été arrêté et placé en détention à la prison de Frambois en vue d’une expulsion vers l’Éthiopie alors qu’il se rendait au Service de la population vaudoise (SPOP) pour renouveler son papier d’aide d’urgence. En période de COVID, de telles interventions se font loin des regards et loin du bruit !

    Dans le contexte de cette arrestation, on apprend que le Secrétariat d’État aux migrations (SEM) organise une #expulsion_collective par vol spécial[1] de Suisse vers l’Éthiopie le 27 janvier 2021, et ceci malgré la guerre, la crise et la pandémie qui frappent ce pays.

    En Éthiopie, la situation ne fait qu’empirer !

    Alors même que la situation politique se détériore en Éthiopie, nombreuses sont les voix qui s’élèvent pour dénoncer cette pratique et demander « un arrêt immédiat des #renvois_forcés en Éthiopie »[2] , dont l’OSAR – Organisation Suisse d’Aide aux Réfugiés –, la Confédération en profite pour y organiser un vol spécial. De manière plus cynique, pourrait-on dire, qu’elle en profite justement avant que des mesures diplomatiques ne soient prises qui l’en empêcherait ?

    Selon des haut-e-s-responsables de l’ONU et de l’UE, il existe des « rapports concordants à propos de violences ciblant certains groupes ethniques, d’assassinats, de pillages massifs, de viols, de retours forcés de réfugiés et de possibles crimes de guerre »[3] (Josep Borrell, Haut représentant de l’Union Européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, 15/01/2021).

    En avril 2018 déjà, on apprenait que le gouvernement suisse avait signé un accord secret de réadmission avec l’Ethiopie prévoyant la transmission aux services secrets éthiopiens des données personnelles des personnes renvoyées de force[4] les jetant droit dans la gueule du loup. Cet accord avait déjà été dénoncé à l’époque par Amnesty International et Human Rights Watch. Mais le gouvernement persiste et signe !

    Pourtant, depuis l’entrée en fonction du premier ministre Abiy Ahmed en 2018, et la mise en œuvre de nombreuses réformes, les tensions entre son gouvernement et le Front de libération du peuple du Tigré (Tigray People’s Liberation Front TPLF), le parti au pouvoir dans la région du Tigré n’ont cessé d’augmenter. En septembre 2020, le gouvernement central a pris la décision d’annuler les élections régionales en raison du COVID 19, mais celles-ci ont eu lieu malgré tout dans la région du Tigré. Le conflit s’est alors amplifié entraînant des centaines de morts et blessés - suite aux attaques aériennes lancées par l’armée éthiopienne - et, selon Amnesty International, des massacres de civils[5].

    Lors d’un reportage audio de la RTS[6], les experts interrogés compare cette guerre ethnique actuelle avec le génocide d’ex-yougoslavie, expliquant que celui-ci sera long et violent, les soldats étant entraînés au combat. Les réseaux internet sont coupés rendant l’accès aux informations impossible dans certaines regions du pays, tout comme l’accès de l’aide humanitaire.

    S.A. n’a pas pu accepter de retourner volontairement en Éthiopie

    Les autorités vaudoises et fédérales sont aveugles aux vies humaines touchées par l’exécution mécanique d’ordres et envoient sans sourciller des personnes au cœur d’une guerre civile naissante. Ces expulsions vers l’Éthiopie mettent délibérément en danger l’intégrité des personnes concernées, elles doivent être impérativement empêchées !

    Cela fait plus de 7 ans que S.A. vit dans le canton de Vaud. Jusqu’à ce jour il partageait une chambre dans un foyer d’aide d’urgence avec sa sœur - et son enfant - elle aussi en Suisse depuis près de dix ans. Malgré ces difficultés, c’est ici qu’S.A. tisse des liens et exerces ces activités depuis de nombreuses années. Or, selon les informations qui nous sont parvenues, S.A. se trouve actuellement dans un état critique. Déjà traumatisé, affaibli psychiquement et affecté physiquement, la violence de son arrestation et l’absurdité de cette décision d’expulsion ne font qu’aggraver sa situation, le confrontant encore une fois aux décisions « administratives » aberrantes des autorités vaudoises et fédérales et à leurs conséquences bien réelles et destructrices. Quand cet acharnement de l’État et ces procédures d’expulsion meurtrières s’arrêteront-t-elles ?

    Nous ne cesserons de dénoncer cet entêtement absurde, irresponsable et inhumain des autorités et exigeons la libération immédiate de S.A. et de tous ses compatriotes de Frambois et d’ailleurs ! Nous ne cesserons d’exiger l’arrêt total des expulsions et un droit de rester pour toutes et tous.

    A lire également l’Appel de Migrant Solidarity Network : Le vol spécial prévu pour l’Éthiopie ne doit pas décoller https://migrant-solidarity-network.ch/2021/01/22/aufruf-der-geplante-sonderflug-nach-aethiopien-darf-nicht [7]

    [1] Par vol spécial on entend des déportations forcées, sous la contrainte, lors desquelles les personnes concernées se font ligoter de la tête (casque) aux pieds et aux mains. Elles restent entravées ainsi durant un long vol, encadrées par une dizaine de policier par personne, avant d’être remises par les autorités suisses et européennes aux autorités policières/migratoires du pays vers lequel l’expulsion est opérée.

    [2] https://www.osar.ch/publications/news-et-recits/lethiopie-au-bord-de-la-guerre-civile

    [3] https://www.mediapart.fr/journal/international/210121/en-ethiopie-la-france-partagee-entre-business-et-defense-des-droits-humain
    https://eeas.europa.eu/headquarters/headquarters-homepage/91459/we-need-humanitarian-access-tigray-urgent-first-step-towards-peace-ethio

    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/11/13/ethiopie-l-onu-craint-de-possibles-crimes-de-guerre-apres-le-massacre-de-civ

    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/11/13/ethiopie-l-onu-craint-de-possibles-crimes-de-guerre-apres-le-massacre-de-civ

    [4] https://www.lematin.ch/story/asile-l-etrange-accord-de-la-suisse-avec-lethiopie-767317721551

    [5] https://www.amnesty.org/en/latest/news/2020/11/ethiopia-over-50-ethnic-amhara-killed-in-attack-on-village-by-armed-group

    [6] https://www.rts.ch/info/monde/11744384-comment-lethiopie-sombre-dans-la-guerre-un-an-apres-le-nobel-de-la-paix

    [7] Afin de contacter l’Appel de Migrant Solidarity Network, vous pouvez leur adresser un mail à l’adresse suivante : info@migrant-solidarity-network.ch

    https://droit-de-rester.blogspot.com/2021/01/appel-de-migrant-solidarity-network-non.html
    #Ethiopie #asile #migrations #réfugiés #réfugiés_éthiopiens #renvois #expulsions #vol_spécial #Suisse #résistance

    • LibrAdio | Non aux expulsions ! Non aux vols spéciaux vers l’Ethiopie

      LibrAdio consacre un sujet au risque de renvois de cinq personnes migrantes vers l’Ethiopie le 27 janvier 2021. Une interview d’Anja qui connaît bien Tahir, un homme qui risque l’expulsion, parle de son parcours migratoire : son opposition au régime sur place, les menaces qui l’ont visé mais aussi son intégration en Suisse. Elle raconte notamment que depuis dimanche celui-ci a entamé une grève de la faim et de la soif à Frambois, centre de détention administrative avant le renvoi. Dans l’interview, sont explicités les risques et les impacts humains que de telles expulsions pourraient avoir vers un pays où la vie de ces personnes sont en danger. Anja évoque une veille d’alerte qui se relaye devant Frambois pour symboliquement exiger l’annulation de ce vol spécial.

      https://www.youtube.com/watch?v=heiz_r1Ebgc&feature=emb_logo

      https://asile.ch/2021/01/26/libradio-non-aux-expulsions-non-aux-vols-speciaux-vers-lethiopie

    • Solidarité Tattes relaye ici le communiqué de presse des ami·e·s de #Tahir et #Solomon :

      Communiqué de presse – 28 janvier 2021

      Tahir expulsé : les autorités genevoises exécutent un renvoi inqualifiable !

      Une mobilisation large d’ami·e·s de Tahir a organisé une présence jour et nuit du 25 au 27 janvier devant le Centre de détention administrative de Frambois pour dénoncer le renvoi de Tahir et de 2 autres personnes vers l’Ethiopie, un renvoi organisé par vol spécial Frontex.

      Depuis plusieurs jours, Tahir était en grève de la faim et de la soif. Mardi matin 26 janvier, la police l’a contacté pour lui proposer 1’000 CHF en échange de l’acceptation de son renvoi, ce à quoi Tahir a répondu que sa vie n’était pas à vendre. Il s’agit d’une pratique inacceptable et que nous dénonçons.

      Mercredi 27 janvier vers midi, l’état de santé de Tahir s’est dégradé et il a été transféré aux urgences des HUG. Vers 18h, nous avons appris qu’il serait emmené à l’aéroport. Plusieurs dizaines de personnes se sont postées devant différentes sorties des HUG afin de lui dire au revoir, et de former une chaîne humaine symbolique contre son renvoi.

      Alors que nous étions masqués et respections les distances physiques sanitaires, les forces de police ont procédé à des contrôles de papiers et menacé de dresser des amendes. C’est à ce moment que Tahir a été sorti de son lit aux urgences pour être emmené à l’aéroport. Le mouvement s’est alors déplacé devant le Terminal 2, d’où le vol spécial devait partir. De nombreuses démarches ont été menées en parallèle pour demander aux autorités genevoises, en charge de l’exécution du renvoi, d’empêcher ce renvoi inacceptable. L’espoir a persisté jusqu’au bout, l’avocate de Tahir, Maitre Buser, ayant fait un dernier recours ce 27 janvier en fin de journée auprès du Tribunal Administratif Fédéral avec mesures d’urgence.

      A 22h, le vol spécial Frontex, mutualisé avec l’Allemagne, s’envolait vers Addis Abeba, avec escale à Athènes pour embarquer d’autres personnes déboutées. Au vu de tous les éléments questionnant la légitimité du renvoi de notre ami, nous sommes extrêmement choqués que le Canton n’ait pas usé de son pouvoir pour renoncer à l’exécution de ce renvoi.

      Nous dénonçons tout particulièrement que :

      Tahir ait été arraché de son lit d’hôpital aux urgences pour être mis de force dans l’avion
      Aucun test PCR n’a été effectué au départ de la Suisse, alors que cette dernière doit le réaliser avant tout départ
      Les autorités genevoises n’ont rien fait pour empêcher ce renvoi, alors que son exécution relevait de leur compétence

      Nous avons appris ce jeudi matin que Tahir est bien arrivé à Addis Abeba.

      Le contact avec lui ne sera pas rompu.

      Les ami·e·s de Tahir

    • Suite au #vol_spécial du mercredi 27.01 qui a eu lieu malgré toutes les protestations et la grande mobilisation, vous trouverez ci-dessous des nouvelles de Solomon et la manière dont les derniers jours avant son expulsion ce sont déroulés :

      Un plan de vol pour l’Éthiopie a été remis à Solomon il y a cinq mois. Plan de vol qu’il a refusé. Sa vie était en Suisse. Il travaillait dans un atelier de mécanique vélo, était engagé dans le foyer dans lequel il vivait, apprécié de tout le monde. C’était évident qu’il ne pouvait pas accepter de partir. Suite à son refus, il a continué à recevoir, comme auparavant, l’aide d’urgence (qu’il devait renouveler tous les 2-3 mois). Puis, rien d’autre, la vie continuait. Pas d’assignation à résidence l’obligeant à rester à la maison en attendant que la police l’emmène, pas d’ordonnance pénale, rien. Rien n’indiquait qu’il allait être arrêté prochainement dans les locaux du service de la population (SPOP).

      Mardi 19 janvier 2021. Au matin, Solomon va renouveler son papier d’aide d’urgence (action qu’il devait faire régulièrement pour garder son droit au logement à l’EVAM entre autres). La personne au guichet lui demande de patienter dans la salle d’attente. 10 minutes plus tard, deux policiers pénètrent dans les locaux du SPOP et l’embarquent. Menottes aux poignets, sans aucune explication. Solomon se sent traité comme un criminel. Sans que personne ne lui explique ce qui lui arrive, il est emmené en voiture. Pendant le trajet, Solomon demande à joindre son patron pour le prévenir qu’il ne sera pas au travail l’après-midi. C’est la seule demande qui lui est consentie. Il va changer plusieurs fois de véhicule - voitures et fourgonnettes - il est complètement déboussolé et ne comprend pas pourquoi tout ce cirque pour le transporter qui sait où. Ce n’est qu’en arrivant sur place qu’il apprend qu’il a été emmené à Genève, à la prison de Frambois, où il passera la nuit.

