• En Israël, le divorce reste une affaire d’hommes Aline Jaccottet
    https://www.letemps.ch/societe/israel-divorce-reste-une-affaire-dhommes

    Des milliers d’Israéliennes sont empêchées de divorcer, la loi juive prévoyant que seul l’homme peut décider de la fin de l’union conjugale. Galvanisées par le mouvement #MeToo et soutenues par des rabbins ingénieux, les femmes se battent pour leur liberté
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    Un tableau qui serait banal sans le combat extraordinaire qu’elle a dû mener pour obtenir sa liberté. « Trois ans de bataille pour le quitter », souffle-t-elle avec un sourire las. Mariée à 19 ans, la jeune femme découvre un époux « absent, maltraitant. La situation n’a fait qu’empirer avec le temps. J’ai fini par comprendre qu’il fallait que je parte pour sauver ma peau ». Mais après avoir accepté d’ouvrir un dossier de divorce, son ex-mari se volatilise en France puis refuse tout contact pendant des mois.


    Une situation qui bloque tout car, en Israël, seul l’homme peut décider de la fin de l’union conjugale. Selon le judaïsme traditionnel, une femme qui se sépare de son époux sans obtenir de lui le gett, l’acte de divorce, ne peut se remarier. Les enfants qu’elle aurait ultérieurement seraient considérés comme des mamzerim, des bâtards. Un statut qui a de graves conséquences, dont l’interdiction de se marier avec quelqu’un qui ne partagerait pas ce triste destin. Rien de tout cela pour l’homme dont la femme aurait refusé le divorce, le judaïsme ayant autorisé la polygamie pendant des centaines d’années. Ainsi, en Israël, une femme juive sur cinq qui cherche à divorcer se voit retenue dans le mariage contre son gré pendant parfois des années, selon les chiffres communiqués par l’association Mavoi Satum qui les défend. Tout cela ne concerne que le judaïsme traditionnel, qui fonde sa pratique religieuse sur l’observance du Choulhan Aroukh (« Table dressée » en hébreu), Code de loi juive compilé au XVIe siècle. Ce texte fondamental édicte des lois en rapport avec la vie quotidienne, la vie religieuse, la vie conjugale et le droit civil. Les courants juifs réformés (libéraux, conservateurs), majoritaires en dehors d’Israël, ont, quant à eux, révisé les sections discriminatoires de cet ouvrage au XIXe siècle.
    Etat laïque et religieux
    En 1948, c’est le judaïsme orthodoxe et non réformé qui a été ancré au cœur des fondements de l’Etat d’Israël. Pour apaiser la colère des ultrareligieux furieux à l’idée qu’un gauchiste en short crée l’Etat d’Israël à la place du Messie tant attendu, David Ben Gourion, fondateur et premier ministre du pays en construction, passe un accord avec eux leur abandonnant notamment toute la gestion de l’état civil. C’est ainsi que « depuis 1953, les naissances, mariages, conversions ou funérailles sont réglementés par la communauté à laquelle appartient un individu : la charia pour les musulmans, les lois cléricales pour les chrétiens et la halakha pour les juifs », explique Shuki Friedman, directeur du centre Religion, nation et Etat à l’Institut pour la démocratie en Israël.

    Deux types de lois, civile et religieuse, coexistent ainsi en Israël, le droit civil s’occupant grosso modo de tout à part de l’état civil. Et si la Cour suprême israélienne, connue pour son progressisme, a contribué, au fil des années, à faire évoluer l’interprétation de la loi juive par les rabbins en influençant leurs décisions de diverses manières, le divorce résiste encore et toujours aux modernisateurs. « La Haute Cour de justice intervient sur les problèmes découlant de la séparation tels que le soin aux enfants ou le partage des biens, jamais sur l’acte de séparation lui-même », précise Shuki Friedman.

    Si le mariage et le divorce demeurent les prérogatives intouchables des orthodoxes, c’est parce que ces changements d’état civil définissent aussi si les enfants nés de ces unions sont juifs ou non. Peu de chances que la situation évolue, les très religieux ayant pris une place considérable dans la société et la politique israéliennes suite à leur expansion démographique hors normes – de quelques centaines en 1948, ils sont aujourd’hui plus d’un million.

    Loi éternelle
    Ce n’est pas pour déplaire à Raphaël Sadin. « La loi juive n’a pas à être adaptée car sa valeur est éternelle. Lorsque la pratique évolue, ce n’est que pour faire en sorte que la loi continue d’être respectée », tranche le rabbin dans son salon rempli de livres du sol au plafond. Talmudiste reconnu, ce Franco-Israélien à la tête d’un institut d’études religieuses pour hommes à Jérusalem a deux passions : la Bible et les mots. Parlez-lui de mariage, il devient lyrique. « Les noces chez nous, ce n’est pas un contrat : c’est la rencontre de deux âmes faites de toute éternité pour être ensemble ! » s’exclame-t-il de sa voix de stentor en se passant la main dans sa barbe grise soigneusement taillée. Il y a pourtant une place pour l’erreur humaine dans ce qui est écrit aux Cieux. « Les pierres du Temple de Jérusalem elles-mêmes versent des larmes lorsqu’un homme et une femme divorcent, mais la loi juive conçoit que cela puisse arriver », dit-il. Un libéralisme apparent qui contraste avec sa description de l’amour. « Le judaïsme traditionnel conçoit le rapport amoureux comme une possession dans laquelle il y a, oui, une certaine violence : métaphysique, spirituelle, politique même. La femme se donne et l’homme s’engage. Et c’est lui qui, au moment du divorce, coupe le lien en lui disant : ce que tu m’as donné, je te le rends. » Une inégalité que Raphaël Sadin assume parfaitement. « Quoi que puisse dire la société occidentale, le féminin et le masculin sont ontologiquement différents. »

    Ces paroles pourraient faire craindre que la voix des femmes ne soit jamais entendue dans les tribunaux, mais c’est le contraire qui se produit selon lui. « Le tribunal tranche toujours en faveur de l’épouse. Il n’oblige jamais une femme à rester avec un homme dont elle ne veut plus car, s’il la retient, il commet un des péchés les plus graves de la Torah », tonne Raphaël Sadin. Rivka Perez raconte d’ailleurs que son expérience a été positive. « J’avais peur de la réaction des rabbins mais ils ont été bienveillants et ont fini par donner à mon ex le statut de « mari récalcitrant », « ce qui signifie que des mesures sévères pouvaient être prononcées contre lui ». Ils ont ensuite déployé l’artillerie lourde vis-à-vis de cet homme qui refuse obstinément de la laisser partir : « Les rabbins ont lancé à son encontre une mesure d’exclusion de la communauté juive. C’est une des sanctions les plus dures qui puissent être prononcées. Aucun juif n’avait plus le droit de lui parler, il était exclu des synagogues… » Effrayé par les conséquences de cette décision juridique que Rivka diffuse à toutes les communautés juives de France, son ex signe les papiers du divorce en quelques jours à peine.

    L’ingéniosité de la loi juive ne cesse d’émerveiller Katy Bisraor Ayache. Sous son fichu, cette petite femme constamment affairée est avocate rabbinique. Un métier qui n’existe que depuis une trentaine d’années. « J’ai fait des études très poussées en religion pour aider des femmes à se défendre devant les tribunaux rabbiniques », explique cette Française d’origine dont la rencontre sur un parking de la ville balnéaire de Netanya tient du miracle, tant son agenda est plein. On fait appel à elle dans tout le pays car ses compétences sont rares et respectées. « Quand les juges me voient arriver, il y a comme un wouahou dans la salle. Ils savent que je suis une coriace », rigole celle qui a aidé Rivka à quitter son mari.

    L’art de la menace
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    #Égalité #divorce #femmes #sexisme #famille #domination_masculine #masculinisme #mariage #religion #israel #violence #patriarcat #politique #couple

    • Un oui soviétique à l’égalité salariale dans le Jura Vincent Bourquin
      
      https://www.letemps.ch/suisse/un-oui-sovietique-legalite-salariale-jura

      Plus de 88% des Jurassiennes et des Jurassiens ont dit oui à l’initiative « Egalité salariale : concrétisons ! » Des mesures concrètes seront soumises prochainement au parlement.


      Score triomphal dans le Jura. L’initiative populaire « Egalité salariale : concrétisons ! » a été acceptée par plus de 88,3% des votants. Le gouvernement et tous les partis politiques, y compris l’UDC, soutenaient ce texte lancé il y a quatre ans par le syndicat Unia Transjurane.

      Les Jurassiennes et les Jurassiens sont donc quasiment unanimes pour demander que des mesures concrètes soient prises afin de mettre fin aux inégalités salariales entre hommes et femmes. Des inégalités particulièrement criantes dans le dernier-né des cantons : en 2017, l’écart y était de 23%, ce qui en faisait le plus mauvais élève du pays.
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    • Suisse : Où en est le mouvement de la grève féministe, qui bat le pavé ce lundi ?

      https://www.letemps.ch/societe/mouvement-greve-feministe-bat-pave-lundi

      Après la mobilisation historique de 2019, la claque des statistiques pendant la pandémie, et l’annonce mercredi dernier du relèvement à 65 ans de l’âge de la retraite des femmes... « Le Temps » a sondé les espoirs et déceptions du mouvement à travers la voix d’une de ses représentantes, Tamara Knezevic.


      Sonnez haut-parleurs, résonnez casseroles : la grève féministe https://www.14juin.ch a lieu ce lundi 14 juin – galvanisée par l’annonce, mercredi dernier, du relèvement à 65 ans de l’âge de la retraite des femmes. Le projet d’harmonisation entre travailleurs et travailleuses, rejeté à plusieurs reprises dans les urnes et adopté par le parlement ce printemps, devrait figurer en bonne place sur les pancartes brandies dans les cortèges. Le Temps a sondé les espoirs et déceptions du mouvement à travers la voix d’une de ses représentantes, Tamara Knezevic.
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    • #Suisse : Grève féministe ce Lundi 14 Juin 2021
      https://www.14juin.ch

      Deux ans après la légendaire Grève des femmes* de 2019, la situation en matière d’égalité des sexes reste insatisfaisante : sans le travail rémunéré, mal rémunéré et non rémunéré des femmes, la société ne pourrait pas fonctionner, encore moins avec l’actuelle pandémie du COVID-19. Et pourtant, les conditions de travail et les salaires des professions dites « d’importance systémique » dans lesquelles travaille une majorité de femmes, sont toujours mauvais. Les employeurs et employeuses, comme le discours politique dominant, ne veulent pas que cela change. Et le Conseil fédéral nous présente sa stratégie « Égalité 2030 », qui ne va pas améliorer la lamentable situation dans laquelle nous nous trouvons, mais prévoit le relèvement de l’âge de la retraite des femmes. À cela, nous disons : pas question !


      Les femmes souffrent de graves lacunes de revenu parce que ce sont elles qui assument la responsabilité en ce qui concerne les enfants et les proches dépendant de soins. Le risque, pour elles, de basculer dans la pauvreté une fois à la retraite est en conséquence élevé, car leurs rentes ne permettent guère de vivre. Cependant, au lieu d’améliorer ces rentes, le Conseil fédéral et le Conseil des États veulent, avec le projet AVS 21, augmenter l’âge de la retraite des femmes. Pour toutes les femmes, un affront !

      Les places dans les crèches et les écoles à horaire continu, qui devraient alléger la charge des femmes, sont clairement sous-financées ; cela, au détriment des familles, qui doivent payer des contributions records, du personnel, qui manque de temps pour faire son travail, ainsi que de la qualité qui pâtit d’une logique prônant les économies. Or, cette tâche, qui relève de l’ensemble de la société, devrait reposer sur un financement solidaire assuré par les collectivités publiques !

      Et finalement, la différence de salaire entre les hommes et les femmes s’est même creusée entre 2014 et 2018, au lieu de diminuer, surtout parce que les discriminations salariales se sont accentuées. Cela, bien que les femmes aient dépassé depuis longtemps les hommes en matière de formation, parce que la valeur des femmes et de leur travail reste moins reconnue ! 

      La Commission des femmes de l’USS demande pas conséquent instamment, deux années après la Grève des femmes
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  • Ultradroite : un antiféminisme vecteur du terrorisme
    https://www.mediapart.fr/journal/france/250521/ultradroite-un-antifeminisme-vecteur-du-terrorisme?onglet=full

    Un rapport du parquet général de Paris consacré à l’ultradroite évoque la « porosité idéologique » avec les groupes masculinistes. Il montre que la reconstruction d’une masculinité hégémonique est l’un des moteurs d’action des terroristes contre la « décadence » de la société. Deuxième volet de notre série.

