cartes des attaques isréaliennes au Liban
du 17 septembre au 28 ou 29 ? (tweet daté du 30/9)
Principales attaques les 29 et 30 septembre (Le Monde)
cartes des attaques isréaliennes au Liban
du 17 septembre au 28 ou 29 ? (tweet daté du 30/9)
Radar shows scale of damage from Israeli strikes on Lebanon
Satellite data shows more than 3,100 buildings affected as intense wave of attacks kills over 1,300 people
▻https://www.ft.com/content/e646b893-e793-4053-81ba-50b6fded62e8
Israel’s escalating bombardments of Lebanon over the past two weeks have left a mark across the landscape: an estimated 3,100 buildings in the country have been damaged or destroyed since September 20, according to satellite-based radar measurements provided to the FT.
The strikes during this period have killed at least 1,336 people and displaced more than 1mn from their homes, according to Lebanon’s health ministry. The death toll has already exceeded that of the 2006 war with Israel, making this the deadliest conflict in Lebanon for more than three decades.
Carte des frappes israéliennes selon des images satellites enregistrant les incendies, liés ici aux explosions.
ADAGES « Enlace Zapatista
▻https://enlacezapatista.ezln.org.mx/2024/08/26/adages
Dans son étape actuelle, le système mène une nouvelle guerre de conquête et son objectif est de détruire/reconstruire, dépeupler/repeupler. Destruction/dépeuplement e t reconstruction/réaménagement d’une zone, c’est le but de cette guerre.
Le gouvernement d’Israël n’est pas en train de venger les attentats commis par le Hamas le 7 octobre 2023, il est en train de détruire et de dépeupler un territoire. Le business ne se trouve pas que dans la destruction et l’assassinat massif, il sera aussi dans la reconstruction et le réaménagement. C’est le pourquoi de l’évidente complicité des États Nations du monde. Quand les « nations » envoient des équipements militaires à Israël, ils ne soutiennent pas seulement le génocide contre le peuple palestinien. Ils investissent dans ce crime. Viendront ensuite les dividendes de ce business.
puis retour au Mexique
L’objectif est consensuel : l’État veut un marché ouvert (« libre » d’intrus – c’est-à-dire de peuples originaires -) et les autres veulent le contrôle d’un territoire.
À l’image et à la ressemblance de ce qui a été appelé le Capitalisme Monopoliste d’État, dans lequel le Capital espérait que l’État allait créer les conditions pour son implantation et son développement, il s’agit maintenant de ce que les militaires appellent un « mouvement en tenaille » : les deux – État et Crime Organisé – enserrent un territoire, ils le détruisent et le dépeuplent, et ensuite, le grand Capital entre pour reconstruire et réaménager.
[…]
Quant à ce qui est appelé le « Crime Organisé », l’État et le Capital font un calcul erroné (as usual) : ils supposent que l’employé va s’en tenir à ce qui a été convenu. Et non pas qu’il va œuvrer pour son compte.
C’est comme ce qu’il s’est passé avec l’encouragement et la création de groupes paramilitaires : comme ils étaient formés par des indigènes, on pensait qu’on pouvait les contrôler. Après tout, il s’agissait de personnes ignorantes et manipulables. Et alors : Acteal. Les Abejas ont raison, le massacre d’Acteal en 1997, avec sa cruauté et l’impunité qui a suivi, n’a été que le prélude du cauchemar actuel. L’État pense que ceux du dénommé Crime Organisé sont ses serviteurs et qu’ils vont et viennent selon ce qu’on leur indique ou ce qu’on leur ordonne. C’est à cause de cette croyance qu’ils récoltent les surprises dont ils pâtissent.
Maintenant, essayez de répondre à cette question : pourquoi dans un état fédératif militarisé depuis 30 ans, fleurissent maintenant les cartels et leurs affrontements avec la bénédiction gouvernementale de ceux qui ont envahi l’État du Sud-est mexicain du Chiapas, en invoquant qu’ils évitaient ainsi la « balkanisation » de la république ? Oui, on dirait bien que le territoire mexicain est plus fragmenté que jamais.
« Après la guerre, une autre catastrophe nous attend »
Un extrait de l’article :
"Pour la première fois depuis 1948, les Israéliens ont brûlé les #archives des tribunaux, ainsi que ce qu’on appelle le « #taabou », c’est-à-dire le #registre_foncier, où l’on enregistre les #propriétés, les bâtiments et surtout les parcelles de #terrain.
Les Israéliens ont méthodiquement fait exploser le #palais_de_justice, où se trouvaient les #archives_judiciaires, ainsi que le bâtiment qui abritait le #cadastre et le #registre_foncier. Ils l’ont fait sciemment, pour détruire la société gazaouie, pour détruire un tissu social qui était très dense. Jusqu’ici, ils s’en étaient abstenus, une façon de reconnaitre, implicitement, l’existence des Palestiniens. Là, ils veulent effacer toute preuve de notre appartenance à cette terre. C’est complètement inédit. Quand les Ottomans ont perdu la Palestine, ils n’ont pas détruit les archives, ils les ont emportées avec eux et la Turquie les a ouvertes au public en 2022. D’autres documents datant de cette époque sont encore dans nos archives aujourd’hui. Mounzer en a vu passer beaucoup dans des procès d’héritages, « des originaux, avec tampons, timbres et tout ».
►https://orientxxi.info/magazine/apres-la-guerre-une-autre-catastrophe-nous-attend,7554
#destruction #documents #Israël #Palestine #terres #effacement
article signalé par @rumor ici :
▻https://seenthis.net/messages/1067470
ping @reka
Gaza Reduced to 42 Million Tonnes of Rubble. What Will It Take to Rebuild?
▻https://www.bloomberg.com/graphics/2024-gaza-who-will-pay-to-rebuild
“What we see in Gaza is something that we have never seen before in the history of urbanism,” said Mark Jarzombek, an architectural history professor at The Massachusetts Institute of Technology who has studied post World War II reconstruction. “It’s not just the destruction of physical infrastructure, it’s the destruction of basic institutions of governance and of a sense of normality.”
“The cost of rebuilding will be prohibitive. Construction sites on this scale have to be empty of people, creating another wave of displacements. No matter what one does, for generations Gaza will be struggling with this,” Jarzombek added.
Des véhicules de l’ONU ont enfin pu visiter le nord de Gaza :
▻https://video.twimg.com/ext_tw_video/1824875944550490112/pu/vid/avc1/640x360/cdl8HBm2vX_WDfFP.mp4
L’existence même de l’ONU rend fou·lle de rage.
La justice condamne les travaux de coupe rase au Bois du Chat- Paris Luttes
▻https://paris-luttes.info/la-justice-condamne-les-travaux-de-18595
À Tarnac (Corrèze), la coupe rase qui avait commencé en novembre 2022 au Bois du Chat avait suscité la mobilisation d’une partie des habitant·es de la commune. Nous nous sommes opposé·es à la destruction de cette forêt de feuillus située en zone Natura 2000 aux abords de la Vienne et au cœur du Parc (...) @Mediarezo Actualité / #Mediarezo
#Bocage : la fin d’un #paysage
Le bocage du nord-ouest de la France est un allié précieux face au dérèglement climatique et à l’effondrement de la #biodiversité. Les #arbres de ses haies rendent de multiples services : ils modèrent les températures, protègent les cultures du vent et de la sécheresse, préviennent les villages des inondations en retenant l’eau dans les sols… Autant de services environnementaux qui profitent à la collectivité, mais dont le coût de gestion repose presque uniquement sur les agriculteurs.
Séparant les parcelles, parfois doublées de talus et de chemins creux, les #haies sont pourtant perçues par certains agriculteurs comme des obstacles qui gênent et ralentissent le maniement des machines. L’entretien des haies demande du temps et de l’argent [lire le volet 1]. Pour les garder debout, il faudrait que les agriculteurs soient plus nombreux, et plus aidés.
Depuis plusieurs semaines, un mouvement social agricole secoue le pays. Pour une partie des agriculteurs mobilisés, la protection des haies est une cible symbolique. Gabriel Attal, poussé à réagir, a annoncé une simplification de la réglementation, grâce au projet de loi « pour une agriculture souveraine ».
Pourtant, malgré la réglementation existante, le bocage continue de se dégrader [lire le volet 2]. À un rythme qui surprend même des chercheurs. En cause : l’intensification du modèle agricole et l’agrandissement des #parcelles, documentés à travers les cinq volets de notre enquête.
Le bocage régresse en Bretagne
En Bretagne, aucun document public ne recense toutes les haies arrachées. Splann ! les a notamment identifiées dans une partie du Trégor, au nord-ouest du pays. Et le constat est sans appel : au total, 159,2 km de haies ont disparu entre 2003 et 2023. Or, le bocage joue un rôle structurant de ce point de vue : meilleure infiltration des eaux pluviales dans les sols, régulation du débit des rivières et limitation de leur teneur en polluants [lire le volet 4].
Cette zone concentre plusieurs symboles de la lutte pour la qualité de l’eau. Tout d’abord, elle contient des zones très urbanisées et un bocage encore particulièrement dense. Le Léguer, qui y prend sa source et y rejoint la mer, est la seule rivière bretonne labellisée « rivière sauvage », pour sa partie en amont. Enfin, le territoire est concerné par la problématique des algues vertes dans la baie de Saint-Michel-en-Grève.
Certains arrachages de haies ont pu être déclarés et « compensées » par une nouvelle plantation, mais il est difficile de savoir combien exactement et si la nouvelle plantation a bien survécu.
►https://splann.org/enquete/bocage
#Bretagne #agriculture #remembrement #France #cartographie #visualisation #carte #agriculture_intensive
#Nolwenn_Weiler présente l’enquête « Bocage, la fin d’un paysage » sur Canal B
Nolwenn Weiler a été interviewée par Lucie Louâpre, dans l’émission L’Arène, sur Canal B, le 3 avril 2024. Notre journaliste a présenté son enquête « Bocage, la fin d’un
», menée avec Yann-Malo Kerbrat.En dépit des idées reçues et des moyens alloués, bien après le remembrement opéré après-guerre, la #destruction du bocage breton se poursuit. Il s’accélère même depuis dix ans, en lien avec la concentration du nombre d’exploitations agricoles. Il s’agit pourtant d’un allié précieux pour la préservation de la biodiversité, la lutte contre l’érosion des sols, les pollutions ou les conséquences de la sécheresse.
L’artificialisation des sols, notamment pour la construction de lotissements, ou encore le déploiement de la fibre optique, sont des facteurs aggravants.
Au-delà des questions quantitatives, la qualité des haies se dégrade. Leur entretien repose presque entièrement sur les agriculteurs. Or, c’est une activité coûteuse, voire dangereuse.
Prise de #Terre et Terre promise : sur l’État colonial d’Israël
►https://www.terrestres.org/2024/08/02/prise-de-terre-et-terre-promise-sur-letat-colonial-disrael
L’Etat israélien s’est bâti autour d’une double construction : celle d’une nation et celle d’un territoire originel. Dès lors, le rapport colonial d’Israël aux territoires palestiniens s’éclaire : les pollutions, des dépossessions, les destructions et les prises de terre s’inscrivent dans une volonté de créer de toute pièce une Terre promise. L’article Prise de terre et Terre promise : sur l’État colonial d’Israël est apparu en premier sur Terrestres.
People and Places | Disruption of Recreational Activities in #Gaza's Seashore
As part of tracking the urbicide in Gaza, BUL is launching ‘People and Places’ map documenting some of the disruptions of socio spatial practices, waves of forced displacement as well as acts of everyday resistance by Gazans.
L’UE interdit désormais la #destruction des #vêtements #invendus
En 2020, la France a fait les gros titres en annonçant l’interdiction de destruction des invendus, un geste significatif dans la lutte contre le #gaspillage. L’#Union_européenne vient de lui emboîter le pas : un règlement sur l’#écoconception vient d’être adopté. Il prévoit d’instaurer un cadre réglementaire général afin d’éviter la destruction de certains produits de consommation invendus sur le territoire européen.
Cette initiative, issue du #Pacte_vert pour l’Europe, prévoit des règles spécifiques à destination des entreprises quant à la gestion de leurs invendus. Ces nouvelles mesures marquent une étape importante dans les efforts de l’Union européenne pour promouvoir une approche plus responsable et contribuer à la construction d’une économie plus durable et respectueuse de l’environnement.
Elle vise également à harmoniser les règles concernant la gestion des invendus afin d’éviter toute distorsion du marché. Les producteurs, distributeurs, détaillants et autres opérateurs économiques seront alors soumis à un même texte et pourront bénéficier d’incitations semblables dans tous les États membres.
Lors de la dernière plénière avant les élections européennes, le Parlement européen a adopté en première lecture la proposition de #règlement sur l’écoconception initiée par la Commission européenne en mars 2022. Ce texte vient d’être approuvé le 27 mai dernier par le Conseil de l’Union européenne, organe réunissant les gouvernements des 27 États membres.
La mode et la #fast_fashion dans le viseur
La rédaction actuelle du texte ne prévoit d’interdire que les vêtements et #chaussures, les invendus textiles représentant en effet un problème environnemental particulièrement préoccupant dans toute l’Union européenne pour les fabricants, importateurs, distributeurs et revendeurs qui y sont confrontés.
La montée en puissance du commerce en ligne aggrave la situation, du fait d’une augmentation des produits retournés par le consommateur dans le cadre de sa garantie légale ou commerciale. En Europe, le taux moyen de retour des vêtements achetés en ligne est estimé à 20 %, un vêtement vendu en ligne sur cinq est retourné et en moyenne un tiers de tous les vêtements retournés achetés en ligne finissent par être détruits.
En comparaison avec la législation française, qui interdit la destruction de tous les produits invendus, sans distinction, cette réglementation européenne a un champ d’application plus restreint.
La Commission européenne se réserve cependant la possibilité d’élargir ultérieurement la liste des biens concernés et pourra par la suite inclure d’autres catégories de produits, telles que les équipements électroniques ou les jouets par exemple. Pour l’heure, l’accent est mis sur l’une des industries les plus polluantes de la planète : la mode et en particulier la #fast-fashion, qui se caractérise par un renouvellement toujours plus rapide de collections d’articles éphémères et à bas prix.
