• ★ L’ÉTAT EN QUESTIONS - Socialisme libertaire

    De la destruction de l’État aux conditions de son dépérissement.

    Pendant longtemps, trop longtemps, le combat contre l’État s’est mené sous l’étendard mythique et même mystique de la destruction de son apparence à la faveur du moment magique d’une révolution à la mode du Grand Soir.

    Depuis l’aube des temps il est là, tapi dans la pénombre, aux aguets ou sur le devant de la scène, omniprésent. À la mode totalitaire-frigidaire ou consensuelle-image-virtuelle, mais toujours au cœur de la peur des hommes, de leurs craintes, de leurs espoirs... de leurs résignations. Ici, il arpente le pavé, la trique à la main, le bâton de l’autre, sous les huées. Là, il se pavane, parade et embrasse sur le front les petits et les grands enfants de l’ordre, du salariat, de la famille et de la patrie. Ailleurs, il évite soigneusement les feux de la rampe et promène ses blouses blanches aux quatre coins d’un inconscient collectif qu’il gère en Mr Propre de la nécessité. Certains ont choisi par conviction centralisatrice ou par résignation de le servir, mais ont eu et ont toujours du mal à suivre le rythme effréné de ses frasques, de ses sautes d’humeurs, de ses réformes ou de ses virages à 180 degrés. D’autres essayent depuis des lustres et bien avant nos zigotos de socialos/écolos de s’en servir et y perdent régulièrement leur âme et le beurre de leur âme. D’autres encore ont cru matérialisme historique oblige l’asservir et s’y sont empêtrés jusqu’à finalement s’y noyer à l’occasion du grand naufrage du Titanic totalitaire. D’autres, encore, ont tenté sincèrement ou sempiternellement de le nier et en sont régulièrement réduits à aller fumer en cachette dans les chiottes de l’individualisme. D’autres, enfin, ont tenté l’aventure la vraie de le détruire et s’y sont jusqu’à présent brûlé les ailes jusqu’à traverser ce siècle à pied (...)

    #Etat #étatisme #domination #aliénation

    #Antiétatisme #Autogestion #Anticapitalisme #Anarchisme #émancipation

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  • ★ CROISSANCE, RELANCE… DÉCADENCE - Socialisme libertaire

    Croissance… Relance de l’économie…
    Des termes que l’on entend partout en ce moment, dans les médias dominants, et surtout dans les sphères ministérielles.
    Booster « la Bête », la nourrir, la gaver comme une oie, pour que, bien grasse, elle féconde, engendre et produise à foison. La pousser à fond, à toute allure, comme une ancienne locomotive ; les pelletées de billets jetées en masse dans la turbine. L’économie, un moteur infernal mis à l’arrêt pendant deux mois et qu’il nous faut remettre en marche très vite sous peine de… sous peine de quoi exactement ? D’arrêt total et d’effondrement…. Et ? (...)

    #capitalisme #croissance #croissancisme #productivisme #consumérisme #aliénation #domination
    #Anticapitalisme #Anarchisme #Antiproductivisme #Décroissance

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  • ★ COMMENT IL NE FAUT PAS FAIRE LA RÉVOLUTION ! - Socialisme libertaire

    Peu avant sa mort en 1920, Kropotkine écrivait : « Nous apprenons à connaître en Russie comment le communisme ne doit pas être introduit. » Le vieux théoricien anarchiste se gardait d’attaquer trop ouvertement les nouveaux maîtres de Russie pour ne pas alimenter la réaction. Les anarchistes comptèrent néanmoins parmi les premiers critiques – et les premiers persécutés – du bolchevisme.
    20 décembre 1917. Moins de deux mois après le « coup d’État d’octobre » (selon la formule de Rosa Luxemburg) est créée la Commission extraordinaire de lutte contre le sabotage et la contre‑­révolution –­ en russe Vetchéka. Voilà lancée la sinistre Tchéka, organe de répression du nouveau pouvoir indépendant de la justice. « Au nombre des facteurs qui ont assuré la victoire des bolcheviks, écrit l’historien Michel Heller, il faut compter […] une découverte géniale de Lénine : l’utilisation de la police politique et de la terreur pour qui veut garder le pouvoir. »
    11‑­12 avril 1918. Des détachements armés de la Tchéka attaquent les vingt‑­six locaux anarchistes de Moscou. Dans deux lieux, de violents combats opposent tchékistes et anarchistes. Bilan : une quarantaine de morts et plus de cinq cents arrestations parmi les anarchistes, ainsi que le démantèlement des organisations libertaires de la nouvelle capitale russe. Désormais, les bolcheviks qualifient les anarchistes de « bandits » (...)

    #histoire #Révolution #Russie #URSS #bolchevisme #Lénine #Trotsky #dictature #autoritarisme #pouvoir #étatisme #oppression #répression #domination #crime #terreur #Tchéka #Cronstadt #Anarchisme #Kropotkine

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  • « Madame, si on était racistes, on aurait pas choisi ce travail » | Le Club
    https://blogs.mediapart.fr/bernardetbianca/blog/110423/madame-si-etait-racistes-aurait-pas-choisi-ce-travail

    Ce texte date de 2020, je l’ai écrit en plein confinement, lorsque je travaillais en accueil de jour dans une banlieue de Seine-Saint-Denis. Il est suivi d’une partie 2.

    Aujourd’hui, nous sommes en pleine crise de coronavirus. Une dame vient chercher une aide d’urgence pour ses enfants. C’est la direction qui s’occupe de la distribution des couches et du lait, les femmes qui se présentent doivent expliquer pourquoi elles ont besoin de cette aide, décrire leurs situations, avant la distribution.

    D’habitude, cette dame va aux restos du cœur, mais là ils ont fermé. Elle nous explique qu’elle fréquentait notre lieu d’accueil avant, qu’elle est en grande difficulté financière, qu’elle voulait s’inscrire au programme d’aide d’urgence pour enfants mais que la professionnelle en charge du programme lui a demandé d’aller voir ailleurs, lui demandant si elle ne voulait pas aussi qu’elle aille “elle-même à la pharmacie avec son argent lui acheter ces couches et ce lait”. Une chose à savoir sur cet endroit : les personnes doivent prouver qu’elles méritent l’aide. 

    Cette dame nous raconte cette histoire, avec de la colère et de la tristesse oui, mais sans agressivité aucune, comme un poids qu’elle a sur le cœur depuis longtemps, une histoire de domination vécue, pas digérée et jamais racontée. Elle avait simplement arrêté de venir. Et là, catastrophe, elle prononce le mot interdit, le mot qui fait frémir les professionnels ici, elle parle de racisme. Elle dit qu’elle pense avoir été victime de racisme. La réponse que lui donne la direction ? “Madame, si nous étions racistes, nous n’aurions pas choisi ce travail”, d’ailleurs, c’est “trop facile de dire que c’est du racisme”. Une fois la dame partie, on dira que décidément “c’est toujours compliqué avec les maghrébins”. La personne ayant prononcé cette phrase s’adressait à un collègue maghrébin.

    Nous travaillons dans un accueil de jour, dans le département de la Seine-Saint-Denis, le département le plus pauvre de France, et le plus touché par l’épidémie. D’ordinaire, nous recevons les personnes sous forme collective, proposons des services de première nécessité et activités diverses, et sous forme individuelle, avec des entretiens de suivi social.