    Le constat semble relever de l’évidence, mais il figure cette fois noir sur blanc dans un rapport officiel. L’antiféminisme, la culture de la virilité, la reconstruction d’une masculinité hégémonique sont au cœur de l’idéologie de l’extrême droite et l’un des moteurs d’action de l’ultradroite terroriste en particulier.

    Un rapport du parquet général de la cour d’appel de Paris, daté de mars, s’est penché sur la galaxie de l’ultradroite française et a étudié plusieurs dossiers d’« association de malfaiteurs terroriste ». Il montre que ces activistes envisagent la « réaffirmation de rapports de genre hiérarchisés et essentialisés » comme une solution pour « mettre fin à la décadence de la société ». Le document de 56 pages détaille des « passerelles idéologiques entre extrêmes droites et groupuscules masculinistes ».

    Des membres des Barjols, le 13 mai 2018. Des membres des Barjols, le 13 mai 2018.

    « Frustration » et « impuissance »

    Le parquet général insiste sur le fait que le passage entre idéologie et action est loin d’être mécanique. L’idéologie est un tremplin à l’engagement si elle résonne avec le « terreau culturel » de l’individu et alimente ses « émotions négatives » (colère, frustration, haine et peur). L’étude des dossiers judiciaires montre que les individus d’ultradroite poursuivis pour terrorisme verbalisent souvent leur « frustration » et leur « impuissance » – des termes dont la connotation sexuelle interpelle, souligne le rapport. L’un des mis en examen, jeune majeur, ajoutera : « Ensuite, on se soulageait en imaginant des actes extrémistes. Faire des attentats dans des mosquées de Daech. »

    Les profils des mis en examen dans le dossier de l’Action des forces opérationnelles (AFO, démantelée en juin 2018), que Mediapart a consulté, sont à ce titre révélateurs. Si certains sont bien insérés socialement, d’autres se décrivent comme solitaires, affichent peu ou pas de relations sociales, et pour certains, peu ou pas de relations amoureuses ou sexuelles.

    L’un, sexagénaire, qui se voyait « père d’une famille nombreuse », a ainsi confié ne jamais avoir eu de relation sentimentale ou sexuelle au cours de sa vie. Il ressort de l’enquête de personnalité qu’il semblait « rejeter plutôt la responsabilité de son célibat sur les femmes » et qu’il avait « laissé entrevoir une vision de la femme plutôt superficielle ». Un autre, trentenaire, qui a évoqué une mère peu aimante et maltraitante, dit avoir souffert d’être trop timide pour approcher les femmes. Il relate un « désert affectif » et sexuel, à l’exception d’une relation de six mois et de la fréquentation de prostituées dès l’âge de 18 ans. Un troisième, marié à une femme rencontrée en Thaïlande, n’a fait état d’aucune autre relation sentimentale sérieuse.

    D’autres, en couple depuis plusieurs décennies, reconnaissent se comporter en patriarches avec leurs femmes et enfants. L’un se définit comme un « vieux relent machiste ». Un autre est décrit par ses enfants comme un « chef de famille », « autoritaire », « craint », voire « un tyran », avec une épouse « sous son emprise ».

    Deux profils de femmes semblent rejoindre les groupes d’ultradroite violents : celles accompagnant leur conjoint ; celles vivant seules et se disant « angoissées » depuis les attentats. Une femme de 54 ans dit ainsi avoir rejoint le groupe AFO parce qu’elle était « terrorisée », vivait « dans la peur », car elle habite au milieu de trois cités à forte concentration de population musulmane ou d’origine arabe.

    Plusieurs femmes du groupe apparaissent en situation de vulnérabilité : l’une a été victime de violences conjugales pendant des années ; une autre, qui pâtit d’une « image dégradée d’elle-même », a fait des tentatives de suicide dans sa jeunesse et a souffert d’un mari alcoolique ; une troisième a fait une tentative de suicide et plusieurs dépressions sévères.

    Pour les auteurs du rapport, le passage à l’acte terroriste permet parfois de « restaurer une image de soi dégradée », « se trouver une cause, une guerre et donner un sens à son existence ». Comme ce jeune mineur de 15 ans présentant des troubles autistiques, qui a subi lors de sa scolarité harcèlement et agressions, avant de s’engager dans un groupe d’ultradroite violent, poursuivi pour terrorisme. « Il s’agit de s’octroyer une image de soi grandiose et mythifiée », analyse l’historien Nicolas Lebourg dans son étude consacrée à l’ultradroite.

    L’historien souligne que les hommes de l’AFO ont « souvent été dans les forces de l’ordre » et parlaient « spontanément beaucoup de leur service militaire, vécu comme un moment important de leur sociabilisation et de leur virilité ». Une membre de l’AFO, détentrice cloîtrée d’un arsenal, déclarait aux policiers : « À un moment, j’ai vraiment cru faire partie de la Résistance, comme dans les films. II y a eu un peu cet effet dans tout le groupe. »

    L’exaltation d’un modèle combattant viriliste

    Le rapport note la prégnance, dans ces dossiers judiciaires, « d’un entre-soi viril », marqué par la camaraderie, la valorisation de la force, le culte de la préparation physique. Les salles de sport, les clubs de tir, les dojos et autres lieux de pratique des arts martiaux sont donc autant de lieux de socialisation politique, d’entraînement et de recrutement pour les groupes les plus radicaux. Dans une affaire judiciaire en cours, on retrouve au centre du dossier un club d’airsoft (jeu d’équipe de tir sportif avec des répliques d’armes). Déclaré en préfecture, il constituait, en réalité, un lieu d’entraînement paramilitaire. L’ultradroite puise aussi dans le milieu du tuning.

    On y retrouve les codes et gestuelles présents plus largement à l’extrême droite : corps virils, sportifs, tatoués et exaltation d’une masculinité dite « hégémonique ». Ce modèle « masculin » vante les qualités et capacités chevaleresques, la force de caractère, l’honneur. À l’inverse sont renvoyés du côté du féminin le déshonneur, la lâcheté, l’absence d’identité de l’homme de gauche. « La dévirilisation-féminisation de l’adversaire constitue un invariant des cultures politiques d’extrême droite, qui n’est pas incompatible avec l’hypersexualisation des populations racisées qui, depuis les années 1960, construit une figure de paria délinquant et violeur », note le rapport.

    Le corollaire de ce modèle viriliste est l’invisibilisation des engagements féminins – ou, en tout cas, la sous-estimation de leur engagement volontaire au sein de groupes violents, estime le parquet général. Dans les groupes d’ultradroite, les femmes sont présentes, mais elles demeurent considérées comme des individus « à défendre » et sont, le plus souvent, renvoyées à leur rôle biologique et domestique.

    Cette représentation est présente chez Génération identitaire : ce groupuscule – dissous, mais qui n’a pas été mis en cause pour des actions terroristes – défend une vision essentialisée des rapports de genre où la femme doit procréer pour perpétuer la race alors que les hommes sont assignés au virilisme.

    L’une des membres des Barjols lors d’une séance d’initiation au tir. L’une des membres des Barjols lors d’une séance d’initiation au tir.

    Le groupuscule AFO, lui, fonctionne même avec trois catégories de membres : les « blancs » (les sympathisants), les « noirs » (les opérationnels, destinés à passer à l’action) et les « gris » (qui s’occupaient de la logistique, l’administration et la formation), dans lequel évoluent les femmes, « car elles sont peut-être moins aguerries à la défense que ne le seraient des hommes », a déclaré aux enquêteurs son responsable Île-de-France. Il leur confie ensuite des tâches. L’une est chargée de la formation médicale, l’autre de la mise à l’abri des enfants en cas de guerre civile. Une troisième a pour rôle de « lever un doute » concernant une personne désireuse d’intégrer le mouvement. Pour certains événements, tel un « week-end découverte », il est précisé que « les femmes peuvent participer ».

    Dans le dossier des Barjols, une référente du groupe dans l’Est décrit un rôle « d’intendance », et explique que, lors d’un rassemblement, elle s’occupait « de la cuisine et tout ça », de mettre et débarrasser la table. Certaines ont cependant des rôles plus actifs. À l’instar de cette quinquagénaire membre des Barjols, ancienne militaire et ex-adhérente du Front national, qui se prévalait (à tort) de liens avec la DGSI et des proches de Vladimir Poutine, et apparaît comme l’instigatrice d’un projet de coup d’État.

    Dans ce modèle, « l’homosexuel » est érigé « en figure repoussoir d’une masculinité féminisée et donc négative », souligne également le rapport. Cette dimension ressort, par exemple, du dossier AFO, où l’un des mis en examen pour terrorisme réprouve l’homosexualité, y compris celle de son propre fils. « II a eu peur que le nom de famille disparaisse », estime sa fille. Dans une lettre à la juge, le fils prête à son père ces propos homophobes : « Les pédés, j’te fusillerais tout ça. » Lorsque, petit, il a voulu faire de la danse, son père a refusé. Puis quand il a annoncé son homosexualité, son géniteur a pris la tête des anti-Pacs du département. Quinze ans plus tard, il s’est investi pleinement dans la Manif pour tous. Son fils a quitté le domicile familial et rompu les liens. « Par la suite, j’ai eu droit à tout, écrit-il à la magistrate : rumeur selon laquelle j’étais dans une secte, dénonciation calomnieuse à la gendarmerie pour travail illégal. »

    Le conseiller régional EELV Pierre Serne a, lui, été la cible de plusieurs vagues de menaces de mort et d’injures de la part de l’ultradroite en raison de son homosexualité (« petite fiotte gay », « islamo-fellateur », etc.). Il a déposé plusieurs plaintes pénales.

    Mais l’« aversion théorique et rhétorique pour l’homosexualité » de ces groupes résisterait peu à l’épreuve des faits, d’après le rapport : le parquet général évoque des « pratiques d’homosocialités » caractéristiques de ces groupes, et une définition des identités sexuelles « souvent ambiguës ». Car, pour ces individus qui évoluent « dans un univers sentimental et relationnel clos », le groupe s’avère fondamental et « les acteurs entretiennent des liens de dépendance mutuelle ». Dans une affaire récente, l’un des très jeunes militants d’ultradroite confie, par exemple, son attachement amoureux à l’égard d’un autre membre du groupe.

    Combat contre la « dévirilisation » de la société

    Ce modèle trouve aussi une source idéologique : pour les militants d’extrême droite, notre société « décadentiste » aurait dépossédé les hommes de leur identité masculine. La nation, par la faute de ses dirigeants, serait faible et sa vitalité érodée. La faiblesse démographique des Français (qui ne relève d’aucune réalité scientifique) encouragerait le recours à l’immigration et un « grand remplacement » serait donc à l’œuvre. Ce concept, popularisé par l’écrivain d’extrême droite Renaud Camus, présuppose qu’en raison d’une immigration « massive » et d’une fécondité plus forte les populations d’origine africaine seraient en passe de surpasser numériquement les populations européennes et, donc, d’imposer leur culture et leur religion au continent.

    Pour les militants d’ultradroite, dénonciation de l’incompétence de l’État et dénonciation de la « dévirilisation » de la société vont donc de pair : il s’agit de rétablir la virilité de l’homme blanc. Le rapport note que la question sexuelle apparaît d’ailleurs très fréquemment sur leurs forums de discussion. Il cite un exemple, la galaxie Suavelos (« bienvenue » en celte).

    Le site Suavelos.eu a été créé en 2016 par deux militants d’extrême droite : Daniel Conversano, youtubeur et ancien technicien de Dieudonné (les deux hommes sont désormais « en totale opposition ») ; et Yann Merkado, un ex-sergent de l’armée de terre, ardent défenseur du port d’arme. Suavelos s’appuie sur une myriade d’autres sites et pages Facebook (dont, un temps, « Madame Suavelos »), pour fédérer les défenseurs d’un séparatisme blanc, tout en instrumentalisant la question du féminisme. D’un côté, certains de ces sites défendent les droits des femmes face aux hommes d’origine immigrée ; de l’autre, on y trouve des propos misogynes et sexistes.