Des dérogations seront néanmoins prévues, lorsque la destruction des invendus apparaît comme l’opération la plus appropriée. Cela peut notamment être le cas pour des raisons liées à la santé, à la sécurité ou à la violation des droits de propriété intellectuelle, s’il est par exemple question de produits contrefaits… Cette liste d’exceptions sera adoptée par acte délégué. L’interdiction prendra effet deux ans après son entrée en vigueur. Les micro et petites entreprises en seront exemptées tandis que les moyennes entreprises disposeront d’un délai de six ans pour se mettre en conformité.
Le #recyclage considéré comme une « destruction »
Autre aspect à noter, le texte redéfinit la notion de « destruction ». Autrefois associée à des méthodes d’élimination telles que l’incinération ou encore la mise en décharge, cette notion désigne ici « la détérioration intentionnelle d’un produit ou sa mise au rebut en tant que #déchet, à l’exception d’une mise au rebut dont le seul objectif est de livrer un produit pour le préparer en vue d’un réemploi ou d’opérations de remanufacturage ».
Elle englobe ainsi une gamme plus large de pratiques et inclut notamment le recyclage. Concrètement, les vêtements et chaussures invendus ne pourront plus, sauf exception, être brûlés, détruits, enfouis ou encore recyclés. Le recyclage de ces articles neufs constitue en effet une opération polluante et complexe en raison du faible taux de recyclabilité de ces produits en parfait état, jamais utilisés, parfois même toujours étiquetés.
Les professionnels devront se tourner vers d’autres opérations, plus respectueuses de l’environnement et réemployer ou réutiliser leurs produits comme le #don, le #déstockage, la #location…
Vers plus de #transparence
Au-delà de cette interdiction, l’UE souhaite instaurer une plus grande transparence en imposant aux entreprises de rendre compte de leurs pratiques en matière de gestion d’invendus. Elles devront fournir chaque année des informations détaillées sur le volume et le poids des invendus mis au rebut et communiquer sur la proportion de biens qui ont été réemployés, réutilisés, reconditionnés, recyclés… en expliquant les raisons qui les ont poussées à opter pour telle ou telle pratique.
Ces informations devront être facilement accessibles au public sur une page de leur site Internet. Là aussi, les micro et petites entreprises seront exemptées de cette exigence, tandis que les moyennes auront six ans pour se mettre en conformité après l’entrée en vigueur de la réglementation.
À l’heure actuelle, la quantification d’invendus générés chaque année est délicate. Peu d’entreprises communiquent sur le volume de leurs invendus. Les chiffres actuels manquent de transparence et sont basés sur les rapports des entreprises. Cette mesure permettra ainsi d’avoir une vue d’ensemble plus détaillée sur la quantité d’invendus engendrés chaque année.
La Commission européenne devra publier tous les trois ans sur son site Internet des informations consolidées sur la destruction des produits de consommation invendus. En plus de présenter les statistiques sur le nombre de produits détruits, elle fournira également une analyse des incidences environnementales comparatives de cette destruction, ventilées par groupe de produits.
Cette évaluation comparative permettra de mieux comprendre les conséquences de la destruction des produits invendus sur l’environnement et de cibler les secteurs où des mesures supplémentaires sont nécessaires.
▻https://theconversation.com/lue-interdit-desormais-la-destruction-des-vetements-invendus-230525
#interdiction #industrie_textile
Gaza and the European border regime: Connecting the struggles
As Israel’s genocidal assault[1] on the Gaza Strip shows no signs of relenting, the situation increasingly lays bare broader inequalities, hypocrisies, and tendencies in global politics. This moment compels those of us working against European borders and border externalization to think about the many connections and parallels between the genocidal Israeli occupation and the global border regime. Israeli apartheid and the global border regime share an assumption that segments of humanity can be permanently confined, contained, and warehoused, surrounded by affluence that springs from their dispossession.
Israel has long been a part of the European border regime, and its technologies of surveillance and control inform bordering practices elsewhere. The state of Israel inflicts racial violence and hierarchies upon the Palestinian people akin to the violence that migrants experience in the Sahara, the Mediterranean, and on Europe’s eastern maritime and land borders. In the Occupied Territories, a regime of legal apartheid severely restricts human mobility and access to social resources enacting a hierarchy of racial exclusion and privilege. Scholars who think of border regimes as global apartheid describe this in similar terms. In Gaza, meanwhile, the same logic of racial supremacy has degenerated into outright genocide against those deemed racially inferior. Whether this becomes a blueprint for how “unwanted” populations are treated in the future is a question that concerns all of us.
Both border regimes and the war on Gaza involve extensive Western support to authoritarian governments and the nourishment of fascist tendencies. In the face of Israel’s policies of deliberate starvation, the systematic targeting of civilians, and the destruction of vital infrastructure, Western allies continue to fund and arm these war crimes. The most extreme elements of Netanyahu’s war cabinet are among the main beneficiaries of this Western policy approach. In a similar vein, Western backing and funding to non-democratic governments has contributed to the gross human rights violations carried out by European externalization partners like Libya, Tunisia, Egypt and Sudan. In each case, the values that “the West” claims to uphold are eroded, exposing an authoritarian, fascist, and genocidal underside.
Indeed, when placed in a historical context, events in Gaza today are the latest destructive episode in a continuous history of enclosure, expulsion, dispossession, displacement, and ethnic cleansing going back 76 years in the region. Palestine, moreover, is not an exception. Colonial conquest and genocide are constitutive of modernity. This connection between nation-statehood, genocide and extreme political violence can be seen in Tigray/Amhara (Ethiopia), in Darfur (Sudan), the Democratic Republic of Congo and elsewhere. The situation in the West Bank and Gaza is not a departure from this colonial genealogy of the nation-state. On the contrary, it is a direct consequence of this genocidal history as it unfolded in the 20th century, including global population displacements after the Second World War, the persecution and expulsion of Jews from Europe (the flight from the Holocaust), and the export of European nationalism and racial ideologies.
At the same time, Gaza is a 21st-century refugee camp, where the wretched of the earth are warehoused in increasing numbers. Combining the governmental form of the prison with that of the concentration camp, the Gaza siege aspires for total control and surveillance of its incarcerated population, which it frames as a threat deserving its fate. In a global context of climate breakdown and economic crisis, this could well become a global model of refugee containment. Yet to paraphrase Yasmeen Daher, why should Palestinians and the formerly colonized be the perpetual refugees in our world?
Unprecedented destruction
The scale of destruction and atrocities committed after the Hamas attack on 7 October, 2023 by the Israeli Defence Forces in Gaza is in many ways unprecedented. Using publicly available data, Oxfam calculated that the number of average deaths per day in Gaza (250) is higher than in any recent major armed conflict including Syria (96.5 deaths per day), Sudan (51.6), Iraq (50.8), Ukraine (43.9) Afghanistan (23.8) and Yemen (15.8).2 More UN workers have been killed since October in Gaza than in any other conflict since the founding of the UN. According to the Committee to Protect Journalists, more journalists have been killed in the first 10 weeks of the Israel-Gaza war than have ever been killed in a single country over an entire year.
By December 30, 2023, almost half of Gaza’s buildings had been damaged or destroyed, a figure that also accounts for almost 70 percent of its 439,000 homes. Satellite images show the widespread and targeted destruction of the entire Gaza Strip through Israel’s bombing campaign, including farmland. In December 2023, more than 8,000 Palestinians were being held in Israeli jails amid an intensified wave of arrests and detentions in Gaza and the West Bank since the 7 October attacks by Hamas, according to human rights groups. Even before October 7, 2023, Israel was holding 5,200 Palestinian political prisoners.
This is a war not just against Hamas but against the “stateless” population in Gaza and, by extension, against the population of the other occupied Palestinian territories. The war waged by Netanyahu and his right-wing extremist coalition and war cabinet is also further militarizing Israeli society and turning the entire region into a war zone, with an imminent risk of potential for global escalation.
Early and repeated warnings of an imminent humanitarian catastrophe and genocide went unanswered. In February, the United Nations World Food Programme warned of an impending famine. With the threat of defunding UNRWA[2], the largest humanitarian agency active in Gaza and on which 2 million people are depending for shelter and basic supplies, the situation has further deteriorated. A CNN report shows that Israel’s security forces are confiscating items such as water filtration systems, dates, and sleeping bags, thus violating the requirements by the International Court of Justice’ to allow adequate aid deliveries. On March 28, 2024, the International Criminal Court ordered the Israeli government to allow unimpeded access to food aid in Gaza, where sections of the population are facing imminent starvation. While states and non-governmental organizations have made efforts to provide humanitarian aid via planes and ships, the only solution is an immediate ceasefire.
In sum, Israel’s willful withholding of essential humanitarian aid is responsible for famine in Gaza, and the situation is set to deteriorate further with an impending military campaign in Rafah.[3] At the same time, decisive calls for an immediate ceasefire remain marginalized and shunned by Western political leaders and Western mainstream media, and their proponents are regularly attacked as Hamas supporters or anti-Semites.[4] Without concrete actions to pressure the Netanyahu government, such as stopping arms exports or imposing sanctions, recent calls for a ceasefire by some Western governments are bound to remain mere lip service.
Repression of opposition and anti-migrant racism
The intensification of war, occupation and expulsion of Palestinians has been accompanied by a crackdown on democratic opposition and the weaponization of anti-Semitism. Critical voices, journalism and peaceful protests are being repressed in Israel, the Palestinian territories and Western societies. Civil liberties such as freedom of speech, of the press, of assembly as well academic freedom have also been restricted in Western Europe. This is exacerbated by a sustained news blockade from Gaza, where the killing of at least 107 journalists has prompted investigations by the International Criminal Court.
The governing powers in Germany frame criticism of the Israeli right-wing extremist government or the war as „Israel-oriented anti-Semitism“.This concept, essential to repressing all opposition to Israel’s genocidal actions and German complicity, relies on the German government’s restrictive interpretation[5] of the International Holocaust Remembrance Alliance’s (IHRA) „working definition of antisemitism“. The two-sentence-long IHRA definition, embraced by many governments, media, cultural and educational institutions, does not itself equate criticism of Israel with anti-Semitism. However, the list of 11 examples, often considered as part of the definition, strongly suggests this equation. This interpretation and the definition itself have been criticized and challenged by many. Jewish and Israeli historians and scholars have, for instance, argued that it undermines the fight against antisemitism.[6] As the Diaspora Alliance notes: „The Israeli government and its allies are promoting the use of the IHRA definition in order to curtail protected free speech… [and] to reframe legitimate criticism of well-documented Israeli state violence against Palestinians as anti-Jewish bigotry …to silence critics of the State of Israel and of Zionism.“
European governments and public institutions have issued bans on demonstrations, excluded critical voices from public forums and universities and defunded cultural spaces, particularly harshly in Germany. This amounts to a systematic violation of the constitutional principles of freedom of expression and opinion and therefore erodes the freedoms of all. The shutting down of the Palestine Congress in Berlin in April exemplifies this regression. Ultimately, this strategy will only reinforce societal division and polarization – instead of combating anti-Semitism or racism. In fact, the equation of criticism of Israel with anti-Semitism has been used to fuel racism against Arabs and Muslims.
This trend of anti-Arab and anti-Muslim racism provides a fertile ground for the ongoing deportation campaigns, European asylum reform and intensification of border externalization. The German Chancellor Olaf Scholz explicitly made the link between 7 October, deportations and suspicion of Arabs in his November 2023 announcement of “deportations on a large scale” The major opposition party CDU (Christian Democratic Union) at the same time called for “physical violence” against “irregular migrants” at Europe’s external borders. This institutionalization of direct violence is also evident in the adopted reform of the Common European Asylum System (CEAS), which envisions the massive incarceration of newly arriving migrants at the EU’s external borders. And while the German right-wing party AfD is openly discussing the “re-migration” of persons with “migration background” – a plan to revoke citizenship and deport millions – members of the Netanjahu cabinet are doing the same for the Palestinian population in Gaza.
If the current conjuncture is one of escalating border violence, apartheid, global militarization, and expanding far-right forces, it is vital to connect the struggles against these forces.
Connecting struggles: Against borders and apartheid?
To summarize, there are at least four elements connecting Israeli apartheid and the global border regime. Apartheid and global border regimes are both productive of racialized difference and segregation; they both feed authoritarian and fascist tendencies; they are bound up in the history of colonial genocide and nation-state building, and they provide respectively a framework for containing the displaced and dispossessed in a 21st century of climate and economic crisis. At present, Gaza is the site of unprecedented destruction and violence. Precedents are also being set in “the West” in that constitutionally protected freedoms are being withdrawn to repress those protesting this violence and destruction. All of this feeds a growing overlap between racist sentiment, far-right exclusionary nationalism, and liberal technocratic border governance projects.
In such a conjuncture, it is neither feasible nor desirable to separate the struggle for freedom in Palestine from the struggles against racism and border regimes “at home” in Europe. Many groups and individuals already participate in several of these struggles. Our infinite respect and solidarity goes to those already doing this work. Yet matters have now become entangled in a fashion that heightens the urgency to deepen these connections in our movements. As an activist research collective documenting and critiquing European border externalisation, we wish to provide resources and perspectives towards this end.
▻https://migration-control.info/en/blog/gaza-european-border-regime
#Gaza #externalisation #Israël #externalisation_des_frontières #réfugiés #destruction #résistance #luttes
généalogie coloniale de l’État-nation
#État-nation #apatrides #frontières #régime_frontalier_mondial
Contre le développement de l’aérodrome d’Albertville
▻https://carfree.fr/index.php/2024/05/16/contre-le-developpement-de-laerodrome-dalbertville
Les vallées sont déjà envahies de voitures, ils veulent envahir aussi le ciel. Signez la pétition contre le développement de l’aérodrome d’Albertville pour préserver nos montagnes. Fin 2019, suite au Lire la suite...
