• « De la guerre sanitaire à la guerre économique et sociale » | Le Club de Mediapart
    https://blogs.mediapart.fr/olivier-le-cour-grandmaison/blog/230320/de-la-guerre-sanitaire-la-guerre-economique-et-sociale

    Par Olivier Le Cour Grandmaison

    Nous sommes en guerre. Aussi, notre code du travail, conçu dans et pour une autre conjoncture, est-il parfaitement inadapté à celle que nous allons affronter. Il est trop lourd et compliqué. De là d’innombrables lenteurs qui sont autant d’obstacles à la reprise que nous appelons tous de nos vœux. C’est pourquoi je vais demander au gouvernement d’adopter une loi d’urgence économique qui permettra à toutes et à tous de travailler au-delà des 35 heures, de travailler le dimanche si nécessaire et d’étendre le travail de nuit aux secteurs économiques particulièrement fragiles et/ou particulièrement affectés par le confinement auquel notre pays a été soumis. De plus, de nouveaux contrats d’embauche, moins contraignants et plus souples seront mis en place pour permettre de répondre dans les meilleures conditions aux défis multiples et variés que nos entreprises et nos artisans vont devoir relever dans les semaines et les mois à venir. Nous devons travailler plus et plus longtemps, c’est pourquoi la réforme des retraites, suspendue pour les raisons que vous savez, sera enfin adoptée.

    #guerre_sociale #fascistovirus #libéralovirus

  • « Rester confiné chez soi, sur son canapé, n’a strictement rien à voir avec une période de #guerre »

    Les mots ont un sens. « La #pandémie à laquelle nous sommes confrontés exigent des mesures plutôt opposées à un temps de guerre » explique l’économiste et chroniqueur de Basta ! Maxime Combes dans cette tribune.

    Non, nous ne sommes pas en guerre. Nous sommes en pandémie

    « Nous sommes en guerre ». A six reprises, lors de son allocution, Emmanuel #Macron a utilisé la même expression, en essayant de prendre un #ton_martial. L’anaphore voulait marquer les esprits et provoquer un effet de #sidération. Avec deux objectifs sous-jacents. L’un sanitaire : s’assurer que les mesures de #confinement – mot non prononcé par le président de la République – soient désormais appliquées. L’autre politique : tenter d’instaurer une forme d’#union_nationale derrière le chef de l’Etat. Le tout également pour faire oublier les mesures contradictoires et les hésitations coupables de ces derniers jours.

    Pourtant les mots ont un sens. Et c’est non, mille fois non : nous ne sommes pas en guerre. Nous sommes en pandémie. C’est suffisant, et totalement différent. Aucun État, aucun groupe armé n’a déclaré la guerre à la France, ou à l’Union européenne. Pas plus que la France n’a déclaré la guerre (article 35 de la Constitution) à un autre État. Le #Covid-19 ne se propage pas en raison du feu de ses blindés, de la puissance de son aviation ou de l’habilité de ses généraux, mais en raison des mesures inappropriées, insuffisantes ou trop tardives prises par les pouvoirs publics.

    La pandémie à laquelle nous sommes confrontés exigent des #mesures plutôt opposées à un temps de guerre

    Non, le virus Covid-19 n’est pas un « #ennemi, invisible, insaisissable, et qui progresse » comme l’a affirmé Emmanuel Macron ce lundi 16 mars. C’est un #virus. Un virus qui se propage au sein d’une population non immunisée, porté par nombre d’entre nous et disséminé en fonction de l’intensité de nos relations sociales. Il est très contagieux, se propage vite et peut avoir des conséquences terribles si rien n’est fait. Mais c’est un virus. Pas une armée. On ne déclare pas la guerre à un virus : on apprend à le connaître, on tente de maîtriser sa vitesse de propagation, on établit sa sérologie, on essaie de trouver un ou des anti-viraux, voire un vaccin. Et, dans l’intervalle, on protège et on soigne celles et ceux qui vont être malades. En un mot, on apprend à vivre avec un virus.

    Oui, les mots ont un sens. Nous ne sommes pas en guerre car la pandémie à laquelle nous sommes confrontés exige des mesures plutôt opposées à celles prises en temps de guerre : ralentir l’activité économique plutôt que l’accélérer, mettre au #repos_forcé une part significative des travailleuses et travailleurs plutôt que les mobiliser pour alimenter un effort de guerre, réduire considérablement les #interactions_sociales plutôt qu’envoyer toutes les forces vives sur la ligne de front. Quitte à provoquer, disons-le ainsi : rester confiné chez soi, sur son canapé ou dans sa cuisine, n’a strictement rien à voir avec une période de guerre où il faut se protéger des bombes ou des snipers et tenter de survivre.

    Il n’est pas question de sacrifier le personnel médical, au contraire, il faut savoir les protéger

    Cette référence à la « guerre » convoque par ailleurs un #imaginaire_viril peuplé d’#héroïsme_masculin – bien que largement démenti par les faits – et du sacrifice qui n’a pas lieu d’être. Face au coronavirus – et à n’importe quelle pandémie – ce sont les #femmes qui sont en première ligne : 88 % des infirmières, 90 % des caissières, 82 % des enseignantes de primaire, 90 % du personnel dans les EHPAD sont des femmes. Sans même parler du personnel de crèche et de garderie mobilisés pour garder les enfants de toutes ces femmes mobilisées en première ligne. Le #personnel_médical le dit clairement : nous avons besoin de soutien, de #matériel_médical et d’être reconnus comme des #professionnels, pas comme des #héros. Il n’est pas question de les sacrifier. Au contraire, il faut savoir les protéger, en prendre soin pour que leurs compétences et leurs capacités puissent être mobilisés sur le long terme.

    Non, définitivement, nous ne sommes pas en guerre. Nous sommes face à une pandémie. Et c’est déjà bien assez. Nous ne sommes pas des soldats, mais des citoyennes et citoyens. Nous ne voulons pas être gouvernés comme en temps de guerre. Mais comme en temps de pandémie. Nous n’avons pas d’ennemi. Ni à l’extérieur, ni à l’intérieur des frontières. Confrontés pendant des semaines à l’incurie d’un gouvernement incapable de prononcer un discours clair et des #mesures cohérentes entre elles, nous sommes juste des citoyennes et citoyens progressivement en train de comprendre que la meilleure chose à faire est de rester confinés. A devoir apprendre à vivre au ralenti. Ensemble mais sans se rencontrer. A rebours de toutes les exigences de #compétitivité et de #concurrence qui nous ont été assénées depuis des dizaines d’années.

    Instituer la #solidarité et le soin comme principes cardinaux, pas les valeurs martiales et belliqueuses

    Lutter contre la pandémie du coronavirus n’est pas une guerre car il n’est pas question de sacrifier les plus vulnérables au nom de la raison d’État. Comme celles qui sont en première ligne, il nous faut au contraire les protéger, prendre soin d’eux et d’elles, y compris en se retirant physiquement pour ne pas les contaminer. SDF, migrant.e.s, les plus pauvres et plus précaires sont des nôtres : nous leur devons pleine et entière assistance pour les mettre à l’abri, autant que faire se peut : la #réquisition de logements vides n’est plus une option. Lutter contre le coronavirus c’est instituer la solidarité et le #soin comme les principes cardinaux de nos vies. La solidarité et le soin. Pas les valeurs martiales et belliqueuses.

    Ce principe de solidarité ne devrait d’ailleurs pas avoir de frontière, car le virus n’en a pas : il circule en France parce que nous circulons (trop) dans le pays. Aux mesures nationales, voire nationalistes, brandies ici et là, nous devrions collectivement étendre ce principe de solidarité à l’international et nous assurer que tous les pays, toutes les populations puissent faire face à cette pandémie. Oui, la mobilisation doit être générale : parce qu’une #crise_sanitaire mondiale l’exige, cette #mobilisation doit être généralisée à la planète entière. Pour que pandémie ne rime pas avec inégalités et carnages chez les pauvres. Ou simplement chez les voisins.

    Point besoin d’#économie_de_guerre, juste d’arrêter de naviguer à vue

    Alors, oui, sans doute faut-il prendre des mesures d’exception pour réorganiser notre système économique autour de quelques fonctions vitales, à commencer par se se nourrir et produire le matériel médical nécessaire. Deux mois après les premières contaminations, il est d’ailleurs incroyable qu’il y ait encore des pénuries de #masques pour protéger celles qui sont en première ligne : réorienter, par la réquisition si nécessaire, des moyens de production en ce sens aurait déjà dû être fait. Histoire de ne pas avoir à refuser d’exporter des masques comme l’UE le fait désormais, y compris avec la Serbie qui a pourtant entamé son processus d’adhésion : où est donc la solidarité européenne ?

    Point besoin d’économie de guerre pour cela. Juste besoin d’arrêter de naviguer à vue et d’enfin prendre les mesures cohérentes entre elles, fondées sur ce principe de solidarité, qui permettront que chaque population, riche ou pauvre, puisse faire face à la pandémie. La participation consciente et volontaire de l’ensemble de la population aux mesures de confinement nécessaires n’en sera que facilitée. Et la dynamique de l’épidémie d’autant plus facilement brisée. Le monde de demain se joue dans les mesures d’exception d’aujourd’hui.

    Maxime Combes, économiste et membre d’Attac.

    https://www.bastamag.net/pandemie-covid19-coronavirus-Macron-guerre-virus-confinement
    #épidémie #vocabulaire #terminologie #mots #coronavirus

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    • Non Monsieur le Président de la République, nous ne sommes pas en guerre

      La déclaration du Chef de l’Etat qui amène un confinement général de la population et n’autorise les déplacements que par dérogation marque un véritable tournant dans la lutte contre l’épidémie généralisée en France. La guerre est déclarée ? Non Monsieur le Président, la Résistance collective est à l’ordre du jour pour sortir de cette épreuve.

      La déclaration du Chef de l’Etat ce 16 mars qui amène un confinement général de la population et n’autorise les déplacements que par dérogation marque un véritable tournant dans la lutte contre l’épidémie généralisée en France. Jusque-là des recommandations, des consignes, des prescriptions amenaient chacun à prendre sa part à la sûreté de contacts raréfiés. Point de contrôle, point de sanctions mais appel à prendre conscience des mesures d’hygiène à respecter puis du confinement.

      La crise sanitaire s’aggrave comme attendue. Les contaminations réalisées avant l’effectivité des mesures successives ne produisent leurs effets en terme de symptômes, qu’après le délai d’incubation de 5 à 14 jours comme nous pouvons le lire ici et là. Il y a donc mécaniquement une aggravation inévitable avant les possibles effets de ralentissement si ces mesures sont efficaces et suffisantes. Insuffisantes, à l’évidence les mesures prises jusqu’ici l’étaient, raison essentielle d’un strict confinement depuis ce 17 mars à midi.

      Crainte des autorités et politique de santé

      La crainte des autorités que partagent tous les observateurs attentifs - et ils sont nombreux - est la saturation des possibilités d’hospitalisation en réanimation pour les symptômes les plus graves qui menacent la vie même du patient avec une vulnérabilité particulière des personnes âgées ou des personnes souffrant de co-morbidités (affections chroniques ou déficiences organiques etc) sans exclure pour autant ces développements graves de la maladie respiratoire chez des sujets plus jeunes ou à l’occasion d’une « deuxième vague ».

      Cette crainte est d’autant plus vive que nos responsables gouvernementaux, le Chef de l’Etat lui-même, savent bien que les politiques de santé menées depuis des décennies, poursuivies et aggravées depuis la dernière présidentielle à coups d’économies budgétaires inconséquentes ont largement diminuées la capacité à faire face aux circonstances exceptionnelles que nous connaissons aujourd’hui. Les gouvernements successifs, et plus encore celui-ci, quand les économies en grattant toujours plus ont atteint l’os, sont restés sourds aux demandes, revendications, exhortations des professionnels de santé, de leurs organisations syndicales y compris même au début de cette épidémie. Quelle imprévoyance ! La préparation aux moyens de la protection elle-même est manifestement déficiente : les volumes des gels hydroalcooliques, masques, équipements divers sont largement insuffisants ou limites même pour les professionnels de santé, hôpitaux et médecine de ville, sont même menacés de pénurie dans des délais relativement brefs (déclaration Olivier Véran, ministre de la santé).

      Il faut l’abnégation de ceux et celles à qui on a refusé les moyens de soigner, pour faire face, héroïquement chaque jour, à cette montée des périls. La fermeture d’hôpitaux, de services et de lits, la fermeture de postes de soignants pèsent aujourd’hui dans cette lutte de résistance, jour après jour, pied à pied. Les encenser aujourd’hui ne disculpe pas de sa responsabilité, de ses choix politiques.

      Il faudra en rendre compte au peuple français après l’épreuve en changeant radicalement de politique de santé en associant les organisations syndicales et les forces vives du pays : la santé est un bien collectif pas seulement l’affaire du ministère et du gouvernement ! Il faut espérer que cet épisode douloureux amènera un changement complet de politique de santé pour faire face à d’autres épidémies qui ne manqueront pas d’arriver. Elles ne manquerons pas d’arriver dans un monde dominé par la recherche du profit à tout prix pesant en premier lieu sur la santé des populations qui ne pèse pas lourd face aux profits des firmes pharmaceutiques, phyto-sanitaires, tabagiques, agro-alimentaires et de toutes celles qui commercialisent ou utilisent des produits toxiques en semant le doute sur cette toxicité quand bien même ils ont les preuves – qu’ils cachent – d’effets graves sur la santé. Le profit d’abord et quand ce sont des milliards à la clef, on peut tout se permettre et tout maquiller.

      Malheureusement, pour le moment et dans les semaines qui viennent, nous voyons et verrons les résultats de cet abaissement des digues : l’affaiblissement des effectifs soignants et les nombreuses fermetures notamment des hôpitaux de proximité ont abaissé dramatiquement le seuil de saturation des services de réanimation qui prennent en charge les malades du CoVid-19. Nous, c’est-à-dire les citoyen.ne.s de ce pays, en feront les frais. Les petits hôpitaux aujourd’hui avec leurs soignants seraient une réserve de lits pour endiguer ce flot croissant comme autrefois les terrains ouverts sur le Rhône absorbaient les inondations périodiques.

      Nous ne sommes pas en guerre mais en Résistance

      Aujourd’hui si les soignants sont en première ligne y compris avec un risque pour leur propre santé, tous les professionnels de la logistique alimentaire, pharmaceutique, administrative sont à leur côté et assurent le service du public, au service de la Nation.

      La guerre est déclarée ? Non Monsieur le Président, nous ne sommes pas en guerre. Vous devez organiser la Résistance avec nous. Avec la guerre, le chef s’adjuge tous les pouvoirs pour vaincre, ne cherche aucunement à convaincre mais à imposer, à contraindre pour mener la bataille comme il l’entend et dans ce cas, les contestataires et les critiques sont traître et traîtrise à faire taire, vite et bien.

      La stigmatisation de groupes au contact vus à la télé sur les bords de Seine, dans des parcs amène un discours sur l’irresponsabilité de certain.e.s qui n’ont pas pris la mesure du danger pour eux et pour les autres, prétexte à introduire le contrôle et la sanction. C’est un peu facile ! Facile d’oublier son propre manque de responsabilité dans la politique de riches menée depuis son accession à la Présidence notamment la politique de santé qui a abaissé le niveau de protection, de l’assurance-chômage qui abaisse les droits et indemnisations des chômeurs, des chercheurs précarisés qui doivent plus chercher des financements que faire de la recherche. Etait-il bien responsable de matraquer et blesser ces Gilets Jaunes durant plus d’un an sans les entendre, de les poursuivre aujourd’hui pénalement pour se venger d’avoir eu peur et de s’être laissé déborder sur les Champs-Elysées ? Sans parler de bien des affaires qui ont amené certain.e.s à démissionner.

      Reconnaissons-le, la responsabilité n’est chose aisée pour personne surtout dans une société où l’enjeu est de passer la patate chaude de la responsabilité à un.e autre. La première intervention du chef de l’état du 12 mars a certainement manqué de punch pour responsabiliser. Les réactions dimanche sous le soleil sont aussi à inscrire, sans les excuser, à un déni d’ordre psychique d’entrée dans cette période de restriction, en gros, encore un dernier bol d’air avant le confinement. Après, il est possible de rappeler en direct le danger et le devoir. Pourquoi, in fine, et à peu près systématiquement - en acte contrairement aux paroles – devrait-on prendre la population pour non-responsable collectivement ? Individuellement, nous le sommes tour à tour pour, pour sujet plus ou moins important mais collectivement nous pouvons être sérieusement responsables (un peu comme la patience dans mille impatiences) surtout face à ce danger réel, palpable, identifié.

      Le confinement par la force ou la responsabilité ?

      Mais l’ennemi est là, l’invasion a eu lieu : le virus est partout. Oui, le cap doit être clair pour résoudre cette crise d’exception mais faire appel à 100.000 policiers et gendarmes c’est s’engager dans une voie où la coercition, la sanction dispensent de convaincre tout en faisant « comme si », double discours qui rappelle celui pour le premier tour des municipales. Dans ces conditions, la menace de sanction devient, de fait, la seule voie audible, choisie pour parvenir à maintenir le confinement, moyen pour stopper cette épidémie. Ce moyen n’est pas en cause. La contamination a lieu par contact : nécessité du confinement et des mesures-barrières.

      La question est la voie choisie pour parvenir à un confinement : le contrôle par les forces de Police et de Gendarmerie et la sanction financière (on imagine mal engorger les prisons déjà pleine – problème en soi - et propager le virus !). Cette voie prend le risque d’une escalade dans le contrôle de la population par des forces de l’ordre (largement utilisées depuis deux ans, sorte de réflexe) voire de déboucher sur des scènes de chaos plus ou moins localisées ou momentanées.

      Nous comprenons bien que légiférer par ordonnance n’est pas anodin et amorce une éventuelle escalade avec état de siège, intervention de l’Armée au maintien de l’ordre, pourquoi pas in fine l’article 16. Piège de l’escalade qui prend toujours le comportement marginal pour prétexte, piège aux conséquences lourdes et en quelque sorte mécaniques pour la démocratie.

      Sans protection ou avec des protections insuffisantes, les forces de l’ordre pourraient être affectées par l’épidémie. Elles pourraient l’être et affecter un volume plus ou moins important de policiers et gendarmes que leurs armes ne protègent pas comme dans une guerre, rendant impossible de remplir leur mission.

