HPI : un diagnostic BIDON au service des BOURGEOIS ? (analyse sociologique et témoignage)
▻https://www.youtube.com/watch?v=ZxbiHec-HwQ
Pierre Bourdieu : « Le musée est important pour ceux qui y vont dans la mesure où il leur permet de se distinguer de ceux qui n’y vont pas »
▻https://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/musees-daujourdhui-et-de-demain-pierre-bourdieu-1ere-diffusion-2102197
Le 21 février 1972, pour ouvrir une série d’émissions intitulée « Musées d’aujourd’hui et de demain », Jocelyn de Noblet recevait Pierre Bourdieu, qui exposait le cadre, les conclusions et les enjeux de cette passionnante étude sur la fréquentation des musées et sa signification sociale.
]]>"Réfugiés", « migrants », « exilés » ou « demandeur d’asile » : à chaque mot sa fiction, et son ombre portée
Alors que les violences policières contre un campement éphémère de personnes exilées font scandale, comment faut-il nommer ceux dont les tentes ont été déchiquetées ?
Nombreuses et largement unanimes, les réactions qui ont suivi l’intervention de la police, lundi 23 novembre au soir, place de la République à Paris, condamnent la violence des forces de l’ordre. De fait, après cette intervention pour déloger le campement éphémère installé en plein Paris dans le but de donner de l’écho à l’évacuation récente d’un vaste camp de réfugiés sur les contreforts du périphérique, les images montrent les tentes qui valsent, les coups qui pleuvent, des matraques qui cognent en cadence, et de nombreux soutiens nassés en pleine nuit ainsi que la presse. Survenu en plein débat sur la loi de sécurité globale, et après de longs mois d’un travail tous azimuts pour poser la question des violences policières, l’épisode a quelque chose d’emblématique, qui remet au passage l’enjeu de l’accueil migratoire à la Une des médias.
Une occasion utile pour regarder et penser la façon dont on nomme ceux qui, notamment, vivent ici dans ces tentes-là. Durant toute la soirée de lundi, la réponse policière à leur présence sur la place de la République a été amplement commentée, en direct sur les réseaux sociaux d’abord, puis sur les sites de nombreux médias. Si certains utilisaient le mot “migrants” désormais ordinaire chez les journalistes, il était frappant de voir que d’autres termes prenaient une place rare à la faveur de l’événement à chaud. Et en particulier, les mots “réfugiés” et “exilés”.
En ligne, Utopia56, le collectif à l’origine de l’opération, parle de “personnes exilées”. Chez Caritas France (ex-Secours catholique), c’est aussi l’expression qu’utilise par exemple, sur la brève bio de son compte twitter, la salariée de l’humanitaire en charge des projets “solidarité et défense des droits des personnes exilées”. Ce lexique n’a rien de rare dans le monde associatif : la Cimade parle aussi de longue date de “personnes exilées”, la Fédération des acteurs de solidarités qui chapeaute 870 associations de même, et chez chez Act up par exemple, on ne dit pas non plus “migrants” mais “exilés”. Dans la classe politique, la nuit de violences policières a donné lieu à des déclarations de protestation où il n’était pas inintéressant d’observer l’usage des mots choisis dans le feu de l’action, et sous le projecteur des médias : plutôt “exilés” chez les écologistes, via le compte twitter “groupeecoloParis”, tandis qu’Anne Hidalgo, la maire de Paris, parlait quant à elle de “réfugiés”.
Du côté des médias, le terme poussé par le monde associatif n’a sans doute jamais aussi bien pris qu’à chaud, dans l’épisode de lundi soir : sur son compte Twitter, CNews oscillait par exemple entre “migrants” et “personnes exilées”... au point de se faire tacler par ses abonnés - il faudrait plutôt dire “clandestins”. Edwy Plenel panachait pour sa part le lexique, le co-fondateur de Médiapart dénonçant au petit matin la violence dont avaient fait l’objet les “migrants exilés”.
Peu suspect de gauchisme lexical, Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, affirmait de son côté saisir l’IGPN pour une enquête sur cette évacuation d’un “campement de migrants”, tandis que le mot s’affichait aussi sur la plupart des pages d’accueil des sites de médias. Comme si le terme “migrants” était devenu un terme générique pour dire cette foule anonyme de l’immigration - sans que, le plus souvent, on interroge en vertu de quels critères ? Cet épisode de l’évacuation violente de la place de la République est en fait l’occasion idéale pour regarder la façon dont le mot “migrants” s’est disséminé, et remonter le film pour comprendre comment il a été forgé. Car ce que montre la sociologue Karen Akoka dans un livre qui vient justement de paraître mi-novembre (à La Découverte) c’est que cette catégorie est avant tout une construction dont la sociogenèse éclaire non seulement notre façon de dire et de penser, mais surtout des politiques publiques largement restées dans l’ombre.
Les mots de l’asile, ces constructions politiques
L’Asile et l’exil, ce livre formidable tiré de sa thèse, est à mettre entre toutes les mains car précisément il décortique en quoi ces mots de l’immigration sont d’abord le fruit d’un travail politique et d’une construction historique (tout aussi politique). Les acteurs de cette histoire appartiennent non seulement à la classe politique, mais aussi aux effectifs des officiers qui sont recrutés pour instruire les demandes. En centrant son travail de doctorat sur une sociohistoire de l’Ofpra, l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides, créé en 1952, la chercheuse rappelle qu’il n’est pas équivalent de parler d’exil et d’asile, d’exilés, de demandeurs d’asile, de migrants ou de réfugiés. Mais l’ensemble de sa démonstration éclaire en outre toute la part d’artifice que peut receler ce raffinage lexical qui a permis à l’Etat de construire des catégories d’aspirants à l’exil comme on labelliserait des candidats plus ou moins désirables. Face aux "réfugiés", légitimes et acceptables depuis ce qu’on a construit comme une forme de consensus humaniste, les "migrants" seraient d’abord là par émigration économique - et moins éligibles. Tout son livre consiste au fond en une déconstruction méthodique de la figure du réfugié désirable.
Les tout premiers mots de l’introduction de ce livre (qu’il faut lire en entier) remontent à 2015 : cette année-là, Al-Jazeera annonçait que désormais, celles et ceux qui traversent la Méditerranée seront pour de bon des “réfugiés”. Et pas des “migrants”, contrairement à l’usage qui était alors en train de s’installer dans le lexique journalistique à ce moment d’explosion des tentatives migratoires par la mer. Le média qatari précisait que “migrants” s’apparentait à ses yeux à un “outil de deshumanisation”. On comprenait en fait que “réfugié” était non seulement plus positif, mais aussi plus légitime que “migrant”.
