• L’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des Produits de Santé (ANSM) signale, lors des traitement par lopinavir-ritonavir et par hydroxychloroquine, des effets indésirables graves accrus (plus importants que ceux déjà connus pour des applications non-covid) chez les patients atteints de Covid-19. Les effets indésirables semblent surtout cardiaques concernant l’hydroxychloroquine, et des atteintes du rein et du foie concernant lopinavir-ritonavir (article de l’Express).

    C’est pourquoi l’ANSM rappelle que ces médicaments [ne doivent pas être prescrits par des médecins libéraux dans leur application anti-covid mais] doivent être utilisés uniquement à l’hôpital, sous étroite surveillance médicale dans le cadre fixé par le Haut conseil de la santé publique.

    En collaboration avec le réseau national des centres de pharmacovigilance (CRPV), l’ANSM a mis en place une surveillance continue des effets indésirables liés à l’utilisation des médicaments chez les patients atteints du COVID-19, en particulier lorsqu’ils sont utilisés en dehors des essais cliniques. Plusieurs molécules sont suivies dont l’hydroxychloroquine et le lopinavir/ritonavir.
    ...

    Une centaine de cas d’effets indésirables ont été déclarés en lien avec des médicaments utilisés chez des patients infectés par le COVID-19, dont 82 cas graves dont 4 cas de décès. La majorité des cas d’effets indésirables déclarés se répartissent par moitié entre lopinavir-ritonavir et hydroxychoroquine. La plupart des effets observés sont connus et décrits dans la littérature et dans les notices et RCP (résumé des caractéristiques du produit) des médicaments : hépatotoxicité, nephrotoxicité, atteintes rétiniennes, troubles cardio-vasculaires notamment.

    L’existence de ces risques cardiovasculaires nous a conduits à mettre en place une seconde enquête, menée par le CRPV de Nice, dédiée à ces évènements particuliers.

    53 cas d’effets indésirables cardiaques ont ainsi été analysés, dont 43 cas avec l’hydroxychloroquine, seule ou en association (notamment avec l’azithromycine). Ils sont classés en trois catégories : 7 cas de mort subites, dont 3 « récupérées » par choc électrique externe, une dizaine de troubles du rythme électrocardiographiques ou symptômes cardiaques les évoquant comme des syncopes, et des troubles de la conduction dont allongement de l’intervalle QT, d’évolution favorable après arrêt du traitement.

    Ce premier bilan montre que les risques, notamment cardio-vasculaires, associés à ces traitements sont bien présents et potentiellement augmentés chez les malades du COVID-19. La quasi-totalité des déclarations provient des établissements de santé. La prescription non autorisée en ville explique vraisemblablement la quasi absence de signalement dans ce secteur, bien que des cas de prescriptions ou d’autoprescriptions par des médecins aient été rapportés.

    Ces informations, si l’on prend en compte la sous-déclaration des effets indésirables, habituelle, et probablement accentuée dans cette période de forte tension dans les services hospitaliers, constituent un signal important. C’est pourquoi l’ANSM rappelle que ces médicaments doivent être utilisés uniquement à l’hôpital, sous étroite surveillance médicale dans le cadre fixé par le Haut conseil de la santé publique.

    https://ansm.sante.fr/S-informer/Actualite/Medicaments-utilises-chez-les-patients-atteints-du-COVID-19-une-surveilla

    https://www.lexpress.fr/actualite/societe/sante/hydroxychloroquine-l-avertissement-de-l-agence-du-medicament_2123489.html

    Les procédures de " pharmacovigilance ", c’est à dire le suivi et le recensement des "incidents" signalés par les médecins, lors de la mise en vente de médicaments nouvellement autorisés, ou d’autorisation d’anciennes molécules pour de nouvelles applications, sont des procédures essentielles.

    #Coronavirus #covid-19 #hydroxychloroquine #Didier-Raoult #politique-de-santé #pharmacovigilance

  • « Hydroxychloroquine, l’amour à mort »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/04/11/hydroxychloroquine-l-amour-a-mort_6036306_3232.html

    Le chef de l’Etat lui-même se déplace à Marseille pour capter quelques éclaboussures de la gloire qui auréole ces jours-ci le microbiologiste #Didier_Raoult (Institut hospitalo-universitaire, IHU, Méditerranée infection), promoteur du remède miracle. Tout en lui apportant, après celle de Donald Trump, une seconde caution présidentielle.

    Quant à l’administration d’#hydroxychloroquine aux malades du Covid-19, elle a jusqu’à présent provoqué en France une cinquantaine d’accidents cardiaques graves, dont sept arrêts du cœur et la mort d’au moins quatre patients, selon les données de la pharmacovigilance. Or celle-ci ne capte généralement qu’une petite part des effets indésirables d’un traitement. La réalité est sans doute bien plus lourde. Tout cela pour des bénéfices dont il n’existe, au moment où ces lignes sont écrites, aucune preuve tangible.

    Le groupe JP Vernant commente :

    La passion mortifère pour la #Chloroquine, orchestrée par les médias d’#extrême-droite, se retournera-t-elle bientôt contre les margoulins qui abusent de la crédulité et de l’anxiété ambiante ?

    La suite derrière #paywall. @colporteur ?

    • Méthode défectueuse

      L’enthousiasme planétaire pour ce produit repose sur la publicité donnée à un essai publié fin mars par l’équipe de M. Raoult dans la revue International Journal of Antimicrobial Agents (IJAA). Cet essai suggère une baisse de charge virale plus marquée chez les patients recevant l’hydroxychloroquine, additionnée ou non d’un antibiotique (l’azithromycine), par rapport à ceux ne recevant ni l’un ni l’autre. Mais voici une autre manière de présenter les résultats de cette étude : parmi les patients ayant reçu le traitement, 3,8 % sont morts et 11,5 % ont vu leur état se dégrader au point qu’ils ont été transférés en soins intensifs. Quant aux patients non traités, aucun n’est mort, aucun n’a été transféré en soins intensifs.

      « Cela ne prouve rien ! », répondront les promoteurs de l’hydroxychloroquine. Et ils auront raison. La méthode utilisée pour conduire l’essai est si défectueuse que ces considérations ne prouvent rien. Ni dans un sens ni dans l’autre. Avec des critères d’inclusion flous, des données manquantes, un groupe traité dont la moyenne d’âge est supérieure de près de 15 ans à celle du groupe témoin, et un effectif total d’une trentaine de sujets, vous ne pouvez en effet rien prouver. Et ce n’est là qu’un petit échantillon des griefs de la communauté scientifique à l’endroit de cet essai. Au point que la société savante éditrice de la revue a publiquement fait savoir que l’étude en question n’était pas conforme à aux critères de qualité attendus.

      Peu après cette première étude, en voici une nouvelle, des mêmes auteurs, non encore publiée mais communiquée sur le site de leur institut. Cette fois, 80 malades du Covid-19 ont été traités à l’hydroxychloroquine et à l’azithromycine, et ont été comparés à… rien du tout. Les thuriféraires du traitement préciseront que la grande majorité des sujets ont guéri. C’est en effet appréciable. Et c’est heureux, car une grande majorité des malades du Covid-19 guérissent aussi, sans ce traitement.

      Conflits d’intérêts

      La réalité est que, dans le cas d’une maladie faiblement létale dont l’histoire naturelle est imparfaitement connue, vous ne pouvez rien montrer sans groupe témoin. Ni dans un sens ni dans l’autre ; ni avec 80 sujets ni avec mille.
      Peu importe : la succession d’annonces tonitruantes produit un fracas médiatique qui occulte des questions importantes. Qui sait que les hôpitaux suédois cessent de recourir à la chloroquine ou ses dérivés, pour cause d’effets secondaires ? Qui sait que son potentiel antiviral in vitro n’a jamais été confirmé in vivo ?

      Comme le rappellent Maurizio Guastalegname et Alfredo Vallone (hôpital Jazzolino, Italie), dans une correspondance à la revue Clinical Infectious Diseases, la chloroquine et ses dérivés peuvent de plus avoir des effets paradoxaux. Dans le cas du chikungunya, « l’infection a été renforcée par le traitement à la chloroquine » sur des primates, écrivent les deux médecins. Sur des humains, la chloroquine n’a pas affecté la phase aiguë de la maladie mais, précisent-ils, « les complications chroniques du chikungunya ont été plus fréquentes dans le groupe traité par rapport au groupe témoin ».

      Quoi qu’il arrive désormais, l’enthousiasme pour la chloroquine a sans doute atteint dans l’opinion la masse critique nécessaire à son auto-entretien . Même si elle s’avère inutile ou dangereuse, aucune #réfutation ne parviendra probablement à en entamer le crédit. On suspectera de la corruption, l’influence de l’industrie pharmaceutique, etc.
      D’ailleurs les #conflits_d’intérêts ne sont, dans cette histoire, pas nécessairement là où on les attend : partenaire industriel de l’institut de M. Raoult, #Sanofi est aussi l’un des principaux producteurs d’hydroxychloroquine. Un conflit d’intérêts qui aurait certainement dû figurer dans l’étude publiée par IJAA.

      Peu de nouveautés dans cette compile. On avait compris que Macron a suivi Mélenchon (...) et tant d’autres.
      Pierre jetée aux crédules et ignorants, sans analyse des raisons de la croyance (ce qui impliquerait bien des analyses de positions, dont celle des gouvernants et média). Le Monde qui se lamente de ne pas pouvoir servir efficacement la vérité. C’est mignon.
      Sur Sanofi, je comprends bien que c’est un beau marché mondial, qu’il vaut mieux vendre à beaucoup de #pauvres un truc pas cher qu’à quelques riches un coûteux médoc de pointe sous brevet, mais je n’arrive pas à me figurer l’ampleur du bénef potentiel.
      Par ailleurs, au vu des faibles sommes qui ont été citées concernant le lien de Sanofi avec le zizitop des réseaux, cela ne pourrait être qu’une amorce de la pompes à phynances qui viendrait alimenter ce gourou employeur. Un pari et rien de plus ? Mais là le type joue tapis, et pourrait quitter la table au vues résultats.

  • Covid-19 : les travaux du Pr Raoult sur l’association hydroxychloroquine + azithromycine seraient-ils hors-la-loi ?
    https://www.lequotidiendumedecin.fr/actus-medicales/recherche-science/covid-19-les-travaux-du-pr-raoult-sur-lassociation-hydroxychlor

    En qualifiant ses recherches d’observationnelles (RIPH3) et non d’interventionnelles (RIPH1) l’équipe du Pr Raout s’exonère de l’autorisation qui doit être donnée par l’ANSM après un examen détaillé, de la sécurité de l’essai et de sa méthodologie. De plus, et quelle que soit la catégorie de recherche, le protocole aurait dû être soumis à Comité de protection des personnes (CPP) institué par la loi.

    Or sur ce point, le travail du Pr Raoult et de ses collègues ne rentre pas dans les clous, puisque le protocole n’a été révisé que par un comité d’éthique local interne à l’IHU dirigé par le Pr Raoult et que l’ANSM n’a donc pas été avisée comme elle l’est par le CPP, même pour les recherches observationnelles.

    « S’il s’agit d’un essai de médicament sur l’être humain, le comité d’éthique local n’est juridiquement pas compétent pour autoriser ce travail, résume Philippe Amiel, juriste, membre du Comité d’évaluation éthique de l’Inserm, et auteur d’un livre sur le sujet*. « Pour le juriste, l’article de l’équipe du Pr Raoult ressemble fort au compte rendu d’une recherche impliquant la personne humaine. Il faut observer que les auteurs affirment que leur étude est conforme à la déclaration d’Helsinki. Or cette déclaration est le texte de l’Assemblée médicale mondiale qui fixe, précisément, les principes éthiques applicables à la recherche médicale impliquant des êtres humains. Ce qui laisse penser que les auteurs sont conscients que leur étude est bien une telle recherche. C’est assez troublant ».

    Si tel est le cas, ce que l’ANSM devra évaluer, la recherche serait tout bonnement une expérimentation illicite sur l’être humain, une situation devenue une rareté au XXIe siècle malgrè un exemple récent retentissant.

    Mais les auteurs peuvent aussi avancer que leurs travaux ne sont jamais qu’une étude rétrospective sur données, c’est-à-dire le compte rendu d’une série de cas cliniques concernant des malades pris en charge de manière protocolisée, mais sans intention d’expérimenter. Ils peuvent appuyer leur argumentaire sur le décrèt du 25 mars dernier qui encadre la prescritpion hors AMM de l’hydroxychloroquine dans la prise en charge des cas de Covid-19.

    Leur étude échapperait alors au régime des RIPH qui suppose des actes pratiqués sur les personnes à des fins de recherche. « La limite entre ces deux démarches peut se discuter », alerte Philippe Amiel, qui estime « qu’un débat, avec les informations utiles fournies par les auteurs, devra probablement avoir lieu ultérieurement. » Ce débat intéressera les chercheurs en biomédecine confrontés à des situations d’urgence sanitaires. Le point, en effet, qui dépasse le cas des équipes de Marseille, est de savoir si l’urgence justifie qu’on s’affranchisse des règles légales protectrices des personnes, mais aussi, par l’examen préalable des méthodologies d’étude, de la science.

    • Oui mais l’extrême droite et l’extrême centre valident, on va pas s’emmerder avec ces scientifiques à cheval sur leurs principes (et qui sont souvent des défenseurs du service public de la recherche).

      https://seenthis.net/messages/841779

      Le chef de l’Etat lui-même se déplace à Marseille pour capter quelques éclaboussures de la gloire qui auréole ces jours-ci le microbiologiste #Didier_Raoult (Institut hospitalo-universitaire, IHU, Méditerranée infection), promoteur du remède miracle. Tout en lui apportant, après celle de Donald Trump, une seconde caution présidentielle.

      #essais_thérapeutiques #méthodes_statistiques #recherche_médicale #savoir #science

    • J’aimerais bien ce que soit :

      l’extrême droite et l’extrême centre

      mais la France insoumise aussi s’est engouffrée dans cette fadaise avec un enthousiasme tout à fait répugnant. Quand ce n’est pas explicitement une défense et interview du pauvre docteur Cinoque malmené par les élites parisiennes, c’est la reprise de ses éléments de langage (par exemple, j’ai entendu Corbières expliquer que le confinement est une « méthode moyenâgeuse »).

    • C’est le 4e élément pas rassurant : on est quand même une part significative de personnes à avoir encore un cerveau et un minimum de bon sens pour voir ce qui se passe (néolibéralisme, capitalisme vert et crise écologique, maintenant sanitaire, c’est d’ailleurs rassurant que tant de Gilets jaunes aient vite intégré ça en partant de très loin) mais politiquement, ça veut pas, y’a pas d’offre. EELV qui flatte les bobos connectés sans arriver à proposer une écologie sociale, la FI qui se comporte comme une secte avec des allumé·es et c’est les deux seuls trucs qui surnagent à gauche. C’est aussi une crise de l’offre électorale.

  • Visite de Macron au Pr. Raoult : le président de la fédération des Médecins de France dénonce de « la politique spectacle »
    https://www.lci.fr/politique/coronavirus-covid-19-visite-de-macron-au-pr-raoult-le-president-des-medecins-de-

    L’Elysée a indiqué ce jeudi que le président de la République Emmanuel Macron était arrivé dans l’après-midi à Marseille pour s’entretenir avec le professeur Didier Raoult afin de faire le point sur les traitements contre le coronavirus. Une visite de dernière minute qui a surpris le président des Médecins de France, Jean-Paul Hamon qui, testé positif au Covid-19, avait essayé ce fameux traitement : « On ne peut pas dire que j’ai suivi le protocole. J’ai arrêté au bout de deux jours et demi parce que j’avais des nausées. »

    […]

    Avant d’ajouter : « On attend avec impatience les résultats d’une vraie étude, qui ne devrait pas tarder et qui devrait nous dire si oui ou non ce traitement est efficace. Ça commence à devenir de la politique spectacle et ce n’est pas bien. On attend des résultats, notamment de l’université d’Angers, et cela m’étonnerait que le président Macron ait déjà les résultats de cette étude. »

  • Je fais un post séparé pour ces infos hallucinantes, ces mesures du gouvernement destinées à favoriser la grande distribution, les supermarchés côtés en bourse, aux dépends des petits commerces et des marchés où les prix sont plus bas et où s’alimentent les plus pauvres, en région et dans les quartiers pauvres des grandes villes, souvent racisé.es...
    https://seenthis.net/messages/834154
    https://seenthis.net/messages/835682

    Confinement : des restrictions d’ouverture pour les commerces du quartier de Château Rouge, à Paris
    BFM, le 23 mars 2020
    https://www.bfmtv.com/societe/confinement-des-restrictions-d-ouverture-pour-les-commerces-du-quartier-de-ch

    Une mesure visant à favoriser le respect des mesures d’hygiène

    « De nombreux commerces alimentaires disposent d’un étal occupant la totalité de l’espace public sur le trottoir », estime le préfet de police Didier Lallement, et « de nombreux clients provenant de différents quartiers de la capitale et de banlieues parisiennes s’y retrouvent dans un espace confiné. Ce qui aboutit au non-respect des mesures d’hygiène et de distanciation sociale ».

    Les horaires d’ouverture de ces commerces seront également restreints de 8h à 10h et de 14h à 16h

    Les marchés sont fermés ? Les paysans inventent des solutions
    Estelle Dautry et Victor Point, Reporterre, le 25 mars 2020
    https://reporterre.net/Les-marches-sont-fermes-Les-paysans-inventent-des-solutions

    Lundi 23 mars, Édouard Philippe, Premier ministre, a annoncé la fermeture des marchés de plein air.

    Confinement : la préfecture de police restreint les horaires d’ouverture de commerces du quartier de Château Rouge
    France 3 Ile de France, le 26 mars 2020
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/paris-ile-de-france/paris/confinement-prefecture-police-restreint-horaires-ouvert

    Et quand les marchés restent ouverts, les keufs s’arrangent pour que ce soit le bordel :

    Paniers à légumes sous surveillance #2 La cour d’école
    Expansive, le 24 avril 2020
    https://expansive.info/Paniers-a-legumes-sous-surveillance-2-La-cour-d-ecole-2205

    #favoritisme #discrimination #marchés #supermarchés #racisme #classisme #solidarité (manque de) #quartiers_populaires
    #Didier_Lallement #salops #qu'ils_chopent_tous_Ebola

    Voir compile des effets délétères indirects de la pandémie :
    https://seenthis.net/messages/832147

    #coronavirus #travail

  • Alors si j’ai bien suivi : après avoir expliqué que (1) le coronavirus est moins dangereux que les trottinettes et pas plus que la grippe saisonnière, (2) tue assez peu, 90% des gens ne nécessitant même pas de prise en charge médicale, (3) de toute façon, Trump est celui qui a raison de dire que ça allait certainement s’arrêter tout seul avec le printemps… le Dude et ses soutiens nous expliquent que : (1) c’est pas la peine de faire des groupes test, parce que si les gens vont bien avec le traitement, c’est forcément à cause de leur traitement, et pas parce que 98% des gens ne meurent pas du Covid-19, (2) l’urgence et la gravité de la situation est telle qu’il faut faire fi de toutes les méthodes et procédures éthiques.

    J’aime aussi l’argument « Si on m’avait écouté… », de la part de quelqu’un qui se vante d’être une super-star de la médecine, avec une influence mondiale, d’avoir l’oreille du Président et du ministre, et qui a passé son temps à prédire que l’épidémie n’arriverait pas en Europe, qu’elle ne serait pas grave, et que de toute façon au printemps ce serait certainement terminé. Je ne serais pas loin de penser qu’au contraire, les politiques l’ont bien entendu jusqu’à la veille de la catastrophe sanitaire, et que si le pays est dans un tel état d’impréparation, c’est peut-être en partie parce qu’une super-star mondiale de la médecine leur a fait savoir qu’il ne fallait pas s’inquiéter…

    • J’en était aussi à ce genre de conclusion. Est-ce qu’il y a des sources pour documenté l’écoute dont à bénéficié ce #grand_homme auprès de Jupiter avant confinement ?
      J’ai vu qu’il a claqué la porte de Jupiter mais avant cela, depuis combien de temps etait-il conseillé des marcheurs blancs ?

    • Une fondation est adossée à l’IHU Méditerranée Infection.
      On retrouve dans le conseil d’administration :
      10 personnalités, dont : Geneviève Fioraso, ancienne ministre de la recherche, Philippe Douste-Blazy, ancien ministre de la santé,Philippe Archinard, PDG de la société TransgeneBernard Delord, président de Medi HandTraceGeorges Léonetti, doyen de lafaculté de médecine, Claudine Rigal, DG du laboratoire CERBA.
      D’ou aussi le retour de douste blazy dans la promotioin de raoult depuis qq jours-

    • Oui mais il a de l’entregent.
      N’oublie pas non plus fabius sur le maintient du premier tour des élections.
      "Municipales : Larcher et Fabius en travers de Macron

      Par soucis de cohérence avec ses mesures de confinement, Emmanuel Macron a souhaité reporter les élections municipales… Avant d’être contraint d’y renoncer.2

    • C’est pas pour excusé Larcher ni Fabius dont je me fiche pas mal, mais depuis quand Jupiter écoute quelqu’une d’autre que sa personne ? Bon peut etre qu’il écoute sa Brigitte mais ca s’arrete là. A mes yeux le fait qu’il reporte sa responsabilité sur Larcher ou Fabius est encore une nouvelle démonstration de la pourriture ignoble qu’il est. Le seul résponsable de la tenu de ses éléctions c’est Macron puisqu’il à démontré depuis quelques années qu’il gouverne sans aucun partage.

    • A propos de Raoult et des politiques, pas mal d’infos dans cet article de Médiapart :

      Didier Raoult, homme de réseaux et enfant terrible de la recherche
      Benoît Gilles (Marsactu), Médiapart, le 27 mars 2020
      https://www.mediapart.fr/journal/france/270320/didier-raoult-homme-de-reseaux-et-enfant-terrible-de-la-recherche

      Depuis plusieurs semaines, Didier Raoult est au cœur d’une polémique aux dimensions planétaires sur les meilleures stratégies pour combattre la pandémie. Loin d’être un chercheur qui fait soudain irruption sur la scène médiatique, le Marseillais a construit patiemment son ascension en jouant de ses réseaux d’amitiés et des travers de la science moderne. Une enquête de notre partenaire Marsactu.

      Depuis la longue file de patients qui mène à l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection, on entend de temps à autre quelques salves d’applaudissements. Les gens venus se faire dépister ont reconnu la silhouette désormais mondialement célèbre du professeur Didier Raoult. L’homme salue brièvement, ne s’arrête pas, tête baissée et mèches au vent. Il a de quoi faire avec des centaines de malades à dépister, d’autres à traiter, sans compter la controverse internationale qui met soudainement son travail au-devant de la scène et son visage à la une de tous les journaux.

      La polémique, Raoult adore. Faire trembler l’establishment. Même ses cheveux longs, sa barbe éparse et ses chemises colorées sont un pied de nez permanent aux apôtres de la norme, fussent-ils du bon goût. Son look improbable est devenu un mème sur les réseaux sociaux où tout le monde s’écharpe entre pro et anti. Lui, se place ailleurs, au-dessus forcément. « Il a un comportement de chef de meute, c’est vrai. Pour lui, la science est un sport de haut niveau. Elle ne supporte pas la médiocrité », explique un journaliste qui l’a longuement côtoyé.

      Les 144 pages de son curriculum vitae parlent pour lui. Didier Raoult est un géant de la recherche en infectiologie. Lui et ses équipes cumulent les records du monde. Forcément, le colosse fait de l’ombre. Il charrie une cohorte de polémiques et n’en a cure. Sabre au clair, il fait de la science comme Louis Pasteur ou Marie Curie en leur temps. Dépasser Darwin ne lui fait pas peur, assure-t-il. Il est le mâle alpha qui mène sa troupe de médecins. Il en fait même son dogme pour dynamiser la recherche en France.

      En revanche, il n’est pas ce savant, génial ou fou, qui fait irruption sur la scène politique et médiatique à l’occasion d’une crise majeure. Chroniqueur au Point, adepte des vidéos d’auto-promo, il cultive depuis longtemps les réseaux politiques et sait jouer à plein des travers de la science pour tenir la ligne qu’il pense juste.

      L’équipe qu’il a constituée autour de lui est d’une fidélité sans faille, parfois depuis des décennies. Ce sont eux ces professeurs, médecins, chercheurs qui signaient ce dimanche un communiqué défiant les préconisations du ministère de la santé en précisant qu’il n’était pour eux « pas moral que cette association [de molécules, utilisée par l’IHU – ndlr] ne soit pas incluse systématiquement dans les essais thérapeutiques concernant le traitement de l’infection par le Covid-19 ».

      Bras de fer au ministère

      Le ministre de la santé prend un arrêté pour limiter la prescription de l’hydroxychloroquine ? Qu’importe, il claque la porte du comité scientifique qui conseille le gouvernement depuis le début de l’épidémie et poursuit ses prescriptions. Au point d’obtenir du ministre qu’il maintienne celle-ci pour les médecins en première ligne face à l’épidémie.

      Une position qui lui revient forcément, et confortée par la vue des centaines de personnes qui, malades, inquiètes ou simplement fébriles, patientent à la porte de son institut. Elles espèrent savoir si elles sont atteintes et peuvent avoir accès au traitement censé faire chuter la charge virale, sans preuve scientifique de cette efficience (lire l’article à ce sujet).

      L’ami des politiques

      Parmi les thuriféraires parfois béats, il y a aussi les élus majoritairement LR qui sont venus se faire dépister et soigner par les équipes du professeur Raoult avant et surtout après le premier tour des municipales. La députée LR Valérie Boyer multiplie les plateaux TV pour soutenir la thèse du professeur Raoult, faisant fi des méthodes scientifiques et de la rigueur nécessaire à la mise en œuvre d’un traitement médicamenteux, non sans effets secondaires.

      Ces élus, Didier Raoult les connaît bien. Il les fréquente depuis de longues années. Médecin, ancien ministre et président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Renaud Muselier fait partie du conseil d’administration de l’institut hospitalo-universitaire que Didier Raoult porte à bout de bras depuis plusieurs dizaines d’années. L’homme politique ne tarit pas d’éloges pour « son ami » et a marqué son soutien dès le début de l’épidémie. Le maire de Nice, Christian Estrosi, monte lui aussi au créneau sur les réseaux sociaux. Lui est un intime du professeur depuis leurs années communes au lycée à Nice.