      La Résistance, au contraire, engage le peuple à entrer en Résistance conscient des enjeux pour la santé de tous. Vous n’avez pas vu que partout, à côté de contacts de moins en moins fréquents - aujourd’hui plus un seul – spontanément, les gens dans la rue, devant les magasins, tiennent leurs distances, ne s’affolent pas et s’ils parlent, c’est à distance et pas en face à face. La Résistance c’est avant tout engager chacun à devenir responsable pour devenir collectivement responsable. Et devenir collectivement responsable, c’est non seulement éviter les contacts qui transmettent le virus, mais encore organiser des réseaux de solidarités de proximité pour l’alimentation, la pharmacie etc... en respectant les consignes d’hygiène et de contacts. Tout le monde ne peut pas se déplacer. C’est bien au-delà de la peur du gendarme.

      A défaut, en durcissant encore le confinement, il faudrait organiser un réseau national de distribution à domicile ! Les forces de l’ordre pourraient-elles s’y employer ? Là encore, ce serait faire sans la population quand il s’agit de résister avec la population.

      Organiser la Résistance et mobiliser par des actes

      Il n’y a pas possibilité de résistance si la population n’est pas incitée à s’associer à cette résistance, chacun à sa mesure. La Résistance c’est le peuple et ses dirigeants, quand ceux-ci savent impulser et non seulement commander, contrôler, sanctionner. Les forces de l’ordre plutôt que sanctionner ce qui peut amener à la clandestinité des déplacements devenus illicites, pourraient se transformer en agent de persuasion en rappelant les consignes, en écoutant les nécessités explicitées sans chercher à sanctionner bref... discernement. La campagne c’est pas la ville et chacun ne va pas faire du jogging autour de sa maison ou de son pâté d’immeubles. En Auvergne, balader sur un des Puys en solitaire ou en couple de retraités est sans risque plutôt que rester aux abords de la maison et rencontrer des connaissances ! Les services de santé seront d’autant moins débordés (ou moins vite !) que chacun se sentira, se sent responsable des soignants, en actes et pas seulement en paroles.

      Sans association et conscience de la population, il n’y a en effet que la guerre et son cortège d’oeufs cassés toujours justifiés en toute bonne foi.

      Pour associer le peuple, la suspension des réformes en cours est enfin une mesure de sagesse et d’apaisement. De toutes façons, le calendrier de la réforme des retraites ne peut plus être tenu. Avant l’été c’est râpé ! Le report de la mise en place de la réforme de l’assurance-chômage est aussi la démonstration en creux de revenus dramatiquement insupportables pour quantités de chômeurs, à repousser hors cette période exceptionnelle. Seraient-ils véritablement plus supportables après un retour à la normale ? Revoir la copie.

      Il faut aller plus loin. Pour une adhésion et une responsabilité de la population, Il faut permettre un minimum de confiance quand celle-ci a été dilapidée par une attitude intransigeante toujours dans le sens des riches en pompant l’argent des autres. Il faut annoncer quelles réformes deviennent prioritaires, quel cap social et sociétal elles prendront, avec qui et comment elles seront travaillées (pas seulement une concertation sur un texte à trous béants comme celui des retraites).

      L’indemnisation du chômage partiel prise actuellement pour garder les moyens de subsistance n’illustre-t-elle pas la nécessité de la mise en place d’un revenu universel ? Ce pourrait être un dispositif qui l’initie à élargir et pérenniser.

      Une mesure forte immédiate qui ne coûte pas un euro mais vaudra crédit : arrêter toutes les poursuites pour fait social, grèves et manifestations. La paix sociale ne s’achète pas, elle s’obtient avec des actes.

      La guerre alors n’aura pas lieu

      Vaincre l’épidémie c’est engager la population dans la Résistance et non la délégation aux chefs de mener une guerre qui n’existe pas, même si l’économie s’en rapproche, si l’organisation du fonctionnement en société s’en rapproche. C’est apporter un tournant social à ce quinquennat de riches, non pas le passer au Ripolin vaguement rose mais s’engager à des réformes nécessaires et identifiées dès maintenant avec les moyens d’une co-construction postérieure chacun à sa place. Alors les forces vives de la nation seront mobilisées pour vaincre par la responsabilité et la solidarité. La guerre alors n’aura pas lieu !

      https://blogs.mediapart.fr/georges-andre/blog/170320/non-monsieur-le-president-de-la-republique-nous-ne-sommes-pas-en-gue

    • #Rony_Brauman répond à Macron : « La #métaphore de la guerre sert à disqualifier tout débat »

      Rony Brauman, ancien président de Médecins sans frontières, approuve les mesures de confinement, mais dénonce la #rhétorique_martiale du chef de l’Etat : « Qualifier les soignants de "#héros", c’est gommer les raisons de la crise sanitaire. »

      Médecin, diplômé de médecine tropicale et épidémiologie, Rony Brauman a été président de Médecins sans frontières (MSF) de 1982 à 1994. Il est aujourd’hui directeur d’études à la fondation de l’ONG. Son dernier livre, « Guerres humanitaire ? Mensonges et intox », conversation avec Régis Meyran, est paru aux éditions Textuel en 2018.
      Interview.

      Comment analysez-vous l’épidémie du #Covid-19 et sa gestion par les autorités françaises ?
      Cette épidémie n’avait pas été prévue, mais elle avait été prédite. De nombreux épidémiologistes avaient anticipé l’apparition d’un nouveau virus se répandant à la faveur de l’accroissement démographique, de l’accélération des voyages internationaux, de l’urbanisation, du changement climatique. Cette crainte, déjà ancienne, s’était renforcée avec les épidémies de sida, le Sras, le Mers, le Zika, le chikungunya, Ebola. Nous savions que le rêve d’un monde débarrassé d’un risque infectieux était une #illusion et les gouvernements successifs ne pouvaient méconnaître ces analyses. Cela ne les a pas empêchés, depuis des années, de réduire les capacités des hôpitaux, avec les effets que l’on voit aujourd’hui. Plus de 4 000 lits ont été supprimés ces trois dernières années, mais c’est depuis trente ans que gagne une #logique_comptable, entrepreneuriale (notamment la loi Hôpital, Patient, Santé, Territoire de 2009, qui concrétise la notion d’« #hopital-entreprise », introduite par #Claude_Evin dès 1989). Pourtant, aujourd’hui, Emmanuel Macron ne tarit pas d’éloge sur le personnel hospitalier... Ses propos qualifiant les soignants de « héros » me semblent particulièrement mal venus. Cette qualification a quelque chose de pervers, parce qu’elle gomme les raisons de la #crise_sanitaire. Outre qu’elle oubliait les autres professions qui continuent à travailler pour que notre vie soit encore vivable (éboueurs, policiers, livreurs, caissières, producteurs, distributeurs de produits essentiels), elle met les soignants dans une position délicate. Un héros, ça ne demande pas des journées de récupération pour s’occuper de ses enfants, de prime de risque, un salaire décent. On sait bien qu’une partie du vidage des hôpitaux vient de ce qu’on paye les gens de façon indécente. Brandir la figure du héros, c’est sous-entendre par contraste la médiocrité de revendiquer des #conditions_de_travail correctes.

      Pourtant, quand les gens applaudissent à leurs fenêtres à #20_heures, n’est-ce pas aussi une façon de saluer dans les soignants des figures héroïques ?
      Si, bien sûr, et je m’y associe. Ces applaudissements constituent un rite de reconnaissance collective vis-à-vis d’une catégorie qui s’expose de façon constante, quotidienne. Mais ils ne doivent pas être séparés d’une interrogation politique sur les #restrictions_budgétaires imposées depuis des années à ceux qui sont considérés aujourd’hui comme les sauveurs de la nation.
      J’ajoute que, dans les propos d’Emmanuel Macron, cette #héroïsation n’est que le complètement logique du discours de la guerre, la métaphore du combat engagé contre l’#ennemi_invisible. Cette notion ne me semble pas la bonne. Nous sommes face à une #catastrophe. Au moment où nous parlons, des structures de soins sont débordées et l’on voit réapparaître les méthodes de la #médecine_de_catastrophe, mises au point, il est vrai, par la #médecine_militaire mais élargies aux situations de crises majeures, notamment de catastrophes naturelles : les techniques de #triage séparant les gens qu’on va pouvoir aider à sortir et ceux pour lequel le pronostic est trop mauvais, relèvent typiquement de la médecine de catastrophe. De façon plus générale, cette métaphore est trompeuse, en ce qu’elle laisse entendre que la #santé passe par la défaite de la maladie. Mais la maladie fait partie de la vie et l’on devrait parler de #droit_à_la_maladie, plutôt que de #droit_à_la santé. Je pense au philosophe #Georges_Canguilhem observant que pour la plupart des gens, la santé, ce n’est pas l’#absence_de_maladie mais la possibilité de tomber malade et de s’en relever.

      Mais n’est-il pas vrai que nous combattons un ennemi : le #virus ?
      Un point, encore : depuis #Pasteur, le germe infectieux place les sociétés dans une situation complexe. Dès lors que nous sommes tous potentiellement vecteurs de #contagion, chaque individu devient une #menace pour la collectivité, chaque voisin est un risque potentiel. Et inversement, l’individu se sent menacé par le groupe, qui peut cacher des malades, et il va donc chercher à s’en isoler. Le #confinement nous demande d’être à la fois solidaires et individualistes. C’est le #paradoxe de l’#épidémie, que dissimule la métaphore de la guerre. Dire qu’on mène une guerre contre un virus, c’est prendre le risque d’alimenter la #guerre_de_tous_contre_tous, chacun étant potentiellement le vecteur de l’ennemi invisible.
      Quand j’entends le président conclure son discours de Mulhouse, le 25 mars, par un martial « Nous ne céderons rien ! », je suis abasourdi. Céder quoi, à qui ? Craignez-vous la restriction des libertés liée au confinement ? J’approuve le confinement et des mesures actuellement en vigueur, à défaut d’autres moyens de protection pour l’instant. Ces mesures sont le résultat, forcément instable, de la recherche d’un équilibre entre trois exigences : la #sécurité_sanitaire, la #liberté des individus et la continuité de la machine économique. La liberté peut être restreinte, mais il est impossible de confiner tout le monde, car une partie l’#activité_économique doit se poursuivre, sous peine d’une morte lente générale. Je rappelle qu’une épidémie peut faire plus de #victimes_indirectes que directes, comme cela a été probablement le cas d’#Ebola : je pense aux malades qui n’ont pas pu se soigner, qui ont été conduits à une issue fatale à cause de la paralysie des régions frappées par la maladie.
      Pour ma part, je comprends le retard de confinement mis en oeuvre en France : l’exigence de #santé_publique était en balance avec l’exigence de liberté et l’exigence de #continuité_économique. Prenons garde à ne pas porter sur les mesures du gouvernement Philippe un regard anachroniquement sévère ! Reste que je m’inquiète de l’empilement des #mesures_autoritaires. N’oublions pas que des dispositions de l’#état_d'urgence antiterroriste ont été intégrées à la #loi_ordinaire et appliquées contre des militants écolos et syndicalistes. On doit craindre une reproduction de ce précédent.

      Portez-vous le même regard compréhensif sur la stratégie de la France en matière de #masques et de #tests ?
      Non ! Ce sont clairement deux loupés de la politique et de la communication gouvernementales. Autant j’apprécie les points quotidiens de #Jérôme_Salomon, le directeur général de la Santé, et son ministre #Olivier_Véran, qui sont très pédagogiques, didactiques, non arrogants, autant la question des masques et des tests a été traitée de façon extrêmement grossière, là encore infantilisante comme l’est la métaphore de la guerre. Ils auraient pu reconnaître qu’il y avait un retard à rattraper - retard imputable aux gouvernements successifs et non au seul gouvernement Philippe - et qu’il fallait plus de masques et plus de tests. Ils pouvaient expliquer que le #rationnement ne durerait pas, qu’ils y travaillaient, bref traiter leurs concitoyens en adultes. Au lieu de cela, ils ont choisi de tenir un discours de #déni. « Pourquoi ne pas faire plus de tests ? - Parce que c’est inutile ! » « Pourquoi ne pas distribuer pas plus de masques ? - Parce que c’est inutile ! » Et ce n’est pas vrai... Oui, c’est mensonger et ce point-là n’a rien à voir avec les choix difficiles, évolutifs, du confinement et de ses limites. Les masques sont indispensables pour les personnels soignants et pour les professions exposées au public. Quant au test, on nous explique qu’il n’est utile que pour les cas graves. Ce n’est pas vrai ! Dans les cas graves, il ne fait que confirmer le #diagnostic_clinique, alors que dans les cas moins graves ou bénins, il permet de connaître le #statut_sérologique des individus. On peut alors choisir pour chacun la solution adaptée : confinement à la maison, isolement dans des structures médicalisées (pour ne pas engorger l’hôpital) et hôpital (si nécessaire). Je suis consterné que les porte-parole du gouvernement se soient cramponnés à cette #pseudoscience. Un tel manquement est très contre-productif car il vient affaiblir la #confiance que l’opinion peut avoir dans d’autres mesures gouvernementales, qui, elles, sont tout à fait argumentables, tel que le confinement.

      Derrière ce loupé, y a-t-il des dissensions internes au champ médical ? Certains scientifiques ont-ils sous-estimé l’épidémie ?
      La #médecine n’est pas une science, c’est une #pratique_scientifiquement_informée. On le voit à l’échelle d’un organisme individuel : le corps n’est pas une matière inerte qui répondrait toujours de la même façon aux mêmes actions. Pour les questions de #santé_publique, c’est encore plus net, car la médecine est alors confrontée à toutes sortes d’événements inattendus et d’une variabilité extrême. La science aide à prendre les décisions, mais elle ne sait pas tout et, dans l’incertitude, ce sont les politiques qui doivent trancher.

      Sur cette épidémie, il n’y a pas de #consensus_médical ?
      Non, pour les raisons que je viens de dire. De plus, la familiarité des médecins avec les réalités épidémiologiques est très limitée. Le métier des médecins est de soigner les pathologies, mais pas forcément de connaître leur diffusion. Cela relève d’un autre type de savoir : l’épidémiologie. Il y a les épidémiologistes médecins, bien sûr, mais aussi des épidémiologistes non-médecins, notamment les statisticiens, les modélisateurs, qui n’ont pas la même approche que les médecins. Il peut y avoir des désaccords et c’est alors au politique de trancher, et de s’en expliquer. Néanmoins, sur la question de l’intérêt des masques et des tests pour gérer l’épidémie au mieux, il y a un consensus quasi-total.

      Mais alors, pourquoi les principaux responsables de la santé en France ont-ils dit le contraire ? Après tout, Jérôme Salomon et Olivier Véran, ainsi que sa prédécesseure #Agnès_Buzyn, sont tous des médecins...
      C’est un mystère. Mon hypothèse, toute personnelle, est qu’il s’agit d’un effet de la propension des responsables politiques à la rigidité comme preuve de leur détermination. En toutes circonstances, ils veulent afficher leur assurance et voient dans toute remise en question un affaiblissement de leur #autorité. Le fantasme de #toute-puissance est à l’oeuvre ! C’est ce que nous disait encore Macron, qualifiant de « polémiques », forcément stériles, et de tentatives de « fracture » de la société, forcément dangereuses, les critiques qui lui sont adressées. Il faut « #faire_bloc », c’est-à-dire marcher au pas, fleur au fusil. Où l’on voit que la métaphore de la guerre sert à disqualifier toute mise en #débat.

      Vous-même, avez-vous changé d’avis sur l’épidémie ?
      J’ai hésité en janvier, mais j’ai été assez rapidement convaincu que le #risque_pandémique était bien réel, tout en considérant la réaction des pouvoirs publics en France était correcte, et que par exemple on n’avait pas de raison de coller immédiatement à ce que faisait l’Italie. Il y a eu des discussions, y compris au sein de Médecins sans frontière, où certains étaient très sceptiques. Dès le début février, il a été clair que la cinétique de l’épidémie était inquiétante, en découvrant que des patients asymptomatiques pouvaient être transmetteurs du virus. Dans une épidémie, ce n’est pas le chiffre de mortalité à un instant T qui importe. On peut toujours comparer ces chiffres à bien d’autres, comme l’ont fait trop longtemps les « corona-sceptiques ». C’est le #temps_de_doublement des cas qu’il faut regarder attentivement : 2,5 jours pour le Covid-19. Là, on comprend assez rapidement que la progression est effrayante, surtout si on le rapporte aux mesures de confinement, qui mettent quinze jours à commencer à produire de l’effet : en quinze jours, on a six fois le doublement des cas, ce qui signifie qu’un porteur contamine 64 personnes en quinze jours, 244 en un mois.

      Que pensez-vous de la polémique sur la #chloroquine ? N’est-ce pas affligeant, dans une telle période ?
      La forme a été parfois affligeante, mais pas la controverse elle-même. Ce qui donne le caractère polémique à cette discussion, c’est le sentiment de vivre une #tragédie_collective dans laquelle tout #désaccord prend une dimension énorme. Mais, en temps normal, c’est le lot commun du travail médical. Pour des #pathologies_émergentes et même pour des pathologies déjà connues, il faut des années d’essais cliniques et de traitement pour obtenir un #consensus. Regardez les médicaments contre le cholestérol, qui font l’objet d’une controverse très vive depuis plusieurs années. Ce n’est pas parce qu’on est en période d’état d’urgence sanitaire qu’il faudrait fermer la porte aux discussions contradictoires, aux critiques. Surtout pas. Nous avons besoin de cette pluralité d’avis. Cela étant dit, la façon dont #Didier_Raoult a présenté la chloroquine comme un médicament miracle appartient plus à un prophète qu’à un spécialiste de santé.

      Il n’y aura pas de médicament miracle pour le Covid-19 ?
      Non, pas plus qu’il n’y en a eu pour les autres infections. Cela me rappelle l’annonce faite en 1985 par le professeur #Andrieux, accompagné de la ministre de la Santé d’alors, #Georgina_Dufoix, donnant la #cyclosporine comme le médicament qui allait tout changer à partir d’un essai sur quelques cas. Pour ce qui est de la chloroquine, ses effets antiviraux et antibactériens sont bien connus, mais l’essai de Marseille n’a rien de concluant, contrairement à ce qu’en disent certains, y compris des politiques qui se croient autorisés à avoir un avis sur cette question totalement technique. C’est une ressource possible, il faut la tester. Le bon côté de cette controverse, c’est que la chloroquine va être jointe aux nombreux essais cliniques en cours. Mais il ne faut pas créer de #faux_espoirs. Didier Raoult a un passé de chercheur sérieux, mais son personnage de génie autoproclamé n’incite pas à la confiance. Quant à la validité de son essai, elle a été très précisément analysée.

