• Han tu connais pas le duo DjeuhDjoah & Lieutenant Nicholson ?

    DjeuhDjoah & Lieutenant Nicholson : Aimé Césaire
    https://www.youtube.com/watch?v=xUT09DQfg6Y

    DjeuhDjoah & Lieutenant Nicholson - PLANÈTE
    https://www.youtube.com/watch?v=GTqj0vLhpGU

    DjeuhDjoah & Lieutenant Nicholson : Caipirinha
    https://www.youtube.com/watch?v=-NS-N5YBScM

    Et ils ont le bon goût d’être sur Bandcamp :

    Aimez ces airs
    https://hotcasarecords.bandcamp.com/album/aimez-ces-airs

    2+
    https://hotcasarecords.bandcamp.com/album/2

    #musique #soul #funk #caraïbes #afropean #Djeuhdjoah #Lieutenant_Nicholson

  • Sur la tombe fraîche de Kote Zinzadze, par Léon Trotsky (7 janvier 1931)

    […] Lorsque la réaction contre Octobre a changé la composition et le caractère de l’appareil du parti ainsi que sa politique, Kote Zinzadze a été l’un des premiers à lutter contre les nouvelles tendances hostiles à l’esprit du bolchevisme. Le premier conflit a eu lieu pendant la maladie de Lénine : Staline et #Ordjonikidze, soutenus par #Djerjinsky, ont fait un coup d’état en Géorgie, remplaçant le noyau des vieux bolcheviks par des fonctionnaires carriéristes du type Eliava, Orechakashvili et autres. C’est précisément sur cette question que Lénine s’apprêtait à lancer une bataille implacable contre la fraction de Staline et contre l’appareil au douzième congrès du parti. Le 6 mars 1923, Lénine écrivit au groupe géorgien des vieux bolcheviks, dont #Kote_Zinzadze était l’un des fondateurs : « Je soutiens sincèrement votre cause. Je suis outragé par la grossièreté d’Ordjonikidze et par la connivence de Staline et de Djerjinsky. Je vous prépare quelques notes et un discours. ». La marche ultérieure des événements est suffisamment connue. La fraction de #Staline a écrasé la fraction de Lénine dans le Caucase. C’était la première victoire de la réaction dans le parti et c’est ouvert le deuxième chapitre de la révolution. Zinzadze, tuberculeux, portant le poids de décennies de travail révolutionnaire, persécuté par l’appareil à chaque pas, n’a pas un seul moment abandonné la lutte à son poste. En 1928, il a été déporté vers Bakhshi-Sarall où vent et poussière ont fait leur travail désastreux sur le reste de ses poumons. Plus tard, il a été transféré à Alioubcha où l’hiver pluvieux a complété ce travail de destruction. […]

    #stalinisme #répression #bolchevik #Trotsky #opposition_de_gauche

  • Le cœur de Mamady Keïta s’est arrêté de battre le djembé
    https://pan-african-music.com/mamady-keita-deces

    Le 21 juin, le maître percussionniste Mamady Keïta s’éteignait en Belgique, après une vie entière dédiée à faire connaître et enseigner son instrument fétiche, le djembe. Il laisse sur cette terre des générations d’élèves, et des foules d’admirateurs.

    https://www.youtube.com/watch?v=46Xd0nslKQs

    #musique #djembe #Mamady_Keïta #percussion #Mandingue

  • Migrants en Libye, les oubliés de l’exil

    Venus le plus souvent d’Érythrée, les migrants sont détenus dans des conditions lamentables, et souvent les victimes de milices qui les torturent et les rançonnent. Les Nations unies et l’Union européenne préfèrent détourner le regard. Témoignages.

    L’odeur d’excréments s’accentue à mesure que nous approchons de l’entrepôt qui constitue le bâtiment principal du centre de détention de #Dhar-El-Djebel, dans les montagnes du #djebel_Nefoussa. Un problème de plomberie, précise le directeur, confus.

    Il ouvre le portail métallique du hangar en béton, qui abrite environ 500 détenus, presque tous érythréens. Les demandeurs d’asile reposent sur des matelas gris à même le sol. Au bout d’une allée ouverte entre les matelas, des hommes font la queue pour uriner dans l’un des onze seaux prévus à cet effet.

    Personne dans cette pièce, m’avait expliqué un détenu lors de ma première visite en mai 2019, n’a vu la lumière du jour depuis septembre 2018, quand un millier de migrants détenus à Tripoli ont été évacués ici. #Zintan, la ville la plus proche, est éloignée des combats de la capitale libyenne, mais aussi des yeux des agences internationales. Les migrants disent avoir été oubliés.

    En Libye, quelque 5 000 migrants sont toujours détenus pour une durée indéterminée dans une dizaine de #centres_de_détention principaux, officiellement gérés par la #Direction_pour_combattre_la_migration_illégale (#Directorate_for_Combatting_Illegal_Migration, #DCIM) du gouvernement d’entente nationale (#GEN) reconnu internationalement. En réalité, depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye ne dispose pas d’un gouvernement stable, et ces centres sont souvent contrôlés par des #milices. En l’absence d’un gouvernement fonctionnel, les migrants en Libye sont régulièrement kidnappés, réduits en esclavage et torturés contre rançon.

    L’Europe finance les garde-côtes

    Depuis 2017, l’Union européenne (UE) finance les #garde-côtes_libyens pour empêcher les migrants d’atteindre les côtes européennes. Des forces libyennes, certaines équipées et entraînées par l’UE, capturent et enferment ainsi des migrants dans des centres de détention, dont certains se trouvent dans des zones de guerre, ou sont gardés par des milices connues pour vendre les migrants à des trafiquants.

    Contrairement à d’autres centres de détention que j’ai visités en Libye, celui de Dhar-El-Djebel ne ressemble pas à une prison. Avant 2011, cet ensemble de bâtiments en pleine campagne était, selon les termes officiels, un centre d’entraînement pour « les bourgeons, les lionceaux et les avant-bras du Grand Libérateur » — les enfants à qui l’on enseignait le Livre vert de Kadhafi. Quand le GEN, basé à Tripoli, a été formé en 2016, le centre a été placé sous l’autorité du DCIM.

    En avril, Médecins sans frontières (MSF) pour lequel je travaillais a commencé à faire des consultations à Dhar-El-Djebel. Le centre retenait alors 700 migrants. La plupart étaient enregistrés comme demandeurs d’asile par l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), mais selon la loi libyenne, ce sont des migrants « illégaux » et ils peuvent être détenus pour une durée indéterminée.

    N’ayant que peu d’espoir de sortir, plusieurs ont tenté de se suicider au contact de fils électriques. D’autres avaient placé leur foi en Dieu, mais aussi dans les réseaux sociaux et leurs talents de bricoleurs. La plupart des détenus érythréens sont chrétiens : sur le mur face à la porte, ils ont construit une église orthodoxe abyssine au moyen de cartons colorés de nourriture et de matelas verts du HCR, avec des croix en cire de bougie. Sur d’autres matelas, ils ont écrit, avec du concentré de tomates et du piment rouge, des slogans tels que « Nous sommes victimes du HCR en Libye ». Avec leurs smartphones, ils ont posté des photos sur les réseaux sociaux, posant avec les bras croisés pour montrer qu’ils étaient prisonniers.

    Leurs efforts avaient attiré l’attention. Le 3 juin, le HCR évacuait 96 demandeurs d’asile à Tripoli. Une semaine plus tard, l’entrepôt bondé dans lequel j’avais d’abord rencontré les migrants était enfin vidé. Mais 450 Érythréens restaient enfermés dans le centre, entassés dans d’autres bâtiments, à plus de vingt dans une vingtaine de cellules, bien que de nombreux détenus préfèrent dormir dans les cours, sous des tentes de fortune faites de couvertures.

    « Ils nous appellent Dollars et Euros »

    La plupart des Érythréens de Dhar-El-Djebel racontent une histoire proche : avant d’être piégés dans le système de détention libyen, ils ont fui la dictature érythréenne, où le service militaire est obligatoire et tout aussi arbitraire. En 2017, Gebray, âgé d’un peu plus de 30 ans, a laissé sa femme et son fils dans un camp de réfugiés en Éthiopie et payé des passeurs 1 600 dollars (1 443 euros) pour traverser le désert soudanais vers la Libye avec des dizaines d’autres migrants. Mais les passeurs les ont vendus à des trafiquants libyens qui les ont détenus et torturés à l’électricité jusqu’à ce qu’ils téléphonent à leurs proches pour leur demander une #rançon. Après 10 mois en prison, la famille de Gebray avait envoyé près de 10 000 dollars (9 000 euros) pour sa libération : « Ma mère et mes sœurs ont dû vendre leurs bijoux. Je dois maintenant les rembourser. C’est très dur de parler de ça ».

    Les migrants érythréens sont particulièrement ciblés, car beaucoup de trafiquants libyens croient qu’ils peuvent compter sur l’aide d’une riche diaspora en Europe et en Amérique du Nord. « Nous sommes les plus pauvres, mais les Libyens pensent que nous sommes riches. Ils nous appellent Dollars et Euros », me raconte un autre migrant.