#Destruction_de_la_planète #Fin_du_pétrole #Pétitions #Réchauffement_climatique #aéroport #albertville #avions #bruit #hélicologisme #montagne #nuisances
L’#urbicide : nouvelle dimension de la #guerre
Le mot n’apparaît pas dans le dictionnaire. Il n’est pas non plus mentionné par le droit international. Pourtant, le terme est de plus en plus mobilisé pour parler de la guerre à #Gaza ou en #Ukraine. L’urbicide, littéralement le #meurtre_des_villes, est une nouvelle dimension de la guerre.
L’urbicide, littéralement le meurtre des villes, c’est l’#annihilation d’une ville pour détruire un #symbole. #Gaza, #Marioupol, #Alep, #Hiroshima, #Dresde ou #Guernica, chaque guerre à sa “#ville_martyre” qui la résume, qui synthétise son horreur.
Et si le mot vient d’un roman de science-fiction des années 60, s’il a pris son sens contemporain avec la #guerre_de_Yougoslavie, j’y reviendrai, les exemples antiques sont peut-être ceux qui nous renseignent le mieux sur la nature et le sens profond de l’urbicide : faire disparaître l’ennemi.
Deux exemples, l’un grec, l’autre romain. En Grèce, Isocrate raconte comment Thèbe souhaite “rendre invisible” la ville de #Platée. Platée très connue alors pour sa victoire retentissante contre l’empire perse. Comment il s’agissait pour Thèbes de procéder à l’#effacement de la cité, et donc de son #existence_politique : Personne ne devait se souvenir de son passé.
Autre exemple, Romain celui-ci, plus marquant peut être : c’est #Carthage. L’histoire est bien connue. Rome décide de raser Carthage au sol, et la légende raconte que le sol de la ville est stérilisé avec du sel et labouré afin que plus rien n’y repousse. La ville n’est pas l’objet de la guerre, mais bien le moyen d’annihiler symboliquement son adversaire. Un espace où mettre en scène sa victoire à venir et la négation de son ennemi ;
D’ailleurs cette #mise_en_spectacle est au cœur des bombardements de la Seconde Guerre mondiale, à Guernica, à Dresde, à Hiroshima, c’est avant tout la #puissance_militaire qui est mise en avant dans la #destruction de la ville. Elle devient le #paysage, le théâtre de la guerre.
▻https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/a-la-source/l-urbicide-une-nouvelle-dimension-de-la-guerre-5470618
#disparition #destruction #destruction_totale #urban_matters
#podcast #audio
🚨InfoMigrants à Sfax, Tunisie🚨
1/Des milliers de migrants chassés hors de villes tunisiennes survivent dans la région de Sfax, sans aide, dans des champs d’oliviers, loin de tout.
Ils se regroupent dans des dizaines de camps (appelés km18, km25 ou encore km30)
2/🎙️« On a faim, chaque jour que Dieu fait, la police est là, on n’a pas d’eau, on n’arrive pas à manger », explique Aziz un burkinabé qui vit au km19 depuis un an ⬇️
3/ 🗣️Les explications et le contexte de la situation par notre journaliste @C_Oberti
sur place. « La situation s’envenime depuis des mois »
4/ Pour comprendre un peu mieux où on est ⬇️ voici en rouge, la zone où se constituent la majorité des campements de migrants, dans des champs d’oliviers.
Ils seraient environ 20 000, selon une source sécuritaire tunisiennes rencontrée par InfoMigrants
5/Les conditions de vie de ces milliers d’Ivoiriens, Guineens, Gambiens, Sierra-Leonais, Nigerians… sont dramatiques. Ils manquent de tout. Les abris sont des draps tenus par des bâtons. L’eau potable manque.
La peur d’être arrêtés par les policiers est omniprésente.
6/ Aziz, le burkinabé, rappelle qu’aucune ONG ne vient dans la zone.
Trouver de l’eau potable, du bois pour se chauffer, de la nourriture pour les enfants est un combat
7/ et forcément les tensions sont de plus en plus fortes avec la population locale.
Les précisions de notre journaliste ⬇️
8/Cette tunisienne, non loin d’El Amra, se plaint de vols.
Les migrants ne lui volent pas ses moutons, reconnaît-elle, mais prennent son bois 🪵(pour allumer des feux et cuisiner).
« Ils détruisent tout ».
9/ 🎙️réponse d’un exilé gambien aux accusations de vol.
« Je ne suis pas un voleur mais parfois je ne mange pas, je ne bois pas d’eau… Alors oui, je vole parfois, mais pour survivre, je ne suis pas un criminel »
10/ En représailles, et pour calmer la colère des habitants, la Garde nationale tunisienne envoie actuellement des soldats pour détruire les campements dans la zone.
Nous en avions parlé dans ce papier
▻https://www.infomigrants.net/fr/post/56683/en-tunisie-les-migrants-terrifies-face-aux-dernieres-interventions-de-
11/L’écrasante majorité des migrants de Sfax ne veulent pas rester en Tunisie mais rejoindre les côtés européennes via l’île italienne de Lampedusa (à 200 km environ).
Problème : les garde-côtes tunisiens arrêtent les embarcations au large de Sfax qui tentent la traversée 🌊
▻https://twitter.com/InfoMigrants_fr/status/1786035010325066118
#Tunisie #Sfax #violence #encampement #migrations #réfugiés #violences_policières #El_Amra #destruction
En lien avec la #toponymie_migrante :
Ils se regroupent dans des dizaines de camps (appelés km18, km25 ou encore km30)
RTS : L’inquiétude de la population qui vit sur le tracé du futur collisionneur du CERN
À Genève et en France voisine, le projet gigantesque du nouvel accélérateur de particules du CERN, prévu pour 2045, fait débat. Actuellement à l’étude, son impact environnemental suscite déjà des craintes auprès de la population.
La petite commune française de Charvonnex, située à 35 kilomètres au sud de Genève, est un lieu encore préservé : une route et, tout autour, des forêts et des champs.
Une aberration écologique
« C’est un territoire qui est déjà saturé par les travaux, la bétonnisation. On sent que les habitants en ont déjà marre, j’ai peur que le projet du CERN par dessus provoque une rébellion », peste Benjamin Joyeux, originaire de la commune de Fillinges, en Haute-Savoie.
Alors qu’on demande aux habitants de faire un effort pour baisser leurs émissions de gaz à effet de serre, le projet du CERN vient ajouter des tonnes et des tonnes d’émissions de CO2
Benjamin Joyeux, conseiller régional Auvergne-Rhône-Alpes
Le conseiller régional Auvergne-Rhône-Alpes craint les répercussions locales du projet, mais pas seulement. Membre du parti Les Écologistes, il estime que la consommation d’énergie et les émissions de CO2 qui découlent du futur FCC sont une aberration : « Alors qu’on demande aux habitants de faire un effort pour baisser leurs émissions de gaz à effet de serre, le projet du CERN vient ajouter des tonnes et des tonnes d’émissions de CO2. »
Un projet à plusieurs tonnes de CO2
La suite : ▻https://www.rts.ch/info/regions/geneve/2024/article/l-inquietude-de-la-population-qui-vit-sur-le-trace-du-futur-collisionneur-du-cer
#béton #cern #scientifiques #co2 #artificialisation des #sols #destruction #atomes #suisse #recherche
Si l’on comprend bien, le co2, la destruction du vivant, les grands projets inutiles, la béton, ne sont pas des sujets de préoccupation pour les scientifiques et des #chercheurs.
Pour compenser leurs aberrations écologiques, c’est aux prolos de faire des efforts.
Un mal qui répand la terreur
▻http://carfree.fr/index.php/2024/04/04/un-mal-qui-repand-la-terreur
Ce n’est pas de la peste qu’il s’agit, mais de l’automobile. On sait ce qu’elle prend de vies humaines en holocauste et l’on commence à réaliser ce que sa tyrannie Lire la suite...
#Destruction_de_la_planète #Fin_de_l'automobile #archéologie #architecture #bordeaux #clamart #Colombes #courbevoie #histoire #Ivry #paris #parkings #paysage #société #suresnes #toulouse #urbanisme #ville
CO2Gate
▻http://carfree.fr/index.php/2024/03/22/co2gate
Il est désormais acquis que nous sommes face à ce qu’on peut appeler un CO2Gate, à savoir le mensonge organisé des #constructeurs sur les émissions de #CO2 réelles de leurs Lire la suite...
#Destruction_de_la_planète #Fin_de_l'automobile #Réchauffement_climatique #climat #Europe #industrie #pollution #renault #scandale #SUV #voiture_hybride
On va dans le mur, mais en #tesla
▻http://carfree.fr/index.php/2024/03/15/on-va-dans-le-mur-mais-en-tesla
« On continue d’aller dans le mur, même si on y va en Tesla » : jolie phrase prononcée par un militant écologiste lors de l’ouverture du débat public sur le projet, Lire la suite...
#Destruction_de_la_planète #Fin_de_l'automobile #Réchauffement_climatique #auvergne #lithium #mine #productivisme #voiture_électrique
Trop de poussière
▻http://carfree.fr/index.php/2024/03/06/trop-de-poussiere
On étudie, en haut lieu, la question de l’amélioration des #routes, or il faut convenir que ce n’est pas trop tôt. L’automobilisme a, en effet, soulevé un problème qu’il importe Lire la suite...
#Destruction_de_la_planète #Fin_de_l'automobile #automobilisme #histoire #nuisances
Le #smartphone, une bouée de sauvetage pour les migrants
Sur la route migratoire, les smartphones peuvent s’avérer « plus importants que la nourriture ». Pourtant, les migrants se voient régulièrement confisquer leur téléphone par la police ou ne peuvent l’utiliser que de manière restreinte.
L’histoire remonte à novembre 2021. Dans les colones de The New Arab, un jeune homme originaire d’Afghanistan raconte comment il a atteint le Royaume-Uni après avoir traversé la Manche en bateau pendant 12 heures. « Des femmes et des enfants pleuraient. Mon cœur pleurait », se souvient-il.
A son arrivée il se voit aussitôt confisquer son téléphone, l’empêchant ainsi de faire savoir à sa famille qu’il est sain et sauf.
Selon The New Arab, le ministère britannique de l’Intérieur justifiera la saisie par une enquête sur un « groupe criminel impliqué dans la facilitation (de l’immigration irrégulière) ».
Confiscation des téléphones portables
Des milliers de personnes ayant atteint le Royaume-Uni par bateau en 2020 ont connu le même sort. Leurs téléphones portables ont été saisis, les privant des coordonnées de leurs proches.
« Confisquer le téléphone à quelqu’un le prive de ses bouées de sauvetage », estime Naomi Blackwell du Service jésuite des réfugiés, une organisation qui a contribué à introduire un recours juridique contre cette pratique au Royaume-Uni.
« Les contacts des gens, les photos de leurs proches, les certificats médicaux, les documents (...), tout cela a été perdu. C’était vraiment bouleversant pour les personnes concernées », raconte-t-elle.
D’autres migrants, ailleurs en Europe, relatent des pratiques similaires. Selon un récent rapport de la plateforme PICUM, une ONG bruxelloise, la confiscation des smartphones par les autorités est relativement fréquente pour les migrants placés en rétention administrative, généralement parce qu’ils sont entrés dans un pays sans visa ou parce qu’ils sont dans l’obligation de quitter un territoire.
Règlementation sur l’usage des #téléphones_portables en CRA
Il n’existe pas de réglementation européenne sur l’utilisation des téléphones portables dans les centres de rétention administrative (CRA), et l’étendue des restrictions varie d’un État à l’autre.
Certaines des pratiques les plus sévères sont observées au Royaume-Uni, où les smartphones personnels sont systématiquement confisqués. Les migrants placés en rétention sont autorisés à utiliser un téléphone sans internet ni appareil photo, pendant que les détenus en prison ont un accès limité aux téléphones fixes.
La situation est différente en Autriche, en Belgique, en Bulgarie, en France et en Pologne, notent les chercheurs de PICUM.
Dans ces pays, les personnes en rétention administrative peuvent conserver et utiliser leur propre téléphone portable, mais uniquement s’il n’est pas équipé d’un appareil photo intégré.
Cela exclut la plupart des smartphones et équivaut à une interdiction de facto.
Certains pays limitent la durée pendant laquelle les demandeurs d’asile en rétention peuvent utiliser leur téléphone, comme au Portugal et en Espagne.
En Belgique, les détenus doivent payer leurs appels de leur poche bien que beaucoup n’ont pas les moyens de le faire.
« Il arrive que les gens touchent une allocation limitée, comme 5 euros par semaine », explique Silvia Carta, rédactrice en chef du rapport du PICUM. "Mais si vous appelez quelqu’un au Moyen-Orient ou en Afrique, votre crédit sera épuise que bout de seulement quelques minutes."
Silvia Carta ajoute que les smartphones personnels ne peuvent être remplacés par les téléphones de substitution remis lors de la rétention.
« Un téléphone portable personnel est un objet important et essentiel qui contient les ’biens virtuels’ d’une personne », dit-elle. « Il crée également un canal de communication qui se met difficilement en place lorsqu’une personne ne peut accéder à un téléphone que deux ou trois fois par semaine pour passer ses appels. »
Une pratique souvent illégale
La confiscation des téléphones portables retient aussi de plus en plus l’attention des groupes de défense des droits des réfugiés et des libertés individuelles en Allemagne. Les autorités sont légalement autorisées à saisir et à analyser les données des téléphones appartenant aux demandeurs d’asile qui arrivent sans documents d’identification.
Même si la justice allemande a tenté de s’interposer, une nouvelle législation permet aux autorités allemandes de réquisitionner les téléphones des migrants et à en extraire les données sans avoir effectué de démarches préalables en vue d’établir leur identité.
La plupart des données stockées sur les smartphones sont très intimes, rappelle Sarah Lincoln, avocate à la Society for Civil Rights (GFF). « La fouille et l’inspection des téléphones représentent une atteinte particulièrement grave à la vie privée ».