      Mercredi 20 janvier. Solomon est ramené à Lausanne pour comparaître devant le tribunal des mesures de contrainte et d’application des peines. Là, Solomon rencontre pour la première fois, et qui fut aussi la dernière, l’avocat qui lui a été attribué (qui était, en fait, le stagiaire de l’avocate censée s’occuper de sa situation), accompagné d’un interprète anglais, langue que Solomon ne parle pas. Lorsqu’il le fait remarquer au procureur, ce dernier lui répond : "On va faire avec". Sous-entendu par-là que Solomon ne connaîtra pas le contenu du jugement, à part quelques éléments qu’il a compris en français et de bribes d’anglais. Oui, malgré le fait qu’il ait précisé qu’il ne parlait pas anglais, l’ensemble du jugement lui a été traduit dans cette langue.

      Ensuite, Solomon est ramené à Frambois, au sous-sol, dans une pièce avec toilettes et lavabo. Il y est placé en isolement jusqu’au mardi suivant. Il n’est autorisé à voir personne, mesure COVID. Il reçoit les appels seulement quand le personnel de la prison est disponible pour les lui transférer. Impossible non plus de lui rendre visite.

      Plus aucune nouvelle de sa supposée avocate jusqu’au lundi 25 janvier, date à laquelle il reçoit un appel pour lui dire qu’elle passera mardi. Or, mardi, personne ne vient.

      Dans la nuit de mardi 26 à mercredi 27, ses ami.es, son équipe de foot, viennent devant la prison de Frambois depuis Lausanne, pour être là au cas où Solomon serait emmené de nuit à l’aéroport. Iels veillent toute la nuit jusqu’au petit matin, avant de retourner à Lausanne pour le travail. Deux heures plus tard, on apprend que la police vaudoise est arrivée à Frambois avec l’intention de ramener Solomon dans le canton de Vaud. Il est dit aux personnes encore postées devant la prison en soutien aux incarcérés, que le vol n’aurait "peut-être pas lieu".

      Les ami.es de Salomon appellent Frambois pour savoir où il a été transféré. Les gardiens leur répondent qu’ils ne peuvent pas donner cette info, qu’ils doivent appeler le service de la population (SPOP) vaudois. Lorsque ses ami.es appellent le SPOP, on leur dit que seule l’avocate peut avoir accès à ces informations. Sa sœur ne compte pas. Son avocate n’en a rien à faire de lui, mais plusieurs personnes essaient de l’appeler tout de même puisqu’elle semble être la seule à avoir droit à cette information si confidentielle. On pense qu’il a été emmené à nouveau dans les locaux de la police cantonale de la Blécherette. Le pourquoi du comment les policiers ont procédé ainsi reste un mystère. L’avocate attend la journée du mercredi 27 janvier, le jour du vol spécial, pour faire une demande de réexamen, qui bien sûr arrivera trop tard. Elle laisse encore cette journée s’écouler avant de lâcher qu’elle ne sait pas où se trouve Solomon, sans avoir pris la peine de passer un coup de fil à la réception de la police cantonale.

      Mercredi 27 janvier. Dans la soirée, Solomon est transféré depuis Lausanne vers l’aéroport de Genève (matin à Frambois, après-midi à Lausanne, retour à Genève le soir). Il aura dû d’abord subir la torture psychologique de la police de la Blécherette. Affaibli par sa grève de la faim et cherchant à trouver du repos, Solomon est réveillé à maintes reprises par les policiers qui entrent dans sa cellule, lui enlèvent la couverture, puis repartent. Il est ensuite déshabillé, et plaqué contre le mur pour une fouille intégrale - lors de laquelle les policiers se foutent de lui.

      "Ils m’ont humilié jusqu’au bout"

      A nouveau menotté, il est embarqué dans une voiture. Personne ne lui dit où il va. Une fois arrivé à l’aéroport de Genève, il est contraint de se diriger vers l’avion, encadré par deux policiers. Quand Solomon monte dans l’avion, les policiers précisent qu’il a un certificat médical. Dans l’avion, ils étaient 7 Ethiopiens de Suisse, 3 des cantons romands et 4 des cantons germanophones, plus de 40 policiers. Pendant le trajet, un des policiers lui tend une enveloppe en lui disant que c’est de l’argent auquel il a droit, une somme d’un peu plus de 1000 .-. Solomon signe une sorte de reçu, attestant qu’il a bien reçu l’argent, un papier écrit à la main. Arrivé à Addis Abeba, il ouvre l’enveloppe dans laquelle il n’y a plus qu’une centaine de francs, le policier lui a donc dérobé 1000.-. « J’aimerais comprendre pourquoi il a fait ça ».

      Solomon a pu sortir de l’aéroport et il va « bien », il atterrit.
      [Témoignage recueilli par les ami.es de Solomon]

      Reçu via la mailing-list de la Coordination asile de Genève, 30.01.2020

    • La Coordination asile.ge condamne le vol spécial de Genève vers l’Éthiopie du 27 janvier. Elle appelle les autorités genevoises à réagir.

      Dans la nuit du 27 au 28 janvier dernier, un avion spécialement affrété pour le renvoi de demandeurs d’asile déboutés s’est envolé de l’aéroport de Cointrin vers l’Éthiopie. À son bord se trouvait notamment #Tahir_Tilmo, demandeur d’asile qui avait été attribué au canton de Genève et dont l’exécution du renvoi dépendait de la police genevoise. Tahir Tilmo avait été arrêté et était détenu à Favra puis à Frambois pour des raisons administratives depuis le 7 septembre dernier. Cet universitaire avait appris le français, participait à diverses activités organisées au sein de l’université genevoise, et était décrit comme une personne bien intégrée. Une pétition, signée par plus de 1000 personnes et demandant au Conseil d’État de le soutenir, avait été déposée. Le Conseil d’État n’y avait pas répondu. Une forte mobilisation citoyenne a eu lieu pour essayer d’éviter l’exécution du renvoi. En vain.

      Quatre jours avant le vol spécial, Tahir Tilmo s’était mis en grève de la faim et de la soif. Le 27 janvier, sur l’avis d’un médecin généraliste qui l’a examiné à #Frambois, il a été conduit au service des urgences des #HUG. Il y était entravé par des liens aux pieds – comme si dans son état il pouvait échapper aux deux policiers qui le flanquaient ! Après quelques examens, la police est venue le chercher aux urgences pour le transférer à l’aéroport. Comment se fait-il qu’un homme en grève de la faim et de la soif, se plaignant de douleurs importantes, ait pu être considéré comme apte à subir le choc d’un vol spécial ? Les médecins qui l’ont jugé apte à être renvoyé connaissaient-ils les conditions violentes dans lesquelles se déroule un renvoi forcé ? La police a-t-elle forcé la main au personnel soignant des HUG ? Trois demandeurs d’asile déboutés sont déjà morts au cours de telles opérations : quel(s) risque(s) les autorités genevoises ont-elles fait courir à Tahir ? La Coordination asile.ge exige des réponses à ces questions qui sont du ressort des autorités genevoises, pour éviter de futurs décès.

      Ce vol spécial était l’un des premiers à destination de l’Éthiopie, suite à la signature d’un accord entre la Suisse et le gouvernement éthiopien en 2018. Cet accord a été signé au moment où l’élection d’un nouveau premier ministre dans le pays africain donnait l’illusion d’une stabilité retrouvée. Mais depuis la situation a beaucoup changé, et une guerre a éclaté au nord du pays. Selon les observateurs avertis, l’Éthiopie risque de sombrer dans une guerre civile sur fond de divisions ethniques. La Coordination asile.ge se joint à l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés pour demander aux autorités fédérales la suspension immédiate des renvois forcés vers l’Éthiopie, en raison de l’instabilité politique qui prévaut dans ce pays et qui génère des situations de violence.

      De manière générale, la Coordination asile.ge exprime son opposition aux vols spéciaux de niveau 4, qui équivalent en soi à des formes de mauvais traitement. En autorisant que de telles opérations se déroulent à Genève, les responsables politiques genevois faillissent à protéger les droits humains et l’image de notre cité. Il existe une contradiction majeure entre d’une part l’émotion qu’un tel renvoi suscite au sein de la population genevoise doublée de l’expression d’une certaine indignation par des responsables politiques jusqu’au Conseil d’État, et d’autre part la construction en ce moment même d’un centre de renvoi et de nouvelles places de détention administrative au Grand-Saconnex, en un complexe dévolu à la multiplication d’opérations de ce type. La Coordination asile.ge demande aux autorités genevoises de manifester auprès des autorités fédérales leur intérêt à mettre en œuvre sur le territoire cantonal une politique de refuge, d’accueil et d’intégration plutôt que d’exclusion et de renvoi forcé.

      https://coordination-asile-ge.ch/la-coordination-asile-ge-condamne-le-vol-special-de-geneve-ver

    • Éthiopien renvoyé, et en plus détroussé !

      Dans l’avion du retour, Solomon, l’Éthiopien du canton de Vaud expulsé, s’est fait barboter les 1000 francs de son aide au retour. Malaise.

      La Coordination asile de Lausanne a relayé sur le site Asile.ch l’histoire de Solomon A., l’Éthiopien renvoyé de force dans son pays le 27 janvier avec six autres de ses compatriotes. Elle raconte les étapes de son renvoi depuis qu’il a reçu un plan de vol il y a cinq mois. : « Plan de vol qu’il a refusé, est-il précisé. Sa vie était en Suisse. Il travaillait dans un atelier de mécanique vélo, était engagé dans le foyer dans lequel il vivait, apprécié de tout le monde. C’était évident qu’il ne pouvait pas accepter de partir. »

      Le mardi 19 janvier, Solomon est allé renouveler son papier d’aide d’urgence pour garder son droit au logement. C’est là que deux policiers sont venus l’appréhender par surprise pour le renvoi. Il est amené au centre de Frambois sur Genève, puis le lendemain à Lausanne devant le Tribunal des mesures de contraintes. Puis retour à Frambois, où il est placé dans une cellule en sous-sol à l’isolement. Le 26 janvier ses amis viennent le soutenir devant le centre, car ils craignent qu’il soit expulsé durant la nuit. On leur dit que ce ne sera peut-être pas le cas, qu’il a été transféré dans le canton de Vaud.
      « Plaqué contre le mur »

      En fait, le vol spécial est prévu pour le lendemain. Ses amis dénoncent les traitements qu’on lui a fait subir lors de sa dernière incarcération en terre vaudoise : « Affaibli par sa grève de la faim et cherchant à trouver du repos, Solomon est réveillé à maintes reprises par les policiers qui entrent dans sa cellule, lui enlèvent la couverture, puis repartent. Il est ensuite déshabillé, et plaqué contre le mur pour une fouille intégrale. »

      Finalement, le 27 janvier, il est à nouveau transféré à Genève direction l’aéroport. « Dans l’avion, ils étaient sept Éthiopiens de Suisse, trois des cantons romands et quatre des cantons germanophones, plus de 40 policiers », racontent ses amis qui ont recueilli son témoignage après le vol. Ils expliquent aussi que durant le trajet : « un des policiers lui tend une enveloppe en lui disant que c’est de l’argent auquel il a droit, une somme d’un peu plus de 1000 francs. Solomon signe une sorte de reçu, attestant qu’il a bien reçu l’argent, un papier écrit à la main. Arrivé à Addis Abeba, il ouvre l’enveloppe dans laquelle il n’y a plus qu’une centaine de francs… »
      « Quelqu’un se sert… »

      1000 francs ont donc disparu… Dans son témoignage, il accuse le policier, mais comment savoir ? Renseignement pris, l’autre Éthiopien de Genève expulsé par le même avion, Tahir, a bien reçu lui son aide au retour en bonne et due forme. Alors que s’est-t-il passé avec Solomon ? Aldo Brina, spécialiste des questions d’asile au Centre social protestant de Genève, observe : « Depuis le temps que je travaille dans l’asile, il y a des problèmes avec les aides au retour, mais on ne peut rien prouver, rien n’est établi. J’ai souvent entendu ce même récit de la part des personnes renvoyées à qui on avait subtilisé de l’argent. Est-ce qu’ils mentent ou est-ce qu’il y a anguille sous roche ? Ce serait quand même étonnant qu’ils inventent tous la même chose, alors je pencherais plutôt pour la deuxième option. Mais encore une fois, je n’ai aucune preuve. Quelqu’un se sert… Ce peut-être en Suisse ou dans le pays du retour… »

      La Coordination asile Lausanne va en tout cas demander des explications aux autorités vaudoises.

      https://www.lematin.ch/story/ethiopien-renvoye-et-en-plus-detrousse-259136891094

    • Renvoi de Tahir : les associations interpellent les autorités genevoises

      A Genève, la coordination Asile.ge interpelle le Conseil d’Etat pour le renvoi de l’éthiopien Tahir. Par le passé, le Conseil d’Etat s’est opposé aux renvois forcés et il aurait dû agir.