    Durant cette crise, nous ne proposons qu’une aide au compte-goutte, distribution de nourriture à l’extérieur, quelques douches, quelques machines à laver, des cafés et des couches.
    Pour la peine, pour avoir osé partager son ressenti, dénoncer cette situation, pour avoir parlé de racisme, cette femme est repartie avec la moitié de ce qu’elle aurait dû recevoir. L’autre partie de l’aide d’urgence est restée par terre, cachée. On ne lui a pas dit qu’on ne lui donnait que la moitié, on ne lui a juste pas donné, elle ne l’avait pas mérité après tout. 

    Bénéficier d’une aide d’urgence et oser parler de racisme ? Quel affront madame ! 

    La collègue accusée de racisme avait lâché un jour, pensant que la phrase résonnerait dans le vide, ou que ça ferait rire, que ce serait juste une blague (oh-ca-va-on-peut-plus-rien-dire), “de toute façon moi je déteste les africains”. Les africains et africaines constituent très majoritairement le public que nous recevons, la plupart étant en situation de migration, hébergées au 115, sans papier, sans ressource. Mais c’est bon, c’est ok, on a le droit de dire ça, on est forcément quelqu’un de bien vu qu’on travaille dans le social, non ?

    #arbitraire #pauvres #travail_social #racisme

  • L’école de la violence
    https://www.arteradio.com/son/61677153/l_ecole_de_la_violence

    Au-delà des violences les plus graves, physiques et sexuelles, à quels types de violences invisibles, acceptées, voire encouragées, les enfants sont-ils exposés ? Pourquoi ces violences participent-elles de la domination adulte ? Comment ces réflexions s’articulent-elles avec les questions féministes ? Sans entrer dans les polémiques sur les modes d’éducation (faut-il consigner l’enfant dans sa chambre ?), cet épisode donne à écouter des paroles rares et fortes d’enfants et d’adultes se souvenant de leur enfance. Il interroge les relations entre adultes et enfants à l’école et à la maison, et met en lumière la violence et le pouvoir au prisme de l’âge.
    Comment nous, adultes, accueillons-nous les enfants dans ce monde ? Quelles relations entretenons-nous avec eux ? Comment les considérons-nous ?

    https://cdn.arteradio.com/permanent/arteradio/sites/default/files/sons/5_lecole_de_la_violence_hq.mp3


    #enfants #violence #domination_adulte #éducation

    • Cette très belle émission me rappelle, notamment, les questionnements que nous nous posions à l’époque de la crèche parentale dans laquelle nous avons accompagné notre fils, de 93 à 95, avec d’autres parents et des professionnels. La « parentalité » fut le thème de mon premier site web, en 1996 :-)

      Les témoignages des enfants et ceux du collectif des parents concernant l’ambiance catastrophique des centres de loisirs municipaux et du périscolaire sont d’un réalisme saisissant.

      On retrouve, dans ces structures, des agents peu qualifiés qui enchaînent des journées de travail infernales (jusqu’à des semaines de 10 heures quotidienne en période de congés scolaires) et le plus souvent en sous-effectif.

      Dans ces conditions s’instaure rapidement des logiques de gestion de flux d’énergie d’enfants dont l’objectif consiste essentiellement à obtenir l’obéissance et la discipline, POUR AVOIR LA PAIX ; le projet pédagogique venant alors en guise de faire-valoir du service public.

      Comme souvent dans l’administration, la logique de travail en centre de loisirs concourt à la pratique de l’ouverture du parapluie et de la justification. On aime rien tant que montrer les « réalisations des enfants » : merci aux smartphones des animateurs ouverts en permanence pour capturer « les photos et les vidéos des enfants » à l’aide du compte WhatsApp, à usage indistinctement pro-perso (les équipes encadrantes ayant le réflexe d’y recourir également pour communiquer avec les anims). On aime rien tant que montrer « ce que les enfants ont fait », quitte à le faire (plus ou moins) à leur place, en ignorant que le plus important réside dans la démarche plus que dans le résultat. Mais la hiérarchie aime le résultat. C’est ce qu’il y a de plus pratique à fournir à la strate supérieure pour justifier de son activité. Et à la fin ça fait des belles images sur le site web de l’employeur et dans le journal municipal.

      J’ai travaillé en tant qu’animateur multimédia tous les mercredis en centre de loisirs municipal. J’étais employé sur deux ateliers spécifiques de deux heures chacun (un le matin, dans une école, l’autre l’après-midi, dans « ma salle ») en présence d’enfants de 9 à 11 ans. Deux heures d’animation d’activité informatique pour des enfants est un temps largement suffisant (j’ai refusé d’animer des ateliers informatiques en périscolaire le soir, jusqu’à 18:30... il est incroyable qu’on me l’ait proposé !).

      En plus, de l’animation (présence auprès des enfants) j’avais une heure pour préparer la salle du matin avant et après l’atelier ; vu l’état de la salle informatique de l’école, ce n’était pas du luxe. L’atelier de l’après-midi ne nécessitait aucune installation car c’était la salle dans laquelle j’animais la plupart de mes autres activités et elle était toujours clean.

      En plus du temps d’installation matérielle, j’avais un temps de préparation pédagogique spécifique, intégré au temps global de préparation de toutes les activités que j’animais sur la ville.

      Il n’était évidemment pas question que je travaille gratuitement, d’où ce décompte précis du temps : animation, préparation et installation.
      Cette remarque pourrait sembler incongrue mais elle vaut d’être explicitement formulée car elle nous renvoie directement à la problématique évoquée dans l’émission : il faut savoir que beaucoup d’animateurs n’ont ni de temps de formation ni temps de préparation comptés sur leur temps de travail ; beaucoup étant contractuels à des taux de travail parfois inférieurs à 50% d’un temps complet. En conséquence, nombre de ces jeunes animateurs n’ont d’autres choix que de prendre sur leur temps personnel pour préparer leurs activités et pour se former, s’ils ont la conscience professionnelle de ne pas vouloir être livrés à eux-même et improviser la façon dont ils vont conduire leur présence auprès des enfants.

      Le temps de travail global (prépa, installation et animation) que j’ai obtenu pour animer ces ateliers informatiques en centre de loisirs est donc exceptionnel. Il correspond à ce qui me semblait raisonnable et normal pour travailler avec des enfants. Mon positionnement syndical mais surtout professionnel m’a permis d’imposer ces conditions : alors que j’étais fonctionnaire pour d’autres services sur la collectivité, je suis venu travailler sur le centre de loisirs, en tant que « prestataire interne », au même titre qu’une association, au moment de la réforme des rythmes scolaires (2013), pour animer les temps dit « péri-éducatifs » et j’y suis resté une fois que la réforme (sociétale et clientéliste de Hollande) a été mise au placard. C’est donc mon positionnement, en tant « qu’agent extérieur au service périscolaire », qui m’a permis d’assurer des conditions acceptables des ces ateliers pour moi et surtout pour les enfants. À méditer.

      Je suis convaincu que la plupart des activités en centre de loisirs et en périscolaire devraient être organisées sur le principe de temps réellement construits sur le plan pédagogique (avec des temps distincts de préparation pédagogique, d’installation et d’animation). C’est probablement la seule solution qui permettrait d’éviter ces séquences trop longues de professionnels peu qualifiés qui conduisent inévitablement aux pratiques dites « occupationnelles » (terme dépréciatif que j’ai entendu, provenant d’autres professionnels du service public, appartenant au secteur « information jeunesse », qui travaillent sur la tranche d’âge 16-25 ans).

