• Pour l’#agriculture_palestinienne, ce qui se passe depuis le 7 octobre est « un #désastre »

    À #Gaza sous les bombes comme en #Cisjordanie occupée, l’#eau est devenue un enjeu crucial, et le conflit met en évidence une #injustice majeure dans l’accès à cette ressource vitale. Entretien avec l’hydrologue Julie Trottier, chercheuse au CNRS.

    Des cultures gâchées, une population gazaouie sans eau potable… Et en toile de fond de la guerre à Gaza, une extrême dépendance des territoires palestiniens à l’eau fournie par #Israël. L’inégal accès à la ressource hydrique au Proche-Orient est aussi une histoire d’emprise sur les #ressources_naturelles.

    Entretien avec l’hydrologue Julie Trottier, chercheuse au CNRS, qui a fait sa thèse sur les enjeux politiques de l’eau dans les territoires palestiniens et a contribué à l’initiative de Genève, plan de paix alternatif pour le conflit israélo-palestinien signé en 2003, pour laquelle elle avait fait, avec son collègue David Brooks, une proposition de gestion de l’eau entre Israéliens et Palestiniens.

    Mediapart : L’#accès_à_l’eau est-il un enjeu dans le conflit qui oppose Israël au Hamas depuis le 7 octobre ?

    Julie Trottier : Oui, l’accès à l’eau est complètement entravé à Gaza aujourd’hui. En Cisjordanie, la problématique est différente, mais le secteur agricole y est important et se trouve mal en point.

    Il faut savoir que l’eau utilisée en Israël vient principalement du #dessalement d’eau de mer. C’est la société israélienne #Mekorot qui l’achemine, et elle alimente en principe la bande de Gaza en #eau_potable à travers trois points d’accès. Mais depuis le 7 octobre, deux d’entre eux ont été fermés, il n’y a plus qu’un point de livraison, au sud de la frontière est, à #Bani_Suhaila.

    Cependant, 90 % de l’eau consommée à Gaza était prélevée dans des #puits. Il y a des milliers de puits à Gaza, c’est une #eau_souterraine saumâtre et polluée, car elle est contaminée côté est par les composés chimiques issus des produits utilisés en agriculture, et infiltrée côté ouest par l’eau de mer.

    Comme l’#électricité a été coupée, cette eau ne peut plus être pompée ni désalinisée. En coupant l’électricité, Israël a supprimé l’accès à l’eau à une population civile. C’est d’une #violence extrême. On empêche 2,3 millions de personnes de boire et de cuisiner normalement, et de se laver.

    Les #stations_d’épuration ne fonctionnent plus non plus, et les #eaux_usées non traitées se répandent ; le risque d’épidémie est considérable.

    On parle moins de l’accès aux ressources vitales en Cisjordanie… Pourtant la situation s’aggrave également dans ces territoires.

    En effet. Le conflit a éclaté peu avant la saison de cueillette des #olives en Cisjordanie. Pour des raisons de sécurité, craignant de supposés mouvements de terroristes, de nombreux colons ont empêché des agriculteurs palestiniens d’aller récolter leurs fruits.

    La majorité des villages palestiniens se trouvent non loin d’une colonie. En raison des blocages sur les routes, les temps de trajet sont devenus extrêmement longs. Mais si l’on ne circule plus c’est aussi parce que la #peur domine. Des colons sont équipés de fusils automatiques, des témoignages ont fait état de menaces et de destruction d’arbres, de pillages de récoltes.

    Résultat : aujourd’hui, de nombreux agriculteurs palestiniens n’ont plus accès à leurs terres. Pour eux, c’est un désastre. Quand on ne peut pas aller sur sa terre, on ne peut plus récolter, on ne peut pas non plus faire fonctionner son système d’#irrigation.

    L’accès à l’eau n’est malheureusement pas un problème nouveau pour la Palestine.

    C’est vrai. En Cisjordanie, où l’eau utilisée en agriculture vient principalement des sources et des puits, des #colonies ont confisqué de nombreux accès depuis des années. Pour comprendre, il faut revenir un peu en arrière...