    Après avoir survécu à la #torture, beaucoup comme Gebray ont de nouveau payé pour traverser la mer, mais ont été interceptés par les garde-côtes libyens et enfermés en centre de détention. Certains compagnons de cellule de Gebray ont été détenus depuis plus de deux ans dans cinq centres successifs. Alors que la traversée de la Méditerranée devenait plus risquée, certains se sont rendus d’eux-mêmes dans des centres de détention dans l’espoir d’y être enregistrés par le HCR.

    Les ravages de la tuberculose

    Dans l’entrepôt de Dhar-El-Djebel, Gebray a retrouvé un ancien camarade d’école, Habtom, qui est devenu dentiste. Grâce à ses connaissances médicales, Habtom s’est rendu compte qu’il avait la tuberculose. Après quatre mois à tousser, il a été transféré de l’entrepôt dans un plus petit bâtiment pour les Érythréens les plus malades. Gebray, qui explique qu’à ce moment-là, il ne pouvait « plus marcher, même pour aller aux toilettes », l’y a rapidement suivi. Quand j’ai visité la « maison des malades », quelque 90 Érythréens, la plupart suspectés d’avoir la tuberculose, y étaient confinés et ne recevaient aucun traitement adapté.

    Autrefois peu répandue en Libye, la tuberculose s’est rapidement propagée parmi les migrants dans les prisons bondées. Tandis que je parlais à Gebray, il m’a conseillé de mettre un masque : « J’ai dormi et mangé avec des tuberculeux, y compris Habtom ».

    Habtom est mort en décembre 2018. « Si j’ai la chance d’arriver en Europe, j’aiderai sa famille, c’est mon devoir », promet Gebray. De septembre 2018 à mai 2019, au moins 22 détenus de Dhar-El-Djebel sont morts, principalement de la tuberculose. Des médecins étaient pourtant présents dans le centre de détention, certains de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), et d’autres d’#International_Medical_Corps (#IMC), une ONG américaine financée par le HCR et l’UE. Selon un responsable libyen, « nous les avons suppliés d’envoyer des détenus à l’hôpital, mais ils ont dit qu’ils n’avaient pas de budget pour ça ». Les transferts à l’hôpital ont été rares. En revanche, une quarantaine des détenus les plus malades, la plupart chrétiens, ont été transférés dans un autre centre de détention à Gharyan, plus proche d’un cimetière chrétien. « Ils ont été envoyés à Gharyan pour mourir », explique Gebray. Huit d’entre eux sont morts entre janvier et mai.

    Contrairement à Dhar-El-Djebel, #Gharyan ressemble à un centre de détention : une série de containers entourés de hauts grillages métalliques. Yemane a été transféré ici en janvier : « Le directeur de Dhar-El-Djebel et le personnel d’IMC nous ont dit qu’ils allaient nous conduire à l’hôpital à Tripoli. Ils n’ont pas parlé de Gharyan... Quand on est arrivés, on a été immédiatement enfermés dans un container ».
    Des migrants vendus et torturés

    Selon Yemane, une femme a tenté de se pendre quand elle a compris qu’elle était à Gharyan, et non dans un hôpital, comme le leur avaient promis les médecins d’IMC. Beaucoup gardaient de mauvais souvenirs de Gharyan : en 2018, des hommes armés masqués y ont kidnappé quelque 150 migrants détenus dans le centre et les ont vendus à des centres de torture. Le centre a alors brièvement fermé, puis rouvert, avec à sa tête un nouveau directeur, qui m’a expliqué que des trafiquants l’appelaient régulièrement pour tenter de lui acheter des migrants détenus.

    En avril 2019, des forces de Khalifa Haftar, l’homme fort de l’est de la Libye, ont lancé une offensive contre les forces pro-GEN à Tripoli et se sont emparées de Gharyan. Les troupes d’Haftar se sont installées à proximité du centre de détention et les avions du GEN ont régulièrement bombardé la zone. Effrayés par les frappes aériennes autant que par les migrants tuberculeux, les gardes ont déserté. Chaque fois que je me suis rendu sur place, nous sommes allés chercher le directeur dans sa maison en ville, puis l’avons conduit jusqu’au portail du centre, où il appelait un migrant pour qu’il lui ouvre. Les détenus lui avaient demandé un cadenas pour pouvoir s’enfermer et se protéger des incursions. De fait, des forces pro-Haftar venaient demander aux migrants de travailler pour eux. Yemane indique qu’un jour, ils ont enlevé quinze hommes, dont on est sans nouvelles.

    MSF a demandé au HCR d’évacuer les détenus de Gharyan. L’agence de l’ONU a d’abord nié que Gharyan était en zone de guerre, avant de l’admettre et de suggérer le transfert des détenus au centre de détention #Al-Nasr, à #Zawiya, à l’ouest de Tripoli. Pourtant, le Conseil de sécurité de l’ONU a accusé les forces qui contrôlent ce centre de trafic de migrants, et placé deux de leurs dirigeants sous sanctions.

    « Si vous êtes malades, vous devez mourir ! »

    Les détenus étaient toujours à Gharyan quand, le 26 juin, les forces du GEN ont repris la zone. Le jour suivant, ils ont forcé le portail du centre de détention avec une voiture et demandé aux migrants de se battre à leurs côtés. Les détenus effrayés ont montré leurs médicaments contre la tuberculose en répétant des mots d’arabe que des employés du HCR leur avaient appris − kaha (#toux) et darn (#tuberculose). Les miliciens sont repartis, l’un d’eux lançant aux migrants : « Si vous êtes malades, on reviendra vous tuer. Vous devez mourir ! ».

    Le 4 juillet, le HCR a enfin évacué les détenus restants vers Tripoli. L’agence a donné à chacun d’eux 450 dinars (100 euros) pour qu’ils subvenir à leurs besoins dans une ville qu’ils ne connaissaient pas. L’abri où ils étaient censés loger s’avérant trop coûteux, ils ont déménagé vers un endroit moins cher, jadis une bergerie. « Le HCR dit qu’on sera en sécurité dans cette ville, mais pour nous, la Libye n’offre ni liberté ni sécurité », explique Yemane.

    La plupart des 29 migrants évacués de Gharyan sont maintenant bloqués, et en danger, dans les rues de Tripoli, mais espèrent toujours obtenir l’asile en dehors de Libye. Les combats se poursuivant à Tripoli, des miliciens ont proposé à Yemane de s’enrôler pour 1 000 dollars (901 euros) par mois. « J’ai vu beaucoup de migrants qui ont été recrutés ainsi, puis blessés », m’a-t-il raconté récemment sur WhatsApp. Deux de ses colocataires ont été à nouveau emprisonnés par des milices, qui leur ont demandé 200 dollars (180 euros) chacun.

    Les migrants de Gharyan ont si peur dans les rues de Tripoli qu’ils ont demandé à retourner en détention ; l’un d’entre eux est même parvenu à entrer dans le centre de détention d’Abou Salim. Nombre d’entre eux ont la tuberculose. Fin octobre, Yemane lui-même a découvert qu’il en était porteur, mais n’a pas encore de traitement.
    « Ils nous ont donné de faux espoirs »

    Contrairement à Gharyan, Dhar-El-Djebel est loin des combats. Mais depuis avril, des migrants détenus à Tripoli refusent d’y être transférés car ils craignent d’être oubliés dans le djebel Nefoussa. Selon un responsable de la zone, « notre seul problème ici, c’est que le HCR ne fait pas son travail. Cela fait deux ans qu’ils font de fausses promesses à ces gens ». La plupart des détenus de Dhar-El-Djebel ont été enregistrés comme demandeurs d’asile par le HCR, et espèrent donc être relocalisés dans des pays d’accueil sûr. Gebray a été enregistré en octobre 2018 à Dhar-El-Djebel : « Depuis, je n’ai pas vu le HCR. Ils nous ont donné de faux espoirs en nous disant qu’ils allaient revenir bientôt pour nous interviewer et nous évacuer de Libye ».

    Les 96 Érythréens et Somaliens transférés en juin de Dhar-El-Djebel au « centre de rassemblement et de départ » du HCR à Tripoli étaient convaincus qu’ils feraient partie des chanceux prioritaires pour une évacuation vers l’Europe ou l’Amérique du Nord. Mais en octobre, le HCR aurait rejeté une soixantaine d’entre eux, dont 23 femmes et 6 enfants. Ils n’ont plus d’autre choix que de tenter de survivre dans les rues de Tripoli ou d’accepter un « retour volontaire » vers les pays dont ils ont fui la violence.

    Le rapport de la visite de l’ONU à Dhar-El-Djebel en juin, durant ce même transfert, avait prévenu que « le nombre de personnes que le HCR sera en mesure d’évacuer sera très faible par rapport à la population restante [à Dhar-El-Djebel] en raison du nombre de places limité offert la communauté internationale ».

    De fait, le HCR a enregistré près de 60 000 demandeurs d’asile en Libye, mais n’a pu en évacuer qu’environ 2 000 par an. La capacité de l’agence à évacuer des demandeurs d’asile de Libye dépend des offres des pays d’accueil, principalement européens. Les plus ouverts n’accueillent chaque année que quelques centaines des réfugiés bloqués en Libye. Les détenus de Dhar-El-Djebel le savent. Lors d’une de leurs manifestations, leurs slogans écrits à la sauce tomate visaient directement l’Europe : « Nous condamnons la politique de l’UE envers les réfugiés innocents détenus en Libye ».