      L’ancien journaliste de La Provence Hervé Vaudoit décrit ce réseau de relations dans l’ouvrage qu’il a consacré à l’homme et son institut, L’IHU Méditerranée Infection - Le défi de la recherche et de la médecine intégrées (Robert Lafon). Outre son indéniable talent, Didier Raoult doit son ascension éclair au sein de la faculté de médecine à un baron du gaullisme local, Maurice Toga, que Renaud Muselier considère comme son « père politique », raconte dans son bouquin le journaliste..

      Ce député (1986-1988) lui met le premier le pied à l’étrier et lui permet de devenir professeur de médecine puis chef de service dès 1988. Mais l’idée de l’IHU naît vraiment avec la peur du bio-terrorisme et les attentats à l’anthrax qui ont effrayé le monde après ceux du 11-Septembre. « Les politiques avaient une trouille bleue, se souvient Didier Raoult dans l’ouvrage d’Hervé Vaudoit. Pour leur faire péter les plombs, il suffisait de prononcer un mot : bioterrorisme. »

      Plus de 100 millions pour bâtir l’IHU

      Il profite de l’arrivée au gouvernement Chirac du Marseillais Jean-François Mattéi pour pousser le pion d’un infectiopôle destiné à lutter contre ce risque médical et militaire. En 2003, il écrit un rapport sur ce thème qui finit par convaincre les hauts fonctionnaires et les politiques de la nécessité d’un soutien à ses recherches. Car loin de l’image véhiculée du Marseillais mal-aimé contre le reste du monde, Didier Raoult a des réseaux bien implantés.

      À l’orée des années 2010, son projet de pôle d’infectiologie rencontre les programmes d’investissement d’avenir portés par le président Sarkozy. Son entregent lui permet d’obtenir des soutiens dans les ministères. Pour défendre son IHU devant le jury chargé de faire le tri parmi les projets présentés, Didier Raoult est accompagné par Yvon Berland, qui deviendra quelques années plus tard président de l’université unique, et Jean-Paul Segade, le directeur général de l’AP-HM d’alors. L’infectiopôle du professeur Raoult emporte la mise et le précieux financement d’État.

      Son IHU est le plus gros investissement public dans la recherche des vingt dernières années avec plus de 48 millions de l’Agence nationale de la recherche uniquement pour le bâtiment high tech qui borde le Jarret. Il a aussi pris soin de réunir autour de table la plupart des collectivités locales pour un investissement colossal. Dans la mise de départ, 1,5 million pour la Région, quatre pour le département, un million de la Ville de Marseille et autant de la communauté urbaine d’alors.

      Même chose pour les équipements où les collectivités remettent gentiment au pot au nom du rayonnement international de ce chercheur et de ses équipes. Récemment, Renaud Muselier a annoncé que la participation de la Région était de 16 millions alors qu’elle était de 11 millions en 2018.

      Changement de gouvernance

      Avec le débarquement de Jean-Paul Segade, en 2012, étrillé par un rapport de la Chambre régionale des comptes, Raoult perd un soutien. Cela correspond aussi au changement politique à la tête de l’État où Didier Raoult doit refaire ses contacts.

      En 2014, avec le changement de gouvernance à l’AP-HM, l’enthousiasme connaît des hauts et des bas. Le successeur de Segade à la tête de l’AP-HM, Jean-Jacques Romatet, est beaucoup moins partant. Il voit dans ce projet un formidable outil qui s’installe au sein de l’assistance publique comme un virus qui prospère à son détriment. Les deux hommes ne s’entendent pas, s’accrochent dur tant sur la question du loyer que l’AP-HM devra payer à l’IHU en fonction des lits d’hospitalisation qu’il abrite, mais aussi sur celui de l’autorisation d’occupation temporaire qui lie la fondation de droit privé qui pilote l’IHU au propriétaire du terrain.

      Même chose pour le permis de construire, délivré sans aucun aller et retour avec le service d’urbanisme. L’élue chargée de l’urbanisme, Danielle Servant, découvre un projet juché sur un haut escalier, au lieu d’être de plain-pied. Maître d’ouvrage du chantier, Raoult n’est pas ouvert à la discussion. Il appelle directement le maire qui somme son élue de donner un avis positif au permis.

      Défections

      Aujourd’hui, Jean-Jacques Romatet refuse de s’exprimer publiquement sur ces années de tension autour du projet d’IHU. Mais, à certains, il confie volontiers que son départ anticipé de la direction de l’AP-HM en 2015 est aussi dû aux capacités de nuisance et à l’entregent politique de Didier Raoult. Lequel ne le nie pas. Lorsque les négociations piétinent avec l’AP-HM, c’est la ministre socialiste de la recherche Geneviève Fioraso qui vole à son secours. Comme son prédécesseur Philippe Douste-Blazy avant elle, elle en est remerciée en siégeant au conseil d’administration de l’IHU.

      Ce que regrette Romatet, c’est la violence dont Didier Raoult fait preuve dans sa volonté de voir aboutir son projet. Car, en cumulant la recherche et les soins en infectiologie, l’IHU aspire les services qui, éparpillés dans les différents sites de l’AP-HM, traitent de bactériologie, de virologie ou de parasitologie. Ainsi les médecins qui, depuis des décennies, travaillent auprès des malades du sida à l’hôpital Nord sont contraints de rejoindre le bâtiment de la Timone. Avec le risque de perdre le lien avec des patients des quartiers Nord. Il faudra qu’ils bataillent en interne pour conserver une consultation à l’hôpital Nord.

      D’autres ne se sont pas contentés de faire le dos rond. Chef du service parasitologie à la Timone, le spécialiste du choléra Renaud Piarroux a fini par claquer la porte des hôpitaux marseillais pour rejoindre la Pitié-Salpêtrière, à Paris. « J’ai du mal à obéir lorsque je ne suis pas d’accord avec la façon dont les choses sont gérées », dit-il au Monde en 2016. Son service en pointe sur les questions de parasitologie et mycologie a tout simplement été aspiré par l’IHU, quittant ainsi le seul giron de l’AP-HM pour se retrouver sous la tutelle de Didier Raoult et de ses équipes. Effrayés par la réputation du bonhomme, la moitié des techniciens de laboratoire n’ont pas rejoint l’IHU, préférant parfois quitter le CHU.

      « De la science comme on mène une bataille »

      « Didier Raoult est un guerrier, explique ainsi un de ses adversaires à l’AP-HM. Il fait de la science comme on mène une bataille. Ceux qui ne sont pas avec lui sont contre lui. Il fout une trouille terrible parce qu’il peut vous détruire professionnellement. » Nombreux sont ceux qui contestent ces méthodes, toujours à mots couverts. Co-découvreurs des virus géants en 2003 avec Didier Raoult, Jean-Michel Claverie et sa femme, Chantal Abergel, ont construit une association scientifique fructueuse avant de rompre brutalement. Contacté par Marsactu en 2018, il refusait de commenter les causes de cette rupture. « On a travaillé ensemble, on a fait de belles publications ensemble et puis on s’est engueulés très fort », confie-t-il au Monde le 25 mars tout en saluant le brio scientifique du professeur Raoult.

      Comme Hervé Vaudoit le décrit dans son ouvrage, Didier Raoult est un des premiers à Marseille à comprendre comment l’indexation scientifique des publications permet de rationaliser la compétition entre les savants. Soudain la réputation ne relève plus de la subjectivité mais de données statistiques, objectives. Le mandarinat vole en éclats, remplacé par des algorithmes qui évaluent les chercheurs en fonction du nombre de publications, de leur impact scientifique mais aussi du nombre de fois où le chercheur est cité par d’autres.

      3 000 articles scientifiques en huit ans

      Depuis le début des années 1990, Didier Raoult a fait du séquençage génomique l’une des bases de ses recherches pour dénombrer et identifier de nouvelles bactéries parmi la multitude qu’abrite le corps humain. Ouvert sur le monde, ses unités de recherche comme son institut accueillent de nombreux doctorants venus d’Afrique ou d’Asie qui sont les petites mains de son système.

      Même s’il publie dans des revues prestigieuses, parmi les plus reconnues au monde, la grande partie des milliers de publications qu’il co-signe ont un « faible impact scientifique ». Une recherche récente sur le portail PubMed qui dépend de la Bibliothèque nationale de médecine américaine évalue à plus de 3 000 les articles scientifiques signés par lui. Le double de la même recherche effectuée en 2012 par une journaliste de la revue Science dans un article critique sur Didier Raoult.

      « Son fonctionnement est très simple, explique un de ses adversaires. Un chercheur apparaît comme auteur d’un article à partir du moment où il y a contribué. Dans un cycle normal de travail, on peut cosigner 10 à 20 articles par an de 3 500 mots chacun. Lui, il génère de la matière première en faisant travailler ses doctorants notamment sur du séquençage de gènes de bactéries et il co-signe tout. Il arrive ainsi à un nombre de publications annuel absolument dément. Il est impossible qu’il puisse toutes les vérifier. »

      « Je rapporte 11 millions par an »

      Or, ce nombre de publications pléthoriques compte aussi financièrement. Ainsi la dotation annuelle attribuée à chaque CHU repose-t-elle sur les publications de ses chercheurs et praticiens, les fameux Sigaps, pour Système d’interrogation de gestion, d’analyse des publications scientifiques. Mis en place par le CHU de Lille, il a été étendu à l’ensemble des centres hospitaliers en 2006. Or, Didier Raoult et ses équipes pèsent lourd. « Je rapporte au moins onze millions d’euros par an à l’AP-HM », lançait-il à Marsactu en 2018, lors de l’inauguration de son IHU. La même année, Hervé Vaudoit évalue ce poids relatif à 25 % des crédits de recherche attribués à l’AP-HM.

      « Je pense que sans Raoult et ses équipes, Aix-Marseille Université serait placée moins haut dans le classement de Shanghai », affirme le journaliste. Pour le coup, Didier Raoult étend son influence sur l’AP-HM et l’université, l’une des tutelles de l’IHU dont les personnels et étudiants dépendent.

      Compagnon de route scientifique, professeur d’université, médecin et président d’université comme lui, Yvon Berland a suivi de très près l’ascension de son collègue. Quand les histoires de mal-être au travail et de harcèlement finissent par éclabousser l’université, il n’hésite pas à appeler Didier Raoult en déplacement à Dakar pour que ce dernier réponde aux journalistes qui souhaitent recueillir son point de vue.

      Retrait de labels

      Si Didier Raoult a mal vécu cet épisode que Marsactu a longuement détaillé en son temps (lire notre article sur la visite des comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail des quatre tutelles), c’est qu’il venait éclairer son navire amiral au moment où son unité de recherche historique, l’Urmite, devait se transformer en deux unités sœurs.

      Or, après des avis négatifs des conseils scientifiques de l’Inserm et du CNRS, les deux principales institutions de la recherche française dans le champ bio-médical ont retiré leur label à Vitrome et Mephi, les deux unités « filles » de l’Urmite. Les personnels CNRS ont été maintenus dans une structure provisoire, FRE, avant d’acter la séparation. « C’est embêtant. Je ne peux pas bien l’accueillir », reconnaissait Yvon Berland, président d’Aix-Marseille Université en 2018. Les deux unités continueront d’avoir le label AMU, et donc le personnel et les financements universitaires.

      L’affaire des risques psychosociaux et le contrôle des CHSCT ne sont qu’un élément périphérique dans les décisions des conseils scientifiques de l’Inserm et du CNRS. Dans celle du CNRS que nous avons pu consulter, l’accent est mis sur les aspects scientifiques qui ne convainquent pas suffisamment les pairs réunis à titre consultatif. « Je crois savoir qu’ils reprochent une approche de la recherche, pas assez fondamentale », commente encore Yvon Berland.

      Conflits d’intérêts à la tête

      Pour Didier Raoult qui s’en explique longuement dans l’ouvrage d’Hervé Vaudoit, cette crise est un règlement de comptes venu de tout en haut : le PDG de l’Inserm, par ailleurs époux de l’ancienne ministre de la santé, Agnès Buzyn, ne croit pas au modèle des IHU et aurait tout fait pour qu’une nouvelle génération d’instituts ne voie pas le jour. « Nous allons perdre 400 000 euros de dotations que nous versaient l’Inserm et le CNRS, précise-t-il à Hervé Vaudoit en 2018. C’est un mauvais coup mais nous ne sommes pas inquiets : des solutions de financement existent ailleurs. Et, à la fin, ce seront peut-être eux les grands perdants de l’histoire. »

      Pour assurer sa survie, Didier Raoult croit en son modèle. Il s’appuie aussi sur des amitiés indéfectibles comme celle de l’ancien président de l’IRD Jean-Paul Moatti. Époux de la présidente de la fondation de l’IHU, Yolande Obadia, il a renouvelé son soutien financier à l’IHU en dépit du conflit d’intérêts patent de signer une convention financière avec sa propre épouse (lire notre article sur ce conflit d’intérêts).

      Selon nos informations, cette question figurait dans la liste des sujets soumis à l’inspection des magistrats de l’agence française anticorruption lors de son contrôle de l’IRD en 2018. Ce rapport n’a pas vocation à être rendu public. Tout comme celui de l’inspection générale de l’éducation nationale et de la recherche sur les cas de harcèlement moral et sexuel au sein des unités de recherche abritées par l’IHU. En 2018, Didier Raoult balayait tout ça d’un « ça se dégonfle ». Depuis, le Covid-19 achève de gonfler sa renommée.

    • Je ne pense pas que l’étude de Raoult soit à jeter. Il parvient à faire tomber au 5ème jour de traitement la charge virale (mesurée, au niveau des fosses nasales) pour 97,5% des patients qu’il traite. Sur 80 patients cette fois.
      C’est assez tôt par rapport à l’évolution généralement observée de la maladie.
      C’est intéressant si ça peut réduire le nombre de patients qui passent en phase d’inflammation aigüe qui est à haut risque de mourir.

      Que Raoult soit un mandarin avec un ego surdimensionné ne doit pas entrer en ligne de compte dans le jugement sur ses travaux.

      La dernière étude observationnelle de Raoult sur 80 patient est ici :

      https://www.mediterranee-infection.com/wp-content/uploads/2020/03/COVID-IHU-2-1.pdf

      #Didier-Raoult #Raoult #Covid-19 #Coronavirus

    • Aucun groupe témoin, patients choisis au pif (certains sans symptôme), prélèvements seulement dans le nez, amélioration de la plupart des patients en 6 jours, soit comme la moyenne constatée... Une autre étude, chinoise celle-ci, avait un groupe témoin et n’a constaté aucune différence (ah si, le groupe avec chloroquine a eu de moins bon résultats mais statistiquement c’était insignifiant)... Il faut se souvenir qu’environ 98% des malades guérissent spontanément depuis le début de la pandémie. Si on cumule les 2 études de Raoult, il a un taux de mortalité de 2%, si on en croit ses résultats « miraculeux »... Non vraiment je ne suis pas sûr que cette étude démontre quelque chose, sinon que les équipes de Raoult sont incapables de faire une vraie étude clinique. Il faut donc encore attendre d’avoir d’autres études plus sérieuses pour pouvoir affirmer quoique ce soit et en attendant les publications de Raoult ne sont malheureusement que du buzz.

    • @alexcorp

      J’ignore l’efficacité du traitement de Raoult.

      Mais raconter n’importe quoi sur Seenthis est ennuyeux.

      Quand on étudie les patients que l’on traite, on ne fait pas de groupe témoin. C’est une étude observationnelle :
      https://www.eupati.eu/fr/glossary/etude-observationnelle

      Raoult compare les données sur ses patients, à celles d’un échantillon de patients publiées par les médecins chinois.

      Quand au comptage des jours pour obtenir une réduction de la charge virale, je vous trouve très péremptoire, quand vous ne donnez aucune source. Et que la manière dont on fait le décompte de ce délai dépend évidemment de ce qu’on prend comme point de départ (test de diagnostic positif, ou début des symptômes, ou début du traitement ... ). Il n’est pas toujours évident de comprendre ce dont parle telle ou telle publication.

    • @stephane_m

      J’ignore l’efficacité du traitement de Raoult.

      Ah, vous n’avez pas lu l’étude que vous avez mis en lien juste au dessus ? Qu’est-ce que vous pensez de mon résumé ? Il est faux ? Parlons des faits, pas de ce que vous pensez que je suis ou de vos états d’âme.

      Pour mes sources, en voici une : https://www.sciencesetavenir.fr/sante/la-chloroquine-contre-covid-19-pas-plus-efficace-qu-un-traitement-c
      Si on pouvait admettre que la première étude de Raoult n’ait pas de groupe témoin (urgence, tout ça), il n’y avait aucune raison de ne pas en avoir un pour la deuxième, c’est juste le b.a.-ba. Conclusion, qui n’engage que moi : il se fout de notre gueule et joue sur la nullité de nos médias qui voient ça comme un match de catch et non un débat scientifique.

    • Mais dites moi où est-ce que j’ai faux au lieu de répéter « péremptoire » à tout bout de champ, c’est pénible depuis 3 semaines tous ces gens qui sont incapables de discuter sur le fond de l’affaire.

      On va y aller phrase par phrase si vous voulez :
      Selon les 2 études de Raoult, le taux de mortalité des patients qui ont reçu son traitement est de 2% en moyenne. Par ailleurs, la moyenne mondiale du taux de mortalité constaté tourne autour de 2%, voire un peu moins.
      Alors, vrai ou faux ? Si faux, merci de m’apporter chiffres et preuves à l’appui.

    • @fahrenheit92
      Je suis absolument d’accord qu’il peut y avoir des biais.

      La publication de Raoult n’est pas pour autant sans intérêt, si on s’intéresse à ce covid-19, et aux pistes pour réduire le nombre de victimes.

      Voir aussi ici, pour ceux que cela intéressent, l’hypothèse sur l’effet envisageable de la vaccination par le BCG. Ce ne sont que des corrélations qui sont mises en évidence, et il faudra une étude systématique des liens entre vaccination/non par le BCG, délai depuis la vaccination, et infection/non par le covid-19 :

      https://seenthis.net/messages/836238

    • Le fait que l’article de « Science et Avenir » ne donne pas le lien vers la publication qu’il commente est un indicateur qu’il s’agit de vulgarisation basique (c’est bien que ça existe la vulgarisation, mais pour discuter de rigueur scientifique, il vaut mieux s’appuyer sur des publications réellement scientifiques).

    • Mais ce dont tu parles là (et depuis le début), « des médecins étudient les effets » (description qui ne signifient pas grand chose au passage) ce n’est PAS pour prouver l’effet d’un remède, mais pour signaler des problèmes par exemple (effets secondaires etc).

      À aucun moment la preuve de l’efficacité d’un produit n’est faite comme ça, puisque ce n’est justement pas une preuve, en terme de critère scientifique. Comme le rappel la définition de WP : « c’est la base de la médecine fondée sur les faits. »
      https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tude_randomis%C3%A9e_en_double_aveugle

    • Beaucoup de médecins étudient les effets de certains des médicaments qu’ils prescrivent sur leurs patients. Ce n’est ni randomisé, ni en double aveugle, mais cela leur permet de vérifier et d’améliorer leur pratique.

      Beaucoup de médecin·es sont aussi par ailleurs homéopathes et en prescrivent à leurs patient·es.

  • #Coronavirus : qui est #Didier_Raoult, la « star mondiale » de la microbiologie qui assure avoir trouvé le remède contre le Covid-19 ?
    https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/coronavirus-qui-est-didier-raoult-la-star-mondiale-de-la-microbiologie-

    La France comptait déjà plus de 60 millions de sélectionneurs pour son équipe de foot, la voilà dotée d’autant d’épidémiologistes. Le débat qui les agite ? Déterminer si le professeur Didier Raoult, à la tête de l’Institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection (IHU) de Marseille, est un sauveur ou un irresponsable. Ce médecin et chercheur de 68 ans, au CV aussi prestigieux que sa réputation est controversée, assure avoir trouvé un traitement efficace contre le Covid-19.

  • Didier Raoult, homme de réseaux et enfant terrible de la recherche - Page 1 | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/270320/didier-raoult-homme-de-reseaux-et-enfant-terrible-de-la-recherche?page_art

    Depuis plusieurs semaines, Didier Raoult est au cœur d’une polémique aux dimensions planétaires sur les meilleures stratégies pour combattre la pandémie. Loin d’être un chercheur qui fait soudain irruption sur la scène médiatique, le Marseillais a construit patiemment son ascension en jouant de ses réseaux d’amitiés et des travers de la science moderne. Une enquête de notre partenaire Marsactu.

    Allez hop, je brise le paywall pour que vous profitiez du portrait complet du personnage #raoult

    #coronavirus

    Depuis la longue file de patients qui mène à l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection, on entend de temps à autre quelques salves d’applaudissements. Les gens venus se faire dépister ont reconnu la silhouette désormais mondialement célèbre du professeur Didier Raoult. L’homme salue brièvement, ne s’arrête pas, tête baissée et mèches au vent. Il a de quoi faire avec des centaines de malades à dépister, d’autres à traiter, sans compter la controverse internationale qui met soudainement son travail au-devant de la scène et son visage à la une de tous les journaux.

    La polémique, Raoult adore. Faire trembler l’establishment. Même ses cheveux longs, sa barbe éparse et ses chemises colorées sont un pied de nez permanent aux apôtres de la norme, fussent-ils du bon goût. Son look improbable est devenu un mème sur les réseaux sociaux où tout le monde s’écharpe entre pro et anti. Lui, se place ailleurs, au-dessus forcément. « Il a un comportement de chef de meute, c’est vrai. Pour lui, la science est un sport de haut niveau. Elle ne supporte pas la médiocrité », explique un journaliste qui l’a longuement côtoyé.

    Les 144 pages de son curriculum vitae parlent pour lui. Didier Raoult est un géant de la recherche en infectiologie. Lui et ses équipes cumulent les records du monde. Forcément, le colosse fait de l’ombre. Il charrie une cohorte de polémiques et n’en a cure. Sabre au clair, il fait de la science comme Louis Pasteur ou Marie Curie en leur temps. Dépasser Darwin ne lui fait pas peur, assure-t-il. Il est le mâle alpha qui mène sa troupe de médecins. Il en fait même son dogme pour dynamiser la recherche en France.

    En revanche, il n’est pas ce savant, génial ou fou, qui fait irruption sur la scène politique et médiatique à l’occasion d’une crise majeure. Chroniqueur au Point, adepte des vidéos d’auto-promo, il cultive depuis longtemps les réseaux politiques et sait jouer à plein des travers de la science pour tenir la ligne qu’il pense juste.

    L’équipe qu’il a constituée autour de lui est d’une fidélité sans faille, parfois depuis des décennies. Ce sont eux ces professeurs, médecins, chercheurs qui signaient ce dimanche un communiqué défiant les préconisations du ministère de la santé en précisant qu’il n’était pour eux « pas moral que cette association [de molécules, utilisée par l’IHU – ndlr] ne soit pas incluse systématiquement dans les essais thérapeutiques concernant le traitement de l’infection par le Covid-19 ».
    Bras de fer au ministère

    Le ministre de la santé prend un arrêté pour limiter la prescription de l’hydroxychloroquine ? Qu’importe, il claque la porte du comité scientifique qui conseille le gouvernement depuis le début de l’épidémie et poursuit ses prescriptions. Au point d’obtenir du ministre qu’il maintienne celle-ci pour les médecins en première ligne face à l’épidémie.

    Une position qui lui revient forcément, et confortée par la vue des centaines de personnes qui, malades, inquiètes ou simplement fébriles, patientent à la porte de son institut. Elles espèrent savoir si elles sont atteintes et peuvent avoir accès au traitement censé faire chuter la charge virale, sans preuve scientifique de cette efficience (lire l’article à ce sujet).
    L’ami des politiques

    Parmi les thuriféraires parfois béats, il y a aussi les élus majoritairement LR qui sont venus se faire dépister et soigner par les équipes du professeur Raoult avant et surtout après le premier tour des municipales. La députée LR Valérie Boyer multiplie les plateaux TV pour soutenir la thèse du professeur Raoult, faisant fi des méthodes scientifiques et de la rigueur nécessaire à la mise en œuvre d’un traitement médicamenteux, non sans effets secondaires.

    Ces élus, Didier Raoult les connaît bien. Il les fréquente depuis de longues années. Médecin, ancien ministre et président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Renaud Muselier fait partie du conseil d’administration de l’institut hospitalo-universitaire que Didier Raoult porte à bout de bras depuis plusieurs dizaines d’années. L’homme politique ne tarit pas d’éloges pour « son ami » et a marqué son soutien dès le début de l’épidémie. Le maire de Nice, Christian Estrosi, monte lui aussi au créneau sur les réseaux sociaux. Lui est un intime du professeur depuis leurs années communes au lycée à Nice.

    L’ancien journaliste de La Provence Hervé Vaudoit décrit ce réseau de relations dans l’ouvrage qu’il a consacré à l’homme et son institut, L’IHU Méditerranée Infection - Le défi de la recherche et de la médecine intégrées (Robert Lafon). Outre son indéniable talent, Didier Raoult doit son ascension éclair au sein de la faculté de médecine à un baron du gaullisme local, Maurice Toga, que Renaud Muselier considère comme son « père politique », raconte dans son bouquin le journaliste.

    Ce député (1986-1988) lui met le premier le pied à l’étrier et lui permet de devenir professeur de médecine puis chef de service dès 1988. Mais l’idée de l’IHU naît vraiment avec la peur du bio-terrorisme et les attentats à l’anthrax qui ont effrayé le monde après ceux du 11-Septembre. « Les politiques avaient une trouille bleue, se souvient Didier Raoult dans l’ouvrage d’Hervé Vaudoit. Pour leur faire péter les plombs, il suffisait de prononcer un mot : bioterrorisme. »
    Plus de 100 millions pour bâtir l’IHU

    Il profite de l’arrivée au gouvernement Chirac du Marseillais Jean-François Mattéi pour pousser le pion d’un infectiopôle destiné à lutter contre ce risque médical et militaire. En 2003, il écrit un rapport sur ce thème qui finit par convaincre les hauts fonctionnaires et les politiques de la nécessité d’un soutien à ses recherches. Car loin de l’image véhiculée du Marseillais mal-aimé contre le reste du monde, Didier Raoult a des réseaux bien implantés.

    À l’orée des années 2010, son projet de pôle d’infectiologie rencontre les programmes d’investissement d’avenir portés par le président Sarkozy. Son entregent lui permet d’obtenir des soutiens dans les ministères. Pour défendre son IHU devant le jury chargé de faire le tri parmi les projets présentés, Didier Raoult est accompagné par Yvon Berland, qui deviendra quelques années plus tard président de l’université unique, et Jean-Paul Segade, le directeur général de l’AP-HM d’alors. L’infectiopôle du professeur Raoult emporte la mise et le précieux financement d’État.

