• Réhumaniser les personnes décédées en Méditerranée

    Au-delà d’un bilan chiffré, les personnes décédées sont des personnes, avec une histoire et des proches. Dans un contexte de guerre comme un contexte migratoire, lutter contre la #déshumanisation permet à plusieurs acteurs de faire passer des messages politiques.

    Il y a d’abord ces noms, écrits au stylo sur les bras par des enfants de Gaza et dont les images ont circulé sur les réseaux sociaux ces derniers jours. Un prénom, une date de naissance, pour être identifié, pour dire qu’on a existé. Alors que dans la nuit de vendredi 27 à samedi 28 octobre la guerre en Israël et en Palestine est entrée dans une nouvelle phase selon les termes de l’état-major israélien, les Palestiniens bloqués au nord de Gaza subissent des bombardements intensifs. Le territoire est d’ailleurs aujourd’hui décrit comme un “champ de bataille” par l’armée israélienne.

    Jour après jour, les bilans sont diffusés. Le Hamas, qui a pris le pouvoir sur #Gaza depuis 2007, publie le décompte quotidien des victimes du conflit côté palestinien. Des chiffres repris dans les médias qui donnent l’impression d’une masse d’êtres humains non-identifiables ; plus de 8 000 personnes décédées à ce jour, dont 40% sont des enfants selon l’ONG Save the Children qui publiait dimanche 29 octobre un communiqué pour alerter sur cette réalité : 3 257 enfants sont morts depuis le début de l’offensive israélienne en réponse aux attaques meurtrières du Hamas contre des civils israéliens le 7 octobre. En trois semaines, le nombre d’enfants tués a dépassé le bilan de l’année 2019.

    A ce jour, l’OMS indique également qu’un millier de corps non identifiés seraient ensevelis sous les décombres à Gaza. Derrière les statistiques, la peur d’être oublié, que son corps disparaisse sans identité, comme le rappelle les mots de la journaliste palestinienne Plestia Alaqad qui rend compte du conflit sur son compte Instagram : “je perds mes mots à ce stade… à chaque minute, Gaza pourrait être effacée et personne ne saurait rien… je pourrais être tuée à chaque instant, et le plus effrayant est que peut-être, personne n’arrivera à retrouver mon corps mort, et il n’y aura peut être plus rien de moi-même à enterrer”, a-t-elle écrit le 28 octobre alors qu’Israël annonçait lancer la seconde phase de son offensive sur Gaza et intensifiait les bombardements sur l’enclave.

    Ces chiffres égrenés au fil des semaines rappellent d’autres drames, d’autres disparitions silencieuses et invisibles. En Palestine, comme en haute mer depuis le début des années 2010, invisibiliser, nier la présence des corps participe au processus de déshumanisation. Il vient illustrer la hiérarchie des décès entre ceux que l’on montre, que l’on médiatise et que l’on prend en compte et ceux que certains préfèrent laisser dans une masse incertaine. Dans les différents cas, il y a les dominés et les dominants. Un processus politique qui n’est pas inéluctable et qu’il est possible de dénoncer et de dépasser.

    Au-delà des bilans qui paraissent importants à diffuser pour montrer l’ampleur du drame qui se joue à Gaza, certains souhaitent donc aujourd’hui réhumaniser les victimes, mettre un visage, un parcours, une histoire pour ne pas oublier que sous les bombes se sont des humains qui disparaissent : “On peut continuer à rafraîchir le bilan du nombre de morts à Gaza de manière froide et désintéressée ou bien on peut considérer que ces femmes, ces hommes, ont des visages, des noms, des histoires”, explique le journaliste du Parisien Merwane Mehadji sur le réseau social X (anciennement Twitter). Sur son compte, il publie des photos et des courtes biographies de certains des invisibles décédés à Gaza : l’autrice Heba Abu Nada, 32 ans, Ibraheem Lafi, photoreporter, 21 ans, Areej, dentiste, 25 ans qui devait se marier dans quelques jours.

    Sur le site de l’ONG Visualizing Palestine c’est la campagne We Had Dreams qui met des mots sur les peurs et les aspirations des personnes prises au piège dans Gaza bombardée :

    “Si je meurs, rappelez-vous que nous étions des individus, des humains, que nous avions des noms, des rêves, des projets et que notre seul défaut était d’être classé comme inférieurs », Belal Aldbabbour.