    « L’Europe dit qu’elle nous renvoie en Libye pour notre propre sécurité, explique Gebray. Pourquoi ne nous laissent-ils pas mourir en mer, sans souffrance ? Cela vaut mieux que de nous laisser dépérir ici ».

    https://orientxxi.info/magazine/migrants-en-libye-les-oublies-de-l-exil,3460
    #Libye #asile #migrations #réfugiés #réfugiés_érythréens #santé #maladie #externalisation

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    Et pour la liste de @sinehebdo, deux nouveaux #mots : #Dollars et #Euros

    Les migrants érythréens sont particulièrement ciblés, car beaucoup de trafiquants libyens croient qu’ils peuvent compter sur l’aide d’une riche diaspora en Europe et en Amérique du Nord. « Nous sommes les plus pauvres, mais les Libyens pensent que nous sommes riches. Ils nous appellent Dollars et Euros », me raconte un autre migrant.

    #terminologie #vocabulaire

    • Libye : que se passe-t-il dans le « #centre_d’investigations » de #Tripoli ?

      La semaine dernière, environ 300 migrants interceptés en mer par les garde-côtes libyens ont été transférés dans le centre de #Sharah_Zawiya, au sud de la capitale libyenne. Ouvert depuis au moins un an – avec une fermeture de quelques mois fin 2019 – le lieu est depuis peu contrôlé par le #DCIM et accessible à l’Organisation internationale des migrations (#OIM).

      #Centre_de_détention « caché », #centre_de_transit ou centre « d’investigations » ? Le centre de Sharah Zawiya, dans le sud de Tripoli, est l’objet d’interrogations pour nombre d’observateurs des questions migratoires en Libye.

      Selon l’Organisation internationale des migrations (OIM), contactée par InfoMigrants, le lieu est supposé être un centre de transit : les migrants interceptés en mer sont envoyés dans cette structure afin d’y subir un interrogatoire avant leur transfert vers un centre de détention officiel.

      « Théoriquement, ils [les migrants] ne restent pas plus de 48 heures à Sharah Zawiya », précise l’OIM.

      « Je suis resté au moins trois mois dans ce centre »

      Or plusieurs migrants, avec qui InfoMigrants est en contact et qui sont passés par ce centre, affirment avoir été enfermés plus que deux jours et disent n’avoir jamais été interrogés. « Je suis resté au moins trois mois là-bas l’été dernier, avant de réussir à m’en échapper », indique Ali, un Guinéen de 18 ans qui vit toujours en Libye. « Durant toute cette période, on ne m’a posé aucune question ».

      Ce dernier explique qu’à leur arrivée, les gardiens dépouillent les migrants. « Ils prennent tout ce qu’on a, le plus souvent nos téléphones et de l’argent ». Ibrahim, un Guinéen de 17 ans qui a – lui aussi - réussi à s’échapper du centre ce week-end après avoir été intercepté en mer, raconte la même histoire. « Ils m’ont forcé à leur donner mon téléphone et les 100 euros que j’avais sur moi », soupire-t-il.

      Ali assure également que les Libyens demandent une #rançon pour sortir du centre, avoisinant les 3 000 dinars libyens (environ 1 950 euros). « Un monsieur, un Africain, nous amenait des téléphones pour qu’on contacte nos familles et qu’on leur demande de l’argent. Un autre, un Arabe, récupérait la somme due ». Il détaille également les #coups portés sur les migrants « sans aucune raison » et le #rationnement_de_la_nourriture – « un morceau de pain pour trois personnes le matin, et un plat de pâtes pour six le soir ».

      D’après des informations recueillies et vérifiées par InfoMigrants, le centre est ouvert depuis au moins un an et a fermé quelques mois fin 2019 avant de rouvrir la semaine dernière avec l’arrivée d’environ 300 migrants. Un changement de chefferie à la tête du centre serait à l’origine de cette fermeture temporaire.

      Changement d’organisation ?

      Ce changement de responsable a-t-il été accompagné d’un changement de fonctionnement ? Ali explique qu’il s’est enfui vers le mois d’octobre, après trois mois de détention, avec l’aide de l’ancienne équipe. « Les Libyens qui contrôlaient le centre nous ont dit de partir car un nouveau chef devait arriver. L’ancien et le nouveau responsable n’étaient d’ailleurs pas d’accord entre eux, à tel point que leurs équipes ont tirés les uns sur les autres pendant que nous prenions la fuite ».
      L’OIM signale de son côté n’avoir reçu l’autorisation d’entrer dans le centre que depuis la semaine dernière. « Avant, le lieu était géré par le ministère de l’Intérieur, mais depuis quelques jours c’est le DCIM [le département de lutte contre la migration illégale, NDLR] qui a repris le contrôle », explique l’agence onusienne à InfoMigrants.

      Ibrahim assure, lui, qu’aucune somme d’argent n’a été demandée par les gardiens pour quitter le centre. Les personnes interceptées en mer, mardi 18 février, ont en revanche été transférées samedi vers le centre de détention de #Zaouia, où une rançon de 2 000 dinars (environ 1 300 euros) leur a été réclamée pour pouvoir en sortir.
      Ce genre de centre n’est pas une exception en Libye, prévient une source qui souhaite garder l’anonymat. « Il existe d’autres centres de ce type en Libye où on ne sait pas vraiment ce qu’il s’y passe. Et de toute façon, #centre_d’investigation, de transit ou de détention c’est pareil. Les migrants y sont toujours détenus de manière arbitraire pour une période indéfinie ».

      https://www.infomigrants.net/fr/post/22991/libye-que-se-passe-t-il-dans-le-centre-d-investigations-de-tripoli
      #Zawiya #IOM #détention

  • Des #pêcheurs pris dans un étau

    « La mer c’est la liberté. Aujourd’hui nous sommes emprisonnés à même l’eau » déplore Slah Eddine Mcharek, président de l’Association Le Pêcheur pour le développement et l’environnement[1] à #Zarzis. Leurs projets sont ambitieux : protection des ressources aquatiques, développement d’une pêche durable et responsable et défense de la pêche artisanale. Mais les obstacles sont de taille : pris entre la raréfaction des ressources halieutiques, les menaces à leur sécurité, la réduction de leur zone de pêche et la criminalisation du sauvetage des migrants en mer, les pêcheurs se retrouvent enserrés dans un véritable étau.

    Au-delà de la petite ville de Zarzis et de ses plages où se côtoient hôtels de luxe, corps de naufragés et pêcheurs en lutte, le récit de Slah Eddine rappelle l’importance de la justice migratoire et environnementale.

    La mer, déchetterie nationale

    Depuis quelques années, un phénomène prend de l’ampleur : les rejets de déchets plastiques envahissent les rives et encombrent les zones où travaillent les pêcheurs. Faute d’un système opérationnel de collecte des ordures ménagères et de sensibilisation aux risques liés à la pollution des eaux par le plastique, ces déchets s’entassent dans les canaux de la ville avant de se disperser dans la mer, au point que les pêcheurs réclament l’interdiction des sacs plastiques.

    Aux déchets ménagers s’ajoute le problème des rejets industriels. Slah Eddine déploie une carte du bassin méditerranéen et pointe du doigt le sebkhet el melah (marais salant) des côtes de Zarzis. Le salin appartient à Cotusal, vestige colonial d’une filiale française qui a exploité pendant longtemps les ressources salines de la Tunisie, dans le cadre de concessions avantageuses qui n’ont pas été renégociées depuis l’indépendance[2]. L’exploitation du sel dans cette région, en plus de saliniser les terres agricoles, rejette des produits de traitement du sel dans la mer. Surtout, les eaux zarzisiennes sont polluées par les rejets du Groupe Chimique Tunisien, notamment le phosphogypse, et par les eaux usées non traitées par l’ONAS (Office National de l’Assainissement). Cette dernière ne remplit pas sa mission de traitement des eaux industrielles et ménagères, notamment sur l’île de Djerba. Une partie des eaux est traitée de manière inefficace et insuffisante, l’autre non traitée du tout.

    Un équilibre écologique rompu

    Pour les êtres vivants qui habitent ces eaux, les rejets industriels mêlés aux déchets et eaux usées ne peuvent faire que mauvais mélange. « La mer est devenue des toilettes à ciel ouvert » s’indigne Slah Eddine, pointant cette fois du doigt deux poissons dessinés sur une affiche. L’un est le loup de mer et l’autre la dorade. « Là où les usines rejettent leurs eaux, ces poissons n’y vivent plus » explique-t-il. La contamination de ces eaux rompt un équilibre essentiel à la survie de la faune et la flore maritimes.