    Avant la création d’Israël, sur ces terres, l’accès à chaque source, à chaque puits, reposait sur des règles héritées de l’histoire locale et du droit musulman. Il y avait des « #tours_d’eau » : on distribuait l’abondance en temps d’abondance, la pénurie en temps de pénurie, chaque famille avait un moment dans la journée pendant lequel elle pouvait se servir. Il y avait certes des inégalités, la famille descendant de celui qui avait aménagé le premier conduit d’eau avait en général plus de droits, mais ce système avait localement sa légitimité.

    À l’issue de la guerre de 1948-1949, plus de 700 000 Palestiniens ont été expulsés de leurs terres. Celles et ceux qui sont arrivés à ce qui correspond aujourd’hui à la Cisjordanie n’avaient plus que le « #droit_de_la_soif » : ils pouvaient se servir en cruches d’eau, mais pas pour irriguer les champs. Les #droits_d’irrigation appartenaient aux familles palestiniennes qui étaient déjà là, et ce fut accepté comme tel. Plus tard, les autorités jordaniennes ont progressivement enregistré les différents droits d’accès à l’eau. Mais ce ne sera fait que pour la partie nord de la Cisjordanie.

    À l’intérieur du nouvel État d’#Israël, en revanche, la population palestinienne partie, c’est l’État qui s’est mis à gérer l’ensemble de l’eau sur le territoire. Dans les années 1950 et 1960, il aménage la dérivation du #lac_de_Tibériade, ce qui contribuera à l’#assèchement de la #mer_Morte.

    En 1967, après la guerre des Six Jours, l’État hébreu impose que tout nouveau forage de puits en Cisjordanie soit soumis à un permis accordé par l’administration israélienne. Les permis seront dès lors attribués au compte-gouttes.

    Après la première Intifida, en 1987, les difficultés augmentent. Comme cela devient de plus en plus difficile pour la population palestinienne d’aller travailler en Israël, de nombreux travailleurs reviennent vers l’activité agricole, et les quotas associés aux puits ne correspondent plus à la demande.

    Par la suite, les #accords_d’Oslo, en 1995, découpent la Cisjordanie, qui est un massif montagneux, en trois zones de ruissellement selon un partage quantitatif correspondant aux quantités prélevées en 1992 – lesquelles n’ont plus rien à voir avec aujourd’hui. La répartition est faite comme si l’eau ne coulait pas, comme si cette ressource était un simple gâteau à découper. 80 % des eaux souterraines sont alors attribuées aux Israéliens, et seulement 20 % aux Palestiniens.

    L’accaparement des ressources s’est donc exacerbé à la faveur de la #colonisation. Au-delà de l’injustice causée aux populations paysannes, l’impact du changement climatique au Proche-Orient ne devrait-il pas imposer de fonctionner autrement, d’aller vers un meilleur partage de l’eau ?

    Si, tout à fait. Avec le #changement_climatique, on va droit dans le mur dans cette région du monde où la pluviométrie va probablement continuer à baisser dans les prochaines années.

    C’est d’ailleurs pour cette raison qu’Israël a lancé le dessalement de l’eau de mer. Six stations de dessalement ont été construites. C’est le choix du #techno-solutionnisme, une perspective coûteuse en énergie. L’État hébreu a même créé une surcapacité de dessalement pour accompagner une politique démographique nataliste. Et pour rentabiliser, il cherche à vendre cette eau aux Palestiniens. De fait, l’Autorité palestinienne achète chaque année 59 % de l’eau distribuée par Mekorot. Elle a refusé toutefois une proposition d’exploitation d’une de ces usines de dessalement.

    Il faut le souligner : il y a dans les territoires palestiniens une #dépendance complète à l’égard d’Israël pour la ressource en eau.

    Quant à l’irrigation au goutte à goutte, telle qu’elle est pratiquée dans l’agriculture palestinienne, ce n’est pas non plus une solution d’avenir. Cela achemine toute l’eau vers les plantes cultivées, et transforme de ce fait le reste du sol en désert, alors qu’il faudrait un maximum de biodiversité sous nos pieds pour mieux entretenir la terre. Le secteur agricole est extrêmement consommateur d’eau : 70 à 80 % des #ressources_hydriques palestiniennes sont utilisées pour l’agriculture.

