• Onfray, escroc intellectuel - Confitures de culture
    http://pierre-jourde.blogs.nouvelobs.com/archive/2015/07/08/onfray-escroc-intellectuel-565830.html

    L’universitaire ne fiche rien. Il ne trouve rien de neuf et perpétue une routine. On aura reconnu une variante du discours poujadiste éternellement ressassé par les beaufs : ces profs, tous des fainéants. Leurs livres sont rasoirs et lus par personne. Tout ça aux frais du contribuable. Or, les publications de la recherche française sont pléthoriques, et, pour rester dans le domaine des lettres, les éditions de textes, les biographies d’écrivains pullulent de trouvailles, d’informations puisées à la source au prix d’un long travail de bénédictin.

    Publications lues par personne ? ça dépend. Les éditions savantes alimentent les éditions de poches d’auteurs anciens, par exemple. La recherche fondamentale nourrit la vulgarisation. Et quand bien même ? Est-ce qu’il ne faut pas des spécialistes et des chercheurs ? Foucault n’est pas toujours facile à lire, Kant non plus, mais ils ont tout de même révolutionné notre vision du monde. On sent bien qu’Onfray prêche pour sa chapelle : je suis un vulgarisateur, il est scandaleux que tout le monde ne le soit pas. Quant au « grassement payés », mieux vaut en rire. Je ne pense pas qu’Onfray imagine une seconde le montant du salaire d’un maître de conférences débutant, qui enseigne à 500 kilomètres de chez lui, nanti d’une agrégation et d’une thèse, qualifié par le CNU, recruté par un concours universitaire qui a laissé 50 autres candidats surdiplômés sur le carreau. Mais bon. Laissons Onfray à son ressentiment, et supposons qu’il a raison, contre toute évidence : les universitaires ne trouvent jamais rien.

    Du haut de son autorité, il tranche, décrète, et nous propose un modèle de jeune chercheuse, Adeline Baldacchino, qui n’est pas universitaire, et a donc réussi là où échouent les chercheurs académiques. Baldacchino, elle, a TROUVE. Trouvé quoi ? L’essentiel de la préface de Michel Onfray, à part les injures, sans parler du texte d’Adeline Baldacchino, consiste à faire résonner toutes sortes de tambours et de trompettes pour claironner à quel point la trouvaille est extraordinaire, à quel point il a fallu chercher, à quel point ça aura été une aventure de l’esprit, une « chasse au trésor remontant aux penseurs arabes du Xe siècle », à quel point tout ça n’était pas facile. On en est tout alléché, tout excité. Qu’a trouvé la jeune chercheuse ? Des paroles attribuées à Diogène le Cynique, et conservées dans des textes arabes. La plupart de ces « dits » étaient jusque-là inconnus. Ce sont, écrit Michel Onfray, des « fragments inédits ». Des textes inconnus ressurgissent du fond des âges et des confins du monde ! Merci, merci Adeline Baldacchino, et honte à l’université.

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    Si on y regarde de plus près, on est estomaqué. Les fameux fragments oubliés, Baldacchino les a découverts… dans un texte d’un universitaire américain, Dimitri Goutas, publié en 1993 dans les actes d’un colloque édités par le CNRS !!!!!!!!!!! (Je crains qu’il ne reste plus assez de points d’exclamation en réserve pour exprimer l’effarement). Tout ce qu’il y a d’académique en fait de recherche. Autrement dit elle a republié et traduit ce qui avait été déniché par un universitaire ! (il restait un point d’exclamation). Ce qui n’empêche pas Onfray de vouer aux gémonies les responsables de l’ouvrage où ces textes ont été publiés : ils ont les vacances et la sécurité sociale, et ils font de la rétention de documents précieux ! Diogène leur aurait pissé dessus !

    Ce qu’Onfray propose comme modèle de trouvaille, dont seraient incapables les universitaires, c’est exactement le contraire : de la fumée, du bluff. Un chercheur qui présenterait ce travail en se targuant de sa découverte serait la risée de l’université. Car qu’a fait Baldacchino, qui mérite tant de bruit et de mise en scène ? Elle a traduit en français un authentique travail de recherche, assez récent, qui consistait à publier et traduire en anglais des textes arabes issus du grec.

    #Onfray #Université #Diogène

  • Diogène de Sinope, le chien royal

    Dans la série une vie une oeuvre, un portrait du philosophe « clochard » Diogène de Sinope et sa résonance contemporaine .
    http://www.youtube.com/watch?v=epW-8gZwQEk

    A une époque où #Platon puis #Aristote règnent en maîtres sur la #pensée_athénienne, voici que surgit #Diogène, l’exilé de #Sinope, qui revendique le chien comme emblème philosophique. Il sera « le chien royal », après #Antisthène, « le vrai chien », que l’on considère comme le père fondateur de l’#école_cynique. Diogène crèe le personnage du #philosophe_vagabond, barbe hirsute, manteau de bure, besace et baton dont il fera grand usage pour convertir ses contemporains à la philosophie, la sienne. Vivant dans une jarre à proximité de l’#Agora, interpellant les passants au hasard des rencontres, les #raillant et les #fustigeant de ses féroces jeux de #langage - le #rire est sa #méthode - il engage ses congénères à vivre selon les #lois de la #nature. Faisant fi des #tabous, des #illusions et de toutes les conventions sociales, de provocations en provocations, Diogène vit comme un #chien, mangeant au creux de ses mains, pissant et crachant sur les #puissants, se masturbant sur la place publique... Sa #théatralité fait #scandale et perturbe, par un #renversement absolu des valeurs, la #bonne_conscience de ses contemporains et l’#ordre de la #cité. On l’a beaucoup caricaturé, mais Diogène le #subversif intempestif est un penseur qui exprime avec #radicalité une #vision du #monde et une #pensée philosophique.

    #Philosophie #Cyniques #Grèce #Radio #Audio #France_culture