      Même si ce n’est pas agréable à entendre (je peux en témoigner), force est de reconnaître que les agents des centre de loisirs sont assujettis à des pratiques de garderie. La responsabilité de cette réalité ne leur incombe que de façon marginale car c’est un problème structurel : tant que les grilles indiciaires des adjoints d’animation (le gros de la troupe, placés auprès des enfants) seront aussi basses, tant que ces agents correspondront aux statuts les plus précaires et les moins formés de la fonction publique, il n’y a aucune raison que l’accueil des enfants en périscolaire soit amélioré.

      Au-delà du périscolaire, les pratiques des professeurs des écoles devraient être fondamentalement réorganisées pour éviter les logiques de saturation, de routine et d’évitement des professionnels, même s’il y a des magnifiques pratiques enseignantes dans les écoles publiques. Je trouve qu’il est aberrant qu’il n’y ait qu’une seule personne sur laquelle repose l’année scolaire d’une classe, parfois de plus d’une vingtaine d’enfants et que cela soit reconduit d’année en année, jusqu’à l’épuisement de l’enseignant.

      Enfin, le lien entre l’oppression des enfants et l’oppression patriarcale, énoncé très explicitement dans cette émission, me semble totalement pertinent.

      Les problématiques concernant la violence institutionnelle à l’encontre des enfants devraient sortir des milieux, socialement privilégiés, dans lesquels on a l’habitude de les trouver.

  • Une note de lecture peu critique mais qui offre un bon résumé des thématiques abordées dans le court ouvrage de Françoise Vergès « Décoloniser le musée » (La Fabrique, 2023).

    Françoise Vergès : un regard décolonial sur le musée
    par Christian RUBY

    En tant qu’institution, le musée occidental s’est construit sur des logiques coloniales d’appropriation, de conservation et d’exposition que l’approche décoloniale entend renverser.

    La politologue Françoise Vergès a publié de nombreux ouvrages sur les questions féministes et antiracistes ; en tant qu’enseignante, elle a créé une chaire intitulée « Global South(s) » au Collège d’études mondiales. Sa dernière publication, parue aux éditions La Fabrique, propose une analyse décoloniale du musée en tant qu’institution, et cherche à encourager l’émergence de ce qu’elle nomme « un post-musée », c’est-à-dire une institution culturelle dépouillée de ses ancrages coloniaux.

    Perspectives décoloniales sur le musée

    La réflexion décoloniale sur les musées s’est concentrée, ces dernières années, sur la question de la restitution des objets pillés ou volés. L’autrice appuie très clairement ce processus, qu’elle considère comme nécessaire : il convient à la fois de permettre aux pays qui en ont été dépossédés d’accéder aux inventaires et aux bourses de recherche permettant d’identifier correctement tous les objets, mais encore que le pays actuellement détenteur de ces objets prenne en charge les coûts de « repatriation » et la formation du personnel à la conservation. Vergès ajoute qu’il est impératif que les citoyens du pays de retour choisissent eux-mêmes les conditions de préservation et d’exposition des objets.

    Au-delà des objets, le cas des restes humains enregistrés dans les institutions et musées européens — dont on sait qu’ils devaient servir (ou ont servi) à entériner, par contraste, l’idéal de beauté censé s’incarner dans la blancheur — est encore plus délicat, quoique certains aient déjà été restitués, comme c’est le cas de la dite « Vénus Hottentote ». Mais la réflexion proposée dans cet ouvrage déborde cette question de la restitution.

    Elle excède également la question de l’analyse décoloniale des œuvres des musées européens. L’auteure revient tout de même sur les visites guidées qu’elle a initiées en 2012 au Louvre, au cours desquelles elle explorait la présence des esclaves dans les œuvres y étant exposées. Elle consacre également un chapitre critique à l’exposition « Le modèle noir » présentée au musée d’Orsay en 2019, dont elle pointe davantage les limites qu’elle n’en salue le travail nécessaire. Vergès commente également des polémiques récentes telles que celle qu’a suscité la fresque jugée antisémite exposée lors de la Documenta 15 de Cassel en 2022, ou encore celle qui a entouré la programmation de la pièce Kanata en 2019, accusée d’appropriation culturelle.

    Ceci dit, le cœur du propos de ce livre se situe ailleurs : il s’agit d’interroger les présupposés colonialistes qui organisent le fonctionnement même du musée, en tant qu’institution historique et politique.

    Critique du « musée universel »

    Pour Vergès, le musée est un produit des Lumières européennes, dont la curiosité scientifique est entretenue par les expéditions coloniales et les découvertes de continents lointains. En tant que lieu de rassemblement et d’exposition des objets récoltés à travers le monde, le musée se présente comme un « dépôt de l’universel », un gardien du patrimoine de l’humanité, et revendique ainsi une démarche neutre et désintéressée. Cette idée a contribué à ériger le Louvre, et à sa suite le British Museum de Londres, le Humboldt Forum de Berlin ou encore le Metropolitan Museum de New York, comme des modèles de « musée universel » à imiter.

    L’ouvrage examine le formidable retournement rhétorique qui a été nécessaire pour produire cette image de « musée universel ». Ce discours dissimule en effet les conditions économiques, sociales et politiques d’une telle entreprise, et notamment les aspects conflictuels et criminels de son histoire. Loin d’une exposition neutre de l’universel, le musée offre une mise en scène unique de la grandeur de l’État-nation européen, par opposition à toutes les sociétés « sauvages » qu’il rencontre au-delà de ses frontières.

    L’étude d’un cas d’école structure le propos de l’auteure : celui du musée du Louvre, enfant des Lumières et de la Révolution française. Du fait de ce double héritage, il s’est arrogé le droit d’acquérir et de conserver des œuvres, des archives, des documents saisis, pillés ou volés, pour les exposer dans le pays qui symbolisait désormais la liberté.

    Vergès détaille ainsi les vols, les destructions de palais, les pillages systématiques et l’appropriation de nombreuses richesses. Elle souligne comment la mise sous tutelle des œuvres venues des colonies et des conquêtes a été justifiée, d’un point de vue juridique, grâce à la notion de propriété qui occupe une place centrale dans le droit occidental. Ce processus n’est d’ailleurs pas réductible à l’appropriation des objets, mais s’applique également à celle des individus : Vergès explore pour le montrer l’architecture du Palais-Bourbon et celle de l’Élysée, dont la construction a fait intervenir des compagnies esclavagistes.

    À la lumière de ces réflexions, les objets exposés dans les grands musées européens apparaissent davantage comme des butins de guerre, que les vainqueurs se sont octroyés au détriment des vaincus, que comme les productions d’une humanité universelle. En ce sens, le fonctionnement même du musée repose sur une logique coloniale, que Vergès considère comme structurelle.

    Décoloniser le musée

    En contrepoint, l’auteure cherche à valoriser des cas de « contre-musées » ou de « post-musées », dont les fonds ne proviennent pas du dépouillement d’une culture étrangère. Un tel exemple pourrait être trouvé dans le projet (finalement empêché par le Président du conseil régional de La Réunion, Didier Robert) de Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise. Formulé en 2004, ce projet avait pour objectif de construire un espace d’exposition et de transmission culturelle qui tienne compte des analyses décoloniales en matière d’architecture, d’histoire et d’arts plastiques, et qui sans se focaliser sur des objets soit en mesure de replacer l’île de la Réunion au sein des mondes de l’océan Indien.