      L’affaire de l’éthiopien renvoyé par avion la semaine dernière continue de faire des remous à Genève. Ce matin (me) la coordination asile.ge envoyait un communiqué. Pour elle, le renvoi forcé de Tahir alors qu’il était hospitalisé est inadmissible. Le requérant d’asile débouté était en grève de la faim et de la soif depuis plusieurs jours, d’où son hospitalisation. Asile.ge estime que le Conseil d’Etat genevois aurait dû agir même si la compétence en matière de renvois relève de la Confédération. Les explications d’Aldo Brina.

      Asile.ge s’interroge sur la légalité de ce renvoi par vol spécial alors qu’il était souffrant. Ecoutez Aldo Brina.

      Renvois annulés dans le passé

      Asile.ch rappelle que les autorités genevoises ont déjà stoppé des renvois par le passé. Pour la coordination Genève doit pratiquer une politique de refuge, d’accueil et d’intégration plutôt que d’exclusion.

      Plus de 1000 Genevois avaient signé une pétition demandant de surseoir au renvoi, rappelle le collectif d’associations. Sans succès, malgré l’émotion suscitée par ce cas dans la population. La pratique du renvoi risque de se multiplier à l’avenir avertit Aldo Brina.

      Compétence fédérale

      Le porte-parole de Mauro Poggia, Laurent Paoliello, rappelle que les autorités genevoises ne sont pas compétentes en matière d’asile. Il renvoie au Secrétariat d’Etat aux migrations, le SEM.

      https://www.radiolac.ch/actualite/renvoi-de-tahir-les-associations-interpellent-les-autorites-genevoises

    • La coordination de l’asile demande la suspension des renvois

      Le renvoi par la force de sept ressortissants éthiopiens la semaine dernière choque les milieux de l’asile.

      L’expulsion de sept Éthiopiens dans un avion spécial mercredi dernier au départ de Cointrin continue à faire des vagues. Tahir Tilmo résidant à Genève et Solomon Arkisso dans le canton de Vaud étaient détenus à la prison genevoise de Frambois et avaient entamé une grève de la faim et de la soif le week-end précédent. Tous deux étaient en Suisse, craignant pour leur vie là-bas pour des raisons politiques. Une forte mobilisation n’a pas empêché leur renvoi.

      L’attitude du Département genevois de la sécurité, de l’emploi et de la santé a été même critiquée sèchement par le conseiller d’État Antonio Hodgers : « Il aurait pu en être autrement, comme nous avons été plusieurs à le préconiser. En cette période de fortes restrictions des libertés (de réunion, de commerce, d’accès à la culture, etc.), l’État doit être attentif à ne pas perdre son humanité et tomber dans une dérive autocratique qui consiste à exercer le pouvoir de manière froide et désincarnée ».

      Ce mercredi, c’est la Coordination asile.ge qui dénonce ces renvois, notamment celui de Tahir Tilmo : « Cet universitaire avait appris le français, participait à diverses activités organisées au sein de l’université genevoise, et était décrit comme une personne bien intégrée. Une pétition signée par plus de 1000 personnes et demandant au Conseil d’État de le soutenir, avait été déposée. Le Conseil d’État n’y avait pas répondu. »
      Un des premiers vols avec le nouvel accord

      La coordination ajoute : « En autorisant que de telles opérations se déroulent à Genève, les responsables politiques genevois faillissent à protéger les droits humains et l’image de notre cité. Il existe une contradiction majeure entre d’une part l’émotion qu’un tel renvoi suscite au sein de la population genevoise, doublée de l’expression d’une certaine indignation par des responsables politiques jusqu’au Conseil d’État »,

      La coordination constate que ce vol spécial était l’un des premiers à destination de l’Éthiopie, suite à la signature de l’accord entre la Suisse et le gouvernement éthiopien en 2018. Mais aujourd’hui la situation a changé et l’Éthiopie est retournée dans une période de troubles graves : « Cet accord a été signé au moment où l’élection d’un nouveau premier ministre dans le pays africain donnait l’illusion d’une stabilité retrouvée. Mais depuis la situation a beaucoup changé, et une guerre a éclaté au nord du pays ».

      Face aux risques de voir le pays plonger dans une guerre civile, la Coordination asile.ge se joint à l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR) pour demander aux autorités fédérales « la suspension immédiate des renvois forcés vers l’Éthiopie en raison de l’instabilité politique qui prévaut dans ce pays et qui génère des situations de violence ».

      De son côté, Le Secrétariat d’État aux migrations (SEM) estime que la situation actuelle permet des renvois forcés en Éthiopie.

      https://www.lematin.ch/story/la-coordination-de-lasile-demande-la-suspension-des-renvois-395551064023

    • Un renvoi indigne et honteux pour Genève

      Cinq personnalités genevoises interpellent les autorités du canton sur leur non intervention face au renvoi de Tahir Tilmo, l’un des requérants d’asile éthiopiens déboutés, expulsés de Suisse par vol spécial.1 Ce dernier résidait à Genève.

      En novembre 2020, en Ethiopie, les tensions entre le gouvernement central et les dirigeants de la région du Tigré ont dégénéré en conflit ouvert. Celui-ci a atteint son paroxysme suite à la décision du gouvernement central de repousser, sans succès, les élections régionales prévues en septembre 2020 à cause de la pandémie de coronavirus. On dénombre des centaines de morts et de blessés. Plus de 100 000 personnes sont en fuite.

      En dépit de cette situation, soulignée par de nombreuses organisations internationales comme Amnesty, deux jeunes Ethiopiens1 sont arrêtés en vue de leur renvoi et détenus à Genève, à la prison de Frambois. Craignant pour leur vie, ils entament une grève de la faim et de la soif. Dans la nuit du 27 au 28 janvier, ils sont placés de force à bord d’un vol spécial de Frontex à destination d’Addis Abeba.

      Tahir, un Ethiopien d’une trentaine d’années, était arrivé à Genève en 2015, et était en détention administrative depuis septembre 2020. Les membres de sa famille, engagés dans le Front de libération oromo, ont été incarcérés, torturés ou assassinés. Son compatriote Solomon résidait dans le canton de Vaud depuis sept ans et avait été interpellé dix jours plus tôt à Lausanne, alors qu’il se rendait au Service de la population pour percevoir son aide d’urgence.

      L’état de santé de Tahir se dégradant, il a été transféré aux urgences des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Plusieurs dizaines de personnes – parmi lesquels ses ami·e·s et des membres des associations Solidarité Tattes, Stop Renvoi et 3ChêneAccueil – étaient venues former une chaîne humaine symbolique contre ce renvoi. Les forces de police ont effectué des contrôles d’identité et menacé de verbaliser. De multiples démarches ont été tentées par ses ami-e-s, son avocate, des associations et des relais politiques.

      Les autorités responsables n’ont pas renoncé à ce renvoi inacceptable. Les proches des deux requérants éthiopiens ont demandé à plusieurs reprises de pouvoir leur dire au revoir. Sans succès. De nombreuses questions douloureuses demeurent sans réponse. Pourquoi les autorités, notamment cantonales, ne sont-elles pas intervenues pour empêcher ce renvoi ? Les HUG ont-ils pu délivrer un certificat médical assurant du bon état de santé de Tahir alors que celui-ci était aux urgences, sans même consulter son médecin ou son psychiatre à Frambois ? Pourquoi aucun des quatre Ethiopiens venus de Suisse n’avait-il fait le test PCR, alors que les trois venus d’Allemagne l’avaient effectué ?

      Les autorités genevoises, qui ont pourtant procédé à l’arrestation de Tahir et demandé son placement en détention, cherchent peut-être à s’abriter derrière la compétence du Secrétariat d’Etat aux migrations. Elles disposent cependant d’une responsabilité et d’une marge de manœuvre qui leur sont propres. Genève est le siège de nombreuses organisations internationales et le siège européen des Nations unies. Les autorités étaient – en tous cas moralement – tenues d’intervenir pour empêcher ce renvoi. La communauté internationale a établi depuis longtemps un ensemble de normes visant à garantir que le retour des réfugiés se déroule de manière à protéger leurs droits. Le non-refoulement des demandeurs d’asile vers un pays où leur vie est danger est considéré comme l’un des principes les plus stricts du droit international. Mauro Poggia, conseiller d’Etat en charge du Département de la sécurité, de l’économie et de la santé, ne s’est pas opposé à ce renvoi. Les autres conseillers-ères d’Etat doivent manifester leur désaccord et dénoncer la politique inacceptable de renvois que la Suisse met en œuvre de manière toujours plus inhumaine.

      Laurence Fehlmann Rielle, conseillère nationale, PS/GE.

      Emmanuel Deonna, député au Grand Conseil genevois, PS.

      Wahba Ghaly, conseiller municipal, Vernier, PS.

      Marc Morel, pour la Ligue suisse des droits de l’homme, Genève.

      Julie Franck, maître d’enseignement et de recherche à l’Université de Genève, pour les ami·e·s de Tahir.

      https://lecourrier.ch/2021/02/03/un-renvoi-indigne-et-honteux-pour-geneve

  • Entretien avec #Mathieu_Rigouste : une #généalogie coloniale de la police française
    (2017 —> pour archivage)

    L’entretien qui suit est la transcription d’une conversation ayant eu lieu le 23 septembre 2016 afin de figurer dans le 8ème numéro de The Funambulist (disponible en ligne et dans certaines librairies) dedié a une critique de la police dans differents contextes politiques et géographiques (États-Unis, Palestine, Égypte, Allemagne, Brésil, France). https://thefunambulist.net/magazine/police

    LÉOPOLD LAMBERT : Mathieu, ton travail consiste à beaucoup d’égards de mettre à jour la #généalogie_coloniale déterminante de la #police_française. J’aimerais donc commencer cette conversation avec le #massacre du #17_octobre_1961 qui a vu la police parisienne tuer entre 40 et 100 algérien-ne-s lors de manifestations ayant rassemblé environ 30 000 personnes en solidarité avec le #FLN. Lorsque nous évoquons la répression sanglante de l’état français au moment de la révolution algérienne, nous pensons souvent aux #violences commises en Algérie mais pas nécessairement en « métropole » ; c’est pourtant là que ce se détermine la police française d’aujourd’hui en relation à la partie de la population provenant d’anciennes colonies de « l’Empire » (nous en parlerons plus tard). Peux-tu nous décrire cette relation, ainsi que de la figure déterminante de #Maurice_Papon, préfet pour le régime Vichiste, puis à #Constantine en Algérie et enfin à l’œuvre à Paris donnant l’ordre d’un tel massacre ?

    MATHIEU RIGOUSTE : Il y a plusieurs racines de l’#ordre_sécuritaire. L’axe de mes recherches, c’est la #restructuration_sécuritaire qui accompagne la restructuration néolibérale du #capitalisme à l’époque contemporaine. Dans tous mes travaux je retombe sur ce mécanisme dans lequel on voit la société impérialiste française importer dans son système de #contrôle, de #surveillance, de #répression des dispositifs qui viennent des répertoires coloniaux et militaires. Au sein de l’Algérie qui est la colonie de peuplement et d’expérimentations d’une gestion militaire de la population colonisée la plus poussée, sont développés des répertoires d’#encadrement qui vont influencer en permanence, depuis 1830, la restructuration du contrôle de la population « en métropole ». Notamment par l’application de ces dispositifs sur les populations directement désignées comme étant la continuité des indigènes en Algérie, c’est-à-dire principalement les #arabes à #Paris. On a donc des répertoires particuliers, des #régimes_policiers de #violences appliqués aux colonisés « en #métropole » qui font un usage régulier de pratiques de #coercition, d’#humiliation, de #rafles, d’#assassinats, de #tortures longtemps avant la #guerre_d’Algérie et de manière continue. On a déjà une police dans les années 30 qui s’appelle #Brigade_de_surveillance_des_Nord-Africains (#BNA) qui est donc une police opérant sous critères racistes, chargée par l’utilisation de la coercition d’encadrer les français de souche nord-africaine. Ces répertoires vont se transmettre. La continuité de l’état, ça veut dire la continuité des personnels, des administrations, des bureaucraties. Et à travers la restructuration des unités de police, se transmettent des systèmes de #discours, d’#imaginaires, d’#idéologies, et de #pratiques.