Dans d’autres situations, comme par exemple lorsqu’un migrant franchit clandestinement une frontière, la police justifie souvent la confiscation des téléphones par la lutte contre les réseaux de passeurs et de trafiquants.
Sarah Lincoln estime que la saisie du téléphone peut avoir de lourdes conséquences sur la procédure d’asile, car elle prive le demandeur de ses contacts, des applications de traduction, des cartes, des photos de documents importants et d’autres informations et preuves essentielles.
De plus, la restitution du téléphone n’intervient souvent pas avant un an ou plus, selon Sarah Lincoln. « Il est tout à fait disproportionné de conserver les téléphones aussi longtemps. Le téléphone de la personne est souvent irremplaçable. Et dans la plupart des cas, ils n’ont pas l’argent nécessaire pour en acheter un nouveau », affirme la chercheuse.
Elle précise que dans de nombreux cas, les saisies des téléphones à la frontière sont illégales.
Par ailleurs, la justice en Europe se prononce régulièrement en faveur des migrants. Par exemple, un tribunal italien a décidé, dans le cas d’un jeune demandeur d’asile tunisien, que le fait de restreindre son accès à son téléphone portable constituait une limitation du droit à la liberté de communication.
Il était arrivé à Lampedusa en 2020. Les autorités l’avaient considéré à tort comme étant adulte et saisi son téléphone lors de sa détention. Le jeune homme n’avait pu contacter ni sa famille ni son avocat. Le tribunal a ordonné que son téléphone lui soit rendu.
L’utilisation de smartphones personnels pour documenter les conditions dans les centres de rétention ainsi que pour dénoncer les mauvais traitement infligés aux migrants a été d’une importance cruciale ces dernières années.
Ce n’est pas un hasard, selon Silvia Carta, du PICUM : « Si les personnes sont détenues dans des conditions décentes, il ne devrait rien y avoir à cacher. Cependant, l’utilisation de caméras est souvent interdite précisément pour ces raisons, de sorte que les gens ne peuvent pas montrer ce qui ne va pas dans ces centres. »
Plusieurs ONG, comme Detention Action, au Royaume-Uni, et Stichting LOS, une organisation de protection des migrants aux Pays-Bas, veulent attirer l’attention sur les conditions dans les centres de rétention. Elles ont mis en place des lignes téléphoniques d’urgence afin que les personnes retenues puissent appeler gratuitement à l’extérieur des centres.
▻https://www.infomigrants.net/fr/post/55508/le-smartphone-une-bouee-de-sauvetage-pour-les-migrants
#smartphones #téléphones #migrations #asile #réfugiés #destruction #confiscation #détention_administrative #rétention
#Destruction des #haies : la grande accélération
Malgré les règlementations et les subventions, le bocage continue de disparaître et de se dégrader. Pour éclairer le sujet de ce bocage qui régresse, le média Splann ! a mené l’enquête dans une partie du #Trégor, au nord-ouest de la #Bretagne.
Le bocage joue pourtant un rôle clé et structurant dans le paysage et la qualité environnementale des espaces cultivables.
Loin d’être des alliées les haies sont devenues des plaies pour une partie des agriculteurs. Pour entretenir un bocage et des haies, il faut de la main-d’œuvre et des #savoir-faire parfois perdus. Autrefois faisant l’usage de limite entre parcelles, la haie a perdu son sens avec les nouvelles formes d’#agriculture. En Bretagne en 10 ans les exploitations ont grossi de 14ha en moyenne.
« La disparition des haies est une conséquence de la disparition des élevages laitiers, de l’agrandissement des exploitations et de l’intensification du #modèle_agricole. 159,2km de haies détruits en 20 ans sur un territoire sensibles aux algues vertes et exceptionnel par son fleuve sauvage : la #vallée_du_Léguer. »
▻https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-terre-au-carre/la-terre-au-carre-du-mercredi-28-fevrier-2024-8031910
#bocage #France #agriculture_intensive #élevage
En Bretagne, la #dégradation du bocage continue
Le bocage est globalement en mauvais état. D’importants arrachages de haies ont lieu en Bretagne dans des zones jusque-là préservées, en raison de l’agrandissement des fermes.
– L’érosion qualitative du bocage se poursuit malgré les investissements publics.
- Les zones bocagères du Centre Bretagne subissent d’importants arasements de haies sur talus.
– La disparition des haies est une conséquence de la disparition des élevages laitiers, de l’agrandissement des exploitations et de l’intensification du modèle agricole.
- 159,2 km de haies détruits en vingt ans sur un territoire sensible aux algues vertes et exceptionnel par son fleuve sauvage : la vallée du Léguer.
« Quand ils ont repris mes terres, ils ont tout rasé, mis tout ça « propre ». Il y avait quatre parcelles, il n’y en a plus qu’une. J’avais des beaux chênes, c’est moi qui les avais élevés, quand même. Ça m’a fait mal au ventre, je peux te dire. » Maurice, paysan retraité dans le Goëlo (22), est amer de constater la dégradation du paysage dont il a eu la charge. C’est loin d’être un cas isolé. Les paysages et la biodiversité du bocage du nord-ouest de la France s’appauvrissent à une vitesse qui impressionne même les chercheurs.
« C’est une période de rupture paysagère. On a été surpris par l’ampleur, l’intensité de cette transformation des paysages, qui est identique quelle que soit la zone étudiée » (— Thibaut Preux, auteur d’une thèse sur la transformation du bocage normand, et actuellement en travail d’étude dans le Centre Bretagne.)
Les haies continuent de subir un déclin de grande ampleur. Pire : le rythme s’accélère depuis la dernière décennie. Chaque année, environ 23.500 km de haies disparaissent en France. 70 % ont été rayées de la carte depuis les remembrements des années 1950. La tendance n’est pas près de s’inverser : « La disparition et la dégradation des haies sont des conséquences inéluctables de l’évolution de notre modèle agricole, explique le rapport du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER), remis au ministère de l’Agriculture en avril 2023. L’intensification des productions, la régression de l’élevage à l’herbe, la baisse constante du nombre d’agriculteurs avec en corollaire l’augmentation de la taille des exploitations ont fait des haies une contrainte pour l’exploitant agricole. » Cette analyse est partagée par les chambres d’agriculture de Bretagne qui désignent « l’évolution du parcellaire et des exploitations – reprises de parcelles, échanges, agrandissements d’entrée de champ » parmi les causes des arrachages.
Pourtant, le déclin de la haie revient à perdre une alliée précieuse face à l’effondrement de la biodiversité et aux conséquences du dérèglement climatique : inondations catastrophiques, sécheresses interminables, pollution de l’eau, canicules étouffantes, autant de catastrophes accentuées par l’arrachage des talus et des haies. À l’heure où le pays se prépare à affronter un réchauffement de +4 °C, préserver le bocage est crucial tant pour l’agriculture que pour l’ensemble de la société.
En Bretagne, la qualité du bocage s’érode toujours
Face à cet appauvrissement du paysage, la Région Bretagne a lancé dès 2007 un programme de replantation : Breizh Bocage. En Loire-Atlantique, c’est le cadre régional « Liger Bocage et Agroforesterie » qui a été lancé en 2021. Les efforts en termes de plantations et de subventions sont indéniables (6.500 km de haies plantées depuis 2008 par la Région Bretagne). Mais le rapport du CGAAER souligne la limite des politiques publiques en faveur du bocage : « Si l’accent est souvent mis sur la création de nouvelles haies, il convient avant tout de mieux protéger le linéaire existant ».
Le nombre de kilomètres de haies en Bretagne administrative semble stabilisé depuis 2020. Mais il faut nuancer cette avancée. Le bocage, ce ne sont pas que des haies, mais aussi des talus sans arbres et des lisières de forêt. Et quand on tient compte de tous ces éléments, on note un recul de 4 % du bocage.
Compenser une haie fonctionnelle est impossible
Le problème, c’est que la plupart des chiffres raisonnent en linéaires, c’est-à-dire en longueur de haies. Ils ne tiennent pas compte de la qualité effective des haies : le bocage breton est en très mauvais état. 80 % des haies sont mal entretenues [lire notre article « Le bocage, lourde charge pour les agriculteurs »], et dépérissent. C’est même la principale cause de l’érosion du bocage, avant les arasements. L’autre biais, de taille, est que la politique agricole commune (PAC) considère dans certains cas qu’on peut remplacer une haie existante par une jeune plantation : un exploitant peut donc arracher autant qu’il veut, tant qu’il compense en replantant le même équivalent linéaire un peu plus loin.
« Un linéaire qui fonctionne bien, dense, avec des arbres anciens, on ne le compense pas avec une jeune haie avec des arbres de deux ans le long d’un bâtiment », explique Julie Le Pollès, technicienne bocage au syndicat de la baie de Douarnenez (Epab, 29). Faute de suivi et d’entretien [lire « Champ libre aux destructions »], de nombreuses haies issues de compensations périclitent : « Si ce n’est pas accompagné, on peut avoir un taux de reprise [survie des plants, NDLR] de 20-30 %. Il n’y a pas d’attente qualitative, on n’est que sur du quantitatif, et c’est là qu’il y a un problème. »
Rupture paysagère en Centre Bretagne
En 2022, à Spézet (29), quatre kilomètres de haies sur talus ont été arrachés et « compensés », le tout dans une zone très bocagère. Cet épisode suscite une forte indignation d’une partie de la population en Centre Bretagne, qui s’est organisée en collectifs « Kleuzioù » (« talus », en breton) pour défendre ce patrimoine paysager.
Le sujet est sensible, car dans cette partie de la Bretagne, nombre de fermes laitières cessent leur activité et partent à l’agrandissement des exploitations voisines, faute de jeunes repreneurs. « La filière est en train de se restructurer à une vitesse grand V, parce qu’elle est pilotée de plus en plus par les industries laitières, notamment les grands groupes comme Lactalis, ou les grandes coop’ comme Agrial…, explique l’universitaire Thibaut Preux. Il est très probable que la restructuration de la filière ait des conséquences sur les paysages et notamment sur le maintien des particularités que sont les bocages, le maintien des prairies permanentes, et sur la qualité de l’eau. »
Les disparités sont fortes entre les terroirs bretons. Dans des secteurs où le bocage a déjà été simplifié depuis les années 1970, on note peu d’évolution. Par endroits, le gain en termes de linéaires de haie est notable, grâce à Breizh Bocage : sur le bassin versant de Douarnenez, classé bassin algues vertes, une soixantaine de kilomètres de haies environ a été gagnée, selon les estimations fournies par la technicienne Julie Le Pollès.
La dynamique est tout autre au centre de la péninsule : des Monts d’Arrée au Kreiz Breizh en passant par le Sud-Trégor, où le maillage de haies sur talus est encore dense, l’érosion qualitative récente et rapide du bocage ne fait aucun doute.
De la source du Léguer à son embouchure, 159 km de haies détruites en vingt ans
Difficile, à l’échelle de la Bretagne, de savoir combien de haies et talus ont ainsi disparu. Des associations, comme Eau et Rivières de Bretagne et le site Sentinelles de la Nature, s’emploient à recenser celles dont elles ont connaissance, sans parvenir à une vision exhaustive. Splann ! s’y est attelé dans une partie du Trégor, autour de la baie de Lannion, sur le territoire du Sage, un document qui élabore la stratégie locale en matière de gestion de l’eau. Le résultat est net : 159,2 km de linéaire bocager ont été détruits entre 2003 et 2023. Sollicités sur ces chiffres, ni Lannion-Trégor Communauté, ni Guingamp-Paimpol Agglomération n’ont répondu à nos questions.
2015 : année catastrophique pour le bocage
Point culminant des arrachages en France : la catastrophique période 2014-2016, juste avant l’entrée en vigueur de la nouvelle PAC (Politique agricole commune). L’Europe décide de passer les haies en « surfaces non-agricoles » et d’interdire leur arrachage, tout en précisant qu’elles restent éligibles aux aides. Il s’ensuit une certaine confusion : de nombreux agriculteurs s’attendent à ce que les haies diminuent les subventions auxquelles ils ont droit, qui sont calculées en fonction de la taille de leurs parcelles. De peur que leurs haies soient sanctuarisées et qu’ils ne puissent plus y toucher, de nombreux agriculteurs préfèrent les faire disparaître avant qu’elles ne figurent sur les cartes. Cette nouvelle PAC, qui avait pour objectif de protéger les haies, a finalement entraîné beaucoup de destructions.
Combien de kilomètres de haies ont été détruits à cette période ? Difficile à dire, d’autant plus que des haies ont été gommées des cartes : les allers-retours entre services et les sous-déclarations faites par des agriculteurs ont « abouti à une forte sous-estimation du linéaire de haies », soit « plus de 30 % des linéaires qui ne sont pas protégés », estime l’association de promotion de la haie Afac-Agroforesterie dans un rapport consacré à cette mesure de « protection des haies » de la PAC. « Ils n’auraient pas interdit l’arrachage des haies, ça s’en serait pas arraché la moitié », rapporte ainsi un agriculteur, cité dans la thèse de Léo Magnin, consacrée à l’application des Bonnes conditions agricoles et environnementales (BCAE 7).
« On ne sait pas combien de haies ont été détruites »
Aujourd’hui, le bocage est suivi par des techniciens qui travaillent pour des collectivités locales ou syndicats de bassin versant. Suivant leurs fiches de poste et agréments, ils sont chargés de déployer les plantations du programme régional Breizh Bocage, de conseiller les agriculteurs qui souhaitent « déplacer » une haie (comprendre : « détruire » et « compenser »), et d’observer l’évolution de la maille bocagère sur l’ensemble du territoire qu’ils couvrent. Mais la tâche est ardue : obtenir des chiffres fiables et actualisés est presque impossible.