    Ce musée « sans objets » convient bien au contre-modèle que souhaite valoriser Vergès, qui n’oublie pas tout au long de son livre que les musées ne sont pas d’abord constitués d’œuvres mais de personnes, dont le travail rend possible le rayonnement de ces institutions. Un véritable « post-musée » devrait dès lors réévaluer les conditions de travail de ceux qui nettoient, gardent, cuisinent, font de la recherche ou administrent les lieux ; mais il devrait également contester les hiérarchies de genre, de classe, de race, de religion et échapper aux impératifs des grands groupes capitalistes qui financent le plus souvent les fondations artistiques.

    Du côté du public, également, il s’agirait d’assurer l’accueil inconditionnel des visiteurs, d’où qu’ils viennent, y compris s’ils ne sont pas familiers de ces institutions, du fait de leur âge ou de leur origine sociale par exemple, et n’en possèdent pas tous les codes.

    C’est donc par des tactiques décoloniales que l’objectif de sortir du modèle du « musée universel » sera atteint selon Vergès. Et ce projet, comme le titre de l’ouvrage l’indique, est un « programme de désordre absolu ». Reprenant la formule à Frantz Fanon — dont elle cite à plusieurs reprises Peau noire, masques blancs ou Les Damnés de la terre — Vergès considère que seul un « désordre absolu » permettrait de mettre fin à un ordre qui structure les différents niveaux de domination et d’oppression au niveau planétaire, et notamment les asymétries et inégalités Nord/Sud.

    Loin d’y voir un appel au chaos, elle reprend à son compte l’injonction de Fanon à renverser ce que les puissants appellent l’« ordre » du monde, et qu’ils veulent faire passer pour immuable. En s’appuyant également sur les analyses des écrivains et militants américains Fred Moten et Stefano Harney, elle associe cet ordre au « monde de la modernité », lequel est « fondé sur la philosophie libérale des droits, qui a accumulé richesses et biens sur la traite, l’esclavage, la colonisation, et le capitalisme racial et patriarcal ».

    Dans ce dessein, il ne suffit pas d’inciter à des programmes de simple habillage décolonial. L’auteure précise que la décolonisation du « musée universel » est « impossible si elle ne s’inscrit pas dans un programme qui embrasse la construction d’un monde post-raciste, post-impérialiste et post-patriarcal ». Il ne s’agit ni de compassion, ni de compensation altruiste, ni de repentance, mais d’un programme de réinvention radicale des institutions qui contribuent à perpétuer l’ordre dominant.

    #musée #décolonialisme #domination

  • ★ DES MÉDIAS SONT AUX ORDRES, DES TRAVAILLEURS AUSSI... - Socialisme libertaire

    « Souvent dans des discussions au travail, au bistro ou ailleurs, il y a nombre de personnes se plaignant de x ou y (immigrés, chômeurs, etc.), on ressent une animosité vis à vis de ces derniers, comme si ils étaient la cause de problèmes. Et pourtant ces plaignants ne connaissent pas d’immigrés ni de chômeurs. A l’inverse ils encensent les footballeurs (d’origine immigré, on l’est tous), les politiciens bruyants. En fait, ils répètent toutes les représentations du monde que les médias nationalisto-capitalistes mettent en avant et ont besoin pour perpétuer leur monde. Les spectateurs se mettent au niveau des médias du pouvoir pour amplifier les discours des médias. Factuellement ils font le jeu des pouvoirs médiatiques en place. Consciemment ou inconsciemment, ce sont des collaborateurs des représentations des pouvoirs. Jamais il n’est question de rapports de classes, de hiérarchie sociale, d’exploitation ni de domination et encore moins de lutte pour l’émancipation sociale. Tout comme dans les médias. L’acceptation de la hiérarchie, du capitalisme, de l’État est comme une base de pensée pour des médias et des travailleurs.

    Ça ne doit surtout pas poser la source / cause des problèmes. La confusion doit être faite afin de compliquer la tâche d’émancipation sociale. L’inversion de la cause et des effets est un des moyens… les responsabilités doivent être diluées et jamais l’entité ou l’individu responsable posé. Pour asseoir tout ça, la mystification doit être faite sur une entité, dieu, nation ou capital. Ils créent un terreau fertile pour l’entretien des excités complotistes ou des endormis du cerveau. Créer la confusion, créer des fous afin de pouvoir jouer avec… nos émotions (...) »

    ⏩ Lire le texte complet…

    ▶️ https://www.socialisme-libertaire.fr/2023/03/des-medias-sont-aux-ordres-des-travailleurs-aussi.html

    🛑 #anarchisme #communisme_libertaire #anticapitalisme #antiétatisme #émancipation #médias #prolétariat #salarié #capitalisme #politiciens #domination #étatisme #pouvoir...

  • ★ Contre la politique - Socialisme libertaire

    ★ Georges Herzig. In Le Réveil communiste-anarchiste n°10, 10 novembre 1900. 

    « Si les travailleurs voulaient y réfléchir un tant soit peu ils s’apercevraient bien vite que la participation à la vie politique, l’usage des droits électoraux que la bourgeoisie a bien voulu lui octroyer, dans son intérêt et pour diminuer les causes du mécontentement public, n’ont changé en rien ni la position historique du prolétariat vis-à-vis des autres classes, ni sa situation économique, restée inférieure, bien que, depuis cinquante-quatre ans de suffrage universel le sort des ouvriers ait défrayé la prose électorale de tous les partis politiques.
    La classe possédante — maîtresse des moyens de production, de l’outillage industriel, de la terre, des voies de communication, des rouages administratifs, instruite et limitant l’instruction du peuple, détenant toute autorité, depuis celle du garde-champêtre jusqu’à celle que confère le pouvoir exécutif — pouvait sans beaucoup de crainte appeler le prolétaire à sanctionner les lois faites par elle et lui donner ainsi une paît de responsabilité dans la marche des affaires publiques (...) »

    #prolétariat #bourgeoisie #capitalisme #étatisme #électoralisme #domination

    #émancipation #Anarchisme #Autogestion #Anticapitalisme #Antiétatisme

    ⏩ Lire le texte complet…

    ▶️ https://www.socialisme-libertaire.fr/2020/05/contre-la-politique.html

  • ★ Tous nos rêves sont possibles pour abattre ce vieux monde... GLJD

    « Les violences policières qui se déploient au quotidien ces jours-ci ne sont pas des dérapages ponctuels mais elles participent bien au maintien du système en place quand les révoltes grondent, parce qu’il faut les étouffer. Elles sont une des expressions visibles des violences qu’exerce l’Etat qui préserve les intérêts des capitalistes qu’il représente. C’est dans la nature même du système (...) »

    ⏩ Lire le texte complet…

    ▶️ http://le-libertaire.net/les-reves-possibles-abattre-ce-vieux-monde

    #pouvoir #domination #répression #étatisme #bourgeoisie #capitalisme #politiciens...

    #anarchisme #communisme_libertaire #autogestion #émancipation #écologie #antimilitarisme #anticléricalisme #fédéralisme_libertaire #feminisme #antiétatisme #anticapitalisme #antifascisme #internationalisme...

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  • 🛑 #violence #étatisme #capitalisme #politiciens #domination #répression #violencespolicères > #anticapitalisme #antiétatisme #Anarchisme

    ★ L’acteur institutionnel le plus violent est l’État...

    " L’acteur institutionnel le plus violent est l’État, fondé par la violence et maintenant son autorité sur une violence qui s’exprime lors de grèves et manifestations ou qui demeure toujours sous-jacente. Si l’État prétend au monopole de la violence, celle-ci a comme particularité d’être reconnue comme « légitime » et de demeurer soumise à un ensemble de contraintes juridiques et pratiques qui en limitent l’expression désordonnée… disent les politiciens.