    Les deux activistes promeuvent, depuis 2017, un projet à visée nataliste, destiné à fonder des « foyers blancs » en Europe. « Faire des enfants européens, c’est attaquer le système », estime Daniel Conversano, dans une vidéo. Il a d’abord créé un forum privé en ligne, Suavelos Oppidum, pour mettre en relation des expatriés et des candidats à la migration à l’est, sensibles à l’argument selon lequel avoir une « femme féconde, prévenante, prête à se mettre en couple avec un Français » serait plus aisé en Europe centrale et orientale. En moins de deux ans, plus de 5 000 personnes se sont inscrites sur ce site, d’après le rapport, et une chaîne Telegram y est consacrée, intitulée Les Blancs de l’Est.

    Sur le site internet des « Braves », communauté défendant un nationalisme blanc. Sur le site internet des « Braves », communauté défendant un nationalisme blanc.

    Puis il a mis sur pied « Les Braves – Vivre européen », une plateforme au design moderne qui compte environ 600 membres actifs – des francophones, dont « la moitié » seraient expatriés à l’étranger, selon Daniel Conversano. L’idée : face aux « enjeux démographiques » et à « l’inefficacité du champ politique à enrayer ce phénomène », il faut « bâtir des foyers traditionnels » et préserver « notre patrimoine biologique et culturel ». Le projet assume une préférence « ethnique » : « Nous sommes tribaux : les nôtres avant les autres », annonce la charte des Braves. Questionné par Mediapart, il assume un positionnement « nataliste » en faveur d’une « Union européenne vraiment au service des Européens ».

    Photo de l’un des camps d’été (baptisés Edelweiss) organisés par les « Braves ». Photo de l’un des camps d’été (baptisés Edelweiss) organisés par les « Braves ».

    Dans sa charte, Daniel Conversano réfute tout recours à la violence : il prône un « développement personnel et communautaire de manière pacifique » et précise que tout membre qui manifesterait « l’intention de mener ou participer à des actions violentes ou illégales » serait « banni ». Selon le rapport du parquet général, les Braves s’entraîneraient, en tout cas, collectivement aux sports de combat lors de leurs camps d’été, et l’un des « proches » de Conversano serait actuellement mis en examen pour « association de malfaiteurs terroriste ». Dans une vidéo diffusée en 2014 (dont l’accès a depuis été restreint), l’activiste disait souhaiter voir « des douaniers avec des flingues » tirer sur « les mecs à la nage ». Et au Monde, il avait expliqué : « Je ne vois pas comment un Blanc pourrait ne pas se venger au bout du dixième attentat islamiste. » « C’est une analyse, et non une prescription », assure-t-il à Mediapart. « Nous sommes un groupe pacifique et nous ne militons pas », soutient-il, assurant n’avoir « pas vu d’activité de combat » lors des camps d’été, et affirmant n’avoir pas connaissance d’un quelconque proche mis en examen [lire sa réponse intégrale dans l’onglet « Prolonger »].

    Des passerelles idéologiques entre masculinistes et extrêmes droites

    L’ultradroite qui passe à l’acte puise aussi dans l’idéologie masculiniste, souligne le rapport du parquet général, qui insiste sur les « porosités idéologiques » entre les deux. Le masculinisme est une idéologie essentialisant les différences de genre et considérant que le masculin et le féminin renvoient à deux réalités différentes et immuables. Les incels (pour involuntary celibates, célibataires involontaires) incarnent cette porosité. Ces groupes misogynes proches de l’ultradroite, nés en Amérique du Nord, théorisent le fait que les femmes refuseraient aux hommes la sexualité à laquelle ils devraient avoir droit. Certains de ces militants se sont manifestés par des passages à l’acte violent. Comme l’auteur de l’attentat à la voiture-bélier qui a fait dix morts à Toronto (Canada), en avril 2018. « La rébellion des incels a déjà commencé. On va renverser tous les “chads” et “stacys” », avait-il posté sur Facebook, quelques heures avant le drame.

    En France, nombre d’idéologues d’extrême droite ont prospéré sur la supposée « crise du masculin » et exalté une masculinité hégémonique. Comme Alain Soral dans sa Sociologie du dragueur, parue en 2016, par exemple. Ou Julien Rochedy, l’ancien directeur du Front national de la jeunesse (FNJ), qui a lancé, en 2018, un site baptisé « École Major », dont la devise est : « Être et rester un homme » (voir la vidéo d’introduction). Il y propose des articles et des formations payantes (« Mentalité supérieure – références masculines mentales et culturelles » ; « Psychologie sexuelle – comprendre les comportements et les différences hommes/femmes », « L’amour et la guerre – Répondre aux féministes »).

    C’est le cas aussi de Papacito, « royaliste viril » autoproclamé, qui prodigue sur YouTube ses conseils aux « hommes debout » pour ne plus vivre « comme des fiottes » dans une « société émasculée » et pouvoir rétorquer aux « Uber de l’islam radical » et à ses attentats meurtriers. « C’est par le style de vie et vestimentaire, intellectuel et physique qu’on va revenir à une estime de soi », plaide-t-il dans l’un de ses sept « entretiens choc » en ligne. « Quand je vois des jeans cigarettes qui s’arrêtent à la cheville et que les mecs ont des démarches de la Fashion Week alors qu’ils sont pourvus de testicules, c’est problématique. Tu peux pas marcher comme un mannequin nigérian ou suédois alors que t’es un homme » (lire notre enquête sur les youtubeurs d’extrême droite).

    Lire aussi

    Ultradroite : anatomie d’une nouvelle menace terroriste Par Matthieu Suc et Marine Turchi
    En France aussi, les services de renseignement s’inquiètent de l’activisme des suprémacistes blancs Par Matthieu Suc et Marine Turchi

    Le rapport note que l’antiféminisme constitue également un thème fondamental des forums de joueurs à fort trafic et de certains jeux vidéo (Blabla 18-25, jeuxvideos.com, le forum Avenoel, les jeux vidéo World of Warcraft et Fortnite), où recrute l’extrême droite, mais où elle se forme aussi. Beaucoup de jeunes hommes en quête identitaire viennent s’y nourrir d’une contre-culture « à la jonction entre l’univers des jeux en ligne et le milieu d’extrême droite masculiniste et antiféministe ». En 2020, une affaire d’association de malfaiteurs terroriste a, par exemple, impliqué de très jeunes militants, connectés sur Discord à l’âge de 12 ans et passés d’abord par des groupes de discussion sur les jeux vidéo.

    Ce monde fonctionne avec ses propres codes et son vocabulaire anglophone spécifique, raconte le rapport. Comme le terme de « red pill », référence à une scène du film Matrix (1999). Dans les milieux incels, ce terme désigne l’élévation, l’épiphanie associée à la prise de conscience misogyne et raciste.

    #masculinisme #virilisme #extreme_droite #fascisme #machisme #domination_masculine

  • Proposition de loi visant à accélérer l’égalité économique et professionnelle
    https://justines.cnrs.fr/actualite/proposition-de-loi-visant-a-accelerer-legalite-economique-et-professio

    Le 23 avril 2021, Céline Bessière et Sibylle Gollac ont été auditionnées par la commission des Affaires sociales de l’Assemblée Nationale et Marie-Pierre Rixain,députée de l’Essonne, rapporteure sur la proposition de loi. Vous trouverez ci-dessous le texte de l’exposé présenté lors de cette audition. Source : Justines

    • Les élu·es ont donc encore besoin de la recherche publique ?
      Les inégalités économiques entre hommes et femmes : le résultat d’une exploitation du travail des femmes dans la famille comme dans la sphère marchande
      Combattre les violences économiques ?
      Reconnaître le travail des femmes, faire travailler les hommes
      Taxer l’héritage : une mesure de redistribution entre classes sociales et entre les sexes
      Miser sur un entrepreneuriat féminin fragile ou sur le développement des services publics ?
      Références ayant nourri ce texte

      #sexisme #discrimination #femmes #classisme #racisme #domination_masculine #couple #mariage

      alors que l’écart moyen de revenu n’est que de 9 % entre célibataires, les femmes en couple gagnent en moyenne 42% de moins que leur conjoint. Elles sont pourtant, aujourd’hui, généralement plus diplômées que ce conjoint.

  • Après l’annonce du divorce de Bill Gates, les révélations se multiplient sur le créateur de Microsoft

    Procédure de séparation lancée il y a deux ans, proximité avec Jeffrey Epstein, liaison avec une salariée du géant informatique et tentatives avec d’autres… La presse américaine a lancé un grand déballage sur le milliardaire et philanthrope.

    https://ghostbin.co/paste/hc7a38

    https://www.lemonde.fr/international/article/2021/05/18/bill-gates-apres-l-annonce-de-son-divorce-les-revelations-sur-le-createur-de

    #grands_hommes

    • L’article référencé est intéressant en ce qu’il montre comment les différents cercles de très riches et super riches hommes surtout mais femmes aussi se cotoient au point d’être intimement liés et interconnectés.

      Vu que l’ancien couple Gates est aux rênes de l’organisation la plus puissante du monde dans le domaine de la gestion de l’intervention dans la recherche médicale, je propose de jeter un regard sur le comportement des institutions culturelles, politiques et médicales des États Unis pour découvrir leur éthique et comportement pratique par rapports aux éthnies considérées ouvertement comme inférieures par les puissants du monde dans le passé récent.

      Bombing Of Osage, Special | 57m 26s
      https://seenthis.net/messages/915966

      Quand les États Unis récupèrent les dechets des victimes de l’expérimentation humaine conduite par les Mengele japonais
      https://seenthis.net/messages/915980

      A mon avis on peut dessiner une ligne ligne directe entre les exactions étatsuniennes historiques et les interventions actuelles de la Bill & Melinda Gates Foundation . Ceci n’est pas le résultat du mauvais caractère des personnes responsables mais une conséquence incontournable de l’optimisation capitaliste et médicale mis en oeuvre par les acteurs historiques et présents.

  • Le #patriarcat, une religion d’inversion – Révolution Féministe
    https://revolutionfeministe.wordpress.com/2021/05/16/le-patriarcat-une-religion-dinversion

    Voici quelques exemples d’inversion patriarcale (liste non exhaustive) :

    – les femmes conduisent mal–alors que 84% des accidents de la route mortels sont causés par les hommes (3). Les excès de vitesse, la conduite en état d’ivresse sont aussi très majoritairement le fait des hommes.

    – les femmes parlent trop–alors que dans un groupe mixte, les hommes parlent plus que les femmes, les interrompent, mansplainent, utilisent toutes sortes de stratégies pour monopoliser la parole, comme le met en évidence l’étude de l’université de Princeton « The Silent Sex »(4).

    – les femmes sont moins intelligentes que les hommes–alors que le pourcentage de femmes diplômées de l’enseignement supérieur est supérieur à celui des hommes dans tous les pays occidentaux (aux Etats-Unis, plus de 25%) (5). A noter que, quand les femmes n’avaient pas accès à l’éducation, les hommes affirmaient que, si elles étaient ignorantes, c’était parce qu’elles étaient moins intelligentes. Par contre, quand elles les dépassent dans pratiquement toutes les disciplines, ce n’est pas parce qu’elles sont plus intelligentes qu’eux– expliquent-ils—c’est simplement parce qu’elles sont plus travailleuses et plus disciplinées…

    – les femmes sont incapables de contrôler leurs émotions, elles sont hystériques–alors que les hommes sont sujets à des accès de colère, de jalousie etc. qui peuvent aller jusqu’à la violence et au meurtre. Et reconnaissent eux-mêmes qu’ils ne les contrôlent pas—ce manque de contrôle étant censé excuser ces violences. En fait, il s’agit d’un double standard : le fait d’être dominé par ses émotions est réprouvé chez les femmes, la colère en particulier leur est interdite ; par contre, quand les hommes se laissent aller à cette émotion virile, c’est vu comme une affirmation de soi valorisante et signale leur appartenance à la catégorie dominante. Eux ont le droit de déverser leur courroux sur les dominé.es, de rager, de crier et de se plaindre (et dans ce cas, les femmes doivent prêter une oreille compatissante) mais l’inverse n’est pas vrai : toute tentative de la part des femmes d’extérioriser leurs émotions en direction des hommes sera perçue comme importune ou hystérique. De même que le « elles parlent trop » vise à les réduire au silence, le « elles sont hystériques » leur pose une interdiction d’exprimer leur colère, de protester ou de se plaindre.

