• L’Etat et les #Roms : de la #stigmatisation à la #négation_des_droits. En réponse au préfet #Leschi

    Par le Comité de soutien aux habitants roms de Bobigny

    L’#expulsion du #bidonville des #Coquetiers à #Bobigny, en #Seine-Saint-Denis, a abouti à un désastre. Des quatre-vingts enfants scolarisés du terrain, seuls huit vont encore à l’école aujourd’hui. Familles séparées, dispersées aux quatre coins de #France, bébés et vieillards malades jetés à la rue, formations professionnelles interrompues brutalement, voilà le bilan de cette expulsion qui se voulait « exemplaire ».

    A la journaliste de France Info qui l’interrogeait ce mardi sur ce bilan, #Didier_Leschi, préfet délégué à l’Egalité des chances, répondait en insistant sur les moyens inédits déployés pour cette opération. Certes, de l’argent, on en a dépensé : 320 000 euros d’argent public, brandis comme une médaille. Ce n’est pas faute d’avoir lésiné sur les moyens, disait le préfet désemparé. Mais vous comprenez, avec les Roms, on a affaire à « une sociologie qui nous échappe ».

    Tout est là. Imputer l’échec de l’opération à la « sociologie » des #Roms, c’est dire, une fois de plus, que les Roms sont différents, et que c’est cette différence consubstantielle qui met, qui mettra toujours, en échec nos tentatives pourtant généreuses, pourtant bienveillantes, pour les « aider ».

    Avec les Roms, disait Didier Leschi, « on ne sait pas faire ».

    C’est dommage, parce que les Roms des Coquetiers, eux, dans leurs baraques en bois, ils ne se débrouillaient pas si mal.

    Mugurel, par exemple. Ses deux enfants étaient scolarisés et il était depuis deux ans élu délégué des parents au conseil d’école. Mugurel travaillait pour de vrai, avec un vrai contrat, à Aulnay. Mugurel venait d’ailleurs de recevoir une proposition de logement social à Bobigny.

    Mugurel, on l’a expulsé du terrain où il vivait. Sa situation, ses efforts d’intégration ? Aucun intérêt.

    On a proposé à Mugurel une chambre d’hôtel à Hardricourt, à 60 km… Il se lève tous les matins à 4h pour partir à 6h accompagner ses enfants à l’école avant de prendre le chemin de son travail. Bien sûr, s’il perd son travail, il pourra dire adieu à son logement social. Combien de temps va-t-il encore tenir ?

    On aurait aussi pu aller rencontrer Habibe, la maman de Dragan. Habibe, c’est une femme énergique, qui a appris le français aux cours du soir de l’école. Elle servait même d’interprète aux intervenants, sur le terrain. Son fils Dragan est rentré en septembre en CAP.

    Aujourd’hui, Habibe, son mari et son fils se retrouvent à Belfort. Exit le CAP qui aurait permis à Dragan d’avoir un métier, de devenir un contribuable comme les autres.

    Et Abel, Adelin et Lola, les trois cousins qui venaient chaque jour au collège, qui avaient appris à parler français, à lire, à écrire ? Pourtant, ça n’a pas toujours été facile avec les autres élèves. Venir à l’école, quand on est un enfant rom, c’est aussi se heurter au rejet de certains enfants, et même de certains adultes. Mais ils sont venus chaque jour. Abel voulait être policier, Lola voulait être coiffeuse. La maman d’Abel et Adelin venait à chaque réunion parents-profs. Les parents avaient à cœur d’acheter la photo de classe, avec leurs petits moyens.

    Aujourd’hui, ces trois enfants dorment dans des camionnettes, bien loin du collège. On leur avait bien proposé une solution de relogement, mais on avait séparé la famille. Lola et ses parents sont arrivés dans une chambre sans eau, sans électricité, avec trois couvertures pour sept personnes. Et il n’y avait pas de classe d’accueil au collège, là-bas. Lola ne pouvait pas poursuivre sa scolarité.

    Finalement, ils ne se débrouillaient pas si mal, ces gens. Ils ne demandaient pas grand-chose. Une inscription à l’école pour leurs enfants, comme tout le monde. Le ramassage de leurs ordures ménagères, comme tout le monde. Du travail, comme bien d’autres avant eux. Du travail, l’école, un minimum d’hygiène, le droit de tenter sa chance comme tout un chacun… c’est cela, une sociologie qui nous échappe ?