    Son IHU est le plus gros investissement public dans la recherche des vingt dernières années avec plus de 48 millions de l’Agence nationale de la recherche uniquement pour le bâtiment high tech qui borde le Jarret. Il a aussi pris soin de réunir autour de table la plupart des collectivités locales pour un investissement colossal. Dans la mise de départ, 1,5 million pour la Région, quatre pour le département, un million de la Ville de Marseille et autant de la communauté urbaine d’alors.

    Même chose pour les équipements où les collectivités remettent gentiment au pot au nom du rayonnement international de ce chercheur et de ses équipes. Récemment, Renaud Muselier a annoncé que la participation de la Région était de 16 millions alors qu’elle était de 11 millions en 2018.
    Changement de gouvernance

    Avec le débarquement de Jean-Paul Segade, en 2012, étrillé par un rapport de la Chambre régionale des comptes, Raoult perd un soutien. Cela correspond aussi au changement politique à la tête de l’État où Didier Raoult doit refaire ses contacts.

    En 2014, avec le changement de gouvernance à l’AP-HM, l’enthousiasme connaît des hauts et des bas. Le successeur de Segade à la tête de l’AP-HM, Jean-Jacques Romatet, est beaucoup moins partant. Il voit dans ce projet un formidable outil qui s’installe au sein de l’assistance publique comme un virus qui prospère à son détriment. Les deux hommes ne s’entendent pas, s’accrochent dur tant sur la question du loyer que l’AP-HM devra payer à l’IHU en fonction des lits d’hospitalisation qu’il abrite, mais aussi sur celui de l’autorisation d’occupation temporaire qui lie la fondation de droit privé qui pilote l’IHU au propriétaire du terrain.

    Même chose pour le permis de construire, délivré sans aucun aller et retour avec le service d’urbanisme. L’élue chargée de l’urbanisme, Danielle Servant, découvre un projet juché sur un haut escalier, au lieu d’être de plain-pied. Maître d’ouvrage du chantier, Raoult n’est pas ouvert à la discussion. Il appelle directement le maire qui somme son élue de donner un avis positif au permis.
    Défections

    Aujourd’hui, Jean-Jacques Romatet refuse de s’exprimer publiquement sur ces années de tension autour du projet d’IHU. Mais, à certains, il confie volontiers que son départ anticipé de la direction de l’AP-HM en 2015 est aussi dû aux capacités de nuisance et à l’entregent politique de Didier Raoult. Lequel ne le nie pas. Lorsque les négociations piétinent avec l’AP-HM, c’est la ministre socialiste de la recherche Geneviève Fioraso qui vole à son secours. Comme son prédécesseur Philippe Douste-Blazy avant elle, elle en est remerciée en siégeant au conseil d’administration de l’IHU.

    Ce que regrette Romatet, c’est la violence dont Didier Raoult fait preuve dans sa volonté de voir aboutir son projet. Car, en cumulant la recherche et les soins en infectiologie, l’IHU aspire les services qui, éparpillés dans les différents sites de l’AP-HM, traitent de bactériologie, de virologie ou de parasitologie. Ainsi les médecins qui, depuis des décennies, travaillent auprès des malades du sida à l’hôpital Nord sont contraints de rejoindre le bâtiment de la Timone. Avec le risque de perdre le lien avec des patients des quartiers Nord. Il faudra qu’ils bataillent en interne pour conserver une consultation à l’hôpital Nord.

    D’autres ne se sont pas contentés de faire le dos rond. Chef du service parasitologie à la Timone, le spécialiste du choléra Renaud Piarroux a fini par claquer la porte des hôpitaux marseillais pour rejoindre la Pitié-Salpêtrière, à Paris. « J’ai du mal à obéir lorsque je ne suis pas d’accord avec la façon dont les choses sont gérées », dit-il au Monde en 2016. Son service en pointe sur les questions de parasitologie et mycologie a tout simplement été aspiré par l’IHU, quittant ainsi le seul giron de l’AP-HM pour se retrouver sous la tutelle de Didier Raoult et de ses équipes. Effrayés par la réputation du bonhomme, la moitié des techniciens de laboratoire n’ont pas rejoint l’IHU, préférant parfois quitter le CHU.
    « De la science comme on mène une bataille »

    « Didier Raoult est un guerrier, explique ainsi un de ses adversaires à l’AP-HM. Il fait de la science comme on mène une bataille. Ceux qui ne sont pas avec lui sont contre lui. Il fout une trouille terrible parce qu’il peut vous détruire professionnellement. » Nombreux sont ceux qui contestent ces méthodes, toujours à mots couverts. Co-découvreurs des virus géants en 2003 avec Didier Raoult, Jean-Michel Claverie et sa femme, Chantal Abergel, ont construit une association scientifique fructueuse avant de rompre brutalement. Contacté par Marsactu en 2018, il refusait de commenter les causes de cette rupture. « On a travaillé ensemble, on a fait de belles publications ensemble et puis on s’est engueulés très fort », confie-t-il au Monde le 25 mars tout en saluant le brio scientifique du professeur Raoult.

    Comme Hervé Vaudoit le décrit dans son ouvrage, Didier Raoult est un des premiers à Marseille à comprendre comment l’indexation scientifique des publications permet de rationaliser la compétition entre les savants. Soudain la réputation ne relève plus de la subjectivité mais de données statistiques, objectives. Le mandarinat vole en éclats, remplacé par des algorithmes qui évaluent les chercheurs en fonction du nombre de publications, de leur impact scientifique mais aussi du nombre de fois où le chercheur est cité par d’autres.
    3 000 articles scientifiques en huit ans

    Depuis le début des années 1990, Didier Raoult a fait du séquençage génomique l’une des bases de ses recherches pour dénombrer et identifier de nouvelles bactéries parmi la multitude qu’abrite le corps humain. Ouvert sur le monde, ses unités de recherche comme son institut accueillent de nombreux doctorants venus d’Afrique ou d’Asie qui sont les petites mains de son système.

    Même s’il publie dans des revues prestigieuses, parmi les plus reconnues au monde, la grande partie des milliers de publications qu’il co-signe ont un « faible impact scientifique ». Une recherche récente sur le portail PubMed qui dépend de la Bibliothèque nationale de médecine américaine évalue à plus de 3 000 les articles scientifiques signés par lui. Le double de la même recherche effectuée en 2012 par une journaliste de la revue Science dans un article critique sur Didier Raoult.

    « Son fonctionnement est très simple, explique un de ses adversaires. Un chercheur apparaît comme auteur d’un article à partir du moment où il y a contribué. Dans un cycle normal de travail, on peut cosigner 10 à 20 articles par an de 3 500 mots chacun. Lui, il génère de la matière première en faisant travailler ses doctorants notamment sur du séquençage de gènes de bactéries et il co-signe tout. Il arrive ainsi à un nombre de publications annuel absolument dément. Il est impossible qu’il puisse toutes les vérifier. »
    « Je rapporte 11 millions par an »

    Or, ce nombre de publications pléthoriques compte aussi financièrement. Ainsi la dotation annuelle attribuée à chaque CHU repose-t-elle sur les publications de ses chercheurs et praticiens, les fameux Sigaps, pour Système d’interrogation de gestion, d’analyse des publications scientifiques. Mis en place par le CHU de Lille, il a été étendu à l’ensemble des centres hospitaliers en 2006. Or, Didier Raoult et ses équipes pèsent lourd. « Je rapporte au moins onze millions d’euros par an à l’AP-HM », lançait-il à Marsactu en 2018, lors de l’inauguration de son IHU. La même année, Hervé Vaudoit évalue ce poids relatif à 25 % des crédits de recherche attribués à l’AP-HM.

    « Je pense que sans Raoult et ses équipes, Aix-Marseille Université serait placée moins haut dans le classement de Shanghai », affirme le journaliste. Pour le coup, Didier Raoult étend son influence sur l’AP-HM et l’université, l’une des tutelles de l’IHU dont les personnels et étudiants dépendent.

    Compagnon de route scientifique, professeur d’université, médecin et président d’université comme lui, Yvon Berland a suivi de très près l’ascension de son collègue. Quand les histoires de mal-être au travail et de harcèlement finissent par éclabousser l’université, il n’hésite pas à appeler Didier Raoult en déplacement à Dakar pour que ce dernier réponde aux journalistes qui souhaitent recueillir son point de vue.
    Retrait de labels

    Si Didier Raoult a mal vécu cet épisode que Marsactu a longuement détaillé en son temps (lire notre article sur la visite des comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail des quatre tutelles), c’est qu’il venait éclairer son navire amiral au moment où son unité de recherche historique, l’Urmite, devait se transformer en deux unités sœurs.

    Or, après des avis négatifs des conseils scientifiques de l’Inserm et du CNRS, les deux principales institutions de la recherche française dans le champ bio-médical ont retiré leur label à Vitrome et Mephi, les deux unités « filles » de l’Urmite. Les personnels CNRS ont été maintenus dans une structure provisoire, FRE, avant d’acter la séparation. « C’est embêtant. Je ne peux pas bien l’accueillir », reconnaissait Yvon Berland, président d’Aix-Marseille Université en 2018. Les deux unités continueront d’avoir le label AMU, et donc le personnel et les financements universitaires.

    L’affaire des risques psychosociaux et le contrôle des CHSCT ne sont qu’un élément périphérique dans les décisions des conseils scientifiques de l’Inserm et du CNRS. Dans celle du CNRS que nous avons pu consulter, l’accent est mis sur les aspects scientifiques qui ne convainquent pas suffisamment les pairs réunis à titre consultatif. « Je crois savoir qu’ils reprochent une approche de la recherche, pas assez fondamentale », commente encore Yvon Berland.
    Conflits d’intérêts à la tête

    Pour Didier Raoult qui s’en explique longuement dans l’ouvrage d’Hervé Vaudoit, cette crise est un règlement de comptes venu de tout en haut : le PDG de l’Inserm, par ailleurs époux de l’ancienne ministre de la santé, Agnès Buzyn, ne croit pas au modèle des IHU et aurait tout fait pour qu’une nouvelle génération d’instituts ne voie pas le jour. « Nous allons perdre 400 000 euros de dotations que nous versaient l’Inserm et le CNRS, précise-t-il à Hervé Vaudoit en 2018. C’est un mauvais coup mais nous ne sommes pas inquiets : des solutions de financement existent ailleurs. Et, à la fin, ce seront peut-être eux les grands perdants de l’histoire. »

    Pour assurer sa survie, Didier Raoult croit en son modèle. Il s’appuie aussi sur des amitiés indéfectibles comme celle de l’ancien président de l’IRD Jean-Paul Moatti. Époux de la présidente de la fondation de l’IHU, Yolande Obadia, il a renouvelé son soutien financier à l’IHU en dépit du conflit d’intérêts patent de signer une convention financière avec sa propre épouse (lire notre article sur ce conflit d’intérêts).

    Selon nos informations, cette question figurait dans la liste des sujets soumis à l’inspection des magistrats de l’agence française anticorruption lors de son contrôle de l’IRD en 2018. Ce rapport n’a pas vocation à être rendu public. Tout comme celui de l’inspection générale de l’éducation nationale et de la recherche sur les cas de harcèlement moral et sexuel au sein des unités de recherche abritées par l’IHU. En 2018, Didier Raoult balayait tout ça d’un « ça se dégonfle ». Depuis, le Covid-19 achève de gonfler sa renommée.

    • Coup sur coup, trois détracteurs publics de Raoult sur les plateaux télé
      – Karine Lacombe
      – Xavier Lescure
      – Gilbert Deray
      --TOUS LES TROIS en lien d’intérêt patent avec Gilead science, le labo qui vendait son médicament contre l’Hépatite C à 40 000 $ le traitement.

      Un premier article donc :
      https://www.liberation.fr/checknews/2020/03/26/cette-professeur-critique-des-methodes-de-didier-raoult-est-elle-en-confl

      Et bien sûr Gilbert Deray, comme l’a dit un twittos « c’est un panneau publicitaire en blouse blanche »

      Enfin vous vous demandez pourquoi BFMTV tabasse Raoult matin et soir ? Peut-être est-ce en partie parce qu’Altice (BFM) et Gilead, le labo qui a tout à perdre si le protocole Raoult est efficace, ont une grande part d’actionnaires en commun...

      https://twitter.com/idrissaberkane/status/1243839715054362625

    • Le monde d’hier s’accroche à ses royalties. GILEAD sur les starting block pour vous soigner (ou pas) et faire un gros paquet de pognon à l’occasion.
      https://theintercept.com/2020/03/25/gilead-sciences-coronavirus-drug

      In 2017, a group of academics at Yale Law School made the case for the government’s use of Section 1498 to procure a lifesaving treatment for hepatitis C called Sofosbuvir, also manufactured by Gilead, which is too expensive for many people who need it. Sofosbuvir costs $48,000 for a 24-week course, or about $1,000 a pill. Because of the exorbitant price, insurers have refused to cover it for all of the roughly 5 million people infected with hepatitis C, instead making the drug available to only the sickest patients.

      Gilead, which is valued at more than $100 billion, has repeatedly come under fire for its pricing. Although its preventative HIV drug Truvada costs only $6 to manufacture, it costs almost $2,000 a month in the U.S — out of reach for many people who could use it to avoid infection.

      “Gilead is notorious for price gouging,” said Rizvi. “Gilead holds the key to bringing down and ending both HIV and hep C epidemics, and in both cases, prices have played a real factor in our inability to stop both epidemics. And that’s terrifying.”

      Joseph Grogan, who has led the Trump administration’s efforts on drug pricing in addition to serving on the White House coronavirus task force, served as head of federal affairs for Gilead from 2011 to 2017, while it was setting prices for both drugs.

      When asked about price gouging, Gilead provided The Intercept with the following statement :

      Gilead is acutely aware of the urgent medical needs of people and communities around the world in the face of the Covid-19 pandemic. We are working around the clock to study the safety and efficacy of remdesivir as a potential Covid-19 treatment and to responsibly provide emergency access to remdesivir while these studies are ongoing, to respond to this public health crisis. If remdesivir is proven to be safe and effective to treat Covid-19, we are committed to making remdesivir both accessible and affordable to governments and patients around the world.

      The penchant for putting profits over public health and individuals’ lives is particularly terrifying as Covid-19 infections soar. When private companies have exclusive rights to these drugs, they not only have complete discretion over the price, but they also have a monopoly over supply.

      “It makes no sense for one company to have the power to dictate who gets what, when, where,” said Rizvi. “There’s going to be unprecedented global demand if it proves to be effective.”

    • Entretien | La recherche se focalise sur les traitements et les vaccins, analyse le professeur Didier Sicard, mais elle néglige l’origine animale de l’épidémie. Spécialiste des maladies infectieuses, il affirme qu’il faut retourner sur le terrain, étudier de plus près la chaîne de transmission des coronavirus.

      https://www.franceculture.fr/amp/sciences/didier-sicard-il-est-urgent-denqueter-sur-lorigine-animale-de-lepidemi

    • « Bien la transparence de ce conseil scientifique. La page wikipedia de Karine Lacombe a été supprimée hier. »

      C’était vraiment un très bon choix de prendre cette médecin militante pleine de conflits d’intérêts pour se livrer à un « exercice de vérité » et rassurer les Français !
      On vous croit...

      Pr Karine Lacombe, infectiologue sur les masques :

      Il n’y a pas de problèmes d’accès aux masques pour les soignants en hôpitaux

      #Covid_19 #ilyaeuduretard #IlsSavaient #KarineLacombe

      https://twitter.com/AiphanMarcel/status/1244376369137618945

    • « Pendant que les chiens de garde cacochymes et vulgaires comme Cohn Bendit s’acharnent sur Raoult, l’Italie utilise maintenant massivement la chloroquine en phase 1 » :

      Dépassée par l’ampleur de l’épidémie, l’Italie compte sur la chloroquine... Le point de vue du Pr Christian Perronne, chef du service d’infectiologie à l’hôpital universitaire de Garches

      En Italie, qui nous précède de seulement huit jours et ou la situation devient presque incontrôlable, une course de vitesse contre le Covid-19, vient d’être enclenchée avec pour arme clé l’hydroxychloroquine (Plaquenil®, forme la mieux tolérée de la chloroquine). Tout particulièrement dans le Lazio, région très touchée, où elle est désormais largement prescrite aux patients ayant des signes débutants, avec d’ores et déjà des résultats très encourageants en termes de protection des sujets traités. Dans le journal « Corriere della Sera » le Dr Pierluigi Bartoletti, vice président de la Fédération Italienne des médecins généralistes, explique que toute personne isolée, Covid-19 positive avec des signes débutants (toux, fièvre par exemple), est aujourd’hui traitée par l’antipaludique. Le produit est remboursé par l’assurance maladie italienne. Il peut être obtenu facilement sur prescription d’un médecin (généraliste notamment), dans les pharmacies hospitalières, qui transmettent toutes les données relatives au patient à l’Agence italienne du médicament (AIFA).

      "Nous venons de comprendre, ajoute le Dr Bartoletti, que le virus a une évolution en deux phases et que c’est au cours de la seconde, après quelques jours (une semaine environ), que la situation peut brutalement, en 24 ou 48h, s’aggraver et conduire à une insuffisance respiratoire réclamant des soins intensifs. Les résultats que nous commençons à accumuler suggèrent que l’hydroxychloroquine administrée tôt, donne la possibilité d’éviter cette évolution à une majorité de patients et de désencombrer les salles de réanimation"

      Le point de vue du Pr Christian Perronne, chef du service d’infectiologie à l’hôpital universitaire de Garches, interrogé par le Dr Philippe Gorny :

      Participez-vous à l’Etude Européenne Discovery qui évalue des traitements antiviraux ?
      Pr Christian Perronne. J’ai refusé d’y participer car cette étude prévoit un groupe de patients sévèrement atteints qui ne seront traités que symptomatiquement et serviront de témoins-contrôles face à quatre autres groupes qui recevront des antiviraux. Ce n’est pas éthiquement acceptable à mes yeux. On pouvait parfaitement, dans la situation où nous sommes, évaluer ces traitements en appliquant un protocole différent. De surcroît, le groupe hydroxychloroquine (qui a été ajouté à cette étude à la dernière minute), devrait être remplacé par un groupe hydroxychloroquine plus azithromycine, traitement de référence actuel selon les données les plus récentes. Enfin, le modèle de protocole choisi ne fournira pas de résultats avant plusieurs semaines. Pendant ce temps là, l’épidémie galope. Nous sommes pressés, nous sommes en guerre, il faut des évaluations rapides.

      Etes-vous pour où contre une prescription plus large de l’hydroxychloroquine que celle actuellement autorisée en France ?
      Même si les preuves irréfutables que donnent les études randomisées à grande échelle manquent encore, je suis en faveur d’une prescription large pour les raisons suivantes :
      1. Nous disposons d’un nombre important de preuves montrant qu’in vitro l’hydroxychloroquine bloque le virus. Nous disposons également de plusieurs résultats cliniques indiquant que ce produit est bénéfique s’il est administré précocement et nous n’avons aucune mention qu’il nuit ou est dangereux dans cette infection (une seule étude, mal détaillée, chinoise, sur 30 patients avec groupe contrôle, n’a pas observé de bénéfices mais pas non plus d’effets délétères). Que risque-t-on en administrant la chloroquine d’emblée : rien !
      2. Ce médicament est très peu coûteux
      3. Il est bien toléré en traitement longue durée (recul de plusieurs décennies sur des milliards de sujets). Personnellement, je l’utilise en clinique dans la forme chronique de la maladie de Lyme, avec succès depuis 30 ans à la dose de 200 mg voire 400 mg/jour. J’ai pu juger et des centaines d’autres médecins avec moi, de son excellente tolérance chez l’homme. Les principales contre-indications sont les maladies sévères de la rétine et cardiaques non équilibrées. Les évènements cardiovasculaires restent exceptionnels si on prend soin : de proscrire l’automédication - de vérifier chez les personnes âgées prenant beaucoup de médicaments qu’il n’existe pas d’interactions médicamenteuses (avec des diurétiques au long cours notamment) et que le taux de potassium sanguin est dans les normes. Hors ces précautions, les effets indésirables sont mineurs. Ils le sont d’autant plus que le traitement est court, ce qui est le cas contre Covid-19. Il serait donc sage de produire sans plus tarder de l’hydroxychloroquine en très grande quantité, pour la rendre facilement accessible aux personnes infectées, dès lors que son efficacité sera définitivement prouvée. A défaut il suffira d’arrêter la production. Je signale que l’Italie vient d’autoriser la large diffusion de l’hydroxychloroquine sur prescription médicale dès le début de l’infection et que d’autres pays s’apprêtent à faire de même. Qu’attendons-nous ? D’avoir davantage de morts ?

      Etes-vous au courant d’études en cours, avec ce produit en France ou ailleurs ?
      Les résultats d’une 2e étude ouverte du Pr Didier Raoult, chez 80 patients Covid-positifs en PCR, ayant des signes pulmonaires cliniques et radiologiques, viennent de paraître. Ils confirment les effets spectaculaires de sa première étude (avec le traitement combinant l’hydroxychloroquine et l’azithromycine), ainsi que ceux de la première étude chinoise sur 100 patients. Son équipe a constaté qu’au 5e jour, 97.5 % des patients ne sont plus porteurs du virus ! Un seul décès concernant un patient âgé de 86 ans est survenu ; un autre sujet âgé de 74 ans est en soins intensifs.

      Aux USA le Dr Zev Zelenko qui travaille dans deux centres hospitaliers des communautés juives orthodoxes de la région de New-York (au sein desquelles le taux d’infection est élevé), a administré depuis le 19 mars, à 500 personnes, sans test PCR préalable (pour ne pas perdre de temps), la combinaison du Pr Raoult à laquelle il a ajouté du zinc qui freine la réplication virale. Les patients traités furent : les adultes de tous âges ayant des signes débutants (toux, fièvre, courbatures..) avec une comorbidité associée (diabète, obésité, maladie pulmonaire, cardiovasculaire, cancer, immunodépression) - les adultes de tous âges ayant des signes débutants, sans comorbidité - tous ceux, quelque soit l’âge, ayant des signes pulmonaires (essoufflement ou davantage). Seuls les sujets jeunes avec signes débutants mais aucune comorbidité, ne furent pas traités. Au 26 mars aucune des personnes ayant reçu cette thérapie n’a été hospitalisée, aucune n’a évoluée vers une forme grave nécessitant une réanimation, aucune n’est décédée. Ce n’est pas une étude certes, mais ces résultats ont une valeur indicative notable. En marge de cette initiative communautaire, des essais institutionnels préventifs (protection des gens exposés avant même l’apparition de signes débutants) avec l’hydroxychloroquine, vont débuter aux USA !

      Dans quels délais pouvons-nous espérer avoir les premiers résultats de l’étude Discovery ?
      Dans plusieurs semaines selon moi. Mais il n’y aura rien à espérer de cette étude concernant l’hydroxychloroquine qui est administrée trop tard. Le protocole indique que le produit peut être donné seulement si la saturation en oxygène des patients est inférieure à 95% , c’est à dire à des malades justiciables d’un apport massif en oxygène ou qui doivent être mis sous ventilation artificielle. Ce n’est pas la bonne indication.

      Quel est votre avis sur les traitements qui pourraient s’avérer les plus efficaces dans les formes sévères et graves ?
      Des médicaments autres que les antiviraux et que l’hydroxychloroquine et qui peuvent lutter contre l’inflammation broncho-pulmonaire , c’est à dire des anti-inflammatoires (non stéroïdiens exclus car délétères) tels que : des anticorps monoclonaux contre les interleukines (IL6, IL1) substances qui stimulent l’inflammation, ou contre des facteurs de croissance vasculaire (VGEF) – peut-être aussi des corticoïdes comme par exemple la methylprednisolone ( nette réduction de la mortalité pour les formes très graves dans une étude chinoise). Toutes ces options sont en cours d’évaluation. Ce qu’il faut éviter, c’est d’arriver à ce stade !

      Que pensez-vous de la pénurie des masques en France… et de son inimaginable persistance ?
      J’ai présidé pendant 15 ans la Commission des maladies transmissibles des instances officielles de conseil, dont le Haut Conseil de la Santé Publique. Nos groupes de travail ont recommandé des mesures concernant la production de masques notamment lors des épidémies dues au SARS. Cette pénurie est absolument navrante et incompréhensible. A Hong-Kong, une des villes les plus denses du monde, où le port des masques en épidémie est traditionnel pour ne pas dire culturel, on a compté, à la date du 17 mars, au total que quatre décès dus à Covid-19 ! Là-bas, contrairement à la France où la pénurie a contraint le Ministère de la Santé précédent à ne le recommander que pour les sujets malades, le port des masques concerne aussi les gens sains ! On mesure là toute l’importance de cette protection et l’impréparation choquante des autorités françaises en ce domaine…

      https://twitter.com/Poulin2012/status/1244524900599070722

    • @marielle Le fait que l’Italie essaye ce produit ne prouve pas que ca soit une bonne idée ni que ca soit plus ou moins efficace qu’un placébo. Le fait que Cohn Bendit soit pour ou contre ne prouve rien non plus. Il y a des cacochymes dans les deux camps. Cette seconde étude ne sert toujours à rien à part qu’elle a permis de probables contaminations au pied des locaux de Raoult et qu’elle fait perdre de l’énergie et du temps pour des guerres d’égo cacochymes. Pendant qu’on s’écharpe sur ce vieux politicien en blouse blanche on ne s’occupe pas de ce que fait ce gouvernement.

      Je comprend que l’Italie se raccroche à des solutions désespérés. J’espère en tout cas que ça ne sera pas un nocébo.

  • Didier Fassin : « Ce n’est pas d’en haut qu’il faut espérer du changement » - Page 1 | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/220320/didier-fassin-ce-n-est-pas-d-en-haut-qu-il-faut-esperer-du-changement

    #Didier_Fassin, #médecin et #sociologue, professeur à Princeton et au Collège de France, compare la situation en France et aux États-Unis face à l’épidémie de coronavirus. La #crise actuelle peut-elle faire espérer un changement réel ?

    Didier Fassin est médecin, sociologue et anthropologue. Il est professeur à l’Institute for Advanced Study de Princeton et titulaire de la chaire annuelle de Santé publique du Collège de France, également directeur d’études à l’#EHESS. Il est notamment l’auteur de La Vie – Mode d’emploi critique et de Mort d’un voyageur – Une contre-enquête, tous deux publiés au Seuil. Entretien sur la #gouvernementalité par temps de crise, la situation comparée des deux côtés de l’Atlantique et ce que pourrait être le monde d’après.

    Comment le médecin et sociologue ayant étudié les manières de gouverner regarde la réaction gouvernementale à l’épidémie de coronavirus ?