    Tout cela ne date pas du 7 octobre. Mais les événements font qu’on va vers le contraire de ce que l’on devrait faire pour préserver les écosystèmes et l’accès aux ressources. L’offensive à Gaza, outre qu’elle empêche l’accès aux #terres_agricoles le long du mur, va laisser des traces de #pollution très graves dans le sol… En plus de la tragédie humaine, il y a là une #catastrophe_environnementale.

    Cependant, c’est précisément la question de l’eau qui pourrait avoir un effet boomerang sur le pouvoir israélien et pousser à une sortie du conflit. Le reversement actuel des eaux usées, non traitées, dans la mer, va avoir un impact direct sur les plages israéliennes, car le courant marin va vers le nord. Cela ne pourra pas durer bien longtemps.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/040124/pour-l-agriculture-palestinienne-ce-qui-se-passe-depuis-le-7-octobre-est-u

    #agriculture #Palestine

    • Cependant, c’est précisément la question de l’eau qui pourrait avoir un effet boomerang sur le pouvoir israélien et pousser à une sortie du conflit. Le reversement actuel des eaux usées, non traitées, dans la mer, va avoir un impact direct sur les plages israéliennes, car le courant marin va vers le nord. Cela ne pourra pas durer bien longtemps.

  • https://www.liberation.fr/environnement/ressources-en-eau-lespagne-envisage-de-vivre-sans-retenues-20230326_XZ2IC

    Si, en France, la sécheresse insistante suscite un débat sur le recours croissant aux « bassines », en Espagne il s’agit d’un modèle bien connu depuis des décennies, essentiel pour l’agriculture, mais aujourd’hui remis en question. Pour beaucoup, il est même considéré comme dépassé et insuffisant, dans un contexte de pénurie chronique d’eau, liée en partie au dérèglement climatique mais aussi à la gestion agricole. En l’état, l’Espagne est une « superpuissance » des retenues d’eau, appelées ici embalses ou pantanos. Selon la Société nationale de barrages et retenues d’eau, qui les fédère, on en compte 1 226, un record en Europe, en particulier dans la moitié méridionale semi-aride du pays, qui en dépend de manière cruciale pour son agriculture.

    https://justpaste.it/cvqxk

    #Espagne #agriculture_productiviste #méga_bassines #retenues_d'eau #embalses #dessalement #pénuries_d'eau

  • La réutilisation des eaux usées, le vrai-faux miracle anti-sécheresse
    https://www.liberation.fr/environnement/la-reutilisation-des-eaux-usees-le-vrai-faux-miracle-anti-secheresse-2023

    L’exécutif y voit un levier pour « trouver des sources alternatives d’eau ». Car aujourd’hui, « on se prive de millions de mètres cubes : [sur] 30 000 stations d’assainissement, seulement 77 permettent d’assainir les eaux usées pour les réutiliser », se désole Christophe Béchu. En France, moins de 1% des eaux usées traitées sont réutilisées, contre 8% en Italie, 14% en Espagne et 85% en Israël. L’Australie, la Californie ou le Texas y ont aussi beaucoup recours, y compris pour la lutte anti-incendies. Et la Namibie et Singapour s’en servent pour produire de l’eau potable. « Les technologies sont matures, on les connaît bien, donc nous pouvons aisément monter à 10% de réutilisation en France d’ici à 2027, soit 500 millions de m³, c’est-à-dire environ 15% des besoins d’irrigation du monde agricole », assure Maximilien Pellegrini, directeur général délégué du groupe Suez et président de la Fédération des entreprises de l’eau. Selon lui, la principale barrière n’est pas sanitaire : « Les Français mangent depuis des décennies des tomates espagnoles irriguées avec de l’eau réutilisée, ça ne pose pas de problème. » Elle n’est pas non plus économique, même si « le traitement additionnel a un coût, qui varie en fonction des technologies utilisées et de la qualité de l’eau voulue ». Elle est plutôt administrative et réglementaire : « Il faut dix ans pour faire démarrer un projet. »