    Donc au moment du 17 octobre 1961, il y a déjà tous ces répertoires qui appartiennent à l’arsenal de l’encadrement normal et quotidien des arabes à Paris. J’essaye d’alimenter une piste un peu nouvelle qui apporte un regard supplémentaire aux travaux critiques qui avaient été faits sur la question et qui essaye de montrer comment les doctrines de #contre-insurrection dominaient la pensée militaire de l’époque et comment elles ont été importées et réagencées après leur application industrielle pendant la guerre d’Algérie, notamment à partir de 1956, pour passer du répertoire militaire et colonial dans le répertoire policier de l’écrasement des arabes à Paris. Tu l’as dit, ça passe par des personnels ; on pense à la figure de Maurice Papon en effet, mais aussi à des « étages » moyens et inférieurs de la police, les #CRS, les #gendarmes_mobiles… tout le monde fait son séjour en Algérie pendant la guerre en tant que policier en formation ou pour servir puisqu’on avait utilisé la plupart des effectifs militaires et policiers disponibles à l’époque. Il y a donc déjà une masse de policiers et de gendarmes qui ont été faire la guerre aux colonisés et ils se sont appropriés le modèle de contre-insurrection, le modèle de #terreur_d’Etat. Et puis, il y a aussi tout le contingent, les « #appelés », toute une génération de jeunes mâles qui vont se construire – certains, en opposition, mais une minorité – dans cette guerre d’Algérie, et à travers toute l’économie psychique que ça suppose, les #peurs et la #férocité que ça va engendrer dans toute une génération qui prendra ensuite les manettes de la #Cinquième_République.

    Ce que j’essaye de montrer donc, et que l’on voit bien dans le discours de Maurice Papon à l’Institut des Hautes Études de Défense Nationale (IHEDN) en 1960, c’est que lui en tant que #IGAME, c’est-à-dire super préfet itinérant en Algérie, se forme à la contre-insurrection – c’était déjà un spécialiste des mécanismes de #purges, il s’était illustré par la #déportation des juifs de Bordeaux pendant l’occupation – et donc, assez logiquement, est nommé super préfet en Algérie pour organiser l’écrasement de la #révolution_algérienne. Il se forme ainsi à la contre-insurrection et expériment une forme de remodelage d’une contre-insurrection militaire et coloniale en contre-insurrection militaro-policière et administrative. Il se fascine completement pour cette doctrine qui exhorte à se saisir de l’ennemi intérieur pour pacifier la population, qui dit que le guérillero, le partisan, est comme un poisson dans l’eau, l’eau étant la population, et donc qu’il faut se saisir de la population. Ce système idéologique et technique va être élevé au rang de doctrine d’état et devenir hégémonique dans la pensée militaire francaise à partir de 1956. Dès lors, la doctrine « de la guerre (contre) révolutionnaire » alimente la restructuration des appareils de défense intérieure, « la #défense_intérieure_du_territoire » à l’époque, c’est-à-dire les grands plans de #militarisation_du_territoire en cas d’invasion soviétique. #Papon fait partie de la plateforme de propulsion d’une analyse qui dit que probablement une invasion soviétique – c’est la grille de lecture générale de toute la pensée militaire de l’époque – serait certainement précédée de manifestations géantes communistes et nord-africaines. Papon a en quelque sorte ouvert les plans de défense intérieure du territoire le 17 octobre. Il n’y avait eu que très peu de renseignements du côté de la Préfecture et ils ont été pris au dépourvu ; lorsqu’ils se sont rendus compte le 16 au soir, ou le 17 au matin qu’il y allait il y avoir des manifestations, ils sont allés chercher dans les répertoires disponibles, en l’occurrence la défense intérieure du territoire qui sont donc des plans de gestion militaire de la métropole en cas d’invasion soviétique. Ca explique pas mal de choses sur la puissance du dispositif mis en œuvre. Sur la radio de la police, on diffusait des messages d’#action_psychologique, on disait que les arabes avaient tué dix policiers à tel endroit, etc. pour exciter la #férocité des policiers. Il y a encore un autre aspect qu’il faut prendre en compte – j’y travaille en ce moment – c’est le soulèvement des masses urbaines de décembre 1960 en Algérie. C’est un peu la réponse à la #bataille_d’Alger, c’est-à-dire la réponse du peuple colonisé à la contre-insurrection. C’est un déferlement des masses (avec des enfants, des vieux, des femmes, etc.) dans les rues des grandes villes algériennes qui déborde la militarisation, déborde la contre-insurrection militaire et policière et emporte le versant politique de la guerre d’Algérie alors que le versant militaire était quasiment perdu. Le FLN et l’#Armée_de_Libération_Nationale étaient quasiment K.O. technique, militairement parlant et c’est donc le plus petit peuple qui remporte l’aspect politique de la guerre d’Algérie. Ça va marquer très très fort les administrations, les états-majors politiques, militaires et policiers et quand Papon se fait « ramener » à Paris c’est parce qu’il est reconnu comme un spécialiste de la gestion des arabes aux colonies et qu’on lui demande de faire la même chose à Paris. Il emporte donc cette mémoire avec lui et au moment où son état-major obtient l’information qu’il va il y avoir des manifestations organisées par le FLN et que des algériens vont marcher, depuis les périphéries vers le centre-ville – c’est-à-dire le même mouvement qu’en décembre 1960 en Algérie – il va utiliser l’arsenal d’écrasement qui est à sa disposition.

    Bien entendu, tout cela va semer des graines dans toute la Cinquième République qui est fondée autour du coup d’état militaire qui porte De Gaulle au pouvoir en 1958 et à travers toute cette grammaire idéologique qui considère les arabes et les communistes comme un #ennemi_intérieur dont il faudrait se saisir pour protéger la France et « le monde libre ». Voilà pour le contexte idéologique.

    LÉOPOLD LAMBERT : Dans le livre qu’est devenu ta thèse, L’ennemi intérieur (La Découverte, 2009), tu décris cette généalogie dans de grands détails. Peux-tu nous parler en particulier de la manière dont la doctrine de contre-insurrection coloniale française, élaborée d’abord par des militaires comme le Maréchal #Bugeaud au moment de la colonisation de l’Algérie, puis par d’autres comme #Roger_Trinquier, ou #Jacques_Massu au moment de la guerre de son indépendance a par la suite influencé d’autres polices et armées à l’échelle internationale – on pense notamment à Ariel Sharon ou David Petraeus ?

    MATHIEU RIGOUSTE : On peut dire que c’est à l’origine même de la construction de l’Etat. L’Etat se forge comme #contre-révolution. C’est un appareil qui permet aux classes dominantes de refermer soit le mouvement révolutionnaire soit le temps et l’espace de la guerre pour asseoir leur domination. Tout état se forme donc sur des appareils de contre-insurrection. Du coup, on trouve une pensée contre-insurrectionnelle chez #Sun_Tzu ou dans toute autre philosophie politique. Mais effectivement avec l’avènement de l’état nation moderne, du capitalisme et de sa version impérialiste, la contre-insurrection va elle-même prendre des formes modernes, industrielles, va se mondialiser, va se techniciser, va se rationaliser, et va évoluer en même temps que les systèmes technologiques. Du coup on a des formes modernes de doctrines de contre-insurrection chez le Maréchal Bugeaud en effet. Lui-même, son parcours et sa pensée reproduisent le mécanisme de restructuration impériale, c’est-à-dire l’importation de dispositifs issus de l’expérimentation coloniale et militaire vers le domaine du contrôle. Il va ainsi pouvoir expérimenter des pratiques contre-insurrectionelles à travers la conquête de l’Algérie avec toute sortes de dispositifs qui vont perdurer, comme les rafles, les déplacements de population, etc. et d’autres qui vont être mis de côté comme les enfumades, mais il y reste bien une logique d’extermination durant toute la conquête de l’Algérie.

    Pendant les dernières décennies de sa vie, Bugeaud ne cesse d’insister sur le fait qu’il a constitué une doctrine de contre-insurrection applicable au mouvement ouvrier en métropole. Il passe également beaucoup de temps à démontrer les similarités qu’il y aurait entre le processus révolutionnaire – ce que lui appelle « les insurrections » – au XIXe siècle en métropole et les révoltes aux colonies. À la fin de sa vie, il écrit même un livre (qui ne sera pas distribué) qui s’appelle La guerre des rues et des maisons dans lequel il propose de transférer son répertoire de contre-insurrection à la guerre en ville en métropole contre le peuple et dans lequel il développe une théorie d’architecture qui va se croiser avec toute l’hausmannisation et qui correspond à l’application de la révolution industrielle à la ville capitaliste. On va donc voir des doctrines militaires et coloniales passer dans le domaine policier en même temps que Hausmann « perce la citrouille » comme il dit ; c’est-à-dire en même temps qu’il trace les grandes avenues qui permettent à la police ou l’armée de charger les mouvements ouvriers. On introduit également tout cet imaginaire de la tuberculose, des miasmes, etc. On assimile les misérables à une maladie se répandant dans Paris et il faudrait donc faire circuler l’air. C’est comme aujourd’hui dans la rénovation urbaine, on ouvre des grands axes pour que la police puisse entrer dans les quartiers populaires le plus facilement possible et aussi pour les enfermer. Et on invoque la circulation de l’air. On a donc ces logiques avec tout un imaginaire prophylactique, hygiéniste, qui se met en place en même temps qu’on importe le répertoire contre-insurrectionnel dans le domaine de la police sur toute la seconde partie du XIXe siècle.

    Avec la restructuration impérialiste, les Etats-nation, les grandes puissances impérialistes du monde occidental vont s’échanger en permanence leurs retours d’expériences. On en a des traces dès 1917 après la révolution russe, où on voit donc les polices et les armées du monde occidental se faire des comptes rendus, s’échanger des synthèses d’expérience. Et c’est comme ça tout au long du XXe siècle. Tu parlais d’Ariel Sharon ; on a des traces du fait que des envoyés spéciaux de l’armée (et peut-être aussi de la police) israélienne qui ont été en contact et qui ont sans doute été également formés au Centre d’Instruction à la Pacification et à la contre-Guérilla (CIPCG) en Algérie. Les spécialistes de la contre-insurrection français et israéliens s’échangent donc, dès la guerre d’Algérie, des modèles d’écrasement de leurs ennemis intérieurs respectifs. On a donc une sorte de circulation permanente des textes révolutionnaires et contre-révolutionnaires. J’avais travaillé là-dessus pour une préface que j’ai écrite pour la réédition du Manuel du guérillero urbain ; on pense que ce manuel a beaucoup plus circulé dans les milieux contre-insurrectionnels que dans les mouvements révolutionnaires – ceux-ci disaient d’ailleurs qu’il n’avaient pas vraiment eu besoin d’un manuel de guérilla urbaine dans les années 1970. On a donc une circulation permanente et parfois paradoxale des textes révolutionnaires et contre-révolutionnaires, et des expériences.

    LÉOPOLD LAMBERT : Et des films comme La bataille d’Alger !

    MATHIEU RIGOUSTE : Exactement ; j’allais y venir. Ce film est d’abord censuré les premières années mais il va circuler en sous-main et il va être validé très rapidement par l’armée française qui dit que les choses se sont passées de manière très proche de ce qu’on voit dans le film. Celui-ci va donc à la fois permettre d’introduire la question contre-insurrectionnelle et le modèle français notamment. Bien que ça n’ait pas forcément forcé l’application exacte de ce modèle dans toutes les armées occidentales, on retrouve ce film dans beaucoup de formations militaires étrangères. On retrouve le film dans des mouvements révolutionnaires également : on sait par exemple que les zapatistes le projettent de temps en temps et s’en servent, d’autant que l’armée mexicaine est une grande collaboratrice de l’armée française. La gendarmerie mexicaine qui a tué des enseignants à Oaxaca il y a trois mois venait d’être formée par la gendarmerie française à ce modèle de gestion des foules, mais aussi au maniement des armes que la France vend avec.

    LÉOPOLD LAMBERT : Dans un autre livre, La domination policière (La Fabrique, 2012), tu dédies un chapitre entier à une branche de la police française qui est sans doute celle contribuant le plus à la continuation de la ségrégation coloniale de la société française, en particulier dans les banlieues, la Brigade AntiCriminalité (BAC). Quelqu’un comme Didier Fassin a fait une étude anthropologique très utile mais, somme toute assez académique puisque venant de l’extérieur, mais toi-même a vécu la plus grosse partie de ta vie en banlieue parisienne, à Gennevilliers et tes écrits peuvent ainsi nous donner un regard plus incarné à la violence raciste (et souvent sexiste et homophobe) qu’une telle branche de la police développe. Peux-tu brièvement nous retracer l’histoire de la BAC et nous parler de son action en banlieue ces dix dernières années (cad, depuis les révoltes de 2005) ?

