• Your Brain on #ChatGPT: Accumulation of Cognitive Debt when Using an AI Assistant for Essay Writing Task

    This study explores the neural and behavioral consequences of LLM-assisted essay writing. Participants were divided into three groups: LLM, Search Engine, and Brain-only (no tools). Each completed three sessions under the same condition. In a fourth session, LLM users were reassigned to Brain-only group (LLM-to-Brain), and Brain-only users were reassigned to LLM condition (Brain-to-LLM). A total of 54 participants took part in Sessions 1-3, with 18 completing session 4. We used electroencephalography (EEG) to assess cognitive load during essay writing, and analyzed essays using NLP, as well as scoring essays with the help from human teachers and an AI judge. Across groups, NERs, n-gram patterns, and topic ontology showed within-group homogeneity. EEG revealed significant differences in brain connectivity: Brain-only participants exhibited the strongest, most distributed networks; Search Engine users showed moderate engagement; and LLM users displayed the weakest connectivity. Cognitive activity scaled down in relation to external tool use. In session 4, LLM-to-Brain participants showed reduced alpha and beta connectivity, indicating under-engagement. Brain-to-LLM users exhibited higher memory recall and activation of occipito-parietal and prefrontal areas, similar to Search Engine users. Self-reported ownership of essays was the lowest in the LLM group and the highest in the Brain-only group. LLM users also struggled to accurately quote their own work. While LLMs offer immediate convenience, our findings highlight potential cognitive costs. Over four months, LLM users consistently underperformed at neural, linguistic, and behavioral levels. These results raise concerns about the long-term educational implications of LLM reliance and underscore the need for deeper inquiry into AI’s role in learning.

    https://arxiv.org/abs/2506.08872

    #cerveau #IA #AI #intelligence_artificielle #LLM #écriture #activité_cognitive #dette_cognitive #déclin_cognitif

  • Le CADTM Sénégal appelle à la suspension unilatérale du remboursement de la dette

    Le CADTM Sénégal appelle à la suspension unilatérale du remboursement de la dette : Stopper l’hémorragie et ouvrir le débat sur un audit citoyen

    Le CADTM Sénégal appelle le gouvernement à suspendre immédiatement et unilatéralement le remboursement de la dette publique face aux révélations alarmantes de la Cour des comptes. Selon ce rapport, la dette réelle du Sénégal entre 2019 et 2023 a été gravement sous-estimée : elle représente près de 100 % du PIB, contre les 65,6 % annoncés par les autorités précédentes. De plus, le déficit budgétaire s’élève à 12,3 % du PIB, bien loin des 4,9 % initialement déclarés. À cela s’ajoute la découverte d’une dette cachée de 7 milliards de dollars (plus de 4 000 milliards de francs CFA) entre 2019 et 2024, selon le FMI.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/06/05/defis-et-perspectives-au-senegal-pour-une-gouvernance-sobre-et-vertueuse/#comment-66993

    #international #senegal #dette

  • Agriculture industrielle, on arrête tout et on réfléchit !

    « 99,9% des paysans français peuvent toucher des aides environnementales de l’Union européenne sans rien changer à leurs pratiques ».

    Dans son livre Agriculture industrielle, on arrête tout et on réfléchit ! publié aux éditions Rue de l’Échiquier en partenariat avec Agir pour l’environnement, #Jacques_Caplat — agronome et coordinateur des campagnes agriculture et alimentation chez Agir pour l’environnement — décrypte les rouages de l’agriculture industrielle, ses impacts sur le vivant et les alternatives concrètes à mettre en œuvre pour en sortir.

    https://www.youtube.com/watch?v=UKxuQyXQV14

    https://www.agirpourlenvironnement.org/blog/agriculture-industrielle-on-arrete-tout-et-on-reflechit
    #interview
    #agriculture #agriculture_industrielle #alternative #alimentation

  • #Budget : « On a une image totalement déformée de la #dépense_publique »

    « Nous dépensons trop », a déclaré #François_Bayrou le 15 avril sur le budget 2026. Le gouvernement prévoit de nouvelles #coupes_budgétaires, de 40 milliards d’euros, pour l’année prochaine. Décryptage avec l’économiste #Christophe_Ramaux.

    Deux mois après avoir fait adopter un budget 2025 qui rognait déjà sur les dépenses publiques, le ministre de l’Économie, #Eric_Lombard, a annoncé, en fin de semaine dernière, de nouvelles coupes budgétaires de l’ordre de 40 milliards d’euros. Le 15 avril, François Bayrou a confirmé cette annonce permettant, selon lui, de maintenir l’objectif de #déficit à 4,6 % du PIB en 2026.

    Pour Christophe Ramaux, enseignant à l’université Paris 1, chercheur au Centre d’économie de la Sorbonne, la dépense publique n’est pas un #indicateur_économique pertinent. Entretien avec cet enseignant à l’université Paris 1, chercheur au centre économique de la Sorbonne et membre des Économistes atterrés, qui préconise plutôt d’aller chercher des #recettes pour combler le #déficit.

    Basta ! : Le ministre de l’Économie, Eric Lombard, ne cesse de rabâcher un chiffre : 57% de notre produit intérieur brut (PIB) serait consacré à la dépense publique. En répétant ce montant, qu’il juge colossal, il sous-entend que l’État est déjà très généreux. Couper dans la dépense publique serait donc sans grandes conséquences sociales. Mais la France est-elle réellement ce pays qui dépense de l’argent public à tout va ?

    Christophe Ramaux : On a une image totalement déformée de la dépense publique. Quand on dit que la dépense publique c’est 57% du PIB, la plupart des gens imagine que l’on prélève plus de la moitié de la richesse créée par le privé, qui serait le seul secteur productif, pour payer les fonctionnaires. Tout est faux dans cette phrase.

    La dépense publique est un indicateur très imparfait. On mélange un peu tout dedans et on fait des doubles comptes. Par exemple, elle comprend les salaires versés aux fonctionnaires, dont les cotisations sociales… Mais ces mêmes cotisations sont à nouveau comptées dans les dépenses de retraite ! Le chiffre de 57% du PIB n’est pas faux, mais il ne correspond pas à une part du PIB. Ce n’est pas parce que la dépense publique est à 57% que la dépense privée est à 43%. Au contraire, si on calculait la dépense privée de la même manière que l’on calcule la dépense publique, elle serait de l’ordre de 200% du PIB.

    Même si le gouvernement refuse d’employer le mot. Sommes-nous face à une politique austéritaire ?

    La part des #services_publics dans le PIB n’a pas augmenté depuis 40 ans. Donc il y a bien eu de l’#austérité. Pourquoi je dis ça ? Parce que, normalement, plus une société est riche, plus elle consacre de l’argent pour ce qu’on appelle les « #biens_supérieurs » : l’#éducation, la #santé, la #culture. Il ne vous a pas échappé que ce sont les terres d’excellence des services publics.

    Or, il y a beaucoup plus de bacheliers aujourd’hui que dans les années 1980, on aurait donc dû consacrer plus d’argent à l’éducation. On ne l’a pas fait. De même, la population vieillit donc on aurait dû augmenter les dépenses de santé. Cela n’a pas été le cas. Donc il y a bien eu de l’austérité.

    A quoi servent précisément les 1670 milliards d’euros de dépense publique ?

    Contrairement aux idées reçues, sur les 1670 milliards, un quart seulement sert à payer les #fonctionnaires. Environ une moitié (710 milliards) est consacrée aux « #prestations_sociales » et aux « transferts sociaux en nature de produits marchands » – la part remboursée des médicaments et des consultations médicales.

    Les prestations sociales (530 milliards, en 2023) financent essentiellement les #retraites (380 milliards), mais aussi le #chômage, le #revenu_de_solidarité_active (#RSA), l’#allocation_adulte_handicapé (#AAH), les #allocations_familiales… Les transferts sociaux en nature de produits marchands comptent pour 180 milliards. Quant au quart restant, il constitué de divers postes : aide aux ménages et aux entreprises, intérêts de la #dette (50 milliards), etc.

    La dépense publique n’est pas un puits sans fond. Et il faut savoir que le secteur public est productif ! Le calcul du PIB le prend d’ailleurs en compte. Sur les 3000 milliards de PIB actuel, environ 20% est ajouté par les fonctionnaires, soit 470 milliards. L’argent n’est donc pas dilapidé, puisqu’un quart de la dépense publique (salaire des fonctionnaires) augmente le #PIB !

    De même, les trois autres quarts offrent des débouchés pour le privé. Les retraités, que font-ils de leur retraite ? Ils font les courses, ils consomment. De même pour les chômeurs. La #commande_publique ? Elle finance en grande partie le privé, notamment le secteur du BTP si on pense à la construction d’écoles, de routes… Ce ne sont pas les fonctionnaires qui manient la truelle ! Donc quand on réduit la dépense publique, cela a inévitablement un effet sur le privé.

    Si on préserve la dépense publique, comment réduire le déficit ?