Les données cartographiques, malgré un travail d’amélioration en cours, sont incomplètes et erronées, notamment parce que les services de l’État ont eu recours, pour identifier les éléments bocagers, à l’aide de photos aériennes, à des « travailleurs du clic » à l’étranger. Les Directions départementales des territoires et de la mer (DDTM) ont une vue d’ensemble sur les dossiers d’arrachages déclarés, mais les techniciens bocage locaux, bien souvent, n’y ont pas accès. « On ne sait pas combien de linéaire a été détruit, déplore Gwenaëlle*, technicienne bocage en Bretagne-Sud. À chaque fois on redemande à la DDTM pourquoi les arasements dont ils ont connaissance ne sont pas numérisés, on ne comprend pas comment est traité ce volet-là. »
Aux techniciens de se débrouiller seuls pour obtenir des données sur les évolutions du maillage bocager de leur territoire, de mener leur propre travail de cartographie, très chronophage. « On n’est pas aidés par la DDTM, et ce n’est pas un euphémisme », appuie Erwan*, technicien bocage dans une collectivité, qui affirme être parvenu à obtenir, « par des chemins détournés », un jeu de données cartographiques détenu par les services de l’État. « Il y a un verrou de la part de la DDTM pour ne pas donner ça aux opérateurs de terrain », constate-t-il. Julie Le Pollès, technicienne à Douarnenez, prend l’exemple de son territoire, où la DDTM aurait consenti à donner le nombre de dossiers traités, mais pas les emplacements précis des linéaires : « Ça complique le suivi du maillage bocager. On estime que 14 km de haies ont été détruits depuis 2015, dont 9 qui étaient déclarés à la PAC. On sait qu’on a 1,7 km de compensé, mais le reste on n’en sait rien. » Contactées par Splann !, aucune des DDTM de Bretagne administrative n’a répondu à nos questions.
« Les arasements non déclarés seraient le plus gros des arasements »
« Sans inventaire en temps réel, c’est compliqué de dire que le bocage est stabilisé, entre ce qui est détruit et ce qui est créé, commente Ronan*, technicien bocage dans le Finistère. Si ça se trouve, il y a deux fois plus de linéaires qui ont été arasés et on ne le sait pas, en fait. » Le suivi du bocage est encore plus ardu quand les arrachages sont faits sans déclaration. Par exemple, dans le bassin versant de l’Aulne, un comptage effectué par un naturaliste pour l’association Bretagne Vivante a recensé au moins 55 km de haies détruits dans seulement six communes allant de Saint-Rivoal à Scrignac entre 2005 et 2022. D’après nos informations, la grande majorité n’aurait pas fait l’objet de déclaration ni de compensation.
À titre de comparaison, le syndicat de bassin versant a planté une trentaine de kilomètres de haies depuis 2013, sur un territoire à cheval sur 49 communes. Bien au-dessous des destructions répertoriées sur une fraction de son territoire. « Les arasements non déclarés et que personne ne voit, je dirai que c’est le plus gros des arasements qui existent. Donc, ça reste inconnu à tous », poursuit Ronan, le technicien bocage. « C’est trop tard, on ne reviendra pas en arrière, assène Maurice, l’exploitant retraité du Goëlo (22). Et comme il y a de moins en moins de paysans, et qu’il va continuer à y en avoir de moins en moins, il y aura encore des regroupements d’exploitations, et y’aura l’arasement des talus automatiquement. Ça, il ne faut pas se voiler la face. »
* Les prénoms ont été modifiés.
▻https://splann.org/enquete/bocage/degradation-bocage-continue
RTS : La « conduite inappropriée » de certains soldats israéliens à Gaza dénoncée

En Israël, l’avocate générale des armées met en garde contre des comportements inacceptables de la part de certains soldats à Gaza. En effet, plusieurs d’entre eux ont affiché leurs faits d’armes sur les réseaux sociaux, notamment des actes de #vengeance.
Dans une lettre envoyée au bureau du procureur militaire, l’avocate générale des armées fait état de « conduites inappropriées qui s’écartent des valeurs de l’armée israélienne » : des recours à la force injustifié, des #pillages, des #destructions de biens civils…
Moqueurs, sans-gêne, destructeurs...
Plusieurs publications de vidéos prises en territoire palestinien par des soldats israéliens ont été dénoncés. Par exemple, sur l’une d’elles, un soldat assis sur une chaise sort d’un sac posé devant lui des maillots de football de grands clubs européens.
Sur d’autres images, un militaire montre un pendentif qu’il compte, dit-il, ramener à sa petite amie. Tandis qu’un autre joue avec une guitare trouvée dans les décombres et que d’autres forcent un petit coffre-fort.
Dans une autre vidéo, tournée dans une papeterie du camp de réfugié de Jabaliya, au nord de la bande de Gaza, un militaire renverse un présentoir encore rempli de crayons et d’autocollants. Il jette les cahiers qui se trouvent sur les étagères de cette petite boutique alors que son camarade le filme en riant.
Des images de soldats qui mettent le feu à des cartons de nourriture et à des packs d’eau trouvés à l’arrière d’un camion dans un entrepôt ont aussi été diffusées. Le militaire qui filme retourne la caméra vers lui et conclut tout sourire par souhaiter à tous de bonnes vacances et de joyeuses fêtes de #hanouka.
Un préjudice stratégique
Selon l’avocate générale de l’armée israélienne, de tels actes causent à l’Etat d’israël et à l’armée un préjudice stratégique sur la scène internationale. Certains incidents dépassent le seuil disciplinaire et franchissent le seuil pénal, poursuit Yifat Tomer Yérushalmi.
Ces actes entachent l’image des forces de défenses israéliennes qui se sont longtemps targuées d’être l’armée la plus morale au monde.
Dans une lettre envoyée tout récemment à ses troupes, le chef d’état-major de l’armée, Herzi Halevi, rappelle notamment aux soldats qu’il ne faut rien prendre qui ne leur appartient pas et qu’il ne faut pas filmer de vidéos de vengeance.
Sujet radio : Charlotte Derouin
Adaptation web : juma
Publié vendredi à 09:57 Modifié vendredi à 09:58
Source : ▻https://www.rts.ch/info/dossiers/2023/guerre-entre-israel-et-le-hamas/2024/article/la-conduite-inappropriee-de-certains-soldats-israeliens-a-gaza-denoncee-28413706
#vols #destruction #moralité #armée #militaires #exactions #soldats #violence #butin #racisme #religion
Les méfaits de l’automobile : Un examen global des dommages causés par l’automobilité aux personnes et à l’environnement
▻http://carfree.fr/index.php/2024/02/22/les-mefaits-de-lautomobile-un-examen-global-des-dommages-causes-par-lautomob
Voici un article scientifique paru dans le Journal of Transport Geography de février 2024. Ecrit par les chercheurs Patrick Miner, Barbara M. Smith, Anant Jani, Geraldine McNeill et Alfred Gathorne-Hardy, Lire la suite...
#Argumentaires #Destruction_de_la_planète #Etalement_urbain #Fin_de_l'automobile #Insécurité_routière #Pollution_automobile #Réchauffement_climatique #Ressources #automobilité #économie #environnement #justice #monde #mort #mortalité #nuisances #pollution #recherche #routes #santé #science #sécurité_routière #société #violence
#Université, service public ou secteur productif ?
L’#annonce d’une “vraie #révolution de l’Enseignement Supérieur et la Recherche” traduit le passage, organisé par un bloc hégémonique, d’un service public reposant sur des #carrières, des #programmes et des diplômes à l’imposition autoritaire d’un #modèle_productif, au détriment de la #profession.
L’annonce d’une « #vraie_révolution » de l’Enseignement Supérieur et la Recherche (ESR) par Emmanuel Macron le 7 décembre, a pour objet, annonce-t-il, d’« ouvrir l’acte 2 de l’#autonomie et d’aller vers la #vraie_autonomie avec des vrais contrats pluriannuels où on a une #gouvernance qui est réformée » sans recours à la loi, avec un agenda sur dix-huit mois et sans modifications de la trajectoire budgétaire. Le président sera accompagné par un #Conseil_présidentiel_de_la_science, composé de scientifiques ayant tous les gages de reconnaissance, mais sans avoir de lien aux instances professionnelles élues des personnels concernés. Ce Conseil pilotera la mise en œuvre de cette « révolution », à savoir transformer les universités, en s’appuyant sur celles composant un bloc d’#excellence, et réduire le #CNRS en une #agence_de_moyen. Les composantes de cette grande transformation déjà engagée sont connues. Elle se fera sans, voire contre, la profession qui était auparavant centrale. Notre objet ici n’est ni de la commenter, ni d’en reprendre l’historique (Voir Charle 2021).
Nous en proposons un éclairage mésoéconomique que ne perçoit ni la perspective macroéconomique qui pense à partir des agrégats, des valeurs d’ensemble ni l’analyse microéconomique qui part de l’agent et de son action individuelle. Penser en termes de mésoéconomie permet de qualifier d’autres logiques, d’autres organisations, et notamment de voir comment les dynamiques d’ensemble affectent sans déterminisme ce qui s’organise à l’échelle méso, et comment les actions d’acteurs structurent, elles aussi, les dynamiques méso.
La transformation de la régulation administrée du #système_éducatif, dont nombre de règles perdurent, et l’émergence d’une #régulation_néolibérale de l’ESR, qui érode ces règles, procède par trois canaux : transformation du #travail et des modalités de construction des #carrières ; mise en #concurrence des établissements ; projection dans l’avenir du bloc hégémonique (i.e. les nouveaux managers). L’action de ces trois canaux forment une configuration nouvelle pour l’ESR qui devient un secteur de production, remodelant le système éducatif hier porté par l’État social. Il s’agissait de reproduire la population qualifiée sous l’égide de l’État. Aujourd’hui, nous sommes dans une nouvelle phase du #capitalisme, et cette reproduction est arrimée à l’accumulation du capital dans la perspective de #rentabilisation des #connaissances et de contrôle des professionnels qui l’assurent.
Le couplage de l’évolution du système d’ESR avec la dynamique de l’#accumulation, constitue une nouvelle articulation avec le régime macro. Cela engendre toutefois des #contradictions majeures qui forment les conditions d’une #dégradation rapide de l’ESR.
Co-construction historique du système éducatif français par les enseignants et l’État
Depuis la Révolution française, le système éducatif français s’est déployé sur la base d’une régulation administrée, endogène, co-construite par le corps enseignant et l’État ; la profession en assumant de fait la charge déléguée par l’État (Musselin, 2022). Historiquement, elle a permis la croissance des niveaux d’éducation successifs par de la dépense publique (Michel, 2002). L’allongement historique de la scolarité (fig.1) a permis de façonner la force de travail, facteur décisif des gains de productivité au cœur de la croissance industrielle passée. L’éducation, et progressivement l’ESR, jouent un rôle structurant dans la reproduction de la force de travail et plus largement de la reproduction de la société - stratifications sociales incluses.
À la fin des années 1960, l’expansion du secondaire se poursuit dans un contexte où la détention de diplômes devient un avantage pour s’insérer dans l’emploi. D’abord pour la bourgeoisie. La massification du supérieur intervient après les années 1980. C’est un phénomène décisif, visible dès les années 1970. Rapidement cela va télescoper une période d’austérité budgétaire. Au cours des années 2000, le pilotage de l’université, basé jusque-là sur l’ensemble du système éducatif et piloté par la profession (pour une version détaillée), s’est effacé au profit d’un pilotage pour et par la recherche, en lien étroit avec le régime d’accumulation financiarisé dans les pays de l’OCDE. Dans ce cadre, l’activité économique est orientée par l’extraction de la valeur financière, c’est à dire principalement par les marchés de capitaux et non par l’activité productive (Voir notamment Clévenot 2008).
L’ESR : formation d’un secteur productif orienté par la recherche
La #massification du supérieur rencontre rapidement plusieurs obstacles. Les effectifs étudiants progressent plus vite que ceux des encadrants (Piketty met à jour un graphique révélateur), ce qui entrave la qualité de la formation. La baisse du #taux_d’encadrement déclenche une phase de diminution de la dépense moyenne, car dans l’ESR le travail est un quasi-coût fixe ; avant que ce ne soit pour cette raison les statuts et donc la rémunération du travail qui soient visés. Ceci alors que pourtant il y a une corrélation étroite entre taux d’encadrement et #qualité_de_l’emploi. L’INSEE montre ainsi que le diplôme est un facteur d’amélioration de la productivité, alors que la productivité plonge en France (voir Aussilloux et al. (2020) et Guadalupe et al. 2022).
Par ailleurs, la massification entraine une demande de différenciation de la part les classes dominantes qui perçoivent le #diplôme comme un des instruments de la reproduction stratifiée de la population. C’est ainsi qu’elles se détournent largement des filières et des établissements massifiés, qui n’assurent plus la fonction de « distinction » (voir le cas exemplaire des effectifs des #écoles_de_commerce et #grandes_écoles).
Dans le même temps la dynamique de l’accumulation suppose une population formée par l’ESR (i.e. un niveau de diplomation croissant). Cela se traduit par l’insistance des entreprises à définir elles-mêmes les formations supérieures (i.e. à demander des salariés immédiatement aptes à une activité productive, spécialisés). En effet la connaissance, incorporée par les travailleurs, est devenue un actif stratégique majeur pour les entreprises.
C’est là qu’apparaît une rupture dans l’ESR. Cette rupture est celle de la remise en cause d’un #service_public dont l’organisation est administrée, et dont le pouvoir sur les carrières des personnels, sur la définition des programmes et des diplômes, sur la direction des établissements etc. s’estompe, au profit d’une organisation qui revêt des formes d’un #secteur_productif.
Depuis la #LRU (2007) puis la #LPR (2020) et la vague qui s’annonce, on peut identifier plusieurs lignes de #transformation, la #mise_en_concurrence conduisant à une adaptation des personnels et des établissements. Au premier titre se trouvent les instruments de #pilotage par la #performance et l’#évaluation. À cela s’ajoute la concurrence entre établissements pour l’#accès_aux_financements (type #Idex, #PIA etc.), aux meilleures candidatures étudiantes, aux #labels et la concurrence entre les personnels, pour l’accès aux #dotations (cf. agences de programmes, type #ANR, #ERC) et l’accès aux des postes de titulaires. Enfin le pouvoir accru des hiérarchies, s’exerce aux dépens de la #collégialité.