    MATHIEU RIGOUSTE : Les Brigades AntiCriminalités représentent assez bien ce que j’essaye de démontrer dans mes travaux sur le capitalisme sécuritaire parce qu’elle a deux origines ; c’est la fusion des polices endo-coloniales et de la restructuration néolibérale de l’État. Ce sont des polices qui vont être formées au début des années 1970 et qui vont aller puiser dans les personnels, dans les grilles idéologiques, dans les boites à outils pratiques des polices endocoloniales. Je dis endocolonial pour parler de ces polices comme la Brigade de surveillance des Nord-Africains, et par la suite les Brigades Agression et Violence qui déploient les repertoires coloniaux sur des populations internes au pays sur des critères socio-racistes. Je parle d’endocolonialisme car ce ne sont pas les mêmes régimes de violence que ce qui est appliqué aux colonies et ce ne sont pas les mêmes régimes de violence appliqués aux classes populaires blanches – les Black Panthers ne se prenaient pas tellement la tête ; ils parlaient juste de colonies intérieures. Et parce que la société impérialiste a besoin de maintenir la surexploitation et la surdomination d’une partie des classes populaires, la partie racisée, elle a aussi besoin d’une police spécifique pour ça. C’est pour ça qu’après 1945, c’est-à-dire après le vrai-faux scandale de la collaboration de la police française à la destruction des juifs d’Europe, la bourgeoisie Gaulienne invente « la France résistante » et tente de faire croire que ce racisme a été renvoyé aux oubliettes. Mais bien-sûr on va reproduire les mêmes types de dispositifs avec souvent les mêmes personnels – on va aller rechercher les gens qui étaient dans les BNA vu qu’ils savent faire et qu’on va leur refiler le même boulot – et on va trouver une nouvelle dénomination, celle des Brigades Agression et Violence. Un appareil de gestion socio-raciste va ainsi être mystifié par cette dénomination, ce qu’on retrouve également dans la dénomination d’AntiCriminalité aujourd’hui dans cette rhétorique de la « guerre à la délinquance » qui permet de cacher les appareils de production du socio-apartheid derrière des mythes légalistes.

    On se retrouve donc avec une police qui fait à peu près la même chose, qui se rationalise, se modernise, et au tout début des années 1970, c’est-à-dire juste après 1968 – parce que dans tous ces ennemis intérieurs, il y a aussi le gauchiste, la figure qui n’avait jamais complètement disparue du révolutionnaire qu’incarnait la figure du fellagha – on considère qu’il faut des polices modernes qui vont aller dans les quartiers populaires installer la nouvelle société rationnelle, optimisée, néolibérale, etc. On va donc aller chercher dans les répertoires d’idées, de pratiques, de personnels, pour forger une nouvelle police. La première expérimentation se fait en Seine-Saint-Denis, c’est pas un hasard et en 1973, on file à un ancien des Brigades Agression et Violence la charge de policer les quartiers populaires de Seine-Saint-Denis et son unité va donc s’appeler la Brigade AntiCriminalité. Il va mettre à profit tout ce qu’on apprend à l’époque dans les grandes écoles de la nouvelle société, c’est-à-dire, ce qui s’appellera bientôt le néomanagement : l’application aux appareils d’état de la restructuration néolibérale dans les entreprises en quelques sortes. D’ailleurs, la doctrine de la guerre contre-révolutionnaire va elle-même être transposée dans les théories néolibérales et on parlera de doctrines de « guerre économique » par exemple. Il s’agit de détruire l’entreprise ennemie, en l’empoisonnant, en quadrillant son marché, en utilisant des agents de renseignement, tout ça nait au cours des années 1970. Cette première BAC va influencer la naissance d’autres unités sur le même mode dans différente villes et on va ainsi appliquer aux quartiers populaires des méthodes de gestion endocoloniales ce qui va mener aux premières grandes révoltes contre les violences policières dans les cités.

    Il apparait également une nouvelle logique comptable qu’on va appeler aujourd’hui « la politique du chiffre » qui consiste à optimiser le rendement, la productivité de la machine policière. Faire du chiffre, ça veut dire faire le plus possible de « bâtons », c’est-à-dire des « mises-à-disposition ». Ils appellent ça « faire une affaire » ; une affaire, c’est ramener quelqu’un et une histoire à traiter pour l’Officier de Police Judiciaire (OPJ) et si cette histoire est suffisamment utilisable pour en faire une affaire auprès du procureur et du coup aller jusqu’en justice et mettre cette personne en prison ou en tout cas essayer, ça fera un « bâton ». Ces bâtons gonflent une carrière et donc par exemple un commissaire qui veut « grimper », devenir préfet ou je ne sais quoi, il a tout intérêt à développer des unités de BAC dans son commissariat parce que celles-ci font beaucoup de mises-à-disposition puisqu’elles fonctionnent sur le principe du flagrant délit – les Brigades Nord-Africaines fonctionnaient déjà sur cette idée. Le principe du flagrant délit, c’est un principe de proaction. On va laisser faire l’acte illégal, on va l’encadrer, voire l’alimenter, voire même le suggérer ou le produire complétement pour pouvoir se saisir du « délinquant » au moment où il passe à l’action. La BAC est donc un appareil qui tourne beaucoup autour de la production de ses propres conditions d’extension. Cette logique de fond, c’est notamment ça qui va faire que les BAC vont se développer dans l’ère sécuritaire, c’est parce qu’elles font beaucoup de chiffre et qu’elles produisent également beaucoup de domination socioraciste, dont l’Etat a besoin pour contenir le socio-apartheid. Ceci se trouve dans le fait que le plus facile pour faire des mises-à-disposition et remplir ainsi cette mission néolibérale consiste à « faire » des ILS et des ILE : des Infractions à la Législation sur les Stupéfiants – des mecs qui fument des joints – et des Infractions à la Législation sur les Étrangers – des sans-papiers. Comment on trouve du shit et des gens qui n’ont pas de papiers ? Eh bien on arrête les noirs et les arabes. On traine donc autour des quartiers populaires pour faire des arrestations au faciès sur les classes populaires de couleur.

    Voilà comment nait en gros la BAC dans les années 1970 ; elle s’est ensuite développée tout au long des années 1980, d’abord par l’intermédiaire des BAC de Surveillance de Nuit (BSN) et au début des années 1990 et l’avènement de Charles Pasqua – le symbole le plus caricaturale des logiques politiques, policières et militaires de la guerre d’Algérie et dont la carrière politique est structurée autour de la chasse à l’ennemi intérieur – au Ministère de l’Intérieur, il va intensifier cette utilisation des répertoires de contre-insurrection et va être à la pointe de la genèse du système sécuritaire français. C’est lui notamment qui va rendre possible que toutes les villes de France puisse développer des BAC. Ce qui est à nouveau très intéressant du point de vue du capitalisme sécuritaire c’est que les BAC sont des unités qui utilisent beaucoup de matériel, et qui en revendiquent beaucoup, qui « gueulent » pour être de plus en plus armées. Ça c’est très intéressant pour les industriels de la sécurité. Pour les flashballs par exemple ; les BAC ont demandé à en être armées très vite, elles veulent les nouveaux modèles et elles participent avec les industriels à créer les nouveaux modèles et, bien-sûr, c’est elles qui utilisent le plus de munitions : le flashball est utilisé tous les soirs pour tirer dans les quartiers populaires de France. C’est la même chose pour les grenades lacrymogènes ; on en voit beaucoup dans le maintien de l’ordre des manifestations de mouvements sociaux dans les centre-villes mais les gaz sont utilisés quotidiennement dans les quartiers populaires.

    Le phénomène continue de se développer dans les dix dernières années. La BAC semble vraiment caractéristique de ce capitalisme sécuritaire, notamment par sa férocité mais aussi par son aspect ultralibéral, ultraproductif, ultraoptimisé, ultraviril, ultramédiatique : la BAC se met en scène, les agents s’inspirent énormément de ce qu’ils voient à la télévision… On a même une extension de ce qu’elle a inventé comme système de domination et d’écrasement des quartiers populaires vers la gestion des autres mouvements sociaux, comme récemment des luttes contre la loi travail. Généralement, la BAC est utilisée comme dispositif de pénétration, de saisie, de capture et elle est de plus en plus combinée à des dispositifs d’encerclement, d’enfermement, d’étranglement dans lesquels on utilise plutôt les CRS, les gardes mobiles. On a vu pendant le mouvement contre la loi travail, les BAC qui étaient employées à faire « du maintien de l’ordre ». À Toulouse, on a vu les effectifs des BAC sont utilisés dans l’expérimentation de nouveaux dispositifs hybrides : capable de faire et du maintien de l’ordre et de la capture, de l’intervention, de passer de l’un à l’autre en permanence, et de passer à des niveaux d’intensité très hauts très rapidement. La BAC rejoint ainsi la logique de restructuration de tous les appareils en ce moment qui consiste à devenir rhéostatique : être capable de s’adapter comme le mode de production toyotiste, c’est-à-dire s’adapter le plus instantanément à la demande, avec le moins de stock et de dépenses possibles et de la manière la plus rationalisée qui soit.

    LÉOPOLD LAMBERT : Tout comme Hacène Belmessous dans le deuxième numéro de The Funambulist, tu décris la manière dont « la rénovation urbaine » enclenchée en 2003 constitue à beaucoup d’égards une manière pour la police de s’approprier l’espace urbain des banlieues. Peux-tu nous en dire plus ? Cela intéressera sans doute beaucoup la moitié (ou le tiers) des lecteurs/-trices de The Funambulist qui sont architectes ou urbanistes !

    MATHIEU RIGOUSTE : Il y a effectivement un sursaut en 2003, mais ça avait commencé bien avant. Un des premiers grands quartiers qui est soumis à une politique de ce qu’ils appellent « la rénovation urbaine », mais ce qui est en fait de la destruction et du réaménagement, c’est le quartier où je suis né ; le Luth à Gennevilliers. Il s’agissait d’une coopération du Plan Pasqua et du Parti Communiste Français (PCF) qui gère la ville depuis les années 1930, tous deux ravis de se débarrasser des familles les plus pauvres et d’essayer une nouvelle forme de gestion des quartiers populaires. C’est un processus constant : la ville capitaliste au gré des crises de suraccumulation du capital, se restructure pour continuer à concentrer des masses de travailleurs pauvres autour de ses centres d’accumulation du capital. Et dans ces quartiers populaires, ces campements, ces bidonvilles, ces territoires misérables, les dominé-e-s, les exploité-e-s, les opprimé-e-s, les damné-e-s, inventent en permanence des formes d’auto-organisation, d’autonomisation, de fuites et de contre-attaques, des cultures d’insoumission et des manières de se rendre ingouvernables. Il faut donc en permanence, pour le pouvoir, à la fois une police qui permette de détruire cette dynamique d’autonomisation récurrente et de survie – parce qu’en fait les gens n’ont pas le choix – et un réaménagement des territoires : il faut à la fois ségréguer et pénétrer ces territoires pour aller y détruire tout ce qui peut émerger de subversif. Et l’urbanisme tient un rôle fondamental dans la restructuration sécuritaire de la ville capitaliste. Cette logique est déjà à l’œuvre dans les bidonvilles durant la guerre d’Algérie ; on a des polices spécialisées à la gestion des bidonvilles, c’est-à-dire au harcèlement, à la brutalisation, à la surveillance, au fichage, parfois à la torture, parfois même aux assassinats et aux disparitions d’habitants du bidonville et qui détruisent les cabanes des habitant.e.s parce que même dans le bidonville, on voit ré-émerger des formes de mises-en-commun, d’auto-organisation, de politisation révolutionnaire, de colère, d’entraide, toute sorte de choses qui menace le pouvoir et qui nécessite donc une intervention. En plus d’intervenir avec de l’idéologie, du divertissement ou de l’aménagement, il faut intervenir avec de la coercition.