En droit, c’est la Convention de Genève qui fait les “réfugiés” selon une définition que vous pouvez consulter ici. Avant ce texte qui remonte à 1951, on accueillait aussi des réfugiés, quand se négociait, au cas par cas et sous les auspices de la Société des nations, la reconnaissance de groupes éligibles. Mais le flou demeure largement, notamment sur ce qui, en pratique, départirait le “réfugié” de “l’étranger”. A partir de 1952, ces réfugiés répondent à une définition, mais surtout à des procédures, qui sont principalement confiées à l’Ofpra, créé dans l’année qui suit la Convention de Genève. L’autrice rappelle qu’à cette époque où l’Ofpra passe d’abord pour une sorte de “consulat des régimes disparus”, il y a consensus pour considérer que l’institution doit elle-même employer des réfugiés chargés de décider du sort de nouveaux candidats à l’asile. A l’époque, ces procédures et ces arbitrages n’intéressent que très peu de hauts fonctionnaires. Ca change progressivement à mesure que l’asile se politise, et la décennie 1980 est une bonne période pour observer l’asile en train de se faire. C’est-à-dire, en train de se fabriquer.
La construction du "réfugié militant"
Sur fond d’anticommunisme et d’intérêt à relever la tête après la guerre coloniale perdue, la France décidait ainsi au début des années 80 d’accueillir 130 000 personnes parmi celles qui avaient fui l’un des trois pays de l’ex-Indochine (et en particulier, le Vietnam). On s’en souvient encore comme des “boat people”. Ils deviendront massivement des “réfugiés”, alors que le mot, du point de vue juridique, renvoie aux critères de la Convention de Genève, et à l’idée de persécutions avérées. Or Karen Akoka rappelle que, bien souvent, ces procédures ont en réalité fait l’objet d’un traitement de gros. C’est-à-dire, qu’on n’a pas toujours documenté, dans le détail, et à l’échelle individuelle, les expériences vécues et la position des uns et des autres. Au point de ne pas trop chercher à savoir par exemple si l’on avait plutôt affaire à des victimes ou à des bourreaux ? Alors que le génocide khmer rouge commençait à être largement connu, l’idée que ces boat people massivement arrivés par avion camperaient pour de bon la figure du “bon réfugié” avait cristallisé. La chercheuse montre aussi que ceux qui sont par exemple arrivés du Vietnam avaient fait l’objet d’un double tri : par les autorités françaises d’une part, mais par le régime vietnamien d’autre part… et qu’il avait été explicitement convenu qu’on exclurait les militants politiques.
Or dans l’imaginaire collectif comme dans le discours politique, cette représentation du réfugié persécuté politiquement est toujours très active. Elle continue souvent de faire écran à une lecture plus attentive aux tris opérés sur le terrain. Et empêche par exemple de voir en quoi on a fini par se représenter certaines origines comme plus désirables, par exemple parce qu’il s’agirait d’une main-d’œuvre réputée plus docile. Aujourd’hui, cette image très puissante du "réfugié militant" reste arrimée à l’idée d’une histoire personnelle légitime, qui justifierait l’étiquetage de certains “réfugiés” plutôt que d’autres. C’est pour cela qu’on continue aujourd’hui de réclamer aux demandeurs d’asile de faire la preuve des persécutions dont ils auraient fait l’objet.
Cette enquête approfondie s’attèle à détricoter ce mirage du "bon réfugié" en montrant par exemple que, loin de répondre à des critères objectifs, cette catégorie est éminemment ancrée dans la Guerre froide et dans le contexte post-colonial. Et qu’elle échappe largement à une approche empirique rigoureuse, et critique. Karen Akoka nous dépeint la Convention de Genève comme un cadre qui se révèle finalement assez flou, ou lâche, pour avoir permis des lectures et des usages oscillatoires au gré de l’agenda diplomatique ou politique. On le comprend par exemple en regardant le sort de dossiers qu’on peut apparenter à une migration économique. Sur le papier, c’est incompatible avec le label de “réfugié”. Or dans la pratique, la ligne de partage entre asile d’un côté, et immigration de l’autre, ne semble plus si étanche lorsqu’on regarde de près qui a pu obtenir le statut dans les années 1970. On le comprend mieux lorsqu’on accède aux logiques de traitement dans les années 70 et 80 : elles n’ont pas toujours été les mêmes, ni été armées du même zèle, selon l’origine géographique des candidats. Edifiant et très pédagogique, le sixième chapitre du livre d’Akoka s’intitule d’ailleurs “L’Asile à deux vitesses”.
L’autrice accorde par exemple une attention particulière à la question des fraudes. Pas seulement à leur nombre, ou à leur nature, mais aussi au statut que les institutions ont pu donner à ces fraudes. Ainsi, Karen Akoka montre l’intérêt qu’a pu avoir l’Etat français, à révéler à grand bruit l’existence de “filières zaïroises” à une époque où la France cherchait à endiguer l’immigration d’origine africaine autant qu’à sceller une alliance avec le Zaïre de Mobutu. En miroir, les entretiens qu’elle a menés avec d’anciens fonctionnaires de l’Ofpra dévoilent qu’on a, au contraire, cherché à dissimuler des montages frauduleux impliquant d’ex-Indochinois.
Les "vrais réfugiés"... et les faux
Entre 1970 et 1990, les chances de se voir reconnaître “réfugié” par l’Ofpra ont fondu plus vite que la banquise : on est passé de 90% à la fin des années 70 à 15% en 1990. Aujourd’hui, ce taux est remonté (de l’ordre de 30% en 2018), mais on continue de lire que c’est le profil des demandeurs d’asile qui aurait muté au point d’expliquer que le taux d’échec explose. Ou que la démarche serait en quelque sorte détournée par de “faux demandeurs d’asile”, assez habiles pour instrumentaliser les rouages de l’Ofpra en espérant passer entre les gouttes… au détriment de “vrais réfugiés” qu’on continue de penser comme tels. Karen Akoka montre qu’en réalité, c’est plutôt la manière dont on instruit ces demandes en les plaçant sous l’égide de politiques migratoires plus restrictives, mais aussi l’histoire propre de ceux qui les instruisent, qui expliquent bien plus efficacement cette chute. Entre 1950 et 1980 par exemple, nombre d’officiers instructeurs étaient issus des mêmes pays que les requérants. C’était l’époque où l’Ofpra faisait davantage figure de “consulat des pays disparus”, et où, par leur trajectoire personnelle, les instructeurs se trouvaient être eux-mêmes des réfugiés, ou les enfants de réfugiés. Aujourd’hui ce sont massivement des agents français, fonctionnaires, qui traitent les dossiers à une époque où l’on ne subordonne plus les choix au Rideau de fer, mais plutôt sous la houlette d’une politique migratoire et de ce qui a sédimenté dans les politiques publiques comme “le problème islamiste”.