La généralisation de l’évaluation et de la #sélection permanente s’opère au moyen d’#indicateurs permettant de classer. Gingras évoque une #Fièvre_de_l’évaluation, qui devient une référence définissant des #standards_de_qualité, utilisés pour distribuer des ressources réduites. Il y a là un instrument de #discipline agissant sur les #conduites_individuelles (voir Clémentine Gozlan). L’important mouvement de #fusion des universités est ainsi lié à la recherche d’un registre de performance déconnecté de l’activité courante de formation (être université de rang mondial ou d’université de recherche), cela condensé sous la menace du #classement_de_Shanghai, pourtant créé dans un tout autre but.
La remise en question du caractère national des diplômes, revenant sur les compromis forgés dans le temps long entre les professions et l’État (Kouamé et al. 2023), quant à elle, assoit la mise en concurrence des établissements qui dépossède en retour la profession au profit des directions d’établissement.
La dynamique de #mise_en_concurrence par les instruments transforme les carrières et la relation d’#emploi, qui reposaient sur une norme commune, administrée par des instances élues, non sans conflit. Cela fonctionne par des instruments, au sens de Lascoumes et Legalès, mais aussi parce que les acteurs les utilisent. Le discours du 7 décembre est éloquent à propos de la transformation des #statuts pour assurer le #pilotage_stratégique non par la profession mais par des directions d’établissements :
"Et moi, je souhaite que les universités qui y sont prêtes et qui le veulent fassent des propositions les plus audacieuses et permettent de gérer la #ressource_humaine (…) la ministre m’a interdit de prononcer le mot statut. (…) Donc je n’ai pas dit qu’on allait réformer les statuts (…) moi, je vous invite très sincèrement, vous êtes beaucoup plus intelligents que moi, tous dans cette salle, à les changer vous-mêmes."
La démarche est caractéristique du #new_management_public : une norme centrale formulée sur le registre non discutable d’une prétérition qui renvoie aux personnes concernées, celles-là même qui la refuse, l’injonction de s’amputer (Bechtold-Rognon & Lamarche, 2011).
Une des clés est le transfert de gestion des personnels aux établissements alors autonomes : les carrières, mais aussi la #gouvernance, échappent progressivement aux instances professionnelles élues. Il y a un processus de mise aux normes du travail de recherche, chercheurs/chercheuses constituant une main d’œuvre qui est atypique en termes de formation, de types de production fortement marqués par l’incertitude, de difficulté à en évaluer la productivité en particulier à court terme. Ce processus est un marqueur de la transformation qui opère, à savoir, un processus de transformation en un secteur. La #pénurie de moyen public est un puissant levier pour que les directions d’établissement acceptent les #règles_dérogatoires (cf. nouveaux contrats de non titulaires ainsi que les rapports qui ont proposé de spécialiser voire de moduler des services).
On a pu observer depuis la LRU et de façon active depuis la LPR, à la #destruction régulière du #compromis_social noué entre l’État social et le monde enseignant. La perte spectaculaire de #pouvoir_d’achat des universitaires, qui remonte plus loin historiquement, en est l’un des signaux de fond. Il sera progressivement articulé avec l’éclatement de la relation d’emploi (diminution de la part de l’emploi sous statut, #dévalorisation_du_travail etc.).
Arrimer l’ESR au #régime_d’accumulation, une visée utilitariste
L’État est un acteur essentiel dans l’émergence de la production de connaissance, hier comme commun, désormais comme résultat, ou produit, d’un secteur productif. En dérégulant l’ESR, le principal appareil de cette production, l’État délaisse la priorité accordée à la montée de la qualification de la population active, au profit d’un #pilotage_par_la_recherche. Ce faisant, il radicalise des dualités anciennes entre système éducatif pour l’élite et pour la masse, entre recherche utile à l’industrie et recherche vue comme activité intellectuelle (cf. la place des SHS), etc.
La croissance des effectifs étudiants sur une période assez longue, s’est faite à moyens constants avec des effectifs titulaires qui ne permettent pas de maintenir la qualité du travail de formation (cf. figure 2). L’existence de gisements de productivité supposés, à savoir d’une partie de temps de travail des enseignants-chercheurs inutilisé, a conduit à une pénurie de poste et à une recomposition de l’emploi : alourdissement des tâches des personnels statutaires pour un #temps_de_travail identique et développement de l’#emploi_hors_statut. Carpentier & Picard ont récemment montré, qu’en France comme ailleurs, le recours au #précariat s’est généralisé, participant par ce fait même à l’effritement du #corps_professionnel qui n’a plus été à même d’assurer ni sa reproduction ni ses missions de formation.
C’est le résultat de l’évolution longue. L’#enseignement est la part délaissée, et les étudiants et étudiantes ne sont plus au cœur des #politiques_universitaires : ni par la #dotation accordée par étudiant, ni pour ce qui structure la carrière des universitaires (rythmée par des enjeux de recherche), et encore moins pour les dotations complémentaires (associées à une excellence en recherche). Ce mouvement se met toutefois en œuvre en dehors de la formation des élites qui passent en France majoritairement par les grandes écoles (Charle et Soulié, 2015). Dès lors que les étudiants cessaient d’être le principe organisateur de l’ESR dans les universités, la #recherche pouvait s’y substituer. Cela intervient avec une nouvelle convention de qualité de la recherche. La mise en œuvre de ce principe concurrentiel, initialement limité au financement sur projets, a été élargie à la régulation des carrières.
La connaissance, et de façon concrète le niveau de diplôme des salariés, est devenu une clé de la compétitivité, voire, pour les gouvernements, de la perspective de croissance. Alors que le travail de recherche tend à devenir une compétence générale du travail qualifié, son rôle croissant dans le régime d’accumulation pousse à la transformation du rapport social de travail de l’ESR.
C’est à partir du système d’#innovation, en ce que la recherche permet de produire des actifs de production, que l’appariement entre recherche et profit participe d’une dynamique nouvelle du régime d’accumulation.
Cette dynamique est pilotée par l’évolution jointe du #capitalisme_financiarisé (primauté du profit actionnarial sur le profit industriel) et du capitalisme intensif en connaissance. Les profits futurs des entreprises, incertains, sont liés d’une part aux investissements présents, dont le coût élevé repose sur la financiarisation tout en l’accélérant, et d’autre part au travail de recherche, dont le contrôle échappe au régime historique de croissance de la productivité. La diffusion des compétences du travail de recherche, avec la montée des qualifications des travailleurs, et l’accumulation de connaissances sur lequel il repose, deviennent primordiaux, faisant surgir la transformation du contenu du travail par l’élévation de sa qualité dans une division du travail qui vise pourtant à l’économiser. Cela engendre une forte tension sur la production des savoirs et les systèmes de transmission du savoir qui les traduisent en connaissances et compétences.
Le travail de recherche devenant une compétence stratégique du travail dans tous les secteurs d’activité, les questions posées au secteur de recherche en termes de mesure de l’#efficacité deviennent des questions générales. L’enjeu en est l’adoption d’une norme d’évaluation que les marchés soient capables de faire circuler parmi les secteurs et les activités consommatrices de connaissances.
Un régime face à ses contradictions
Cette transformation de la recherche en un secteur, arrimé au régime d’accumulation, suppose un nouveau compromis institutionnalisé. Mais, menée par une politique néolibérale, elle se heurte à plusieurs contradictions majeures qui détruisent les conditions de sa stabilisation sans que les principes d’une régulation propre ne parviennent à émerger.
Quand la normalisation du travail de recherche dévalorise l’activité et les personnels
Durant la longue période de régulation administrée, le travail de recherche a associé le principe de #liberté_académique à l’emploi à statut. L’accomplissement de ce travail a été considéré comme incompatible avec une prise en charge par le marché, ce dernier n’étant pas estimé en capacité de former un signal prix sur les services attachés à ce type de travail. Ainsi, la production de connaissance est un travail entre pairs, rattachés à des collectifs productifs. Son caractère incertain, la possibilité de l’erreur sont inscrits dans le statut ainsi que la définition de la mission (produire des connaissances pour la société, même si son accaparement privé par la bourgeoisie est structurel). La qualité de l’emploi, notamment via les statuts, a été la clé de la #régulation_professionnelle. Avec la #mise_en_concurrence_généralisée (entre établissements, entre laboratoires, entre Universités et grandes écoles, entre les personnels), le compromis productif entre les individus et les collectifs de travail est rompu, car la concurrence fait émerger la figure du #chercheur_entrepreneur, concerné par la #rentabilisation des résultats de sa recherche, via la #valorisation sous forme de #propriété_intellectuelle, voire la création de #start-up devenu objectifs de nombre d’université et du CNRS.
La réponse publique à la #dévalorisation_salariale évoquée plus haut, passe par une construction différenciée de la #rémunération, qui rompt le compromis incarné par les emplois à statut. Le gel des rémunérations s’accompagne d’une individualisation croissante des salaires, l’accès aux ressources étant largement subordonné à l’adhésion aux dispositifs de mise en concurrence. La grille des rémunérations statutaires perd ainsi progressivement tout pouvoir organisationnel du travail. Le rétrécissement de la possibilité de travailler hors financements sur projet est indissociable du recours à du #travail_précaire. La profession a été dépossédée de sa capacité à défendre son statut et l’évolution des rémunérations, elle est inopérante à faire face à son dépècement par le bloc minoritaire.
La contradiction intervient avec les dispositifs de concurrence qui tirent les instruments de la régulation professionnelle vers une mise aux normes marchandes pour une partie de la communauté par une autre. Ce mouvement est rendu possible par le décrochage de la rémunération du travail : le niveau de rémunération d’entrée dans la carrière pour les maîtres de conférences est ainsi passé de 2,4 SMIC dans les années 1980 à 1,24 aujourd’hui.
Là où le statut exprimait l’impossibilité d’attacher une valeur au travail de recherche hors reconnaissance collective, il tend à devenir un travail individualisable dont le prix sélectionne les usages et les contenus. Cette transformation du travail affecte durablement ce que produit l’université.
Produire de l’innovation et non de la connaissance comme communs
Durant la période administrée, c’est sous l’égide de la profession que la recherche était conduite. Définissant la valeur de la connaissance, l’action collective des personnels, ratifiée par l’action publique, pose le caractère non rival de l’activité. La possibilité pour un résultat de recherche d’être utilisé par d’autres sans coût de production supplémentaire était un gage d’efficacité. Les passerelles entre recherche et innovation étaient nombreuses, accordant des droits d’exploitation, notamment à l’industrie. Dans ce cadre, le lien recherche-profit ou recherche-utilité économique, sans être ignoré, ne primait pas. Ainsi, la communauté professionnelle et les conditions de sa mise au travail correspondait à la nature de ce qui était alors produit, à savoir les connaissances comme commun. Le financement public de la recherche concordait alors avec la nature non rivale et l’incertitude radicale de (l’utilité de) ce qui est produit.
La connaissance étant devenue un actif stratégique, sa valorisation par le marché s’est imposée comme instrument d’orientation de la recherche. Finalement dans un régime d’apparence libérale, la conduite politique est forte, c’est d’ailleurs propre d’un régime néolibéral tel que décrit notamment par Amable & Palombarini (2018). Les #appels_à_projet sélectionnent les recherches susceptibles de #valorisation_économique. Là où la #publication fait circuler les connaissances et valide le caractère non rival du produit, les classements des publications ont pour objet de trier les résultats. La priorité donnée à la protection du résultat par la propriété intellectuelle achève le processus de signalement de la bonne recherche, rompant son caractère non rival. La #rivalité exacerbe l’effectivité de l’exclusion par les prix, dont le niveau est en rapport avec les profits anticipés.
Dans ce contexte, le positionnement des entreprises au plus près des chercheurs publics conduit à une adaptation de l’appareil de production de l’ESR, en créant des lieux (#incubateurs) qui établissent et affinent l’appariement recherche / entreprise et la #transférabilité à la #valorisation_marchande. La hiérarchisation des domaines de recherche, des communautés entre elles et en leur sein est alors inévitable. Dans ce processus, le #financement_public, qui continue d’endosser les coûts irrécouvrables de l’incertitude, opère comme un instrument de sélection et d’orientation qui autorise la mise sous contrôle de la sphère publique. L’ESR est ainsi mobilisée par l’accumulation, en voyant son autonomie (sa capacité à se réguler, à orienter les recherches) se réduire. L’incitation à la propriété intellectuelle sur les résultats de la recherche à des fins de mise en marché est un dispositif qui assure cet arrimage à l’accumulation.
Le caractère appropriable de la recherche, devenant essentiel pour la légitimation de l’activité, internalise une forme de consentement de la communauté à la perte du contrôle des connaissances scientifiques, forme de garantie de sa circulation. Cette rupture de la non-rivalité constitue un coût collectif pour la société que les communautés scientifiques ne parviennent pas à rendre visible. De la même manière, le partage des connaissances comme principe d’efficacité par les externalités positives qu’il génère n’est pas perçu comme un principe alternatif d’efficacité. Chemin faisant, une recherche à caractère universel, régulée par des communautés, disparait au profit d’un appareil sous doté, orienté vers une utilité de court terme, relayé par la puissance publique elle-même.
Un bloc hégémonique réduit, contre la collégialité universitaire
En tant que mode de gouvernance, la collégialité universitaire a garanti la participation, et de fait la mobilisation des personnels, car ce n’est pas la stimulation des rémunérations qui a produit l’#engagement. Les collectifs de travail s’étaient dotés d’objectifs communs et s’étaient accordés sur la #transmission_des_savoirs et les critères de la #validation_scientifique. La #collégialité_universitaire en lien à la définition des savoirs légitimes a été la clé de la gouvernance publique. Il est indispensable de rappeler la continuité régulatrice entre liberté académique et organisation professionnelle qui rend possible le travail de recherche et en même temps le contrôle des usages de ses produits.