      Parmi les multiples réflexions suscitées par l’épidémie, il y a cette idée que la nature malmenée par la #mondialisation serait en train de se venger avec ces différents virus venus du monde animal. Qu’en pensez-vous ?
      Le point commun du Covid, du Sras, du Mers et d’Ebola est que ces maladies sont le fruit d’un passage de la #barrière_virale_d'espèces entre les #animaux et les hommes. L’extension des certaines mégapoles entraîne une interpénétration entre #ville et #forêts : c’est le cas d’Ebola, qui trouve son origine dans la présence des #chauves-souris en ville et qui mangeaient par des humains. Mais ce paramètre, s’il faut avoir à l’esprit, est à manier avec une certaine retenue. Car il s’agit d’une constance dans l’histoire des épidémies : la plupart, à commencer par la #peste, sont liées à ce franchissement. L’homme vit dans la compagnie des animaux depuis le néolithique, notre existence est rendue possible par cette coexistence. Mais la peste avait été importée par la puce du rat qui était disséminé sur les bateaux et les caravanes ; pour le corona, ce sont les #avions qui ont fait ce travail. La spécificité du Covid-19, c’est sa vitesse de #diffusion. Le professeur Sansonnetti, infectiologue et professeur au Collège de France, parle d’une « maladie de l’#anthropocène » : en superposant la carte de l’extension du virus et celle des déplacements aériens, il montre que les deux se recouvrent parfaitement.

      L’enjeu est donc moins la façon dont la #mondialisation malmène la nature, mais dont elle ouvre des avenues à des germes. Faut-il refermer ces avenues ?
      Le propre du vivant, c’est de chercher à répandre ses gènes et le virus obéit à une logique de vie, qui s’inscrit dans une dialectique entre #contagiosité et #mortalité. Il lui faut trouver des #vecteurs - des organismes vivants - qui lui permettent de se répandre. Mais s’il tue trop vite ces vecteurs ou s’il ne trouve pas de nouveaux organismes à contaminer, il arrive à une impasse et meurt. Ce que vise le confinement, c’est à mettre le virus dans une impasse : chacun doit être le cimetière du virus. C’est ici que l’on voit la limite de la méthode : cet isolement total serait notre cimetière à tous, pas seulement celui du virus.
      A quoi cela sert de "gagner du temps" face au coronavirus ?
      #Mutation. Le mot, lorsqu’il est associé au coronavirus, fait peur. Surtout depuis que des chercheurs chinois ont affirmé que le virus avait déjà muté en une variante plus agressive.

      Alors, faut-il redouter ses prochaines transformations ?
      #Luc_Perino, médecin diplômé d’épidémiologie et auteur du livre "Patients zéro" (La Découverte), explique qu’un virus mute en permanence... et pas nécessairement d’une manière défavorable à l’être humain. "Dans la majorité des épidémies, le virus évolue vers moins de #virulence, et vers plus de #diffusion." C’est-à-dire qu’il tend à se propager plus vite... mais en devenant moins mortel.

      https://www.nouvelobs.com/coronavirus-de-wuhan/20200327.OBS26690/rony-brauman-repond-a-macron-la-metaphore-de-la-guerre-sert-a-disqualifie
      #solidarité #individualisme #autoritarisme #mensonge #mensonges #épidémiologie

    • Parler de l’héroïsme des soignants c’est une excision symbolique du corps médical. Les soignants sont des femmes en grande majorité. Les soignantEs ont pour travail de prendre soin, pas de trucider, étriper et violer comme le font les soldats, ni même se sacrifier.
      Les soldat(e)s ne soignent pas.
      Les soignantEs ne tuent pas.

      A la guerre il y a des héros or la racine latine « vir » de viril, virilité, virilisme et aussi vértu viens du sanskrit HERO. L’héroisme c’est ce qui fait l’homme et donc certainement pas les femmes. Traiter les soignantes de héro ou même héroïnes c’est les affubler de virilité.

      #invisibilisation_des_femmes #virilisme #inversion_patriarcale #excision_symbolique

    • La guerre est toujours un beau #prétexte pour imposer la #répression

      « Et nous voilà en dictature ?

      La guerre est toujours un beau prétexte pour imposer la répression.

      Guerre contre les pauvres, contre les travailleur.e.s précarisé.e.s, contre les personnes entassées dans des squats, contre les enfants des quartiers dits « prioritaires », contre les « migrants » comme ils aiment les appeler…Ah, veuillez m’excuser, je n’avais pas compris que notre aimable président parlait de guerre contre un virus…

      Il est vrai qu’en observant le confinement prendre la pelle (l’appel) pour creuser, creuser et creuser encore le gouffre qui sépare les bien loti.e.s des plus précarisé.e.s, je n’avais pas compris qu’il parlait d’une guerre contre la nature… Pourtant, j’aurais dû m’en douter, car il est bien évident que notre président a toujours voué un grand amour pour notre environnement… Mais non, je pensais bêtement que la guerre avait été déclarée. Que l’on nous avait encore pris pour des dindes, en nous faisant par exemple copier deux fois de suite « l’article 3 du décret du 23 mars 2020 prescrivant les mesures générales nécessaires pour faire face à… » blablabla. Et si tu n’as pas de papier pour écrire, tant pis pour toi ! De toute façon, on est en guerre, gamin.e, alors pourquoi veux-tu te promener dans les rues ? Ah ? La rue est ta maison ? Quelle sombre idée… De toute façon, on est en guerre, alors qui se soucie de savoir si tu vis à la rue, hein ?

      Oui, je n’ai pas réussi à entendre le mot virus quand notre cher président a répété six fois que nous étions en guerre…

      Et il est vrai que quand les jeunes avec qui je travaille m’ont transmis leurs angoisses de « ne pas réussir », avec la peur d’être encore mis de côté, exclus dans leur quartier alors même qu’elles et ils me faisaient part il y a peu de leur désir de « bien s’en sortir » pour montrer à leurs pairs que personne n’est éternellement assigné au quartier, je n’ai pas pensé au virus… Mais à la violence de l’Education Nationale.

      Quand mon amie du Sud de la France m’a quant à elle parlé de son combat éreintant pour récupérer son jeune garçon de 5 ans, confiné chez son père violent et fiché S à Paris, je n’ai pas pensé au virus… Mais à l’horreur du confinement.

      Quand une autre m’a parlé de sa colère en tant qu’infirmière de voir tant de gens ne pas respecter leur investissement/épuisement en continuant à vivre « comme si de rien n’était », je n’ai pas pensé au virus… Mais à la stupidité et l’égoïsme qui animent mes « compatriotes ».

      Et enfin, quand mes collègues m’ont fait part au début du confinement des difficultés à trouver des volontaires pour garder les enfants des soignants, je n’ai pas pensé au virus… Mais à la fameuse « Fraternité » oubliée de la devise française.

      Dites-moi qu’au moins, cela servira de prise de conscience ? Car qui tient donc le pays en ce moment ? Qui le fait (sur)vivre ? Ni moi, ni peut-être vous. Mais celles et ceux que l’on a invisibilisé depuis bien trop longtemps. Et si je dois donc applaudir, j’applaudirais tout autant les agriculteurs/trices, les vendeurs/euses en magasin, les bénévoles (devraient-ils vraiment être bénévoles ?), les professeur.e.s et toutes celles et ceux qui nous permettent de continuer à vivre. En fait, qui nous ont toujours permis de continuer à vivre…

      Alors maintenant, je me demande, que pouvons-nous faire de tout ce temps pour celles et ceux qui en ont plus que d’habitude… N’est-il pas le moment de le « prendre ce temps » pour réfléchir à de nouveaux systèmes ? Puisque dans nos vies à 100 à l’heure, celui-ci manque toujours…

      Qu’a-t-on de fait à proposer ? Comment peut-on imaginer une plateforme pour échanger sur de nouveaux modèles ? Sur la manière de visibiliser ces réalités mais également de contribuer à les changer ? Comment peut-on se servir de ce temps pour ne plus panser les blessures de notre système mais bien penser de nouvelles perspectives ? Si tout le monde est davantage connecté, c’est donc l’occasion de toucher de nouveaux publics, de faire connaitre des réalités, de proposer des formations et de construire quelque chose de nouveau…

      Je sais que certain.e.s s’y attellent depuis bien longtemps. Mais n’est-ce pas alors l’occasion de joindre nos forces pour penser collectivement ? Utiliser le confinement pour se mettre davantage en lien et penser autrement ? Servons-nous de cette colère. Transformons-là. »
      Coline

      https://www.modop.org/se-relier/#3avril

    • « De la #guerre_sanitaire à la guerre économique et sociale »

      A la « guerre sanitaire » aujourd’hui déclarée, risque de succéder une « guerre économique et sociale » impitoyable pour les salariés, les fonctionnaires et les habitants des quartiers populaires. J’ai imaginé ce que pourrait être le discours du président de la République...

      La première victime de la guerre, c’est toujours la vérité

      La deuxième victime de la guerre, ce sont les conquis sociaux

      La troisième victime de la guerre, ce sont les droits et libertés démocratiques

      A la manière d’un certain président de la République.

      « Françaises, Français, mes chers compatriotes. Depuis le déclenchement de la crise sanitaire, je me suis plusieurs fois adressé à vous pour évoquer les épreuves que nous avons traversées, pour annoncer les mesures indispensables afin de juguler l’épidémie d’abord et d’en venir à bout ensuite. Ces circonstances exceptionnelles m’ont conduit à prendre, avec le gouvernement, en accord avec l’Assemblée nationale et le Sénat, des mesures elles aussi exceptionnelles sans lesquelles nous n’aurions pu gagner cette bataille décisive contre le Covid-19. Tout d’abord, je veux, au nom de la nation, saluer toutes celles et tous ceux qui, médecins, infirmiers, personnels hospitaliers, ont été aux avant-postes de ce combat, avec un dévouement et un courage exemplaires, et pour certains, hélas, au péril de leur vie. Ils méritent notre reconnaissance. C’est pourquoi j’ai décidé qu’un hommage national leur sera rendu à une date qui sera précisée. Plus encore, toutes et tous recevront, à titre collectif, la légion d’honneur.

      Ensuite, je veux avoir une pensée pour vous, Françaises et Français, qui avez perdu un parent, un proche, un ami. Je sais votre peine infinie et nous la partageons tous. Dans ces moments que je sais ô combien douloureux, soyez assurés que votre deuil est aussi le nôtre, et jamais nous n’oublierons vos chers disparus. Enfin, je veux également saluer celles et ceux qui, envers et contre tout, ont continué de travailler sans se laisser détourner de leurs tâches indispensables au pays par des revendications aussi démagogiques qu’irresponsables. C’est grâce à eux qu’il n’y a pas eu de pénurie et que les approvisionnements n’ont jamais cessé en dépit des difficultés qu’ils ont eux aussi surmontées avec une ténacité et une résilience remarquables. Françaises, Français, mes chers compatriotes, suite aux décisions que j’ai prises, vous avez, vous aussi, consenti de nombreux sacrifices en respectant un confinement toujours plus strict, en bouleversant vos habitudes, en renonçant à bien des loisirs et à bien des plaisirs : ceux de se réunir en famille, entre amis, de dîner au restaurant, d’aller au cinéma, au théâtre, d’écouter des concerts, de faire du sport, de se promener. Qui, en ville, qui à la campagne pour pêcher ou chasser, qui à la mer ou à la montage. Je sais que les décisions prises ont bouleversé vos vies mais elles étaient indispensables pour sauver le plus grand nombre de nos ainés et de nos concitoyens. Vous l’avez assez vite compris et vous l’avez donc accepté. Toutes et tous, vous avez fait la démonstration remarquable que nous sommes un grand peuple et que la France est une nation à nulle autre pareille qui, dans les épreuves, sait se retrouver pour les affronter dans l’unité, la solidarité et la fraternité.

      Nous venons de gagner une bataille majeure mais nous n’avons pas encore gagné la guerre. La crise sanitaire est certes derrière nous mais nous devons, dès maintenant, mener d’autres combats et relever d’autres défis. Ils sont économiques et sociaux. Ceux d’hier étaient immenses, ceux qui nous attendent ne le sont pas moins. Mes chers compatriotes, je vous le dis avec solennité et gravité, nous sommes toujours en guerre. L’ennemi n’est plus invisible, il n’est plus insidieux mais il n’en est pas moins présent, puissant et menaçant. Cet ennemi, il se nomme récession, régression, faillites en série et reprise possible de la hausse du chômage. Celui que nous venons de terrasser, nous menaçait tous, celui qui se présente maintenant agit de même. Je veux dire par là qu’il peut, lui aussi, bouleverser nos vies en frappant partout et dans toutes les catégories de la population. Nos grandes, moyennes et petites entreprises sont menacées. De même nos admirables artisans qui, partout en France, maintiennent vivantes d’anciennes traditions d’excellence. Je n’oublie pas nos agriculteurs, nos pêcheurs, nos viticulteurs, nos artistes et nos libraires.

      Hier, Françaises, Français, mes chers compatriotes, vous avez consenti de nombreux sacrifices. Je m’adresse à vous tous pour vous en demander de nouveaux car cette situation économique et sociale est elle aussi exceptionnelle. Elle n’est pas sans rappeler celle que nos ainés ont dû affronter au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Ils avaient un pays à reconstruire, nous avons une économie à rebâtir et pour y parvenir au plus vite, il faut être capable de se hisser à la hauteur des tâches multiples et difficiles qui nous attendent. Lorsque je me suis adressé à vous au début de l’épidémie le 16 mars dernier, je vous avais dit qu’après les épreuves traversées, plus rien ne serait comme avant. Ce jour est arrivé et il nous faut maintenant en tirer toutes les conséquences.

      Nous sommes en guerre. Aussi, notre code du travail, conçu dans et pour une autre conjoncture, est-il parfaitement inadapté à celle que nous allons affronter. Il est trop lourd et compliqué. De là d’innombrables lenteurs qui sont autant d’obstacles à la reprise que nous appelons tous de nos vœux. C’est pourquoi je vais demander au gouvernement d’adopter une loi d’urgence économique qui permettra à toutes et à tous de travailler au-delà des 35 heures, de travailler le dimanche si nécessaire et d’étendre le travail de nuit aux secteurs économiques particulièrement fragiles et/ou particulièrement affectés par le confinement auquel notre pays a été soumis. De plus, de nouveaux contrats d’embauche, moins contraignants et plus souples seront mis en place pour permettre de répondre dans les meilleures conditions aux défis multiples et variés que nos entreprises et nos artisans vont devoir relever dans les semaines et les mois à venir. Nous devons travailler plus et plus longtemps, c’est pourquoi la réforme des retraites, suspendue pour les raisons que vous savez, sera enfin adoptée. Et je souhaite qu’elle soit elle aussi assouplie pour permettre à celles et ceux qui veulent continuer à travailler de le faire en toute liberté. Toutes ces mesures s’imposent car il y va de notre place en Europe, de notre place dans le monde, de votre avenir personnel et professionnel, et de celui de vos enfants et de vos petits-enfants.

      Oui, nous sommes en guerre. C’est pourquoi, afin de favoriser au mieux la croissance indispensable aux progrès de notre pays, au relèvement de notre économie et à l’amélioration de vos conditions de vie, je demanderai également au gouvernement de bloquer les salaires pour une durée qui reste à déterminer, de réduire les congés et de permettre aux employeurs de les fixer à leur convenance, après consultation des salariés. Il en sera évidemment de même dans toute la fonction publique à l’exception de la fonction publique hospitalière où des postes seront créés et de nouveaux moyens accordés. En même temps, nous poursuivrons la modernisation indispensable de nos hôpitaux afin d’augmenter là aussi leur compétitivité et donc leur efficacité au service du plus grand nombre. Mes chers compatriotes, je sais votre attachement à notre système de santé qui suscite l’admiration de beaucoup à l’étranger, c’est aussi pour répondre à vos attentes que je vous demande ces efforts. Efforts également dans l’éducation nationale et dans l’enseignement supérieur où, jusqu’à nouvel ordre, aucun recrutement ne sera effectué. Cette situation n’empêchera nullement les écoles, les collèges, les lycées et les universités d’embaucher, de façon temporaire et pour une durée limitée, le personnel enseignant et administratif nécessaire à l’accomplissement de leurs missions. Là aussi, la modernisation doit être impérativement poursuivie car nous pouvons et nous devons faire mieux. Les temps présents comme de nombreux parents l’exigent et personne ne comprendrait, à l’heure où je vous parle, que les fonctionnaires précités désertent cette formidable bataille économique et sociale qu’il nous faut remporter au plus vite.

      C’est parce qu’elle est terrible que nous devons mobiliser toutes les énergies, stimuler tous les talents, libérer toutes les volontés et toutes les ambitions en donnant à chacune et à chacun l’opportunité de s’y associer. A vous Françaises et Français d’abord car, en ces circonstances exceptionnelles il n’est plus acceptable que d’autres, arrivés depuis peu dans notre pays et sans intention d’y faire souche, accèdent rapidement à des emplois qui pourraient être occupés par vous. C’est pourquoi je vais demander au gouvernement de préparer un projet de loi destiné, non à fermer complètement l’immigration, ce serait aussi vain qu’inutile, mais à la limiter au strict nécessaire sur la base de quotas régulièrement révisés, comme cela se fait déjà dans de nombreux Etats développés et démocratiques. De même, il faut rapatrier dans notre pays des activités essentielles à notre indépendance sanitaire, industrielle et économique pour renforcer ainsi notre souveraineté en produisant français avec des travailleuses et des travailleurs français. L’union nationale nous a permis de vaincre l’épidémie hier, elle nous permettra, demain, de renouer avec la prospérité dont vous serez toutes et tous les heureux bénéficiaires.