  • Il y a 40 ans sortait « The Burning », premier film produit par Harvey Weinstein, concentré de la culture du viol  Nicolas Dufour

    Première production de Harvey Weinstein avec son frère Bob, le film d’horreur « The Burning » sortait le 8 mai 1981. Slasher dans le sillage de « Halloween », il comprenait aussi des échos de l’idéologie d’assaut sexuel de l’époque

    Elles s’agitent dans la prairie à jouer au baseball en petite tenue. Elles se trémoussent en courant. La caméra serre les jeunes poitrines et fesses. Sur un bord du terrain, les garçons se mettent en appétit en se chambrant sur leurs prochaines audaces, leurs hypothétiques consommations charnelles.

    Après une scène d’ouverture horrifique, ainsi commence The Burning (Carnage), un film de Tony Maylam sorti il y a juste 40 ans, le 8 mai 1981. Il s’agit du premier long métrage produit par Harvey Weinstein, et il est impossible, aujourd’hui, de ne pas le voir en pensant à la tempête #MeToo déclenchée par les révélations sur le producteur, en 2017. Certains amateurs ont (re)découvert le film en 2018, lors d’une soirée spéciale au Festival du film fantastique de Neuchâtel.

    Les Weinstein veulent entrer au cinéma
    A l’orée des années 1980, Harvey Weinstein et son frère Bob cherchent à tout prix à entrer dans le business du cinéma. Enfin, à bas prix surtout : il faut trouver le moyen de produire un film bon marché qui rapporte un maximum d’argent. Ils viennent de créer leur première société, Miramax, et s’intéressent à un genre montant, le slasher, film de tueurs en série en général circonscrits à un lieu ou une ville. En 1978, John Carpenter avait fait peur au monde entier avec Halloween , dont une suite se préparait alors. En 1980, Sean S. Cunningham avait dupliqué l’expérience dans Vendredi 13 , dans lequel Jason Voorhees trucidait des ados dans un camp de vacances. Pour une mise de moins de 600 000 dollars, le long métrage faisait jackpot – à cette heure, il aurait rapporté plus de 58 millions de dollars.

    Pourquoi ne pas retenter le coup ? Les Weinstein se lancent. Harvey se souvient d’une légende urbaine sur un gardien d’un camp de loisir qui aurait agressé des jeunes dans l’Etat de New York. L’histoire est toute trouvée, c’est celle de Cropsy, le concierge à qui des gamins ont mis le feu en voulant lui faire peur, que la médecine a sauvé et qui veut se venger.

    Quelques valeurs sûres
    Malgré tout, les frères se donnent les moyens de leurs ambitions. Quelques jeunes talents – le film révèle notamment Holly Hunter et Jason Alexander – sont dirigés par l’Anglais Tony Maylam, que les Weinstein connaissent pour avoir acheté les droits de films sur Genesis qu’il a réalisés. A la musique, donc aux synthétiseurs, un Anglais aussi : Rick Wakeman, pape du rock progressif passé par Yes. Au montage, Jack Sholder, qui fera l’un des films de la franchise Freddy, Hidden puis Arachnid . Aux effets spéciaux, Tom Savini, déjà une vedette, qui a fait les grimaces et les jets de sang de Zombie de George A. Romero et qui est passé par le tournage de Vendredi 13.

    Le film dépeint de manière bien particulière les relations entre garçons et filles. Réaliste, peut-être, pour les années 1980, mais avec le « bigger than life » cinématographique. Jusqu’à la caricature prémonitoire, s’agissant d’une œuvre « créée par Harvey Weinstein » – le producteur est ainsi crédité au générique.

    A-t-on raison après coup ?
    Bien sûr, il est facile de se donner raison après coup. Mais à voir certaines scènes de The Burning, il est impossible de ne pas penser aux sordides révélations qui tomberont près de quatre décennies plus tard.
    Certes, les filles du Carnage ne sont pas dépeintes comme des sottes. Elles résistent aux jeunes mâles, se rient de leurs maladresses, poussent à l’eau le playboy musclé qui prend d’abordage leur plateforme, sur le lac au bord duquel se trouve le camp. Pourtant, The Burning reflète bien une culture masculine apposée sur ses personnages boutonneux.

    L’obsession de l’assaut sexuel
    Dans la scène du baseball, le dragueur principal, celui qui ose aborder les filles, reluque les fesses de la blonde qu’il convoite en lançant qu’elle lui « appartient de droit divin ». Il rigole, mais est-ce un gag ? Peu après, le maladroit du groupe fait le voyeur dans les douches. Il est enguirlandé par le musclé, celui de la plateforme, pas pour ce qu’il a fait, mais parce qu’il l’a fait en épiant sa présumée copine.

    Plus tard, le musclé, encore lui, n’est pas loin de violer sa soi-disant amie. Dans l’eau, elle se refuse en lui rappelant qu’il « a promis » de se tenir correctement. Mais « elle l’a laissé l’approcher », se défend-t-il, elle « en a envie ». Il la colle, l’enlace avec force. Elle s’en dégage – elle se défile, donc.

    Entre eux, les garçons digressent sur les manières de conquérir les filles, au sens plutôt littéral : les prendre d’assaut, les assiéger, afin d’obtenir l’objet de leurs obsessions.
    Source : https://www.letemps.ch/culture/y-40-ans-sortait-the-burning-premier-film-produit-harvey-weinstein-concentre

    #balancetonporc #culture_du_viol #viol #harcèlement_sexuel #violences_sexuelles #femmes #sexisme #weinstein #harcèlement #féminisme #domination_masculine #harvey_weinstein #cinéma #médias #déni #film #slasher

    • A lire aussi : Harvey Weinstein, vu par ses proies
      https://www.letemps.ch/societe/harvey-weinstein-proies

      Réalisé par Ursula Macfarlane, le documentaire « Untouchable » donne la parole aux femmes victimes du producteur d’Hollywood, dont le procès pour viol et agression sexuelle débutera en septembre à New York.

      https://www.youtube.com/watch?v=b-1fKna9l38

      Un prédateur sexuel assoiffé de pouvoir, aux méthodes de shérif. Untouchable, le documentaire réalisé par la Britannique Ursula Macfarlane, livre un portrait sans concession de Harvey Weinstein. Des témoignages, glaçants, constituent son fil rouge. Des femmes victimes de ses agressions sexuelles se confient, mais également des journalistes, d’anciens collaborateurs et sa secrétaire.

    • Ce qui est parlant aussi c’est le succès de ces films violophiles. Les phallosophe appelent ca « la catharsis », une soit disant purge de l’âme, mais en fait c’est seulement le plaisir sadique des dominants à se donner des idées de sévices à faire subir aux dominées.

  • La femme-objet ne fait pas vendre, elle rend malheureuse
    http://www.slate.fr/story/207608/publicite-vuitton-lea-seydoux-femme-objet-sac-nudite-vendre-nicolas-ghesquiere

    En mettant le corps parfait de #Léa_Seydoux dans une position lascive entre des draps pour vendre un sac, #Nicolas_Ghesquière fait comme s’il n’avait jamais entendu parler de « male gaze ».

    Avril 2021. On sait qu’on est encore loin de l’égalité mais on avance. Les femmes affirment leur parole, leur présence, leurs modes d’existence divers, leurs désirs de se représenter différemment.

    Et puis, un jour d’avril 2021, c’est l’accident. La sortie de route. Le déraillement complet. Brusquement, sur internet, on voit apparaître une nouvelle campagne de pub...

    « J’avoue que j’ai été un peu agacée par la pub avec Léa Seydoux qui se roule nue à côté d’un sac à main »
    Titiou Lecoq
    #regard_masculin

  • (@tintin - Urgent. Qui peut enregistrer ce docu et le mettre à dispo ? Il n’est visible que jusqu’à ce soir minuit. Merci !) //edit 26/03 : Merci pour vos retours ! y’a d’autres docus sur France3 qui sont supers//

    Le sous-sol de nos démons
    La France en Vrai - Midi-Pyrénées -
    en streaming - Replay france 3 Midi-Pyrénées | France tv
    https://www.france.tv/france-3/nouvelle-aquitaine/l-heure-d/2289237-la-france-en-vrai.html

    aussi là sans inscription :
    https://www.francetelevisions.fr/le-club/evenements-exclusifs/avant-premiere-le-sous-sol-de-nos-demons-5075

    disponible jusqu’au 26.03.21
    société
    52 min
    2019
    tous publics

    réalisé par Baptiste de Cazenove, Olivier Laban-Mattei
    (non ! Fanny Fontan et écrit avec Feriel Alouti)
    plus que 5h

    A l’hôpital Lapeyronie de Montpellier, tous les jours Magali écoute les récits de pédophiles et pédocriminels, au sein du CRIAVS (Centre de ressources pour les intervenants auprès des auteurs de violences sexuelles). Tous les jours, Mathieu tente de convaincre, en dehors du centre, de l’importance de mettre en place un numéro unique pour pédophiles et éviter les passages à l’acte. Les consultations et les groupes de paroles que Magali anime se trouvent à l’intérieur de l’hôpital. Dans un huis-clos caché aux yeux de tous, des hommes malades et pour la plupart condamnés pour des crimes sexuels, atterrissent ici. Au sous-sol de l’hôpital, au bout de longs couloirs, dans des pièces fermées, parfois obscures, ils ont l’obligation d’être suivis.

    #CRIAVS #pédocriminalité

  • FIGHTING TALK
    [British novelist] Michael Moorcock talks to feminist activist, theorist, and author Andrea #Dworkin, and finds her keen to sort out a few false rumours.
    http://www.nostatusquo.com/ACLU/dworkin/MoorcockInterview.html

    But what happens when you find the inside worse than the outside? What happens when the marital bed with your revolutionary lover/husband is worse than any two-second fuck in any alley? I was a believer in sexual liberation, but more important I had believed in the unqualified goodness of sex, its sensuousness, its intensity, its generosity. I’ve always loved being alive. I’ve no interest in suicide, never have had. The battering destroyed me. I had to decide whether I wanted to live or die. I was broken and ashamed and empty. I looked at #pornography to try to understand what had happened to me. And I found a lot of information, about power and the mechanisms by which the subordination of women is sexualised. I want you to understand that I didn’t learn an ideology. For me, it’s been a living journey. I began to examine the use of force in sex, as well as the kind of sadism I’d experienced in prison. I had so many questions, why do men think they own women? Oh, well, they do; here are the laws that say so; here’s how the pornography says so. Why do men think women are dirty? Why is overt violence against women simply ignored, or disbelieved, or blamed on the woman?

    I read all I could and still found the richest source of information on women’s lives was women, like me, who wanted freedom and were willing to fight for it. But a big part of the fight was facing facts; and facts had a lot to do with what men had done to us, how men used us with or without our own complicity. In pornography I found a map, a geography of male dominance in the sexual realm, with sex clearly defined as dominance and submission, not as equality or reciprocity.

    #pornographie comme géographie de la #domination_masculine

    • Most men and a good number of women experience sexual pleasure in inequality. Since the paradigm for sex has been one of conquest, possession, and violation, I think many men believe they need an unfair advantage, which at its extreme would be called rape. I don’t think they need it. I think both intercourse and sexual pleasure can and will survive equality.

    • What do you say to committed feminists who disagree with your approach to pornography and say porn is merely one manifestation among many of a problem with deeper roots?

      Andrea Dworkin: I say solve the problem you think is more urgent or goes deeper. Pornography is so important, I think, because of how it touches on every aspect of women’s lower status: economic degradation, dehumanisation, woman hating, sexual domination, systematic sexual abuse. If someone thinks she can get women economic equality, for instance, without dealing in some way with the sexual devaluation of women as such, I say she’s wrong

    • Michael Moorcock: What do you think about the current shift to the right in US politics?

      Andrea Dworkin: Here, in blaming and shaming the oppressed, the powerless, the left colludes with the right. There’s no reason to look to the left for justice, so people look to the right for order. It’s pretty simple. The victory of the right also expresses the rage of white men against women and people of colour who are seen to be eroding the white man’s authority. The pain of destroying male rule won’t be worse than the pain of living with it.

  • « Sur le trottoir, l’Etat », de Gwénaëlle Mainsant : policier du sexe, un travail « émotionnel »
    https://www.lemonde.fr/livres/article/2021/03/04/sur-le-trottoir-l-etat-de-gwenaelle-mainsant-policier-du-sexe-un-travail-emo

    « Sur le trottoir, l’Etat. La police face à la prostitution », de Gwénaëlle Mainsant, Seuil, « La couleur des idées », 346 p., 24 €, numérique 17 €.