Alors que l’université doit faire face à une masse d’étudiants, elle est évaluée et ses dotations sont accordées sur la base d’une activité de recherche, ce qui produit une contradiction majeure qui affecte les universités, mais pas toutes. Il s’effectue un processus de #différenciation_territoriale, avec une masse d’établissements en souffrance et un petit nombre qui a été retenu pour former l’élite. Les travaux de géographes sur les #inégalités_territoriales montrent la très forte concentration sur quelques pôles laissant des déserts en matière de recherche. Ainsi se renforce une dualité entre des universités portées vers des stratégies d’#élite et d’autres conduites à accepter une #secondarisation_du_supérieur. Une forme de hiatus entre les besoins technologiques et scientifiques massifs et le #décrochage_éducatif commence à être diagnostiquée.
La sectorisation de l’ESR, et le pouvoir pris par un bloc hégémonique réduit auquel participent certaines universités dans l’espoir de ne pas être reléguées, ont procédé par l’appropriation de prérogatives de plus en plus larges sur les carrières, sur la valorisation de la recherche et la propriété intellectuelle, de ce qui était un commun de la recherche. En cela, les dispositifs d’excellence ont joué un rôle marquant d’affectation de moyens par une partie étroite de la profession. De cette manière, ce bloc capte des prébendes, assoit son pouvoir par la formation des normes concurrentielles qu’il contrôle et développe un rôle asymétrique sur les carrières par son rôle dominant dans l’affectation de reconnaissance professionnelle individualisée, en contournant les instances professionnelles. Il y a là création de nouveaux périmètres par la norme, et la profession dans son ensemble n’a plus grande prise, elle est mise à distance des critères qui servent à son nouveau fonctionnement et à la mesure de la performance.
Les dispositifs mis en place au nom de l’#excellence_scientifique sont des instruments pour ceux qui peuvent s’en emparer et définissant les critères de sélection selon leur représentation, exercent une domination concurrentielle en sélectionnant les élites futures. Il est alors essentiel d’intégrer les Clubs qui en seront issus. Il y a là une #sociologie_des_élites à préciser sur la construction d’#UDICE, club des 10 universités dites d’excellence. L’évaluation de la performance détermine gagnants et perdants, via des labels, qui couronnent des processus de sélection, et assoit le pouvoir oligopolistique et les élites qui l’ont porté, souvent contre la masse de la profession (Musselin, 2017).
Le jeu des acteurs dominants, en lien étroit avec le pouvoir politique qui les reconnait et les renforce dans cette position, au moyen d’instruments de #rationalisation de l’allocation de moyens pénuriques permet de définir un nouvel espace pour ceux-ci, ségrégué du reste de l’ESR, démarche qui est justifié par son arrimage au régime d’accumulation. Ce processus s’achève avec une forme de séparatisme du nouveau bloc hégémonique composé par ces managers de l’ESR, composante minoritaire qui correspond d’une certaine mesure au bloc bourgeois. Celles- et ceux-là même qui applaudissent le discours présidentiel annonçant la révolution dont un petit fragment tirera du feu peu de marrons, mais qui seront sans doute pour eux très lucratifs. Toutefois le scénario ainsi décrit dans sa tendance contradictoire pour ne pas dire délétère ne doit pas faire oublier que les communautés scientifiques perdurent, même si elles souffrent. La trajectoire choisie de sectorisation déstabilise l’ESR sans ouvrir d’espace pour un compromis ni avec les personnels ni pour la formation. En l’état, les conditions d’émergence d’un nouveau régime pour l’ESR, reliant son fonctionnement et sa visée pour la société ne sont pas réunies, en particulier parce que la #rupture se fait contre la profession et que c’est pourtant elle qui reste au cœur de la production.
►https://laviedesidees.fr/Universite-service-public-ou-secteur-productif
#ESR #facs #souffrance
Briançon : un cairn en #hommage aux migrants décédés érigé au petit matin
Ce mardi 6 février, au petit matin, un collectif de « solidaires des personnes exilées » a érigé un cairn en hommage “aux morts aux frontières”, à proximité de la porte du pont d’Asfeld, dans la vieille ville de Briançon.
Il est un peu plus de 7 heures, ce mardi 6 février à Briançon, et le soleil n’a pas encore percé depuis l’Italie, à quelques dizaines de kilomètres. Sur la petite butte, juste après avoir passé la porte de la cité Vauban en direction du pont d’Asfeld, un petit groupe s’affaire à la frontale et à la truelle : un collectif de « solidaires des personnes exilées » érige un cairn.
(#paywall)
▻https://www.ledauphine.com/societe/2024/02/06/briancon-un-cairn-en-hommage-aux-migrants-decedes-erige-au-petit-matin
#mémoire #commémoration #Briançon #migrations #réfugiés #6_février #commémor'action #commémoraction #Hautes-Alepes #France #cairn #monument #mémoriel #morts_aux_frontières #mourir_aux_frontières #frontières #frontière_sud-alpine #mémorial #6_février_2024
À Briançon, un monument en hommage aux mort·es des frontières 🏔
Ce jour du 6 février, journée transnationale d’hommage des mort·es des frontières, des solidaires de Briançon ont érigé un monument en hommage aux personnes décédées, blessées ou traumatisées aux frontières.
https://pixelfed.zoo-logique.org/storage/m/_v2/578583396227231930/7c649620b-69b6c5/4hMqKMIPEsrg/inNEDJTkZ6eSoPNAOXwVTrvVzQa6eDk4CINT5K3s.jpg https://pixelfed.zoo-logique.org/storage/m/_v2/578583396227231930/7c649620b-69b6c5/piXU91sYPco0/KqYEFnuKpek5CguqXD9BX5IiidYBFH4F8Zcx3BYT.jpg https://pixelfed.zoo-logique.org/storage/m/_v2/578583396227231930/7c649620b-69b6c5/9MRbBKlB5Hrz/VVV1AmYm7Ihl0nVu4lDS6cCzr8o2jPwZfJ8GVEnx.jpg Alors que 12 personnes en situation d’exil ont perdu la vie entre Oulx, Briançon et Modane, autant de personnes victimes des politiques de non accueil et du régime des frontières, ce monument est là pour que la société n’oublient pas leur nom.
Sous forme de cairn, monticule communément dédié à guider les personnes en montagne, ce monument est aussi dédié aux familles des victimes.
📍Proche du pont d’Asfeld en venant de la vieille ville de Briançon (05). N’hésitez pas à venir poser des fleurs ou rajouter une pierre.
▻https://twitter.com/BrianconExil/status/1754795986327634091
Photos de Morgane Dujmovic, 06.02.2024 :
Briançon : un monument en hommage aux mort·es des frontières érigé par des solidaires
Ce mardi 6 février, nous venons d’être informés que quelques heures avant le rassemblement en hommage aux personnes décédées à la frontière dans le cadre de l’appel transnational de la commémoration, à Briançon, à quelques kilomètres de la frontière franco-italienne, des solidaires ont érigé un monument mémorial.
Un mémorial pour ne pas oublier. Pour ne pas oublier que chaque année des milliers de personnes perdent la vie aux frontières partout dans le monde, aux frontières de l’Europe, aux frontières de la France, et ici même à Briançon. Pour ne pas oublier non plus le nom de celles et ceux victimes de décisions politiques faisant de la France et de l’Europe des forteresses meurtrières et excluantes. Ce mémorial est pour les victimes et leurs familles.
Prenant la forme d’un cairn, objet communément érigé pour guider les personnes en montagne, et surplombé de plaques avec le nom des personnes décédées, ce monument est dédié aux victimes, à leur familles, mais aussi à toutes les autres, blessées ou traumatisées par leur parcours d’exil.
Près du pont d’Asfeld à Briançon, dans ce lieu hautement symbolique proche duquel une personne exilée, Mahadi, a perdu la vie le 29 octobre dernier, tous les briançonnais et briançonnaises sont appelé·es aujourd’hui et dans les prochains jours à venir déposer des fleurs pour en faire un lieu de vie, de mémoire et de lien entre les vivants et celles et ceux qui nous ont quittés.
Un rassemblement hommage se tiendra également à 17h30, place Gallice Bey à Briançon.
▻https://briancon-solidaire.org/2024/02/06/briancon-un-monument-en-hommage-aux-morts-des-frontieres-eriges-
Hommage à celles et ceux qui ont eu le courage de fuir : ne laissons pas notre idéal européen mourir aux frontières
Mardi 6 février à Briançon est érigé un monument aux morts des frontières. Un cairn gravé des noms des personnes exilées mortes ou disparues entre Oulx, Briançon et Modane depuis 2018. Nous publions l’appel lancé par de nombreuses personnalités à cette occasion.
Un monument pour ne pas oublier qu’à la frontière avec l’Italie dans les montagnes, à Calais, à Vintimille, en Méditerranée, tout au long des parcours de celles et ceux qui prennent la route de l’exil, meurent chaque année des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants. Ils et elles ont un nom et une histoire trop souvent effacés, perdus, gommés par des statistiques déshumanisantes [et des regards froids].
Ne pas oublier. Oui, ce monument aux mort·es des frontières leur est dédié. Pour toujours se rappeler que lorsque nos égoïsmes nationaux nous font ériger des murs, notre humanité se perd et des vies en sortent brisées. C’est un lieu pour les victimes et leurs familles, c’est à elles d’en donner le sens. Ce mémorial est aussi dédié aux personnes blessées, traumatisées par leur parcours d’exil. Nous ne laisserons pas notre société les oublier. Ce cairn (objet communément érigé pour guider les personnes en montagne) est une lanterne pour que la France retrouve le chemin de la fraternité.
Ce qui se joue dans le Briançonnais, c’est aussi l’avenir de l’idéal européen. Nous ne pouvons pas accepter que les frontières des pays de l’Union s’enfoncent dans la militarisation et la surveillance. Face à la surenchère sécuritaire, la solidarité s’est organisée depuis des années. Nous apportons notre plein soutien aux associations, aux montagnard·es ainsi qu’aux bénévoles venu·es de toute la France pour porter assistance aux exilé·es qui tentent, malgré tout, de traverser les Alpes au péril de leurs existences dans un geste désespéré de survie.
Non, les mort·es aux frontières ne sont pas victimes d’accident, de mauvaises conditions météorologiques, de prises de risques inconsidérées : ils et elles sont victimes de nos politiques de construction de barrières toujours plus hautes. Les frontières ne sont pas géographiques mais sociales, culturelles et administratives. La frontière franco-italienne a déjà fait des dizaines de victimes. Nous n’oublions pas non plus les lois d’exclusion telles que la loi asile et immigration et ce marchandage indigne autour de la santé des personnes étrangères protégées, pour l’instant, par l’aide médicale d’État.
Aujourd’hui, l’ensemble du parcours d’une personne étrangère en France est indigne de notre République. Du passage de la frontière avec la négation d’un certain nombre de droits (documentée par de nombreux·euses observateur·trices), aux solutions d’hébergement précaires en passant par la stigmatisation permanente et par le travail sans droit qui engendrent exploitation et marginalisation : l’absence d’une politique d’intégration digne est un facteur de risque sur la santé des personnes, de précarisation et de désordre dans nos sociétés.
Pour que nous arrêtions de compter les mort·es des frontières, il est temps de ne plus céder aux sirènes populistes et réactionnaires dans notre approche des migrations. Regarder la réalité migratoire en face passe par la construction d’une réelle politique d’accueil, d’intégration et de droits pour celles et ceux qui rejoignent notre continent. Un accueil qui permette aux personnes de guérir de leurs blessures et de retrouver du pouvoir d’agir. L’avenir de notre fraternité, le destin de notre idéal européen se joueront aussi dans notre capacité à faire tomber certaines frontières pour ériger des ponts et bâtir un parcours digne.
►https://www.humanite.fr/en-debat/briancon/hommage-a-celles-et-ceux-qui-ont-eu-le-courage-de-fuir-ne-laissons-pas-notr
Photos de Baptiste Soubra:
N’oublions pas les victimes des frontières, non à la destruction du mémorial de Briançon
Le 7 mars dernier, le maire de Briançon a fait savoir à l’association Tous Migrants qu’il souhaitait faire retirer le mémorial aux mort·es des frontières érigé près du lieu où la dernière victime est morte noyée après être tombée d’une falaise le 29 octobre dernier. Pour ne pas oublier les victimes de la militarisation des frontières, soutenons ce mémorial.
Blessing, Mamadi, Mohamed, Douala, Tamimou, Mohamed, Mohammed, Fahallah, Ullah, Moussa, Mohamed, Mahadi. Ce sont les prénoms des 12 personnes mortes ou disparues en tentant de rejoindre la France depuis Oulx en Italie entre mai 2018 et octobre 2023. 12 prénoms que nous ne voulons pas oublier. 12 prénoms gravés sur le mémorial que le maire de Briançon souhaite faire retirer des remparts de la vieille ville de Briançon.
Ce mémorial a été érigé le 6 février 2024, à l’occasion de la 10e journée mondiale de commémor’action des mort·es des frontières, par des habitant·es du Briançonnais et des bénévoles solidaires grâce aux contributions de l’artiste embrunaise Alexis Zibolt et de l’association Tous Migrants. Une œuvre collective reprenant le symbole du cairn, amas de pierres qui guide les randonneur·euses et montagnard·es du monde entier. Partout en montagne, nous honorons la mémoire de nos proches et des alpinistes décédé·es en tentant d’atteindre des sommets. Comment ne pas honorer celle de personnes qui ont perdu la vie dans ces mêmes montagnes en tentant de rejoindre des conditions de vie dignes ?
L’installation de ce mémorial a reçu un soutien national dans une tribune signée par des chercheur·ses de renommée mondiale, des parlementaires, des représentant·es d’ONG et des figures publiques reconnues et respectées. Briançonnaises et Briançonnais lui ont aussi apporté leur soutien en le fleurissant et en s’y recueillant. Depuis qu’il a été érigé, il intéresse quotidiennement les personnes passant à proximité. En plus d’avoir été érigé sans aucune dégradation, il s’inscrit aisément dans le paysage du patrimoine exceptionnel que représentent le fort Vauban et le pont d’Asfeld en cultivant son aspect mémoriel. Les décès des personnes exilées à Briançon font aussi partie de l’Histoire.