    En réalité, nous constatons que la violence de la police est souvent gratuite. Lors de la manifestation aux environs de la place d’Italie, à Paris, samedi soir dernier, où 4 à 5000 personnes ont défilé de façon improvisée, une centaine de personnes ont été interpelés et brutalement. La rue s’électrise, la police réprime et brime.

    Des jeunes, assis dos au mur, près de cette place d’Italie, nous rappellent les interventions honteuses de la police à Mantes-la-Jolie avec ces policiers qui voulaient des « classes sages ». Samedi soir, les coups de matraque ont plu. Les interpellations aussi : 260 jeudi dernier à Paris. Depuis des dizaines d’interpellations se déroulent sous l’œil des caméras ou pas, les jours suivants. A Lille, ce sont des jeunes qui ont été chargés et blessés. La brutalité policière monte d’un cran comme la colère des travailleurs et des étudiants.... ... "

    ★ via le Groupe Libertaire Jules-Durand

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  • Déboîter le corps social

    Dominer c’est martyriser, tailler, couper dans la chair et les graisses depuis toujours. Mais pour percevoir l’inventivité clinique de l’appareil d’État macronien, il faut se rendre sur le boulevard pour comprendre comment se déploie en ce moment sur des populations entières un art médical instruit des derniers progrès d’une chirurgie orthopédique des âmes. Ce savoir anatomique concerne tous les membres du corps social : avec ses os, tendons, jointures, articulations, et surtout... ses nerfs. Le projet de Macron c’est de déboîter tout un peuple. Écraser « ceux qui ne sont rien », "emmerder jusqu’au bout" la France entière et se venger des Gilet Jaunes sont maintenant les uniques obsessions du tyran loin de toute préoccupation d’ordre politique. À revers de ce supplice raffiné, l’implication des corps disloqués fait la solidarité des chairs impatientes. Emmerdons l’emmerdeur... jusqu’au bout.

    GREY BLOC

    La manifestation précédant celle du samedi 11 mars avait été un magnifique feu d’artifice sur l’avenue Daumesnil avec ses guirlandes de poubelles incendiées pour fêter la grève des éboueurs. C’est pour cela que pour la manifestation suivante, celle du mercredi 15 mars, le plus tout à fait nouveau préfet de police Laurent Nuñez avait fait annoncer par son grand ami, le directeur du très droitard Le Parisien, la présence de 1400 « casseurs » pour une occasion inespérée de venger l’affront.

    Et l’on allait voir ce qu’on allait voir, parce que Laurent Nuñez est au maintien de l’ordre ce que Chanel est à la haute-couture française : une exigence de raffinement jamais démentie. Laurent Nuñez, ce n’est pas ce rustre de Lallemant, ce kéké de sous-préfecture qui se prend pour Goebbels quand il chevauche sa Harley. Laurent Nuñez c’est la manière espagnole, à l’opposé d’une brutalité trop manifestement germanique (énorme bourde au pays de l’Occupation).

    Laurent Nuñez, c’est le doigté du flamenco, l’esprit de finesse du jésuite Baltasar Gracián allié à la rouerie du courtisan du siècle d’or. Nuñez-le débonnaire, à la bedaine stoïque de Sancho Panza est là pour faire oublier le futur projet d’« immigration-remigration » du triste sieur Darmanin. Avez-vous remarqué qu’invité au bal, l’ingénieux hidalgo de Tourcoing aiguise en ce moment sa petite moustache franquiste ? Conduite par ce triste attelage, la manifestation du 15 mars fit symptôme en terme d’exotisme et du point de vue de l’art des castagnettes.

    Arrivé sur place : « Surprise, surprise ! ». Les 1400 « casseurs » annoncés en Guests Stars du Parisien ne font pas cortège de tête. Que se passe-t-il ? La réalité c’est qu’à la place du Black Bloc, un immense GREY Bloc, cortège aux tempes grisonnantes, a remplacé la matière noire en tête de manif. Quel est ce prodige ? De pauvres cassos auraient-ils remplacé les authentiques « casseurs » ?

    Tout cette chair sent la douleur : l’épaule fatiguée côtoie les lombaires usées, la jambe qui flagelle négocie avec l’épicondylite du coude. Les doigts craquellent aux jointures non loin des poignets engourdis. L’arthrite du genou s’enflamme.

    Le Grey Bloc c’est un système de vases communicants : des milliers de gens en ont marre de la foire du Trône et des flonflon de l’arrière, ils sont venus chercher autre chose à l’avant, histoire de refaire corps ensemble quand la carcasse flanche. On avait promis de bloquer le pays, mais sans jamais appeler à la grève générale c’est peut-être ce qui rassembla ces corps cassés pour refaire solidarité.

    Pour la préfecture c’est une tuile, les invités VIP ne sont pas venus à la fête. Qu’allait on faire des pétards, des cotillons, des pandores frisés, lustrés, enrubannés, tout costumés pour la parade ? La maréchaussée arrive très excitée par la promesse d’une vengeance-spectacle. L’effroyable et vivante mêlée qui la nargue depuis des années doit mériter le Waterloo de ce jour. Mais là, que faire avec cette bande de bras cassés, cour des miracles en goguette qui traîne ses jointures usées sur le boulevard ?
    Port Royal, Port Royal, morne plaine

    Il est un fait que c’est en cet endroit funeste que le buffet a été servi, tout proche de l’entrée des urgences de l’hôpital Cochin, là où le boulevard du Port-Royal s’élargit. Les urgences de Cochin c’est le mur des fédérés de la Génération 2018, avec ses quatre-vingts Gilets Jaunes admis aux urgences chaque soir de manifestation.

    Mais ce jour ci, point de Black Bloc ni de Gilets d’or. La plus haute technologie policière a donc été convoquée pour rien. Fiasco. La maréchaussée trépigne. Rage, rage, pleurs de rage. Port Royal, Port Royal, morne plaine.

    Que faire ? Où trouver « casseur » à casser ? Impossible de battre retraite sans avoir déboîté du Black Bloc. Dans la tête du préfet c’est la danse mauresque l’obsession des « casseurs » tourne et retourne à toute vitesse. On avait bien précisé qu’à seize heures tapantes, c’était l’heure du goûter gendarmesque. C’est pourquoi, lui d’habitude si stoïque, si modéré, si distingué, si Todo su control, le voilà devenu Don Quichotte hallucinant des moulins à vents. Autant de bras battant des ailes dans sa cervelle en tourmente.

    C’est pourquoi à cette heure funeste le pauvre Grey Bloc fut pris à partie. Sur ordre du préfet, la maréchaussée se jette sur les crinières poivre et sel en une immense clameur : « -Faute de grive mangeons du merle ! ». Sous l’effet d’une gigantesque tenaille très clairement préméditée, des centaines de boucliers fondent sur une foule de paisibles préretraités. Innocentes victimes que l’idée de fuir ne traverse même pas.

    Est-ce par effet d’une fascination pour l’objet de leur perpétuel désir que les pandores chargent le retraité en essaim, façon Black Bloc ? Mais là où le Bloc charge en essaim c’est pour taper quelque banque - comme pique une abeille pour rappeler qu’elle existe - ; alors qu’ici, c’est l’attaque des frelons asiatiques, espèces invasives venues d’ailleurs, hordes qui ne connaissent d’autre loi que la leur.