    [...] Alors, a-t-on trouvé le remède miracle à la sécheresse ? Pas si vite. Personne ne le prétend, pas même ses plus fervents partisans. L’idée peut être judicieuse, mais dans certaines situations seulement, au cas par cas et utilisée à bon escient. « Ce n’est pas une solution magique, ça ne génère pas une ressource nouvelle, insiste Régis Taisne, chef du département cycle de l’eau de la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies. C’est de l’eau que l’on va utiliser d’une certaine manière plutôt qu’une autre et ça n’est pertinent que si cela ne prive pas trop le milieu aquatique. » Ainsi, utilisée massivement en amont d’une rivière, par exemple pour l’irrigation de cultures gourmandes en eau, la Reut [réutilisation des eaux usées traitées] peut dépouiller celle-ci du précieux liquide et perturber son fonctionnement écologique mais aussi l’approvisionnement des populations résidant en aval. « Les rejets de la station d’épuration d’Achères, la plus grosse d’Europe située à l’ouest de Paris, c’est la moitié du débit de la Seine en été, illustre Régis Taisne. Si on la prive de ça, à Rouen ou même au Havre, il y aura des soucis. » Pour lui, la pratique pose moins de problèmes sur les côtes, là où les rejets des stations d’épuration finissent dans la mer et où l’eau réutilisée « manquera donc moins au milieu », même si les activités littorales ont aussi besoin d’une certaine quantité d’eau douce, par exemple pour la conchyliculture.

    [...] « Je ne tire pas un trait sur la Reut, mais il faut raisonner au cas par cas, garder en tête qu’un cours d’#eau n’est pas un autre, être extrêmement humbles et nous interroger sur les usages de cette eau, s’ils sont vraiment nécessaires », insiste-t-elle [l’hydrobiologiste Marie Mézière-Fortin]. Cette dernière ne pense pas non plus qu’il faille suivre les exemples italien, espagnol et israélien : « Ils ont utilisé toutes les techniques visant à stocker de l’eau et à l’empêcher d’être sur les territoires. Résultat, ils sont touchés par des #sécheresses monumentales, ils ont gagné vingt ans dans leur “combat” contre la sécheresse mais vont finir par le perdre. » Pour la spécialiste, tout miser sur la #Reut serait donc « de la mal-adaptation suicidaire ».

    La voie à suivre, dit-elle, « c’est une somme de petites choses qui supposent de changer de modèle agricole et d’aménagement du territoire, au-delà d’une seule solution “miracle”. Il n’y a jamais de solution unique. Et chacun peut agir à son niveau ». D’abord, pour économiser l’eau.

    • Quant au #dessalement de l’eau de mer :
      Les encombrants rejets du dessalement
      https://www.pourlascience.fr/sd/environnement/les-encombrants-rejets-du-dessalement-16052.php

      Ils ont ainsi estimé à 95 millions de mètres cubes par jour la quantité d’eau dessalée produite dans le monde, tandis que le volume des #saumures rejetées serait une fois et demie plus important : 142 millions de mètres cubes par jour, chiffre supérieur de 50 % aux estimations précédentes.

      [...] Qu’advient-il des saumures ? Dans la plupart des cas, elles sont rejetées directement en mer, 80 % des unités de dessalement se trouvant à moins de 10 kilomètres de la côte. Or les saumures, plus denses que l’eau de mer, appauvrissent en oxygène les eaux profondes. Cet appauvrissement en oxygène et la forte salinité nuisent aux organismes vivant sur le fond marin. De plus, les saumures contiennent des produits toxiques, utilisés notamment pour réduire les dépôts dans les dispositifs de dessalement.

  • Au Maroc, la pire sécheresse depuis 40 ans fait craindre une grave pénurie d’eau

    https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/maroc/le-maroc-face-a-sa-pire-secheresse-depuis-40-ans-menace-d-une-grave-pen

    Soumis de longue date aux variations climatiques, le pays subit un sévère déficit pluviométrique depuis septembre 2021 et une baisse alarmante des réserves des barrages de près de 89% par rapport à la moyenne annuelle, selon les statistiques officielles.

