Le 1er juillet 2015, le Conseil de prud’hommes de Tours a condamné la Nouvelle République du Centre Ouest pour harcèlement sexuel. Communiqué de l’Association européenne contre les Violences faites aux Femmes au Travail.
Pour la première fois, un conseil de prud’hommes qualifie de harcèlement sexuel à l’encontre d’une salariée des agissements à caractère sexuel qui ne la visaient pas personnellement. (...)
Madame G. était journaliste depuis 1989 au quotidien régional La Nouvelle République du Centre Ouest. En 2012, elle est directement témoin de propos connotés sexuellement tenus par des collègues masculins : « Petite bite, enculé de mes deux, grosse burne ». Entre eux ils s’interpellent : « Ma chatounette, mes couilles » et plusieurs fois par jour s’insultent et ou miment bruyamment des rapports sexuels.
Tandis qu’elle, elle travaille, elle est dérangée par les conversations de ses voisins de bureau : « Non, je ne vais pas pouvoir venir ; ce week-end, mon ex est là », « Ben alors tu vas niquer ». « Ouais, mais ce n’est pas sûr » : « T’auras qu’à faire des photos », « Je vous ferai une photo bien dégueulasse de chatte en gros plan ».
Ou alors, lorsque ses collègues déchargent des photos : « Ah ouais, t’aimes ça, toi, décharger... euh, des photos », ou mettent un document ou une photo sur le bureau : « Moi, ce n’est pas une photo que je vais mettre sur le bureau » ; « Ah bon, ben alors c’est quoi ? ».
Elle doit supporter des images de femmes nues dans des postures dégradantes qui font office d’économiseurs d’écran, quand ses collègues sont en reportage.
(...)
En raison des conséquences du harcèlement sexuel et de l’absence de soutien de
son employeur sur sa santé, son médecin traitant lui prescrit un arrêt de travail à partir de janvier 2013.
Mme G. craint de se rendre sur son lieu de travail où il lui est impossible de remplir ses fonctions dans un climat serein ; elle décide alors en août 2013 de demander la résiliation judiciaire de son contrat de travail.
(...)
Dans les procédures dans lesquelles l’AVFT intervient, c’est la première fois qu’un conseil de prud’hommes condamne une entreprise attaquée par une salariée qui n’a pas été personnellement visée par le harcèlement sexuel, mais qui en a été exposée à des propos et comportements non désirés à caractère sexuel dans le cadre de son travail.
(...)
Mais les femmes journalistes sont aussi exposées au harcèlement sexuel au sein de leurs rédactions et paient un lourd tribut quand elles le dénoncent.
Comme toutes les salariées, elles sont peu nombreuses à pouvoir le faire, mais nous recevons fréquemment leurs témoignages.