      Nous sommes en guerre, et cette nouvelle guerre nous ne la gagnerons qu’en étant capables de nous affranchir d’habitudes parfois désuètes et, dans tous les cas, inadaptées aux exigences qui s’imposent désormais à tous. J’ai bien dit à tous, c’est pourquoi, un nouveau gouvernement, plus resserré, sera bientôt formé et les traitements des uns et des autres réduits. De même, le nombre des membres de cabinet. D’ores et déjà, et pour apporter ma contribution à cet effort national sans précédent, je vous annonce que je renonce à mon traitement jusqu’à la fin de ce quinquennat. Mais il faut aller plus loin en poursuivant la réforme de nos institutions ce qui passe, entre autres, par la réduction du nombre de députés et de sénateurs afin que les premiers comme les seconds participent pleinement à cette réduction indispensable, vitale même de nos dépenses publiques. Au cours de ces derniers mois, comme je l’ai dit, l’Etat a payé sans compter pour lutter contre l’épidémie et soutenir les secteurs économiques particulièrement affectés par la crise sanitaire. Ces temps sont désormais révolus et chacun comprendra qu’il n’est pas possible de poursuivre plus longtemps dans cette voie sauf à s’engager de nouveau dans la spirale ruineuse de l’endettement dont les effets retomberont lourdement sur les générations à venir. Cela, je ne le veux pas et je ne le permettrai pas car ce serait trahir les espoirs de notre jeunesse, et je sais que nul, dans ce pays, ne le souhaite.

      Mes chers compatriotes, je vous le dis et je le répète, nous sommes toujours en guerre. Je vous demande donc d’être responsables, de ne céder à aucune surenchère partisane et syndicale, de refuser le repli corporatiste qui a fait tant de mal à notre pays, et de vous élever à la hauteur des tâches exigées par cette situation exceptionnelle. N’écoutez pas celles et ceux qui se complaisent dans la critique mais qui n’ont rien de concret et de sérieux à proposer. Evitons cette démagogie et ces exaltations aussi puériles que mortifères. Unis, chacun fidèle à son poste et à sa place, nous gagnerons. Vive la République ! Vive la France ! »

      https://blogs.mediapart.fr/olivier-le-cour-grandmaison/blog/230320/de-la-guerre-sanitaire-la-guerre-economique-et-sociale

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      Lecture de ce texte :
      #Fin_de_l'épidémie : le discours d’Emmanuel #Macron

      Texte : #Olivier_Le_Cour_Grandmaison
      Lecture : Nicolas Mourer
      Réalisation Christiane Passevant

      https://www.youtube.com/watch?v=tBd5yLA-c-8&feature=share


      #déconfinement #coronavirus #covid-19

      Message de Olivier Le Cour Grandmaison via Facs et Labos en lutte :

      Texte que j’ai rédigé en imaginant le #discours_de_Jupiter au sortir du confinement

    • Ce que nous vivons n’est pas une guerre

      C’est la mondialisation qui fait de l’épidémie de Covid-19, originaire de Chine, une pandémie mondiale. Mais replaçons cette crise, cet effondrement sanitaire, dans le contexte de notre société, celui de l’Anthropocène. Car, au classement des menaces avérées pour le système-Terre, la première porte un nom : Homo Sapiens. Si l’homme persiste dans la mondialisation et dans l’asservissement de la nature, il n’est pas impossible que, d’une façon ou d’une autre, celle-ci contre-attaque.

      CE QUE NOUS VIVONS n’est pas une guerre. Nous vivons un effondrement. Et pas simplement un effondrement des marchés boursiers, un effondrement de l’Anthropocène. 1

      Rappelons quelques chiffres. Dans nos campagnes, la population d’oiseaux a baissé de 30 % en vingt ans à peine. 2 En quelques semaines seulement, l’Australie perdait plus d’un milliard d’animaux dans les incendies. 3 Une étude publiée dans la revue britannique Nature estime qu’un million d’espèces animales et végétales pourraient disparaître en raison du réchauffement climatique. 4

      Parallèlement à ces phénomènes d’effondrement de la biodiversité, on a récemment constaté le développement d’espèces envahissantes ou invasives. Algues tropicales, plantes toxiques exogènes, nombreux sont les exemples de perches dévastatrices, de champignons phytopathogènes et de papillons colononisateurs, qui déciment leur environnement, éradiquent des populations d’insectes, d’animaux ou d’arbres jadis répandus dans nos campagnes.

      Si l’agriculture intensive est bien connue pour favoriser le développement de propagules pathogènes et d’espèces invasives, il est avéré que le commerce international joue un rôle majeur dans leur propagation.

      Je me souviens avoir regardé, impuissant, les buis de mon jardin se faire dévorer par une pyrale invasive venue de Chine par bateau, avec des lots de buis pré-taillés par une main d’œuvre bon marché. Mais le principal prédateur de ladite pyrale était le frelon asiatique, interdit de séjour en France depuis 2013.

      Le Covid-19 est également originaire de Chine et, à nouveau, c’est notre organisation mondialiste qui fait de cette épidémie une pandémie mondiale.

      Or, la pandémie est en soit un effondrement sanitaire. Tout comme le méga-feu est un effondrement écologique qui fait de certaines espèces animales des espèces menacées, la pandémie est une menace pour l’être humain.

      Certes, tout sera fait pour éviter un effondrement massif de la population humaine. Observons les mesures mises en place par l’ensemble de nos gouvernements 5, en dehors du confinement : fermeture des commerces hors alimentation, réduction des transports de marchandises à leur strict minimum, suppression des vols internationaux, blocage drastique de la circulation des véhicules personnels, généralisation du télétravail, etc. Même les écologistes les plus radicaux ne pouvaient rêver un tel scenario !

      L’arrêt quasi total du transport, de la consommation, de l’import-export en quelques heures… L’objectif « zéro carbone », prévu pour 2050, est à portée de main en 2020 !

      Alors qu’on peinait à trouver des financements pour la transition 6, voilà que s’annoncent des dizaines de milliards pour sortir de la crise. On parle même de réguler les marchés, de nationaliser les compagnies aériennes en péril, de reprendre en main les hôpitaux…

      Cet épisode pandémique nous place face à nos responsabilités. Car, quoiqu’on fasse, la Terre ne s’arrêtera pas de tourner et il est probable que le système-Terre sache toujours générer de quoi revenir à un équilibre systémique, en attaquant les entités qui constituent une menace pour le plus grand nombre. 7
      Un virus pour l’Anthropocène

      Au classement des menaces avérées pour les écosystèmes, la première porte un nom : Homo Sapiens. Replaçons le virus dans le contexte de notre société, celui de l’Anthropocène. Si le terme « Anthropocène » vous est totalement étranger ou si vous l’avez volontairement rangé dans la commode des mots anxiogènes, entre « Anthrax » et « Anthropophage », le documentaire « L’âge de l’Anthropocène, des origines aux effondrements » 8 est fait pour vous.

      L’Atelier d’écologie politique (Atécopol), un atelier constitué d’une centaine de chercheurs toulousains, a organisé de nombreuses conférences publiques, trans-disciplinaires, permettant la constitution de ce documentaire scientifique synthétique. Depuis début 2020, ces chercheurs ont défendu le film en prolongeant chaque projection d’un débat public.

      Certes, il n’est pas question de pandémie dans ce film, puisqu’il a été achevé il y a plusieurs mois. Toutefois, les propos de l’historien des sciences Christophe Bonneuil, des économistes altermondialistes Geneviève Azam 9 et Maxime Combes ou encore de l’ingénieur agronome « collapsologue » Pablo Servigne nous éclairent sur cette façon « effondrementiste » 10 d’envisager le futur de notre société capitaliste.

      Le Covid-19 constitue une pierre de plus à l’édifice du film, et non des moindres. Si l’homme persiste dans la mondialisation et dans l’asservissement de la nature, il n’est pas impossible que, d’une façon ou d’une autre, celle-ci contre-attaque.

      https://sciences-critiques.fr/ce-que-nous-vivons-nest-pas-une-guerre

      #Gwarr_Greff

  • #Conférence de #Laélia_Véron : rapports de #domination dans nos usages du #langage

    Conférence co-organisée par solidaritéS Fribourg de Laélia Véron le 26 février 2020. Docteure en langue française, maîtresse de conférence à l’université d’Orléans et co-autrice du livre “Le français est à nous !”, sur la question des rapports de domination dans nos usages du langage.

    https://www.youtube.com/watch?v=P5TepfcwEc0&feature=youtu.be

    #vidéo

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  • VOTRE RÉFORME, NOTRE COLÈRE : ENCORE DES VIOLENCES FAITES AUX FEMMES

    Nous, étudiant.e.s en études de genre, ne pouvons continuer d’étudier les #systèmes_d'oppressions et les effets désastreux des #politiques_néolibérales, sans laisser entendre notre voix et celles des oublié.e.s. Mobilisé.e.s contre la réforme des #retraites, nous prenons la parole pour partager notre analyse féministe des #discours du gouvernement.

    DÉCRYPTAGE FÉMINISTE DES DISCOURS DU GOUVERNEMENT

    Nous, étudiant.e.s en études de genre de l’Université du Mirail (UT2J), ne pouvons continuer d’étudier quotidiennement les systèmes d’oppressions et les effets désastreux des politiques néolibérales, sans laisser entendre notre voix et celles des oublié.e.s. Mobilisé.e.s contre la réforme des retraites au sein du mouvement social, nous prenons la parole pour partager notre analyse féministe des discours du gouvernement proclamant les femmes “#grandes_gagnantes” de cette réforme.

    Macron et son gouvernement nous promettent une réforme plus “universelle”, “égalitaire” et “équitable”. Nous en aurions besoin : les #hommes perçoivent en moyenne 68% de retraite propre de plus que les femmes, environ 670 euros supplémentaires par mois 1. La réforme néolibérale menée par Macron renforcera les #inégalités existantes contrairement à ce qui est martelé. Tout le monde va y perdre, surtout les femmes.

    “Le gouvernement présentera dans les prochaines semaines un projet de réforme du système des retraites, dont les principales bénéficiaires seront les femmes.” 2

    Marlène Schiappa, secrétaire d’état chargée de l’égalité femmes-hommes et de la lutte contre les discriminations

    Les femmes 3 subissent des carrières précaires et discontinues : chômage, congé parental, temps partiel subi, discriminations à l’embauche, plafond de verre et écarts de salaire. Pourquoi devraient-elles en payer le prix lors du calcul de leur pension de retraite ? Prendre en compte l’intégralité de la carrière dans le calcul des retraites, c’est faire le choix de discriminer davantage les femmes et de les condamner à la précarité à vie.

    Quant à la prétendue pension « minimale » de 1000 euros par mois, elle est réservée aux personnes qui ont pu mener une carrière complète, ce qui exclut de fait beaucoup de femmes. Sans parler du fait que le gouvernement Macron ne garantit même pas une retraite supérieure au seuil de pauvreté.4

    “Moi j’adore pas le mot de pénibilité parce que ça donne le sentiment que le travail serait pénible.” 5

    Emmanuel Macron, président de la République

    Les conditions de travail peuvent être une souffrance, et leur ignorance, une violence. La pénibilité et les droits à la retraite qui en découlent ne sont pensés qu’au masculin. Les femmes sont poussées à travailler principalement dans les métiers du soin et des services à la personne où ni leurs compétences, ni la pénibilité des tâches effectuées, ne sont reconnues. Aujourd’hui, les critères de pénibilité qui permettent un départ anticipé à la retraite ciblent des métiers majoritairement masculins : 75% des bénéficiaires sont en fait des hommes. A quand une reconnaissance de la pénibilité de ces métiers et l’ouverture de droits à la retraite associés ?

    “Mise au point sur les pensions de réversion : aucun bénéficiaire actuel ne verra sa pension de réversion diminuer ne serait-ce que d’un centime.” 6

    Emmanuel Macron, président de la République

    90% des bénéficiaires de la pension de réversion 7 sont des femmes. Le gouvernement Macron, en remettant en cause l’âge d’ouverture des droits, rend de plus en plus incertain les conditions d’accès à ce qui est souvent l’unique ressource économique des veuves. En réservant cette pension aux personnes mariées, il fait aussi le choix de discriminer d’autres modes de vie tels que le concubinage, le pacs... En supprimant l’accès aux personnes divorcées et/ou remariées, la réforme contraint les femmes dépendantes financièrement à rester mariées. L’Etat fait prendre un risque supplémentaire aux victimes de violences conjugales : un comble quand l’égalité femmes-hommes est la prétendue “grande cause du quinquennat”.

    “Moi j’appelle chaque couple à réfléchir et à respecter l’autonomie financière des femmes, […] l’Etat peut mettre en place des politiques publiques mais il ne peut pas prendre les décisions à la place des couples.”8

    Marlène Schiappa, secrétaire d’état chargée de l’égalité femmes-hommes et de la lutte contre les discriminations

    La réforme prévoit une majoration de la pension de 5% par enfant, qui peut être soit partagée soit prise par l’un des deux parents. Il sera dans l’intérêt financier du couple de valoriser la pension la plus élevée, souvent celle de l’homme. Certaines mères pourraient donc ne plus toucher aucune compensation : un grave recul pour leur autonomie financière.

    En plus de remettre en question leur indépendance financière, cette mesure libérale nie l’existence de rapports de pouvoir au sein des couples. Toutes les femmes auront-elles vraiment leur mot à dire dans le partage de la majoration ?

    Sous couvert de nécessité budgétaire, le gouvernement attaque les fondements de notre système de retraite. Cette réforme ouvre la porte à la capitalisation au détriment d’un système solidaire. Pensé en 1945 comme une libération du travail, les choix politiques d’aujourd’hui le transforment en “une antichambre de la mort”.9

    Les vrais grands gagnants du système Macron sont encore une fois les fonds de pensions, les compagnies d’assurance, les héritiers du patrimoine, les grands patrons, les élites...

    Les vraies grandes perdantes sont encore une fois les femmes, surtout quand se croisent les discriminations liées au racisme, au handicap, à la pauvreté, aux sexualités, à la vieillesse, à la maternité...

    Pour être juste, notre système de retraite doit être repensé.

    Cette réforme n’est ni universelle, ni équitable, ni égalitaire.

    Quand ces principes sont brandis comme des étendards hypocrites, exigeons une véritable politique féministe !

    Quand le gouvernement choisit d’ignorer et réprimer le cri de la rue, soyons plus nombreuses et crions plus fort !

    Par les étudiant.e.s du Master GEPS - GEPS en lutte

    1 : Calcul réalisé en prenant les femmes comme valeur de référence parmi les données de l’Insee. Soit, si les femmes touchent 40 % de moins que les hommes en moyenne, alors les hommes touchent 68% de plus que les femmes de retraite propre.

    2 : Courrier daté du 3 décembre 2019 de Marlène Schiappa à la présidente du Haut-Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes.

    3 : “Femmes” à considérer en tant que groupe social (ensemble de personnes ayant des caractéristiques ou des buts communs partagés) et non comme une catégorie biologique.

    4 : Le seuil de pauvreté en France en 2015 s’établit à 1015 euros par mois pour une personne seule. Source : INSEE

    5 : En déplacement à Rodez le 3 octobre 2019 pour défendre la réforme des retraites.

    6 : Twitter @EmmanuelMacron, 26 juin 2018

    7 : Sénat- Étude de législation comparée n° 167 - décembre 2006 - Les pensions de réversion

    8 : Dans une interview filmée le 13 décembre 2019 pour Elle.fr, "Réforme des retraites : Marlène Schiappa explique ce qui va changer pour les femmes"

    9 : Ambroise Croizat, ministre-ouvrier communiste fondateur de la Sécurité Sociale a réclamé que la retraite “ne soit plus l’antichambre de la mort mais une nouvelle étape de la vie” et pas seulement pour ceux qui sont déjà malades ou qui souffrent vraiment trop : pour tout le monde.

    https://blogs.mediapart.fr/geps-en-lutte/blog/220120/votre-reforme-notre-colere-encore-des-violences-faites-aux-femmes
    #réformes #colère #femmes #néolibéralisme #violence #décryptage_féministe #féminisme

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  • Entre expulsion et retour volontaire, la frontière est fine

    Une nouvelle sémantique s’est construite au sein de l’Union européenne : celle du « retour volontaire » des migrants irréguliers. Découvrez sur le blog « Dialogues économiques » l’analyse du politologue #Jean-Pierre_Cassarino, qui travaille depuis de longues années sur la #migration_de_retour et met en garde contre l’utilisation abusive du terme « #retour » dans le discours politique.

    À l’heure des fake news et des décodex, les mots prennent des tournures ambivalentes. Langue de bois et autres artefacts langagiers construisent, au-delà des mots, des murs. Des murs qui n’ont plus d’oreilles et brouillent notre compréhension. Derrière cet appel incessant au « retour », résonnent les mots de Patrick Chamoiseau : « Ils organisent le fait que l’on n’arrive jamais1 ».

    Contrôles aux frontières, centres de détention, identification par empreintes digitales ou encore quotas d’expulsions ont fleuri dans tous les pays européens. Ces dispositifs ont germé sur le terreau fertile des discours sur le « retour » des migrants, diffusés dans les États membres et au sein de l’Union européenne.

    Avec la première vague migratoire venue des Balkans, cette nouvelle terminologie s’est affirmée au cours des années 1990 au point de devenir hégémonique aujourd’hui. Basée sur la dichotomie entre « #retour_volontaire » et « #retour_forcé », elle a été accréditée par l’#Organisation_internationale_pour_les_migrations (#OIM). Elle prend corps dans divers mécanismes comme « l’#aide_au_retour_volontaire » en France qui propose aux migrants irréguliers de retourner dans leur pays moyennant #compensation_financière.

    À travers une multitude d’entretiens réalisés en Algérie, au Maroc et en Tunisie avec des migrants expulsés ou ayant décidé de rentrer de leur propre chef, Jean-Pierre Cassarino, enseignant au Collège d’Europe et titulaire de la Chaire « Études migratoires » à l’IMéRA (Marseille), en résidence à l’IMéRA et enseignant au Collège d’Europe (Varsovie) revient sur l’utilisation trompeuse de ces catégories.

    La #novlangue du retour forcé/retour volontaire

    Dans 1984, George Orwell construisait une véritable novlangue où toutes les nuances étaient supprimées au profit de dichotomies qui annihilent la réflexion sur la complexité d’une situation. C’est oui, c’est non ; c’est blanc, c’est noir ; c’est simple. Toute connotation péjorative est supprimée et remplacée par la négation des concepts positifs. Le « mauvais » devient « non-bon ». Dans le livre d’Orwell, cette pensée binaire nie la critique vis-à-vis de l’État et tue dans l’œuf tout débat.