    Ces initiatives posent un des enjeux actuels du conflit : mettre un visage c’est humaniser les #victimes alors que dans de nombreuses déclarations de responsables politiques en Europe et aux États-Unis, il est courant de parler uniquement du Hamas comme cible des Israéliens. Hillary Clinton dit ainsi “ceux qui demandent un cessez-le-feu ne comprennent pas qui est le Hamas”. Cela revient alors à annuler la présence de civils à Gaza ou à faire des habitants des terroristes.

    https://twitter.com/CBSEveningNews/status/1718681711133794405

    Du côté des autorités israéliennes, certaines personnalités politiques nient même l’humanité des habitants de Gaza : « J’ai ordonné un siège complet de la bande de Gaza. Il n’y aura pas d’électricité, pas de nourriture, pas de carburant. Tout est fermé. Nous combattons des animaux humains et nous agissons en conséquence », déclarait ainsi le ministre XX le XX octobre.

    “Nous sommes en présence d’un désir d’éradiquer les Palestinien.ne.s, si ce n’est de la terre, de la vie politique terrestre”, analyse la chercheuse Samera Esmeir au regard de cette déclaration. Dans un article publié en anglais sur le site du média égyptien Mada Masr, elle explique : “ Nous sommes en présence d’une entreprise coloniale qui tente de détruire ce qui a échappé à la destruction pendant et après les cycles précédents de conquête et de dévastation – cycles qui ont commencé en 1948. Nous sommes en présence d’une volonté coloniale d’effacer l’autochtone.” Remontant l’histoire de la création de l’État d’Israël, la professeure associée du département de rhétorique de l’université de Berkeley en Grande-Bretagne développe pour démontrer la construction au fil des années d’une dénégation d’accorder un statut civil aux Palestiniens : “La société palestinienne a été détruite en 1948. Les territoires occupés en 1967 ont été délibérément fragmentés, déconnectés et séparés par des colonies. Il n’y a pas de forme d’État, d’armée permanente, d’étendue de territoire ou de position civile. Au lieu de cela, il y a de nombreux camps de réfugiés, des familles dépossédées et des sujets en lutte. Tout ce qui pourrait favoriser la normalité civile est déjà visé par l’occupation israélienne, qu’il s’agisse de maisons, d’écoles, d’ONG, de centres culturels ou d’universités. Comparée à l’autre côté de la ligne verte, la vie en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, où se concentre la violence israélienne à l’encontre des Palestinien.ne.s, n’autorise aucune normalité civile”.

    Selon les statistiques de l’ONG israélienne pour la défense des droits humains B’Tselem, plus de 10 500 Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes depuis le début de la 2nde Intifada en 2000. L’ONG a entrepris un travail de vérification de chaque décès, que la personne soit palestinienne, israélienne ou étrangère : “B’Tselem examine les circonstances de chaque décès, notamment en recensant les témoignages oculaires lorsque cela est possible et en rassemblant des documents officiels (copies de pièces d’identité, actes de décès et dossiers médicaux), des photographies et des séquences vidéo”, peut-on lire sur le site de l’organisation. Un travail de recensement et d’identification qui répond également à l’enjeu de garder traces des victimes du conflit au fil des années. Une position que l’organisation défend depuis sa création : “Depuis la création de B’Tselem en 1989, nous documentons, recherchons et publions des statistiques, des témoignages, des séquences vidéo, des prises de position et des rapports sur les violations des droits humains commises par Israël dans les territoires occupés.”, peut-on lire sur le site internet de l’ONG. Une position énoncée dans le nom même de l’association puisque B’Tselem signifie en Hébreu “à l’image de” selon un verset de la Genèse (premier livre de la Torah juive et de la Bible chrétienne) qui considère : “Le nom exprime l’attendu moral universel et juif de respecter et de faire respecter les droits humains de tous”.

    Un enjeu qui rappelle celui de la disparition de personnes migrantes anonymes en Méditerranée. Des corps avalés par la mer que la médecin légiste italienne #Cristina_Cattaneo et son équipe tentent, elles-aussi, d’identifier. Son livre Naufragés sans visage a été traduit en français en 2019. Une manière de lutter contre la figure du migrant qui devient parfois une entité abstraite, notamment dans les discours politiques des extrêmes en Europe. “Lorsque l’on identifie ces gens, il est aussi plus difficile de détourner les yeux de la situation”, expliquait-elle au micro de France Culture. Un travail qu’elle réalise au sein de l’université de Milan depuis 1995 au début à propos des inconnus de la rue décédés. En 2013, les inconnus de la migration prennent de plus en plus de place dans son travail du fait de la catastrophe grandissante en haute mer.

