• NOS VIES, NOS FORMATIONS, NOTRE VOIX!

    Les temps sont aux grandes annonces concernant nos #examens, nos diplômes, la suite de nos cursus. Les discours des directions d’institutions de formation, qui suivent ceux des autorités, se ressemblent affreusement, partout.

    On ne parle nulle part de ce qui attend les personnes, innombrables, pour qui la crise du coronavirus a complètement chamboulé la vie et les possibilités d’apprendre. Nulle part les directions d’institution ont engagé un réel effort d’enquête pour savoir quelles étaient les capacités de travail résiduelles des étudiant·e·s/apprenti·e·s. C’est la grande #fuite_en_avant, ordonnée par les autorités cantonales : « Continuité pédagogique ! En avant, comme en 40 ! Zoom, Webex, Skype, mails ! Whatsapp ! Moodle fois 1000 ! Surtout on ne s’arrête pas pour réfléchir ! »

    C’est affligeant. Mais le personnel enseignant et les étudiant·e·s/apprenti·e·s y mettent du cœur. Les directions et les autorités ont beaucoup applaudi à cela... Merci, mais nous n’avions pas le choix ! Nous aimons ce que nous faisons, ce vers quoi nous allons. Mais nous n’aimons pas le faire comme ça.

    Les discours des directions, donc, sont les mêmes partout. Pour autant, toutes les catégories d’apprenant·e·s ne sont pas mangées à la même sauce :

    A l’#école_obligatoire, on promouvra les élèves comme d’habitude mais sans examen, un point c’est tout. Les apprenti·e·s en fin de formation auront leurs #diplômes cette année, et ceci sans examens théoriques ni pratiques, c’est déjà annoncé (les Cantons l’ont demandé, la Confédération suivra) : le marché a besoin des apprenti·e·s, force de travail jeune et docile, peu chère encore…

    Dans les #gymnases et dans le #tertiaire (ES, #HES, HEP, HEU), toutefois, on tergiverse. On veut maintenir une « qualité » de façade, on cherche des formulations alambiquées pour dire que l’on maintient formellement les exigences… Le seul résultat tangible, c’est le maintien du #stress et de la #pression sur nous autres, personnes en #formation.

    C’est une vaste mascarade. Le système a besoin de nous et il a besoin que nous continuions d’avancer dans nos cursus. Il ne peut pas absorber six mois, un an, de report, ni le redoublement de la majorité d’une cohorte. S’il y a moins d’enseignant·e·s diplômé·e·s cette année dans les #HEP, les écoles primaires et secondaires implosent. S’il y a moins de travailleuses/eurs diplômé·e·s dans la santé et le social cette année, toutes les institutions publiques et privées de ces secteurs implosent. Si une grande part d’entre nous allonge son cursus de six mois, ou d’un an, nos établissements de formation explosent... Alors que faire des milliers d’étudiant·e·s/apprenti·e·s mobilisé·e·s par l’Etat (PC, armée, etc.), de la foule d’étudiant·e·s/apprenti·e·s qui ont leur(s) enfant(s) à la maison sans solution de garde et sans temps ni espace à disposition pour leur formation, de la masse de celles et ceux que l’enseignement à distance a largué·e·s, etc.? Mises ensembles, ces personnes constituent une immense part de la population "en formation"... Alors quoi...?

    Alors aux directions, aux autorités, nous disons : STOP au maintien de sessions d’examens sous prétexte de « qualité » des diplômes. STOP au maintien des exigences d’avant la crise.

    Nous sommes réalistes. Nous savons la #pénibilité de ce que nous vivons. Nous savons aussi notre force, qui est celle du nombre et de l’unité.

    Quelques pistes d’action, déjà :

    1) A l’UNIL où, contrairement aux autres étudiant·e·s, les propédeutiques verront leur(s) éventuel(s) échec(s) aux sessions d’examens post-coronavirus comptabilisés, nous les appelons à faire valoir massivement leur #droit_de_retrait aux examens dès à présent.

    Ceci afin de préserver leur droit à des tentatives dans des conditions sereines l’année prochaine, et afin d’envoyer à la direction le message suivant : « Vous nous discriminez, nous allons engorger l’Université ! » La direction l’a dit : cette mesure discriminatoire vise à ce que les taux d’échecs en propédeutiques soient maintenus : de 30 à 60%. Quel plaisir de voir la haute estime où l’on nous tient... ! [IMPORTANT : Jusqu’au 12 mai, la réinscription sera possible et nous entendons gagner l’égalité de traitement avant cette date !]

    2) A la HEP Vaud : comme partout, la Direction ne tient pas compte de la réalité des étudiant·e·s qui sont parents avec leurs enfants à la maison, ni de tous les types de situations difficiles que nous traversons. Le mantra est aussi le même qu’ailleurs : « C’est dur pour tout le monde, les choupinous, alors fermez-la et bossez ! » (Plus d’infos ici) A ces gens-là, il faudra coller un préavis de #grèvedesétudes parce que la tolérance au mépris a des limites.

    3) Partout, à l’Université de Neuchâtel (UNINE), à celle de Genève (UNIGE), dans les écoles professionnelles, les gymnases, les Ecoles supérieures et les Hautes Ecoles, notre message doit être collectif, simple et ferme :

    Tou-te-s autant que nous sommes, nous voulons continuer à nous former, y compris à distance, dans la mesure de nos possibilités. Nous voulons donc que ce que nous vivons soit pris en compte : notre moindre disponibilité physique et mentale, nos multiples problèmes liés à la pandémie. Nous ne voulons pas de « cas par cas », nous voulons des garanties pour tout le monde. Nous ne voulons pas de traitement particulier pour situations exceptionnelles : nous sommes tou-te-s en situation exceptionnelle !

    Partout, il faut dire STOP à la mascarade et à la pression. Nous ne voulons pas de pseudo-examens, pas de pseudo-évaluations, pas de demi-solutions, pas de discriminations entre nous ! Nous sommes uni·e·s et nous refusons que celles et ceux que la crise aura le plus durement affecté·e·s en paient le plus gros tribut.

    –----

    Post-scriptum : Les pétitions sont un premier pas sur le chemin de la mobilisation. Quelques initiatives à soutenir :

    UNIGE : pétition pour « repenser la solution des examens »
    https://www.change.org/p/le-rectorat-de-l-universit%C3%A9-pour-repenser-la-solution-des-examens-%C3%A

    UNIL : pétition – Egalité pour tou-tes-x-s concernant les modalités d’examen :
    https://www.change.org/p/egalit%C3%A9-pour-tous-te-x-s-concernant-les-modalit%C3%A9s-d-examens

    EPFL : pétition contre les examens en août et pour des examens adaptés à la situation :
    https://www.change.org/p/epfl-epfl-contre-les-examens-en-ao%C3%BBt-et-pour-des-examens-adapt%C3%A9s-%

    * Post-scriptum 2 : Un peu de lecture, encore..

    https://www.sud-ep.ch/mettons-un-terme-a-la-mascarade

    https://www.sud-ep.ch/de-nos-conditions-detudes-par-temps-de-pandemie

    –-> Reçu par le syndicat SUD Etudiant-e-s et Précaires via mail, le 06.04.2020

    #éducation #apprentissage #Suisse #continuité_pédagogique #université #mascarade #égalité #ESR #enseignement_supérieur

    • #Acharnement_pédagogique ? Malgré la crise, les universités maintiennent les examens coûte que coûte

      En pleine épidémie de coronavirus, et alors qu’une crise sanitaire et économique des plus importantes frappe le monde entier, dans les universités françaises, seule la « continuité pédagogique » et les examens semblent être la priorité.

      Dans les universités, les examens maintenus dans des conditions particulièrement inégalitaires

      Alors que l’épidémie de Covid-19 a imposé, pour des raisons évidentes, la fermeture des centres universitaires et la fin des cours traditionnels à partir du 13 mars au soir, les cours continuent en ligne au nom de la « continuité pédagogique ». Si la poursuite des activités pédagogiques peut permettre à au moins une partie des étudiants de maintenir des liens avec leurs enseignants et leurs camarades dans une période de confinement difficile à traverser, le maintien des programmes habituels et des examens dans ces conditions, par contre, ne vont absolument pas de soi.

      Les étudiants, déjà forcés de suivre coûte que coûte les cours prévus au programme et de rendre des devoirs en ligne depuis le début du confinement, pourraient également devoir passer leurs examens de fin de semestre malgré la crise et les difficultés que cela engendre. De fait, les dernières ordonnances du gouvernement donnent aux présidences d’université la possibilité de modifier les modalités de validation des enseignements, suggérant le recours à des oraux en visio-conférence, à des devoirs maison, voire à des examens télésurveillés, c’est-à-dire des devoirs en temps limité surveillés au moyen d’un webcam par des entreprises spécialisées – moyennant un coût élevé.

      Ces solutions sont cependant synonymes d’un approfondissement des inégalités universitaires. Les témoignages recueillis et les enquêtes menées actuellement dans de nombreuses universités révèlent l’ampleur des difficultés. Premièrement, les étudiants n’ont pas le même accès au numérique selon leurs revenus et ceux de leurs parents. En outre, dans la mesure où un étudiant sur deux travaille sur le temps universitaire, beaucoup sont impactés sur ce plan : ceux qui sont salariés dans la grande distribution ont vu leur volume hebdomadaire de travail significativement augmentés pour faire face à la crise, tandis que d’autres ont perdu leur emploi et n’ont plus ou quasiment plus de revenus actuellement. D’autres habitent dans des logements insalubres et/ou ne leur permettant pas de s’isoler pour travailler ; certains encore secondent leurs parents dans l’accompagnement scolaire de leurs frères et sœurs. Enfin, il est évident que certains ont été touchés directement par le virus, et ont été malades eux-mêmes, ont dû aider un proche malade, ont perdu un proche. La question des examens en temps de crise profonde exacerbe les inégalités qui existent au sein de l’université bourgeoise.
      A l’Université Paris Dauphine, ainsi qu’à Nanterre et à Paris 1 pour les masters, ce seront des partiels en ligne qui seront organisés. Même si cela implique de laisser de côté les étudiants qui n’ont pas accès à l’informatique, ou de les forcer à se déplacer. Dans certaines facs, on parle encore de partiels fin mai ou en juin, mais dans quelles conditions vu les difficultés à prévoir au moment du déconfinement ? Plus encore, comment vont faire les étudiants qui comptent sur leur travail d’été pour financer leur année universitaire suivante, c’est-à-dire se loger et se nourrir à partir de septembre ?

      A Paris 7, ce sont même les partiels télésurveillés qui sont envisagés dans certaines UFR. Chaque département peut en effet prendre des décisions différentes, ce qui dévoile les logiques individualistes ayant cours dans l’Enseignement Supérieur. La concurrence qui règne entre départements et entre universités conduit à l’obsession pour les notes au nom d’une prétendue « valeur du diplôme », loin du mythe de l’enseignement universitaire émancipateur. La logique néolibérale appliquée à l’université, qui a conduit ces dernières années à la légalisation de la sélection en licence comme en master, impose ainsi aux étudiants une pression scolaire renforcée.

      A l’USMB, à Chambéry, des étudiants ont décidé de se mobiliser pour contredire les discours de la direction de l’Université qui expliquait que le déroulement des partiels ne posait pas de difficultés. Ils ont réalisé une enquête auprès des étudiants qui révèle de façon brutale la réalité de leur situation. Ainsi, 75% d’entre eux se disent largement angoissés par la situation ainsi que les nouvelles modalités de cours et d’examens, pendant que seuls 21 % disent réussir à travailler correctement actuellement. 65% déclarent devoir travailler pour vivre, certains ayant perdu leur travail (licenciement ou disparition des offres par exemple pour la garde d’enfant, l’aide au devoirs ou la restauration).
      Dans une période de crise, les examens sont-ils vraiment si nécessaires ?

      Face à la crise, les étudiants sont la première ligne d’ajustement. Entre ceux qui, livreurs Deliveroo ou salariés de MacDo et de la grande distribution, sont forcés à continuer de travailler en pleine crise sanitaire, ou ceux qui ont été licenciés ou ne reçoivent plus d’offre de travail, les étudiants font partie de ceux qui vont payer la crise. La crise actuelle renforce donc l’angoisse de l’avenir sur fond de précarité alimentaire ou locative. Dans ces conditions, il est clair qu’il est impossible pour de nombreux étudiants de se concentrer et de se préparer à passer leurs examens. Le maintien des examens coûte que coûte revient donc à condamner une large partie des étudiants, et notamment les précaires, à la seule perspective d’un redoublement, voire à l’éjection du système universitaire : un redoublement a en effet des conditions financières qui peuvent être dramatiques pour les étudiants les plus modestes, mais aussi, dans un système devenu de plus en plus sélectif, des conséquences sur la poursuite d’études – notamment en master.

      Plus largement, cette obsession à maintenir les évaluations dit quelque chose de l’enseignement universitaire et des logiques qui l’habitent. En effet, si le maintien des examens dans une période de crise profonde peut sembler simplement absurde à tel point il est déconnecté des préoccupations engendrées par cette crise, il a également pour conséquence de maintenir le contrôle sur les jeunes. En les maintenant dans le régime de la concurrence, en continuant le « business as usual », on évite que les jeunes scolarisés prennent la mesure de la situation et se politisent plus en profondeur. Concentrer l’attention sur des cours hors sols par rapport au drame mondial que nous vivons permet ainsi de freiner l’expression d’une colère suscitée par le renforcement de la précarité et par la gestion gouvernementale de la crise sanitaire. A l’opposé de cela, il s’agit de revendiquer la validation totale du second semestre pour tous les étudiants, et le recensement suivi de la mise à disposition de tous les moyens (laboratoires etc) des universités au service de la résolution de la crise.

      https://www.revolutionpermanente.fr/Malgre-la-crise-les-universites-maintiennent-les-examens-coute-

  • How the pandemic, plummeting oil prices could reshape Middle East- Al Monitor
    The COVID-19 virus will hit hardest those states in fragile or conflict situations — Libya, Syria, Yemen, Iraq, Lebanon, the West Bank and Gaza — which, even prior to the pandemic, faced the risk of becoming chronically failing or even failed states
    #Covid19#MoyenOrient#Diplomatie#Internationale#Refugiés#Migrant

    https://www.al-monitor.com/pulse/originals/2020/04/coronavirus-pandemic-covid19-reshape-region-syria-yemen-iraq.html

  • « Il n’est pas besoin de beaucoup de mots » : #dérogations à tout va dans les #universités

    L’#ordonnance « relative à l’organisation des #examens et #concours pendant la #crise_sanitaire née de l’#épidémie de #covid-19 » a été examinée hier après-midi en conseil des ministres, et est donc parue au Journal officiel de ce matin. Cette ordonnance appartient à la deuxième vague des ordonnances prévues par la loi d’urgence du 23 mars 2020, après la vague des 25 ordonnances du 25 mars, dont les médias se sont largement fait l’écho.

    Il faut bien comprendre que cette ordonnance est une intervention du #pouvoir_exécutif dans ce qui représente normalement le champ de compétences du #Parlement. L’objectif de cette ordonnance n’est donc pas le même que l’objectif d’un #décret : il est d’abord et avant tout de modifier des dispositions de valeur législative, que le #Président_de_la_République et le #gouvernement n’ont normalement pas la possibilité de modifier par eux-mêmes, mais qu’ils peuvent tout de même modifier parce que le Parlement les y a exceptionnellement habilités.

    On est donc en présence d’un #droit_d’exception dans tous les sens du terme : #exception sur la forme, parce que le gouvernement intervient dans le champ du Parlement pour modifier des textes de #valeur_légale, conformément à la procédure des ordonnances (article 38 de la Constitution) ; exception sur le fond, parce cette ordonnance introduit un nombre important de modifications qui sont certes justifiées par l’épidémie et ses conséquences, mais qui, il ne faut pas le perdre de vue, sont aussi, pour nombre d’entre elles, des modifications que le #MESRI souhaite introduire ou généraliser depuis des années (#examens_à_distance, et notamment en #télésurveillance ; délibérations par #visioconférence ; pouvoirs forts des chefs d’établissements ; différenciations entre établissements). Il est très probable, de ce point de vue, que le provisoire actuel se révèle rapidement transitoire : les mesures prévues dans ces ordonnances représentent un galop d’essai fantastique pour le MESRI.

    Il est aussi important de noter, d’emblée, que l’ordonnance est très courte. On pourrait être tenté d’y voir le signe que les dérogations introduites sont en nombre limité. Il faut plutôt l’analyser, nous semble-t-il, comme la marque du caractère très général des nouveaux pouvoirs que l’ordonnance attribue, et du faible nombre de #garde-fous mis en place : il n’est pas besoin de beaucoup de mots pour dire que l’on peut déroger à tout va au droit existant, dès lors que le choix est fait de ne pas encadrer outre mesure ces dérogations.


    *

    Au-delà de ces considérations générales, on peut reprendre le contenu de l’ordonnance dans l’ordre, au risque d’être un peu long.

    1° Temporalité des #règles_dérogatoires

    Les mesures prises dans cette ordonnance ont une durée de vie doublement limitée : limitée dans le temps (elles sont applicables du 12 mars – elles peuvent donc avoir un effet rétroactif – au 31 décembre 2020) et limitée dans la finalité (elles doivent être « nécessaires pour faire face aux conséquences de la propagation de l’épidémie » et aux conséquences « des mesures prises pour limiter cette propagation »).

    Deux remarques sur ce point :

    Comme pour la #prorogation des mandats des présidents et conseils centraux, le choix a donc été fait d’une durée très longue de 9 mois 1/2. Ce choix est un peu étonnant, surtout depuis qu’on a réalisé que le choix du MESRI de proroger possiblement jusqu’au 1er janvier 2021 les mandats des présidents et conseils centraux n’est finalement pas la règle générale applicable aux établissements publics qui ne relèvent pas du MESRI (cf. l’article 6 de l’ordonnance du 27 mars 2020 adaptant le droit applicable au fonctionnement des établissements publics et des instances collégiales administratives pendant l’état d’urgence sanitaire, qui prévoit des prorogations allant, selon les cas, jusqu’au 30 juin et jusqu’au 31 octobre 2020).
    Il sera important de s’assurer que les modifications introduites sur le fondement de cette ordonnance ne perdurent pas dans certains établissements : elles doivent être strictement limitées aux deux barrières temporelles précédemment évoquées. Et dans tous les cas, comme dit plus haut, même si ces #limitations_temporelles existent, le risque est réel que ces modifications soient ensuite pérennisées, conformément à cette logique – maintes fois observée ailleurs – selon laquelle le droit d’exception préfigure le #droit_commun.

    2° Transformation des règles d’accès à l’enseignement supérieur et de délivrance des #diplômes

    Le chapitre Ier de l’ordonnance (articles 2 à 4) concerne l’accès aux formations de l’enseignement supérieur et la délivrance des diplômes de l’#enseignement_supérieur. Ces trois articles ont vocation à réduire (à « assouplir », dit-on en novlangue) de manière très importante les conditions légales du code de l’éducation par l’attribution de pouvoirs exceptionnels.

    Deux questions sont traitées dans ce chapitre : la détermination du contenu des « #adaptations » (articles 2 et 4) ; la détermination de l’#autorité_compétente pour prendre ces mesures d’adaptation (article 3).

    2.1 Le contenu possible des « adaptations » extrêmement large. On note immédiatement deux choses importantes :

    S’agissant des modifications des modalités d’accès aux #formations de l’enseignement supérieur, il n’est rien dit du contenu possible de ces modifications si ce n’est que chaque autorité qui intervient légalement dans la procédure d’accès aux formations (rectorat, universités) a le droit de changer les règles « nonobstant toute disposition législative ou réglementaire contraire », c’est-à-dire sans que les règles existantes puissent y faire obstacle. Ce grand silence, sur un sujet aussi sensible, interpelle car il laisse une marge de manœuvre très importante à chaque université et à chaque #rectorat pour adapter la procédure de l’article L. 612-3 du #code_de_l’éducation. Ce point appelle une vigilance toute particulière.
    Ceci dit, lorsque, s’agissant de la modification des modalités de délivrance des diplômes, une liste est établie, elle est en réalité si large qu’elle permet, là aussi, tout ou presque (modification de la nature des épreuves, de leur nombre, contenu, coefficient, conditions d’organisation, et notamment possibilité de dématérialisation complète).

    La plus grande liberté est donc laissée sur les modifications de contenu, et les pratiques vont vraisemblablement être très variables sur le territoire, mettant définitivement un terme à ce qui restait d’idéal d’#égalité des étudiant·es devant le #service_public de l’enseignement supérieur.

    Il faut bien voir que l’exercice risque d’être particulièrement brutal pour les étudiant·es, en particulier que toutes ces modifications peuvent leur être imposées de manière extrêmement rapide, en l’occurrence dans un délai qui peut être réduit jusqu’à deux semaines, par dérogation à l’article L. 613-1 du #code_de_l’éducation qui prévoit, lui, que les modalités du #contrôle_des_connaissances « doivent être arrêtées dans chaque établissement au plus tard à la fin du premier mois de l’année d’enseignement et elles ne peuvent être modifiées en cours d’année ».

    Mais le problème principal va vraisemblablement se porter, dans les prochaines semaines, sur les #examens_à_distance, que l’ordonnance autorise à mettre en place de manière généralisée. On observe deux points très problématiques à ce sujet :

    Le premier tient dans le fait que l’ordonnance s’est bien gardée d’établir des garanties procédurales et techniques permettant d’assurer l’#égalité_de_traitement des étudiant·es et la lutte contre la fraude, à la différence de ce qu’elle fait, un peu plus loin dans l’ordonnance, pour les examens et concours d’accès à la fonction publique (renvoi à un décret fixant ces garanties). On pourrait penser que les conditions de l’article D. 611-12 du code de l’éducation continuent de s’appliquer1, mais faute de précision, ces conditions ne nous éclairent guère, de sorte que le pragmatisme à toute épreuve de certain·es collègues risque de bien vite les écraser.
    Le deuxième point a trait au fait que ces conditions d’organisation seront décidées sans beaucoup de discussion collective – puisque, comme on va le voir, l’essentiel des pouvoirs est concentré entre les mains du président de l’ université – et pourront même être imposées aux enseignant·es qui les refuseraient, si l’on en croit les termes de l’ordonnance.

    Il est impératif que ces examens à distance ne représentent pas l’aiguillon de leur généralisation pour les années à venir dans les universités. Le débat critique à leur égard reste entier. C’est particulièrement le cas pour ce qui concerne les examens dits « en télésurveillance ». Ils posent des problèmes juridiques multiples — en termes de droit des données à caractère personnel et en termes de droit à l’image, en particulier— quand bien même les règles du code de l’éducation seraient respectées, ils suscitent un fort scepticisme dans la communauté universitaire, qui n’a pas particulièrement envie de devenir le terrain d’essai de l’immixtion des dispositifs de vidéosurveillance à l’intérieur des domiciles privés, ils reviennent à enrichir de nouveaux intermédiaires privés — soit les prestataires de services. Et ils coûtent finalement cher, plus cher qu’un examen en présentiel.

    De ce point de vue, dans le cas où des universités choisiraient de recourir aux examens par télésurveillance dans les prochaines semaines, il est crucial qu’il soit veillé à ce que le plein consentement des étudiant·es soit obtenu : on ne saurait leur imposer d’être filmés à leur domicile. On ne peut qu’être atterré à cet égard, de la réponse de Pierre Beust – l’universitaire de référence, selon la DGESIP, sur les conditions d’examens par télésurveillance en France – lors du webinaire sur « la continuité pédagogique : la question cruciale des examens » (à partir de 1H07), qui explique sans ciller qu’un·e étudiant ·e qui refuserait de passer un examen en télésurveillance bénéficierait de moins de « bienveillance », donc en pâtirait2.

    2.2 S’agissant de la détermination de l’autorité compétente pour prendre ces mesures d’adaptation (article 3), l’ordonnance vient confirmer la tendance lourde du droit de l’enseignement supérieur au renforcement toujours croissant du rôle du président. Celui-ci reçoit compétence pour procéder lui-même – seul, donc – à toutes ces modifications, dès lors qu’il considère que les organes collégiaux sont empêchés de délibérer « dans des délais compatibles avec la continuité du service », ce qui est pour le moins vague. Le court-circuitage des #CFVU est donc très largement ouvert. On note en outre que quand bien même les organes collégiaux délibèrent « dans des délais compatibles avec la continuité du service », ils peuvent toujours décider de déléguer leurs #compétences au président. On reproduit à la petite échelle des universités ce que l’on a observé la semaine dernière au Parlement avec la loi d’urgence : le réflexe systématique devant le caractère exceptionnel de l’épidémie que nous vivons est de renforcer la #concentration_des_pouvoirs, et donc l’#autoritarisme, et ce réflexe semble aujourd’hui être conçu avec une évidence telle qu’il n’est plus même discuté. C’est très inquiétant quant à ce que cela dévoile de nos représentations intellectuelles des processus de prise de décision collective.

    3° Transformation des règles relatives aux examens et concours de la fonction publique

    Le chapitre II de l’ordonnance (article 5 et 6) concerne les examens et concours d’accès à la fonction publique. Pour le résumer simplement, toutes les adaptations sont possibles, et en particulier le recours à la visioconférence peut être généralisé. La question du projet de décret « fixant les conditions de recours à la visioconférence pour l’organisation des concours des chargés de recherche et des directeurs de recherche des établissements publics scientifiques et technologiques et des enseignant·es-chercheur·ses des établissements d’enseignement supérieur au titre de l’année 2020 » n’a donc plus lieu d’être : l’ordonnance permet désormais de ne pas appliquer les dispositions du décret du 22 décembre 2017 fixant les conditions de recours à la visioconférence pour l’organisation des voies d’accès à la fonction publique de l’État, qui impose un nombre minimum de membres du jury physiquement présents.

    Deux observations toutefois : ces règles nouvelles ne sont pas immédiatement applicables puisqu’il est prévu que « les garanties procédurales et techniques permettant d’assurer l’égalité de traitement des candidats et la lutte contre la fraude sont fixées par décret » ; surtout, on ne sait pas à ce stade qui, précisément, prendra la décision de déroger « à l’obligation de la présence physique des candidats ou de tout ou partie des membres du jury ou de l’instance de sélection, lors de toute étape de la procédure de sélection » : est-ce au niveau de chaque établissement qui ouvre un poste ? Ou est-ce au niveau de l’État que seront pris, concours par concours, les décisions ?

    À ce stade, on a aussi encore du mal à voir précisément l’ampleur des conséquences du deuxième point du chapitre II de l’ordonnance. Pour les #concours qui étaient en cours mais non achevés à la date du 12 mars 2020, « la liste complémentaire établie par le jury du concours précédent peut être utilisée afin de pourvoir des vacances d’emplois ». Par ailleurs, diverses mesures destinées à prolonger la validité des listes complémentaires ou des listes d’aptitude des concours sont décidées. Et enfin, point important, lorsqu’un concours est en cours ou a été ouvert entre le 12 mars et le 31 décembre 2020, il est prévu que les candidats doivent remplir les conditions générales prévues pour l’accès au corps auxquels ils postulent au plus tard à la date d’établissement de la liste classant par ordre de mérite les candidats déclarés aptes par le jury, et non, comme c’était le cas jusqu’ici, au jour de la première épreuve.

    https://academia.hypotheses.org/21693
    #université #fac #facs #pérennisation #ESR #stratégie_du_choc #in_retrospect

    –----

    citation pour @etraces :

    Il est impératif que ces examens à distance ne représentent pas l’aiguillon de leur généralisation pour les années à venir dans les universités. Le débat critique à leur égard reste entier. C’est particulièrement le cas pour ce qui concerne les examens dits « en télésurveillance ». Ils posent des problèmes juridiques multiples — en termes de droit des données à caractère personnel et en termes de droit à l’image, en particulier— quand bien même les règles du code de l’éducation seraient respectées, ils suscitent un fort scepticisme dans la communauté universitaire, qui n’a pas particulièrement envie de devenir le terrain d’essai de l’immixtion des dispositifs de vidéosurveillance à l’intérieur des domiciles privés, ils reviennent à enrichir de nouveaux intermédiaires privés — soit les prestataires de services. Et ils coûtent finalement cher, plus cher qu’un examen en présentiel.

    • Il faut bien comprendre que cette ordonnance est une intervention du #pouvoir_exécutif dans ce qui représente normalement le champ de compétences du #Parlement. L’objectif de cette ordonnance n’est donc pas le même que l’objectif d’un #décret : il est d’abord et avant tout de modifier des dispositions de valeur législative, que le #Président_de_la_République et le #gouvernement n’ont normalement pas la possibilité de modifier par eux-mêmes, mais qu’ils peuvent tout de même modifier parce que le Parlement les y a exceptionnellement habilités.

      et

      On reproduit à la petite échelle des universités ce que l’on a observé la semaine dernière au Parlement avec la loi d’urgence : le réflexe systématique devant le caractère exceptionnel de l’épidémie que nous vivons est de renforcer la #concentration_des_pouvoirs, et donc l’#autoritarisme, et ce réflexe semble aujourd’hui être conçu avec une évidence telle qu’il n’est plus même discuté. C’est très inquiétant quant à ce que cela dévoile de nos représentations intellectuelles des processus de prise de décision collective.

      #ordonnance #loi_d'exception

    • Dans les universités, la tentation de la télésurveillance des examens

      Faute de pouvoir organiser des #partiels classiques pour cause de #risque_sanitaire, certaines universités réfléchissent à une télésurveillance des examens, via des prestataires privés. Un dispositif contesté et coûteux, que le gouvernement encourage.

      Évaluera ou n’évaluera pas ? « Pour l’instant, c’est les grandes négociations », glisse un vice-président d’une université parisienne. Depuis le début du mois d’avril, les discussions sur les modalités d’examen font rage dans les facultés, qui ne rouvriront pas leurs portes avant la rentrée de septembre.

      Mercredi 22 avril, la ministre de l’enseignement supérieur Frédérique Vidal, dans une interview accordée à 20 Minutes, a recommandé d’organiser « un maximum d’épreuves ne nécessitant pas la présence physique des étudiants sur les campus », tout en estimant que les modalités de ces épreuves relevaient de la « #liberté_pédagogique » des établissements.

      Les votes s’enchaînent dans les #CFVU, les commissions chargées des règles des examens dans chaque université. Une partie des syndicats étudiants, comme l’Unef, s’opposent à l’organisation de partiels classiques, certains réclamant une #neutralisation du semestre ou l’instauration du « #10_améliorable » (validation automatique du semestre, avec une note minimale de 10 pour tous les étudiants). Des demandes irrecevables pour la plupart des établissements, qui souhaitent maintenir une forme d’évaluation et mettent sur pied les modalités filière par filière.

      La plupart des universités ont déjà annoncé vouloir privilégier le #contrôle_continu et adapter fortement les examens de fin d’année. À l’université Lumière-Lyon II, la consigne est d’éviter ou d’alléger autant que possible les examens « en temps contraint », explique Valérie Haas, vice-présidente à la formation. Les enseignants sont donc invités à privilégier des « devoirs maison », sans que l’étudiant ne soit obligé de se connecter à une heure fixe. Certains étudiants pourront bénéficier d’un accès à l’examen « pendant 24 heures ». Le tout en passant par des plateformes comme #Moodle, installées dans la plupart des universités.

      D’autres établissements ont déjà annoncé l’organisation d’examens à distance, selon des modalités très diverses, comme les universités de Bretagne (UBO), de Nancy, de Lille ou de Rouen. Avec une inquiétude : ces partiels ne risquent-ils pas d’entraîner une hausse des #fraudes et de mettre en péril la sacro-sainte valeur des #diplômes ? C’est sur cette angoisse que cherchent à se positionner les entreprises spécialisées dans la télésurveillance des examens.

      Pour réduire les risques de #triche, le ministère de l’enseignement supérieur conseille aux universités de privilégier les épreuves « simples » et courtes, comme des #questionnaires_à_choix_multiples (#QCM), ou au contraire des examens mettant l’accent sur « l’esprit critique », moins propices au copier-coller. « Il s’avère difficile d’éviter la recherche d’informations sur le Web », note-t-il, lucide.

      Les disciplines comptant peu d’étudiants pourraient aussi s’orienter vers l’organisation d’oraux par #visioconférence, qui permettent de vérifier l’identité du candidat. Mais, dans des facultés comptant souvent des centaines d’étudiants par amphithéâtre, la surveillance des partiels reste une grande illusion. D’où la tentation de recourir à des prestataires extérieurs.

      Dès le début du confinement, le ministère de l’enseignement supérieur a transmis aux universités une fiche mentionnant les noms de plusieurs entreprises spécialisées dans la télésurveillance d’examens, en précisant les volumes de partiels pouvant être organisés et les tarifs pratiqués, de l’ordre de 10 euros par heure d’examen et par étudiant en moyenne. Une manière de mettre l’option sur la table, sans remettre en cause la liberté de choix des établissements.

      Techniquement, les détails divergent, mais la plupart des entreprises listées par le ministère proposent une #captation_d’image. « D’abord, l’étudiant installe le logiciel et l’autorise à fermer toutes les autres applications. Ensuite il se prend en photo avec sa carte d’identité », explique Benoît Sillard, PDG de #TestWe, l’une des sociétés citées par le ministère.

      « Pendant l’examen, une photo est prise toutes les quelques secondes. Cela forme un mini-film qui est automatiquement analysé pour détecter des anomalies : un autre visage qui apparaît ou l’étudiant qui s’en va. Dans ce cas, une vérification est faite par une personne physique pour voir ce qu’il s’est passé », détaille l’entrepreneur, lui-même passé par les ministères de l’éducation nationale et de la recherche en tant que spécialiste numérique au début des années 2000. Ces surveillants peuvent être fournis par les universités ou par les prestataires, moyennant finance.

      Contacté par Mediapart, le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche minimise le recours à ce type de prestation : « Le nombre d’établissements ayant prévu de recourir aux examens télésurveillés devrait être limité. Il s’agirait majoritairement d’écoles, et dans une moindre mesure d’universités. » Les facultés de médecine ou de pharmacie, en particulier, pourraient être tentées par le dispositif.

      Le ministère estime que l’ordonnance du 27 mars « donne aux établissements assez de souplesse pour organiser les évaluations sous des formes variées », citant notamment « l’organisation d’oraux en visioconférence ou de quizz à questions et réponses aléatoires », et que la plupart des solutions envisagées rendent « le risque de triche très faible et donc ne nécessitent pas de recours à la télésurveillance ».

      Reste que le sujet suscite de vives oppositions dans les universités, où chaque UFR – ou filière disciplinaire – dispose d’une certaine marge de manœuvre. « Nous voulions interdire l’organisation d’examens synchrones [en temps réel] », raconte Jennifer Buyck, élue du syndicat Snesup à la CFVU de l’université Grenoble-Alpes, qui soulève des objections éthiques et pratiques à la télésurveillance : fracture numérique pour de nombreux étudiants, mauvaises conditions de travail au domicile, accentuation de la précarité en période de confinement, logiciel jugé intrusif et liberticide…

      « Le point commun entre tout ça, c’est une rupture d’égalité des étudiants », souligne l’enseignante-chercheuse, dont la proposition a été rejetée. « Il n’y a pas de garde-fous », s’inquiète-t-elle.

      Des reproches injustifiés, tente de pondérer Benoît Sillard, qui estime que les examens encadrés par sa société sont « exactement les mêmes, en dématérialisé, que dans une salle de cours ». Le PDG de TestWe affirme avoir été très sollicité par des établissements du supérieur ces dernières semaines et avoir déjà organisé plusieurs milliers d’examens surveillés. « Les grandes écoles ont vite basculé », résume-t-il, rappelant que sa société a déjà travaillé avec l’ENA ou de grosses écoles de commerce comme l’EM Lyon. « C’est plus long du côté des facs », admet-il, tout en assurant être en « négociations très avancées » avec plusieurs universités.

      Ces dernières années, des universités ont déjà eu recours à ce type de télésurveillance pour contourner des blocages dus à des mouvements étudiants. C’est le cas à Nanterre ou à l’université Paul-Valéry de Montpellier, où des examens à distance se sont tenus au printemps 2018 après le rejet d’un recours administratif déposé par des syndicats étudiants.

      Ailleurs, la télésurveillance est expérimentée à petite échelle, notamment pour les étudiants dans l’impossibilité d’assister aux examens pour raisons professionnelles ou médicales. Ce devait être le cas cette année pour certaines licences de langue à Nancy, où les étudiants volontaires se voyaient demander le paiement de 200 euros de frais « non remboursables » pour bénéficier de ce service, confié par l’université de Lorraine à la société #Managexam.

      La société vend aussi son outil à l’université de Caen, présentée comme « en pointe sur la question » par le ministère, tout comme Sorbonne-Université, qui travaille avec #Proctorexam, un concurrent.

      À l’université de Caen, le dispositif est expérimenté depuis plusieurs années sur « une petite centaine d’étudiants », sur les 30 000 que compte l’université, précise son président, Pierre Denis. Essentiellement dans le cadre de formations à distance, par exemple pour des étudiants résidant à l’étranger. « Nous n’envisageons pas d’étendre ce système massivement », affirme-t-il, s’exprimant également au nom de la conférence des présidents d’université (CPU). « Avec la #fracture_numérique, ce ne serait ni adapté, ni #éthique, ni peut-être même faisable », estime-t-il.

      Selon un sondage en cours de finalisation réalisé par l’université de Caen, au moins 5 % des effectifs, soit 1 500 étudiants, ne sont actuellement pas dans des conditions leur permettant de passer des examens. Des solutions techniques (clefs 4G, autorisations de déplacement) ou organisationnelles (évaluation décalée ou par oral) sont actuellement à l’étude.

      L’université d’Aix-Marseille a déjà acté qu’elle n’aurait pas recours à la télésurveillance d’examens et qu’elle s’orienterait principalement vers le contrôle continu. « Nous distribuons 1 500 colis alimentaires par semaine. Près de 600 étudiants n’ont pas un accès numérique satisfaisant, les conditions d’#égalité n’étaient pas réunies pour organiser des examens », détaille Éric Berton, président d’Aix-Marseille Université (AMU).

      Un choix qui est aussi économique. Lionel Nicod, le vice-président à la formation de l’AMU, a fait ses comptes : « On arrivait à 1,6 million d’euros rien que pour les premières années de licence. Entre dépenser cette somme pour des examens ou la garder pour soutenir nos étudiants à la rentrée, le choix a été vite fait. » Les tarifs indicatifs recensés par le ministère auprès des différentes entreprises varient de 1,50 euro pour des « examens non surveillés », ressemblant à une simple visioconférence, jusqu’à 17 euros par étudiant et par examen, si l’entreprise fournit les surveillants.

      Le gouvernement a trouvé une parade pour réduire ces coûts prohibitifs : une sorte de #commande_groupée. Le ministère de l’enseignement supérieur indique à Mediapart que la #Fédération_inter-universitaire_de_l’enseignement_à_distance (#Fied) propose une adhésion gratuite à tous les établissements du supérieur. Une action « discutée » avec les services du ministère, précise-t-il.

      L’opération doit permettre aux établissements de passer une sorte de commande groupée et de « profiter du contrat cadre que la Fied a passé avec la société Managexam et permettant un tarif préférentiel de 1 euro HT l’examen (par étudiant) réalisé en télésurveillance par prise de photos […]. Compte tenu du fait que le recours à la télésurveillance ne sera pas massif, cela restera très acceptable dans les coûts », détaille le ministère.

      Même avec une réduction, l’idée fait bondir Mélanie Luce, présidente de l’Unef. « Les étudiants sont dans des situations très précaires, sans emploi ni droits au chômage ou au RSA, vivent parfois dans des taudis ou peinent à se nourrir, et on serait prêts à dépenser des millions d’euros pour nous forcer à passer des examens télésurveillés ? C’est aberrant. » Et le temps presse pour les universités, qui doivent se positionner ces semaines-ci sur la question : selon la loi, elles doivent informer les étudiants des modalités d’évaluation choisies au moins 15 jours avant la date de l’examen.

      https://www.mediapart.fr/journal/france/010520/dans-les-universites-la-tentation-de-la-telesurveillance-des-examens?xtor=

      #privatisation

      Article de @mathieup (@wereport)

    • Rennes : les étudiants vont être télé-surveillés pendant les examens de fin d’année

      Afin de terminer l’année malgré la crise sanitaire, l’Université Rennes 1 met en place la « télé-surveillance » lors des examens de fin d’année. Un système inédit dans l’Université Bretonne, qui crée le débat autour de la sécurité des données personnelles.

      https://www.francebleu.fr/infos/education/rennes-les-etudiants-vont-etre-tele-surveilles-pendant-les-examens-de-fin

    • Examens à distance à l’Université de Lille : Solidaires étudiant∙es saisit le #tribunal_administratif en urgence

      Soutenu par la FSE et la section SUD éducation de l’Université de Lille, Solidaires étudiant.e.s a déposé un recours en urgence devant le Tribunal administratif ce 2 mai 2020, demandant la suspension de la décision de l’Université de Lille imposant des examens en ligne à ses étudiant.e.s.

      Les modalités d’examen attaquées sont précisées dans un document appelé « Plan de Continuité Pédagogique », adopté le 10 avril par la Commission de la Formation et de la Vie Universitaire (CFVU), instance de l’université compétente en matière d’organisation des formations. Cette décision doit être suspendue, car les examens en ligne constituent une rupture d’égalité entre les étudiant.e.s discriminant les plus précaires (situation de handicap, mauvaise santé physique ou psychologique, accès au numérique fragile).

      Des alternatives aux examens en ligne ont été proposées par des élu.es au sein de la CFVU, telles que la note plancher à 12/20, ou a minima le recours exclusif aux examens asynchrones. Toutes ces alternatives ont pourtant été balayées d’un revers de main par la présidence, qui a refusé de les soumettre au vote dans un déni total de démocratie. Tandis que plusieurs universités de France ont fait le choix de la validation automatique du semestre, la CFVU de l’Université de Lille a donc validé, dans la précipitation et l’opacité, la tenue d’examens en ligne, sans aucune considération pour les inégalités qu’ils creusent. Elle est même allée jusqu’à autoriser le recours à la télésurveillance sans aucune information concernant la protection des données, en dépit de tout bon sens et des risques juridiques encourus.

      Cet « acharnement à évaluer » et ses dérives ne correspondent pas à la vision que nous portons d’un enseignement supérieur égalitaire et émancipateur, vision qui doit être réaffirmée et non bafouée en contexte de crise sanitaire. Après l’avis qui sera rendu par le juge administratif, nous souhaitons qu’un dialogue constructif soit enfin ouvert avec les instances de l’université de Lille, afin d’envisager toutes les solutions qui permettraient de rassurer les étudiant.e.s, et de surmonter cette crise sans pénaliser aucun.e d’entre eux.elles.

      https://academia.hypotheses.org/23625
      #justice

    • Quelles universités télésurveillent ? Une recension participative

      Academia a déjà fait une recension participative des conditions d’études pendant le confinement, des modalités du contrôle des connaissances modifiées en raison du confinement. Nous souhaiterons recenser les usages particuliers de la télésurveillance dont l’usage nous avait semblé pouvant devenir problématique ((Sur Academia, voir Et maintenant la reconnaissance faciale pour les examens ?, 27 avril 2020 et Dans les universités, la tentation de la télésurveillance des examens, sur Mediapart, 3 mai 2020.)). La question se pose d’autant plus que la rentrée ne laisse pas augurer une reprise normale en présentielle ((Même si nous n’avons aucune information à ce stade. Cf. Plan de déconfinement officiel du MESRI, 5 mais 2020.)).

      Antérieurement à l’épidémie, les universités suivantes avaient déjà utilisé de la télésurveillance de manière plus ou moins ponctuelle (liste à compléter) : France Université Numérique (pour les MOOC), Université de Caen Normandie, Sorbonne Université, Université de Bourgogne (très ponctuellement), Université de Lorraine (très ponctuellement).

      Depuis l’épidémie, cette liste s’est allongée (voir le détail ci-dessous). Des débats assez vifs ont eu lieu dans plusieurs universités sur ce sujet au mois d’avril, à l’occasion des modifications des modalités de contrôle des connaissances. Sous réserve d’autres informations, le constat que l’on peut faire à ce stade est le suivant :

      Un grand nombre d’universités n’évoquent pas la télésurveillance dans leurs MCC modifiées, soit qu’elles fixent d’autres conditions de tenue des examens, soit qu’elles laissent les composantes libres de déterminer ces conditions.
      Seules quelques rares universités ont indiqué expressément repousser la télésurveillance dans leurs MCC. C’est le cas d’Aix-Marseille Université (« assurer ce type d’évaluation au domicile de l’étudiant est possible grâce à des services de télésurveillance payants mais AMU ne souhaite pas y recourir ») et de l’université Paris-Saclay (« Remplacement des épreuves écrites par un devoir à distance, sans télésurveillance »).
      Plusieurs universités ont choisi d’ouvrir expressément la possibilité de recourir à de la télésurveillance, ce qui ne signifie pas toujours que celle-ci est pratiquée (choix des composantes). C’est le cas de l’université de Rennes-1 (mise en œuvre confirmée), de l’université de Bourgogne (mise en œuvre ponctuelle antérieure à l’épidémie) ou de l’université de Rouen Normandie (pas de mise en œuvre connue à ce stade).

      On voit donc que la télésurveillance n’est pas encore une pratique généralisée dans les universités françaises, en dépit des préconisations de la direction générale de l’Enseignement supérieur et de l’Insertion professionnelle (DGESIP) qui la recommande vivement depuis le début de l’épidémie. Cependant, l’épidémie de covid-19 aura fortement contribué à sa progression, et c’est très inquiétant.

      L’année prochaine sera une année charnière. Les décisions stratégiques à ce sujet sont prises ces jours-ci dans les universités, dans le cadre de la préparation de la prochaine rentrée universitaire.

      https://academia.hypotheses.org/23438

    • #Rennes-1, la télésurveillance et la CNIL

      Étonnamment, la télésurveillance des examens – qui monte en uissance depuis plusieurs années – était largement restée sous les radars de la communauté universitaire, qui n’y avait guère prêté attention. L’accélération du recours à celle-ci depuis l’épidémie de covid-19 est en train de changer la donne, avec le désastreux soutien de la direction générale de l’Enseignement supérieur et de l’Insertion professionnelle, qui n’hésite pas à aller jusqu’à renvoyer vers des solutions privées de reconnaissance faciale.

      À l’évidence, le marché des examens suscite bien des convoitises, le marchands font du forcing, et Academia a donc engagé un travail de recension, afin d’identifier précisément les établissements qui, sous prétexte d’épidémie, choisissent de franchir allègrement le pas.

      À ce sujet, l’université de Rennes-1 occupe particulièrement l’attention ces derniers jours. Non qu’elle soit la première à se lancer dans des examens en télésurveillance. Mais parce qu’elle est la première où l’on observe une vive résistance. La contestation monte en puissance, et elle est cruciale, car il ne fait pas de doute que ces examens en télésurveillance sont appelés à se développer fortement, dès l’année prochaine.

      Academia reviendra prochainement sur les différents dangers que soulève le développement de la télésurveillance. On peut d’ores et déjà noter que, comme le signale le tweet de @argaryen di-dessus, alertant la Commission nationale Informatique et Libertés (CNIL), que ces examens soulèvent différents problèmes majeurs en termes de droit des données à caractère personnel, en particulier lorsqu’ils supposent que l’étudiant∙e « accepte » de filmer l’intérieur de son domicile. Si l’article 9 du RGPD n’est pas toujours en cause, se pose, dans tous les cas, la question de la valeur du consentement donné par un∙e étudiant∙e, qui, s’il n’est pas donné, entraîne une conséquence négative très lourde : l’impossibilité de passer ses examens. Il serait important, effectivement, que la CNIL se prononce.

      Au titre des critiques, on peut tout de suite ajouter, aussi, le fait que l’université de Rennes-11 fait signer un document aux étudiant∙es par lequel elle

      « décline toute responsabilité en cas de problème technique inhérent au lieu de passage de [leur] examen pendant l’épreuve. Cela concerne, sur [leur] lieu de résidence : l’alimentation électrique ; la connexion internet ; le fonctionnement des équipements utilisés et de leurs périphériques ».

      Le moins qu’on puisse dire, c’est que cette manière de faire est sobre et efficace : une signature, et tous les problèmes d’inégalités sont réglés ! Alors disons-le tout aussi simplement : faire porter toute la responsabilité technique, matérielle et opérationnelle des examens sur les seuls étudiant∙es, c’est contraire au principe d’égalité. C’est considérer que, si les étudiants n’ont pas accès aux mêmes moyens matériels pour composer, ils ne peuvent que s’en prendre à eux-mêmes.

      Une belle image de la mission sociale de l’université.

      Rappelons aussi, au passage, que l’article D. 611-12 du Code de l’éducation prévoit que

      « La validation des enseignements contrôlée par des épreuves organisées à distance sous forme numérique, doit être garantie par […] la vérification que le candidat dispose des moyens techniques lui permettant le passage effectif des épreuves ».

      C’est bien singulier que penser que « vérifier que le candidat dispose des moyens techniques lui permettant le passage effectif des épreuves », c’est la même chose qu’exiger des étudiant∙es d’assumer toute la responsabilité technique, matérielle et opérationnelle des examens qu’ils sont contraints de passer, sous peine de ne pas se voir délivrer leurs diplômes.

      https://academia.hypotheses.org/23510

    • Comment les étudiant·es sont-ils télésurveillé·es ? Mode d’emploi par L’Étudiant

      Après les cours, les examens à distance : à l’avenir, vous aurez peut-être de moins en moins besoin de vous déplacer pour passer vos épreuves. /
      Les cours en ligne n’ont certainement plus de secrets pour vous. Mais qu’en est-il de l’évaluation à distance ? L’Etudiant vous explique comment fonctionne la télésurveillance des examens depuis chez vous.

      Le 16 mars 2020, toutes les universités de France ont fermé leurs portes en raison de l’épidémie de coronavirus. Alors que les partiels approchent, plusieurs solutions existent pour vous évaluer : reporter les examens, les annuler au profit du contrôle continu, ou bien les remplacer par un examen en ligne ou un devoir à la maison. (..)

      Ainsi, de nombreux établissements font le choix de l’évaluation en ligne. Comment la vérification de l’identité est-elle effectuée  ? Quelle connexion est nécessaire  ? La télésurveillance mise en place à l’université de Caen pour leurs formations à distance est un bon exemple. Voyons son mode d’emploi.
      Un examen blanc pour tester l’outil

      Tout d’abord, vous recevez comme pour n’importe quel examen une convocation à l’examen en ligne. Dans celle-ci, se trouvent des liens pour télécharger l’application, mais également d’autres liens pour vous aider à utiliser la plateforme.

      Une à deux semaines avant les épreuves, un système d’examen blanc a également été mis en place à Caen : « Tous les étudiants qui utilisent pour la première fois l’appli sont invités à participer à une session factice afin d’identifier les éventuels problèmes mais aussi pour minimiser le facteur stress », indique Alice Niezborala, directrice des partenariats chez Managexam, société Edtech qui développe ces examens délocalisés avec huit écoles et universités.
      Le tour de la pièce à 360°

      Les candidats installent l’application sur leur ordinateur pour l’épreuve. Ils doivent également lire et accepter un règlement intérieur. Ce document signale les documents acceptés pendant l’examen et les différentes étapes indispensables à la vérification préalable. « Faire le tour de sa pièce avec sa webcam à 360 degrés pour vérifier que vous êtes bien seul ou vérifier qu’il n’y a pas de documents à portée de main pour les examens qui n’acceptent pas de documents », énumère par exemple Alice Niezborala. Une équipe de surveillants se charge de la vérification visuelle, ou bien l’établissement a son propre « staff » de surveillance.
      (…)
      Présenter ses papiers à la webcam

      La vérification d’identité est la partie délicate, car elle est un rempart contre la fraude. « C’est une étape de la télésurveillance. Une présentation des cartes d’identité à la webcam est demandée. Ces données restent cryptées et ne sont accessibles qu’en fin d’épreuve », assure Alice Niezborala. Ensuite, la gestion de la « pseudoisation » des copies revient à Managexam qui rend les copies anonymes avant l’envoi aux correcteurs de l’établissement.
      Des coupures surveillées (…)
      Et après  ?

      Et après l’épreuve, que devient la copie  ? « En fonction des établissements, les professeurs désignés peuvent venir corriger à l’écran ou bien nous exportons les copies pour des corrections à la main. Un rapport de télésurveillance est envoyé avec un système de drapeaux de couleur dans la timeline. Ils notifient là où il y a pu y avoir un problème, une coupure », explique Alice Niezborala. Le rôle de Managexam s’arrête ici. Les sessions sont ensuite entièrement anonymisées sous 12 mois, conformément au délai de prescription pour les recours.
      Télésurveillance et surveillance en replay

      Créée en 2012, Managexam travaille sur les solutions d’évaluation à distance au sens large, la télésurveillance, les sessions de rattrapage en ligne, les tests de positionnement. La société propose pour le moment trois options :
      – Managexam Live, une solution de télésurveillance comme celle proposée à l’université de Caen  ;
      – Managexam Replay, où l’étudiant, autonome, est enregistré durant l’épreuve et qui est monitoré par la suite  ;
      – Managexam Auto, qui fonctionne à partir de captures d’écrans et qui est davantage destiné à des pays où les connexions sont instables.
      L’entreprise de EdTech travaille avec huit établissements d’enseignement supérieur, parmi lesquels La Rochelle Business School, Montpellier Business School, Kedge, l’IDRAC et une seule université, à Caen. Pour cette dernière, la première session de télésurveillance en ligne a eu lieu le 1er février 2018. 122 examens se sont tenus sur une journée, avec huit télésurveillants.

      https://academia.hypotheses.org/23436

    • EU lawmakers call for online exam proctoring privacy probe

      Students in the Netherlands are resisting use of software to stop cheating on exams, citing concerns about consent, intrusion and security of personal data.

      European lawmakers have demanded an investigation into whether online proctoring software violates student privacy rights, arguing that it is unfair for universities to force students to use exam monitoring tools that capture their personal biometric data.

      The coronavirus pandemic has spurred many universities to turn to software such as Proctorio, used by about 500 institutions globally, mainly in the US, to stop students cheating when sitting online exams at home.

      But in the Netherlands, a student petition against Proctorio has gathered close to 5,000 signatures and triggered a political row.

      “My concern is that the data that are collected are biometric data: faces and eyes,” said Paul Tang, a Dutch Labour Party MEP who, with a colleague, has asked the European Commission to investigate whether such online proctoring complies with the bloc’s General Data Protection Regulation (GDPR).

      “If you don’t have an option [not to use online proctoring], what does consent mean? And that’s the whole idea of GDPR,” he told Times Higher Education. “You can’t switch your university.”

      Proctorio works by monitoring a student through their computer’s camera and microphone to track things such as head and eye movements for suspicious behaviour, explained Thomas Fetsch, the company’s country manager for Germany.

      For example, if it detected that a student was looking only at one corner of their screen, or constantly glancing down at a notepad – and if this behaviour was unusual compared with that of coursemates – the software might alert the university that it suspected the student of copying out answers.

      The software can ask for “room scans”, which require students to pan around their environments with their laptop cameras. The petition against Proctorio, which focuses on its use at Tilburg University, has called these an “invasion of privacy”.

      The scans are designed to stop students sticking sheets of answers out of view of the laptop camera, said Mr Fetsch. Laptop microphones might also be monitored to check that no one else is in the room helping the student, he said.

      Alex Tess Rutten, chair of the Dutch Student Union, told THE that universities had turned to online proctoring “too easily”.

      “There are a number of good alternatives, like speaking exams,” she said.

      Students could be given a set time in which to complete an exam, after which lecturers quiz a random sample to check that they had truly understood the content and given their own answers, the Tilburg petition suggests.

      Some consider online proctoring to be essential given university closures. Willem van Valkenburg, executive director of online learning at Delft University of Technology, said “online proctoring is a necessary and suitable solution in this Covid-19 situation, where the campus is closed”, because universities wanted to minimise disruptions and delays to students’ education.

      Tilburg’s rector, Klaas Sijtsma, has defended the use of Proctorio, arguing that it will help to defend the value of the university’s degrees and will be used only “where it is necessary”.

      But the institution’s law school has decided against using the software – a decision hailed as a victory by those petitioning against Proctorio.

      Online proctoring “can be used only if the infringement of the privacy can be legitimised”, said Maurice Adams, the school’s vice-dean for education, who stressed that this was also the position of the wider university.

      “We at Tilburg Law School have looked at the proposed exams and have concluded that we do not need online proctoring for our exams. Of course, the opinion of our students is very important in this regard: we have discussed the matter with them and listened carefully to their concerns,” he said.

      “Every institution is grappling with this issue,” said Mr Tang. “But what I find surprising is I see universities using different options,” he explained, with some institutions providing more alternatives than others.

      Concern is not confined to the Netherlands. The Australian National University has had to reassure students after they raised privacy concerns about Proctorio.

      Another worry is what will happen to students’ data after they take their exam, said Ms Rutten.

      Mr Fetsch said that while sound and video recordings of students taking exams were stored, only universities – not the company – were able to link these to identifying information. Data from European universities were stored in Frankfurt, he said, and had to be retained so that universities could check exam integrity at a later date.

      Some US universities have given Proctorio permission to train its fraud-detection AI on datasets – such as video or audio recordings – generated when students at those institutions sat their exams, he added.

      https://www.timeshighereducation.com/news/eu-lawmakers-call-online-exam-proctoring-privacy-probe

      #Pays-Bas

    • Coronavirus : imbroglio autour de la télésurveillance des examens à l’université #Rennes-I

      En donnant la possibilité de recourir à une surveillance en ligne des épreuves en raison de la crise sanitaire, l’établissement a suscité une levée de boucliers parmi les étudiants.

      https://www.lemonde.fr/campus/article/2020/05/22/coronavirus-imbroglio-autour-de-la-telesurveillance-des-examens-a-l-universi

    • Non à la télésurveillance des examens. Une tribune

      Des étudiants qui, pour valider leur semestre universitaire, doivent installer sur leur ordinateur personnel un logiciel de surveillance qui les filme en continu, contrôle les programmes qu’ils utilisent, et décrypte à l’aide de « l’intelligence artificielle » les bruits de la pièce dans laquelle ils travaillent pour s’assurer qu’on ne leur souffle pas de réponses : nous ne sommes pas dans un mauvais roman de science-fiction inspiré par George Orwell, mais dans la France du printemps 2020. Tirant prétexte de la situation sanitaire, plusieurs universités et écoles ont en effet prévu de faire passer des examens et partiels à l’aide de ces logiciels espions fournis par des entreprises privées, dont une liste est même mise à disposition sur le site du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

      Cette forme particulièrement intrusive de surveillance des individus dans un cadre éducatif n’a malheureusement rien de très surprenant : elle procède de logiques déjà installées, auxquelles l’épidémie donne une accélération foudroyante. Une logique de violation toujours plus forte des libertés individuelles et des données personnelles, d’abord, dont le projet d’application « Stop-Covid », dénoncé par de nombreux chercheurs, juristes, intellectuels, hommes et femmes politiques, est le symbole le plus récent. Une logique de gestion autoritaire des rapports humains au sein des institutions d’enseignement supérieur, ensuite, qui place la lutte supposée contre la triche aux examens au-dessus de considérations éthiques et juridiques. Enfin, une logique opportuniste de certains secteurs d’activité qui profitent de la pandémie pour mettre au point et vendre cher au secteur public des outils de gestion de crise.
      Liberticides et immoraux

      Nous appelons les universitaires à refuser en bloc ces dispositifs à la fois illégaux, onéreux, liberticides et immoraux.

      Illégaux parce que les règles de droit françaises et européennes, fixées dans le RGPD et garanties par la Cnil, n’autorisent pas la collecte de données personnelles – et encore moins le contrôle audio et vidéo au sein d’un domicile – sans libre consentement ou motif impérieux d’ordre public. Onéreux, parce que les premiers chiffres avancés évoquent des millions d’euros par université pour organiser des examens de licence, soit une dépense aberrante pour des établissements qui ont des besoins bien plus pressants pour aménager leurs infrastructures, aujourd’hui éloignées des normes d’hygiène souhaitables pour y assurer la reprise des cours. Liberticides parce que sous le prétexte de la validation d’un semestre universitaire, pour reproduire artificiellement les conditions de surveillance d’un examen, c’est l’intimité même des individus qui est violée, sans aucune garantie sur l’usage des données et des images, créant de dangereux précédents pour d’autres institutions ou entreprises tentées de contrôler leurs élèves ou leurs employés. Immoraux parce qu’à l’heure d’une pandémie faisant des dizaines de milliers de morts dans notre pays, c’est faire preuve d’une violence inconsidérée que de vouloir faire passer la validation prétendument stricte des examens avant la protection des droits individuels et la prise en compte des difficultés collectives.
      Connexions limitées ou défaillantes

      Car les étudiantes et les étudiants ne sont pas dans les conditions normales d’une fin d’année universitaire. Certains vivent le deuil, l’angoisse, l’isolement ; d’autres aident leurs familles en gardant des enfants, en faisant l’école à la maison, en travaillant dans un « commerce essentiel ». Beaucoup n’ont pas accès à des outils informatiques satisfaisants, disposent de connexions limitées ou défaillantes, et vivent dans une précarité matérielle accrue par la catastrophe sanitaire en cours. Pour les institutions éducatives, devant des problèmes sociaux et psychologiques aussi évidents, ce sont la « confiance » et la « bienveillance » qui devraient guider les modalités d’évaluation, pour reprendre des termes si souvent martelés dans les campagnes de communication, et si souvent oubliés dans les politiques publiques.

      D’autant qu’il est possible d’imaginer bien d’autres types d’évaluation que le sacro-saint partiel en temps limité : sans prétendre offrir des solutions clefs en main applicables à toutes les disciplines, nous constatons toutes et tous l’inventivité dont font preuve de nombreux collègues pour adapter leur enseignement et sa validation sans perdre en exigence. Précisons bien qu’il ne s’agit pas ici d’adopter une posture banalement technophobe : nous utilisons amplement les outils numériques qui peuvent être mis au service d’une pédagogie de qualité. Mais nous refusons de cautionner les démarches qui, profitant de l’irruption d’une crise sans précédent, suivant la pente d’une société technicienne toujours plus inventive en mécanismes de contrôle, des drones aux systèmes de reconnaissance faciale, suivant les intérêts d’acteurs attirés par de lucratifs marchés à conquérir, suivant les rêves de décideurs qui espèrent dématérialiser toujours davantage le système éducatif, entendent installer des formes inacceptables de surveillance au sein de l’enseignement supérieur.

      https://academia.hypotheses.org/23765

  • #Arrêté du 27 janvier 2020 relatif au #cahier_des_charges des #grades_universitaires de #licence et de #master

    https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000041623431&dateTexte=&categorieLie
    #France #université #ESR #enseignement_supérieur #France

    –----

    Commentaire de Yann Bisiou, Maître de conférences en droit privé et sciences criminelles :

    Ce texte est, une nouvelle fois, bien mal nommé puisque sa finalité principale est de permettre aux établissements qui ne sont pas des universités, en particulier les #établissements_privés, de délivrer les grades de Licence et de master pour leurs « Bachelors » ou leurs diplômes « Grande École ». Et oui, la pseudo « excellence » à la française n’est pas reconnue dans le monde entier où seuls les diplômes d’universités publiques, Licence, Maîtrise ou maintenant Master, et Doctorat, sont légitimes. Avec le « #grade » qui se superpose au « #diplôme » le #lobby des Écoles sauve son fonds de commerce.

    https://lesupenmaintenance.blogspot.com/2020/03/en-marche-vers-le-sup-deux-vitesses.html
    #grandes_écoles

    –-----

    J’ajoute à cette métaliste des réformes à venir (ou pas, espérons-le) qui intéressent l’#enseignement_supérieur :
    https://seenthis.net/messages/820330

  • #Emploi. Reconnaissance des diplômes : en Suisse, des progrès en vue

    En Suisse, 38 % des personnes nées à l’étranger se disent surqualifiées pour leur emploi, faute d’avoir pu faire reconnaître leurs diplômes. Une #convention de l’Unesco devrait prochainement leur simplifier (un peu) la vie.

    https://www.courrierinternational.com/article/emploi-reconnaissance-des-diplomes-en-suisse-des-progres-en-v

    #reconnaissance_des_diplômes #diplômes #travail #intégration_professionnelle #Suisse #UNESCO #asile #migrations #réfugiés #disqualification

  • État d’alerte pour l’eau en Israël et chez ses voisins

    « Le lac de Tibériade, au nord-est d’Israël, est la seule étendue
    d’eau douce dans ce pays situé en plein désert. Ce lac d’une
    importance capitale, cité abondamment dans la Bible, approvisionnait
    jusqu’à récemment en eau potable tout l’État hébreu et certains de ses voisins. Cette époque est révolue : le niveau du lac a tellement
    baissé — parfois sous la « ligne rouge » indiquant un seuil critique —
    que le gouvernement a dû fermer les valves.

    Presque du jour au lendemain, Israël et ses voisins se sont trouvés à
    risque de manquer d’eau potable à cause de changements climatiques fulgurants. Les réserves souterraines se sont taries sous l’effet d’intenses périodes de sécheresse et d’une croissance démographique soutenue.

    La crise a été si brutale que le gouvernement israélien a dû mettre en
    place un plan d’urgence, au tournant des années 2000, pour puiser et dessaler l’eau de la mer Méditerranée. Sans cet apport massif venu de la mer, l’État hébreu et ses voisins palestiniens et jordaniens —
    branchés sur le réseau d’aqueduc israélien — n’auraient tout
    simplement plus d’eau potable, confirment des experts.

    La quête de l’or blanc ne fait que commencer dans cette région parmi
    les plus arides du monde : la population augmente à un rythme effréné, tandis que les sources d’eau se tarissent. »

    (…)

    Lire la suite :

    https://www.ledevoir.com/monde/moyen-orient/570256/etat-d-alerte-pour-l-eau

    • Un complément, pour signaler la source libanaise, que le Liban ne peut exploiter pleinement, à cause de, je cite le doux #euphémisme de l’IFPO, la « puissance de dissuasion israélienne« (au lieu de « les agissements criminels impunis de l’état sioniste »)

      Atlas du Liban - Les eaux de la discorde - Presses de l’Ifpo
      https://books.openedition.org/ifpo/10917

      Malgré sa situation en amont du bassin versant, le Liban n’utilise qu’une très faible quantité de ses eaux. En effet, jusqu’en 2000, les sources du Hasbani et du Wazzani étaient situées dans la zone occupée par Israël au sud du pays.

      Depuis le retrait israélien, quelques projets ont certes été engagés côté libanais (une station de pompage sur le Wazzani notamment), mais ils ont fait l’objet de menaces de bombardement de la part du gouvernement israélien. Seule l’adduction d’eau potable vers quelques municipalités a été tacitement autorisée par Israël, et le développement de l’irrigation dans la zone reste pour l’instant peu probable. La puissance de dissuasion israélienne sur cet espace, associée à l’occupation continue des fermes de Chebaa et du Golan syrien, assure donc à l’État hébreu le contrôle des principales sources du Haut‑Jourdain.

      #vitrine_de_la_jungle

    • #Palestine #Eau

      Les 3 articles, pour vous éviter de cliquer (semi #paywall) :

      État d’alerte pour l’eau en Israël et chez ses voisins
      Marco Fortier, Le Devoir, le 6 janvier 2020
      https://www.ledevoir.com/monde/moyen-orient/570256/etat-d-alerte-pour-l-eau

      Le lac de Tibériade, au nord-est d’Israël, est la seule étendue d’eau douce dans ce pays situé en plein désert. Ce lac d’une importance capitale, cité abondamment dans la Bible, approvisionnait jusqu’à récemment en eau potable tout l’État hébreu et certains de ses voisins. Cette époque est révolue : le niveau du lac a tellement baissé — parfois sous la « ligne rouge » indiquant un seuil critique — que le gouvernement a dû fermer les valves.

      Presque du jour au lendemain, Israël et ses voisins se sont trouvés à risque de manquer d’eau potable à cause de changements climatiques fulgurants. Les réserves souterraines se sont taries sous l’effet d’intenses périodes de sécheresse et d’une croissance démographique soutenue.

      La crise a été si brutale que le gouvernement israélien a dû mettre en place un plan d’urgence, au tournant des années 2000, pour puiser et dessaler l’eau de la mer Méditerranée. Sans cet apport massif venu de la mer, l’État hébreu et ses voisins palestiniens et jordaniens — branchés sur le réseau d’aqueduc israélien — n’auraient tout simplement plus d’eau potable, confirment des experts.

      La quête de l’or blanc ne fait que commencer dans cette région parmi les plus arides du monde : la population augmente à un rythme effréné, tandis que les sources d’eau se tarissent.

      « La météo est devenue folle. Vous avez vu ce qui s’est passé en Europe [l’été dernier], il a fait 43 degrés à Paris, à Londres et à Berlin. Nos experts nous disent que les changements climatiques sont déjà là et que notre région souffrira davantage dans un avenir prévisible. On ne peut plus se fier à la pluie [pour renouveler les sources d’eau] depuis les graves sécheresses du début des années 2000 », dit Yechezkel Lifshitz, directeur général adjoint des infrastructures et de l’eau au ministère de l’Énergie.

      Les périodes de sécheresse risquent de se multiplier et de durer plus longtemps dans la prochaine décennie, prévoit le ministère israélien de l’Environnement. L’évaporation de l’eau de surface s’accélère sous l’effet de la hausse des températures. L’eau salée contamine aussi les réserves souterraines près de la Méditerranée en raison de l’érosion des côtes, qui prend de l’ampleur à cause de la montée du niveau de la mer.

      Prières pour la pluie

      Devant ce tarissement soudain de l’apport naturel en eau douce, le ministère a construit à gros prix, entre les années 2005 et 2016, cinq usines de dessalement le long de la Méditerranée. Pas moins de 80 % de l’eau potable en Israël provient désormais de la mer — une proportion inégalée dans le monde.

      « La crise climatique a frappé fort et vite. Sans les usines de désalinisation, on aurait vécu une catastrophe : on manquerait d’eau courante », dit David Katz, professeur au Département de géographie de l’Université d’Haïfa, au nord de Tel-Aviv, et spécialiste de la gestion de l’eau au Moyen-Orient.

      La pénurie se fait néanmoins sentir du côté palestinien, dans les territoires occupés militairement par Israël. L’approvisionnement en eau potable est aléatoire. Et les agriculteurs palestiniens prient pour un hiver pluvieux qui viendrait remplir les réservoirs de fortune aménagés un peu partout dans la vallée du Jourdain. En attendant, l’inquiétude et la colère grondent en Cisjordanie (voir texte à paraître demain à ce sujet).

      L’hiver dernier a vu naître l’espoir, avec les précipitations les plus abondantes en cinq ans. Le lac de Tibériade (aussi appelé mer de Galilée en anglais et lac Kinneret en hébreu) est revenu à un niveau acceptable. Les pluies sont toutefois devenues l’exception plutôt que la règle dans la région : les deux tiers d’Israël reçoivent moins de 200 millimètres de précipitations par année, et la moitié du pays en reçoit moins de 100 millimètres (Montréal a reçu précisément cette quantité en deux heures lors du déluge du 14 juillet 1987 !).

      Prévoyant le pire, le ministère de l’Énergie a entrepris de presque doubler la capacité de dessaler l’eau de mer d’ici 2030. Deux nouvelles usines sont déjà prévues, à Sorek, près de Tel-Aviv (ce sera la plus grande du monde, à côté d’une usine existante), et dans le nord-ouest du pays, en Galilée.

      Devant l’ampleur de la crise, l’État hébreu a même annoncé un projet d’ingénierie unique au monde : une partie de l’eau de mer désalinisée servira à remplir le lac de Tibériade. Un pipeline de 90 kilomètres est en construction vers le lac mythique où Jésus est réputé avoir marché sur l’eau. L’État hébreu ne croit toutefois pas aux miracles pour sauver le seul lac du pays, considéré comme un véritable trésor national.

      « Le niveau du lac diminue même si on n’y puise presque plus d’eau ! Ça démontre clairement l’ampleur des changements climatiques », dit Yechezkel Lifshitz, du ministère de l’Énergie.

      Sécurité nationale

      Le gouvernement a entrepris de sauver le lac de Tibériade pour des raisons stratégiques, explique M. Lifshitz. L’État a besoin de cet immense réservoir naturel pour pallier des défaillances des usines de dessalement ou des attaques contre le système d’approvisionnement en eau — sabotage, attaques informatiques, au missile ou à l’explosif, tremblement de terre ou tsunami.

      Au-delà des considérations géostratégiques, l’État hébreu a le devoir moral de protéger le seul lac du pays, fait valoir Yechezkel Lifshitz. C’est un lieu historique, culturel, naturel et touristique crucial.

      Pour les mêmes raisons, Israël et la Jordanie élaborent des plans communs pour sauver la mer Morte, qui porte bien son nom : le niveau de ce vaste plan d’eau salée baisse d’un mètre par année depuis 30 ans. Quand on arrive par la route 90 qui longe la frontière avec la Jordanie, le spectacle est saisissant. On dirait une cuvette géante qui se vide. Des touristes japonais se prennent en photo devant un panneau indiquant : « Le point le plus bas sur Terre, -430 mètres. »

      Il fait 41 degrés Celsius sous un soleil de plomb en cet après-midi du mois d’août. On aperçoit au loin le « fleuve » Jourdain, qui alimentait jadis la mer Morte. Le mot « fleuve » n’a pas le même sens que chez nous. Oubliez le majestueux Saint-Laurent, le Jourdain n’est plus qu’un semblant de ruisseau à moitié vide. Un barrage a été construit à la sortie du lac de Tibériade, ce qui a asséché le pauvre Jourdain. Près de là, le lieu où Jésus a été baptisé par Jean le Baptiste est fermé aux visiteurs. On raconte qu’il serait ardu de faire un baptême aujourd’hui dans ce lieu saint transformé par la sécheresse.

      Pipelines en vue

      Pour sauver la mer Morte, qui se trouve à cheval sur la frontière entre Israël et la Jordanie, les deux pays travaillent sur deux possibles projets de pipeline, explique le géographe David Katz, de l’Université d’Haïfa.

      Le premier, surnommé « Red-Dead », remplirait la mer Morte à partir de la mer Rouge, au sud. La Jordanie construirait une usine de désalinisation pour produire de l’eau potable à Aqaba, sur la rive de la mer Rouge. L’eau salée rejetée par le processus de désalinisation serait acheminée par pipeline vers la mer Morte, au nord.

      Une solution moins coûteuse consisterait à aménager un pipeline « Med-Dead » qui alimenterait la mer Morte à partir d’une usine de désalinisation située près de la Méditerranée, en Israël.

      Israël fournit de l’eau potable à la Jordanie en vertu de l’accord de paix de 1994 entre les deux pays. L’État hébreu vend de plus grandes quantités d’eau que ce qui est prévu dans l’accord, mais cela reste nettement insuffisant, notamment à cause de la croissance démographique dans la région. Israël prévoit d’alimenter en eau 16 millions de ses citoyens en 2050, comparativement à 9 millions à l’heure actuelle. L’arrivée de centaines de milliers de réfugiés syriens en Jordanie — et d’environ un million de juifs d’origine russe en Israël une décennie plus tôt — a fait augmenter la demande en eau potable.

      Tout un défi, au moment où les sources se tarissent. Le pays a ainsi cessé au cours des derniers mois de puiser de l’eau dans sept sources importantes, explique Yechezkel Lifshitz, du ministère de l’Énergie. Il est même question de remplir ces sources avec de l’eau de mer désalinisée en cas de besoin.

      Ce reportage a été financé grâce au soutien du Fonds de journalisme international Transat–Le Devoir.

      Israël en bref :
      Capitale : Tel-Aviv
      Population : 8,7 millions
      Enjeu : L’État d’Israël, les territoires qu’il occupe et ses voisins sont dépendants de l’eau de mer dessalée afin d’alimenter villes et agriculteurs. Les changements climatiques amplifient cette dépendance, et il y a un risque de manquer d’eau potable.
      ================================================
      En Palestine, l’eau sous occupation militaire
      Marco Fortier, Le Devoir, le 7 janvier 2020
      https://www.ledevoir.com/monde/moyen-orient/570289/l-eau-sous-occupation-militaire

      Le village d’Al-Auja était autrefois le grenier de la Palestine. Oranges, citrons, tomates et concombres abondaient dans cette région jadis irriguée par une source abondante. Les changements climatiques ont toutefois bouleversé la Palestine depuis deux décennies. Les champs d’Al-Auja ont été désertés. Il n’y a plus grand-chose qui pousse dans ces terres pierreuses.

      À la limite du village, une plantation de bananes détonne au milieu d’une terre aride. Un couple et son fils s’activent parmi les bananiers, sous un soleil de plomb. Il fait 41 degrés Celsius. « C’est la première fois depuis des années qu’on réussit à faire pousser des bananes. C’est une culture qui nécessite beaucoup d’eau, mais de l’eau, on en manque terriblement », dit Taghrid Naji, 49 ans, mère de sept enfants et agricultrice.

      Elle, son mari, Abdullah, et leur fils de 10 ans, Mosa, nous reçoivent dans leur champ. L’hiver dernier a été pluvieux — une exception, après cinq années de sécheresse record —, ce qui a permis aux agriculteurs du village de remplir les étangs qu’ils ont aménagés un peu partout dans la région.

      Abdullah a bricolé un système de pompes et de tuyaux rouillés qui crache un filet d’eau sablonneuse. « C’est de l’eau dégueulasse, qu’il faut filtrer, mais c’est de l’eau », explique l’agriculteur.

      La récolte de bananes s’annonce bonne, mais le couple ne se fait pas d’illusions. Il semble loin, le temps où le village exportait ses agrumes, ses melons d’eau et ses légumes jusque dans les pays du golfe Persique. Les agriculteurs palestiniens se sont tournés vers la culture de dattiers et de palmiers, qui nécessitent très peu d’eau. De nos jours, seul un hiver pluvieux peut mener à la culture de bananes ou d’agrumes dans la vallée du Jourdain. Et les hivers pluvieux se font rares.

      La faute des militaires

      La sécheresse est bien réelle, mais elle n’explique pas à elle seule la pénurie d’eau. Quand on leur demande la raison du manque d’eau, les Palestiniens parlent tous de l’occupation militaire de leur territoire par Israël. « Notre problème, c’est Israël, pas les changements climatiques », affirme sans détour Deeb Abdelghafour, directeur général à l’Autorité palestinienne de l’eau. On le rencontre à son bureau de Ramallah, capitale de la Cisjordanie.

      Comme à peu près tous les enjeux dans cette région trouble du monde, le partage des ressources en eau est d’une complexité extrême. Les réserves d’eau de la région prennent leur source au Liban et en Syrie, passent sous la Cisjordanie et débouchent en Israël. La gestion de ces aquifères a fait l’objet d’une entente en vertu des accords d’Oslo, au début des années 1990. Cette entente devait encadrer la gestion commune de l’eau par Israël et la Palestine pour une durée de cinq ans, mais n’a jamais été renégociée. La population a augmenté. Le climat s’est déréglé. L’eau devient plus rare. Et la colère monte en Palestine.

      « On est pris depuis plus de 20 ans avec un accord qui nous empêche d’exploiter nos ressources. Il est temps de dire assez ! », lance Deeb Abdelghafour.
      Photo : Jacques Nadeau Le Devoir Une Palestinienne évoque avec découragement les difficultés de cultiver des fines herbes dans les collines au nord-est de Ramallah.

      Les deux parties ont un droit de regard sur les projets de l’autre. Avant de creuser une station de pompage, tant Israël que la Palestine doivent obtenir la permission de l’autre. Le problème, c’est que ça ne se passe pas tout à fait ainsi, affirme le gestionnaire palestinien.

      « En réalité, Israël fait à peu près tout ce qu’il veut et bloque la plupart de nos requêtes », affirme Deeb Abdelghafour. Il rappelle que 61 % du territoire de la Cisjordanie se trouve en zone C — sous contrôle israélien — en vertu des accords d’Oslo.

      Le gestionnaire palestinien montre une carte de la Cisjordanie accrochée au mur de son bureau : « On sait exactement où pomper pour trouver de l’eau, dit-il. C’est là, là et là. Mais quand on demande un permis à Israël pour pomper notre eau, on se fait répondre que c’est impossible, que c’est une zone militaire interdite ou que c’est une zone protégée contre l’exploitation des ressources. »

      Résultat : les Palestiniens ont creusé des dizaines et des dizaines de puits illégaux, dénonce l’État israélien. Deeb Abdelghafour admet que c’est « vrai à 100 % ». « Il y a des puits illégaux, mais c’est à cause d’Israël : ils nous empêchent de creuser ! »

      Deux poids, deux mesures

      Les stations de pompage palestiniennes, légales ou illégales, sont généralement en mauvais état, paralysées par des bris mécaniques (à cause du manque de pièces de rechange), situées dans une zone où l’on trouve peu d’eau, ou simplement trop peu profondes pour atteindre la nappe phréatique, explique-t-il. C’est la triste réalité en Palestine : faute d’argent, les infrastructures tombent en décrépitude.

      Dans le village d’Al-Auja, une station de pompage financée par l’aide internationale a été construite il y a cinq ans, mais elle ne fonctionne pas. Les résidents du village sont frustrés. Ils ne se gênent pas pour critiquer l’Autorité palestinienne. « Il y a de la turbidité dans l’eau. On a besoin d’un filtre qu’on doit importer de l’étranger. On prévoit de lancer l’appel d’offres prochainement. On a un autre problème majeur : on n’a pas le personnel qualifié pour faire fonctionner la station de pompage », explique Deeb Abdelghafour, de l’Autorité palestinienne.

      Tout un contraste avec les puits creusés par Israël un peu partout en Cisjordanie pour approvisionner les colonies juives. À Al-Auja, les résidents notent que la demi-douzaine de colonies israéliennes du voisinage ont assez d’eau pour cultiver leurs champs. La multiplication des puits israéliens a contribué à tarir les sources de la Palestine, dont celle qui a fait la renommée d’Al-Auja, remarque Jihad Shabanat, ingénieur hydraulique pour la municipalité.

      Il vient d’une famille d’agriculteurs qui a cessé de cultiver ses terres, faute d’irrigation. Deux de ses frères ont fait comme des dizaines de Palestiniens : ils sont allés travailler dans les champs des colonies israéliennes. « C’est frustrant, dit-il. On n’a pas assez d’eau pour cultiver nos terres, alors on doit travailler pour les Israéliens qui occupent notre territoire et qui, eux, ne manquent pas d’eau. Tu peux imaginer comment on se sent. »

      La souveraineté d’abord

      Autre source de frustration, les Palestiniens dépendent presque entièrement de Mekorot, le distributeur national israélien, pour leur approvisionnement en eau potable. L’État juif a beau fournir plus d’eau que ce qui est prévu par les accords d’Oslo, tout le monde convient, des deux côtés du « mur de séparation », que c’est insuffisant pour répondre à la demande. Les municipalités palestiniennes — et les Palestiniens eux-mêmes — ont appris à stocker l’eau potable pour pallier l’approvisionnement sporadique du réseau israélien.

      « L’entente est jugée insuffisante pour les besoins des Palestiniens, entre autres à cause de la croissance de la population. Par habitant, les Palestiniens obtiennent environ le quart de ce qui est alloué aux Israéliens », explique David Katz, professeur de géographie à l’Université d’Haïfa.

      L’occupation militaire de la Palestine par Israël vient brouiller les efforts de coopération entre les deux nations, souligne le professeur. L’État juif est prêt à vendre davantage d’eau potable aux Palestiniens, mais ceux-ci refusent : ils réclament d’abord la souveraineté sur l’eau qui se trouve dans leur sol, pour répondre eux-mêmes à leurs besoins.

      Les Palestiniens rechignent à participer à des projets communs de dessalement de l’eau de mer avec Israël pour les mêmes raisons. Cette coopération avec les responsables de l’occupation illégale serait considérée comme une forme de renoncement à la souveraineté palestinienne.

      Les eaux usées restent non traitées en territoire palestinien pour des raisons similaires. « Israël a proposé l’aménagement d’usines régionales de traitement des eaux usées. Les Palestiniens disent qu’ils ne veulent pas d’usines qui serviraient les colonies, parce qu’ils font valoir que les colonies sont illégales. Il n’y a rien qui se construit, et les égouts polluent les aquifères », résume David Katz.

      Ce reportage a été financé grâce au soutien du Fonds de journalisme international Transat–Le Devoir.
      ========================
      Là où « chaque goutte compte »
      Marco Fortier, Le Devoir, le 8 janvier 2020
      https://www.ledevoir.com/monde/moyen-orient/570340/au-pays-ou-chaque-goutte-compte

      Soucieux de limiter l’immigration juive en Palestine, les Britanniques préviennent en 1939 que les maigres réserves d’eau de la région peuvent suffire à deux millions de personnes tout au plus. La population de la Palestine sous mandat britannique (l’équivalent d’Israël, la Cisjordanie et Gaza) était alors estimée à 834 000 personnes.

      On connaît la suite : 80 ans plus tard, l’État hébreu alimente en eau potable près de 13 millions de personnes (8,7 millions en Israël, plus de 4 millions en Palestine), en plus de distribuer de grandes quantités d’eau en Jordanie en vertu de l’accord de paix de 1994. Mais Israël a dû prendre les grands moyens pour faire mentir les Britanniques. La quête de l’eau et la préservation de cette ressource plus précieuse que le pétrole sont depuis toujours une priorité nationale.

      « L’histoire d’Israël est une histoire de gestion de l’eau. Ce pays souffre depuis ses débuts de manque d’eau et de périodes de sécheresse », dit Yossi Yacooby, chef de cabinet du président-directeur général de Mekorot, la société nationale de l’eau en Israël. Il nous accueille à son bureau, au centre de Tel-Aviv, en nous offrant un pichet d’eau fraîche : « C’est de l’eau du robinet », précise-t-il en souriant.

      Le défi du climat

      Comme l’a rapporté Le Devoir, la croissance démographique et les changements climatiques compliquent l’approvisionnement en eau en Israël et ailleurs au Moyen-Orient. L’État hébreu a dû construire en toute hâte cinq usines de dessalement de l’eau de mer, entre les années 2005 et 2016. Sans cet apport d’immenses quantités d’eau potable, il n’y aurait plus d’eau courante dans cette région parmi les plus arides de la planète. Les deux tiers du pays sont en plein désert.

      Ironiquement, la ville côtière de Tel-Aviv a été le théâtre d’un véritable déluge au cours des dernières heures. Les experts ont attribué ces pluies d’une rare intensité aux changements climatiques. Pourtant, le bouleversement du climat mène habituellement à la sécheresse dans cette partie du monde.

      « Avec les changements climatiques, on se prépare au pire, mais c’est ce qu’on a toujours fait. C’est pour ça qu’on est un peu en avance sur les pays qui commencent à considérer ça comme un problème », dit Shmuel Assouline, directeur des relations internationales au Centre Volcani, le laboratoire de recherche du ministère israélien de l’Agriculture.

      L’eau a rapidement été nationalisée après l’indépendance du pays en 1948. Toutes les formes d’eau sont tarifées — pour l’agriculture, l’industrie et la consommation des ménages. L’eau n’est jamais gratuite en Israël. Et un des premiers grands projets d’infrastructures de l’État naissant a été l’Aqueduc national, qui relie depuis 1964 le nord du pays, traditionnellement plus riche en eau, au sud désertique.

      Plus important encore, devant la rareté des réserves d’eau, le gouvernement israélien a pris une décision radicale : investir massivement dans le recyclage de ses eaux usées pour les réutiliser en agriculture. Selon le ministère de l’Énergie, le pays réutilise pas moins de 86 % de ses eaux usées (de pluie et d’égouts) — le taux le plus élevé du monde, loin devant l’Espagne, qui réutilise 17 % de ses eaux usées.

      Plus de 60 % de l’agriculture est issue de l’eau recyclée, selon Shmuel Assouline. Deux réseaux d’aqueduc distincts traversent le pays pour éviter que l’eau potable entre en contact avec l’eau vouée à l’agriculture, qui est de moindre qualité.

      Goutte à goutte

      En plein désert du Néguev, près de la frontière avec l’Égypte, un aqueduc de couleur rose longe la route 2357. « Danger, eau d’égout recyclée. Interdit d’en boire !!! » indique un autocollant apposé sur le tuyau.

      Une oasis apparaît tout à coup dans l’immensité aride. Un village verdoyant bordé d’arbres et de fleurs. Une fontaine trône en face des bureaux de la municipalité. Et tout autour du village, des champs cultivés s’étirent au loin dans la plaine.

      Cette éclosion de verdure au milieu du désert n’est pas le fruit du hasard. Tout ce qui pousse ici a été irrigué. Et nous sommes un peu dans la Mecque de l’irrigation : c’est ici, au kibboutz Hatzerim, qu’a été inventée en 1965 l’irrigation au goutte à goutte — une technique qui a révolutionné l’agriculture en milieu aride.

      Avec les changements climatiques, on se prépare au pire, mais c’est ce qu’on a toujours fait
      — Shmuel Assouline

      Netafim, l’entreprise qui a fait breveter le « goutteur », est aujourd’hui milliardaire, avec 4300 employés dans 110 pays. La Mexicaine Mexichem a acquis en 2017 80 % des parts de l’entreprise au coût de 1,5 milliard $ US. Le siège social de Netafim est ici, au kibboutz Hatzerim. La multinationale est le principal employeur du village de 1000 âmes.

      « L’irrigation au goutte à goutte a été inventée par accident », raconte Natan Barak, cadre de haut rang chez Netafim, en nous faisant visiter les champs de jojoba qui entourent le kibboutz. Un chapeau de paille le protège du soleil qui frappe fort, en cette fin d’avant-midi.

      Au milieu des années 1960, les résidants du kibboutz ont vu grandir avec stupéfaction un « arbre miraculeux » dans cette terre désertique. Ils se sont rendu compte qu’un vieux tuyau laissait fuir des gouttes d’eau près des racines de l’arbre.. Le « goutteur » était né. Aujourd’hui, en Israël, en Palestine et dans pratiquement tous les pays où l’eau devient rare, l’agriculture se fait au goutte à goutte.Cette technique requiert une fraction de l’eau consommée par l’irrigation traditionnelle, explique Shmuel Assouline, du ministère de l’Agriculture.

      Industrie de l’avenir

      Les chercheurs du Centre Volcani, dans une vaste plaine en banlieue de Tel-Aviv, développent désormais ce qu’ils appellent « l’agriculture de précision » : ils recourent à des données obtenues par satellite ou par drone pour connaître la couverture végétale, le type de sol, la quantité d’eau souterraine…

      Des capteurs à distance permettent de détecter les fuites d’eau, les tuyaux bouchés et même les mauvaises herbes. Le système émet des herbicides uniquement là où il le faut, et ferme automatiquement le tuyau en cas de fuite d’eau, explique Shmuel Assouline.

      Les chercheurs israéliens ont aussi développé des plantes tolérantes à la sécheresse, à la salinité et à la chaleur. La simple installation de filets au-dessus des cultures réduit l’effet du vent ainsi que l’évaporation, ce qui permet d’économiser de grandes quantités d’eau.

      L’eau a donné naissance à une véritable industrie qui regroupe 300 entreprises dans l’État hébreu, souligne Aviv Berkovich, gestionnaire à l’Institut d’exportation d’Israël. Le traitement des eaux usées et la détection des fuites, par exemple, représentent un marché d’avenir à cause des changements climatiques et de la croissance démographique. « À peu près 30 % de l’eau potable produite dans le monde est perdue à cause des fuites dans les aqueducs. Ça n’a aucun sens. Même les pays riches vont réaliser que l’eau est une ressource précieuse dont il faut prendre soin », dit-il.

      Contrer le gaspillage

      Malgré les prouesses techniques, l’approvisionnement en eau reste plus fragile que jamais en Israël et dans tout le Proche et le Moyen-Orient, prévient David Katz, professeur au Département de géographie de l’Université de Haïfa. Après une enquête nationale sur la gestion de l’eau potable et la construction en toute hâte de cinq usines de dessalement de l’eau de mer, le gouvernement israélien a clamé il y a cinq ans que « la crise de l’eau est réglée ». Ce fut une erreur magistrale, estime le professeur Katz.

      « Quand les gestionnaires de l’eau disent qu’il n’y a plus de pénurie, c’est de la foutaise ! », lance cet économiste spécialisé en gestion de l’eau.

      « Nous sommes des meneurs en dessalinisation, en traitement des eaux d’égout, en détection des fuites. Tout cela est vrai. Mais nos aquifères sont épuisés, nos rivières sont asséchées, nos milieux humides ont été détruits et le niveau de notre unique lac est constamment sous la ligne rouge qu’il est censé ne jamais atteindre », ajoute David Katz.

      Durant la première décennie du millénaire, le gouvernement a mis en place des campagnes très efficaces pour économiser l’eau. Les tarifs ont doublé entre les années 2000 et 2010. La consommation des aqueducs municipaux a diminué de 20 % entre 2007 et 2009, souligne David Katz.

      Des campagnes publicitaires de choc ont rappelé aux citoyens que « chaque goutte compte ». Après cinq années de sécheresse record, les ménages ont reçu en mai 2018 une alerte du ministère de l’Énergie : « Économisez l’eau, réduisez votre temps de douche de deux minutes ! » Les enfants apprennent dès la maternelle à fermer le robinet pendant qu’ils se lavent les mains. En arrivant en Israël, les visiteurs étrangers sont frappés par l’accumulation de poussière sur les voitures. Ici, on ne gaspille pas l’eau pour nettoyer un tas de tôle.

      Ce reportage a été financé grâce au soutien du Fonds de journalisme international Transat-Le Devoir

  • Le 20 décembre 2019, je reçois, par mail, ce message de "pub" d’une formation qui nous est proposée dans notre #université (#Université_Grenoble_Alpes) :

    L’#UGA nous informe de la mise en place à la formation #communication_assertive et bienveillante dans les relations professionnelles .

    Deux sessions au choix sont ouvertes :

    Soit les 29 & 30 juin 2020
    soit les 03 & 04 décembre 2020

    La date limite d’inscription est : j - 15 avant la date de la formation

    La formation est placée sous le thème " #efficacité professionnelle ".

    Objectifs de la formation :

    A l’issue de la formation, les participants seront capables de :

    – Décoder leur comportement et celui des autres dans les relations professionnelles

    – Communiquer avec #tact et #diplomatie

    – Etablir des #attitudes_positives au quotidien

    – Développer des relations professionnelles harmonieuses et efficaces

    Programme :

    1. Prendre conscience de son comportement

    – Identifier les raisons de ne pas de comprendre

    – Comprendre l’image que l’on renvoie à ses interlocuteurs

    – Prendre conscience de l’image de sa communication écrite

    – Identifier son comportement dans les situations relationnelles

    2. Savoir dialoguer avec tact et souplesse

    – Pratiquer l’écoute active et savoir utiliser les 5 types de questions

    – Utiliser les 3 techniques de reformulation

    – Améliorer sa communication non verbale

    – Etre congruent entre son langage verbal et non-verbal

    – Ajuster sa communication à son interlocuteur

    – Choisir son vocabulaire pour communiquer avec précision et tact à l’écrit

    3. Savoir soutenir une position claire et diplomate

    – Etre assertif : utiliser la méthode DESC

    – Exprimer son avis sans juger l’autre

    – Formuler des critiques constructives

    – Faire face aux critiques

    – Formuler un refus sans provoquer de tension

    – Faire et accepter des compliments dans le monde professionnel

    Durée : 2 jours

    Public : Toute personne souhaitant optimiser sa communication afin d’améliorer ses relations professionnelles

    –--------

    Sur ce, je réponds à une collègue, en colère :

    Plus de moyens, moins de compétition, moins de darwinisme social résoudrait la moitié des problèmes sans formations à la communication bienveillante !

    –-> je fais évidemment allusion aux propos tenus par #Antoine_Petit (à la tête du #CNRS) qui a appelé à une loi « darwinienne » pour le financement de la #recherche. « Une loi ambitieuse, inégalitaire — oui, inégalitaire, une loi vertueuse et darwinienne, qui encourage les scientifiques, équipes, laboratoires, établissements les plus performants à l’échelle internationale, une loi qui mobilise les énergies. »
    https://seenthis.net/messages/815560

    #formation #bienveillance #communication_bienveillante #travail #relations_professionnelles #inégalités #performance #compétition #attitude_positive #harmonie #hypocrisie #image #tact #souplesse #écoute_active #techniques_de_reformulation #communication #communication_non_verbale #langage_verbal #langage_non-verbal #vocabulaire #méthode_DESC #critiques_constructives

    • Et parallèlement à l’#Université d’#Amsterdam... la week of #work_stress !

      Message from the works council

      Dear all,

      The week of 11th of November is the week of work stress. It is the week where the university brings out its petting puppies, makes you bikeblend your smoothie, and has you beat a few djembe tunes to let go of your #stress. Some might argue that it is a nice gesture of the employer, but we of the FNV in the OR find it a slap in the face of the employee. It adds insult to injury.

      This waste of money again shows that the faculty is not taking work pressure seriously. We said it last year, and we said it again this year: “stop monkeying around and actually deal with the causes of work pressure”. Work pressure is not that difficult. There are either too many tasks for the number of people, or there are not enough people for the number of tasks. So the answers are also simple. If an organization is financially healthy, you hire more people. If the organization is financially unhealthy, you are stuck with reducing the tasks. There is no rocket science involved.

      Yet as you can see in this week of work stress, the faculty seems keen to responsiblize the individual for the work pressure he or she is experiencing. This leads to offers such as #time_management (we just received an email that there are two spots still available), #yoga, and #mindfulness. But these are just bandaids ("lapjes voor het bloeden" as the Dutch expression goes) that obscure the structural faults of the system. There are too many administration processes. There is too much institutional distrust that you are not doing your work correctly leading to for instance to ’#jaargesprekken' being moments where you defend yourself instead of discussing how you would like to grow as a professional. There are criteria for promotion that seem to change during the process. We have to accept budget cuts in our teaching programme while at the same time the faculty wants to start new programmes that make new claims on budget and staff.

      Recently, our support staff at EOSS was confronted with a report that was framed as research about the high work pressure they are experiencing. Yet it actually placed all the blame at the staff of EOSS and suggested their so-called inefficient work and non-conformance to instructions from management was the cause of their work pressure. Another signal that work pressure is not taking seriously by management and the individual employee is again responsibilized for his or her work’ stress’. The Works Council will keep pushing the Faculty and the UvA to make meaningful structural changes that address work pressure instead of blaming the victim. Namaste.

      XXXX (FNV Works Council Representative)

      Reçu via email d’une amie/collègue qui y travaille...

    • Et petit exemple d’#Angleterre (#UK):

      Universities have driven their workers into the ground. That’s why I’m striking

      Our eight days of action are in response to a marketised sector that has prioritised profit over the welfare of staff and students.

      Workers in higher education across the UK are on strike. One of the reasons we are striking is because of the poor conditions we face today – which were, in large part, decided by the 2010 election.

      Nearly a decade ago, the Tory and Lib Dem coalition government conspired to transform higher education, unleashing the forces of marketisation. The physical and emotional landscape of the university has fundamentally changed in the intervening years. The devastation wrought cannot be overstated. Contrary to justifications for reform by Tories and Lib Dems, the contemporary university is not sustainable, and reforms have reduced standards and entrenched inequality.

      In public discussion of the – shameful – tripling of student fees and mounting student debt, the changes to university funding that this brought about are often neglected. The 2010 coalition government replaced the old system of block grants with money paid per student per course, and lifted the cap on the number of student places available. Now, universities compete for funding by competing for students, with each other, and between their own departments.

      Most remarkably, this was done in the name of improving standards. It has left its scars on the physical landscape of universities, no longer able to fit in the number of students they have enrolled, and the springing up of new buildings, luxury accommodation and gyms all designed to attract prospective students. If the modern university has a soundtrack, it would be constant drilling for the construction of new, shiny buildings, temples to “student satisfaction”.

      Marketisation does not mean the immediate insertion of the profit motive into previously public goods. It means, at least in the first instance, making those public goods profitable. Students are in more and more debt, workers are paid less and less, while private companies and developers are given access to a potentially lucrative market.

      What does this mean for workers in higher education? They face a proliferation of perverse incentives: instead of research and teaching, lecturers are expected to take part in a perpetual recruitment drive. Instead of supporting students emotionally and academically, staff in student services, often facing cuts and “restructures”, are expected to act as the vanguard of “employability”.

      With more students, permanent staff are expected to take on more and more work. Temporary staff are expected to paper over structural gaps, providing a “flexible” workforce who are hired and fired in response to fluctuations in student numbers. Research shows that part-time staff and those on hourly rates are only paid for 55% of their work. Staff in general work, on average, the equivalent of two days unpaid per week. Given these low wages, many temporary staff are effectively paid less than the minimum wage.

      The expectations placed on staff cannot be met. It is not possible to produce the kind of work expected in the amount of time we are paid to do it. New methods of evaluation and student metrics create even more work, and overlook the key fact that asking students if they enjoyed a course reveals very little about whether that course was well-taught. Student services are stretched to breaking point, and instead of releasing the tension by, for example, increasing funding, services are instead outsourced, with trained counsellors replaced by generic “advisers” and, even, apps.

      When we say that the expectations on staff cannot be met, we mean that it is not possible to live under these conditions. There is nothing else left to squeeze. The doctrines of flexibility and precarity are in no way specific to higher education. They are paradigmatic of contemporary working practices. This means the struggle against precarity is not just a struggle for better conditions for academic workers – it is the insistence that a better life is possible for all of us. The disruption to teaching that comes from workers’ poor health, unnecessary pressure and precarity is much, much greater than the disruption caused by the cancellation of classes.

      Despite the deprivations of the picket line – early mornings, hours standing in the cold, lost pay – I have rarely seen colleagues so happy. The lifting of the neoliberal impulse to be constantly working, every interaction a chance for self-development, every minute a chance to get something done, has profound effects. Reclawing time from management’s extractive demands gives us a glimpse of how the university could be.

      The University and College Union dispute, which runs until next Wednesday, is about pay and pensions for some 43,000 members of the union, all working in academia. Even if we won on both counts, our futures, and the future of higher education, will not be secure without a fundamental rethink of the way in which universities are funded in the UK.

      We cannot afford to merely attempt to reform a marketised sector, based around fees. Almost 10 years on from the seismic higher education reforms of 2010, we face another general election. The only party now offering a rethink of fees and funding, rather than the shuffling of proverbial deckchairs, is Labour.

      We must not let students’ interests be pitted against workers. They are one and the same. So far during the strike, universities have bribed students to cross the picket line with gimmicks like free breakfast and free parking. They have attempted to ban solidarity action by students with a sustained campaign of misinformation, including the suggestion that joining picket lines is illegal and that students must cross them because they are members of NUS and not UCU. We are warned that students might feel anxious about the strike and that by picketing our workplaces we are letting them down.

      In these moments, management attempts to call upon a sense of duty we might feel towards our students. But as workers in higher education, we should not be content to merely provide a better version of the kind of education-as-commodity that management insists on.

      With our strike and the election, we have a chance to start fundamentally re-imagining the university. It’s the only thing that might save it.

      https://www.theguardian.com/commentisfree/2019/nov/28/universities-workers-strike-marketised-sector-money-staff
      #grève

    • Et hop une autre offre de formation arrivée ce jour dans ma boîte mail :

      "Mieux vivre ses émotions dans les relations professionnelles"

      Public : Tout collaborateur qui souhaite mieux vivre ses émotions afin de favoriser ses relations professionnelles.

      C’est classé dans la rubrique « #efficacité professionnelle »

      Et voici un aperçu du contenu :

      #intelligence_émotionnelle #émotions #réactions_émotionnelles_parasites #dysfonctionnement #mots #visage #corps #couleurs #saveurs #musique #timbres_psychologiques #élastiques_émotionnels #alexitymie #vague_des_émotions #pensée_positive #mots_déclencheurs #respiration

    • 10.12.2021, nouveau message des services centraux de notre université (qui semble de plus en plus inspirée !!) :

      Programme de #pause_active destiné à l’encadrement

      A l’attention des personnels en situation d’encadrement (cadres administratifs et techniques, responsables pédagogiques, responsables scientifiques)

      Madame, Monsieur,

      Suite à une expérimentation menée au printemps dernier et dans le cadre de l’accord-cadre Qualité de Vie au Travail de l’UGA, le SUAPS et la Direction de l’environnement social (DGDRH-DES) vous proposent des séances de Pause Active en visioconférence.

      Ces temps courts, de 20/25 mns vous permettront de :

      Bien débuter la journée

      Apprendre à apprivoiser le stress, prévenir le stress chronique

      Lutter contre l’épuisement professionnel

      – *Prévenir les troubles musculo-squelettiques

      Être plus efficace et concentré

      Ils se déroulent les jeudis à 8h et 8h30, jusqu’au 9 décembre pour le 1er semestre

      Puis au 2nd semestre, à partir du 13 janvier

      Pas d’inscription préalable, juste une connexion !

      Comment se déroulent les séances ?

      Séance à 8h00 : #Sophrologie :

      Prendre conscience des différentes parties de son corps

      Se libérer des tensions physiques, mentales et émotionnelles

      Respirer, se poser, prendre un temps pour soi

      Activer les capacités utiles pour sa journée de travail

      –-

      Séance à 8h30 : Réveil musculaire en douceur :

      Étirements légers, respiration, focus sur l’ensemble du dos pour dénouer les tensions.

    • J’avais oublié d’ajouté cela sur ce fil :

      Arrive aujourd’hui, 21.10.2020, un message de mon #université (#Université_Grenoble_Alpes) qui nous invite à s’inscrire à une #formation...
      La formation s’intitule :
      Gestion du #stress pour les enseignant(e)s

      La troisième annonce en ce genre, les deux précédentes étaient des formations qui portaient sur :

      1. Gestion de #conflits (formation mise sous le thème « #efficacité_professionnelle »)

      2. Mieux vivre ses #émotions dans ses #relations_professionnelles (aussi mise sous le même thème : #efficacité_professionnelle)

      Comme dit ma collègue @mobileborders :
      « De la #responsabilisation_personnelle des #failles_structurelles... »

      https://seenthis.net/messages/882135

    • 07.01.2022... on commence une nouvelle année avec de nouvelles formations. Cette fois-ci c’est... le #co-développement !

      Formation Co-Développement Enseignants/Enseignants-chercheurs

      –-> le plus drôle dans tout ça, c’est la "#méthode_Payette_et_Champagne" (ou "paillettes et champagne" si vous préférez).

      « une méthode subtile et exigeante alors qu’elle paraît simple en apparence » dit A. Payette
      https://esprit-co-developpement.fr

      Pas trop bien réussi à en savoir plus après une brève recherche sur la toile (si il y a des motivé·es...)

      J’en ai fait un mini-tweet :

      https://twitter.com/CDB_77/status/1479350762329280514

    • Avril 2022... Dans notre institut, comme partout ailleurs dans les facs françaises (et au-delà), on souffre d’un déficit STRUCTUREL en personnel enseignant... Pour info, notre institut « tourne » avec environ 40% des heures d’enseignement qui sont données par du personnel précaire, dont des #vacataires... Outre ce problème STRUCTUREL, il y a aussi la difficulté à pouvoir embaucher lesdits vacataires... deux difficultés avant tout :
      – iels sont payé·es, à l’heure, en dessous du smic, donc iels préfèrent faire autre chose dans la vie...
      – iels ne peuvent être embauché·es que si iels ont un contrat par ailleurs (donc, chômeur·es, circulez, on ne peut pas vous donner du taf... qui est payé moins du smic, mais bon...)

      Résultat des courses : c’est une galère pas possible pour les responsables de formations à la fac de trouver des enseignant·es pour les cours présents dans la maquette...

      Donc : problème structurel...

      Or, voici ce que notre direction nous propose, une réunion pour discuter de cette problématique « vacataires » (très bien) :

      "Lors du dernier conseil d’UFR, la problématique des vacataires d’enseignement (recrutement, constitution des dossiers, paiement) a été abordée et il a été émis le souhait d’organiser un temps de travail à ce sujet.

      ... et voici la phrase suivante :

      Ce sujet faisant également écho à celui lié à la qualité de vie au travail, il semble primordial d’y travailler dessus de manière prioritaire."

      –-> le lien avec la fameuse #QVT... ce n’est pas un problème de QVT, c’est un problème de #politique_universitaire, bordel ! Non, on ne va pas résoudre cela avec des séances de sophrologie ou avec des pauses actives !

    • « En termes d’émotions, là c’est moins évident : on parle de plus en plus de burnout, mais à la force physique s’est substituée une injonction à la force mentale, à prendre sur soi. Et si ça ne va pas, on va faire en sorte que les individus s’adaptent au monde du travail, mais on ne va jamais faire en sorte que le monde du travail s’adapte au #corps et à l’esprit des individus. On va donner des sièges ergonomiques, des ergosquelettes, on va créer des formations gestes et postures, on va embaucher des psychologues pour que les gens tiennent au travail, sans s’interroger sur ce qui initialement a causé ces souffrances. »

      https://www.frustrationmagazine.fr/entretien-rivoal

      #adaptation #résilience #force_mentale #émotions

      signalé ici :
      https://seenthis.net/messages/969443

    • Le business du bonheur

      La psychologie positive, conceptualisée aux États-Unis à la fin des années 1990, s’est imposée en Europe par le biais du management d’entreprise. Enquête sur une discipline contestée, proche du développement personnel.

      https://www.arte.tv/fr/videos/099779-000-A/le-business-du-bonheur

      voir aussi le trailer sur twitter :
      https://twitter.com/ARTEfr/status/1567845341793320962

      signalé sur seenthis par @olivier_aubert :
      https://seenthis.net/messages/971462

  • C’était le mardi 5 novembre à 20 heures, à la MRES : « L’entreprise Macron » avec Rémi Lefebvre, co-directeur de publication de l’ouvrage collectif au titre éponyme (PUG, avril 2019).
    https://www.amis.monde-diplomatique.fr/Ecoutez-la-conference-de-Remi-Lefebvre.html

    https://www.amis.monde-diplomatique.fr/IMG/mp3/lille191105.mp3

    Comment résoudre l’énigme de l’élection d’Emmanuel Macron https://www.pug.fr/produit/1662/9782706143120/l-entreprise-macron , ce jeune homme politique dépourvu des ressources qui expliquent habituellement la victoire à une présidentielle ? Pour comprendre ce succès et saisir sa portée, l’ouvrage revisite la campagne et la mobilisation électorales, part à la recherche des électeurs de La République en Marche à la présidentielle et aux législatives puis, enfin, s’attache aux élites, cadres et militants d’une entreprise, dont le principal défi est désormais d’assurer sa pérennité. Les auteurs proposent ainsi quelques clés essentielles non seulement pour comprendre ce qui s’est joué en 2017, mais aussi pour interroger le nouvel ordre partisan et électoral qui s’est mis en place et ainsi éclairer l’avenir en montrant que toute nouvelle entreprise politique est une construction fragile.

    #médias #diplo #Le_Monde_diplomatique #macron #Radio #Audio #Lille #Rémi_Lefebvre #Radio_Campus_Lille https://www.campuslille.com/index.php/entry/categories/eul-bce

  • ’Sex For Grades’: How The BBC Exposed A Scandal In West Africa : Goats and Soda : NPR
    https://www.npr.org/sections/goatsandsoda/2019/10/25/771427782/how-undercover-journalists-exposed-west-africas-sex-for-grades-scandal

    “I’m a 28-year-old who never got to finish school because of one thing,” says Kiki Mordi. “It wasn’t because I wasn’t brilliant or anything — I was a high flyer when I was growing up. But I didn’t even finish. All because of sexual harassment.”

    According to Mordi, one of her professors withheld her exam results for two semesters because she refused his sexual advances, leading her to drop out of school and give up her dream of becoming a doctor. Mordi tried to report her sexual harassment at the time but says, “It was clear nothing was going to be done.”

    “That’s robbery,” she says. “If there’s any one place in the world girls should feel safe, it’s school.”

    Mordi pursued journalism instead, and her most recent project — the BBC Africa Eye documentary Sex for Grades — tackles sexual harassment at West African universities. Mordi and her team interviewed dozens of current and former students about their experiences with sexual harassment.

    Their research culminated in an hourlong film that shows Mordi and three other undercover reporters using hidden cameras over the course of three months to film lecturers at the regionally prominent University of Lagos and University of Ghana. In the footage, lecturers harass, proposition and attempt to blackmail Mordi and her fellow reporters in closed-door meetings.

    The documentary aims to open the door for conversation about a topic that Olabukunola Williams, executive director of the Nigerian nonprofit Education as a Vaccine, says is “pervasive in Nigeria.”

    Sexual harassment at universities, she says, “is like an open secret, it’s crazy. Everybody has a story.”

    ON peut voir le documentaire de Kiki Mordi publié par la BBC à : https://www.youtube.com/watch?v=we-F0Gi0Lqs&feature=youtu.be

    #Prédation_sexuelle #Ghana #Nigeria #Université #Diplomes_contre_sexe #Documentaire #BBC

  • L’Iran au G7 : un coup d’épée dans l’eau ?
    https://www.mediapart.fr/journal/international/270819/l-iran-au-g7-un-coup-d-epee-dans-l-eau

    Moins de 24 heures après la fin du sommet de Biarritz, c’est le président iranien et non Donald Trump qui a dit ne pas vouloir de discussion entre Washington et Téhéran. Macron a voulu faire un coup d’éclat ; il a, au mieux, fait un pas de fourmi.

    #DIPLOMATIE #Emmanuel_Macron,_Iran,_Hassan_Rohani,_G7,_Donal_Trump,_Javad_Zarif,_France,_A_la_Une

  • Macron après le G7 de Biarritz : derrière la com’, le statu quo
    https://www.mediapart.fr/journal/international/270819/macron-apres-le-g7-de-biarritz-derriere-la-com-le-statu-quo

    Après une rentrée catastrophique en 2018, Emmanuel Macron a attaqué celle de 2019 en se plaçant au centre du jeu international. L’exercice du G7 de Biarritz a été unanimement salué par la presse française, qui a présenté cette séquence comme un « succès ». Sur le fond des dossiers, pourtant, rien n’a changé.

    #DIPLOMATIE #G7,_international,_rentrée_politique,_Donald_Trump,_Emmanuel_Macron,_Jair_Bolsonaro,_Iran,_Amazonie,_A_la_Une

    • (PDF) Alerte orange sur l’Europe bleue-brune.pdf | Michel Feher - Academia.edu
      https://www.academia.edu/38228371/Alerte_orange_sur_lEurope_bleue-brune.pdf

      Leur appauvrissement a certes empêché les Européens du Sud de remplir la fonction d’importateurs des produits du Nord qui leur était jusque-là dévolue. Pour autant, le gouvernement de Berlin et ses affidés au sein des institutions européennes n’ont pas hésité à sacrifier le pouvoir d’achat de leurs anciens clients. C’est qu’avant même le début de la crise financière, les exportateurs allemands s’étaient déjà redéployés vers la Chine et les États-Unis. Délivrés de leur dépendance à l’égard du marché intérieur de l’#UE, ils ont en outre bénéficié du #chômage créé par les politiques d’#austérité : celles-ci leur ont en effet permis de s’octroyer les services des jeunes #diplômés espagnols, italiens, grecs ou portugais contraints à l’#exode par l’absence de perspectives chez eux.

      Les programmes de consolidation budgétaire imposés par les dirigeants du Nord – grâce à l’appui de leurs collègues de l’Est et à la diligence des « gouvernements d’experts » du Sud – ne manqueront pas de répandre la #colère et le #dépit au sein des populations qu’elle affectent. Soucieux d’orienter les griefs de leurs mandants vers des cibles moins inconvenantes que les bailleurs de fonds dont ils exaucent les souhaits, les élus européens vont alors s’efforcer de promouvoir les thèmes favoris de l’#extrême_droite – à savoir le coût réputé exorbitant de l’#immigration et le mépris essuyé par les gens ordinaires qui s’en émeuvent – quitte à reprocher aux partis #populistes de prôner des solutions excessives au réel « malaise #identitaire » dont ils se font l’écho.

      [...]

      Si le trompe l’œil qu’a constitué la victoire d’Emmanuel Macron sur Marine Le Pen a pu brièvement faire illusion, c’est bien à partir de 2017 que la stratégie consistant à intégrer les discours et les pratiques de l’extrême droite tout en usant de leurs représentants comme de commodes #épouvantails a cédé le pas à un processus d’#alliance plus ou moins formalisé.

      En témoignent la participation ou le soutien des partis bruns aux gouvernements italien, autrichien, finlandais, belge, bulgare slovaque et danois, le quitus donné par Angela Merkel à la droite bavaroise pour la création d’un « #axe » (sic) entre Berlin, Rome et Vienne destiné à lutter contre l’immigration illégale et les concessions sans fin des institutions communautaires aux ubuesques animateurs du « groupe de Visegrad ». On peut aussi relever le dispositif inspiré du Portrait de Dorian Gray à l’œuvre en #France, où la vérité politique du gendre idéal de l’Élysée s’inscrit dans le masque grimaçant qui sert de visage à son ministre de l’Intérieur.

  • Donald Trump, fauteur de crises
    https://www.mediapart.fr/journal/international/190519/donald-trump-fauteur-de-crises

    La méthode du président américain, héritée de ses années d’agent immobilier, consiste à semer le chaos pour tenter d’en récolter les fruits pour lui-même. Jusqu’ici, de la Corée du Nord à l’Arabie saoudite en passant par le Venezuela et la Chine, cela aura produit plus d’échecs que de succès. Notre tour d’horizon en huit étapes.

    #DIPLOMATIE #crises,_John_Bolton,_Donald_Trump,_Arabie_Saoudite,_Iran,_Venezuela,_Etats-Unis,_A_la_Une

  • Affaires étrangères : le ministère du plafond de verre
    https://www.liberation.fr/france/2019/05/15/affaires-etrangeres-le-ministere-du-plafond-de-verre_1727228

    Tout jeune retraité du MAE, l’ex-ambassadeur aux Etats-Unis Gérard Araud reconnaît qu’il y a « une tension au Quai en ce moment ». Sous le coup des restrictions budgétaires et de la féminisation, les places sont plus chères et les hommes jeunes craignent de passer leur tour indéfiniment. « Aujourd’hui, une femme conseillère des affaires étrangères est quasi sûre d’être nommée ambassadrice alors qu’un homme non, décrypte Gérard Araud. Les femmes du MAE sont dans une situation paradoxale : vu de l’extérieur, il n’y en a pas assez, alors que vu de l’intérieur, il y en a beaucoup par rapport aux gens promouvables. »

    Sauf que les femmes ne sont pas les principales responsables de cet évincement, loin de là. « Les quadras en veulent à mort aux femmes, explique un diplomate. Ils croient être victimes de la discrimination positive, mais la cause de leur malheur, ce sont les énarques qui sont grosso modo deux fois plus promus à chaque mouvement. » Pour avoir une chance d’être promues, les femmes s’emploient à cocher toutes les cases : bon grade, bon parcours, diversification des postes. Le tout dans une ambiance mêlant sexisme de tous les jours et machisme de classe. « Les hommes font l’Histoire, les femmes font des histoires », figure tout en haut du palmarès de la goujaterie ordinaire au Quai, entre autres « ma petite jeune fille », « ma poulette » et « voilà enfin quelqu’un pour nous servir le café » (lire ci-dessous). Bienvenue au boy’s club du salon de l’Horloge. Contrairement aux pays nordiques, à l’Australie ou au Canada, la France n’a pas choisi de fixer des pourcentages de femmes ambassadrices à une échéance donnée. Pourtant, dans le cadre du G7 Egalité réuni la semaine dernière à Paris, l’ambassadrice de Suède vantait les trois piliers d’une diplomatie féministe, un domaine dans lequel son pays brille depuis 2014 : « Droits, ressources, représentation. » « C’est vrai que nous avons des marges de progression, concède Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes. Mais si nous avons lancé cette idée de diplomatie féministe, c’est précisément parce qu’il reste des choses à faire. »
    Ambassadeurs mariés à Zagreb

    Au Quai, ce G7 féministe fait grincer pas mal de dents. « Cela ressemble à une colle pour les concours administratifs : "Peut-on faire une diplomatie féministe sans avoir une diplomatie féminine ?" Vous avez trois heures », peste une ancienne du ministère. « Derrière l’idée de com géniale, se pose la question de l’exemplarité, abonde une haute fonctionnaire. Vu les nominations actuelles, ce truc semble n’être qu’un simple gadget. Quand on leur parle du bénéfice d’image qu’il y aurait à nommer une femme à l’ONU ou à Washington, ils ne voient pas de quoi on parle. Le message ne passe pas. » Face à la demande de rééquilibrage hommes-femmes qui monte de toute la société française, le ministère a tenté plusieurs choses. Il y a eu la « charte du temps », censée réguler des journées à rallonge et depuis 2016, la « délégation aux familles » qui signe des accords bilatéraux pour faciliter l’expatriation des conjoints et enfants. Une diplomate actuellement parisienne : « On ne va pas être célibataire et sans enfant pour un poste sans prestige. Avec ou sans contrat pour nos maris, avec ou sans école française : le coût culturel et psychologique est plus élevé pour une femme. » Certaines pistes sont à l’état expérimental : en Croatie, on a nommé un couple marié, Corinne et Philippe Meunier, qui exercent la fonction d’ambassadeur à tour de rôle, tous les trois mois.

    Engagé depuis l’automne, le mouvement de nominations va durer jusqu’à l’été, une durée classique mais handicapante. Contrairement à leurs collègues allemands ou britanniques, les diplomates français ont rarement le temps d’être formés à la langue du pays avant leur atterrissage et les déménagements se font en plein été, avec tout ce que cela peut avoir comme conséquences sur la vie familiale. Raccourcir ou avancer ce calendrier très français fait partie des prérogatives présidentielles. Hors nominations à l’étranger, le prestige se mérite petite tranche par petite tranche au Quai. Après une carrière de premier plan, on peut ainsi accéder à la dignité d’ambassadeur de France. Un titre prestigieux auquel aucune femme n’a jamais eu droit. Sylvie Bermann et un très petit nombre de consœurs - moins de cinq en tout - bénéficient pourtant actuellement de tous les grades et états de services requis. « Il faut espérer que, cette année, une femme obtienne la dignité, glisse-t-on au ministère, mais c’est à la discrétion du Président. »

    #sexisme #parité #discrimination #diplomatie
    Je suis surprise de découvrir que parler la langue du pays dans lequel on est ambassadriceur n’est pas un prérequis obligatoire.

  • Ça manquait dans le tableau…
    Encore un coup de MbS ? (d’ailleurs on n’entend plus parler de la transformation du Qatar en île…)

    La FIFA veut 48 équipes au Mondial 2022, le Qatar devra partager avec ses voisins
    https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/03/15/la-fifa-veut-48-equipes-au-mondial-2022-le-qatar-devra-partager-avec-ses-voi


    GianninInfantino, le président de la FIFA, assure que l’ajout de seize matchs ne modifiera pas le calendrier du tournoi, censé être organisé sur 28 jours (du 21 novembre au 18 décembre 2022).
    RHONA WISE / AFP

    A la Fédération internationale de football (FIFA), on ne s’en cache même plus : l’organisation du Mondial 2022 au Qatar est devenue un « sac de nœuds ». L’attribution controversée du tournoi à l’émirat (par 14 voix contre 8 pour les Etats-Unis en décembre 2010) connaît un nouvel épisode, puisque le conseil (gouvernement) de la FIFA a approuvé, vendredi 15 mars, à Miami, une « étude de faisabilité » relative à une possible extension du tournoi de 32 à 48 équipes dès l’édition 2022.

    Voté en 2017, cet élargissement du format du Mondial est l’une des réformes phares de Gianni Infantino, le président de la FIFA, et ne devait s’appliquer qu’à partir du Mondial 2026, attribué aux Etats-Unis, au Mexique et au Canada. Mais, en quête de nouveaux revenus (jusqu’à 400 millions de dollars de recettes additionnelles sont attendues en cas d’élargissement dès 2022), le dirigeant a décidé d’accélérer la mise en place de cette mesure.

    Cette extension anticipée sera soumise au vote des 211 fédérations nationales membres du congrès de la FIFA, le 5 juin, à Paris. Ce jour-là, M. Infantino sera l’unique candidat à sa succession pour un deuxième mandat.

    Réalisée par les équipes techniques de l’administration de la FIFA, l’étude de faisabilité conclut qu’un changement de format n’est possible dès 2022 qu’à une condition : pour organiser 80 matchs, au lieu des 64 initialement programmés, il faut que le Qatar partage le tournoi avec au moins l’un de ses voisins.

    Parmi les candidats potentiels figurent le Bahreïn, le Koweït, l’Arabie saoudite, Oman et les Emirats Arabes Unis. « Toute décision d’inclure de potentiels pays hôtes nécessite l’accord du Qatar », relève toutefois la fédération.

    L’étude pointe à ce propos la situation géopolitique de l’émirat gazier, isolé en raison du boycott diplomatique et économique que lui imposent, depuis juin 2017, Bahreïn, l’Arabie saoudite et les Emirats arabes…

    #paywall #diplomatie_du_football (?)

    #nuit_torride

  • Sous la pression, l’Institut du monde arabe déprogramme une chanteuse sahraouie - RFI
    http://www.rfi.fr/afrique/20190304-chanteuse-sahraouie-deprogrammee-institut-monde-arabe-aziza-brahim-maro

    Selon une source bien informée, tout est parti d’un article paru le 29 janvier dernier sur un site marocain réputé proche du palais, le 360. Il s’émouvait de la programmation à l’Institut du monde arabe (IMA) d’#Aziza_Brahim, la qualifiant d’activiste du Front Polisario.

    Dans la foulée, l’ambassade du Maroc à Paris appelle l’Institut pour demander des explications. L’IMA se justifie en expliquant que la chanteuse a toute sa place dans le cadre du festival Les Arabofolies, qui a pour thématiques les femmes et les résistances. Des explications qui ne convainquent pas les diplomates marocains en poste à Paris.

    Ces derniers font alors pression sur les mécènes marocains qui financent régulièrement les projets de l’Institut, et qui finissent par menacer l’IMA de se désengager si le concert prévu initialement le 10 mars était maintenu.

    Son président, Jack Lang, tente bien d’intervenir, en expliquant que la chanteuse n’est nullement une activiste du #Polisario mais seulement une artiste qui chante l’histoire de son peuple. Rien n’y fait : le président de l’institution cède finalement sous la pression. Résultat, le 7 février, l’Institut annonce que « pour une raison indépendante de la volonté de l’artiste », le concert est annulé.

    Aziza Brahim - Lagi
    https://www.youtube.com/watch?v=kG4OX8uQpI0

    #musique #chanson #pression #diplomatie #Maroc #Sahara_occidental

    • #notre_ami_le_roi

      https://www.humanite.fr/editorial-notre-ami-le-roi-638595

      Éditorial. Notre ami le roi
      Vendredi, 7 Juillet, 2017
      Maurice Ulrich

      Une trentaine d’années après un livre de Gilles Perrault qui fit date, Notre ami le roi, révélant les sinistres réalités du pouvoir d’Hassan II au Maroc, le roi Mohammed VI est toujours « notre ami ». La visite à sa majesté d’Emmanuel Macron, il y a trois semaines, en témoigne. Il eut l’honneur selon le mot d’un diplomate de dîner en famille dans sa résidence privée. Le président de la République s’est dit « touché par cette marque d’amitié ». On ne sait pas si l’ampleur du mouvement social qui soulève le Maroc depuis plusieurs mois fut évoquée au dessert. D’ailleurs, soulignait ironiquement (on l’espère) le Figaro au lendemain de cette visite, « Emmanuel Macron n’en aura eu qu’un écho très lointain, puisque son séjour au Maroc s’est concentré sur la rencontre avec Mohammed VI et sa famille, sans entretien avec des représentants de la société civile ». Décidément, Emmanuel Macron pourrait écrire dans ses carnets intimes ce mot de Louis XVI qu’il affectionne : « Rien. »

      Rien, depuis que le 28 octobre dernier le jeune poissonnier Mouhcine Fikri a été broyé par une benne à ordures alors qu’il tentait désespérément de récupérer le matériel qui venait de lui être arraché par les policiers. Depuis, les manifestations populaires n’ont fait que prendre de l’ampleur, dans une région du Rif où le drame a remis à vif les blessures historiques de l’oppression du pouvoir central et a été vécu comme un révélateur d’une situation sociale où 40 % de la population est au chômage, où l’industrie est redevenue, après une courte embellie, quasiment inexistante, et où la corruption financière aussi bien que politique ronge la société. Les témoignages recueillis par notre envoyée spéciale Rosa Moussaoui sont sans ambiguïté. Les seules réponses du pouvoir, face à ce soulèvement du Rif qui n’a cessé de s’amplifier et de se structurer depuis octobre, ont été la répression, l’arrestation des militants les plus en vue, la volonté de faire taire la presse. 135 Rifains sont détenus à ce jour, dont 7 journalistes. Le silence de la France officielle est assourdissant. Il est des « amitiés » qui sont une chape de plomb.
      Par Maurice Ulrich

    • Géométrie variable, l’histoire tranchera...

      L’artiste Aziza Brahim annule son concert à Jérusalem occupée
      Campagne BDS France, le 29 juillet 2015
      https://www.bdsfrance.org/lartiste-aziza-brahim-annule-son-concert-a-jerusalem-occupee

      Appel au boycott du concert d’Enrico Macias au Maroc : « Je me fous éperdument de cette menace »
      Nadir Dendoune, Le Courrier de l’Atlas, le 4 février 2019
      https://www.lecourrierdelatlas.com/maroc-appel-au-boycott-du-concert-d-enrico-macias-au-maroc-je-me

      #boycott

    • « Je suis une activiste sociale » : les chants sahraouis d’Aziza Brahim déprogrammés de l’IMA
      https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/04/26/musiques-du-monde-les-chants-sahraouis-de-resistance-d-aziza-brahim_5455127_


      La chanteuse Aziza Brahim à Barcelone, en décembre 2018.
      NINA PETRE

      A l’approche de son passage, vendredi 26 avril, au Pan Piper, à Paris, elle se dit consternée mais pas étonnée. Jointe par téléphone à Barcelone, où elle vit depuis dix ans et finalise le mixage d’un cinquième album dont la parution est prévue à l’automne, la chanteuse sahraouie Aziza Brahim revient sur l’annulation du concert qu’elle devait donner le 10 mars à l’Institut du monde arabe (IMA) : « –Ce n’est un secret pour personne. Le concert a été annulé suite à la pression de l’ambassade du Maroc et des mécènes marocains. Je ne comprends pas qu’une institution publique, en France, qui sait à quel point la liberté d’expression n’est pas respectée au Maroc, cède à ce chantage. »

      La chanteuse était programmée en clôture de la première édition du festival Les Arabofolies, sous-titrée « _Résistances ». Selon Greg Connan (Dérapage Productions), agent en France de l’artiste, un site marocain d’information, Le360, a alerté l’ambassade, qui a contacté Jack Lang, président de l’IMA. « La programmatrice m’a informé qu’ils avaient reçu un coup de fil insistant sur le fait qu’Aziza Brahim était une activiste du Front Polisario [mouvement de libération des populations sahraouies], ce qui est totalement faux, détaille M. Connan. Je leur ai raconté son parcours, ses idées. Les responsables de la programmation ont ensuite tenté de sauver ce concert, sans résultat. »

      #paywall

  • Venezuela : la cohésion de l’UE se fracasse sur le cas Caracas - Libération
    https://www.liberation.fr/planete/2019/02/03/venezuela-la-cohesion-de-l-ue-se-fracasse-sur-le-cas-caracas_1707220

    La décision prise par une #minorité des 28 pays membres de l’#UE marque une rupture. Jusqu’à présent, toutes les prises de position sur la crise vénézuélienne relevaient du #consensus. Il s’agissait de #sanctions économiques contre un régime accusé de ne pas respecter le jeu démocratique en muselant l’opposition, ou de gel des avoirs bancaires de personnalités soupçonnées de corruption ou de malversations. Désormais, l’#Europe, sur ce sujet comme sur beaucoup d’autres enjeux de politique étrangère, est désunie. D’un côté, la #bande_des_six qu’on peut comparer au #groupe_de_Lima, qui réunit les pays d’Amérique latine proches de la #diplomatie des #Etats-Unis.

    De l’autre, des Etats qui privilégient le principe de #non-ingérence, [...]

  • COP 24 : malgré l’#urgence, les #Etats tournent le dos aux attentes des populations - Greenpeace France
    https://www.greenpeace.fr/espace-presse/cop-24-malgre-lurgence-etats-tournent-aux-attentes-populations

    “Un fossé se creuse dangereusement entre la réalité du changement climatique décrite par la #science, avec ses conséquences dramatiques pour les populations dans certaines régions du monde, et l’action #politique. La COP 24 a donné le triste spectacle d’une incompréhension entre des pays qui défendent leurs intérêts économiques et industriels, et des pays vulnérables qui jouent leur survie. Au final, ce sont les peuples qui sont abandonnés”, regrette Clément Sénéchal, chargé de campagne climat pour Greenpeace France. 

    Le fait que les Etats aient pu, malgré tout, adopter des règles d’application minimales pour l’Accord de Paris montre qu’une forme de multilatéralisme autour de l’enjeu climatique reste possible. Hélas, sans l’ambition nécessaire, cette #diplomatie risque de perdre peu à peu de sa consistance.

    #climat

  • Sociologie du vote au Brésil.
    mathieu gallard https://twitter.com/mathieugallard/status/1049162148461654016

    Résultats quasiment définitifs (99,98% des bureaux de vote dépouillés) du premier tour de l’élection présidentielle au #Brésil :

    ➡️ #Bolsonaro (extrême-droite) 46%
    ➡️ #Haddad (gauche) 29,3%
    ➡️ #Gomes (centre-gauche) 12,5%
    ➡️ #Alckmin (centre-droite) 4,8%


    Qui a voté pour #Bolsonaro ? D’après les derniers sondages réalisés avant le premier tour, avant tout les classes moyennes et supérieures aisées et diplômés, même s’il est au coude-à-coude avec #Haddad parmi les catégories populaires.


    etc, etc...

  • La #diplomatie sociale des #multinationales

    Alors qu’un #traité_international sur la #responsabilité_sociale des multinationales est actuellement en négociation aux #Nations_Unies, Marieke Louis montre comment les entreprises ont investi les arènes de la #gouvernance_mondiale et fait ressortir les rapports ambivalents entre États et multinationales.

    https://laviedesidees.fr/La-diplomatie-sociale-des-multinationales.html
    #Etat-nation #Etats #ONU

    Le #pouvoir des multinationales

    Qu’est-ce qu’une firme multinationale ? Cette question, simple en apparence, est au cœur de nombreux débats politiques actuels, fortement polarisés, qui témoignent de la difficulté à comprendre ce que sont et font des entreprises comme #Google, #Apple, #Facebook, #Amazon (les fameuses « #Gafa ») et bien d’autres. Présentées tantôt comme des havres de #développement_économique, tantôt comme des enfers sociaux, elles sont dans tous les cas le symptôme d’économies mondialisées, qui remettent en cause les #régulations_nationales.
    Cet ouvrage a pour ambition d’analyser les firmes multinationales comme le résultat et le moteur d’un processus économique, politique et social au cœur de la mondialisation. En croisant les travaux d’économistes, de juristes, de politistes, de sociologues et de géographes, l’enjeu est de mieux cerner les fondements de leur pouvoir et d’ouvrir des pistes de réflexion sur leur #régulation.


    https://www.puf.com/content/Le_pouvoir_des_multinationales
    #livre #régulation

  • #Diplomatie à la hussarde
    http://magazine.com.lb/index.php/fr/liban/editorial1?issue_id=275

    L’énormité de ce que propose Donald Trump n’a d’équivalent que le silence complice des #dirigeants_arabes. Le plan américain est purement et simplement un remodelage géographique et démographique du #Proche-Orient, avec ce que cela implique comme nouvelles complications.

    Le #Liban ne saurait être à l’abri de ce séisme annoncé. Et une fois de plus, une partie de la classe politique montre qu’elle n’est pas à la hauteur des défis qui se profilent à l’horizon. Sinon, comment expliquer l’absence de réaction face à ce qui est en train de se mettre en place ? Au lieu de décréter l’état d’urgence politique pour examiner les moyens de mettre le pays à l’abri de ce qui se prépare, ils traînent les pieds dans l’affaire du retour des déplacés syriens, un autre dossier encore plus dangereux que celui des réfugiés palestiniens. En prenant leur temps dans la formation du gouvernement, ils rendent le Liban encore plus vulnérable.

    Face à ces comportements douteux, nous sommes en droit de nous demander si une partie de la classe politique ne voit pas dans le plan de Trump et ses implications l’occasion rêvée de modifier les rapports de force internes.

  • La dette, l’arme française de la conquête de la Tunisie Éric Toussaint - 7 juillet 2016 - Orient XXI
    https://orientxxi.info/magazine/la-dette-l-arme-qui-a-permis-a-la-france-de-s-approprier-la-tunisie,1395

    Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, la Tunisie a expérimenté à son détriment le mécanisme de la dette extérieure comme instrument de domination et d’aliénation de la souveraineté d’un État. Livrée pieds et poings liés à ses créanciers extérieurs, la régence de Tunis perdra son autonomie pour devenir un protectorat français.


    Avant 1881, date de sa conquête par la France qui la transforme en protectorat, la régence de Tunis, province de l’empire ottoman, disposait d’une importante autonomie sous l’autorité d’un bey. Jusqu’en 1863, elle n’emprunte pas à l’étranger : la production agricole assure bon an mal an l’indépendance alimentaire du pays. Mais avec l’accession au trône de Mohammed el-Sadik Bey (Sadok Bey) en 1859, l’influence des puissances européennes, en particulier de leurs banquiers, grandit. Le premier emprunt de la Tunisie à l’étranger cette année-là constituera une véritable arnaque qui débouchera dix-huit ans plus tard sur la conquête de la Tunisie par la France.

    Les banquiers parisiens, comme leurs collègues londoniens, disposent de liquidités abondantes et cherchent des placements à l’étranger plus rémunérateurs que chez eux. Quand, début 1863, le bey fait savoir qu’il souhaite emprunter 25 millions de francs, plusieurs banquiers et courtiers de Londres et de Paris proposent leurs services. Finalement, c’est Émile Erlanger qui emporte le « contrat ». Selon le consul britannique, il lui aurait proposé 500 000 francs afin d’obtenir son soutien. Erlanger, associé à d’autres, obtient également l’autorisation du gouvernement français de vendre à la bourse de Paris des titres tunisiens.

    Une escroquerie à grande échelle
    Selon un rapport établi en 1872-1873 par Victor Villet, un inspecteur français des finances, l’emprunt est une pure escroquerie. D’après le banquier Erlanger, 78 692 obligations tunisiennes sont émises, chacune d’une valeur nominale de 500 francs. L’emprunteur (la Tunisie) doit recevoir environ 37,7 millions de francs (78 692 obligations vendues à 480 francs, soit 37,77 millions) et rembourser à terme 65,1 millions. Selon l’enquête de Villet, Erlanger a prélevé un peu plus de 5 millions de francs de commission (soit environ 13 % du total), plus 2,7 millions détournés, certainement par le premier ministre du bey et le banquier. Donc, pour disposer de 30 millions, le gouvernement tunisien s’engage à rembourser plus du double (65,1 millions).

    Cet emprunt extérieur doit servir à restructurer la dette interne évaluée à l’équivalent de 30 millions de francs français. Il s’agit concrètement de rembourser les bons du trésor beylical ou « teskérés », ce qui est fait, mais les autorités en émettent de nouveau pour un montant équivalent. Victor Villet raconte : « En même temps que dans les bureaux du représentant de la maison Erlanger à Tunis on remboursait les anciens titres..., un courtier du gouvernement (M. Guttierez) installé dans le voisinage reprenait du public l’argent que celui-ci venait de recevoir, en échange de nouveaux teskérés émis au taux de 91 %. À la faveur de cette comédie de remboursement, la dette se trouva simplement... augmentée de 15 millions à peu près ».

    En moins d’un an, l’emprunt est dilapidé. Dans le même temps, l’État se retrouve, pour la première fois de son histoire, endetté vis-à-vis de l’étranger pour un montant très élevé. La dette interne qui aurait dû être remboursée par l’emprunt extérieur a été multipliée par deux. Le bey choisit, sous la pression de ses créanciers, de transférer la facture vers le peuple en augmentant de 100 % la mejba, l’impôt personnel.

    Des profits juteux grâce aux « valeurs à turban »
    La mesure provoque en 1864 une rébellion générale. Les insurgés accusent le gouvernement d’avoir vendu le pays aux Français. Le bey tente par la force d’extorquer un maximum d’impôts et d’amendes à la population. Son échec l’oblige à monter avec le banquier Erlanger un nouvel emprunt en mars 1865 d’un montant de 36,78 millions de francs à des conditions encore plus mauvaises et scandaleuses qu’en 1863. Cette fois, un titre de 500 francs vendu 480 francs en 1863 ne l’est plus qu’à 380 francs, à peine 76 % de sa valeur faciale. Résultat, l’emprunteur s’endette pour 36,78 millions, cependant il ne reçoit qu’un peu moins de 20 millions. Les frais de courtage et les commissions prélevées par le banquier Erlanger et ses associés Morpurgo-Oppenheim s’élèvent à 18 %, plus près de 3 millions détournés directement par moitié par les banquiers et par moitié par le premier ministre et ses associés. La somme à rembourser en 15 ans s’élève à 75,4 millions de francs.

    Les banquiers ont réalisé une très bonne affaire : ils ont prélevé à l’émission environ 6,5 millions de francs sous forme de commissions, de frais de courtage et de vol pur et simple. Tous les titres ont été vendus en quelques jours. Il règne à Paris une euphorie à propos des titres des pays musulmans (Tunisie, empire ottoman, Égypte), désignés comme les « valeurs à turban », les banquiers payant la presse pour publier des informations rassurantes sur les réalités locales.

    À la merci des créanciers
    Les nouvelles dettes accumulées au cours des années 1863-1865 mettent la Tunisie à la merci de ses créanciers extérieurs ainsi que de la France. Il lui est tout simplement impossible de rembourser les échéances. L’année 1867 est une très mauvaise année agricole. Pressé de se procurer des devises, le bey privilégie l’exportation des produits agricoles au détriment du marché intérieur, avec à la clef d’abord la disette dans plusieurs provinces de la régence, puis une épidémie de choléra.

    En avril 1868, sous la dictée des représentants de la France, le bey établit la Commission internationale financière. Le texte du décret du 5 juillet 1869 constitue un véritable acte de soumission aux créanciers. L’article 9, particulièrement important, indique très clairement que la Commission percevra tous les revenus de l’État sans exception. L’article 10, décisif pour les banquiers, prévoit qu’ils y auront deux représentants. L’une des tâches principales de la commission — la plus urgente — est de restructurer la dette. Aucune réduction de dette n’est accordée à la Tunisie. Au contraire, les banquiers obtiennent qu’elle soit portée à 125 millions de francs. C’est une victoire totale pour ces derniers, représentés par les délégués d’Alphonse Pinard et d’Émile Erlanger qui ont racheté en bourse des obligations de 1863 ou de 1865 à 135 ou 150 francs. Ils obtiennent grâce à la restructuration de 1870 un échange de titres quasiment au prix de 500 francs.

    Les autorités tunisiennes sont complices de ce pillage. Le premier ministre Mustapha Khaznadar, d’autres dignitaires du régime — sans oublier d’autres Tunisiens fortunés qui détenaient également des titres de la dette interne —font d’énormes profits lors de la restructuration.

    Indemnisés et largement satisfaits, Pinard et Erlanger se retirent alors de Tunisie. Émile Erlanger construit un empire financier, notamment grâce à ses opérations tunisiennes, met la main sur le Crédit mobilier de Paris et, quelques années plus tard, sur la grande agence de presse Havas. De son côté, Alphonse Pinard poursuit ses activités en France et dans le monde, participe à la création de la Société générale (l’une des trois principales banques françaises aujourd’hui) ainsi qu’à une autre banque qui s’est transformée au cours du temps en BNP Paribas (la principale banque française actuelle).

    Mise sous tutelle
    Depuis la conquête de l’Algérie à partir de 1830, Paris considère que la France a plus qu’un droit de regard sur la Tunisie. Encore faut-il trouver le prétexte et le moment opportun. Dans la région, l’Égypte a la priorité pour des raisons géostratégiques : la possibilité d’avoir un accès direct à l’Asie avec l’ouverture du canal de Suez entre la Méditerranée et la mer Rouge en 1869 ; l’accès à l’Afrique noire par le Nil ; la proximité de l’Orient par voie terrestre ; le potentiel agricole de l’Égypte ; la concurrence entre le Royaume-Uni et la France (celui des deux pays qui contrôlera l’Égypte aura un avantage stratégique sur l’autre).

    Lors du Congrès de Berlin en juin 1878 qui partage l’Afrique, tant l’Allemagne que l’Angleterre abandonnent à la France la Tunisie — qui ne présente aucun attrait pour l’Allemagne. Pour le chancelier allemand Otto von Bismarck, si la France se concentre sur la conquête de la Tunisie avec son accord, elle sera moins encline à récupérer l’Alsace-Lorraine. Le Royaume-Uni, qui donne la priorité à la Méditerranée orientale (Chypre, Égypte, Syrie…), voit aussi d’un bon œil que la France soit occupée à l’ouest en Tunisie.

    La diplomatie française n’a de cesse de provoquer un incident ou de trouver un prétexte qui justifie une intervention de la France. Le conflit entre la tribu algérienne des Ouled Nahd et les Kroumirs tunisiens est l’occasion de lancer une intervention militaire française de grande ampleur. Vingt-quatre mille soldats sont envoyés contre les Kroumirs. Le traité du 12 mai 1881 signé entre le bey de Tunis et le gouvernement français instaure un protectorat français en Tunisie. La leçon ne doit pas être oubliée.
    #Éric_Toussaint

    #Tunisie #dette #havas #Émile_Erlanger #diplomatie #Alphonse_Pinard #BNP_Paribas #banquiers #bourse

  • The global arms trade is booming. Buyers are spoiled for choice - Buyers’ market
    https://www.economist.com/international/2018/08/18/the-global-arms-trade-is-booming-buyers-are-spoiled-for-choice

    The numbers show that the global commerce in conventional weapons is still dominated by the United States. But America feels strangely nervous about maintaining that role, and this year it has adopted a more aggressive sales posture. Under a policy proclaimed in April and mapped out in more detail last month, American diplomats have been told to promote weapons sales more actively and speed up procedures for approving them.

    #commerce #armes faux #diplomates vrais #marchands_de_la_mort #etats_unis

  • Baccalauréat : Parcoursup met les lycéens à rudes épreuves - Libération
    http://www.liberation.fr/france/2018/06/17/baccalaureat-parcoursup-met-les-lyceens-a-rudes-epreuves_1659878

    Au stress des examens qui commencent ce lundi s’ajoute celui lié à la plateforme de vœux des futurs étudiants, suspendue jusqu’au 26 juin. Dans l’attente d’une affectation, certains élèves angoissent, d’autres se découragent. Quatre candidats témoignent.

    Au petit matin, dans les locaux de l’Institut polytechnique de Toulouse, une petite main va appuyer sur pause : l’algorithme Parcoursup, qui répartit les élèves dans les filières du supérieur, s’arrêtera de tourner au niveau national pendant les deux semaines du bac. Les épreuves débutent ce lundi avec la philosophie (lire aussi page 25), pour les trois quarts des 750 000 terminales - les bac pro, eux, sont déjà dans le dur depuis fin mai. « Le fonctionnement de Parcoursup sera suspendu [jusqu’au 26 juin, ndlr] pour que les candidats puissent se concentrer pleinement sur leurs révisions et leurs épreuves », explique le ministère de l’Education nationale dans un communiqué.

    Dédramatiser

    Les dernières semaines ont été bien rudes pour la quasi-majorité des élèves qui, le soir des premiers résultats Parcoursup du 22 mai, se sont retrouvés sans aucune proposition et avec des « en attente » devant chacun de leurs dix vœux. De retour en classe, les profs ont ramé pour dédramatiser, les aiguiller et faire en sorte qu’ils se concentrent sur leur bac. Depuis, les choses se sont (en partie) décantées. Le ministère se vantera à coup sûr d’avoir tenu sa promesse : que les deux tiers des candidats aient au moins une proposition la semaine du bac. Au compteur, samedi, ils étaient 340 000 à avoir validé leur vœu, et donc à savoir ce qu’ils feront à la rentrée, une fois leur bac en poche. Les autres sont encore dans le brouillard : 255 000 ont un choix accepté mais attendent mieux, nourrissant l’espoir de remonter sur les listes d’attente, 165 000 n’ont toujours aucune réponse, et 50 000 ont cliqué sur« abandonner ». Ils ont quitté la procédure Parcoursup, et donc disparu des radars.

    Il est encore trop tôt pour juger l’efficacité de ce nouvel outil d’affectation, mis en place au pas de course (la loi n’a été votée que le 8 mars). Mais une chose est sûre : niveau stress, Parcoursup ne fait pas mieux pour l’instant que l’ancien système #APB, considéré comme anxiogène car très opaque. Parcoursup, c’est un autre genre. Le ministère dit jouer la transparence, mais des pans restent obscurs, comme les critères utilisés par chaque fac pour classer les candidatures. Surtout, en générateur de stress, la palme revient à ce petit compteur qui s’actualise chaque nuit dans le dossier du candidat : il indique l’évolution de son rang sur les listes d’attente… C’est ainsi que, depuis le 22 mai, des élèves (et pas mal de parents) se réveillent en panique au milieu de la nuit pour rafraîchir frénétiquement leur appli. Angoissant à souhait. La décision de mettre en place ce compteur a été prise sur le fil, quelques jours avant le 22 mai. Le ministère aurait-il omis de jeter un œil à la recherche scientifique ?

    « Indécision »

    Les travaux des chercheurs en psychologie sociale font consensus sur ce point : « Les classements ont des effets négatifs sur l’estime de soi et ce qu’on appelle le sentiment d’efficacité personnelle », indique la maître de conférence en psychologie d’orientation au Conservatoire national des arts et métiers Emmanuelle #Vignoli. Il a par exemple été démontré, raconte-t-elle, que si l’on classe de manière aléatoire des élèves, en ne prenant pas en compte leurs compétences, le jeune mal classé qui a pourtant les qualités requises aura tendance à moins bien réussir. « Ce qui veut dire que ce n’est pas seulement la compétence réelle qui joue dans les résultats scolaires, mais aussi le regard que l’on porte sur ses propres capacités, accentué avec un #classement. Dire aux élèves leur rang sur la liste d’attente n’est pas sans conséquence. » Autre effet étayé scientifiquement : les répercussions de l’anxiété. « Elle joue sur l’indécision vocationnelle : il sera plus difficile pour les élèves anxieux de parvenir à faire des choix d’orientation. » Et sur les performances scolaires : « L’état d’anxiété amène à être centré sur soi, sur ses préoccupations. On a donc moins d’attention à allouer à d’autres tâches. » Comme réviser son bac, par exemple.

    Semih, 17 ans, bac pro : « Le stress a augmenté d’un cran »

    « Sur Parcoursup, tous mes vœux pour des BTS technico-commercial sont en attente et un autre a été refusé. Lorsque je l’ai appris, ça m’a beaucoup angoissé, d’autant plus qu’en tant qu’élève de bac pro technicien d’usage [TU, ndlr], je les ai reçus alors que j’étais déjà en train de passer le bac. On a eu les premières réponses le 22 mai, et j’avais des épreuves les trois jours suivants. C’était vraiment dur. Quand j’ai vu que j’étais en attente, le stress a encore augmenté d’un cran. Le bac est un moment difficile et Parcoursup ne fait que renforcer notre anxiété. Lorsque je révise, je pense à [la plateforme], il est difficile de ne me concentrer que sur le bac.

    « Chaque matin, je consulte le site avec l’appréhension de savoir si je suis pris ou pas. Je comprends très bien qu’on décide de mettre Parcoursup en pause pendant le bac pour éviter de nous ajouter un stress supplémentaire. Cette décision est positive pour la plupart des élèves, mais pas dans mon cas. En bac pro, les épreuves générales du bac ne durent plus que deux jours, mais on doit attendre une semaine que les élèves des filières générales finissent pour accéder aux résultats. Une semaine d’attente dans l’incertitude, c’est long.

    « Mes parents aussi sont inquiets. Ils veulent que j’aille au lycée de Brive-la-Gaillarde [Corrèze], mais je suis en attente. Mes autres vœux sont à Clermont-Ferrand et Toulouse. L’éventualité que je puisse partir loin leur fait peur, comme moi. Je souhaite rester proche de ma famille. Ils me disent de réviser mon bac et de ne pas trop angoisser pour Parcoursup, mais je vois bien qu’ils sont eux-mêmes angoissés. » (M.T.)

    Yann, 17 ans, bac pro : « Je ne sais pas si je veux avoir mon bac »

    « J’ai arrêté de réviser pour le bac. Avant de recevoir les résultats de Parcousup, je travaillais car j’aime ma filière [SEN, systèmes électroniques et numériques, ndlr]. Aujourd’hui, je ne sais pas si je veux avoir mon #bac. Je vais y aller uniquement car j’y suis obligé. C’est la première fois que je ne suis pas stressé avant une épreuve : que je l’aie ou pas, l’issue sera la même pour moi. Sur Parcoursup, j’ai formulé des vœux dans la continuité de ma formation : 9 BTS, en SEN et SIO [services informatiques aux organisations], tous dans ma région [Hauts-de-France]. Le 22 mai, tous mes vœux ont été refusés. Si j’ai mon bac, je sais que je serai déscolarisé à la rentrée. J’en arrive à un point où j’ai l’impression qu’avoir mon bac me handicaperait plus que de ne pas l’avoir. Je suis complètement perdu alors que je devrais être confiant et heureux à l’idée d’avoir mon bac. La seule solution que m’offrent les conseillers d’orientation et la Caes [Commission d’accès à l’enseignement supérieur qui, dans chaque académie, s’occupe des élèves n’ayant essuyé que des refus], c’est l’apprentissage. Sauf qu’en pratique, c’est très difficile de trouver une place en tant qu’apprenti, encore plus sans le permis. Je vais essayer, même si je n’y crois pas trop. Ce n’est pas ce que je veux faire. Je voulais un BTS pour continuer mes études, en alliant théorie et pratique, mais je n’ai pas le choix. Je suis blasé. Avec le bac ou pas, et sans apprentissage, les conseillers d’orientation m’ont dit que je risquais de finir à Pôle Emploi. Ce n’est pas faux : dans tous les cas, je n’aurai pas de place et je sais que la valeur d’un bac pro sur le marché du travail n’est pas conséquente. Je me sens livré à moi-même. » (S.-L.B.)

    Audrey, 18 ans, terminale S : « Ça m’a découragée »

    « Mes résultats sur Parcoursup m’ont coupé toute envie de passer le bac. Je n’ai pas eu de très bons résultats tout au long de l’année [au lycée Victor-Hugo, à Besançon, dans le Doubs, ndlr], donc je n’ai pas été acceptée dans les écoles que je voulais qui proposaient un DUT hygiène, sécurité et environnement. J’avais fait d’autres vœux pour cette même formation, un peu dans toutes les villes, mais je n’ai été acceptée qu’à Saint-Denis. Ce n’est pas du tout ce que je voulais et je suis sur liste d’attente dans les autres. A Lyon, là où j’espérais le plus aller, j’ai été refusée.

    « Cette semaine, je n’ai même pas révisé et je n’ai pas assisté aux derniers cours. La seule chose que j’ai faite, c’est regarder des vidéos YouTube de la chaîne « les Bons Profs ». En parallèle, je n’ai pas voulu ouvrir un cahier. Je vais quand même me présenter au bac et faire ce que je peux, « au talent » comme on dit. Ça m’a totalement découragée. Je préfère redoubler que d’accepter un choix par dépit. Mes résultats n’étaient certes pas très bons, mais j’avais quand même l’espoir d’être acceptée. J’avais mis beaucoup de cœur dans mes lettres de motivation, j’ai mis longtemps à les rédiger, notamment pour Lyon, et je pense qu’ils ne les ont même pas lues.

    « Ma mère est du même avis que moi, elle ne veut pas que j’aie le bac non plus. Elle m’a dit : « Je préfère que tu restes encore au lycée l’année prochaine plutôt que d’aller à Saint-Denis. » J’aurais aimé savoir avant que ce nouveau système allait être sélectif. Dans ce cas, je me serais sûrement donné plus de mal pour avoir de meilleurs résultats. C’est ce que je compte faire l’an prochain. » (M.T.)

    Justine, 19 ans, terminale L : « APB, ça allait »

    « C’est la deuxième fois que je passe le bac [au lycée expérimental de Hérouville-Saint-Clair dans le Calvados, ndlr]. L’année dernière, avec mon avis défavorable, je ne suis même pas allée aux épreuves de rattrapage. Cette année, je me suis ressaisie et j’ai obtenu un avis très favorable. Je connaissais le système APB, et mes candidatures sont les mêmes cette année sur Parcoursup. Je trouvais qu’APB, ça allait. Bizarrement, j’avais été acceptée dans plus de formations que cette année. Aujourd’hui, je suis refusée dans sept de mes treize vœux, et je suis sur liste d’attente pour cinq autres. J’ai été refusée à deux BTS qui m’avaient pourtant dit oui l’an dernier. C’est difficile à comprendre. J’ai juste été acceptée à la fac de Caen en arts du spectacle. Je n’ai pas trop envie d’y aller, je ne pense pas que la fac soit faite pour moi. J’ai mis ce vœu par sécurité, sur le conseil de mes profs…

    « J’attends la réponse d’un BTS audiovisuel à Saint-Quentin, dans l’Aisne, où je suis classée 116e sur les 494 élèves sur liste d’attente. Un autre dans la même ville m’intéressait mais je suis pour l’instant 404e sur 447… On a du mal à y voir clair et surtout, on ne peut pas vraiment savoir quand on sera fixé. Parcoursup génère énormément de stress. J’ai déjà passé le bac, alors je sais à quoi m’attendre, mais la pression que nous inflige #Parcoursup est terrible : on doit attendre des réponses et en même temps se concentrer sur nos épreuves. Ce sont deux choses importantes et difficiles à gérer ensemble. J’attends de passer le bac pour réfléchir à ce que je vais faire si je n’ai rien. Je pense à un service civique. Je ne peux pas ne rien faire. C’est inenvisageable. » (S.-L.B.)
    Marie Piquemal , Marlène Thomas , Sarah-Lou Bakouche

    Plus je lis des articles sur parcoursup et plus je suis horrifiée.

    #sélection #éducation #études #université #éducation_nationale #école #enseignement #diplôme #orientation