    Des mythes et fantasmes qui entourent le travail policier, ceux qui concernent la brigade de répression du proxénétisme, parfois appelée « la mondaine », sont parmi les plus endurants. Ils sont faits de grands flics rudoyant de beaux voyous, de mères maquerelles et de clients aux mœurs scabreuses. Pourtant, constate Gwénaëlle Mainsant dans Sur le trottoir, l’Etat, « en l’espace d’un demi-siècle, la mondaine a été dépouillée de son autorité sur le sexe ». Fini le contrôle de l’homosexualité, de l’adultère ou de l’obscénité. La lutte contre le proxénétisme est devenue le dernier instrument de la police du sexe dans notre société.

    Mise en concurrence
    Pour comprendre comment fonctionne cette police, il fallait observer les policiers chargés de surveiller la prostitution, ces « agents de l’ordre social et sexuel », comme l’écrit la sociologue, qui s’y est attelée à Paris pendant plusieurs mois à la fin des années 2000, période de profonde mutation en la matière. Les prostitués non francophones originaires d’Asie, d’Afrique ou d’Europe de l’Est remplacent alors les « traditionnels » – les prostitués français – sur les trottoirs des grandes villes, rendant le travail policier plus malaisé.

    La loi et la hiérarchie policière, a contrario, imposent aux agents un contrôle plus strict de ce « gibier de police ». Elles mettent aussi en concurrence des services porteurs de visions très différentes de la prostitution. La prostituée interpellée par la mondaine est une victime du proxénétisme qu’il faut mettre en confiance pour obtenir des renseignements sur le réseau qui la fait travailler. La même, interpellée par les unités créées après 2003 pour réprimer le nouveau délit de racolage, est l’autrice d’une infraction qu’il faut verbaliser et intimider.

    Ces tensions dans le « gouvernement de la prostitution » découlent de l’adoption, au cours de la même période, d’une doctrine abolitionniste visant, sinon à faire disparaître la prostitution, du moins à la rendre invisible. Le travail des policiers, depuis lors, est devenu en grande partie un travail de « qualification » et non de régulation de la prostitution : il s’agit en effet de choisir, parmi les multiples formes de cet « illégalisme », celles sur lesquelles se concentrer, de les distinguer des autres, d’attribuer un rôle aux divers protagonistes (coupable ? victime ? indic ?) et de qualifier pénalement les faits.

    #paywall

    • Un cadre viril jamais questionné

      C’est lorsqu’il s’agit de comprendre les incertitudes contemporaines qui pèsent sur cette tâche que le livre devient passionnant. Par exemple lorsque Gwénaëlle Mainsant analyse le travail émotionnel auquel se livrent les policiers masculins avec les prostituées féminines, un jeu dans lequel l’altercation n’est jamais loin de la familiarité, et celle-ci de la complicité ou de la séduction. Ce jeu a aussi un prix : pour que des hommes puissent assumer ce travail émotionnel, d’habitude l’apanage des femmes, il faut que celui-ci soit compensé par un cadre viril jamais questionné, qui confère aux hommes policiers le contrôle de la sexualité des femmes prostituées.

      « Sur le trottoir, l’Etat » enrichit aussi la discussion, toujours très vive, sur la place de la police dans notre société

      C’est ce cadre qui explique notamment le peu d’empressement des policiers à enquêter sur les prostitués transgenres et la prostitution masculine, qui ne leur permettent pas la même gamme de jeu sur le genre. Paradoxalement – la sociologue souligne qu’ il y a là une exception en matière de sociologie de la déviance –, c’est ce cadre conventionnel du travail policier qui protège les transgenres et les travestis d’un contrôle policier tatillon, au lieu de redoubler la stigmatisation sociale dont ils sont victimes.

      Ce livre remarquable ne se lit pas seulement comme une contribution majeure à l’analyse du « gouvernement de la prostitution », une question étonnamment absente des controverses contemporaines sur le genre alors qu’elle était, dans les années 1990, au cœur de tous les débats sur l’émancipation féminine et les violences faites aux femmes.

      Il enrichit aussi la discussion, elle toujours très vive, sur la place de la police dans notre société. Le pouvoir conféré à la police de terrain en matière de gouvernement de la prostitution n’est pas si différent de celui qui lui est donné pour gouverner les manifestations ou la jeunesse des banlieues. Gwénaëlle Mainsant montre, dans tous ces domaines, qui touchent à la construction même de ce qui relie les individus entre eux, la pertinence du regard des sociologues. Un regard dont, trop souvent, l’autorité policière cherche à se préserver.

      EXTRAIT

      « La définition large du proxénétisme en droit (de “profiter des bénéfices de la prostitution d’autrui” à “apporter aide et assistance”) consacre le pouvoir discrétionnaire des policiers. Dans un travail où ils valorisent et privilégient les enquêtes dont ils sont à l’origine, celles qu’ils ont obtenues grâce aux tuyaux de leurs indics, ils ­s’efforcent de choisir des ­cibles qui leur permettent de tenir leur rôle. Et ce rôle a été construit historiquement pour faire face à des hommes coupables et des femmes ­victimes, que ce soit dans les interpellations ou les rapports avec les indics. Les policiers ne recrutent pas d’informateurs parmi les prostitués transgenres ou homosexuels et les proxénètes femmes. (…) La masculine police des mœurs reste donc avant tout une police de l’hétérosexualité sans pour autant devenir une police de la domination masculine. »

      #prostitution #domination_masculine #police #proxénétisme #illégalismes

    • c’est ce cadre conventionnel du travail policier qui protège les transgenres et les travestis d’un contrôle policier tatillon, au lieu de redoubler la stigmatisation sociale dont ils sont victimes.

      Les policiers ne recrutent pas d’informateurs parmi les prostitués transgenres ou homosexuels et les proxénètes femmes. (…) La masculine police des mœurs reste donc avant tout une police de l’hétérosexualité sans pour autant devenir une police de la domination masculine.

      J’interprète plutot ces remarques comme une police qui protège le patriarcat en contrôlant les femmes et non les hommes. La police considère et traite les femmes trans comme des hommes et leur accorder les privilèges qui sont accordés aux hommes de se prostitués sans subir de harcelement sexuel (nommé ici jeu de séduction). Il y a aussi une invisibilité des consommateurs de la prostitution qui sont pourtant aujourd’hui prétendument considérés comme délinquants tandis que les prostituées ne le sont sois disant plus.

  • Sexual violence against boys is far more common than we think - The Washington Post
    https://www.washingtonpost.com/magazine/2021/02/22/why-we-dont-talk-about-sexual-violence-against-boys-why-we-should/?arc404=true

    Boys are more likely than girls to die in their second decade of life, and they use more alcohol and tobacco, habits that erode their health as they age, Blum said. But even more troubling, Blum’s team found that boys suffered higher levels of physical violence, neglect and sexual abuse by adults than girls. And the more a boy was victimized, the more likely he was to do violence to others.
    Those findings should serve as a gut punch. We can’t solve the problem of violence against girls and women without also addressing violence against men and boys. And we won’t succeed in teaching our sons to care for other people’s bodies until we learn to care for theirs.

    • Yet we rarely hear about any of this on the news. We hardly ever talk about it. Stories of sexual misconduct are everywhere, but the tellers of those stories are mostly girls and women. The stories of men and boys still remain mostly hidden, unacknowledged and undiscussed.

    • The default in discussions about sexual violence is to think of boys and men as perpetrators and women as victims. But that is an oversimplification that is built on a damaging stereotype about male invulnerability, and it obscures the truth: Boys can be victims, and boys can need help. We’ve just built a world that makes it hard for them to admit it — and for the rest of us to acknowledge it. If we want to raise boys differently, we must start believing that they are equally capable of feeling pain and doing violence.

    • ah là je comprends enfin ce truc du viol comme rapport de pouvoir, tout sauf du sexe donc (ça parle d’une agression de vestiaire de foot avec un manche à balais) :

      The freshman intuitively understood and endorsed the argument that scholars make in academic circles: This kind of sexual assault has nothing to do with sex. It’s about power. It’s about older boys establish­ing their place at the top, putting younger players in their place.

    • @tintin, here you are :

      Raising a boy sometimes feels like traveling in a foreign land. When I gave birth to my daughter, three years before my son was born, I had no idea how to be a mother. But after decades of navigating life as a woman, I knew unequivocally what I wanted for her: to see herself as capable of anything, constrained by none of the old limits on who women must be and how they must move through the world. She could be fierce and funny and loving and steely-spined.

      “I am strong and fearless,” I taught her to say when she was 2, as she hesitated on the playground, her lips quivering as she considered crossing a rope-netting bridge strung 10 feet above the ground. There was nothing premeditated about that little sentence. It just ap­peared on my tongue, distilling what I wanted her to be and how I hoped she would think of herself.

      I had no such pithy motto for my son. Reminding a boy to be strong and fearless seemed unnecessary and maybe even counterproduc­tive, fortifying a stereotype instead of unraveling it. What could I give him to help him ignore the tired old expectations of boys? I had no idea. I didn’t know how to help him resist the stresses and stereotypes of boyhood, because I had never grappled with the fact that boys face stresses and stereotypes at all.

      But of course they do. Boys learn that they’re supposed to be tough and strong and sexually dominant, according to a massive study of gender attitudes among 10- to 14-year-olds in the United States and countries across four other continents. Girls learn that they’re supposed to be attractive and submissive, according to the study, led by researchers at Johns Hopkins University.

      The global script clearly harms girls, who face disproportionate levels of sexual violence, not to mention greater risk of early pregnancy and leaving school. But Robert Blum, a physician who has studied adolescents for 40 years and is one of the Johns Hopkins scholars leading the study, wants people to understand that it also hurts boys. “The story about boys has yet to be told, and I think it’s a really important story,” Blum explained to me. “Our data suggest that the myth that boys are advantaged and girls are disadvantaged simply isn’t true.”

      The movement for gender equality has often focused on empowering girls. But as Blum sees it, achieving gender equality also requires attention for boys. They too need to know they are not circumscribed by ideas about who and how they should be.

      Boys are more likely than girls to die in their second decade of life, and they use more alcohol and tobacco, habits that erode their health as they age, Blum said. But even more troubling, Blum’s team found that boys suffered higher levels of physical violence, neglect and sexual abuse by adults than girls. And the more a boy was victimized, the more likely he was to do violence to others.

      Those findings should serve as a gut punch. We can’t solve the problem of violence against girls and women without also addressing violence against men and boys. And we won’t succeed in teaching our sons to care for other people’s bodies until we learn to care for theirs.

      The first I heard of “brooming” was in one of those interstitial moments, a busy day on pause, waiting for my car to be repaired at an auto shop before racing to work. It was pouring outside, so I huddled along with a half­-dozen other harried customers in a small room where a television blared a local news show. Five boys, football players at a high school just outside D.C., had been charged with rape and attempted rape in the alleged attacks of their teammates with the end of a wooden broomstick.

      Not only had I never heard of such a thing, but I had never even imag­ined it. Raped with a broomstick? Long after I left, I was still trying to wrap my head around it, and as details emerged in the following days and weeks, I could not look away.

      It had happened on the last day of October, Halloween, at Damascus High, a diverse public school with a powerhouse football program in Montgomery County, Md. My colleagues at The Washington Post, where I work as an investigative reporter, reported the wrenching details of the attack. Freshmen on the junior varsity team had been changing in a locker room after school when suddenly the lights went out, and they could hear the sound of someone banging a broomstick against the wall. The sophomores had arrived. “It’s time,” one of them said. They went from freshman to freshman, grabbing four of them, pushing them to the ground, punching, stomping. They pulled the younger boys’ pants down and stabbed the broom at their buttocks, trying — and at least once succeeding — to shove the handle inside their rectums. The victims pleaded for help, the attackers laughed at them, and a crowd of other boys looked on, watching the horror unspool.

      Whenever I learn of something unconscionable, I find myself looking for clues that it could never happen to me or the people I love. That’s human nature, I guess. But like any other kind of sexual assault, brooming is not a phenomenon confined to this one high school, or to any particular type of school or community. It cuts across racial and socioeconomic lines, shows up in elite private boys’ academies and coed public schools, in big cities and rural villages and small towns that dot the heartland.