    Dans ces eaux, la reproduction marine est difficile sinon impossible, entraînant la disparition de plusieurs espèces de poissons et notamment les espèces cartilagineuses. Les éponges souffrent quant à elles du réchauffement climatique et présentent depuis quelques années des signes de maladies, au désespoir des familles qui vivent de leur commerce. Ainsi, en 2017, suite à la montée des températures (24°C à 67m de profondeur !), de nombreuses éponges sont mortes, par leur fragilité aux changements du milieu ou par une épidémie favorisée par cette augmentation de température[3].

    L’accumulation des pollutions a fini par asphyxier toute forme de vie dans les eaux proches de Djerba et Zarzis et notamment dans le golfe quasi fermé de Boughrara. Les pêcheurs estiment que 90 % des poissons et mollusques auraient disparu en dix ou vingt ans, privant beaucoup de personnes, notamment des jeunes et des femmes, d’un revenu stable. Mais alors que les pêcheurs de Gabès reçoivent des compensations à cause de la pollution et viennent pêcher sur les côtes de Zarzis, les pêcheurs zarzisiens ne reçoivent rien alors qu’ils sont aussi affectés.

    Plus au nord, sur les côtes sfaxiennes, c’est un autre phénomène qui s’est produit deux fois cette année, en juin puis en novembre, notamment à Jbeniana : la mer est devenue rouge, entrainant une forte mortalité de poissons. Le phénomène a été expliqué par la présence de microalgues eutrophisant la mer, c’est-à-dire la privant de son oxygène. Mais la version officielle s’arrête là[4], la prolifération de ces microalgues n’a pas été expliquée. Or, des phénomènes similaires sont connus à d’autres endroits de la planète, notamment dans le golfe du Mexique où la prolifération des algues est due à l’excès d’engrais phosphaté et azoté qui se retrouve dans la mer, ou du rejet d’eaux usées, qui produisent des concentrations trop importantes de matières organiques[5]. Il est donc fort probable que les rejets concentrés en phosphate du Groupe Chimique Tunisien à Gabès et Sfax, d’autres rejets industriels et ménagers et/ou des rejets d’engrais agricoles par les oueds soient à l’origine du phénomène.

    Le coût de Daesh

    Alors que certaines espèces disparaissent, d’autres se multiplient en trop grand nombre. Le crabe bleu, surnommé « Daesh » par les pêcheurs de la région du fait de son potentiel invasif et destructeur, en est le meilleur exemple. Cette espèce, apparue fin 2014 dans le golfe de Gabès[6], a rapidement proliféré au large des côtes, se nourrissant des poissons qui jusque-là constituaient le gagne-pain des pêcheurs du coin. « Daesh détruit tout : les dorades, les crevettes, les seiches …. Tous les bons poissons ! » s’exclame-t-il. La voracité du crabe bleu a aggravé les problèmes économiques de bien des pêcheurs. Si la chair de cette espèce invasive fait le bonheur de certains palais et qu’un marché à l’export est en plein développement en direction de l’Asie et du Golfe, les habitants de Zarzis qui vivent de la pêche artisanale, eux, ne s’y retrouvent pas. « Un kilo de loup ou de dorade se vend 40 dinars. Un kilo de crabe bleu, c’est seulement 2 dinars ! » affirme un pêcheur de l’association.

    Le calcul est vite fait, d’autant plus que les crabes bleus font assumer aux pêcheurs un coût du renouvellement du matériel beaucoup plus important, leurs pinces ayant tendance à cisailler les filets. « Avant l’arrivée de Daesh, nous changions les filets environ deux fois par an, maintenant c’est quatre à cinq fois par ans ! » se désole l’un d’entre eux.

    Bloqués dans un Sahara marin

    Comme le martèlent les pêcheurs, « la zone de pêche de Zarzis est devenue un Sahara, un véritable désert ». Suite au partage international de la Méditerranée, les pêcheurs zarzisiens sont cantonnés dans des eaux côtières, qui se vident de poisson suite aux désastres écologiques et à la surpêche.

    « Avant 2005 et le dialogue 5+5[7] on pouvait accéder à des zones de pêche intéressantes, mais depuis les autres pays ont agrandi leur territoire marin ». En effet, c’est en 2005 que la Libye met en place sa zone de pêche exclusive, interdisant ainsi l’accès aux pêcheurs tunisiens. La Tunisie met elle aussi en place sa zone économique exclusive[8], mais, à la différence de la zone libyenne[9], elle autorise des navires étrangers à y pêcher. Les chalutiers égyptiens sont particulièrement présents, et s’ajoutent aux chalutiers tunisiens (de Sfax notamment) qui ne peuvent plus pêcher dans les eaux poissonneuses libyennes. Il arrive même que ces chalutiers pénètrent dans les eaux territoriales, en toute impunité. En plus des désastres écologiques, les eaux du sud tunisien se vident ainsi de leurs poissons à cause de la surpêche.

    Limites des différentes zones maritimes tunisiennes[10] :

    Or, les frontières officielles ne semblent pas délimiter la zone où les pêcheurs tunisiens peuvent réellement travailler, cette dernière étant manifestement beaucoup plus restreinte et empiétée par la zone libyenne. Sur la carte maritime qu’il a déployée devant lui, Slah Eddine matérialise la zone où les pêcheurs de Zarzis peuvent pêcher de manière effective et montre en resserrant ses doigts l’évolution de la zone de pêche libyenne au détriment de la zone tunisienne. Mais alors, pourquoi ce déplacement de frontière maritime n’apparaît dans aucun texte ou accord international[11] ? Y a-t-il des accords cachés ? Les garde-côtes libyens s’arrogent-ils le droit de pénétrer les eaux tunisiennes ? Ou les pêcheurs tunisiens auraient-ils intégré l’obligation de ne pas pénétrer une zone tampon pour ne pas craindre pour leur sécurité ?

    Les pêcheurs sous les feux des groupes armés libyens

    Au-delà des problèmes économiques auxquels ils doivent faire face, les pêcheurs de Zarzis sont confrontés à de graves problèmes de sécurité dans les eaux où ils naviguent. Alors que les bateaux de pêche libyens ne se gênent pas, selon Slah Eddine, pour venir exploiter les eaux tunisiennes, il n’existe aucune tolérance pour les pêcheurs tunisiens qui s’aventurent en dehors de leur zone. Ces dernières années, le pêcheur ne compte plus les cas d’agressions, de saisies de bateaux, de menaces et prises d’otages, par les groupes armés, et parmi eux les gardes côtes officiels libyens, équipés par les programmes européens de lutte contre la migration non réglementaire.

    En 2012, un pêcheur tunisien mourrait ainsi sous les balles tirées d’une vedette côtière libyenne tandis que les 18 autres membres de l’équipage étaient faits prisonniers à Tripoli[12]. En 2015, quatre bateaux de pêche tunisiens qui avaient pénétré les eaux libyennes étaient également pris en otage par des groupes armés libyens et acheminés au port d’El Zaouira[13]. Les attaques ont eu lieu jusque dans les eaux tunisiennes, comme en février 2016 lorsque treize chalutiers tunisiens avec soixante-dix marins à bord ont été arraisonnés et emmenés dans le même port, la partie libyenne exigeant alors une rançon contre leur libération[14]. L’année suivante, en 2017, des pêcheurs libyens de Zaouira menaçaient de kidnapper tous les marins tunisiens qu’ils rencontreraient en mer en représailles au contrôle d’un chalutier libyen dans le port de Sfax par la garde maritime tunisienne. Depuis, les prises d’otage se multiplient. Enième épisode d’une saga sans fin, la dernière attaque libyenne date de septembre dernier.

    L’insécurité ne touche pas que les pêcheurs de Zarzis, mais tous les pêcheurs tunisiens qui naviguent à proximité des zones frontalières : au Sud-Est, ce sont les feux des groupes libyens qui les menacent ; au Nord-Ouest, ceux de la garde côtière algérienne. Le 31 janvier de cette année, un pêcheur originaire de Tabarka et âgé de 33 ans a été tué par les autorités algériennes alors que son bateau avait pénétré les eaux territoriales de l’Algérie[15]. « Le danger est partout ! », « on se fait tirer dessus ! », s’exclament les pêcheurs de l’Association. Entre deuil et colère, ils dénoncent l’absence de réponse ferme des autorités tunisiennes contre ces agressions et se font difficilement à l’idée qu’à chaque départ en mer leur vie puisse être menacée.

    Les autres damnés de la mer

    Comme tout marin, les pêcheurs de Zarzis doivent porter assistance aux bateaux en détresse qu’ils croisent sur leur chemin. Et des bateaux en détresse, ce n’est pas ce qui manque au large de Zarzis. Le hasard a fait que leur zone de pêche se trouve sur la route des migrants qui fuient la Libye sur des embarcations de fortune et les accidents sont fréquents dans ces eaux dangereuses. Porter secours aux survivants, prendre contact avec le Centre de Coordination des Sauvetages en Mer, ramener les corps de ceux pour lesquels ils arrivent trop tard afin de leur offrir une sépulture digne, c’est aussi cela, le quotidien des pêcheurs de Zarzis. L’effroi et la colère de l’impuissance lorsque des cadavres se prennent dans les filets pêche, l’inquiétude et le soulagement lorsque le pire est évité et que tout le monde arrive à bon port.