Dès la mise en place du mémorial, l’association Tous Migrants a établi un dialogue avec le cabinet du Maire de Briançon. Après avoir expressément invité l’association à formuler une demande d’autorisation, le maire de Briançon a subitement refusé la demande, sans même permettre qu’elle puisse être présentée aux services municipaux compétents.
Quel·le montagnard·e ne respecterait pas la mémoire de personnes décédées en montagne ? Quel·le élu·e de la République Française oserait profaner un monument aux mort·es ?
Monsieur le maire de Briançon, au nom du respect de la mémoire des personnes décédées sur les chemins de l’exil sur notre territoire, au nom de la fraternité, au nom des valeurs des Escartons chères à notre territoire, nous vous demandons d’autoriser le maintien du mémorial à son emplacement Porte de Durance. Les forteresses briançonnaises ne doivent pas faire rempart à notre humanité.
Mouvement citoyen Tous Migrants
Collectif Solidaires de Briançon
▻https://www.change.org/p/n-oublions-pas-les-victimes-des-fronti%C3%A8res-non-%C3%A0-la-destruction-du
#pétition
Une pétition pour éviter la démolition du cairn en hommage aux migrants décédés
Dans un communiqué de presse, ce jeudi 14 mars, Tous migrants annonce avoir lancé une pétition pour empêcher la démolition du “mémorial” érigé le 6 février dernier au-dessus du pont d’Asfeld.
Celui-ci comporte 12 plaques comme autant de personnes migrantes décédées ou portées disparues dans le Briançonnais lors de leur tentative de passage de la frontière entre l’Italie et la France.
Changement d’avis de la mairie selon Tous migrants
Si, dans un premier temps, la mairie n’a pas souhaité démolir le cairn, la donne a changé. “Le 7 mars dernier, le maire de Briançon [Arnaud Murgia, NDLR] a fait savoir à l’association tous migrants qu’il souhaitait faire retirer le mémorial”, indique l’association. Celle-ci assure avoir “dès [sa] mise en place”, “établi un dialogue avec le cabinet du maire”.
Et Tous migrants d’ajouter : “Après avoir expressément invité l’association à formuler une demande d’autorisation [pour le cairn, NDLR], le maire de Briançon a subitement refusé la demande, sans même permettre qu’elle puisse être présentée aux services municipaux compétents.” La pétition compte , ce vendredi 15 mars près de 1 350 signatures.
▻https://www.ledauphine.com/politique/2024/03/15/une-petition-pour-eviter-la-demolition-du-cairn-en-hommage-aux-migrants-
26.03.2024
Ce matin, à l’abri des regards, le maire de Briançon a détruit le monument aux morts dédié aux personnes exilées décédées dans la montagne. Même mortes, un élu “républicain” leur interdit d’exister.
▻https://twitter.com/Utopia_56/status/1772643162223255884
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Dans le Flash info de Tous Migrants (26.03.2024) :
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Commentaire de Myriam Houssay-Holzschuch sur l’oiseau bleu :
Je m’intéresse de plus en plus à la production de l’amnésie neo/post-)coloniale (et le travail sans fin pour la contrer, de reparler de Fanon, de reparler de la torture en Algérie, de rappeler l’histoire) et il faut avouer qu’on a là un cas exemplaire.
A Briançon il sindaco fa abbattere il cippo in ricordo dei caduti alle frontiere
Un piccolo memoriale ricordava le persone migranti morte sulle Alpi. Una nuova installazione è già stata collocata
La cattiveria e la grettezza stanno nelle piccole meschinità. Nella storia abbiamo esempi infiniti in tal senso.
Martedì 26 marzo 2024, il sindaco di Briançon Arnaud Murgia ha chiamato i servizi tecnici della cittadina francese, appena al di là del confine con il Piemonte, sulle Alpi. Scortati dalla Polizia per distruggere il monumento ai caduti alla frontiera, eretto alla Porte de Durance, una delle entrate alla splendida città vecchia, la Citè Vauban, dal nome dell’ingegnere del Re Sole che ideò questo imponente complesso di fortificazioni, dal 2008 patrimonio Unesco.
Appaiono non sorpresi i gruppi formali e informali che nell’intera provincia denunciano l’inumanità delle politiche di gestione del fenomeno migratorio e si dicono determinati a difendere la memoria di coloro che su questi sentieri hanno perso la vita, l’ultimo il 29 ottobre scorso.
Secondo i testimoni, intorno alle 7 del mattino, sotto la neve, il monumento, un piccolo cippo sul modello degli omini in pietra, tipiche costruzioni informali che siamo soliti vedere sulle vette dei monti, è stato distrutto con un escavatore dagli agenti del servizio tecnico della cittadina, meta sciistica.
Il giorno seguente una delegazione di cittadini solidali e rappresentanti di associazioni, fra le quali la protestante “Cimade” e “Tous Migrants” (che in queste terre sta compiendo un incredibile lavoro di accoglienza, sostituendosi di fatto alla latitanza completa delle politiche di accoglienza francesi), ha tentato invano di avere un incontro con Murgia.
Appena due giorni prima ero stato sul luogo e ho incontrato donne e uomini, giovani e pensionati, che dandosi il cambio mantenevano un presidio fisso per informare i passanti sul significato di quel mucchietto di pietre, di quei fiori, di quelle scarpe abbandonate e diventate parte del memoriale.
Un mucchietto di pietre che non ostacolano alcun passaggio, non rappresentano alcun pericolo, ma vogliono ricordare che anche qui, fra le piste da sci e le cabinovie di nuova generazione, muoiono persone in cammino, in cerca di un futuro.
Il monumento era stato eretto il 6 febbraio, a dieci anni da quel 6 febbraio 2014 quando più di 200 persone, partendo dalle coste marocchine, tentarono di raggiungere a nuoto la spiaggia di Tarajal, nell’enclave spagnola di Ceuta. Per evitare che arrivassero in “terra spagnola”, la Guardia Civil utilizzò attrezzature antisommossa e anche i soldati marocchini presenti non soccorsero le persone che stavano annegando davanti a loro. Quindici corpi vennero ritrovati sul versante spagnolo, decine di altri scomparvero, i sopravvissuti vennero respinti, alcuni per morire sul versante marocchino.
Dieci anni durante i quali il numero dei morti e dei dispersi ha continuato ad aumentare, nel Mediterraneo e sulla rotta delle Canarie, all’interno delle frontiere interne dell’UE, nella Manica, alle frontiere orientali, lungo la rotta dei Balcani, o nel deserto del Sahara e lungo qualsiasi altra traiettoria di mobilità.
Dieci anni durante i quali le associazioni, le famiglie e tutti coloro che si battono per il diritto alla mobilità per tutte e tutti hanno continuato a chiedere verità e giustizia per queste vittime, a evidenziare le responsabilità dirette e indirette del regime delle frontiere, a lavorare per dimostrare queste responsabilità e sostenere le famiglie e i propri cari nel doloroso viaggio di ricerca dei dispersi e di identificazione delle vittime.
Blessing, Mamadi, Mohamed, Douala, Tamimou, Mohamed, Mohammed, Fahallah, Ullah, Moussa, Mohamed, Mahadi. Questi i nomi delle 12 persone morte o scomparse mentre cercavano di raggiungere la Francia dall’ Italia tra maggio 2018 e ottobre 2023. «12 nomi che non vogliamo dimenticare. 12 nomi incisi sul monumento» mi raccontano.
«Dopo questo nuovo tentativo fallito di scambio, non possiamo che ripeterlo e rammaricarcene: il sindaco di Briançon si chiude nel rifiuto del dialogo. Di fronte a questo attacco al dovere di ricordare, rimaniamo determinati a difendere la memoria delle persone che sono morte sulla via dell’esilio.
«Cosa impedisce al sindaco di consentire il mantenimento di questo memoriale? Perché non ha mai avuto una parola, un omaggio per gli esuli che morirono alle porte della sua città? ».
Un nuovo tumulo di tributo è già stato eretto spontaneamente.
▻https://riforma.it/2024/03/28/a-briancon-il-sindaco-fa-abbattere-il-cippo-in-ricordo-dei-caduti-alle-front
Position et appel des Soulèvements de la terre sur le mouvement agricole en cours
▻https://lundi.am/Position-et-appel-des-Soulevements-de-la-terre-sur-le-mouvement-agricole-en
Si nous nous soulevons, c’est en grande partie contre les ravages de ce complexe agro-industriel, avec le vif souvenir des fermes de nos familles que nous avons vu disparaître et la conscience aiguë des abîmes de difficultés que nous rencontrons dans nos propres parcours d’installation. Ce sont ces industries et les méga-sociétés cumulardes qui les accompagnent, avalant les #terres et les fermes autour d’elles, accélérant le devenir firme de la production agricole, et qui ainsi tuent à bas bruit le monde #paysan. Ce sont ces industries que nous ciblons dans nos actions depuis le début de notre mouvement - et non la classe paysanne.
Si nous clamons que la liquidation sociale et économique de la paysannerie et la destruction des milieux de vie sont étroitement corrélées - les fermes disparaissant au même rythme que les oiseaux des champs et le complexe agro-industriel resserrant son emprise tandis que le réchauffement climatique s’accélère - nous ne sommes pas dupes des effet délétères d’une certaine écologie industrielle, gestionnaire et technocratique. La gestion par les normes environnementales-sanitaires de l’#agriculture est à ce titre absolument ambigüe. À défaut de réellement protéger la santé des populations et des milieux de vie, elle a, derrière de belles intentions, surtout constitué un nouveau vecteur d’industrialisation des exploitations. Les investissements colossaux exigés par les mises aux normes depuis des années ont accéléré, partout, la concentration des structures, leur #bureaucratisation sous contrôles permanents et la perte du sens du métier.
Nous refusons de séparer la question écologique de la question sociale, ou d’en faire une affaire de consom’acteurs citoyens responsables, de changement de pratiques individuelles ou de « transitions personnelles » : il est impossible de réclamer d’un éleveur piégé dans une filière hyperintégré qu’il bifurque et sorte d’un mode de production industriel, comme il est honteux d’exiger que des millions de personnes qui dépendent structurellement de l’aide alimentaire se mettent à « consommer bio et local ». Pas plus que nous ne voulons réduire la nécessaire écologisation du travail de la terre à une question de « réglementations » ou de « jeu de normes » : le salut ne viendra pas en renforçant l’emprise des bureaucraties sur les pratiques paysannes. Aucun changement structurel n’adviendra tant que nous ne déserrerons pas l’étau des contraintes économiques et technocratiques qui pèsent sur nos vies : et nous ne pourrons nous en libérer que par la lutte.
Si nous n’avons pas de leçons à donner aux agriculteur·rices ni de fausses promesses à leur adresser, l’expérience de nos combats aux côtés des paysan·nes - que ce soit contre des grands projets inutiles et imposés, contre les méga-bassines, ou pour se réapproprier les fruits de l’accaparement des terres - nous a offert quelques certitudes, qui guident nos paris stratégiques.
L’écologie sera paysanne et populaire ou ne sera pas. La #paysannerie disparaîtra en même temps que la sécurité alimentaire des populations et nos dernières marges d’autonomie face aux complexes industriels si ne se lève pas un vaste mouvement social de #reprise_des_terres face à leur #accaparement et leur #destruction. Si nous ne faisons pas sauter les verrous (traités de #libre-échange, dérégulation des prix, emprise monopolistique de l’#agro-alimentaire et des hypermarchés sur la consommation des ménages) qui scellent l’emprise du marché sur nos vies et l’agriculture. Si n’est pas bloquée la fuite en avant techno-solutionniste (le tryptique biotechnologies génétiques - robotisation - numérisation). Si ne sont pas neutralisés les méga-projets clés de la restructuration du modèle agro-industriel. Si nous ne trouvons pas les leviers adéquats de socialisation de l’#alimentation qui permettent de sécuriser les revenus des producteurs et de garantir le droit universel à l’alimentation.
(pour mémoire : bucolisme et conflictualité)
encore une prouesse du lundimatinisme : ni capital ni capitalisme ni propriété dans ce texte.
C’est signé « Les Soulèvements de la Terre - le 30 janvier 2024 » ; c’est pas lundiamiste, c’est SDLTique :-)
Il est temps, @olaf, que tu sois initié à l’un des secrets les moins bien gardés qui se puisse exister, le lundimatinisme n’est que l’un des noms de l’appellisme.
😁 merci @colporteur 🙏
je colle ici un ou deux bouts de l’appel du lundiisme soulevementier, y’a une synthèse paysano-intello avec des chiffres
Dans le monde, le pourcentage du prix de vente qui revient aux agriculteurs est passé de 40 % en 1910 à 7 % en 1997, selon l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO). De 2001 à 2022, les distributeurs et les entreprises agroalimentaires de la filière lait ont vu leur marge brute s’envoler de respectivement 188% et 64%, alors même que celle des producteurs stagne quand elle n’est pas simplement négative.
[...]
C’est ce pillage de la valeur ajoutée organisé par les filières qui explique, aujourd’hui, que sans les subventions qui jouent un rôle pervers de béquilles du système (en plus de profiter essentiellement aux plus gros) 50% des exploitant·es auraient un résultat courant avant impôts négatif : en bovins lait, la marge hors subvention qui était de 396€/ha en moyenne entre 1993 et 1997 est devenue négative à la fin des années 2010 (-16€/ha en moyenne), tandis que le nombre de paysans pris en compte par le Réseau d’information comptable agricole dans cette filière passe sur cette période de 134 000 à 74 000.
"Dans ces conditions, ”devenir chef d’entreprise” comme le promet la FNSEA, c’est en réalité se trouver dans la même situation qu’un chauffeur Uber qui s’est endetté jusqu’au cou pour acheter son véhicule alors qu’il dépend d’un donneur d’ordres unique pour réaliser son activité"
#auto-entrepreneurs #modèle_agricole #précarisation #capitalisme