      What do you think you know about boys and sexual violence? I thought I knew that boys are victims only rarely, and I automatically equated “child sexual abuse” with adults preying on kids. But I was wrong on both counts.

      Many boys are molested by adults, that’s true. But there are strong signs that children are even more likely to be sexually abused or sexually as­saulted by other children. In one study of 13,000 children age 17 and younger, three-quarters of the boys who reported being sexually victimized said the person who violated them was another child. In a little more than half those assaults, the violator was a girl. Most boys who had been assaulted had never told an adult.

      Though sexual violence mostly affects girls and women, male victims are still astonishingly common. I was shocked to learn that as many as 1 in 6 boys is sexually abused during childhood. About 1 in 4 men is a victim of some kind of sexual violence over the course of his lifetime, from unwanted contact to coercion to rape. LGBTQ men are at greater risk than heterosexual men: More than 40 percent of gay men and 47 percent of bisexual men say they have been sexually victimized, compared compared with 21 percent of straight men.

      In 2015, a national survey by the Centers for Disease Control and Pre­vention found that nearly 4 million men (and 5.6 million women) had been victims of sexual violence just in the previous year. More than 2 million of those men were subjected to unwanted sexual contact, and more than 800,000 said they were “made to penetrate” another person — an awkward term that doesn’t show up much in the media or in public debate. It means that a man was either too inebriated to consent or was coerced or threatened into sex.

      Just as with girls and women, violation of men and boys can involve physical force or emotional coercion. Just as with girls and women, boys and men sometimes have sexual experiences to which they cannot consent because they are underage or blackout drunk — experiences that we might reflexively call sex but that we should really understand as assault. And though the perpetrators in those cases can be other boys and men, they can also be girls and women. The overwhelming majority of male rape victims say that the person who violated them was another male, but most male victims of other kinds of sexual violence say they were violated by a female.

      Boys and men who survive sexual violence can experience serious psychological and emotional fallout, including post-traumatic stress, symptoms of depression and anxiety, suicidal thoughts, substance abuse problems and sexual dysfunction.

      Yet we rarely hear about any of this on the news. We hardly ever talk about it. Stories of sexual misconduct are everywhere, but the tellers of those stories are mostly girls and women. The stories of men and boys still remain mostly hidden, unacknowledged and undiscussed.

      The default in discussions about sexual violence is to think of boys and men as perpetrators and women as victims. But that is an oversimplification that is built on a damaging stereotype about male invulnerability, and it obscures the truth: Boys can be victims, and boys can need help. We’ve just built a world that makes it hard for them to admit it — and for the rest of us to acknowledge it. If we want to raise boys differently, we must start believing that they are equally capable of feeling pain and doing violence.

      When I first began learning about locker room assaults, I wanted to know what motivated a boy to hurt another boy in this way. But along the way, I became even more puzzled — and troubled — by the victims’ experiences. They had so much difficulty identifying what had happened to them as sexual assault, and felt too much shame to admit they were hurting.

      One boy was so distressed about the prospect of being attacked by his basketball teammates during a tournament trip that he called his mother, intending to ask her for help. As frightened as he was, when it came down to it, he couldn’t bring himself to tell her what was going on. “I was going to tell her when I first got on the phone with her, but I ended up not saying nothing,” he later said. “I was going to tell her, but I didn’t know how to say that.”

      I’ll call him Martin. He was a freshman on the varsity team at Ooltewah High School, near Chattanooga, Tenn. In December 2015, he and his teammates drove to a tournament in Gatlinburg, in the Great Smoky Mountains. They stayed in a cabin where there was a pool table down­stairs in the boys’ quarters. The coaches stayed upstairs.

      By the fourth day, Martin knew the upperclassmen were coming for him. They had already gone after the other three fresh­men; every evening, he had seen the brandishing of a pool cue and he had heard the screaming. He knew he was next; that’s when he called his mother. And yet he didn’t know how to ask for help without embarrassing himself and violating an unwritten code of silence. He just couldn’t get the words out.

      Soon after the phone call with his mother, three of Martin’s teammates assaulted him. Even after the attack — which ulti­mately landed him in the hospital with a months-long recovery ahead of him — Martin did not immediately tell the truth about what had been done to him. He told his coach that he and his attackers had been “wrestling” and he insisted he was fine — until he peed blood, then collapsed and had to go to the emergency room. It was only because of his extreme injury that the truth came to light.

      Later, during a sworn deposition, a lawyer asked Martin if the attack had to do with sexual orientation. Was the older boy gay? No, Martin said. It wasn’t that at all. “I feel like he tried to make me — belittle me,” he said. “Tried to make me feel like less than a man, less than him.” (I spoke to Martin’s lawyer but didn’t speak to Martin. This account is based on court records, media accounts and video testimony.)

      The freshman intuitively understood and endorsed the argument that scholars make in academic circles: This kind of sexual assault has nothing to do with sex. It’s about power. It’s about older boys establish­ing their place at the top, putting younger players in their place.

      This particular way of flexing power depends on the cluelessness or tacit acceptance of the adults who are paid to keep boys safe. It also depends on the silence of victims, who — like most teenagers — want desperately to belong, which means bearing pain, handling it and definitely not snitching. But it’s dangerous and unfair to expect boys to bear the responsibility for protecting themselves, Monica Beck, one of the attorneys who represented Martin in a lawsuit against the school sys­tem, told me. Boys, like girls, deserve the protection and help of their coaches, their teachers, their parents and their principals.

      After Martin collapsed and underwent surgery, he spent six days in the hospital and nine months recovering, including relearning how to walk. One of the attackers was convicted of aggravated rape, the other two of aggravated assault.

      Even with these horrifying facts, not everyone agreed that what happened to Martin should actually be considered sexual violence. The police officer who investigated the crime filed charges of aggravated rape, a crime that in Tennessee does not require sexual motivation. But he suggested in state court that what happened was not in fact a sexual assault. It was instead, he said, “something stupid that kids do” that “just happened” to meet the definition of aggravated rape.

      Later, Martin sued the school district for failing to protect his civil rights. As the trial approached, lawyers representing the school board asked the judge to prohibit Martin’s legal team from using certain terms in front of a jury: rape, aggravated rape, sexual battery, sexual assault.

      The judge never had to decide, because the school district’s insurance carrier settled with Martin for $750,000, avoiding a trial. But it’s notable that this was even a potential issue of debate. Imagine that a girl was attacked as Martin was. Would anyone doubt that it qualified as a sexual assault?

      Sports is a refuge for so many children and an engine for so much good. Kids can learn to communicate and depend on each other. They can learn to push and surpass their own athletic limits. They can learn to win, and to lose, with humility and grace. Kids who play organized sports tend to do better in school than kids who don’t, have stronger social skills and higher self-esteem, and are healthier physically and men­tally, according to the American Academy of Pediatrics.

      But as anyone who has spent much time on the sidelines of a youth soccer or basketball or football game can tell you, sports can also be de­structive. Coaches and parents can be verbally abusive, teaching kids that winning is more important than integrity and that disrespect is part of the game. Kids can learn to prize the use of force and violence.

      It’s this darker side of sports that turns it into a breeding ground for hazing, initiation rituals that older players use to belittle and humiliate junior teammates. For boys who find themselves on teams with such a poisonous culture, sports are not a refuge. They are a nightmare.

      Over the past generation, hazing pranks that once seemed innocuous — ­think dressing up in silly costumes or singing an embarrassing song in public — have evolved, becoming increasingly dangerous and sexual, according to social scientists who study hazing and consultants to high school athletic teams. Sexualized hazing, some argue, is an expression of a narrow version of masculinity that is celebrated in sports — a version of masculinity that is not just about strength but about dominating at all costs, about hiding pain and enduring weakness, and about degrading anyone or anything that seems feminine or gay. Even as a growing number of alternative niches gives boys places to thrive as proud geeks and artists and gender nonconformists, many sports have remained staunchly macho in this way.

      We don’t have comprehensive data on how common it is for boys to sexually assault other boys in the context of athletics. In 2000, researchers from Alfred University, a small private school in western New York, conducted the first national survey of high school hazing. They wanted to ask about sexualized hazing, but they were stymied. In those early days of the Internet, they had to send their survey out to students in the mail, and they got access to a database of student addresses only on the condition that they not ask any questions having to do with sex or sexuality. (In general, researchers have trouble getting permission to ask children under 18 questions about anything related to sex, sexual violence or abuse — which is understandable, but which also hobbles our understanding of kids’ experiences.)

      Norm Pollard, one of the lead researchers on the Alfred University sur­vey, found students’ replies to one open-ended question shocking. “They talked about being sexually assaulted at away matches, in the back of the bus and in locker rooms,” Pollard said. “It was devastating to read those reports from kids that were just trying to be part of a team or a club.”

      Psychologist Susan Lipkins has studied hazing since 2003, when she traveled to a small town near her home in New York to interview the parents and coach of high school football players who had been sexually abused by teammates at a preseason training camp. None of the victims reported the abuse to a coach, a parent or any other adult. It came to light only because one of the boys sought medical help — and the cover story he told doctors to explain his injuries didn’t make sense.

      She and other experts said they have seen noticeably more media reports and court filings alleging ritualized sexual violence among high school boys, leading them to believe that it is becoming more common and more severe. Boys tell each other and themselves that they are taking part in a tradition: This is what it takes to be part of the team, this is what it takes to belong. First you are assaulted; then you become a bystander, watching as others are brutalized; finally, you get your turn at the top, your turn to attack.

      Boys who report being sexually assaulted face the humiliation of hav­ing to describe how they were violated out loud, to another person, and then they face what Lipkins calls a “second hazing” — a blowback of harassment and bullying not unlike that heaped on female victims of rape. Lipkins noted that she has seen parents and students band together to protect their team, their coach, even local real estate values against allegations of sexualized hazing. “Communities support the perpetrators and say, You’re a wimp, why did you report it,” she said.

      As a result of all that pressure, she said, it’s common for boys to remain silent even after being assaulted. Not only do boys not want to tattle on their teammates, but they often don’t even recognize that they’re victims of an unacceptable violation and of a crime. No one has told them. “Hazing education is in the Dark Ages,” Lipkins said.

      She believes that young people and adults, includ­ing parents, coaches and administrators, need much more training to recognize this kind of behavior as an unacceptable form of harm rather than a tradition to be upheld. And Lipkins believes it won’t end until groups of players stand up together to stop it, either as active bystanders who protect victims or as victims who together find the courage to speak out.

      Of course, when they speak out, they need grown-ups to hear them and protect them. Coaches must understand that building a healthy team culture and guarding players’ safety are crucial parts of their job. And we par­ents must tell our boys the same thing we tell our girls — that their bodies are their own, that no one should touch them without their consent, that we will not tolerate violation of their physical autonomy.

      Boys who are raped or sexually assaulted face a particular kind of disbelief. They may not be accused, as girls often are, of reinterpreting a consensual sexual encounter as nonconsensual. They’re perhaps less likely to be accused of straight-up lying, or of being crazy. Instead, they’re accused of taking things too seriously. Sexual assault? No! It was just messing around. Just a joke. Just boys being boys. Just hazing.

      The language we use to describe what happens to boys helps feed the problem, argues Adele Kimmel, who has become one of the leading lawyers for male and female victims of sexual assault. “Terminology matters,” Kimmel, a wiry woman with jet-black hair, told me on a rainy day in downtown Washington at the sleek offices of the nonprofit firm Public Justice, where she is a senior attorney. “Some of these boys don’t even recognize that they’ve been sexually assaulted be­cause it’s been normalized by the adults. They call it these euphemistic terms — they call it horseplay, roughhousing, poking, hazing. They don’t call it sexual assault. They don’t call it rape.”

      Kimmel represented an Oklahoma middle school boy who was in music class when one of his football teammates held him down and assaulted him. The principal called it horseplay but acknowledged in an interview with a state investigator that if the same thing had happened to a girl, he would have considered it sexual assault. The boy was branded as a tattletale for reporting what had happened to him and became the target of fierce bullying at school. His father asked for help. “What do you want me to do, hold his hand?” the principal said, according to the lawsuit the family later filed.

      When we convey to boys that unwanted touch is a serious issue of sexual assault only when it affects girls and not when it affects boys, we are sending a message that only girls’ bodies are worthy of protection. That message leaves our sons vulnerable to abuse, and it presents them with a knotty question: Why should boys treat other people’s bodies with dignity and respect if their own bodies are not also treated with dignity and respect?