    Sauver des vies lorsqu’il est encore temps, c’est avant tout un devoir d’humanité pour ces hommes et ces femmes de la mer. La question ne se pose même pas, malgré les heures de travail et l’argent perdus. Pour être plus efficaces dans leurs gestes et secourir le plus grand nombre, plus d’une centaine de pêcheurs de Zarzis ont suivi en 2015 une formation de 6 jours sur le secours en mer organisée par Médecins sans frontières[16]. Alors que les politiques européennes de criminalisation des ONG menant des opérations de recherche et de secours en mer ont laissé un grand vide en Méditerranée, les pêcheurs tunisiens se retrouvent en première ligne pour les opérations de sauvetage. Aussi, quand ils partent en mer, prévoient-ils toujours de l’eau et de la nourriture en plus, des fois qu’un bateau à la dérive croise leur chemin.

    Des sauveurs que l’Europe veut faire passer pour des criminels

    Au-delà d’un devoir d’humanité, porter secours aux embarcations en détresse est une obligation inscrite dans le droit international maritime et en particulier dans la Convention internationale sur la Sauvegarde de la vie humaine en mer (SOLAS), qui s’applique à tous les navires. Le texte prévoit l’obligation pour tous les Etats de coordonner leurs secours et de coopérer pour acheminer les personnes dans un lieu sûr[17], où la vie des survivants n’est plus menacée et où l’on peut subvenir à leurs besoins fondamentaux.

    Aussi, lorsque l’équipage de Chameseddine Bourrasine croise lors l’été 2018 une embarcation avec 14 migrants à la dérive, c’est sans hésitation qu’il décide de leur porter secours. Mais alors que les rescapés menacent de se suicider s’ils sont ramenés en Tunisie et qu’il ne saurait être question de les livrer aux garde-côtes de Libye où c’est l’enfer des geôles qui les attend, le capitaine décide d’appeler la garde côtière du pays sûr le plus proche, à savoir l’Italie. Après plusieurs tentatives de contact restées sans réponse, il décide alors de remorquer le bateau vers l’Italie pour débarquer les migrants dans un lieu où ils seront en sécurité[18]. Accusé avec son équipage de s’être rendu coupable d’aide à l’immigration dite « clandestine », ce sauvetage coûtera aux 7 marins-pêcheurs 22 jours d’incarcération en Sicile.

    Si le procès s’est résolu par un non-lieu, les pêcheurs de Zarzis restent dans le collimateur des autorités italiennes. « Nous les pêcheurs tunisiens, l’Italie voudrait nous contrôler et encore limiter la zone dans laquelle nous pouvons pêcher » se désole Slah Eddine, « les Italiens nous surveillent ! ». Il évoque aussi la surveillance d’EUNAVFOR Med, également appelée Sophia, opération militaire lancée par l’Union européenne en 2015 en Méditerranée pour, selon les mots de la Commission « démanteler le modèle économique des passeurs et des trafiquants d’êtres humains »[19]. Si l’opération militaire les surveille de près lorsqu’il s’agit du secours en mer, lorsqu’il est question d’attaques par des milices libyennes, Sophia détourne le regard et abandonne les pêcheurs tunisiens à leur sort.

    Les harraga de demain ? [20]

    « On ne peut plus, ce n’est plus possible, il n’y a plus rien », répètent les pêcheurs, acquiesçant les paroles par lesquelles Slah Eddine vient de présenter leur situation. Entre les eaux polluées, les problèmes économiques, le fléau de Daesh, les poissons qui ne se reproduisent plus, les éponges malades, les attaques libyennes, les pressions italiennes et européennes, être un pêcheur en Tunisie, « ce n’est plus une vie ». Leurs fils à eux sont partis pour la plupart, en Europe, après avoir « brûlé » la mer. Ils savent que dans cette région qui vit surtout de la pêche, il n’y a pas d’avenir pour eux.

    Et puis il y a ceux qui, privés de toute autre source de revenus, sont contraints à se reconvertir dans des activités de passeurs. Nés dans des familles où la pêche se transmet de père en fils, ils connaissent la mer, ses vents, tempêtes, marées et courants. Ils savent où se procurer des bateaux. Lorsque ces loups de mer sont à la barre, le voyage est plus sûr pour celles et ceux risquent la traversée vers l’Europe à bord d’un rafiot. Alors que les harragas tunisiens sont de plus en plus systématiquement déportés lorsqu’ils sont arrêtés par les autorités italiennes[21], certains passeurs ont troqué leur clientèle tunisienne pour une clientèle subsaharienne, de plus en plus nombreuse à mesure que leur situation en Libye se dégrade. Faute de voies régulières pour les migrants, la demande de passage vers l’Europe augmente. Et faute de ressources alternatives pour les pêcheurs, l’offre se développe.

    Or ce n’est ni la « main invisible » ni une quelconque fatalité qui poussent ces pêcheurs au départ ou à la diversification de leurs activités, mais le mélange entre le modèle de développement polluant et incontrôlé, l’inaction des autorités tunisiennes en matière de protection de l’environnement, et le cynisme des politiques migratoires sécuritaires et meurtrières de l’Union européenne.

    https://ftdes.net/des-pecheurs-pris-dans-un-etau
    #environnement #sauvetage #Méditerranée #pêche #développement #émigration #Cotusal #pollution #plastique #colonialisme #sel #salines #phosphogypse #Groupe_Chimique_Tunisien #eaux_usées #reproduction_marine #poissons #éponges #Djerba #mollusques #Gabès #Jbeniana #microalgues #phosphate #crabe_bleu #Libye #différend_territorial #zone_économique_exclusive #surpêche #asile #migrations #réfugiés #criminalisation #Chameseddine_Bourrasine #EUNAVFOR_Med #Operation_Sophia #harraga

    #ressources_pédagogiques #dynamiques_des_suds

  • #Histoire de l’#Afrique_de_l’Ouest en un clin d’œil

    De toutes les régions du continent africain, c’est l’Afrique de l’Ouest qui a eu la plus grande concentration d’anciens royaumes et empires dans son histoire précoloniale.

    Ce n’est pas une tâche facile que de tenter de prendre des clichés de l’Afrique de l’Ouest à divers moments de son évolution. Même les royaumes les plus importants de l’histoire de la région — les empires du Mali, Songhai, du Ghana, Ashanti, etc. —, avec leurs frontières toujours changeantes, ne donnent que des images troubles. Les petites communautés et les territoires tribaux, qui ont toujours parsemé le paysage, sont encore plus flous et, bien qu’ils aient eu, sans aucun doute, un impact sur l’histoire culturelle de l’Afrique de l’Ouest, ils ont dû être omis.


    ... et ainsi de suite...

    Pour voir les cartes en une animation vidéo (j’ai pas réussi à l’extraire de twitter pour le mettre ici) :
    https://twitter.com/i/status/1144289420071321602

    #Tékrour

    Établi par le peuple #toucouleur de la vallée du #fleuve_Sénégal, le royaume de Tékrour a été le premier État de la région à adopter l’#Islam. Bien que devenu un État islamique robuste, Tékrour n’a jamais pu se défaire pour très longtemps du contrôle de ses puissants voisins : d’abord sous l’emprise de l’empire du Ghana, il a ensuite été conquis par celui du Mali.

    Écrivant bien plus tard, en 1270, Ibn Saïd a dépeint les aristocrates de Tékrour et leur affinité avec les commerçants blancs du Maghreb, dont ils imitaient les tenues et la cuisine. Il a aussi décrit deux sections distinctes de la population de Tékrour : les sédentaires, ancêtres des actuels Toucouleurs, et les nomades, qui deviendront les Peuls.

    #Gao (ou #Kaw-Kaw)

    Les débuts de la ville de Gao sont obscurs. Elle a été fondée pendant le VIIe siècle, soit comme village pêcheur des #Songhaïs, soit pour servir d’étape aux commerçants d’or berbères. Quoiqu’il en soit, la ville a rapidement fleurit et elle est devenue un centre majeur de commerce en Afrique de l’Ouest. L’empire de Gao s’est étendu depuis la ville le long du Niger sous la direction des Songhaïs. Au IXe siècle, Gao était déjà une puissance régionale.

    La culture de #Nok

    Parmi les sociétés du Néolithique et de l’Âge de Fer en Afrique de l’Ouest, la culture de Nok est peut-être la toute première et la plus connue, datant de 1000 av. J.-C. Cette société très développée s’est épanouie sur le plateau de #Jos qui surplombe la confluence des fleuves Niger et Bénoué, et a exercé une influence considérable sur une vaste étendue. La terre des sites archéologiques de #Taruga et de Jos était parfaite pour préserver les anciennes poteries et statues en terre cuite du peuple de Nok ; leurs sculptures détaillées d’humains et d’animaux varient en échelle de grandeur nature à 2,5 cm.

    Grâce à la découverte d’outils et d’objets en fer à Nok, les chercheurs savent que l’Âge de Fer a commencé en Afrique de l’Ouest aux alentours de 500 av. J.-C., alors que même en Egypte et en Afrique du Nord, l’usage du fer n’était pas encore généralisé. Contrairement à la plupart des autres cultures qui sont passées du #Néolithique à l’#Âge_de_Fer, la culture de Nok a évolué directement de la #pierre au #fer, sans connaître les étapes des âges du bronze et du cuivre. Ceci a amené les chercheurs à se demander si la technologie de production de fer a été apportée d’une autre région, ou si les Nok l’ont découverte par eux-mêmes.