    Non, à vrai dire, rien ne nous échappait.

    Si l’objectif avait été d’accompagner ces familles, de trouver des solutions pour de vrai, on n’aurait pas procédé de cette façon. On n’aurait pas sommé des familles, le lundi après-midi, de prendre le premier train du mardi pour une destination inconnue, en abandonnant l’école du petit, les études du grand, le travail du père, les grands-parents par-dessus le marché, et en jetant à la rue 60 % des habitants du terrain, avec leurs bébés, sous la pluie et sous les quolibets des CRS. La méthode employée ne pouvait mener qu’à l’échec. Cette expulsion était simplement une obsession du préfet Galli et une promesse de campagne du candidat Stéphane de Paoli à la mairie de Bobigny. Elle n’avait pas « vocation à » aider les familles, seulement à s’en débarrasser.

    Trop de familles roms en Ile-de-France, dans des zones déjà sinistrées par le chômage, certes. Des bidonvilles insalubres et dangereux pour leurs habitants, certes. Des solutions pouvaient, devaient être proposées, c’est vrai. Mais il aurait fallu anticiper, accompagner les familles, les préparer à un changement de vie et d’environnement, ne pas les disperser, ne pas briser leurs efforts d’intégration. Et surtout, il aurait fallu faire avec elles, en partant de ce qu’elles avaient déjà construit. Pas les traiter, encore et toujours, comme des objets qui seraient incapables d’agir par eux-mêmes.

    Qu’est ce que cela coûtait d’attendre la fin de l’année scolaire, de laisser les enfants finir leur année, et surtout de laisser aux intervenants le temps d’accompagner véritablement, de trouver des places en apprentissage ailleurs en France, de laisser à tous le temps de se projeter dans un avenir nouveau ? Pourquoi cette absurde précipitation qui a tout détruit, qui a plongé ces familles dans des complications inextricables ?

    Peut-être aurait-il fallu les rencontrer, ces gens. Prendre le temps de leur parler, au-delà du « diagnostic », réduit à la collecte de quelques données administratives. Mais c’est sans doute inenvisageable… pensez donc, aller parler d’égal à égal avec des gens dont la « sociologie » nous échappe à ce point !

    Les démarches entreprises pour faire évoluer la situation des familles roms en France n’ont pas vocation à fonctionner tant qu’elles reposeront sur cet éternel préjugé que pour les Roms, c’est différent, qu’on ne peut pas parce qu’ils ne veulent pas. Tant qu’on refusera de considérer les Roms comme des migrants du travail, on ira à l’échec. On continuera à orchestrer une chasse au Rom, une chasse coûteuse pour l’Etat et désastreuse pour les familles. Nous, qui les avons accompagnés pendant plusieurs années, nous savons qu’ils ne demandent rien de plus, rien d’autre que ce que nous demandons chaque jour à la vie. Ils ne sont pas substantiellement différents.

    Il n’y a pas de culture de la misère, pas de culture de la saleté ni de la mendicité ; seulement les affres de la misère et de l’exclusion, seulement des choix qu’on fait quand on n’a pas le choix. Ce ne sont pas les pauvres qu’il faut combattre mais bien la pauvreté. Comment peut-on avoir encore besoin d’énoncer cette évidence en 2014 ?

    Tant que nous considérerons les Roms comme une sous-catégorie d’hommes, tant que nous resterons convaincus que nous ne pouvons pas agir avec eux, tant que nous leur refuserons le statut de sujets, nous donnerons aux préfets et aux élus toute latitude pour tuer dans l’œuf les efforts d’intégration des Roms. Nous leur permettrons, comme aujourd’hui, d’entretenir et d’aggraver la misère aux frais de l’Etat. Et certes, il y a là quelque chose qui nous échappe.

    https://www.ldh-france.org/letat-les-roms-stigmatisation-negation-droits
    #droits

  • Pour sauver la récolte de clémentines de Corse, rien de moins qu’un pont aérien
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/10/07/un-pont-aerien-pour-sauver-la-recolte-de-clementines-de-corse_6055101_3244.h

    Les autorités françaises et marocaines ont établi un protocole permettant l’arrivée en octobre de plus de 900 #saisonniers marocains sur l’île.