    On retrouve ce processus dans toute l’histoire de la ville capitaliste ; c’est une dialectique permanente. Sauf que ce qui nait dans les années 1970, c’est un schéma qu’on va voir apparaître ; à partir du moment où on met des polices féroces, comme la BAC, autour des quartiers populaires, celles-ci produisent de la violence policière et donc produisent de la colère. Les dominé-e-s, face à ça, vont produire des tactiques, des techniques, des stratégies, des pratiques de résistance et de contre-attaque. Ça va donner lieu à des révoltes, parfois très spontanées, parfois plus organisées : une histoire des contre-attaques face à la police nait dans les années 1970 et on se rend compte, au gré de ces révoltes et de leur répression et de leur gestion médiatique que des municipalités en collaboration avec la police et les média sont capables de désigner aux pouvoirs publics et au reste de la population en général un quartier populaire comme ingérable, infâme, irrécupérable. Ceci s’accompagne d’une logique humanitaire ; aller « sauver des gens » alors que les revendications pour des meilleures conditions de vie sont permanentes et que les habitants n’obtiennent jamais rien.

    Toute cette logique va activer au cours des années 1970 la reconnaissance par les pouvoirs publics et par le capital industriel et financier du fait que lorsqu’on est capable de désigner un quartier populaire comme infâme, on va pouvoir activer un circuit de capitaux financiers d’abord, puis industriels, liés à ce qu’on va appeler de manière publicitaire « la rénovation urbaine », c’est-à-dire un protocole de restructuration de ce quartier qui peut aller jusqu’à sa destruction complète. Il va ainsi apparaitre beaucoup de régimes de restructuration : certains consistent à éloigner les populations les plus pauvres ou les moins gouvernables, d’autres vont organiser l’évacuation totale de ces populations, d’autre encore qu’on observe beaucoup depuis le début des années 2000 à travers la mystification de la mixité sociale consistent à parler de réhabilitation mais à en fait déplacer les plus pauvres, sans détruire le quartier. On fait ça à la fois avec de la police et de la prison, mais aussi avec la hausse des loyers provoquée par l’arrivée de nœuds de transports en commun qui permet de faire venir des cadres qui ne se seraient pas déplacés jusque-là ; la petite bourgeoisie à laquelle on veut permettre de venir s’installer à la place des quartiers populaires. Bref, à travers tout ce programme publicitaire qu’est la rénovation urbaine, la transformation des quartiers populaires en quartiers petits-bourgeois va attirer des flux de capitaux gigantesques, notamment liés au fait que depuis le début des années 2000, l’État investit énormément pour appuyer les pouvoirs locaux dans leur politiques de restructurations urbaines. C’est de l’argent qui va retomber immédiatement dans les poches des industriels du bâtiment et aussi dans celles des industriels de la sécurité, encore une fois, parce qu’on voit qu’une fois que la police, les média, la prison et les autorités municipales ont réussi à « déblayer le terrain », le réaménagement des quartiers se fait en partenariat avec tous les industriels du bâtiment mais aussi des technologies de surveillance, de design – les cliques du néo-urbanisme – les publicitaires, les commerces, bref tout un système d’entreprises qui vivent autour de ça. La logique de fond est à la fois le renforcement du socio-apartheid, mais aussi une forme de colonisation interne à travers l’expansion de la ville capitaliste et l’invention de nouvelles formes d’encadrement de la vie sociale.

    LÉOPOLD LAMBERT : À l’heure où nous parlons, l’état d’urgence promulgué par François Hollande au lendemain des attentats du 13 novembre 2015 a déjà été renouvelé trois fois. Pour un certain nombre de francais-e-s blanc-he-s de classe moyenne ou riches, cela ne représente qu’une nuisance négligeable mais pour la population racisée française, en particulier ceux et celles que l’on nomme pudiquement « musulman-ne-s d’apparence » ce régime légal donnant une latitude encore plus importante à la police insiste encore d’avantage sur l’existence d’une sous-citoyenneté qui ne dit pas son nom. Travailles-tu actuellement sur la manière dont l’état d’urgence agit comme précédent à la fois légal et dans les pratiques policières ? Peux-tu nous en parler ?

    MATHIEU RIGOUSTE : Je ne travaille pas précisément sur cet aspect des choses mais bien-sûr, je suis ce qui est en train de se passer, notamment au sein des luttes dans lesquelles on avance et on réfléchit sur cet aspect-là. Et effectivement, tu le résumes bien, il y a toute une partie des strates privilégiées, même des classes populaires qui ne se rend pas compte de ce à quoi sert l’état d’urgence parce qu’il ne le voit pas et les média ont vraiment un rôle fondamental là-dedans. C’est ça aussi le socio-apartheid : les vies sont séparées, elles ne se croisent pas. Effectivement l’état d’urgence a permis une intensification de la ségrégation mais aussi de mécanismes d’oppression contre les quartiers populaires, ce qui peut rester complétement invisible pour le reste de la population. L’angle d’attaque, c’est l’Islam et les violences, ce sont des perquisitions fracassantes : explosion de la porte, on met tout le monde a terre et en joue, parfois on gaze à l’intérieur des appartements, parfois on tabasse. Ca provoque des traumatismes très forts dans les familles ; on a des récits de perquisitions en pleine nuit et les enfants, la maman, la grand-mère, plusieurs mois après, cherchent à être suivis par des psychologues. À l’école, c’est dramatique, les enfants n’y arrivent pas, après que des unités militaro-policières ont débarqué chez eux en mode anti-terrorisme. Les violences, ce sont aussi des assignations à résidence ; on a du mal à le saisir lorsqu’on ne le vit pas, mais il s’agit d’un système d’encadrement très dur car il faut aller pointer régulièrement. La plupart de ces histoires, je tiens à le dire, se dégonflent après ; il y a déjà des victoires dans les tribunaux parce que l’immense majorité de ces assignations à résidence sont fondées sur rien du tout, surtout par le fait que la personne a été désignée par quelqu’un comme étant « très pratiquante », possiblement « radicalisée », c’est de l’ordre de la délation. Ce sont donc des violences très fortes et très profondes dans les familles, principalement musulmanes à travers ces perquisitions, ces assignations à résidence et ces procédures judiciaires qui durent bien-sûr et qui épuisent. Les noms des gens sont lâchés dans la presse, toute une ville peut d’un seul coup vous considérer comme un probable terroriste.

    Donc voilà, l’état d’urgence permet l’intensification du socio-apartheid, de l’islamophobie et des racismes d’état, ce qui se conjugue assez bien à la gestion quotidienne des quartiers populaires dans la France impérialiste.

    https://blogs.mediapart.fr/leopold-lambert/blog/200117/entretien-avec-mathieu-rigouste-une-genealogie-coloniale-de-la-polic
    #colonialisme #colonisation #bac #police #Algérie #France #histoire #entretien #interview

  • Revealed: No 10 explores sending asylum seekers to Moldova, Morocco and Papua New Guinea | UK news | The Guardian
    https://www.theguardian.com/uk-news/2020/sep/30/revealed-no-10-explores-sending-asylum-seekers-to-moldova-morocco-and-p

    Downing Street has asked officials to consider the option of sending asylum seekers to Moldova, Morocco or Papua New Guinea and is the driving force behind proposals to hold refugees in offshore detention centres, according to documents seen by the Guardian.

    The documents suggest officials in the Foreign Office have been pushing back against No 10’s proposals to process asylum applications in detention facilities overseas, which have also included the suggestion the centres could be constructed on the south Atlantic islands of Ascension and St Helena.

    The documents, marked “official” and “sensitive” and produced earlier this month, summarise advice from officials at the Foreign Office, which was asked by Downing Street to “offer advice on possible options for negotiating an offshore asylum processing facility similar to the Australian model in Papua New Guinea and Nauru”.

    #migration #asile #déportation #externalisation #déterritorialisation

    • Downing Street has asked officials to consider the option of sending asylum seekers to Moldova, Morocco or Papua New Guinea and is the driving force behind proposals to hold refugees in offshore detention centres, according to documents seen by the Guardian.

      The documents suggest officials in the Foreign Office have been pushing back against No 10’s proposals to process asylum applications in detention facilities overseas, which have also included the suggestion the centres could be constructed on the south Atlantic islands of Ascension and St Helena.

      The documents, marked “official” and “sensitive” and produced earlier this month, summarise advice from officials at the Foreign Office, which was asked by Downing Street to “offer advice on possible options for negotiating an offshore asylum processing facility similar to the Australian model in Papua New Guinea and Nauru”.

      The Australian system of processing asylum seekers in on the Pacific Islands costs AY$13bn (£7.2bn) a year and has attracted criticism from human rights groups, the United Nations and even the UK government, according to the documents, which reveal British ministers have “privately” raised concerns with Australia over the abuse of detainees in its offshore detention facilities.

      The Financial Times reported on Wednesday that the home secretary, Priti Patel, asked officials to consider processing asylum seekers Ascension and St Helena, which are overseas British territories. Home Office sources were quick to distance Patel from the proposals and Downing Street has also played down Ascension and St Helena as destinations for asylum processing centres.

      However, the documents seen by the Guardian suggest the government has for weeks been working on “detailed plans” that include cost estimates of building asylum detention camps on the south Atlantic islands, as well as other proposals to build such facilities in Moldova, Morocco and Papua New Guinea.

      The documents suggest the UK’s proposals would go further than Australia’s hardline system, which is “based on migrants being intercepted outside Australian waters”, allowing Australia to claim no immigration obligations to individuals. The UK proposals, the documents state, would involve relocating asylum seekers who “have arrived in the UK and are firmly within the jurisdiction of the UK for the purposes of the ECHR and Human Rights Act 1998”.

      The documents suggest that the idea that Morocco, Moldova and Papua New Guinea might make suitable destinations for UK asylum processing centres comes directly from Downing Street, with documents saying the three countries were specifically “suggested” and “floated” by No 10. One document says the request for advice on third country options for detention facilities came from “the PM”.

      The Times reported that the government was also giving serious consideration to the idea of creating floating asylum centres in disused ferries moored off the UK coast.

      While composed in the restrained language of civil servants, the Foreign Office advice contained in the documents appears highly dismissive of the ideas emanating from Downing Street, pointing out numerous legal, practical and diplomatic obstacles to processing asylums seekers oversees. The documents state that:

      • Plans to process asylum seekers at offshore centres in Ascension or St Helena would be “extremely expensive and logistically complicated” given the remoteness of the islands. The estimated cost is £220m build cost per 1,000 beds and running costs of £200m. One document adds: “In relation to St Helena we will need to consider if we are willing to impose the plan if the local government object.”

      • The “significant” legal, diplomatic and practical obstacles to the plan include the existence of “sensitive military installations” on the island of Ascension. One document warns that the military issues mean the “will mean US government would need to be persuaded at the highest levels, and even then success cannot be guaranteed”.

      • It is “highly unlikely” that any north African state, including Morocco, would agree to hosting asylum seekers relocated to the UK. “No north African country, Morocco included, has a fully functioning asylum system,” one document states. “Morocco would not have the resources (or the inclination) to pay for a processing centre.”

      • Seeming to dismiss the idea of sending asylum seekers to Moldova, Foreign Office officials point out there is protracted conflict in the eastern European country over Transnistria as well as “endemic” corruption. They add: “If an asylum centre depended on reliable, transparent, credible cooperation from the host country justice system we would not be able to rely on this.”

      • Officials warned of “significant political and logistical obstacles” to sending asylum seekers to Papua New Guinea, pointing out it is more than 8,500 miles away, has a fragile public health system and is “one of the bottom few countries in the world in terms of medical personnel per head of population”. They also warn any such a move would “renew scrutiny of Australia’s own offshore processing”. One document adds: “Politically, we judge the chances of positive engagement with the government on this to be almost nil.”

      A Foreign Office source played down the idea that the department had objected to Downing Street’s offshoring proposals for asylum seekers, saying officials’ concerns were only about the practicality of the plan. “This was something which the Cabinet Office commissioned, which we responded to with full vigour, to show how things could work,” the source said.

      However, another Whitehall source familiar with the government plans said they were part of a push by Downing Street to “radically beef-up the hostile environment” in 2021 following the end of the Brexit transition. Former prime minister Theresa May’s “hostile environment” phrase, which became closely associated with the polices that led to the Windrush scandal, is no longer being used in government.

      But the source said that moves are afoot to find a slate of new policies that would achieve a similar end to “discourage” and “deter” migrants from entering the UK illegally.

      The documents seen by the Guardian also contain details of Home Office legal advice to Downing Street, which states that the policy would require legislative changes, including “disapplying sections 77 and 78 of the Nationality Immigration and Asylum Act 2002 so that asylum seekers can be removed from the UK while their claim or appeal is pending”.

      Another likely legislative change, according to the Home Office advice, would require “defining what we mean by a clandestine arrival (and potentially a late claim) and create powers allowing us to send them offshore for the purposes of determining their asylum claims”.