    #Djenné-Djenno

    L’ancienne ville de Djenné-Djenno comptait une population considérable, comme l’indiquent les cimetières bondés qui ont été déterrés. Les habitants faisaient probablement pousser leur propre nourriture : comparé aux conditions arides de la région aujourd’hui, les précipitations auraient été abondantes à leur époque. Les habitants de Djenné-Djenno étaient des forgerons habiles qui créaient des outils et des bijoux en fer.

    La ville faisait partie d’un réseau commercial bien développé, quoique son étendue fasse toujours débat. L’absence de toute source de fer dans les environs pour leur industrie métallurgique, ainsi que la présence de perles romaines et hellénistiques sur le site suggèrent à certains chercheurs que la ville avait des relations avec des terres distantes.

    Les émigrations

    Le peuple #bantou est originaire du centre de l’actuel #Nigeria, mais a commencé son émigration vers le centre, et plus tard, le sud de l’Afrique vers 1000 av. J.-C. À cette époque, il reste peu de #Bantous, voire aucun, dans la région, mais les échos de leurs culture et traditions résonnent encore à travers l’Afrique de l’Ouest.

    Vers 200 av. J.-C., des groupes #akan ont commencé à se déplacer vers l’ouest, depuis la région située autour du #Lac_Tchad. Au cours des siècles suivants, ils traversèrent des rivières et des forêts denses pour atteindre la côte de l’actuel #Ghana.
    https://www.culturesofwestafrica.com/fr/histoire-afrique-de-l-ouest
    #archéologie #chronologie #cartographie #visualisation

  • Polémique autour de la composition de l’#Académie_de_la_langue_amazighe

    La publication dans le journal officiel de la liste des membres de l’Académie algérienne de langue amazighe a rapidement suscité une #polémique au sein de la communauté scientifique et militante du milieu. Plusieurs voix se sont élevées pour protester contre la composition de l’Académie naissante, notamment la désignation du Pr #Djellaoui_Mohamed à sa tête.

    https://www.tsa-algerie.com/polemique-autour-de-la-composition-de-lacademie-de-la-langue-amazighe
    #amazighe #berbère #langues

  • I bambini di #Bjelave: un caso ancora aperto

    Durante l’assedio 46 bambini dell’orfanotrofio di Sarajevo vennero accolti in Italia. Non tutti erano orfani e nonostante questo, non sono stati rimpatriati ma dati in adozione. Alcuni dei genitori biologici li hanno cercati per anni. Un’intervista all’attivista per i diritti umani Jagoda Savić, che dal 2000 si sta occupando del caso.

    Lei si è occupata di un caso che anni fa ha sollevato parecchia attenzione: quella dei bambini dell’orfanotrofio di Sarajevo che durante la guerra sono stati accolti in Italia, ma invece di tornare in Bosnia sono stati dati in adozione.

    Dal punto di vista giuridico, a prima vista, tutto pare ben fatto e invece non lo è. Vale la pena ricordare tutta questa storia non perché si possa cambiare qualcosa, visto che le adozioni sono state portate a termine e non si può più far niente. Ma perché può fungere da utilissima lezione per i giuristi italiani sugli errori che sono stati fatti in una procedura di adozione internazionale che ha coinvolto bambini profughi, un paese in guerra e con un lungo e difficile periodo post-conflitto.

    Come mai ha iniziato ad occuparsene?

    Mi sono trovata coinvolta in questa storia nel 2000, quando Uzeir Kahvić padre di Sedina che faceva parte di quel gruppo di bambini, è venuto nell’ufficio della mia organizzazione non governativa «SOS – telefon» (Telefono azzurro) nella quale ci occupavamo di lotta alla violenza domestica ma anche di altri casi di bisogno legato a situazioni familiari difficili. Ci ha chiesto di aiutarlo a trovare la figlia dopo anni che ci provava invano da solo. Ho cominciato quindi a raccogliere informazioni e ho ricostruito la storia che inizia nel lontano 1992 e che si è rivelata molto complessa.

    Che cosa è accaduto nel 1992?

    Da Sarajevo, città già sotto assedio da tre mesi, il 18 luglio 1992 è partito un convoglio di 67 bambini tra i quali 46 tra orfani e minori con situazioni disagiate che stavano all’orfanotrofio «#Ljubica_Ivezić» (ndr: che nel 1997 ha cambiato nome in «#Dječiji_dom_Bjelave»). La loro partenza era stata decisa per portarli in luoghi sicuri.: la città veniva bombardata ogni giorno, mancavano luce, acqua e cibo. Il centro accoglieva anche neonati e bambini molto piccoli e non si riusciva ad assicurare loro minime condizioni di vita. Per cui sulla bontà del trasferimento in Italia non vi è alcun dubbio. Sono arrivati in autobus fino a Spalato sulla costa croata e poi via mare hanno raggiunto Ancona.

    Dove sono stati portati e chi li ha presi in carico?

    All’arrivo in Italia i bambini dell’orfanotrofio sono stati divisi in due gruppi: i 35 con età inferiore ai 10 anni di età sono stati portati al «Centro Mamma Rita» di Monza, mentre 11 sono finiti al centro estivo «Santa Maria» di Bellaria Igea Marina (ndr: in provincia di Rimini, ora si chiama «Casa vacanze San Giuseppe») gestiti dalle suore. I bambini sono poi rimasti qui degli anni invece che tornare dopo pochi mesi come si era pensato, a causa del prolungarsi della guerra in Bosnia.

    Una delle questioni problematiche che è emersa durante le nostre ricerche è che tra le autorità bosniache e italiane non è stato siglato alcun documento che regolasse i termini dell’accoglienza, come ad esempio il tempo di permanenza in Italia, i doveri di chi prendeva in carico i minori e i diritti di questi ultimi. Per cui all’arrivo i bambini sono stati messi subito sotto la giurisdizione del Tribunale per i Minorenni di Milano.

    Perché alla fine della guerra i bambini non sono tornati a Sarajevo?

    So che tra il 1995 e il 1996 si sono recati in Italia sia il rappresentante dell’organizzazione Prva «Dječija ambasada Međaši» (Prima Ambasciata dei bambini Međaši) Duško Tomić che aveva organizzato il convoglio, sia l’allora direttore dell’orfanotrofio di Sarajevo, Amir Zelić per avere informazioni sui bambini e chiederne il ritorno. Mi ha raccontato Amir Zelić che le autorità italiane avevano ritenuto che in Bosnia Erzegovina non ci fossero ancora le condizioni per farli rientrare.

    In seguito sono stati dati in affido a famiglie italiane ed è stata avviata la procedura per l’adottabilità. A questo punto cosa è accaduto tra Italia e Bosnia?

    Qui è cominciato il primo «scontro», se parliamo di prese di posizione e giochi di rimpallo delle responsabilità su quello che è successo poi, tra l’Italia e la Bosnia Ezegovina.

    Secondo i documenti da me visionati, il 27 giugno del 1996 il Dipartimento della protezione sociale presso il Consiglio dei Ministri, poi approvato dalla Commissione centrale per le adozioni internazionali e pubblicato l’8 luglio 1996, è stato deciso che tutti i bambini del gruppo bosniaco sarebbero stati sottoposti alla procedura di adottabilità presso la giurisdizione di competenza locale e cioè il Tribunale dei minorenni di Milano.

    Intanto in Bosnia Erzegovina il 24 aprile del 1996 il governo ha ratificato, su indicazione del Ministero per le politiche sociali, rifugiati e sfollati, il «Programma integrale per la tutela dei bambini profughi senza genitori dall’Italia alla BiH» che prevedeva il rientro dei minori entro il giugno successivo. Il testo del Programma è stato poi inoltrato, con lettera del Ministero degli Affari esteri bosniaco al Consolato di Bosnia Erzegovina a Milano, il 25 aprile.

    I due documenti emessi da Italia e Bosnia sono però innanzitutto opposti: lo stato bosniaco ha trattato il problema considerando il gruppo nel suo insieme, mentre le autorità italiane ha trattato i bambini caso per caso e così ha proseguito. Inoltre, allora non abbiamo ottenuto di poter accedere ai documenti protocollati dalle autorità italiane, perché eravamo troppo «piccoli» e deboli... Per cui non ho scoperto se il documento bosniaco è stato consegnato nei tempi richiesti alle autorità italiane, perché ci sono tre settimane di differenza tra la data in cui è stato redatto il documento bosniaco e la data in cui il Consiglio italiano ha preso la sua posizione.

    Solo nel 2007 è emerso dal rapporto redatto dal Gruppo di esperti del Consiglio dei ministri della BiH, costituitosi nel 2005 per indagare su questo caso, che il Consolato bosniaco a Milano tra aprile e giugno 1996 non era stato in grado di tradurre il Programma.