Rassemblé ici au pas de course mais très dense, le travail de Karen Akoka est un exemple vibrant de la façon dont l’histoire, et donc une approche pluridisciplinaire qui fait la part belle aux archives et à une enquête d’histoire orale, enrichit dans toute son épaisseur un travail entamé comme sociologue. Du fait de la trajectoire de l’autrice, il est aussi un exemple lumineux de tout ce que peut apporter une démarche réflexive. Ca vaut pour la façon dont on choisit un mot plutôt qu’un autre. Mais ça vaut aussi pour la manière dont on peut déconstruire des façons de penser, ou des habitudes sur son lieu de travail, par exemple. En effet, avant de soutenir sa thèse en 2012, Karen Akoka a travaillé durant cinq ans pour le HCR, le Haut commissariat aux réfugiés des Nations-Unies. On comprend très bien, à la lire, combien elle a pu d’abord croire, et même nourrir, certaines fausses évidences. Jusqu’à être “mal à l’aise” avec ces images et ces chimères qu’elle entretenait, depuis son travail - qui, en fait, consistait à “fabriquer des réfugiés”. Pour en éliminer d’autres.
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Conditions de vie : quels sont les signes extérieurs de richesse ?
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Concrètement, quels sont les éléments du mode de vie qui distinguent du lot co...
]]>L’#écologie_municipale, ou la ville face à son histoire
Les verts élus dans les grandes #villes doivent faire un #choix : se focaliser sur la qualité de vie de leurs administrés au risque de renforcer la #fracture entre #centres urbains et #périphéries, ou au contraire renouer avec les #territoires_fantômes que les #métropoles consomment et consument.
Après le succès des candidatures et alliances écologistes dans certaines des plus grandes villes de France dimanche, une chose a très peu retenu l’attention des commentateurs politiques. C’est le paradoxe, au moins en apparence, d’une #métropolisation de l’écologie politique – le fait que les valeurs vertes semblent trouver dans les grands centres urbains leur principal lieu d’élection. Au lieu de s’interroger sur les motivations et les idéaux des personnes qui peuplent ces villes pour essayer d’y lire l’avenir, peut-être faut-il alors renverser la perspective et regarder l’objet même que constitue la #ville, sa réalité indissociablement écologique et politique.
Au regard de l’#histoire, cette #urbanisation des #valeurs_vertes ne va pas du tout de soi. La ville a souvent été définie, en Europe au moins, par l’enveloppe protectrice des remparts qui tenait à distance les ennemis humains et non humains (animaux, maladies), et qui matérialisait la différence entre l’espace de la cité et son pourtour agraire et sauvage. En rassemblant les fonctions politiques, symboliques, sacerdotales, les villes engendrent des formes de socialité qui ont fasciné les grands penseurs de la modernisation. Saint-Simon, par exemple, voyait dans la commune médiévale italienne l’origine du développement matériel et moral propre à la #modernité. Durkheim, plus tard, faisait de la ville le prototype du milieu fait par et pour l’humain, le seul espace où pouvait se concrétiser le projet d’#autonomie.
Aspirations urbaines
Mais les villes sont également devenues, avec le processus d’#industrialisation, de gigantesques métabolismes matériels. L’explosion démographique des métropoles industrielles au XIXe siècle va de pair avec la concentration du travail, de l’énergie, et plus largement des flux de matière qui irriguent l’économie globale. Au cœur des transformations de la vie sociale, la ville est aussi au cœur de ses transformations matérielles : elle aspire d’immenses quantités de ressources, pour les relancer ensuite dans le commerce sous forme de marchandises. En laissant au passage les corps épuisés des travailleurs et des travailleuses, ainsi que des montagnes de déchets visibles ou invisibles, résidus non valorisés du processus productif.
Ainsi la ville irradie le monde moderne de son prestige symbolique et culturel, mais elle tend aussi à déchirer le tissu des circularités écologiques. L’un ne va pas sans l’autre. Chaque ville, par définition, est tributaire de circuits d’approvisionnement qui alimentent ses fonctions productives, ou simplement qui la nourrissent et la débarrassent des contraintes spatiales. Chaque ville est entourée d’une périphérie fantôme qui l’accompagne comme son ombre, et qui est faite des #banlieues où vivent les exclus du #rêve_métropolitain, des champs cultivés et des sous-sols exploités. Chaque urbain mobilise malgré lui un espace où il ne vit pas, mais dont il vit.
L’une des sources de la #sensibilité_écologique contemporaine se trouve justement dans la critique de l’avant-garde urbaine. Dans l’Angleterre victorienne, William Morris ou John Ruskin retournent à la #campagne pour démontrer qu’une relation organique au #sol est susceptible de régénérer la civilisation, sans pour autant compromettre les idéaux d’émancipation. Mais ils luttaient contre une tendance historique dont l’extraordinaire inertie a rapidement provoqué la disqualification de ces expériences. Surtout pour le #mouvement_ouvrier, qui avait en quelque sorte besoin des formes spécifiquement urbaines d’#aliénation pour construire la #solidarité_sociale en réponse.
Si l’on replace dans cette séquence d’événements le phénomène d’urbanisation des attentes écologiques actuelles alors il y a de quoi s’interroger sur l’avenir. Deux trajectoires possibles peuvent s’esquisser, qui ont cela d’intéressant qu’elles sont à la fois absolument irréconciliables sur un plan idéologique et matériel, et quasiment impossibles à distinguer l’une de l’autre dans le discours des nouveaux édiles de la cité verte.
Faire atterrir le #métabolisme_urbain
D’un côté, on trouve le scénario d’une consolidation des #inégalités_sociales et spatiales à partir des valeurs vertes. Pour le dire de façon schématique, les grands pôles urbains poussent la #désindustrialisation jusqu’à son terme en éliminant les dernières nuisances et toxicités propres à la #ville_productive : elles se dotent de parcs, limitent les transports internes et créent des #aménités_paysagères (comme la réouverture de la Bièvre à Paris). C’est ce que la sociologie appelle la #gentrification_verte, dont #San_Francisco est le prototype parfois mis en avant par les prétendants écologistes aux grandes mairies. Au nom d’une amélioration difficilement critiquable de la qualité de vie, la ville des #parcs et #jardins, des boutiques bio, des #mobilités_douces et des loyers élevés court le risque d’accroître le #fossé qui la sépare des périphéries proches et lointaines, condamnées à supporter le #coût_écologique et social de ce mode de développement. #Paris est de ce point de vue caractéristique, puisque l’artifice administratif qui tient la commune à l’écart de sa banlieue est matérialisé par la plus spectaculaire infrastructure inégalitaire du pays, à savoir le #boulevard_périphérique.