    Aujourd’hui, les instances internationales et européennes produisent un #discours_dichotomique où le retour volontaire se distingue du retour forcé. En 2005, le Conseil de l’Europe, écrit dans ses « Vingt principes directeurs sur le retour forcé » : « Le retour volontaire est préférable au retour forcé et présente beaucoup moins de #risques d’atteintes aux #droits_de_l’homme. C’est pourquoi il est recommandé aux pays d’accueil de l’encourager, notamment en accordant aux personnes à éloigner un délai suffisant pour qu’elles se conforment de leur plein gré à la décision d’éloignement et quittent le territoire national, en leur offrant une #aide_matérielle telle que des #primes ou la prise en charge des frais de transport, en leur fournissant des informations détaillées dans une langue qui leur est compréhensible sur les programmes existants de retour volontaire, en particulier ceux de l’Organisation internationale des migrations (OIM)2. »

    Pour Jean-Pierre Cassarino, la #coercition s’applique pourtant dans les deux cas. L’Allemagne par exemple, considère l’Afghanistan comme un pays sûr. Elle a signé un accord avec ce dernier pour le « retour » volontaire et forcé des Afghans en situation irrégulière. Mais « les migrants qui ont été expulsés d’#Allemagne ont été forcés d’accepter le retour volontaire », explique Jean-Pierre Cassarino. Un des interrogés afghans témoigne ainsi : « On m’a demandé de signer et j’étais en détention, je ne voulais plus rester enfermé, j’avais peur ». Dans ce cas, parler de « retour volontaire » affirme un aspect positif. C’est un mécanisme politique plus facilement accepté par le public.

    Pour l’OIM, le retour volontaire concerne la personne qui signe une #déclaration dans laquelle elle accepte de retourner dans son pays. Dans ce cas et en règle générale, on lui offre le billet de retour. À l’inverse, dans le cas du retour forcé, la personne est contrainte, par ordre de la préfecture, de quitter le territoire. Elle est souvent accompagnée d’une #escorte de #rapatriement qui est coûteuse pour le gouvernement. Le retour volontaire n’est pas qu’une question sémantique, c’est aussi une question financière. On estime entre 10 000 et 15 000 euros une #reconduite_forcée à la frontière contre 2 000 à 4 000 pour un retour volontaire3. Dans tous les cas, dans cette dichotomie, la décision individuelle du migrant compte de moins en moins.

    Que se cache-t-il derrière le mot retour ?

    Peut-on utiliser le même mot pour un #migrant_rapatrié dans un pays en guerre, pour celui qui est renvoyé parce qu’illicite et pour celui qui décide, de sa propre initiative, de revenir au pays ? Difficile de nier l’aspect pluriel du retour migratoire.

    Jean-Pierre Cassarino explique comment la terminologie du « retour » s’assimile à l’#expulsion, par #manipulation_politique. Il se réfère à Albert Camus. Dans L’homme révolté, Camus plaide pour la #clarté_terminologique, parce qu’il ne faut pas « pactiser avec la propagande ». « Si une personne est expulsée de son pays elle n’est pas ‘retournée’ au pays. Les chercheurs travaillent de fait sur l’expulsion quand ils parlent de retour. »

    « Éjecté volontaire » ou « déplacé poétique », écrit l’écrivain Patrick Chamoiseau pour faire contrepoids.

    Retour pour le développement ?

    L’ampleur qu’a pu prendre « le retour » dans les instances internationales repose aussi sur la promotion du #développement dans les pays d’origine. Jean-Pierre Cassarino et son équipe de chercheurs ont interrogé 700 migrants tunisiens de retour en questionnant l’influence de l’expérience migratoire sur l’#entreprenariat. En mars 2014, un partenariat avait été signé entre la Tunisie et l’Union européenne pour faciliter l’acquisition de #compétences aux jeunes Tunisiens afin de leur permettre, une fois rentrés, de « développer des activités économiques rentables ».

    Qu’en est-il dans les faits ? Les migrants qui se sont insérés facilement dans le marché du travail avaient achevé leur séjour migratoire par eux-mêmes en affirmant leur souhait de revenir au pays. Qu’ils aient fini leurs études, qu’ils veuillent créer leur entreprise ou qu’ils aient atteint leurs objectifs en France, tous ont pu réunir les opportunités, le temps et les ressources nécessaires pour construire un projet de retour. Ici le « retour volontaire » prend tout son sens. Jean-Pierre Cassarino parle de cycle migratoire « complet ».

    Mais tous les migrants n’ont pas eu cette chance. La décision relève parfois d’un choix par défaut. Une socialisation difficile, des problèmes familiaux ou la précarité peuvent pousser la personne à rentrer à contrecœur. Pire, l’expérience migratoire peut être brutalement interrompue par une obligation à quitter le territoire. Pour ces migrants qui ne peuvent achever leur cycle (qu’il soit incomplet ou interrompu), de sérieuses difficultés se présentent sur la route du retour. Ils ont beaucoup plus de mal à s’insérer dans le monde professionnel.

    En approchant le retour par la complétude des #cycles_migratoires, Jean Pierre Cassarino montre qu’il n’y a pas qu’une façon de revenir et que la durée du séjour a des conséquences sur le développement dans le pays d’origine. C’est un appel à repenser les usages politiques et sémantiques du « retour » ; à remettre en question des notions qui s’inscrivent dans les inconscients collectifs. C’est un rappel à ce que Václav Havel écrit dans Quelques mots sur la parole : « Et voilà justement de quelle manière diabolique les mots peuvent nous trahir, si nous ne faisons pas constamment preuve de prudence en les utilisant ».

    Références :
    – Cassarino, Jean-Pierre (2014) « A Reappraisal of the EU’s Expanding Readmission System », The International Spectator : Italian Journal of International Affairs, 49:4, p. 130-145.
    – Cassarino, Jean-Pierre (2015) « Relire le lien entre migration de retour et entrepreneuriat, à la lumière de l’exemple tunisien », Méditerranée, n° 124, p. 67-72.

    https://lejournal.cnrs.fr/nos-blogs/dialogues-economiques-leco-a-portee-de-main/entre-expulsion-et-retour-volontaire-la
    #expulsion #retour_volontaire #mots #sémantique #vocabulaire #migrations #asile #réfugiés #dichotomie #prix #coût

    Autres mots, @sinehebdo ?
    #migration_de_retour
    #migrant_rapatrié
    « #éjecté_volontaire »
    « #déplacé_poétique »

    ping @_kg_ @karine4

  • La Domination et les arts de la résistance

    Franz Himmelbauer

    https://lavoiedujaguar.net/La-Domination-et-les-arts-de-la-resistance

    James C. Scott
    La Domination et les arts de la résistance. Fragments du discours subalterne

    C’est assurément un « maître livre », comme l’écrit Ludivine Bantigny dans sa préface. Pourquoi ? Parce qu’il apporte un nouvel éclairage sur les rapports de domination. À propos de ces derniers, nous nous satisfaisons trop souvent d’une alternative binaire quelque peu simpliste : soit il y a de la domination « pure et dure », et une soumission tout aussi pure — et molle — des dominé·e·s (on pense à l’esclavage ou à d’autres situations de tyrannie, dont le patriarcat, par exemple), soit il y a aussi domination, mais avec le « consentement », en quelque sorte, des dominé·e·s — et c’est le motif de la « servitude volontaire ». Vous aurez déjà compris en lisant ces premières lignes que James C. Scott n’accepte ni l’un ni l’autre terme de l’alternative (une de ces alternatives « infernales » que dénonce la philosophe Isabelle Stengers comme l’un des sortilèges du capitalisme).

    Scott nous dit que ces rapports de domination sont des rapports dynamiques, qu’ils ne sont jamais figés. Entre dominants et dominés passe une ligne de front sans cesse mouvante et dont on peut sinon mesurer, du moins appréhender les mouvements à travers ce qu’il nomme « texte caché » et « texte public ». (...)

    #James_Scott #domination #résistance #discours_subalterne #masses #saturnales #stratagèmes #infrapolitique #zapatistes #ronds-points

  • Le #CNRS, #Darwin et la grande chaîne de l’#évolution chercheuse : quatre #tribunes et une conclusion | Academia
    https://academia.hypotheses.org/5859
    #recherche #antoine_petit #réactions

    Suite à l’intervention, à l’occasion des 80 ans du CNRS, d’Antoine Petit et d’Emmanuel Macron à propos de la loi programmatique pluriannuelle de la recherche en cours de préparation, plusieurs chercheurs et chercheuses se sont insurgés contre la vision scandaleusement caricatural qu’ont développée respectivement le PDG du CNRS et le Président de la République, et les dramatiques conséquences qu’ils souhaitent en tirer. Leurs conclusions s’apparentent à de précédentes, tirées au printemps (ce blog : “Bois morts, souches pourries et arbrisseaux : du choix du vocabulaire de la politique de l’emploi au CNRS“) et en 2014 : l’#idéologie qui nourrit la #politique_scientifique française fait preuve d’une remarquable continuité, même si le #discours s’affranchit désormais des convenances. Quelles conclusions en tirer ?

  • #Jeff_Crisp :

    “In the past 15 years, we seem to have gone from ’refugees being completely dependent on international aid’ to ’refugees being resilient entrepreneurs’. Both notions equally unsatisfactory!”

    Even worse, “refugees being globally connected entrepreneurs...”

    https://twitter.com/JFCrisp/status/1206418043712278528

    #résilience #dépendance #réfugiés #asile #migrations #discours #rhétorique #entrepreneurs #entreprenariat #indépendance #aide #charité #travail #humanitaire #humanitarianisme

    ping @isskein @karine4

  • La jet-set des escrologistes, par Nicolas Casaux
    https://www.facebook.com/nicolas.casaux/posts/10156947033822523

    Dans le monde anglophone (et parfois aussi dans le monde francophone, pour certains, dont le travail est traduit en français) : George Monbiot, Naomi Klein, Bill McKibben. Dans le monde francophone : Nicolas Hulot, Cyril Dion, Aurélien Barrau, Yann Arthus-Bertrand, Isabelle Delannoy, Maxime De Rostolan. Il y en a d’autres.

    Habitués des #médias de masse, ils tiennent des #discours qui, malgré quelques différences ou nuances, forment une même et unique perspective, correspondant à la définition grand public de l’écologisme.

    Ladite perspective s’appuie sur une évaluation très partielle de la situation. Sur le plan écologique, elle tend à réduire les nombreux aspects de la #catastrophe en cours à un problème de taux de #carbone dans l’atmosphère (réchauffement climatique), et de « ressources naturelles » que la civilisation (industrielle) doit — condition sine qua non de sa perpétuation, leur ambition principale — s’efforcer de mieux gérer. Que les autres êtres vivants, les autres espèces et les communautés biotiques qu’elles forment possèdent une valeur intrinsèque, ne se réduisent pas à de simples « ressources », est rarement évoqué.

    Sur le plan social, lorsqu’ils soulignent des problèmes, nos #escrologistes pointent du doigt les #inégalités économiques ou le chômage. Certains vont jusqu’à dire du mal du capitalisme, mais ne critiquent en réalité que certains excès du système économique dominant. D’autres fois, ils dénoncent, plus honnêtement, quelque « #capitalisme dérégulé » ou « débridé » (Naomi Klein dans "Tout peut changer"). Mais ils ne parlent que très rarement, voire pas du tout, des injustices fondamentales que constituent la #propriété privée, la division hiérarchique du travail, le #travail en tant que concept capitaliste, des rapports de #domination qu’implique une organisation technique de la #société — la bureaucratie, l’État. Ils n’expliquent jamais, ou très rarement et très timidement, sans rien en tirer, qu’à l’instar de l’État en tant que forme d’organisation sociale, les régimes électoraux modernes n’ont rien de démocratique, qu’ils relèvent plutôt de l’#aristocratie élective, et que leur fonctionnement est clairement verrouillé, garanti et gardé par divers mécanismes coercitifs, y compris par la #violence physique.

    Ils se contentent d’en appeler à une sorte de nouvelle révolution verte, au moyen d’un new deal vert (Green New Deal) qu’agenceraient les gouvernants. Car aux yeux de nos escrologistes, il s’agit toujours de compter, pour sauver la situation — pardon, la #civilisation, mais aussi la planète, prétendument, puisqu’il est possible et souhaitable, d’après eux, de tout avoir — sur les dirigeants étatiques ou d’entreprise. New deal vert censé permettre de créer des tas d’emplois verts, au sein d’entreprises vertes, dirigées par des patrons verts — une exploitation verte, une #servitude verte —, de donner forme à une civilisation industrielle verte dotée de commodités technologiques vertes, smartphones verts, voitures vertes, etc., alimentés par des énergies vertes, et ainsi de suite (on parle désormais, de plus en plus, d’énergies "non-carbonées" plutôt que d’énergies "vertes", ce qui permet, à l’aide d’un autre #mensonge, de faire rentrer le #nucléaire dans le lot ; partout, vous pouvez remplacer "vert" par "non-carboné" ou "zéro carbone", ou "carboneutre", l’absurdité est la même).

    Au bout du compte, leur #réformisme à la noix vise uniquement à repeindre en vert le désastre en cours : repeindre en vert les oppressions, les dominations, les injustices. À faire croire qu’il est possible de rendre verte, durable, la civilisation technologique moderne — une rassurance dont on comprend aisément pourquoi elle est la bienvenue dans les médias de masse, pourquoi elle plait à tous ceux dont c’est la principale ambition. Un mensonge grossier : rien de ce qu’ils qualifient de vert ne l’est réellement. Une promesse creuse et, au point où nous en sommes rendus, criminelle. Affirmer, en 2019, comme le fait Aurélien Barrau dans son livre de promotion de l’écologie, pardon, de l’#escrologie, que ce qu’il faut, c’est "que nous nous engagions solennellement à ne plus élire quiconque ne mettrait pas en œuvre des mesures fermes" (pour tout repeindre en vert), "que les citoyens n’envisagent même plus de choisir pour représentant quiconque ne s’engagerait pas" (à tout repeindre en vert), zut alors.

    On peut croire à tout ça. C’est très con, mais on peut y croire. Surtout lorsqu’on fait partie des puissants, de ceux qui tirent leur épingle du désastre actuel — mais pas seulement, puisque, conditionnement aidant (c’est à ça que servent nos escrologistes) c’est même la religion dominante.

    Mais comment font certains pour continuer à dire que nous voulons tous la même chose, que nous devrions cesser de critiquer ces #éco-charlatans parce que nous voulons comme eux au bout du compte, que nous sommes tous pareils, etc. ?!

    #greenwashing

  • If world leaders choose to fail us, my generation will never forgive them

    We are in the middle of a climate breakdown, and all they can talk about is money and fairytales of eternal economic growth.

    This is all wrong. I shouldn’t be standing here. I should be back in school on the other side of the ocean. Yet you all come to me for hope? How dare you! You have stolen my dreams and my childhood with your empty words. And yet I’m one of the lucky ones. People are suffering. People are dying. Entire ecosystems are collapsing. We are in the beginning of a mass extinction. And all you can talk about is money and fairytales of eternal economic growth. How dare you!

    For more than 30 years the science has been crystal clear. How dare you continue to look away, and come here saying that you are doing enough, when the politics and solutions needed are still nowhere in sight.

    You say you “hear” us and that you understand the urgency. But no matter how sad and angry I am, I don’t want to believe that. Because if you fully understood the situation and still kept on failing to act, then you would be evil. And I refuse to believe that.

    The popular idea of cutting our emissions in half in 10 years only gives us a 50% chance of staying below 1.5C degrees, and the risk of setting off irreversible chain reactions beyond human control.

    Maybe 50% is acceptable to you. But those numbers don’t include tipping points, most feedback loops, additional warming hidden by toxic air pollution or the aspects of justice and equity. They also rely on my and my children’s generation sucking hundreds of billions of tonnes of your CO2 out of the air with technologies that barely exist. So a 50% risk is simply not acceptable to us – we who have to live with the consequences.

    To have a 67% chance of staying below a 1.5C global temperature rise – the best odds given by the Intergovernmental Panel on Climate Change – the world had 420 gigatonnes of carbon dioxide left to emit back on 1 January 2018. Today that figure is already down to less than 350 gigatonnes. How dare you pretend that this can be solved with business-as-usual and some technical solutions. With today’s emissions levels, that remaining CO2 budget will be entirely gone in less than eight and a half years.

    There will not be any solutions or plans presented in line with these figures today. Because these numbers are too uncomfortable. And you are still not mature enough to tell it like it is.

    You are failing us. But the young people are starting to understand your betrayal. The eyes of all future generations are upon you. And if you choose to fail us I say we will never forgive you. We will not let you get away with this. Right here, right now is where we draw the line. The world is waking up. And change is coming, whether you like it or not.

    https://www.theguardian.com/commentisfree/2019/sep/23/world-leaders-generation-climate-breakdown-greta-thunberg
    #Greta_Thunberg #climat #jeunesse #résistance #croissance #croissance_économique #espoir #discours #collapsologie #effondrement #nouvelle_génération #accusation #responsabilité #technicisme #action

    ping @reka

    • Environnement.À l’ONU, Greta Thunberg s’en prend aux leaders du monde

      Conviée à New York pour s’exprimer lors d’un sommet spécial des Nations unies sur la question du climat, la jeune activiste suédoise s’est lancée dans une allocution enflammée.

      Les paroles utilisées sont fortes et l’image qui les accompagne est tout aussi poignante. Lundi 23 septembre, lors du sommet sur l’urgence climatique organisée par les Nations unies, Greta Thunberg s’est attaquée une nouvelle fois aux leaders du monde, coupables de ne pas en faire suffisamment face aux bouleversements climatiques en cours.

      Je ne devrais pas être là, je devrais être à l’école, de l’autre côté de l’océan. […] Comment osez-vous ? Vous avez volé mes rêves et mon enfance avec vos paroles creuses. Les gens souffrent, les gens meurent. Des écosystèmes entiers s’effondrent, nous sommes au début d’une extinction de masse et tout ce dont vous pouvez parler, c’est de l’argent. Comment osez-vous ? Comment osez-vous regarder ailleurs et venir ici en prétendant que vous en faites assez ? […] Vous dites que vous nous entendez et que vous comprenez l’urgence, mais je ne veux pas le croire.”

      La jeune Suédoise a prononcé ces phrases le visage rempli d’émotion et presque en larmes, comme on peut le voir sur les images de cette vidéo relayée par le quotidien britannique The Guardian :

      https://www.youtube.com/watch?v=TMrtLsQbaok

      Hier, le 22 septembre, la veille de cette allocution de Greta Thunberg aux Nations unies, le journal suédois Svenska Dagbladet avait également épinglé le comportement des responsables de la planète en faisant aussi référence aux nombreuses manifestations pour le climat organisées par des jeunes activistes ces deux derniers jours.