    Un pont aérien entre le Maroc et Bastia sauvera-t-il la récolte des clémentines corses ? Dès le printemps, les producteurs locaux s’inquiétaient : après une récolte 2019 médiocre en quantité, les conditions de circulation drastiques imposées par le Maroc à ses ressortissants depuis le début de la pandémie de Covid-19 menacent la cuvée 2020. Or, les saisonniers marocains sont d’autant plus demandés que le travail de récolte des fruits, pénible, ne séduit guère sur place. Comment leur permettre de gagner la Corse, où le marché de la clémentine – de 20 000 à 30 000 tonnes produites chaque année – emploie directement 600 personnes et génère plus de 50 millions d’euros de revenus annuels ?

    Afin de parer la menace de vergers désertés, plusieurs réunions sont organisées avec la préfecture de la Haute-Corse depuis l’été. L’Office français de l’immigration et de l’intégration est mis dans la boucle, comme les autorités marocaines et les représentations françaises. Le protocole permettant l’acheminement en Corse, par voie aérienne, de 902 travailleurs saisonniers marocains, est validé le 23 septembre par le Centre interministériel de crise (CIC) rattaché au premier ministre. « Un pont aérien exceptionnel en tout point par son ampleur et son contexte, souligne l’un des négociateurs du processus : les producteurs ont même accepté de prendre à leur charge les frais de location d’avions à la compagnie Transavia pour l’acheminement des travailleurs marocains en Corse » – un coût de l’ordre de 500 000 à 600 000 euros, dont la charge sera partagée entre les 72 des 145 producteurs de clémentines à avoir réclamé de la main-d’œuvre cette année.

    « La pandémie rend ce genre d’opérations plus lourd, précise #Didier_Leschi, directeur de l’Office français de l’immigration et de l’intégration, dont le bureau de Casablanca a supervisé le processus, mais elles font partie de nos missions traditionnelles. »

    « Minutieusement préparé »

    Dès l’arrivée sur place des saisonniers, en cinq vagues successives du 9 au 28 octobre, un strict protocole sera observé, supervisé par plusieurs services de l’Etat et la Chambre de commerce et d’industrie de la Haute-Corse. « Tout a été minutieusement préparé, estime François Ravier, préfet de la Haute-Corse. Des prélèvements seront effectués au Maroc avant le départ des travailleurs, puis sept jours après leur arrivée et de nouveau avant leur départ, avec des contrôles renforcés sur leurs conditions de vie et de travail. » Les éventuels porteurs du virus seront mis en quarantaine dans des campings de la région, et l’acheminement vers vers chaque exploitation sera compartimenté. Le tout, assurent les pouvoirs publics, dans une « constante préoccupation » du respect de la dignité des #travailleurs_saisonniers.

    Fait notable dans une île où la moindre initiative de cet ordre se doit d’être soumise aux élus locaux, ceux-ci sont restés à l’écart de la démarche. « Aucune écoute, aucun intérêt manifesté par la majorité nationaliste de l’Assemblée de Corse, silence radio », se désole une agricultrice.

    C’est que la profession, si elle se félicite d’un succès logistique, ne souhaite plus le commenter publiquement : sitôt ébruitée la nouvelle de l’arrivée en Corse de près d’un millier de personnes en provenance de l’extérieur de l’île, les producteurs de clémentines ont subi le courroux des réseaux sociaux et se trouvent désormais accusés de favoriser la propagation de la pandémie de Covid-19.

    « C’est tristement habituel ici, soupire un responsable du monde agricole en Haute-Corse : les mêmes qui étaient, hier, favorables au #tourisme de masse pour sauver la saison dénoncent aujourd’hui l’arrivée hyper encadrée de travailleurs. » De telles critiques, si elles «  écœurent » volontiers les producteurs de clémentines, ne devraient pas empêcher le premier vol direct Casablanca-Bastia d’atterrir vendredi 9 octobre en fin de matinée.

    Quand un ex de la LCR passé par le chevènementisme organise la venue de Marocains (comme aux temps des mines du Nord) pour que 900 saisonniers assurent en quelques semaines la santé des entreprises qui emploient à l’année 600 locaux, oùquellestl’assistance ?

    Edit déjà là (dsl)
    https://seenthis.net/messages/879956
    avec une jolie photo de Le Monde d’une femme blonde souriante façon ravie de la crèche du travail saisonnier pour dépliant publicitaire et qui n’a pas une allure très marocaine

    #Travail #emploi #agriculture