    Dans un article pour l’Institut marocain d’analyse des politiques (Mipa), la chercheuse Amal Ennabih estime que la rareté de l’eau est « profondément liée à la façon dont cette ressource est utilisée pour l’irrigation, consommant environ 80% de l’eau du Maroc chaque année ». Une situation d’autant plus alarmante que 10% seulement des terres agricoles sont irriguées, relève l’expert Abderrahim Hendouf, qui plaide pour une réduction du poids excessif du secteur agricole dans l’économie marocaine.

    #Maroc #eau #sécheresse #climat #agriculture #irrigation #dessalement

    • Maroc : méthodes traditionnelles, drones, dessalement… Quelles techniques pour lutter contre la sécheresse ?

      https://www.jeuneafrique.com/1331267/politique/maroc-methodes-traditionnelles-drones-dessalement-quelles-techniques-p

      Alors que le stress hydrique menace de s’accentuer dans les années à venir en Afrique du Nord, plusieurs options s’offrent au royaume pour protéger sa population et son agriculture.

      Dans son rapport annuel publié le 14 mars, la Cour des comptes consacre plusieurs pages au secteur de l’eau. Pour introduire ses recommandations en matière de gestion hydrique, l’instance de contrôle évoque le constat suivant : avec «  22 milliards de m³ par an » , le Maroc «  figure parmi les 20 pays les plus "stressés" au monde en termes de disponibilité de ces ressources. »

      Alors que le contexte de sécheresse menace sévèrement la saison agricole, le taux de remplissage des barrages tourne autour des 30 %. Mais selon le rapport de la Cour des comptes, le déficit pluviométrique n’expliquerait que partiellement l’insuffisance hydrique du royaume. En effet, les équipes de Zineb El Adaoui pointent également la politique de gestion de la ressource.

      Répartition déséquilibrée

      Parmi les points négatifs relevés par le rapport pour 2019-2020 : une répartition structurelle déséquilibrée des ressources qui entraîne d’importantes disparités régionales et des écarts entre l’offre et la demande. Aujourd’hui au Maroc, les nappes phréatiques sont surexploitées à hauteur d’1,1 milliards de m³/an.
      Des chiffres qui interrogent sur la pertinence de la politique des barrages héritée de la fin des années 1960. «  La capacité actuelle de stockage dépasse le potentiel des apports... » , résume le chercheur Ali Hammani de l’Institut agronomique et vétérinaire (IAV) Hassan II à Rabat.

      La part des sources en eaux non-conventionnelles «  se limite à 0,9 % de la totalité des ressources en eau mobilisées » , indique le rapport de la Cour des comptes. Ces sources non-conventionnelles, ce sont la récupération des eaux de pluie, le dessalement de l’eau de mer et des eaux saumâtres, ou encore la réutilisation des eaux usées traitées.

      Mais ces techniques de récupération et de valorisation de l’eau ne se valent pas toutes. En plus de nécessiter des infrastructures onéreuses, certaines d’entre elles ont des répercussions négatives sur l’environnement, comme le rejet de métaux lourds dans la mer.

      Le traitement des eaux de pluie

      Lors d’un épisode de sécheresse comme celui que vit actuellement le pays, l’agriculture dépendant des eaux de pluie paraît plus fragile que jamais. Une meilleure collecte et valorisation des eaux de pluies permettrait au Maroc de renforcer sa sécurité alimentaire.
      Pour l’eau potable, une des méthodes de prédilection est celle des «  matfias » . Dans le contexte agricole, il est plus fréquent de réaliser des «  tabias »

      Dans le Plan national de l’eau (PNE), le gouvernement se fixe comme objectif d’atteindre 300 millions de m³/an via la généralisation de la collecte des eaux pluviales. Selon le professeur Hammami, cet objectif «  n’est pas suffisamment ambitieux, compte tenu de l’énorme potentiel en matière de technique de stockage au sol et de captage des eaux de pluie. »

      D’autres solutions de valorisation de ces eaux pluviales sont également considérées par les spécialistes en agroécologie. Il s’agit de techniques ancestrales peu onéreuses et souvent bénéfiques pour la préservation de la biodiversité et la séquestration du dioxyde de carbone. Elles sont mises en place dans le cadre domestique (lessive, consommation humaine) ou agricole (abreuvement du bétail, amélioration de la production).