    En un immense bourdonnement toute une colonie de frelons se précipite sur moi sans raison. Ils sont plus d’une centaine, la masse compacte et affamée se jette sur moi. Arthrose, arthrite, seul au milieu du boulevard, vont-il voir que je boîte ? Quand il s’approche, l’insecte aveugle est guidé par l’odeur du sang, seuls le guide les aboiements de sa hiérarchie. Les uniformes-carapaces font méga-thorax, mais derrière les hublots, je vois leur yeux-lucarnes comme dans un bocal. À moins qu’il ne porte talonnettes, l’insecte me dépasse d’une bonne toise. C’est lorsque je me retourne que le plat d’un bouclier s’abat lâchement sur l’épaule. Plat contre omoplate, l’effet de masse des corps blindés, caparaçonnés, soudés est tel que l’onde de choc destructrice se propage à toute vitesse dans mes organes. Omoplate, humérus et clavicule divorcent. Ma ceinture scapulaire ne tient plus mon corps Impression d’être fauché par une voiture sur le boulevard.

    Sensation de démembrement étrange.

    Ensuite, sensation de vol, puis effroyable choc : l’asphalte du sol me retombe lourdement sur le dos. Des médics m’entourent. L’intensité de la douleur me submerge. Je perds connaissance. Mes deux bras ne peuvent plus bouger, me voilà devenu pingouin. Je rampe jusqu’aux urgences sur le boulevard-banquise. Je cherche le « Service des fauchés sur le pavé ». Quelle est la nouvelle méthode du gouvernement Macron ? Planquer les blessés dans les statistiques des piétons écrasés ? J’y pense très fort tellement cela ressemble à un accident de la circulation.

    Je suis maintenant sur un lit, dans une chambre d’isolement. On me demande si je fume. La chicha me réconfortera m’assure-t-on. Un aide-soignant me tend une pipe. Je peux lire : « Penthrox ». Selon le dictionnaire Vidal :

    « Un nouvel antalgique non opioïde indiqué dans le soulagement d’urgence des douleurs sévères associées à un traumatisme chez des patients adultes conscients. Son utilisation est limitée à un usage professionnel, notamment au sein des services d’accueil des urgences, SAMU et SMUR. »

    Face aux violences d’État, les labos ont travaillé, tout est prévu. Ils font circuler dans les services un médicament qu’on utilisait dans les années 2000 en maternité. C’est devenu la chicha du manifestant, le produit phare du moment. Ce shoot à l’avantage de permettre une réduction de n’importe quelle fracture à chaud sans anesthésie.

    Caressante extase, au gré des fumées grises, une nuit sans rêve me submerge comme un brouillard.
    Balistique des corps

    La nuit donne à penser. À la réflexion, cent corps soudés comme de lourds wagons d’un convoi de marchandises visent un transfert de masse maximale (on n’arrête pas facilement un train). Toute cette pantomime n’était pas faite de gestes gesticulés, hasardeux. C’est de toute évidence une technique, précise, méditée, longuement répétée : martyriser est un métier. Le cohérence du dispositif vise à maximiser l’onde de choc pour faire le plus de dégâts possibles en interne.

    Le calcul balistique est simple : on charge à deux-cent sur un piéton-cible afin créer une onde de choc maximale. L’impact cause un choc piéton identique au capot d’une voiture lancée sur un corps humain à pleine vitesse. À cette différence près que le bouclier pare-buffles des condés démultiplie la force du coup porté en percussion frontale.

    Pour une course à une vitesse entre 10 et 15 km/h, avec un tel transfert de masse, les blessures graves sont inévitables. Les plus fréquentes sont des contusions, des déboîtements, des fractures de l’omoplate, de l’épaule et du bras, sans compter de multiples lésions invisibles en interne. S’ajoute la probabilité d’un traumatisme crânien en réception dorsale.

    Tout cela sent le bloc opératoire. Des médecins ont-il appris aux forces de l’ordre la manière d’opérer ? C’est donc cela le secret du docteur Nuñez, ce chirurgien orthopédique boulevardier ? On crée à grande échelle des traumatismes qui ressemblent à des accidents de la route, mais sans ouvrir les chairs ni faire couler le sang, et sans barbaque sur la chaussée. Voilà la trouvaille !

    C’est ainsi qu’on réchauffe d’anciennes recettes tout en faisant une mise à jour de l’appareil technique des violences d’État. D’un côté on retourne aux classiques : le coup de bottin de commissariat ce sont les films policiers des années cinquante, ils ne laissent aucune trace sur la victime. De l’autre on industrialise la besogne sur des foules entières en recrutant des milliers d’exécutants pour rendre le geste efficace à grande échelle.

    Le sang qui coule, le steak haché qui s’exhibe sur les écrans au vingt heures pendant le repas du soir, cela fait toujours mauvais genre à l’international, surtout devant les expert de l’ONU. Après ça, comment vendre le « pays des droits de l’homme », cette plus value des sacs de marque qu’achètent les touristes chinois ? C’est la raison pour laquelle, plutôt que de faire un exemple spectaculaire, mille contusions invisibles propagent une onde de choc beaucoup plus large sur les populations, ce qui permet aussi d’occuper les légions de gendarmes que ce gouvernement a embauché depuis les Gilets Jaunes.

    La nouvelle tactique c’est le coup de Bottin collectif informé des derniers progrès de la chirurgie orthopédique. Flash ball ou Tonfa, les armes utilisées contre les Gilets jaunes produisaient des blessures individualisantes et fabriquaient autant de martyrs identifiables dont tout le monde sait les noms. Ici, la peine est collective, la nouvelle arme de guerre c’est la collision sur le boulevard. Percutez tant que vous pouvez, il en restera toujours quelque chose.
    Fractures sociales (Châtiments sans peine)

    Comme un coup de crosse, la tonfa du temps des Gilets Jaunes ouvre le crâne des sourcils à la nuque, c’est une technique de guerre à part entière. Il s’agit d’inonder de son sang un adversaire afin de l’immobiliser dans son élan, ce qui démoralise simultanément ses camarades. L’objectif c’est l’écœurement : pendant l’hiver 2018, combien de médics ont vomi dans les douches les soirs de manifestations ?

    Ici rien de tel. Les « contusions », dans le milieu médical tout le monde sait ce que cela veut dire : rien de précis . Quand il s’agit de déboîter les membres, de contusionner des corps, de traumatiser en interne sans faire couler le sang ni ouvrir les chairs, l’agression doit être invisible à la caméra et ne laisser aucune trace sur les réseaux. Mais ce n’est pas le seul avantage de cette technique. Les chocs frontaux opérés à coup de boucliers permettent d’établir un catalogue raisonné de châtiments corporels infligés directement sur la victime. Le choix des victimes a lieu au juger, c’est à dire sans jugement.

    Pour preuve de la banalisation de ces pratiques, un policier propose sur une vidéo récente, face à la caméra, de casser le bras d’un manifestant qui ne facilite pas son arrestation.

    On est là largement en dehors du droit puisque c’est la police qui se fait juge d’une peine immédiate. Aucun tribunal d’aucun État de droit, aucune société dite « civilisée » ne peut prescrire ce genre de peine.

    Petit catalogue des châtiments :

    -- La moindre « contusion » c’est entre une et deux semaines de soins, cela peut aller jusqu’à six mois.
    -- Une clavicule cassée c’est 6 semaines d’immobilisation.
    -- Un humérus fracturé c’est 6 semaines d’immobilisation et deux mois de convalescence.
    -- Une omoplate cassée, c’est 6 à 9 semaines de soins.
    -- Une épaule cassée c’est deux ans de soins.
    -- Une atteinte de la coiffe des rotateurs c’est la condamnation à perpétuité.
    (L’atteinte est répertoriée comme invalidité de guerre sur les sites d’anciens combattants).

