#dextrogène

  • « Tu me fais violence ! » | Cairn.info
    https://www.cairn.info/revue-vacarme-2015-3-page-28.htm

    La rhétorique de la blessure et du traumatisme pour parler de toute violence dans les milieux queer produit non seulement un devenir victimaire généralisé mais une atomisation des communautés et des luttes. L’appel à la constitution d’espaces protégés et rassurants fonctionne de concert avec une gentrification qui masque toutes les problématiques de classe et de race locales et globales. On peut en rire ou chercher à comprendre comment la vigilance linguistique, d’un enjeu légitime et essentiel, finit par se retourner en police des consciences. Un appel à reconsidérer la situation intellectuelle et politique de la violence faite aux corps des autres.

    • Je ne suis pas tout à fait d’accord avec cet article mais je le trouve intéressant.

      Par exemple, les féministes des années 1980, des blanches égocentriques à qui tout faisait violence ? Non, les analyses sur le continuum de violences que les hommes infligent aux femmes sont super importantes et on ne peut pas les envoyer chier d’un revers de main en raison de dérives libérales et individualistes, avec psychologisation et développement personnel. Dworkin est une théoricienne qui apporte des analyses systémiques vitales pour comprendre que ce que vivent les femmes. Elle n’est pas (qu’) une victime.

      Pareil pour les analyses produites par des militant·es anti-racistes : leur doigt pointé sur des exclusions structurelles n’est pas une chouinerie perso. Des stéréotypes, des comédien·nes de couleur sous-employé·es, des conditions matérielles pour les personnes non-blanches... c’est un continuum qui va du symbolique au très matériel. Et R. Diallo avec son histoire de pansement ne chouine pas sur le fait qu’elle souffre de devoir mettre un pansement couleur chair blanche, elle pointe ce truc que dans toutes les dimensions de la vie rappel est fait qu’il existe une couleur de peau « normale ».

      Mais les excès, quand des personnes sans vision de classe ni culture politique s’en emparent, il est bien toxique et étouffant.

      Ma limite, c’est que je veux bien qu’on me dise que j’ai fait un truc préjudiciable à telle classe de personnes mais je veux bien qu’on le fasse poliment et sans postuler d’emblée que je l’ai fait exprès et de manière malveillante et pas Machin·e en tant qu’individu avec sa susceptibilité acérée par la fréquentation de milieux nombrilistes auto-proclamé·e porte-parole de sa classe, sans analyse systémique et dans la seule volonté de se ménager son petit coin (radical ou pas) qui lui convient.

      Et c’est un travail super fin que de faire la part entre ce qui ressort de la conscience de classe revendicative et ce qui est nombriliste... très difficile. Gaffe donc à ne pas l’utiliser pour ce qu’il n’est pas : le déni que la société est divisée en classes auxquelles sont accordées la possibilité d’en exploiter et opprimer d’autres.

      Il y a quinze ou vingt ans, des livres comme States of Injury (1995) de Wendy Brown ou The Melancoly of Race : Psychoanalysis, Assimilation and Hidden Grief (2001) d’Anna Cheng invitaient les lecteurs et lectrices à une réflexion sur la manière dont l’expression de doléances se transformait en celle de douleurs, dont la politique en venait à requérir l’invocation d’une blessure et dont la rhétorique néolibérale de la douleur individuelle masquait la violence des fondements de l’inégalité sociale. Il semblerait que les nouvelles générations de personnes queer n’aient retenu qu’une partie du propos ; au lieu de voir que c’est précisément en psychologisant la différence politique, en individualisant les exclusions structurelles et en vidant de sa substance le changement politique que le néolibéralisme opère, certain-e-s activistes d’aujourd’hui semblent avoir mis en équation militantisme et description de blessures individuelles et de douleurs psychiques. Soyons clair : dire que l’on se sent blessé-e parce qu’une autre personne queer emploie un terme qui a fait l’objet d’un retournement, comme « travelot », et organiser une action contre l’utilisation de ce mot, ça n’est pas du militantisme. C’est de la censure.

      Et chacun·e qui se vit en victime, ça sert l’air de rien à invisibiliser les personnes qui ont effectivement vécu la violence et l’exploitation.

      Les groupes de jeunes queer en particulier mettent en place un univers fondé sur le traumatisme et incitent les jeunes LGBT à se percevoir comme « menacés » ou « précaires », qu’ils/elles se ressentent vraiment ainsi ou pas, et que leur coming out en tant que lesbienne, gay, bi ou trans ait eu des conséquences violentes ou pas !

      le programme politique que représente la revendication d’espaces safe a fonctionné de concert avec les politiques urbaines d’accroissement de la surveillance des quartiers pauvres et de gentrification des autres. Safe Space retrace le développement des politiques LGBT aux États-Unis de 1695 à 2005 et explique la manière dont l’activisme LGBT, d’un mouvement de coalition populaire et multi-racial qui avait construit des liens solides avec les groupes de lutte contre la pauvreté et les organisations antiracistes, est devenu un mouvement mainstream anti-violence qui aspire à une reconnaissance institutionnelle.

      Lorsque les communautés LGBT font de la « sécurité » leur priorité absolue (et ce en pleine ère militariste et sécuritaire) en se fondant sur une surenchère de récits de traumatisme, elles laissent complètement tomber la lutte contre les formes toujours plus agressives d’exploitation, contre le capitalisme mondialisé et contre les systèmes politiques corrompus.

      nous nous évinçons les un-e-s les autres de projets qui devraient nous unir, et nous réunissons en petits réseaux érotiques pétris d’autosatisfaction.

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      Je crois qu’il est temps de prendre nos responsabilités et de cesser les généralités abusives : tou-te-s les jeunes LGBT ne sont pas suicidaires, toutes les personnes LGBT ne subissent pas des formes de violence et de harcèlement, et de fait la classe et la race restent des facteurs bien plus cruciaux lorsqu’il s’agit de rendre compte de la vulnérabilité à la violence, à la brutalité policière, au harcèlement, de l’accès réduit à l’éducation et des difficultés rencontrées dans le monde du travail.

      fédération d’inquiétudes identitaires

    • La liberté de dire aux gens ce qu’ils n’ont pas envie d’entendre
      https://www.franceculture.fr/emissions/le-tour-du-monde-des-idees/le-tour-du-monde-des-idees-du-vendredi-06-avril-2018


      La génération « snowflakes », couvée par ses parents, ne supporte pas la contradiction. Cela rend, dans les universités britanniques, le débat difficile.

      #Brice_Couturier #dextrogène