    Le #déficit_public est avant tout un problème de #recettes. Depuis 2017, premier mandat d’Emmanuel Macron, la dépense publique en pourcentage du PIB n’a pas augmenté. Ce qui a baissé, ce sont les #prélèvements_obligatoires (#impôts et #cotisations_sociales). On n’a jamais eu de baisse aussi élevée des ces prélèvements en un temps aussi court. On pense bien sûr à la suppression de l’#impôt_sur_la_fortune, #ISF, du prélèvement forfaitaire unique, à la baisse de l’#impôt sur les sociétés ou encore à la suppression de la #taxe_d’habitation (20 milliards d’euros), essentiellement payée par les ménages les plus riches. En tout, on arrive sur une baisse de 60 à 70 milliards de recettes.

    Au lieu de réduire la dépense publique, on pourrait évidemment aller chercher de nouvelles recettes. Déjà en revenant sur cette contre-révolution fiscale mise en place par Emmanuel Macron. On pourrait aussi remettre en cause certaines niches fiscales et sociales. Une part du déficit de la sécu pourrait être comblée si on cessait de ne pas soumettre à cotisation sociale une partie des revenus comme les heures supplémentaires, l’intéressement la participation, la prime de partage de la valeur (ex « #prime_Macron »)…

    https://basta.media/budget-on-a-une-image-totalement-deformee-de-la-depense-publique
    #dépenses_publiques #France #économie #fiscalité

  • Student loans in default to be referred to debt collection, Education Department says
    https://apnews.com/article/student-loan-debt-default-collection-fa6498bf519e0d50f2cd80166faef32a

    The Education Department will begin collection next month on student loans that are in default, including the garnishing of wages for potentially millions of borrowers, officials said Monday.

    Currently, roughly 5.3 million borrowers are in default on their federal student loans.

    The Trump administration’s announcement marks an end to a period of leniency that began during the COVID-19 pandemic. No federal student loans have been referred for collection since March 2020, including those in default. Under President Joe Biden, the Education Department tried multiple times to give broad forgiveness of student loans, only to be stopped by courts.

    #dette_étudiante

  • La dette publique : D’où vient-elle ? À qui profite-t-elle ?

    Il ne se passe pas un jour en France sans que la dette publique ne soit invoquée pour justifier des coupes budgétaires, des fermetures de services publics, des suppressions de postes de fonctionnaires et des reculs sociaux tel que l’allongement de l’âge de la retraite. Si l’on en croit certains responsables politiques et patronaux qui utilisent la dette publique comme un mistigri, le problème viendrait de l’emballement des dépenses publiques et il n’y aurait d’autre alternative (le TINA : There Is No Alternative de Margaret Thatcher !) que leur réduction drastique.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2025/04/15/la-dette-de-linjustice-fiscale/#comment-66385

    #politique #dette

  • Argentine : Le #FMI arrose Milei pour enterrer les #services_publics - Le Père Peinard
    https://www.leperepeinard.com/breves/argentine-le-fmi-arrose-milei-pour-enterrer-les-services-publics

    L’#Argentine replonge dans l’étau du FMI. Après avoir imposé une cure d’austérité brutale, le président libertarien Javier #Milei décroche un nouveau prêt de 20 milliards de dollars. C’est le plus gros #plan_de_sauvetage du monde, sur une #dette déjà record de 41 milliards auprès du Fonds.

    Sous prétexte de mériter cette rallonge, le FMI salue la destruction en règle du pays : hôpitaux à l’agonie, universités affamées, retraites démolies … Tout ce qui faisait encore lien social est méthodiquement liquidé pour rassurer les marchés. La misère comme preuve de bonne volonté.

    Pendant que les multinationales se frottent les mains et que les riches planquent leurs fortunes en dollars, la majorité crève. Une fois de plus, le FMI joue les pompiers pyromanes : il sauve en prêtant pour mieux asservir. Mais au cœur de cette débâcle programmée, les rues grondent déjà. Et la prochaine échéance ne sera peut-être pas financière.

  • Crise de l’UE : Chute ou Sortie ? – Jacques Nikonoff

    L’Union européenne traverse une crise sans précédent, isolée sur la scène internationale et confrontée à des défis économiques et politiques majeurs.

    Les négociations directes entre Donald Trump et Vladimir Poutine pour imposer la paix en Ukraine, ainsi que les victoires des partis patriotes au sein de l’UE, illustrent une dynamique de fragmentation qui menace l’unité européenne.

    https://www.youtube.com/watch?v=E-3l_EFuKl8

    Jacques Nikonoff, membre fondateur de la Fondation Marc-Bloch et de l’association Attac.

    #attac #analyse #france #politique #oligarchie #ue #néolibéralisme #climat #otan #capitalisme #international #écologie #économie #altermondialisme #finance #dette #Roumanie #afd

  • « Le gouvernement de Trump, même s’il est organisé à la manière d’une cour impériale, est un gouvernement révolutionnaire »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/02/28/le-gouvernement-de-trump-meme-s-il-est-organise-a-la-maniere-d-une-cour-impe

    « Si Mao, père de la terrible Révolution culturelle chinoise, et Trump ont peu de choses en commun sur le plan de l’idéologie, de la géographie ou de la coiffure, écrit Orville Schell, un des plus grands sinologues américains, ils peuvent tous deux être considérés comme des agents de l’insurrection. » La Révolution culturelle de Mao Zedong [lancée en 1966] était un ambitieux projet de rupture avec le passé, mais c’était aussi le règlement de comptes personnel d’un vieil homme parvenu à la fin de ses jours. Une fois le décor planté et la révolution lancée, elle a mené sa propre vie, engendrant des conséquences inattendues, que même les plus brillants stratèges n’auraient pas pu anticiper.

    Il en ira très probablement de même de l’insurrection trumpienne. Mais pour bien comprendre l’Amérique d’aujourd’hui, il faut avant tout comprendre que le gouvernement au pouvoir, même s’il est organisé à la manière d’une cour impériale, est un gouvernement révolutionnaire.

    Il fallait une personne comme l’actuel président des Etats-Unis pour rejeter toute possibilité de politique basée sur des valeurs communes, des intérêts partagés ou une solution gagnant-gagnant. Pour Mao, la politique était une guerre de classes ; pour Trump, c’est un #transactionnalisme à somme nulle. Les Etats naissent inégaux et, comme le formula l’historien grec Thucydide [au Ve siècle avant notre ère], « le fort fait ce qu’il peut faire et le faible subit ce qu’il doit subir ». Trump, note pour sa part Vladimir Poutine, « ne se contente pas de dire ce qu’il pense, il dit ce qu’il veut ». Dans pareil contexte, les Européens perdent un temps précieux à se demander à quoi ressemblera le plan de Trump pour l’Ukraine et à se plaindre de ne pas être assis à la table des négociations.

    Réalignement des civilisations

    Les révolutions n’ont jamais de programme détaillé. On ne sait pas précisément ce que Trump compte obtenir de ses négociations avec Poutine. Un point est en revanche très clair : le président américain entend accomplir de grandes choses, et il entend les accomplir vite, très vite.

    La Conférence de Munich sur la sécurité a mis un terme au débat ouvert au Forum de Davos [qui s’est tenu fin janvier] autour de cette question : faut-il prendre Trump au sérieux (donc pas au pied de la lettre) ou au pied de la lettre (donc pas au sérieux) ? Nous voilà désormais fixés : il faut le prendre à la fois au sérieux et au pied de la lettre. Le président américain pense réellement ce qu’il dit. Lorsqu’il parle d’une prise de contrôle du Groenland ou du canal de Panama, il n’envoie pas des signaux, il dit son intention. Il est convaincu que l’intérêt stratégique des Etats-Unis est de faire du Canada le cinquante et unième Etat américain. Il pense fermement pouvoir nouer un partenariat stratégique avec Moscou et, comme il le dit depuis son premier mandat, en être empêché par « l’Etat profond » américain. Nous ignorons pour l’instant si Trump est réellement prêt à quitter l’OTAN. Nous savons en revanche avec certitude que l’OTAN n’est pour lui qu’une autre facette de cet « Etat profond » qui essaie de lui lier les mains.

    Ce que Trump propose à Poutine, c’est non seulement la perspective de mettre fin à la guerre en Ukraine selon les conditions de Moscou, mais aussi la mise en place de grandes négociations pour réorganiser le monde, à l’instar de celles entre Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev [dans les années 1980] qui ont mis fin à la guerre froide. Tout cela implique très certainement une réduction de la présence américaine en Europe, mais aussi la nécessité d’une coopération russo-américaine au Moyen-Orient et en Arctique. Trump promet à Poutine – promesse à prendre au pied de la lettre – que, demain, les sanctions seront levées, la Russie sera réintégrée à l’économie mondiale et Moscou retrouvera son statut de grande puissance, perdu au cours des humiliantes années 1990. Il espère ainsi convaincre la Russie de rompre son alliance avec la Chine et de se tourner vers les Etats-Unis.