    Comme à Gaza, les personnes migrantes sont conscientes de la possibilité de disparaître sans laisser de #traces. Dans son travail à la frontière entre l’Espagne et le Maroc, l’anthropologue #Carolina_Kobelinsky relève : « Toutes les personnes rencontrées parlent de la mort, des morts laissés en route, des stratégies pour y faire face. De l’éventualité de sa propre mort. La mort est présente dans les discours quotidiennement, autant que la musique, le foot,… ». Elle décide donc d’intégrer à son terrain de recherche l’omniprésence de la mort comme potentialité dans les #récits des personnes qui traversent la frontière. A la frontière entre le Maroc et l’Espagne au niveau de Melilla et Nador, il est aussi question de la disparition des corps à la « barrière », notamment lors des confrontations avec la gendarmerie marocaine ou la guardia civile espagnole.

    « Ces #corps disparaissent : enterrés dans des #fosses_communes, avalés par la terre, toutes sortes de théories circulent parmi les migrants. Cela renforce l’idée qu’il s’agit non seulement d’une #peur de la mort mais encore plus celle de la #disparition_totale. Ils sont partis comme anonymes socialement, et ils atteignent l’#anonymat de la mort avec la #volatilisation du corps. »

    « Le plus important pour les jeunes rencontrés est de mettre en place une #stratégie pour faire en sorte que les familles reçoivent la nouvelle du décès. Interviennent alors de véritables « #pactes », où l’on apprend le numéro de téléphone par cœur de la famille de l’autre pour faire passer ce message : « J’ai fait tout ce que j’ai pu pour avoir une vie meilleure », jusqu’à la mort.

    https://www.1538mediterranee.com/rehumaniser-les-personnes-decedees-en-mediterranee
    #décès #humanisation #réhumanisation #migrations #guerre #mort #morts #identification

  • An Obituary for Our World And I’m Not Kidding !
    https://tomdispatch.com/an-obituary-for-our-world

    Selon le blogeur Tom Engelhard de TomDispatch nous vivon tous sur le Titanic y compris toute la faune connue et inconnue de la planète. Il y identifie plusieurs équipes qui oevrent pour l’accélération du naufrage. Proverbe barbare : Lieber ein Ende mit Schrecken als ein Schrecken ohne Ende.

    1.11.2022 BY TOM ENGELHARDT - Oddly enough, I’ve read obituaries with fascination from the time I was quite young. And yet, in all these years, I’ve never really reflected on that fact. I don’t know whether it was out of some indirect fascination with death and the end of it all or curiosity about the wholeness (or half-ness or brokenness) of an individual life in full. But here’s the odd thing: in all that time — put it down to the charm of youth or, later, perhaps a lingering sense of youthfulness or, at least, agelessness — I never really thought about my own obituary. Like so many of us when younger, I simply couldn’t imagine my own death. Against all reason, it seemed strangely inconceivable.

    Now, at 78, I find that obituaries are again on my mind — and not just because people I knew are being featured in them all too often these days or for that other all-too-obvious reason, which I hardly need to spell out here. As a matter of fact, if you put my last name or yours into a search engine, you may be surprised at how many obituaries come up. It turns out, in fact, that Engelhardts have been dying for centuries now.

    After all, the one obituary you can’t really have is your own; at least, not unless you decide to write it yourself or you’re so well known that a newspaper obit writer interviews you as one of the “pre-dead” while you’re still kicking. Of course, for the best known among us, such pieces, as at the New York Times, are prepared and written well in advance because the one thing we do know, whether we think about it or not, accept it or not, is that we all will indeed die.

    Nuclear Winter or a Climate-Change-Induced Nuclear Summer?

    Let’s not be shy. If there’s one word that comes to mind (mine anyway) at the moment, it’s madness. And no, believe it or not, I’m not even thinking about Donald Trump or the crazed crew of election deniers, QAnon conspiracy believers, and white nationalists who have become the essence of the Republican Party and may sweep to victory, at least in the House of Representatives, only days from now. And no, neither am I thinking about the Trumpist-leaning Supreme Court that might single-handedly (or perhaps hand in hand with all too many voters on November 8th) send us even further down the road to autocracy or at least to an eternally Republican-controlled mania-ocracy.

    From the time we left our Neanderthal cousins in the dust, the story of humanity is tens of thousands of years old; and our history — you know, since we first began herding other creatures, raising crops, and arming ourselves to the teeth — is thousands of years old. In all those eons, we discovered so many things, both uplifting and down-thrusting. But perhaps, looking back (if, given our present circumstances, anyone’s even bothering), the most remarkable thing may be that we discovered — once quite purposely and once without at first even noticing that we’d done so — two different ways to do ourselves in. And, believe me, I’m using that word advisedly, given the Elizabethan moment that passed only recently, leaving so many of us watching a “news” spectacle that was her obituary and nothing else but that for what seemed like ever and a day. Now, of course, the former British queen is gone not just from our world but from that news cycle, too. Not a trace of her remains. Nothing, it seems, lasts long these days, Donald Trump aside. And if things continue to go ever wronger on this planet of ours — and I wouldn’t Truss (joke, joke) that they won’t — it’s possible that she could indeed prove to be the last queen.

    As I’m sure you already know, those two discoveries I’m thinking about are nuclear weapons and climate change. Each of them should be on all our minds right now for reasons almost too obvious to enumerate. Our own president recently chatted privately with Democratic Party donors about the possibility that we might indeed face “Armageddon” (his word, not mine) for the first time since the Cuban missile crisis of 1962. That would be thanks to Vladimir Putin’s invasion of Ukraine and the Russian president’s threat (“this is not a bluff“) to use nuclear weapons for, as he himself pointed out, the first time since the United States ended World War II by obliterating the cities of Hiroshima and Nagasaki.

    In a sense, however, whether Putin ever uses those “tactical” nuclear weapons or not, he has, in his own uniquely deplorable fashion, already nuked this planet. His decision to invade Ukraine and, after an eight-month disaster (including the especially dangerous occupation of a Ukrainian nuclear power plant), only increase the level of destruction, while evidently looking for no off-ramp whatsoever, has sent energy politics in the worst possible direction. Some desperate European countries have already turned back to coal power; militaries are burning ever more fossil fuels; gas prices have been soaring globally; and what modest attention was focused on the broiling of this planet and the very idea of the major powers cooperating to do anything about it now seems like a fantasy from some past universe.

    It evidently doesn’t matter that a combination of fearsome monsoons and growing glacial melt flooded one-third of Pakistan in an unparalleled fashion; that record heat and drought was last summer’s reality across much of the northern hemisphere; that Hurricane Ian only recently leveled parts of Florida in what should have been, but given where we’re heading, won’t be a once-in-500-year fashion; that a mainstream website like Politico can now refer to our country as “the United States of Megadrought“; or that rivers from the Yangtze to the Mississippi are drying up in a historic manner. Worse yet, that’s just to start down a far longer list of climate horrors. And I almost forgot to mention that the giant fossil-fuel companies continue to live on another planet from the rest of us. Call it profit heaven.

    Returning to the subject of obituaries, you could, of course, have written a group one for the approximately one billion sea creatures that died last summer, thanks to a record heat wave on Canada’s Pacific coast, or another based on the recent report that, since 1970, the population of fresh-water species on this planet has fallen by a startling 83%. In fact, if you’re in an obituary-writing mood and thinking of the pre-dead, don’t forget the emperor penguin. According to the U.S. Fish and Wildlife Service, that classic creature is threatened with extinction by the end of this century thanks to the increasing loss of the sea ice it needs to exist on a fast-warming planet.

    So, give the Vlad full credit. His invasion of Ukraine refocused the attention of the world on that other way we’ve come up with to do ourselves in, those nuclear weapons. In short, he’s helped take our minds off climate change at the worst possible moment (so far), even as his war only increases the level of greenhouse gases heading into the atmosphere. Well done, Mr. President!

    I’m sure you won’t be surprised to learn then that, according to a recent United Nations report, of the 193 nations which, in 2021, agreed to step up their efforts to fight climate change, only 26 have followed through so far (and even some of those in an anything but impressive fashion). In other words, our future — should we ever get there — will be blistering. The Earth is now on track to warm not by the 1.5 degrees Celsius the 2015 Paris climate accord made its ultimate temperature, but a potentially broiling 2.1 to 2.9 degrees Celsius by century’s end.

    Even before the Ukraine war began, the powers that be were paying all too little attention to how we could do ourselves (and so many other species) in by overheating the planet. Worse yet, the major powers of the old Cold War were already “modernizing” their nuclear arsenals — in the case of the United States, to the tune of more than a trillion dollars over the coming decades. That will include a mere $100 billion to create a “next generation” intercontinental ballistic missile dubbed the LGM-35A Sentinel, undoubtedly because it’s meant to stand guard over hell on earth. Meanwhile, the rising power on the planet, China, is rushing to catch up. And now, with a war underway in Europe, “dirty bombs” and far worse are seemingly back on the playing fields of history.

    Here, I suspect, is the strangest thing of all. We now know that we’re quite capable of doing something humanity once left to the gods — creating a genuinely apocalyptic future on this planet. With our weaponry, we already have the ability to induce a “nuclear winter” (in which up to five billion of us could starve to death) or, with greenhouse gases, to fry this planet in a long term way via, to coin a new phrase, a climate-change-induced nuclear summer.

    And that — don’t you think? — should already have been game-changing information.

    And yet, despite the Greta Thunbergs of this world when it comes to climate change, these days there are no significant equivalents to her or, say, 350.org or the Sunrise Movement when it comes to nukes. Worse yet, despite the growing green movement, the fact that we’re already in the process of making Earth an increasingly unlivable place seems not to have fazed so many of those in a position to run things, whether nationally or corporately. And that should stun us all.

    An Ultimate Obit?

    Give humanity credit. When it comes to our urge to destroy, we seem to see no limits, not even those of our own existence. I mean, if you really had the desire to write a communal obituary for us, one logical place to start might indeed be with the invasion of Ukraine at a time when the planet was already beginning to broil. Honestly, doesn’t it make you want to start writing obituaries not just for our individual selves, but for all of the pre-dead on a planet where the very idea of mass killings could, in our future, gain a new meaning?

    And in that context, if you want to measure the madness of the moment, just imagine this: It’s quite possible that a political party largely taken over by that supreme narcissist, Donald Trump, the Me-Man of history, could win one or both houses of Congress in this country’s coming midterm elections and even the presidency again in 2024. Given that the U.S. is one of the planet’s two leading greenhouse gas emitters, that would, of course, help ensure a fossil-fuelized future hell. The Donald — like his authoritarian cohorts elsewhere — could be the ultimate god when it comes to our future destruction, not to speak of the future of so many other beings on this planet. Think of him and his crew as potentially the all-too-literal ultimate in (un)civilization.

    After all these thousands of years — a long, long time for us but not for planet Earth — the question is: Should we aging types begin thinking not just about our own obituaries (“He was born on July 20, 1944, in New York City, on a planet engulfed in war….”) but humanity’s? (“Born in a cave with their Neanderthal and Denisovan cousins…”)

    Everything, of course, ends, but it doesn’t have to end this way. Yes, my obituary is a given, but humanity’s should be so much less so. Whether that proves true or not is up to us. When it comes to all of this, the question is: Who will have the last word?

    #catastriphe_climatique #guerre #extractivisme #guerre #disparition_des_espèces

  • Antigone au pays du Cèdre

    #Wadad_Halwani

    Présidente du Comité des familles de personnes disparues ou kidnappées

    Porte-parole des familles des disparus de la #guerre_civile, cette femme libanaise est parvenue au vote d’une loi décisive grâce à son acharnement, trente six ans après le début de son combat. Aujourd’hui, son fils Ghassan numérise les #archives de cet engagement.

    Autour d’une table d’un blanc immaculé, des mères, des épouses et des sœurs de disparus de la guerre civile libanaise brandissent le portrait jauni de leur bien-aimé, des dizaines de journalistes ajustent leur caméra et jouent des coudes, des députés et des dirigeants d’ONG s’installent sur les rares chaises encore inoccupées, leurs discussions recouvertes par un chant sur les 17 000 disparus estimés du conflit ayant duré de 1975 à 1990, émis par une enceinte crachotante. Soudain, le silence tombe sous les cerisiers du jardin Khalil Gibran, au cœur de Beyrouth : une femme menue aux yeux pétillants, coiffée d’un foulard jaune marqué du slogan « Notre #droit_de_savoir », pose la feuille de son discours devant les micros placés sur la table.

    En cette journée d’automne, pour la première fois en trente-six ans d’une lutte acharnée pour obtenir la vérité sur le sort des disparus, la voix de Wadad Halwani n’est pas rendue inaudible par le tumulte de l’impunité : elle fait écho à l’adoption, le 13 novembre 2018, de la #loi sur les #victimes de #disparition_forcée. Le texte prévoit la mise en place d’une commission indépendante chargée d’enquêter sur le sort des disparus, d’exhumer les corps des fosses communes et d’identifier les dépouilles grâce à une banque de données #ADN.

    Son timbre n’a pas la couleur du triomphalisme mais la mesure sobre des efforts réalisés pour parvenir à ce moment historique. « Aujourd’hui, je suis parmi vous, et cela me ramène à notre première rencontre le 17 novembre 1982 sur la corniche Mazraa. Vous aviez répondu à mon appel lancé à la radio après l’enlèvement de mon mari. Nous étions des centaines de femmes. Nous ne nous connaissions pas : c’est notre tragédie commune qui nous réunissait », dit-elle à l’adresse des membres du comité des familles de disparus et de kidnappés qu’elle a fondé en 1982.

    Le 24 septembre 1982, son mari Adnan était enlevé devant ses yeux et ceux de leurs fils Ziad et Ghassan, âgés de 6 et 3 ans. Deux hommes l’avaient emmené, soi-disant pour l’interroger sur un accident de la route : « Il y en a pour cinq minutes », assurèrent-ils. Adnan n’est jamais revenu. « Tu n’es ni resté ni parti », scande le chant en l’honneur des disparus qui s’élève du jardin Khalil Gibran, lieu symbolique où ces familles au deuil gelé protestent depuis le 11 avril 2005.

    À l’écart de la foule rassemblée, #Ghassan_Halwani, aujourd’hui âgé de 39 ans et père d’une fillette, tend l’oreille. Personne ne sait mieux que lui déceler les émotions voilées derrière le discours solennel de sa mère. « Nous n’avons pas laissé la porte d’un responsable entraver notre route, nous nous sommes confrontés aux dirigeants de la guerre qui misaient sur le renouveau par leurs destructions », clame-t-elle.

    Et son fils de se remémorer : « Un soir, j’étais dans la cuisine et j’ai entendu ma mère partir d’un grand rire. Je l’ai vue plongée dans la lecture d’un vieil article évoquant l’une de leurs manifestations. Ce jour-là, elles s’étaient rendues devant la demeure du premier ministre de l’époque, mais il s’était éclipsé par la porte de derrière ! »

    Coupures de journaux, communiqués de presse, reportages vidéo et photographies, Wadad archive depuis 1982 tous les documents liés au combat qui l’anime. « Des visages de disparus habitaient notre maison. Cela suscitait ma curiosité d’enfant, les âges, les coupes de cheveux ; je savais que c’était mêlé à un drame, sans en connaître toutes les dimensions », poursuit le fils cadet. Pendant les bombardements israéliens de juillet 2006, ils doivent déménager en urgence, sans pouvoir tout emporter. Pour Ghassan, c’est la prise de conscience : « Impossible de jeter ces visages ! Je comprends soudain qu’un canapé peut brûler, mais que perdre les archives de Wadad, c’est une perte absolue. »

    En 2015, il commence un travail minutieux de restauration et de numérisation des milliers de documents conservés par sa mère afin de les publier sur un site Internet en juin 2019, avec l’aide de bénévoles. Rania, la plus assidue, souligne : « Nous n’avons pas d’histoire officielle sur la guerre au Liban. Dans notre pays, les manuels d’histoire cessent en 1943. Wadad et Ghassan ont décidé de transformer ces archives familiales en trésor national », dit-elle. Plus de trois décennies après le début de sa quête de vérité et malgré les innombrables entraves rencontrées, Wadad Hal­wa­ni garde espoir : « Nous pardonnons le passé en échange d’un sursaut moral que nous devons réaliser ensemble », dit-elle, appelant quiconque détient des informations sur les disparus à les divulguer à la future commission d’enquête.

    https://www.la-croix.com/JournalV2/Antigone-pays-Cedre-2019-01-21-1100996760
    #Liban #fosses_communes #disparus #disparitions #cadavres #identification

  • Driverless Hotel Rooms: The End of Uber, Airbnb and Human Landlords

    https://hackernoon.com/driverless-hotel-rooms-the-end-of-uber-airbnb-and-human-landlords-e39f92

    “Good evening ladies and gentlemen, we’re about to begin our descent into Sydney. Please fasten your seatbelts and place your trays in the upright position. Local time is 8:42pm and a humid 27 degrees. Our flight crew wishes you a Happy New Year, and we hope you fly with us again in 2025.”

    Screeech. You’ve landed. Time to relax those butt cheeks.

    It was only this morning you booked this flight, and now you’re on the other side of the planet. Amazing. You’re nervous but excited to visit Australia for the first time. One week to explore the city and five weeks on a new design project. When that project match showed up in your feed you claimed it in two seconds. You’ve already earned 24,000 $design in the peerism economy.

    #uber #automatisation #robots #disparition_humaine

  • #climat, énergie et écologie sont dans un bateau : l’écologie tombe à l’eau…
    https://reflets.info/climat-energie-et-ecologie-sont-dans-un-bateau-lecologie-tombe-a-leau

    Nous en avons parlé plus que de mesure [avec tous les retours énervés possibles fabriqués par la propagande sur le sujet], mais aujourd’hui il va être difficile de passer outre les derniers arbitrages et annonces […]

    #France #Politique #disparition_des_insectes #écocide #Ecologie #GIEC #glyphosates #Nicolas_Hulot #pesticides #sortie_du_nucléaire

  • Le mail effrayant de l’ambassade de France à Oslo - #Automatisation de la société

    Je reçois ce mail de l’ambassade de France en Norvège et je ne sais pas pourquoi, il m’effraye.

    Peut-être la #disparition_progressive_de_l_humain dans les actes de la vie de tous les jours.
    A suivre.

    Un nouveau système de prise de rendez-vous est en place pour vos démarches relatives aux passeports, cartes nationales d’identité sécurisées et procurations de vote.
    Ø Comment prendre rendez-vous ?
    Uniquement par Internet.
    Une application a été mise en place, accessible depuis le site internet de l’ambassade.
    Cette application vous permet de prendre un RDV, de le modifier ou de l’annuler.
    Lorsque vous prendrez RDV, vous devrez impérativement imprimer le récépissé ou noter le numéro du RDV, à communiquer à la section consulaire le jour de votre RDV.

    Ø Pour quelles démarches prendre rendez-vous par internet ?
    Vous devez obligatoirement prendre RDV par internet si vous présentez une demande de :
    – passeport ;
    – carte nationale d’identité sécurisée ;
    – procuration de vote.

    Pour information : La procédure de prise de rendez-vous pour toutes demandes d’état civil (déclarations de naissance, décès, mariages, PACS et divorces) est distincte, merci de vous reporter à la page suivante.

    Ø Informations complémentaires
    Les rendez-vous sont limités à 20 minutes par personne. Si vous souhaitez effectuer plusieurs démarches (seuls ou en famille), il vous est demandé de prendre autant de rendez-vous que de démarches envisagées, si possible d’affilée.

    Attention !
    Avant de prendre rendez-vous, assurez-vous que vous êtes en possession de tous les documents nécessaires à vos démarches en consultant notre site internet, rubrique « Services aux Français ».
    Si vous vous présentez sans avoir préalablement pris un RDV, vous ne serez pas prioritaire sur les personnes ayant pris RDV ; soit vous devrez patienter jusqu’au prochain créneau disponible, soit vous serez contraint de revenir, après avoir pris RDV selon la procédure précédemment décrite.

  • Climate is now main worry for conservation group - Climate News Network

    http://www.climatenewsnetwork.net/climate-is-now-main-worry-for-conservation-group

    By Alex Kirby

    The devastating effects of a changing climate have become the biggest challenge faced by a leading protector of the UK countryside.

    LONDON, 24 March, 2015 − The head of one of the UK’s best-known conservation groups says the greatest threat to its work is now climate change.

    Dame Helen Ghosh, director-general of the National Trust, told BBC Radio that there is devastation of wild Britain and the creatures that live there. “Who would have thought that the house sparrow and hedgehog were going to become rare?” she said.

    #climat #biodiversité