    Didier Fassin : L’épidémie de Covid-19 n’a pas d’équivalent dans l’histoire mondiale depuis plus d’un siècle, et les récentes épidémies d’autres coronavirus, notamment le SRAS en 2002 et le MERS en 2012, avaient été très limitées, ne laissant pas entrevoir la diffusion actuelle du Covid-19. Dans ces conditions, il n’est pas complètement étonnant qu’on n’ait pas immédiatement pris la mesure du problème.

    Didier Fassin en 2016. © DR
    Néanmoins, de nombreux spécialistes des maladies émergentes avaient prévu qu’après les alertes des grippes aviaire et porcine et des infections aux virus Zika et Ebola, une pandémie de grande ampleur finirait par se produire, et les experts de santé publique travaillent depuis longtemps sur ce qu’on appelle en anglais « health preparedness », c’est-à-dire la réponse à une crise sanitaire majeure en contexte d’incertitude.
    Or, il faut se rendre à l’évidence avec le sociologue Andrew Lakoff, qui a étudié plusieurs crises de ce type aux États-Unis : ce qui caractérise les dispositifs en place pour faire face à ces menaces, c’est d’être, comme l’indique le titre de son livre, « unprepared ». Les réactions disparates et désordonnées de la plupart des gouvernements au niveau mondial, de même que l’absence de tests et de masques dans la quasi-totalité des pays, montrent qu’il y a une grande impréparation.

    De plus, les modèles mathématiques fournissent des projections tellement variées qu’elles ne sont que d’une aide limitée – on parlait d’un million de cas de fièvre Ebola, il y en a eu 29 000 – et les solutions proposées par la santé publique ne diffèrent guère de celles mises en œuvre contre la peste au XIVe siècle et contre le choléra au XIXe siècle. Au moins en attendant un éventuel traitement ou vaccin.

    En résumé, il est finalement remarquable que la réponse des États à la crise du Covid-19 se résume aujourd’hui à une police sanitaire appliquée avec plus ou moins de rigueur dans un contexte de pénurie de moyens.

    En situation de crise et de peur, on voit une tension se développer entre sécurité et liberté. L’équilibre vous semble-t-il aujourd’hui respecté ? Et que vous inspire cette notion d’« état d’urgence sanitaire » ?

    Du point de vue du rapport entre sécurité et liberté, le vrai basculement est intervenu il y a quelques années avec l’état d’urgence mis en place après les attentats de Paris en 2015, puis sans cesse renouvelé pendant deux ans. Le basculement a eu deux composantes.

    La première dimension, émotionnelle, correspond à la phase initiale, en novembre 2015 : le peuple et ses représentants ont ressenti un profond désir d’état d’urgence en pensant qu’il était normal de sacrifier la liberté pour plus de sécurité. En fait, les enquêtes parlementaires ont montré que rien n’avait été gagné en sécurité, mais qu’on avait beaucoup perdu en liberté.

    La seconde dimension, légale, correspond paradoxalement à la fin de l’état d’urgence, le 1er novembre 2017 : deux jours avant, le président de la République a en effet fait voter une loi qui a inscrit dans le droit ordinaire les principales prérogatives de l’état d’urgence. Cette loi s’ajoute à d’autres votées avant et après elle qui donnent plus de pouvoirs et moins de limites aux forces de l’ordre, et on en a vu les conséquences avec la violence de la répression des manifestations depuis lors, notamment contre les « gilets jaunes ».

    L’état d’urgence sanitaire me semble, dans ces conditions, relever plutôt d’un geste performatif, destiné à montrer que le gouvernement veut se donner tous les moyens d’agir. Ce n’est évidemment pas exclusif d’abus de pouvoir et d’excès d’usage de la force par la police contre certains publics qui sont sa cible habituelle, mais je ne crois pas que cela change beaucoup la donne du point de vue de la santé publique. Cela étant, il importe de rester collectivement vigilants sur les atteintes possibles, voire durables, aux libertés publiques.

    Vous êtes professeur à l’Institute for Advanced Study de Princeton et au Collège de France. Comment regardez-vous les façons de réagir au coronavirus des deux côtés de l’Atlantique ?

    Si la France a réagi lentement à l’#épidémie, en ne tirant pas profit de ce qui s’était passé en Chine et de ce qui s’annonçait en Italie, elle a fini par prendre le problème à bras-le-corps, alors que les États-Unis n’ont toujours pas pris la mesure de la situation deux mois après leurs premiers cas. Il y a au moins deux grandes différences entre les deux pays.

    La première tient à la confiance dans la #science, qui est affirmée dans le cas français, même si cette affirmation vient après des années de coupes budgétaires dans le domaine de la recherche, alors qu’elle est contestée et dénigrée par le gouvernement états-unien, qui s’est illustré par un déni presque systématique des grands problèmes de notre temps, à commencer par le #réchauffement_climatique.

    Le président des États-Unis a d’abord affirmé que la gravité du Covid-19 était une invention des démocrates pour le déstabiliser, puis a déclaré que des cas existaient bien mais que l’infection était bénigne, que l’épidémie était sous contrôle et qu’elle allait même disparaître comme par miracle, selon ses termes. Il a ensuite répété que les tests et les masques étaient disponibles quand les médecins ne disposaient ni des uns pour confirmer les cas ni des autres pour se protéger, et il essaie maintenant de faire croire au public qu’un traitement efficace a été découvert et va être distribué, en référence à l’hydroxychloroquine, pour laquelle n’existe aucun essai clinique reconnu. Le chef de l’État français s’est au contraire maintes fois réclamé des scientifiques pour prendre ses décisions, y compris celle, très controversée, de maintenir le premier tour des élections municipales.
    Dans les deux pays, cependant, on observe les mêmes stratagèmes de dissimulation de la vérité. Ainsi, on prétend que les tests sont nécessaires seulement pour les patients les plus graves, alors qu’il serait essentiel de pouvoir tester tous les cas suspects pour d’évidentes raisons épidémiologiques et médicales, et on affirme que les masques doivent être réservés à certains professionnels, quand toutes celles et tous ceux qui sont en contact avec des malades devraient pouvoir en bénéficier.

    La seconde différence importante concerne l’organisation politique et administrative de chaque pays. Les États-Unis ont une multitude de niveaux de décision – État fédéral, États, comtés, municipalités –, sans autorité hiérarchique. Par exemple, le maire de Los Angeles a décrété il y a quelques jours le confinement non autoritaire de ses administrés. Puis le gouverneur de la Californie en a fait de même pour ses 40 millions de résidents. Il a été suivi le lendemain par le gouverneur de l’État de New York. Mais à la date du 20 mars, aucun autre État n’a pris cette décision. Quant au président, il continue de diffuser des nouvelles inexactes, de faire des déclarations sans lien avec la réalité et de s’abstenir de toute injonction forte. Dans une certaine mesure, compte tenu de l’impéritie catastrophique des autorités fédérales, il est probablement préférable qu’elles ne soient pas en charge, mais on comprend que ce système génère une hétérogénéité complète des décisions.

    À l’opposé, la France jacobine et centralisée peut mettre en place une réponse plus homogène sur l’ensemble du territoire, et ce que décide le gouvernement peut être appliqué partout. Cela ne garantit évidemment pas que cela le soit de la même façon sur l’ensemble du territoire. Les forces de l’ordre manifestent plus de zèle dans les quartiers populaires que dans les quartiers résidentiels. On peut faire son jogging ou promener son chien dans le centre de Paris où elles sont absentes, mais on se fait contrôler et sanctionner si on est dehors en Seine-Saint-Denis, où elles patrouillent régulièrement.

    Vous affirmez dans une récente tribune pour le site AOC que les États-Unis produisent les conditions de possibilité d’une progression massive de l’épidémie parmi les plus vulnérables. En quoi ?

    Il y a 2,2 millions de personnes dans l’ensemble du #système_carcéral, ce qui inclut les prisons fédérales, les prisons des 50 États et les prisons locales, qu’on appelle des jails. Dans ces dernières, qui regroupent des prévenus en attente de leur jugement qui n’ont pas pu payer leur caution et des condamnés à de courtes peines pour des délits mineurs, les détenus sont regroupés dans des dortoirs de taille variable, pouvant compter jusqu’à une soixantaine de prisonniers, avec des lits superposés séparés par moins d’un mètre. Sachant que plus de 10 millions de personnes entrent dans ces jails chaque année, il est facile d’imaginer combien le coronavirus peut y pénétrer facilement et se disséminer rapidement. Les prisonniers de longue peine sont bien sûr eux aussi exposés à ce risque.

    51dj-ppzsslIl y a également en moyenne, quotidiennement, 50 000 étrangers dans les centres de rétention. Le nombre de celles et ceux qui passent dans ces centres est de 500 000. Les conditions d’enfermement et d’entassement ont été maintes fois dénoncées par les organisations de droits humains. S’ajoutent à ces chiffres les milliers de demandeurs d’asile qui se trouvent dans des camps de fortune de l’autre côté de la frontière sud du pays, au Mexique, interdits d’entrer pour déposer leur dossier, en violation de la Convention de Genève de 1951.
    Quant aux 11 millions de personnes en situation irrégulière dans le pays, on devine aisément que les rafles qui se sont multipliées depuis trois ans ne les inciteront pas à se rendre à l’hôpital pour demander des tests ou des soins si elles sont malades, ce qui facilitera l’extension de l’épidémie.

    Il faudrait aussi considérer les 500 000 personnes sans domicile fixe, plus ou moins abritées dans des refuges où les risques de contamination sont élevés.

    Est-ce si différent en France quand on voit le sort aujourd’hui réservé aux détenus et aux retenus ?

    Évidemment, les ordres de grandeur sont totalement différents. Avec 70 000 personnes détenues, la France a 30 fois moins de prisonniers, qui sont à deux ou trois dans des cellules de neuf mètres carrés prévues pour une personne. Avec 45 000 étrangers passant dans des centres de rétention chaque année, elle enferme 11 fois moins de personnes considérées comme en situation irrégulière, mais dans des conditions souvent médiocres. Les chiffres sont donc différents, mais les risques sont identiques, quoique avec une gravité moindre. Et ces risques portent non seulement sur les détenus et les retenus, mais aussi sur les personnels.

    Une différence importante entre les deux pays est toutefois qu’en France une mobilisation s’est faite pour demander la libération des détenus en surnombre, puisque l’État ne respecte pas la loi concernant l’encellulement individuel, et exiger l’évacuation totale des centres de rétention, puisque l’arrêt des vols empêche les reconduites à la frontière. Des syndicats de magistrats et d’avocats, des organisations non gouvernementales, des chercheurs en sciences sociales, le Contrôleur général des lieux de privation de liberté et d’autres se sont manifestés par des tribunes, des pétitions et des communiqués de presse, que les médias ont relayés. Le résultat est que des mesures, certes encore limitées, ont été prises pour libérer des détenus et des retenus. Rien de tout cela aux États-Unis. C’est comme si ces millions de personnes ne comptaient pas, malgré le danger que les autorités leur font courir.

    À cet égard, le chef de l’État et le gouvernement français devront être tenus comptables de leur passivité dans ce domaine et de ses conséquences. Il est choquant d’entendre le ministre de l’intérieur s’indigner que certains Français sortent de leur domicile, en les traitant d’imbéciles, ce qui est au demeurant un langage indigne de sa fonction, et en les menaçant de poursuites, quand ni lui ni ses collègues ne font le nécessaire pour protéger les populations exposées. Le plus absurde étant de voir les forces de l’ordre verbaliser des sans domicile fixe parce qu’ils sont dans la rue. On ne peut pas en appeler à la responsabilité des Français alors que le chef de l’État et le gouvernement n’assument pas les leurs.

    Même si on a du mal à y penser alors que le pic n’est pas passé, le propre d’une épidémie est d’avoir une fin. Comment cela se passe-t-il après en général ? Y a-t-il retour à la normale, au business as usual ? Peut-on espérer des évolutions sociales allant dans le bon sens ou doit-on craindre de nouveaux raidissements politiques ou des fuites en avant économiques ?

    C’est le vrai défi de l’après-crise, mais la manière dont les États y feront face est vraiment difficile à prévoir. De nombreux pays, dont la France, ont montré des insuffisances dans leur réponse à la situation, même s’il faut reconnaître la difficulté à agir dans un tel contexte d’incertitude. Le manque de tests a fait prendre un retard important dans le contrôle de la progression. La déficience de protection pour les personnes exposées a favorisé les contaminations, y compris dans le personnel soignant. Les mesures de police sanitaire ont été mises en œuvre tardivement et contradictoirement.

    De manière plus structurelle, la réduction des lits dans les hôpitaux qui, tous les ans au moment de la grippe saisonnière, mais aussi à l’occasion de chaque situation critique comme les fortes canicules, met les urgences et les services de médecine en difficulté, s’avère particulièrement dommageable en raison de la gravité du Covid-19 chez certains malades. Quant aux restrictions imposées aux budgets de recherche, et surtout leur déplacement d’une logique de laboratoire vers une logique de projets, privant les chercheurs d’une continuité de leurs travaux, il est difficile de penser qu’ils ne retentissent pas sur la production des chercheurs.
    Le président de la République a juré qu’on ne l’y prendrait plus, qu’il avait compris que certains biens étaient communs, et qu’il donnerait dorénavant des moyens aux hôpitaux et à la recherche. Nous verrons si les leçons du Covid-19 ont été retenues. Ce qui s’est produit après la crise financière de 2008 au plan international ne rend pas très optimiste sur la manière dont les promesses faites au plus fort d’une crise sont tenues une fois qu’elle est passée.

    Mais il est possible que le caractère inattendu de la crise présente et ses conséquences sans précédent du point de vue de la vie en société aient un effet plus profond et plus durable que cela n’a été le cas pour d’autres, et ce bien au-delà de la seule dimension sanitaire. Dans cette hypothèse, ce n’est cependant pas d’en haut, c’est-à-dire du chef de l’État ou du gouvernement, qu’il faut espérer du changement, car on a déjà l’expérience des discours sans lendemain. C’est de la société elle-même, de toutes celles et de tous ceux qui se rendent compte que le monde qu’on leur fait n’est pas celui qu’elles et ils veulent laisser à leurs enfants.

  • « Rester confiné chez soi, sur son canapé, n’a strictement rien à voir avec une période de #guerre »

    Les mots ont un sens. « La #pandémie à laquelle nous sommes confrontés exigent des mesures plutôt opposées à un temps de guerre » explique l’économiste et chroniqueur de Basta ! Maxime Combes dans cette tribune.

    Non, nous ne sommes pas en guerre. Nous sommes en pandémie

    « Nous sommes en guerre ». A six reprises, lors de son allocution, Emmanuel #Macron a utilisé la même expression, en essayant de prendre un #ton_martial. L’anaphore voulait marquer les esprits et provoquer un effet de #sidération. Avec deux objectifs sous-jacents. L’un sanitaire : s’assurer que les mesures de #confinement – mot non prononcé par le président de la République – soient désormais appliquées. L’autre politique : tenter d’instaurer une forme d’#union_nationale derrière le chef de l’Etat. Le tout également pour faire oublier les mesures contradictoires et les hésitations coupables de ces derniers jours.

    Pourtant les mots ont un sens. Et c’est non, mille fois non : nous ne sommes pas en guerre. Nous sommes en pandémie. C’est suffisant, et totalement différent. Aucun État, aucun groupe armé n’a déclaré la guerre à la France, ou à l’Union européenne. Pas plus que la France n’a déclaré la guerre (article 35 de la Constitution) à un autre État. Le #Covid-19 ne se propage pas en raison du feu de ses blindés, de la puissance de son aviation ou de l’habilité de ses généraux, mais en raison des mesures inappropriées, insuffisantes ou trop tardives prises par les pouvoirs publics.

    La pandémie à laquelle nous sommes confrontés exigent des #mesures plutôt opposées à un temps de guerre

    Non, le virus Covid-19 n’est pas un « #ennemi, invisible, insaisissable, et qui progresse » comme l’a affirmé Emmanuel Macron ce lundi 16 mars. C’est un #virus. Un virus qui se propage au sein d’une population non immunisée, porté par nombre d’entre nous et disséminé en fonction de l’intensité de nos relations sociales. Il est très contagieux, se propage vite et peut avoir des conséquences terribles si rien n’est fait. Mais c’est un virus. Pas une armée. On ne déclare pas la guerre à un virus : on apprend à le connaître, on tente de maîtriser sa vitesse de propagation, on établit sa sérologie, on essaie de trouver un ou des anti-viraux, voire un vaccin. Et, dans l’intervalle, on protège et on soigne celles et ceux qui vont être malades. En un mot, on apprend à vivre avec un virus.

    Oui, les mots ont un sens. Nous ne sommes pas en guerre car la pandémie à laquelle nous sommes confrontés exige des mesures plutôt opposées à celles prises en temps de guerre : ralentir l’activité économique plutôt que l’accélérer, mettre au #repos_forcé une part significative des travailleuses et travailleurs plutôt que les mobiliser pour alimenter un effort de guerre, réduire considérablement les #interactions_sociales plutôt qu’envoyer toutes les forces vives sur la ligne de front. Quitte à provoquer, disons-le ainsi : rester confiné chez soi, sur son canapé ou dans sa cuisine, n’a strictement rien à voir avec une période de guerre où il faut se protéger des bombes ou des snipers et tenter de survivre.

    Il n’est pas question de sacrifier le personnel médical, au contraire, il faut savoir les protéger

    Cette référence à la « guerre » convoque par ailleurs un #imaginaire_viril peuplé d’#héroïsme_masculin – bien que largement démenti par les faits – et du sacrifice qui n’a pas lieu d’être. Face au coronavirus – et à n’importe quelle pandémie – ce sont les #femmes qui sont en première ligne : 88 % des infirmières, 90 % des caissières, 82 % des enseignantes de primaire, 90 % du personnel dans les EHPAD sont des femmes. Sans même parler du personnel de crèche et de garderie mobilisés pour garder les enfants de toutes ces femmes mobilisées en première ligne. Le #personnel_médical le dit clairement : nous avons besoin de soutien, de #matériel_médical et d’être reconnus comme des #professionnels, pas comme des #héros. Il n’est pas question de les sacrifier. Au contraire, il faut savoir les protéger, en prendre soin pour que leurs compétences et leurs capacités puissent être mobilisés sur le long terme.

    Non, définitivement, nous ne sommes pas en guerre. Nous sommes face à une pandémie. Et c’est déjà bien assez. Nous ne sommes pas des soldats, mais des citoyennes et citoyens. Nous ne voulons pas être gouvernés comme en temps de guerre. Mais comme en temps de pandémie. Nous n’avons pas d’ennemi. Ni à l’extérieur, ni à l’intérieur des frontières. Confrontés pendant des semaines à l’incurie d’un gouvernement incapable de prononcer un discours clair et des #mesures cohérentes entre elles, nous sommes juste des citoyennes et citoyens progressivement en train de comprendre que la meilleure chose à faire est de rester confinés. A devoir apprendre à vivre au ralenti. Ensemble mais sans se rencontrer. A rebours de toutes les exigences de #compétitivité et de #concurrence qui nous ont été assénées depuis des dizaines d’années.

    Instituer la #solidarité et le soin comme principes cardinaux, pas les valeurs martiales et belliqueuses

    Lutter contre la pandémie du coronavirus n’est pas une guerre car il n’est pas question de sacrifier les plus vulnérables au nom de la raison d’État. Comme celles qui sont en première ligne, il nous faut au contraire les protéger, prendre soin d’eux et d’elles, y compris en se retirant physiquement pour ne pas les contaminer. SDF, migrant.e.s, les plus pauvres et plus précaires sont des nôtres : nous leur devons pleine et entière assistance pour les mettre à l’abri, autant que faire se peut : la #réquisition de logements vides n’est plus une option. Lutter contre le coronavirus c’est instituer la solidarité et le #soin comme les principes cardinaux de nos vies. La solidarité et le soin. Pas les valeurs martiales et belliqueuses.

    Ce principe de solidarité ne devrait d’ailleurs pas avoir de frontière, car le virus n’en a pas : il circule en France parce que nous circulons (trop) dans le pays. Aux mesures nationales, voire nationalistes, brandies ici et là, nous devrions collectivement étendre ce principe de solidarité à l’international et nous assurer que tous les pays, toutes les populations puissent faire face à cette pandémie. Oui, la mobilisation doit être générale : parce qu’une #crise_sanitaire mondiale l’exige, cette #mobilisation doit être généralisée à la planète entière. Pour que pandémie ne rime pas avec inégalités et carnages chez les pauvres. Ou simplement chez les voisins.

    Point besoin d’#économie_de_guerre, juste d’arrêter de naviguer à vue

    Alors, oui, sans doute faut-il prendre des mesures d’exception pour réorganiser notre système économique autour de quelques fonctions vitales, à commencer par se se nourrir et produire le matériel médical nécessaire. Deux mois après les premières contaminations, il est d’ailleurs incroyable qu’il y ait encore des pénuries de #masques pour protéger celles qui sont en première ligne : réorienter, par la réquisition si nécessaire, des moyens de production en ce sens aurait déjà dû être fait. Histoire de ne pas avoir à refuser d’exporter des masques comme l’UE le fait désormais, y compris avec la Serbie qui a pourtant entamé son processus d’adhésion : où est donc la solidarité européenne ?

    Point besoin d’économie de guerre pour cela. Juste besoin d’arrêter de naviguer à vue et d’enfin prendre les mesures cohérentes entre elles, fondées sur ce principe de solidarité, qui permettront que chaque population, riche ou pauvre, puisse faire face à la pandémie. La participation consciente et volontaire de l’ensemble de la population aux mesures de confinement nécessaires n’en sera que facilitée. Et la dynamique de l’épidémie d’autant plus facilement brisée. Le monde de demain se joue dans les mesures d’exception d’aujourd’hui.

    Maxime Combes, économiste et membre d’Attac.

    https://www.bastamag.net/pandemie-covid19-coronavirus-Macron-guerre-virus-confinement
    #épidémie #vocabulaire #terminologie #mots #coronavirus

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    • Non Monsieur le Président de la République, nous ne sommes pas en guerre

      La déclaration du Chef de l’Etat qui amène un confinement général de la population et n’autorise les déplacements que par dérogation marque un véritable tournant dans la lutte contre l’épidémie généralisée en France. La guerre est déclarée ? Non Monsieur le Président, la Résistance collective est à l’ordre du jour pour sortir de cette épreuve.

      La déclaration du Chef de l’Etat ce 16 mars qui amène un confinement général de la population et n’autorise les déplacements que par dérogation marque un véritable tournant dans la lutte contre l’épidémie généralisée en France. Jusque-là des recommandations, des consignes, des prescriptions amenaient chacun à prendre sa part à la sûreté de contacts raréfiés. Point de contrôle, point de sanctions mais appel à prendre conscience des mesures d’hygiène à respecter puis du confinement.

      La crise sanitaire s’aggrave comme attendue. Les contaminations réalisées avant l’effectivité des mesures successives ne produisent leurs effets en terme de symptômes, qu’après le délai d’incubation de 5 à 14 jours comme nous pouvons le lire ici et là. Il y a donc mécaniquement une aggravation inévitable avant les possibles effets de ralentissement si ces mesures sont efficaces et suffisantes. Insuffisantes, à l’évidence les mesures prises jusqu’ici l’étaient, raison essentielle d’un strict confinement depuis ce 17 mars à midi.

      Crainte des autorités et politique de santé

      La crainte des autorités que partagent tous les observateurs attentifs - et ils sont nombreux - est la saturation des possibilités d’hospitalisation en réanimation pour les symptômes les plus graves qui menacent la vie même du patient avec une vulnérabilité particulière des personnes âgées ou des personnes souffrant de co-morbidités (affections chroniques ou déficiences organiques etc) sans exclure pour autant ces développements graves de la maladie respiratoire chez des sujets plus jeunes ou à l’occasion d’une « deuxième vague ».

      Cette crainte est d’autant plus vive que nos responsables gouvernementaux, le Chef de l’Etat lui-même, savent bien que les politiques de santé menées depuis des décennies, poursuivies et aggravées depuis la dernière présidentielle à coups d’économies budgétaires inconséquentes ont largement diminuées la capacité à faire face aux circonstances exceptionnelles que nous connaissons aujourd’hui. Les gouvernements successifs, et plus encore celui-ci, quand les économies en grattant toujours plus ont atteint l’os, sont restés sourds aux demandes, revendications, exhortations des professionnels de santé, de leurs organisations syndicales y compris même au début de cette épidémie. Quelle imprévoyance ! La préparation aux moyens de la protection elle-même est manifestement déficiente : les volumes des gels hydroalcooliques, masques, équipements divers sont largement insuffisants ou limites même pour les professionnels de santé, hôpitaux et médecine de ville, sont même menacés de pénurie dans des délais relativement brefs (déclaration Olivier Véran, ministre de la santé).

      Il faut l’abnégation de ceux et celles à qui on a refusé les moyens de soigner, pour faire face, héroïquement chaque jour, à cette montée des périls. La fermeture d’hôpitaux, de services et de lits, la fermeture de postes de soignants pèsent aujourd’hui dans cette lutte de résistance, jour après jour, pied à pied. Les encenser aujourd’hui ne disculpe pas de sa responsabilité, de ses choix politiques.

      Il faudra en rendre compte au peuple français après l’épreuve en changeant radicalement de politique de santé en associant les organisations syndicales et les forces vives du pays : la santé est un bien collectif pas seulement l’affaire du ministère et du gouvernement ! Il faut espérer que cet épisode douloureux amènera un changement complet de politique de santé pour faire face à d’autres épidémies qui ne manqueront pas d’arriver. Elles ne manquerons pas d’arriver dans un monde dominé par la recherche du profit à tout prix pesant en premier lieu sur la santé des populations qui ne pèse pas lourd face aux profits des firmes pharmaceutiques, phyto-sanitaires, tabagiques, agro-alimentaires et de toutes celles qui commercialisent ou utilisent des produits toxiques en semant le doute sur cette toxicité quand bien même ils ont les preuves – qu’ils cachent – d’effets graves sur la santé. Le profit d’abord et quand ce sont des milliards à la clef, on peut tout se permettre et tout maquiller.

      Malheureusement, pour le moment et dans les semaines qui viennent, nous voyons et verrons les résultats de cet abaissement des digues : l’affaiblissement des effectifs soignants et les nombreuses fermetures notamment des hôpitaux de proximité ont abaissé dramatiquement le seuil de saturation des services de réanimation qui prennent en charge les malades du CoVid-19. Nous, c’est-à-dire les citoyen.ne.s de ce pays, en feront les frais. Les petits hôpitaux aujourd’hui avec leurs soignants seraient une réserve de lits pour endiguer ce flot croissant comme autrefois les terrains ouverts sur le Rhône absorbaient les inondations périodiques.