    L’objectif c’est la « rééducation ». Les frais de rééducation nécessitent plusieurs semaines, voire des mois de réadaptation, cela donne le temps de réfléchir. Les ostéopathes ne sont pas remboursés, tout cela se fera donc aux frais des victimes, c’est une nouvelle peine d’amende à part entière. La méthode est simple, discrète, efficace et permet d’appliquer directement peines et châtiments sans passer par d’interminables procédures ou juridictions complexes.

    À cela s ’ajoute que les services d’urgence, qui n’ont pas de temps à perdre, vous déclarent en bonne santé aussitôt passé le cap de la radio (qui ne voit que les fractures). Sans perte de connaissance, les blessés sont directement renvoyés chez eux, sans IRM, échographie ni Scanner. Pour ce qui est des lésions plus graves, il est demandé une « réévaluation par le médecin traitant si persistance des douleurs ». Là vous passez en appel et la plupart du temps c’est sans réduction de peine, mais plutôt pour un allongement de la durée de la sanction. Et là je ne parle pas des souffrances psychiques, des gens qui suite au choc de l’agression, tétanisés par la peur, voient leur existence bouleversée par les cauchemars ou la paranoïa.

    Quand la douleur est machinique, la sanction est automatique. Le but est de produire de manière invisible et immédiate une immobilisation de toute opposition. Pourquoi s’emmerder plus longtemps avec de la paperasse et des juges ? Pourquoi prendre la peine de fignoler un dossier de convocation judiciaire :

    « Le dénommé X est accusé d’avoir le 12/04 à Paris (XVI ème arrondissement), en tout cas sur le territoire national et depuis temps n’emportant pas prescription, seul et sans arme, opposé une résistance violente en portant des coups de pieds alors qu’il était au sol pour ne pas de laisser interpeller, causant notamment une fracture de la main chez l’un des agents interpellateurs X et Y (ITT 30 jours) dépositaire de l’autorité »

    Qui lit encore cela ? Au diable la paperasse ! La police c’est la justice, la justice c’est la police, pourquoi séparer les pouvoirs ? C’est là la simple logique des fusions-acquisitions : deux entreprises fusionnent pour regrouper deux entités commerciales et maximiser leurs gains. La politique de « Contusion-Confusion » c’est gagnant-gagnant pour tous les partenaires. C’est ainsi que l’État se transforme en auto-entreprise et en État policier.

    Le problème c’est qu’à aucun moment l’on ne se demande si de fil en aiguille, on n’en vient pas à créer une machine monstrueuse, vaste logiciel de gestion des corps menés à l’abattoir par un appareil d’État à la dérive. Quand à l’exhibition systématique de la troupe, piétinant la foule comme on marche sur Rome, c’est clairement la marque des régimes fascistes
    Le supplice de Damiens 2.0

    À l’époque où des Gilets Jaunes hagards erraient pendant plusieurs heures sur le boulevard, à la recherche d’un service d’urgences, leur œil dans une main, un sac dans l’autre, cela a marqué les esprits. Quand un œil éclatait et que cela faisait le bruit d’un œuf qu’on écrase, cela ne s’oublie pas. Quand on vise l’os malaire d’un visage et que la mâchoire s’enfonce, non seulement le choc post-traumatique est inévitable mais c’est la boucherie. Le problème c’est que cela donne une mauvaise image du « pays des Lumières », et de son despote éclairé.

    Si l’on se rappelle les gilets jaunes. À partir de l’acte III, Macron a dit à sa police « -Faites ce que vous voulez ». Ils se sont exécutés, et mécaniquement ces gens ont fait ce qu’ils ont voulu. Que voulez-vous qu’il se passe quand on distribue des viseurs holographiques à de jeunes chiens fous tout en sanctionnant disciplinairement ceux qui ne veulent pas aller au ball-trap ?

    Je rappelle pour ceux qui ne sont pas informés qu’un viseur holographique EOTech permet de tirer sur une cible en mouvement sans obligation de parallaxe. Ce viseur a été inventé pour l’invasion de l’Irak en 1990. Ce viseur a été ensuite monté sur des fusils LBD et utilisé systématiquement par les forces de l’ordre pendant l’hiver 2018. Celui-ci est livré en option, « afin discriminer les parties du corps à impacter » explique pudiquement le fabricant. Un simple point rouge permet effectivement d’ajuster le tir sur n’importe quel orbite de manière très précise. Inutile d’aligner laborieusement une mire et le guidon d’une arme. Avec ce confort de tir, à vingt mètres, n’importe qui se prend pour un tireur d’élite. Et comme c’est valorisant de faire partie de l’ « élite », certains ont osé parler de « bavures » à l’époque des Gilets Jaunes. Ce qui a fait ricaner certains dans les comicos.

    Les Gilets jaunes c’est le retour au Moyen-âge. Ce qui compte dans la justice médiévale, ainsi que l’indique l’évangile de Luc, c’est : « Malheur à l’homme par qui le scandale arrive ! Mieux vaut qu’on lui attache une grosse meule autour du cou et qu’on le jette dans la mer » » (Lc, 17,1-2). Ceci signifie que du point de vue du droit canonique, peu importe que le curé de Montaillou, -village Occitan- soit pédophile, violeur, adultère ou le dernier des meurtriers, tout cela relève finalement du for interne, c’est à dire de la conscience personnelle du point de vue des pratiques de confessionnal. Du point de vue de la vulgate canonique, ce qui compte avant tout, c’est de vénérer publiquement la très Sainte Trinité.

    Le pêcheur public c’est celui qui est susceptible de contaminer une communauté toute entière. Il donne le mauvais exemple et abîme la récolte comme une pomme pourrie contamine tout un panier. Dès que le scandale devient public, il faut donc l’éradiquer. C’est la raison pour laquelle, dans l’Ancien Régime, en régime de contamination virale, le scandale comme la justice sont affaire de spectacle. Quand on jette le présumé coupable à l’eau, une grosse pierre attachée au cou comme le propose l’évangéliste Luc, la justice c’est l’inverse du baptême. Le baptême intègre dans la communauté, la grosse pierre participe à un rite d’exclusion, d’excommunication, de désintégration puisqu’il faut savoir qu’à l’origine le baptême n’est pas un sacrement mais une épreuve de justice ordalique.

    Un exemple de cette justice-spectacle de l’Ancien-Régime c’est le supplice très célèbre de Robert François Damiens, condamné pour « parricide commis sur la personne du Roi Louis XV ». Il est racontée dans l’Histoire de Robert François Damiens, contenant les particularités de son parricide et de son supplice (1757) :