    Les relations des Américains avec Poutine se trouvent au cœur de la grande stratégie trumpienne de réalignement des civilisations. Dans le brillant livre To Run the World [« Diriger le monde », 2024, non traduit], qui retrace l’histoire de la guerre froide, Sergey Radchenko développe la #logique_raciale qui a poussé les Soviétiques à accepter de s’engager, dans les années 1970, dans une diplomatie de la détente avec le monde capitaliste. Pour expliquer sa décision de passer un accord avec les Américains, le chef soviétique Leonid Brejnev a déclaré à ses camarades : « Le président Nixon a dit un jour : “Vous pouvez nous détruire sept fois, et nous pouvons vous détruire sept fois.” Je lui ai répondu qu’après cela, les Blancs auront disparu, et qu’il ne resterait que les Noirs et les Jaunes. » Trump espère ardemment que Poutine sera prêt à adopter la logique de Brejnev.

    La montée du nationalisme européen

    Que signifie la révolution trumpienne pour l’Europe ? Comme l’a judicieusement observé le politologue américain Hal Brands au lendemain du fiasco de Munich, « l’Europe est en train de devenir un acteur mineur aux yeux du monde ». Elle est victime de sa propre prévisibilité et de son manque d’imagination politique. Les deux réunions de dirigeants européens organisées à Paris, censées montrer la force et la détermination du continent, n’ont fait qu’étaler son actuelle faiblesse. Certains dirigeants européens, comme le premier ministre hongrois, Viktor Orban, et le premier ministre slovaque, Robert Fico, ne sont pas venus. D’autres en sont repartis déçus.

    En vérité, à l’heure actuelle, l’Europe ne peut pas donner les garanties sécuritaires nécessaires à l’Ukraine sans le soutien des Américains. Trump a parfaitement conscience de la faiblesse des Européens et il traitera leurs élites de la même façon qu’il a traité l’establishment républicain qui a tenté de se distancier de lui après l’assaut du Capitole du 6 janvier 2021 : il va les punir et les humilier. Le discours de J. D. Vance à Munich en est une démonstration exemplaire. En déclarant à la veille des élections allemandes son soutien au parti d’extrême droite Alliance pour l’Allemagne (AfD), le vice-président américain a clairement fait entendre que Washington était prêt à semer le chaos en Europe si elle n’emboîtait pas le pas aux Etats-Unis. Dans le monde de Trump, il n’y a pas d’alliés, il n’y a que des amis personnels, des ennemis personnels, et le #déficit_commercial américain. Comme l’a dit un jour Mao : « Qui sont nos amis ? Qui sont nos ennemis ? C’est là la principale question de la révolution. »

    Que peut faire l’#Europe ? L’Europe n’est pas en mesure de garantir, à la place des Etats-Unis, la souveraineté de l’Ukraine. Ses capacités militaires sont médiocres, et il faudra du temps pour redresser la barre. Sur le plan politique, l’Europe est fragmentée. Elle est vulnérable aux trolls de Poutine et aux messages sur X d[’Elon] Musk. Tout ce qu’elle peut faire, c’est donc tenir, et elle est suffisamment résiliente pour cela, en attendant le moment où la révolution trumpienne sera vaincue par les forces mêmes qu’elle a déchaînées.

    La stratégie révolutionnaire de #Trump est audacieuse, mais risquée. Poutine rompra-t-il vraiment ses liens avec la Chine, sachant que Trump n’est à la Maison Blanche que pour un temps ? L’économie mondiale s’accommodera-t-elle des droits de douane de Trump ? Et les électeurs américains avaleront-ils la pilule de l’inflation qui devrait enfler à vitesse grand V ? Le problème avec une révolution, c’est qu’au mieux son chef la dirige, mais il ne la contrôle jamais.

    Paradoxalement, le plus grand espoir de l’#Europe pour résister aux pressions actuelles est à chercher du côté de la montée du #nationalisme européen anti-Trump. Elle est déjà perceptible dans la réaction allemande au discours de Vance et dans la volonté du probable futur chancelier, Friedrich Merz, de mettre en place une défense européenne autonome. Une montée également perceptible dans la réaction des Danois au rêve trumpien d’annexer le Groenland. Et dans les discours furieux du gouvernement canadien.

    L’Union européenne est née de la volonté de se prémunir contre les nationalismes européens. Comble de l’ironie, son meilleur atout pour survivre aujourd’hui à la tempête Trump semble être la mobilisation de ces mêmes nationalismes européens.

    Traduit de l’anglais par Valentine Morizot

    Ivan Krastev est président du Centre pour les stratégies libérales, à Sofia, et membre de l’Institut autrichien des sciences humaines, à Vienne. Il a notamment publié « Le Destin de l’Europe » (Premier Parallèle, 2017) et, avec Stephen Holmes, « Le Moment illibéral » (Fayard, 2019).

    #racisme

    • "La révolution trumpienne sera vaincue par les forces mêmes qu’elle a déchaînées" (?)

      « L’absurdité des obsessions de Trump illustrée par une histoire d’œufs »
      CHRONIQUE Philippe Escande
      https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/02/28/l-absurdite-des-obsessions-de-trump-illustree-par-une-histoire-d-ufs_6569078

      Ce week-end s’ouvre la période des carnavals. Dans certains, on se lance encore des œufs, symbole du passage vers le jeûne du carême. C’est en direction de leur président, Donald Trump, que beaucoup d’Américains aimeraient en jeter quelques-uns, en signe de mécontentement.

      Mais ils ne le feront pas, ils sont bien trop chers ! Leur prix a été multiplié par plus de 2,5 en un an, jusqu’à 12 dollars (11,50 euros) la douzaine et ils sont devenus, pour l’Américain moyen, le symbole de l’#inflation qui ravage son pouvoir d’achat.
      En cause, une épidémie de #grippe_aviaire qui n’en finit pas de décimer les élevages américains et les a conduits à sacrifier déjà plus de 160 millions de volailles. En catastrophe, le département de l’agriculture a annoncé un nouveau plan d’aide de 1 milliard de dollars, après 2 milliards investis depuis 2022. Cette affaire d’œufs, aliment sacré du brunch, illustre l’absurdité des positions extrémistes du nouveau pouvoir sur ses deux obsessions du moment : la fermeture des frontières et la déréglementation.

      La sécurité alimentaire est aussi celle des importations

      Le département de l’agriculture a indiqué qu’une centaine de millions d’#œufs supplémentaires seraient importés en mars. N’en déplaise aux absolutistes de la souveraineté nationale, la sécurité alimentaire consiste aussi à sécuriser des importations plutôt qu’à les combattre. Surtout quand une contagion ravage tout le territoire. Monde à l’envers, c’est la Turquie qui va imposer des taxes à l’exportation face à la demande américaine.

      Cette affaire démontre aussi magistralement que le rêve d’un Etat sans règles ni fonctionnaires peut tourner au cauchemar. La tronçonneuse du département de l’efficacité gouvernementale, conduit par Elon Musk, a déjà entamé les effectifs de vétérinaires et d’inspecteurs du département de l’agriculture dont on a tant besoin aujourd’hui.

      Selon le New York Times, des milliers d’emplois y ont déjà été supprimés, notamment dans les services d’inspection des plantes et des animaux pour surveiller les infestations. [et blablablo]Les lois et les règles sont parfois étouffantes et liberticides, mais elles ont été créées pour permettre aux hommes de vivre en société. D’où le défoulement bref du carnaval. Celui de Donald Trump durera malheureusement plus que quelques jours.

    • « Le légendaire investisseur américain Warren Buffett renvoie Donald Trump à ses responsabilités économiques de base : garder le dollar stable », Isabelle Chaperon
      https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/02/24/le-legendaire-investisseur-americain-warren-buffett-renvoie-donald-trump-a-s

      Un homme de 94 ans peut se permettre de donner quelques conseils à un « jeunot » de 78 ans, même si ce dernier est président des Etats-Unis. Le légendaire investisseur américain Warren Buffett a profité de la lettre annuelle à ses actionnaires, publiée samedi 22 février, pour renvoyer Donald Trump à ses responsabilités économiques de base : garder le dollar stable.

      Evidemment, au-delà de son âge canonique, le patron de Berkshire Hathaway a quelques arguments à faire valoir pour être écouté. En 1956, il rachetait une entreprise de textile mal en point qui n’avait pas payé d’impôts depuis dix ans, rappelle-t-il : depuis, sa holding a versé plus de 101 milliards de dollars (96 milliards d’euros) au Trésor américain (dont quasi 27 milliards de dollars en 2024), « bien plus que n’importe quelle entreprise américaine, y compris les titans de la tech ».
      Cet argent – et les futures contributions de Berkshire –, dépense-le « avec sagesse », enjoint-il dès lors à « Oncle Sam », alias « Oncle Donald ». Prends soin des gens qui ont eu la malchance de « tirer la courte paille » dans la vie, ajoute le donateur démocrate, « ils le méritent ». Et surtout, poursuit-il, « n’oublie jamais que nous avons besoin que tu maintiennes une devise stable et que ce résultat requiert à la fois de la sagesse et de la vigilance de ta part ».