    A questo proposito c’è un punto che voglio sottolineare. Per parte italiana sono state eccessive le pretese nei confronti di un paese nascente, appena uscito dalla guerra, che ancora doveva impostare e creare un sistema funzionante di gestione dell’amministrazione pubblica. Un paese che non aveva i minimi presupposti per poter proseguire con le procedure richieste per legge al paese di origine di bambini sottoposti ad adozione internazionale.

    L’Italia si è comportata con il nostro paese come se avesse a che fare con un qualsiasi altro stato europeo come la Fancia o la Germania. Ha avviato procedure delicate senza invece controllare e monitorare che in Bosnia le procedure venissero eseguite a dovere. E’ stato il più grave errore per parte italiana, sebbene non l’unico.

    Quali altri?

    Prima di tutto, alcuni bambini sono stati dati in adozione senza che nel fascicolo giudiziario ci fosse il loro certificato di nascita. Questo significa che ad esempio, nel caso di due minori, Vedrana Hastor e Dejan Goljanin, la procedura di adottabilità è stata avviata dal Tribunale milanese con questi nomi ma all’anagrafe bosniaca sono iscritti con altri nomi.

    Poi, c’è la questione della rogatoria internazionale, che è l’atto basilare della procedura di adozione internazionale, dove il genitore biologico deve rispondere se vuole riavere il proprio figlio o se vuole abbandonarlo e darlo in adozione. L’Italia ha mandato una prima una nota verbale e poi alcune successive con le quali ha sollecitato le autorità bosniache ad ottenere risposte. Ma le rogatorie – posso parlare per i casi su cui ho indagato – non sono mai arrivate ai genitori e le risposte di questi non sono ovviamente mai arrivate in Italia. Per cui dopo 5 anni di attesa, il Tribunale di Milano ha emesso le sentenze di adozione.

    Questo «gioco» delle rogatorie rappresenta un altro punto importante: il Tribunale dei minorenni di Milano sulla spedizione delle rogatorie internazionali e le autorità bosniache per la parte relativa al ricevimento delle stesse. Questi due «giochi» hanno provocato un distacco ingiusto tra i genitori biologici e i loro figli, violando il diritto delle due parti di potersi esprimersi in merito.

    D’altronde sappiamo che per legge, in base alla Convenzione dell’Aja recepita dall’Italia nel 1998, sono previsti casi estremi in cui si può procedere all’adozione in assenza del consenso dei genitori.

    Sì ma il fatto, non indifferente, è che alcune rogatorie contenevano degli errori. Posso parlare solo per i casi su cui sono riuscita ad ottenere informazioni certe e copie di documenti, sebbene dopo che per anni ci è stato impedito di accedervi.

    Una delle rogatorie è stata spedita nel paese sbagliato: accanto al nome e alla città di residenza del genitore c’è scritta la sigla «Ex Yu», quando invece si tratta di una località (Loznica) che si trova in Serbia e non in Bosnia Erzegovina. Con quella sigla «Ex Yu», come sapete inesistente già da anni, la rogatoria è stata spedita in Bosnia - paese che all’epoca aveva tanti conflitti con la Serbia - e non è stata rispedita al mittente.

    La seconda è stata spedita a una madre defunta da anni, oltre che al padre in vita. E questo nonostante sul fascicolo di questa bimba, nell’anamnesi sociale e familiare che viene allegata ad ogni procedura di adottabilità rilasciata dai servizi preposti, c’era scritto chiaramente che la madre si era suicidata subito dopo il parto. Parliamo del caso di Uzeir Kahvić ed è un dato di cui il giudice del tribunale milanese doveva essere a conoscenza.

    La terza rogatoria è stata spedita a una persona inesistente e lo spiego meglio con nomi inventati: la madre si chiama Maria Ricci e il padre si chiama Alberto Della Costa. Il nome del genitore al quale è stata mandata la rogatoria è «Maria Alberto», quindi un destinatario composto da due nomi propri senza alcun cognome.

    E le autorità bosniache?

    Abbiamo indagato, per quanto è stato possibile, anche rispetto ai passi giuridici fatti o meno in Bosnia. Abbiamo trovato conferma che un gruppo di rogatorie sono state ricevute dal Ministero affari esteri bosniaco e da qui regolamente spedite al Ministero per gli affari civili di BiH che in quel momento era competente per occuparsi del problema.

    Per le restanti rogatorie non ci è stata fornita questa prova. Abbiamo chiesto anche al Dipartimento che si occupava di rifugiati, sfollati e quindi di adozioni che stava sotto al Ministero per gli affari civili di BiH. Ci hanno risposto ufficialmente e per iscritto che negli archivi la documentazione non esisteva. Quindi in quel momento non siamo riusciti a verificare se il Ministero affari civili bosniaco aveva o meno trasmesso ai livelli più bassi le rogatorie arrivate dall’Italia.

    Ma non è finita qui. Ci siamo poi rivolti al livello amministrativo di livello più basso, cioè al Ministero per gli affari sociali della Federazione di BiH, dunque di una delle due entità in cui è diviso il paese. Appellandoci alla legge sul libero accesso alle informazioni abbiamo chiesto di accedere all’archivio, ma dall’archivio ci hanno risposto – mentendo, come abbiamo scoperto dopo - che non avevano alcuna documentazione.

    Non ci siamo dati per vinti e ci siamo rivolti all’ufficio del Ministro federale per gli affari sociali. Dopo anni, ci hanno rilasciato un documento incontrovertibile: vi sono indicati i nomi della Commissione che controlla la consegna della documentazione, con tanto di nomi e firme dei membri, timbro e allegato l’elenco di tutti i file che erano stati depositati all’archivio. E’ da questo elenco che abbiamo scoperto che, la prima volta, all’archivio ci avevano mentito.

    Quindi la complessità amministrativa del paese, frammentata e a più livelli, non ha facilitato una procedura regolare e ha reso molto difficile scoprire i fatti.

    Non avendo potuto accedere agli archivi di tutti i livelli, non possiamo sapere se per parte bosniaca c’è stata premeditazione o se si è trattato solo di una situazione di caos dovuta al periodo di transizione del dopoguerra. A questo proposito, voglio ricordare che ci siamo rivolti anche a livello cantonale (ndr: la Federazione di Bosnia Erzegovina è divisa in 10 cantoni e questi in numerose municipalità). Ma purtroppo, dato che già al livello «superiore» – quello federale - non avevamo ottenuto alcuna informazione sul ricevimento delle rogatorie arrivate dall’Italia, non ci sono state fornite informazioni nemmeno dai Centri sociali per gli affari sociali dei Cantoni diversi in cui risiedevano i genitori.

    Posso solo dire che tra i genitori con cui man mano sono entrata in contatto diretto, nessuno ha ricevuto la rogatoria eccetto in un caso, dove i genitori erano deceduti e la nonna di un bimbo ha dichiarato di averla ricevuta.

    Quanti bambini sono stati dati in adozione?

    In base alle informazioni di cui dispongo sono 16. Perché alcuni, nel corso della procedura di adottabilità, hanno superato i 18 anni di età. Alcuni sono riusciti ad entrare in contatto con le famiglie di origine, altri non l’hanno voluto, altri ancora non sanno che le famiglie di origine li stanno cercando.

    Il risultato, purtroppo, è che dei bambini bosniaci non hanno più fatto ritorno nel loro luogo d’origine e hanno perso contatti con la famiglia. E’ stato creato un distacco artificiale tra i genitori biologici e i figli, e questi ultimi si sono convinti che i genitori avessero deciso di abbandonarli.

    Lo posso dire perché ho seguito diversi casi oltre a quello di Uzeir Kahvić e ne sto seguendo un altro di cui sono venuta a conoscenza nel 2015. Un padre che, com’è stato per Uzeir, da 22 anni sta cercando suo figlio arrivato in Italia con quel convoglio del 1992. Ma questa è un’altra lunga storia.

    https://www.balcanicaucaso.org/aree/Bosnia-Erzegovina/I-bambini-di-Bjelave-un-caso-ancora-aperto-189911
    #orphelins (mais pas tous, justement, c’est la question de l’article) #adoption #guerre #conflits #enfants #enfance #histoire #ex-Yougoslavie #Bosnie-Herzégovine #Sarajevo #Italie #orphelinat

  • Les #juifs de #Tunisie : une survie sous surveillance

    La Tunisie ne compte plus qu’entre 1200 et 1500 juifs (selon les estimations) contre quelque 120 000 à l’indépendance en 1956. Aujourd’hui, deux communautés restent pourtant fortement enracinées à l’Est du pays, sur l’île de #Djerba et dans la ville de #Zarzis. Tandis qu’à Tunis, la communauté, est en voie de disparition. Alors comment vivent désormais ces communautés à l’heure où la menace terroriste grandit dans le pays ? Nous partons à leur rencontre.

    http://www.rfi.fr/emission/20150918-tunisie-juifs-communautes-djerba-zarzis

  • Reportage : #Tunisie#Libye, aux #frontières de la guerre et de l’oubli

    Chaque crise impose ses changements. Celle de la guerre civile en Lybie a influé sur toute la région, y compris sur la Tunisie. Avec ces changements brusques et rapides, de nouvelles frontières se dessinent, desitinéraires inédits et de nouveaux commerces naissent, alors que d’autres cèdent et disparaissent. Entre Ras Jedir, le #camp_de_réfugiés de #Choucha, #Djerba et #Zarzis, des histoires de #migration, de #guerre civile, de #viol, de #mort et d’#oubli se tissent et se détissent au fil des quêtes. Nous en avons recueillis quelques unes.


    http://nawaat.org/portail/2014/08/19/reportage-tunisie-libye-aux-frontieres-de-la-guerre-et-de-loubli
    @asile

    #Cimetière_marin

    Le lieu de l’#incident survenu le 11 février 2011 entre la frégate « Horria 302 » de l’armée nationale et l’embarcation « Raïes Ali 2 », au large de l’île de Kerkennah. Photo Bruno Giuliani.

