• VIDÉO. « Je me suis sentie humiliée » : basketteuse depuis 10 ans, Salimata a été exclue du terrain à cause de son voile - Le Parisien
    https://www.leparisien.fr/sports/video-cest-une-injustice-basketteuse-depuis-10-ans-salimata-a-ete-exclue-
    https://www.leparisien.fr/resizer/uawMg0OtXJaULWBRB11yPctJz-Q=/1200x675/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/leparisien/ZBEVSQFCUZCVBJDHFRHDGOBSEE.png

    Alors que le hijab de sport est porté par de nombreuses athlètes dans le monde, la Fédération française de basket l’interdit à ses joueuses en compétition. Pourtant les Jeux olympiques de Paris 2024 l’autoriseront pour les joueuses étrangères. Une « injustice » selon Salimata Sylla, basketteuse depuis treize ans, qui nous raconte sa première exclusion d’une compétition.

    Le match n’avait pas débuté lorsque l’arbitre a fait savoir à l’entraîneur que la jeune femme de 25 ans - qui joue depuis plus de dix ans en Championnat de France - resterait sur le banc. Ce qu’on lui reproche ? De porter un couvre-chef. Salimata, de confession musulmane, couvre en effet ses cheveux avec un hijab de sport, un accessoire vendu par de nombreux équipementiers sportifs depuis plusieurs années maintenant. Elle, qui le porte depuis bientôt trois ans, n’avait jusqu’ici jamais été empêchée de jouer en compétition.

    [...]

    Si le règlement de la Fédération française de basket (FFBB) mentionne en effet l’interdiction du couvre-chef depuis « trois ou quatre ans » selon le président du club d’Aubervilliers, « la chasse aux sorcières » n’aurait véritablement commencé qu’en janvier et « Sali » - comme la surnomment ses amis - ne serait « pas un cas isolé ». Et cette impression ces derniers jours d’un « tri » parmi les joueuses présentes sur le terrain n’est pas dû au hasard : un rappel à la règle a effectivement été transmis aux arbitres au mois de décembre.

    Le Parisien s’est procuré l’e-mail envoyé par l’un des responsables de la Ligue Île-de-France de basket-ball. Celui-ci ayant pour objet « Info port du voile », alors même que ce terme n’est jamais utilisé dans le règlement, [puisqu’il peut légalement être considéré comme discriminatoire car visant directement la communauté musulmane] qui mentionne plutôt le terme de « couvre-chef ».

    #islamophobie #discrimination

    • la Fédération française de basket l’interdit à ses joueuses en compétition. Pourtant les Jeux olympiques de Paris 2024 l’autoriseront pour les joueuses étrangères. Une « injustice » selon Salimata Sylla, basketteuse depuis treize ans

      Non mais alors là à ce niveau c’est pas juste une injustice, c’est vraiment complètement con et voyant, et même cassable ? Car comme on le voit plus loin, c’est l’arbitre qui l’a recalé… or en plein JO, comment un arbitre (qui sera pas forcément FR mais un arbitre des JO) pourrait la recaler, si dans les autres équipes ya le droit ? Du coup elle pourrait faire les JO ?

    • Et toujours cette interdiction du hijab (ou du burkini), mais sans dire que c’est interdit (parce que sinon, justement, ces interdictions seraient elles-mêmes interdites par les principes juridiques de la laïcité dont elles se prévalent pourtant).

      On est exactement dans le dog whistle raciste : au sens où on n’explicite pas l’objet raciste (« puisqu’il peut légalement être considéré comme discriminatoire »), mais n’est-ce pas, hinhin, on se comprend.

  • Les services publics trop souvent injoignables, selon « 60 millions de consommateurs »

    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/01/26/selon-60-millions-de-consommateurs-trop-d-appels-telephoniques-aux-services-

    Les services publics sont souvent injoignables au téléphone par des usagers en quête de renseignements, selon une enquête du magazine 60 millions de consommateurs publiée jeudi 26 janvier. « Malheureusement, les gens qui ne sont pas à l’aise avec Internet ont bien des difficultés à accéder ne serait-ce qu’à l’information sur leurs droits », a déploré auprès de l’Agence France-Presse (AFP) le journaliste Lionel Maugain, coauteur de l’enquête, citant notamment les personnes âgées, précaires ou étrangères.

    Dans le cadre de cette enquête menée avec la défenseure des droits, 1 532 appels ont été passés entre le 26 septembre et le 10 novembre 2022 par des testeurs représentant trois types d’usagers ayant besoin d’un contact téléphonique pour des demandes de renseignements ou des démarches – une personne sans Internet, une autre ayant Internet mais maîtrisant mal le français, une personne âgée avec Internet –, ainsi que par un appelant lambda pour révéler d’éventuelles différences de traitement.

    Le bonnet d’âne revient à l’Assurance-maladie. Sur 302 appels passés pour connaître les formalités en vue d’obtenir ou renouveler une carte Vitale, 72 % n’ont pu aboutir. Quand on décroche, seuls 22 % des appels ont reçu une « réponse acceptable » et moins de 5 % des « réponses précises ». L’Assurance-maladie a fait valoir dans le magazine que les appels reçus ont plus que doublé depuis l’automne 2019, à 3,2 millions par mois, et qu’elle peine à recruter des conseillers pour ses plates-formes téléphoniques.

    A la Caisse d’allocations familiales (CAF), 54 % des 408 appels ont sonné dans le vide. Quand quelqu’un répond, les réponses sont insuffisantes ou renvoient à Internet. Seule une minorité d’agents propose un rendez-vous au guichet ou l’envoi d’un dossier papier à domicile.

    Pôle emploi tire un peu son épingle du jeu avec 84 % des appels ayant abouti, avec toutefois des réponses pas toujours satisfaisantes ou manquant de précision. Quant à la Caisse d’assurance-retraite, 72 % des coups de fil ont abouti mais, encore une fois, les réponses sur l’âge possible de départ en retraite n’étaient pas pertinentes dans la grande majorité des cas.

    « Les solutions existent mais elles sont très rarement proposées, ce qui plonge les usagers dans le désarroi et peut aller jusqu’à la renonciation à ses droits », note Lionel Maugain. Alors que s’accélère la dématérialisation des services publics, 60 millions de consommateurs réclame, avec la Défenseure des droits, une loi imposant plusieurs modes d’accès, notamment par l’instauration d’un guichet de proximité rassemblant un représentant de chaque organisme.

    Les résultats de cette enquête ne marquent guère de progrès par rapport à celle menée en 2016, si ce n’est que les appels ne sont plus surfacturés et qu’il n’y a plus de discrimination notable liée à l’origine des usagers.

    Le Monde avec AFP

    #services_publics #dématérialisation #services_de_proximité #précarité_numérique #obligation_numérique #solutionnisme_technologique #écran_numérique #discrimination_sociale

  • La démocratie locative confisquée
    https://metropolitiques.eu/La-democratie-locative-confisquee.html

    L’abstention aux dernières élections des représentants des #locataires s’annonce massive. Antonio Delfini revient sur la réforme qui, impulsée au nom de la lutte contre le « communautarisme », a contribué à en exclure les #associations indépendantes des grandes fédérations. La #démocratie locative dans le #logement_social traverse une crise profonde. Si le constat est ancien (Anselme 2000), les dernières années semblent témoigner d’une dégradation accélérée : chute continue de la participation des locataires à #Débats

    / démocratie, logement social, #HLM, associations, locataires, #dépolitisation, #discrimination

    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met-delfini.pdf

  • INFO BLAST : Comment l’islamophobie est enseignée aux futurs profs
    11.01.2023 | Olivier-Jourdan Roulot - Anouk Milliot | Blast,
    https://www.blast-info.fr/articles/2023/info-blast-comment-lislamophobie-est-enseignee-aux-futurs-profs-ZtV6Ret5S

    (...) Les extraits litigieux se trouvent dans une sous-partie du cours dont l’intitulé donne la mesure : « Neutralité en matière religieuse ne signifie pas égalité de traitement entre les religions », annonce-t-on d’entrée. D’après ce texte, est-il d’abord indiqué, la « neutralité qui définit la laïcité » ne doit donc pas se traduire par un « traitement identique entre les religions » … Diable. Mais par quoi cette inégalité de traitement est-elle donc justifiée ? Par une volonté d’efficacité politique : « Une fois posés les objectifs politiques et les idéaux de vie en société, il apparaît que certaines religions entravent plus ou moins l’action politique ou menacent plus que d’autres le corps social », précise le texte. A ce titre, puisque nous voilà lancés, « si certaines religions sont plus dangereuses que d’autres, il n’y a aucune raison que l’Etat s’en tienne à une sorte d’égalité de traitement ». Mais de quel danger parle-t-on ? Le propos se précise dans le dernier paragraphe : « Si l’objectif est la préservation d’un art de vivre traditionnel et le maintien d’une certaine conception des rapports homme-femme, l’Islam, qui est une religion non traditionnelle en terre française, devra être combattu (sic) plus que le catholicisme ». (...)

    #INSPE - Institut national du professorat et de l’éducation

  • #Alana_Osbourne - “Decolonial Tours” - 30th June 2022 - Beyond Inhabitation Lab Spring Seminar Series

    I focus on tour guides who offer decolonial narratives and experiences of Brussels to an eclectic and changing audience. Drawing on the embodied temporalities of walking tours and by reviving urban memories, these guides give texture and shape to the city’s sensorium in a way that reaffirms black life against the resonances of colonialism in Belgium. Suturing past, present and future, this quilting of urban times fosters new relationships between people, landscapes and histories, and opens spaces of togetherness within a riven city.

    Dr. Alana Osbourne is a FNRS post-doctoral fellow at the Anthropological Laboratory for Contemporary Worlds (LAMC) at the Brussels Free University (ULB | Université Libre de Bruxelles). An anthropologist and filmmaker, her research interests include: sensorial anthropology and affect, the anthropology of violence, archival studies, Caribbean studies and film. She alternates her academic work with film and theatre projects.

    https://www.youtube.com/watch?v=03AOAlPxQV8


    #balade_décoloniale #Bruxelles #Belgique #décolonial #villes #urban_matter #temps #passé #présent #conférence #toponymie #toponymie_politique

    via @cede

    • #There_Are_Black_People_In_The_Future

      There are Black People in the Future is inspired by afro-futurist artists and writers who highlight the need for Black people to claim their place. Through the inscription and utterance of the words, ‘There are Black People in the Future,’ the project addresses systemic oppression of black communities through space and time by reassuring the presence of Black bodies. In 2017, Wormsley placed these words on a billboard in East Liberty, a neighborhood in Pittsburgh’s east end that has suffered gentrification. When the billboard was removed by the city, community members protested, in response to this community support, Wormsley has raised grant money to artists, activists, and community workers in Pittsburgh around their interpretation of the phrase “There Are Black People in the Future”. Since then, the billboard has been replicated in Detroit, Charlotte, New York City, Kansas City and Houston, internationally London, Accra and Qatar. Each site can pull from this precedence of supporting Black futures locally, whether through commissions, grants, project funding or programming. The text, which Wormsley encourages others to use freely, has since been used in protest, critical art theory, essays, song, testimony and collective dreaming.


      https://www.alishabwormsley.com/tabpitf

      #art #TABPITF #Alisha_Wormsley

    • La conférence de Alana Osbourne commence par introduire (et se construit à partir de) du rapport de la #commission_parlementaire (belge) chargée d’examiner le #passé_colonial :
      Le #rapport sur le passé colonial de la Belgique achoppe sur la question des #excuses

      Après deux ans et demi de travaux, des déplacements en République démocratique du Congo, au Rwanda, au Burundi, l’audition de près de 300 personnes, la commission parlementaire chargée d’examiner le passé colonial du pays devait remettre son rapport final. Mais les libéraux ont refusé d’adopter le texte lundi.

      L’écologiste Wouter de Vriendt, qui préside la commission parlementaire chargée d’examiner le passé colonial de la Belgique, avait demandé que la chambre des représentants présente des excuses aux peuples congolais, burundais et rwandais pour « la #domination et l’#exploitation_coloniale, les #violences et les #atrocités, les violations individuelles et collectives des droits humains durant cette période, ainsi que le #racisme et la #discrimination qui les ont accompagnées ».

      #Wouter_de_Vriendt invitait également « le pouvoir exécutif à faire des démarches analogues sur le plan des #réparations_symboliques ». Le président de la commission précisait bien que cette #reconnaissance du rôle de la Belgique, n’impliquerait aucune #responsabilité_juridique et ne pourrait donc donner lieu à une #réparation_financière.

      Des précautions qui n’ont pas suffi à convaincre les députés libéraux. Ces derniers ont claqué la porte de la commission lundi 19 décembre. Ils refusent que soient présentées des excuses, car celles-ci pourraient entraîner selon eux des réparations financières, ce dont ils ne veulent pas entendre parler. Ces députés préfèrent ainsi en rester aux regrets présentés par le roi.

      Faute d’accord sur cette question des excuses, la commission ne remettra donc pas son rapport final. C’est là un échec, d’autant plus douloureux que nombre de recommandations formulées par le président de cette commission semblaient faire consensus.

      https://www.rfi.fr/fr/afrique/20221220-les-excuses-au-c%C5%93ur-des-dissensions-parlementaires-sur-le-pass%C3%

  • Transphobie ! Le Centre LGBT Paris vire le seul groupe lesbien restant !
    https://christineld75.wordpress.com/2022/12/13/transphobie-le-centre-lgbt-paris-vire-le-seul-groupe-lesbie

    Les Señoritas était le seul groupe lesbien qui continuait de fonctionner au CLGBT Paris, un groupe de lesbiennes féministes plus toutes jeunes ; elles ont été jugées coupables de transphobie, censurées et après un procès digne des purges staliniennes, renvoyées du Centre.

    Cela fait longtemps que je le dis et l’écris, le sigle LGBTQI++ est en réalité une imposture, le L est inexistant dans ce mouvement qui n’est plus que gay et trans., et ce depuis des années. Si vous n’êtes pas convaincus, lisez l’essai que j’ai fait paraître en 2021 aux éditions Double Ponctuation : « Fractures ! Le féminisme et le mouvement LGBT en danger », un bilan de décennies de militantisme à la fois dans les mouvements de libération homosexuelle et féministes. (Et notamment sept années de présidence de ce Centre.)

    J’ai été informée par une membre des Sénoritas (voir son message ci-dessous, j’ai retiré son nom et ses coordonnées pour préserver sa vie privée).

    Quelle est donc leur faute ? Une Sénorita a envoyé un e-mail au groupe, via la boîte mails interne au groupe et domiciliée au Centre. Il s’agissait d’un communiqué de l’Observatoire de la Petite Sirène transmis au groupe pour information. Un message interne et privé entre membres du groupe donc. Seulement voilà, la boîte mails est gérée par le Centre qui y a fourré son nez et décidé que l’Observatoire en question était transphobe et que cela justifiait le renvoi du groupe. En outre une référente des Señoritas, membre du Conseil d’Administration du Centre a été démise de ses fonctions. (Une autre raison avancée pour justifier cette mise à pieds : avoir inscrit au club de lecture des Sénioritas mon livre « Fractures ! Le féminisme et le mouvement LGBT en danger ». Incroyable ingratitude quand on sait que le Centre de la rue Beaubourg n’existerait pas si je ne l’avais pas remis à flot et déménagé après la faillite de la rue Keller). Depuis la boîte mails des Sénioritas est sous surveillance et leur activité suspendue. Ceci a entraîné d’autres démissions en chaîne au Centre.

    #lesbophobie #discrimination #misogynie #masculinisme

  • Contre l’accueil de réfugiés, l’#extrême_droite sème la terreur dans un bourg des Côtes-d’Armor

    À #Callac, des élus favorables à un projet d’installation de réfugiés, initié par un fonds privé, sont menacés de mort ou de viol. « Ils ne peuvent pas nous comprendre s’ils ne nous connaissent pas... », s’étonne Mariam, originaire du Darfour. « Quand on perdra une classe d’école, ce seront les premiers à râler », s’agace un adjoint au maire.

    CallacCallac (Côtes-d’Armor).– Dans le salon de sa maison, Laure-Line Inderbitzin s’efforce de sourire. En cet après-midi de début décembre, elle prépare le dîner, accompagne ses enfants à leurs activités extrascolaires, s’amuse des ardeurs du chiot qu’elle a adopté trois mois plus tôt. Mais elle finit toujours par revenir à ce qui lui vaut des crevasses en guise de cernes sous les yeux. L’adjointe au maire de Callac est en arrêt maladie car elle ne supporte plus le flot de haine qui se déverse sur sa commune, ni le « harcèlement » de Riposte laïque qui la jette en pâture sur Internet, la qualifiant d’« immigrationniste », d’« âme damnée du maire à migrants » ou d’« inconsciente illuminée ».

    L’élue confie ne plus dormir la nuit. « Je suis obligée de vivre comme une recluse alors que je suis victime ». En pointant une pochette posée sur la table, elle lâche : « Voilà le dossier ». Tout y est. Les nombreuses plaintes qu’elle a déposées. Le sticker retrouvé sur sa boîte aux lettres et estampillé Furie française, un groupuscule d’extrême droite. Les commentaires sur le site de Riposte laïque qui appellent à une « tournante » sur sa personne. Mais #Laure-Line_Inderbitzin insiste : elle n’a « pas peur » et ne pliera pas face à l’extrême droite.

    Tout a commencé lorsque la presse locale a annoncé l’arrivée de « 70 familles » d’exilés à Callac, alors qu’il s’agissait d’en accueillir une poignée dans le cadre d’un projet baptisé Horizon et porté par le fonds de dotation Merci (un fonds privé à but non lucratif qui finance aussi, grâce à des dons, des projets d’accès à l’éducation ou d’inclusion sociale).

    Déjà douze #plaintes déposées

    Depuis cette annonce, les sites Riposte laïque et Breizh-info, puis les militants du Rassemblement national (RN) et de Reconquête, ont fait de Callac « la mère des batailles » contre le « #grand_remplacement ». Aux manettes du fonds Merci, la famille Cohen est de son côté victime d’antisémitisme. Deux rassemblements se sont succédé à Callac, les 17 septembre et 5 novembre, réunissant des centaines d’opposants au projet venus des quatre coins de la France.

    « Pierre Cassen [membre fondateur de Riposte laïque – ndlr] fait des conférences sur ça, appelant à la “résistance à Callac”. Ils en ont fait un laboratoire », relèvent deux militants syndicaux de gauche, mandatés par leur fédération pour observer l’évolution de l’extrême droite en Bretagne. « Les fascistes sèment la terreur. Des élus ont vu des hommes cagoulés passer en voiture devant chez eux pour les intimider. » Et d’alerter sur la « pression permanente » pesant sur les élus, dont le maire : « Les gendarmes lui ont dit de flouter ses fenêtres à la mairie pour qu’on ne lui tire pas dans la nuque. »

    Ils décrivent un agrégat de groupuscules d’extrême droite et néonazis qui se mobilisent sur ce dossier « pour donner un effet de masse » : une forte représentation de l’Action française, de l’Alvarium (un groupuscule identitaire dissous en 2021 et qui se réactive) et de groupes nationalistes bretons. « Les Callacois sont peu nombreux parmi les opposants. »

    Lorsque le premier collectif « d’anti » est créé au printemps dernier, il compte trois membres, tous callacois : Danielle Le Men, Moulay Drissi et Michel Riou. Mais l’arrivée de Catherine Blein, figure de l’extrême droite condamnée pour apologie du terrorisme et exclue du RN (originaire de Moustéru, à 20 kilomètres de Callac), a poussé certains à s’en éloigner. C’est elle qui préside aujourd’hui « Les Amis de Callac », aux côtés de Danielle Le Men, que Laure-Line Inderbitzin accuse dans le harcèlement qu’elle subit.

    Elle l’a signalé à la gendarmerie, à qui elle a fourni ce qu’elle considère comme les « preuves » de ce qu’elle avance, telle une photo de Danielle Le Men distribuant le dernier tract contre Horizon à Callac. « J’ai encore déposé plainte le 19 novembre, mais je n’ai aucune nouvelle du procureur ou du préfet. C’est fou, on est face à des menaces sur une élue par ailleurs enseignante. »

    Elle y voit un « mépris » pour les élus ruraux et se sent « abandonnée ». Le maire de Callac, Jean-Yves Rolland, a refusé de nous répondre et se serait terré dans le silence. Il a porté plainte le 16 avril en son nom et celui de ses adjoints pour « menace, violence ou acte d’intimidation envers un élu public pour qu’il accomplisse ou s’abstienne d’acte de son mandat », après avoir reçu des courriers, que Mediapart a pu consulter, le qualifiant de « criminel en puissance » qui sera tenu pour « responsable en cas de viols dans la commune » et de « bon camarade avec les mafieux qui font venir tous ces clandestins ». Un autre lui souhaite d’avoir « une bonne assurance incendie ».

    Contacté, le parquet de Saint-Brieuc indique que douze plaintes ont été déposées en lien avec cette affaire. Selon le procureur de la République, Nicolas Heitz, la plainte déposée par le maire de Callac pourrait « caractériser l’infraction de menaces, violences ou actes d’intimidation envers un élu ». « Une enquête a été ouverte et une procédure distincte a été diligentée pour chaque plainte. »
    Déjà deux rassemblements d’extrême droite

    Les militants déjà cités accusent la préfecture d’avoir laissé l’extrême droite organiser deux rassemblements, alors que le maire de la commune aurait réclamé, selon plusieurs sources, leur interdiction. « Le préfet minimise les faits et fait le distinguo entre menaces virtuelles et réelles », affirment-ils. Sollicitée, la préfecture répond que « ces rassemblements ont été autorisés par le maire » et met en avant « la liberté de manifester ». Elle assure que le maire aurait lui-même « informé la préfecture qu’il n’envisageait pas de les interdire ».

    Quant aux élus faisant l’objet de menaces, « leurs craintes sont prises très au sérieux par les autorités », poursuit la préfecture, qui dénonce une « mise en cause infondée ». « Le préfet et son cabinet ont été et sont en contact régulier avec le maire. Le préfet a exprimé publiquement, à plusieurs reprises, son soutien aux élus callacois. » Le procureur précise de son côté que les infractions dénoncées sont « régulièrement évoquées avec le préfet ».

    Dans cette commune aux quelque 2 200 âmes, où un tiers de la population a plus de 70 ans, l’accueil des réfugiés, avant même le projet Horizon, n’a pourtant jamais été un problème : de premières familles sont arrivées du Kurdistan syrien dès 2018, puis du Nigeria, du Soudan et de Syrie de manière continue jusqu’en 2022. Callac, c’est un chiffre qui jusqu’ici semblait ne pas déranger : 10,2 % d’étrangers venus de Bulgarie, Géorgie, Tunisie ou Pologne.

    « On a une tradition d’accueil, qu’il s’agisse des Espagnols ou des Britanniques ; et ça se passe très bien », défend Laure-Line Inderbitzin. Dans une commune ayant perdu un tiers de sa population en trente ans, l’idée de redonner du souffle à l’économie locale et aux services publics l’a vite convaincue.

    Denis Lagrue, membre d’un collectif qui propose aux familles réfugiées, depuis les premières arrivées, des cours de français ou un accompagnement aux rendez-vous médicaux, a pensé que « cela pourrait faciliter [leur] action ». Ce vétérinaire à la retraite, responsable des Restos du cœur à Callac, se souvient de quelques rares critiques au début : « Un bruit de fond disant que les réfugiés prenaient nos logements. » En réalité, insiste-t-il, les HLM qu’ils ont obtenues étaient toutes vacantes.
    Les réfugiés déjà présents préfèrent ignorer la menace

    Avec la polémique autour du projet Horizon, il a le sentiment que Callac a été « salie ». « Comme s’il n’y avait que des racistes ici. Je ne dis pas que tout le monde est pour l’accueil des réfugiés, mais en cinq ans, on n’a jamais vu de manifestation hostile à leur égard. » Il y a selon lui une méconnaissance du sujet, instrumentalisée par l’extrême droite et certains médias.

    « Le travail de sape de CNews est catastrophique. Dans son public, il y a des personnes en grande précarité qui peuvent se tromper de cible. » Son épouse Sylvie a choisi de ne plus alimenter la guerre que l’extrême droite livre à Callac. Elle n’ira pas contre-manifester si l’extrême droite organise de nouveaux rassemblements. « On est dans un climat de terreur, on doit préserver les réfugiés déjà présents et laisser la justice faire son travail. »

    Ce week-end-là, Denis Lagrue rend visite à Ibrahim Zakaria et Mariam, un couple de réfugiés originaires du Darfour et leurs six enfants. Dans la chambre où le père révise le code en vue de passer son permis, des dictionnaires de langues s’amoncellent sur la table basse. Ibrahim Zakaria a appris le français – il parlait déjà son dialecte, l’arabe et l’anglais. À 50 ans, il est inscrit au Greta pour suivre des cours de langues, avant de se lancer dans l’informatique.

    « J’aimerais travailler dans l’agriculture », dit en souriant Mariam, qui se rend souvent au jardin partagé. Après avoir passé seize ans dans un camp de réfugiés au Tchad, la famille a pris ses marques à Callac. Mais elle a compris, depuis quelques mois, que certains « voulaient bien des étrangers et d’autres pas ». « Ils disent que les réfugiés sont des incapables, mais ils ne peuvent pas nous comprendre s’ils ne nous connaissent pas. »

    Ils ont préféré, lors des rassemblements, rester en sécurité à la maison, bien qu’ils soient conscients d’être « dans la légalité ». « Il ne devrait pas y avoir de souci pour nous. »

    Mais en septembre, les noms des réfugiés vivant dans leur immeuble ont été retirés des boîtes aux lettres – une information dont la préfecture des Côtes-d’Armor affirme n’avoir pas eu connaissance. « Ça ne nous a pas fait peur, affirme en souriant le couple. Les locaux sont gentils et les méchants ne sont pas nombreux. »

    « Voilà mon ressenti vis-à-vis des réfugiés, conclut Denis Lagrue en les quittant. Des familles qui s’intègrent, participent à la vie locale, dont les enfants réussissent à l’école. »

    Dans la nuit noire, les lumières de la maison de Michel Riou, l’un des premiers opposants au projet, apparaissent au loin. Le septuagénaire vit à Callac depuis 2006 et se décrit comme un « enfant du canton ». À notre arrivée, nous l’interrompons alors qu’il achève son dîner, mais il ne se fait pas prier pour exprimer sa position.

    Vous savez comment ça se passe dans les grandes villes, il y a des ghettos à cause des réfugiés, on le voit tous les jours à la télé.

    Michel Riou, opposant au projet Horizon

    Il ne saisit pas pourquoi « plein d’infos ont été balancées », d’abord « 70 familles », ensuite 30 ou 40. Ce qui l’effraie en premier lieu, c’est que la ville de Callac ait racheté l’ancienne école Saint-Laurent alors qu’elle est « en ruine », pour y créer le village Horizon, censé abriter des logements, une crèche ou une maison des associations. « On nous dit que la fondation va donner un apport, mais la municipalité est incapable de donner un chiffre. Je sais ce que ça coûte, ce projet ne peut pas marcher dans ce bâtiment », décrète cet ancien élu à l’urbanisme.

    Et puis, le discours anti-migrants jaillit. « Moi, c’est pas une ou deux familles qui me dérange, faut rester humain. Mais faut pas qu’on nous les envoie en nombre. Vous savez comment ça se passe dans les grandes villes, il y a des ghettos à cause des réfugiés, on le voit tous les jours à la télé. On ne veut pas que ça arrive à Callac. » Sa ville est à l’abandon, poursuit-il, désolé de voir des squats « partout » ou la toiture du gymnase Albert-Monfort toujours inachevée.

    S’il admet que tout se passe bien avec les familles réfugiées déjà présentes ici, « après, faut faire attention à tout ce qui se greffe autour ». « Je suis contre l’afflux des réfugiés. Pourquoi ils ne règlent pas leurs problèmes chez eux ? » Dans son salon, où se mêlent un drapeau breton, un bateau à voiles et une photo de Johnny Hallyday, il saisit une mallette où il déniche des courriers d’admirateurs venus lui adresser leur soutien : « Je suis bretonne et je connais Callac. Résistez. Nous sommes envahis en ville et maintenant c’est la campagne ! »

    Michel Riou a quitté le premier collectif « anti-Horizon », après qu’un mail aux relents nazis, adressé en son nom depuis l’adresse mail – piratée – du fonds de dotation Merci, a été envoyé à la ville de Callac. Il l’a quitté, aussi, parce que Catherine Blein commençait à prendre trop d’importance au sein du collectif. Depuis, il poursuit sa lutte, au sein d’un autre groupe qu’il a monté mais dont il refuse de donner le nombre de membres.

    Les menaces que subit Laure-Line Inderbitzin, il estime qu’elle les a « bien cherchées ». « En politique, il faut s’attendre à des coups durs. C’est de sa faute, elle aurait dû calmer le jeu », ose-t-il. Puis ajoute : « Moi, c’est pas écrit fasciste sur mon front. » Michel Riou est un ancien communiste. Désormais sans parti, il vote « comme [il] veut ». Reconquête ou RN ? « Et pourquoi pas. C’est peut-être ce qu’il faut pour remettre un peu d’ordre en France. »
    Un projet mené par l’État lui aussi menacé

    Que l’extrême droite passe aux commandes, c’est la crainte de Patrick Morcet, adjoint au maire à Callac. Ce matin-là, dans la maison qu’il occupe avec son épouse, une alarme retentit pour signaler notre arrivée. Pour « protéger [sa] famille », l’élu a installé des caméras dans son jardin, après avoir été réveillé, dans la nuit du 11 au 12 novembre dernier, par une présence dehors détectée par son chien. « J’ai vu deux hommes cagoulés dans l’allée, avec du matériel, qui se sont enfuis en courant. »

    Ils voulaient sans doute faire un saccage et avaient repéré les lieux, estime-t-il, expliquant avoir vu plus tôt des hommes s’aventurer dans l’impasse menant à son domicile. Patrick Morcet n’a pas porté plainte. « Je l’ai signalé au maire qui l’a dit à la gendarmerie, et depuis, ils font des rondes devant chez moi. » L’homme au visage rond refuse d’abandonner le projet Horizon malgré ce climat de « peur », et même si certains élus veulent reculer.

    Fin novembre le maire de Callac aurait organisé un vote informel pour demander à sa majorité si elle souhaitait poursuivre le projet. « Il y a eu huit “contre”, quatre demandes de suspension et deux “pour” », révèlent plusieurs sources.

    « Même si le projet est abandonné, ça ne s’arrêtera pas, on sera attaqués sur tout ce qu’on fera ensuite », souligne Patrick Morcet, en évoquant un projet – cette fois de l’État – pour l’accueil de réfugiés à Callac, géré par Viltaïs.

    Le fonds de dotation Merci a été invité à coordonner son action avec celle menée par l’opérateur de l’État.

    Préfecture des Côtes-d’Armor

    Des maisons devaient être rachetées par cette association pour les exilés, mais la pression de l’extrême droite aurait contraint une propriétaire à faire machine arrière. Sur le dernier tract distribué par les opposants, ils promettaient de « continuer à combattre les projets Horizon et Viltaïs jusqu’à la victoire ».

    Si l’arrivée de deux familles aurait été repoussée en raison des événements, la préfecture des Côtes-d’Armor indique que le projet Viltaïs « n’est pas remis en cause ». « Le fonds de dotation Merci a été invité à coordonner son action avec celle menée par l’opérateur de l’État », ajoute-t-elle, sans donner de précisions sur l’avenir du projet Horizon. Mais ce dernier, qui était inscrit à l’Opération de revitalisation de territoire (ORT), n’en ferait plus partie.

    Patrick Morcet regrette un problème de communication dès le départ et explique avoir plaidé pour passer par un cabinet spécialisé, sans être entendu. « J’avais peur qu’un simple mot soit détourné. » La première réunion publique, en avril 2022, aurait été selon lui « trop parisienne ». « Avec une meilleure présentation des choses, on aurait pu rassurer la population locale. »

    Il aurait aimé dire combien ce projet pouvait profiter à « tout le monde » et aider à revitaliser sa commune. « Quand on perdra une classe d’école demain, les opposants à Horizon seront les premiers à râler. » Il y a, songe-t-il, tout ce qu’il faut pour les accueillir. Il suffit de se balader pour constater les commerces fermés et « qui ne demandent qu’à être repris ». « Le dentiste s’en va aussi en fin d’année. »

    https://www.mediapart.fr/journal/france/201222/contre-l-accueil-de-refugies-l-extreme-droite-seme-la-terreur-dans-un-bour
    #anti-réfugiés #anti-migrants #asile #migrations #réfugiés #France #menace_de_mort #Bretagne

    via @_kg_ @karine4

    • Après les menaces de l’extrême droite, Callac abandonne son projet pour l’accueil de réfugiés

      Le projet n’aboutira donc pas. Dans les Côtes-d’Armor, des élus soutenant l’installation de réfugiés pour redynamiser leur bourg ont été menacés de mort ou de viol, taxés d’« immigrationnistes » ou d’organisateurs du « grand remplacement ». Lundi 9 janvier, le maire a annoncé l’abandon du projet Horizon à ses conseillers municipaux.

      C’estC’est une bataille gagnée pour l’extrême droite. Après des mois de mobilisation et de menaces en tout genre envers des élus locaux, le maire de Callac (Côtes-d’Armor), Jean-Yves Rolland, a décidé d’abandonner le projet Horizon. Celui-ci était porté par un fonds de dotation privé, à but non lucratif, et devait permettre d’accueillir des familles de réfugié·es dans la commune, décrite comme « vieillissante » par de nombreux adjoints au maire, en vue de la redynamiser. 

      L’abandon du projet a été annoncé par le maire de Callac à ses conseillers municipaux lundi 9 janvier, lors d’une réunion d’un bureau municipal. « Projet Horizon : le maire et son équipe ont pris la décision d’arrêter le projet Horizon », peut-on lire dans le compte-rendu de cette réunion (à ne pas confondre avec un conseil municipal), que nous avons pu consulter. Auprès de Mediapart, plusieurs élus regrettent un manque de concertation et de courage face à cette décision.

      Selon nos informations, un vote aurait été organisé à huis clos le 21 décembre, après le dernier conseil municipal de l’année 2022, sans la présence de Laure-Line Inderbitzin, pourtant porteuse du projet, et qui a subi une vague de harcèlement en ligne doublée de menaces pour son engagement en ce sens au cours des derniers mois. Fin novembre, déjà, un vote informel avait été organisé par le maire afin de sonder ses conseillers municipaux quant à la poursuite du projet Horizon : huit élus s’étaient prononcés contre, deux réclamaient sa suspension temporaire et deux seulement souhaitaient son maintien.

      La nouvelle sera rendue publique dans un mot rédigé par le maire, à paraître dans le bulletin municipal de ce mois. Contacté, il n’a pas souhaité confirmer ou réagir mais a précisé qu’il communiquerait bientôt sur ce sujet. Dans la première mouture du bulletin municipal que nous avons consultée, Jean-Yves Rolland évoque une année « difficile », notamment « à cause du projet Horizon qui a tant défrayé l’actualité à Callac depuis plusieurs mois ». « Face à toutes ces difficultés, poursuit-il, et à un certain manque de transparence et de garantie, l’équipe municipale décide de mettre fin à sa collaboration avec le Fonds de dotation Merci. » Il souligne malgré tout que Callac « est et restera une terre d’accueil pour toutes nouvelles populations, réfugiées ou non ».

      L’extrême droite n’a pas tardé à réagir, mardi, dans un communiqué intitulé « Victoire à Callac : le projet Horizon abandonné », signé de la main de Bernard Germain, membre de Riposte laïque et ex-candidat Reconquête aux élections législatives, ici porte-parole du Comité d’organisation contre le projet Horizon. Auteur d’un ouvrage au titre évocateur (Callac, la mère des batailles) publié mi-décembre dernier, il évoque les rassemblements organisés à Callac, la présence de militants sur les marchés chaque semaine, des milliers de tracts distribués dans les boîtes aux lettres et des centaines de signatures collectées.

      Face à un projet perçu comme « fou », il revendique une « bataille acharnée » de plusieurs mois pour « défendre Callac contre l’invasion ». « Lorsqu’on se bat, on peut gagner », estime-t-il, avant de s’en prendre au projet officiel porté par l’État, surnommé Viltaïs (du nom de l’association mandatée par l’État), qui permet déjà l’installation de réfugié·es dans les Côtes-d’Armor et à Callac. « Le plus sage serait que tout projet soit abandonné à Callac », prévient Bernard Germain. Et d’ajouter : « La Fondation Merci semble ne pas se consoler de son échec à Callac. Il se murmure qu’elle souhaite mettre en œuvre un nouveau projet… à Paimpol cette fois. Nous lui promettons que l’accueil sera le même, voire plus frais encore, dans cette localité. »

      Le fonds de dotation Merci a dénoncé, dans un communiqué diffusé ce mercredi, « la campagne de désinformation, de groupes et de médias d’extrême-droite visant à diviser la population et à déstabiliser le conseil municipal ». « Cette campagne nauséabonde aux relents racistes et antisémites est fondée sur des méthodes de harcèlement et d’intimidation, y compris des menaces de mort, ciblant le maire et plusieurs conseillers municipaux jusque dans leur vie privée », poursuit le communiqué, indiquant que le fonds reste « déterminé à poursuivre son action en faveur de l’inclusion durable de personnes réfugiées en France ».

      Me Vincent Brengarth, avocat de la famille Cohen – qui dirige le fonds et a été victime d’antisémitisme dans cette affaire –, se dit « sidéré par la position » du maire de Callac. « Il est dommage que l’équipe municipale n’ait pas su résister aux pressions exercées par l’extrême droite pour obtenir l’abandon de ce projet, qui était démocratiquement et humainement indispensable. C’est une défaite des valeurs humanistes. »

      Dans le cadre de ce projet, plusieurs infrastructures, dont une ancienne école et une librairie avaient déjà été rachetées par la commune et devaient servir à constituer le « village Horizon », voulu par la municipalité et le fonds de dotation Merci. Une habitante avait même fait le choix d’une reconversion professionnelle pour se former au métier de libraire. « Il y a eu beaucoup d’investissement et tout s’envole en éclats. C’est un vrai gâchis », conclut, dépitée, Laure-Line Inderbitzin.

      Nous republions notre reportage à Callac, publié par Mediapart le 20 décembre 2022.

      *

      Callac (Côtes-d’Armor).– Dans le salon de sa maison, Laure-Line Inderbitzin s’efforce de sourire. En cet après-midi de début décembre, elle prépare le dîner, accompagne ses enfants à leurs activités extrascolaires, s’amuse des ardeurs du chiot qu’elle a adopté trois mois plus tôt. Mais elle finit toujours par revenir à ce qui lui vaut des crevasses en guise de cernes sous les yeux. L’adjointe au maire de Callac est en arrêt maladie car elle ne supporte plus le flot de haine qui se déverse sur sa commune, ni le « harcèlement » de Riposte laïque qui la jette en pâture sur Internet, la qualifiant d’« immigrationniste », d’« âme damnée du maire à migrants » ou d’« inconsciente illuminée ».

      L’élue confie ne plus dormir la nuit. « Je suis obligée de vivre comme une recluse alors que je suis victime ». En pointant une pochette posée sur la table, elle lâche : « Voilà le dossier ». Tout y est. Les nombreuses plaintes qu’elle a déposées. Le sticker retrouvé sur sa boîte aux lettres et estampillé Furie française, un groupuscule d’extrême droite. Les commentaires sur le site de Riposte laïque qui appellent à une « tournante » sur sa personne. Mais Laure-Line Inderbitzin insiste : elle n’a « pas peur » et ne pliera pas face à l’extrême droite.

      Tout a commencé lorsque la presse locale a annoncé l’arrivée de « 70 familles » d’exilés à Callac, alors qu’il s’agissait d’en accueillir une poignée dans le cadre d’un projet baptisé Horizon et porté par le fonds de dotation Merci (un fonds privé à but non lucratif qui finance aussi, grâce à des dons, des projets d’accès à l’éducation ou d’inclusion sociale).
      Déjà douze plaintes déposées

      Depuis cette annonce, les sites Riposte laïque et Breizh-info, puis les militants du Rassemblement national (RN) et de Reconquête, ont fait de Callac « la mère des batailles » contre le « grand remplacement ». Aux manettes du fonds Merci, la famille Cohen est de son côté victime d’antisémitisme. Deux rassemblements se sont succédé à Callac, les 17 septembre et 5 novembre, réunissant des centaines d’opposants au projet venus des quatre coins de la France.

      « Pierre Cassen [membre fondateur de Riposte laïque – ndlr] fait des conférences sur ça, appelant à la “résistance à Callac”. Ils en ont fait un laboratoire », relèvent deux militants syndicaux de gauche, mandatés par leur fédération pour observer l’évolution de l’extrême droite en Bretagne. « Les fascistes sèment la terreur. Des élus ont vu des hommes cagoulés passer en voiture devant chez eux pour les intimider. » Et d’alerter sur la « pression permanente » pesant sur les élus, dont le maire : « Les gendarmes lui ont dit de flouter ses fenêtres à la mairie pour qu’on ne lui tire pas dans la nuque. »

      Ils décrivent un agrégat de groupuscules d’extrême droite et néonazis qui se mobilisent sur ce dossier « pour donner un effet de masse » : une forte représentation de l’Action française, de l’Alvarium (un groupuscule identitaire dissous en 2021 et qui se réactive) et de groupes nationalistes bretons. « Les Callacois sont peu nombreux parmi les opposants. »

      Lorsque le premier collectif « d’anti » est créé au printemps dernier, il compte trois membres, tous callacois : Danielle Le Men, Moulay Drissi et Michel Riou. Mais l’arrivée de Catherine Blein, figure de l’extrême droite condamnée pour apologie du terrorisme et exclue du RN (originaire de Moustéru, à 20 kilomètres de Callac), a poussé certains à s’en éloigner. C’est elle qui préside aujourd’hui « Les Amis de Callac », aux côtés de Danielle Le Men, que Laure-Line Inderbitzin accuse dans le harcèlement qu’elle subit.

      Elle l’a signalé à la gendarmerie, à qui elle a fourni ce qu’elle considère comme les « preuves » de ce qu’elle avance, telle une photo de Danielle Le Men distribuant le dernier tract contre Horizon à Callac. « J’ai encore déposé plainte le 19 novembre, mais je n’ai aucune nouvelle du procureur ou du préfet. C’est fou, on est face à des menaces sur une élue par ailleurs enseignante. »

      Elle y voit un « mépris » pour les élus ruraux et se sent « abandonnée ». Le maire de Callac, Jean-Yves Rolland, a refusé de nous répondre et se serait terré dans le silence. Il a porté plainte le 16 avril en son nom et celui de ses adjoints pour « menace, violence ou acte d’intimidation envers un élu public pour qu’il accomplisse ou s’abstienne d’acte de son mandat », après avoir reçu des courriers, que Mediapart a pu consulter, le qualifiant de « criminel en puissance » qui sera tenu pour « responsable en cas de viols dans la commune » et de « bon camarade avec les mafieux qui font venir tous ces clandestins ». Un autre lui souhaite d’avoir « une bonne assurance incendie ».

      Contacté, le parquet de Saint-Brieuc indique que douze plaintes ont été déposées en lien avec cette affaire. Selon le procureur de la République, Nicolas Heitz, la plainte déposée par le maire de Callac pourrait « caractériser l’infraction de menaces, violences ou actes d’intimidation envers un élu ». « Une enquête a été ouverte et une procédure distincte a été diligentée pour chaque plainte. »
      Déjà deux rassemblements d’extrême droite

      Les militants déjà cités accusent la préfecture d’avoir laissé l’extrême droite organiser deux rassemblements, alors que le maire de la commune aurait réclamé, selon plusieurs sources, leur interdiction. « Le préfet minimise les faits et fait le distinguo entre menaces virtuelles et réelles », affirment-ils. Sollicitée, la préfecture répond que « ces rassemblements ont été autorisés par le maire » et met en avant « la liberté de manifester ». Elle assure que le maire aurait lui-même « informé la préfecture qu’il n’envisageait pas de les interdire ».

      Quant aux élus faisant l’objet de menaces, « leurs craintes sont prises très au sérieux par les autorités », poursuit la préfecture, qui dénonce une « mise en cause infondée ». « Le préfet et son cabinet ont été et sont en contact régulier avec le maire. Le préfet a exprimé publiquement, à plusieurs reprises, son soutien aux élus callacois. » Le procureur précise de son côté que les infractions dénoncées sont « régulièrement évoquées avec le préfet ».

      Dans cette commune aux quelque 2 200 âmes, où un tiers de la population a plus de 70 ans, l’accueil des réfugiés, avant même le projet Horizon, n’a pourtant jamais été un problème : de premières familles sont arrivées du Kurdistan syrien dès 2018, puis du Nigeria, du Soudan et de Syrie de manière continue jusqu’en 2022. Callac, c’est un chiffre qui jusqu’ici semblait ne pas déranger : 10,2 % d’étrangers venus de Bulgarie, Géorgie, Tunisie ou Pologne.

      « On a une tradition d’accueil, qu’il s’agisse des Espagnols ou des Britanniques ; et ça se passe très bien », défend Laure-Line Inderbitzin. Dans une commune ayant perdu un tiers de sa population en trente ans, l’idée de redonner du souffle à l’économie locale et aux services publics l’a vite convaincue.

      Denis Lagrue, membre d’un collectif qui propose aux familles réfugiées, depuis les premières arrivées, des cours de français ou un accompagnement aux rendez-vous médicaux, a pensé que « cela pourrait faciliter [leur] action ». Ce vétérinaire à la retraite, responsable des Restos du cœur à Callac, se souvient de quelques rares critiques au début : « Un bruit de fond disant que les réfugiés prenaient nos logements. » En réalité, insiste-t-il, les HLM qu’ils ont obtenues étaient toutes vacantes.
      Les réfugiés déjà présents préfèrent ignorer la menace

      Avec la polémique autour du projet Horizon, il a le sentiment que Callac a été « salie ». « Comme s’il n’y avait que des racistes ici. Je ne dis pas que tout le monde est pour l’accueil des réfugiés, mais en cinq ans, on n’a jamais vu de manifestation hostile à leur égard. » Il y a selon lui une méconnaissance du sujet, instrumentalisée par l’extrême droite et certains médias.

      « Le travail de sape de CNews est catastrophique. Dans son public, il y a des personnes en grande précarité qui peuvent se tromper de cible. » Son épouse Sylvie a choisi de ne plus alimenter la guerre que l’extrême droite livre à Callac. Elle n’ira pas contre-manifester si l’extrême droite organise de nouveaux rassemblements. « On est dans un climat de terreur, on doit préserver les réfugiés déjà présents et laisser la justice faire son travail. »

      Ce week-end-là, Denis Lagrue rend visite à Ibrahim Zakaria et Mariam, un couple de réfugiés originaires du Darfour et leurs six enfants. Dans la chambre où le père révise le code en vue de passer son permis, des dictionnaires de langue s’amoncellent sur la table basse. Ibrahim Zakaria a appris le français – il parlait déjà son dialecte, l’arabe et l’anglais. À 50 ans, il est inscrit au Greta pour suivre des cours de langues, avant de se lancer dans l’informatique.

      « J’aimerais travailler dans l’agriculture », dit en souriant Mariam, qui se rend souvent au jardin partagé. Après avoir passé seize ans dans un camp de réfugiés au Tchad, la famille a pris ses marques à Callac. Mais elle a compris, depuis quelques mois, que certains « voulaient bien des étrangers et d’autres pas ». « Ils disent que les réfugiés sont des incapables, mais ils ne peuvent pas nous comprendre s’ils ne nous connaissent pas. »

      Ils ont préféré, lors des rassemblements, rester en sécurité à la maison, bien qu’ils soient conscients d’être « dans la légalité ». « Il ne devrait pas y avoir de souci pour nous. »

      Mais en septembre, les noms des réfugiés vivant dans leur immeuble ont été retirés des boîtes aux lettres – une information dont la préfecture des Côtes-d’Armor affirme n’avoir pas eu connaissance. « Ça ne nous a pas fait peur, affirme en souriant le couple. Les locaux sont gentils et les méchants ne sont pas nombreux. »

      « Voilà mon ressenti vis-à-vis des réfugiés, conclut Denis Lagrue en les quittant. Des familles qui s’intègrent, participent à la vie locale, dont les enfants réussissent à l’école. »

      Dans la nuit noire, les lumières de la maison de Michel Riou, l’un des premiers opposants au projet, apparaissent au loin. Le septuagénaire vit à Callac depuis 2006 et se décrit comme un « enfant du canton ». À notre arrivée, nous l’interrompons alors qu’il achève son dîner, mais il ne se fait pas prier pour exprimer sa position.

      Vous savez comment ça se passe dans les grandes villes, il y a des ghettos à cause des réfugiés, on le voit tous les jours à la télé.

      Michel Riou, opposant au projet Horizon

      Il ne saisit pas pourquoi « plein d’infos ont été balancées », d’abord « 70 familles », ensuite 30 ou 40. Ce qui l’effraie en premier lieu, c’est que la ville de Callac ait racheté l’ancienne école Saint-Laurent alors qu’elle est « en ruine », pour y créer le village Horizon, censé abriter des logements, une crèche ou une maison des associations. « On nous dit que la fondation va donner un apport, mais la municipalité est incapable de donner un chiffre. Je sais ce que ça coûte, ce projet ne peut pas marcher dans ce bâtiment », décrète cet ancien élu à l’urbanisme.

      Et puis, le discours anti-migrants jaillit. « Moi, c’est pas une ou deux familles qui me dérange, faut rester humain. Mais faut pas qu’on nous les envoie en nombre. Vous savez comment ça se passe dans les grandes villes, il y a des ghettos à cause des réfugiés, on le voit tous les jours à la télé. On ne veut pas que ça arrive à Callac. » Sa ville est à l’abandon, poursuit-il, désolé de voir des squats « partout » ou la toiture du gymnase Albert-Monfort toujours inachevée.

      S’il admet que tout se passe bien avec les familles réfugiées déjà présentes ici, « après, faut faire attention à tout ce qui se greffe autour ». « Je suis contre l’afflux des réfugiés. Pourquoi ils ne règlent pas leurs problèmes chez eux ? » Dans son salon, où se mêlent un drapeau breton, un bateau à voiles et une photo de Johnny Hallyday, il saisit une mallette où il déniche des courriers d’admirateurs venus lui adresser leur soutien : « Je suis bretonne et je connais Callac. Résistez. Nous sommes envahis en ville et maintenant c’est la campagne ! »

      Michel Riou a quitté le premier collectif « anti-Horizon », après qu’un mail aux relents nazis, adressé en son nom depuis l’adresse mail – piratée – du fonds de dotation Merci, a été envoyé à la ville de Callac. Il l’a quitté, aussi, parce que Catherine Blein commençait à prendre trop d’importance au sein du collectif. Depuis, il poursuit sa lutte, au sein d’un autre groupe qu’il a monté mais dont il refuse de donner le nombre de membres.

      Les menaces que subit Laure-Line Inderbitzin, il estime qu’elle les a « bien cherchées ». « En politique, il faut s’attendre à des coups durs. C’est de sa faute, elle aurait dû calmer le jeu », ose-t-il. Puis ajoute : « Moi, c’est pas écrit fasciste sur mon front. » Michel Riou est un ancien communiste. Désormais sans parti, il vote « comme [il] veut ». Reconquête ou RN ? « Et pourquoi pas. C’est peut-être ce qu’il faut pour remettre un peu d’ordre en France. »
      Un projet mené par l’État lui aussi menacé

      Que l’extrême droite passe aux commandes, c’est la crainte de Patrick Morcet, adjoint au maire à Callac. Ce matin-là, dans la maison qu’il occupe avec son épouse, une alarme retentit pour signaler notre arrivée. Pour « protéger [sa] famille », l’élu a installé des caméras dans son jardin, après avoir été réveillé, dans la nuit du 11 au 12 novembre dernier, par une présence dehors détectée par son chien. « J’ai vu deux hommes cagoulés dans l’allée, avec du matériel, qui se sont enfuis en courant. »

      Ils voulaient sans doute faire un saccage et avaient repéré les lieux, estime-t-il, expliquant avoir vu plus tôt des hommes s’aventurer dans l’impasse menant à son domicile. Patrick Morcet n’a pas porté plainte. « Je l’ai signalé au maire qui l’a dit à la gendarmerie, et depuis, ils font des rondes devant chez moi. » L’homme au visage rond refuse d’abandonner le projet Horizon malgré ce climat de « peur », et même si certains élus veulent reculer.

      Fin novembre le maire de Callac aurait organisé un vote informel pour demander à sa majorité si elle souhaitait poursuivre le projet. « Il y a eu huit “contre”, quatre demandes de suspension et deux “pour” », révèlent plusieurs sources.

      « Même si le projet est abandonné, ça ne s’arrêtera pas, on sera attaqués sur tout ce qu’on fera ensuite », souligne Patrick Morcet, en évoquant un projet – cette fois de l’État – pour l’accueil de réfugiés à Callac, géré par Viltaïs.

      Le fonds de dotation Merci a été invité à coordonner son action avec celle menée par l’opérateur de l’État.

      Préfecture des Côtes-d’Armor

      Des maisons devaient être rachetées par cette association pour les exilés, mais la pression de l’extrême droite aurait contraint une propriétaire à faire machine arrière. Sur le dernier tract distribué par les opposants, ils promettaient de « continuer à combattre les projets Horizon et Viltaïs jusqu’à la victoire ».

      Si l’arrivée de deux familles aurait été repoussée en raison des événements, la préfecture des Côtes-d’Armor indique que le projet Viltaïs « n’est pas remis en cause ». « Le fonds de dotation Merci a été invité à coordonner son action avec celle menée par l’opérateur de l’État », ajoute-t-elle, sans donner de précisions sur l’avenir du projet Horizon. Mais ce dernier, qui était inscrit à l’Opération de revitalisation de territoire (ORT), n’en ferait plus partie.

      Patrick Morcet regrette un problème de communication dès le départ et explique avoir plaidé pour passer par un cabinet spécialisé, sans être entendu. « J’avais peur qu’un simple mot soit détourné. » La première réunion publique, en avril 2022, aurait été selon lui « trop parisienne ». « Avec une meilleure présentation des choses, on aurait pu rassurer la population locale. »

      Il aurait aimé dire combien ce projet pouvait profiter à « tout le monde » et aider à revitaliser sa commune. « Quand on perdra une classe d’école demain, les opposants à Horizon seront les premiers à râler. » Il y a, songe-t-il, tout ce qu’il faut pour les accueillir. Il suffit de se balader pour constater les commerces fermés et « qui ne demandent qu’à être repris ». « Le dentiste s’en va aussi en fin d’année. »

      https://www.mediapart.fr/journal/france/110123/apres-les-menaces-de-l-extreme-droite-callac-abandonne-son-projet-pour-l-a
      #abandon

    • Zemel tov 🤸‍♀️ @Mazal_Bof
      9:38 AM · 14 janv. 2023
      https://twitter.com/Mazal_Bof/status/1614180211255377920

      Je parlais récemment qu’un des enjeux autour de Callac c’était la remise en question des réseaux de fafs, & notamment leur présence numérique etc.
      Regardez la quantité de réponses en UNE heure après publication.
      https://twitter.com/pierre_plottu/status/1614154353090220033

      A CHAQUE article, chaque post FB, chaque tweet sur le sujet, c’est systématiquement le même déferlement de fachosphère. Immédiatement.

      Et là le cas de P. Plottu n’est pas trop « surprenant », son travail est pas mal hate followed par l’ext-droite, mais c’est pareil ailleurs.
      Et ÇA, c’est sous un tweet d’un journaliste là à l’instant T. Maintenant imaginez ce que ces gens font subir aux elu•es & habitant•es de Callac, depuis des mois. :)

    • "Ce n’était plus tenable" : le maire d’un village breton abandonne un projet d’accueil de réfugiés

      Les manifestions, menaces de morts et intimidations diverses subies par la municipalité de Callac ont eu raison du projet « Horizon », qui prévoyait l’installation de réfugiés dans ce petit village du Finistère. Le fonds partenaire du projet « regrette » cette décision, et dénonce « la campagne de désinformation de groupes d’extrême droite visant à diviser la population ».

      À peine évoqué et déjà enterré. Le projet d’accueil de réfugiés dans la commune rurale de Callac, dans le Finistère, n’aura pas lieu. « Personnellement, j’étais pour le projet mais ce n’était plus tenable, a déclaré son maire Jean-Yves Rolland, à l’AFP. J’assume la décision d’arrêter [...] À un moment, il faut trancher ».

      « C’est dommage qu’on en arrive là [...] C’était un projet humain d’une très grande valeur, sans doute très important pour Callac dans l’avenir », a poursuivi l’édile.

      Au printemps dernier, la commune avait signé une convention avec le Fonds privé de dotation « Merci ! », afin de mettre sur pied le projet dénommé « Horizon ». Celui-ci prévoyait l’accueil, sur plusieurs années, de quelques dizaines de personnes reconnues comme réfugiées par l’État et bénéficiant d’une autorisation de séjour de longue durée sur le territoire français. Grâce à divers équipements prévus, « Horizon » devait bénéficier autant aux habitants qu’aux étrangers accueillis. Plusieurs dizaines d’emplois à pourvoir avaient par ailleurs été recensés pour les réfugiés.

      Le projet visait à redynamiser ce bourg rural de 2 200 habitants, qui a une longue tradition d’accueil de réfugiés depuis la guerre d’Espagne et a perdu plus de 1 000 habitants depuis les années 1960.
      Manifestations et menaces de mort

      Immédiatement après l’annonce du projet, la mairie avait fait face à une intense contestation. Deux manifestations, s’appuyant sur un petit groupe d’opposants locaux, mais portées par l’extrême droite et notamment le parti Reconquête d’Éric Zemmour, s’étaient déroulées dans la commune. Elles avaient suscité à chaque fois des contre-manifestations de soutien au projet et de dénonciation de l’extrême droite. Les forces de l’ordre étaient intervenues pour tenir les deux camps à distance.

      Des élus ont également été soumis à de multiples pressions, y compris des menaces de mort ou des atteintes à leur vie privée.

      Dans la commune, l’ambiance était également tendue, selon plusieurs témoignages : des visages fermés, des gens qui ne se parlaient plus, des commerces que l’on ne fréquentait plus en fonction des prises de position du propriétaire, assure l’AFP.

      Dans un communiqué, le Fonds de dotation (FDM) « regrette » la décision des élus et « dénonce la campagne de désinformation de groupes et de médias d’extrême droite visant à diviser la population et à déstabiliser le Conseil municipal ». Évoquant une « campagne nauséabonde aux relents racistes et antisémites », le Fonds « exprime son soutien à tous les élus de Callac ».

      « Les menaces et les intimidations de l’extrême droite n’arrêteront pas le FDM dans sa détermination à favoriser une société française accueillante et solidaire », affirme aussi le mécène, qui exprime aussi sa volonté de « poursuivre son action en faveur de l’inclusion durable de personnes réfugiées en France, dans une logique de relance économique et sociale de territoires ruraux ».

      Jean-Yves Rolland promet quant à lui que « Callac est, et restera, une terre d’accueil pour toutes nouvelles populations, réfugiées ou pas ».
      Une vie intenable à la campagne

      L’idée de répartir les migrants et les réfugiés en milieu rural a été soulevée par Emmanuel Macron en 2022, dans le cadre de la réforme de la loi immigration. Devant les préfets, le 15 septembre dernier, le chef de l’État a admis que la politique d’accueil actuelle des étrangers était « absurde », « inefficace » et « inhumaine » car elle consistait « à mettre des femmes et des hommes qui arrivent, qui sont dans la plus grande misère » dans les quartiers les plus pauvres.

      Il avait ainsi plaidé pour une meilleure répartition des étrangers accueillis sur le territoire, notamment dans les « espaces ruraux, qui eux sont en train de perdre de la population ».

      Si le président voit, dans cette idée, des opportunités pour tous – locaux comme exilés – dans les faits, la réalité est plus contrastée. Haplincourt, petit village de 200 habitants dans le nord de la France, a accueilli en 2017 Badiah, Jamal, et leur petite fille. « Le jour où ils sont arrivés, c’était le jour où les aînés se rencontraient pour jouer aux cartes, donc quand la petite gamine de trois ans leur a sauté au cou en arrivant, l’accueil s’est fait », se souvient Michel Flahaut au micro de France Info.

      Malgré cela, le couple a déménagé à Arras, où Jamal a trouvé un emploi de menuisier. L’isolement ressenti à Haplincourt a finalement poussé la famille à s’installer en ville : le permis syrien de Jamal n’était pas reconnu en France, la vie à la campagne était devenu intenable. « Il n’y avait qu’un bus le matin à 6h et un le soir », explique la mère de famille. Sans permis et sans voiture, Badiah devait « rester chez [elle] tout le temps ».
      « Trouver une voiture »

      « Il faudra que monsieur Macron y pense dans son projet s’il veut ramener des gens dans les villages où il n’y a pas de travail et pas de commerces », met en garde le maire d’Haplincourt dans l’article.

      Ailleurs en Europe, des projets similaires à celui de Callac ont déjà été expérimentés il y a plusieurs années. Camini, une petite localité du sud de l’Italie dans lequel InfoMigrants s’est rendu en octobre dernier, a accueilli une centaine d’exilés ces dernières années. Depuis leur arrivée, la vie a repris timidement : un bar restaurant - l’unique désormais - a ouvert, l’école primaire qui pendant 20 ans ne comptait plus qu’une classe en compte désormais quatre, et un distributeur automatique de billets y a pris ses quartiers en 2020 pour le bonheur du plus grand nombre.

      Pour les exilés, en revanche, le bilan est plus mitigé. « Cela fait sept ans qu’on est là mais on ne se sent toujours pas stables », avait expliqué Haseed Bukari, originaire du Pakistan, dont les parents tiennent une boutique dans le village. « Mes parents adorent Camini, poursuit Haseed Bukari, mais le problème, c’est les transports. Ils ont besoin de se rendre régulièrement à la préfecture pour renouveler leur titre de séjour, et je dois y aller avec eux pour traduire. Mais c’est si loin que ça me fait rater à chaque fois une journée d’école. » L’adolescent fêtera ses 18 ans en décembre : « La première chose que je vais faire, c’est trouver une voiture. »

      http://www.infomigrants.net/fr/post/46056/ce-netait-plus-tenable--le-maire-dun-village-breton-abandonne-un-proje

    • Sans-papiers. Des associations dénoncent des contrôles de police aux abords des structures d’aides alimentaires.
      https://france3-regions.francetvinfo.fr/bretagne/ille-et-vilaine/rennes/sans-papiers-des-associations-denoncent-des-controles-d

      Le collectif de soutien aux personnes sans-papiers organise un rassemblement mercredi prochain devant la cité judiciaire de #Rennes. Ils dénoncent des contrôles d’identité aux abords de plusieurs associations caritatives où se rendent ces bénéficiaires.
      Le collectif s’exprime en ses termes :"Le procureur de la République organise des contrôles d’identité aux abords des associations caritatives (Restos du Cœur, Croix Rouge…) avec des policiers en civil, et des #contrôles_au_faciès. Les personnes interpellées, enfants compris, sont emmenées au centre de rétention administrative (CRA) et privées de liberté. Certaines pour plusieurs heures, d’autres risquant l’expulsion. Doit-on choisir entre se nourrir ou le risque de se faire enfermer ?"

      #racisme #discrimination #police

    • À Callac, comment la solidarité a perdu contre l’extrême droite

      L’abandon d’un projet d’installation de réfugiés dans la petite ville des Côtes-d’Armor est vue comme une victoire pour l’extrême droite. Sur place, les partisans de l’accueil tentent de comprendre pourquoi ils ont perdu. Ailleurs en France, les campagnes de haine se multiplient.

      CallacCallac (Côtes-d’Armor) et Saint-Brévin-les-Pins (Loire-Atlantique).– « Du Béarn, je veux dire bravo à mes militants Reconquête ! qui ont bataillé depuis le premier jour aux côtés de tous les patriotes, pour empêcher ce funeste projet de répartition des migrants à Callac. Vive la France ! » Sur Twitter, le 11 janvier dernier, le président du parti d’extrême droite Reconquête, Éric Zemmour, laisse éclater sa joie. Le projet d’accueil de quelques familles de réfugié·es dans le petit village costarmoricain de Callac est officiellement abandonné, après plusieurs mois de pressions, manifestations et menaces plus ou moins voilées, de la part de l’extrême droite, locale et nationale.

      Callac et ses 2 200 habitant·es sont devenus malgré eux le théâtre d’un affrontement politique qui a largement dépassé les frontières de cette commune située à une vingtaine de kilomètres de Guingamp. Le projet, baptisé Horizon, n’était pourtant pas aberrant : il s’agissait d’accueillir une poignée de familles de réfugié·es dans cette commune qui perd depuis plusieurs années des habitant·es. Le projet était porté par le fonds de dotation Merci (fonds privé à but non lucratif qui finance aussi, grâce à des dons, des projets d’accès à l’éducation ou d’inclusion sociale), géré par la famille Cohen, propriétaire des magasins Bonpoint et Merci.
      La « mère des batailles contre le grand remplacement »

      Mais dès la première réunion publique présentant le projet, en avril, et dans les semaines qui ont suivi, une poignée d’opposants, d’abord locaux, puis venus de plus loin, a fait monter la tension. Le maire divers gauche, Jean-Yves Rolland, a fini par se murer dans le silence face aux menaces. Sa ville a été le théâtre de deux manifestations et contre-manifestations. Sur les réseaux sociaux, la « bataille » de Callac est devenu la « mère des batailles contre le grand remplacement » pour l’extrême droite et en particulier Reconquête.

      Au cœur de ce « tsunami de violences », selon ses propres termes, Laure-Line Inderbitzin, maire adjointe PCF de la ville, par ailleurs professeure de breton au collège municipal, et qui a porté le projet de bout en bout. Dès le 16 avril, une première plainte est déposée, suivie par d’autres, pour « diffamation », « menaces de mort », de « viol », « menaces » sur sa famille.

      Quand nous la retrouvons ce lundi de janvier dans un restaurant près de la gare, Laure-Line Inderbitzin est certes déçue de l’abandon du projet mais pas découragée. Elle dédouane le maire, « acculé », et le répète : « C’était une obligation morale de ne pas lâcher, de tenir face aux fachos. »

      Elle continue de penser que le projet était bon pour la ville. « Dans le centre-ville, il y a 38 % de vacance de logements, beaucoup de logements insalubres... Ce que proposait Horizon, c’était justement de loger des familles de réfugiés dans de l’habitat diffus, pour ne pas créer un ghetto », expose-t-elle. La jeune femme rappelle également que Callac accueille d’ores et déjà une petite quarantaine de réfugié·es, « sans que la gendarmerie ne constate aucun problème ».

      Ancienne maire de Callac, aujourd’hui élue dans le groupe « minoritaire » – elle préfère ce terme à celui d’« opposition » –, Lise Bouillot nous reçoit dans sa vaste cuisine-salle à manger. Autour d’elle, Martine Tison et Jean-Pierre Tremel, également élus de la « minorité ».

      « Nous étions pour le projet Horizon », expose en préambule Lise Bouillot, qui insiste sur le fait que Callac est une « terre d’accueil », que des réfugiés républicains espagnols avaient déjà été accueillis par la ville à la fin des années 1930, que lors de son mandat, avant 2020, la ville avait hébergé des réfugié·es avec « beaucoup d’enthousiasme et de générosité ».

      Mais pour l’élue, le projet a péché dès le départ par un « problème de communication ». « La première réunion publique a été une catastrophe, les gens sont sortis de là sans rien savoir du projet, dit-elle. Le maire a été extrêmement maladroit : c’est lui, devant témoins, qui a parlé de 60 familles et de l’avenir démographique de Callac. »

      Cette question des 60 familles est loin d’être anodine. Le projet Horizon a toujours consisté à accueillir quelques familles. Mais dès le mois d’avril, c’est le chiffre de 70 familles ou bien celui de 500 personnes, qui circule parmi les opposants, à commencer par le collectif Pour la défense de l’identité de Callac, créé par Danielle Le Men, Michel Riou et Moulay Drissi. Tous trois habitent Callac. Michel Riou est un ancien élu de gauche de la ville. Moulay Drissi, quant à lui, s’est présenté hors parti aux dernières élections législatives et n’a recueilli que 0,85 % des votes (327 voix).
      Une demande de référendum

      Dès juin, dans une lettre ouverte au maire de Callac, les trois membres de ce collectif demandent l’organisation d’un référendum. « L’arrivée de 70 familles extra-européennes bouleverserait totalement la vie de la commune et du canton », écrivent-ils notamment. « Les gens sont partis sur cette idée de référendum, alors que la majorité n’a pas été capable d’expliquer son projet », relève Lise Bouillot.

      « Nous-mêmes nous n’avons été associés au projet Horizon qu’en septembre, et c’est à ce moment-là que nous avons vraiment adhéré, explique l’ancienne maire. On ne peut pas être contre l’accueil de personnes fracassées par la vie. Horizon, c’était un projet global : humanitaire, social, culturel, original. Qui, de plus, se proposait d’accompagner les réfugiés pendant 10 ans ! »

      Nous rencontrons chez eux Denis et Sylvie Lagrue. Lui, membre d’un collectif qui propose aux familles réfugiées, depuis les premières arrivées, des cours de français ou un accompagnement aux rendez-vous médicaux, est par ailleurs responsable d’une association d’aide aux familles en difficulté. Elle gère depuis 30 ans le cinéma local. Se trouve également présent Erwan Floch’lay, qui a rejoint voici quelque temps l’équipe du cinéma.

      Tous trois étaient présents lors de la première réunion publique de présentation du projet. Pour eux, cette réunion ne s’est pas trop mal passée. Même si, selon Erwan Floch’lay, « trois membres de l’extrême droite locale se trouvaient dans le fond de la salle, mais dans l’ensemble, les gens ont semblé impressionnés ».

      Quand la bascule a-t-elle eu lieu ? Dans le courant de l’été, et surtout à la rentrée de septembre. Une seconde réunion publique était prévue le 23 septembre. Elle n’aura jamais lieu car entre-temps, l’extrême droite a débarqué dans la ville.
      Alliance de circonstance

      Catherine Blein, ancienne figure bretonne du Rassemblement national (RN), exclue du parti lepéniste après avoir tweeté « œil pour œil » à propos de l’attentat islamophobe de Christchurch, a rejoint l’association des opposants. Edwige Vinceleux, ancienne « gilet jaune » passée candidate Reconquête aux législatives de juin, fait publiquement de Callac un combat personnel. Bernard Germain, enfin, candidat Reconquête lui aussi dans la circonscription voisine, est de la partie.

      « Ces gens-là avaient les réseaux sociaux, des médias comme le site d’information locale d’extrême droite Breizh Info, et ils sont implantés en Bretagne », analysent deux militants syndicaux de gauche, mandatés par leur fédération pour observer l’évolution de l’extrême droite en Bretagne. À quoi ils ajoutent l’alliance de circonstance entre les « nationalistes bretons du PNB et Reconquête et Action française ».

      Une première manifestation est organisée le 17 septembre. Quelques centaines de personnes opposées au projet – dont seulement une vingtaine de personnes de Callac, selon plusieurs sources – se retrouvent face à un nombre légèrement supérieur de personnes favorables – elles aussi en grande partie extérieures à la ville – ou du moins opposées à l’extrême droite. « Cette première manifestation fait peur aux gens », estime Denis Lagrue.

      Suffisamment en tout cas pour que la seconde réunion publique, prévue la semaine d’après, n’ait pas lieu. Dans les semaines qui suivent, la situation se tend encore. Il y a d’abord ce dîner-débat organisé par Reconquête dans la ville voisine de Chapelle-Neuve, le 19 octobre. Le maire Les Républicains (LR) de la ville, Jean-Paul Prigent, explique benoîtement avoir accepté de prêter une salle sans avoir bien conscience d’accueillir une opération de Reconquête.

      On a même vu un drapeau suprémaciste flotter sur Callac !

      Gaël Roblin, conseiller municipal de Guingamp

      Des manifestant·es tentent d’empêcher l’événement, se retrouvent gazé·es, voire matraqué·es. La réunion a tout de même lieu. Et une nouvelle manifestation contre le projet est organisée le 5 novembre. Cette seconde manifestation réunit un peu plus d’opposant·es au projet, et plus aussi d’opposant·es aux opposant·es. Aujourd’hui encore, les pro-Horizon s’étonnent que cette seconde manifestation ait été autorisée.

      « Sur cette deuxième manifestation, il y avait tout ce que l’extrême droite compte d’infréquentables ! On a même vu un drapeau suprémaciste flotter sur Callac ! », dénonce Gaël Roblin, conseiller municipal de la gauche extra-parlementaire à Guingamp. Une contre manifestation est organisée, générant quelques affrontements sporadiques avec les forces de l’ordre.

      C’est suffisant pour alerter un peu plus les Callacois et Callacoises, si l’on en croit Lise Bouillot. « On pense aussi que la population a basculé après les manifestations, surtout la deuxième avec des bombes lacrymogènes partout. Le marais a basculé sur le thème “il est temps que ça cesse” », estime l’élue.

      « Depuis septembre et jusqu’à aujourd’hui, l’extrême droite tient le narratif », enrage Erwan Floch’lay. « Il y a une inversion totale où eux sont les résistants et nous les collabos », abonde Sylvie Lagrue, qui poursuit : « Certains disent que si on n’avait rien fait, rien dit, l’extrême droite se serait calmée. » « Mais ça veut dire quoi, “calmée” ? », s’interroge Denis Lagrue.

      « On aurait difficilement pu faire plus ou différemment », estime de son côté Gaël Roblin, qui insiste sur l’organisation « dans l’urgence » de ces deux contre-manifestations. Celui-ci pose tout de même la question du rôle du préfet. Mis au courant des menaces lourdes et répétées qui ont pesé sur les élu·es de Callac, sa réponse est jugée plutôt timide, voire absente. Pour les deux militants syndicaux, la « victoire de l’extrême droite à Callac, c’est avant tout la victoire de l’impunité ».
      « Le pire du pire de la mentalité humaine »

      Lise Bouillot, qui a vu les messages de menace adressés à la majorité (« une horreur, le pire du pire de la mentalité humaine ») « enrage de voir Reconquête crier victoire ».

      Le déroulé de toute cette séquence est en tout cas regardé de près, et avec inquiétude, à quelque 150 kilomètres au sud de Callac. À Saint-Brévin-les-Pins (Loire-Atlantique), un bâtiment situé à côté d’une école subit actuellement des travaux en vue de sa transformation en centre d’accueil de demandeurs d’asile (Cada).

      Michel Sourget et Yannick Josselin, tous deux militants pour un accueil solidaire des migrantes et migrants, nous reçoivent dans la maison du premier, à quelques mètres de la plage. Ici aussi, les opposants locaux ont été rejoints par l’extrême droite nationale. « On a vu Pierre Cassen, fondateur du site d’extrême droite Riposte laïque, venir défiler le 11 décembre. Il y a très peu de parents d’élèves dans le collectif d’opposants, justement à cause de la présence de l’extrême droite », expose Michel Sourget.

      Comme à Callac, la ville reçoit déjà des réfugié·es « et les gens constatent que ça se passe bien », note Yannick Josselin, ancien éducateur spécialisé. L’association qui va gérer le Cada, Aurore, a reçu deux personnes du collectif d’opposants, « alors ils ne peuvent pas dire qu’ils ne sont pas informés ».

      Pour ces deux habitants de Saint-Brévin, le plus dur est de ne pas savoir « comment les choses vont tourner ». Ils notent que le maire semble tenir bon face à l’extrême droite, ce qui s’explique peut-être aussi par le fait que Saint-Brévin est une ville plus grande, avec plus de 13 000 habitant·es. Par ailleurs, les travaux ont déjà démarré et une tentative d’occupation des locaux par l’extrême droite a tourné au fiasco, car les occupants n’étaient pas assez nombreux.

      Qu’importe pour Reconquête. Si Saint-Brévin est l’une des cibles du moment, le mouvement d’Éric Zemmour n’en manque pas. Dans les Côtes-d’Armor, ses militants et militantes ont tenté, sans succès, de faire annuler une animation intitulée « Uniques en son genre » impliquant la venue de drag-queens de la compagnie rennaise Broadway French, à la bibliothèque de Lamballe.

      Dans ce même département, Reconquête dénonce le fait que des élèves soient invités à échanger avec des migrants pour un concours régional sur « l’immigration à l’échelle locale ». Le parti d’extrême droite tente également d’empêcher le démontage d’une statue de la Vierge sur l’île de Ré. Tout comme il est parvenu, il y a quelques semaines, à clouer au pilori, via une campagne de harcèlement, une enseignante qui voulait emmener des élèves de prépa voir des migrants à Calais.

      Autant de campagnes à l’échelle microlocale pour un parti qui n’a obtenu aucun·e député·e lors des dernières élections législatives, et qui ne peut rester dans les radars que par des coups d’éclat permanents. Au risque, bien réel, d’inscrire la théorie complotiste du « grand remplacement » dans le débat public. A fortiori si la gauche peine à trouver la parade.

      https://www.mediapart.fr/journal/france/220123/callac-comment-la-solidarite-perdu-contre-l-extreme-droite

    • Un média breton visé par des menaces de mort de l’extrême droite : défendons la liberté d’informer
      https://basta.media/Le-media-breton-Le-Poher-vise-par-des-menaces-de-mort-de-l-extreme-droite-d

      Pour avoir rendu compte de la situation à Callac (Côtes-d’Armor) où des groupuscules d’extrême droite se sont violemment opposés à l’accueil de réfugiés, l’hebdomadaire Le Poher fait l’objet d’intimidations. Un rassemblement a lieu le 25 février.

    • Par deux fois, déjà, les membres de ce journal ont été menacés de mort. Le lien entre ces attaques et les évènements survenus à Callac semble évident.

      https://www.lepoher.fr/une-balle-dans-la-tete-de-nouvelles-menaces-contre-le-poher

      Le Poher Hebdo a été visé par une alerte à la bombe ce lundi 20 février 2023, à Carhaix (Finistère). Des gendarmes et un chien renifleur d’explosifs sont intervenus toute la matinée. Aucun explosif n’a été détecté. Une plainte a été déposée. Le rédacteur en chef avait été visé par des menaces de mort ces dernières semaines.
      https://www.ouest-france.fr/bretagne/finistere/l-hebdomadaire-le-poher-vise-par-une-alerte-a-la-bombe-a-carhaix-ce-lun
      #paywall (qui résiste à toute tentative de crackage)

    • Après l’incendie de son domicile, le maire de Saint-Brevin annonce sa démission

      #Yannick_Morez, le maire de Saint-Brevin-les-Pins (Loire-Atlantique), a envoyé sa lettre de démission au préfet, mardi 9 mai. Une décision prise en famille, après l’incendie criminel ayant visé sa maison, mercredi 22 mars.

      (#paywall)

      https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/saint-brevin-les-pins-44250/info-ouest-france-apres-lincendie-de-son-domicile-le-maire-de-saint-bre

      #démission

    • Menaces de mort et harcèlement antisémite à Callac : le parquet de Paris ouvre une enquête

      Les investigations portent, d’après nos informations, sur les menaces de mort et le harcèlement en ligne à caractère antisémite subis par le fonds privé Merci, à l’origine du projet d’installation de réfugiés à Callac, dans les Côtes-d’Armor.

      D’aprèsD’après nos informations, le parquet de Paris a ouvert, le 20 avril dernier, une enquête préliminaire sur les faits de cyberharcèlement et de menaces de mort à caractère antisémite subis par le fonds de dotation Merci, une structure philanthropique engagée dans le projet d’installation de réfugié·es à Callac (Côtes-d’Armor), initialement porté par la mairie, puis enterré sous la pression de l’extrême droite.

      Ciblée par le parti Reconquête et le Rassemblement national (RN), qui en ont fait le laboratoire de leur guerre civilisationnelle contre le supposé « grand remplacement » des populations blanches et chrétiennes, cette commune de 2 000 habitant·es a fait l’objet, depuis des mois, d’une violente campagne de haine. Principales victimes : des élu·es de Callac (voir ici et là), mais aussi les représentants du fonds Merci, dont le nom de famille, Cohen, a été jeté en pâture sur les réseaux sociaux et a servi à alimenter toutes sortes de théories complotistes et antisémites.

      À la tête de cette structure privée, la famille Cohen s’était illustrée, ces dernières années, dans des projets locaux agroécologiques ou dans la scolarisation d’enfants à Madagascar. Depuis 2018, elle s’investit aussi à travers son antenne Horizon dans la création de « lieux de vie multiculturels » animés par des réfugié·es et des non-réfugié·es, dans l’optique de participer au « développement économique, social et culturel du territoire ».

      Un engagement familial pour la fraternité que Benoît Cohen, par ailleurs écrivain et cinéaste, avait raconté dans Mohammad, ma mère et moi (Flammarion), récit de l’accueil par sa propre mère d’un migrant afghan dans son hôtel particulier du VIIe arrondissement de Paris.

      Dans le cadre du projet Horizon, plusieurs familles de réfugié·es devaient ainsi être accueillies dans le village des Côtes-d’Armor, jusqu’à ce que l’annonce publique du projet, en avril 2022, attire l’attention de l’extrême droite, entraînant des semaines de harcèlement et de mobilisations, orchestrés notamment par des groupes néonazis.

      Le 17 mars dernier, une plainte avait été déposée par les représentants du fonds Merci pour « harcèlement en ligne, provocation à la haine » et « injure en raison de l’appartenance à une religion ».

      Ouverte par le Parquet national de la haine en ligne (PNHL), unité du tribunal de Paris créée en 2021 et spécialisée dans le cyberharcèlement, l’enquête a été confiée à l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité et la haine en ligne (OCLCH) et la gendarmerie des Côtes-d’Armor, confirme le parquet de Paris à Mediapart.

      Cette procédure s’ajoute aux nombreuses autres déjà ouvertes par le parquet de Saint-Brieuc, à la suite des multiples plaintes déposées dans cette affaire.

      Une dizaine au moins ont été déposées par les élu·es de Callac, mais aussi par des journalistes de France 3 ou du média local Le Poher, victimes de coups de fil anonymes ou de commentaires menaçants sur les réseaux après qu’ils ont couvert l’affaire.

      « Il est regrettable que nous ayons eu à porter plainte pour déclencher une réponse judiciaire à des agissements extrêmement graves », s’agace l’avocat des représentants du fonds, Vincent Brengarth. Il espère que l’enquête donnera lieu à des auditions de médias de la fachosphère comme Riposte laïque, Breizh info ou Résistance républicaine, pointés du doigt pour leur participation active dans les polémiques ayant débouché sur des passages à l’acte (voir ici ou là).

      En plus des messages menaçants et antisémites reçus directement par mail ou sur les comptes Facebook du fonds, la plainte cite, à titre d’exemple, au moins cinq articles publiés entre le 3 juin 2022 et le 17 janvier 2023 sur le site d’extrême droite Riposte laïque, qui reprennent le b.a.-ba de la rhétorique antisémite.

      La famille Cohen y est désignée comme « une caricature de la pourriture des élites mondialistes », dotée d’une « âme infecte » et « de ce qu’il y a de pire dans l’âme humaine ».

      L’avocat estime que ces médias se sont montrés « complices » des faits de harcèlement. « La complicité se caractérise par la coopération coupable des médias qui ont ouvert des espaces de discussion sur leurs sites internet respectifs, sous des articles publiés par la rédaction, peut-on lire dans la plainte, consultée par Mediapart. En laissant ouverts ces espaces de discussion, ils ont permis la prolifération de messages à caractère antisémite sur leurs sites […]. Les médias ont également fait naître l’espérance d’une impunité pour leurs auteurs. »

      Comme d’autres avocats ou associatifs mobilisés sur des affaires similaires impliquant l’extrême droite, Me Brengarth pointe du doigt le silence des autorités, mais aussi des défaillances dans la prise en charge judiciaire de ce genre de dossier.

      Comme l’avait raconté Mediapart, la directrice générale du fonds Merci, victime d’une usurpation d’identité et d’un détournement de son adresse mail, avait quasiment été dissuadée de porter plainte dans un commissariat de Paris. Enregistrée depuis, la plainte a été transférée au parquet de Saint-Brieuc.

      La procédure ouverte par le parquet de Paris le 20 avril intervient dans un moment de mobilisation inédite de l’extrême droite dans le pays, où les passages à l’acte se multiplient sans réaction adéquate du gouvernement. Ainsi, ce n’est qu’après l’annonce publique de sa démission que le maire de Saint-Brevin-les-Pins (Loire-Atlantique), victime d’un incendie criminel après des semaines de harcèlement par l’extrême droite, a été reçu par la première ministre Élisabeth Borne. Auditionné par le Sénat, il a livré l’effarant récit de son abandon par l’État.

      L’inquiétude des pouvoirs publics semble depuis être retombée comme un soufflé. Après les menaces de mort antisémites reçues par la présidente de l’Assemblée nationale elle-même, début juin, plusieurs centaines de tracts néonazis ont été distribués dans des boîtes mails de député·es. Près d’une centaine de villes ont également noté, ces derniers jours, des campagnes de distribution massive dans les boîtes aux lettres de leurs administré·es, comme à Clairvaux-les-Lacs (Jura), commune de 1 400 habitant·es – une enquête a depuis été ouverte pour « apologie de crime contre l’humanité » et « provocation à la haine en raison de l’origine ou de la religion » par le parquet de Lons-le-Saunier. Sans aucune réaction du président de la République.

      https://www.mediapart.fr/journal/france/160623/menaces-de-mort-et-harcelement-antisemite-callac-le-parquet-de-paris-ouvre

  • Au Liban, après un meurtre sauvage, un village se déchire sur la présence des réfugiés syriens
    https://www.lemonde.fr/international/article/2022/12/14/au-liban-le-village-d-aqtanit-se-dechire-sur-la-presence-des-refugies-syrien

    Au Liban, après un meurtre sauvage, un village se déchire sur la présence des réfugiés syriens
    Des centaines de réfugiés qui vivaient à Aqtanit, petit village au sud-est de Saïda, ont été chassés, s’abritant dans les environs. Une poignée sont revenus.

    #Liban #racisme #chasse_à_l'homme #discrimination #migrations #pauvreté #réfugiés #Syrie

  • Clichy pour l’exemple

    De #Clichy-sous-Bois tout est parti. La mort de deux adolescents, puis la révolte, la colère et l’#indignation. D’ici est parti le brasier qui enflamma comme une traînée de poudre l’ensemble des villes limitrophes avant de se propager au reste de la France. En prenant Clichy pour exemple, ce film tente de sonder les raisons de la colère. J’ai voulu regarder d’ici l’ensemble des #violences invisibles, celles qui font rarement la une des journaux, mais qui portent pourtant les germes de la révolte de novembre 2005. De la cité à l’école, de l’école à la mission locale, en passant par le cabinet du maire, chacun essaie chaque jour de lutter contre les #injustices sociales qui empoisonnent toujours un peu plus la vie dans les banlieues. Un an après les émeutes, le constat est amer : « Rien de nouveau sous le soleil » à Clichy-sous-Bois.

    https://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/18203_0
    #film #documentaire #film_documentaire

    #banlieue #France #révolte #ras-le-bol #émeutes #ACLEFEU #discriminations #travail #logement #transports #cité_de_la_forestière #cahier_des_doléances #colère #cités #chômage #mission_locale #violence #bâti #inégalités_sociales #sentiment_d'exclusion

  • Rentrer ou pas à #Futaba, près de #Fukushima : le dilemme des anciens habitants

    La dernière des 11 municipalités évacuées en 2011 à proximité de la centrale nucléaire de Fukushima accueille de nouveau des habitants sur 10 % de son territoire. La levée de l’#interdiction_de_résidence, présentée comme un pas vers la #reconstruction, ne déclenche pas l’enthousiasme.

    Lorsque Shinichi Kokubun, 72 ans, emménagera dans son logement HLM tout neuf, il pourra apercevoir au loin les ruines de son ancienne maison, qui fut détruite à 80 % par le tremblement de terre de mars 2011. Devant l’ampleur des travaux, il a préféré la laisser pour s’installer dans un trois pièces du projet immobilier flambant neuf actuellement en construction près de la gare de Futaba.

    « Mon ancien voisin, lui, est retourné chez lui. Moi, je vais devoir attendre octobre 2023 pour rentrer mais je peux bien patienter un an de plus », dit en souriant le septuagénaire. Plus de onze ans qu’ils attendent. En mars 2011, les 7 000 habitant·es de Futaba ont fui leur ville, dans la peur et la panique, chassé·es par la menace de la centrale nucléaire de #Fukushima_Daiichi, qui se trouve à trois kilomètres de là. Maisons, affaires, souvenirs, ils ont tout abandonné, contraints de recommencer leur vie ailleurs.

    Mais depuis le 31 août dernier, 10 % du territoire de Futaba a été déclaré habitable par les autorités. Une décision qui entre dans le projet de #revitalisation de la région mis en place après le #tremblement_de_terre. La commune, sur laquelle se trouve en partie la centrale nucléaire endommagée, était la dernière des 11 municipalités évacuées en 2011 à être encore frappée, sur 96 % de son territoire, d’une interdiction totale de résidence. 

    Depuis la réouverture partielle, une vingtaine de personnes se sont réinstallées. Le 1er octobre, le lotissement de #Shinichi_Kokubun, baptisé « Le village de la communauté », a ouvert une première tranche de 25 logements qui a accueilli ses résident·es. D’ici à un an, il comptera 86 habitations, auxquelles s’ajouteront trois bâtiments de vie commune et un service de consultations médicales.

    « Nous voulons passer la barre des 2 000 habitants à Futaba dans les cinq ans », explique Naoya Matsubara, fonctionnaire qui s’attelle au projet de reconstruction de la ville. Un pari qui est loin d’être gagné : selon une enquête réalisée cette année, moins de 11 % des 5 562 ancien·nes résident·es toujours en vie se disent prêt·es à revenir vivre à Futaba. Il faut dire qu’au-delà des logements, il n’y a rien. Pas de commerces, de supermarchés, de médecins ni d’écoles…

    En guise de restauration, une camionnette vient le midi, en semaine, pour proposer quelques plateaux-repas et snacks. La ville vit au rythme des engins de chantier. En plus d’être aux portes de la #zone_interdite, celles et ceux qui viendront vivre ici seront cerné·es d’immeubles et d’habitations toujours en cours de #décontamination et de démolition, qui ponctuent le paysage.

    Fin août, le gouverneur de Fukushima, Masao Uchibori, déclarait que « les étapes du chantier de décontamination à venir, ainsi que le traitement des maisons et des terres de ceux qui ne souhaitent pas rentrer, n’ont pas encore été définis ». 

    Le retour n’est-il pas prématuré ? « Au Japon, lorsqu’il s’agit de construire des bâtiments, ils sont très efficaces, explique Trishit Banerjee, étudiant à l’université du Tohoku, investi dans le tourisme dans la préfecture de Fukushima, en particulier Futaba. Mais l’aspect communautaire n’est pas suffisamment réfléchi. C’était la même chose en 1995, après Kōbe. » 

    Les beaux bâtiments donnent « l’impression que la reconstruction va vite. Mais lorsque l’on creuse, on se rend compte que les besoins des résidents n’ont pas été pris en compte ». À une heure d’ici, dans le quartier de #Nakoso, dans la ville d’#Iwaki, 237 personnes évacuées, parmi lesquelles 131 venaient de Futaba, vivent dans une HLM.

    Shinichi Kokubun y réside depuis quatre ans. Lors d’une réunion de consultation tenue en 2020, les personnes évacuées avaient émis de nombreuses inquiétudes à propos du « village de la communauté », par exemple son manque d’accessibilité.

    « Beaucoup d’anciens résidents sont âgés aujourd’hui. Les allées sont trop étroites dans le nouveau lotissement », se désole Shinichi Kokubun. Il bondit à la sirène de l’ambulance. « Les secours viennent souvent ici. Je vais vérifier si quelqu’un a besoin d’aide », dit en s’éclipsant quelques minutes celui qui prête volontiers main-forte à la communauté.

    L’abnégation de Shinichi Kokubun est désarmante : « Il ne me reste plus beaucoup d’années à vivre : autant me rendre utile. » Dans le nouveau lotissement, il espère simplement pouvoir aider. « Je n’ai pas besoin de grand-chose, confie-t-il. Je suis veuf, mes deux fils sont grands. Mes parents sont décédés. Je n’ai pas de petits-enfants. Je peux vivre n’importe où et je ne pense pas aux risques pour ma vie. » 

    Une population discriminée

    Né à Motomiya, un peu plus au nord de la préfecture, il s’installe à Futaba, à l’époque pour travailler dans la centrale. En 2011, il s’apprêtait à prendre sa retraite quand la catastrophe frappe. Ce jour-là, comme les 165 000 personnes évacuées de la préfecture de Fukushima, il ne l’oubliera jamais. Il était à Tokyo – « c’était la panique ». Il remue alors ciel et terre pour rentrer chez lui et retrouver sa famille.

    Une fois à Futaba, l’ordre d’évacuer tombe : les heures de bouchons sur les routes pour fuir la radioactivité, les nuits en centres d’évacuation. « C’était le chaos, la nuit on ne pouvait pas dormir. » De cette expérience tragique, il veut en tirer un enseignement pour l’avenir : « Je suis sûr que je peux aider à la prévention de catastrophes. »

    Le 11 mars 2011, le tremblement de terre du Tohoku fait près de 20 000 morts, dont 1 614 dans la préfecture de Fukushima, auxquels s’ajoutent 196 personnes disparues. Depuis, la préfecture a déclaré 2 333 décès supplémentaires parmi les personnes évacuées (chiffre de mars 2022), dus aux conséquences de la catastrophe.

    La femme de Shinichi Kokubun, décédée en 2015, en fait partie, confie-t-il sans s’étendre. Problèmes de santé mais aussi suicides sont élevés chez les évacué·es : comme les hibakusha, les survivants de la bombe atomique avant eux, ils ont souffert et souffrent toujours d’une #discrimination sévère.

    On ne veut pas d’eux en ville, on ne veut pas leur dire bonjour. Comme si l’exposition à la #radioactivité était honteuse, voire contagieuse. Dans le nouveau Futaba, « va-t-on devenir une attraction ? », s’inquiète Shinichi Kokubun, qui craint l’étiquette de village de la zone interdite. « À Tchernobyl, on ne peut pas approcher si près. Futaba va attirer du tourisme macabre, je le crains. » 

    Pour Katsuyoshi Kuma, 71 ans, rentrer à Futaba dans les conditions actuelles, c’est hors de question. « Ce n’est pas que l’on ne veut pas rentrer, c’est plutôt que l’on ne peut pas décemment le faire. » Pour cet enfant du pays, l’ensemble est pensé à l’envers : avant d’installer des gens, il faut d’abord réfléchir à leurs conditions de vie. « Comment va-t-on survivre ? Et ceux qui ne veulent pas d’une HLM, où vont-ils aller ? » 

    La maison de Katsuyoshi Kuma se trouve dans la partie de la ville où l’interdiction de résider n’a toujours pas été levée. Sa maison risque de rester inaccessible encore un certain temps, si ce n’est toujours. « La zone qui a été rouverte concentrait autrefois plus de 60 % de la population. Nous, nous vivions dans la montagne. » Futaba, c’était le quotidien d’une « petite ville de campagne ». « Il y avait pas mal d’agriculteurs. » 

    Les habitant·es qui travaillaient la terre « ne veulent plus revenir ». Désabusé, Katsuyoshi Kuma rêve néanmoins de « rentrer un jour pour cultiver des légumes et du riz sur [s]on lopin de terre ». En attendant, il ne retournera pas vivre à Futaba. « Si je ne peux pas retourner dans ma maison, cela ne m’intéresse pas. » 

    Il vit aussi à Nakoso, mais pas dans le quartier des personnes évacuées. Il préfère s’en éloigner un peu mais pas trop : comme autrefois, lorsque du haut de ses montagnes il continuait de garder un œil bienveillant sur sa communauté, sans trop s’y mêler.

    La zone devrait-elle rester condamnée ? La menace de la radioactivité est-elle pleinement levée ? Cette ville dont la centrale assurait autrefois l’emploi d’une grande partie des habitant·es parviendra-t-elle à recréer un bassin économiquement viable ?

    Dans la mairie, une centaine de fonctionnaires travaillent à relancer la machine. Ils comptent aussi sur de nouveaux arrivants, originaires d’autres régions du Japon, qui veulent participer à l’effort de reconstruction. Sur la question de la radioactivité, les autorités locales se veulent rassurantes.

    « Je comprends la peur, avoue Naoya Matsubara. Mais en 2011, les doses de radioactivité étaient très élevées, cela n’a plus rien à voir avec aujourd’hui. » Shinichi Kokubun et Katsuyoshi Kuma ont décidé de faire confiance. Malgré ce qu’ils ont vécu, ils ne sont pas contre le nucléaire. Pour eux, la décontamination est « un chantier qui fonctionne et il n’y a pas de raisons de croire que l’on nous ment ».

    Trishit est plus tourmenté. « C’est une peur que je garde dans un coin de ma tête… Mais que faire ? Abandonner ? Est-ce que l’on devrait empêcher les gens de rentrer chez eux si c’est leur vœu le plus cher ? » Il poursuit : « Il faut garder espoir. » 

    Ce redémarrage à zéro, l’étudiant, débordant d’optimisme, le perçoit aussi comme une « occasion de réfléchir à notre lieu de résidence, de repenser la ville selon les besoins des citoyens, de façon durable ». Si la communauté se reconstruit ainsi, « ce sera une expérience humaine incroyable ».

    Katsuyoshi Kuma boit son café glacé. Il se redresse et sans un mot, il tire sur son tee-shirt, découvrant sa gorge et une large cicatrice. « J’ai été opéré de la thyroïde il y a quatre ans. Tout de suite, j’ai pensé à la centrale. Y a-t-il un lien ? » À l’époque, il contacte Tepco. « Un employé, qui est resté anonyme, m’a dit d’aller au tribunal. » 

    Pourtant, Katsuyoshi Kuma ne fera rien. « C’est compliqué pour moi, ce type de procédure. Je me suis résigné. La cause, je ne la connaîtrai jamais... » Mais il affirme : « Je ne suis pas le seul. D’autres ont vécu la même chose que moi. On ne saura jamais vraiment à quelles doses nous avons été exposés lorsque nous avons évacué. C’est vrai que nous aussi nous sommes des #hibakusha. » Depuis le 11 mars 2011, « nos vies ont été bien sombres ».

    https://www.mediapart.fr/journal/international/041222/rentrer-ou-pas-futaba-pres-de-fukushima-le-dilemme-des-anciens-habitants#a

    #nucléaire #retour #catastrophe_nucléaire #IDPs #déplacés_internes #habitabilité

    –—

    voir aussi ce fil de discussion, qui traite aussi des questions des retours :
    https://seenthis.net/messages/767195

  • #Extrême_droite : les rats noirs de retour
    https://www.blast-info.fr/articles/2022/extreme-droite-les-rats-noirs-de-retour-RM1KvBFaQ8SY0q_fOALWWQ

    Tags ce weekend dans le quartier latin, photos et vidéos de nervis cagoulés, résurgence du logo historique du rat noir : le GUD, groupe mythique de l’extrême droite la plus violente, réapparaît de manière spectaculaire à Paris après avoir été en sommeil…

    #Discrimination #Racisme
    https://static.blast-info.fr/stories/2022/thumb_story_list-extreme-droite-les-rats-noirs-de-retour-RM1KvBFaQ

  • Racisme de la police en France. Un thread de "Barbure" sur twitter.

    Ça fait 1 an et demi que je documente le racisme de la police en France. J’ai un doc Word de 16 pages avec juste des liens d’articles, de rapports...
    Je ne sais pas quoi faire de ces ressources, donc le voici sous forme de thread.

    https://twitter.com/_Barbure_/status/1588288232101662721

    Un document avec compilation de tous les liens :
    https://docs.google.com/document/d/1ps3V-dkCLrPrP3WvUj9MBnWp0DXKWqUgbffQIE0ngwk/edit

    #mots #vocabulaire #racisme

    –------

    Les personnes au profil de « jeune homme perçu comme noir ou arabe » ont une probabilité 20 fois plus élevée que les autres d’être contrôlés par la police.
    https://t.co/QKhRUciw3G

    L’impact du #contrôle_au_faciès (Rapport de Justice Initiative)
    https://t.co/Fm0QyWI3Mr

    Police et #minorités_visibles : les #contrôles_d’identité à Paris
    https://www.justiceinitiative.org/publications/profiling-minorities-study-stop-and-search-practices-paris/fr

    « Ils nous parlent comme à des chiens », Contrôles de police abusifs en France (Rapport de Human Rights Watch, dénonçant des “contrôles abusifs et racistes” sur des enfants noirs et arabes )
    https://www.hrw.org/fr/report/2020/06/18/ils-nous-parlent-comme-des-chiens/controles-de-police-abusifs-en-france

    “Insultes racistes, recours excessif à la force, coups, homicides illégaux..."
    Ce rapport révèle un système qui favorise l’impunité des policiers accusés de ces actes.
    https://www.amnesty.org/fr/documents/eur21/003/2009/fr

    Racisme dans la police : Mediapart révèle un rapport interne qui appelle à « nommer les faits par leur nom »
    https://www.mediapart.fr/journal/france/011122/racisme-dans-la-police-mediapart-revele-un-rapport-interne-qui-appelle-nom

    L’Etat condamné pour faute lourde après les contrôles d’identité au faciès de trois lycéens
    https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2021/06/08/l-etat-condamne-pour-faute-lourde-apres-les-controles-d-identite-au-facies-d

    Les personnes tuées par la police sont « essentiellement des jeunes et des personnes issues de minorités visibles », observe l’Acat dans son rapport.
    https://t.co/dmjqcGhTlh

    "On a peur qu’ils soient blessés ou tués" : comment des familles noires et arabes apprennent à leurs enfants à vivre avec les forces de l’ordre
    https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/police/violences-policieres/on-a-peur-qu-ils-soient-blesses-ou-tues-comment-des-familles-noires-et-

    "Nègres", "pédés", "con de maghrébin" : des collégiens racontent leur interpellation
    https://www.radiofrance.fr/franceinter/negres-pedes-con-de-maghrebin-des-collegiens-racontent-leur-interpellati

    Contrôles d’identité : des #discriminations vécues dès l’adolescence, selon une étude
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/06/22/le-rapport-avec-la-police-se-construit-des-le-plus-jeune-age-selon-une-etude

    "Quand on vous traite de bougnoule le premier jour de votre affectation, c’est qu’il y a un problème" : un agent victime de racisme au sein de la police témoigne
    https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/police/quand-on-vous-traite-de-bougnoule-le-premier-jour-de-votre-affectation-

    Racisme dans la police : « Ceux qui ont le courage de parler en prennent plein la gueule »
    https://connexion.liberation.fr/autorefresh?referer=https%3a%2f%2fwww.liberation.fr%2ffrance%2f

    “Bougnoule, bicot, youpin, négro, c’est rigolo pour eux" : une policière dénonce le racisme de ses collègues
    https://www.bfmtv.com/police-justice/bougnoule-bicot-youpin-negro-c-est-rigolo-pour-eux-une-policiere-denonce-le-r

    Magouilles, nazisme et violence : un « policier repenti » se livre
    https://www.mediapart.fr/journal/france/211218/magouilles-nazisme-et-violence-un-policier-repenti-se-livre
    https://www.youtube.com/watch?v=qy35OmwkoeA

    Des policiers utilisent le terme « négroïde » dans leurs enquêtes
    https://www.mediapart.fr/journal/france/160620/des-policiers-utilisent-le-terme-negroide-dans-leurs-enquetes?onglet=full

    "Il y a beaucoup plus de coups à prendre à dénoncer qu’à ne rien dire" : un policier dénonce l’omerta autour du racisme au sein de sa profession
    https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/droit-et-justice/il-y-a-beaucoup-plus-de-coups-a-prendre-a-denoncer-qu-a-ne-rien-dire-un

    "Tout le monde le sait, le voit et le subit" : des policiers racontent le racisme dans leurs rangs
    https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/police/violences-policieres/tout-le-monde-le-sait-le-voit-et-le-subit-des-policiers-racontent-le-ra

    "J’étais l’arabe de service" : Mehdi, ex-policier, raconte le racisme subi dans un commissariat
    https://www.radiofrance.fr/franceinter/j-etais-l-arabe-de-service-mehdi-ex-policier-raconte-le-racisme-subi-dan

    Des milliers de policiers s’échangent des messages racistes sur un groupe Facebook
    https://www.streetpress.com/sujet/1591288577-milliers-policiers-echangent-messages-racistes-groupe-facebo

    « #FDO_22_unis », un deuxième groupe Facebook où des milliers de policiers échangent des messages racistes
    https://www.streetpress.com/sujet/1591618480-fdo-22-unis-deuxieme-groupe-facebook-milliers-policiers-echa

    « Bougnoules », « nègres », « fils de pute de juifs » : quand des policiers racistes se lâchent
    https://www.mediapart.fr/journal/france/040620/bougnoules-negres-fils-de-pute-de-juifs-quand-des-policiers-racistes-se-la

    Gardiens de la paix
    https://www.arteradio.com/son/61664080/gardiens_de_la_paix

    Au procès des policiers de Rouen : « On baigne dans un racisme ambiant »
    https://www.mediapart.fr/journal/france/040921/au-proces-des-policiers-de-rouen-baigne-dans-un-racisme-ambiant?onglet=ful

    #Violence, racisme, #sexisme : Le témoignage glaçant d’une policière
    https://www.youtube.com/watch?v=BsRDCW1YHLc&feature=youtu.be

    "#Légitime_défense" ou "#racisme_policier" : depuis 40 ans, l’#impunité sur le banc des accusés ?
    https://www.radiofrance.fr/franceculture/legitime-defense-ou-racisme-policier-depuis-40-ans-l-impunite-sur-le-ban

    Bamboula, ça reste encore à peu près convenable", lâche un syndicaliste policier sur France 5
    https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/arrestation-violente-a-aulnay-sous-bois/video-bamboula-ca-reste-encore-a-peu-pres-convenable-dit-un-syndicalist

    Violences en série, menaces de viol, racisme : enquête sur la police d’Argenteuil
    https://www.streetpress.com/sujet/1593693154-violences-policieres-menaces-viol-racisme-enquete-police-arg

    « L’alcool est toléré en gendarmerie, pas les Arabes » - Un gendarme raconte 10 ans de racisme
    https://www.streetpress.com/sujet/1664887412-alcool-gendarmerie-arabes-gendarme-temoignage-racisme-discri

    Racisme et apologie des violences policières sur TN Rabiot, le groupe Facebook qui regroupe des milliers de fonctionnaires
    https://www.streetpress.com/sujet/1606917498-racisme-apologie-violences-policieres-groupe-facebook-michel

    Un CRS qui a arboré un blason nazi vient d’être... promu brigadier-chef
    https://www.marianne.net/societe/un-crs-qui-arbore-un-blason-nazi-vient-d-etre-promu-brigadier-chef#Echobox

    « Hitler n’a pas fini le travail » et autres insultes racistes par des policiers du TGI
    https://www.streetpress.com/sujet/1622562263-insultes-racistes-antisemites-policiers-tgi-racisme-police-h

    "Les Blancs, on ne les contrôle pas. On va chercher les Noirs, les Arabes, les Pakistanais"
    https://www.youtube.com/watch?v=_bmwJreChoo&feature=youtu.be

    « Je ne veux pas être dans le groupe du bougnoule » : des policiers de Nancy faisaient régner un « climat de haine »
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/09/07/je-ne-veux-pas-etre-dans-le-groupe-du-bougnoule-a-nancy-des-policiers-faisai

    « Un policier a dit “Regarde comment on casse un bras” et... »
    https://www.streetpress.com/sujet/1638884427-violences-policier-bras-casse-saint-quentin-aisne-justice-ig

    "J’ai été torturé dans le commissariat de Sint-Quentin par des policiers"
    https://www.youtube.com/watch?v=w8BSH_DfxUI&feature=youtu.be

    #Violences_policières : un homme de 19 ans dénonce des actes de « torture » subis au commissariat de Juvisy-sur-Orge
    https://www.liberation.fr/societe/police-justice/violences-policieres-un-homme-de-19-ans-denonce-des-actes-de-torture-subi

    « Ni bougnoule ni gonzesse » : au procès de la « meute » de la #BAC de nuit de Nancy
    https://www.mediapart.fr/journal/france/120322/ni-bougnoule-ni-gonzesse-au-proces-de-la-meute-de-la-bac-de-nuit-de-nancy#

    Insultes islamophobes et nostalgie du Troisième Reich, bienvenue à la Bac de nuit de Nancy
    https://www.streetpress.com/sujet/1647255530-insultes-islamophobes-nostalgie-nazis-reich-bac-nuit-nancy-p

    Violences policières, racisme, vol, mensonges : l’affligeante impunité de l’unité CSI 93
    https://www.liberation.fr/societe/police-justice/violences-policieres-racisme-vol-mensonges-laffligeante-impunite-de-lunit

    Violences, étranglement, sachet d’herbe sorti de la poche du brigadier... Une caméra de surveillance a tout enregistré, @Libe révèle l’intégralité de ces images accablantes pour la CSI 93.
    https://www.liberation.fr/societe/police-justice/violences-policieres-racisme-vol-mensonges-laffligeante-impunite-de-lunit

    Écœuré par les actualités récentes et les commandes politiques, le policier français Alexandre Langlois a demandé à être relevé de ses fonctions. Notre correspondante @BedardME l’a rencontré.
    https://twitter.com/RadioCanadaInfo/status/1335670419618230275

    (Sur la question de l’impunité, je vous conseille cet article "#IGPN : plongée dans la fabrique de l’impunité" :
    https://www.mediapart.fr/journal/france/120620/igpn-plongee-dans-la-fabrique-de-l-impunite

    Il y a aussi ce podcast, où d’ancien policiers parlent de la #culture_raciste au sein de la police (qu’ils ont quitté)
    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-pieds-sur-terre/police-tu-l-aimes-ou-tu-la-quittes-9658915

    Un autre témoignage, sur le racisme dans la #gendarmerie :
    https://www.youtube.com/watch?v=Io7s1mdNzYk

    Quand la BAC de Nancy était noyautée par un violent groupuscule raciste
    https://www.leparisien.fr/faits-divers/quand-la-bac-de-nancy-etait-noyautee-par-un-violent-groupuscule-raciste-0

    Sept policiers de la BAC de Nancy condamnés pour « harcèlement » et injures racistes
    https://www.mediapart.fr/journal/france/140522/sept-policiers-de-la-bac-de-nancy-condamnes-pour-harcelement-et-injures-ra

    VIDÉO. « Espèce de con », « connard » : des policiers tabassent et insultent des jeunes à Lille
    https://www.revolutionpermanente.fr/Violences-policieres-A-Lille-des-policiers-frappent-et-insulten

    Un autre témoignage d’un ancien policier
    « Chaque fois qu’il croisait des jeunes de cités d’origine maghrébine, il disait "regarde-moi ces bonnes geules de racailles, moi je te réglerais ça à coup de lance-flamme" »
    https://www.youtube.com/watch?v=TDAGLrzurq4

    Les exilés à la rue racontent des violences policières trop banales
    https://www.streetpress.com/sujet/1666084694-exiles-rue-violences-policieres-harcelement-sexuel-police-po

    Coups de Taser dans les testicules : l’IGPN enquête sur l’interpellation d’un Malien sans papiers
    https://www.mediapart.fr/journal/france/101121/hold-violente-interpellation-45-jours-d-itt-et-des-coups-de-tasers-dans-le

    « Mon frère a été tué par la police d’une balle dans la tête »
    https://www.streetpress.com/sujet/1610725671-frere-tue-police-balle-tete-gaye-camara-violences-justice

    Viry-Châtillon : comment la police a fabriqué des faux coupables
    https://www.youtube.com/watch?v=qpkxkupSQVs&feature=youtu.be

    « J’ai été violé par deux policiers dans un commissariat. »
    https://twitter.com/_Barbure_/status/1588288240338972673
    #viol

    « Il y a une femme qui m’a tenu les pieds, pendant qu’un policier me tapait avec la pointe de ses pieds » : Gabriel a été interpellé à Bondy. Gabriel a 14 ans. 14 ans. Gabriel a accepté de nous raconter son histoire. Entretien avec @davidperrotin
    https://twitter.com/Loopsidernews/status/1269154225038209024

    #Gabriel , 14 ans victime de violences policières. La version des policiers est un chef d’oeuvre :


    https://twitter.com/younousomarjee/status/1269209379531825152

    L’affaire #Théo (thread) :
    https://twitter.com/nicolaschapuis/status/1331170006533623808

    #Affaire_Théo : un simple blâme pour les deux policiers renvoyés devant les assises ?
    https://www.leparisien.fr/seine-saint-denis-93/affaire-theo-un-simple-blame-pour-les-deux-policiers-renvoyes-devant-les-

    Quatre mineurs du Val-de-Marne dénoncent une garde à vue abusive et des propos à caractère raciste et homophobe
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/06/12/quatre-mineurs-du-val-de-marne-denoncent-une-garde-a-vue-abusive-et-des-prop

    Noisy-le-Grand : la vidéo qui accable la police
    https://www.lemediatv.fr/articles/2021/exclusif-noisy-le-grand-la-video-qui-accable-la-police-76yHk0XATSy_V5JY6vi

    Vous vous rappelez la tentative de meurtre raciste dans le Jura ?
    Le flic a pas entendu les insultes racistes du gars, par contre il a entendu les insultes de la victime... Qui est poursuivie pour avoir dégradé la bagnole qui lui a foncé dessus, WTF ?
    https://twitter.com/UnMondeRiant/status/1402001135356030988

    Tir policier mortel à Sevran : l’homme abattu était « une figure emblématique » du quartier des Beaudottes
    https://www.leparisien.fr/seine-saint-denis-93/tir-policier-mortel-a-sevran-lhomme-abattu-etait-une-figure-emblematique-

    Menacé de prison après avoir été criblé de balles par la Bac : l’incroyable acharnement contre Nordine A.
    https://www.revolutionpermanente.fr/Menace-de-prison-apres-avoir-ete-crible-de-balles-par-la-Bac-l-

    Survivant à des tirs policiers et emprisonné : Nordine et Merryl racontent leur calvaire judiciaire
    https://www.youtube.com/watch?v=d4H68tpqZ6w&t=18s

    VIDÉO. « Un bicot comme ça, ça ne nage pas » : indignation après des propos racistes tenus par des policiers
    https://www.leparisien.fr/video/video-un-bicot-comme-ca-ca-ne-nage-pas-indignation-apres-des-propos-racis

    « Un bicot, ça ne nage pas » : cinq jours d’exclusion pour deux policiers
    https://www.liberation.fr/societe/police-justice/un-bicot-ca-ne-nage-pas-cinq-jours-dexclusion-pour-deux-policiers-2021101

    Aux racines du #racisme_systémique de la police
    https://www.liberation.fr/debats/2020/06/15/aux-racines-du-racisme-systemique-de-la-police_1791267

    Aux racines de l’histoire raciste de la police
    https://www.binge.audio/podcast/programme-b/aux-racines-de-lhistoire-raciste-de-la-police

    En 2013, des policiers arrêtent un jeune homme noir innocent, le rouent de coups, l’étranglent. Un de leur collègue précise “c’est pas lui”, ils continuent. Son grand frère arrive, ils le frappent, lui tirent dessus au niveau du visage… avant d’éborgner leur mère à la grenade.
    Ils ont été acquittés
    https://www.lemonde.fr/police-justice/video/2021/06/02/enquete-video-en-seine-saint-denis-comment-une-operation-de-police-a-vire-au

    J’ai pas encore parlé du documentaire de Désarmons-les :
    https://www.youtube.com/watch?v=zrHcc_rPacE

    Quartier tranquille, coin peinard. Y’a R.
    Flic : balance du gaz répulsif sur les canapés puis casse une chicha au sol. Un habitant l’interpelle et râle. Normal.
    Réponse du flic : "Descends de chez toi ... avec ta sale gueule de singe, là"
    Vu leur impunité, pourquoi se gêner ?
    https://twitter.com/ValKphotos/status/1454691724115292165

    Violences policières : les images accablantes du tir de LBD qui a mutilé #Adnane_Nassih
    https://www.liberation.fr/societe/police-justice/les-images-accablantes-du-tir-de-lbd-qui-a-mutile-adnane-nassih-20210504_

    Cet article sur le phénomène des "#amendes_gratuites" me semble intéressent, et peu connu :
    Jusqu’à 10 000 euros d’amendes cumulées durant les couvre-feux : des jeunes de quartiers dénoncent un harcèlement
    https://www.mediapart.fr/journal/france/210721/jusqu-10-000-euros-de-contraventions-des-jeunes-de-quartiers-denoncent-un-

    Amendes abusives : pendant le confinement, « un acharnement » dans les quartiers populaires
    https://www.liberation.fr/societe/amendes-abusives-pendant-le-confinement-un-acharnement-dans-les-quartiers

    "Je suis endetté à hauteur de 2700 euros" : des jeunes de quartiers populaires parisiens victimes d’#amendes_abusives
    https://www.bfmtv.com/paris/je-suis-endette-a-hauteur-de-2700-euros-des-jeunes-de-quartiers-populaires-pa

    La Brigade des mamans contre les amendes abusives de leurs enfants
    https://www.bondyblog.fr/societe/police-justice/la-brigade-des-mamans-contre-les-amendes-abusives-de-leurs-enfants

    Contrôle de police mortel à Marseille : « Mon fils est mort, je demande que vérité soit faite »
    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/controle-de-police-mortel-a-marseille-mon-fils-est-mort-je-demande-que-ve

    Si, il y a une histoire raciste de la police
    https://www.binge.audio/podcast/programme-b/si-il-y-a-une-histoire-raciste-de-la-police

    Rapport de 2019 du Réseau européen contre le racisme (ENAR) sur les crimes à motivation raciale et le racisme institutionnel : ces infractions sont en augmentation en Europe, mais ne sont souvent pas signalées. « Pour les victimes de ces crimes, les mauvais traitements, les abus et les violences de la part de la police sont un facteur déterminant dans la décision de ne pas les signaler aux forces de l’ordre », rapportait alors l’étude.
    https://www.enar-eu.org/IMG/pdf/shadowreport2018_final.pdf

    Samedi 17 Aout, nous avons déposé notre toute nouvelle cuve d’eau sur un des lieux de vie du Calaisis, ou chaque jours sont déposés environ 2 000L d’eau.
    Dimanche 18 aout 17h30, elle est lacérée au couteau par les forces de police et CRS.
    https://twitter.com/CalaisFoodCol/status/1430946921011720202

    Tirs policiers à Stains : « je me suis vu mourir »
    https://www.bondyblog.fr/societe/police-justice/tirs-policiers-a-stains-je-me-suis-vu-mourir

    –---

    Le reste sur ce google doc :
    https://docs.google.com/document/d/1ps3V-dkCLrPrP3WvUj9MBnWp0DXKWqUgbffQIE0ngwk/edit

  • #Bruxelles : Manifestation à Schaerbeek : la signalisation du plan Good Move retirée par les manifestants

    Le troisième volet du plan Good Move n’aura pas tenu 24 heures à Schaerbeek.

    Les manifestants présents au conseil communal mercredi dernier auront mis leurs menaces à exécution. Le plan Good Move inauguré ce lundi matin dans le quartier « Cage aux Ours » a été mis à mal par la centaine de protestataires présents. Au final, tous les panneaux, blocs ou barrières qui pouvaient l’être sont détruits, déplacés ou bâchés. La circulation se fait désormais sans prendre en compte le nouveau plan de circulation, relate le conseiller communal Georges Verzin. L’avenue Stephenson est empruntée dans les deux sens et se croisent sur la place éponyme, tout comme sur la place Pavillon ou le filtre a été annihilé.


    . . . . .
    Ce lundi, la commune de Schaerbeek a officiellement lancé la troisième phase de son plan de circulation Good Move. Après le quartier des Azalées et le quartier Royale Sainte-Marie, le quartier de la Cage aux Ours était désormais concerné par ces changements de mobilité. Concrètement, les principaux changements concernaient la rue et la place Stephenson ainsi que la place et la rue Pavillon.

    Ces nouvelles modifications ont mené, ce lundi soir, à une nouvelle manifestation proposée par des opposants au plan Good Move. Ces derniers se sont rassemblés sur la place Stephenson vers 18h00, où divers représentants se sont succédés pour exprimer leur opposition à ce projet. Les conseillers communaux de l’opposition Georges Verzin (ex-MR, indépendant) et Abobakre Bouhjar (PS) étaient notamment présents, le député bruxellois Youssef Handichi (PTB) a pour sa part apporté son soutien au mouvement.


    Cette manifestation fait écho aux oppositions constatées dans le quartier Cureghem à Anderlecht https://bx1.be/categories/news/good-move-a-cureghem-le-college-communal-renonce-au-plan-actuel/?theme=classic et dans le quartier Lecharlier à Jette, https://bx1.be/categories/news/filtres-enleves-evaluation-avancee-jette-suspend-son-plan-de-mobilite-lecharlier/?theme=classic où les plans de mobilité proposés par les communes ont été suspendus.

    #good_move #vandalisme_vert #urbanisme #ségrégation_sociale Le #béton , c’est chez les pauvres. #discrimination #cyclistes #vélo #mobilité #experts #cabinets_de_conseils #concertation_bidon

    Source : https://www.lalibre.be/regions/bruxelles/2022/10/24/manifestation-a-schaerbeek-la-signalisation-du-plan-good-move-retiree-par-le
    & : https://bx1.be/communes/schaerbeek/schaerbeek-des-manifestants-demontent-la-signalisation-du-plan-good-move

  • « Le #féminisme_iranien est une force de contestation révolutionnaire »

    Interview de Chowra Makaremi

    Depuis la mi-septembre et l’assassinat de la jeune #Mahsa_Amini par la police religieuse, la jeunesse iranienne manifeste un peu partout aux cris de « Femme, vie, liberté ». Comment faut-il, selon vous, comprendre ce slogan ?

    #Zhina_Mahsa_Amini appartenait à la minorité kurde qui est extrêmement discriminée en Iran – son « vrai » prénom est d’ailleurs un prénom kurde, #Zhina, que l’État refuse d’enregistrer. C’est important pour comprendre les circonstances de sa mort : Zhina Mahsa n’était pas plus mal voilée que la majorité des filles à Téhéran, mais celles qui sont originaires de la capitale savent où aller pour éviter les contrôles, comment se comporter avec les agents, à qui donner de l’argent, qui appeler en cas de problème...
    Les protestations ont commencé le soir des funérailles de la jeune femme dans la ville de Saqqez. C’est de là qu’est parti le slogan en langue kurde « Femme, vie, liberté », une devise politique inventée au sein du Parti des travailleurs kurdes (PKK) d’Abdullah Öcalan – dans lequel, certes, les femmes n’ont pas toujours été suffisamment représentées, mais qui a théorisé que la libération du Kurdistan ne se ferait pas sans elles.
    Je note au sujet du mot « vie » contenu dans ce slogan que beaucoup de jeunes manifestantes et manifestants donnent littéralement leur vie pour le changement de régime qu’ils réclament. Quand Zhina Mahsa est morte, les premières images d’elle qui ont été diffusées la montraient en robe rouge en train d’exécuter une danse traditionnelle qui témoigne d’un culte de la joie qu’on retrouve sur tous les comptes Instagram ou Tiktok des manifestantes tuées auparavant.

    Quelle est la place des féministes dans le mouvement qui agite l’Iran depuis plus d’un mois ?

    La dimension principale de cette révolte est le refus du voile qui est la matérialisation de ce que les féministes iraniennes appellent « l’apartheid de genre » : un ensemble de discriminations économiques, culturelles et juridiques, inscrites dans les lois sur le travail ou l’héritage.
    Mais ce mouvement veut aussi mettre fin à d’autres discriminations : par exemple, celles contre les minorités comme les Baloutches, les arabophones, les Baha’is, ou encore les réfugiés afghans de deuxième génération qui n’ont jamais pu avoir la nationalité iranienne.

    Le mouvement féministe iranien existe depuis trente ans, et il est très puissant – la Prix Nobel de la paix [en 2003], Shirin Ebadi, est une femme, tout comme les détenues emblématiques du régime. Ses militantes ont été entraînées à une lecture juridique du système de domination, et leur doctrine constitue la colonne vertébrale de nombreuses formes d’activisme. Comme théorie et comme méthode, le féminisme intersectionnel iranien permet aujourd’hui de comprendre comment, pour la première fois depuis quarante ans, des segments de la population qui n’ont jamais été solidaires se soulèvent en même temps.

    Que demandent les hommes qui prennent part au soulèvement ?

    Il ne s’agit pas uniquement de manifestations pour les droits des femmes : les hommes originaires des quartiers populaires descendent aussi dans la rue pour protester contre la vie chère ; ceux originaires du Kurdistan manifestent pour ne pas être victimes de violence… Il faut aussi avoir en tête l’appauvrissement rapide de l’Iran, où les classes moyennes sont réduites à peau de chagrin en raison du Covid, des sanctions internationales et de la corruption. Tous ces éléments sont à comprendre ensemble.
    Finalement, le voile n’est devenu une demande de premier plan que lorsque, ces dernières années, les féministes sont arrivées au bout des revendications réformistes possibles. C’est ainsi qu’est né l’activisme quotidien sur cette question qui constitue un des piliers de l’ordre théocratique – une façon de rappeler à tous·tes les Iranien·nes que le pouvoir s’inscrit sur les corps. En 2018, « les filles de la rue de la révolution », défendues par l’avocate Nasrin Sotoudeh, se sont mises à manifester avec un voile blanc porté non pas sur la tête mais au bout d’un bâton. Elles ont écopé de quinze ans de prison et sont encore détenues aujourd’hui.

    En France, dans les médias comme chez les commentateur·ices politiques, un parallèle a souvent été établi entre les Iraniennes qui se dévoilent et les Françaises musulmanes qui se voilent. Pensez-vous que cette grille de lecture soit pertinente ?

    Ce que montre le soulèvement en Iran, c’est que le féminisme n’est pas uniquement un outil intellectuel qui permet de revendiquer l’égalité à l’intérieur d’un État de droit mais qu’il peut être une force de contestation révolutionnaire.
    Opposer les manifestantes iraniennes qui enlèvent leur voile aux Françaises musulmanes qui souhaitent le porter, c’est passer à côté de cette puissance révolutionnaire. La haine du voile chez celles qui le brûlent lors des manifestations ne renvoie à aucune altérité : elles ne détestent pas le voile de leur mère, de leurs grands-mères et de leurs amies, mais le tissu dont on les emmaillote. La question qui se pose à cet endroit est celle du contrôle politique du corps des femmes par les gouvernements partout dans le monde.
    Pour autant, je ne souscris pas au raccourci qui consiste à dire : « En Iran on oblige les femmes à porter le voile et en France à l’enlever. » En France on oblige les femmes à enlever le voile, et si elles ne le font pas elles risquent d’être déscolarisées, licenciées ou humiliées devant leurs enfants. En Iran ou en Afghanistan, si elles retirent leur voile, elles risquent d’être torturées et tuées. C’est une différence constitutive, pas un continuum de violences.
    Malgré tout cela, réduire ce qui se passe actuellement en Iran à une révolte contre le voile, c’est jouer le jeu des réformistes iraniens qui assimilent la situation insurrectionnelle actuelle à une revendication vestimentaire. Tous les slogans demandent un changement de régime, aucun ne dit non au hijab. Quand les filles brûlent leur voile dans la rue, c’est une façon de s’en prendre à un pilier du régime : elles le brûlent en disant « à bas la dictature ». Il faut les écouter.

    https://mailchi.mp/revueladeferlante/le-feminisme-iranien-est-une-force-de-contestation-revolutionnaire
    #contestation #contestation_révolutionnaire #féminisme #Iran #résistance #femmes #Chowra_Makaremi #minorités #kurdes #voile #Saqqez #vie #danse #joie #culte_de_la_joie #apartheid_de_genre #genre #discriminations #nationalité #intersectionnalité #féminisme_intersectionnel #manifestations #activisme_quotidien #pauvreté #insurrection

    via @isskein
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  • Couple et argent : il faut lever le tabou !
    https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/en-toute-subjectivite/en-toute-subjectivite-du-vendredi-21-octobre-2022-1733016

    De couple et d’argent ! Parce que plus tabou que le sexe, ce sont les sous ! Je viens de lire un nouveau livre passionnant sur le sujet celui de Titiou Lecoq intitulé « Le couple et l’argent ». On parle avec tout le monde d’argent, sauf avec son conjoint. C’est en tout cas ce que démontre avec brio la fabuleuse Titiou Lecoq.

    Dans le couple hétéro, les femmes, par ignorance, par pudeur, pour éviter un conflit, ou peur d’avoir l’air vénale, n’aiment pas en parler ni se le dire. Après tout, les femmes sont censées tout donner : la vie, le lait, le temps, donc elles ne comptent pas, c’est tabou ! Le résultat est pourtant bien là. Si les inégalités salariales sont en passe de se réduire, les inégalités de patrimoine entre hommes et femmes, elles, ont doublé en 20 ans.
    Et le couple serait l’une des causes de cette inégalité ?

    Oui… l’un de ces mécanismes, c’est ce que Titiou Lecoq appelle la théorie du pot de yaourt. Dans les couples qui n’ont pas de compte joint, il arrive souvent que le gros salaire paie les grosses dépenses : voiture, maison... Le petit salaire paie les petites : le quotidien, les courses d’alimentation. Jusque-là, la démarche peut même être généreuse.. Lorsque tout va bien, tout va bien, mais en cas de séparation, si on est pas mariés et sous le régime de la communauté de biens, monsieur repart avec la voiture, et madame avec le pot de yaourt.., vide. Une manière simple d’expliquer comment, au sein du couple et sans s’en apercevoir, Monsieur consolide son patrimoine pendant que madame s’appauvrit.

    Titiou nous dit qu’il faut lever le tabou. Parler avec son conjoint de son rapport à l’argent, et du sien. Ensuite il faut compter. Que payez-vous et que paie-t-il ? Les montants mais aussi les types de dépenses. Autre chose : ayez votre propre compte en banque, utile en cas de séparation et surtout si violences. Mais ne négligez pas un compte joint pour toutes les dépenses de votre vie en commun, nourri par un versement mensuel de chacun.

    Enfin, peut-être le plus difficile, il faut évaluer et comparer : prenez conscience de ce que chacun apporte au couple. A l’arrivée des enfants, beaucoup de femmes font des choix professionnels pour gérer cette nouvelle vie et cela impacte fortement leurs revenus. Rares sont les hommes qui compensent le moment venu. Pourtant, ils gagnent à ne pas payer le travail gratuit de leur femme, et à avoir le temps de progresser dans leur carrière ! J’ai fait le calcul, à 3 euros la chemise repassée par jour travaillé, pour 40 ans de vie commune on en est a 25 000 euros économisés ! Oui, mesdames, la chaussette sale est politique !
    Pourquoi politique ?

    Le problème est politique parce qu’il est collectif aussi. Le passage au prélèvement à la source en est un exemple, dans cette réforme, le taux d’imposition commun est appliqué aux deux salaires, par défaut.. Le gros salaire paie donc un pourcentage moins élevé qu’il ne l’aurait payé seul, et le petit salaire un plus gros. Pour le modifier et rééquilibrer, il faut le signifier.

    Déconjugaliser, nos politiques n’y ont pas pensé d’emblée ! Impôts allocations, tout est fait comme si nous étions à l’époque où tout le monde était marié, comme si le patrimoine était fusionné, et ce sont les femmes qui sont en train de le payer. D’autres avantages comme la pension de réversion, la compensation lors des séparations, avec le pacs ou l’union libre sont perdus. À l’Etat, à nouveau de faire le boulot, sinon dans quelques années la retraite venue, la catastrophe est en vue !

    Mieux qu’un col roulé, à l’heure de la fin de l’abondance, le couple aussi mérite quelques mesures de sobriété conjugale !

    #sexisme #femmes #discrimination #argent #divorce #patrircapitalisme #backlash


    • Le couple et l’argent
      Titiou Lecoq | Essais
      https://editions-iconoclaste.fr/livres/le-couple-et-largent

      Après le best-seller Les Grandes oubliées, une plongée féministe et édifiante dans nos porte-monnaies

      Des inégalités omniprésentes et croissantes

      Enfants, les filles reçoivent moins d’argent de poche que les garçons et ne bénéficient souvent d’aucune éducation financière. En couple, leur salaire est affecté le plus souvent aux dépenses courantes, alors que celui des hommes s’investit dans les biens durables (logement, travaux, voiture). Au supermarché, les mêmes objets sont jusqu’à 15% plus chers quand ils sont destinés aux femmes:on appelle cela la « taxe rose » ! Après chaque grossesse, l’inégalité salariale triple, passant de 7% à 23 %. La notion de ménage fiscal leur est souvent défavorable… Résultat : en France, entre 1998 et 2015, l’inégalité de patrimoine entre femmes et hommes est passée de 9 % à 16 % alors même que si l’on additionne leur travail salarié et leur travail domestique, elles travaillent pourtant beaucoup plus que les hommes… Tout au long de la vie d’une femme, les inégalités financières et économiques s’installent et se creusent inexorablement.

      Remonter aux racines du problème pour apporter des solutions

      Pour mieux comprendre le rapport des femmes à l’argent, les mécanismes toujours à l’œuvre dans leur appauvrissement et proposer des clés pour les déjouer, Titiou Lecoq remonte l’Histoire qui les a si longtemps exclues des mondes de l’argent et s’appuie sur de nombreuses études économiques contemporaines et des analyses d’experts.

    • Déconjugaliser, nos politiques n’y ont pas pensé d’emblée ! Impôts allocations, tout est fait comme si nous étions à l’époque où tout le monde était marié, comme si le patrimoine était fusionné, et ce sont les femmes qui sont en train de le payer.

      Et ça n’a pas l’air de changer ! Cela me fait penser au nouveau système pour les transports en commun dans ma ville : avant c’était simple (bien que pas parfait), demandeur d’emploi = tarif réduit.. mais depuis la rentrée, revoilà le fameux palier du quotient familial, il suffit donc qu’un des deux dans le couple (sans enfant) gagne à peine plus que le smic pour que le tarif réduit ne soit plus possible, on passe donc de 69€/an à... 453€ ! Ma compagne n’a aucun revenu pour le moment mais j’ai le malheur de gagner un peu de sous, fini le tarif réduit donc, la voilà maintenant dépendante de ma bonne volonté pour se déplacer... Le pire que c’est que ce genre de décisions est pris en affirmant que c’est pour « donner un plus large accès au tarif réduit » (et des bureaucrates doivent sûrement en être convaincus).

    • Toujours la question à qui cela profite. Quel courage de résister au capitalisme et au système de destruction moderne bien assis sur son patriarcat. Vouloir isoler chacun·e, pousser à mentir constamment jusqu’à déclarer habiter ailleurs pour espérer suivre son chemin avec quelques maigres sous, survivre, (le nombre de potes en couple dans ce cas augmente toujours caf/impots/transports/ etc) se sentir en désaccord avec soi et surtout avec une société injuste, qui désigne constamment ceux qui doivent avoir honte de leur pauvreté jusqu’à les culpabiliser de ne pas être conforme à un modèle qui n’existe plus, être dénoncé·es, être poussé·es à renoncer. Quand finalement l’instabilité de la situation financière emporte tout, couple, éthique, envie de vivre tandis que se gavent les financiers de l’extrême droite morale d’un monde qui ne tient que sur l’inversion des valeurs. Vivre de menaces sociales, tenter désespérément de se mettre en accord avec soi, vivre seule, isolée et trébucher encore de voir ce qu’est d’être une femme avec un môme, seule.

      Revenez dans 300 ans.

  • Les sportives s’attaquent au tabou des règles, les fédérations tardent à s’emparer du sujet
    https://www.lemonde.fr/sport/article/2022/10/20/les-sportives-s-attaquent-au-tabou-des-menstruations-les-federations-rechign

    « En général, on se rend quand même à l’entraînement. On serre les dents et on n’en parle pas. » Chaque mois, quand arrivent ses règles, Laurie Genovese, 30 ans, a la même routine. Pour la championne du monde de parapente, il n’y a pas vraiment de solution : « Je fais de la distance, soit jusqu’à dix heures de vol. Je suis donc obligée de mettre des couches pour adultes [pour absorber les flux], témoigne la Française. Mais cela reste quand même un problème, et je dois voler moins longtemps. »

    Longtemps ignorés, minimisés, voire passés sous silence, les effets du cycle menstruel se font ressentir chez un grand nombre de sportives de haut niveau. Troubles de l’humeur et du sommeil, maux de tête, crampes et douleurs dans le ventre, bouffées de chaleur, vomissements, flux abondants, prise de poids… Autant de symptômes ou de répercussions qui sont susceptibles de gêner leur pratique. Et d’avoir des effets sur la performance et la récupération.

  • Comment le sexisme de la médecine met la vie des femmes en danger
    https://www.lesinrocks.com/cheek/comment-le-sexisme-de-la-medecine-met-la-vie-des-femmes-en-danger-506984

    Dans leur ouvrage “Les Patientes d’Hippocrate”, les journalistes Maud Le Rest et Eva Tapiero s’intéresse au sexisme de la médecine et aux nombreuses conséquences sur la vie et la santé des femmes. Entretien.

    Pourquoi les jeunes filles sont-elles sommées de se rendre chez un·e gynécologue à l’adolescence tandis que leurs pairs masculins sont dispensés de toute obligation médicale ? Pourquoi faut-il en moyenne huit ans aux femmes atteintes d’endométriose avant de se voir poser un diagnostic ? Pourquoi les femmes ont-elles plus de chances de mourir d’une crise cardiaque que les hommes ? Pourquoi encore, les femmes atteintes d’autisme passent-elles plus facilement sous les radars médicaux ? Et pourquoi, lorsqu’un couple hétérosexuel galère pour avoir un enfant, la femme enchaîne les examens médicaux -plus ou moins douloureux- avant que l’on daigne s’intéresser à la fertilité de son compagnon ?

    C’est à toutes ces questions auxquelles Maud Le Rest et Eva Tapiero, deux journalistes indépendantes, tentent de répondre dans un ouvrage passionnant intitulé Les Patientes d’Hippocrate (Éd. Philippe Rey) en décortiquant les nombreux biais de genre qui interfèrent dans le traitement médical des femmes, encore régi par “une relation inégalitaire par la hiérarchie et par le genre”. En recueillant les témoignages de femmes, en interrogeant des expert·es et en s’appuyant sur des études, les deux autrices souhaitent “faire la lumière sur l’impact du patriarcat dans la médecine”, dénoncer le caractère systémique du sexisme médical et ses conséquences dramatiques sur la vie et la santé des femmes et proposer des pistes pour y remédier. Pour en savoir davantage, nous nous sommes entretenues avec l’une d’entre elles, Eva Tapiero.

    Qu’est-ce qui vous a poussées à vous intéresser à ce sujet ?

    Avec Maud, on travaille sur le sujet des féminismes et des droits des femmes depuis longtemps et le thème de la santé et des inégalités femmes-hommes dans ce domaine nous intéressait. On a voulu creuser davantage et interroger les femmes non seulement pour recueillir leurs témoignages mais aussi pour comprendre les conséquences concrètes de ces biais de genre, de cette maltraitance médicale sur leur vie.

    La douleur des femmes est-elle sous-évaluée par le corps médical, et si oui, comment l’expliquez-vous ?

    Oui, c’est assez paradoxal car elle est à la fois sous-évaluée et perçue comme exagérée. On imagine que les femmes dramatisent, elles ne sont pas prises au sérieux et résultat, on minimise leur douleur. C’est flagrant avec des maladies comme l’endométriose, où l’on observe encore en moyenne une errance médicale de huit ans avant un diagnostic, ou l’infarctus du myocarde dont on parle aussi dans le livre. Il y a une tendance à psychologiser la douleur des femmes, on va mettre leurs symptômes sur le compte du stress, leur conseiller de se détendre et donc passer parfois à côté de leurs pathologies. C’est une habitude sociale liée au patriarcat, on range toujours les femmes dans la catégorie “émotionnelles” et non “rationnelles”.

    Chez les femmes racisées, on recense une discrimination supplémentaire : le “syndrome méditérranéen”. De quoi s’agit-il précisément ?

    Les femmes racisées subissent une double peine, elles sont à la fois victimes de sexisme et de racisme. En réalité, il faudrait tout un ouvrage pour pointer cette discrimination spécifique, dont l’une des facettes est le “syndrome méditerranéen”. C’est un préjugé raciste selon lequel les personnes maghrébines et noires exagèrent leurs douleurs, “en rajoutent”. La conséquence à nouveau est le manque d’écoute, une parole qui n’est pas prise au sérieux, ce qui peut entraîner une prise en charge différée et de la négligence voire de la maltraitance dans les soins.

    Plusieurs recherches montrent d’ailleurs que de nombreux handicaps, symptômes ou maladies sont mieux prises en charge lorsque les patients sont des hommes, pourquoi ?

    C’est ce qu’on appelle dans notre ouvrage le masculin neutre. La norme est masculine et pendant très longtemps, les études ont été faites uniquement sur des hommes, ou sur des mâles. Lorsqu’on ne prend pas en compte la différence anatomique ou physiologique entre les femmes et les hommes, on se coupe fatalement d’un certain nombre d’informations. On peut citer l’exemple de l’infarctus du myocarde, les femmes ont des symptômes différents de ceux des hommes, qui sont moins connus par le corps médical et on peut donc passer à côté du bon diagnostic. Ces dernières années, on a beaucoup communiqué sur le sujet, notamment auprès du grand public, mais il faut du temps pour que ces informations soient, d’une part, enseignées, et d’autre part, diffusées largement.

    Comment expliquez-vous qu’à l’adolescence les jeunes femmes sont encouragées à aller voir un·e gynéco alors que les jeunes hommes, eux, n’ont plus de suivi médical régulier ?

    On nous a mis en tête que le corps des femmes devait être médicalisé : nous sommes incitées à aller nous checker régulièrement, à vérifier que tout va bien, c’est devenu un réflexe. Ça vient d’une volonté de contrôle du corps des femmes, et si elle a été réelle et conscientisée à une certaine époque, elle ne l’est plus aujourd’hui mais c’est rentré dans les moeurs : le corps des femmes doit être vérifié comme on fait le contrôle technique d’une voiture chaque année.

    Dans les parcours de procréation médicalement assistée, il y a aussi de grandes disparités de traitement entre les femmes et les hommes…

    Oui, tout à fait, ce sont les femmes qui sont en ligne de mire et ce sont elles qui subissent la majorité des examens lorsqu’il y a suspicion d’infertilité. La médecine ne se soucie de la fertilité des hommes qu’après alors que statistiquement, les causes de l’infertilité sont partagées entre les deux sexes. Il n’est pas rare de ne voir seulement la femme à une première consultation pour infertilité. On laisse de côté les hommes et d’ailleurs, même eux s’en plaignent parfois. Certes, l’âge des femmes par exemple est un facteur important dans un parcours de PMA, mais celui des hommes l’est également et on l’oublie souvent. On s’acharne sur le corps des femmes sans se soucier des conséquences psychiques et psychologiques.

    Dans votre ouvrage, vous évoquez aussi les violences obstétricales et gynécologiques sur lesquelles on est en train de lever le voile…

    Oui, il y a le déni de la douleur des femmes, et, de façon plus générale, une mauvaise écoute des patientes alors que c’est la base de la médecine. On le voit notamment dans les accouchements où, par exemple, la volonté de la patiente de ne pas accoucher allongée n’est pas entendue. Cette non écoute est un terreau pour d’éventuelles violences. On parle aussi du point du mari (Ndlr : lorsqu’on recoud le vagin après une épisiotomie ou une déchirure avec des points de suture supplémentaires et inutiles pour resserrer l’entrée du vagin), c’est l’apogée du sexisme médical : dans un moment où la femme est dans une grande douleur, on pense au plaisir de l’homme !

    Observe-t-on aujourd’hui une meilleure prise en compte du consentement médical ?

    C’est très lent… À une époque, le consentement lors d’un acte médical n’était jamais pris en compte, aujourd’hui, on en parle davantage et la génération de soignant·es qui arrive est plus au fait de ces considérations. Mais il faut encore que les formations sur le sujet s’améliorent et que les habitudes changent et ça, c’est un très long processus.

    Les Patientes d’Hippocrate, Maud Le Rest, Eva Tapiero, Éd. Philippe Rey.

    #sexisme #misogynie #racisme #violences_médicales #violences_gynecologiques #médecine #santé #discrimination

  • CAF : le numérique au service de l’exclusion et du harcèlement des plus précaires
    https://www.laquadrature.net/2022/10/19/caf-le-numerique-au-service-de-lexclusion-et-du-harcelement-des-plus-p

    Depuis bientôt un an nous luttons au sein du collectif « Stop Contrôles »1Il est possible de contacter le collectif « Stop Contrôles » à l’adresse suivante : stop.contrôles@protonmail.com pour des récits ou des problématiques actuelles face au contrôles de la…

    #Surveillance

    • Pour connaitre un peu wikipédia je ne nie pas que des contributeurices puissent etre transphobe. Il y a par contre une opposition total entre les croyances transactivistes et ce qu’est un travail encyclopédique.

      Qu’une encyclopédie mentionne le nom de naissance des personnes atteintes de dysphorie ne me semble pas etre un acte de discrimination. Qu’une encyclopédie demande des sources et documents pour affirmer une chose n’est pas non plus une brimade infligée aux trans. Qu’une encyclopédie ne se fie pas au seul ressenti des individus pour établir ses articles me semble etre necessaire. C’est le propre des catégories d’exclure certains critères et ce n’est pas un acte de haine, les chats sont exclus de la catégorie des lapins, c’est pas de la haine anti féline pour autant. Si des croyant·es affirment que la vierge leur parle chaque matin ou qu’illes ont un esprit de femme prisonnier d’un corps d’homme c’est pas pour autant un fait, ca reste une croyance qui doit être mentionnée comme telle dans une encyclopédie.

      Pour ce qui est des intersexes leurs problématiques n’ont rien en commun avec celles des trans et non binaires, beaucoup d’entre elleux se plaignent d’etre instrumentalisé·es par les transactivistes. Les intersexes sont assigné·es à la naissances mais pas les trans ni les non binaire, ni les gender fluide, gender neutres, agender, xénogender... chez qui on ne fait qu’observer le sexe de naissance, ce qui n’est pas une assignation.
      Ici le témoignage d’une personne intersexe qui affiche son opposition à l’idéologie transactiviste libérale.
      https://www.youtube.com/watch?v=hNpW6QGYQso

      Les transactivistes s’attaquent aux encyclopédies puisqu’illes refusent toute forme de définition collective, et préfèrent une autodéfinition du reel par le ressenti individuel.

      Ainsi que Butler le souligne, la critique des catégories et des politiques identitaires et leur contestation n’impliquent pas, comme c’est le cas pour les notions de catégorie femmes, de sujet et de plusieurs autres, la répudiation totale de ces dernières[25]. Il suffit plutôt de faire une utilisation critique et prudente de ces catégories et de ces politiques, en les laissant ouvertes aux changements, aux redéfinitions, à l’inclusion de nouvelles ou de nouveaux membres , etc. (Butler 2001a : 147 ; 2005b ; 2006 : 52-53). Voici comment Butler exprime sa thèse concernant la catégorie « lesbienne » (2001a : 143-144) :

      Je ne suis pas à l’aise avec les « théories lesbiennes » et les « théories gay », car […] les catégories identitaires tendent à servir d’instruments aux régimes de contrôle, soit comme catégories normalisantes des structures d’oppression, soit comme points de ralliement pour la contestation libératoire de cette oppression même. Je ne suis pas en train de dire qu’en quelque occasion politique, je refuserai de défiler sous la bannière lesbienne, mais j’aimerais que la signification de cette bannière ne soit jamais ni trop claire ni trop précise.

      https://www.erudit.org/fr/revues/rf/2007-v20-n2-rf2109/017606ar

      Si on laisse les catégories ouvertes aux redéfinitions constantes et à l’inclusion de tous nouvelleaux membres qui en exprime le désir, alors plus aucun travail de définition ni de catégorisation ni d’encyclopédie, n’est possible. Si les « bannières » ne doivent etre ni claires ni précises les encyclopédies sont à mettre au feu et c’est tout naturellement que ces idéologues s’attaquent à wikipédia.

      #transactivisme #identitaires #liberalisme #sexisme #discrimination #définition #wikipédia #identité

    • En l’absence d’exemples, le texte de l’Obs est assez difficile à suivre. Alors prenons l’exemple de la fiche de Chelsea Manning :
      https://en.wikipedia.org/wiki/Chelsea_Manning

      Si je lis le texte de l’Obs, il me semble que je devrais admettre que cette fiche est transphobe (son ancienne identité est « dévoilée », il y a des photos d’elle avant sa transition…). Alors qu’il semble tout de même que, dans la logique exposée par Mad Meg, ce qui est reproché (ce qu’on trouve donc dans cette fiche en particulier) relève du travail de documentation normal de l’encyclopédie.

      En ajoutant aussi le fait que l’encyclopédie n’est censée documenter que des personnalités publiques ayant une certaine notoriété, pas d’outer des personnes transgenres dont l’histoire ne serait pas déjà connue. Si on gomme l’identité passée Chelsea Manning, on se condamne à ne plus pouvoir comprendre les archives des journaux ; or c’est bien à cela que sert l’encyclopédie.

    • Clap Clap Clap 👏
      (j’ajoute néanmoins pour relativiser mon intervention que je ne suis pas équipé pour réfléchir au transactivisme ; je pourrais dire la même chose si on me demandait de réfléchir à la théorie de la relativité afin de donner le change à Einstein car oui, je ne suis pas au niveau pour discuter avec des théoriciens de la transidentité, ces gens sont dans des sphères inatteignables par le commun, et le commun ne peut que rester coi, pour sûr).

    • Merci Meg. Mais je ne comprends pas bien en quoi ces deux pages correspondent aux accusations de la tribune de l’Obs : une part des critiques concerne clairement les articles publics (mégenre, photos avant transition, rappel de l’identité avant transition…), et pour ce qui est de « harcèlement », qui là relèverait des échanges dans les espaces de discussion, ça n’est pas clair non plus dans ces deux pages. Ou alors, il faut considérer que les gens qui contredisent leurs interlocuteur·ices trans sont transphobes, et avec ce genre de tribune qui ne donnent pas d’exemple concret, c’est une tendance qu’on sent poindre rapidement (et ce serait ce que tu veux me dire avec ces deux liens : ce qui suscite cette tribune, c’est d’abord que les transactivistes sont contredit·es dans les forums de Wikipédia).

      Sinon, j’avais particulièrement tiqué sur ce passage :

      La société contemporaine à tradition coloniale semble se rendre compte de notre existence depuis peu alors que nous avons toujours existé à travers le monde. Avant d’être envahies, décimées ou réduites en esclavage, nombre de cultures pré-coloniales comptaient en leur sein des sujets trans et non binaires dont la plupart avaient un rôle social voire spirituel, ce qui reste le cas dans certaines cultures (10).

      Wikipédia étant un média attaché à un système de sources écrites et mainstream, sa vision élitiste et blanche ne rend pas justice aux cultures à tradition orale.

      C’est pratique, ça, de dénoncer une encyclopédie, au motif qu’elle repose sur « un système de sources écrites et mainstream », et donc « élitiste et blanche ».

    • @biggrizzly on sent bien que tu n’as pas envie d’en parler ! ^^

      @arno J’ai mis ces articles pour montrer des exemples de discutions sur des sujets potentiellement polémiques. C’est pas « le bistrot » dont parle l’article mais je vais aller voire.
      Et sans nier que les transactivistes subissent du harcelement sur wikipédia, je pense qu’il y a une part d’opportunisme de mauvaise foie dans leurs déclarations. Le fait de ne pas donner d’exemples précis ni liens pour en juger ne me donne pas une bonne impression.

    • J’ai parfois essayé de discuter avec des personnes bourrées, et ça a souvent été décevant. L’incommunicabilité, c’est un truc qui me met terriblement mal à l’aise. Les discussions sur la transidentité, ça me fait pareil. A partir du moment où un des interlocuteurs peut décider de changer le sens des mots quand cela LUI chante... je décroche. Je ne suis pas de taille. Je le laisse avec LUI même.

    • Pour le deadname c’est assez proche de la question du pseudonymat. Quand la personne a eu une vie médiatique sous plusieurs pseudonymes ou plusieurs noms ca peut etre utile de le mentionné mais la plus part du temps c’est le nom d’usage qui doit être utiliser. En lisant le forum je trouve les propositions de discuter au cas par cas plus judicieuses.

  • À l’abri des regards : l’#enfermement illégal à la frontière franco-italienne

    À l’heure de discussions autour d’une nouvelle loi sur l’immigration et l’asile en France et d’une réforme de l’espace Schengen et du Pacte européen sur la migration et l’asile, un même constat s’impose : les politiques migratoires de l’Union européenne et de ses États membres sont constitutives de violations des droits fondamentaux et de la dignité des personnes en migration. Dans ce contexte, l’Anafé publie aujourd’hui un dossier sur l’enfermement illégal constaté depuis 2015 à la frontière franco-italienne, enfermement qui illustre les conséquences de ces politiques violentes.

    Ce dossier – composé d’une cartographie en ligne (https://ferme.yeswiki.net/fermons_les_zones_d-attente/?PagePrincipale), d’un guide de sensibilisation et d’une note d’analyse – décrit les lieux privatifs de liberté créés par les autorités françaises à la frontière franco-italienne depuis 2015 ainsi que les conditions indignes dans lesquelles les personnes en migration y sont enfermées, tout en démontrant le caractère ex frame, c’est-à-dire hors de tout cadre légal, de ces #lieux_d’enfermement.

    Prenant le contrepoint des autorités qui se retranchent derrière le vocabulaire d’une soi-disant « #mise_à_l’abri » pour qualifier ces locaux et des juridictions qui ne condamnent pas ces pratiques abjectes, l’Anafé entend, par ce dossier, témoigner de ces faits qui démontrent en réalité des pratiques de #détention_arbitraire à la frontière franco-italienne.

    « On n’enferme pas, on ne prive pas de liberté, de la protection de l’asile, d’eau, de nourriture, de soins ou de dignité celles et ceux que l’on entend mettre à l’abri. A l’abri de quoi ? Lorsque l’on déconstruit la sémantique des autorités policières et gouvernementales françaises, la vérité apparaît : elles mentent et enferment illégalement des centaines de femmes, d’enfants et d’hommes chaque année, en toute #impunité et parfois avec la #complicité des autorités judiciaires. », dénonce Alexandre Moreau, président de l’Anafé.

    Ce dossier entend ainsi rendre visible les logiques des politiques migratoires françaises, les violations quotidiennes des #droits_fondamentaux et mettre à jour la réalité de ce que l’administration française cherche, pour sa part, à éloigner des regards.

    « #Discrimination, #stigmatisation, #criminalisation et #déshumanisation des personnes en migration sont les fils conducteurs de politiques migratoires qui, depuis des décennies, mettent l’enfermement aux frontières au cœur de leur arsenal de mesures visant à lutter contre une soi-disant « invasion » de personnes en migration. Inefficace et violente, la privation de liberté est toujours utilisée pour empêcher les personnes d’avoir accès au territoire européen ou au sein des pays qui composent l’Union. Ce dossier vient ainsi rappeler que, pour garantir un État respectueux des droits fondamentaux, un impératif doit être respecté : la détention arbitraire des personnes en migration doit cesser. », commente Laure Palun, directrice de l’Anafé.

    Rappelant le constat de pratiques d’enfermement illégal dans les aéroports et les ports français qui, il y a 30 ans, a mené à la création de l’Anafé et au cadre légal de la zone d’attente, ce dossier s’inscrit dans la campagne menée depuis un an par l’Anafé contre l’enfermement aux frontières. Ainsi, aux côtés de la demande portée par l’Anafé de fermeture des zones d’attente, ce dossier conclut sur un seul et unique impératif : la fermeture des lieux d’enfermement ex frame à la frontière franco-italienne.

    http://www.anafe.org/spip.php?article648

    #frontière_sud-alpine #asile #migrations #réfugiés #Hautes-Alpes #Alpes_maritimes #Alpes #montagne #Italie #France #Modane #privation_de_liberté #détention #Menton #Menton_Garavan #Montgenèvre #Fréjus

  • #Bruxelles : Le député écolo(groen) se blesse en vélo sur les blocs de béton qu’il a fait installer
    https://bx1.be/categories/news/cureghem-un-depute-bruxellois-blesse-apres-avoir-heurte-un-bloc-de-beton-deplace/?theme=classic

    Juan Benjumea-Moreno, député bruxellois (Groen) circulait à vélo à Cureghem, lorsqu’en prenant un virage Rue Georges Moreau, il a percuté un bloc de béton, rapporte Bruzz. Le cycliste a été catapulté à travers la piste cyclable. Résultat : des blessures aux jambes et aux épaules, et une dent cassée.

    Cela fait plusieurs jours que la colère gronde à Cureghem, où le plan Good Move déplaît particulièrement. Pour exprimer leur mécontentement, certains riverains n’ont pas hésité à déplacer les blocs de béton qui les empêchent de passer en voiture. “Un habitant du quartier avait filmé plus tôt dans la journée comment des personnes avec une camionnette et des cordes avaient déplacé le filtre de circulation vers la bande cyclable“ , a expliqué Benjumea-Moreno à nos confrères.

    Le député a raconté sa mésaventure sur Twitter, en déplorant le vandalisme dans la commune qu’il juge “hyper-dangereux“. “J’étais encore ‘chanceux’ de faire du vélo. Si vous conduisez une moto à pleine vitesse contre un tel bloc de béton, vous n’auriez pas pu survivre“ , reproche-t-il.

    #good_move #vandalisme_vert #urbanisme #ségrégation_sociale Le #béton , c’est chez les pauvres. #discrimination #cyclistes #vélo

  • Edith Maruéjouls, géographe : repenser la cour de récréation

    #Edith_Maruéjouls, géographe du genre, intervient depuis 20 ans dans les écoles, où les garçons ont tendance à s’approprier l’#espace de la cour de récréation, essentiellement en jouant au foot. Elle explique comment elle travaille dans l’ouvrage « Faire je(u) égal ».

    https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/une-semaine-en-france/une-semaine-en-france-du-vendredi-16-septembre-2022-7688356

    #cour_de_récréation #récréation #école #genre #filles #garçons #inégalités #football #foot #géographie #cour_d'école

  • Alpes-Maritimes : l’ancien combattant ukrainien tabasse deux réfugiées ukrainiennes car il pensait qu’elles étaient russes.
    ENQUETE Les deux Ukrainiennes réfugiées en France depuis avril et agressées dimanche à Roquebrune-Cap-Martin étaient persuadées que leur assaillant était russe. Ce mercredi, le parquet de Nice annonce qu’un Ukrainien va être poursuivi

    Alina et Olena, deux réfugiées ukrainiennes victimes d’une agression retentissante dimanche soir à Roquebrune-Cap-Martin (Alpes-Maritimes), ont assuré à Nice-Matin que leur assaillant était russe. C’était en fait un deux leur compatriote. Interpellé mardi soir, un homme également de nationalité ukrainienne a « reconnu les violences en les minimisant », a annoncé le procureur de la République de Nice ce mercredi.

    Il va être présenté au magistrat pour des faits de « violence suivie d’incapacité n’excédant pas huit jours commise en raison de la race, de l’ethnie, ou de la religion », en vue de sa comparution immédiate, jeudi après-midi, devant la chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Nice, a précisé Xavier Bonhomme. Il encourt jusqu’à trois années d’emprisonnement et 45.000 euros d’amende.

    Une affaire commentée par le gouvernement ukrainien
    Selon les déclarations d’Alina, la fille d’Olena, au quotidien régional dès lundi, cet individu leur aurait sauté dessus, les rouant de coups, alors que les deux femmes regardaient une vidéo avec de la musique ukrainienne. « Les paroles de la chanson disaient : ’’Le monde serait meilleur sans armée russe’’ », avait-elle expliqué. « Quand il a parlé, on a compris » qu’il était russe, assurait-elle également dans les colonnes de Nice-Matin.

    Et l’affaire était rapidement remontée jusqu’au gouvernement ukrainien. « Les agresseurs doivent être punis », a affirmé le porte-parole du ministre des Affaires étrangères Oleg Nikolenko. Et l’ambassade d’Ukraine en France a dénoncé un « incident odieux ».

    Source : https://www.20minutes.fr/faits_divers/4001175-20220914-alpes-maritimes-ukrainien-garde-vue-apres-agression-deux-
    Titre changé

    #Femmes #violence #racisme #misogynie #culture_du_viol #domination_masculine #violence_ukrainienne #connard #discriminations

  • Antiféminisme et garçons-fleurs en Corée
    https://laviedesidees.fr/Antifeminisme-et-garcons-fleurs-en-Coree.html

    L’élection de Yoon Suk-yeol comme président de la Corée du Sud, avec sa rhétorique antiféministe, contraste avec la féminisation croissante des hommes et des garçons, particulièrement dans la K-pop. Paradoxe étonnant ou errements de la lutte contre les #inégalités ?

    #International #populisme #femmes #Asie #masculinité
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20220916_coree.docx
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20220916_coree.pdf