      Hypothèse d’une #dévaluation massive du dollar

      Ce message, assorti d’un appel à se méfier de la monnaie papier, dont la valeur peut s’évaporer si la « folie fiscale prévaut », ressemble bien à une mise en garde face au risque d’un retour de flamme inflationniste, nourri notamment par une éventuelle prolongation des baisses d’impôts par la nouvelle administration. Une inquiétude qui se manifeste à la fois chez les chefs d’entreprise et les consommateurs américains, selon les derniers baromètres publiés.
      Mais difficile de ne pas y voir également une allusion à l’hypothèse, qui bruisse à Wall Street, d’une dévaluation massive du #dollar orchestrée par Donald Trump, histoire de faire baisser la valeur de l’énorme #dette_américaine détenue hors des Etats-Unis. Sous le nom de code « accord de Mar a Lago », ce scénario de fiction consiste à faire pression sur le reste du monde, à coups de menaces sur les droits de douane ou la sécurité, afin d’obtenir une appréciation de l’euro ou du yuan. Le vieux sage d’Omaha (Nebraska) est là pour rappeler que les entreprises américaines ont surtout besoin de stabilité. De savoir que, dans le film Fantasia (1940), des Studios Disney, l’apprenti sorcier, c’était Mickey et non Donald, ne rassurera personne.

  • Déclaration de Colombo : Contre l’accord avec le FMI, la dette et l’austérité

    Les participant·es à la 11e réunion du CADTM en Asie du Sud, originaires du Bangladesh, de l’Inde, du Pakistan, du Sri Lanka, ainsi que du Maroc, des Philippines, du Brésil, de la Belgique et de l’Espagne, se sont réuni·es à Colombo, au Sri Lanka, du 31 janvier au 1er février 2025. Nous réaffirmons notre engagement à lutter contre la dette illégitime.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/01/12/annuler-les-dettes-pour-assurer-la-justice-climatique/#comment-64825

    #asie #dette

  • #La_Poste s’effondre : comment le #néolibéralisme détruit tout

    Plus de 200% d’augmentation en 20 ans. Quel produit a connu une explosion comparable au #prix du #timbre ? Aucun. Pour quelle amélioration ? Pire que tout.

    En l’an 2000, envoyer une lettre coûtait 2,70, francs soit moins de 50 centimes d’euros. En 2015, le prix était encore relativement contenu : 0,68 euro. Depuis, il explose. 1,39 euro en 2025 pour envoyer quelques grammes de papier. Trois fois plus qu’en 2000.

    En 2024, le gouvernement avait validé une augmentation moyenne des timbres de 8,3%. En 2025, la hausse est de 7,75%. Fulgurante, année après année, sans que rien ne le justifie. D’autant que le #bénéfice net de La Poste s’élevait au premier semestre 2024 à 495 millions d’euros.

    En ce début d’année 2025, alors qu’envoyer du #courrier devient un luxe, plusieurs médias révèlent que La Poste française ne parvient même plus à remplir sa #mission essentielle, celle qu’elle exerce depuis sa création, au 17ème siècle : l’acheminement d’enveloppes.

    Le 23 janvier, « plus d’un million de lettres prend la poussière dans divers centres de tri en #France » écrit le quotidien La Dépêche. Certains courriers expédiés en décembre ou novembre n’ont jamais été reçus et attendent. D’autres sont perdus. C’est toute une #chaîne_logistique qui semble en train de s’effondrer. En décembre, des habitants de Nice retrouvaient 318 lettres dans une poubelle. Depuis des mois, ils ne recevaient plus leurs courriers, ou avec beaucoup de #retard. Et ce n’est qu’un exemple parmi d’autres. Ce qui fut un #service_public efficace a été saboté.

    Des syndicalistes de La Poste dénoncent le manque d’#investissement et la #réduction_des_effectifs par la direction. « À partir du moment où on ferme des #plateformes_de_tri, à partir du moment où La Poste a décidé de se séparer de beaucoup d’emplois… eh bien ce qui était prévisible » explique Arnaud Bordier, responsable Sud PTT du département d’Ille-et-Vilaine.

    « Que se passe-t-il à La Poste ? » se demande la presse. Comment un #service_public aussi ancien peut-il être à ce point défaillant, dans l’un des pays les plus riches du monde ? Comment, alors qu’il y a beaucoup moins d’envois de lettres – 15,9 milliards en 2019, 6 milliards en 2023 –, de meilleurs moyens technologiques pour les acheminer et un prix beaucoup plus élevé, ce service ne parvient-il plus à fonctionner ?

    C’est simple : 40 ans de néolibéralisme et de #privatisations. 50.000 #emplois supprimés entre 2004 et 2023. Et toujours plus de #profits pour les mêmes bourgeois qui profitent du copinage et des grandes écoles.

    Dès 1983, le Parti Socialiste commence à démanteler ce fleuron du service public : il sépare les directions de La Poste et des Télécommunications. Les fameuses #PTT, qui disposaient d’un ministère spécifique depuis un siècle et maillaient le territoire français efficacement et pour pas cher. Ce sont deux entités séparées qui seront bientôt mises en concurrence.

    En 1990, La Poste et les Télécommunication deviennent deux entreprises dont la gestion se rapproche de celles du secteur privé. En 1997 le Parti Socialiste, toujours lui, privatise France Telecom’ qui deviendra Orange, avec des méthodes de #management épouvantables qui ont poussé de nombreux salariés à se suicider, provoquant un immense scandale.

    La moitié des anciens PTT est donc démantelée, la France a détruit son service public de télécommunication, au moment précis de l’envol d’internet et de la téléphonie mobile, alors qu’il y avait un créneau énorme. Nos dirigeants sont des visionnaires. C’est un #sabotage caractérisé, qui a permis la création d’oligopoles et de fortunes colossales pour les entrepreneurs véreux qui possèdent #SFR, #Bouygues ou #Free.

    Il ne fallait pas s’arrêter en si bon chemin. Au tour de La Poste. En 2008, l’administrateur de l’entreprise veut changer son statut pour en faire une #société_anonyme et qu’elle puisse être partiellement privatisée. Les facteurs organisent une « votation citoyenne » contre ce projet. Un immense succès, plus de 2 millions de votant-es, superbement ignoré-es par les autorités.

    Simultanément, la création de la #Banque_postale fait entrer la Poste dans une nouvelle ère. Il n’y a plus « aucune obligation de service public pour la filiale de La Poste » écrit la cour des comptes. Cette #banque doit faire de l’argent, et devient le cœur du groupe : elle vend des #assurances et des #crédits_immobiliers pour faire des profits, et noue des partenariats avec des multinationales financières. La Poste, c’est-à-dire l’envoi du courrier, le cœur historique de ce service, devient secondaire. Ce n’est plus qu’une filiale de sa banque.

    En parallèle, l’Union Européenne exige que tous les pays membres ouvrent leurs services postaux à la #concurrence, le 1er janvier 2011. La même année, la création de #La_Poste_Mobile éloigne encore plus l’entreprise du courrier : il s’agit d’un partenariat avec SFR, afin d’entrer en concurrence avec Orange. Relisez attentivement : les néolibéraux ont fait exploser les PTT en deux entités, les ont privatisées, et les ont ensuite mises en concurrence. Au détriment du service, des salarié-es, et en faisant exploser les prix. Champions du monde.

    Comme d’habitude, les profits sont privatisés et les pertes sont payées par le contribuable. L’État verse 500 millions d’euros chaque année à La Poste au titre des missions de service public. Mais de service public, il n’y en a plus. La Poste avait l’obligation de maintenir un réseau de 17.000 « #points_de_contact » en France pour que « moins de 10 % de la population d’un département s’en trouve éloignée de moins de 5 kilomètres ». Mais la direction ne tient pas parole, elle a fermé des centaines de bureaux en quelques années, en particulier en #zone_rurale, qui sont privées de services postaux. Même dans les grandes villes comme Nantes, certains bureaux ferment dans les quartiers.

    En 2019, la « #loi_Pacte » de Macron écarte encore plus La Poste de la tutelle de l’État. Et l’entreprise ne recrute quasiment plus que des intérimaires mal formés et mal payés. Elle n’assure plus sa mission essentielle. Pourtant, les envois de colis explosent, et ce sont des multinationales privées comme Amazon qui en profitent et prennent le marché.

    Dernier épisode en septembre 2024 : le patron de La Poste, #Philippe_Wahl, annonce des nouvelles économies « de l’ordre de 50 millions d’euros » pour l’entreprise. Quelques mois plus tard donc, plus d’un million de courriers stagnent dans les entrepôts.

    Il était possible de maintenir un grand service public postal et de barrer la route des géants capitalistes américains. Les gouvernants français en ont décidé autrement.

    Quel bilan tirer de cette histoire ? Que le néolibéralisme c’est précisément cela : brader les grands services publics, faire payer beaucoup plus cher les usagers pour un service catastrophique, et tout cela pour le seul profit de spéculateurs et de grands patrons.