      Nous ne sommes pas en guerre mais en Résistance

      Aujourd’hui si les soignants sont en première ligne y compris avec un risque pour leur propre santé, tous les professionnels de la logistique alimentaire, pharmaceutique, administrative sont à leur côté et assurent le service du public, au service de la Nation.

      La guerre est déclarée ? Non Monsieur le Président, nous ne sommes pas en guerre. Vous devez organiser la Résistance avec nous. Avec la guerre, le chef s’adjuge tous les pouvoirs pour vaincre, ne cherche aucunement à convaincre mais à imposer, à contraindre pour mener la bataille comme il l’entend et dans ce cas, les contestataires et les critiques sont traître et traîtrise à faire taire, vite et bien.

      La stigmatisation de groupes au contact vus à la télé sur les bords de Seine, dans des parcs amène un discours sur l’irresponsabilité de certain.e.s qui n’ont pas pris la mesure du danger pour eux et pour les autres, prétexte à introduire le contrôle et la sanction. C’est un peu facile ! Facile d’oublier son propre manque de responsabilité dans la politique de riches menée depuis son accession à la Présidence notamment la politique de santé qui a abaissé le niveau de protection, de l’assurance-chômage qui abaisse les droits et indemnisations des chômeurs, des chercheurs précarisés qui doivent plus chercher des financements que faire de la recherche. Etait-il bien responsable de matraquer et blesser ces Gilets Jaunes durant plus d’un an sans les entendre, de les poursuivre aujourd’hui pénalement pour se venger d’avoir eu peur et de s’être laissé déborder sur les Champs-Elysées ? Sans parler de bien des affaires qui ont amené certain.e.s à démissionner.

      Reconnaissons-le, la responsabilité n’est chose aisée pour personne surtout dans une société où l’enjeu est de passer la patate chaude de la responsabilité à un.e autre. La première intervention du chef de l’état du 12 mars a certainement manqué de punch pour responsabiliser. Les réactions dimanche sous le soleil sont aussi à inscrire, sans les excuser, à un déni d’ordre psychique d’entrée dans cette période de restriction, en gros, encore un dernier bol d’air avant le confinement. Après, il est possible de rappeler en direct le danger et le devoir. Pourquoi, in fine, et à peu près systématiquement - en acte contrairement aux paroles – devrait-on prendre la population pour non-responsable collectivement ? Individuellement, nous le sommes tour à tour pour, pour sujet plus ou moins important mais collectivement nous pouvons être sérieusement responsables (un peu comme la patience dans mille impatiences) surtout face à ce danger réel, palpable, identifié.

      Le confinement par la force ou la responsabilité ?

      Mais l’ennemi est là, l’invasion a eu lieu : le virus est partout. Oui, le cap doit être clair pour résoudre cette crise d’exception mais faire appel à 100.000 policiers et gendarmes c’est s’engager dans une voie où la coercition, la sanction dispensent de convaincre tout en faisant « comme si », double discours qui rappelle celui pour le premier tour des municipales. Dans ces conditions, la menace de sanction devient, de fait, la seule voie audible, choisie pour parvenir à maintenir le confinement, moyen pour stopper cette épidémie. Ce moyen n’est pas en cause. La contamination a lieu par contact : nécessité du confinement et des mesures-barrières.

      La question est la voie choisie pour parvenir à un confinement : le contrôle par les forces de Police et de Gendarmerie et la sanction financière (on imagine mal engorger les prisons déjà pleine – problème en soi - et propager le virus !). Cette voie prend le risque d’une escalade dans le contrôle de la population par des forces de l’ordre (largement utilisées depuis deux ans, sorte de réflexe) voire de déboucher sur des scènes de chaos plus ou moins localisées ou momentanées.

      Nous comprenons bien que légiférer par ordonnance n’est pas anodin et amorce une éventuelle escalade avec état de siège, intervention de l’Armée au maintien de l’ordre, pourquoi pas in fine l’article 16. Piège de l’escalade qui prend toujours le comportement marginal pour prétexte, piège aux conséquences lourdes et en quelque sorte mécaniques pour la démocratie.

      Sans protection ou avec des protections insuffisantes, les forces de l’ordre pourraient être affectées par l’épidémie. Elles pourraient l’être et affecter un volume plus ou moins important de policiers et gendarmes que leurs armes ne protègent pas comme dans une guerre, rendant impossible de remplir leur mission.

      La Résistance, au contraire, engage le peuple à entrer en Résistance conscient des enjeux pour la santé de tous. Vous n’avez pas vu que partout, à côté de contacts de moins en moins fréquents - aujourd’hui plus un seul – spontanément, les gens dans la rue, devant les magasins, tiennent leurs distances, ne s’affolent pas et s’ils parlent, c’est à distance et pas en face à face. La Résistance c’est avant tout engager chacun à devenir responsable pour devenir collectivement responsable. Et devenir collectivement responsable, c’est non seulement éviter les contacts qui transmettent le virus, mais encore organiser des réseaux de solidarités de proximité pour l’alimentation, la pharmacie etc... en respectant les consignes d’hygiène et de contacts. Tout le monde ne peut pas se déplacer. C’est bien au-delà de la peur du gendarme.

      A défaut, en durcissant encore le confinement, il faudrait organiser un réseau national de distribution à domicile ! Les forces de l’ordre pourraient-elles s’y employer ? Là encore, ce serait faire sans la population quand il s’agit de résister avec la population.

      Organiser la Résistance et mobiliser par des actes

      Il n’y a pas possibilité de résistance si la population n’est pas incitée à s’associer à cette résistance, chacun à sa mesure. La Résistance c’est le peuple et ses dirigeants, quand ceux-ci savent impulser et non seulement commander, contrôler, sanctionner. Les forces de l’ordre plutôt que sanctionner ce qui peut amener à la clandestinité des déplacements devenus illicites, pourraient se transformer en agent de persuasion en rappelant les consignes, en écoutant les nécessités explicitées sans chercher à sanctionner bref... discernement. La campagne c’est pas la ville et chacun ne va pas faire du jogging autour de sa maison ou de son pâté d’immeubles. En Auvergne, balader sur un des Puys en solitaire ou en couple de retraités est sans risque plutôt que rester aux abords de la maison et rencontrer des connaissances ! Les services de santé seront d’autant moins débordés (ou moins vite !) que chacun se sentira, se sent responsable des soignants, en actes et pas seulement en paroles.

      Sans association et conscience de la population, il n’y a en effet que la guerre et son cortège d’oeufs cassés toujours justifiés en toute bonne foi.

      Pour associer le peuple, la suspension des réformes en cours est enfin une mesure de sagesse et d’apaisement. De toutes façons, le calendrier de la réforme des retraites ne peut plus être tenu. Avant l’été c’est râpé ! Le report de la mise en place de la réforme de l’assurance-chômage est aussi la démonstration en creux de revenus dramatiquement insupportables pour quantités de chômeurs, à repousser hors cette période exceptionnelle. Seraient-ils véritablement plus supportables après un retour à la normale ? Revoir la copie.

      Il faut aller plus loin. Pour une adhésion et une responsabilité de la population, Il faut permettre un minimum de confiance quand celle-ci a été dilapidée par une attitude intransigeante toujours dans le sens des riches en pompant l’argent des autres. Il faut annoncer quelles réformes deviennent prioritaires, quel cap social et sociétal elles prendront, avec qui et comment elles seront travaillées (pas seulement une concertation sur un texte à trous béants comme celui des retraites).

      L’indemnisation du chômage partiel prise actuellement pour garder les moyens de subsistance n’illustre-t-elle pas la nécessité de la mise en place d’un revenu universel ? Ce pourrait être un dispositif qui l’initie à élargir et pérenniser.

      Une mesure forte immédiate qui ne coûte pas un euro mais vaudra crédit : arrêter toutes les poursuites pour fait social, grèves et manifestations. La paix sociale ne s’achète pas, elle s’obtient avec des actes.

      La guerre alors n’aura pas lieu

      Vaincre l’épidémie c’est engager la population dans la Résistance et non la délégation aux chefs de mener une guerre qui n’existe pas, même si l’économie s’en rapproche, si l’organisation du fonctionnement en société s’en rapproche. C’est apporter un tournant social à ce quinquennat de riches, non pas le passer au Ripolin vaguement rose mais s’engager à des réformes nécessaires et identifiées dès maintenant avec les moyens d’une co-construction postérieure chacun à sa place. Alors les forces vives de la nation seront mobilisées pour vaincre par la responsabilité et la solidarité. La guerre alors n’aura pas lieu !

      https://blogs.mediapart.fr/georges-andre/blog/170320/non-monsieur-le-president-de-la-republique-nous-ne-sommes-pas-en-gue

    • #Rony_Brauman répond à Macron : « La #métaphore de la guerre sert à disqualifier tout débat »

      Rony Brauman, ancien président de Médecins sans frontières, approuve les mesures de confinement, mais dénonce la #rhétorique_martiale du chef de l’Etat : « Qualifier les soignants de "#héros", c’est gommer les raisons de la crise sanitaire. »

      Médecin, diplômé de médecine tropicale et épidémiologie, Rony Brauman a été président de Médecins sans frontières (MSF) de 1982 à 1994. Il est aujourd’hui directeur d’études à la fondation de l’ONG. Son dernier livre, « Guerres humanitaire ? Mensonges et intox », conversation avec Régis Meyran, est paru aux éditions Textuel en 2018.
      Interview.

      Comment analysez-vous l’épidémie du #Covid-19 et sa gestion par les autorités françaises ?
      Cette épidémie n’avait pas été prévue, mais elle avait été prédite. De nombreux épidémiologistes avaient anticipé l’apparition d’un nouveau virus se répandant à la faveur de l’accroissement démographique, de l’accélération des voyages internationaux, de l’urbanisation, du changement climatique. Cette crainte, déjà ancienne, s’était renforcée avec les épidémies de sida, le Sras, le Mers, le Zika, le chikungunya, Ebola. Nous savions que le rêve d’un monde débarrassé d’un risque infectieux était une #illusion et les gouvernements successifs ne pouvaient méconnaître ces analyses. Cela ne les a pas empêchés, depuis des années, de réduire les capacités des hôpitaux, avec les effets que l’on voit aujourd’hui. Plus de 4 000 lits ont été supprimés ces trois dernières années, mais c’est depuis trente ans que gagne une #logique_comptable, entrepreneuriale (notamment la loi Hôpital, Patient, Santé, Territoire de 2009, qui concrétise la notion d’« #hopital-entreprise », introduite par #Claude_Evin dès 1989). Pourtant, aujourd’hui, Emmanuel Macron ne tarit pas d’éloge sur le personnel hospitalier... Ses propos qualifiant les soignants de « héros » me semblent particulièrement mal venus. Cette qualification a quelque chose de pervers, parce qu’elle gomme les raisons de la #crise_sanitaire. Outre qu’elle oubliait les autres professions qui continuent à travailler pour que notre vie soit encore vivable (éboueurs, policiers, livreurs, caissières, producteurs, distributeurs de produits essentiels), elle met les soignants dans une position délicate. Un héros, ça ne demande pas des journées de récupération pour s’occuper de ses enfants, de prime de risque, un salaire décent. On sait bien qu’une partie du vidage des hôpitaux vient de ce qu’on paye les gens de façon indécente. Brandir la figure du héros, c’est sous-entendre par contraste la médiocrité de revendiquer des #conditions_de_travail correctes.

      Pourtant, quand les gens applaudissent à leurs fenêtres à #20_heures, n’est-ce pas aussi une façon de saluer dans les soignants des figures héroïques ?
      Si, bien sûr, et je m’y associe. Ces applaudissements constituent un rite de reconnaissance collective vis-à-vis d’une catégorie qui s’expose de façon constante, quotidienne. Mais ils ne doivent pas être séparés d’une interrogation politique sur les #restrictions_budgétaires imposées depuis des années à ceux qui sont considérés aujourd’hui comme les sauveurs de la nation.
      J’ajoute que, dans les propos d’Emmanuel Macron, cette #héroïsation n’est que le complètement logique du discours de la guerre, la métaphore du combat engagé contre l’#ennemi_invisible. Cette notion ne me semble pas la bonne. Nous sommes face à une #catastrophe. Au moment où nous parlons, des structures de soins sont débordées et l’on voit réapparaître les méthodes de la #médecine_de_catastrophe, mises au point, il est vrai, par la #médecine_militaire mais élargies aux situations de crises majeures, notamment de catastrophes naturelles : les techniques de #triage séparant les gens qu’on va pouvoir aider à sortir et ceux pour lequel le pronostic est trop mauvais, relèvent typiquement de la médecine de catastrophe. De façon plus générale, cette métaphore est trompeuse, en ce qu’elle laisse entendre que la #santé passe par la défaite de la maladie. Mais la maladie fait partie de la vie et l’on devrait parler de #droit_à_la_maladie, plutôt que de #droit_à_la santé. Je pense au philosophe #Georges_Canguilhem observant que pour la plupart des gens, la santé, ce n’est pas l’#absence_de_maladie mais la possibilité de tomber malade et de s’en relever.

      Mais n’est-il pas vrai que nous combattons un ennemi : le #virus ?
      Un point, encore : depuis #Pasteur, le germe infectieux place les sociétés dans une situation complexe. Dès lors que nous sommes tous potentiellement vecteurs de #contagion, chaque individu devient une #menace pour la collectivité, chaque voisin est un risque potentiel. Et inversement, l’individu se sent menacé par le groupe, qui peut cacher des malades, et il va donc chercher à s’en isoler. Le #confinement nous demande d’être à la fois solidaires et individualistes. C’est le #paradoxe de l’#épidémie, que dissimule la métaphore de la guerre. Dire qu’on mène une guerre contre un virus, c’est prendre le risque d’alimenter la #guerre_de_tous_contre_tous, chacun étant potentiellement le vecteur de l’ennemi invisible.
      Quand j’entends le président conclure son discours de Mulhouse, le 25 mars, par un martial « Nous ne céderons rien ! », je suis abasourdi. Céder quoi, à qui ? Craignez-vous la restriction des libertés liée au confinement ? J’approuve le confinement et des mesures actuellement en vigueur, à défaut d’autres moyens de protection pour l’instant. Ces mesures sont le résultat, forcément instable, de la recherche d’un équilibre entre trois exigences : la #sécurité_sanitaire, la #liberté des individus et la continuité de la machine économique. La liberté peut être restreinte, mais il est impossible de confiner tout le monde, car une partie l’#activité_économique doit se poursuivre, sous peine d’une morte lente générale. Je rappelle qu’une épidémie peut faire plus de #victimes_indirectes que directes, comme cela a été probablement le cas d’#Ebola : je pense aux malades qui n’ont pas pu se soigner, qui ont été conduits à une issue fatale à cause de la paralysie des régions frappées par la maladie.
      Pour ma part, je comprends le retard de confinement mis en oeuvre en France : l’exigence de #santé_publique était en balance avec l’exigence de liberté et l’exigence de #continuité_économique. Prenons garde à ne pas porter sur les mesures du gouvernement Philippe un regard anachroniquement sévère ! Reste que je m’inquiète de l’empilement des #mesures_autoritaires. N’oublions pas que des dispositions de l’#état_d'urgence antiterroriste ont été intégrées à la #loi_ordinaire et appliquées contre des militants écolos et syndicalistes. On doit craindre une reproduction de ce précédent.

      Portez-vous le même regard compréhensif sur la stratégie de la France en matière de #masques et de #tests ?
      Non ! Ce sont clairement deux loupés de la politique et de la communication gouvernementales. Autant j’apprécie les points quotidiens de #Jérôme_Salomon, le directeur général de la Santé, et son ministre #Olivier_Véran, qui sont très pédagogiques, didactiques, non arrogants, autant la question des masques et des tests a été traitée de façon extrêmement grossière, là encore infantilisante comme l’est la métaphore de la guerre. Ils auraient pu reconnaître qu’il y avait un retard à rattraper - retard imputable aux gouvernements successifs et non au seul gouvernement Philippe - et qu’il fallait plus de masques et plus de tests. Ils pouvaient expliquer que le #rationnement ne durerait pas, qu’ils y travaillaient, bref traiter leurs concitoyens en adultes. Au lieu de cela, ils ont choisi de tenir un discours de #déni. « Pourquoi ne pas faire plus de tests ? - Parce que c’est inutile ! » « Pourquoi ne pas distribuer pas plus de masques ? - Parce que c’est inutile ! » Et ce n’est pas vrai... Oui, c’est mensonger et ce point-là n’a rien à voir avec les choix difficiles, évolutifs, du confinement et de ses limites. Les masques sont indispensables pour les personnels soignants et pour les professions exposées au public. Quant au test, on nous explique qu’il n’est utile que pour les cas graves. Ce n’est pas vrai ! Dans les cas graves, il ne fait que confirmer le #diagnostic_clinique, alors que dans les cas moins graves ou bénins, il permet de connaître le #statut_sérologique des individus. On peut alors choisir pour chacun la solution adaptée : confinement à la maison, isolement dans des structures médicalisées (pour ne pas engorger l’hôpital) et hôpital (si nécessaire). Je suis consterné que les porte-parole du gouvernement se soient cramponnés à cette #pseudoscience. Un tel manquement est très contre-productif car il vient affaiblir la #confiance que l’opinion peut avoir dans d’autres mesures gouvernementales, qui, elles, sont tout à fait argumentables, tel que le confinement.

      Derrière ce loupé, y a-t-il des dissensions internes au champ médical ? Certains scientifiques ont-ils sous-estimé l’épidémie ?
      La #médecine n’est pas une science, c’est une #pratique_scientifiquement_informée. On le voit à l’échelle d’un organisme individuel : le corps n’est pas une matière inerte qui répondrait toujours de la même façon aux mêmes actions. Pour les questions de #santé_publique, c’est encore plus net, car la médecine est alors confrontée à toutes sortes d’événements inattendus et d’une variabilité extrême. La science aide à prendre les décisions, mais elle ne sait pas tout et, dans l’incertitude, ce sont les politiques qui doivent trancher.

      Sur cette épidémie, il n’y a pas de #consensus_médical ?
      Non, pour les raisons que je viens de dire. De plus, la familiarité des médecins avec les réalités épidémiologiques est très limitée. Le métier des médecins est de soigner les pathologies, mais pas forcément de connaître leur diffusion. Cela relève d’un autre type de savoir : l’épidémiologie. Il y a les épidémiologistes médecins, bien sûr, mais aussi des épidémiologistes non-médecins, notamment les statisticiens, les modélisateurs, qui n’ont pas la même approche que les médecins. Il peut y avoir des désaccords et c’est alors au politique de trancher, et de s’en expliquer. Néanmoins, sur la question de l’intérêt des masques et des tests pour gérer l’épidémie au mieux, il y a un consensus quasi-total.

      Mais alors, pourquoi les principaux responsables de la santé en France ont-ils dit le contraire ? Après tout, Jérôme Salomon et Olivier Véran, ainsi que sa prédécesseure #Agnès_Buzyn, sont tous des médecins...
      C’est un mystère. Mon hypothèse, toute personnelle, est qu’il s’agit d’un effet de la propension des responsables politiques à la rigidité comme preuve de leur détermination. En toutes circonstances, ils veulent afficher leur assurance et voient dans toute remise en question un affaiblissement de leur #autorité. Le fantasme de #toute-puissance est à l’oeuvre ! C’est ce que nous disait encore Macron, qualifiant de « polémiques », forcément stériles, et de tentatives de « fracture » de la société, forcément dangereuses, les critiques qui lui sont adressées. Il faut « #faire_bloc », c’est-à-dire marcher au pas, fleur au fusil. Où l’on voit que la métaphore de la guerre sert à disqualifier toute mise en #débat.

      Vous-même, avez-vous changé d’avis sur l’épidémie ?
      J’ai hésité en janvier, mais j’ai été assez rapidement convaincu que le #risque_pandémique était bien réel, tout en considérant la réaction des pouvoirs publics en France était correcte, et que par exemple on n’avait pas de raison de coller immédiatement à ce que faisait l’Italie. Il y a eu des discussions, y compris au sein de Médecins sans frontière, où certains étaient très sceptiques. Dès le début février, il a été clair que la cinétique de l’épidémie était inquiétante, en découvrant que des patients asymptomatiques pouvaient être transmetteurs du virus. Dans une épidémie, ce n’est pas le chiffre de mortalité à un instant T qui importe. On peut toujours comparer ces chiffres à bien d’autres, comme l’ont fait trop longtemps les « corona-sceptiques ». C’est le #temps_de_doublement des cas qu’il faut regarder attentivement : 2,5 jours pour le Covid-19. Là, on comprend assez rapidement que la progression est effrayante, surtout si on le rapporte aux mesures de confinement, qui mettent quinze jours à commencer à produire de l’effet : en quinze jours, on a six fois le doublement des cas, ce qui signifie qu’un porteur contamine 64 personnes en quinze jours, 244 en un mois.

      Que pensez-vous de la polémique sur la #chloroquine ? N’est-ce pas affligeant, dans une telle période ?
      La forme a été parfois affligeante, mais pas la controverse elle-même. Ce qui donne le caractère polémique à cette discussion, c’est le sentiment de vivre une #tragédie_collective dans laquelle tout #désaccord prend une dimension énorme. Mais, en temps normal, c’est le lot commun du travail médical. Pour des #pathologies_émergentes et même pour des pathologies déjà connues, il faut des années d’essais cliniques et de traitement pour obtenir un #consensus. Regardez les médicaments contre le cholestérol, qui font l’objet d’une controverse très vive depuis plusieurs années. Ce n’est pas parce qu’on est en période d’état d’urgence sanitaire qu’il faudrait fermer la porte aux discussions contradictoires, aux critiques. Surtout pas. Nous avons besoin de cette pluralité d’avis. Cela étant dit, la façon dont #Didier_Raoult a présenté la chloroquine comme un médicament miracle appartient plus à un prophète qu’à un spécialiste de santé.

      Il n’y aura pas de médicament miracle pour le Covid-19 ?
      Non, pas plus qu’il n’y en a eu pour les autres infections. Cela me rappelle l’annonce faite en 1985 par le professeur #Andrieux, accompagné de la ministre de la Santé d’alors, #Georgina_Dufoix, donnant la #cyclosporine comme le médicament qui allait tout changer à partir d’un essai sur quelques cas. Pour ce qui est de la chloroquine, ses effets antiviraux et antibactériens sont bien connus, mais l’essai de Marseille n’a rien de concluant, contrairement à ce qu’en disent certains, y compris des politiques qui se croient autorisés à avoir un avis sur cette question totalement technique. C’est une ressource possible, il faut la tester. Le bon côté de cette controverse, c’est que la chloroquine va être jointe aux nombreux essais cliniques en cours. Mais il ne faut pas créer de #faux_espoirs. Didier Raoult a un passé de chercheur sérieux, mais son personnage de génie autoproclamé n’incite pas à la confiance. Quant à la validité de son essai, elle a été très précisément analysée.

      Parmi les multiples réflexions suscitées par l’épidémie, il y a cette idée que la nature malmenée par la #mondialisation serait en train de se venger avec ces différents virus venus du monde animal. Qu’en pensez-vous ?
      Le point commun du Covid, du Sras, du Mers et d’Ebola est que ces maladies sont le fruit d’un passage de la #barrière_virale_d'espèces entre les #animaux et les hommes. L’extension des certaines mégapoles entraîne une interpénétration entre #ville et #forêts : c’est le cas d’Ebola, qui trouve son origine dans la présence des #chauves-souris en ville et qui mangeaient par des humains. Mais ce paramètre, s’il faut avoir à l’esprit, est à manier avec une certaine retenue. Car il s’agit d’une constance dans l’histoire des épidémies : la plupart, à commencer par la #peste, sont liées à ce franchissement. L’homme vit dans la compagnie des animaux depuis le néolithique, notre existence est rendue possible par cette coexistence. Mais la peste avait été importée par la puce du rat qui était disséminé sur les bateaux et les caravanes ; pour le corona, ce sont les #avions qui ont fait ce travail. La spécificité du Covid-19, c’est sa vitesse de #diffusion. Le professeur Sansonnetti, infectiologue et professeur au Collège de France, parle d’une « maladie de l’#anthropocène » : en superposant la carte de l’extension du virus et celle des déplacements aériens, il montre que les deux se recouvrent parfaitement.

      L’enjeu est donc moins la façon dont la #mondialisation malmène la nature, mais dont elle ouvre des avenues à des germes. Faut-il refermer ces avenues ?
      Le propre du vivant, c’est de chercher à répandre ses gènes et le virus obéit à une logique de vie, qui s’inscrit dans une dialectique entre #contagiosité et #mortalité. Il lui faut trouver des #vecteurs - des organismes vivants - qui lui permettent de se répandre. Mais s’il tue trop vite ces vecteurs ou s’il ne trouve pas de nouveaux organismes à contaminer, il arrive à une impasse et meurt. Ce que vise le confinement, c’est à mettre le virus dans une impasse : chacun doit être le cimetière du virus. C’est ici que l’on voit la limite de la méthode : cet isolement total serait notre cimetière à tous, pas seulement celui du virus.
      A quoi cela sert de "gagner du temps" face au coronavirus ?
      #Mutation. Le mot, lorsqu’il est associé au coronavirus, fait peur. Surtout depuis que des chercheurs chinois ont affirmé que le virus avait déjà muté en une variante plus agressive.

      Alors, faut-il redouter ses prochaines transformations ?
      #Luc_Perino, médecin diplômé d’épidémiologie et auteur du livre "Patients zéro" (La Découverte), explique qu’un virus mute en permanence... et pas nécessairement d’une manière défavorable à l’être humain. "Dans la majorité des épidémies, le virus évolue vers moins de #virulence, et vers plus de #diffusion." C’est-à-dire qu’il tend à se propager plus vite... mais en devenant moins mortel.

      https://www.nouvelobs.com/coronavirus-de-wuhan/20200327.OBS26690/rony-brauman-repond-a-macron-la-metaphore-de-la-guerre-sert-a-disqualifie
      #solidarité #individualisme #autoritarisme #mensonge #mensonges #épidémiologie

    • Parler de l’héroïsme des soignants c’est une excision symbolique du corps médical. Les soignants sont des femmes en grande majorité. Les soignantEs ont pour travail de prendre soin, pas de trucider, étriper et violer comme le font les soldats, ni même se sacrifier.
      Les soldat(e)s ne soignent pas.
      Les soignantEs ne tuent pas.

      A la guerre il y a des héros or la racine latine « vir » de viril, virilité, virilisme et aussi vértu viens du sanskrit HERO. L’héroisme c’est ce qui fait l’homme et donc certainement pas les femmes. Traiter les soignantes de héro ou même héroïnes c’est les affubler de virilité.