      Ainsi pour l’alimentation en eau potable, une des méthodes de prédilection est celle des «  matfias » , individuelles ou collectives. Il s’agit de bassins couverts permettant de stocker les eaux de pluies ou de ruissellement. Dans le contexte agricole, il est plus fréquent de réaliser des «  tabias » , des diguettes en terre construites suivant les courbes de niveau pour capter le ruissellement.

      Dessalement des eaux de mer et des eaux saumâtres

      Le 3 mars dernier, le ministre de l’Équipement et de l’Eau, Nizar Baraka, annonçait la construction d’une station de dessalement d’eau de mer pour le Grand Casablanca, dont le coût est estimé à 10 milliards de dirhams (927 millions d’euros). Considérée comme une des plus grandes d’Afrique, cette unité devrait couvrir les besoins en eau de l’ensemble de la région à l’horizon 2050.

      «  Le recours au dessalement de l’eau de mer me paraît être une solution pertinente dans les zones déficitaires notamment au sud du royaume » , affirme Hammami. «  Mais il ne peut être, à mon sens, justifié que s’il est orienté vers l’alimentation en eau potable et l’irrigation des cultures à très haute valeur ajoutée » , ajoute-t-il, évoquant le méga-projet d’irrigation de 5 000 hectares annoncé en 2016 dans le cadre du programme de développement de la région Dakhla-Oued Eddahab.

      Cette solution implique pourtant quelques défis, notamment en termes de coûts énergétiques. Une question qui ne se pose pas pour les pays riches en énergies fossiles, ce qui n’est pas le cas du Maroc. À titre comparatif, l’Arabie saoudite dessale 5,5 millions de m³/ an, soit l’équivalent de 60 % de l’eau douce consommée dans le pays. «  Pour obtenir une qualité qui répond aux normes, le coût du traitement devrait être en partie subventionné par l’État » , suggère Hammami.

      Réutilisation des eaux usées

      Le Maroc produit annuellement plus de 600 millions de m³ d’eaux usées. Un chiffre voué à augmenter dans les années à venir avec le développement urbain et l’évolution démographique. L’assainissement de ce volume est «  impératif pour atténuer les pénuries d’eau et restaurer la qualité des eaux, qui connaissent une grande détérioration » , alerte le chercheur de l’IAV.

      Cette solution, relativement vertueuse écologiquement, devrait être principalement allouée au nettoyage des voiries et à l’arrosage des jardins publics et des golfs. Mais la réutilisation des eaux usées souffre d’une mauvaise image auprès du public. Pour cette raison, souvent, les paysans refusent que leurs terrains accueillent l’installation d’unités d’assainissement des eaux usées.

      Développer cette voie nécessiterait, aussi, de changer la perception qu’en ont les Marocains. À ce propos, la Cour des comptes insiste sur l’importance d’investir dans une meilleure communication publique pour «  sensibiliser à la préservation des ressources en eau et à la rationalisation de son utilisation. »

      Modernisation des pratiques

      Pour optimiser la gestion hydrique dans le royaume, notamment dans le cadre de l’agriculture irriguée, Ali Hammami fait plusieurs recommandations : la régulation de l’accès à l’eau, le partage d’information entre les différents acteurs de la gestion hydrique, la promotion de la recherche et de la formation mais surtout, l’adoption de nouvelles technologies.

      Selon lui, la voie du salut serait l’agriculture de précision et la généralisation du paradigme du «  more crop per drop » (plus de récolte par goutte). En déterminant les quantités d’eau nécessaire et en contrôlant les prélèvements de l’eau souterraine, on parviendrait donc à augmenter la productivité de l’eau consommée en agriculture tout en préservant les nappes phréatiques.