    La France avait il y a encore 25 ans le meilleur système de santé du monde et des #services_publics à peu près fonctionnels. Ce n’était pas le paradis, mais après deux décennies de Sarkozy-Hollande-Macron, plus RIEN ne marche. Les néolibéraux ont saccagé tout ce qui fonctionnait. Minutieusement, efficacement.

    Et le pire, c’est que ces dirigeants juraient qu’en privatisant les services publics, cela réduirait la dette, que les impôts seraient réduits, que les prix baisseraient grâce à la sacro-sainte concurrence. C’est exactement l’inverse. À présent, quasiment tout est privatisé, mais la #dette a explosé, et on paie autant voir plus d’#impôts – surtout les plus injustes, comme la TVA. Les courriers n’arrivent pas, on meurt en attendant à l’hôpital, il n’y a pas de professeurs devant toutes les classes, les aides sociales sont rabotées…

    Alors ou vont les thunes ? L’État français n’a jamais collecté autant d’argent. Il organise un transfert de fond absolument massif vers les poches des plus riches. Des cadeaux aux riches, des exonérations fiscales, mais aussi un recours massif à « l’#externalisation_privée ». En clair : plutôt que de financer les services publics, on arrose des entreprises privées avec de l’argent public pour effectuer, cher et mal, des missions qui auraient pu être réalisées par le public. L’externalisation représentait en 2022 plus de 160 milliards d’euros. Largement de quoi envoyer des lettres gratuitement.

    https://contre-attaque.net/2025/01/28/la-poste-seffondre-comment-le-neoliberalisme-detruit-tout
    #poste #effondrement #saccage

  • Te défendre face à la CAF 1/... - by Clément TERRASSON
    https://terrassonavocat.substack.com/p/te-defendre-face-a-la-caf-1

    Les recours contre les CAF : état des lieux

    Chaque année, les #CAF rendent des millions de décisions administratives.

    En 2022, sur ces millions de décisions, les 42 tribunaux administratifs en ont étudié… 31 354* :

    *13 % de 241 187. Source : Les chiffres clés de la Justice, Edition 2023

    Le taux de recours contentieux contre les décisions des CAF est très inférieur à 1 %.

    Pourtant, une grande partie d’entre elles sont critiquables, voire illégales.

    Alors pourquoi, pourquoi, tant de non-droit ?

    Te défendre face à la CAF... 2/ - by Clément TERRASSON
    https://terrassonavocat.substack.com/p/te-defendre-face-a-la-caf-2

    1.Contester le bien-fondé de l’indu à titre principal ET demander la remise de dette à titre subsidiaire

    Sois sur deux plans astraux/contentieux simultanément.

    Les CAF veulent te faire croire que tu dois choisir entre contester l’indu et demander une remise de dette.

    Elles mentent.

    Tu peux faire les deux.

    C’est souvent une très bonne stratégie.

    Alors, dans un contentieux contre la CAF, pense à :

    “A titre principal : contester le bien-fondé de l’indu ;
    A titre subsidiaire : demander la remise de dette totale de l’indu”.
    Comment ?

    En écrivant cette formule sur le courrier que tu vas envoyer à la #CAF en LRAR.

    OU

    En barrant l’expression fausse “Un seul choix possible” du formulaire de la CAF et en numérotant tes demandes.

    [...]

    La prémonition : la CAF va commettre une faute.

    En droit, toute illégalité commise par une administration est fautive et peut être réparée financièrement.

    En pratique, les #illégalités des CAF se multiplient : accusation à tort de fraude, méconnaissance de l’effet suspensif de recours, retenues disproportionnées…

    Pourtant, peu d’#allocataires demandent réparation pour ces fautes, qui peuvent être tragiques.

    Comment faire ?

    Il te suffit de faire figurer sur tous tes courriers la demande suivante :

    “Demande indemnitaire préalable : en raison des fautes commises dans la gestion de mon dossier, je vous demande de réparer mon préjudice moral et mes troubles dans mes conditions d’existence en me versant la somme de X euros”.

    3/ Les procédures d’urgence possibles
    https://terrassonavocat.substack.com/p/te-defendre-face-a-la-caf-3
    4/ Fais passer la CAF à la caisse
    https://terrassonavocat.substack.com/p/te-defendre-face-a-la-caf-44

    #indu #dette #référés #se_défendre #Demande_indemnitaire_préalable #recours_contentieux #Clément_Terrasson

  • Paradoxe des flux de capitaux: et si les pays riches étaient financés par les pays émergents [2021]
    https://www.swissinfo.ch/fre/politique/paradoxe-des-flux-de-capitaux-et-si-les-pays-riches-%c3%a9taient-financ%c3%a9s-par-les-pays-%c3%a9mergents/46991792

    La publication [de la CNUCED] montre que le montant total des #flux_financiers qui sortent des #pays_en_développement excède largement ceux qui y entrent depuis les pays riches (l’#aide_au_développement, mais aussi les #investissements_directs_étrangers ou encore les flux commerciaux).

    Ce phénomène « contredit les théories économiques néoclassiques, selon lesquelles les capitaux devraient naturellement circuler des pays riches vers les pays déficitaires en capital », explique Rachid Bouhia. « Il montre aussi que certains modèles de développement mis en avant ces dernières décennies, non seulement n’ont pas marché, mais ont créé beaucoup de vulnérabilité. »

    Les fuites de capitaux résultent de plusieurs facteurs, mais sont particulièrement liées à « la fragilité financière inhérente à l’#endettement extérieur des pays en développement », relève la publication.

    Incités à s’endetter envers l’étranger pour se développer, certains pays ont atteint des niveaux de dettes très élevés, qui les entraînent dans une spirale : les paiements d’intérêts et de transferts de bénéfices l’emportent sur les revenus.

    Les statistiques de l’ONG britannique Jubilee Debt Campaign, qui milite pour une annulation de la #dette des pays du Sud, montrent que la part de leur revenu consacrée au paiement de la dette extérieure est en hausse. Elle avoisine par exemple les 60% au Gabon et 46% en Angola, contre 3 à 4% dans la plupart des pays d’Europe occidentale et 0,4% en Suisse.

    Rachid Bouhia évoque aussi le déficit de la #balance_commerciale dans beaucoup de pays émergents – qui importent davantage qu’ils n’exportent, ou exportent des #matières_premières dont les cours fluctuent fortement.

    « De nombreux pays n’ont pas réussi à développer une industrie suffisante pour pouvoir exporter vers les pays développés et sont restés coincés dans des ‘trappes à pauvreté’ », explique l’économiste.

    Autre élément encore : « pour se prémunir des risques, les pays en développement se sont lancés dans une course à accumuler des monnaies étrangères, en particulier du dollar », ce qui correspond à une sortie de capitaux pour le pays qui achète, et à une entrée pour le pays qui fabrique la devise.

    Le déficit cumulé pour les pays en développement entre 2000 et 2017 serait ainsi proche des 11’000 milliards de dollars, 500 milliards de dollars pour la seule année 2017 (plus du triple de l’APD totale cette année-là).

    Et il ne s’agit que des chiffres officiels, qui ne prennent pas en compte les flux financiers illicites (#FFI, ajoutés à titre indicatif sur le graphique de la CNUCED). Ces derniers recouvrent en partie les transactions criminelles, le blanchiment d’argent, l’évasion fiscale, etc. mais, surtout, du commerce licite « qui n’est pas facturé correctement (…) dans une optique d’optimisation fiscale », explique le professeur à l’IHEID Gilles Carbonnier.

    #impérialisme

  • Propos d’Emmanuel Macron sur Haïti : « La petite phrase d’Emmanuel Macron doit être perçue au-delà de ses propos insultants »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/11/26/propos-d-emmanuel-macron-sur-haiti-la-petite-phrase-d-emmanuel-macron-doit-e

    En visite à Rio de Janeiro, au Brésil, mardi 19 novembre, en marge du G20, le président français, Emmanuel Macron, a été entendu en train de traiter les responsables haïtiens de « complètement cons ». Point n’est besoin de souligner que cela ne fait pas honneur à sa fonction et ternit, au passage, l’image du pays qu’il est censé représenter. La France mérite mieux que ces déclarations à l’emporte-pièce auxquelles M. Macron, sans doute ennuyé, nous a habitués ces derniers temps. En quête de polémique stérile, on pourrait rétorquer que le peuple haïtien n’a pas de leçon à recevoir de celui qui a failli, du fait de sa décision inconsidérée de dissoudre l’Assemblée nationale, porter l’extrême droite au pouvoir en France.