      One of the documents states that the option of building detention centres in foreign countries – rather than British overseas territories – is “not the favoured No 10 avenue, but they wish to explore [the option] in case it presents easier pathways to an offshore facility”.

      On Wednesday, asked about the FT’s report about the UK considering plans to ship asylum seekers to the south Atlantic for processing, Boris Johnson’s spokesperson confirmed the UK was considering Australian–style offshore processing centres.

      He said the UK had a “long and proud history” of accepting asylum seekers but needed to act, particularly given migrants making unofficial crossings from France in small boats.

      “We are developing plans to reform our illegal migration and asylum policies so we can keep providing protection to those who need it, while preventing abuse of the system and criminality. As part of this work we’ve been looking at what a whole host of other countries do to inform a plan for the United Kingdom. And that work is ongoing.”

      Asked for comment about the proposals regarding Moldova, Morocco and Papua New Guinea, Downing Street referred the Guardian to the spokesman’s earlier comments. The Foreign Office referred the Guardian to the Home Office. The Home Office said it had nothing to add to comments by the prime minister’s spokesman.

      #UK #Angleterre #Maroc #Papoue_Nouvelle_Guinée #Moldavie
      #offshore_detention_centres
      #procédure_d'asile #externalisation_de_la_procédure #modèle_australien

      #île_de_l'Ascension

      #île_Sainte-Hélène


      #Sainte-Hélène

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      Les #floating_asylum_centres pensés par l’UK rappellent d’autres structures flottantes :
      https://seenthis.net/messages/879396

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      Ajouté à la métaliste sur l’externalisation des frontières :
      https://seenthis.net/messages/731749

    • Ascension Island: Priti Patel considered outpost for UK asylum centre location

      The government has considered building an asylum processing centre on a remote UK territory in the Atlantic Ocean.

      The idea of “offshoring” people is being looked at but finding a suitable location would be key, a source said.

      Home Secretary Priti Patel asked officials to look at asylum policies which had been successful in other countries, the BBC has been told.

      The Financial Times says Ascension Island, more than 4,000 miles (6,000km) from the UK, was a suggested location.

      What happens to migrants who reach the UK?
      More migrants arrive in September than all of 2019
      Fleeing the Syrian war for Belfast

      The Foreign Office is understood to have carried out an assessment for Ascension - which included the practicalities of transferring migrants thousands of miles to the island - and decided not to proceed.

      However, a Home Office source said ministers were looking at “every option that can stop small boat crossings and fix the asylum system”.

      "The UK has a long and proud history of offering refuge to those who need protection. Tens of thousands of people have rebuilt their lives in the UK and we will continue to provide safe and legal routes in the future.

      “As ministers have said we are developing plans to reform policies and laws around illegal migration and asylum to ensure we are able to provide protection to those who need it, while preventing abuse of the system and the criminality associated with it.”

      No final decisions have been made.
      ’Logistical nightmare’

      Labour’s shadow home secretary Nick Thomas-Symonds said: “This ludicrous idea is inhumane, completely impractical and wildly expensive - so it seems entirely plausible this Tory government came up with it.”

      Alan Nicholls, a member of the Ascension Island council, said moving asylum seekers more than 4,000 miles to the British overseas territory would be a “logistical nightmare” and not well received by the islanders.

      He also told BBC Radio 4’s Today programme that the presence of military bases on the island could make the concept “prohibitive” due to security concerns.

      Australia has controversially used offshore processing and detention centres for asylum seekers since the 1980s.

      A United Nations refugee agency representative to the UK, Rossella Pagliuchi-Lor, said the proposal would breach the UK’s obligations to asylum seekers and would “change what the UK is - its history and its values”.

      Speaking to the UK Parliament’s Home Affairs Select Committee, she said the Australian model had “brought about huge suffering for people, who are guilty of no more than seeking asylum, and it has also cost huge amounts of money”.

      The proposal comes amid record numbers of migrants making the journey across the English Channel to the UK in small boats this month, which Ms Patel has vowed to stop.

      Laura Trott, Conservative MP for Sevenoaks in Kent, said it was “absolutely right” that the government was looking at offshore asylum centres to “reduce the pressure” on Kent, which was “unable to take any more children into care”.

      In order to be eligible for asylum in the UK, applicants must prove they cannot return to their home country because they fear persecution due to their race, religion, nationality, political opinion, gender identity or sexual orientation.

      Asylum seekers cannot work while their claims are being processed, so the government offers them a daily allowance of just over £5 and accommodation, often in hostels or shared flats.

      Delays in processing UK asylum applications increased significantly last year with four out of five applicants in the last three months of 2019 waiting six months or more for their cases to be processed.

      That compared with three in four during the same period in 2018.

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      Ascension Island key facts

      The volcanic island has no indigenous population, and the people that live there - fewer than 1,000 - are the employees and families of the organisations operating on the island
      The military airbase is jointly operated by the RAF and the US, and has been used as a staging post to supply and defend the Falkland Islands
      Its first human inhabitants arrived in 1815, when the Royal Navy set up camp to keep watch on Napoleon, who was imprisoned on the island of St Helena some 800 miles away
      It is home to a BBC transmitter - the BBC Atlantic Relay station - which sends shortwave radio to Africa and South America

      https://www.bbc.com/news/uk-politics-54349796

    • UK considers sending asylum seekers abroad to be processed

      Reports suggest using #Gibraltar or the #Isle_of_Man or copying Australian model and paying third countries

      The Home Office is considering plans to send asylum seekers who arrive in the UK overseas to be processed, an idea modelled on a controversial Australian system, it is understood.

      Priti Patel, the home secretary, is expected to publish details next week of a scheme in which people who arrive in the UK via unofficial means, such as crossing the Channel in small boats, would be removed to a third country to have any claim dealt with.

      The government has pledged repeatedly to introduce measures to try to reduce the number of asylum seekers arriving across the Channel. Australia removes arrivals to overseas islands while their claims are processed.

      A Home Office source said: “Whilst people are dying making perilous journeys we would be irresponsible if we didn’t consider every avenue.”

      However, the source played down reports that destinations considered included Turkey, Gibraltar, the Isle of Man or other British islands, and that talks with some countries had begun, saying this was “all speculation”.

      Last year it emerged that meetings involving Patel had raised the possibility of asylum seekers being sent to Ascension Island, an isolated volcanic British territory in the south Atlantic, or St Helena, part of the same island group but 800 miles away.

      At the time, Home Office sources said the proposals came when Patel sought advice from the Foreign Office on how other countries deal with asylum applications, with Australia’s system given as an example.

      Labour described the Ascension Island idea as “inhumane, completely impractical and wildly expensive”.

      After the Brexit transition period finished at the end of 2020, the UK government no longer had the automatic right to transfer refugees and migrants to the EU country in which they arrived, part of the European asylum system known as the Dublin regulation.

      The UK government sought to replace this with a similar, post-Brexit version, but was rebuffed by the EU.

      With the government facing political pressure on migrant Channel crossings from some parts of the media, and from people like Nigel Farage, the former Ukip leader who frequently makes videos describing the boats as “an invasion”, Patel’s department has sought to respond.

      Last year, official documents seen by the Guardian showed that trials had taken place to test a blockade in the Channel similar to Australia’s controversial “turn back the boats” tactic.

      Reports at the time, denied by Downing Street, said that other methods considered to deter unofficial Channel crossings included a wave machine to push back the craft.

      https://www.theguardian.com/uk-news/2021/mar/18/asylum-seekers-could-be-sent-abroad-by-uk-to-be-processed

  • Histoire du sucre, histoire du monde

    Suivre le sucre pour éclairer l’histoire du monde : tel est le stupéfiant voyage auquel nous invite #James_Walvin. Tout commence avec la #colonisation des #Caraïbes, de l’Amérique et l’essor des #plantations. C’est la naissance d’un nouvel ordre, fondé sur la #déportation de millions d’Africains réduits en #esclavage. Après avoir exterminé les populations indigènes, détruit les #paysages et les forêts tropicales, on implante les premières usines polluantes pour fabriquer sucre et #rhum. Sans compter une organisation du travail implacable qui, plus tard, inspirera #Henry_Ford.
    Mais il fallait aussi que ce sucre, quasiment inconnu jusqu’au XVIIe siècle, soit consommé. D’abord produit de #luxe réservé à la table des #élites, il devient, avec la #révolution_industrielle, l’aliment de base des #classes_ouvrières, pendant que le rhum, l’un de ses produits dérivés, fait des ravages parmi les plus démunis. Cette consommation massive de sucre, qui bouleverse les habitudes alimentaires, est désastreuse : #caries, #obésité et #diabète se répandent sur tous les continents. Une course folle s’engage ; la consommation de boissons et de céréales sucrées gagne du terrain, et continue de s’étendre aujourd’hui encore.
    De Bordeaux à Bristol, des fortunes colossales se sont bâties sur le sucre et l’esclavage, marquant les débuts du #capitalisme. Plus tard, des entreprises sans scrupule, dont #Coca-Cola reste la plus emblématique, développeront leurs pouvoirs de ravager le monde en même temps que leur surface financière. Et finiront parfois par dicter la politique des grands États.

    https://editionsladecouverte.fr/catalogue/index-Histoire_du_sucre__histoire_du_monde-9782348046216.html
    #livre #histoire #sucre #géohistoire #géo-histoire #ressources_pédagogiques #fordisme #alimentation

  • Lu menestre Colombe

    Paroles de la chanson :

    E lu menstre Colombe
    ha fatte nu progette
    ha fatte nu progette pe’
    pe’ li disoccupate

    E stetev’attente
    e voi d’la poblazione
    impareteve a legge a scrive pe’
    defendeve da li padrune

    Tutti i disoccupeti da
    mugghieri l’ha separeti
    e glie ha fette nu bullettine a
    confino l’heve mannete

    E stetev’attente...

    Tutti i disoccupeti da
    mugghieri l’ha separeti
    e glie ha fette nu bullettine a
    Germania l’heve mannete

    E stetev’attente...

    Explications de #Terracanto, qui l’interprète dans son nouveau spectacle (conférence chantée sur l’émigration italienne) : « Voix d’Italie, voix migrantes » (https://www.terracanto.org/fr/voix-ditalie-voix-migrantes)

    Paroles de Giuseppe Miriello écrites dans les années Cinquante sur un ancien air de troubadours. Miriello, conteur et militant communiste de la #Basilicate.

    Selon le récit de Giovanna Marini, qui enregistra le chant pendant ses recherches en Basilicate, Giuseppe Miriello aimait à chanter devant l’église de son village pour mettre en garde le peuple contre toutes les malversations politiques et autre formes d’exploitation.
    Il commençait ses chansons par une sorte d’imprécation au Ministre #Colombo, élu de Basilicate qui avait fait carrière et était devenu Ministre du gouvernement de #Démocratie_Chrétienne.
    Pour cette raison, le ministre Colombo était dans l’imaginaire populaire responsable de chaque décision funeste et devint ainsi le bouc-émissaire de Miriello.
    Bien que l’on parle dans la chanson de “Germania”, c’est à dire de l’Allemagne, le chant dénonce l’accord avec la #Belgique, acté par le gouvernement de Démocratie Chrétienne en 1946 même si à l’époque, Colombo n’était pas encore ministre. Pour une personne qui savait à peine lire et écrire, avec une connaissance approximative de la géographie européenne, l’Allemagne représentait tout ce qui se trouvait au nord de l’Italie.

    Alors que dans cet immédiat après-guerre, l’Italie croule sous les dettes, le taux de chômage est très éléve et les matières premières manquent cruellement, la Belgique en revanche possède des sous-sols riches en charbon mais personne pour les exploiter. Les deux États signent donc un accord qui permettra l’envoie hebdomadaire de 2000 #travailleurs_italiens (soit 50.000 en tout) contre des tonnes de #charbon.