      #invisibilisation_des_femmes #virilisme #inversion_patriarcale #excision_symbolique

    • La guerre est toujours un beau #prétexte pour imposer la #répression

      « Et nous voilà en dictature ?

      La guerre est toujours un beau prétexte pour imposer la répression.

      Guerre contre les pauvres, contre les travailleur.e.s précarisé.e.s, contre les personnes entassées dans des squats, contre les enfants des quartiers dits « prioritaires », contre les « migrants » comme ils aiment les appeler…Ah, veuillez m’excuser, je n’avais pas compris que notre aimable président parlait de guerre contre un virus…

      Il est vrai qu’en observant le confinement prendre la pelle (l’appel) pour creuser, creuser et creuser encore le gouffre qui sépare les bien loti.e.s des plus précarisé.e.s, je n’avais pas compris qu’il parlait d’une guerre contre la nature… Pourtant, j’aurais dû m’en douter, car il est bien évident que notre président a toujours voué un grand amour pour notre environnement… Mais non, je pensais bêtement que la guerre avait été déclarée. Que l’on nous avait encore pris pour des dindes, en nous faisant par exemple copier deux fois de suite « l’article 3 du décret du 23 mars 2020 prescrivant les mesures générales nécessaires pour faire face à… » blablabla. Et si tu n’as pas de papier pour écrire, tant pis pour toi ! De toute façon, on est en guerre, gamin.e, alors pourquoi veux-tu te promener dans les rues ? Ah ? La rue est ta maison ? Quelle sombre idée… De toute façon, on est en guerre, alors qui se soucie de savoir si tu vis à la rue, hein ?

      Oui, je n’ai pas réussi à entendre le mot virus quand notre cher président a répété six fois que nous étions en guerre…

      Et il est vrai que quand les jeunes avec qui je travaille m’ont transmis leurs angoisses de « ne pas réussir », avec la peur d’être encore mis de côté, exclus dans leur quartier alors même qu’elles et ils me faisaient part il y a peu de leur désir de « bien s’en sortir » pour montrer à leurs pairs que personne n’est éternellement assigné au quartier, je n’ai pas pensé au virus… Mais à la violence de l’Education Nationale.

      Quand mon amie du Sud de la France m’a quant à elle parlé de son combat éreintant pour récupérer son jeune garçon de 5 ans, confiné chez son père violent et fiché S à Paris, je n’ai pas pensé au virus… Mais à l’horreur du confinement.

      Quand une autre m’a parlé de sa colère en tant qu’infirmière de voir tant de gens ne pas respecter leur investissement/épuisement en continuant à vivre « comme si de rien n’était », je n’ai pas pensé au virus… Mais à la stupidité et l’égoïsme qui animent mes « compatriotes ».

      Et enfin, quand mes collègues m’ont fait part au début du confinement des difficultés à trouver des volontaires pour garder les enfants des soignants, je n’ai pas pensé au virus… Mais à la fameuse « Fraternité » oubliée de la devise française.

      Dites-moi qu’au moins, cela servira de prise de conscience ? Car qui tient donc le pays en ce moment ? Qui le fait (sur)vivre ? Ni moi, ni peut-être vous. Mais celles et ceux que l’on a invisibilisé depuis bien trop longtemps. Et si je dois donc applaudir, j’applaudirais tout autant les agriculteurs/trices, les vendeurs/euses en magasin, les bénévoles (devraient-ils vraiment être bénévoles ?), les professeur.e.s et toutes celles et ceux qui nous permettent de continuer à vivre. En fait, qui nous ont toujours permis de continuer à vivre…

      Alors maintenant, je me demande, que pouvons-nous faire de tout ce temps pour celles et ceux qui en ont plus que d’habitude… N’est-il pas le moment de le « prendre ce temps » pour réfléchir à de nouveaux systèmes ? Puisque dans nos vies à 100 à l’heure, celui-ci manque toujours…

      Qu’a-t-on de fait à proposer ? Comment peut-on imaginer une plateforme pour échanger sur de nouveaux modèles ? Sur la manière de visibiliser ces réalités mais également de contribuer à les changer ? Comment peut-on se servir de ce temps pour ne plus panser les blessures de notre système mais bien penser de nouvelles perspectives ? Si tout le monde est davantage connecté, c’est donc l’occasion de toucher de nouveaux publics, de faire connaitre des réalités, de proposer des formations et de construire quelque chose de nouveau…

      Je sais que certain.e.s s’y attellent depuis bien longtemps. Mais n’est-ce pas alors l’occasion de joindre nos forces pour penser collectivement ? Utiliser le confinement pour se mettre davantage en lien et penser autrement ? Servons-nous de cette colère. Transformons-là. »
      Coline

      https://www.modop.org/se-relier/#3avril

    • « De la #guerre_sanitaire à la guerre économique et sociale »

      A la « guerre sanitaire » aujourd’hui déclarée, risque de succéder une « guerre économique et sociale » impitoyable pour les salariés, les fonctionnaires et les habitants des quartiers populaires. J’ai imaginé ce que pourrait être le discours du président de la République...

      La première victime de la guerre, c’est toujours la vérité

      La deuxième victime de la guerre, ce sont les conquis sociaux

      La troisième victime de la guerre, ce sont les droits et libertés démocratiques

      A la manière d’un certain président de la République.

      « Françaises, Français, mes chers compatriotes. Depuis le déclenchement de la crise sanitaire, je me suis plusieurs fois adressé à vous pour évoquer les épreuves que nous avons traversées, pour annoncer les mesures indispensables afin de juguler l’épidémie d’abord et d’en venir à bout ensuite. Ces circonstances exceptionnelles m’ont conduit à prendre, avec le gouvernement, en accord avec l’Assemblée nationale et le Sénat, des mesures elles aussi exceptionnelles sans lesquelles nous n’aurions pu gagner cette bataille décisive contre le Covid-19. Tout d’abord, je veux, au nom de la nation, saluer toutes celles et tous ceux qui, médecins, infirmiers, personnels hospitaliers, ont été aux avant-postes de ce combat, avec un dévouement et un courage exemplaires, et pour certains, hélas, au péril de leur vie. Ils méritent notre reconnaissance. C’est pourquoi j’ai décidé qu’un hommage national leur sera rendu à une date qui sera précisée. Plus encore, toutes et tous recevront, à titre collectif, la légion d’honneur.

      Ensuite, je veux avoir une pensée pour vous, Françaises et Français, qui avez perdu un parent, un proche, un ami. Je sais votre peine infinie et nous la partageons tous. Dans ces moments que je sais ô combien douloureux, soyez assurés que votre deuil est aussi le nôtre, et jamais nous n’oublierons vos chers disparus. Enfin, je veux également saluer celles et ceux qui, envers et contre tout, ont continué de travailler sans se laisser détourner de leurs tâches indispensables au pays par des revendications aussi démagogiques qu’irresponsables. C’est grâce à eux qu’il n’y a pas eu de pénurie et que les approvisionnements n’ont jamais cessé en dépit des difficultés qu’ils ont eux aussi surmontées avec une ténacité et une résilience remarquables. Françaises, Français, mes chers compatriotes, suite aux décisions que j’ai prises, vous avez, vous aussi, consenti de nombreux sacrifices en respectant un confinement toujours plus strict, en bouleversant vos habitudes, en renonçant à bien des loisirs et à bien des plaisirs : ceux de se réunir en famille, entre amis, de dîner au restaurant, d’aller au cinéma, au théâtre, d’écouter des concerts, de faire du sport, de se promener. Qui, en ville, qui à la campagne pour pêcher ou chasser, qui à la mer ou à la montage. Je sais que les décisions prises ont bouleversé vos vies mais elles étaient indispensables pour sauver le plus grand nombre de nos ainés et de nos concitoyens. Vous l’avez assez vite compris et vous l’avez donc accepté. Toutes et tous, vous avez fait la démonstration remarquable que nous sommes un grand peuple et que la France est une nation à nulle autre pareille qui, dans les épreuves, sait se retrouver pour les affronter dans l’unité, la solidarité et la fraternité.

      Nous venons de gagner une bataille majeure mais nous n’avons pas encore gagné la guerre. La crise sanitaire est certes derrière nous mais nous devons, dès maintenant, mener d’autres combats et relever d’autres défis. Ils sont économiques et sociaux. Ceux d’hier étaient immenses, ceux qui nous attendent ne le sont pas moins. Mes chers compatriotes, je vous le dis avec solennité et gravité, nous sommes toujours en guerre. L’ennemi n’est plus invisible, il n’est plus insidieux mais il n’en est pas moins présent, puissant et menaçant. Cet ennemi, il se nomme récession, régression, faillites en série et reprise possible de la hausse du chômage. Celui que nous venons de terrasser, nous menaçait tous, celui qui se présente maintenant agit de même. Je veux dire par là qu’il peut, lui aussi, bouleverser nos vies en frappant partout et dans toutes les catégories de la population. Nos grandes, moyennes et petites entreprises sont menacées. De même nos admirables artisans qui, partout en France, maintiennent vivantes d’anciennes traditions d’excellence. Je n’oublie pas nos agriculteurs, nos pêcheurs, nos viticulteurs, nos artistes et nos libraires.

      Hier, Françaises, Français, mes chers compatriotes, vous avez consenti de nombreux sacrifices. Je m’adresse à vous tous pour vous en demander de nouveaux car cette situation économique et sociale est elle aussi exceptionnelle. Elle n’est pas sans rappeler celle que nos ainés ont dû affronter au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Ils avaient un pays à reconstruire, nous avons une économie à rebâtir et pour y parvenir au plus vite, il faut être capable de se hisser à la hauteur des tâches multiples et difficiles qui nous attendent. Lorsque je me suis adressé à vous au début de l’épidémie le 16 mars dernier, je vous avais dit qu’après les épreuves traversées, plus rien ne serait comme avant. Ce jour est arrivé et il nous faut maintenant en tirer toutes les conséquences.

      Nous sommes en guerre. Aussi, notre code du travail, conçu dans et pour une autre conjoncture, est-il parfaitement inadapté à celle que nous allons affronter. Il est trop lourd et compliqué. De là d’innombrables lenteurs qui sont autant d’obstacles à la reprise que nous appelons tous de nos vœux. C’est pourquoi je vais demander au gouvernement d’adopter une loi d’urgence économique qui permettra à toutes et à tous de travailler au-delà des 35 heures, de travailler le dimanche si nécessaire et d’étendre le travail de nuit aux secteurs économiques particulièrement fragiles et/ou particulièrement affectés par le confinement auquel notre pays a été soumis. De plus, de nouveaux contrats d’embauche, moins contraignants et plus souples seront mis en place pour permettre de répondre dans les meilleures conditions aux défis multiples et variés que nos entreprises et nos artisans vont devoir relever dans les semaines et les mois à venir. Nous devons travailler plus et plus longtemps, c’est pourquoi la réforme des retraites, suspendue pour les raisons que vous savez, sera enfin adoptée. Et je souhaite qu’elle soit elle aussi assouplie pour permettre à celles et ceux qui veulent continuer à travailler de le faire en toute liberté. Toutes ces mesures s’imposent car il y va de notre place en Europe, de notre place dans le monde, de votre avenir personnel et professionnel, et de celui de vos enfants et de vos petits-enfants.

      Oui, nous sommes en guerre. C’est pourquoi, afin de favoriser au mieux la croissance indispensable aux progrès de notre pays, au relèvement de notre économie et à l’amélioration de vos conditions de vie, je demanderai également au gouvernement de bloquer les salaires pour une durée qui reste à déterminer, de réduire les congés et de permettre aux employeurs de les fixer à leur convenance, après consultation des salariés. Il en sera évidemment de même dans toute la fonction publique à l’exception de la fonction publique hospitalière où des postes seront créés et de nouveaux moyens accordés. En même temps, nous poursuivrons la modernisation indispensable de nos hôpitaux afin d’augmenter là aussi leur compétitivité et donc leur efficacité au service du plus grand nombre. Mes chers compatriotes, je sais votre attachement à notre système de santé qui suscite l’admiration de beaucoup à l’étranger, c’est aussi pour répondre à vos attentes que je vous demande ces efforts. Efforts également dans l’éducation nationale et dans l’enseignement supérieur où, jusqu’à nouvel ordre, aucun recrutement ne sera effectué. Cette situation n’empêchera nullement les écoles, les collèges, les lycées et les universités d’embaucher, de façon temporaire et pour une durée limitée, le personnel enseignant et administratif nécessaire à l’accomplissement de leurs missions. Là aussi, la modernisation doit être impérativement poursuivie car nous pouvons et nous devons faire mieux. Les temps présents comme de nombreux parents l’exigent et personne ne comprendrait, à l’heure où je vous parle, que les fonctionnaires précités désertent cette formidable bataille économique et sociale qu’il nous faut remporter au plus vite.

      C’est parce qu’elle est terrible que nous devons mobiliser toutes les énergies, stimuler tous les talents, libérer toutes les volontés et toutes les ambitions en donnant à chacune et à chacun l’opportunité de s’y associer. A vous Françaises et Français d’abord car, en ces circonstances exceptionnelles il n’est plus acceptable que d’autres, arrivés depuis peu dans notre pays et sans intention d’y faire souche, accèdent rapidement à des emplois qui pourraient être occupés par vous. C’est pourquoi je vais demander au gouvernement de préparer un projet de loi destiné, non à fermer complètement l’immigration, ce serait aussi vain qu’inutile, mais à la limiter au strict nécessaire sur la base de quotas régulièrement révisés, comme cela se fait déjà dans de nombreux Etats développés et démocratiques. De même, il faut rapatrier dans notre pays des activités essentielles à notre indépendance sanitaire, industrielle et économique pour renforcer ainsi notre souveraineté en produisant français avec des travailleuses et des travailleurs français. L’union nationale nous a permis de vaincre l’épidémie hier, elle nous permettra, demain, de renouer avec la prospérité dont vous serez toutes et tous les heureux bénéficiaires.

      Nous sommes en guerre, et cette nouvelle guerre nous ne la gagnerons qu’en étant capables de nous affranchir d’habitudes parfois désuètes et, dans tous les cas, inadaptées aux exigences qui s’imposent désormais à tous. J’ai bien dit à tous, c’est pourquoi, un nouveau gouvernement, plus resserré, sera bientôt formé et les traitements des uns et des autres réduits. De même, le nombre des membres de cabinet. D’ores et déjà, et pour apporter ma contribution à cet effort national sans précédent, je vous annonce que je renonce à mon traitement jusqu’à la fin de ce quinquennat. Mais il faut aller plus loin en poursuivant la réforme de nos institutions ce qui passe, entre autres, par la réduction du nombre de députés et de sénateurs afin que les premiers comme les seconds participent pleinement à cette réduction indispensable, vitale même de nos dépenses publiques. Au cours de ces derniers mois, comme je l’ai dit, l’Etat a payé sans compter pour lutter contre l’épidémie et soutenir les secteurs économiques particulièrement affectés par la crise sanitaire. Ces temps sont désormais révolus et chacun comprendra qu’il n’est pas possible de poursuivre plus longtemps dans cette voie sauf à s’engager de nouveau dans la spirale ruineuse de l’endettement dont les effets retomberont lourdement sur les générations à venir. Cela, je ne le veux pas et je ne le permettrai pas car ce serait trahir les espoirs de notre jeunesse, et je sais que nul, dans ce pays, ne le souhaite.

      Mes chers compatriotes, je vous le dis et je le répète, nous sommes toujours en guerre. Je vous demande donc d’être responsables, de ne céder à aucune surenchère partisane et syndicale, de refuser le repli corporatiste qui a fait tant de mal à notre pays, et de vous élever à la hauteur des tâches exigées par cette situation exceptionnelle. N’écoutez pas celles et ceux qui se complaisent dans la critique mais qui n’ont rien de concret et de sérieux à proposer. Evitons cette démagogie et ces exaltations aussi puériles que mortifères. Unis, chacun fidèle à son poste et à sa place, nous gagnerons. Vive la République ! Vive la France ! »

      https://blogs.mediapart.fr/olivier-le-cour-grandmaison/blog/230320/de-la-guerre-sanitaire-la-guerre-economique-et-sociale

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      Lecture de ce texte :
      #Fin_de_l'épidémie : le discours d’Emmanuel #Macron

      Texte : #Olivier_Le_Cour_Grandmaison
      Lecture : Nicolas Mourer
      Réalisation Christiane Passevant

      https://www.youtube.com/watch?v=tBd5yLA-c-8&feature=share


      #déconfinement #coronavirus #covid-19

      Message de Olivier Le Cour Grandmaison via Facs et Labos en lutte :

      Texte que j’ai rédigé en imaginant le #discours_de_Jupiter au sortir du confinement

    • Ce que nous vivons n’est pas une guerre

      C’est la mondialisation qui fait de l’épidémie de Covid-19, originaire de Chine, une pandémie mondiale. Mais replaçons cette crise, cet effondrement sanitaire, dans le contexte de notre société, celui de l’Anthropocène. Car, au classement des menaces avérées pour le système-Terre, la première porte un nom : Homo Sapiens. Si l’homme persiste dans la mondialisation et dans l’asservissement de la nature, il n’est pas impossible que, d’une façon ou d’une autre, celle-ci contre-attaque.

      CE QUE NOUS VIVONS n’est pas une guerre. Nous vivons un effondrement. Et pas simplement un effondrement des marchés boursiers, un effondrement de l’Anthropocène. 1

      Rappelons quelques chiffres. Dans nos campagnes, la population d’oiseaux a baissé de 30 % en vingt ans à peine. 2 En quelques semaines seulement, l’Australie perdait plus d’un milliard d’animaux dans les incendies. 3 Une étude publiée dans la revue britannique Nature estime qu’un million d’espèces animales et végétales pourraient disparaître en raison du réchauffement climatique. 4

      Parallèlement à ces phénomènes d’effondrement de la biodiversité, on a récemment constaté le développement d’espèces envahissantes ou invasives. Algues tropicales, plantes toxiques exogènes, nombreux sont les exemples de perches dévastatrices, de champignons phytopathogènes et de papillons colononisateurs, qui déciment leur environnement, éradiquent des populations d’insectes, d’animaux ou d’arbres jadis répandus dans nos campagnes.

      Si l’agriculture intensive est bien connue pour favoriser le développement de propagules pathogènes et d’espèces invasives, il est avéré que le commerce international joue un rôle majeur dans leur propagation.

      Je me souviens avoir regardé, impuissant, les buis de mon jardin se faire dévorer par une pyrale invasive venue de Chine par bateau, avec des lots de buis pré-taillés par une main d’œuvre bon marché. Mais le principal prédateur de ladite pyrale était le frelon asiatique, interdit de séjour en France depuis 2013.

      Le Covid-19 est également originaire de Chine et, à nouveau, c’est notre organisation mondialiste qui fait de cette épidémie une pandémie mondiale.

      Or, la pandémie est en soit un effondrement sanitaire. Tout comme le méga-feu est un effondrement écologique qui fait de certaines espèces animales des espèces menacées, la pandémie est une menace pour l’être humain.

      Certes, tout sera fait pour éviter un effondrement massif de la population humaine. Observons les mesures mises en place par l’ensemble de nos gouvernements 5, en dehors du confinement : fermeture des commerces hors alimentation, réduction des transports de marchandises à leur strict minimum, suppression des vols internationaux, blocage drastique de la circulation des véhicules personnels, généralisation du télétravail, etc. Même les écologistes les plus radicaux ne pouvaient rêver un tel scenario !

      L’arrêt quasi total du transport, de la consommation, de l’import-export en quelques heures… L’objectif « zéro carbone », prévu pour 2050, est à portée de main en 2020 !

      Alors qu’on peinait à trouver des financements pour la transition 6, voilà que s’annoncent des dizaines de milliards pour sortir de la crise. On parle même de réguler les marchés, de nationaliser les compagnies aériennes en péril, de reprendre en main les hôpitaux…

      Cet épisode pandémique nous place face à nos responsabilités. Car, quoiqu’on fasse, la Terre ne s’arrêtera pas de tourner et il est probable que le système-Terre sache toujours générer de quoi revenir à un équilibre systémique, en attaquant les entités qui constituent une menace pour le plus grand nombre. 7
      Un virus pour l’Anthropocène

      Au classement des menaces avérées pour les écosystèmes, la première porte un nom : Homo Sapiens. Replaçons le virus dans le contexte de notre société, celui de l’Anthropocène. Si le terme « Anthropocène » vous est totalement étranger ou si vous l’avez volontairement rangé dans la commode des mots anxiogènes, entre « Anthrax » et « Anthropophage », le documentaire « L’âge de l’Anthropocène, des origines aux effondrements » 8 est fait pour vous.

      L’Atelier d’écologie politique (Atécopol), un atelier constitué d’une centaine de chercheurs toulousains, a organisé de nombreuses conférences publiques, trans-disciplinaires, permettant la constitution de ce documentaire scientifique synthétique. Depuis début 2020, ces chercheurs ont défendu le film en prolongeant chaque projection d’un débat public.

      Certes, il n’est pas question de pandémie dans ce film, puisqu’il a été achevé il y a plusieurs mois. Toutefois, les propos de l’historien des sciences Christophe Bonneuil, des économistes altermondialistes Geneviève Azam 9 et Maxime Combes ou encore de l’ingénieur agronome « collapsologue » Pablo Servigne nous éclairent sur cette façon « effondrementiste » 10 d’envisager le futur de notre société capitaliste.

      Le Covid-19 constitue une pierre de plus à l’édifice du film, et non des moindres. Si l’homme persiste dans la mondialisation et dans l’asservissement de la nature, il n’est pas impossible que, d’une façon ou d’une autre, celle-ci contre-attaque.

      https://sciences-critiques.fr/ce-que-nous-vivons-nest-pas-une-guerre

      #Gwarr_Greff

  • Pédagogie sans être anxiogène :

    Soins, transmission, hygiène : comment lutter contre le Covid-19
    Camille Pagella, L’Illustré, le 19 mars 2020
    https://www.illustre.ch/magazine/soins-transmission-hygiene-lutter-contre-covid19

    - Faut-il désinfecter son smartphone ?
    – Tout le monde se pose cette question. Est-ce qu’on le désinfecte dans la vie de tous les jours ? Non. Il faut être logique. Si je crache ou si quelqu’un crache sur mon smartphone, coronavirus ou pas, je pense qu’il est bien de le nettoyer. Mais, en dehors de cela, nous n’avons pas pu démontrer que l’épidémie est liée au fait qu’on utilise des smartphones que l’on ne nettoierait pas suffisamment. Tant que l’on est le seul à utiliser son smartphone, on ne ferait que s’auto-infecter. Je pense qu’il faut être raisonnable. Avant de nettoyer son smartphone, les ados doivent surtout arrêter de sortir sans respecter la distance sociale recommandée.

    #coronavirus #Didier_Pittet

  • #ONU, le #scandale des #abus_sexuels

    De la Centrafrique à New York, une investigation sur les abus sexuels commis par les collaborateurs de l’ONU et l’impuissance de l’organisation à les combattre.

    « Tout ceci est hautement immoral et en totale contradiction avec notre mission. » En 2004, l’ONU et son secrétaire général, Kofi Annan, affrontaient un vaste scandale d’abus sexuels commis par des militaires et des employés de l’organisation en République démocratique du Congo. Dans la foulée, le conseiller Zeid Ra’ad al-Hussein présentait ses préconisations pour éradiquer le fléau et l’impunité qui l’accompagne : mise en place de cours martiales dans les pays où des casques bleus sont déployés et adoption d’une convention internationale permettant à l’ONU d’engager des poursuites pénales contre son personnel civil. Près de quinze ans plus tard, alors que les États membres s’opposent toujours au morcellement de leur compétence juridictionnelle, l’exploitation et les violences sexuelles perdurent sur les terrains d’opération, comme en Centrafrique. Malgré les mesures déployées (création d’un poste de défenseur des droits des victimes, couvre-feux pour éviter les contacts entre la population locale et les employés des Nations unies en dehors des heures de service, travail de sensibilisation et d’éducation…) et la tolérance zéro prônée par l’actuel secrétaire général, António Guterres, près de cinquante nouvelles plaintes ont été enregistrées l’année dernière.

    Victimes oubliées
    Cette enquête recueille la parole de victimes oubliées – non signalées ou abandonnées par l’organisation –, les tentatives d’explication de responsables onusiens et le témoignage effarant du Français Didier Bourguet, seul civil condamné à ce jour, pour deux viols sur mineures, alors qu’il reconnaît avoir eu des rapports sexuels avec au moins une vingtaine d’enfants. Elle pointe ainsi l’intolérable impunité qui prédomine dans la grande majorité des cas.

    https://www.arte.tv/fr/videos/074593-000-A/onu-le-scandale-des-abus-sexuels
    #viols #impunité #pédophilie #pédocriminalité #documentaire #film_documentaire #casques_bleus #RDC #MINUSCA #Didier_Bourguet #plaintes #justice #faille_juridique #République_Centrafricaine #Centrafrique #abus_sexuels #code_blue #viols_sur_mineurs #Régiment_des_Diables_Rouges #casques_bleus_français #Innocence_en_danger (ONG) #tolérance_zéro #Fondation_Femme_Plus #grossesse #MONUSCO

    • Code Blue

      The Code Blue Campaign works to end impunity for sexual abuse by un personnel.


      The UN has a longstanding crisis caused, first, by UN personnel who commit sexual offenses against members of the populations they’re intended to serve and against other UN personnel and, second, by the institution’s response—the policies, procedures, and practices that create and sustain an institutional culture of impunity.

      We have identified three root causes of the UN’s culture of impunity:

      The institution has taken the liberty to manage its crisis internally.

      UN senior managers responsible for responding to and deliberating on individual cases are all rendered non-neutral by the conflicts of interest inherent in their positions: each is simultaneously called upon to represent and defend the best interests of the UN, the rights of the Organization’s accused employees and witnesses, and the rights of claimants.

      UN immunity makes the Organization’s “words and deeds” uniquely impervious to oversight or audit, shielding its functions and functionaries from external scrutiny and effectively negating the freedom of information that is a cornerstone of due process and a necessary precondition to equal justice for all.

      The Code Blue Campaign is concerned with overhauling several UN practices now in place that allow the UN Organization to dismiss and violate claimants’ fundamental rights to due process and neutral justice before the law:

      In addressing claims of “sexual exploitation and abuse” and “sexual harassment and assault” made against UN personnel, UN officials consistently misinterpret, misrepresent, and misapply UN immunity (an important legal protection intended to protect the multilateral work of the world body) to shield individual personnel from accountability and the Organization’s officials from reputational damage.