    Voyons plutôt au-delà de ces propos à la limite du vulgaire dans la bouche d’un président de la République. Dans sa réponse à son interlocuteur, il dit : « Je l’ai défendu, ils l’ont viré  », en parlant du premier ministre haïtien, Garry Conille, limogé récemment. Il ne s’agit pas, entendons-nous, de défendre ici le panier de crabes qu’est le conseil présidentiel de transition haïtien (CPT).
    Les mots de M. Macron frisent l’arrogance et le mépris de classe qu’on ne cesse de lui reprocher en France même, surtout quand il s’adresse à des personnes mal loties socialement. On se rappelle, à ce sujet, sa fameuse phrase à un demandeur d’emploi : « Je traverse la rue, je vous en trouve [du travail]. » On a l’impression que ce qui irrite le plus M. Macron, c’est que le CPT ait osé virer quelqu’un qu’il a défendu.

    Lire entre les lignes

    Il dit aussi : « Ce sont les Haïtiens qui ont tué Haïti. » Et là, il faut lire entre les lignes. Quand on sait que le président, pour utiliser son langage fleuri, n’est pas « complètement con », on se dit qu’il n’a pas lancé ces mots par hasard. L’erreur de son interlocuteur a été de l’interpeller à propos de la part de responsabilité de la France dans la situation désastreuse de l’ancienne colonie française de Saint-Domingue. Le sang présidentiel n’a fait qu’un tour.

    https://seenthis.net/messages/1083691

    • M. Macron n’est pas sans savoir que le 17 avril sera le bicentenaire de la « double dette d’Haïti ». De quoi s’agit-il ? Les esclaves de Saint-Domingue se sont libérés les armes à la main et ont proclamé leur indépendance à la face du monde le 1er janvier 1804. Après vingt et un ans de tractations pour tenter de récupérer l’ex-colonie, Paris accepte d’y renoncer, mais à ses conditions : la reconnaissance de l’indépendance du jeune Etat contre des garanties d’échanges commerciaux favorables au royaume et, surtout, 150 millions de francs or destinés à indemniser les colons esclavagistes. Cela prend la forme d’une ordonnance signée le 17 avril 1825 par Charles X.

      Au-delà de l’absurdité de la demande – les victimes qui dédommagent leurs bourreaux –, le pays, mis à genoux par treize années de guerre, n’est pas solvable. Mais Paris est prêt à l’aider à trouver un emprunt. Euphémisme diplomatique ; en réalité, la France exige que l’emprunt soit effectué auprès des banques de l’Hexagone. Pour s’assurer d’obtenir la signature des Haïtiens, Charles X fait porter l’ordonnance par une flotte de quatorze vaisseaux de guerre, surmontés de plus de 500 canons, qui vont mouiller, le temps nécessaire, au large de l’île. C’est ce que l’histoire retiendra sous le nom de la « double dette » : envers l’Etat français et auprès des banquiers parisiens.

      Cette somme, « plus de 40 milliards d’euros d’aujourd’hui », selon le chiffre avancé par Thomas Piketty dans son ouvrage Capital et idéologie, le pays aura fini de la rembourser dans les années 1950. L’économiste, comme les experts français et étrangers, estime que « le prix que la France voulut faire payer à Haïti pour sa liberté eut surtout pour conséquence que le développement économique et politique de l’île fut surdéterminé par la question de l’indemnité ». Il constitue une des causes principales, à côté de la corruption de ses élites, des problèmes structurels du non-développement du pays.

      Fin de non-recevoir à la restitution

      La restitution de cette rançon, à ne pas confondre avec la question multilatérale des réparations pour l’esclavage, est revenue plusieurs fois dans l’histoire des relations entre les deux pays. A la veille du bicentenaire de cette double dette, le 17 avril 2025, la petite phrase de M. Macron « Ce sont les Haïtiens qui ont tué Haïti » doit être perçue au-delà de ses propos insultants. C’est une fin de non-recevoir à toute demande éventuelle de remboursement de l’Etat haïtien, d’autant que l’actuel président du CPT, [Leslie Voltaire], faisait partie de l’administration Aristide qui avait osé, en 2003, le réclamer à la France.

      Aucun président français – l’ancien banquier d’affaires encore moins – n’a voulu entendre parler de responsabilité de la part de la France, donc de restitution. On se rappelle la volte-face du président François Hollande à ce propos. Le 10 mai 2015, à Pointe-à-Pitre, inaugurant le Mémorial ACTe, le centre caribéen d’expressions et de mémoire de la traite et de l’esclavage, M. Hollande déclare : « Quand je viendrai à Haïti, j’acquitterai à mon tour la dette que nous avons. » Deux jours plus tard, arrivé à Port-au-Prince, il rétropédale, et parle de « dette morale ».

      Avant cette date, fin 2003, un Comité indépendant de réflexion et de propositions, présidé par Régis Debray, s’était penché, à la demande du ministre des affaires étrangères d’alors, Dominique de Villepin, sur l’historique des relations franco-haïtiennes. On apprendra par la suite que ledit comité avait reçu l’ordre, selon un ancien ambassadeur de France en Haïti, de « ne pas dire un mot allant dans le sens de la restitution ».

      Louis-Philippe Dalembert est écrivain. Né à Port-au-Prince, ancien pensionnaire de la Villa Médicis, à Rome, il a reçu le prix Goncourt de la poésie 2024. Il a écrit, notamment, _Une histoire romaine (Sabine Wespieser, 2023).

      #Haïti #France

    • Haïti : comment la France a obligé son ancienne colonie à lui verser des indemnités compensatoires
      https://www.lemonde.fr/international/article/2022/05/23/haiti-comment-la-france-a-oblige-son-ancienne-colonie-a-lui-verser-des-indem


      Jalousie, bidonville bordant Pétionville, dans la banlieue de Port-au-Prince, en 2013. HUMAN

      Une enquête du « New York Times » retrace l’histoire de la dette haïtienne et explique notamment comment la France puis les Etats-Unis ont exigé l’équivalent de centaines de millions d’euros au petit pays après son indépendance, en 1804.

      #dette

  • Tatiana Ventôse - « Les élites ont atomisé la classe ouvrière française »

    https://www.youtube.com/watch?v=d7HjQeyiexU

    Depuis 50 ans, la France s’endette, s’appauvrit, diluée dans une Union Européenne qui l’essore et une finance mondialisée qui la pille.
    Notre pays est de moins en moins souverain, de plus en plus dépendant des nations à qui elle a abandonné sa production.
    Mais nos producteurs existent toujours : ils sont dans la France périphérique, tandis que les élites logent dans des métropoles déconnectées du réél.
    Dans Il est venu le temps des producteurs (éditions du Fil d’Actu), la youtubeuse politique Tatiana Ventôse en appelle à leur réveil.

    #analyse #France #analyse #pillage #élites #ue #union_européenne #dette #économie #bruno_lemaire #bruno_lemaire

  • Les #marchés_financiers : une #illusion de pouvoir

    Alors que la #France débat de son #budget, le discours reste centré sur la #dette et le #déficit publics, et sur l’#influence supposée des marchés financiers. Cette approche conforte un cadre budgétaire contraint qui pénalise la population, tout en entretenant le #mythe d’un pouvoir des marchés sur l’#économie. Cet article vise à montrer que cette domination des marchés n’est en réalité qu’une illusion.

    Introduction

    Alors que la France traverse une période cruciale de discussions budgétaires, le débat se concentre encore une fois autour du déficit et de la dette publics. En arrière-plan, les marchés financiers apparaissent comme des arbitres incontournables, qu’il faudrait apaiser pour éviter une hausse des taux d’intérêt. Cette vision, qui exagère le pouvoir des marchés sur notre économie, repose en grande partie sur des #choix_politiques issus de l’#idéologie_néolibérale et imposés par les #règles strictes de l’Eurozone, celles du #traité_de_Lisbonne. Ce carcan budgétaire auto-imposé enferme les États membres dans une #logique_financière qui empêche une gestion budgétaire pleinement orientée vers le #bien-être des populations.

    Les milliards d’euros versés chaque année en #intérêts ne font qu’alimenter des investisseurs privilégiés, et cette situation découle de décisions politiques, non de nécessités économiques. Cet article vise à déconstruire les mythes entourant la #dette_publique et le rôle prétendu des marchés financiers en montrant que leur pouvoir n’est qu’une illusion bien entretenue et que les contraintes financières de l’Eurozone sont d’abord politiques.

    Les limites à la dépense publique ne sont pas financières

    Il est tout d’abord utile de rappeler que, selon l’analyse de la #Théorie_Monétaire_Moderne (#MMT), un État qui dispose du monopole de création de sa devise, en régime de #taux_de_change_flottant, ne peut faire #faillite dans sa propre devise, à moins de le vouloir. Les limites à sa #dépense_publique ne sont donc pas financières, mais liées à la disponibilité des #ressources_réelles, qu’il s’agisse des ressources technologiques, des ressources naturelles, ainsi que de la force de travail.

    Les États membres de l’Eurozone sont toutefois un cas particulier, puisqu’ils fonctionnent dans un cadre contenant des limites financières, en réalité auto-imposées, que sont les ratios de 3 % sur le PIB du déficit public et de 60 % de la dette publique. Ces limites représentent donc des contraintes concernant la #politique_budgétaire des États, les empêchant de réaliser le déficit nécessaire pour atteindre le #plein_emploi.