      Violence prevention programs often focus on debunking rape myths about female victims. No, wearing a short skirt is not the same thing as consenting to sex. But they less often delve into male victims — particularly those men who are violated by women. The idea that a man would have to be forced or coerced into sex with a woman runs counter to our cultural scripts about how sex works. But that’s just another misleading stereotype, and one that makes it hard for boys and men to recognize and deal with their own experiences. By now, for example, stories about college campus rape have firmly established that some men assault women who are too drunk to consent. There’s no counternarrative about men being raped when they have had too much to drink — usually, that’s just called sex. But whether they con­sider it assault, men on campus can and do have unwanted sex. One student at the Massachusetts Institute of Technology told me for a 2015 Washington Post series on sexual assault how uncom­fortable he felt when he was pursued by a woman he wasn’t interested in. He found himself unable to say no to her persistent advances, even though he knew he didn’t want to have sex with her. “You don’t want to be rude,” he said. “You don’t want to be weird.”

      College fraternities have a reputation for tolerating and even encour­aging sexual violence against women, and there is some evidence that fra­ternity brothers are at greater risk than other college men of committing assault. But there is also other, perhaps less widely known evidence that fraternity members are at greater risk than other students of being as­saulted themselves. In a study of fraternity men at one Midwestern college, more than a quarter — 27 percent — said that someone had had sex with them without their consent, either through the use of force or by taking advantage of them when they were drunk.

      But many people do not define a man pushed into nonconsensual sex as a person who has been sexually assaulted. A 2018 survey of 1,200 adults found that 1 in 3 would not quite believe a man who said he was raped by a woman, and 1 in 4 believed men enjoy being raped by a woman. There’s a belief that men cannot be raped be­cause women aren’t strong enough to physically force them, and a convic­tion that straight men want sex so much and so consistently that they just aren’t that bothered by a woman who refuses to listen when he says no. These ideas are embedded in our institutions, from media to medicine to law to scholarship.

      It wasn’t until 2012 that the FBI recognized that men could be raped. Until then, the bureau defined rape as “the carnal knowledge of a female, forcibly and against her will.” Now it uses gender-neutral terms; rape is defined as “the penetration, no matter how slight, of the vagina or anus with any body part or object, or oral penetration by a sex organ of another person, without the consent of the victim.”

      Scholars studying sexual violence have often asked men only about their own sexual aggression and women only about being violated, an approach that fails to acknowledge — much less measure — the existence of male victims, female perpetrators or same-sex assault. When researchers have asked about sexual violence in gender-neutral terms, they have made startling discoveries. One survey of 300 college men found that half had experienced some type of sexual victimization, and an astonishing 17 percent — nearly 1 in 5 — had been raped, meaning they had unwanted sex because they were threatened, physically forced or taken advantage of while too intoxicated to consent.

      Lara Stemple, an assistant dean at UCLA School of Law, is a feminist who has focused some of her research on highlighting the large number of men who have expe­rienced sexual violence and the institutional biases that have obscured their experiences. She told me that her efforts to bring attention to male victims — and to the surprisingly high rates of female perpetration of such violence — have at times triggered false accusations that she is aligned with men’s rights activists, who are known for anti-feminist and misogynistic language and ideology.

      But as Stemple argues, acknowledging the invisibility of men’s suffering does not mean dismissing or doubting violence against women. It is not one or the other. Both problems are tangled up in some of the same deeply ingrained notions about what it means — or what we think it means — to be a man.

      The #MeToo movement has been built out of stories, one after the other, a flood that helped us see how men in positions of power abuse women and then keep their violence secret. In those stories, the world saw evidence of a sprawling problem in urgent need of solutions. Women found solidarity in acknowledging what had happened to them and in declaring that it was not tolerable and was not their fault.

      Now boys need to hear more of these stories from men. Media coverage of high-profile cases of sexual violence against men and boys has helped open Americans’ eyes to the fact that the sexual victimization of boys is not just possible but deeply scarring, psychologist Richard Gartner, who specializes in treating male victims, told me. When Gartner began speaking publicly about male victims in the 1990s, he was often greeted with blank stares and dis­belief.

      But then came revelations about widespread abuse by Catholic priests, by Penn State assistant football coach Jerry Sandusky, by Boy Scout troop lead­ers. Those stories forced people to begin to recognize the vulnerability of young boys. When actor and former NFL player Terry Crews came for­ward to say he had been groped by a male Hollywood executive, it forced people to consider the vulnerability even of strong adult men. And it made room for more boys and men to come to terms with their own experiences as victims of abuse, Gartner says: “Every time that happens, some boy somewhere says, well, if he can come forward, maybe I should be talking to someone.”

      Perhaps it is starting to happen more often. Over the past few years, the women who came forward in droves to speak out about sexual violence were joined by men who said they had been abused, including allegedly by powerful, high-profile men such as actor Kevin Spacey and film director Bryan Singer. In one remarkable reckoning, more than 300 former Ohio State University students said they had been sexually abused by an Ohio State doctor, Richard Strauss, and sued the university for failing to protect them.

      In 2019, an independent investigation commissioned by the university found that Ohio State officials knew of complaints about Strauss as early as 1979 but allowed him to continue prac­ticing until he retired with honors two decades later. Strauss committed nearly 1,500 acts of sexual abuse, including 47 acts of rape, the university told fed­eral authorities in 2019. The stories Ohio State graduates tell about Strauss bear remarkable similarity to the stories that hundreds of women told about the abuse they suffered at the hands of Larry Nassar, the former Michigan State University physician and former USA Gymnastics national team doctor. If the collective power of Nassar’s victims forced the nation to con­front the ways in which institutions ignore girls and young women who report sexual assault, then the graduates of Ohio State may help force us to see how we have dismissed boys and young men.

      For now, though, many men still see reasons to keep their stories to themselves. Gartner has written extensively about the shame, trauma and confusion that his patients struggle with as they try to make sense of how they were victimized. Many fear that admitting violation will be seen as evidence of personal weakness. They fear they won’t be believed. And they fear they were somehow complicit.

      Boys who report assault or abuse need to hear from their parents and the people close to them that they are unconditionally loved. “The most important thing to say is, ‘I believe you, and it wasn’t your fault ... and we still love you,’ ” Gartner says. And parents who want to prevent their boys from being abused, he explains, should be telling their sons all the same things they tell their daughters about their right to control access to their bodies.

      When we fail to recognize and address violence against boys, not only are we failing to protect boys, but we also may be stoking violence against women. These problems are to some extent intertwined: While most do not go on to lives of violence, criminality or delinquency, victimized children are at greater risk of doing harm to others.

      If you had asked me, before I started this research, whether I believed that boys and men could be victims of sexual assault, I would have said of course. If you had asked me whether I bought into the notion that boys and men always want sex, I might have rolled my eyes: Um, no. But listening to the stories of male victims taught me that I didn’t com­pletely believe what I thought I believed. I noticed my own knee-jerk resistance to the reality that unwanted sexual contact can traumatize boys just as it does girls — and to the reality that it can matter just as much to them. Deep down, somewhere under my skin, I was holding on to some seriously wrongheaded assumptions — ideas so ingrained I did not even notice them, ideas that rendered boys as something less than human.

  • Duhamel Kouchner : Merci à celles qui brisent l’omerta
    https://sandrine70.wordpress.com/2021/01/05/duhamel-kouchner-merci-a-celles-qui-brisent-lomerta

    Je voudrais surtout ici réagir à un tweet mal intentionné qui reproche à Camille Kouchner d’être la compagne de Louis Dreyfus, président du directoire du Monde qui le premier sort l’affaire (mais 3 jours avant la parution du livre au Seuil donc s’il fallait lui reprocher qqch, ce serait de privilégier le média de son conjoint, et alors ?), avec L’Obs, dont il est aussi le patron. Alors non, ça ne me choque pas. Mais m’inspire deux réflexions.

    La première, pas nouvelle, c’est qu’il faut ça pour qu’une femme puisse parler. Etre Adèle Haenel, actrice reconnue, ou Vanessa Springora, éditrice reconnue, ou enfin Camille Kouchner, avocate et proche d’un grand patron de presse. On imagine combien c’est difficile pour celles qui n’ont pas ces soutiens de le faire, et on les remercie de le faire aussi pour elles. Pensons aussi à toutes les autres pour qui être entendues (parce qu’elles parlent) est encore plus difficile

    Deuxièmement, c’est une bonne nouvelle, qu’aujourd’hui des médias, des réseaux d’influence puissent servir la dénonciation des crimes et non plus la protection des criminel·les Et quand c’est Le Monde, on sait en plus qu’ils ne le font pas à la légère mais avec sérieux. Depuis quelques mois, avec les unes sur les féminicides, avec la une contre l’inceste, on voit que le plus réputé des quotidiens français a évolué.
    Et si c’est parce qu’un homme puissant a su écouter la parole des victimes, qu’il ne s’agit évidemment pas de vengeance mais de justice et de vérité, alors je dirais juste, TANT MIEUX !

    #inceste #violences_sexuelles #viol #culture_du_viol #domination_masculine #domination_adulte #famille #omerta

  • @Fable sur Twitter.
    https://twitter.com/Fables_21e/status/1338430506174738432

    Ce thread en allemand sur les résultats d’un travail de recherche sur « Le sexisme dans la vie quotidienne » publié cette année en Allemagne explique de manière édifiante pourquoi le mouvement pour l’égalité stagne voire régresse.

    Je me permets de le traduire en français.

    D’après les recherches sur le milieu social, les hommes qui occupent des postes à responsabilités sont les plus hostiles au mouvement #MeToo.

    De plus, par rapport aux autres hommes, ils sont les moins enclins à considérer le sujet du sexisme comme pertinent socialement."

    L’éthique du succès, la réflexion en termes de faisabilité, les revendications d’exclusivité et la distinction sont les valeurs qu’ils encensent. De par leur haut niveau d’éducation, les hommes de ce milieu pensent avoir compris et percé à jour le cœur même du débat sur le sexisme.

    Les hommes interrogés soulignent être progressistes, libéraux et modernes, raison pour laquelle ils rejettent le débat sur le sexisme.

    De leur point de vue, la notion de sexisme est un outil de propagande du camp de la gauche radicale du féminisme, dans lequel chaque homme est placé sous la suspicion générale.

    Bien sûr que les femmes subissent des agressions, mais toujours selon eux, celles-ci seraient surtout le fait d’hommes des classes inférieures et / ou de migrants.

    Ce seraient plutôt les hommes les principaux concernés qui subissent le sexisme. A l’inverse, les femmes pourraient presque tout se permettre aujourd’hui.

    Du point de vue de ces « hommes établis », la politique d’égalité est un matraquage médiatique. Il n’y aurait aujourd’hui pas de discrimination à l’égard des femmes qui enfreint la Loi fondamentale.

    Les différences entre les genres seraient évolutives. La répartition des rôles se serait développée en tant que meilleure pratique et ne devrait pas être abandonnée en raison de l’idéologie de l’égalité.

    « Le sexisme fait autant partie de la vie que l’air que nous respirons. » Abolir le sexisme signifierait la fin de l’humanité.

    La rhétorique de ces hommes est une stratégie de défense offensive. L’analyse révèle un profond malaise quant à la répartition équitable du pouvoir. Ils considèrent que c’est en contradiction avec une société démocratique libre.

    Contrairement à d’autres milieux, les hommes établis (et les femmes du même milieu aussi) n’associent absolument pas le sexisme au pouvoir.

    Alors que dans les autres milieux et en particulier les femmes des autres milieux soulignent que le sexisme est lié au pouvoir et à l’abus de pouvoir, les « personnes établies » (= la soi-disant élite) ignorent systématiquement cette dimension.

    Les « personnes établies » sont généralement dans une situation d’abondance de pouvoir en raison de leur condition sociale, de leurs ressources financières et de leur position.

    Cela permet d’émettre l’hypothèse que la négation du sexisme découlant du fait qu’ils se pensent immunisés contre la misogynie a pour fonction de légitimer leur position de pouvoir et de rendre injustifiée toute critique à leur encontre par le prisme du sexisme.