Mais si le vert peut conduire à consolider la #frontière entre l’intérieur et l’extérieur, et donc à faire de la qualité de vie un bien symbolique inégalement distribué, il peut aussi proposer de l’abolir – ou du moins de l’adoucir. Une réflexion s’est en effet engagée dans certaines municipalités sur le pacte qui lie les centres-villes aux espaces fantômes qu’elles consomment et consument. La #renégociation de la #complémentarité entre #ville et #campagne par la construction de #circuits_courts et de qualité, l’investissement dans des infrastructures de #transport_collectif sobres et égalitaires, le blocage de l’#artificialisation_des_sols et des grands projets immobiliers, tout cela peut contribuer à faire atterrir le #métabolisme_urbain. L’équation est évidemment très difficile à résoudre, car l’autorité municipale ne dispose pas entre ses mains de tous les leviers de décision. Mais il s’agit là d’un mouvement tout à fait singulier au regard de l’histoire, dans la mesure où il ne contribue plus à accroître la concentration du capital matériel et symbolique à l’intérieur de la cité par des dispositifs de #clôture et de #distinction, mais au contraire à alléger son emprise sur les #flux_écologiques.
Le défi auquel font face les nouvelles villes vertes, ou qui prétendent l’être, peut donc se résumer assez simplement. Sont-elles en train de se confiner dans un espace déconnecté de son milieu au bénéfice d’une population qui fermera les yeux sur le sort de ses voisins, ou ont-elles engagé un processus de #décloisonnement_social et écologique ? L’enjeu est important pour notre avenir politique, car dans un cas on risque le divorce entre les aspirations vertes des centres-villes et la voix des différentes périphéries, des #ronds-points, des lointains extractifs, alors que dans l’autre, une fenêtre s’ouvre pour que convergent les intérêts de différents groupes sociaux dans leur recherche d’un #milieu_commun.
▻https://www.liberation.fr/debats/2020/06/30/l-ecologie-municipale-ou-la-ville-face-a-son-histoire_1792880
#verts #élections_municipales #France #inégalités_spatiales #mobilité_douce #coût_social ##décloisonnement_écologique
Le mal que nous nous faisons (première partie) - Mon blog sur l’écologie politique
▻http://blog.ecologie-politique.eu/post/Le-mal-que-nous-nous-faisons-1
Il me semble que ces logiques sociales de distinction militante et de formation de tendances qui intègrent ou excluent prennent une dimension particulière quand il est question de féminisme. Aucun autre mouvement n’est structuré en « vagues », la dernière chassant la précédente et la renvoyant à la péremption. Étrangement, c’est ce qui se pratique aussi pour les femmes, qui ont une durée de consommation optimale plus faible que les hommes (une femme serait à son meilleur à 25 ans, un homme à 50). Alors que les penseurs de l’anarchisme, de l’écologie ou du marxisme ne sont pas d’emblée dévalués pour leur ancienneté, les féministes le sont, au prétexte que les générations précédentes seraient moins éclairées que les suivantes.
le féminisme comme intrinsèquement progressiste ?
#féminisme #Histoire #distinction #sororité #militantisme #progressisme
]]>Airbnb Goes to Antarctica – Mother Jones
▻https://www.motherjones.com/environment/2019/10/airbnb-goes-to-antarctica
It’s not a typical citizen science project, which is often designed to widen the number of people (and their computers, binoculars, and other common tools) that can contribute to data collection and processing. They center around seeking out people who are already advantageously placed, as Bergmann did in asking folks who lived in Norway for snow samples, rather than hauling them across the ocean to put yet more footprints in a fragile ecosystem. Airbnb’s efforts are, instead, a company co-opting and twisting the notion of citizen science in order to use science (even perhaps a little real science!) to sell its mission and product. “The last thing that Antarctica needs right now is more people going down there,” says Jessica Green, who studies the politics of climate change at the University of Toronto. She sees tourism as one of the biggest threats to the continent. “Putting forth the idea that just anyone can go is not very helpful.”
#tourisme #distinction pseudo #science_participative #Antarctique #greewashing
▻https://twitter.com/greenprofgreen/status/1178666524560769026
]]>« Le #classement_de_Shanghaï n’est pas fait pour mesurer la qualité des universités françaises »
Pour le chercheur #Hugo_Harari-Kermadec, ce classement a surtout poussé la #France à faire des choix qui vont à l’encontre de « l’esprit de #service_public ».
Le classement de Shanghaï des universités, dont la dernière édition est rendue publique jeudi 15 août, et les #politiques_d’excellence qui soutiennent cette #compétition entre établissements ont accentué la #polarisation de l’#enseignement_supérieur français, c’est-à-dire la logique de #distinction de quelques établissements au détriment des autres.
Ces « champions » sont aussi ceux qui accueillent la population étudiante la plus favorisée socialement. C’est ce qu’explique Hugo Harari-Kermadec, maître de conférences en économie à l’Ecole normale supérieure (ENS) Paris-Saclay et spécialiste de l’enseignement supérieur. Il est l’auteur du livre Ce que Shanghaï a fait à l’université française, qui paraîtra en octobre aux éditions Le Bord de l’eau.
Dans toutes les éditions du classement de Shanghaï, les établissements français sont plutôt mal classés. Est-ce le symptôme d’une mauvaise santé chronique des universités françaises ?
C’est surtout le signe que ce classement n’est pas fait pour mesurer la qualité des universités françaises. Il a une importance considérable dans le débat public français, alors que ce n’est pas le cas aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, où les établissements universitaires sont pourtant très bien classés. Ni en Allemagne, où ils sont mal placés, pour des raisons similaires à la France. Des présidents de facultés allemandes refusent même de transmettre leurs informations au cabinet de conseil qui établit le classement.
En France, le classement de Shanghaï a entraîné des #choix_politiques, comme des #regroupements_universitaires, parfois artificiels, mais pourtant sans grands effets sur la place des établissements dans ce palmarès.
Les faibles #performances des facultés françaises dans le classement de Shanghaï ne sont pas, en soi, un signe de mauvaise santé. Ce qui ne veut pas dire qu’elles aillent bien. Elles manquent très sérieusement de moyens, surtout pour l’enseignement. Elles doivent en permanence s’adapter à un contexte réglementaire bouleversé depuis vingt ans, à une mise en concurrence pour obtenir des financements – pour la rénovation des campus ou pour les projets de recherche.
L’excellence de la #recherche compte énormément dans ce classement. Comment peut-elle s’articuler, dans un contexte budgétaire contraint, avec la nécessité d’accueillir en licence un nombre croissant d’étudiants ?