    Dans ces conditions, et dans la mesure où le compte des Trésors nationaux ouvert à la #BCE doit disposer d’un solde en permanence positif, les États-membres doivent obtenir des #recettes_fiscales et émettre des #titres_d’État, ce qui, en raison de l’absence de garantie par la BCE, les rend dépendants des marchés financiers et exposés au risque du défaut. Cette situation souligne la nécessité d’une réévaluation des règles budgétaires au sein de l’Eurozone, afin de permettre à ces États de disposer de leur plein potentiel économique.

    La dette publique n’est pas un fardeau, mais une richesse

    Comme le montre l’identité comptable vérifiable dans tous les pays, la dette publique équivaut à la devise nationale créée par la dépense publique et non encore utilisée par le secteur privé pour payer les impôts. Elle représente, au centime près, la richesse financière nette des agents du secteur privé1. Il en découle que la dette publique n’est pas composée des seuls titres d’État. Elle englobe l’ensemble des passifs de l’État, à savoir le cash, les réserves bancaires et les titres d’État. Cette définition est partagée par les banques centrales, y compris la BCE selon le #traité_de_Maastricht. Il est important de souligner que l’émission de #titres_d’État ne crée pas de nouvelle devise, mais change simplement la forme de la devise, passant de « #réserves » à « #titres », tout comme on transfère un montant d’un compte courant non rémunéré vers un compte de dépôt rémunéré2.

    La dette publique (stock) est la somme des déficits annuels (flux). Dette et déficit sont donc étroitement liés, et ainsi, lorsque l’État cherche à réduire son déficit en augmentant les #taxes ou en réduisant ses #dépenses, cela diminue l’épargne du secteur privé. Dit autrement, lorsque l’État retire plus de devise nationale par les taxes qu’il n’en crée par la dépense, cela provoque de l’#austérité.

    Les titres d’État ne servent pas à financer les dépenses publiques

    L’émission des titres d’État est une pratique héritée des anciens régimes de taux de change fixes, qui est aujourd’hui dépassée. Ces titres ne sont aujourd’hui plus émis pour financer directement les dépenses publiques, mais plutôt pour réguler les taux d’intérêt, une fonction devenue moins nécessaire depuis que la BCE rémunère les réserves excédentaires. Mais également, leur émission permet d’offrir un actif financier sans risque.
    Il est donc nécessaire de questionner l’obligation d’émettre des titres d’État.

    Cependant, en Eurozone, une précision s’impose : l’article 123 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne interdit à la BCE d’octroyer des découverts aux Trésors nationaux, obligeant ces derniers à émettre des titres. Pourtant, les #euros sont créés par la BCE, lorsque les États membres dépensent, ce qui fait de l’Eurozone le créateur monopolistique de la monnaie. Exiger un solde positif permanent sur le compte du Trésor auprès de la BCE repose donc sur une #fiction, fondée sur l’idée que l’État doit gérer sa trésorerie comme une entreprise. Cette contrainte n’a aucun fondement économique. Elle est purement politique et elle s’inscrit dans l’idéologie néolibérale, laquelle perçoit l’État comme un mauvais gestionnaire et souhaite ainsi limiter son action.

    Comme le suggère #Warren_Mosler, le père de la MMT, il serait tout à fait possible de cesser d’émettre des titres d’État. Et, quoi qu’il en soit, si cette émission devait être maintenue pour offrir un actif sans risque, une politique de taux d’intérêt à zéro constituerait une solution efficace dans le but de limiter l’influence des marchés financiers3.

    Le #taux_d’intérêt est fixé par la banque centrale

    Il est essentiel de comprendre que les mouvements des taux d’intérêt appliqués aux titres d’État dépendent étroitement des décisions prises par la BCE. Les taux d’intérêt sont entièrement sous son contrôle, constituant ainsi des choix politiques. L’observation des politiques de taux d’intérêt dans différents pays le confirme : les taux appliqués aux titres d’État suivent de très près les taux directeurs de la banque centrale, comme en témoignent les deux graphiques suivants4.

    Dans l’Eurozone, le "#Whatever_it_takes" de #Mario_Draghi en 2012 a marqué un tournant en ramenant les taux d’intérêt sur les titres d’État à des niveaux raisonnables, en particulier pour la Grèce. Cet événement a montré de manière éclatante que, dès lors que la BCE garantit les titres émis par les États, ceux-ci ne peuvent pas faire défaut.

    La crise de la COVID-19 a également confirmé ce pouvoir d’intervention : la BCE et les autres banques centrales ont démontré qu’elles pouvaient contrer les pressions des marchés financiers par des opérations comme l’#assouplissement_quantitatif (#quantitative_easing). Ainsi, bien que les marchés puissent influencer les taux pour ajuster la prime de risque, leur impact reste marginal en comparaison du pouvoir des banques centrales.

    Il s’ensuit que la soutenabilité de la dette publique dépend de décisions politiques, du bon vouloir de la BCE. Ni le niveau de la dette publique ni celui des intérêts ne restreignent réellement l’espace budgétaire des États, car la BCE peut, à tout moment, décider si un pays peut continuer à dépenser ou doit faire défaut, indépendamment de son niveau d’endettement. L’exemple de la #Grèce est révélateur : en 2010, alors que son ratio dette/PIB atteignait 130 %, le pays faisait face à une crise. En revanche, fin 2021, avec un ratio supérieur à 200 %, la question de la dette publique n’était plus problématique. Cela démontre que la soutenabilité de la dette publique est avant tout une question politique, et non économique.

    Il n’y a pas de lien entre niveau de dette publique et #croissance

    Un argument récurrent dans les discussions sur la dette publique affirme qu’il existerait un #seuil_d’endettement au-delà duquel la #croissance_économique se verrait compromise. Cependant, aucune recherche rigoureuse n’a jamais confirmé l’existence d’un tel seuil. Ainsi que le montrent Yeva S. Nersisyan et L. Randall Wray5 « Il n’existe pas de seuils [du niveau de la dette publique] qui, une fois franchis, seront insoutenables ou réduiront la croissance du pays. ». En réalité, l’histoire économique regorge d’exemples où des niveaux élevés de dette publique ont coexisté avec une croissance soutenue, dès lors que l’État maintient un soutien économique actif.

    La démission de Liz Trusss, un bon exemple de l’absence de fondement de l’influence des marchés financiers

    Ce qu’il s’est passé en Angleterre en 2022, entraînant la démission de la Première ministre Liz Truss, illustre parfaitement l’absence de fondement de l’influence des marchés financiers. En réalité, cette démission résulte de la pression des marchés financiers, une décision politique dictée davantage par la crainte de leur réaction que par une contrainte économique réelle. En effet, le Royaume-Uni, en tant que créateur de sa propre monnaie, aurait pu continuer à financer ses politiques sans risque de défaut, notamment en contrôlant les taux d’intérêt via la Banque d’Angleterre6.

    Les #agences_de_notation : quelle légitimité ?

    L’intervention des agences de notation consolide l’idée dominante selon laquelle il est impératif d’apaiser les marchés financiers, quel qu’en soit le coût. Ces agences, des entreprises privées opérant sans réel contrôle démocratique, se voient attribuer un rôle démesuré dans l’évaluation des finances publiques. Leur influence, souvent considérée comme infaillible, façonne les politiques budgétaires des États, et leurs décisions impactent directement les choix économiques. Pourtant, ni leur compétence, ni leur intégrité ne sont systématiquement vérifiées. Confier à ces entités privées, efficaces promoteurs de la pensée néolibérale dominante, la capacité de décider de l’avenir budgétaire d’un pays constitue un grave manquement au principe de #souveraineté_nationale, et un véritable déni de démocratie.

    Conclusion : déconstruire l’emprise idéologique des marchés financiers

    Au terme de cette analyse, il est évident que l’importance excessive accordée aux marchés financiers dans les choix budgétaires des États membres de l’Eurozone découle de contraintes financières auto-imposées, et que cette situation confère un pouvoir illusoire aux marchés, la décision finale appartenant toujours à la BCE. Les États-membres, en s’enfermant dans une logique où ils se voient forcés de "plaire" aux marchés pour financer leurs dépenses, se privent d’un levier essentiel pour stimuler leur économie et répondre aux besoins de leur population.

    Cette dépendance aux marchés financiers masque la réalité politique qui se cache derrière la soutenabilité de la dette publique : à tout moment, la BCE peut garantir ou non les titres publics émis, ce qui souligne le caractère fondamentalement politique de cette question. Ainsi, ce n’est pas le niveau de la dette publique ou des taux d’intérêt qui limite la marge de manœuvre des États, mais bien les choix de #gouvernance qui priorisent la satisfaction des marchés plutôt que celle des citoyens.