    Le thread est compilé à partir d’une étude allemande. Certains des résultats s’appliquent certainement aussi à la Suisse et permettent d’expliquer pourquoi l’égalité met tant de temps à arriver. Le « milieu établi » décrit donne le ton en Suisse. https://www.bmfsfj.de/blob/141246/6e1f0de0d740c8028e3fed6cfb8510fd/sexismus-im-alltag-pilotstudie-data.pdf

  • Wissam Dief : Des fillettes « libérées » aux féministes mal-baisées
    https://scenesdelavisquotidien.com/2020/11/17/wissam-dief-des-fillettes-liberees-aux-feministes-mal-baisee

    Des fillettes « libérées » aux féministes mal-baisées

    A propos d’une plaque commémorative :

    "Si on ne peut reprocher à Guy Hocquenghem et à René Schérer (entre autres), d’avoir voulu abroger dans les années 70, le double-standard en ce qui concernait la majorité homosexuelle et hétérosexuelle, on peut tout de même s’interroger sur leur manière d’avoir subsumé sous la catégorie de l’enfance un ensemble d’expériences dont ils semblent peu tenir compte. Ainsi le projet de déconstruire un système de l’enfance, pour explorer la possibilité de relations charnelles « transversales » entre adultes et enfants, universalise l’expérience intime de l’enfance masculine homosexuelle au mépris de la majorité des concernées. Les récents débats au sujet de la profanation et du retrait de la plaque commémorative de Guy Hocquenghem à Paris, nous mettent en demeure de rappeler ici les conséquences qu’une telle vue abstraite a nécessairement sur nos corps de femmes et de petites filles."

    N’importe quelle femme pourra faire retour sur les injonctions par milliers lui ont été
    assénées très tôt au sujet de tout ce que son corps donnait à voir : d’une manière de croiser les jambes, à l’ouverture gracieuse de la bouche, en passant par le contrôle de la cambrure, du poids, de la démarche, la recherche inlassable de proximité affectueuse, le fait de mettre en scène comme un être mignon, susceptible d’émouvoir, movere, de faire bouger l’adulte. Bien sûr que ce seul pouvoir qui nous était accordé, ne pouvait qu’être surinvesti, consciemment ou non. Bien sûr, qu’à force de nous indiquer par tous les moyens que là était la seule voie de reconnaissance possible, nous ayons fini par minauder, miauler, tourner de la tête gracieusement, nous habiller-déshabiller, faire des pas de danse, des glissements savants sur le sol. Puisque avoir l’attention des adultes, et particulièrement de notre père, cet être étrange qui représentait le pont vers le Monde, nécessitait de nous ce minaudage. Qui viendrait ici, rétroverser les choses, pour affirmer que nous étions naturellement faites pour la séduction, portées instinctivement au contact charnel et sexuel avec les adultes que nous aguichions ? Il faut croire que ceux qui s’y essaient savent si peu de nos enfances.

    #viol #inceste #pedocriminalité #male_gaze #female_gaze #domination_masculine #domination_parentale #enfance

  • Coincés dans Zoom (4/4) : pourquoi allons-nous y rester ?
    http://www.internetactu.net/2020/12/18/coince-dans-zoom-44-pourquoi-allons-nous-y-rester

    Alors que nous voilà plus ou moins déconfinés, notre expérience de Zoom est appelée à s’alléger. Pas si sûr !… Car même si la seule évocation de son nom vous provoque des crises d’urticaire, il est probable que Zoom soit là pour rester. Pourquoi allons-nous devoir nous habituer à cohabiter avec ce nouvel « ogre » de nos télévies ? L’avenir de Zoom : la vidéosurveillance de notre intimité ? Si l’on en croit nombre d’articles parus sur le sujet, l’avenir des services de visioconférence s’annonce comme une (...)

    #Zoom #algorithme #CCTV #biométrie #vidéo-surveillance #GigEconomy #panopticon #surveillance #télétravail #travail (...)

    ##visioconférence

  • La « misandrie » : une hostilité édentée
    http://www.regards.fr/idees-culture/article/la-misandrie-une-hostilite-edentee

    La frénésie qui entoure la publication des livres d’Alice Coffin et de Pauline Harmange, accusées de nourrir une condamnable « misandrie », témoigne d’une grande fébrilité quant à l’énonciation des luttes antisexistes dans le champ médiatique. Une panique massive dont la disproportion interroge.

    Qu’une femme puisse publiquement envisager une vie où elle choisit de réduire les influences masculines, qu’elle refuse de conditionner la formulation de son engagement au confort des hommes, est vécu comme une inacceptable menace à leur position hégémonique. En réalité, cette panique semée par un discours féministe renouvelé n’est que la traduction de la crainte de perdre une position centrale trop peu questionnée.

    Étiqueter ce discours du label de la « misandrie » comme s’il était possible de dresser un parallèle avec les forces misogynes est intellectuellement inepte. La misogynie est le fruit d’un système structuré contre les femmes, et ses mots font écho à des violences aussi concrètes que documentées. Par conséquent, les discours sexistes s’inscrivent dans un continuum dont l’aboutissement est le féminicide.

    De tous temps, les revendications féministes ont scandalisé la société majoritaire avant de finalement revêtir une apparence acceptable. Dès lors que l’on conteste l’ordre établi, il est impossible de créer le consensus.

    Or, il n’y a pas d’oppression sans pouvoir. Les hommes ne sont pas opprimés du fait de leur genre. La condition masculine n’a jamais été un désavantage qui puisse conduire à un traitement structurellement défavorable. Ni Alice Coffin, ni Pauline Harmange, ni aucune femme ne disposent du pouvoir de produire un rapport de force menaçant au point d’infléchir un système millénaire.

    Albert Memmi parlait de « racisme édenté » pour désigner la possible hostilité que pourraient éprouver des minorités contre des membres du groupe dominant. C’est une haine dépourvue de toute force, car elle est portée par des personnes qui n’ont pas le pouvoir social d’administrer un traitement discriminatoire aux personnes qu’elle vise. Du fait de dynamiques similaires, la prétendue misandrie des féministes n’est en rien comparable au patriarcat qui conditionne l’intégralité des relations sociales actuelles et qui s’insinue dans tous les rapports humains, à tous les niveaux de la société.

    Dans un tel contexte, on ne peut que comprendre que des femmes décident de préserver leurs espaces personnels et mentaux des discours et actes qui sont la caisse de résonnance de la condition subalterne qu’elles dénoncent.

    #misandrie #misogynie #domination_masculine #masculinisme #féminisme #backlash

  • Violences sexuelles : plongée dans l’enfer de salariées de McDo - Page 1 | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/121020/violences-sexuelles-plongee-dans-l-enfer-de-salariees-de-mcdo

    Mediapart et StreetPress (ici et là) ont enquêté pendant plus de deux mois sur le management au sein de différents restaurants #McDo et, notamment, sur la gestion des récits de #violences_sexistes et sexuelles faits par leurs salariées. Au total, nous avons recueilli 38 témoignages de salarié·e·s qui se présentent comme victimes d’un #management violent et, très souvent, #sexiste. Des récits parfois très durs à entendre et à lire.

    Ils s’ajoutent aux 40 collectés par le collectif McDroits et l’association React. Ceux-ci estiment que 25 d’entre eux renvoient à des faits pouvant s’apparenter à des actes de #harcèlement_sexuel, 24 à des faits de #harcèlement_moral et 7 à des #agressions_sexuelles (voir notre Boîte noire).

    #sexisme #homophobie #transphobie

  • François Bégaudeau : « Il n’y a jamais de désir personnel »

    « Mon texte, “L’Affaire Pauline”, est une étude de cas. Le cas Pauline. Je pars du plus simple : le conflit entre le désir (spontané) et l’ordre (répressif), ici incarnés par une adolescente et son père. Après, je complique, avec l’idée qu’il n’y a jamais de désir personnel. On est toujours sous l’emprise d’un désir. Ici, Pauline préfère l’emprise de son désir (aller danser) à l’emprise de son père. La vraie question, ce n’est pas de savoir si on est libre ou pas. C’est celle de la qualité du désir.

    Je suis un spinozien du dimanche, mais la liberté me paraît secondaire là-dessus. Le consentement au désir est quelque chose de très paradoxal et de très obscur. Le désir nous prend bien avant qu’on puisse y consentir. Quand j’ai un désir de gâteau au chocolat, le désir me prend, sans me demander mon consentement. Le désir est toujours une capture. C’est ça qui nous embête, dans nos sociétés qui croient tant au libre-arbitre.

    Il ne faut pas perdre de vue non plus qu’on est dans une société où s’exerce un “capitalisme de la séduction”, comme dit Michel Clouscard. Est-ce que les injonctions à consommer sont en train de stimuler un désir ? J’aime trop le mot désir pour l’utiliser dans ce cas. Peut-être vaudrait-il mieux dire que ce capitalisme crée des pulsions, même si je n’aime pas créer d’un côté des mots propres et de l’autre des mots sales.

    Par ailleurs, on peut constater que le désir d’aller danser est très standardisé, conditionné par une industrie du divertissement. Cela n’invalide pas forcément ce qu’il y a de beau dans ce désir : danser. L’important, je crois, ce n’est pas de chercher un désir libre, parce que ça n’existe pas, mais un désir singulier. Peut-être ce que Deleuze appelle les devenirs.

    La littérature est intéressante pour dire ça. Je me moque un peu de l’approche psychosociale, mais ça m’intéresse beaucoup en réalité. Tout ce qui se tient à la jonction entre la pscyhologie et la sociologie est intéressant, parce que nous sommes à la fois des sujets psychologiques et sociaux. Après, pour montrer que nos affects sont très largement socialisés, il faut la jouer fine. Rentrer dans le détail des micro-conditionnements sociaux de la psyché. S’intéresser aux individus. C’est bien, c’est l’échelle de la littérature, l’échelle individuelle. Nous, les romanciers, on n’est pas trop mauvais sur l’individu. Enfin, je l’espère.
    Vis ma « vie de moche » : François Bégaudeau s’attaque à la dictature de la beauté

    Bien sûr, il faut parfois surveiller ce qu’on dit publiquement, si on ne veut pas se faire lyncher sur les réseaux sociaux. J’en suis autant effrayé que quiconque. Pas par la perspective d’une censure généralisée, à laquelle je ne crois pas, mais par le déploiement de la bêtise : quand on fait primer la morale sur la pensée, quand le premier geste consiste à juger, à dire “c’est bien” ou “c’est mal” sans passer par l’élucidation. Des instances de censure se mettent en place dans le cinéma et là où il y a de l’argent. Mais pour ce qui est de la littérature, je garde le bel optimisme du minoritaire.

    Si Philip Roth s’est vu reprocher des représentations sexistes du désir, par des féministes américaines, c’est parce qu’il a le grand défaut d’avoir été très lu et exposé, mondialement. Moi, je ne me sens pas du tout surveillé dans la littérature : tout le monde s’en fout de la littérature. Donc on peut vraiment écrire ce qu’on veut. On peut explorer la notion de consentement, par exemple, sans avoir peur de se faire flinguer. D’ailleurs j’aime une certaine crudité dans les scènes de sexe, je ne suis pas pudique là-dessus.

    J’adore Bataille, Guyotat, ou le dernier livre de Guiraudie (“Ici commence la nuit”). La question, c’est l’intérêt d’en faire – pour le roman, pour le lecteur. Les métaphores lourdes me semblent poser un problème, donc pour ma part j’aime réduire le sexe à des gestes, en behaviouriste. Quand on raconte un rapport sexuel, on a intérêt à ce que ça ne soit pas génial. Et je reste toujours un peu elliptique, au bout du compte. Avec la conviction, comme le dit la dernière phrase de mon texte, qu’“on n’en a jamais fini avec le désir”. »

    Propos recueillis par Grégoire Leménager

    Bel exemple de domination masculine que ce concept de Désir en phallosophie. Ici la seule femme mentionné est une ado fictive qui n’a qu’un prénom et qui n’incarne pas l’autorité d’un paterfamillias, tandis que 100% des références littéraires sont 100% mâles.
    Ca m’épate toujours de voire la facilité avec laquelle les femmes sont comparée à des gâteaux au chocolat ou des chemisiers #objectification tandis que des (s)pinoziens du (di)manche se tripotent sur la notion du consentement en répétant comme des péroquets ce que leur dictent leurs paires.

    #phallosophie #phallosophe #manspreading #boys_club #domination_masculine #culture_du_viol #male_gaze #patriarche #consentement #désir #inversion_patriarcale

    • J’avais pas vu que l’intervention de ce phallo fait partie d’un dossier « