« Le #grime et la #gentrification de l’#East_London sont des sujets inséparables »
Qui a découvert le grime à son déchaînement aux alentours de 2003-2004 se souvient d’une déflagration. Une explosion de basses hurleuses et de mélopées glacées, un son si brutal et futuriste qu’il était impossible à relier aux courants musicaux de la jungle urbaine dont il était issu, l’#East_End londonien. Surtout, un assaut lancé à toute berzingue - 140 BPM en moyenne - de formes vernaculaires imbriquées, une concrétion de #cockney et de #yardie, le #slang de la diaspora caribéenne, si fastueuse qu’elle semblait avoir été conçue in vitro. #Dizzee_Rascal, #Wiley, #Tinchy_Stryder, #Kano, les collectifs #Roll_Deep, #More_Fire_Crew, les hits I Luv U, Boys Love Girls et Eskimo n’annonçaient pas le futur dans la capitale londonienne, ils le faisaient advenir du jour au lendemain, devançant les donneurs d’étiquettes incapables de décider s’ils étaient en train d’assister à la naissance mille fois annoncée - jamais advenue - du rap britannique ou à une nouvelle forme de dance music.
En vérité, pour comprendre d’où venait cette scène et où elle avait commencé à aller, il fallait oublier un instant les histoires de genres et d’esthétique pour s’intéresser aux racines sociales de ces artistes, à leurs conditions de (sur)vie et à l’endroit d’où ils venaient. Car ce qui avait commencé à se jouer dans leurs quartiers était ni plus ni moins qu’une OPA urbaine, dont les répercussions continuent de transformer la ville et la vie de ses populations une décennie après.
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