      “Pour les hommes politiques et les entreprises, cela a une grande valeur en matière de relations publiques d’être associés à des jeunes représentant l’espoir pour l’avenir […], mais il y a quelque chose dans les cris de soutien joyeux qui néglige le sérieux du message de ces jeunes”, pointe le journal qui ajoute :

      “Les adultes utilisent des clichés quand ils parlent de la prochaine génération […]. Mais ils deviennent rarement sérieux et ne mènent pas de dialogue réel avec ceux qui, un jour, prendront le relais. Seuls ceux qui ont vraiment le pouvoir peuvent décider du monde qu’ils laissent derrière eux.”

      https://www.courrierinternational.com/article/environnement-lonu-greta-thunberg-sen-prend-aux-leaders-du-mo

      #this_is_all_wrong

    • Women and non-binary people of colour on what the Global Climate Strike means to them

      Today, millions of people across the world mobilised for the Global Climate Strike, calling on their governments to start enacting solutions to climate breakdown.

      Here in the UK, the environmental movement has a whiteness problem. People of colour will be the first to be affected by climate change, but they’re the voices we seem to hear from the least on this matter. The face of the climate movement has seemingly become the white middle-class because they have the privilege of being able to take time off work for these protests, the money to significantly change their lifestyles to be more eco-friendly and the security of being able to trust the police.

      With that in mind, I headed out to Westminster to join the protests and talk to women and non-binary people of colour about why they came out today and what organisers could be doing to better include people colour.


      https://gal-dem.com/women-and-non-binary-people-of-colour-on-what-the-global-climate-strike-mea

    • On environmentalism, whiteness and activist superstars

      After a powerful and emotional speech at the climate summit in New York, climate activist Greta Thunberg’s profile is bigger than ever, as if that were even possible. Founder of the school strike movement, it feels that Greta has played a huge part in galvanising an incredibly cohesive and urgent movement for climate justice in the short period of one year. I am also personally a huge admirer of hers, and am particularly heartened by the way she has discussed disability in the spotlight. But in the past few days, I’ve seen a number of people, notably artist and activist Bree Newsome Bass, discussing Greta’s whiteness in relation to size of her platform.

      In some ways this is an important point – activists of colour like Mari Copeny a.k.a. Little Miss Flint, who has been raising awareness and funds for the water crisis since she was eight, have received far less attention for their activism. But I’m less interested in this criticism levelled towards Greta as a person – she is a 16-year-old, autistic girl who has endured a lot of ableism and misogyny in her time in the public eye. Instead, I think it’s important that we think about the structures that consistently centre whiteness, and white individuals, both within coverage of the climate crisis and outside of it. It is this that speaks to a larger problem of white supremacy and an obsession with individuals in the media.

      We know that under white supremacism, both the media and its audiences disproportionately spotlight and uplift whiteness. And as we saw most recently in criticisms of Extinction Rebellion, the climate justice movement certainly isn’t exempt from reducing people of colour to an afterthought. This feels all the more frustrating when the issue of climate justice disproportionately affects indigenous communities and people of colour, and has rightly led many people of colour to ask: will white people only pay attention to the climate catastrophe when it’s other white people delivering the message? This doesn’t mean we should pay less attention towards Greta on the basis of her whiteness, but instead we should criticise the white supremacist climate that means that activists like Mari Copeny get sidelined.

      “The media prefers individual ‘star’ activists to faceless movements. But this complicates representation”

      Part of this problem also lies in the issue of fame in and of itself. To a certain extent, we buy into the cult of the individual when we inject 16-year-old activists into the realm of celebrity, when they really came to tell us to take action. The media prefers individual “star” activists to faceless movements. But this complicates representation – it’s impossible for one person to truly represent everyone. Equally, when we suggest swapping out one activist for another (e.g. swapping a white autistic woman for say, a black neurotypical man), we buy into a mindset that insists there is only space for one person to speak.

      This focus on the individual is evident in conversations around Greta’s work; each time she makes a speech, pens an article or crafts a viral Instagram post, it feels as though around 50% of the aftermath involves discussion of the climate issues she’s talking about – while the other 50% is usually about Greta herself. This is also why the pressure and criticism directed towards her sometimes feels unfair – it’s worth considering that Greta didn’t ask to be a celebrity, we made her into one. We can address and deconstruct this problem by thinking beyond individuals – and also talking about movements, community groups and even our most abstract modes of thinking about the climate crisis (particularly with regards to decolonisation). This will naturally involve making much-needed space for the voices of people of colour. Although we may always seek leaders and figureheads for movements, an obsession with star power can only take us so far.

      The first and most obvious thing we should do is to remain aware of the ways in which the media, and viewers who participate in it, centre whiteness. Then we should resist it. This doesn’t mean attacking white activists who are doing good work, but instead spotlighting and uplifting activists of colour whose messages equally need to be heard. A good place to start would be reading and listening to the words of Artemisa Xakriabá, Helena Gualinga, Mari Copeny and Isra Hirsi. When we bring focus towards activists of colour, we prove that activism isn’t a project that has only limited space for a certain number of voices. It reduces the amount of misogynistic and ableist abuse that young activists like Greta face, whilst in turn tackling the issue of putting whiteness on a pedestal. Importantly, this goes hand-in-hand with pushing against the media’s constant need to position individual people as the monolithic faces of particular movements. Signal-boosting groups like Black Lives Matter, Wretched of the Earth, Indigenous Environmental Network, Grassroots Global Justice Alliance and Climate Justice Alliance also emphasises the importance of collective work. After all – the issue of the climate operates along so many axes of oppression, including racism, misogyny, ableism and class – so we need more marginalised voices than ever involved in the conversation.

      http://gal-dem.com/on-individualism-whiteness-and-activist-superstars

      #blancs #noirs #activisme #activisme_climatique

    • La haine contre Greta : voici ceux, avec nom et adresse, qui la financent !

      Il est généralement accepté que les vainqueurs des élections européennes du 26 mai ont été l’extrême droite et les Verts. Et il est aussi généralement accepté qu’aux succès des Verts ont contribué grandement les mobilisations sans précédent d’une jeunesse s’inspirant de la combativité et des thèses radicales de la jeune suédoise Greta Thunberg. En conséquence, il n’est pas surprenant que cette extrême droite choisisse d’attaquer ce qu’elle appelle « le mythe du changement climatique » et surtout, cible de plus en plus son attaque sur la personne de cette Greta Thunberg qui galvanise la jeunesse en Europe et au-delà !

      À la tête de la campagne contre Greta, ponctuée de centaines de textes et de photomontages souvent très vulgaires, il y a trois des plus importants partis européens d’extrême droite : Le Rassemblement National français, le #AFD allemand et l’#UKIP britannique. Et derrière ces partis d’extrême droite et de leur campagne abjecte, deux think-tanks climato-sceptiques conservateurs, le #EIKE (Institut Européen pour le Climat et l’Énergie) et le #CFACT-Europe (Comité pour un Lendemain Créatif), lesquels soutiennent de manière multiforme, et pas seulement avec des « arguments » et des conférences, la négation de la catastrophe climatique par l’extrême droite.

      L’Institut #EIKE, de la bouche de son vice-président, nie évidemment d’avoir le moindre rapport avec AFD, bien que ce vice-président du nom de #Michael_Limburg ait été récemment candidat de ce même... AFD ! Il faut dire que EIKE qui, ensemble avec AFD, a pu organiser des journées climato-sceptique même... à l’intérieur du Parlement allemand, est sorti de l’anonymat grâce à la conférence annuelle qu’il organise depuis des années avec un certain succès, puisqu’elle a pu influencer l’attitude de l’Union européenne au sujet du changement climatique. Cependant, c’est exactement cette conférence annuelle de EIKE qui est coorganisée par deux organisations américaines : Le CFACT-US, lequel finance évidemment sa filiale européenne du même nom. Et surtout, l’#Institut_Heartland, lequel, selon The Economist, « est le think-tank mondialement le plus connu parmi ceux qui défendent le scepticisme au sujet du changement climatique dû à l’homme ».

      C’est exactement à ce moment que les enquêtes et les révélations du Institute of Strategic Dialogue (ISD) britannique et de Greenpeace acquièrent une énorme importance politique car elles mettent en lumière les forces économiques qui sont derrière ceux qui nient la catastrophe climatique, mais aussi derrière le « phénomène » d’une extrême droite européenne (et mondiale) qui monte en flèche. En effet, tant CFACT-US que l’Institut Heartland sont financés plus que généreusement par le très grand capital américain, par #ExxonMobil, la famille #Koch, deuxième plus riche famille nord-américaine qui domine – entre autres – dans le secteur du pétrole, la famille #Mercer qui est aussi un des principaux financeurs du président #Trump, ou même #Microsoft et #RJR_Tobacco ! Il faut noter que Heartland a des antécédents en tant que serviteur des visées inavouables du grand capital, puisqu’il fut jadis l’agent principal de la propagande des géants du tabac qui niaient le rapport existant entre le tabagisme et le cancer. Ce n’est pas donc surprenant qu’à cette époque son principal financeur fut... #Philip_Morris... [1]

      Mais, il ne faut pas croire que l’Institut Heartland est un simple “outil” indolore et incolore dépourvu de ses propres thèses et actions. De ce point de vue, le CV de son nouveau président #Tim_Huelskamp est très éloquent et didactique. Dirigeant du très conservateur #Tea_Party, #Huelskamp s’est distingué comme député (qu’il a été jusqu’à 2017) de l’aile la plus réactionnaire des Républicains et a toujours entretenu des liens étroits avec l’extrême droite américaine. Il est aussi à noter que de tous les députés américains, c’est lui qui, pendant très longtemps, a reçu les plus grandes sommes d’argent de la part des compagnies de combustibles fossiles, et qu’il les a « remerciés » en votant toujours contre toute tentative de légiférer contre leurs intérêts...

      Grâce à un document interne de Heartland, qui a fuité, on a pu apprendre – et en détail – non seulement l’étendue de son financement par le très grand capital (plusieurs millions de dollars), mais aussi l’ « investissement » de ces sommes dans un large éventail d’activités qui vont du paiement des « salaires » à des bloggeurs qui influencent l’opinion publique et des « scientifiques » qui parcourent le monde niant la catastrophe climatique, à l’écriture et la publication du matériel propagandiste qui cible les écoles et leurs élèves. Par exemple, le groupe de « scientifiques » chargé de « contredire » les conclusions des travaux du Groupe d’Experts Intergouvernemental... coûte 300 000 dollars par an, tandis que la propagation de la thèse qui veut que « la question du changement climatique soit controversée et incertaine »... dans les écoles primaires leur coûte 100 000 dollars !

      Nous voici donc devant la révélation d’une réalité qui jette quelque lumière sur quelques-uns des grands « mystères » de notre époque. Tout d’abord, l’extrême droite européenne ou tout au moins quelques-uns de ses poids lourds, entretiennent des liens étroits – s’ils ne sont pas dépendants – avec un centre/état-major politique et économique qui se trouve aux États-Unis, et plus précisément à la Maison Blanche et aux financeurs et autres soutiens du président Trump [2] ! Ensuite, ce n’est pas aussi un hasard que cette « internationale brune » semble être arrivée à la conclusion que la question de la catastrophe climatique et plus précisément, le – plus en plus ample et radical – mouvement de jeunes qui luttent contre elle représentent la plus grande menace pour ses intérêts et pour la domination du système capitaliste dans les années à venir. Et enfin, ce n’est pas également un hasard si cette « internationale brune » et plus précisément sa « section » européenne concentrent aujourd’hui en toute priorité leur attaques sur la personne de Greta Thunberg, l’incontestable égérie, théoricienne et en même temps coordinatrice des mobilisations de jeunes presque partout en Europe et au-delà.

      Voici donc comment se présente actuellement le rapport de l’extrême droite avec le grand capital. Non pas de façon abstraite et dogmatique, mais concrètement, avec des financeurs et financés qui ont non seulement nom et adresse, mais aussi des intérêts tangibles et des « causes » à servir. Cependant, tout ce beau monde ne fait que son boulot. Si la gauche faisait le sien, la situation serait bien différente…

      http://www.cadtm.org/La-haine-contre-Greta-voici-ceux-avec-nom-et-adresse-qui-la-financent

  • #Hugues_MOUTOUH : « Le mot “#migrants” traduit un parti pris idéologique que nous devons refuser »

    Le terme de « migrants » s’est imposé dans le ­#discours public et désigne indistinctement des ­réalités très différentes. À la faveur de ce mot ­s’impose ­subrepticement une vision de l’immigration à l’opposé du vœu des Français, s’inquiète l’ancien préfet Hugues MOUTOUH.

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    Depuis quelques années déjà, l’actualité européenne ne parle plus que d’eux. Ils font régulièrement la une des journaux télévisés, sont le sujet de nombreuses conférences intergouvernementales et la source de bien des brouilles diplomatiques. On dit même qu’ils pourraient achever de saper le projet européen, à force de mettre à l’épreuve la solidarité des États membres. Mais de qui parle-t-on ? Des « migrants », bien sûr.

    La France, comme les autres pays européens, n’échappe pas à la fameuse « crise migratoire ». Il suffit d’ouvrir n’importe quel journal de ces derniers jours pour s’en convaincre : « Loire-Atlantique : la préfète juge parfaitement insupportable l’existence d’un campement de migrants dans le centre de Nantes » ; « Nord : les autorités évacuent à nouveau le campement de migrants de Grande-Synthe, où vivent environ 500 personnes ».

    Pas une semaine sans que les mots de « migrant » ou de « migration » ne viennent alimenter les chroniques de presse ou déclarations des personnalités politiques. Tout ou presque sur ce sujet semble avoir été dit… excepté peut-être l’essentiel : pourquoi parle-t-on aujourd’hui de « migrants » et de « migrations » ?

    Ce vocable est nouveau dans la bouche des journalistes et des politiques. Voilà quelques années, les mêmes auraient décrit le phénomène auquel nous sommes actuellement confrontés avec des mots plus classiques. On aurait parlé de #réfugiés, de vagues d’immigrés ou de #clandestins, selon le point de vue adopté. Entre hier et aujourd’hui, les réalités que désignent ces mots n’ont pas changé. Des personnes quittent leurs pays, toujours pour des raisons identiques : la guerre, la famine, ou, le plus souvent, l’espérance d’une vie meilleure plus au nord. En fin de compte, la seule vraie nouveauté est d’ordre sémantique. Dorénavant, d’Emmanuel MACRON à Marine LE PEN, en passant par Jean-Luc MÉLENCHON, un même mot est utilisé pour désigner la chose. Exit la figure de « l’#immigré » ! Dépassé, le débat sur « l’#immigration ». C’est du « migrant » dont il est question.

    « La seule vraie nouveauté est d’ordre sémantique »

    Cette évolution du langage n’est ni anodine ni innocente. On sait qu’en politique, plus que dans n’importe quel autre domaine, les mots ont un sens. Chaque époque conditionne ainsi, à travers les mots que l’on emploie, ce qu’il est possible et acceptable de dire.

    Ce n’est ni par anti-modernisme ou simple esprit de réaction que, pour notre part, nous pensons préférable de reparler en 2018 d’« #immigration ». C’est parce que, selon nous, seul l’emploi de ce terme permet de traiter du sujet comme il devrait l’être : uniquement sous l’angle #politique et non à travers un prisme déformant, exclusivement #humanitaire. Nul ne peut contester à un pays le droit de contrôler en toute #souveraineté son immigration. Il n’y a là aucune question #morale, juste un peu de #droit au service d’une politique nationale. L’immigré est l’#étranger qu’un État accepte d’accueillir sur son sol pendant une durée déterminée, à la condition qu’il se conforme aux règles d’entrée et de séjour qui lui sont signifiées. Lorsqu’il se trouve en situation irrégulière, il n’a vocation ni à entrer ni à demeurer sur le territoire de cet État. Les cas des #demandeurs_d’asile_sincères appellent un traitement particulier, mais le détournement du droit d’asile en filière d’#immigration_illégale doit cesser.

    Or, dès lors que l’on parle de « migrants » et de « migration », les termes du débat se trouvent faussés. S’installe alors, au profit de ces mêmes étrangers, une présomption de #devoir_d’accueil, avec un renversement inédit de la #charge_de_la_preuve : les gouvernants se retrouvent sommés de s’expliquer devant le tribunal de l’opinion. Ils doivent se justifier de ne pas accueillir chaque jour toujours plus de « migrants », qui semblent se voir reconnu (par qui et au nom de quoi ?) un véritable droit de créance sur les États européens, une sorte d’incroyable et de terrible #pouvoir_d’exiger.

    Refuser de parler de « migrants » est donc tout sauf une #coquetterie_langagière. C’est un véritable #acte_de_résistance, le refus de reconnaissance à notre encontre d’une #dette positive pesant sur nos épaules et surtout celles des générations futures. Non, les « migrants » qui sont convoyés par les nouvelles mafias, avec le concours irresponsable (mais pas toujours naïf) de quelques #ONG, ne peuvent exiger de la France, de l’Allemagne ou de l’Italie tout un ensemble de prestations qui vont du droit à l’accueil et à l’assistance au droit au logement, en passant par le droit au travail ou à l’instruction.

    Qui ne comprend qu’accepter de parler de « migration » revient non seulement à faire le jeu de ceux qui militent depuis toujours pour l’abolition des frontières et la fin des nations, mais donne aussi le sentiment que l’Europe est une terre à conquérir ? Pour concevoir et faire appliquer une politique en matière d’immigration, il faut d’abord mener la bataille des mots.

    https://www.association-iceo.fr/actualite-par-thematiques/opinion/hugues-moutouh-le-mot-migrants-traduit-un-parti-pris-ideologique-qu
    #terminologie #mots #vocabulaire #asile #migrations #réfugiés #migrant

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    Le collègue qui m’a envoyé ce texte par email a commenté ainsi :

    Quand on entre dans ce niveau d’approche sémantique, cela ouvre l’attention ? Quand on voit un Préfet parler des « des journalistes et des politiques », ca sent toujours le roussi. A mon avis, il y a un là un personnage intéressant pour comprendre comment la « #peste_brune » pénètre les services de l’État.

    https://www.association-iceo.fr/actualite-par-thematiques/opinion/hugues-moutouh-le-mot-migrants-traduit-un-parti-pris-ideologique-qu

    ping @karine4 @reka @isskein

    Notez ce magnifique terme :
    "#demandeurs_d’asile_sincères" —> @sinehebdo
    #sincérité (et donc #mensonge #abus, vrais et faux réfugiés, #catégorisation)

  • Les #mots du #pouvoir :

    “Prendre le train des réformes, Créer du lien social, définir de nouveaux projets de relance de la croissance en synergie avec les partenaires sociaux et en privilégiant le dialogue social aux blocages et aux prises en otages inacceptables de la part d’une frange toujours plus radicalisée de l’ultra gauche.” Etc....Cette #rhétorique envahit tous les esprits et les médias, son omniprésence impose un mode de pensée et surtout une nouvelle forme de #gouvernementalité.

    La carte présentée est l’illustration sous forme d’un #plan_de_métro de la #rhétorique_néolibérale. Le plan de métro est choisi pour sa référence populaire, sa facilité d’appropriation et puis surtout il permet d’illustrer : « le #train_des_reformes ».

    Lecture du plan :

    – Les lignes regroupent des termes attachés à un concept.
    – Les stations portent les mots qui composent et illustrent ce concept.
    – Les correspondances permettent de changer de concept au cours d’une discussion.
    – Enfin, un ‘périphérique’ nommé "embellissement du discours" dans lequel ont peut pioché a tout moment pour illustrer la "détermination" "sans faille" du discours.

    La liste des lignes :

    La #globalisation / la #mondialisation
    L’esprit de l’entreprise
    La #rhétorique_guerrière
    Le #peuple et les #élites
    Les #valeurs de la #République
    La #communication et l’#éducation
    Le train des #réformes
    L’#état_social actif
    L’#étranger et le problème de l’#immigration
    Désamorçage de la critique et #dialogue_social
    La #société_civile à la rescousse
    Les embellissements périphériques du #discours
    Le management de l’individu

    C’est ce que l’on peut appeler : un "#poster_de_chiotte" . Dans le sens où c’est le genre de poster que l’on ne peut voir en une fois. Le meilleur moyen de le lire et de le décrypter c’est de l’afficher aux #toilettes. Là, dans un colloque singulier, on pourra à loisir recomposer des discours mémorables à l’aide de la carte que nous vous proposons.

    On peut aussi s’en servir comme générateur de discours. C’est une machine à #xylolangage.

    Comment briller dans les rapports avec l’administration, les élus et autres fonctionnaires ayant fait allégeance et soumission au pouvoir ?
    Un p’tit coup d’oeil sur la carte et hop à nous le plaisir du flatteur pour leur faire laisser tomber le fromage (pour ceux qui convoitent des subventions par exemple..).

    #cartographie #visualisation

    Quant au poter de chiotte... je l’ai effectivement vu dans une chiotte dans une librairie de Grenoble...

    http://www.arterroriste.eu/paysages-invisibles/mots-du-pouvoir
    #néolibéralisme #vocabulaire #terminologie

    A découvrir en complément avec la carte de @odilon sur les lieux de pouvoir à Paris...
    https://visionscarto.net/lieux-de-pouvoir-a-paris

    ping @albertocampiphoto @reka

  • Les agents des impôts aux premières loges du ras-le-bol fiscal , Benoît Floc’h, Le Monde
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/27/les-agents-des-impots-aux-premieres-loges-du-ras-le-bol-fiscal_5402530_3224.

    Les agents des impôts aux premières loges du ras-le-bol fiscal
    Selon la direction générale des finances publiques, 250 incidents se sont produits dans des #centres_des_impôts depuis le début du mouvement des « #gilets_jaunes ».

    Le ras-le-bol fiscal, ce sont les agents des impôts qui en parlent le mieux. Eux qui sont quotidiennement confrontés à cette colère sourde, qui s’est manifestée de manière spectaculaire avec le mouvement des « gilets jaunes ». « On le ressent constamment, presque tous les jours », constate Laurent Hutin, représentant syndical Solidaires finances publiques. Pour ce contrôleur des impôts, qui travaille à Cambrai (Nord), le ras-le-bol fiscal a pris le visage de « cette petite mémé qui pleurait dans mon bureau, il y a quelques mois, parce qu’elle n’arrivait plus à payer ses impôts ». « Je n’avais jamais vu ça, soupire-t-il. On essaie de se blinder, mais la souffrance des gens, ça désarçonne… »

    Les Français, qui détiennent le record d’Europe de la pression fiscale, ne veulent plus de taxes. Et pour que le message soit bien clair, certains « gilets jaunes » ont joint le geste à la parole en s’en prenant physiquement aux centres des impôts. Selon les chiffres transmis au Monde par Bercy, 250 incidents se sont produits en France depuis le début du mouvement, fin octobre. Cela va « des #dégradations de serrures à la pose de murs devant les entrées, plus quelques cas d’#incendies de poubelles et vitres brisées », détaille Bercy. Solidaires, le premier syndicat du secteur, en a dénombré « 136, dont 55 avec des dégradations matérielles importantes ».

    Cela couvait depuis longtemps

    Le 17 décembre, le centre des impôts de Thonon-les-Bains (Haute-Savoie) a été vandalisé : des vitres ont été brisées et un feu a été allumé. « Dix impacts de jets de pierre ou de coups de masse » ont été relevés sur la devanture, a constaté France Bleu Pays de Savoie. A Villefranche-de-Rouergue (Aveyron), « une balle de foin pourri » a été placée devant l’entrée du bâtiment, a relaté La Dépêche. Des actions plus violentes avaient eu lieu à Saint-Andiol (Bouches-du-Rhône), Castres (Tarn) ou Falaise (Calvados)…

    Mais, en réalité, cela couvait depuis longtemps. « Le mouvement des “gilets jaunes” met sur la place publique un sentiment que l’on ressentait depuis longtemps », explique Laurent Hutin. Les agents des impôts sont aux premières loges, surtout lorsqu’ils sont à l’accueil, pour observer les affres du « consentement à l’#impôt ».
    « Oui, on le vit, le ras-le-bol fiscal, témoigne Sophie, en poste dans la région parisienne, qui souhaite conserver l’anonymat. Les gens disent qu’ils ne veulent plus d’impôts. Or, c’est notre métier de les recouvrer… » D’où cette colère à laquelle ils sont parfois confrontés.
    Même si certains contribuables font la part des choses : « On est le réceptacle d’une rancœur, mais pas la cible, relativise Sylvain, fonctionnaire en Corse. Le ras-le-bol fiscal, il existe, mais il n’est pas dirigé contre nous. On nous dit “on paie trop d’impôt, mais vous êtes logés à la même enseigne que nous…’’ »

    Subtilités byzantines de la #fiscalité

    Pour Sylvain, la complexité administrative accroît considérablement l’exaspération de citoyens considérant déjà qu’ils sont trop taxés. « J’ai en mémoire le cas d’une personne, raconte-t-il, qui avait obtenu gain de cause [après une réclamation]. Mais elle ne comprenait pas le courrier qu’on lui avait envoyé… Les gens ne comprennent plus le langage de l’administration. C’est frappant chez les jeunes : ils ne comprennent rien à ce qu’on leur dit. »

    Mais, au-delà du langage, c’est surtout la complexité même de la fiscalité qui pollue les relations entre fonctionnaires et contribuables. « Ce sont les #impôts_locaux les plus compliqués à comprendre, déplore Yves Peyras, contrôleur des finances publiques à Toulouse. Selon que vous disposez d’une douche ou d’une baignoire, vous ne payerez pas le même montant de taxe sur votre logement… »
    Sur ce point, la volonté du gouvernement de supprimer progressivement la #taxe_d’habitation devrait satisfaire ceux qui se perdent dans les subtilités byzantines de la #fiscalité_locale… Même si cette annonce a, elle aussi, embrouillé les contribuables. C’est ce qu’Arlette Crouzet, responsable du service des impôts des particuliers Grenoble-Chartreuse, a expliqué à Olivier Dussopt, le 19 novembre, lors d’une visite du secrétaire d’Etat. Elle évoque « beaucoup de réactions épidermiques. Certaines personnes avaient compris qu’elles auraient droit à une exonération à 100 % d’un coup. D’autres avaient bien saisi qu’elles n’auraient droit qu’à un tiers cette année, mais elles ont vu leur taux augmenter à cause des collectivités locales… Bref, les agents ont dû faire face à des entretiens parfois délicats et même houleux. Il y avait un gros décalage entre ce que les gens entendaient dans les médias et ce que nous étions alors en mesure de leur expliquer . »

    Trop d’impôts, trop complexes, et « il y a toujours des gens révoltés contre l’injustice de la fiscalité », note Sandrine, contrôleuse qui travaille dans le Val-d’Oise. L’image du « président des riches » qui réduit l’impôt sur la fortune mais augmente la contribution sociale généralisée (#CSG) des #retraités a visiblement fait des ravages dans les trésoreries…

    « Rendre l’accueil sur place pénible »

    De multiples restrictions administratives nourrissent également ce ras-le-bol qu’un rien suffit à faire déborder. « Les personnes âgées ne comprennent pas qu’elles ne puissent plus payer par chèque », même si ce n’est plus financièrement pénalisé, relate par exemple Yves Peyras, le contrôleur de Toulouse, également représentant syndical Solidaires.

    L’impossibilité de payer en espèces pour des sommes inférieures à 300 euros est visiblement un sujet. Lors de la visite de M. Dussopt en Isère, la question est très vite arrivée dans la discussion qu’il a eue avec les responsables des services : « Avec la baisse de la taxe d’habitation, on a une recrudescence de gens qui viennent payer en liquide. Mais comme ce moyen de paiement est aujourd’hui interdit au-dessus de 300 euros, cela pose problème », a relevé Philippe Vasseur, responsable de la trésorerie de Saint-Martin-d’Hères.
    La crispation a semble-t-il été aiguë : « A cause du paiement en numéraire, a complété Philippe Leray, directeur départemental des finances publiques, on était au bord de la révolution au centre Rhin-et-Danube. Mais c’est un problème général dans le département et ça, on ne l’avait pas vu venir… »

    Il y a plus grave. Selon les agents interrogés, dans le souci de prendre le tournant du numérique et de faire des économies, Bercy voudrait que les usagers perdent l’habitude de venir dans les centres des impôts au profit des démarches en ligne. Concrètement, cela implique de « rendre l’#accueil sur place pénible , explique Sylvain. L’an passé, par exemple, la direction a fait enlever toutes les chaises de la salle d’attente… Mais chez nous, on reçoit beaucoup de personnes âgées, donc on a demandé à ce qu’elles soient réinstallées. »

    En revanche, lorsque son tour est arrivé, il faut se remettre debout, et le rester. « On les reçoit à la chaîne, poursuit l’agent corse, sur des sièges où l’on est mi-assis mi-debout. Mais c’est tellement inconfortable que personne ne s’en sert. Des voltigeurs, une tablette accrochée au bras, comme chez Orange, passent des uns aux autres et essaient de traiter ce qu’ils peuvent. »

    « Temps d’entretien mesuré »

    La direction générale des finances publiques « récuse formellement que des consignes ont été données pour forcer les gens à être debout ou limiter la durée des entretiens », indique-t-on à Bercy. L’administration centrale assure qu’elle ne privilégie aucun « moyen de contact » par rapport à d’autres. Le cabinet de M. Darmanin rappelle que celui-ci veut « augmenter le nombre de points de contacts physiques de 30 % ».

    Reste que le témoigne de Sylvain n’est pas isolé. La situation est comparable à Toulouse. Ou dans le Val-d’Oise : « Il y a quelques années, on recevait encore les gens dans des bureaux, rappelle Sandrine. On prenait le temps de leur expliquer. Aujourd’hui, ce n’est plus possible. On les reçoit debout pour que ça aille plus vite et qu’ils ne reviennent pas. Enfin, nous, on est assis et eux restent debout. On a pour consigne que l’entretien ne dépasse pas cinq minutes. On les incite à faire leurs démarches sur Internet. Mais là, du fait de la fracture numérique, vous perdez un quart des gens. »

    A Cergy, dans le même département, le dispositif est même un peu plus sophistiqué : « Notre temps d’entretien, explique Myriam Lebkiri, secrétaire départemental de la CGT, est mesuré automatiquement par un outil informatique : le gestionnaire de fil d’attente. Quand le temps est écoulé, ça passe au rouge. Quand on reçoit des #étrangers, qui ne maîtrisent pas le français, leur dire au bout de quelques minutes qu’ils doivent aller sur Internet, ça n’a aucun sens. Or, ces gens ont besoin de leur #avis_de_non-imposition : c’est le sésame pour obtenir leurs prestations, leur titre de séjour, la cantine des enfants, etc. »

    Toutes ces tracasseries rendent la communication difficile. « Quand ils viennent aux impôts, poursuit Mme Lebkiri, les gens pleurent, s’énervent… L’accueil du public est de plus en plus compliqué et on est de plus en plus tiraillé entre ce qui nous semble juste et ce que l’on nous demande de faire. » Sophie donne un exemple : « Certains attendent une heure, relate l’agente en région parisienne, et quand on les reçoit, on se rend compte que leur problème est complexe. Alors, on leur dit qu’ils doivent prendre rendez-vous… Les gens ne sont pas contents, mais on ne peut plus faire autrement… »

    Frustration des agents

    « Les gens ne comprennent pas que l’on soit injoignable au téléphone », constate Yves Peyras, qui invoque, comme d’autres le manque de personnels. « Allez sur Google Maps et regardez les commentaires associés à mon centre des impôts. Vous verrez… » Certains, en effet, sont sans ambiguïté : « C’est très dur de les avoir au téléphone, peste l’un. Ah, les impôts ! Ils adorent qu’on leur passe de l’argent, mais n’aiment pas qu’on leur pose des questions ou que l’on aille les voir… » Mais de nombreux autres témoignages évoquent un « service téléphonique efficace et très sympathique ».

    Pas sûr que cela suffise à remonter le moral des troupes, passablement affecté si l’on en croit les agents des impôts contactés. Beaucoup de fonctionnaires expriment de la frustration : « On n’est plus en mesure de remplir nos missions fiscales », déplore M. Peyras. Le contrôleur évoque le retard qui s’accumule dans le traitement des courriels. Un autre prévient : « Les collègues sont très consciencieux et l’administration compte là-dessus. Mais là, le seau est percé de partout et on n’arrive plus à accomplir toutes nos missions correctement. Par exemple, on ne fait presque plus de contrôle fiscal allégé : on prend pour argent comptant ce que nous déclarent les gens… Le régime des #autoentrepreneurs n’est plus du tout contrôlé chez nous. »
    Rien de tel, pourtant, que le sentiment que certains passent entre les gouttes du fisc pour nourrir… le ras-le-bol fiscal. Là encore, l’administration centrale dément en bloc, en mettant notamment en avant la dernière loi sur la lutte contre la #fraude_fiscale. « C’est une priorité qui ne subit aucun fléchissement », assure-t-on à Bercy.

    • Quel que soit le sujet, la presse pousse son agenda de prescription. Et si on doit parler des GJ, il faut que cela aille dans le sens du vent : les impôts sont trop élevés, les taxes sont trop nombreuses, les impôts sont trop élevés et vraiment les GJ, quelque part, l’ISF, ils sont contre eux aussi, et tiens d’ailleurs, on ne va pas parler des salaires, hein, ni de hausse de productivité, on va parler jusqu’à plus soif des impôts trop élevés.

      Ou on va à nouveau parler djihadisme et antisémitisme, puis on va parler sexisme et racisme, et ça va être tellement mignon que tout le monde va oublier combien ceux qui font cela sont habituellement teigneux avec les faibles et respectueux avec les puissants le reste du temps.

      On ne va pas parler des choses qui fâchent et qui sont trop compliquées : le partage de la valeur, l’évasion fiscale, les lobbys, non, on n’en parle pas. Pourtant, là aussi, il y a quelques records d’Europe à citer pour la France...

    • Oui, vous avez raison, on peut tous se fâcher des conneries monumentales et de la ligne politique de L’imMonde (la thèse rebattue de la #révolte_anti-fiscale), on peut aussi passer au tamis les énoncés de l’ennemi et y trouver d’autres perles qui rendent compte d’une situation dont on aurait pas aisément connaissance autrement, dont on voit comment ils émergent (au moins partiellement) dans le #discours_public_autorisé.

      Avoir du mal à obtenir un avis de #non_imposition a des conséquences matérielles dramatiques en matière de droits sociaux (et le Monde, pernicieux ?, de citer ici un « étranger » comme si les « aides sociales » leur étaient réservés. Privilégier l’administration à distance, la #taylorisation des services, c’est bien des soucis, et voilà que ça apparaît, voilé, dans la presse de régime.
      Cette vague de contestation, ces forces collectives qui se matérialisent le font aussi dans un contexte de #dématérialisation de la gestion des populations (ni bureaux, ni accueil).

    • @biggrizzly le mde c’est #la_voix_de_son_maitre mais j’espère bien qu’on va continuer à parler de sexisme ou de racisme et même d’attaques des centres des impots, non mais ! voila encore une excuse bidon qui n’empêche en rien de faire AUSSI des articles sur des lois que l’assemblée ou le sénat font passer actuellement en se foutant éperdument de la population, de parler salaires, licenciements, prison, droit de manifester etc.

      Les choix éditoriaux sont politiques mais tout est lié et le ferment de révolte des GJ est enfin commun aux oublié·es d’un bout à l’autre de la france pour les unir dans une #convergence_des_luttes.
      De quoi se plaignent les politiques de tout bord qui rêvaient pourtant bien de cette fameuse union nationale à récupérer à coup de je_suis_machin ou je_fais_du_foot voire jai_des_couilles … Je commençais à fatiguer de voir les gauchistes/syndicalistes/et même anarchomoncul cramponnés à leurs théories sur ce qu’il faudrait faire ou dire, en pleine réunionite pour compter la monnaie de leur silence. Sais-tu combien de fois les militant·es de telle spécificité ce sont retrouvé·es berné·es ces dernières années par des lois fourre-tout qui les empêchaient de fait de les contrer ?
      Un article comme celui-ci je le prends avec joie, c’est toujours ça, le blocage des centres des impôts a commencé et ce sera aussi le blocage des usines ou des banques si il le faut. Ceux qui n’ont rien et dont on a écrasé la gueule toute leur vie n’ont aussi pas grand chose à perdre et illes tapent là où est le nerf de la guerre et tant mieux.
      Et pour les médias, the most effective way to do it is to do it.