      The license to manage its sexual abuse crisis internally has evolved in tandem with the linear, largely unplanned growth of the UN system into a sprawling bureaucracy with many dozens of semi-autonomous “entities” that operate in relative isolation with barely monitored and rarely questioned authority accorded the heads.

      This combination of rapid de-centralization and unmonitored, quasi-independence and authority has in turn given rise within the various “entities” to dozens of inharmonious, non-coherent, and often conflicting policies, procedures, and practices for addressing sexual offense claims made against the personnel of those entities.

      The result is a non-system in which claimants and accused UN personnel associated with one entity of the UN Organization are subject to policies and procedures that may bear no resemblance to those followed by other entities of the same UN Organization. The only unifying factors across the system are the root causes of the UN’s culture of impunity for sexual offenses: the internal handling of all cases including those in which crimes beyond the UN’s “jurisdiction” are alleged; the misinterpretation and misapplication of UN immunity; and the inherent conflicts of interest underlying every case.

      The Code Blue Campaign has arrived at these conclusions through years of intense research. We have exposed several cases that illustrate the injustice, the incoherence, the innate and insurmountable conflicts of interest, and the long history of rights violations and abusive treatment by the UN Organization, primarily of victims but also of the accused. We argue that unjust UN policies and practices have, over decades, resulted in a culture of impunity for sexual “misconduct” ranging from breaches of UN rules to grave crimes. This represents a contravention of the UN Charter. Member States must intervene immediately. The General Assembly could end this crisis by divesting the UN Organization of any role in cases of “sexual misconduct,” and delegating the authority instead to an appropriate entity created, staffed by and reporting directly to the Member States, and entirely independent of the Organization.

      Member States have not yet come to the realization that the day of reckoning is approaching. If they do not take the initiative to fully recognize, understand, and solve a problem that has become an attention-getting Achilles heel, the UN’s sexual abuse crisis is likely to reach a pinnacle soon that could hobble the United Nations’ ability and authority to perform any of its functions. The UN could follow in the unenviable footsteps of another enormously powerful, largely secretive global institution whose former heights of moral authority are now universally queried: the Catholic Church.

      http://www.codebluecampaign.com

    • Taking action on sexual exploitation and abuse by peacekeepers: Report of an independent review on sexual exploitation and abuse by international peacekeeping forces in the Central African Republic

      Executive Summary

      I. Introduction

      When peacekeepers exploit the vulnerability of the people they have been sent to protect, it is a fundamental betrayal of trust. When the international community fails to care for the victims or to hold the perpetrators to account, that betrayal is compounded.

      In the spring of 2014, allegations came to light that international troops serving in a peacekeeping mission in the Central African Republic (“CAR”) had sexually abused a number of young children in exchange for food or money (the “Allegations”). The alleged perpetrators were largely from a French military force known as the Sangaris Forces, which were operating as peacekeepers under authorization of the Security Council but not under UN command.

      The manner in which UN agencies responded to the Allegations was seriously flawed. The head of the UN mission in CAR failed to take any action to follow up on the Allegations; he neither asked the Sangaris Forces to institute measures to end the abuses, nor directed that the children be removed to safe housing. He also failed to direct his staff to report the Allegations higher up within the UN. Meanwhile, both UNICEF and UN human rights staff in CAR failed to ensure that the children received adequate medical attention and humanitarian aid, or to take steps to protect other potential victims identified by the children who first raised the Allegations.

      Instead, information about the Allegations was passed from desk to desk, inbox to inbox, across multiple UN offices, with no one willing to take responsibility to address the serious human rights violations. Indeed, even when the French government became aware of the Allegations and requested the cooperation of UN staff in its investigation, these requests were met with resistance and became bogged down in formalities. Staff became overly concerned with whether the Allegations had been improperly “leaked” to French authorities, and focused on protocols rather than action. The welfare of the victims and the accountability of the perpetrators appeared to be an afterthought, if considered at all. Overall, the response of the UN was fragmented and bureaucratic, and failed to satisfy the UN’s core mandate to address human rights violations.

      By examining these failures and recommending reforms to deter future incidents of sexual violence by peacekeepers, this Report provides an opportunity for the UN to chart a new course of action and to undertake meaningful organizational change. If the Secretary-General’s zero tolerance policy is to become a reality, the UN as a whole—including troop contributing countries (“TCCs”)—must recognize that sexual abuse perpetrated by peacekeepers is not a mere disciplinary matter, but a violation of the victims’ fundamental human rights, and in many cases a violation of international humanitarian and criminal law. Regardless of whether the peacekeepers were acting under direct UN command or not, victims must be made the priority.

      In particular, the UN must recognize that sexual violence by peacekeepers triggers its human rights mandate to protect victims, investigate, report and follow up on human rights violations, and to take measures to hold perpetrators accountable. In the absence of concrete action to address wrongdoing by the very persons sent to protect vulnerable populations, the credibility of the UN and the future of peacekeeping operations are in jeopardy.

      https://reliefweb.int/sites/reliefweb.int/files/resources/Independent-Review-Report.pdf

      #rapport

    • Innocence en danger. Mouvement mondial de protection des enfants contre toutes formes de #violences notamment sexuelles.

      Innocence en Danger (IED) est un mouvement mondial de protection des enfants contre toutes formes de violences notamment sexuelles, présent dans une dizaine de pays et partenaire d’associations internationales actives dans la lutte contre la pédocriminalité.

      Le Directeur Général de l’Unesco, Fédérico Mayor, nomme en 1999, Homayra Sellier Présidente du mouvement de protection mondial de l’enfance. Depuis avril 2000, Innocence en Danger (IED) est une association Loi 1901 en France à vocation internationale. Elle est indépendante de tout organisme, déclarée à la préfecture de Paris, à but non lucratif et reconnue d’intérêt général.

      Innocence en Danger regroupe tous les acteurs militants de notre société : spécialistes d’internet, juristes, experts de l’enfance, décideurs des mondes politiques, économiques et médiatiques. Son but est de sensibiliser l’opinion internationale aux fléaux croissants rencontrés par l’enfance, afin de peser sur les décisions des gouvernements.

      Innocence en Danger constitue une force d’action, de sensibilisation, de proposition, d’éducation et d’information auprès des organisations gouvernementales ou non gouvernementales, des instances européennes et internationales, des entreprises, des écoles, des collectivités locales, des groupes de jeunes…

      Innocence en Danger tient le rôle de relais d’informations entre le public et les institutions publiques. Elle accompagne au quotidien les enfants victimes et le(s) parent(s) protecteur(s). Elle est la première et la seule association à avoir mis en place des séjours de résilience.

      https://innocenceendanger.org

      #violence #violences_sexuelles

  • Nommer la violence d’Etat - Libération
    https://www.liberation.fr/france/2020/01/28/nommer-la-violence-d-etat_1775798
    #didier_fassin

    En refusant de reconnaître la #banalité et la #gravité des #violences_policières sur l’ensemble de la société, les #autorités de l’Etat se rendent de facto #complices des #exactions des #forces_de_l’ordre.

    Jusqu’à récemment, on avait pu ignorer cette #violence_d’Etat car elle frappait essentiellement les #quartiers_populaires et leurs habitants, pour la plupart d’origine immigrée, auxquels elle imposait un #traitement_d’exception. Désormais, on ne le peut plus guère, car elle s’abat sur l’ensemble de la société, ou tout au moins sur celles et ceux qui protestent contre la politique conduite par un #gouvernement qui, par faiblesse autant que par arrogance, croit que l’autoritarisme peut pallier sa perte d’#autorité. Hier atteinte aux droits de certains, elle est aujourd’hui atteinte aux droits de tous.

  • La « neutralité de genre » contre l’égalité – Le blog de Christine Delphy
    https://christinedelphy.wordpress.com/2020/01/16/la-neutralite-de-genre-contre-legalite
    et
    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2020/01/15/la-neutralite-de-genre-contre-legalite

    Derrière la « neutralité de genre » et la symétrisation des violences… Comme le souligne l’autrice : « Que la majorité des victimes soit des femmes, la majorité des auteurs des hommes est rendu invisible ». Il s’agit pour moi d’un élément d’une offensive plus générale des masculinistes dans leur lutte contre l’égalité (en complément possible, Mélissa Blais : Le masculinisme est un contre-mouvement social, le-masculinisme-est-un-contre-mouvement-social/ ; Sous la direction de Christine Bard, Mélissa Blais, Francis Dupuis-Déri : Antiféminisme et masculinismes d’hier et d’aujourd’hui, refus-des-droits-et-de-lautonomie-des-femmes-reaffirmation-du-pouvoir-des-hommes/)

    Il faut souligner que cette dénomination sociale a des conséquences, Irene Zeilinger indique : « Dans ce contexte, les associations féministes qui luttent contre les violences faites aux femmes se voient de plus en plus confrontées à l’attente de rendre leurs services accessibles aux hommes. La non-mixité doit se justifier en permanence. La promotion de la famille et la neutralité de genre l’emportent sur des politiques et mesures visant à surmonter les inégalités structurelles de genre.

    Chronique de #Didier_Epsztajn
    La brochure d’#Irène_Zeilinger

    https://entreleslignesentrelesmots.files.wordpress.com/2019/12/oui-les-hommes-aussi-etude-corps-ecrits-compresse.pdf

    • #neutralité #gender_neutral

      Petite expérience personnelle, dans une formation où il y a beaucoup de travailleuses sociales. On parle de violences contre les femmes et certaines d’entre elles disent que non, c’est pas genré. Elles se creusent la tête pour trouver un exemple. En vingt ans de carrière l’une d’elles a une collègue qui a rencontré un homme battu. Être battu est plus stigmatisant, je comprends bien leur sous-représentation, mais les violences contre les femmes sont bien liées à un imaginaire de disponibilité des femmes aux hommes, pas à des colères soudaines que les femmes aussi peuvent avoir contre leur mari...

    • Modern American feminism is an embarrassment
      https://www.feministcurrent.com/2020/01/15/modern-american-feminism-is-an-embarrassment

      At the same time, we see the Women’s March rebranded as the March for Our Human Rights, set to take place this weekend, on January 18th. An emailed press release explains that “millions of women and allies will take to the streets to protest the rollback of women’s human rights across the world.” The email explains that, “given the United States’ decision to join 19 nations, including Saudi Arabia, Iraq, and Libya, in declaring that women have no international right to abortion,” the “theme of this year’s march is bodily autonomy, which is the right to self-governance over one’s own body without coercion or external pressures.”

      It is not just ironic, but offensive, that modern American feminists will claim to fight for women’s reproductive rights, while simultaneously pretending not to understand what a woman is, and why women have rights in the first place.

      Support for trans activism and the prioritizing of male voices, desires, and feelings over women’s rights and safety in favour of so-called “trans rights” achieves the very opposite. It is not only cowardly, but it silences women — especially women who already have no voice and few rights, such as female inmates.

      Murphy se radicalise et refuse même de dire « femme trans » ou « trans femme ». Je ne suis pas d’accord mais je poste pour le dossier neutralité de genre.

    • En Norvège, une loi de 2010 sur les maisons d’accueil pour
      victimes de violence conjugale est formulée en termes
      neutres par rapport au genre, ce qui a comme conséquence
      que 22 des 51 maisons d’accueil sont désormais réservées
      aux hommes... dont, en 2012, 10 ne sont apparemment pas
      utilisées par manque de demande (Halperin-Kaddari &
      Freeman 2016).

    • L’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes,
      organe fédéral chargé de la coordination des politiques de lutte
      contre les violences faites aux femmes, publie en 2015 une étude
      avec l’Institut Scientifique de Santé Publique sur la violence conjugale
      et intrafamiliale (Drieskens & Demarest 2015). Ainsi, on peut lire
      dedans qu’« 
      il n’existe à ce propos aucune différence significative
      entre les hommes et les femmes
       », bien que, dans la même enquête,
      les femmes soient quatre fois plus souvent victimes de violence
      conjugale et intrafamiliale que les hommes. Que les violences
      contre les femmes soient plus répétitives et plus graves ne semble
      pas effleurer les auteur.e.s, alors que les effets sur la santé doivent
      pourtant s’en ressentir. Dans la même période, la secrétaire d’État
      pour l’égalité Elke Sleurs lance une campagne de sensibilisation
      aux violences sexuelles, avec un des messages clés : « Chaque jour,
      100 hommes, femmes et enfants sont violés. »
      5
      L’ordre des victimes de viol insinue que les hommes seraient le groupe le plus à
      risque. Du côté de la police fédérale, une autre campagne cherche
      à encourager les victimes de violence sexuelle, indépendamment
      de leur genre, à porter plainte. Slogan : « Le viol n’a pas de sexe. »
      6

      #Belgique #déni #viol

      Ici, la violence conjugale dépendrait uniquement de la
      manière individuelle de gérer ses problèmes et émotions.
      Pour le répertoire interprétatif systémique, l’étude cite la
      remarque suivante :
      « Les hommes sont éduqués à être plus
      agressifs et compétitifs dans tout. »
      Dans la pratique, le
      répertoire individuel n’est jamais contredit, tandis que le
      répertoire systémique rencontre souvent de la résistance.
      De nouveau, cela ferme l’espace communicatif pour la
      déconstruction des inégalités qui mènent aux violences
      conjugales.

      #anti-sociologisme

      À ces difficultés de parler des femmes victimes de violences s’ajoute
      l’invisibilité des hommes auteurs. Phillips et Henderson (1999)
      ont démontré par une analyse discursive de la littérature scien-
      tifique sur les violences faites aux femmes que ces violences sont
      nommées selon leurs victimes (par exemple « wife abuse », c’est-
      à-dire abus d’épouse) ou leurs contextes (par exemple violences
      conjugales), mais rarement selon leurs auteurs (par exemple violences
      masculines). Ce n’est pas un détail insignifiant : cela permet aux
      hommes en tant que groupe social de se distancier de ces
      violences et efface leur responsabilité de mettre un terme aux
      violences.
      Les violences deviennent ainsi un problème des
      femmes
      .

      Si tout le monde peut reconnaître
      que les voitures ont plus de pouvoir dans la circulation que les
      cyclistes, c’est parce que l’on peut être cycliste un jour, conducteur.trice un autre.

      C’est un peu vrai mais pas tout à fait. Un jour la goutte d’eau qui m’a fait quitter Seenthis, c’est ce mec qui dit à propos d’un récit d’agression que les cyclistes roulent n’importe comment (ce n’est pas une raison et c’est faux).

      Les violences n’ont pas lieu dans un vacuum, mais s’inscrivent dans cette structure sociale inégalitaire. C’est pourquoi une gifle ou une insulte d’un homme envers une femme n’a pas la même fonction, signification ni conséquence qu’une gifle ou une insulte d’une femme envers un homme. La présente étude explore ces différences de genre et cherche à comprendre les ressorts du discours de la neutralité de genre, ainsi que ses conséquences, afin de faciliter un positionnement féministe.

      #backlash #féminisme

  • Laisser toujours ouverte une issue de secours | Entre les lignes entre les mots
    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2019/04/18/laisser-toujours-ouverte-une-issue-de-secours

    En premier lieu une couverture. Des lignes et des lettres. Une sorte de jeu de piste. Un titre lisible et pourtant comme dissimulé, ou dissimulé mais pourtant lisible. Une illustration graphique de l’ambiguïté possible d’informations, ordonnées mais désordonnées au premier regard, une production délibérément fallacieuse et pourtant exacte, une obfuscation que je ne saurai apprécier comme involontaire !

    Je mets aussi le sous-titre La vie privée, mode d’emploi, en relation avec le grand livre et ses dimensions de puzzle – de George Perec La Vie mode d’emploi.

    Dans sa préface, Laurent Chemla aborde, entre autres, la surveillance à laquelle nous vies sont soumises, la nécessité d’essayer de se libérer de cette espionnage, le pouvoir et le contrôle des populations, les failles où s’engouffrer, l’hygiène numérique, le morcelage des données, le ralentissement de l’identification, les liens entre exploitation des données et publicité, le prix réel des services « gratuits » des GAFAM, le monde des communs…

    #Obfuscation #Didier_Epsztajn #C&F_éditions

  • Reconnaissance faciale : le bal des irresponsables
    https://www.laquadrature.net/2019/11/22/reconnaissance-faciale-le-bal-des-irresponsables

    Nous le répétons depuis plusieurs semaines : la reconnaissance faciale continue à se déployer en France sous la pression combinée du gouvernement, d’élus et d’industriels. Elle est encouragée par des nombreux rapports d’administrations qui multiplient les préconisations pour faciliter son acceptation par la population.

    Le dernier en date, rendu par l’INHESJ et que nous publions ici, a profité de la participation d’une des directrices de la CNIL – Florence Fourets. Le fantasme d’une technologie régulée, juridiquement bordée, ne tient pas. L’histoire récente de la surveillance d’État le démontre amplement. C’est pourquoi il est urgent d’interdire la reconnaissance faciale.

    Avant de s’intéresser aux éléments de langage utilisés par les promoteurs de la reconnaissance faciale et à la stratégie qu’ils souhaiteraient nous imposer, revenons rapidement sur les dispositifs déjà déployés en France.

    • Compétitivité contre libertés

      ...ou comment la soi-disant nécessité économico-industrielle doit primer sur toute notion de protection des droits individuels...

      Il faudra le répéter, encore et encore : la reconnaissance faciale est une technologie exceptionnellement invasive, déshumanisante et élaborée à terme pour la surveillance et le contrôle permanente de l’espace public. Comme nous le disions il y a déjà quelques semaines, elle « attribue au visage, non plus une valeur de personnalité, l’expression même de la singularité d’une personne humaine, mais une fonction de dénonciation ». Elle promet un contrôle invisible et indolore (on ne sait pas quand une caméra prend notre visage, contrairement au relevé des empreintes ou de l’ADN par exemple) pour nous imposer une vérification d’identité « permanent[e] et général[e] ».Et ne tombons pas dans le piège de la confusion lexicale organisée entre « reconnaissance faciale » et « comparaison faciale », où la seconde serait moins importante que la première : en plus de participer à l’entraînement des algorithmes, l’authentification par reconnaissance faciale prépare, banalise et nous entraîne vers l’identification constante et généralisée sur la voie publique.
      Il n’existe pas de « reconnaissance faciale éthique » ou d’usage raisonné d’une surveillance biométrique intrinsèquement totalitaire. Seule l’interdiction est envisageable.

      Les contentieux ouverts par la Quadrature du net sur le sujet :
      – recours contre l’expérimentation dans 2 lycées de la région PACA : https://www.laquadrature.net/2019/10/15/reconnaissance-faciale-dans-les-lycees-debat-impossible (avis négatif de la CNIL en novembre 2019)
      – recours contre le décret autorisant ALICEM (« Authentification en ligne certifiée sur mobile » qui conditionne la création d’une identité numérique à un traitement de reconnaissance faciale obligatoire : https://www.laquadrature.net/2019/07/17/la-quadrature-du-net-attaque-lapplication-alicem-contre-la-generalisat (pourtant déclaré illégal par la CNIL)
      – demande d’abrogation de TAJ (« fichier de traitement des antécédents judiciaires » qui permet de faire de la reconnaissance faciale à partir de photographies de personnes « mises en cause » lors d’une enquête) : https://www.laquadrature.net/2019/11/18/la-reconnaissance-faciale-des-manifestants-est-deja-autorisee

      #CNIL #souveraineté #loi_d'expérimentation #reconnaissance_faciale #Didier_Baichere #RGPD #TAJ #ALICEM

  • L’affaire bulgare et Didier Reynders Alexandre Penasse - 25 Octobre 2019 - Kairos
    http://www.kairospresse.be/article/laffaire-bulgare-et-didier-reynders

    Myrianne Coen, conseillère d’ambassade hors-rôle (1), docteur de la Sorbonne, auteure d’articles et d’ouvrages sur le rôle des organisations criminelles dans les relations internationales, a publié trois communiqués de presse cette dernière semaine, qu’elle a envoyés à la rédaction de Kairos. Nous en résumons les principaux éléments dans cet article, tout en apportant des informations supplémentaires.
    En 1996, en poste à Sofia, la diplomate belge Myrianne Coen découvre un vaste réseau de délivrance de #visas touristiques de complaisance. Des mafieux bulgares, avec la complicité de fonctionnaires de l’ambassade, organisent la traite d’êtres humains, le trafic de stupéfiants, d’armes et de viande avariée(1). Myrianne Coen refuse de participer à ce trafic au bénéfice d’organisations criminelles et le dénonce auprès de ses supérieurs et du ministère des Affaires étrangères. Ce dernier préfèrera la fuite et la laissera tomber. Depuis plus de 20 ans, elle résiste à l’omerta dont le peuple européen est la première victime, à des pratiques qui « ont fini par faire éclater des bombes au cœur de Bruxelles ».

    « Les trafics de documents sont le fil rouge de la #criminalité_organisée », déclarait déjà le Sénat en 1999, document qui ne constitue pas un simple bout de papier, aisément falsifiable pour la criminalité organisée : « Dans un pays de l’Union européenne, expliquait Myrianne Coen à l’époque, le nombre de personnes arrêtées venant d’un pays de l’Est double sur une période donnée après l’abolition des visas. Ce qui veut dire que si ce phénomène se vérifiait sur l’ensemble des pays de l’Est, il faudrait en déduire qu’à intensité de répression constante, le régime des visas arrête la moitié de l’activité criminelle ! »(2)
    http://www.kairospresse.be/sites/default/files/styles/article_large/public/field/image/hqdefault_0.jpg?itok=2uBlf7w0
    « Entre 1990 et 1997, la fuite des capitaux en Bulgarie s’est faite par l’entremise des commerçants, ainsi que par la création de bureaux d’architecte, de magasins d’art et l’achat de biens immobiliers en Europe, tous ces acteurs devant bénéficier de #visas. Vers le milieu des années 90, ces capitaux se sont mélangés avec de l’argent du #crime_organisé avant d’être réinjectés dans des institutions bancaires occidentales. (…) Parmi la nébuleuse des bénéficiaires de ces visas, Myrianne Coen a pu identifier des marchands de voitures douteux, de prétendues sociétés de mannequins, des négociants céréaliers véreux, des exportateurs de viandes avariées, des personnes recherchées par la police bulgare, d’autres fichées par la police belge et, enfin, certaines carrément liées à des réseaux mafieux de #prostitution, de main-d’œuvre illégale et de #blanchiment. Et bien d’autres sinistres personnages, dont certains ont obtenu depuis la nationalité belge et ont pignon sur rue à #Bruxelles, #Anvers et ailleurs ! »(3) _

    Le 19 mars 1997, Myrianne Coen est retrouvée inanimée et blessée dans l’ambassade de Belgique à Sofia et ne devra sa vie qu’à un subalterne qui prévient les secours. En vain depuis plus d’un an, elle dénonçait à sa hiérarchie et aux instances judiciaires un #trafic de documents à destination de membres de la #criminalité organisée belgo-bulgare et de leurs victimes. Dans les années qui suivent, de nombreuses autres ambassades seront concernées. Les diplomates qui ne se plient pas à l’#omerta seraient-ils mal venus dans la carrière en Belgique ? On constate en effet que depuis lors, les ministres des Affaires étrangères successifs lui refusent toute carrière diplomatique normale.

    #Didier_Reynders accusé
    Le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders, qui a été retenu pour la fonction de #Commissaire_européen à la #Justice et à l’État de Droit, est accusé dans cette affaire d’intimidations, de #harcèlement, et d’avoir écarté la diplomate de ses fonctions. Pour 25 ans de carrière diplomatique ravagée, les dommages professionnels, sociaux, financiers, personnels sont évalués à 5 millions €. À la veille de l’audition du candidat Commissaire européen à la Justice et à l’État de Droit devant le #Parlement_européen, la Cour d’appel de Bruxelles accordait 5 000 € de dédommagement à la diplomate : 0,57 centime par jour ! L’instruction judiciaire sur les pratiques dénoncées par #Myrianne_Coen a vu se succéder six juges d’instruction… On sait qu’une procédure typique pour empêcher une enquête d’aboutir est de démanteler régulièrement les équipes pour empêcher d’avancer, casser le moral, placer des personnes plus « conciliantes »…


    Le mutisme de la justice
    L’arrêt civil de la Cour d’appel de #Bruxelles (Chambre 18F) a été déposé « en secret » le 26 septembre 2019 et communiqué le 1er octobre, précisément la veille de l’audition de Didier Reynders devant le Parlement européen pour la fonction de Commissaire européen à la Justice et à l’État de Droit, le 2 octobre. Myrianne Coen, venue spécialement d’Italie à la date prévue du prononcé de l’arrêt, le 19 septembre 2019, voit celui-ci est différer sans motif au 17 octobre 2019… 7820 jours après introduction, le 20 mai 1998, de la demande en dommages et intérêts. L’arrêt a été réécrit entre le 19 septembre et le 26 septembre. Celui-ci a-t-il été écrit par le ministère des Affaires étrangères dès le début, ou révisé par la suite ? Ou alors, l’arrêt n’était pas terminé, notamment en raison de pressions sur les magistrats, qui l’ont dès lors différé d’un mois et ont ensuite été contraints de le signer.

    Notons que Mireille Salmon est la présidente de la chambre 18F, laquelle est impliquée dans le #Fortisgate qui conduira en 2008 à la démission du gouvernement Leterme pour avoir fait pression sur la magistrature dans la procédure judiciaire portant sur la contestation de la vente de #Fortis à #BNP #Paribas. Alors qu’en 2008 Fortis a perdu quasiment 95 % de sa valeur en un an, la banque est démantelée et vend une partie de ses activités à BNP Paribas. Les actionnaires, considérant que cette transaction ne pouvait avoir lieu sans leur aval, saisissent la justice. Après le rejet d’une requête en référé devant le tribunal de commerce demandant le gel du démantèlement, les actionnaires saisissent la 18ème chambre de la cour d’appel, dont le président est Paul Blondeel et les conseillères Christine Schurmans et… Mireille Salmon. Dans le Fortisgate, il semble que l’arrêt soit déjà écrit : « Paul Blondeel, signale au Premier président de la Cour d’appel, Guy Delvoie, qu’il peut informer la Commission bancaire, financière et des assurances (CBFA) quant au contenu d’un arrêt... qui n’existe pas encore. Et, le 9 décembre, des experts avaient déjà été contactés par M. Blondeel pour traiter le cas Fortis. Sans accuser personne - Mme Schurmans ne le fait pas -, cela ouvre des perspectives quant à une fuite vers l’extérieur - vers le monde politique et/ou financier -, comprend-on(4). » Ghislain Londers, premier président de la Cour de cassation, informera par courrier le président de la chambre, #Herman_Van_Rompuy, que le contenu de l’arrêt était déjà connu par le gouvernement le 10 décembre alors qu’il allait être prononcé le 12 décembre 2008… Cela rappelle étrangement l’écriture du réquisitoire et de la transaction pénale du #Kazakhgate par les avocats de la défense, ou l’affaire « Sofia »… Circulez, y’a rien à voir !