      Le spécialiste cite dans ce cadre, la technologie des objets connectés (IoT) et l’usage des drones agricoles et des images satellites. Le professeur de l’Institut Hassan II, est également adepte des mécanismes de régulation via compteurs connectés et des systèmes intégrés de suivi et d’amélioration des performances.

      Rym Bousmid

  • “These displaced people live in fear of being attacked at any time”

    After increased insecurity in the Tillabéry region of Niger caused large numbers of people to flee their homes, MSF carried out an emergency response in early January 2019.

    MSF deputy head of mission Boulama Elhadji Gori describes the situation.
    Why did MSF carry out an emergency response in the rural area of #Dessa in the #Tillabéry region last week?

    A state of emergency was declared recently in the department of Tillabéry, in the region of the same name. Like many other departments in the region, Tillabéry faces many security challenges.

    The people living in this border area between Mali and Niger find themselves trapped in violence that comes from two directions: on one side, the community conflict; on the other, the activities of non-state armed groups.

    After receiving information about people being displaced in the region, an MSF team visited the immediate area, where they saw first-hand the precarious situation in which the displaced people were living.

    We are talking about a total of 1,287 people at three sites within a five-kilometre radius. These people were already vulnerable, having been displaced several times already.

    What were people’s main needs?

    These people had been forced to leave their homes, their fields and often their animals in order to escape the violence orchestrated by armed groups and other opportunists. Because of the hostilities in the area, basic services such as schools and health centres have been closed.

    The displaced people lack shelter, food, healthcare and protection. They are also drinking untreated river water, which brings the risk of various diseases.

    Given the urgency of their needs, and in the absence of other humanitarian organisations, the MSF team decided to launch a response.
    What did MSF’s response involve?

    Our medical team conducted 170 medical consultations, mainly for respiratory infections, malaria, dermatitis and severe malnutrition, as well as 20 antenatal consultations.

    We also assessed the nutritional status of children and vaccinated nearly 130 children against measles. Five mental health promotion sessions were organised for approximately 160 people.

    Several patients were referred to the health centre for follow-up care, which MSF was also involved in. Our team distributed essential relief items to 220 families, including blankets, cooking utensils, washing kits, mosquito nets and jerry cans.

    To make sure that people have safe drinking water, the teams distributed 4,000 water purification tablets, and ran sessions on how to use them.

    Who are the displaced people?

    “Most of the people who fled the violence are women, children and the elderly, of different ethnicities, living in the border area between Mali and Niger. There are also a number of young people who reject violence and want to settle in places that are considered more secure.

    The displaced include refugees from Mali and internally displaced people from Niger.

    The majority of the displaced people live in fear of being attacked at any time, because of what they have already experienced – their villages being attacked, assassinations, their markets burned down, their animals stolen, and living with the threat of death.

    Other than this emergency response, what is MSF doing in Tillabéry region?

    MSF has been working in Niger’s Bani-Bangou department, near the border with Mali, since November 2018. Long before the state of emergency was declared, schools, health centres and other social infrastructure were not functioning because of the violence.

    MSF is working in the area to ensure access to free quality medical care for displaced people and local communities. We support two health centres and five health posts.

    We are also monitoring the situation in other areas which could potentially receive newly displaced people, or where there are needs not covered by other organisations, particularly in the area around Innates. MSF also supports medical services, from health posts to hospitals, in Bani-Bangou and Ouallam.

    Our teams work in collaboration with the Ministry of Health. In December 2018, we treated 4,599 people, provided 452 antenatal consultations and assisted 22 births. In addition, 588 children under the age of two received routine immunisations, and 34 women of childbearing age were vaccinated against tetanus. We also referred to hospital seven patients in need of emergency treatment.
    What are people’s main needs in this region? And what are the challenges of assisting them?

    People in this region need food, essential relief items, physical and mental healthcare, clean water, good sanitation and hygiene, and protection.