    Sur le papier, les #contrats sont alléchants :
    transports gratuits, salaire très digne, logement garanti avec la possibilité future d’un rapprochement familial. On annonce que les travailleurs seront sélectionnés par les bourses du travail, bref tout semble parfait !
    En réalité pourtant, les travailleurs seront triés par les paroisses qui choisissent des hommes dociles, non syndiqués en provenance de l’#Italie_du_Sud, analphabètes pour la plupart : de futurs #mineurs incapables de lire les conditions de leur contrat.
    De fait, le voyage sera une dette que l’ouvrier contracte et qu’il devra rembourser à la sueur de son front, la paye est misérable pour un travail harrassant, les ouvriers s’entassent dans des taudis et personne jamais ne pourra faire venir sa famille. Et la clause la plus honteuse, celles qui les rend littéralement esclaves : il n’est pas possible de laisser le travail avant la première année sous peine de prison.
    C’est dans ces conditions d’absence totale de droits (et donc de garanties) que mûrissent les conditions d’une des plus graves tragédies minières : la catastrophe de #Marcinelle le 8 août 1956 pendant laquelle 262 personnes perdront la vie, dont 136 immigrants italiens. Sur la peau de ces esclaves oubliés se fonde la grande reconstruction des pays européens.
    C’est une véritable #déportation que Miriello dénonce sur un air simple avec des paroles ultra efficaces. Il synthétise le ressenti collectif par l’efficacité propre à la poésie populaire. Le refrain qu’il répète sans cesse sonne comme un puissant et nécessaire #avertissement : “apprenez à lire et à écrire, gens du peuple, pour vous défendre des patrons !”

    https://www.terracanto.org/fr/chants/lu-menestre-colombe

    –---

    Interprétation de #Giovanna_Marini :
    https://www.youtube.com/watch?v=AWB7tCXDAVI

    #chanson #musique #chants_populaires #Italie #musique_et_politique #émigration #éducation #migrations #analphabétisme #illettrisme #mines #extractivisme #histoire #esclavage

    ping @sinehebdo

  • How #ICE Exported the Coronavirus

    An investigation reveals how Immigration and Customs Enforcement became a domestic and global spreader of COVID-19.

    Admild, an undocumented immigrant from Haiti, was feeling sick as he approached the deportation plane that was going to take him back to the country he had fled in fear. Two weeks before that day in May, while being held at an Immigration and Customs Enforcement detention facility in Louisiana, he had tested positive for the coronavirus — and he was still showing symptoms.

    He disclosed his condition to an ICE official at the airport, who sent him to a nurse.

    “She just gave me Tylenol,” said Admild, who feared reprisals if his last name was published. Not long after, he was back on the plane before landing in Port-au-Prince, one of more than 40,000 immigrants deported from the United States since March, according to ICE records.

    Even as lockdowns and other measures have been taken around the world to prevent the spread of the coronavirus, ICE has continued to detain people, move them from state to state and deport them.

    An investigation by The New York Times in collaboration with The Marshall Project reveals how unsafe conditions and scattershot testing helped turn ICE into a domestic and global spreader of the virus — and how pressure from the Trump administration led countries to take in sick deportees.

    We spoke to more than 30 immigrant detainees who described cramped and unsanitary detention centers where social distancing was near impossible and protective gear almost nonexistent. “It was like a time bomb,” said Yudanys, a Cuban immigrant held in Louisiana.

    At least four deportees interviewed by The Times, from India, Haiti, Guatemala and El Salvador, tested positive for the virus shortly after arriving from the United States.

    So far, ICE has confirmed at least 3,000 coronavirus-positive detainees in its detention centers, though testing has been limited.

    We tracked over 750 domestic ICE flights since March, carrying thousands of detainees to different centers, including some who said they were sick. Kanate, a refugee from Kyrgyzstan, was moved from the Pike County Correctional Facility in Pennsylvania to the Prairieland Detention Facility in Texas despite showing Covid-19 symptoms. He was confirmed to have the virus just a few days later.

    “I was panicking,” he said. “I thought that I will die here in this prison.”

    We also tracked over 200 deportation flights carrying migrants, some of them ill with coronavirus, to other countries from March through June. Under pressure from the Trump administration and with promises of humanitarian aid, some countries have fully cooperated with deportations.

    El Salvador and Honduras have accepted more than 6,000 deportees since March. In April, President Trump praised the presidents of both countries for their cooperation and said he would send ventilators to help treat the sickest of their coronavirus patients.

    So far, the governments of 11 countries have confirmed that deportees returned home with Covid-19.

    When asked about the agency’s role in spreading the virus by moving and deporting sick detainees, ICE said it took precautions and followed guidelines of the Centers for Disease Control and Prevention. As of last week, ICE said that it was still able to test only a sampling of immigrants before sending them home. Yet deportation flights continue.

    https://www.themarshallproject.org/2020/07/10/how-ice-exported-the-coronavirus

    #covid-19 #coronavirus #USA #Etats-Unis #migrations #migrerrance #renvois #expulsions #déportations #avions #transports_aériens #contamination #malades #rétention #détention_administrative #asile #réfugiés #déboutés #distanciation_sociale #swiftair #visualisation #cartographie #géographie

    ping @isskein @simplicissimus @karine4 @reka

  • Lydia Chagoll, rebelle
    https://www.solidaire.org/articles/lydia-chagoll-rebelle
    https://leblognotesdehugueslepaige.be/lydia-chagoll-rebelle)

    Témoin et actrice, victime et combattante : Lydia Chagoll a traversé les tragédies du XXe siècle avec une détermination qui ne l’a jamais quittée jusqu’à son dernier souffle le 23 juin dernier.

    Elle était née en Hollande en 1931, dans une famille juive dont le père est un journaliste antifasciste. En 1940, lors de la débâcle, Lydia passe en Belgique avant de se réfugier dans les Indes néerlandaises où elle passera trois ans dans différents camps de concentration japonais jusqu’en 1945 alors qu’une grande partie de sa famille est gazée à Sobibor. Expérience évidemment fondatrice qui alimentera à la fois ses inlassables combats antifascistes et antiracistes et sa lutte pour les droits des enfants.[1] Par ses films et par ses livres, mais aussi par les visites qu’elle guide à Auschwitz[2], Lydia Chagoll consacre une grande partie de sa vie à la mémoire de la Shoah, mais aussi à celle de la déportation et du génocide des Roms et Sinti (« Tsiganes »)[3]. Elle sera aussi — et en même temps —, comme juive disait-elle, une ardente combattante pour les droits des Palestiniens. Ce qui lui vaudra les foudres d’une partie de sa communauté d’origine. Au lendemain de la guerre, la première partie de la vie professionnelle de Lydia Chagoll est consacrée à la danse. Elle est danseuse et chorégraphe et fonde sa propre troupe. Déjà, elle écrit sur la danse avec ce souci d’intégrer la réflexion et les interrogations sur la création artistique.

    En 1974, sa rencontre avec le cinéaste Frans Buyens (1924-2004)[4] constitue le tournant de sa vie. Lydia et Frans vont constituer un couple exceptionnel par la force de leur amour et la richesse de leur complicité créatrice et politique. Ils ne sont pas fusionnels, mais égalitaires en discussion permanente dans l’écoute respectueuse, mais sans concession de l’apport de chacun. e. Frans est déjà un cinéaste reconnu. Journaliste, écrivain, pamphlétaire et réalisateur autodidacte. Il a réalisé le seul film consacré aux grèves 60-61 (Combattre pour nos droits). « Je suis un cinéaste idéologue », disait Frans qui réalise de nombreux documentaires politiques, mais aussi artistiques, avec notamment deux films essentiels consacrés à Frans Masereel sans oublier plusieurs films de fiction dont le très beau récit autobiographique consacré à la mort de sa mère par euthanasie (Minder dood dan de anderen (Moins morte que les autres, 1992[5]).

    À partir de 1974 et jusqu’à la mort de Frans, le couple va réaliser ensemble 31 films. L’œuvre est immense. On ne retiendra ici que la somme emblématique consacrée à l’histoire du nazisme et à la mémoire de ceux qui l’affrontèrent : 540 minutes, 9 films dont 4 sur l’histoire proprement dite et 5 films constitués de témoignages de survivants et de combattants. La forme est rigoureuse, radicale, inventive. Des plans fixes [iconographie du nazisme] pour l’histoire, des entretiens face caméra, avec trois dimensions de plans, sur le même fond teinté de couleurs différentes selon les époques. Le titre du film est essentiel : « Savoir Pourquoi »[6]. Les deux mots donnent tout leur sens au film. Il s’agit bien d’aller aux racines du nazisme qui n’est pas un accident de l’histoire ni un simple dévoiement du nationalisme, mais le fruit d’un système d’exploitation. Il s’agit aussi d’armer les générations futures contre le retour de ce mal absolu. « Savoir Pourquoi » fait œuvre de connaissance et de réflexion, mais ne verse pas dans le pédagogisme élémentaire. Le travail sur le rapport entre la voix et l’image est sans nul doute fondamental pour créer la distanciation que Chagoll et Buyens recherchaient.

    Ayant eu la chance de travailler quelques fois avec eux, je me rappelle ici de cette exigence sur l’utilisation de la voix — et donc du texte —. Alors que je faisais une des « voix off » du film, je me souviens avoir passé des dizaines d’heures en studio avec eux. Débats politiques passionnants et parfois heurtés sur le texte lui-même, mais surtout difficulté d’affronter au mieux leurs choix techniques et artistiques. Contrairement à l’usage, le couple refusait que l’on voie les images que nous commentions. On enregistrait le texte « à blanc » pour ne pas se laisser porter — ou déformer — par l’émotion qu’un plan pouvait engendrer. Ils nous faisaient travailler sur le sens du texte et en exigeant une discipline vocale sans faille. Le résultat en était étonnant : après mixage, l’émotion n’était pas absente, mais surtout « on savait pourquoi »…                                  

    L’œuvre Chagoll-Buyens est tout entière dans cette démarche intellectuelle et cette écriture cinématographique. Elle a marqué de son empreinte l’histoire du documentaire en Belgique. Paradoxalement leur cinéma salué dans de très nombreux festivals internationaux n’a jamais obtenu la reconnaissance qu’il méritait dans leur propre pays.

    Trente et un films communs, après la mort de Frans, en 2004, Lydia achèvera seule le 32e qui était une autobiographie croisée [Duo Portrait, 2006] et qui illustre superbement leur parcours généreux et rebelle.

    Il y a un peu plus d’un an, je présentais avec Lydia son dernier film « Félix Nussbaum », portrait du peintre mort à Auschwitz et dont l’œuvre oubliée sera redécouverte après la guerre. Dans cette biographie à la fois empathique et rigoureuse, Lydia fait revivre — et découvrir — une peinture marquée par l’émotion et l’histoire. Après la projection, autour d’un verre, on a refait le monde comme toujours en associant le souvenir de Frans. À la fin de notre longue conversation, Lydia, pourtant fatiguée et malade, mais requinquée par la projection et la réaction du public m’a dit « Eh bien Huge — c’est ainsi qu’elle prononçait — je pense que je vais encore en faire un… ». Elle avait alors 88 ans. Lydia, éternelle combattante.

    (article paru sur le Blog de Hugues Le Paige : https://leblognotesdehugueslepaige.be/lydia-chagoll-rebelle)
    [1] « Au Nom du Führer » ( 1977) : documentaire sur l’enfant aryen et « non aryen » sous le régime nazi et » La petite peau blanche devait courber la tête devant l’empereur Hirohito » (2003) d’après son propre récit autobiographique.
    [2] En collaboration avec la Fondation Auschwitz : voir https://auschwitz.be/fr/accueil/agenda/deces-de-lydia-chagoll-23-juin-2020
    [3] « Ma Bister », 2014
    [4] Voir mon article consacré à Frans Buyens dans la revue Politique : https://www.revuepolitique.be/des-hommes-contre
    [5] Ce sera le premier film belge consacré à la question de l’euthanasie
    [6] Coproduit par Image Création avec la participation de la RTBF ( une autre époque…), ces films sont aussi à la disposition du service public qui peut donc les rediffuser à sa meilleure convenance… On ne doute pas qu’un hommage sera ainsi rendu à Lydia Chagoll et à Frans Buyens.

    #Femme #combat #cinéma #documentaire #combat #antifacisme #antiracisme #Shoah #déportation #couple #Frans_Masereel #Histoire #social

  • #Cartographier la #déportation des Juifs – Mondes Sociaux
    https://sms.hypotheses.org/25271

    Pour bien saisir la démarche, prenons un autre exemple, celui de la commune de La Bachellerie. Une analyse fine des #cartes, menée dans le département de la Dordogne, où la déportation a été intense, souligne l’intensité de la persécution de cette petite commune. Forte de 756 habitants en 1936, cette commune du Périgord noir, enregistre la déportation de 33 femmes et enfants et l’exécution sommaire de 7 hommes (le plus jeune était âgé d’à peine 15 ans).

    Rapporté à la #population, le nombre des victimes juives des exactions a été 5 fois supérieur à Paris, pourtant très durement éprouvée avec environ 35 000 victimes. Dit autrement, si la capitale avait subi la persécution avec la même intensité que la Bachellerie, le nombre des victimes juives y aurait atteint le chiffre de… 150 000. La carte souligne – et avec quelle force – l’existence d’un événement exceptionnel qu’il faut expliquer.