    On découvre aussi que Mireille Salmon, qui a signé l’arrêt Fortis, « a échangé des courriels quelques jours avant l’assemblée des actionnaires de Fortis en février avec Lionel Perl, entre-temps devenu administrateur de #Fortis Holding »(5) . Dans des mails découverts lors de l’enquête de la Cour d’appel de Gand, « Lionel Perl demande confirmation à Mireille Salmon qu’un "non" des actionnaires signifie que la vente à BNP Paribas ne se fera pas. Mireille Salmon répond négativement. Juridiquement, la vente pouvait donc se faire, selon le juge qui estimait que les actionnaires devaient pouvoir s’exprimer sur la vente »(6). « Le relevé des contacts téléphoniques entre ces deux personnes indique que les contacts se sont intensifiés de manière très nette à mesure que l’arrêt approchait de sa phase finale. Est-ce uniquement pour préparer les fêtes de fin d’année que ces deux "amis", qui ont très peu de contacts usuellement, multiplient les appels téléphoniques ? Est-ce pour trouver un des "experts" qui sera désigné dans l’arrêt ? Ou est-ce pour "nourrir" l’arrêt du 12 décembre ? »(7)
    La collaboration active ou passive du monde judiciaire avec l’exécutif semble faire système. Depuis plus de vingt ans, les instances #judiciaires sont absentes du dossier « Sofia » et le parquet est tout aussi silencieux. Le ministère belge des Affaires étrangères dispose pourtant de toutes les preuves. À aucun moment il n’a collaboré aux instructions judiciaires, il n’a pas introduit de procédures disciplinaires contre les auteurs des faits. Les instructions judiciaires, ouvertes en 1996, ont été interrompues sous prétexte de « non-opportunité des poursuites », puis portées à la prescription en 2009. La procédure d’urgence pour fait de harcèlement introduite contre le ministre des Affaires étrangères en 2005 a été renvoyée, sans motif, au tribunal civil… en 2012. Dans son arrêt, la Cour d’appel civile refuse à présent tout dédommagement à la diplomate parce qu’aucun tribunal n’a condamné de fonctionnaires ni pour trafics de documents ni pour harcèlement !

    Une « construction judiciaire » applaudie par les réseaux criminels
    On constate que cet arrêt copie soigneusement le « roman » du ministre belge des Affaires étrangères devant ses juges, et que, comme dans d’autres affaires, ce n’est plus l’impartialité qui semble guider les réquisitoires, mais les interprétations fidèlement retranscrites de ceux qui sont accusés(8). Ce roman, le voici : aucun fonctionnaire du ministère belge des Affaires étrangères n’a jamais trafiqué les visas à l’ambassade de Belgique à Sofia dans les années 90, et certes jamais au bénéfice de membres d’organisations criminelles et de leurs victimes. Myrianne Coen, conseillère d’ambassade, n’a pu dès lors subir de représailles ni être discriminée dans sa carrière pour avoir refusé de participer à ce qui dès lors n’existerait pas ou pour l’avoir dénoncé.

    Aucun fonctionnaire belge des affaires étrangères ne trafiquait les visas dans les années nonante ? Et aucun depuis lors, par ses comportements, n’a protégé de trafiquants ? On comprend que ceux qui protègent ces trafics se débattent comme ils peuvent pour occulter la vérité. Mais d’où la 18e chambre de la Cour d’appel de Bruxelles tire pareille certitude reste… un mystère.

    En effet, cela semble contredire les conclusions d’autres instances. En 2004(9), 8 ans après les premières dénonciations, le Parlement belge constate « qu’il ressort de l’enquête du Comité R qu’il y a des problèmes de fraude, de corruption et d’éventuelles connexions d’agents des Affaires étrangères avec le crime organisé. Il est clair aussi qu’aucun des services publics concernés n’a pris les mesures appropriées… les éléments permettant la poursuite de ces pratiques n’ont pas été éradiqués… Si ces pratiques existent depuis plus de dix ans et qu’à ce jour l’intégrité n’est toujours pas assurée, la fraude aux documents peut continuer à se développer. Cette constatation est inacceptable ». Dans le livre « Belgique en sous-sol, immigration, traite et crime organisé », on trouve, en plus d’autres propos très éclairants de la Chambre et du Sénat : « Quant au “dossier Sofia” : ’Il s’agit d’une fraude aux visas que le Parlement tente de percer à jour depuis des années. Le Parlement reçoit uniquement une réponse procédurale, ce qui est inacceptable. Le fait que l’on ne joue pas franc jeu dans ce dossier incite inévitablement d’aucuns à prétendre que le ministre des Affaires étrangères étouffe l’affaire’ » . On ne pouvait être plus clair. Ces dernières années, les trafics de visas humanitaires contre monnaies sonnantes et trébuchantes pour des réfugiés syriens ne disent pas autre chose(10).

    Quant au jugement du tribunal correctionnel du 18 février 2009, il constate : « Un grand nombre de malversations à l’ambassade de Belgique à Sofia. Les plaintes ne concernent pas de petites choses, mais des abus scandaleux et honteux tantôt à qualifier de #délits, mais aussi souvent de #crimes. Le tribunal n’est cependant pas saisi de cela et s’abstient… De même, nous n’avons pas à nous prononcer concernant l’opportunité des poursuites (et des non-poursuites). Qui sont les auteurs ? Le tribunal précise : "EVD propriétaire d’un hôtel en Grèce était en contacts suivis avec l’ambassadeur. Celui-ci a, à plusieurs reprises, voyagé en Grèce pour un séjour dans cet hôtel… EVD et son épouse venaient régulièrement déposer des cadeaux (...) L’inculpé s’occupait activement de demandes de visas pour de soi-disant touristes. Il est également établi… l’utilisation de faux papiers et de fausses adresses de référence. Qu’il agissait dans le but de recevoir un avantage en fortune est évident". EVD sera reconnu coupable de faux et usage, traite des êtres humains et d’association de malfaiteurs. Le parquet fédéral a tergiversé pendant 13 ans. Il bénéficiera donc de la prescription » . En termes moins diplomatiques : le parquet protège les auteurs, notamment cet autre membre de l’association de malfaiteurs non nommé… mais très précisément décrit. Le tribunal correctionnel regrette de ne pas avoir, en conséquence, les moyens de prononcer une condamnation.

    Non seulement la 18e chambre ne voit pas ce qui est écrit en toutes lettres, mais elle devra aussi repasser son cours de criminologie : l’#impunité entraîne la récidive et, par opportunités communes, l’élargissement du cercle de complices, tandis que les risques vont croissants pour ceux qui refusent d’y « participer ». Violences, menaces, harcèlement deviennent a#insi armes coutumières de la prise de pouvoir criminel d’une structure qui exclut et discrimine : un cas d’école dans le présent dossier.

    Conséquences ?
    D’une part la « non-opportunité des poursuites » pour les auteurs des trafics et leurs protecteurs. Cette « non-opportunité » ne peut en droit être activée par le parquet, car il y a victime… « Mais qui se préoccupe du droit dans cette affaire » , demande Myrianne Coen. D’autre part la mort civile pour Myrianne Coen, la diplomate qui tenta de protéger les victimes contre ces criminels… devenue ainsi victime collatérale des trafics criminels, victime qu’on ne peut en aucun cas dédommager sans faire crouler tout l’édifice.

    Et la Cour d’appel dès lors de poursuivre le roman des Affaires étrangères : « c’était la secrétaire de l’ambassadeur la coupable (comprenons : l’ambassadeur, le pauvre, il n’en savait rien) » . Or, le juge correctionnel a refusé de condamner la secrétaire : elle n’agissait que sur ordre et en droit pénal, la responsabilité pénale remonte… sur le supérieur hiérarchique. Le parquet ayant organisé (pour mémoire, illégalement de surcroît) la non-opportunité des poursuites, lorsqu’il ne put plus cacher les trafics d’êtres humains, il avait d’urgence dû trouver coupable. Le ministère belge des Affaires étrangères le lui offrit sur un plateau d’argent : la secrétaire faisait l’affaire… une citoyenne lambda, sans connexions et sans protections. Selon que vous serez puissants ou misérables…

    Les tribunaux se contredisent… Le tribunal correctionnel dit blanc, jugement en forme de chose jugée. La chambre 18F de la Cour d’appel dit noir, contre toutes évidences et rationalité… Qu’y a-t-il donc encore à cacher, après 20 ans ?

    Ajoutons que l’instruction judiciaire n’avait interrogé aucun des suspects membres des organisations criminelles déjà par ailleurs internationalement signalés, ni aucune de leurs victimes, de la traite des êtres humains et de tous les autres trafics… Elle s’était aussi bien gardée de les identifier et de les rechercher… Les juges d’instruction trop actifs avaient été préalablement dessaisis à cet effet. Quant au parquet fédéral, il avait mis 13 ans pour s’assurer de la #prescription. Les violences commises à l’ambassade, le harcèlement contre la diplomate n’ont fait l’objet d’aucun acte d’instruction. Johan Leman, ancien directeur du Centre d’égalité des chances, un des auteurs de l’ouvrage collectif « L’État gruyère. Mafias, visas et traite en Europe » (2002), constitué partie civile dans le dossier « Sofia », exprimant clairement sa conviction d’une corruption de la haute administration du département, subira des pressions : « On m’a averti que j’étais impliqué dans trop de dossiers chauds… Comme le conflit avec les Affaires étrangères à propos de l’ambassade belge à Sofia et le dossier Van Kaap »(11).

    Ces faits inacceptables et indécents, la Cour d’appel de Bruxelles les juge « honorables » dans un État de Droit, pour appuyer ses refus systématiques de dédommagements. Pour frapper le témoin qui depuis plus de 20 ans demande protection, la Cour tire encore avantage de la réserve que la diplomate s’est constamment imposée pour ne pas nuire aux enquêtes, tire avantage des dénis de justice qu’elle a subis et qui visaient à protéger les « amis des amis » , tire avantage des risques que court tout témoin d’activités des organisations criminelles, que tant voudraient voir disparaître.

    5 000 € pour 25 années de carrière diplomatique ravagée. L’arrêt de la 18e chambre de la Cour d’appel de Bruxelles salit sa victime et l’ensemble de la #fonction_publique, déshonore la diplomatie belge la réduisant à l’insignifiance… Intimidation à présent en passe de s’étendre à toute l’Europe ? Un arrêt dont les organisations criminelles sauront tirer profit.

    L’Union européenne prescrit la protection des témoins et victimes, et des fonctionnaires en particulier, la Cour européenne des Droits de l’Homme prescrit l’interdiction de la discrimination. Elle oblige aussi les États à effectuer des enquêtes complètes et loyales… « Dans la tourmente actuelle, où une réforme succède à une autre réforme, je ne sais pas, je ne sais plus, si un État de droit subsistera encore longtemps », dira Éliane Liekendael, Procureure générale près la Cour de cassation de Belgique (mercuriale, octobre 1998).

    Sauver Didier Reynders à l’Europe ?
    Deux décisions de justice, prises à Bruxelles le même jour, jeudi 26 septembre 2019, ouvrent la voie à l’audition de Didier Reynders devant le Parlement européen, le mercredi 2 octobre 2019, pour la fonction de Commissaire européen à la Justice et à l’État de Droit,
    • la Cour d’appel de Bruxelles liquide pour 5 000 €, au lieu de 5 millions, les dommages et intérêts que Myrianne Coen, Docteur de la Sorbonne et Conseillère d’Ambassade, demande au Ministère belge des Affaires étrangères pour 25 ans de carrière diplomatique dévastée, depuis 2011 sous la responsabilité du ministre Didier Reynders ;
    • - Le Parquet de Bruxelles classe sans suite et sans instruction des faits le dossier ouvert en avril 2019 contre Didier Reynders pour corruption et blanchiment.

    À la veille de son audition le 2 octobre 2019 devant le Parlement européen, Didier Reynders reçoit donc cet arrêt de la 18e chambre F de la Cour d’appel de Bruxelles, dont il n’aura pas manqué de faire usage dans les couloirs. Pour neutraliser tout moyen d’informer correctement le Parlement européen sur cette affaire avant cette audition, l’arrêt ne sera envoyé que le 1er octobre 2019, par la poste, à la diplomate victime de tels agissements qui réside en Italie. Est-ce là le motif du report secret du prononcé au 26 septembre ? Si la diplomate avait été avertie de cette date, les communiqués de presse seraient en effet arrivés, avant cette audition, aux yeux de la presse internationale…

    Telles sont les circonstances qui expliquent la mise en scène préalable du candidat Commissaire européen à la Justice et à l’État de Droit. Il s’est ainsi présenté « en toute tranquillité » devant les Commissions LIBE et JURI du #Parlement_européen. Pour toute sécurité, une main amie s’était chargée d’inclure in extremis la commission IMCO, présidée par celle qui fut déjà sa #lobbyiste (une députée belge du Groupe des Verts !), 3 mois plus tôt, pour la candidature de Secrétaire général au Conseil de l’Europe qui échappa au ministre…

    Le mutisme des médias
    Depuis ce 2 octobre 2019, la #presse internationale est devenue muette. Quant à la presse belge, si l’on tape « Reynders #corruption » sur un moteur de recherche, on ne trouve plus aucun article depuis le 27 septembre, tout en soulignant que ceux publiés avant cette période d’ #omerta étaient d’une fabuleuse indigence… On ne peut pas penser que des magistrats de Bruxelles ne sont pas au secours de Didier Reynders ? La Belgique a le record des classements sans suite express pour éviter de rassembler les preuves dans ces dossiers. Lorsque les preuves y arrivent malgré tout, Bruxelles a le record de longévité des non-enquêtes pour protéger les auteurs de délits et crimes… par la prescription.

    À certains moments, des choses se résument simplement :
    – Vous cherchez le crime organisé ? Regardez parfois vers ceux qui disent le combattre
    – Vous attendez d’être informés par les médias ? Voyez ce qu’ils ne disent pas et essayez de réaliser à quel point ils font partie du problème.
    – Vous pensez que la justice est impartiale ? Voyez qui elle sert généralement

    Comme l’énoncent les deux auteurs de l’ouvrage Belgique en sous-sol..., « Après tout, il ne faut peut-être pas tant essayer de comprendre pourquoi l’éteignoir a été mis sur le dossier Sofia, que pour qui [il l’a été mis]. Les trafics de visas dénoncés par Myrianne Coen bénéficièrent à des intermédiaires installés en Belgique. Le plus souvent, il s’agissait de sociétés commerciales à l’objet social flou, à l’enseigne changeante et aux activités éparses. Ces dernières adressaient des invitations nominatives donnant accès au territoire national à des individus qui les présentaient à l’ambassade de Belgique dans la capitale bulgare en vue d’obtenir, selon les cas, une ou plusieurs dizaines de visas. Mais le plus saisissant n’est pas là. Il est établi que certains de ces intermédiaires avaient préalablement été sollicités par l’ambassade elle-même, en vue d’adresser des invitations par centaines à des quidams nommément désignés. À l’époque, l’ex-numéro 2 d’« Ambabel Sofia » a eu son attention attirée par tous ces gens auxquels l’ambassadeur « K »délivrait les précieux sésames sur un simple paraphe. Elle a alors découvert que parmi eux figuraient des personnages impliqués dans des opérations de blanchiment d’argent. Ces fonds, blanchis dans des banques belges par d’anciens agents des services secrets bulgares, provenaient du régime communiste moribond. »
    Les centaines de milliards envoyés vers les #paradis_fiscaux, les détournements dans l’affaire des #diamants anversois, les fonds libyens, le Kazakhgate, #Publifin, #Samu_social, #Dubaï Papers, etc. montrent que tout s’est aggravé depuis l’affaire “Sofia”. Et pendant ce temps-là, ils organisent leur « austérité », rabotant encore le peu qu’il reste aux #écoles, #hôpitaux, #postes… Ceci n’est pas un feuilleton, une story de plus sur Netflix : ce sont des faits, qui imposent que vous vous leviez et sortiez de vos divans. Vous vous êtes assoupis, l’#histoire ne vous en voudra pas. Si vous vous levez...

    1. https://www.dhnet.be/actu/faits/sos-legalita-contre-le-crime-organise-51...
    2. « Belgique en sous-sol, immigration, traite et crime organisé », Frédéric Loore et Jean-Yves Tistaert, Éditions Racines, 2007, extraits disponibles sur google livre.
    3. Ibid.
    4. https://www.lalibre.be/belgique/une-plainte-informative-51b8ac51e4b0de6d...
    5. https://www.rtbf.be/info/belgique/detail_le-fortisgate-revele-des-courri...
    6. Ibid.
    7. https://www.lalibre.be/belgique/exclusif-voici-le-nouveau-scenario-du-fo...
    8. Rappelons que dans l’affaire du Kazakhgate, le projet de transaction pénale et le réquisitoire de l’avocat général auraient été écrits pas les avocats de Patokh Chodiev...
    9. Rapport des Commissions parlementaires de suivi du Comité R, n° 3-725/1 (Sénat) et DOC 511 289/001 (Chambre), 16 juillet’ 04, p. 29, 31 &32.
    10. Notamment : “Trafic de visas humanitaires : Francken affirme n’avoir “rien à cacher””, 18/01/2019. https://plus.lesoir.be/201467/article/2019-01-18/trafic-de-visas-humanit...
    11. Idem.

    #ue #union_européenne #mafia

  • Au procès France Télécom, un cadre expose « l’indifférence de la direction » face aux suicides
    https://www.mediapart.fr/journal/france/300519/au-proces-france-telecom-un-cadre-expose-l-indifference-de-la-direction-fa

    Sébastien Crozier, responsable du syndicat CFE-CGC et haut dirigeant de l’entreprise, a raconté l’horreur du suicide des salariés, et l’obsession de l’ancienne direction pour « l’argent ». Les efforts des prévenus pour se disculper ont été pulvérisés par la force de ce témoignage.

    #JUSTICE #Didier_Lombard,_France_Telecom,_suicide,_procès,_suicides,_Harcèlement_moral,_souffrance_au_travail,_management,_social

  • David Dufresne
    @davduf
    https://twitter.com/davduf/status/1131867641281417217
    05:57 - 24 mai 2019

    La Lettre du Préfet Grimaud ressurgit aujourd’hui sur Twitter, dans une version tronquée. Celle republiée dans la revue Liaisons (@prefpolice) en mai 2018, où il manque LE passage, situé à l’origine à la fin de la première page, avant le § de la 2e page

    David Dufresne
    @davduf
    08:20 - 24 mai 2019

    Beauté de Twitter, @LarocheMatthias a retrouvé l’original en version PDF : https://sd-1.archive-host.com/membres/up/1151058893/divers/MGrimaud_lettre_29mai68.pdf

    in http://police.etc.over-blog.net/article-la-police-republicaine-66753429.html

  • Tiens, j’avais raté ce morceau récent de Dub Inc pour SOS Méditerrannée : À travers les vagues, avec plein d’invités de la scène reggae dancehall récente
    https://www.youtube.com/watch?v=9V5WIKAJ9Ts

    Si les frontières sont fermées, on nage.
    Oh my brother tell them !
    On nous destine à braver l’orage.
    We are all citizens of the world so shout it !

    REFRAIN
    On n’a pas les mêmes chances et on n’a pas les mêmes limites.
    Qui choisit la donne quand on nous sélectionne ?
    Où sont les frontières ? On se réfugie, on s’invite !
    Tendre la main à travers les vagues.
    Face à la violence on a tous atteint nos limites,
    Lorsqu’on abandonne et que la mer déborde,
    Elle emporte avec elle notre humanité en dérive.
    Tendre la main à travers les vagues.

    Taïro
    De quel droit, au nom de quelle loi peut-on leur refuser ce que l’on s’offre à nous-mêmes ?
    Si c’était moi, si c’était toi, on ferait pareil bien sûr qu’on crierait à l’aide !
    Ce que l’on voit à travers les vagues, ne sont que le reflet, le miroir de nous-mêmes.
    De quel droit, au nom de quelle loi peut-on leur refuser ce que l’on s’offre à nous-mêmes ?

    Mellow Mood
    Hold on !
    May I ask a question ?
    What if weh we see is just part of a plan ?
    Deceive divide put man against man,
    Play with the anger a di population,
    Financial empire love di situation.
    New slave masses from di next piece a land.
    Ask yourself who benefit from this, who mek money from this ?
    Then who cyaan get rid of this ?

    Komlan
    Et on compte les victimes, juste un autre listing.
    À l’image des visages anonymes.
    Mais qui sont les victimes, qui rallongent ces listings ?
    Au large, en marge, mais le regard digne.
    Peu importe les risques, peu importe la manière de partir,
    Quand l’assiette est vide il n’y a que l’espoir qui fait survivre.
    Quelle est la justice si l’on ne peut choisir son avenir ?
    Lorsque tous nos fils, nos frères sont prêts à choisir le pire.

    Naâman
    All they got is bombs and soldiers inna kaki suit.
    We see the people them starving while Babylon is looting.
    They sell the guns so the war can’t cool,
    Haffi clear up the problem from the root.
    They run away with no paper,
    Open your door Mother Earth is our shelter.
    Find ourselves for the sake of one and others,
    Beyond the borders.

    REFRAIN

    Skarra Mucci
    Because divide and separate just to rule,
    Play full control and play we fool.
    Give we all kind of reasons to kill your friend,
    Or even your brother or your family dem.
    They say that division would made us strong,
    But we prove dem wrong me say from so long.
    A time fi unite everybody stay strong,
    Well no matter your race, your colour or religion.
    Let’s come together everybody hand in hand,
    Mek we march out strong in a dis yah revolution.
    We bun a fire upon dem separation,
    We’re standing strong in a dis yah Armageddon !

    Jahneration
    Théo :
    Emergency !
    Worldwide seas are overflowing of people inna suffering, nobody give a damn thing, Lord !
    We can take this no more !
    Reach out to the needy and the poor.

    Ogach :
    No man is an island, displacement a di people inna violence,
    Some a still smile and yet dem suffering inna silence.
    Walk pon di white sand then pass thru a tight fence.
    No wonda why the I stand fi unity and guidance.

    Didier Awadi
    Dans le désert je n’ai pas le choix,
    Face à moi et à la mer je n’ai pas de quoi.
    Moi j’évolue en me disant vous voulez pas de moi,
    J’ai la couleur de la misère on m’a dit sans émoi.
    Alors plus rien à foutre on va risquer la vie,
    J’ai pas besoin de vos conseils et de tous vos avis.
    La vie c’est fifty-fifty tous on a un préavis.
    S’il faut sauver tous les miens fuck la mort voilà ma vie !

    Bouchkour
    Eneyede ameuch
    Inid aniwi l’babor yaleumri y’a mon amour
    Teucheuralll témeuss
    Inid aniwi l’babor l’moujet itsrajon leuftor
    Narian houkouma houkouma
    Narouan ameuntar
    Narian narian gulaghamart
    tahian houkouma houkouma
    Itchayar l’heubhagh
    Narian narian éouzeumar

    REFRAIN

    Balik
    On a bâti un monde concurrentiel,
    Un monde où pour les riches tout s’achète, tout se chiffre.
    On a voulu l’économie à grande échelle,
    Prétendant libérer nous n’avons fait qu’agrandir les chaines.
    En effet le problème de l’Europe dans laquelle je suis né c’est qu’elle commet des erreurs,
    Mais ne les reconnaît et fait semblant d’en ignorer les séquelles.
    À travers les vagues, je vois les visages des enfants qui se demandent pourquoi s’en aller ? Pourquoi y aller ?

    Solo Banton
    They want to come round and control,
    We put up their barriers and borders so they can hold we.
    But who made them the judge and the jury ?
    A game you a play whether you chose him or chose me.
    So many in poverty, I can’t believe when I see people sleep on the street,
    And enough of them a flee to protect their family from the financial war you a keep.

    Broussai
    Quand la faucheuse frappe à toutes les portes du village,
    Attendre son tour pour gagner de nouveaux rivages.
    Partir à tout prix, affronter les mauvais présages.
    Y a-t-il un espoir au-delà des barrages ?
    Quand on laisse les nôtres périr au large,
    Notre dignité sombre dans les larmes.
    Comment peut-on se regarder et rire aux larmes ?
    Quand se jouent sous nos yeux tous ces drames.

    Raphaël
    Open the border let we cross,
    And give a message to your boss.
    Every man has the right to make a living,
    Every child has the right to survive.
    And you know sey you get what you giving.
    Let we cross and stay alive !

    REFRAIN

    Et profitons du coup : Dub Inc vient de sortir un nouveau morceau, avec un album qui arrive, toujours dans le coup, et ça pète grave !
    DUB INC - On est ensemble (Official Video)
    https://www.youtube.com/watch?v=1MIygusByo0

    #musique #reggae #dancehall #Dub_Inc #Bouchkour #Komlan #Balik #Naaman #Taïro #Didier_Awadi #Broussai #Solo_Banton #Jahneration #Skarra_Mucci #Naâman #Mellow_Mood #Raphael #SOS_Méditerranée #migrants #frontière

  • Balkany : Porte nous avait prévenus
    https://la-bas.org/5551

    Après notre procès Macron, voilà le procès Balkany qui commence. Détournement, corruption, chantages, arnaques : toujours impuni, toujours protégé. Pour les médias, Balkany est un régal depuis des années. Pas de doute pour les patrons de presse, le petit peuple aime les voleurs, écrasé par la loi, il aimerait être ce hors-la-loi. Avec Balkany, plus besoin des « Guignols de l’info », le guignol, c’est lui et ses amis jusqu’au sommet de l’État.Continuer la lecture…

    #Vidéo #Didier_Porte #Portrait

  • #Didier_Porte décortique la « méthode Praud »
    https://la-bas.org/5549

    Il est plus que praud-bable, ami abonné, que tu ignores tout du dénommé Pascal Praud, jusqu’à son existence, et que tu t’en portes à merveille. Sache néanmoins que ce plus superflu que réellement sulfureux personnage anime un programme quotidien de blablatage inutile et tous azimuts sur CNews, le canal bolloréen de désinformation continue, et que si tu es une femme, écolo donc bobo, de surcroît candidate aux européennes sur une liste très vaguement de gauche et un peu cucul la praline sur les bords (liste Glucksmann !), ça peut valoir le coup de s’y faire inviter.Continuer la lecture…

    #Vidéo #Médias #Deuxième_Guerre_mondiale #Politique