    « On amena dans l’enceinte quatre chevaux jeunes et vigoureux qui avaient été achetés la veille quatre cent trente-deux livres […] ils avaient obtenu la permission de dépecer le condamné. Voici comment ils s’y prirent. Les chevaux furent encore excités et lancés. Alors, quand les membres de Damiens furent tendus à point, les deux bourreaux coupèrent les nerfs aux jointures des cuisses. Cela ne se fit pas sans peine. Le sang jaillit en abondance. « Oh ! hurla Damiens ; ayez-pitié de moi, Seigneur ! Jésus, secourez-moi ! » Les couteaux fouillaient sa chair, ne s’arrêtant que devant les os. « Voyons maintenant », dit le bourreau. Les chevaux tirèrent. Cette fois une cuisse se détacha, la cuisse gauche. […] Damiens regarda encore cette douloureuse séparation , Il n’y avait plus de résistance de sa part. Après de nouvelles secousses des chevaux, l’autre cuisse partit. Restaient les bras. Les deux bourreaux recommencèrent le jeu de leurs couteaux à l’endroit des épaules et aux aisselles. On aurait dit deux bouchers travaillant dans la même viande. La cruauté a son ivresse, et ils étaient arrivés à cette ivresse-là. Ils n’épargnaient aucun nerf, aucun tendon. « Grâce ! grâce ! » criait toujours Damiens. Le bras droit tomba. Damiens ne perdit pas encore connaissance. « Ses cris continuaient, mais avec moins de bruit,et la tête continuait à aller. » Enfin, les chevaux emportèrent le dernier bras. Il n’y eut plus sur la table basse qu’un tronc qui vivait encore et une tête dont les cheveux venaient de blanchir tout à coup. Il vivait ! Pendant qu’on détachait les chevaux et qu’on ramassait ses quatre membres, les confesseurs se précipitèrent vers lui. Mais Henri Samson les arrêta en leur disant que Damiens venait de rendre le dernier soupir. La vérité est que je voyais encore l’estomac agité et la mâchoire inférieure aller et venir comme s’il parlait. Ce tronc respirait ! Ses yeux se tournèrent encore vers eux. On ne dit pas si la foule battit des mains une seconde fois.Ce qu’il y a de certain, c’est que, pendant une heure et demie que dura ce supplice, personne ne songea à quitter sa place, ni aux fenêtres ni sur le pavé. Un bûcher avait été préparé à quelque distance de l’échafaud, avec des fagots et de la paille. On y jeta d’abord les quatre membres du supplicié, et ensuite le tronc. Les débris palpitants furent recouverts d’autres fagots. On mit le feu au tout ! »

    On voit bien dans ce récit qu’il s’agit de démembrer quelqu’un pour lui arracher une malédiction qui déborde le corps social. Un individu est extrait de la société pour purifier le corps social tout entier, de la même manière qu’on pratique une saignée pour épurer le flux sanguin d’un malade dans le théâtre de Molière. Mais l’efficace du rituel n’est rendu possible qu’à la condition que ce démembrement ait lieu aux yeux de tous. La guérison du grand corps malade ne s’opère que par transsubstantiation [1]

    [1] En théologie dogmatique catholique, la...
    du sang versé dans un rituel qui implique toute la communauté. C’est pourquoi la justice médiévale est un spectacle, le rituel ne fonctionne pas s’il n’est pas accompli aux yeux de tous. Rappelons que les gens allaient encore avec leurs enfants assister aux exécutions capitales jusqu’au début de le seconde guerre mondiale.

    Aujourd’hui quand on veut déboîter tout un peuple, les corps sont démembrés à l’abri des regards, c’est à dire au plus intime des corps, c’est la raison pour laquelle la nouvelle technique du maintien de l’ordre n’assume plus la visibilisation des violences d’État. Pour preuve, le preux cavalier Macron ne plastronne plus :

    « Oyez, Oyez, boursemolles, ribaudes et puterelles, traversez ruisseau pour trouver boulot, en mon château me venez chercher ! ».

    L’époque a changé, la bête attaque maintenant systématiquement de dos. On le voit bien avec cette réforme des retraites qu’un gouvernement abject tente de faire passer par une loi sur la sécurité sociale. Le nouveau supplice de Damiens c’est la colonie pénitentiaire de Kafka. Dans ce récit une machine inscrit la peine dans l’intimité du corps du supplicié, ici cette intimité est largement distribuée tout en étant privatisé : miracle de la bio-logistique des corps !

    C’est au hasard des engagements d’un corps qu’un individu prend parfois la mesure que l’onde de choc qui le traverse fragmente le corps social tout entier. À cette heure, deux épaules immobilisées me laissent deux doigts libres pour taper ce texte sous analgésiques. Ce texte donc un texte écrit à l’horizontal : si le mouvement de lutte contre la réforme des retraites ne laisse personne indifférent c’est parce qu’il attaque les corps ; nous sommes tous mortels et du point de vue de notre finitude, les existences sont toutes égales. C’est la raison pour laquelle des plus jeunes aux plus vieux, le spectacle de l’ignominie présidentielle brûle d’une telle flagrance.

    Et foin des grands discours, c’est l’implication des corps disloqués qui fait la solidarité de nos chairs impatientes.

    [1] En théologie dogmatique catholique, la transsubstantiation est la doctrine selon laquelle au cours de l’eucharistie, au moment de la consécration, les espèces du pain et du vin deviennent le Corps réel et le Sang réel du Christ tout en conservant leurs caractéristiques physiques et leurs apparences originales.

    https://lundi.am/Deboiter-le-corps-social
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    ★ LE SUFFRAGE UNIVERSEL N’EST PAS UN INSTRUMENT D’ÉMANCIPATION SOCIALE - Socialisme libertaire

    « Même avec le suffrage universel, et nous pourrions dire particulièrement avec le suffrage universel, le gouvernement est resté le serviteur de la bourgeoisie et le gendarme à son service. S’il en était autrement, si le gouvernement menaçait de devenir hostile à la bourgeoisie, si la démocratie pouvait un jour être autre chose qu’un leurre pour tromper le peuple, la bourgeoisie menacée dans ses intérêts s’empresserait de se révolter et emploierait toute la force et toute l’influence qui lui viennent de ce qu’elle possède la richesse pour rappeler le gouvernement à son rôle de simple gendarme à son service... » Errico Malatesta - L’anarchie (1892)

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    ★ FACE AU VIOL : LUTTER CONTRE LE SEXISME, LUTTER CONTRE L’ÉTAT - Socialisme libertaire

    Si tu te faisais violer tu serais bien contente de pouvoir porter plainte, non ? » Voilà le genre de phrase que j’ai pu entendre à plusieurs reprises dans des discussions où j’expliquais à des mecs que je rêve d’un monde sans flics. Même registre quand parfois j’ai exprimé mon dégoût profond de la prison : « Et qu’est-ce que tu ferais des violeurs alors ? »
    Il semblerait que quand il s’agit de justifier ce monde sécuritaire certains commencent subitement à s’intéresser aux oppressions sexistes. S’ils s’étaient vraiment penchés sur la question, peut-être auraient-ils remarqué que les flics n’en ont pas grand-chose à foutre des plaintes pour viol. Que les juges se comportent différemment en fonction du statut social de l’agresseur. Que les flics et la justice, apparemment si nécessaires pour nous protéger, sont les mêmes qui enferment celles qui ont rendu les coups face à un mari violent.
    Si vraiment les violences faites aux femmes étaient un sujet d’inquiétude pour eux, sûrement auraient-ils remarqué que ce système qui génère des flics et des taules pour « nous protéger des violeurs » est lui-même structurellement sexiste (...)

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    ▶️ https://www.socialisme-libertaire.fr/2018/03/face-au-viol-lutter-contre-le-sexisme-lutter-contre-l-etat.htm

  • 🛑 Le régime capitaliste militaro-policier, avec drapeau rouge : La Chine continue, plus que jamais, de cumuler les innombrables tares du #capitalisme le plus sauvage et du #communisme le plus répressif... 😡🤬🤮

    #Chine #DroitsHumains #dictature #oppression #domination...

    « #XiJinping : Seul candidat, il a été réélu par le Parlement pour cinq ans et devient ainsi le dirigeant suprême à rester le plus longtemps au pouvoir dans l’histoire récente de la Chine... » 💩

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