La politique du gouvernement est, sans l’assumer, de créer d’un côté des « #universités-licence » sans réelle recherche, et de l’autre, quelques très grandes universités de recherche, fusionnées avec des grandes écoles.
Cette logique est manifeste au travers des projets #IDEX (#initiative_d’excellence), ces programmes de financement de pôles universitaires qui revendiquent une excellence visible depuis Shanghaï. Mettre en avant le classement de Shanghaï dans la communication gouvernementale permet de justifier les importants #financements attribués à certains établissements – près de 1 milliard d’euros pour l’université Paris-Saclay. En outre, cette politique dite d’excellence a relégué au second plan l’accueil des nouveaux étudiants nés avec le boom démographique du début des années 2000.
Faire de la recherche et former le plus grand nombre, est-ce contradictoire ?
Dans la mise en œuvre des politiques publiques « d’excellence » à laquelle nous assistons, oui. Cela ne devrait pas l’être, puisque le lien entre #enseignement et recherche est la caractéristique du système universitaire.
Le #projet_Saclay a ainsi changé un nombre incalculable de fois pour arriver à un ensemble qui pourrait être classé par Shanghaï ; c’est-à-dire ressembler institutionnellement à une université anglo-saxonne. La nouvelle #université_Paris-Saclay, qui naîtra au 1er janvier 2020, sera un établissement avec des étudiants presque tous sélectionnés, focalisé sur le niveau master et le doctorat, et avec beaucoup plus de recherche et beaucoup moins d’enseignement que dans une université française traditionnelle.
Quels sont les effets de cette course à l’excellence, et de cette compétition entre universités françaises ?
Au sein du collectif de recherche Acides, avec Romain Avouac, nous avons montré que les universités françaises sont très polarisées suivant l’origine sociale des étudiants.
A #Paris-Dauphine, on ne trouve pratiquement pas d’enfants des classes populaires. A l’inverse, certaines universités d’outre-mer ou des Hauts-de-France ont très peu d’enfants de cadres, alors qu’ils constituent 40 % de la population étudiante à l’université. Et, surprise, les universités à la population étudiante la plus aisée sont celles qui sont les mieux classées par Shanghaï, et qui reçoivent les financements IDEX.
Les #financements des politiques publiques de « l’excellence » renforcent donc indirectement la #polarisation_sociale du #système_universitaire, en donnant plus de moyens pour l’éducation des étudiants favorisés. Finalement, adapter le système universitaire français au classement de Shanghaï, c’est lui faire adopter une logique de concurrence et de #rationalisation_économique, au détriment de l’esprit de service public et des missions académiques.
Ces classements sont-ils regardés par les étudiants ?
La sociologue Leïla Frouillou a montré en 2017 que les classements d’universités sont en réalité peu suivis par les étudiants. Même ceux de Dauphine, pourtant bien classée par Shanghaï, n’ont pas suivi le palmarès pour choisir leur établissement, comme l’ont montré dans leurs travaux les chercheurs Séverine Chauvel et Pierre Clément.
Il en va autrement pour les étudiants en mobilité internationale, en particulier en provenance d’Asie. D’une part parce qu’ils ne connaissent pas les universités françaises, contrairement aux étudiants français qui suivent les conseils de leurs enseignants et de leurs parents, amis, familles. D’autre part, choisir une université bien classée est un argument de poids lorsqu’il s’agit d’obtenir un prêt étudiant pour financer le voyage, le coût de la vie et les frais d’inscription.
►https://www.lemonde.fr/campus/article/2019/08/15/le-classement-de-shanghai-n-est-pas-fait-pour-mesurer-la-qualite-des-univers
#université #qualité #science #ranking #excellence #classes_sociales
« Je ne connaissais rien, c’était humiliant » : le grand malaise de la culture générale
▻https://www.lemonde.fr/campus/article/2019/05/22/je-ne-connaissais-rien-c-etait-humiliant-le-grand-malaise-de-la-culture-gene
L’effet est d’identifier le milieu social du candidat, et ce qui pourrait faciliter son adhésion au corps de l’école, de l’administration. Les jurys se demandent : ce candidat pourra-t-il parler des mêmes choses que moi à midi ? Cette logique du mimétisme est très discriminante, et c’est en cela que la sociologie considère la culture générale comme l’épreuve par essence des héritiers.
]]>#Gilets_jaunes : « On veut montrer que la #foule est hystérique, sauvage, barbare »
Attention, ne pas confondre ! Il y aurait d’un côté les « vrais » Gilets jaunes, ceux des fins de mois impossibles et des problèmes de pouvoir d’achat, et de l’autre côté les #casseurs, les #pillards, les #incendiaires. Telle a été, tout au long des quatre premiers actes du #mouvement des Gilets jaunes le discours médiatique et politique dominant. Que vaut cette distinction en 2018, et que vaut-elle en regard de tous les mouvements insurrectionnels, petits et grands, dont notre Histoire est jalonnée, en remontant à mai 68 et pourquoi pas aussi à la Révolution française ? Questions posées à nos trois invités : #Isabelle_Sommier, sociologue spécialiste des mouvements sociaux et de la violence politique ; #Gérard_Bras, philosophe, auteur des « Voies du peuple » (Ed. Amsterdam, 2017) ; et #Ludivine_Bantigny, historienne spécialiste notamment de mai 68.
▻https://www.arretsurimages.net/emissions/arret-sur-images/gilets-jaunes-on-veut-montrer-que-la-foule-est-hysterique-sauvage-ba
#vrais_gilets_jaunes #catégorisation #distinction
"LE PEUPLE" EN POLITIQUE DEPUIS LA REVOLUTION - GÉRARD BRAS
▻https://www.youtube.com/watch?v=hl95yuyjEBU
#peuple
Preaching and Teaching – Email Devotionals
▻https://emaildevotionals.com/2018/10/22/preaching-and-teaching/comment-page-1/#comments
Sometimes Paul had to preach and at other times he taught. Preaching declares the truth and teaching explains it some more. Preaching is a monologue and teaching is a dialogue, most of the time. Either way, Paul used those methods to let others know about Jesus Christ and His work.
]]>L’ostentation, tout en nuance
▻http://www.laviedesidees.fr/L-ostentation-tout-en-nuance.html
Les classes dominantes affichent traditionnellement leur supériorité par le faste de leurs dépenses. Selon Elizabeth Currid-Halkett, l’affirmation statutaire est en pleine mutation et passe désormais par des signes beaucoup plus discrets, où la #distinction vient remplacer l’ostentation.
/ #élites, distinction, #consommation
]]>Ce que lisent les #patrons : enquête sur la culture du #CAC_40
▻https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/080616/ce-que-lisent-les-patrons-enquete-sur-la-culture-du-cac-40
Ce qui distingue aujourd’hui les élites est désormais moins un répertoire classique que la capacité à tout assimiler, aussi bien la culture populaire que la culture savante, en naviguant de l’une à l’autre. Le hip-hop et l’opéra. Le rock et le baroque. Les séries TV et les sérigraphies. Quels rapports les patrons du CAC 40 entretiennent-ils avec la culture ? Une enquête de la Revue du Crieur dont le 4ème numéro sort le jeudi 9 juin.
#Culture-Idées #Bernard_Arnault #culture_classique #Denis_Kessler #Distinction #François_Pinault #Jean-Baptiste_Rudelle #Jean-Louis_Beffa #lecture #Mathieu_Pigasse #opéra #patronat #Pierre_Bourdieu #Xavier_Niel
]]>« En France, l’orthographe sert à se distinguer socialement » (Claude Lelièvre, LeMonde.fr)
▻http://www.lemonde.fr/education/article/2016/02/16/en-france-l-orthographe-sert-a-se-distinguer-socialement_4866346_1473685.htm
En France, même au XXIe siècle, l’orthographe sert à se distinguer socialement : on a le droit de ne pas maîtriser une règle de trois… mais pas de « fauter » en orthographe. La langue écrite est devenue l’un des deux totems – avec le roman national – constitutif de notre identité. Mais être français aujourd’hui, est-ce croire qu’on atteint les sommets de la culture quand on s’agrippe à la cime de l’accent circonflexe ?
#éducation #école #orthographe #réforme_de_l'orthographe #distinction_sociale
]]>#Jean-Baptiste_Comby : « Les médias dépolitisent le #Climat »
▻https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/260116/jean-baptiste-comby-les-medias-depolitisent-le-climat
Pourquoi la médiatisation du dérèglement climatique n’élargit-elle pas l’audience de la critique du capitalisme ? La montée en puissance du climat s’est faite en privilégiant l’individualisation des responsabilités, analyse le sociologue Jean-Baptiste Comby. jbc
#Culture-Idées #Distinction #inégalités #la_boîte_à_idées #media
]]>En gastronomie aussi.
Le retour de la cuisine bourgeoise
▻http://www.lemonde.fr/m-gastronomie/visuel/2015/11/10/le-retour-de-la-cuisine-bourgeoise_4806422_4497540.html
A l’heure où les food trucks poursuivent leur avancée, c’est une marche arrière qu’enclenchent avec audace certains chefs : le retour à la cuisine bourgeoise. Ringardisée dans les années 1970, elle revient modernisée et parée de mille vertus : nourrissante, conviviale, et même écolo.
C’est aussi le marqueur social d’une époque. Très axée sur les viandes, symbole de puissance et de prospérité, notamment les gibiers (la chasse n’étant plus le privilège de l’élite), c’est une cuisine de jus et de sauces, de gratins, de feuilletages et de longs mijotages. Une cuisine domestique et roborative, qui prend du temps, et à laquelle se dédient des praticiens émérites et respectés – souvent des femmes. Ce sont d’ailleurs les « Mères » lyonnaises qui, en quittant leurs maisons pour ouvrir des auberges, firent entrer ces plats généreux, économiques et savoureux dans le répertoire de la restauration.
]]>Œuvre d’art à la poubelle, pourquoi pas ?
Dans la Critique du Jugement (Esthétique), Kant propose qu’un des critère du beau soit une certaine universalité (sans concept). Forcé de constater (et c’est loin d’être la première fois) qu’il avait tort.
En Italie des femmes de ménage jettent une œuvre d’art sans le savoir (Le point, 27/10/2015)
▻http://www.lepoint.fr/arts/italie-des-femmes-de-menage-jettent-une-oeuvre-d-art-sans-le-savoir-27-10-20
Bourdieu, l’avait d’ailleurs rappelé dans « La distinction » faisant du jugement esthétique un jugement culturel, souvent formaté par la classe bourgeoise :
38 – Aux aveux par lesquels les ouvriers lacés devant des tableaux modernes trahissent leur exclusion (« Je ne comprends pas ce que ça veut dire » ou « ça me plaît mais je ne comprends pas ») s’oppose le silence entendu des bourgeois qui, tout aussi déconcertés, savent au moins qu’il faut refuser – et, en tout cas, taire – l’attente naïve d’expression que trahit le souci de « comprendre » (la « musique à programme » et les titres dont ont été affublés tant de sonates, concertos ou symphonies suffisent à manifester que cette attente n’est pas exclusivement populaire)
Pourtant il n’est pas exclu que l’art renoue avec la culture populaire, c’est aux artiste qui connaissent les signes de cette culture de s’en servir, a condition bien sur qu’il ne les confondent pas avec ceux de l’industrie culturelle qui confond populaire et audimat.
]]>Réfugiés : «les Soudanais en #France depuis des mois, ils s’en fichent»
Quai d’Austerlitz à Paris, certains migrants présents depuis longtemps s’estiment lésés par rapport aux réfugiés syriens.
▻http://www.europe1.fr/societe/refugies-nous-les-soudanais-en-france-depuis-des-mois-ils-sen-fichent-251353
#réfugiés #asile #migrations #Soudanais #Syriens #catégorisation #distinction
Karen Akoka (Paris X-Nanterre, Gisti) : 3 papiers sur l’imbécile distinction réfugiés/migrants
La distinction entre réfugiés et migrants économiques ne va pas de soi (AlterEcoPlus 11 sept 2015)
►http://www.alterecoplus.fr/refugies/la-distinction-entre-refugies-et-migrants-economiques-ne-va-pas-de-soi-
« Réfugiés clandestins » - L’archétype rêvé du réfugié (Plein droit n°90, octobre 2011)
►http://www.gisti.org/spip.php?article2441
« Le réfugié est une notion fabriquée au gré des priorités politiques »
itw par Carine Fouteau, 12 juin 2013
►http://www.mediapart.fr/journal/france/120613/le-refugie-est-une-notion-fabriquee-au-gre-des-priorites-politiques
"Durant plusieurs années, la sociologue Anaïs Collet a enquêté auprès des propriétaires de deux quartiers gentrifiés. De Montreuil à la Croix-Rousse elle montre que retaper un pavillon de banlieue en “vieille maison pleine de charme” participe au reclassement des lieux mais aussi à la consolidation d’une trajectoire sociale. Et dépeint avec son ouvrage “Rester Bourgeois” les ressorts sociaux à l’œuvre derrière ces mutations urbaines."
▻http://www.lesinrocks.com/2015/04/25/actualite/societe/les-quartiers-populaires-nouveaux-chantiers-de-la-distinction-11744335
Comment le #vélo est redevenu un sujet #politique | Slate.fr
►http://www.slate.fr/story/91051/velo-en-ville-luxe-distinction
Un article étonnamment bon sur le sujet
D’abord, les #pauvres travaillent plus loin de leur domicile, ce qui rend les trajets quotidiens en vélo plus éprouvants (surtout s’ils exercent un métier physiquement pénible). Une étude montre par ailleurs que posséder une voiture reste pour les populations pauvres américaines des grandes agglomérations le prérequis pour trouver un travail.
Deuxièmement, la voiture conserve son attrait statutaire : elle reste un signe de #distinction sociale important pour certaines populations, tout comme le vélo a pu le (re)devenir pour d’autres –la hiérarchie des modes de #transports est donc inversée. Cet élément est à rapprocher des aspirations des populations des cités dans les pays européens, plus attirées par les deux-roues motorisées et les voitures que les vélos, comme le note l’auteur du Pouvoir de la pédale.
Enfin, on dit aujourd’hui le vélo élitiste parce qu’#urbain. C’est en quelque sorte une #tautologie, dans la mesure où ce sont, en France, les centre-villes qui ont le plus bénéficié des aménagements cyclables et de politiques de réduction de la circulation automobile : zones de vitesse limitée (zones 30), doubles sens cyclables, services de vélos en libre-service, etc. Et que c’est dans ces espaces qu’on trouve le plus de populations aisées et diplômées, de sorte que le cercle vertueux du vélo en ville s’alimente de lui-même, tout comme son caractère socialement marqué.
]]>Les deux corps des aides à domicile
▻http://www.laviedesidees.fr/Les-deux-corps-des-aides-a.html
Dans une analyse croisant diverses sources et méthodes, Christelle Avril restitue la complexité du monde professionnel des aides à domicile. Deux types de destin s’y croisent, des #femmes françaises en déclassement et des immigrées en ascension. Autour de ces deux strates se construisent deux types de rapport aux personnes assistées, mais aussi au métier et à sa propre féminité.
Livres & études
/ #travail, santé, #distinction, femmes
]]>Le temps des « prépas »
▻http://www.laviedesidees.fr/Le-temps-des-prepas.html
Antichambre des #élites, les classes préparatoires font l’objet de critiques, de fantasmes, de reconstructions nostalgiques ou douloureuses mais de peu d’études documentées. La sociologue Muriel Darmon montre comment les « prépas » socialisent les étudiants et leur apprennent à jouer leur futur rôle de dominants.
Livres & études
/ #école, #distinction, élites, #enseignement
]]>Classes et #culture
▻http://www.laviedesidees.fr/Classes-et-culture.html
Il y a trente ans, La #distinction de Pierre #Bourdieu a posé les bases d’une réintégration des éléments culturels dans la réflexion sur le capital. Cette thèse reste-t-elle valide aujourd’hui ? Philippe Coulangeon évoque les métamorphoses de la distinction dans un monde marqué par les #inégalités de patrimoine et les mutations de la légitimité culturelle.
Livres & études
/ Bourdieu, distinction, inégalités, culture, #sub-culture, légitimité
]]>Le capital culturel classe-t-il encore ?
▻http://www.laviedesidees.fr/Le-capital-culturel-classe-t-il.html
Un ouvrage collectif s’est penché sur la pertinence et les enjeux d’une relecture contemporaine du livre de Pierre #Bourdieu, La #distinction, publié en 1979. Il en ressort une discussion critique d’une grande vitalité, tant du point de vue des positions par rapport aux thèses de l’ouvrage, des thèmes ou de l’origine des chercheurs qui s’approprient ce livre.
Livres & études
/ Bourdieu, distinction, #classes_sociales, #culture
]]>Pierre #Bourdieu et la #culture
▻http://www.laviedesidees.fr/Pierre-Bourdieu-et-la-culture.html
Les travaux de Pierre Bourdieu sur la culture, que ce soit les pratiques culturelles et leur rapport à l’espace social, la #littérature, l’art ou l’éducation, donnent lieu à des réflexions et des discussions très intenses. À l’occasion de la parution du cours sur Manet, la Vie des idées rassemble des travaux consacrés à Bourdieu, sociologue de la culture ou s’en inspirant, que ce soit pour prolonger ses thèses ou les discuter.
Essais & débats
/ culture, #sociologie, Bourdieu, #reproduction_sociale, #distinction, #éducation, littérature
]]>Pourquoi l’alcool que vous buvez peut indiquer vos opinions politiques | Slate.fr
▻http://www.slate.fr/life/81849/electeurs-gauche-preferent-vodka-electeurs-droite-whisky
Le National Media Research, Planning and Placement, qui se présente comme une agence de communication républicaine, a publié une étude sur les marques d’alcools forts et de vins préférées des électeurs de gauche et de droite (démocrates et républicains) aux Etats-Unis.
Le Washington Post écrit ainsi que les buveurs démocrates préfèrent les alcools clairs et en particulier les vodkas de marque Absolut et Grey Goose, alors que les Républicains sont plutôt amateurs de liqueurs brunes, Jim Beam, Canadian Club et Crown Royal en tête.
CNN nous apprend que les données sont issues de 50.000 réponses recueillies auprès des électeurs en 2012 et 2013.
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#alcool
#vodka
#vin
#vote
#sociologie
#analyse-électorale
#démocrates
#distinction-sociale
#whisky droite ?
#vodka gauche ?
La vie d’Adèle : les prolos mangent des pâtes la bouche ouverte... - @grosse_fatigue cause toujours....
▻http://grosse.fatigue.free.fr/causetoujours/spip.php?article290
Quelques exemples : les parents #prolos de la gentille adolescente mangent des nouilles la bouche ouverte, ils font du bruit. Elle-même bavouille un peu. Les pauvres, c’est pas poli, c’est un peu sale. Et puis : LES PAUVRES N’AIMENT PAS LES HUÎTRES.
C’est mal les connaître. Mon père en raffolait et certains dimanches, j’en cachais une dans mon mouchoir pour mieux la déguster crotte de nez en famille. Ça prouve bien que je m’en souviens.
Mais surtout, les pauvres ne sont pas sophistiqués. Ils ne comprennent rien à Egon Schiele. Ils ne comprennent rien au vin blanc non plus. En gros : ils aiment les choses concrètes. L’héroïne est un peu con : elle veut devenir institutrice alors que Léa Seydoux est la fille de bobos divorcés qui la laissent s’épanouir en peignant des croûtes pour les exposer un jour dans une galerie internationale à Dunkerque ou à Calais.... Léa Seydoux va jusqu’à traiter sa copine de « trainée » quand elle la trompe avec un mâle à bite. Drôle de vocabulaire. A nouveau, nos deux héroïnes sont filmées en très gros plans, avec de la morve surtout, parce que les enfants de prolos, même quand ça devient instituteur, ça reste sale.
Jamie Oliver, you haven’t tasted real poverty. Cut out the tutting | Alex Andreou | Comment is free | theguardian.com
▻http://www.theguardian.com/commentisfree/2013/aug/27/jamie-oliver-poverty-ready-meals-tv
What I had not understood before I found myself in true poverty, and what Oliver probably does not, is that it means living in a world of “no”. Ninety-nine per cent of what you need is answered “no”. Ninety-nine per cent of what your kids ask for is answered “no”. Ninety-nine per cent of life is answered “no”. Cinema? No. Night out? No. New shoes? No. Birthday? No. So, if the only indulgence that is viable, that is within budget, that will not mean you have to walk to work, is a Styrofoam container of cheesy chips, the answer is a thunderous “YES”.
When their daily entertainment consists of sitting in a 4ft by 6ft semi-basement living room watching TV, you can rest assured people will make any sacrifice they must to at least get “a massive fucking TV”. In a world of “no”, you are grateful for every “yes”, no matter how illogical or how unhealthy. “When I was poor, I smoked,” said a friend recently, “but that was all I had for me. Cigarettes were the only thing I owned. I was a non-person.”
]]>Les jeunes filles veulent un corps imberbe comme dans les films #porno
▻http://etudiant.lefigaro.fr/les-news/actu/detail/article/les-jeunes-filles-veulent-un-corps-imberbe-comme-dans-les-films-po
Là, je pense qu’on touche le fond... #pffffffff !
Cette tolérance zéro est tout droit inspirée des films porno. Mince, imberbe, bronzée et à gros seins, tel est leur idéal. « L’évolution des pratiques d’#épilation des filles suit celles des actrices porno. Le ticket de métro, c’était début 2000. Aujourd’hui, c’est l’intégrale », analyse Stéphane Rose. Les petits copains préconisent les nouvelles tendances auprès de leur chérie, pour « avoir dans leur lit les femmes sur lesquelles ils fantasment face à l’écran ». Elles en ont fait une #fierté, un signe de #distinction entre elles. Pour le professeur de sociologie à l’Université de Strasbourg David Le Breton, « le #poil est davantage associé au manque de contrôle et de maîtrise de soi. L’épilation va dans le sens d’une #hygiénisation du corps ». Si elles ne s’exécutent pas, on leur reprochera facilement d’être des « vieilles #féministes », d’après Stéphane Rose.
]]>Mozart, nouvelle arme anti-squat
▻http://lemonde.fr/mobilite/article/2013/05/31/mozart-nouvelle-arme-anti-squat_3420838_1653095.html
La SNCF y explique avoir testé la musique classique dans certaines gares "pour rétablir l’ordre" et dissuader "ces groupes de personnes [qui] utilisent les gares comme des lieux de squat" . "Figurez-vous que ça marche ! Soumettre ces personnes à des airs auxquels elles ne sont pas habituées a le mérite de les faire fuir" , se félicite un responsable.
]]>Dans le métro, après être passé devant une pub, une fille de 6 ans et son père :
(fillette) Papa, c’est quoi la foire du trône ?
(papa) C’est un endroit où il y a plein de manèges
(f) On pourra y aller un jour ?
(p) Non !
(f) Pourquoi ?
(p) Parce que !
(f) Mais pourquoi ?
(p) Parce que il y a des gens pas biens là bas. Il y a des bagarres.
(f) Tu y es déjà allé ?
(p) Non, mais je l’ai lu ...
(f) Mais au parc Astérix ...
(p) Ah oui, au parc Astérix, on pourra y aller.
La #gentrification, moteur de tensions sociales et raciales - Métropolitiques
▻http://www.metropolitiques.eu/La-gentrification-moteur-de.html
Les travaux de Sylvie Tissot (2011) sur le quartier du South End à Boston ont mis au jour les paradoxes de cette élite socialement progressiste qui puise un véritable prestige dans sa proximité avec les classes populaires. La #mixité, loin d’être synonyme d’une perte de capital social, témoigne du renouvellement des stratégies de #distinction des élites urbaines. Mais cette transformation de la ségrégation socio-spatiale n’est permise que parce que cette nouvelle proximité demeure organisée par les gentrifieurs. C’est le cas à Brixton où l’on constate notamment une forte implication des élites dans la vie de quartier et dans des structures associatives telles celles du nouveau centre sportif. Il est également intéressant de noter que les antennes des partis politiques de la circonscription cherchent absolument (mais peinent) à trouver des représentants noirs ou issus de la communauté jamaïcaine.
]]>La mobilisation étudiante est mondiale | André Noël | #Éducation
►http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/education/201204/06/01-4513276-la-mobilisation-etudiante-est-mondiale.php
Loin de se limiter au Québec, la mobilisation étudiante contre la hausse des droits de scolarité est mondiale. Depuis plusieurs mois, le mouvement de protestation a donné lieu à des manifestations dans des pays aussi différents que les États-Unis, la Grande-Bretagne, la République tchèque, Taïwan, les Philippines, la Corée du Sud, le Chili et l’Ukraine.
« Depuis 1995, 14 des 25 pays dont les données sont publiées ont réformé leur système de droits de scolarité : la plupart de ces réformes ont donné lieu à un accroissement des #droits_de_scolarité moyens dans les établissements d’enseignement tertiaire [les universités] », note l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dans son dernier rapport sur l’éducation.
]]>Changer son #corps — ou pas
►http://www.minorites.org/index.php/2-la-revue/990-changer-son-corps-acirc-ou-pas.html
Les jeunes n’ont jamais été aussi grands en France et à travers le monde. Dans les pays riches, les doigts de pieds sont de moins en moins développés car nous avons accumulé plusieurs générations de chaussures de bonne qualité qui facilitent le travail de ces orteils. Les vrais blonds seraient une catégorie humaine en voie de disparition. Le tatouage est partout, les kids se font élargir les trous des lobes de leurs oreilles avec des bijoux qui ressemblent aux artefacts africains et d’Amérique latine. Les femmes ont de plus en plus recours à la chirugie esthétique du vagin et pourquoi pas, qui ne voudrait pas avoir un organe sexuel plus joli ? Je ne dispose pas de chiffres exacts mais une personne calée sur le sujet m’a dit que pour la première fois dans l’histoire de la chirurgie esthétique masculine, les interventions les plus populaires concernent le sexe, pas le visage.
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