    The main challenge we face is the climate of insecurity in the region, which can make it difficult to reach the people who need assistance.

    https://www.msf.org/displaced-people-tillabery-niger-living-fear
    #IDPs #déplacés_internes #réfugiés_maliens #Mali #Niger #migrations #réfugiés

    • Mais si cette facture-là est à la baisse, le coût environnemental, lui, suit la tendance inverse : le volume de saumure chargée en diverses substances chimiques est supérieur de 50 % aux quantités globales d’eau dessalée. L’Université des Nations unies alerte, dans une étude rendue publique lundi 14 janvier, sur les quantités faramineuses renvoyées dans l’environnement, directement déversées dans l’océan surtout, ou bien après avoir reçu un traitement. Il y aurait de quoi recouvrir la Floride d’une couche hypersalée de 30,5 centimètres d’épaisseur avec ce qui est émis en une année, note-t-elle dans sa présentation. Or l’importance de ces rejets est largement sous-estimée.

      La production des 15 900 usines de dessalinisation actuellement opérationnelles s’élèverait à 141,5 millions de mètres cubes de saumure par jour (51,7 milliards de m³ par an), révèle cette équipe internationale de chercheurs (Institut de l’eau, de l’environnement et de la santé de l’Université des Nations unies, Canada ; Université de Wageningen, Pays-Bas ; et Institut de science et de technologie de Gwangju, République de Corée) dont le travail est publié dans la revue Science of the total Environment (Elsevier, 2019).

    • Je pense aux tonnes de #sel déversées dans les rues et sur les trottoirs gelés du Canada (et de tous les autres pays froids) en hiver, pour éviter de glisser. Tôt ou tard, ce sel finit dans la nappe phréatique ou la rivière la plus proche...

      Je pense aussi à l’époque où le sel était un bien tellement précieux qu’on ne l’aurait pas « gâché » ainsi...

  • Le #Maroc va accueillir la plus grande usine de #dessalement au monde - Sciences - Numerama
    http://www.numerama.com/sciences/280683-le-maroc-va-accueillir-une-usine-solaire-qui-transforme-leau-de-mer

    #Abengoa, une entreprise espagnole de l’#énergie, a passé un accord avec le gouvernement marocain pour la construction d’une usine de dessalement d’#eau de #mer, alimentée par de l’#énergie_solaire. Une technologie prometteuse pour de nombreux pays confrontés à des pénuries d’#eau_potable.

  • Aux #Emirats, on ensemence les nuages pour provoquer la pluie - Yahoo Actualités France
    https://fr.news.yahoo.com/emirats-ensemence-nuages-provoquer-pluie-124749816.html

    La meilleure saison est l’été, lorsque les #nuages se forment au-dessus des montagnes Al-Hajar (est), déviant le vent chaud qui souffle du golfe d’Oman, ajoute M. Newman depuis l’aéroport d’Al-Aïn, où sont basés quatre avions Beechcraft King Air C90 qui oeuvrent au programme.

    La force du courant d’air ascendant détermine le nombre de fusées tirées dans les nuages : « Si nous avons un courant d’air ascendant léger, nous tirons généralement une ou deux fusées. S’il est fort, nous en tirons quatre, parfois six », précise le pilote.

    « Dès qu’il pleut, il y a beaucoup d’excitation » à l’idée que la pluie puisse être forte, ajoute-t-il, tout en prévenant qu’il n’est pas acquis que tous les nuages ensemencés fassent de la pluie.

    Pour répondre à leurs besoins, accentués par leur rapide croissance économique, les Emirats ont principalement recours au #dessalement : le pays produit 14% de l’#eau de dessalement dans le monde, faisant de lui le deuxième producteur après l’Arabie saoudite voisine.

    Mais la pluie générée par l’#ensemencement_des_nuages coûte moins cher, note le directeur des recherches au CNMS, Omar al-Yazeedi.
    Et ce, même si chaque fusée tirée coûte environ 35 dollars, selon un technicien, et qu’il faut ajouter les frais de maintenance des avions, le prix de chaque vol, etc.

    En 2010, quatre jours de fortes pluies par ensemencement des nuages ont apporté l’équivalent de la production de neuf ans d’une usine de dessalement à Abou Dhabi, souligne Omar al-Yazeedi. « Cela montre que d’énormes quantités d’eau pourraient être exploitées (...). C’est une ressource qu’on ne peut pas ignorer », dit-il.