    Riadh n’a pas peur de sauter dans le prochain bateau qui arrivera ou pas à bonne destination. Il a survécu, à chaque fois, et a acquis une expérience inégalable dans le domaine. Mais cette chance, d’autres migrants ne l’ont pas eu, comme les jeunes Tunisiens de Zarzis, qui ont trouvé la mort, la nuit du 11 février 2011, sur un bateau de fortune qui se dirigeait vers Lampedusa. Ce drame qui a fait 5 morts et 22 disparus a fait le tour des médias, à l’époque, avant d’être oublié, sauf par les familles des victimes. Les survivants ont accusé la garde nationale de vouloir tuer les 120 émigrés qui étaient sur le bateau


    #naufrage #mourir_en_mer #Méditerranée #décès #morts

    cc @reka

  • Djerbahood
    http://www.djerbahood.com

    https://www.youtube.com/watch?v=EK650n8yDQE

    Après la Tour Paris 13, la team Itinerrance dépose ses valises dans un village traditionnel de l’île de Djerba, Erriadh.

    Véritable musée à ciel ouvert, Djerbahood est un village investi par des artistes venus du monde entier. Le village d’Erriadh à Djerba accueillera cet été les oeuvres d’une centaine d’artistes de trente nationalités différentes. Erriadh, lieu authentique et traditionnel, deviendra un espace d’expression pour chacun des artistes issus de cultures diverses.

    Galerie des œuvres
    http://www.djerbahood.com/portfolio

    Et celle-ci que je n’y trouve pas par #Mkt_Artwork aka #INKMAN


    Mural poème de Mahmoud Darwich_
    http://books.google.fr/books?id=Nz1TCy39aPQC&lpg=PA120&ots=zTVss5DZwQ&dq=mural&hl=fr&pg=PA119

    https://www.behance.net/mktartwork

  • danah boyd sur les réseaux sociaux et les jeunes, toujours aussi lumineux.

    « une multitude d’outils et des milliers de services permettent aux adolescents d’avoir plusieurs niveaux de conversations « dans l’intimité de leur téléphone », la plupart du temps avec des cercles d’amis proches. "La plupart des jeunes n’aiment pas parler avec des inconnus, malgré toutes ces technologies incroyables qui permettent de communiquer avec le monde entier, assure-t-elle. Les jeunes Américains ne sortent pas de leurs frontières. Ils s’en tiennent à leur désir fondamental d’adolescent : voir leurs amis, parler avec eux de leurs expériences et de ce qu’ils connaissent (comme la vie scolaire), tout ça à l’abri des parents." »

    http://www.lemonde.fr/technologies/article/2014/03/10/6-cles-pour-comprendre-comment-vivent-les-ados-sur-les-reseaux-sociaux_43801

    #djeunes #danah_boyd #réseaux_sociaux #Facebook #twitter #snapchat #instagram

    • Les jeunes partagent des phrases et des images dans l’espoir d’avoir un retour. Les “J’aime”, les retweets, toutes les interactions générées par ce qu’ils postent en ligne sont perçues comme des marques d’attention qui leur font du bien. Et il ne faut pas donner plus d’importance à un “J’aime” qu’un hochement de tête dans une conversation.

      Un selfie permet à celui qui se photographie de prendre possession d’un lieu, d’un moment et d’un contexte. Les gens cherchent simplement à célébrer l’instant en se prenant en photo. Mais c’est aussi une façon d’être présent et d’affirmer au monde qu’on est quelque part. Le but étant ensuite d’en discuter avec son entourage.

      Franchement je ne dirais pas la chose très lumineuse , quant à penser qu’il s’agisse là du fruit de dix ans de recherche, je trouve le fruit bien maigre.

      Mais ça m’amuse de me voir pianoter ceci sur mon ordinateur relié à internet pendant que mon adolescente de fille révise son contrôle d’histoire dans un livre en papier duquel elle s’est étonnée que je reconnaisse que telle photographie représentait l’église romane de Poitiers et que telle autre reprographie représentait la Vierge du chancelier de Rolin de Van Eyck, donc j’aurais tendance à continuer de croire que la réalité se tient très éloignée des études scientifiques de ce genre et que rien n’est simple ni tout à fait comme on pourrait croire qu’elles devraient être.

    • C’est bien tout là le problème : que des conclusions « maigres » ne parviennent pas aux oreilles de 90% des parents, professeurs, etc, et qu’on se fade le permis Internet de la gendarmerie et autres campagnes à base de pédo-nazis. Dans ce contexte, danah boyd reste une chercheuse utile et rafraichissante.

    • Ah tu veux dire qu’au royaume des aveugles les borgnes sont lumineux...

      J’ai d’autant plus de mal à comprendre l’intérêt de cette recherche que j’ai le sentiment d’être entouré de parents d’adolescents qui se posent des questions tellement plus matures par rapport à leur progéniture adolescente. Sans compter que je continue de n’être pas favorablement impressionné par le côté soit disant rassurant de telles conclusions.

      Parce que justement certaines choses malgré tout ne sont pas si rassurantes. Notamment dans la juxtaposition des contenus. Ainsi si je suis souvent étonné de caractère créatif de certaines façons de faire de ma fille adolescente, au travers de ses contenus, de ce qu’elle elle produit, je suis souvent interloqué dans le même temps par la juxtaposition de tels contenus avec d’autres en provenance de ses correspondants qui n’ont pas le même discernement et c’est une chose sur laquelle j’ai beaucoup de mal à l’avertir, ainsi quand elle avait douze ans, des photographies d’elle et de ses amies voisinaient des contenus sexuellement explicites et comme elle estimait ne pas en être l’auteure, elle les voyait au même titre que de la publicité etc...

      Ce qui est bien c’est qu’alors je pouvais embrayer sur le fait que le contenu publicitaire n’était pas neutre.

      Dans les quelques éléments de cette recherche tels qu’ils sont décrits dans cet article du Monde, je remarque aussi que l’étanchéité entre le monde des adultes et celui des adolescents est un acquis indiscutable, à la façon d’une nécessité ; pareillement je dois vivre dans une dimension parallèle pour être entouré d’adultes de mon âge capables de s’intéresser aux curiosités de leurs adolescents, lesquels ne sont pas entièrement perdus devant la bibliothèque de leurs parents.

      Tout ceci expliquant mon soupçon pour une étude que je trouve justement insuffisamment rafraîchissante, comme tu le dis.

    • Bonjour,

      Le livre de danah boyd va au delà de ce résumé de la préface, car il décrit de façon anthropologique les pratiques des adolescents dans les réseaux sociaux. Les conclusions sont « à l’américaine », c’est-à-dire qu’elles s’adressent à une société bien plus individualisée et morcelée que la nôtre. Mais au rythme où nous avançons, c’est malheureusement vers ce type de relation que nous nous dirigeons. Chance à @philippe_de_jonckheere et aux quelques uns de nos milieux qui peuvent garder des relations proches et non-intrusives avec nos ados. Mais c’est une véritable bataille quotidienne à mener, contre une société qui va dans l’autre sens, et fait peser avec une violence incomparable sur les ados un poids de culpabilité, d’enfermement et de rejet qui est sans commune mesure avec ce que j’ai connu au même âge (où pourtant on parlait de « racisme anti-jeunes », c’est vous dire).

      Le livre est sacrément intéressant. Il m’a fait penser au livre « La cause des adolescents » de Françoise Dolto par sa générosité et son écoute attentive.

      Le livre est tellement intéressant que je suis en train de le traduire et qu’il devrait être publié en français à l’automne chez C&F éditions (http://cfeditions.com)

  • #Ulrike_Lunacek, ennemie jurée de la #Manif_Pour_Tous
    http://fr.myeurop.info/2014/02/27/ulrike-lunacek-heraut-de-la-bataille-des-droits-lgbt-13250

    Francesca Spinelli

    Elle est l’ennemie jurée des ultra-conservateurs à Bruxelles et de la Manif Pour Tous en France. L’eurodéputée Ulrike Lunacek, première parlementaire ouvertement lesbienne en Autriche, se bat pour les #droits_LGBT en Europe. Pour Myeurop, elle fait point sur les combats gagnés et ceux à venir. Rencontre

    « Idéologues mortifères », « anti-familles », promotrices d’une « filiation bidon »… Elles sont devenues la terreur de la lire la (...)

    #Société #Union_européenne #Djendeur #Estrela #feminisme #feuille_de_route_LGBT #Gender #portrait