    • @touti : je suis totalement en phase avec ton point de vue, et comme d’autres fois, ma concision a évacué toute complexité. Je faisais cette remarque en lien avec le tag #belles_âmes initié par @aude_v et qui permet de suivre toutes ces instrumentalisations de ce qui nous est cher, instrumentalisations qui permettent de perpétuer le pire, sous couvert de s’apitoyer sur des sujets dont les mêmes #belles_âmes se foutent la plupart du temps.

      Oui, cet article évoque des choses importantes, et je les lis moi aussi avec étonnement et plaisir. Mais malgré tout, la voix de son maître ne peut pas s’empêcher de tirer la couverture là où il souhaite, à créer des causalités qui n’existent pas mais qui arrangent l’agenda des puissants. On va parler de l’antisémitisme, mais ce sera pour discréditer les GJ, on va parler de services publics en déshérence, mais ce sera pour dire qu’il y a trop d’impôts et de taxes et que ça crée du malheur chez les petites gens. Parfois, je trouve que le prix à payer pour entendre parler de choses qu’on désespérait de voir exister dans les médias de prescription est très élevé, parce que la conclusion que tout le monde retient en définitive est qu’il y a trop d’impôts. Et le gvt en toute décontraction va pouvoir agir dans le sens demandé par la majorité, il va baisser les impôts... (des plus riches).

      Ceci dit, je suis comme toi, je suis aux anges de constater cette convergence. Mais, le gouffre entre ceux qui convergent et les autres me semble de plus en plus grand. Si tu ne t’informes que par les médias de prescription, désormais, tu ne vois qu’une seule chose au 20h : les boutiques qui perdent de l’argent, les grandes surfaces qui perdent de l’argent, le chômage technique de telle ou telle petite boite. Tout le reste, la Réunion qui brûle, les rond-points bloqués, tu n’en entends pas parler (ah si, tu entends parler des GJ racistes, des GJ sexistes, des GJ nazis, des GJ antisémites et des GJ voleurs). Tu ne vois que les côtés négatifs. Et tu te dis que « vivement que ça s’arrête ».

    • Le prélèvement à la source, une réforme à hauts risques, Benoît Floc’h et Virginie Malingre
      https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/12/27/le-prelevement-a-la-source-une-reforme-a-hauts-risques_5402599_823448.html

      Alors que la crise des « gilets jaunes » a remis en lumière la question du pouvoir d’achat, certains redoutent l’effet psychologique de la réforme.

      C’est la #réforme qui ne peut plus être repoussée. Le 1er janvier 2019, le #prélèvement_à_la_source entrera en vigueur et trente jours plus tard, les contribuables découvriront sur leur fiche de #salaire ce qu’il leur reste pour vivre une fois l’#impôt_sur_le_revenu soustrait. Depuis des mois, Bercy se prépare à cette échéance à hauts risques. Le ministre de l’action et des comptes publics, Gérald Darmanin, n’a pas le droit à l’erreur, tant le sujet est politiquement inflammable.

      A l’Elysée, on mesure les risques, mais on affirme que « tout a été fait pour que la réforme se réalise dans les meilleures conditions ». « Nous sommes prêts, assure M. Darmanin au Monde. Il y aura sans doute des erreurs, mais certainement moins que dans l’ancien système de l’impôt “à la papa”, qui en a généré 3 millions en 2018 ! Les agents des finances publiques seront là pour les résoudre, ils font un travail formidable. » Quant au sentiment de gagner moins que pourraient avoir les Français en découvrant leur rémunération nette fin janvier, après retenue de l’impôt, l’exécutif veut croire que le travail de pédagogie effectué suffira à l’empêcher.

      La relation avec l’administration et le pouvoir d’achat sont deux écueils potentiellement déflagratoires, comme l’a notamment montré ces dernières semaines la mobilisation des « gilets jaunes ». Emmanuel Macron le sait. Au lendemain de son élection, il avait d’ailleurs décidé de repousser d’un an la mise en place du prélèvement à la source, initialement prévue pour janvier 2018. Fin août, le chef de l’Etat avait envisagé de la reporter une nouvelle fois, jugeant que les garanties apportées par Bercy n’étaient pas suffisantes.

      Au risque politique, s’ajoute un risque économique. Que les Français aient le sentiment de toucher moins d’argent, qu’ils décident en conséquence de moins consommer et cela pourrait se traduire directement dans les chiffres de l’activité, laquelle donne déjà des signes de ralentissement. « Il y aura un impact psychologique, en termes de pouvoir d’achat et de consommation », prévient le sénateur (LR) d’Eure-et-Loir Albéric de Montgolfier, rapporteur général de la commission des finances. Une mise en garde que le gouvernement ne peut négliger, alors qu’il a construit le budget 2019 avec une hypothèse de croissance de 1,7 % et que l’Insee mise désormais sur 1,3 %.

      Gains de trésorerie
      « Darmanin risque sa peau sur cette affaire », juge un macroniste de la première heure. On ne pourra en tout cas pas lui reprocher d’avoir ménagé sa peine. Dès qu’il en a l’occasion, le ministre issu de la droite plaide pour le prélèvement à la source. Il martèle qu’il ne s’agit pas d’une réforme de l’impôt sur le revenu, mais seulement de son mode de collecte. Dorénavant, l’impôt sera prélevé directement par l’employeur sur le salaire ou la caisse de retraite sur la pension. « Le prélèvement à la source est une façon plus simple de payer son impôt, a-t-il tweeté le 20 décembre. Nous sommes l’un des derniers pays à ne pas l’avoir mis en œuvre. »

      Bercy multiplie également les arguments pour convaincre que non seulement la réforme n’entraîne pas de perte de pouvoir d’achat, mais que, en plus, elle génère des gains de trésorerie. Notamment pour les contribuables mensualisés, qui sont aujourd’hui prélevés le 15 du mois et qui, à partir de janvier, le seront mécaniquement à la fin du mois, rappelle souvent Gérald Darmanin. « Elle permettra de nombreux gagnants en trésorerie et améliorera le quotidien de tous ceux qui connaissent des changements de situation familiale ou professionnelle », assure-t-il. Quant à ceux qui bénéficient de #crédits_d’impôt (services à la personne, frais de garde d’enfant, investissement locatif, etc.), ils percevront 60 % de cet avantage dès le 15 janvier, a décidé l’Elysée en septembre. Soit un transfert de 5 milliards d’euros.

      Par ailleurs, note le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, « les contribuables concernés par le prélèvement à la source sont très minoritaires, puisque 57 % des Français ne payent pas d’impôt sur le revenu, et que, parmi ceux qui le payent, 60 % sont déjà mensualisés ». Pour ces derniers, le fait de payer l’impôt sur douze mois, plutôt que sur dix – comme c’est le cas actuellement –, représente le principal atout de la réforme. C’est en tout cas ce que montre la dernière enquête Elabe sur ce thème, réalisée les 18 et 19 décembre. La même étude accrédite d’ailleurs l’image d’une réforme populaire : 68 % des Français y sont favorables.

      « Une affaire de perception »
      Néanmoins, au sein de la majorité parlementaire, son entrée en vigueur inquiète. « Jusqu’aux retraites, on n’a que des réformes impossibles, surtout le prélèvement à la source », juge un député LRM qui a l’oreille du président. Plusieurs élus évoquent l’enchaînement des mesures, qui brouille leur lisibilité. Pour le député LRM du Rhône Bruno Bonnell, « l’impact du prélèvement à la source n’est pas clair, il va masquer plus ou moins les baisses de cotisations de fin octobre ». « Mais en janvier, ajoute-t-il, il y aura la prime de fin d’année que certaines entreprises verseront, et, en février, la prime d’activité… Donc des plus et des moins, rien d’évident en perception ». Or, comme le dit un conseiller à l’Elysée, « la politique, c’est d’abord une affaire de perception » .

      L’administration fiscale a été mise sous pression, pour éviter au maximum les problèmes techniques. Depuis des mois, de nombreux tests ont été effectués, dont certains avaient donné des résultats calamiteux, comme l’avait révélé Le Parisien début septembre, quand Emmanuel Macron doutait de l’opportunité de mener à terme cette réforme.

      Mais, à en croire l’exécutif, tout serait réglé. « La préfiguration n’a pas révélé d’erreurs », indique-t-on dans l’entourage de Gérald Darmanin. Huit millions de fiches de paie tests ont été envoyées depuis octobre, manière de préfigurer le dispositif et d’acclimater les contribuables. Le ministre compare souvent la mise en œuvre du prélèvement à la source au « bug de l’an 2000 », quand le monde entier craignait que la transition d’un millénaire à l’autre ne fasse dérailler les systèmes informatiques. Il n’en fut rien.

      Certains syndicats se montrent moins affirmatifs. Solidaires finances publiques, le premier syndicat du secteur, appréhende l’arrivée des « #tiers_collecteurs » dans le circuit de l’impôt sur le revenu : les entreprises ou les caisses de retraite, notamment. « Quand vous multipliez les intervenants, vous multipliez les risques : les bugs peuvent venir d’ailleurs que de l’administration, estime Anne Guyot-Welke, sa porte-parole, mais ce sont nos services qui seront rendus responsables. » Et le ministre.

    • Effectivement, le passage en force du prélèvement mensuel obligatoire fait que beaucoup de personnes envisagent de fermer leur compte en banque et de rendre leur carte de crédit.
      Sans fric, pas de financiers, pas de banquiers.

      Le #holdup du gouvernement ne passe pas inaperçu, obliger chacun·e à donner un blanc seing mensuel sur son compte bancaire alors que dans le même temps les services publics sont sacrifiés avec les hopitaux en premier, ça risque de faire très mal, il n’y a qu’une dictature qui semble avoir été prévue au programme pour résoudre le conflit qui en résultera. Ces politiques sont complètement tarés.

  • Enigme musicale du 11 decembre - Nicolas Bruwier & Cyril Mossé
    http://www.radiopanik.org/emissions/les-promesses-de-l-aube/nicolas-bruwier-cyril-mosse

    Ce matin, on reçoit Nicolas Bruwier & Cyril Mossé, les réalisateurs de Charge($) Déraisonnable($), un documentaire de création que Radio Panik diffuse ce même mardi, à 12h00 :

    « Gouvernance », « Austérité », « Modération salariale », « Activation », « Charge déraisonnable »… Ces concepts flous et creux s’immiscent dans notre quotidien à grand coup de matraquage médiatique. Pourquoi ces mots ? Que veulent-ils dire ? Quel est leur poids dans notre quotidien ? A qui profite le crime ? Pour décrypter ce discours de la Raison, Cyril Mossé et Nicolas Bruwier, accompagnés de leurs acolytes, sont allés tendre le micro pour capter les résonances et reconstruire du sens autour des mots qui peuvent aussi être nos alliés.

    ___________________________________________________

    Tous les mardis matins, c’est l’Enigme (...)

    #discours_politique #création_documentaire #Atelier_Graphoui #discours_politique,création_documentaire,Atelier_Graphoui
    http://www.radiopanik.org/media/sounds/les-promesses-de-l-aube/nicolas-bruwier-cyril-mosse_05840__0.mp3

  • #UDC : ceux qui toujours disent non

    Au moment où l’UDC perd sur une initiative identitaire, la retraite de la politique de #Toni_Brunner signe symboliquement la fin d’une période, écrit notre chroniqueur Yves Petignat.

    Toni Brunner aura été un vrai bonheur pour l’UDC. Carré de propos, jovial et nature, porte-parole fidèle de la pensée de Christoph Blocher, le paysan aubergiste d’Ebnat-Kappel aura présidé, durant huit ans, de 2008 à 2016, une #droite nationale-conservatrice à laquelle tout réussissait : élections, votations, initiatives populaires. Au moment où l’UDC perd sur une #initiative identitaire pour elle, la souveraineté et l’autodétermination, sa retraite de la politique à 44 ans signe symboliquement la fin d’une période. Celle où son parti dictait l’agenda politique grâce à l’immigration, à la crise de l’asile, à la peur de l’islam. Celle aussi où l’agressivité hargneuse, étrangère aux mœurs helvétiques, divisait le pays jusqu’au sein du gouvernement.

    Réadaptation du contenu

    Reconquête du deuxième siège au Conseil fédéral, renvoi des étrangers criminels, interdiction des minarets, frein à l’immigration, l’UDC n’a pas seulement atteint un sommet aux élections de 2015 avec 29,5% des voix, elle a surtout imposé sa vision isolationniste au reste du pays. Il lui suffisait alors d’être le parti qui toujours dit non. Toni Brunner jette l’éponge tandis que l’échec programmé des négociations européennes va contraindre tous les dirigeants politiques, y compris ceux de la droite isolationniste, à repenser leur stratégie. Alors que l’UDC, avec l’appui libéral-radical, ne peut plus échapper aux responsabilités du pouvoir. Au moment encore où, dans les cantons et plus particulièrement en Suisse romande et dans les zones périurbaines de Zurich ou d’Argovie, l’UDC enregistre ses premiers revers. Certes, il ne faut pas s’attendre à un brusque affaissement électoral en 2019. Mais cela nécessitera une réadaptation du contenu et du style politiques. La tentative de sobriété de la campagne du 25 novembre en était un avant-goût. Raté.

    Le discours monomaniaque sur l’#immigration a servi. Il fait de moins en moins effet. Les Suisses ont d’autres soucis, comme l’indiquent les sondages et le baromètre CS des préoccupations des Suisses. La hausse continue des coûts de la #santé et des #primes_maladie ainsi que la #prévoyance_vieillesse viennent largement en tête, y compris chez les jeunes. Seuls les électeurs de l’UDC continuent à placer la migration avant, même si les chiffres de l’#asile et ceux de l’immigration ont chuté. Or, bien que parti de gouvernement, l’UDC n’a pas de proposition sur l’#assurance_maladie ou la stabilisation de l’#AVS. Contrairement aux partis populistes européens, comme le Rassemblement national en France, l’UDC n’a pas de #discours_social. Ni environnemental ou économique d’ailleurs. Sinon celui, ultralibéral, de la #responsabilité_individuelle et du #moins-d’Etat.

    Cesser d’être à l’image de son maître

    Ce parti va devoir aussi réviser sa rhétorique anti-européenne. Certes, dans un premier temps, il baignera dans l’euphorie de l’échec inévitable des négociations avec l’#UE sur l’accord institutionnel. Mais, selon les effets politiques et économiques, face au risque de marginalisation des universités et chercheurs suisses, devant les difficultés d’#exportation des entreprises sur le marché européen, il lui faudra offrir aux Suisses d’autres solutions créatives. Abandonner le jeu de l’#opposition_systématique pour redéfinir nos relations avec l’UE. A défaut, même majoritaire, il continuera à se plaindre d’ostracisme. Mais un parti protestataire peut-il, sans se renier, cesser d’être à l’image de son maître à penser, « der Geist, der stets verneint », l’esprit qui toujours dit non ?

    https://www.letemps.ch/opinions/udc-toujours-disent-non
    #Suisse #populisme #extrême_droite #migrations #réfugiés #anti-Europe #université

  • Actuel Moyen Âge - Être une femme libre au Moyen Âge (Élodie Pinel, Nonfiction.fr)
    https://www.nonfiction.fr/article-9608-actuel-moyen-age-etre-une-femme-libre-au-moyen-age.htm

    De Wonderwoman au cinéma jusqu’à Simone de Beauvoir au programme de l’agrégation, l’image de la #femme indépendante semble être le propre de notre modernité, avec le #MoyenÂge pour repoussoir ?
    […]
    À cette image simpliste, de l’évolution de la #condition_féminine, il convient d’apporter quelques nuances. […] Au-delà de ces comparaisons, que signifie, au Moyen Âge, d’être une femme indépendante ? L’#indépendance matérielle a-t-elle jamais été possible ? A-t-elle permis une indépendance sentimentale et intellectuelle ?
    Pour le comprendre, regardons du côté de deux groupes de femmes. D’abord celui des #trobairtiz, ensuite celui des #béguines. Leur point commun est le #discours_amoureux, un discours fervent, ardent – l’on dirait aujourd’hui : décomplexé. Celui de femmes libérées ou #libres, selon les cas.

  • La collapsologie : un discours réactionnaire ? (Jean-Baptiste Fressoz, Libération)
    https://www.liberation.fr/debats/2018/11/07/la-collapsologie-un-discours-reactionnaire_1690596

    Très en vogue, les théories de l’#effondrement trouvent leur origine chez les élites industrielles et colonisatrices du XIXe siècle. Elles risquent aujourd’hui de négliger la dimension politique des #enjeux_écologiques.
    […]
    Premièrement, le terme d’effondrement est beaucoup trop #anthropocentrique. […] En se focalisant sur l’effondrement à venir de la #civilisation_industrielle, le risque est de se rendre aveugle à tous les effondrements de la #nature qui sont en cours et même déjà très avancés.
    […]
    Deuxièmement, le discours de l’effondrement est très « #occidentalocentré ». Dit plus simplement : c’est une #écologie de riches. Ce que nous vivons est infiniment plus pervers : le #changement_climatique accentue les autres formes de #violence et d’#inégalités. Suprême injustice, il est causé par les riches et persécute surtout les pauvres des pays pauvres. Et c’est d’ailleurs cette caractéristique qui explique l’apathie générale. […] Il faut reconnaître au #capitalisme sa #résilience extraordinaire face aux #désastres de tout ordre.
    […]
    Troisièmement, le #discours actuel de l’effondrement mélange deux choses : la #perturbation du système Terre et la #sixième_extinction, qui sont avérées, et l’#épuisement_des_ressources_fossiles qui est sans cesse repoussé à plus tard. […] Dit autrement, le capitalisme fossile se porte à merveille, il est dans la force de l’âge, son effondrement est peu probable, et c’est bien là le tragique de la situation.
    […]
    Quatrièmement, le discours de l’effondrement dépolitise la question écologique.
    […]
    Tous ces problèmes, l’effondrement les doit à ses origines intellectuelles et politiques.
    […]
    Si en France on connaît surtout la « #collapsologie » de gauche, celle d’Yves Cochet, de Pablo Servigne et de Raphaël Stevens qui tentent de construire une politique post-apocalyptique #émancipatrice, il ne faut pas oublier que l’effondrement a, au cours de sa longue histoire, nourri les passions politiques les plus nauséabondes.
    […]
    L’effondrement disparaît et réapparaît, recule ou revient en force en s’ajustant aux futurs successifs. En attendant, les #catastrophes se multiplient partout, et surtout en dehors d’une #civilisation_occidentale qui depuis deux siècles n’a cessé d’admirer sa #puissance au prisme de son effondrement.