• Polish concert for troops defending border to feature #Las_Ketchup and #Lou_Bega

    Poland’s defence ministry and state broadcaster #TVP will this weekend hold a concert to show support for troops defending the eastern border, where tens of thousands of mostly Middle Eastern migrants have been seeking to cross from Belarus.

    As well as a number of domestic stars, the event will also feature international performers including Spanish girl group Las Ketchup – famous for their 2002 hit “The Ketchup Song” – and German singer Lou Bega, best known for “Mambo No. 5”.

    The concert, titled “#Murem_za_polskim_mundurem” (roughly: Support for the Polish uniformed services), will take place on Sunday at an air base in the town of #Mińsk_Mazowiecki, around 40 kilometres to the east of Warsaw.

    It will be broadcast on the main channel of TVP, which, like other state media, is under government influence. The “great concert of support for the defenders of the Polish borders” will feature “European stars”, declared TVP’s CEO, Jacek Kurski.

    As well as Las Ketchup and Lou Bega, performers at the event include #No_Mercy (known for 1996 hit “Where Do You Go?), #Loona, German Eurodance project #Captain_Jack (known for their eponymous 1995 single), and former #Ace_of_Base lead singer #Jenny_Berggren.

    The concert will also feature “undisputed stars of the Polish stage”, including #Edyta_Górniak, #Jan_Pietrzak, #Halina_Frąckowiak and #Viki_Gabor, says TVP. Gabor is known to international audiences as the winner of the Junior Eurovision Song Contest in 2019.

    One opposition MP, however, was left unimpressed by the plans, noting that a number of migrants and refugees have died at the border while trying to cross in increasingly harsh weather conditions. Human Rights Watch recently accused both Poland and Belarus of “abusing” migrants.

    “A concert when people are dying at the border,” tweeted Maciej Gdula of The Left. “Only Jacek Kurski could come up with something like that.”

    https://notesfrompoland.com/2021/12/03/polish-concert-for-troops-defending-border-to-feature-las-ketchup-a

    #propagande #art #concert #Pologne #asile #migrations #réfugiés #frontières #télévision #musique #indécence

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    ajouté à la métaliste de #campagnes de #dissuasion à l’#émigration (même si cet événement est un peu différent, car il est organisé en soutien aux troupes qui « gardent la frontière ») :
    https://seenthis.net/messages/763551

  • Campagne de dissuasion de passer la frontière de la part des autorités polonaises aux migrant·es présent·es en #Biélorussie :

    Message from Polish authorities in #Poland/#Belarus border region: “Poland won’t let migrants pass to Germany. It will protect its borders. Don’t get fooled, don’t try to take any action.”

    https://twitter.com/_PMolnar/status/1459558212634566658

    –-> sur le message whatsapp, un lien qui renvoie à une page officielle du ministère de l’intérieur polonais :

    Information for migrants


    https://www.gov.pl/web/mswia-en/information-for-migrants
    https://www.gov.pl/web/mswia-en/information-for-migrants

    –-> message écrit en anglais, arabe, russe, français, polonais

    #sms #message #whatsapp #propagande #migrations #asile #réfugiés #campagne #dissuasion

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    ça rappelle la campagne #No_way de l’#Australie :

    ... et plein d’autres, voir sur cette métaliste :
    https://seenthis.net/messages/763551

    ping @isskein @karine4

  • Violences policières : à Calais, Darmanin ment ! [Actions collectives] ⋅ #GISTI
    https://www.gisti.org/spip.php?article6690
    Interviewé par France 3 Hauts-de-France le 9 octobre 2021, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a déclaré :

    « […] Ce que je peux dire, c’est que malgré tous les procès d’intention qu’on fait aux forces de l’ordre, je constate que pas un policier et pas un gendarme sur la côte littoral n’a été poursuivi par la justice […] et j’aimerais qu’on les respecte et qu’on les soutienne plutôt qu’on les insulte surtout lorsque manifestement ce sont des mensonges […] »

    Il répondait à une question concernant le dernier rapport de Human Rights Watch, « Infliger la détresse. Le traitement dégradant des enfants et des adultes migrants dans le nord de la France » [2] qui met en évidence le #harcèlement_policier dont sont victimes les personnes migrantes dans le nord de la France.
    https://www.infomigrants.net/fr/tag/calais
    https://www.youtube.com/watch?v=EW773L0d2-I&t=229s


    le « premier flic de France » est un menteur et All Cops Are bastards
    #violences_policières #Calais

    • France : #Traitement_dégradant des migrants dans la région de Calais

      Une stratégie de détresse infligée aux enfants et aux adultes

      Les autorités françaises soumettent régulièrement les adultes et les enfants migrants vivant dans des campements de fortune dans la région de Calais à des traitements dégradants, conclut Human Rights Watch dans un rapport publié aujourd’hui. Cinq ans après la démolition par les autorités françaises du vaste camp de migrants souvent surnommé « la Jungle », plus d’un millier de personnes vivent dans des campements dans et aux alentours de la ville.

      Le rapport de 86 pages, intitulé « Enforced Misery : The Degrading Treatment of Migrant Children and Adults in Northern France » (« Infliger la détresse : Le traitement dégradant des enfants et adultes migrants dans le nord de la France »), documente les opérations répétées d’expulsion massive, le harcèlement policier quasi quotidien et les restrictions pesant sur la délivrance d’aide humanitaire et sur l’accès à cette aide. Les autorités mettent en œuvre ces pratiques abusives principalement dans le but de forcer les personnes à partir ailleurs, sans résoudre leur statut migratoire ni l’absence d‘abri et sans dissuader de nouvelles arrivées.

      « Rien ne peut justifier de soumettre des personnes à une humiliation et un harcèlement quotidiens », selon Bénédicte Jeannerod, directrice France de Human Rights Watch. « Si l’objectif est de décourager les migrants de se regrouper dans le nord de la France, ces politiques sont un échec flagrant, et entraînent de graves souffrances. »

      Human Rights Watch a mené des entretiens avec plus de 60 personnes migrantes, dont 40 se sont identifiées comme des enfants non accompagnés, à Calais et aux alentours, ainsi que dans la commune voisine de #Grande-Synthe, d’octobre à décembre 2020, puis de juin à juillet 2021. Human Rights Watch a également rencontré des responsables de la préfecture et du département du #Pas-de-Calais, ainsi que de la mairie de Grande-Synthe.

      Environ deux mille personnes, dont au moins 300 enfants non accompagnés, vivaient dans des campements à Calais et ses alentours à la mi-2021, d’après les associations humanitaires. Plusieurs centaines de personnes supplémentaires, dont de nombreuses familles avec enfants, étaient installées dans une forêt à Grande-Synthe, près de la ville de Dunkerque.

      Les actions de la #police visant à faire partir les adultes et enfants migrants de Calais et de Grande-Synthe n’ont pas découragé les nouvelles arrivées et ne semblent pas avoir réduit le nombre de traversées irrégulières de la Manche, qui ont battu des records en juillet et août. En revanche, ces pratiques policières ont infligé une détresse croissante aux personnes migrantes.

      « Quand la police arrive, nous avons cinq minutes pour sortir de la tente avant qu’elle ne détruise tout. Mais ce n’est pas possible, pour cinq personnes dont de jeunes enfants, de s’habiller en cinq minutes dans une tente », a indiqué une femme kurde d’Irak à Human Rights Watch en décembre 2020.

      Les policiers exigent très fréquemment des migrants qu’ils quittent temporairement le terrain sur lequel ils se trouvent pendant qu’ils confisquent – et souvent détruisent – les tentes, bâches et sacs de couchage que les gens n’ont pas réussi à emporter avec eux. Au cours de l’année 2020 et de la première moitié de 2021, la police a soumis la plupart des #campements de Calais à ces #expulsions de routine environ un jour sur deux. À Grande-Synthe, ces expulsions ont eu lieu une à deux fois par semaine.

      En 2020, la police a procédé à plus de 950 opérations routinières d’expulsion à Calais et au moins 90 expulsions de routine à Grande-Synthe, saisissant près de 5 000 tentes et bâches et des centaines de sacs de couchage et de couvertures, d’après Human Rights Observers (HRO), une association qui assure un suivi régulier des expulsions de ces campements par la police.

      La police expulse aussi régulièrement tous les occupants d’un campement, prétendant qu’il s’agit d’opérations de « mise à l’abri ». Mais l’abri n’est fourni que pour quelques jours. De plus, les autorités procédant à ces expulsions collectives n’assurent pas efficacement l’identification des enfants non accompagnés et ne prennent pas de mesures spécifiques pour les protéger.

      Du fait de ces #tactiques, les enfants et les adultes sont constamment en alerte et concentrés sur leur survie au jour le jour. Beaucoup sont hagards, en manque de sommeil et, comme l’a observé l’institution française de la Défenseure des droits en septembre 2020, « dans un état d’#épuisement physique et mental ».

      Les autorités font par ailleurs peser des restrictions légales et pratiques sur la délivrance d’#aide_humanitaire et sur l’accès à cette aide. Des arrêtés municipaux interdisent la #distribution_de_nourriture et d’#eau par les associations humanitaires dans le centre-ville de Calais. Les sites où une assistance est fournie par l’État sont souvent déplacés ; ou bien l’aide est distribuée en même temps que les expulsions.

      Les services des autorités ne répondent pas aux besoins des femmes et des filles. Les campements de fortune à Calais ne disposent pas de toilettes séparées pour les femmes et il n’y a pas de toilettes à Grande-Synthe. Les #toilettes existantes ne sont par ailleurs pas correctement éclairées, exposant les #femmes et les #filles à des risques particuliers. Toutes les personnes vivant dans les campements manquent d’eau en raison des difficultés pour y accéder, mais cela pose des problèmes particuliers aux femmes et aux filles lors de leurs #menstruations.

      L’#hébergement_d’urgence, en France, est en principe accessible à toute personne en ayant besoin, mais le système est débordé. Les hébergements d’urgence à Calais sont souvent complets et encore plus limités à Grande-Synthe. L’hébergement d’urgence est habituellement limité à quelques nuits, même pour les familles avec de jeunes enfants. Il existe un système distinct d’#accueil_d’urgence pour les #mineurs_non_accompagnés, mais il est également souvent complet ou presque, et de nombreux enfants s’en voient refusé l’accès.

      Les policiers ont par ailleurs harcelé des bénévoles de HRO, d’Utopia 56 et d’autres associations non gouvernementales qui observent la police lors des expulsions. Certains policiers ont déclaré à tort aux observateurs qu’ils ne pouvaient pas filmer leurs opérations, les menaçant d’arrestation.

      Ces #pratiques_abusives contribuent à une politique de #dissuasion par laquelle les autorités cherchent à éliminer ou éviter tout ce qui, à leurs yeux, attire les migrants dans le nord de la France ou encourage l’établissement de campements. Cette approche ne tient pas compte de la réalité, à savoir que le réel attrait de cette côte est sa proximité avec le Royaume-Uni, situé à seulement 30 km au niveau du pas de Calais.

      « Les exilés ne voyagent pas jusqu’au nord de la France parce qu’ils ont entendu dire qu’ils pourraient y camper dans les bois ou dormir sous un pont. Ils ne viennent pas parce que des associations distribuent un peu d’eau et de nourriture. Ils viennent parce que c’est là que se trouve la frontière », a expliqué Charlotte Kwantes, coordonnatrice nationale d’Utopia 56.

      La fin de la période de transition du Brexit implique que le Royaume-Uni ne peut plus renvoyer la plupart des demandeurs d’asile adultes vers la France sans avoir préalablement examiné leur demande d’asile. Le gouvernement britannique a également cessé d’accepter de nouvelles demandes de transfert au nom du regroupement familial, qui était en pratique la seule option légale permettant aux enfants non accompagnés d’entrer au Royaume-Uni.

      Les préfets du Pas-de-Calais et du Nord, départements où se situent Calais et Grande-Synthe, devraient mettre fin aux #expulsions_répétées des campements de migrants et cesser de saisir les biens des personnes, a déclaré Human Rights Watch. Les préfectures devraient travailler de concert avec les autorités départementales pour assurer des solutions alternatives d’hébergement à même de permettre aux personnes de se poser et de les aider à faire des choix éclairés, comme demander l’asile ou un autre statut en France ou ailleurs, ou bien repartir dans leur pays d’origine.

      Les autorités françaises de protection de l’enfance devaient faire davantage pour informer les enfants non accompagnés au sujet des options qui s’offrent à eux, notamment intégrer le système d’aide sociale à l’enfance, leur permettant d’accéder à un statut légal à leur majorité.

      L’Union européenne devrait mettre en place un système de partage des responsabilités entre ses États membres qui évite de faire peser une pression excessive sur les pays de première arrivée et les pays de destination les plus prisés, et qui tienne dûment compte des liens familiaux et sociaux, ainsi que des préférences individuelles des demandeurs d’asile.

      Le gouvernement britannique devrait mettre en place des moyens sûrs et légaux permettant aux personnes migrantes de se rendre au Royaume-Uni afin de demander refuge, d’être réunies avec les membres de leur famille, de travailler ou d’étudier.

      « Les autorités françaises devraient renoncer à leur stratégie défaillante à l’égard des migrants », conclut Bénédicte Jeannerod. « Il est nécessaire qu’elles adoptent une nouvelle approche pour aider les gens, au lieu de constamment les harceler et leur infliger des abus. »

      https://www.hrw.org/fr/news/2021/10/07/france-traitement-degradant-des-migrants-dans-la-region-de-calais

      #rapport #HRW #points_de_fixation

    • merci @cdb_77
      https://www.hrw.org/fr/news/2021/10/14/le-deni-par-le-ministre-francais-de-linterieur-des-abus-policiers-contre-les
      https://twitter.com/MichaelBochenek/status/1446130172126654466

      Le harcèlement systématique et les restrictions d’accès à l’aide humanitaire que les autorités françaises font subir aux migrants n’empêchent pas les nouvelles arrivées, mais provoquent une grande détresse.

      https://video.twimg.com/ext_tw_video/1446129388735500288/pu/vid/720x720/0FaLXNbE9O8_G1DV.mp4

  • Déconstruire le #mythe de l’« #appel_d’air »

    Alors que la France entre progressivement dans une période de campagne électorale pour les élections présidentielles, les tenants de politiques d’immigration et d’accueil plus restrictives les jugent nécessaires pour empêcher un « appel d’air ».

    Une expression récurrente dans le débat public depuis les années 2000

    Si la généalogie de cette expression est difficile à retracer, elle semble s’être imposée dans le débat public aux débuts des années 2000, à l’époque du camp de Sangatte à Calais[i]. Elle cristallisait alors les oppositions entre l’Etat, craignant une « concentration que l’on ne pourrait plus maitriser »[ii], et les associations d’aides aux migrants, plaidant pour une mise à l’abri immédiate et sans condition. De manière générale, cette expression est souvent associée à celles de « #submersion » ou de « #vague » migratoire, de « #grand_remplacement » et « d’#invasion ». Autant d’expressions qui, selon le chercheur #François_Gemenne, « déshumanisent les migrants » et n’abordent les migrations que comme « un problème à résoudre »[iii].

    Au-delà de ses diverses utilisations, la thèse de l’« appel d’air » est fondée sur l’idée que les politiques d’immigration et d’#accueil sont déterminantes dans le #choix des individus à migrer et à se rendre dans tel ou tel pays. Elles joueraient un rôle clé d’#incitation ou de #dissuasion, impactant les #trajectoires_migratoires. En simplifiant à l’extrême, plus les frontières seraient ouvertes et les conditions d’accueil favorables, plus l’effet incitatif – et donc l’appel d’air – serait fort.

    Or, cette expression « qui trouve sa source dans un prétendu bon sens populaire »[iv], n’est pas vérifiée par les travaux de recherche.

    Les principaux moteurs de départ : la situation dans les pays d’origine et les facteurs individuels

    Tout d’abord, plusieurs études montrent que ce sont beaucoup moins les conditions d’arrivée (souvent mauvaises) qui attirent, mais la situation dans les pays de départ où se mêlent l’absence d’espoir, le chômage massif des jeunes et parfois aussi la guerre et l’insécurité.[v]

    A cela s’ajoutent les facteurs individuels, notamment le capital économique et social. Cris Beauchemin, démographe, rappelle ainsi qu’en majorité, ce sont les personnes les plus favorisées qui arrivent en Europe et en France[vi].

    Les intentions de retour freinées par les #politiques_migratoires_restrictives

    Par ailleurs, fait trop souvent oublié, lorsqu’elles arrivent en Europe, nombreuses sont les personnes immigrées à avoir l’intention de retourner dans leur pays. C’est ce que montrent les données des enquêtes MAFE (Migrations entre l’Afrique et l’Europe), présentées par la démographie Marie-Laurence Flahaux[vii] : « c’est par exemple le cas de la moitié des migrants sénégalais et congolais qui sont arrivés en Europe entre 1960 et 2009. ».

    https://www.youtube.com/watch?v=KW39pRNvOXM&feature=emb_logo

    Or, il y a une tendance à la baisse des retours pour des motifs familiaux ou professionnels – qui sont les principaux motifs de retours – notamment du fait du durcissement des #politiques_migratoires. Il est par exemple très compliqué pour les ressortissants de nombreux pays africains d’obtenir un visa de sorte que s’ils rentrent, ils savent qu’il leur sera très difficile de migrer à nouveau[viii].

    En contraignant fortement, voire en empêchant la #circulation_des_personnes immigrées entre leur pays d’origine et le ou les pays de destination, la #fermeture_des_frontières favorise les #installations définitives[ix]. Un résultat inverse à ce que recherchent les défenseurs de politiques migratoires restrictives.

    Asile, liens familiaux, sauvetage en mer : y‑a-t-il « appel d’air » ?

    Ainsi, l’effet incitatif peut jouer dans un contexte de fermeture généralisée dans lequel certains pays ou régions plus ouvertes peuvent alors faire figure d’exception[x]. De même, dans un contexte où les voies légales de migration sont très réduites, la demande d’asile peut constituer la seule perspective de voir le séjour régularisé. S’agissant précisément des #politiques_d’asile, le taux de reconnaissance du statut de réfugié peut jouer un rôle attractif, mais une étude a montré que cet effet est très limité et qu’il ne s’apparente en rien à un appel d’air.[xi]

    Plusieurs autres facteurs comme l’existence de #réseaux_de_solidarité, l’#attractivité_économique et sociale du pays, les #réseaux_sociaux ou encore la #langue parlée, déterminent fortement les trajectoires migratoires et le choix de se rendre dans tel ou tel pays. Si les #liens_sociaux et familiaux établis dans les pays de destination jouent un rôle majeur pour orienter les flux, il ne faut cependant pas croire que les regroupements sont systématiques. Plusieurs études ont ainsi montré que parmi les migrants africains installés en Europe, seule une minorité se fait rejoindre par enfants[xii] et conjoints[xiii].

    Enfin, une autre politique souvent décriée comme favorisant « l’appel d’air » : les #sauvetages_en_mer. Or, d’après les travaux disponibles, il n’existe pas de lien avéré entre la présence des navires de sauvetage et le nombre de traversées mais que d’autres facteurs sont déterminants, comme la météo ou la situation sécuritaire en Libye[xiv].

    En revanche, il est avéré que les mesures prises par les gouvernements pour prévenir ce supposé « appel d’air », telles que la dégradation des conditions d’accueil ou la réduction des voies de migrations légales, portent atteintes aux droits et à la #dignité des personnes[xv]. Par ricochet, ces mesures soulèvent aussi un enjeu d’ordre et de santé public, particulièrement avéré dans le contexte actuel de crise sanitaire.

    Sources :

    [i] Ingrid Merckx, « Un droit à l’hospitalité » dans Politis, Dossier : « Réfugiés, le mythe de l’appel d’air », 27 avril 2017 https://bit.ly/3j4G9jn

    [ii] Propos de Jérôme Vignon co-auteur d’un rapport sur la situation à Calais adressé au ministre de l’Intérieur en 2015 154000418.pdf (vie-publique.fr) et cité dans le dossier susmentionné.

    [iii] Interview de François Gemenne dans Politis, Dossier : « Réfugiés, le mythe de l’appel d’air », 27 avril 2017 https://bit.ly/3j4G9jn

    [iv] Idem.

    [v] Catherine Wihtol de Wenden, « L’ouverture des frontières créé-t-elle un appel d’air ? », dans Migrants, migrations, 50 questions pour vous faire votre opinion, coordonné par Hélène Thiollet https://bit.ly/2RiThpI

    [vi] Interview de Cris Beauchemin, démographe, dans le Monde « L’immigration réagit-elle aux ‘appels d’air’ ? » https://bit.ly/2SKgEJ4

    [vii] Migrations en Question, « Les migrants africains retournent-ils dans leur pays d’origine ? », Vidéo de Marie-Laurence Flahaux, démographe à l’IRD et Fellow de l’Institut Convergences Migrations https://bit.ly/35KEebR

    [viii] Migrations en Question, « Les migrants africains retournent-ils dans leur pays d’origine ? », Vidéo de Marie-Laurence Flahaux, démographe à l’IRD et Fellow de l’Institut Convergences Migrations https://bit.ly/35KEebR

    [ix] Interview de Cris Beauchemin, démographe, dans le Monde « L’immigration réagit-elle aux ‘appels d’air’ ? » https://bit.ly/2SKgEJ4

    [x] Migrations en Question, « Qu’est-ce que l’appel d’air ? », Vidéo de Pascal Brice, ancien directeur de l’Ofpra et président de la Fédération des acteurs de la solidarité https://bit.ly/3pexQ5O

    [xi] Weber, Hannes. 2018. ‘Higher Acceptance Rates of Asylum Seekers Lead to Slightly More Asylum Applications in the Future’. Demographic Research 39 (47) : 1291–1304. https://doi.org/10.4054/DemRes.2018.39.47.

    [xii] González-Ferrer, Amparo, Pau Baizán, and Cris Beauchemin. 2012. ‘Child-Parent Separations among Senegalese Migrants to Europe : Migration Strategies or Cultural Arrangements ?’ The Annals of the American Academy of Political and Social Science 643(1):106–33.

    [xiii] Beauchemin, Cris, Jocelyn Nappa, Bruno Schoumaker, Pau Baizan, Amparo González-Ferrer, Kim Caarls, and Valentina Mazzucato. 2015. ‘Reunifying versus Living Apart Together across Borders : A Comparative Analysis of Sub-Saharan Migration to Europe’. The International Migration Review 49(1):173–99. doi : 10.1111/imre.12155.

    [xiv] Steinhilper, E. and Gruijters, R. (2017) Border Deaths in the Mediterranean : What We Can Learn from the Latest Data. Available at : https://bit.ly/2RBtAjV.

    [xv] Migrations en Question, « Qu’est-ce que l’appel d’air ? », Vidéo de Pascal Brice, ancien directeur de l’Ofpra et président de la Fédération des acteurs de la solidarité https://bit.ly/3pexQ5O

    https://www.icmigrations.cnrs.fr/2021/07/01/deconstruire-le-mythe-de-l-appel-dair

    #santé_publique #préjugés #asile #migrations #réfugiés

    ping @karine4

  • RÉUSSIR L’ACCUEIL ET L’INTÉGRATION DES RÉFUGIÉS EN FRANCE

    À un an des présidentielles, #JRS France a publié un rapport « Bien accueillir les réfugiés et mieux les intégrer », avec le soutien de l’Association Nationale des Villes et Territoire Accueillants, les projets collectifs de Science Po, le Cnam et l’Icam. Nous proposons une série de recommandations aux pouvoirs publics sur l’accès effectif des demandeurs d’asile au marché du travail et aux formations.

    https://www.jrsfrance.org/reussir-laccueil-et-lintegration-des-refugies-en-france

    Pour télécharger le #rapport :
    https://www.jrsfrance.org/wp-content/uploads/2021/04/Rapport-JRS-France-Bien-accueillir-les-re%CC%81fugie%CC%81s-et-mieux-les-

    #JRS_France #intégration #travail #emploi #insertion_professionnelle #France #réfugiés #asile #migrations #formation #langue #cours_de_langue #enseignement_supérieur #compétences #apprentissage #accès_au_travail #dignité #Directive_Accueil #recommandations #formation_professionnelle

    via @karine4
    ping @isskein

    • Conférence de presse de présentation du rapport :
      https://www.facebook.com/jrs.france/videos/2984853098507693
      14.04.2021

      Je transcris ici les propos de #Thierry_Tuot, conseiller d’Etat, qui prends la parole en son nom et pas en celui de l’institution qu’il représente :

      A partir de la minute 21’26

      « Tout démontre que nous ne tirons aucun profit d’une sorte d’#agressivité, #dureté ou #harcèlement contre les demandeurs d’asile et que la #bienveillance facilite ultérieurement aussi bien l’application du droit lorsqu’il s’agit de reconduire les gens à la frontière que la bonne intégration. Cette espèce de sas d’agressivité et de harcèlement, de retard, de difficultés que nous imposons n’est profitable à personne. Evidemment pas à eux, mais pas à nous non plus. Quand quelqu’un a risqué sa vie pour traverser l’Afrique ou l’Asie, la Méditerannée et a échappé aux passeurs, à la mer et à la misère, qu’il soit ou non demandeur d’asile bien-fondé, ça n’est pas le #harcèlement_administratif qui va le dissuader de venir.
      Contrairement à ce qu’on nous disait il y a 10, 20 ou 40 ans, non, nous ne sommes toujours pas submergés, non, le Grand Remplacement n’a pas lieu, non, nous ne sommes pas plus pauvres parce qu’il y a plus d’immigrés. Je vous invite à relire les déclarations innombrables qui, depuis les années 70, nous expliquent que nous allons disparaître, que notre civilisation va s’effondrer, que notre modèle de vie va disparaître parce que nous avons renoncer à notre identité, à l’assimilation, à l’intégration. C’est exactement le contraire qui se passe.
      Il faut méditer l’exemple allemand. (...) Tout le monde disait en 2015 que la ’vague d’immigrés’ qu’Angela Merkel a accepté avec beaucoup de légèreté allait submerger l’Allemagne. (...) Comme elle le disait, ils pouvaient s’en sortir et il s’en sont sortis. Je constate d’ailleurs que, au fur et à mesure des élections, les partis les plus extrémistes et hostiles aux étrangers sont en déclin depuis qu’une politique d’intégration a été conduite en Allemagne. (...)
      Aujourd’hui la priorité reste toujours la même : nous devons, quand quelqu’un franchit la frontière, d’abord être bienveillant, parce que c’est la meilleure façon de pouvoir ensuite entretenir avec la relation que le droit commande. Il est inutile de vouloir sans cesse changer les règles. La seule question est de savoir ce que nous voulons. Nous avons souscrit les engagements internationaux - la Convention de Genève -, il faut les appliquer. Ceux qui ne relèvent pas de la Convention de Genève, il est légitime que nous mettions fin à leur séjour. Il faut le faire avec lucidité. Je rappelle que sur les 500’000 immigrés que les Allemands ont accueillis et qui n’avaient aucun droit de se considérer comme réfugiés, avec une politique extrêmement ferme de reconduite à la frontière, car en Allemagne on assigne les gens à résidence et si les personnes s’éloignent des camps dans lesquels on les héberge, soigne et protège ne peuvent pas toucher d’aide sociale... L’Allemagne a réussi à expulser 22’000 demandeurs. Les autres vont rester. Les proportions sont les mêmes chez nous. Et il n’y a pas de solution sauf à devenir une dictature sanguinaire qui, elle-même, aurait du mal à procéder aux expulsions. Il faut affronter cela avec #réalisme. Et le réalisme national, européen, c’est qu’une politique d’intégration bien conduite est moins coûteuse qu’une politique de prétendue reconduite à la frontière qui ne s’exécute pas et que, même dans cette perspective-là, avoir bien accueilli les gens dès le début, traité rapidement leur demande et mis fin à leur séjour dans des conditions de qualité, nous coûterait 10 fois moins cher et serait sans doute plus efficace que la politique crispée qui est la nôtre.
      Nous sommes un grand pays puissant et prospère, nous ne sommes pas menacés par les flux migratoires, c’est à nous de les maîtriser, les orienter et les traiter avec dignité. »

      #dissuasion #efficacité #inefficacité

  • Greece proposes Frontex be allowed to operate beyond EU borders

    Returning unapproved asylum seekers to their home countries could become an easier task if European border patrol agency Frontex could operate outside of European borders, Greek Migration Minister #Notis_Mitarakis said on Wednesday.

    Speaking virtually with German Deputy Minister for Migration Stephan Mayer, #Mitarakis added that bilateral agreements with other partner countries would be required for this.

    The Minister underlined that collaborating with third countries to prevent migrants’ departures from Turkey is also key, as is a strong presence of Frontex in relevant regions.

    Mayer called on Greek authorities to intensify efforts for improving the hospitality and welfare system for asylum seekers or recognized refugees in Greece, in view of reducing the attraction factor for irregular secondary migration influx.

    According to data he cited, some 13,000 people have sought asylum in Germany since the summer of 2020, but they had already received international protection status in Greece.

    He also said the two countries should work together on mutual guarantees so that more relocations to Greece are possible from Germany.

    https://www.keeptalkinggreece.com/2021/05/13/greece-frontex-eu-borders-operation

    #Frontex #proposition #externalisation #asile #migrations #réfugiés #frontières #accords_bilatéraux #mouvements_secondaires #Allemagne #Grèce #relocalisations

    –—

    Intéressant:

    Mayer called on Greek authorities to intensify efforts for improving the hospitality and welfare system for asylum seekers or recognized refugees in Greece, in view of reducing the attraction factor for irregular secondary migration influx.

    #attraction #dissuasion #hospitalité #accueil

  • Mit einem Laptop zurück in die Diktatur

    Die Migrationsbehörden machen Eritreerinnen und Äthiopiern ohne Aufenthaltsrecht falsche Hoffnungen auf Schweizer IT-Jobs, falls sie «freiwillig» in den Herkunftsstaat zurückkehren. Das Integrationsprojekt Powercoders macht mit.

    https://www.woz.ch/2117/rueckkehrhilfe/mit-einem-laptop-zurueck-in-die-diktatur
    #paywall

    Commentaire reçu par mail :

    L’article critique le fait que les programmes « d’incitation au retour » mis en œuvre par Powercoders sur mandat du SEM, sont adressés prioritairement aux ressortissant.es d’Ethiopie et d’Erythrée. Il leur est proposé de se former en informatique avec, à la clé, une fois retourné dans leur pays d’origine, un travail à distance dans un entreprise suisse pendant un an. Or, l’accès à internet est dans ces pays extrêmement limité, tant par la surveillance étatique, les dysfonctionnements structurels que la technique, ce qui fait penser que cette proposition sera matériellement difficile à tenir.

    #renvois #incitation_au_retour #expulsions #asile #migrations #réfugiés #Ethiopie #Erythrée #formation #informatique #travail #réintégration #Suisse #Powercoders

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    ça rappelle un peu les #campagnes de #dissuasion à l’#émigration...
    https://seenthis.net/messages/763551

  • Rückführung illegaler MigrantenNGOs üben scharfe Kritik an Nehammers Balkan-Plänen

    Österreich hat mit Bosnien die Rückführung illegaler Migranten vereinbart, Nehammer sagte Unterstützung zu. Laut NGOs mache sich Österreich damit „zum Komplizen eines Völkerrechtsbruches“.

    Innenminister #Karl_Nehammer (ÖVP) hat am Mittwoch seine Westbalkanreise fortgesetzt und mit Bosnien einen Rückführungsplan für irreguläre Migranten vereinbart. Mit dem Sicherheitsminister von Bosnien und Herzegowina, #Selmo_Cikotić, unterzeichnete er eine Absichtserklärung. Scharfe Kritik äußerten mehrere Initiativen in Österreich. Außerdem kündigte Nehammer an, dass Österreich für das abgebrannte Camp #Lipa 500.000 Euro bereitstellt, damit dieses winterfest gemacht wird.

    Die Arbeiten dazu haben laut dem Innenministerium bereits begonnen, mit dem Geld sollen ein Wasser- und Abwassernetz sowie Stromanschlüsse errichtet werden. Im Dezember war die Lage in Bihać eskaliert, nachdem das Camp Lipa im Nordwesten des Landes kurz vor Weihnachten von der Internationalen Organisation für Migration (IOM) geräumt worden war – mit der Begründung, dass es die bosnischen Behörden nicht winterfest gemacht hätten. Kurz darauf brannten die Zelte aus, den damaligen Berichten zufolge hatten Bewohner das Feuer selbst gelegt. Beobachter gehen davon aus, dass auch die Einheimischen das Feuer aus Wut auf die Flüchtenden gelegt haben könnten.

    Charterflüge für Migranten ohne Bleibechancen

    Zentrales Ziel der Balkanreise von Innenminister Nehammer ist die Erarbeitung von Rückführungsplänen mit den besuchten Ländern. Migranten ohne Bleibewahrscheinlichkeit, die laut Nehammer auch ein Sicherheitsproblem sind, sollen bereits von den Balkanländern in die Herkunftsländer zurückgebracht werden. Mit Bosnien wurde bereits ein Charterflug vereinbart. Damit zeige man den Menschen, dass es nicht sinnvoll sei, Tausende Euro in die Hände von Schleppern zu legen, ohne die Aussicht auf eine Bleibeberechtigung in der EU zu haben, betonte Nehammer.

    Die geplanten Rückführungen sollen über die im vergangenen Sommer bei der Ministerkonferenz in Wien angekündigte „Plattform gegen illegale Migration“ operativ organisiert werden. In die Koordinierungsplattform für Migrationspolitik mehrerer EU-Länder – darunter Deutschland – sowie der Westbalkanstaaten wird auch die EU-Kommission miteinbezogen.
    Beamte sollen im „Eskortentraining“ geschult werden

    Bosnien hat bereits auch konkrete Anliegen für Unterstützung vorgebracht. So sollen 50 sogenannte „Rückführungsspezialisten“ in Österreich trainiert werden. Diese sind bei Abschiebungen und freiwilligen Ausreisen für die Sicherheit in den Flugzeugen zuständig. Bei diesem sogenannten Eskortentraining werden die bosnischen Beamten theoretisch und praktisch geschult, in Absprache mit Frontex und unter Miteinbeziehung der Cobra, berichtete Berndt Körner, stellvertretender Exekutivdirektor von Frontex.

    „Wir helfen bei der Ausbildung, vermitteln Standards, das ändert aber nichts an der Verantwortlichkeit, die bleibt in den jeweiligen Ländern“, sagte er im Gespräch mit der APA. Es gehe darum, dass „alle internationalen Standards eingehalten werden“, betonte der österreichische Spitzenbeamte.
    NGOs sehen „falsches Zeichen“

    Scharfe Kritik an dem von Nehammer geplanten „Rückführungsplan“ übten unterdessen zahlreiche Initiativen aus der Zivilgesellschaft. „Wenn Österreich den Westbalkanländern helfen will, dann soll es diese Länder beim Aufbau von rechtsstaatlichen Asylverfahren unterstützen. Wenn allerdings Menschen, die in diesen Ländern keine fairen Verfahren erwarten können, einfach abgeschoben werden sollen und Österreich dabei hilft, macht es sich zum Komplizen eines Völkerrechtsbruches“, kritisierte etwa Maria Katharina Moser, Direktorin der Diakonie Österreich, in einer Aussendung.

    „Die Vertiefung der Zusammenarbeit mit der EU-Agentur Frontex ist ein falsches Zeichen“, erklärte Lukas Gahleitner-Gertz, Sprecher der NGO Asylkoordination Österreich. „Die Vorwürfe gegen Frontex umfassen inzwischen unterschiedlichste Bereiche von unterlassener Hilfeleistung über Beteiligung an illegalen Push-backs bis zur Verschwendung von Steuergeldern bei ausufernden Betriebsfeiern. Statt auf die strikte Einhaltung der völker- und menschenrechtlichen Verpflichtungen zu pochen, stärkt Österreich der umstrittenen Grenztruppe den Rücken.“

    „Im Flüchtlingsschutz müssen wir immer die Menschen im Auge haben, die Schutz suchen. Ich habe bei meiner Reise nach Bosnien selbst gesehen, unter welchen Bedingungen Geflüchtete leben müssen. Für mich ist klar: Diejenigen, die Schutz vor Verfolgung brauchen, müssen durch faire Asylverfahren zu ihrem Recht kommen“, sagte Erich Fenninger, Direktor der Volkshilfe Österreich und Sprecher der Plattform für eine menschliche Asylpolitik.

    https://www.kleinezeitung.at/politik/innenpolitik/5972469/Rueckfuehrung-illegaler-Migranten_NGOs-ueben-scharfe-Kritik-an

    #Autriche #Bosnie #accord #accord_bilatéral #asile #migrations #réfugiés #Balkans #renvois #route_des_Balkans #expulsions #Nehammer #Selmo_Cikotic #externalisation #camp_de_réfugiés #encampement #IOM #OIM #vols #charter #dissuasion #Plattform_gegen_illegale_Migration #machine_à_expulsion #Rückführungsspezialisten #spécialistes_du_renvoi (tentative de traduction de „Rückführungsspezialisten“) #avions #Eskortentraining #Frontex #Cobra #Berndt_Körner

  • #Campagnes de #dissuasion massive

    Pour contraindre à l’#immobilité les candidats à la migration, jugés indésirables, les gouvernements occidentaux ne se contentent pas depuis les années 1990 de militariser leurs frontières et de durcir leur législation. Aux stratégies répressives s’ajoutent des méthodes d’apparence plus consensuelle : les campagnes d’information multimédias avertissant des #dangers du voyage.

    « Et au lieu d’aller de l’avant, il pensa à rentrer. Par le biais d’un serment, il dit à son cousin décédé : “Si Dieu doit m’ôter la vie, que ce soit dans mon pays bien-aimé.” » Cette #chanson en espagnol raconte le périple d’un Mexicain qui, ayant vu son cousin mourir au cours du voyage vers les États-Unis, se résout à rebrousser chemin. Enregistrée en 2008 grâce à des fonds gouvernementaux américains, elle fut envoyée aux radios de plusieurs pays d’Amérique centrale par une agence de #publicité privée, laquelle se garda bien de révéler l’identité du commanditaire (1).

    Arme de découragement typiquement américaine ? Plusieurs États européens recourent eux aussi à ces méthodes de #communication_dissuasive, en particulier depuis la « crise » des réfugiés de l’été 2015. En #Hongrie comme au #Danemark, les pouvoirs publics ont financé des publicités dans des quotidiens libanais et jordaniens. « Les Hongrois sont hospitaliers, mais les sanctions les plus sévères sont prises à l’encontre de ceux qui tentent d’entrer illégalement en Hongrie », lisait-on ici. « Le Parlement danois vient d’adopter un règlement visant à réduire de 50 % les prestations sociales pour les réfugiés nouvellement arrivés », apprenait-on là (2). En 2017, plusieurs #artistes ouest-africains dansaient et chantaient dans un #clip intitulé #Bul_Sank_sa_Bakane_bi (« Ne risque pas ta vie »). « L’immigration est bonne si elle est légale », « Reste en Afrique pour la développer, il n’y a pas mieux qu’ici », « Jeunesse, ce que tu ignores, c’est qu’à l’étranger ce n’est pas aussi facile que tu le crois », clamait cette chanson financée par le gouvernement italien dans le cadre d’une opération de l’#Organisation_internationale_pour_les_migrations (#OIM) baptisée « #Migrants_conscients » (3).

    « Pourquoi risquer votre vie ? »

    Ces campagnes qui ciblent des personnes n’ayant pas encore tenté de rejoindre l’Occident, mais susceptibles de vouloir le faire, insistent sur l’inutilité de l’immigration irrégulière (ceux qui s’y essaient seront systématiquement renvoyés chez eux) et sur les rigueurs de l’« État-providence ». Elles mettent en avant les dangers du voyage, la dureté des #conditions_de_vie dans les pays de transit et de destination, les #risques de traite, de trafic, d’exploitation ou tout simplement de mort. Point commun de ces mises en scène : ne pas évoquer les politiques restrictives qui rendent l’expérience migratoire toujours plus périlleuse. Elles cherchent plutôt à agir sur les #choix_individuels.

    Déployées dans les pays de départ et de transit, elles prolongent l’#externalisation du contrôle migratoire (4) et complètent la surveillance policière des frontières par des stratégies de #persuasion. L’objectif de #contrôle_migratoire disparaît sous une terminologie doucereuse : ces campagnes sont dites d’« #information » ou de « #sensibilisation », un vocabulaire qui les associe à des actions humanitaires, destinées à protéger les aspirants au départ. Voire à protéger les populations restées au pays des mensonges de leurs proches : une vidéo financée par la #Suisse (5) à destination du Cameroun enjoint ainsi de se méfier des récits des émigrés, supposés enjoliver l’expérience migratoire (« Ne croyez pas tout ce que vous entendez »).

    Initialement appuyées sur des médias traditionnels, ces actions se développent désormais via #Facebook, #Twitter ou #YouTube. En #Australie, le gouvernement a réalisé en 2014 une série de petits films traduits dans une quinzaine de langues parlées en Asie du Sud-Est, en Afghanistan et en Indonésie : « Pas question. Vous ne ferez pas de l’Australie votre chez-vous. » Des responsables militaires en treillis exposent d’un ton martial la politique de leur pays : « Si vous voyagez par bateau sans visa, vous ne pourrez jamais faire de l’Australie votre pays. Il n’y a pas d’exception. Ne croyez pas les mensonges des passeurs » (6).

    Les concepteurs ont sollicité YouTube afin que la plate-forme diffuse les #vidéos sous la forme de publicités précédant les contenus recherchés par des internautes susceptibles d’émigrer. Le recours aux #algorithmes permet en effet de cibler les utilisateurs dont le profil indique qu’ils parlent certaines langues, comme le farsi ou le vietnamien. De même, en privilégiant des vidéos populaires chez les #jeunes, YouTube facilite le #ciblage_démographique recherché. Par la suite, ces clips ont envahi les fils d’actualités Facebook de citoyens australiens issus de l’immigration, sélectionnés par l’#algorithme car ils parlent l’une des langues visées par la campagne. En s’adressant à ces personnes nées en Australie, les autorités espéraient qu’elles inviteraient elles-mêmes les ressortissants de leur pays d’origine à rester chez eux (7).

    C’est également vers Facebook que se tourne le gouvernement de la #Norvège en 2015. Accusé de passivité face à l’arrivée de réfugiés à la frontière russe, il finance la réalisation de deux vidéos, « Pourquoi risquer votre vie ? » et « Vous risquez d’être renvoyés » (8). Les utilisateurs du réseau social avaient initialement la possibilité de réagir, par le biais des traditionnels « j’aime » ou en postant des commentaires, ce qui aurait dû permettre une circulation horizontale, voire virale, de ces vidéos. Mais l’option fut suspendue après que la page eut été inondée de commentaires haineux issus de l’extrême droite, suscitant l’embarras de l’État.

    Ici encore, Facebook offre — ou plutôt, commercialise — la possibilité de cibler des jeunes hommes originaires d’Afghanistan, d’Éthiopie et d’Érythrée, dont le gouvernement norvégien considère qu’ils ne relèvent pas du droit d’asile. L’algorithme sélectionne en particulier les personnes situées hors de leur pays d’origine qui ont fait des recherches sur Internet dénotant leur intérêt pour l’Europe et la migration. Il s’agit de toucher des migrants en transit, qui hésitent quant à leur destination, et de les dissuader de choisir la Norvège. Les Syriens ne font pas partie des nationalités visées, afin de ne pas violer le droit d’asile. De même, le message mentionne explicitement que seuls les adultes seront refoulés, afin de ne pas contester le droit des enfants à être pris en charge.

    À plusieurs reprises, depuis 2015, les autorités belges ont elles aussi utilisé Facebook pour ce type d’initiatives (9). En 2018, des photographies de centres de détention et d’un jeune migrant menotté, assorties du slogan « Non à l’immigration illégale. Ne venez pas en #Belgique » (10), furent relayées à partir d’une page Facebook créée pour l’occasion par l’Office des étrangers. Cette page n’existait toutefois qu’en anglais, ce qui a fait croire à un faux (y compris parmi les forces de l’ordre), poussant le gouvernement belge à la supprimer au profit d’un site plus classique, humblement intitulé « Faits sur la Belgique » (11).

    Si de telles initiatives prolifèrent, c’est que les États européens sont engagés dans une course à la dissuasion qui les oppose les uns aux autres. Le 30 mai 2018, en France, M. Gérard Collomb, alors ministre de l’intérieur, affirmait lors d’une audition au Sénat que les migrants faisaient du « #benchmarking » pour identifier les pays les plus accueillants. Cette opinion semble partagée par ses pairs, et les États se montrent non seulement fermes, mais soucieux de le faire savoir.

    Le recours aux plates-formes de la Silicon Valley s’impose d’autant plus aisément que les autorités connaissent l’importance de ces outils dans le parcours des migrants. Une très large majorité d’entre eux sont en effet connectés. Ils dépendent de leur #téléphone_portable pour communiquer avec leur famille, se repérer grâce au #GPS, se faire comprendre par-delà les barrières linguistiques, conserver des photographies et des témoignages des atrocités qui justifient leur demande d’asile, appeler au secours en cas de naufrage ou de danger, ou encore retrouver des connaissances et des compatriotes dispersés.

    Un doute taraudait les autorités des États occidentaux : en connectant les individus et en leur facilitant l’accès à diverses sources d’information, les #technologies_numériques ne conféraient-elles pas une plus grande #autonomie aux migrants ? Ne facilitaient-elles pas en définitive l’immigration irrégulière (12) ? Dès lors, elles s’emploieraient à faire de ces mêmes outils la solution au problème : ils renseignent sur la #localisation et les caractéristiques des migrants, fournissant un canal privilégié de communication vers des publics ciblés.

    Systématiquement financées par les États occidentaux et impliquant de plus en plus souvent les géants du numérique, ces campagnes mobilisent aussi d’autres acteurs. Adopté sous les auspices de l’Organisation des Nations unies en 2018, le pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières (ou pacte de Marrakech) recommande ainsi de « mener des campagnes d’information multilingues et factuelles », d’organiser des « réunions de sensibilisation dans les pays d’origine », et ce notamment pour « mettre en lumière les risques qu’il y a à entreprendre une migration irrégulière pleine de dangers ». Le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) et l’OIM jouent donc le rôle d’intermédiaires privilégiés pour faciliter le financement de ces campagnes des États occidentaux en dehors de leur territoire.

    Efficacité douteuse

    Interviennent également des entreprises privées spécialisées dans le #marketing et la #communication. Installée à Hongkong, #Seefar développe des activités de « #communication_stratégique » à destination des migrants potentiels en Afghanistan ou en Afrique de l’Ouest. La société australienne #Put_It_Out_There_Pictures réalise pour sa part des vidéos de #propagande pour le compte de gouvernements occidentaux, comme le #téléfilm #Journey, qui met en scène des demandeurs d’asile tentant d’entrer clandestinement en Australie.

    Enfin, des associations humanitaires et d’aide au développement contribuent elles aussi à ces initiatives. Créée en 2015, d’abord pour secourir des migrants naufragés en Méditerranée, l’organisation non gouvernementale (ONG) #Proactiva_Open_Arms s’est lancée dans des projets de ce type en 2019 au Sénégal (13). Au sein des pays de départ, des pans entiers de la société se rallient à ces opérations : migrants de retour, journalistes, artistes, dirigeants associatifs et religieux… En Guinée, des artistes autrefois engagés pour l’ouverture des frontières militent à présent pour l’#immobilisation de leurs jeunes compatriotes (14).

    Le #discours_humanitaire consensuel qui argue de la nécessité de protéger les migrants en les informant facilite la coopération entre États, organisations internationales, secteurs privé et associatif. La plupart de ces acteurs sont pourtant étrangers au domaine du strict contrôle des frontières. Leur implication témoigne de l’extension du domaine de la lutte contre l’immigration irrégulière.

    Avec quelle #efficacité ? Il existe très peu d’évaluations de l’impact de ces campagnes. En 2019, une étude norvégienne (15) a analysé leurs effets sur des migrants en transit à Khartoum, avec des résultats peu concluants. Ils étaient peu nombreux à avoir eu connaissance des messages gouvernementaux et ils s’estimaient de toute manière suffisamment informés, y compris à propos des aspects les plus sombres de l’expérience migratoire. Compte tenu de la couverture médiatique des drames de l’immigration irrégulière, il paraît en effet vraisemblable que les migrants potentiels connaissent les risques… mais qu’ils migrent quand même.

    https://www.monde-diplomatique.fr/2021/03/PECOUD/62833
    #migrations #réfugiés #privatisation #Italie #humanitaire #soft_power

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    Ajouté à la métaliste sur les #campagnes de #dissuasion à l’#émigration :
    https://seenthis.net/messages/763551

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  • The Death of Asylum and the Search for Alternatives

    March 2021 saw the announcement of the UK’s new post-Brexit asylum policy. This plan centres ‘criminal smuggling gangs’ who facilitate the cross border movement of people seeking asylum, particularly in this case, across the English Channel. It therefore distinguishes between two groups of people seeking asylum: those who travel themselves to places of potential sanctuary, and those who wait in a refugee camp near the place that they fled for the lottery ticket of UNHCR resettlement. Those who arrive ‘spontaneously’ will never be granted permanent leave to remain in the UK. Those in the privileged group of resettled refugees will gain indefinite leave to remain.

    Resettlement represents a tiny proportion of refugee reception globally. Of the 80 million displaced people globally at the end of 2019, 22,800 were resettled in 2020 and only 3,560 were resettled to the UK. Under the new plans, forms of resettlement are set to increase, which can only be welcomed. But of course, the expansion of resettlement will make no difference to people who are here, and arriving, every year. People who find themselves in a situation of persecution or displacement very rarely have knowledge of any particular national asylum system. Most learn the arbitrary details of access to work, welfare, and asylum itself upon arrival.

    In making smugglers the focus of asylum policy, the UK is inaugurating what Alison Mountz calls the death of asylum. There is of course little difference between people fleeing persecution who make the journey themselves to the UK, or those who wait in a camp with a small chance of resettlement. The two are often, in fact, connected, as men are more likely to go ahead in advance, making perilous journeys, in the hope that safe and legal options will then be opened up for vulnerable family members. And what makes these perilous journeys so dangerous? The lack of safe and legal routes.

    Britain, and other countries across Europe, North America and Australasia, have gone to huge efforts and massive expense in recent decades to close down access to the right to asylum. Examples of this include paying foreign powers to quarantine refugees outside of Europe, criminalising those who help refugees, and carrier sanctions. Carrier sanctions are fines for airlines or ferry companies if someone boards an aeroplane without appropriate travel documents. So you get the airlines to stop people boarding a plane to your country to claim asylum. In this way you don’t break international law, but you are certainly violating the spirit of it. If you’ve ever wondered why people pay 10 times the cost of a plane ticket to cross the Mediterranean or the Channel in a tiny boat, carrier sanctions are the reason.

    So government policy closes down safe and legal routes, forcing people to take more perilous journeys. These are not illegal journeys because under international law one cannot travel illegally if one is seeking asylum. Their only option becomes to pay smugglers for help in crossing borders. At this point criminalising smuggling becomes the focus of asylum policy. In this way, government policy creates the crisis which it then claims to solve. And this extends to people who are seeking asylum themselves.

    Arcane maritime laws have been deployed by the UK in order to criminalise irregular Channel crossers who breach sea defences, and therefore deny them sanctuary. Specifically, if one of the people aboard a given boat touches the tiller, oars, or steering device, they become liable to be arrested under anti-smuggling laws. In 2020, eight people were jailed on such grounds, facing sentences of up to two and a half years, as well as the subsequent threat of deportation. For these people, there are no safe and legal routes left.

    We know from extensive research on the subject, that poverty in a country does not lead to an increase in asylum applications elsewhere from that country. Things like wars, genocide and human rights abuses need to be present in order for nationals of a country to start seeking asylum abroad in any meaningful number. Why then, one might ask, is the UK so obsessed with preventing people who are fleeing wars, genocide and human rights abuses from gaining asylum here? On their own terms there is one central reason: their belief that most people seeking asylum today are not actually refugees, but economic migrants seeking to cheat the asylum system.

    This idea that people who seek asylum are largely ‘bogus’ began in the early 2000s. It came in response to a shift in the nationalities of people seeking asylum. During the Cold War there was little concern with the mix of motivations in relation to fleeing persecution or seeking a ‘better life’. But when people started to seek asylum from formerly colonised countries in the ‘Third World’ they began to be construed as ‘new asylum seekers’ and were assumed to be illegitimate. From David Blunkett’s time in the Home Office onwards, these ‘new asylum seekers’, primarily black and brown people fleeing countries in which refugee producing situations are occurring, asylum has been increasingly closed down.

    The UK government has tended to justify its highly restrictive asylum policies on the basis that it is open to abuse from bogus, cheating, young men. It then makes the lives of people who are awaiting a decision on their asylum application as difficult as possible on the basis that this will deter others. Forcing people who are here to live below the poverty line, then, is imagined to sever ‘pull factors’ for others who have not yet arrived. There is no evidence to support the idea that deterrence strategies work, they simply costs lives.

    Over the past two decades, as we have witnessed the slow death of asylum, it has become increasingly difficult to imagine alternatives. Organisations advocating for people seeking asylum have, with diminishing funds since 2010, tended to focus on challenging specific aspects of the system on legal grounds, such as how asylum support rates are calculated or whether indefinite detention is lawful.

    Scholars of migration studies, myself included, have written countless papers and books debunking the spurious claims made by the government to justify their policies, and criticising the underlying logics of the system. What we have failed to do is offer convincing alternatives. But with his new book, A Modern Migration Theory, Professor of Migration Studies Peo Hansen offers us an example of an alternative strategy. This is not a utopian proposal of open borders, this is the real experience of Sweden, a natural experiment with proven success.

    During 2015, large numbers of people were displaced as the Syrian civil war escalated. Most stayed within the region, with millions of people being hosted in Turkey, Jordan and Lebanon. A smaller proportion decided to travel onwards from these places to Europe. Because of the fortress like policies adopted by European countries, there were no safe and legal routes aboard aeroplanes or ferries. Horrified by the spontaneous arrival of people seeking sanctuary, most European countries refused to take part in burden sharing and so it fell to Germany and Sweden, the only countries that opened their doors in any meaningful way, to host the new arrivals.

    Hansen documents what happened next in Sweden. First, the Swedish state ended austerity in an emergency response to the challenge of hosting so many refugees. As part of this, and as a country that produces its own currency, the Swedish state distributed funds across the local authorities of the country to help them in receiving the refugees. And third, this money was spent not just on refugees, but on the infrastructure needed to support an increased population in a given area – on schools, hospitals, and housing. This is in the context of Sweden also having a welfare system which is extremely generous compared to Britain’s stripped back welfare regime.

    As in Britain, the Swedish government had up to this point spent some years fetishizing the ‘budget deficit’ and there was an assumption that spending so much money would worsen the fiscal position – that it would lead both to inflation, and a massive national deficit which must later be repaid. That this spending on refugees would cause deficits and hence necessitate borrowing, tax hikes and budget cuts was presented by politicians and the media in Sweden as a foregone conclusion. This foregone conclusion was then used as part of a narrative about refugees’ negative impact on the economy and welfare, and as the basis for closing Sweden’s doors to people seeking asylum in the future.

    And yet, the budget deficit never materialised: ‘Just as the finance minister had buried any hope of surpluses in the near future and repeated the mantra of the need to borrow to “finance” the refugees, a veritable tidal wave of tax revenue had already started to engulf Sweden’ (p.152). The economy grew and tax revenue surged in 2016 and 2017, so much that successive surpluses were created. In 2016 public consumption increased 3.6%, a figure not seen since the 1970s. Growth rates were 4% in 2016 and 2017. Refugees were filling labour shortages in understaffed sectors such as social care, where Sweden’s ageing population is in need of demographic renewal.

    Refugees disproportionately ended up in smaller, poorer, depopulating, rural municipalities who also received a disproportionately large cash injections from the central government. The arrival of refugees thus addressed the triple challenges of depopulation and population ageing; a continuous loss of local tax revenues, which forced cuts in services; and severe staff shortages and recruitment problems (e.g. in the care sector). Rather than responding with hostility, then, municipalities rightly saw the refugee influx as potentially solving these spiralling challenges.

    For two decades now we have been witnessing the slow death of asylum in the UK. Basing policy on prejudice rather than evidence, suspicion rather than generosity, burden rather than opportunity. Every change in the asylum system heralds new and innovative ways of circumventing human rights, detaining, deporting, impoverishing, and excluding. And none of this is cheap – it is not done for the economic benefit of the British population. It costs £15,000 to forcibly deport someone, it costs £95 per day to detain them, with £90 million spent each year on immigration detention. Vast sums of money are given to private companies every year to help in the work of denying people who are seeking sanctuary access to their right to asylum.

    The Swedish case offers a window into what happens when a different approach is taken. The benefit is not simply to refugees, but to the population as a whole. With an economy to rebuild after Covid and huge holes in the health and social care workforce, could we imagine an alternative in which Sweden offered inspiration to do things differently?

    https://discoversociety.org/2021/04/07/the-death-of-asylum-and-the-search-for-alternatives

    #asile #alternatives #migrations #alternative #réfugiés #catégorisation #tri #réinstallation #death_of_asylum #mort_de_l'asile #voies_légales #droit_d'asile #externalisation #passeurs #criminalisation_des_passeurs #UK #Angleterre #colonialisme #colonisation #pull-factors #pull_factors #push-pull_factors #facteurs_pull #dissuasion #Suède #déficit #économie #welfare_state #investissement #travail #impôts #Etat_providence #modèle_suédois

    ping @isskein @karine4

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    ajouté au fil de discussion sur le lien entre économie et réfugiés/migrations :
    https://seenthis.net/messages/705790

    • A Modern Migration Theory. An Alternative Economic Approach to Failed EU Policy

      The widely accepted narrative that refugees admitted to the European Union constitute a fiscal burden is based on a seemingly neutral accounting exercise, in which migrants contribute less in tax than they receive in welfare assistance. A “fact” that justifies increasingly restrictive asylum policies. In this book Peo Hansen shows that this consensual cost-perspective on migration is built on a flawed economic conception of the orthodox “sound finance” doctrine prevalent in migration research and policy. By shifting perspective to examine migration through the macroeconomic lens offered by modern monetary theory, Hansen is able to demonstrate sound finance’s detrimental impact on migration policy and research, including its role in stoking the toxic debate on migration in the EU. Most importantly, Hansen’s undertaking offers the tools with which both migration research and migration policy could be modernized and put on a realistic footing.

      In addition to a searing analysis of EU migration policy and politics, Hansen also investigates the case of Sweden, the country that has received the most refugees in the EU in proportion to population. Hansen demonstrates how Sweden’s increased refugee spending in 2015–17 proved to be fiscally risk-free and how the injection of funds to cash-strapped and depopulating municipalities, which received refugees, boosted economic growth and investment in welfare. Spending on refugees became a way of rediscovering the viability of welfare for all. Given that the Swedish approach to the 2015 refugee crisis has since been discarded and deemed fiscally unsustainable, Hansen’s aim is to reveal its positive effects and its applicability as a model for the EU as a whole.

      https://cup.columbia.edu/book/a-modern-migration-theory/9781788210553
      #livre #Peo_Hansen

  • The big wall


    https://thebigwall.org/en

    An ActionAid investigation into how Italy tried to stop migration from Africa, using EU funds, and how much money it spent.

    There are satellites, drones, ships, cooperation projects, police posts, repatriation flights, training centers. They are the bricks of an invisible but tangible and often violent wall. Erected starting in 2015 onwards, thanks to over one billion euros of public money. With one goal: to eliminate those movements by sea, from North Africa to Italy, which in 2015 caused an outcry over a “refugee crisis”. Here we tell you about the (fragile) foundations and the (dramatic) impacts of this project. Which must be changed, urgently.

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    Ready, Set, Go

    Imagine a board game, Risk style. The board is a huge geographical map, which descends south from Italy, including the Mediterranean Sea and North Africa and almost reaching the equator, in Cameroon, South Sudan, Rwanda. Places we know little about and read rarely about.

    Each player distributes activity cards and objects between countries and along borders. In Ethiopia there is a camera crew shooting TV series called ‘Miraj’ [mirage], which recounts the misadventures of naive youth who rely on shady characters to reach Europe. There is military equipment, distributed almost everywhere: off-road vehicles for the Tunisian border police, ambulances and tank trucks for the army in Niger, patrol boats for Libya, surveillance drones taking off from Sicily.

    There is technology: satellite systems on ships in the Mediterranean, software for recording fingerprints in Egypt, laptops for the Nigerian police. And still: coming and going of flights between Libya and Nigeria, Guinea, Gambia. Maritime coordination centers, police posts in the middle of the Sahara, job orientation offices in Tunisia or Ethiopia, clinics in Uganda, facilities for minors in Eritrea, and refugee camps in Sudan.

    Hold your breath for a moment longer, because we still haven’t mentioned the training courses. And there are many: to produce yogurt in Ivory Coast, open a farm in Senegal or a beauty salon in Nigeria, to learn about the rights of refugees, or how to use a radar station.

    Crazed pawns, overlapping cards and unclear rules. Except for one: from these African countries, more than 25 of them, not one person should make it to Italy. There is only one exception allowed: leaving with a visa. Embassy officials, however, have precise instructions: anyone who doesn’t have something to return to should not be accepted. Relationships, family, and friends don’t count, but only incomes, properties, businesses, and titles do.

    For a young professional, a worker, a student, an activist, anyone looking for safety, future and adventure beyond the borders of the continent, for people like me writing and perhaps like you reading, the only allies become the facilitators, those who Europe calls traffickers and who, from friends, can turn into worst enemies.

    We called it The Big Wall. It could be one of those strategy games that keeps going throughout the night, for fans of geopolitics, conflicts, finance. But this is real life, and it’s the result of years of investments, experiments, documents and meetings. At first disorderly, sporadic, then systematized and increased since 2015, when United Nations agencies, echoed by the international media, sounded an alarm: there is a migrant crisis happening and Europe must intervene. Immediately.

    Italy was at the forefront, and all those agreements, projects, and programs from previous years suddenly converged and multiplied, becoming bricks of a wall that, from an increasingly militarized Mediterranean, moved south, to the travelers’ countries of origin.

    The basic idea, which bounced around chancelleries and European institutions, was to use multiple tools: development cooperation, support for security forces, on-site protection of refugees, repatriation, information campaigns on the risks of irregular migration. This, in the language of Brussels, was a “comprehensive approach”.

    We talked to some of the protagonists of this story — those who built the wall, who tried to jump it, and who would like to demolish it — and we looked through thousands of pages of reports, minutes, resolutions, decrees, calls for tenders, contracts, newspaper articles, research, to understand how much money Italy has spent, where, and what impacts it has had. Months of work to discover not only that this wall has dramatic consequences, but that the European – and Italian – approach to international migration stems from erroneous premises, from an emergency stance that has disastrous results for everyone, including European citizens.
    Libya: the tip of the iceberg

    It was the start of the 2017/2018 academic year and Omer Shatz, professor of international law, offered his Sciences Po students the opportunity to work alongside him on the preparation of a dossier. For the students of the faculty, this was nothing new. In the classrooms of the austere building on the Rive Gauche of Paris, which European and African heads of state have passed though, not least Emmanuel Macron, it’s normal to work on real life materials: peace agreements in Colombia, trials against dictators and foreign fighters. Those who walk on those marble floors already know that they will be able to speak with confidence in circles that matter, in politics as well as diplomacy.

    Shatz, who as a criminal lawyer in Israel is familiar with abuses and rights violations, launched his students a new challenge: to bring Europe to the International Criminal Court for the first time. “Since it was created, the court has only condemned African citizens – dictators, militia leaders – but showing European responsibility was urgent,” he explains.

    One year after first proposing the plan, Shatz sent an envelope to the Court’s headquarters, in the Dutch town of The Hague. With his colleague Juan Branco and eight of his students he recounted, in 245 pages, cases of “widespread and systematic attack against the civilian population”, linked to “crimes against humanity consciously committed by European actors, in the central Mediterranean and in Libya, in line with Italian and European Union policies”.

    The civilian population to which they refer comprises migrants and refugees, swallowed by the waves or intercepted in the central Mediterranean and brought back to shore by Libyan assets, to be placed in a seemingly endless cycle of detention. Among them are the 13.000 dead recorded since 2015, in the stretch of sea between North Africa and Italy, out of 523.000 people who survived the crossing, but also the many African and Asian citizens, who are rarely counted, who were tortured in Libya and died in any of the dozens of detention centers for foreigners, often run by militias.

    “At first we thought that the EU and Italy were outsourcing dirty work to Libya to block people, which in jargon is called ‘aiding and abetting’ in the commission of a crime, then we realized that the Europeans were actually the conductors of these operations, while the Libyans performed”, says Shatz, who, at the end of 2020, was preparing a second document for the International Criminal Court to include more names, those of the “anonymous officials of the European and Italian bureaucracy who participated in this criminal enterprise”, which was centered around the “reinvention of the Libyan Coast Guard, conceived by Italian actors”.

    Identifying heads of department, office directors, and institution executives in democratic countries as alleged criminals might seem excessive. For Shatz, however, “this is the first time, after the Nuremberg trials, after Eichmann, that Europe has committed crimes of this magnitude, outside of an armed conflict”. The court, which routinely rejects at least 95 percent of the cases presented, did not do so with Shatz and his students’ case. “Encouraging news, but that does not mean that the start of proceedings is around the corner”, explains the lawyer.

    At the basis of the alleged crimes, he continues, are “regulations, memoranda of understanding, maritime cooperation, detention centers, patrols and drones” created and financed by the European Union and Italy. Here Shatz is speaking about the Memorandum of Understanding between Italy and Libya to “reduce the flow of illegal migrants”, as the text of the document states. An objective to be achieved through training and support for the two maritime patrol forces of the very fragile Libyan national unity government, by “adapting” the existing detention centers, and supporting local development initiatives.

    Signed in Rome on February 2, 2017 and in force until 2023, the text is grafted onto the Treaty of Friendship, Partnership and Cooperation signed by Silvio Berlusconi and Muammar Gaddafi in 2008, but is tied to a specific budget: that of the so-called Africa Fund, established in 2016 as the “Fund for extraordinary interventions to relaunch dialogue and cooperation with African countries of priority importance for migration routes” and extended in 2020 — as the Migration Fund — to non-African countries too.

    310 million euros were allocated in total between the end of 2016 and November 2020, and 252 of those were disbursed, according to our reconstruction.

    A multiplication of tools and funds that, explains Mario Giro, “was born after the summit between the European Union and African leaders in Malta, in November 2015”. According to the former undersecretary of the Ministry of Foreign Affairs, from 2013, and Deputy Minister for Foreign Affairs between 2016 and 2018, that summit in Malta “sanctioned the triumph of a European obsession, that of reducing migration from Africa at all costs: in exchange of this containment, there was a willingness to spend, invest”. For Giro, the one in Malta was an “attempt to come together, but not a real partnership”.

    Libya, where more than 90 percent of those attempting to cross the central Mediterranean departed from in those years, was the heart of a project in which Italian funds and interests support and integrate with programs by the European Union and other member states. It was an all-European dialogue, from which powerful Africans — political leaders but also policemen, militiamen, and the traffickers themselves — tried to obtain something: legitimacy, funds, equipment.

    Fragmented and torn apart by a decade-long conflict, Libya was however not alone. In October 2015, just before the handshakes and the usual photographs at the Malta meeting, the European Commission established an Emergency Trust Fund to “address the root causes of migration in Africa”.

    To do so, as Dutch researcher Thomas Spijkerboer will reconstruct years later, the EU executive declared a state of emergency in the 26 African countries that benefit from the Fund, thus justifying the choice to circumvent European competition rules in favor of direct award procedures. However “it’s implausible – Spijkerboeker will go on to argue – that there is a crisis in all 26 African countries where the Trust Fund operates through the duration of the Trust Fund”, now extended until the end of 2021.

    However, the imperative, as an advisor to the Budget Commission of the European Parliament explains, was to act immediately: “not within a few weeks, but days, hours“.

    Faced with a Libya still ineffective at stopping flows to the north, it was in fact necessary to intervene further south, traveling backwards along the routes that converge from dozens of African countries and go towards Tripolitania. And — like dominoes in reverse — raising borders and convincing, or forcing, potential travelers to stop in their countries of origin or in others along the way, before they arrived on the shores of the Mediterranean.

    For the first time since decolonization, human mobility in Africa became the keystone of Italian policies on the continent, so much so that analysts began speaking of migration diplomacy. Factors such as the number of migrants leaving from a given country and the number of border posts or repatriations all became part of the political game, on the same level as profits from oil extraction, promises of investment, arms sales, or trade agreements.

    Comprising projects, funds, and programs, this migration diplomacy comes at a cost. For the period between January 2015 and November 2020, we tracked down 317 funding lines managed by Italy with its own funds and partially co-financed by the European Union. A total of 1.337 billion euros, spent over five years and destined to eight different items of expenditure. Here Libya is in first place, but it is not alone.

    A long story, in short

    For simplicity’s sake, we can say that it all started in the hot summer of 2002, with an almost surrealist lightning war over a barren rock on the edge of the Mediterranean: the Isla de Persejil, the island of parsley. A little island in the Strait of Gibraltar, disputed for decades between Morocco and Spain, which had its ephemeral moment of glory when in July of that year the Moroccan monarchy sent six soldiers, some tents and a flag. Jose-Maria Aznar’s government quickly responded with a reconquista to the sound of fighter-bombers, frigates, and helicopters.

    Peace was signed only a few weeks later and the island went back to being a land of shepherds and military patrols. Which from then on, however, were joint ones.

    “There was talk of combating drug trafficking and illegal fishing, but the reality was different: these were the first anti-immigration operations co-managed by Spanish and Moroccan soldiers”, explains Sebastian Cobarrubias, professor of geography at the University of Zaragoza. The model, he says, was the one of Franco-Spanish counter-terrorism operations in the Basque Country, exported from the Pyrenees to the sea border.

    A process of externalization of Spanish and European migration policy was born following those events in 2002, and culminating years later with the crisis de los cayucos, the pirogue crisis: the arrival of tens of thousands of people – 31,000 in 2006 alone – in the Canary Islands, following extremely dangerous crossings from Senegal, Mauritania and Morocco.

    In close dialogue with the European Commission, which saw the Spanish border as the most porous one of the fragile Schengen area, the government of José Luis Rodríguez Zapatero reacted quickly. “Within a few months, cooperation and repatriation agreements were signed with nine African countries,” says Cobarrubias, who fought for years, with little success, to obtain the texts of the agreements.

    The events of the late 2000s look terribly similar to what Italy will try to implement a decade later with its Mediterranean neighbors, Libya first of all. So much so that in 2016 it was the Spanish Minister of the Interior himself, Jorge Fernández Díaz, who recalled that “the Spanish one is a European management model, reproducible in other contexts”. A vision confirmed by the European Commission officials with whom we spoke.

    At the heart of the Spanish strategy, which over a few short years led to a drastic decrease of arrivals by sea, was the opening of new diplomatic offices in Africa, the launch of local development projects, and above all the support given to the security forces of partner countries.

    Cobarrubias recounts at least four characteristic elements of the Madrid approach: the construction of new patrol forces “such as the Mauritanian Coast Guard, which did not exist and was created by Spain thanks to European funds, with the support of the newly created Frontex agency”; direct and indirect support for detention centers, such as the infamous ‘Guantanamito’, or little Guantanamo, denounced by civil society organizations in Mauritania; the real-time collection of border data and information, carried out by the SIVE satellite system, a prototype of Eurosur, an incredibly expensive intelligence center on the EU’s external borders launched in 2013, based on drones, satellites, airplanes, and sensors; and finally, the strategy of working backwards along migration routes, to seal borders, from the sea to the Sahara desert, and investing locally with development and governance programs, which Spain did during the two phases of the so-called Plan Africa, between 2006 and 2012.

    Replace “Spain” with “Italy”, and “Mauritania” with “Libya”, and you’ll have an idea of what happened years later, in an attempt to seal another European border.

    The main legacy of the Spanish model, according to the Italian sociologist Lorenzo Gabrielli, however, is the negative conditionality, which is the fact of conditioning the disbursement of these loans – for security forces, ministries, trade agreements – at the level of the African partners’ cooperation in the management of migration, constantly threatening to reduce investments if there are not enough repatriations being carried out, or if controls and pushbacks fail. An idea that is reminiscent both of the enlargement process of the European Union, with all the access restrictions placed on candidate countries, and of the Schengen Treaty, the attempt to break down internal European borders, which, as a consequence, created the need to protect a new common border, the external one.
    La externalización europea del control migratorio: ¿La acción española como modelo? Read more

    At the end of 2015, when almost 150,000 people had reached the Italian coast and over 850,000 had crossed Turkey and the Balkans to enter the European Union, the story of the maritime migration to Spain had almost faded from memory.

    But something remained of it: a management model. Based, once again, on an idea of crisis.

    “We tried to apply it to post-Gaddafi Libya – explains Stefano Manservisi, who over the past decade has chaired two key departments for migration policies in the EU Commission, Home Affairs and Development Cooperation – but in 2013 we soon realized that things had blown up, that that there was no government to talk to: the whole strategy had to be reformulated”.

    Going backwards, through routes and processes

    The six-month presidency of the European Council, in 2014, was the perfect opportunity for Italy.

    In November of that year, Matteo Renzi’s government hosted a conference in Rome to launch the Khartoum Process, the brand new initiative for the migration route between the EU and the Horn of Africa, modeled on the Rabat Process, born in 2006, at the apex of the crisis de los cayucos, after pressure from Spain. It’s a regional cooperation platform between EU countries and nine African countries, based on the exchange of information and coordination between governments, to manage migration.
    Il processo di Khartoum: l’Italia e l’Europa contro le migrazioni Read more

    Warning: if you start to find terms such as ‘process’ and ‘coordination platform’ nebulous, don’t worry. The backbone of European policies is made of these structures: meetings, committees, negotiating tables with unattractive names, whose roles elude most of us. It’s a tendency towards the multiplication of dialogue and decision spaces, that the migration policies of recent years have, if possible, accentuated, in the name of flexibility, of being ready for any eventuality. Of continuous crisis.

    Let’s go back to that inter-ministerial meeting in Rome that gave life to the Khartoum Process and in which Libya, where the civil war had resumed violently a few months earlier, was not present.

    Italy thus began looking beyond Libya, to the so-called countries of origin and transit. Such as Ethiopia, a historic beneficiary of Italian development cooperation, and Sudan. Indeed, both nations host refugees from Eritrea and Somalia, two of the main countries of origin of those who cross the central Mediterranean between 2013 and 2015. Improving their living conditions was urgent, to prevent them from traveling again, from dreaming of Europe. In Niger, on the other hand, which is an access corridor to Libya for those traveling from countries such as Nigeria, Gambia, Senegal, and Mali, Italy co-financed a study for a new law against migrant smuggling, then adopted in 2015, which became the cornerstone of a radical attempt to reduce movement across the Sahara desert, which you will read about later.

    A year later, with the Malta summit and the birth of the EU Trust Fund for Africa, Italy was therefore ready to act. With a 123 million euro contribution, allocated from 2017 through the Africa Fund and the Migration Fund, Italy became the second donor country, and one of the most active in trying to manage those over 4 billion euros allocated for five years. [If you are curious about the financing mechanisms of the Trust Fund, read here: https://thebigwall.org/en/trust-fund/].

    Through the Italian Agency for Development Cooperation (AICS), born in 2014 as an operational branch of the Ministry of Foreign Affairs, Italy immediately made itself available to manage European Fund projects, and one idea seemed to be the driving one: using classic development programs, but implemented in record time, to offer on-site alternatives to young people eager to leave, while improving access to basic services.

    Local development, therefore, became the intervention to address the so-called root causes of migration. For the Ministry of Foreign Affairs and the newborn AICS, it seemed a winning approach. Unsurprisingly, the first project approved through the Trust Fund for Africa was managed by the Italian agency in Ethiopia.

    “Stemming irregular migration in Northern and Central Ethiopia” received 19.8 million euros in funding, a rare sum for local development interventions. The goal was to create job opportunities and open career guidance centers for young people in four Ethiopian regions. Or at least that’s how it seemed. In the first place, among the objectives listed in the project sheet, there is in fact another one: to reduce irregular migration.

    In the logical matrix of the project, which insiders know is the presentation – through data, indicators and figures – of the expected results, there is no indicator that appears next to the “reduction of irregular migration” objective. There is no way, it’s implicitly admitted, to verify that that goal has been achieved. That the young person trained to start a micro-enterprise in the Wollo area, for example, is one less migrant.

    Bizarre, not to mention wrong. But indicative of the problems of an approach of which, an official of the Ministry of Foreign Affairs explains to us, “Italy had made itself the spokesperson in Europe”.

    “The mantra was that more development would stop migration, and at a certain point that worked for everyone: for AICS, which justified its funds in the face of political landscape that was scared by the issue of landings, and for many NGOs, which immediately understood that migrations were the parsley to be sprinkled on the funding requests that were presented”, explains the official, who, like so many in this story, prefers to remain anonymous.

    This idea of the root causes was reproduced, as in an echo chamber, “without programmatic documents, without guidelines, but on the wave of a vague idea of political consensus around the goal of containing migration”, he adds. This makes it almost impossible to talk about, so much so that a proposal for new guidelines on immigration and development, drawn up during 2020 by AICS, was set aside for months.

    Indeed, if someone were to say, as evidenced by scholars such as Michael Clemens, that development can also increase migration, and that migration itself is a source of development, the whole ‘root causes’ idea would collapse and the already tight cooperation budgets would risk being cut, in the name of the same absolute imperative as always: reducing arrivals to Italy and Europe.

    Maintaining a vague, costly and unverifiable approach is equally damaging.

    Bram Frouws, director of the Mixed Migration Center, a think-tank that studies international mobility, points out, for example, how the ‘root cause’ approach arises from a vision of migration as a problem to be eradicated rather than managed, and that paradoxically, the definition of these deep causes always remains superficial. In fact, there is never talk of how international fishing agreements damage local communities, nor of land grabbing by speculators, major construction work, or corruption and arms sales. There is only talk of generic economic vulnerability, of a country’s lack of stability. An almost abstract phenomenon, in which European actors are exempt from any responsibility.

    There is another problem: in the name of the fight against irregular migration, interventions have shifted from poorer and truly vulnerable countries and populations to regions with ‘high migratory rates’, a term repeated in dozens of project descriptions funded over the past few years, distorting one of the cardinal principles of development aid, codified in regulations and agreements: that of responding to the most urgent needs of a given population, and of not imposing external priorities, even more so if it is countries considered richer are the ones doing it.

    The Nigerien experiment

    While Ethiopia and Sudan absorb the most substantial share of funds destined to tackle the root causes of migration — respectively 47 and 32 million euros out of a total expenditure of 195 million euros — Niger, which for years has been contending for the podium of least developed country on the planet with Central African Republic according to the United Nations Human Development Index — benefits from just over 10 million euros.

    Here in fact it’s more urgent, for Italy and the EU, to intervene on border control rather than root causes, to stop the flow of people that cross the country until they arrive in Agadez, to then disappear in the Sahara and emerge, days later — if all goes well — in southern Libya. In 2016, the International Organization for Migration counted nearly 300,000 people passing through a single checkpoint along the road to Libya. The figure bounced between the offices of the European Commission, and from there to the Farnesina, the Italian Ministry of Foreign Affairs: faced with an uncontrollable Libya, intervening in Niger became a priority.

    Italy did it in great style, even before opening an embassy in the country, in February 2017: with a contribution to the state budget of Niger of 50 million euros, part of the Africa Fund, included as part of a maxi-program managed by the EU in the country and paid out in several installments.

    While the project documents list a number of conditions for the continuation of the funding, including increased monitoring along the routes to Libya and the adoption of regulations and strategies for border control, some local and European officials with whom we have spoken think that the assessments were made with one eye closed: the important thing was in fact to provide those funds to be spent in a country that for Italy, until then, had been synonymous only with tourism in the Sahara dunes and development in rural areas.

    Having become a priority in the New Partnership Framework on Migration, yet another EU operational program, launched in 2016, Niger seemed thus exempt from controls on the management of funds to which beneficiaries of European funds are normally subject to.

    “Our control mechanisms, the Court of Auditors, the Parliament and the anti-corruption Authority, do not work, and yet the European partners have injected millions of euros into state coffers, without imposing transparency mechanisms”, reports then Ali Idrissa Nani , president of the Réseau des Organizations pour la Transparence et l’Analyse du Budget (ROTAB), a network of associations that seeks to monitor state spending in Niger.

    “It leaves me embittered, but for some years we we’ve had the impression that civil liberties, human rights, and participation are no longer a European priority“, continues Nani, who —- at the end of 2020 — has just filed a complaint with the Court of Niamey, to ask the Prosecutor to open an investigation into the possible disappearance of at least 120 million euros in funds from the Ministry of Defense, a Pandora’s box uncovered by local and international journalists.

    For Nani, who like other Nigerien activists spent most of 2018 in prison for encouraging demonstrations against high living costs, this explosion of European and Italian cooperation didn’t do the country any good, and in fact favoured authoritarian tendencies, and limited even more the independence of the judiciary.

    For their part, the Nigerien rulers have more than others seized the opportunity offered by European donors to obtain legitimacy and support. Right after the Valletta summit, they were the first to present an action plan to reduce migration to Libya, which they abruptly implemented in mid-2016, applying the anti-trafficking law whose preliminary study was financed by Italy, with the aim of emptying the city of #Agadez of migrants from other countries.

    The transport of people to the Libyan border, an activity that until that point happened in the light of day and was sanctioned at least informally by the local authorities, thus became illegal from one day to the next. Hundreds of drivers, intermediaries, and facilitators were arrested, and an entire economy crashed

    But did the movement of people really decrease? Almost impossible to tell. The only data available are those of the International Organization for Migration, which continues to record the number of transits at certain police posts. But drivers and foreign travelers no longer pass through them, fearing they will be arrested or stopped. Routes and journeys, as always happens, are remodeled, only to reappear elsewhere. Over the border with Chad, or in Algeria, or in a risky zigzagging of small tracks, to avoid patrols.

    For Hamidou Manou Nabara, a Nigerien sociologist and researcher, the problems with this type of cooperation are manifold.

    On the one hand, it restricted the free movement guaranteed within the Economic Community of West African States, a sort of ‘Schengen area’ between 15 countries in the region, making half of Niger, from Agadez to the north, a no-go areas for foreign citizens, even though they still had the right to move throughout the national territory.

    Finally, those traveling north were made even more vulnerable. “The control of borders and migratory movements was justified on humanitarian grounds, to contrast human trafficking, but in reality very few victims of trafficking were ever identified: the center of this cooperation is repression”, explains Nabara.

    Increasing controls, through military and police operations, actually exposes travelers to greater violations of human rights, both by state agents and passeurs, making the Sahara crossings longer and riskier.

    The fight against human trafficking, a slogan repeated by European and African leaders and a central expenditure item of the Italian intervention between Africa and the Mediterranean — 142 million euros in five years —- actually risks having the opposite effect. Because a trafiicker’s bread and butter, in addition to people’s desire to travel, is closed borders and denied visas.

    A reinvented frontier

    Galvanized by the activism of the European Commission after the launch of the Trust Fund but under pressure internally, faced with a discourse on migration that seemed to invade every public space — from the front pages of newspapers to television talk-shows — and unable to agree on how to manage migration within the Schengen area, European rulers thus found an agreement outside the continent: to add more bricks to that wall that must reduce movements through the Mediterranean.

    Between 2015 and 2016, Italian, Dutch, German, French and European Union ministers, presidents and senior officials travel relentlessly between countries considered priorities for migration, and increasingly for security, and invite their colleagues to the European capitals. A coming and going of flights to Niger, Mali, Burkina Faso, Nigeria, Ethiopia, Sudan, Tunisia, Senegal, Chad, Guinea, to make agreements, negotiate.

    “Niamey had become a crossroads for European diplomats”, remembers Ali Idrissa Nani, “but few understood the reasons”.

    However, unlike the border with Turkey, where the agreement signed with the EU at the beginning of 2016 in no time reduced the arrival of Syrian, Afghan, and Iraqi citizens in Greece, the continent’s other ‘hot’ border, promises of speed and effectiveness by the Trust Fund for Africa did not seem to materialize. Departures from Libya, in particular, remained constant. And in the meantime, in the upcoming election in a divided Italy, the issue of migration seemed to be tipping the balance, capable of shifting votes and alliances.

    It is at that point that the Italian Ministry of the Interior, newly led by Marco Minniti, put its foot on the accelerator. The Viminale, the Italian Ministry of the Interior, became the orchestrator of a new intervention plan, refined between Rome and Brussels, with German support, which went back to focusing everything on Libya and on that stretch of sea that separates it from Italy.

    “In those months the phones were hot, everyone was looking for Marco“, says an official of the Interior Ministry, who admits that “the Ministry of the Interior had snatched the Libyan dossier from Foreign Affairs, but only because up until then the Foreign Ministry hadn’t obtained anything” .

    Minniti’s first move was the signing of the new Memorandum with Libya, which gave way to a tripartite plan.

    At the top of the agenda was the creation of a maritime interception device for boats departing from the Libyan coast, through the reconstruction of the Coast Guard and the General Administration for Coastal Security (GACS), the two patrol forces belonging to the Ministry of Defense and that of the Interior, and the establishment of a rescue coordination center, prerequisites for Libya to declare to the International Maritime Organization that it had a Search and Rescue Area, so that the Italian Coast Guard could ask Libyan colleagues to intervene if there were boats in trouble.

    Accompanying this work in Libya is a jungle of Italian and EU missions, surveillance systems and military operations — from the European Frontex, Eunavfor Med and Eubam Libya, to the Italian military mission “Safe Waters” — equipped with drones, planes, patrol boats, whose task is to monitor the Libyan Sea, which is increasingly emptied by the European humanitarian ships that started operating in 2014 (whose maneuvering spaces are in the meantime reduced to the bone due to various strategies) to support Libyan interception operations.

    The second point of the ‘Minniti agenda’ was to progressively empty Libya of migrants and refugees, so that an escape by sea would become increasingly difficult. Between 2017 and 2020, the Libyan assets, which are in large part composed of patrol boats donated by Italy, intercepted and returned to shore about 56,000 people according to data released by UN agencies. The Italian-European plan envisages two solutions: for economic migrants, the return to the country of origin; for refugees, the possibility of obtaining protection.

    There is one part of this plan that worked better, at least in terms of European wishes: repatriation, presented as ‘assisted voluntary return’. This vision was propelled by images, released in October 2017 by CNN as part of a report on the abuse of foreigners in Libya, of what appears to be a slave auction. The images reopened the unhealed wounds of the slave trade through Atlantic and Sahara, and helped the creation of a Joint Initiative between the International Organization for Migration, the European Union, and the African Union, aimed at returning and reintegrating people in the countries of origin.

    Part of the Italian funding for IOM was injected into this complex system of repatriation by air, from Tripoli to more than 20 countries, which has contributed to the repatriation of 87,000 people over three years. 33,000 from Libya, and 37,000 from Niger.

    A similar program for refugees, which envisages transit through other African countries (Niger and Rwanda gave their availability) and from there resettlement to Europe or North America, recorded much lower numbers: 3,300 evacuations between the end of 2017 and the end of 2020. For the 47,000 people registered as refugees in Libya, leaving the country without returning to their home country, to the starting point, is almost impossible.

    Finally, there is a third, lesser-known point of the Italian plan: even in Libya, Italy wants to intervene on the root causes of migration, or rather on the economies linked to the transit and smuggling of migrants. The scheme is simple: support basic services and local authorities in migrant transit areas, in exchange for this transit being controlled and reduced. The transit of people brings with it the circulation of currency, a more valuable asset than usual in a country at war, and this above all in the south of Libya, in the immense Saharan region of Fezzan, the gateway to the country, bordering Algeria, Niger, and Chad and almost inaccessible to international humanitarian agencies.

    A game in which intelligence plays central role (as also revealed by the journalist Lorenzo D’Agostino on Foreign Policy), as indeed it did in another negotiation and exchange of money: those 5 million euros destined — according to various journalistic reconstructions — to a Sabratha militia, the Anas Al-Dabbashi Brigade, to stop departures from the coastal city.

    A year later, its leader, Ahmed Al-Dabbashi, will be sanctioned by the UN Security Council, as leader for criminal activities related to human trafficking.

    The one built in record time by the ministry led by Marco Minniti is therefore a complicated and expensive puzzle. To finance it, there are above all the Trust Fund for Africa of the EU, and the Italian Africa Fund, initially headed only by the Ministry of Foreign Affairs and unpacked among several ministries for the occasion, but also the Internal Security Fund of the EU, which funds military equipment for all Italian security forces, as well as funds and activities from the Ministry of Defense.

    A significant part of those 666 million euros dedicated to border control, but also of funds to support governance and fight traffickers, converges and enters this plan: a machine that was built too quickly, among whose wheels human rights and Libya’s peace process are sacrificed.

    “We were looking for an immediate result and we lost sight of the big picture, sacrificing peace on the altar of the fight against migration, when Libya was in pieces, in the hands of militias who were holding us hostage”. This is how former Deputy Minister Mario Giro describes the troubled handling of the Libyan dossier.

    For Marwa Mohamed, a Libyan activist, all these funds and interventions were “provided without any real clause of respect for human rights, and have fragmented the country even more, because they were intercepted by the militias, which are the same ones that manage both the smuggling of migrants that detention centers, such as that of Abd el-Rahman al-Milad, known as ‘al-Bija’ ”.

    Projects aimed at Libyan municipalities, included in the interventions on the root causes of migration — such as the whole detention system, invigorated by the introduction of people intercepted at sea (and ‘improved’ through millions of euros of Italian funds) — offer legitimacy, when they do not finance it directly, to the ramified and violent system of local powers that the German political scientist Wolfram Lacher defines as the ‘Tripoli militia cartel‘. [for more details on the many Italian funds in Libya, read here].
    Fondi italiani in Libia Read more

    “Bringing migrants back to shore, perpetuating a detention system, does not only mean subjecting people to new abuses, but also enriching the militias, fueling the conflict”, continues Mohamed, who is now based in London, where she is a spokesman of the Libyan Lawyers for Justice organization.

    The last few years of Italian cooperation, she argues, have been “a sequence of lost opportunities”. And to those who tell you — Italian and European officials especially — that reforming justice, putting an end to that absolute impunity that strengthens the militias, is too difficult, Mohamed replies without hesitation: “to sign the Memorandum of Understanding, the authorities contacted the militias close to the Tripoli government one by one and in the meantime built a non-existent structure from scratch, the Libyan Coast Guard: and you’re telling me that you can’t put the judicial system back on its feet and protect refugees? ”

    The only thing that mattered, however, in that summer of 2017, were the numbers. Which, for the first time since 2013, were falling again, and quickly. In the month of August there were 80 percent fewer landings than the year before. And so it would be for the following months and years.

    “Since then, we have continued to allocate, renewing programs and projects, without asking for any guarantee in exchange for the treatment of migrants”, explains Matteo De Bellis, researcher at Amnesty International, remembering that the Italian promise to modify the Memorandum of Understanding, introducing clauses of protection, has been on stop since the controversial renewal of the document, in February 2020.

    Repatriations, evacuations, promises

    We are 1500 kilometers of road, and sand, south of Tripoli. Here Salah* spends his days escaping a merciless sun. The last three years of the life of the thirty-year-old Sudanese have not offered much else and now, like many fellow sufferers, he does not hide his fatigue.

    We are in a camp 15 kilometers from Agadez, in Niger, in the middle of the Sahara desert, where Salah lives with a thousand people, mostly Sudanese from the Darfur region, the epicenter of one of the most dramatic and lethal conflicts of recent decades.

    Like almost all the inhabitants of this temporary Saharan settlement, managed by the UN High Commissioner for Refugees and — at the end of 2020 — undergoing rehabilitation also thanks to Italian funds, he passed through Libya and since 2017, after three years of interceptions at sea and detention, he’s been desperately searching for a way out, for a future.

    Salah fled Darfur in 2016, after receiving threats from pro-government armed militias, and reached Tripoli after a series of vicissitudes and violence. In late spring 2017, he sailed from nearby Zawiya with 115 other people. They were intercepted, brought back to shore and imprisoned in a detention center, formally headed by the government but in fact controlled by the Al-Nasr militia, linked to the trafficker Al-Bija.

    “They beat us everywhere, for days, raped some women in front of us, and asked everyone to call families to get money sent,” Salah recalls. Months later, after paying some money and escaping, he crossed the Sahara again, up to Agadez. UNHCR had just opened a facility and from there, as rumour had it, you could ask to be resettled to Europe.

    Faced with sealed maritime borders, and after experiencing torture and abuse, that faint hope set in motion almost two thousand people, who, hoping to reach Italy, found themselves on the edges of the Sahara, along what many, by virtue of investments and negotiations, had started to call the ‘new European frontier’.

    Three years later, a little over a thousand people remain of that initial group. Only a few dozen of them had access to resettlement, while many returned to Libya, and to all of its abuses.

    Something similar is also happening in Tunisia, where since 2017, the number of migrants and refugees entering the country has increased. They are fleeing by land and sometimes by sea from Libya, going to crowd UN structures. Then, faced with a lack of real prospects, they return to Libya.

    For Romdhane Ben Amor, spokesman for the Tunisian Federation for Economic and Social Rights, “in Tunisia European partners have financed a non-reception: overcrowded centers in unworthy conditions, which have become recruitment areas for traffickers, because in fact there are two options offered there: go home or try to get back to the sea “.

    In short, even the interventions for the protection of migrants and refugees must be read in a broader context, of a contraction of mobility and human rights. “The refugee management itself has submitted to the goal of containment, which is the true original sin of the Italian and European strategy,” admits a UNHCR official.

    This dogma of containment, at any cost, affects everyone — people who travel, humanitarian actors, civil society, local governments — by distorting priorities, diverting funds, and undermining future relationships and prospects. The same ones that European officials call partnerships and which in the case of Africa, as reiterated in 2020 by President Ursula Von Der Leyen, should be “between equals”.

    Let’s take another example: the Egypt of President Abdel Fetah Al-Sisi. Since 2016, it has been increasingly isolated on the international level, also due to violent internal repression, which Italy knows something about. Among the thousands of people who have been disappeared or killed in recent years, is researcher Giulio Regeni, whose body was thrown on the side of a road north of Cairo in February 2016.

    Around the time of the murder, in which the complicity and cover-ups by the Egyptian security forces were immediately evident, the Italian Ministry of the Interior restarted its dialogue with the country. “It’s absurd, but Italy started to support Egypt in negotiations with the European Union,” explains lawyer Muhammed Al-Kashef, a member of the Egyptian Initiative for Personal Right and now a refugee in Germany.

    By inserting itself on an already existing cooperation project that saw italy, for example, finance the use of fingerprint-recording software used by the Egyptian police, the Italian Ministry of the Interior was able to create a police academy in Cairo, inaugurated in 2018 with European funds, to train the border guards of over 20 African countries. Italy also backed Egyptian requests within the Khartoum Process and, on a different front, sells weapons and conducts joint naval exercises.

    “Rome could have played a role in Egypt, supporting the democratic process after the 2011 revolution, but it preferred to fall into the migration trap, fearing a wave of migration that would never happen,” says Al-Kashef.

    With one result: “they have helped transform Egypt into a country that kills dreams, and often dreamers too, and from which all young people today want to escape”. Much more so than in 2015 or that hopeful 2011.

    Cracks in the wall, and how to widen them

    If you have read this far, following personal stories and routes of people and funds, you will have understood one thing, above all: that the beating heart of this strategy, set up by Italy with the participation of the European Union and vice versa, is the reduction of migrations across the Mediterranean. The wall, in fact.

    Now try to add other European countries to this picture. Since 2015 many have fully adopted — or returned to — this process of ‘externalization’ of migration policies. Spain, where the Canary Islands route reopened in 2019, demonstrating the fragility of the model you read about above; France, with its strategic network in the former colonies, the so-called Françafrique. And then Germany, Belgium, Holland, United Kingdom, Austria.

    Complicated, isn’t it? This great wall’s bricks and builders keep multiplying. Even more strategies, meetings, committees, funds and documents. And often, the same lack of transparency, which makes reconstructing these loans – understanding which cement, sand, and lime mixture was used, i.e. who really benefited from the expense, what equipment was provided, how the results were monitored – a long process, when it’s not impossible.

    The Pact on Migration and Asylum of the European Union, presented in September 2020, seems to confirm this: cooperation with third countries and relaunching repatriations are at its core.

    Even the European Union budget for the seven-year period 2021-2027, approved in December 2020, continues to focus on this expenditure, for example by earmarking for migration projects 10 percent of the new Neighborhood, Development and International Cooperation Instrument, equipped with 70 billion euros, but also diverting a large part of the Immigration and Asylum Fund (8.7 billion) towards support for repatriation, and foreseeing 12.1 billion euros for border control.

    While now, with the new US presidency, some have called into question the future of the wall on the border with Mexico, perhaps the most famous of the anti-migrant barriers in the world, the wall built in the Mediterranean and further south, up to the equator, has seemingly never been so strong.

    But economists, sociologists, human rights defenders, analysts and travelers all demonstrate the problems with this model. “It’s a completely flawed approach, and there are no quick fixes to change it,” says David Kipp, a researcher at the German Institute for International Affairs, a government-funded think-tank.

    For Kipp, however, we must begin to deflate this migration bubble, and go back to addressing migration as a human phenomenon, to be understood and managed. “I dream of the moment when this issue will be normalized, and will become something boring,” he admits timidly.

    To do this, cracks must be opened in the wall and in a model that seems solid but really isn’t, that has undesirable effects, violates human rights, and isolates Europe and Italy.

    Anna Knoll, researcher at the European Center for Development Policy Management, explains for example that European policies have tried to limit movements even within Africa, while the future of the continent is the freedom of movement of goods and people, and “for Europe, it is an excellent time to support this, also given the pressure from other international players, China first of all”.

    For Sabelo Mbokazi, who heads the Labor and Migration department of the Social Affairs Commission of the African Union (AU), there is one issue on which the two continental blocs have divergent positions: legal entry channels. “For the EU, they are something residual, we have a much broader vision,” he explains. And this will be one of the themes of the next EU-AU summit, which was postponed several times in 2020.

    It’s a completely flawed approach, and there are no quick fixes to change it
    David Kipp - researcher at the German Institute for International Affairs

    Indeed, the issue of legal access channels to the Italian and European territory is one of the most important, and so far almost imperceptible, cracks in this Big Wall. In the last five years, Italy has spent just 15 million euros on it, 1.1 percent of the total expenditure dedicated to external dimensions of migration.

    The European Union hasn’t done any better. “Legal migration, which was one of the pillars of the strategy born in Valletta in 2015, has remained a dead letter, but if we limit ourselves to closing the borders, we will not go far”, says Stefano Manservisi, who as a senior official of the EU Commission worked on all the migration dossiers during those years.

    Yet we all know that a trafficker’s worst enemy are passport stamps, visas, and airline tickets.

    https://www.youtube.com/watch?time_continue=1&v=HmR96ySikkY

    Helen Dempster, who’s an economist at the Center for Global Development, spends her days studying how to do this: how to open legal channels of entry, and how to get states to think about it. And there is an effective example: we must not end up like Japan.

    “For decades, Japan has had very restrictive migration policies, it hasn’t allowed anyone in”, explains Dempster, “but in recent years it has realized that, with its aging population, it soon won’t have enough people to do basic jobs, pay taxes, and finance pensions”. And so, in April 2019, the Asian country began accepting work visa applications, hoping to attract 500,000 foreign workers.

    In Europe, however, “the hysteria surrounding migration in 2015 and 2016 stopped all debate“. Slowly, things are starting to move again. On the other hand, several European states, Italy and Germany especially, have one thing in common with Japan: an increasingly aging population.

    “All European labor ministries know that they must act quickly, but there are two preconceptions: that it is difficult to develop adequate projects, and that public opinion is against it.” For Dempster, who helped design an access program to the Belgian IT sector for Moroccan workers, these are false problems. “If we want to look at it from the point of view of the security of the receiving countries, bringing a person with a passport allows us to have a lot more information about who they are, which we do not have if we force them to arrive by sea”, she explains.

    Let’s look at some figures to make it easier: in 2007, Italy made 340,000 entry visas available, half of them seasonal, for non-EU workers, as part of the Flows Decree, Italy’s main legal entry channel adopted annually by the government. Few people cried “invasion” back then. Ten years later, in 2017, those 119,000 people who reached Italy through the Mediterranean seemed a disproportionate number. In the same year, the quotas of the Flow decree were just 30,000.

    Perhaps these numbers aren’t comparable, and building legal entry programs is certainly long, expensive, and apparently impractical, if we think of the economic and social effects of the coronavirus pandemic in which we are immersed. For Dempster, however, “it is important to be ready, to launch pilot programs, to create infrastructures and relationships”. So that we don’t end up like Japan, “which has urgently launched an access program for workers, without really knowing how to manage them”.

    The Spanish case, as already mentioned, shows how a model born twenty years ago, and then adopted along all the borders between Europe and Africa, does not really work.

    As international mobility declined, aided by the pandemic, at least 41,000 people landed in Spain in 2020, almost all of them in the Canary Islands. Numbers that take us back to 2006 and remind us how, after all, this ‘outsourcing’ offers costly and ineffective solutions.

    It’s reminiscent of so-called planned obsolescence, the production model for which a technological object isn’t built to last, inducing the consumer to replace it after a few years. But continually renewing and re-financing these walls can be convenient for multinational security companies, shipyards, political speculators, authoritarian regimes, and international traffickers. Certainly not for citizens, who — from the Italian and European institutions — would expect better products. May they think of what the world will be like in 10, 30, 50 years, and avoid trampling human rights and canceling democratic processes in the name of a goal that — history seems to teach — is short-lived. The ideas are not lacking. [At this link you’ll find the recommendations developed by ActionAid: https://thebigwall.org/en/recommendations/].

    https://thebigwall.org/en
    #Italie #externalisation #complexe_militaro-industriel #migrations #frontières #business #Afrique #budget #Afrique_du_Nord #Libye #chiffres #Niger #Soudan #Ethiopie #Sénégal #root_causes #causes_profondes #contrôles_frontaliers #EU_Trust_Fund_for_Africa #Trust_Fund #propagande #campagne #dissuasion

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    Ajouté à la métaliste sur l’externalisation :
    https://seenthis.net/messages/731749
    Et plus précisément :
    https://seenthis.net/messages/731749#message765328

    ping @isskein @karine4 @rhoumour @_kg_

  • LES ENFANTS DE LA CLARÉE

    #Raphaël_Krafft part à la rencontre de ceux qui accueillent et de ceux qui s’exilent. Un reportage littéraire et humain.

    En novembre 2017, Raphaël Krafft part en reportage dans les Alpes à la frontière franco-italienne. Il accompagne un habitant de la région parti en maraude à la rencontre d’éventuels migrants perdus dans la montagne. Les premières neiges viennent de tomber. Ce soir-là, ils découvrent cachés dans un bosquet quatre #mineurs . Alors qu’ils les emmènent dans un lieu dédié à l’accueil des personnes migrantes, la gendarmerie les arrête avant d’abandonner les adolescents dans la montagne au niveau de la borne frontière. Trois d’entre eux sont guinéens, comme la majorité des jeunes migrants qui passent par ce col.

    Marqué par cette expérience, Raphaël Krafft se lie d’amitié avec les habitants du village de #Névache situé juste en dessous du col et propose aux enfants de l’école communale de partir en Guinée réaliser des reportages et les aider ainsi à comprendre pourquoi tant de jeunes décident de quitter leur foyer. Là-bas, il découvre un pays démuni, marqué par des années de dictature.

    https://editions-marchialy.fr/livre/les-enfants-de-la-claree

    #asile #migrations #réfugiés #Hautes-Alpes #Briançonnais #France #sauvetage #montagne #Alpes #frontières

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    Un reportage de Raphaël Krafft, passé sur France Culture en 2017 :
    Quand les mineurs africains sont abandonnés dans la montagne
    https://www.franceculture.fr/emissions/le-magazine-de-la-redaction/quand-les-mineurs-africains-sont-abandonnes-dans-la-montagne

    Et signalé sur seenthis :
    https://seenthis.net/messages/642301#message645671
    https://seenthis.net/messages/645699

    • Raphaël Krafft part à la rencontre de ceux qui accueillent et de ceux qui s’exilent

      En novembre 2017, Raphaël Krafft part en reportage dans les Alpes à la frontière franco-italienne. Il accompagne un habitant de la région parti en maraude à la rencontre d’éventuels migrants perdus dans la montagne. Les 1ères neiges viennent de tomber. Ce soir-là, ils découvrent ,cachés dans un bosquet, 4 mineurs....

      Disparu durant l’été 2018, Bernard Liger était un personnage respecté du village de Névache, près de la frontière italienne. Ancien officier d’active, installé dans les Hautes Alpes à sa retraite, il avait mis en place ces dernières années un véritable réseau d’aide aux migrants tentant de passer en France par le #Col_de_l’Echelle. Exactement comme les marins sur les océans, les #montagnards ne peuvent en effet pas imaginer ne pas porter #secours à des humains mourant de froid dans leurs montagnes. Guides, pompiers, médecins ou simples citoyens, ceux qui recueillent, réchauffent, nourrissent et tentent d’amener à Briançon les réfugiés désireux de demander asile en France, savent qu’ils s’exposent aux tracasseries des forces de police qui traquent les clandestins et les Français accusés de #délit_de_solidarité.

      En 2017 Raphaël Krafft, grand reporter, dont l’on entend souvent les documentaires sur les ondes de France Culture, se fera lui-même arrêter par la gendarmerie après avoir participé au sauvetage en montagne de quatre mineurs africains, dont trois guinéens. Choqué d’apprendre que les policiers les avaient ramené la nuit même en Italie par le col de l’Echelle, sans prendre en considération leur statut de mineur isolé, Raphaël Krafft va raconter l’histoire et enquêter jusqu’en Guinée pour tenter de comprendre ce qui pousse ces enfants à entreprendre une telle odyssée. Ses reportages sont à écouter en ligne sur le site de France Culture et de France Inter et son livre, Les enfants de La Clarée, vient de paraître aux éditions Marchialy.

      https://www.franceinter.fr/emissions/l-humeur-vagabonde/l-humeur-vagabonde-27-fevrier-2021
      #solidarité #accueil #religion #catholicisme #dissuasion #politique_de_dissuasion

    • Un autre livre de Raphaël Krafft, à la frontière dite « basse » (#Alpes-Maritimes, #Vintimille, #Menton)

      Passeur

      Automne 2015. Raphaël Krafft, journaliste indépendant, est à la frontière franco-italienne des Alpes-Maritimes, entre Menton et Vintimille. Il réalise un reportage sur les exilés bloqués là dans l’attente de passer en France pour demander l’asile ou de continuer vers un autre pays.

      Il rencontre tour à tour des militants, des policiers, des fonctionnaires, une avocate spécialiste des Droits de l’homme pour constater le drame de la situation. Et décide, par un acte de désobéissance civile, d’aider deux Soudanais, « Satellite » et Adeel, à franchir la frontière.

      À pied, Raphaël Krafft, son ami Thomas et les deux réfugiés entreprennent une ascension dans le #parc_du_Mercantour, jusqu’au #col_de_Fenestre, qui culmine à 2 474 mètres, pour atteindre la France.

      http://www.buchetchastel.fr/passeur-raphael-krafft-9782283029572

  • Analysis: Hezbollah rockets put Israel in trap it can’t end, or endure - Business Insider
    https://www.businessinsider.com/analysis-hezbollah-rockets-israel-trap-cant-end-or-endure-2020-7

    “This is why the most serious people in national security know that only negotiations with Iran over time can diminish this threat, in this case the Iranians and Hezbollah have established a level of deterrence that would have been unimaginable to the Israel of the 1970s.”

    #dissuasion #agression #Liban #négociations

  • L’État décide de frapper au porte-monnaie les départements qui résistent au fichage des #enfants

    Tout juste sorti de cette période de confinement, et alors que la crise sanitaire a fortement impacté la situation des mineur⋅es isolé⋅es, le gouvernement reprend l’offensive réglementaire à l’encontre de leurs droits.

    Un #décret daté du 23 juin 2020 vient d’autoriser l’État à réduire sa #contribution_financière aux #départements qui refusent de faire intervenir les #préfectures dans le processus d’évaluation et d’#identification de ces enfants.

    Pour mémoire, ce sont la #loi_Collomb de septembre 2018 et son décret d’application du 30 janvier 2019 qui ont institué un #fichier des mineur⋅es isolé⋅es permettant aux départements d’associer les préfectures à la détermination de leur #minorité, et de faciliter l’éloignement de celles et ceux qui auront fait l’objet d’une décision provisoire de non-admission à l’#aide_sociale_à_l’enfance.

    L’ensemble du secteur de la #protection_de_l’enfance – et en particulier le #Conseil_national_de_la_protection_de_l’enfance –, ainsi que la totalité des organisations qui se sont exprimées sur le sujet, ont dénoncé la confusion entre protection de l’enfance et lutte contre l’immigration irrégulière organisée par ce dispositif. Malgré quelques réserves, le Conseil constitutionnel et le Conseil d’État l’ont malheureusement validé.

    Un an après son entrée en vigueur, environ un tiers des départements, pour des motifs divers et variés, continue à refuser d’appliquer ce dispositif.

    Aussi, à défaut de pouvoir contraindre l’ensemble des départements à conclure avec les préfectures une convention permettant de vérifier si ces enfants figurent déjà dans deux #fichiers destinés au contrôle migratoire (#Visabio et #AGDREF) et de les inscrire dans un troisième, dénommé « #appui_à_l’évaluation_de_la_minorité » (#AEM), le gouvernement a décidé de les frapper au porte-monnaie.

    Ainsi, il recourt à présent au #chantage_financier pour contraindre les derniers départements réfractaires à ce mélange des genres. Ce faisant, il fait montre de son acharnement pour imposer sa logique du #soupçon et du #contrôle à la question de l’#accueil et de la protection des mineur⋅es isolé⋅es.

    Nos organisations demandent l’abrogation de ce décret, la mise en œuvre du premier accueil, l’accompagnement socio-éducatif des jeunes isolé⋅es, sans discrimination et dans le strict cadre de la protection de l’enfance.

    https://www.gisti.org/spip.php?article6438

    #France #fichage #migrations #asile #réfugiés #MNA #mineurs_non_accompagnés #enfance #renvois #expulsions #dissuasion #âge #catégorisation #tri #résistance

    ping @karine4 @isskein @etraces

  • Migrants : les échecs d’un #programme_de_retour_volontaire financé par l’#UE

    Alors qu’il embarque sur un vol de la Libye vers le Nigeria à la fin 2018, James a déjà survécu à un naufrage en Méditerranée, traversé une demi-douzaine d’États africains, été la cible de coups de feu et passé deux ans à être maltraité et torturé dans les centres de détention libyens connus pour la brutalité qui y règne.

    En 2020, de retour dans sa ville de Benin City (Etat d’Edo au Nigéria), James se retrouve expulsé de sa maison après n’avoir pas pu payer son loyer. Il dort désormais à même le sol de son salon de coiffure.

    Sa famille et ses amis l’ont tous rejeté parce qu’il n’a pas réussi à rejoindre l’Europe.

    « Le fait que tu sois de retour n’est source de bonheur pour personne ici. Personne ne semble se soucier de toi [...]. Tu es revenu les #mains_vides », raconte-t-il à Euronews.

    James est l’un des quelque 81 000 migrants africains qui sont rentrés dans leur pays d’origine avec l’aide de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) des Nations unies et le #soutien_financier de l’Union européenne, dans le cadre d’une initiative conjointe de 357 millions d’euros (https://migrationjointinitiative.org). Outre une place sur un vol au départ de la Libye ou de plusieurs autres pays de transit, les migrants se voient promettre de l’argent, un #soutien et des #conseils pour leur permettre de se réintégrer dans leur pays d’origine une fois rentrés chez eux.

    Mais une enquête d’Euronews menée dans sept pays africains a révélé des lacunes importantes dans ce programme, considéré comme la réponse phare de l’UE pour empêcher les migrants d’essayer de se rendre en Europe.

    Des dizaines de migrants ayant participé au programme ont déclaré à Euronews qu’une fois rentrés chez eux, ils ne recevaient aucune aide. Et ceux qui ont reçu une aide financière, comme James, ont déclaré qu’elle était insuffisante.

    Nombreux sont ceux qui envisagent de tenter à nouveau de se rendre en Europe dès que l’occasion se présente.

    « Je ne me sens pas à ma place ici », confie James. « Si l’occasion se présente, je quitte le pays ».

    Sur les 81 000 migrants qui ont été rapatriés depuis 2017, près de 33 000 ont été renvoyés de Libye par avion. Parmi eux, beaucoup ont été victimes de détention, d’abus et de violences de la part de passeurs, de milices et de bandes criminelles. Les conditions sont si mauvaises dans le pays d’Afrique du Nord que le programme est appelé « retour humanitaire volontaire » (VHR), plutôt que programme de « retour volontaire assisté » (AVR) comme ailleurs en Afrique.

    Après trois ans passés en Libye, Mohi, 24 ans, a accepté l’offre d’un vol de retour en 2019. Mais, une fois de retour dans son pays, son programme de réintégration ne s’est jamais concrétisé. « Rien ne nous a été fourni ; ils continuent à nous dire ’demain’ », raconte-t-il à Euronews depuis le nord du Darfour, au Soudan.

    Mohi n’est pas seul. Les propres statistiques de l’OIM sur les rapatriés au Soudan révèlent que seuls 766 personnes sur plus de 2 600 ont reçu un soutien économique. L’OIM attribue cette situation à des taux d’inflation élevés et à une pénurie de biens et d’argent sur place.

    Mais M. Kwaku Arhin-Sam, spécialiste des projets de développement et directeur de l’Institut d’évaluation Friedensau, estime de manière plus générale que la moitié des programmes de réintégration de l’OIM échouent.

    « La plupart des gens sont perdus au bout de quelques jours », explique-t-il.
    Deux tiers des migrants ne terminent pas les programmes de réintégration

    L’OIM elle-même revoit cette estimation à la baisse : l’agence des Nations unies a déclaré à Euronews que jusqu’à présent, seul un tiers des migrants qui ont commencé à bénéficier d’une aide à la réintégration sont allés au bout du processus. Un porte-parole a déclaré que l’initiative conjointe OIM/EU étant un processus volontaire, « les migrants peuvent décider de se désister à tout moment, ou de ne pas s’engager du tout ».

    Un porte-parole de l’OIM ajoute que la réintégration des migrants une fois qu’ils sont rentrés chez eux va bien au-delà du mandat de l’organisation, et « nécessite un leadership fort de la part des autorités nationales », ainsi que « des contributions actives à tous les niveaux de la société ».

    Entre mai 2017 et février 2019, l’OIM a aidé plus de 12 000 personnes à rentrer au Nigeria. Parmi elles, 9 000 étaient « joignables » lorsqu’elles sont rentrées chez elles, 5 000 ont reçu une formation professionnelle et 4 300 ont bénéficié d’une « aide à la réintégration ». Si l’on inclut l’accès aux services de conseil ou de santé, selon l’OIM Nigéria, un total de 7 000 sur 12 000 rapatriés – soit 58 % – ont reçu une aide à la réintégration.

    Mais le nombre de personnes classées comme ayant terminé le programme d’aide à la réintégration n’était que de 1 289. De plus, les recherches de Jill Alpes, experte en migration et chercheuse associée au Centre de recherche sur les frontières de Nimègue, ont révélé que des enquêtes visant à vérifier l’efficacité de ces programmes n’ont été menées qu’auprès de 136 rapatriés.

    Parallèlement, une étude de Harvard sur les Nigérians de retour de Libye (https://cdn1.sph.harvard.edu/wp-content/uploads/sites/2464/2019/11/Harvard-FXB-Center-Returning-Home-FINAL.pdf) estime que 61,3 % des personnes interrogées ne travaillaient pas après leur retour, et que quelque 16,8 % supplémentaires ne travaillaient que pendant une courte période, pas assez longue pour générer une source de revenus stable. À leur retour, la grande majorité des rapatriés, 98,3 %, ne suivaient aucune forme d’enseignement régulier.

    La commissaire européenne aux affaires intérieures, Ylva Johansson, a admis à Euronews que « c’est un domaine dans lequel nous avons besoin d’améliorations ». Mme Johansson a déclaré qu’il était trop tôt pour dire quelles pourraient être ces améliorations, mais a maintenu que l’UE avait de bonnes relations avec l’OIM.

    Sandrine, Rachel et Berline, originaires du Cameroun, ont elles accepté de prendre un vol de l’OIM de Misrata, en Libye, à Yaoundé, la capitale camerounaise, en septembre 2018.

    En Libye, elles disent avoir subi des violences, des abus sexuels et avoir déjà risqué leur vie en tentant de traverser la Méditerranée. À cette occasion, elles ont été interceptées par les garde-côtes libyens et renvoyées en Libye.

    Une fois rentrées au Cameroun, Berline et Rachel disent n’avoir reçu ni argent ni soutien de l’OIM. Sandrine a reçu environ 900 000 fcfa (1 373,20 euros) pour payer l’éducation de ses enfants et lancer une petite entreprise – mais cela n’a pas duré longtemps.

    « Je vendais du poulet au bord de la route à Yaoundé, mais le projet ne s’est pas bien déroulé et je l’ai abandonné », confie-t-elle.

    Elle se souvient aussi d’avoir accouché dans un centre de détention de Tripoli avec des fusillades comme fond sonore.

    Toutes les trois ont affirmé qu’au moment de leur départ pour le Cameroun, elles n’avaient aucune idée de l’endroit où elles allaient dormir une fois arrivées et qu’elles n’avaient même pas d’argent pour appeler leur famille afin de les informer de leur retour.

    « Nous avons quitté le pays, et quand nous y sommes revenues, nous avons trouvé la même situation, parfois même pire. C’est pourquoi les gens décident de repartir », explique Berline.

    En novembre 2019, moins de la moitié des 3 514 migrants camerounais qui ont reçu une forme ou une autre de soutien de la part de l’OIM étaient considérés comme « véritablement intégrés » (https://reliefweb.int/sites/reliefweb.int/files/resources/ENG_Press%20release%20COPIL_EUTF%20UE_IOM_Cameroon.pdf).

    Seydou, un rapatrié malien, a reçu de l’argent de l’OIM pour payer son loyer pendant trois mois et les factures médicales de sa femme malade. Il a également reçu une formation commerciale et un moto-taxi.

    Mais au Mali, il gagne environ 15 euros par jour, alors qu’en Algérie, où il travaillait illégalement, il avait été capable de renvoyer chez lui plus de 1 300 euros au total, ce qui a permis de financer la construction d’une maison pour son frère dans leur village.

    Il tente actuellement d’obtenir un visa qui lui permettrait de rejoindre un autre de ses frères en France.

    Seydou est cependant l’un des rares Maliens chanceux. Les recherches de Jill Alpes, publiées par Brot für die Welt et Medico (l’agence humanitaire des Églises protestantes en Allemagne), ont révélé que seuls 10 % des migrants retournés au Mali jusqu’en janvier 2019 avaient reçu un soutien quelconque de l’OIM.

    L’OIM, quant à elle, affirme que 14 879 Maliens ont entamé le processus de réintégration – mais ce chiffre ne révèle pas combien de personnes l’ont achevé.
    Les stigmates du retour

    Dans certains cas, l’argent que les migrants reçoivent est utilisé pour financer une nouvelle tentative pour rejoindre l’Europe.

    Dans un des cas, une douzaine de personnes qui avaient atteint l’Europe et avaient été renvoyées chez elles ont été découvertes parmi les survivants du naufrage d’un bateau en 2019 (https://www.infomigrants.net/en/post/21407/mauritanian-coast-guard-intercepts-boat-carrying-around-190-migrants-i se dirigeait vers les îles Canaries. « Ils étaient revenus et ils avaient décidé de reprendre la route », a déclaré Laura Lungarotti, chef de la mission de l’OIM en Mauritanie.

    Safa Msehli, porte-parole de l’OIM, a déclaré à Euronews que l’organisation ne pouvait pas empêcher des personnes de tenter de repartir vers l’Europe une fois revenues.

    « C’est aux gens de décider s’ils veulent ou non émigrer et dans aucun de ses différents programmes, l’OIM ne prévoit pas d’empêcher les gens de repartir », a-t-elle expliqué.

    Qu’est-ce que l’OIM ?

    A partir de 2016, l’OIM s’est redéfinie comme agence des Nations unies pour les migrations, et en parallèle son budget a augmenté rapidement (https://governingbodies.iom.int/system/files/en/council/110/C-110-10%20-%20Director%20General%27s%20report%20to%20the%20110). Il est passé de 242,2 millions de dollars US (213 millions d’euros) en 1998 à plus de 2 milliards de dollars US (1,7 milliard d’euros) à l’automne 2019, soit une multiplication par huit. Bien qu’elle ne fasse pas partie des Nations unies, l’OIM est désormais une « organisation apparentée », avec un statut similaire à celui d’un prestataire privé.

    L’UE et ses États membres sont collectivement les principaux contributeurs au budget de l’OIM (https://governingbodies.iom.int/system/files/en/council/110/Statements/EU%20coordinated%20statement%20-%20Point%2013%20-%20final%20IOM), leurs dons représentant près de la moitié de son financement opérationnel.

    De son côté, l’OIM tient à mettre en évidence sur son site web les cas où son programme de retour volontaire a été couronné de succès, notamment celui de Khadeejah Shaeban, une rapatriée soudanaise revenue de Libye qui a pu monter un atelier de couture.

    –-
    Comment fonctionne le processus d’aide à la réintégration ?
    Les migrants embarquent dans un avion de l’OIM sur la base du volontariat et retournent dans leur pays ;
    Ils ont droit à des conseils avant et après le voyage ;
    Chaque « rapatrié » peut bénéficier de l’aide de bureaux locaux, en partenariat avec des ONG locales ;
    L’assistance à l’accueil après l’arrivée peut comprendre l’accueil à l’aéroport, l’hébergement pour la nuit, une allocation en espèces pour les besoins immédiats, une première assistance médicale, une aide pour le voyage suivant, une assistance matérielle ;
    Une fois arrivés, les migrants sont enregistrés et vont dans un centre d’hébergement temporaire où ils restent jusqu’à ce qu’ils puissent participer à des séances de conseil avec le personnel de l’OIM. Des entretiens individuels doivent aider les migrants à identifier leurs besoins. Les migrants en situation vulnérable reçoivent des conseils supplémentaires, adaptés à leur situation spécifique ;
    Cette assistance est généralement non monétaire et consiste en des cours de création d’entreprise, des formations professionnelles (de quelques jours à six mois/un an), des salons de l’emploi, des groupes de discussion ou des séances de conseil ; l’aide à la création de micro-entreprises. Toutefois, pour certains cas vulnérables, une assistance en espèces est fournie pour faire face aux dépenses quotidiennes et aux besoins médicaux ;
    Chaque module comprend des activités de suivi et d’évaluation afin de déterminer l’efficacité des programmes de réintégration.

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    Des migrants d’#Afghanistan et du #Yémen ont été renvoyés dans ces pays dans le cadre de ce programme, ainsi que vers la Somalie, l’Érythrée et le Sud-Soudan, malgré le fait que les pays de l’UE découragent tout voyage dans ces régions.

    En vertu du droit international relatif aux Droits de l’homme, le principe de « #non-refoulement » garantit que nul ne doit être renvoyé dans un pays où il risque d’être torturé, d’être soumis à des traitements cruels, inhumains ou dégradants ou de subir d’autres préjudices irréparables. Ce principe s’applique à tous les migrants, à tout moment et quel que soit leur statut migratoire.

    L’OIM fait valoir que des procédures sont en place pour informer les migrants pendant toutes les phases précédant leur départ, y compris pour ceux qui sont vulnérables, en leur expliquant le soutien que l’organisation peut leur apporter une fois arrivés au pays.

    Mais même lorsque les migrants atterrissent dans des pays qui ne sont pas en proie à des conflits de longue durée, comme le Nigeria, certains risquent d’être confrontés à des dangers et des menaces bien réelles.

    Les principes directeurs du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) sur la protection internationale considèrent que les femmes ou les mineurs victimes de trafic ont le droit de demander le statut de réfugié. Ces populations vulnérables risquent d’être persécutées à leur retour, y compris au Nigeria, voire même d’être à nouveau victime de traite.
    Forcer la main ?

    Le caractère volontaire contestable des opérations de retour s’étend également au Niger voisin, pays qui compte le plus grand nombre de migrants assistés par l’OIM et qui est présenté comme la nouvelle frontière méridionale de l’Europe.

    En 2015, le Niger s’est montré disposé à lutter contre la migration en échange d’un dédommagement de l’UE, mais des centaines de milliers de migrants continuent de suivre les routes à travers le désert en direction du nord pendant que le business du trafic d’êtres humains est florissant.

    Selon le Conseil européen sur les réfugiés et les exilés, une moyenne de 500 personnes sont expulsées d’Algérie vers le Niger chaque semaine, au mépris du droit international.

    La police algérienne détient, identifie et achemine les migrants vers ce qu’ils appellent le « #point zéro », situé à 15 km de la frontière avec le Niger. De là, les hommes, femmes et enfants sont contraints de marcher dans le désert pendant environ 25 km pour atteindre le campement le plus proche.

    « Ils arrivent à un campement frontalier géré par l’OIM (Assamaka) dans des conditions épouvantables, notamment des femmes enceintes souffrant d’hémorragies et en état de choc complet », a constaté Felipe González Morales, le rapporteur spécial des Nations unies, après sa visite en octobre 2018 (https://www.ohchr.org/EN/NewsEvents/Pages/DisplayNews.aspx?NewsID=23698%26LangID).

    Jill Alpes, au Centre de recherche sur les frontières de Nimègue, estime que ces expulsions sont la raison principale pour laquelle les migrants acceptent d’être renvoyés du Niger. Souvent repérés lors d’opérations de recherche et de sauvetage de l’OIM dans le désert, ces migrants n’ont guère d’autre choix que d’accepter l’aide de l’organisation et l’offre de rapatriement qui s’ensuit.

    Dans ses travaux de recherche, Mme Alpes écrit que « seuls les migrants qui acceptent de rentrer au pays peuvent devenir bénéficiaire du travail humanitaire de l’OIM. Bien que des exceptions existent, l’OIM offre en principe le transport d’Assamakka à Arlit uniquement aux personnes expulsées qui acceptent de retourner dans leur pays d’origine ».

    Les opérations de l’IOM au Niger

    M. Morales, le rapporteur spécial des Nations unies, semble être d’accord (https://www.ohchr.org/EN/NewsEvents/Pages/DisplayNews.aspx?NewsID=23698%26LangID). Il a constaté que « de nombreux migrants qui ont souscrit à l’aide au retour volontaire sont victimes de multiples violations des droits de l’Homme et ont besoin d’une protection fondée sur le droit international », et qu’ils ne devraient donc pas être renvoyés dans leur pays. « Cependant, très peu d’entre eux sont orientés vers une procédure de détermination du statut de réfugié ou d’asile, et les autres cas sont traités en vue de leur retour ».

    « Le fait que le Fonds fiduciaire de l’Union européenne apporte un soutien financier à l’OIM en grande partie pour sensibiliser les migrants et les renvoyer dans leur pays d’origine, même lorsque le caractère volontaire est souvent douteux, compromet son approche de la coopération au développement fondée sur les droits », indique le rapporteur spécial des Nations unies.
    Des contrôles insuffisants

    Loren Landau, professeur spécialiste des migrations et du développement au Département du développement international d’Oxford, affirme que le travail de l’OIM souffre en plus d’un manque de supervision indépendante.

    « Il y a très peu de recherches indépendantes et beaucoup de rapports. Mais ce sont tous des rapports écrits par l’OIM. Ils commandent eux-même leur propre évaluation , et ce, depuis des années », détaille le professeur.

    Dans le même temps, le Dr. Arhin-Sam, spécialiste lui de l’évaluation des programmes de développement, remet en question la responsabilité et la redevabilité de l’ensemble de la structure, arguant que les institutions et agences locales dépendent financièrement de l’OIM.

    « Cela a créé un haut niveau de dépendance pour les agences nationales qui doivent évaluer le travail des agences internationales comme l’OIM : elles ne peuvent pas être critiques envers l’OIM. Alors que font-elles ? Elles continuent à dire dans leurs rapports que l’OIM fonctionne bien. De cette façon, l’OIM peut ensuite se tourner vers l’UE et dire que tout va bien ».

    Selon M. Arhin-Sam, les ONG locales et les agences qui aident les rapatriés « sont dans une compétition très dangereuse entre elles » pour obtenir le plus de travail possible des agences des Nations unies et entrer dans leurs bonnes grâces.

    « Si l’OIM travaille avec une ONG locale, celle-ci ne peut plus travailler avec le HCR. Elle se considère alors chanceuse d’être financée par l’OIM et ne peuvent donc pas la critiquer », affirme-t-il.

    Par ailleurs, l’UE participe en tant qu’observateur aux organes de décision du HCR et de l’OIM, sans droit de vote, et tous les États membres de l’UE sont également membres de l’OIM.

    « Le principal bailleur de fonds de l’OIM est l’UE, et ils doivent se soumettre aux exigences de leur client. Cela rend le partenariat très suspect », souligne M. Arhin-Sam. « [Lorsque les fonctionnaires européens] viennent évaluer les projets, ils vérifient si tout ce qui est écrit dans le contrat a été fourni. Mais que cela corresponde à la volonté des gens et aux complexités de la réalité sur le terrain, c’est une autre histoire ».
    Une relation abusive

    « Les États africains ne sont pas nécessairement eux-mêmes favorables aux migrants », estime le professeur Landau. « L’UE a convaincu ces États avec des accords bilatéraux. S’ils s’opposent à l’UE, ils perdront l’aide internationale dont ils bénéficient aujourd’hui. Malgré le langage du partenariat, il est évident que la relation entre l’UE et les États africains ressemble à une relation abusive, dans laquelle un partenaire est dépendant de l’autre ».

    Les chercheurs soulignent que si les retours de Libye offrent une voie de sortie essentielle pour les migrants en situation d’extrême danger, la question de savoir pourquoi les gens sont allés en Libye en premier lieu n’est jamais abordée.

    Une étude réalisée par l’activiste humanitaire libyenne Amera Markous (https://www.cerahgeneve.ch/files/6115/7235/2489/Amera_Markous_-_MAS_Dissertation_2019.pdf) affirme que les migrants et les réfugiés sont dans l’impossibilité d’évaluer en connaissance de cause s’ils doivent retourner dans leur pays quand ils se trouvent dans une situation de détresse, comme par exemple dans un centre de détention libyen.

    « Comment faites-vous en sorte qu’ils partent parce qu’ils le veulent, ou simplement parce qu’ils sont désespérés et que l’OIM leur offre cette seule alternative ? » souligne la chercheuse.

    En plus des abus, le stress et le manque de soins médicaux peuvent influencer la décision des migrants de rentrer chez eux. Jean-Pierre Gauci, chercheur principal à l’Institut britannique de droit international et comparé, estime, lui, que ceux qui gèrent les centres de détention peuvent faire pression sur un migrant emprisonné pour qu’il s’inscrive au programme.

    « Il existe une situation de pouvoir, perçu ou réel, qui peut entraver le consentement effectif et véritablement libre », explique-t-il.

    En réponse, l’OIM affirme que le programme Retour Humanitaire Volontaire est bien volontaire, que les migrants peuvent changer d’avis avant d’embarquer et décider de rester sur place.

    « Il n’est pas rare que des migrants qui soient prêts à voyager, avec des billets d’avion et des documents de voyage, changent d’avis et restent en Libye », déclare un porte-parole de l’OIM.

    Mais M. Landau affirme que l’initiative UE-OIM n’a pas été conçue dans le but d’améliorer la vie des migrants.

    « L’objectif n’est pas de rendre les migrants heureux ou de les réintégrer réellement, mais de s’en débarrasser d’une manière qui soit acceptable pour les Européens », affirme le chercheur.

    « Si par ’fonctionner’, nous entendons se débarrasser de ces personnes, alors le projet fonctionne pour l’UE. C’est une bonne affaire. Il ne vise pas à résoudre les causes profondes des migrations, mais crée une excuse pour ce genre d’expulsions ».

    https://fr.euronews.com/2020/06/22/migrants-les-echecs-d-un-programme-de-retour-volontaire-finance-par-l-u
    #retour_volontaire #échec #campagne #dissuasion #migrations #asile #réfugiés #IOM #renvois #expulsions #efficacité #réintégration #EU #Union_européenne #Niger #Libye #retour_humanitaire_volontaire (#VHR) #retour_volontaire_assisté (#AVR) #statistiques #chiffres #aide_à_la_réintégration #Nigeria #réfugiés_nigérians #travail #Cameroun #migrerrance #stigmates #stigmatisation #Assamaka #choix #rapatriement #Fonds_fiduciaire_de_l'Union européenne #fonds_fiduciaire #coopération_au_développement #aide_au_développement #HCR #partenariat #pouvoir

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    Ajouté à la métaliste migrations & développement (et plus précisément en lien avec la #conditionnalité_de_l'aide) :
    https://seenthis.net/messages/733358#message768702

    ping @rhoumour @karine4 @isskein @_kg_

  • Cyprus to launch #SMS campaign to stem migrant arrivals

    Cyprus is launching a multilingual SMS campaign to head off more migrant arrivals by dispelling the mistaken belief the European Union member country is a gateway to the continent, the Cypriot interior minister said Sunday.

    Nicos Nouris told the Associated Press the text-message blitz aims to counter “disinformation” propagated by people traffickers that securing asylum status in Cyprus will grant would-be migrants a “passport” to other EU countries.

    Nouris said arriving migrants are effectively “trapped” in Cyprus because the island nation isn’t part of the Schengen area — those 26 European nations that have abolished their borders and permit unrestricted travel between them.

    The minister said Cyprus, with a population of roughly 880,000, has “by a wide margin” the largest number of migrants relative to its population in the 27-member bloc.

    He said 3.8% of those living on Cyprus are asylum seekers, while that number is under 1% in other front-line EU states, like Greece, Italy, Spain and Malta.

    It’s estimated that 25-30% of all migrants currently in Cyprus are refugees fleeing conflict.

    According Asylum Service Statistics, Syrians filled the most asylum applications last year, followed by people from Georgia, India, Bangladesh, Pakistan, Cameroon, Vietnam, Egypt, Nigeria and Sri Lanka.

    Nouris had previously said that most migrants arrive to ethnically divided Cyprus’ breakaway north and cross a United Nations-controlled buffer zone to seek asylum in the internationally recognized south.

    Meanwhile, Nouris said around 700 migrants will remain confined to a reception center on the outskirts of the capital Nicosia until a small scabies infestation there is completely eliminated.

    The minister said he expects confinement measures to be lifted “soon” after all those with scabies have been treated.

    The migrants were confined to the center since late March when the government enacted a strict, stay-at-home order to prevent the spread of the coronavirus. Those restrictions were lifted May 23, but the migrants weren’t allowed to leave the center.

    https://www.ekathimerini.com/253269/article/ekathimerini/news/cyprus-to-launch-sms-campaign-to-stem-migrant-arrivals

    #campagne #dissuasion #asile #migrations #réfugiés #Chypre

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    Ajouté à la #métaliste de #campagnes de #dissuasion à l’#émigration :
    https://seenthis.net/messages/763551

  • Lesbos en quarantaine, la situation des réfugiés

    Dans le camp de Mória sur l’île de Lesbos, des travailleurs humanitaires apportent leur soutien à des dizaines de milliers de migrants malgré le confinement et les conditions sanitaires catastrophiques. « ARTE Regards » lève le voile sur la situation désespérée dans ce site surpeuplé, considéré comme l’un des plus dangereux d’Europe.

    Leurs histoires ne font pas la une mais elles émeuvent, surprennent et donnent à réfléchir. En prise avec un thème d’actualité, les reportages choisis par ARTE Regards vont à la rencontre de citoyens européens et proposent une plongée inédite dans leurs réalités quotidiennes.

    https://www.arte.tv/fr/videos/090637-059-A/arte-regards-lesbos-en-quarantaine-la-situation-des-refugies
    #Moria #Lesbos #asile #migrations #réfugiés #distanciation_sociale #camps_de_réfugiés #coronavirus #covid-19 #Team_Humanity #humanitaire #solidarité #Grèce #délit_de_solidarité #dissuasion
    #film #vidéo #documentaire #campement #bagarres #agressions #queue #déchets #liberté_de_mouvement #hygiène #eau #accès_à_l'eau #eaux_usées #sécurité #insécurité #toilettes #résistance #relocalisation #
    ping @luciebacon

  • En #France, l’État appelé à « moderniser » sa #politique_migratoire

    #Travail, #asile, #expulsions... La #Cour_des_comptes préconise, dans un rapport publié ce mardi 5 mai, une « #modernisation » de la politique migratoire française, réhabilitant au passage les #quotas.

    Les expulsions ? « Peu efficaces. » L’enregistrement de la demande d’asile ? Trop lente. L’immigration de travail ? Doit s’inspirer du modèle canadien. Le rapport de la Cour des comptes utilise trente fois le mot « modernisation » pour revoir la politique migratoire française.

    Dans ce document intitulé « L’entrée, le séjour et le premier accueil des personnes étrangères » (https://www.ccomptes.fr/fr/publications/lentree-le-sejour-et-le-premier-accueil-des-personnes-etrangeres), la Cour dresse l’état des lieux d’une politique dont le triptyque, maîtrise de l’immigration, garantie du droit d’asile et intégration, nécessite « des objectifs plus tangibles, plus précis et plus réalistes ».

    À commencer par ceux impartis aux délais d’#enregistrement des #demandes_d'asile. « Depuis plusieurs années, les cibles de délais assignées par l’État sont plus strictes que les obligations légales, car elles sont en partie conçues comme des signaux supposés décourager les #demandes_infondées », relève l’autorité administrative indépendante, pointant en particulier les procédures dites « accélérées », qui doivent être traitées en 15 jours mais dont les délais réels constatés sont de 121 jours.

    Allonger la durée de certains titres de séjour

    Parmi ses 14 recommandations pour la France, qui « accueille sensiblement moins de personnes étrangères que les autres grands pays occidentaux par la voie de l’immigration régulière », la juridiction financière suggère également de « simplifier le régime du séjour en allongeant la durée de certains titres, en automatisant le renouvellement de ceux qui s’y prêtent et en allégeant les formalités procédurales ».

    En 2018, selon le rapport, plus des trois quarts des premiers titres avaient une validité d’un an, sans que ce ne soit « le gage d’une plus grande sélectivité », avec des refus de renouvellement de 1% seulement.

    Modèle canadien pour l’immigration professionnelle

    La filière d’immigration professionnelle, elle, « pourrait être modernisée et diversifiée en s’inspirant du modèle canadien, fondé sur des cibles quantitatives pluriannuelles » et « un système de sélection individuel ». La Cour reprend à son compte la notion controversée de quotas pour la migration de travail, qui s’était effondrée en France entre 2011 et 2017, avant de se redresser.

    Elle rappelle que la liste des « métiers en tension », censée déterminer les professions pour lesquelles l’immigration professionnelle est ouverte, est « aujourd’hui dépassée ». Une obsolescence qui fait consensus jusqu’au gouvernement, qui a prévu de la réviser.

    Scepticisme au ministère de l’Intérieur

    Dans une réponse à la Cour des comptes, le ministère de l’Intérieur s’est montré sceptique, évoquant une hypothèse « avant tout adaptée à un pays ayant d’importants besoins de main-d’œuvre sans possibilité de mobiliser des actifs déjà installés » sur le territoire. « Cette situation n’est pas celle de la France [...] qui doit parallèlement assurer l’insertion dans l’emploi de personnes résidant en France, qu’elles soient Françaises ou étrangères. »

    Par ailleurs, l’autorité administrative a jugé « peu efficace » la politique d’éloignement du gouvernement, lui suggérant de « mettre en place les moyens nécessaires à l’augmentation du nombre de départs aidés ». Sur ce point, la Place Beauvau n’a pas repris la Cour.

    http://www.rfi.fr/fr/france/20200505-%C3%A9tat-appel%C3%A9-moderniser-politique-migratoire-cour-comptes-rapp
    #procédure_accélérée #découragement #dissuasion #droit_d'asile #migrations #réfugiés #titres_de_séjour #renouvellement #étrangers #modèle_canadien #travailleurs_étrangers #immigration_professionnelle #sélection_individuelle #métiers_en_tension #renvois #départs_aidés #sans-papiers #efficacité

    Renvois peu efficaces ? La solution envisagée par la cour des comptes, des "renvois aidés" (au lieu de papiers !) :

    l’autorité administrative a jugé « peu efficace » la politique d’éloignement du gouvernement, lui suggérant de « mettre en place les moyens nécessaires à l’augmentation du nombre de départs aidés ».

    Lien pour télécharger le #rapport :


    https://www.ccomptes.fr/system/files/2020-05/20200505-rapport-entree-sejour-premier-accueil-personnes-etrangeres.pdf

    ping @karine4 @isskein

  • La #Slovénie érige de nouvelles barrières à sa frontière avec la #Croatie


    https://www.infomigrants.net/fr/post/24082/la-slovenie-erige-de-nouvelles-barrieres-a-sa-frontiere-avec-la-croati

    La Slovénie a décidé de renforcer sa frontière avec la Croatie afin d’éviter des franchissements illégaux par des migrants, a annoncé mardi le ministère de l’Intérieur. En cinq ans, près de 200 kilomètres de clôtures ont déjà été construits dans cette zone.

    La Slovénie a déclaré, mardi 14 avril, qu’elle allait ajouter 40 kilomètres de nouvelles barrières à sa frontière avec la Croatie afin d’empêcher des migrants de la franchir clandestinement, rapporte l’agence de presse Reuters. Depuis 2015, le pays a fait construire progressivement quelque 196 kilomètres de clôtures sur les 670 kilomètres de frontière commune entre la Slovénie et la Croatie.

    Le ministère n’a pas précisé où les nouvelles barrières seront installées, mais a indiqué que leur construction serait effective dans le courant de l’année. Une annonce similaire portant également sur 40 kilomètres de nouvelles barrières avait été faite en juillet dernier pour l’année 2019.

    Bien que la Croatie et la Slovénie soient membres de l’Union européenne, la première n’appartient pas à l’espace Schengen de libre circulation. Les autorités slovènes ont donc expliqué l’an dernier qu’elles comptaient installer de nouvelles clôtures « dans les zones où il est urgent d’empêcher le franchissement illégal des frontières et de protéger les citoyens et leurs biens ».

    Explosion du nombre de tentatives de franchissement de la frontière

    Sur les deux premiers mois de l’année 2020, la police slovène a dénombré 1 165 tentatives de passage clandestin, soit près de 80% de plus qu’à la même période l’an dernier. Elle avait notamment annoncé, le mois dernier, avoir découvert une trentaine de migrants cachés dans un train de marchandises (https://www.infomigrants.net/fr/post/23225/slovenie-la-police-decouvre-trente-migrants-caches-sous-de-l-argile-da).

    Revenu fin février dans le fauteuil de Premier ministre, Janez Jansa avait promis lors de sa campagne de durcir sa politique en matière d’asile, d’ajouter de nouvelles barrières frontalières et de renforcer les contrôles aux frontières de ce petit pays de deux millions d’habitants situé sur le route migratoire des Balkans (https://www.infomigrants.net/fr/post/23045/slovenie-le-conservateur-janez-jansa-revient-au-pouvoir-en-durcissant-).

    Durant le pic de la crise migratoire en 2015 et 2016, un demi million de migrants clandestins avait traversé la Slovénie en six mois afin d’atteindre les pays d’Europe occidentale plus riches, comme la France, l’Allemagne ou le Royaume-Uni.

    #barrières_frontalières #asile #migrations #réfugiés #murs #route_des_balkans #frontière_sud-alpine #frontières #clôture

    • C’était 2019...
      En Slovénie, une clôture « de la honte » à la frontière croate (1/3)

      Depuis 2015, le gouvernement slovène érige le long de sa frontière sud une clôture de #barbelés pour tenter d’endiguer le flux de migrants en provenance de la Croatie voisine. Les villages slovènes traversés par les fils barbelés supportent mal l’installation de ce grillage qui, selon eux, abîme le #paysage et n’empêche pas la traversée des migrants.

      « Qui aime se réveiller le matin avec des #fils_barbelés devant sa fenêtre ? » Rudy ne décolère pas. Cet habitant de #Slavski_Laz, un village perdu dans les #montagnes slovènes, frontalier avec la Croatie, ne s’explique toujours pas pourquoi le gouvernement a construit, ici, au bord de la #rivière_Kolpa, une clôture de barbelés.

      « Ils disent que ce grillage est fait pour nous protéger… Mais nous protéger de quoi ? Je n’ai #peur de rien… », continue ce retraité qui vit depuis des années dans la région encore largement sauvage. L’argument de « l’#invasion_migratoire » brandi par le gouvernement pour justifier la construction de ce mur de métal ne le convainc pas.

      « Les migrants ici, ils passent, c’est tout », explique-t-il. « Ils transitent par la Slovénie et puis s’en vont vers d’autres pays, vers le nord de l’Europe généralement ».

      Les amis de Rudy acquiescent, tous attablés dans le seul café encore ouvert à 19h de #Kostel, un village de moins de 650 habitants non loin d’une des rares routes menant à la Croatie. Selon eux, la clôture est inutile, elle abîme le paysage, et son rôle de #dissuasion est largement surestimé. « Ils disent que les barbelés vont empêcher le passage de migrants… Mais tout le monde passe quand même ! », sourit Marco, un ami de Rudy, habitant dans le village voisin de Fara, en déclenchant l’hilarité de l’assemblée.

      « Par exemple, en ce moment, avec l’hiver et les forts courants, les rivages sont boueux, poreux, alors, les terrains bougent, la clôture s’effondre. Les migrants qui veulent passer n’ont même pas besoin de se fatiguer, ils ont juste à l’#enjamber », continue Marco en riant. « Il y a des endroits où des sillons se sont creusés. Ils peuvent aussi passer sous la barrière ! »

      116 km de #grillages

      Près de 14 000 migrants ont traversé la frontière depuis le début de l’année, « soit 70% de plus que l’année dernière », à la même période, affirment les autorités slovènes à InfoMigrants.

      Cet été, 40 km supplémentaires de grillages ont donc été construits à la frontière sud, le long de la rivière Kolpa. « Il faut empêcher le franchissement illégal des frontières », a indiqué le ministère de l’Intérieur dans un communiqué. En tout, depuis 2015, Ljulbjana a déjà érigé 116 km de grillages le long de la Kolpa qui parcourt les 670 km de frontière avec la Croatie.

      « Ces clôtures ne sont pas une baguette magique mais elles nous aident », ajoute, de son côté, un commandant de police slovène.

      Khaled, un demandeur d’asile érythréen, aujourd’hui à Ljubljana, a tenté trois fois le passage de la frontière slovène avant de réussir à entrer dans le pays. La clôture, il s’en souvient très bien. « J’ai traversé la frontière au mois de mai, quelque part vers #Ribnica. Je me souviens qu’une fois la rivière franchie, il a fallu passer ces barbelés. Alors j’ai grimpé, je me suis déchiré les mains, elles étaient pleines de sang, mais je suis passé ».

      Montagnes dangereuses, présence d’#ours, eau glaciale

      Au delà de sa dangerosité, Rudy, le villageois, voit dans cet alignement de barbelés, une « #clôture_de_la_honte » qui, selon lui, stigmatise les migrants. « On voit arriver des familles, parfois des enfants. Je ne vois pas bien en quoi, ce sont des ennemis », continue le retraité.

      « Cette barrière, c’est le début de l’enfer », explique à son tour une jeune fille qui énumère les dangers qui attendent les migrants juste après son franchissement : la montagne « très dangereuse quand on s’y perd », les températures « glaciales » et les ours, nombreux dans le pays. « Parfois, on entend des cris là-haut. Ce sont des migrants qui hurlent pour effrayer les animaux ».

      Ces dernières semaines, deux migrants sont décédés par #noyade dans la Kolpa et un autre a été retrouvé mort de froid et d’#épuisement dans la #forêt.

      Surtout, les migrants doivent éviter les patrouilles de #police. « La nuit, quand nous tentons la traversée, nous voyons les lumières des lampes torche, derrière la clôture. Les #policiers sont partout. C’est ça qui nous effraie le plus », se souvient Khaled. « On fait tout pour les éviter. Quand la police vous attrape, elle vous renvoie en Croatie. Elle vous emmène rarement jusqu’à la capitale pour demander l’asile ».

      Depuis le début de l’année, sur les 14 000 entrées illégales, plus de 8 000 renvois – aussi appelés « pushbacks » - ont été effectués depuis les frontières slovènes, affirment les autorités.

      Patrouille de miliciens d’extrême-droite

      « C’est une #honte, il y a la police, l’armée, maintenant cette clôture et il y a même une milice ! », fulmine à son tour Katarina Bernad Sterva, directrice de l’association slovène d’aide aux réfugiés, qui se désespère de la situation à la frontière.

      Depuis quelques jours en effet, des miliciens en treillis militaires, visages cachés derrière des cagoules noires, patrouillent aussi le long de la rivière Kolpa. Dirigée par le leader d’extrême-droite, Andrej Sisko,cette milice se veut un « renfort » à l’armée régulière pour « défendre la frontière » et intercepter les migrants. « Nous sommes le point d’entrée de l’espace Schengen », se justifie Andrej Sisko. « Nous voulons faire passer un message. Nous voulons dire aux étrangers de rester chez eux. La clôture est fragile, elle ne permet pas de stopper les migrants alors nous venons contrôler les abords de la rivière nous-mêmes ».

      La milice d’#Andrej_Sisko n’a aucun mandat légal. Et visiblement, les villageois s’expliquent mal leur présence.

      Si certains rient à leur passage - « C’est le carnaval quand ils sont là », entend-t-on ici et là dans les villages frontaliers – d’autres comme Katarina Bernad Sterva regarde cette armée parallèle avec une inquiétude grandissante. « Ce qui m’effraie, c’est qu’ils existent. Publiquement, le gouvernement a condamné leurs actions, mais, dans les faits, les autorités ne font rien. Ces hommes sont fous, nous nous attendions à une réaction forte du gouvernement, comme par exemple l’annonce de la dissolution de ces patrouilles ».
      https://twitter.com/sarecmarjan/status/1036914541693755400?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E10

      Interrogée par InfoMigrants, la police reste muette sur le sujet. « Je n’ai rien à dire sur ces hommes. Ils n’ont pas le soutien de la police », déclare simplement Vicjem Toskan, l’un des commandants en chef de la police de Koper, à l’ouest du pays.

      Ce soir-là, à Kostel, les amis du café s’interrogent surtout sur le sort réservé aux migrants interceptés par cette milice d’extrême-droite. « On a déjà la police et l’armée pour intercepter les migrants. On a une clôture pour les empêcher de continuer leur route. Eux, qu’est-ce qui vont leur faire, la nuit, dans la montagne ? », s’inquiète Rudy. « Ils portent des masques, ils marchent dans la forêt. J’ai plus peur d’eux que des immigrés qui traversent la rivière », chuchote à son tour, une jeune fille en bout de table. « Si j’étais migrante, je n’aimerais vraiment pas tomber sur eux ».

      https://www.infomigrants.net/fr/post/20807/en-slovenie-une-cloture-de-la-honte-a-la-frontiere-croate-1-3

      #milices #patrouilles #extrême_droite #Kolpa #efficacité #montagne #Alpes #décès #morts #mourir_aux_frontières #danger #dangers #push-back #refoulement #refoulements #militarisation_des_frontières #push-backs

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      #Walls_don't_work :

      « Par exemple, en ce moment, avec l’hiver et les forts courants, les rivages sont boueux, poreux, alors, les terrains bougent, la clôture s’effondre. Les migrants qui veulent passer n’ont même pas besoin de se fatiguer, ils ont juste à l’#enjamber », continue Marco en riant. « Il y a des endroits où des sillons se sont creusés. Ils peuvent aussi passer sous la barrière ! »

      –-> voir la métaliste

    • Despite all the existing reports about the Croatian police violence and brutality, Slovenia continues to pushback migrants to Croatia. This was recently even recognized by the Italian court: an Italian court stopped deportation to Slovenia on the grounds that there is a risk for an asylum seeker to be subjected to inhumane and degrading treatment due to the high possibility of him (or her) being further expelled to Croatia and then to Bosnia or Serbia.
      More on that in AYS article from beginning of June:
      AYS Special: Italian Court StopsDeportation to Slovenia, Meanwhile Pushbacks Continue
      https://medium.com/are-you-syrious/ays-special-italian-court-stops-deportation-to-slovenia-meanwhile-pushbacks-

      Last week, the new Slovenian Minister of Interior Affair (of the new right wing government) frankly admitted in an interview that Slovenian police is sending migrants back to Croatia and consequently into the refugees centres in Bosnia and Serbia:
      Notranji minister Aleš Hojs razkril migracijsko »skrivnost«
      https://www.dnevnik.si/1042931634 (only in Slovenian)

      Currently, the government is also preparing a new Aliens Act where they plan to severely restrict access to asylum (among many other things): this means that during what they call complex migration emergencies, proclaimed by the government, access to asylum can be completely limited.

      Message reçu via la mailing-list Migreurop, le 15.06.2020

    • Slovénie : une vingtaine de migrants « proches de la suffocation » découverts dans des camions

      La police slovène a annoncé avoir découvert 22 migrants cachés dans des camion-citernes, samedi, à la frontière croate. Les contrôles ont été fortement renforcés dans cette région avec notamment l’envoi de 1 000 nouveaux policiers début juin.

      « Ils étaient proches de la suffocation. » Vingt-deux migrants cachés dans deux camion-citernes alimentaires ont été découverts par la police slovène, samedi 20 juin, à la frontière avec la Croatie, rapporte l’agence de presse AP. Les deux poids-lourds avaient des plaques d’immatriculation provenant de Serbie.

      Un premier groupe de 13 migrants a été découvert lors d’un contrôle de police à la frontière. Le second groupe, composé de 9 personnes, a été trouvé peu après dans un autre camion appartenant à la même compagnie.

      Les migrants sont originaires du Bangladesh, d’Inde, de Turquie et de Syrie, indique la police.

      Des milliers de migrants empruntent chaque année la route dite « des Balkans » malgré sa dangerosité. Un grand nombre d’entre eux font appel à des passeurs afin de traverser les frontières vers l’Europe occidentale dans des camions, plutôt que de tenter leur chance à pied à travers les forêts et les montagnes de la région.

      Craignant une recrudescence des passages clandestins à la suite du déconfinement décrété dans différents pays européens, la Slovénie a annoncé, début juin, qu’elle envoyait 1000 officiers de police en renfort à sa frontière avec la Croatie. Ces effectifs sont équipés de #drones, de #caméras_thermiques et de #détecteurs_de_mouvements.


      https://www.infomigrants.net/fr/post/25519/slovenie-une-vingtaine-de-migrants-proches-de-la-suffocation-decouvert

  • #Denis_Salas : « La #justice se trouve confrontée à un phénomène totalement inédit »

    Pour le magistrat et président de l’association française pour l’histoire de la justice, "l’#état_d'urgence_sanitaire" instauré pour deux mois doit nous inciter à réfléchir aux #libertés_individuelles et au maintien du #débat_démocratique.

    La France est officiellement en "état d’urgence sanitaire" pour une durée de deux mois. La loi publiée ce mardi au Journal Officiel encadre notamment le #confinement décidé par le gouvernement mais également un certain nombre de mesures de #restriction_des_libertés. Denis Salas, magistrat, essayiste et président de l’association française pour l’histoire de la justice se penche sur le rôle dévolu à l’institution judiciaire, son rapport au pouvoir politique et s’interroge également sur cette remise en question des libertés individuelles dictée par la nécessité sanitaire.

    Denis Salas, quel rôle particulier incombe à l’institution judiciaire dans ce contexte de pandémie ?

    L’institution judiciaire tourne actuellement au ralenti. Les tribunaux sont pratiquement à l’arrêt, même si subsistent des audiences en urgence, comme les comparutions immédiates ou certaines audiences en matière civile. En matière de politique pénale, on voit apparaître ce que l’on pourrait appeler une #justice_prophylactique qui cherche à prévenir les risques à travers des notions juridiques nouvelles comme la #mise_en_danger_de_la_vie_d’autrui, #infraction utilisée pour tous ceux qui sortent sans autorisation ou encore des sanctions relatives au marché noir, par exemple pour ceux qui revendent des masques ou des caducées. De nouveaux #délits apparaissent pour violation des règles de confinement avec des peines d’#amende aggravées, voire des peines d’#emprisonnement de six mois en cas de réitération des infractions.

    D’un point de vue philosophique, je dirais que c’est un usage de la #fonction_dissuasive_de_la_peine qui consiste à afficher une volonté répressive mais l’application avec des tribunaux à l’arrêt se situe au second plan.

    Autrement dit, des mesures difficiles à mettre en œuvre ?

    Oui. Les tribunaux étant à l’arrêt, même si certaines urgences sont maintenues, je ne vois pas comment obtenir une application réaliste de ces infractions. Je pense donc que la fonction d’annonce de ces nouvelles infractions est en soi un but recherché par le législateur. On espère que cet affichage va dissuader des personnes de se comporter de manière illicite face au confinement : un moyen pénal d’obtenir la docilité de la population. La dissuasion reste une fonction classique de la peine mais en l’occurrence elle est pleinement utilisée pour obtenir la docilité de la population.

    J’ignore ce que diront les historiens plus tard mais je pense que c’est une forme de criminalité nouvelle en période de pandémie qui apparaît sur fond d’urgence sanitaire.

    La justice a-t-elle déjà été confrontée dans le passé à une situation similaire ?

    Concernant une pandémie, il faut remonter au XIXe siècle, à la grippe espagnole durant la Première Guerre mondiale, mais en France, à des périodes beaucoup plus anciennes, voire au Moyen Âge. La justice se trouve confrontée à un phénomène totalement inédit, ce qui explique les hésitations, les types de réponses qui sont apportées et son fonctionnement même qui peut en être affecté.

    Une justice confrontée néanmoins à un certain nombre de situations d’urgence : comparutions immédiates ou encore situations de violences conjugales ou familiales pour lesquelles les associations ont tiré la sonnette d’alarme.

    Nous verrons quel contentieux va nourrir les comparutions immédiates, sans doute un contentieux lié aux infractions au confinement : attroupements, déplacements abusifs, usage du marché noir pour revendre des masques ou d’autres produits de ce type. C’est un contentieux qui rappelle celui de l’Occupation. En travaillant sur la justice des "années sombres", nous y avions trouvé nombre d’affaires issues de la répression de la Résistance mais beaucoup d’autres de la répression du marché noir, une analogie que l’on retrouve aujourd’hui.

    Concernant les violences conjugales et familiales, les procès en cours d’assises, que ce soient viols ou « féminicides », sont reportés. Ce qui constitue une non-réponse à la situation de fait. Mais certains tribunaux maintiennent des permanences au civil où des Juges aux Affaires familiales (JAF) peuvent décider d’éloigner par exemple un mari violent. Il appartient aux magistrats d’apprécier l’urgence des situations.

    Sur la question de la détention, vous avez co-signé une tribune publiée par le journal Le Monde la semaine dernière.

    Il s’agit d’une question très préoccupante. Des révoltes ont eu lieu dans plusieurs prisons françaises, des mutineries en Italie, notamment à Naples. Dans ce texte commun, nous demandons la réduction des courtes peines par le biais de circulaires de politique pénale prises par la Chancellerie, le juge restant libre de prendre la décision, ou encore l’examen de la sortie en libération conditionnelle des détenus malades ou âgés, afin de réduire la surpopulation carcérale. D’autant que nous avons été condamnés récemment par la Cour Européenne des Droits de l’Homme. La situation s’avère surtout préoccupante dans les maisons d’arrêt, avec le problème de la détention provisoire dont l’on pourrait dépasser exceptionnellement les délais légaux vu l’état d’urgence. Mais n’y a-t-il pas une violation des droits constitutionnels liés aux libertés individuelles si l’on prolonge les détentions provisoires au-delà du délai fixé par la loi ? L’état d’urgence autorise-t-il de telles dérogations qui pourraient porter atteinte gravement aux libertés individuelles ?

    Les dispositions prévues dans le texte sur l’état d’urgence sanitaire publié au Journal Officiel peuvent faire l’objet d’un recours devant le juge administratif.

    On se demandait s’il n’y allait pas y avoir des recours « liberté » pour protester contre le confinement. Or, c’est l’inverse qui s’est produit avec ce recours devant le Conseil d’Etat, formulé par un syndicat de jeunes médecins qui réclamait un durcissement des mesures actuelles et un confinement total. Le juge n’est donc pas sollicité comme un défenseur des libertés mais comme un agent de durcissement des atteintes aux libertés. Et en l’occurrence, le Conseil d’Etat décide de ne pas aller jusqu’à un confinement total mais enjoint le gouvernement à durcir certaines dispositions, relatives à la pratique des activités sportives ou les marchés ouverts. Le Conseil d’Etat considère que c’est l’atteinte à la vie qui est en jeu, atteinte grave et manifeste à la sécurité et à la vie des personnes, article 2 de la Convention européenne des droits de l’homme.

    En fait, le juge ne se positionne pas par rapport aux libertés classiques d’aller et venir, actuellement très restreintes mais par rapport à une autre liberté fondamentale qui est l’atteinte à la vie. En cette période exceptionnelle, il se positionne non pas comme un agent de contrôle d’activités gouvernementales au nom des libertés en général mais comme un agent de défense de la société.

    La justice avait eu à traiter récemment d’un autre état d’urgence, celui lié à la menace terroriste en novembre 2015.

    Oui et on peut se poser cette question : allons-nous vers un état d’exception permanent ? Car les principales mesures de l’état d’urgence promulgué en 2015 sont depuis inscrites dans le droit commun. Questionnement soulevé par le philosophe italien Giorgio Agamben qui théorise l’état d’exception. Pour lui, nous vivons dans des sociétés confrontées au risque en permanence et la tentation des gouvernements peut être de s’installer dans un régime d’exception permanent afin de neutraliser ces risques. Le principe de précaution devient alors déterminant.

    Dans la vision d’un état d’exception permanent, il n’existe plus d’infractions, seulement des menaces, plus de délinquants mais des groupes-cibles, les personnes infectées par exemple et des territoires concernés. Il y a là quelque chose d’extrêmement périlleux pour les libertés.

    Il s’agit donc d’un risque important selon vous ?

    Le risque de pérenniser l’exception dans le droit existe parce que l’état d’exception s’étend considérablement pour des raisons légitimes évidemment. Il est limité par le fait que les institutions de contrôle subsistent et par la notion de proportionnalité. Toutes les mesures doivent être proportionnelles par rapport aux exigences sanitaires et des contre feux, des contre-pouvoirs peuvent être soulevés.

    Je voudrais citer l’exemple de la Corée du Sud qui ne pratique pas le confinement mais le dépistage massif et le traçage de la population dépistée, en repérant les cercles de proximité où la personne a pu contaminer ses proches. Le contrôle sanitaire ne porte que sur cette population à risque avec une géolocalisation, une traçabilité, une visibilité de tous ses déplacements, via une plateforme numérique. Cela a représenté un travail très long car il y a 51 millions d’habitants en Corée du Sud. La population vit dans la sécurité, l’activité économique globale continue. Le suivi des personnes confinées est extrêmement pointu et offre en même temps une visibilité à l’ensemble de la population. Quand on va travailler, on sait qui est contaminé, qui ne l’est pas, à proximité. On a donc un modèle alternatif de gestion de l’épidémie, opposé au confinement mais au prix d’une atteinte grave aux libertés individuelles pour une durée indéterminée.

    La lecture de Michel Foucault vous inspire également une réflexion particulière.

    Je suis en train de relire les Anormaux, un cours au Collège de France de 1975. Dans sa première leçon, il oppose deux grands modèles de leçon à l’épidémie : celui de la lèpre, dès le Moyen Âge, où l’on exclut les personnes infectées aux marches de la cité, et celui de la peste, à la fin du Moyen Âge, qui est à l’inverse un modèle d’inclusion. On n’exclut pas les malades des villes, on les garde avec nous, afin d’accumuler un savoir biomédical sur cette population ciblée afin de lutter contre l’épidémie. Cette fresque de Foucault est lumineuse pour expliquer dans quelle mesure nous sommes aujourd’hui dans le modèle de la peste, un modèle presque mondialisé. "La peste, écrit Foucault, c’est le moment où le quadrillage d’une population se fait jusqu’à son point extrême. Où rien des communications dangereuses, des communautés confuses, des contacts interdits, ne peut se produire. Le moment de la peste est celui du quadrillage exhaustif d’une population par un pouvoir politique dont les ramifications atteignent sans arrêt le grain des individus eux-mêmes, leur temps, leur habitat, leur localisation, leur corps. La peste porte aussi le rêve politique d’un pouvoir exhaustif, d’un pouvoir sans obstacle, d’un pouvoir entièrement transparent à son objet, d’un pouvoir qui s’exerce à plein."

    Cette citation explique ce que Foucault appelle la biopolitique. Actuellement, nous assistons à une médicalisation du pouvoir politique et judiciaire, y compris pour la politique pénale avec des savoirs médicaux, statistiques, juridiques, des mesures qui sont prises au nom d’une logique prophylactique afin d’éliminer le danger. Et ce que craint Foucault, c’est que cette biopolitique, cette gestion massive d’une population, au nom de sa santé, crée un pouvoir exorbitant des politiques où le savoir scientifique et le pouvoir politique s’additionnent. Au nom du bien public, bien sûr, mais c’est un pouvoir énorme qui se crée, un pouvoir disciplinaire qui s’étend à l’ensemble de la population.

    La lecture de Foucault, en cette période de pandémie, nous invite à nous interroger, à rester vigilants du point de vue des libertés car ce pouvoir démesuré accordé aux politiques et aux scientifiques sur notre vie quotidienne peut susciter des inquiétudes, même si sur le moment il est nécessaire. Tenons compte des avertissements de Michel Foucault et de son analyse. Il faut absolument que cet état d’urgence sanitaire soit limité dans le temps, contrôlé par le Parlement et le juge et qu’au lieu d’une seule liberté fondamentale, l’atteinte à la vie, l’ensemble des libertés soit considéré comme devant être protégé, que l’on recherche davantage l’adhésion de la population que sa soumission passive. Dans ce contexte d’atteinte massive aux libertés, au nom de l’état de nécessité sanitaire, il faut que le débat démocratique reste vivant.

    https://www.franceculture.fr/droit-justice/denis-salas-la-justice-se-trouve-confrontee-a-un-phenomene-totalement-
    #coronavirus #état_d'urgence #urgence #répression #dissuasion #docilité #criminalité #pandémie #histoire #comparutions_immédiates #marché_noir #tribunaux #prisons #détention #maisons_d’arrêt #détention_provisoire #confinement_total #atteinte_à_la_vie #état_d’exception_permanent #état_d’exception #Agamben #Giorgio_Agamben #principe_de_précaution #menaces #exception #proportionnalité #Corée_du_Sud #traçage #dépistage_massif #cercles_de_proximité #géolocalisation #contrôle_sanitaire #Michel_Foucault #Foucault #lèpre #peste #quadrillage #biopolitique #médicalisation #santé #savoir_scientifique #pouvoir_politique #bien_public #pouvoir_disciplinaire #débat_démocratique

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    Citation pour @etraces :

    Je voudrais citer l’exemple de la Corée du Sud qui ne pratique pas le confinement mais le dépistage massif et le traçage de la population dépistée, en repérant les cercles de proximité où la personne a pu contaminer ses proches. Le contrôle sanitaire ne porte que sur cette population à risque avec une géolocalisation, une traçabilité, une visibilité de tous ses déplacements, via une plateforme numérique. Cela a représenté un travail très long car il y a 51 millions d’habitants en Corée du Sud. La population vit dans la sécurité, l’activité économique globale continue. Le suivi des personnes confinées est extrêmement pointu et offre en même temps une visibilité à l’ensemble de la population. Quand on va travailler, on sait qui est contaminé, qui ne l’est pas, à proximité. On a donc un modèle alternatif de gestion de l’épidémie, opposé au confinement mais au prix d’une atteinte grave aux libertés individuelles pour une durée indéterminée.

    • Dans le miroir obscur de la pandémie. L’état d’exception de la pandémie semble avoir accompli, au moins en partie, le rêve du capitalisme

      Je parlais avec un ami qui habite à Bergame, ville au Nord de l’Italie où j’ai vécu et étudié et qui est aujourd’hui l’une des plus affectées par l’épidémie du Coronavirus. Celui-là m’a décrit la situation comme « un épisode infini de Black Mirror ». Effectivement, il est difficile d’écarter la sensation que nous vivons une dystopie, comme celles qui sont représentées dans tant de séries du genre. Ce n’est pas un hasard si Black Mirror, peut-être la plus célèbre parmi ces séries, comporte le mot « miroir » dans son titre. Ses épisodes ne représentent pas un monde lointain – une époque distante, des galaxies éloignées, des univers parallèles – mais un futur proche de datation incertaine. À la fois étranges et familières, ses intrigues nous laissent imaginer à quoi mènerait le renforcement de tendances déjà présentes dans notre quotidien. Ce que nous vivons en ce moment peut être appréhendé de la même manière, la modification de nos habitudes semblant annoncer un futur déjà là. Que peut-on comprendre du monde où nous vivons à partir de cet « épisode infini » ? Les moments exceptionnels ou de crise peuvent aider à porter un regard critique sur ce que chacun considère comme « normal ». J’ai proposé ailleurs qu’on se regarde dans le « miroir de la terreur » pour mieux comprendre la société du capitalisme tardif qui avait engendré les formes nouvelles de terrorisme[1]. De façon analogue, je crois pertinent de réfléchir aux temps présents à partir de l’image en train de se former sur le miroir obscur de la pandémie.

      La situation nous invite à penser sur plusieurs plans : l’organisation politique, la reproduction économique, le rapport à la nature ou les usages de la science. Je veux problématiser ici seulement l’idée de « distanciation sociale », rapidement acceptée en tant que norme autour du globe, entraînant la progressive interdiction des rencontres et la normalisation d’une vie quotidienne menée en confinement. La situation pandémique repose sur une contradiction qu’il faut souligner. La rapide expansion de la maladie résulte des flux globaux qui ont unifié les populations à l’échelle planétaire. De la pandémie naît le paradoxe d’une population globale unifiée en un statut égal de confinement. Il y a, en somme, un isolement concret des individus dans un monde entièrement connecté. Ce paradoxe n’est pas un paradoxe exclusif de la pandémie, mais un paradoxe que la pandémie a mené à l’extrême, le rendant par là visible. En réalité, la dialectique entre séparation et unification (de ce qui est séparé) est à la base du développement du capitalisme occidental ayant unifié le globe.

      Guy Debord avait déjà remarqué cette contradiction structurante lorsqu’il a essayé de comprendre la phase « spectaculaire » du capitalisme, qui s’annonçait au siècle dernier. Ce qu’il a appelé la « Société du Spectacle » était une forme sociale basée sur le principe de la séparation. Ce qui a été souvent décrit comme une société de communication des masses pouvait être compris à l’inverse comme une société où la faculté de communiquer était massivement perdue. La communication au sens fort était l’apanage de la vie en communauté, un langage commun engendré par une existence en commun. Ce qui arrivait aux sociétés du capitalisme avancé était précisément le contraire. L’expansion dans l’espace – grandes villes, banlieues écartées, circulation économique globale – et la rationalisation du travail, à partir de l’hyperspécialisation des tâches individuelles, ont signifié l’éloignement concret entre les personnes et la perte de l’entendement commun, facteur amplifié par le monopole de l’Etat sur l’organisation de la vie collective. La disparition progressive de la communauté et de ses formes de communication était la condition préalable au surgissement des médias de masse – lesquels étaient le contraire des moyens de communication, puisqu’ils étaient fondés sur l’isolement réel croissant. Les millions de spectateurs prostrés devant des appareils télé, en consommant les mêmes images sans pouvoir s’en parler, restaient une figuration assez claire du fait que le spectacle, comme l’a écrit Debord, « réunit le séparé, mais il le réunit en tant que séparé » (§29). Certains croient que cette critique serait devenue désuète grâce à l’avènement de l’internet et des technologies qui en découlent. Au lieu de spectateurs prostrés devant les appareils télé d’hier, on aurait aujourd’hui des spectateurs « actifs », qui s’échangent des messages, produisent et diffusent leurs propres contenus. Mais la vérité est que rien dans le dernier demi-siècle n’a mis en question la séparation fondamentale sous-jacente au développement même des technologies de communication. La scène très habituelle d’amis autour d’une table de restaurant, qui au lieu de se parler regardent les écrans de ses propres portables, devrait suffire pour démontrer cette vérité. De nos jours, le séparé est réuni comme séparé là même où il occupe le même espace physique.

      Ce qui nous a été dérobé en ce moment de pandémie a été la possibilité de cohabiter l’espace physique. Dans les conditions présentes, l’interdiction des rencontres et l’obligation du confinement semblent plus aisément acceptables pour la population mondiale que ne l’auraient été l’interdiction ou une panne de l’internet ou des réseaux sociaux. Ironiquement, la « distanciation sociale » est maintenant revendiquée pour le sauvetage d’une société qui a toujours été fondée sur la distanciation. Le seul endroit de rencontre existant dans une société productrice de marchandise est, en vérité, le marché – c’est là que les marchandises entraînent par la main ses producteurs et consommateurs et c’est pour son compte que les hommes se rencontrent. C’est l’absence de ces rencontres, maintenant interdites, qui étonne tout le monde – la fermeture des espaces de travail et de consommation. Mais le capitalisme, qui était un rapport social médiatisé par des choses, s’est dédoublé dans un rapport social médiatisé par des images. Et il est désormais possible d’être dans un lieu sans y être. Il est possible de travailler (jusqu’à un certain degré) et consommer (sans limite) sans qu’on ait besoin de sortir de chez soi. Tout peut être à la portée de la main (ou plutôt du doigt qui touche l’écran), on peut tout avoir sans sortir de chez nous – la promesse du bonheur offert par le marché et réitéré par chaque publicité n’était-elle déjà la promesse d’une vie en confinement ?

      L’état d’exception de la pandémie semble alors avoir réalisé, au moins en partie, le rêve du capitalisme. Dans le cas où l’épisode dystopique que nous vivons en ce moment se révèle un « épisode infini », il serait aisé d’imaginer une population totalement habituée aux rapports virtuels, au confinement nourri par Netflix et les services de livraison. Les voyages seraient interdits, restreints aux flux des marchandises, fruit d’un secteur productif majoritairement automatisé. Le spectacle, qui depuis longtemps s’efforçait de détruire la rue, d’abolir la rencontre et de faire disparaître tous les espaces de dialogue – pour anéantir les alternatives à la pseudo-communication spectaculaire – aurait finalement atteint son but. L’espace réel, délaissé par les êtres humains confinés et obligés de s’enfuir dans la virtualité, n’appartiendrait plus qu’aux marchandises. La circulation humaine, « sous-produit de la circulation des marchandises », serait finalement devenue superflue, et le monde en entier livré aux « marchandises et leurs passions » (Debord, §168 et §66).

      Ceci n’est qu’un exercice d’imagination – un scénario improbable pour l’instant. Il est aisé d’anticiper pourtant que dans l’avenir nous assisterons à une augmentation du contrôle des flux globaux et de la circulation de personnes sous des prétextes sanitaires, avec une progressive normalisation des procédés d’exception actuels (de façon analogue à ce que nous avons connu pour le terrorisme après le 11 septembre 2001). De toute façon, faire des pronostics dans un contexte tellement incertain est toujours hasardeux. Mais le moment demande de la réflexion et penser à ce qu’on connaît est ce qu’on peut faire de mieux. Ce que nous ressentons comme le moins problématique en ce moment est sans doute ce qui exige précisément d’être problématisé. Reste à espérer que la distanciation sociale se convertisse en distanciation ou « effet de distanciation » (Verfremdungseffekt) dans le sens attribué par Brecht – celui de rupture avec la représentation autonomisée de la société du spectacle et ses illusions (dont la plus grande de toutes : celle de l’économie capitaliste, reproduction insensée et incessante de valeur abstraite en dépit de la vie). Une distanciation par rapport à cette forme de société : une occasion nécessaire pour repenser de manière critique les séparations qui la fondent, et les limites imposées par le capitalisme à la vie quotidienne.

      Mars 2020.

      #Gabriel_Zacarias est MCF à l’Université de Campinas au Brésil.

      http://www.palim-psao.fr/2020/04/dans-le-miroir-obscur-de-la-pandemie.l-etat-d-exception-de-la-pandemie-se

  • Comment l’Europe contrôle ses frontières en #Tunisie ?

    Entre les multiples programmes de coopération, les accords bilatéraux, les #équipements fournis aux #gardes-côtes, les pays européens et l’Union européenne investissent des millions d’euros en Tunisie pour la migration. Sous couvert de coopération mutuelle et de “#promotion_de_la mobilité”, la priorité des programmes migratoires européens est avant tout l’externalisation des frontières. En clair.

    À la fois pays de transit et pays de départ, nœud dans la région méditerranéenne, la Tunisie est un partenaire privilégié de l’Europe dans le cadre de ses #politiques_migratoires. L’Union européenne ou les États qui la composent -Allemagne, France, Italie, Belgique, etc.- interviennent de multiples manières en Tunisie pour servir leurs intérêts de protéger leurs frontières et lutter contre l’immigration irrégulière.

    Depuis des années, de multiples accords pour réadmettre les Tunisien·nes expulsé·es d’Europe ou encore financer du matériel aux #gardes-côtes_tunisiens sont ainsi signés, notamment avec l’#Italie ou encore avec la #Belgique. En plus de ces #partenariats_bilatéraux, l’#Union_européenne utilise ses fonds dédiés à la migration pour financer de nombreux programmes en Tunisie dans le cadre du “#partenariat_pour_la_mobilité”. Dans les faits, ces programmes servent avant tout à empêcher les gens de partir et les pousser à rester chez eux.

    L’ensemble de ces programmes mis en place avec les États européens et l’UE sont nombreux et difficiles à retracer. Dans d’autres pays, notamment au Nigeria, des journalistes ont essayé de compiler l’ensemble de ces flux financiers européens pour la migration. Dans leur article, Ils et elle soulignent la difficulté, voire l’impossibilité de véritablement comprendre tous les fonds, programmes et acteurs de ces financements.

    “C’est profondément préoccupant”, écrivent Maite Vermeulen, Ajibola Amzat et Giacomo Zandonini. “Bien que l’Europe maintienne un semblant de transparence, il est pratiquement impossible dans les faits de tenir l’UE et ses États membres responsables de leurs dépenses pour la migration, et encore moins d’évaluer leur efficacité.”

    En Tunisie, où les investissements restent moins importants que dans d’autres pays de la région comme en Libye, il a été possible d’obtenir un résumé, fourni par la Délégation de l’Union européenne, des programmes financés par l’UE et liés à la migration. Depuis 2016, cela se traduit par l’investissement de près de 58 millions d’euros à travers trois différents fonds : le #FFU (#Fonds_Fiduciaire_d’Urgence) de la Valette, l’#AMIF (Asylum, Migration and Integration Fund) et l’Instrument européen de voisinage (enveloppe régionale).

    Mais il est à noter que ces informations ne prennent pas en compte les autres investissements d’#aide_au_développement ou de soutien à la #lutte_antiterroriste dont les programmes peuvent également concerner la migration. Depuis 2011, au niveau bilatéral, l’Union européenne a ainsi investi 2,5 billions d’euros en Tunisie, toutes thématiques confondues.

    L’écrasante majorité de ces financements de l’UE - 54 200 000 euros - proviennent du #Fond_fiduciaire_d'urgence_pour_l'Afrique. Lancé en 2015, lors du #sommet_de_la_Valette, ce FFU a été créé “en faveur de la stabilité et de la lutte contre les #causes_profondes de la migration irrégulière et du phénomène des personnes déplacées en Afrique” à hauteur de 2 milliards d’euros pour toute la région.

    Ce financement a été pointé du doigt par des associations de droits humains comme Oxfam qui souligne “qu’une partie considérable de ses fonds est investie dans des mesures de #sécurité et de #gestion_des_frontières.”

    “Ces résultats montrent que l’approche des bailleurs de fonds européens vis-à-vis de la gestion des migrations est bien plus axée sur des objectifs de #confinement et de #contrôle. Cette approche est loin de l’engagement qu’ils ont pris (...) de ‘promouvoir des canaux réguliers de migration et de mobilité au départ des pays d’Europe et d’Afrique et entre ceux-ci’ (...) ou de ‘Faciliter la migration et la mobilité de façon ordonnée, sans danger, régulière et responsable’”, détaille plus loin le rapport.

    Surveiller les frontières

    Parmi la vingtaine de projets financés par l’UE, la sécurité des frontières occupe une place prépondérante. Le “#Programme_de_gestion_des_frontières_au_Maghreb” (#BMP_Maghreb) est, de loin, le plus coûteux. Pour fournir de l’équipement et des formations aux gardes-côtes tunisiens, l’UE investit 20 millions d’euros, près d’un tiers du budget en question.

    Le projet BMP Maghreb a un objectif clairement défini : protéger, surveiller et contrôler les #frontières_maritimes dans le but de réduire l’immigration irrégulière. Par exemple, trois chambres d’opération ainsi qu’un système pilote de #surveillance_maritime (#ISmariS) ont été fournis à la garde nationale tunisienne. En collaboration avec le ministère de l’Intérieur et ses différents corps - garde nationale, douane, etc. -, ce programme est géré par l’#ICMPD (#Centre_international_pour_le_développement_des_politiques_migratoires).

    “Le BMP Maghreb est mis en place au #Maroc et en Tunisie. C’est essentiellement de l’acquisition de matériel : matériel informatique, de transmission demandé par l’Etat tunisien”, détaille Donya Smida de l’ICMPD. “On a fait d’abord une première analyse des besoins, qui est complétée ensuite par les autorités tunisiennes”.

    Cette fourniture de matériel s’ajoute à des #formations dispensées par des #experts_techniques, encore une fois coordonnées par l’ICMPD. Cette organisation internationale se présente comme spécialisée dans le “renforcement de capacités” dans le domaine de la politique migratoire, “loin des débat émotionnels et politisés”.

    "Cette posture est symptomatique d’un glissement sémantique plus général. Traiter la migration comme un sujet politique serait dangereux, alors on préfère la “gérer” comme un sujet purement technique. In fine, la ’gestionnaliser’ revient surtout à dépolitiser la question migratoire", commente #Camille_Cassarini, chercheur sur les migrations subsahariennes en Tunisie. “L’ICMPD, ce sont des ‘techniciens’ de la gestion des frontières. Ils dispensent des formations aux États grâce à un réseau d’experts avec un maître-mot : #neutralité politique et idéologique et #soutien_technique."

    En plus de ce programme, la Tunisie bénéficie d’autres fonds et reçoit aussi du matériel pour veiller à la sécurité des frontières. Certains s’inscrivent dans d’autres projets financés par l’UE, comme dans le cadre de la #lutte_antiterroriste.

    Il faut aussi ajouter à cela les équipements fournis individuellement par les pays européens dans le cadre de leurs #accords_bilatéraux. En ce qui concerne la protection des frontières, on peut citer l’exemple de l’Italie qui a fourni une douzaine de bateaux à la Tunisie en 2011. En 2017, l’Italie a également soutenu la Tunisie à travers un projet de modernisation de bateaux de patrouille fournis à la garde nationale tunisienne pour environ 12 millions d’euros.

    L’#Allemagne est aussi un investisseur de plus en plus important, surtout en ce qui concerne les frontières terrestres. Entre 2015 et 2016, elle a contribué à la création d’un centre régional pour la garde nationale et la police des frontières. A la frontière tuniso-libyenne, elle fournit aussi des outils de surveillance électronique tels que des caméras thermiques, des paires de jumelles nocturnes, etc…

    L’opacité des #accords_bilatéraux

    De nombreux pays européens - Allemagne, Italie, #France, Belgique, #Autriche, etc. - coopèrent ainsi avec la Tunisie en concluant de nombreux accords sur la migration. Une grande partie de cette coopération concerne la #réadmission des expulsé·es tunisien·nes. Avec l’Italie, quatre accords ont ainsi été signés en ce sens entre 1998 et 2011. D’après le FTDES* (Forum tunisien des droits économiques et sociaux), c’est dans le cadre de ce dernier accord que la Tunisie accueillerait deux avions par semaine à l’aéroport d’Enfidha de Tunisien·nes expulsé·es depuis Palerme.

    “Ces accords jouent beaucoup sur le caractère réciproque mais dans les faits, il y a un rapport inégal et asymétrique. En termes de réadmission, il est évident que la majorité des #expulsions concernent les Tunisiens en Europe”, commente Jean-Pierre Cassarino, chercheur et spécialiste des systèmes de réadmission.

    En pratique, la Tunisie ne montre pas toujours une volonté politique d’appliquer les accords en question. Plusieurs pays européens se plaignent de la lenteur des procédures de réadmissions de l’Etat tunisien avec qui “les intérêts ne sont pas vraiment convergents”.

    Malgré cela, du côté tunisien, signer ces accords est un moyen de consolider des #alliances. “C’est un moyen d’apparaître comme un partenaire fiable et stable notamment dans la lutte contre l’extrémisme religieux, l’immigration irrégulière ou encore la protection extérieure des frontières européennes, devenus des thèmes prioritaires depuis environ la moitié des années 2000”, explique Jean-Pierre Cassarino.

    Toujours selon les chercheurs, depuis les années 90, ces accords bilatéraux seraient devenus de plus en plus informels pour éviter de longues ratifications au niveau bilatéral les rendant par conséquent, plus opaques.

    Le #soft_power : nouvel outil d’externalisation

    Tous ces exemples montrent à quel point la question de la protection des frontières et de la #lutte_contre_l’immigration_irrégulière sont au cœur des politiques européennes. Une étude de la direction générale des politiques externes du Parlement européen élaborée en 2016 souligne comment l’UE “a tendance à appuyer ses propres intérêts dans les accords, comme c’est le cas pour les sujets liés à l’immigration.” en Tunisie.

    Le rapport pointe du doigt la contradiction entre le discours de l’UE qui, depuis 2011, insiste sur sa volonté de soutenir la Tunisie dans sa #transition_démocratique, notamment dans le domaine migratoire, tandis qu’en pratique, elle reste focalisée sur le volet sécuritaire.

    “La coopération en matière de sécurité demeure fortement centrée sur le contrôle des flux de migration et la lutte contre le terrorisme” alors même que “la rhétorique de l’UE en matière de questions de sécurité (...) a évolué en un discours plus large sur l’importance de la consolidation de l’État de droit et de la garantie de la protection des droits et des libertés acquis grâce à la révolution.”, détaille le rapport.

    Mais même si ces projets ont moins de poids en termes financiers, l’UE met en place de nombreux programmes visant à “développer des initiatives socio-économiques au niveau local”, “ mobiliser la diaspora” ou encore “sensibiliser sur les risques liés à la migration irrégulière”. La priorité est de dissuader en amont les potentiel·les candidat·es à l’immigration irrégulière, au travers de l’appui institutionnel, des #campagnes de #sensibilisation...

    L’#appui_institutionnel, présenté comme une priorité par l’UE, constitue ainsi le deuxième domaine d’investissement avec près de 15% des fonds.

    Houda Ben Jeddou, responsable de la coopération internationale en matière de migration à la DGCIM du ministère des Affaires sociales, explique que le projet #ProgreSMigration, créé en 2016 avec un financement à hauteur de 12,8 millions d’euros, permet de mettre en place “ des ateliers de formations”, “des dispositifs d’aides au retour” ou encore “des enquêtes statistiques sur la migration en Tunisie”.

    Ce projet est en partenariat avec des acteurs étatiques tunisiens comme le ministère des Affaires Sociales, l’observatoire national des migrations (ONM) ou encore l’Institut national de statistiques (INS). L’un des volets prioritaires est de “soutenir la #Stratégie_nationale_migratoire_tunisienne”. Pour autant, ce type de projet ne constitue pas une priorité pour les autorités tunisiennes et cette stratégie n’a toujours pas vu le jour.

    Houda Ben Jeddou explique avoir déposé un projet à la présidence en 2018, attendant qu’elle soit validée. "Il n’y a pas de volonté politique de mettre ce dossier en priorité”, reconnaît-elle.

    Pour Camille Cassarini, ce blocage est assez révélateur de l’absence d’une politique cohérente en Tunisie. “Cela en dit long sur les stratégies de contournement que met en place l’État tunisien en refusant de faire avancer le sujet d’un point de vue politique. Malgré les investissements européens pour pousser la Tunisie à avoir une politique migratoire correspondant à ses standards, on voit que les agendas ne sont pas les mêmes à ce niveau”.

    Changer la vision des migrations

    Pour mettre en place tous ces programmes, en plus des partenariats étatiques avec la Tunisie, l’Europe travaille en étroite collaboration avec les organisations internationales telles que l’#OIM (Organisation internationale pour les migrations), l’ICMPD et le #UNHCR (Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés), les agences de développement européennes implantées sur le territoire - #GiZ, #Expertise_France, #AfD - ainsi que la société civile tunisienne.

    Dans ses travaux, Camille Cassarini montre que les acteurs sécuritaires sont progressivement assistés par des acteurs humanitaires qui s’occupent de mener une politique gestionnaire de la migration, cohérente avec les stratégies sécuritaires. “Le rôle de ces organisations internationales, type OIM, ICMPD, etc., c’est principalement d’effectuer un transfert de normes et pratiques qui correspondent à des dispositifs de #contrôle_migratoire que les Etats européens ne peuvent pas mettre directement en oeuvre”, explique-t-il.

    Contactée à plusieurs reprises par Inkyfada, la Délégation de l’Union européenne en Tunisie a répondu en fournissant le document détaillant leurs projets dans le cadre de leur partenariat de mobilité avec la Tunisie. Elle n’a pas souhaité donner suite aux demandes d’entretiens.

    En finançant ces organisations, les Etats européens ont d’autant plus de poids dans leur orientation politique, affirme encore le chercheur en donnant l’exemple de l’OIM, une des principales organisations actives en Tunisie dans ce domaine. “De par leurs réseaux, ces organisations sont devenues des acteurs incontournables. En Tunisie, elles occupent un espace organisationnel qui n’est pas occupé par l’Etat tunisien. Ça arrange plus ou moins tout le monde : les Etats européens ont des acteurs qui véhiculent leur vision des migrations et l’État tunisien a un acteur qui s’en occupe à sa place”.

    “Dans notre langage académique, on les appelle des #acteurs_épistémologiques”, ajoute Jean-Pierre Cassarino. A travers leur langage et l’étendue de leur réseau, ces organisations arrivent à imposer une certaine vision de la gestion des migrations en Tunisie. “Il n’y a qu’à voir le #lexique de la migration publié sur le site de l’Observatoire national [tunisien] des migrations : c’est une copie de celui de l’OIM”, continue-t-il.

    Contactée également par Inkyfada, l’OIM n’a pas donné suite à nos demandes d’entretien.

    Camille Cassarini donne aussi l’exemple des “#retours_volontaires”. L’OIM ou encore l’Office français de l’immigration (OFII) affirment que ces programmes permettent “la réinsertion sociale et économique des migrants de retour de façon à garantir la #dignité des personnes”. “Dans la réalité, la plupart des retours sont très mal ou pas suivis. On les renvoie au pays sans ressource et on renforce par là leur #précarité_économique et leur #vulnérabilité", affirme-t-il. “Et tous ces mots-clés euphémisent la réalité d’une coopération et de programmes avant tout basé sur le contrôle migratoire”.

    Bien que l’OIM existe depuis près de 20 ans en Tunisie, Camille Cassarini explique que ce système s’est surtout mis en place après la Révolution, notamment avec la société civile. “La singularité de la Tunisie, c’est sa transition démocratique : l’UE a dû adapter sa politique migratoire à ce changement politique et cela est passé notamment par la promotion de la société civile”.

    Dans leur ouvrage à paraître “Externaliser la gouvernance migratoire à travers la société tunisienne : le cas de la Tunisie” [Externalising Migration Governance through Civil Society : Tunisia as a Case Study], Sabine Didi et Caterina Giusa expliquent comment les programmes européens et les #organisations_internationales ont été implantées à travers la #société_civile.

    “Dans le cas des projets liés à la migration, le rôle déterminant de la société civile apparaît au niveau micro, en tant qu’intermédiaire entre les organisations chargées de la mise en œuvre et les différents publics catégorisés et identifiés comme des ‘#migrants_de_retour’, ‘membres de la diaspora’, ou ‘candidats potentiels à la migration irrégulière’", explique Caterina Giusa dans cet ouvrage, “L’intérêt d’inclure et et de travailler avec la société civile est de ‘faire avaler la pilule’ [aux populations locales]”.

    “Pour résumer, tous ces projets ont pour but de faire en sorte que les acteurs tunisiens aient une grille de lecture du phénomène migratoire qui correspondent aux intérêts de l’Union européenne. Et concrètement, ce qui se dessine derrière cette vision “gestionnaire”, c’est surtout une #injonction_à_l’immobilité”, termine Camille Cassarini.

    https://inkyfada.com/fr/2020/03/20/financements-ue-tunisie-migration
    #externalisation #asile #migrations #frontières #Tunisie #EU #UE #Europe #contrôles_frontaliers #politique_de_voisinage #dissuasion #IOM #HCR #immobilité

    Ajouté à la métaliste sur l’externalisation des frontières :
    https://seenthis.net/messages/731749#message765330

    Et celle sur la conditionnalité de l’aide au développement :
    https://seenthis.net/messages/733358#message768701

    ping @karine4 @isskein @_kg_

  • Hongrie : des #tirs de sommation pour dissuader des dizaines de migrants à la frontière avec la #Serbie

    Plusieurs dizaines de migrants ont tenté, mardi, de forcer la frontière grillagée serbo-hongroise afin de gagner l’Europe de l’Ouest. La police hongroise a répondu par des tirs de sommation pour les dissuader. Fait “rarissime” qui traduit un nouvel afflux sur la route migratoire des Balkans qui n’était quasi plus empruntée depuis 2015, explique un spécialiste.

    “De jeunes hommes organisés et agressifs”. C’est ainsi que les autorités hongroises ont décrit le groupe de 60 à 70 migrants qui a tenté de franchir la frontière entre la Serbie et la Hongrie, au petit matin du mardi 28 janvier. “C’est la première fois qu’un groupe de cette envergure est interpellé après avoir découpé les grillages” de cette frontière, indique Peter Van der Auweraert, le représentant de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), contacté par InfoMigrants. L’incident s’est produit précisément au niveau du poste-frontière d’#Horgos 2 près de la ville hongroise de #Röszke.

    Les forces de l’ordre sur place ont procédé à des #tirs_de_sommation afin de dissuader les migrants d’entrer en Hongrie. “C’est aussi une première à notre connaissance”, souligne l’OIM. Joint également par InfoMigrants, Philippe Bertinchamps, rédacteur en chef adjoint du Courrier des Balkans et spécialiste de la zone, confirme la rareté du geste. “Je ne suis toutefois pas surpris”, nuance-t-il. “La #police hongroise s’est déjà fait connaître par le passé pour des faits de violences envers les migrants, il y a des témoignages de personnes battues ou des téléphones volontairement cassés, par exemple.”

    D’après l’OIM, une quarantaine de migrants a été immédiatement renvoyée de l’autre côté de la frontière, en Serbie. Quatre hommes ont également été interpellés sur le territoire hongrois et placés en garde à vue. D"autres" sont parvenus à entrer en Hongrie, a indiqué à l’AFP un porte parole de la police locale, sans donner de précision sur le chiffre. Côté serbe, la police frontalière a intercepté “37 migrants qui tentaient de franchir illégalement la frontière pour pénétrer en Hongrie aux alentours de 5h du matin”, a sobrement déclaré le ministère de l’Intérieur.

    Explosion du nombre de tentatives de passages à la frontière serbo-hongroise

    Située sur la route migratoire dite des Balkans ainsi que sur l’une des frontières extérieures de l’espace Schengen, la Hongrie a érigé dès 2015 des clôtures partiellement électrifiées rendant le franchissement de ses frontières beaucoup plus périlleux pour les migrants espérant rejoindre l’Europe de l’Ouest. “Cette route s’était nettement tarie, mais de plus en plus de migrants actuellement bloqués en Bosnie sont brutalement refoulés par la police croate. Les conditions de vie étant infernales en Bosnie et le passage impossible vers la Croatie, les migrants se mettent naturellement à retenter l’ancienne route des Balkans via la Hongrie”, analyse Philippe Bertinchamps.

    Les chiffres parlent d’eux mêmes : quelque 3 400 tentatives de passages clandestins ont eu lieu depuis le début de l’année, a affirmé lors d’une conférence de presse mardi, Gyorgy Bakondi, le conseiller du Premier ministre souverainiste Viktor Orban. Il s’agit d’une très forte hausse comparativement à 2019 dont la moyenne mensuelle des tentatives de passages était d’environ un millier.

    Dirigé par une majorité politique hostile à l’accueil de réfugiés, le gouvernement hongrois n’a eu de cesse de marteler ces dernières années que les candidats à l’exil se devaient de déposer leur demande d’asile dans le premier pays européen par lequel ils sont passés, en vertu du Règlement Dublin qu’une partie des pays membres de l’Union européenne veut réformer pour plus plus d’équité. Mais la Hongrie s’y oppose fermement et refoule systématiquement vers la Serbie les candidats arrivant par voie terrestre. Elle refuse également d’accueillir sur son sol les rescapés de la Méditerranée qui font désormais l’objet d’un mécanisme de répartition européen entre certains des États membres.

    https://www.infomigrants.net/fr/post/22420/hongrie-des-tirs-de-sommation-pour-dissuader-des-dizaines-de-migrants-
    #Hongrie #frontières #migrations #asile #réfugiés #Route_des_Balkans #dissuasion #push-backs #push-back #refoulement
    #armes #armes_à_feu #arme_à_feu

  • Why ’stronger borders’ don’t work

    Thousands of people die annually trying to cross borders. It’s often argued stronger borders and more checks would deter people from making dangerous crossings. But how accurate is this? Maya Goodfellow explores what the current border regime means for people seeking asylum

    https://www.theguardian.com/uk-news/video/2020/jan/21/why-stronger-borders-dont-work
    #fermeture_des_frontières #asile #migrations #réfugiés #walls_don't_work #dissuasion #frontières #problème #solution #vidéo #externalisation #vulnérabilité #danger #péril #militarisation_des_frontières #ressources_pédagogiques #pull_factor #facteur_pull #stéréotypes #préjugés #pull-factor #audition #voies_légales #réinstallation

    Cette carte


    #cartographie #visualisation #frontières_intérieures #Schengen (fin de -)
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  • #Côte_d’Ivoire : World-Renowned Photojournalist Reza Trains #Returned_Migrants, Journalists in Photography

    “Photography is a universal language which can help express feelings and convey emotions without using words,” said #Reza_Deghati, the internationally acclaimed news photographer, who began his celebrated career 40 years ago, after he left his native Iran.

    This month, he is sharing his expertise, and his enthusiasm, with migrants returning to their African homeland after hard journeys abroad. “Photography allows returnees to gain self-confidence and rediscover themselves,” he explained. “Learning how to take a good picture of their daily lives helps them value their life and show us their side of their own story.”

    During the dates 6-8 December, Reza Deghati worked in collaboration with the International Organization for Migration (#IOM) which organized a three-day photography training event in Abidjan, Côte d’Ivoire. Six young photographers participated in the training here in the Ivorian capital.

    After learning the technical aspects of photography, the participants trained their newly acquired skills on by visiting reintegration and recreational activities organized by IOM for returned migrants and community members. For instance, the participants attended a street art painting performed by returned migrants on the walls of a school rehabilitated by other returnees.

    The aim of this pilot project was to offer returned migrants an opportunity to become visual storytellers of their daily life back home and help local journalists change the narrative on migration in the country.

    “I couldn’t finish the first level of high school last year because I left for Algeria,” said 17-year-old Laciné who now is back at school as part of the reintegration assistance he received from IOM after returning to Côte d’Ivoire.

    “For me, this training is a new start as it can help me show others what I have experienced and what I am experiencing without using words,” Laciné explained.

    The training will be followed by a three-month coaching by IOM photographer Mohamed Diabaté, and the photographs taken by the participants will be exhibited in Spring 2020.

    “Learning photography means learning to look at the world in a different way,” Diabaté said. The IOM Côte d’Ivoire photographer and filmmaker added: “It also gives a new dimension to the returnees’ daily lives and it shows a reality that someone else cannot grasp. It enables us to see through their eyes.”

    This training is the first of a series that will be organized by IOM across West Africa in 2020. It was organized in the frame of an EU-IOM Joint Initiative for Migrant Protection and Reintegration in the Sahel and Lake Chad regions.

    One participant, reporter Benjamin B., explained what he gained from the sessions with Reza Deghati this way: “As a journalist, I have a pen, and I can write. Words can explain reality. But the pictures will show it. If I have both skills, I can better write about migration.”

    https://www.iom.int/news/cote-divoire-world-renowned-photojournalist-reza-trains-returned-migrants-journ
    #photographie #photojournalisme #asile #migrations #réfugiés #renvois #réfugiés_ivoiriens #réintégration #OIM #returnees #expulsion #art #Mohamed_Diabaté #cours_de_photo #Afrique_de_l'Ouest

    Il n’y a pas de limites à l’indécence de l’OIM :

    The aim of this pilot project was to offer returned migrants an opportunity to become visual storytellers of their daily life back home and help local journalists change the narrative on migration in the country.
    This training is the first of a series that will be organized by IOM across West Africa in 2020. It was organized in the frame of an #EU-IOM_Joint_Initiative_for_Migrant_Protection_and_Reintegration_in_the_Sahel_and_Lake_Chad_regions (https://migrationjointinitiative.org).

    ping @albertocampiphoto @philippe_de_jonckheere @_kg_ @isskein @karine4 @reka

    Ajouté à cette métaliste sur les campagnes de #dissuasion à l’émigration (intégré à la métaliste plus générale sur l’externalisation des frontières) :
    https://seenthis.net/messages/731749#message765326