    L’exemple de la crise de la COVID-19 a montré la capacité d’intervention des banques centrales pour stabiliser l’économie, indépendamment des pressions des marchés financiers. Il est donc aujourd’hui essentiel de reconsidérer les #règles_budgétaires de l’#Eurozone, afin de restaurer la souveraineté des États et recentrer la politique budgétaire sur le #bien-être_collectif, au lieu de céder aux impératifs des marchés. En prenant cette direction, les États pourront pleinement utiliser leurs ressources pour servir leurs citoyens, laissant derrière eux l’illusion d’un pouvoir des marchés qui n’est en réalité qu’une contrainte politique imposée.

    https://blogs.mediapart.fr/robert-cauneau/blog/251024/les-marches-financiers-une-illusion-de-pouvoir
    #finance #néolibéralisme

  • De la véritable nature du déficit et de la dette publics | Le Club
    https://blogs.mediapart.fr/robert-cauneau/blog/141024/de-la-veritable-nature-du-deficit-et-de-la-dette-publics

    L’obsession française du déficit : un héritage dogmatique

    Depuis le traité de Maastricht en 1992, les règles budgétaires européennes contraignent les États membres à maintenir leur déficit en dessous de 3 % du PIB et leur dette publique en dessous de 60 % du PIB. Malgré leur manque de fondement économique, et même si leur pertinence est de plus en plus remise en question, ces seuils sont devenus des dogmes. Ils sont pourtant de nature politique. En effet, le « Whatever it takes » émis par Mario Draghi en 2012 et le "quoi qu’il en coûte" pendant la pandémie de Covid-19 ont clairement montré que la question de la soutenabilité de la dette publique n’est pas une question économique, mais essentiellement une question politique. La crainte d’une crise de la dette souveraine en France est donc largement infondée. Pourtant, une fois les crises passées, le discours sur la réduction du déficit et de la dette refait immédiatement surface.

    #dette_souveraine #déficit_public #croissance #capitalisme #économie_de_marché

  • Ré-édition de « La Grande dévalorisation. Pourquoi la spéculation et la dette de l’Etat ne sont pas les causes de la crise », d’Ernst Lohoff & Norbert Trenkle (Editions Crise & Critique, Octobre 2024) Repenser une théorie critique du capitalisme
    http://www.palim-psao.fr/2024/10/parution-de-la-grande-devalorisation.pourquoi-la-speculation-et-la-dette-

    Qui porte la responsabilité de l’inflation galopante et de la crise économique depuis 2008 ? Les « banquiers cupides » ou les États criblés de dettes ? Pour Ernst Lohoff et Norbert Trenkle, rien n’est plus naïf et dangereux que de croire en la légende du coup de poignard dans le dos d’une « économie réelle » saine, sacrifiée à la cupidité de quelques banquiers et spéculateurs. Ces réponses superficielles masquent une vérité plus profonde. L’expansion vertigineuse des marchés financiers depuis quarante ans découle d’une crise structurelle du capitalisme, enracinée dans les années 1970. La Troisième Révolution industrielle a accéléré l’éviction de la force de travail, privant la production de profits et érodant les bases de la valorisation du capital au sein de l’« économie réelle ». Cette crise n’a été différée qu’en recourant massivement au crédit et à la spéculation, capturant par anticipation la valeur future. Après les crises de 2008 et du Covid-19, l’effondrement a été évité uniquement grâce à l’intervention massive des États et des banques centrales.

    Cette analyse novatrice, détaillant l’histoire et les transformations du capitalisme depuis le XIXe siècle, s’appuie sur une lecture de la théorie marxienne et de son concept de « capital fictif », défiant la récente « renaissance de Marx ». Ici, Marx n’est pas simplement le théoricien de la lutte des classes, mais celui qui a élaboré une critique radicale d’une société basée sur la production de marchandises, destinée à buter sur ses propres contradictions.

    #livre #critique_de_la_valeur #wertkritik #capitalisme #crise #finance #spéculation #dette #révolution_industrielle #informatique #Ernst_Lohoff #Nobert_Trenkle

  • Emprise coloniale Macron interpellé sur le pillage historique d’Haïti par la France
    https://www.off-investigation.fr/emprise-coloniale-macron-interpelle-sur-pillage-historique-haiti-p

    En déplacement au Canada le 26 septembre, Emmanuel Macron s’est fait interpeller sur une lourde dette que la France avait imposée à Haïti après l’indépendance que ce petit pays des Caraïbes avait arraché le 1er janvier 1804 au prix d’une lutte héroïque. Quasi simultanément, Edgard Leblanc Fils, actuel dirigeant haïtien, abordait le même sujet en pleine assemblée générale de l’ONU, à New-York. Off-investigation revient sur un dossier qui a marqué les relations entre les deux pays. L’écrivain et militant politique canadien Yves Engler a publié le 26 septembre sur X une vidéo en expliquant avoir réussi à approcher Emmanuel Macron, […]Lire la suite : Emprise coloniale Macron interpellé sur le pillage historique d’Haïti par la (...)

    #Actu #Accès_libre

  • Piratage : les petits éditeurs paralysés en pleine rentrée littéraire
    https://actualitte.com/article/118886/technologie/piratage-les-petits-editeurs-paralyses-en-pleine-rentree-litteraire

    La question de la « dette technologique » va devenir de plus en plus sensible, dans tous les secteurs.

    Le 19 août dernier, le journaliste Damien Bancal évoquait une cyberattaque contre un « hébergeur français », restant « dans l’attente d’une communication officielle ! ». L’exaction fut perpétrée le 16 août contre la solution ERP Octave, et depuis, les différents clients voient leur fonctionnement fortement dégradé... Parmi eux, huit distributeurs, dans lesquels Pollen et Makassar : une partie des petites maisons et de l’édition indépendante voient la diffusion et le réassort grandement perturbés...

    #Rancongiciel #Dette_technologique #Edition

  • The Code of Capital: How the Law Creates Wealth and Inequality

    Capital is the defining feature of modern economies, yet most people have no idea where it actually comes from. What is it, exactly, that transforms mere wealth into an asset that automatically creates more wealth? The Code of Capital explains how capital is created behind closed doors in the offices of private attorneys, and why this little-known fact is one of the biggest reasons for the widening wealth gap between the holders of capital and everybody else.

    In this revealing book, Katharina Pistor argues that the law selectively “codes” certain assets, endowing them with the capacity to protect and produce private wealth. With the right legal coding, any object, claim, or idea can be turned into capital—and lawyers are the keepers of the code. Pistor describes how they pick and choose among different legal systems and legal devices for the ones that best serve their clients’ needs, and how techniques that were first perfected centuries ago to code landholdings as capital are being used today to code stocks, bonds, ideas, and even expectations—assets that exist only in law.

    A powerful new way of thinking about one of the most pernicious problems of our time, The Code of Capital explores the different ways that debt, complex financial products, and other assets are coded to give financial advantage to their holders. This provocative book paints a troubling portrait of the pervasive global nature of the code, the people who shape it, and the governments that enforce it.

    https://press.princeton.edu/books/hardcover/9780691178974/the-code-of-capital
    #loi #injustice #inégalités #capital #capitalisme #richesse #système_légal #dette
    #livre

  • L’ordre de la #dette. Enquête sur les infortunes de l’État et la prospérité du marché

    Pourquoi la #dette_publique occupe-t-elle une telle place dans les débats économiques contemporains, en France et ailleurs ? Comment s’est-elle imposée comme la #contrainte suprême qui justifie toutes les #politiques_d'austérité_budgétaire et qui place les États sous surveillance des agences de notation ?
    À rebours de ceux qui voient la dette comme une fatalité et une loi d’airain quasi naturelle, #Benjamin_Lemoine raconte dans ce livre comment, en France, l’" ordre de la dette " a été voulu, construit et organisé par des hommes politiques, des hauts fonctionnaires et des banquiers, de gauche comme de droite – parmi lesquels François Bloch-Lainé, Charles de Gaulle, Antoine Pinay, Valéry Giscard d’Estaing, Michel Pébereau, Laurent Fabius, Lionel Jospin, Dominique Strauss-Kahn... Autrement dit, il fut le fruit d’un #choix_politique.
    Ce livre reconstitue la généalogie détaillée de ce #choix stratégique, et prend la mesure de la grande transformation de l’État dans l’après-guerre. On réalise alors à quel point les nouveaux rapports entre finance privée et #finances_publiques sont au cœur des mutations du #capitalisme, dans lequel l’État est devenu un acteur de marché comme les autres, qui crée et vend ses produits de dette, construisant par là sa propre prison.

    https://www.editionsladecouverte.fr/l_ordre_de_la_dette-9782707185501

    #livre #austérité

  • La Cour des comptes torpille la politique budgétaire de Bruno Le Maire | Alternatives Economiques
    https://www.alternatives-economiques.fr/cour-comptes-torpille-politique-budgetaire-de-bruno-maire/00111892

    La Cour des comptes dresse le réquisitoire de sept ans de politique budgétaire macroniste, qui laisse la France dans une situation délicate, aujourd’hui et jusqu’en 2027.

    https://justpaste.it/a6fo9

    #déficit_budgétaire #déficit_public #dette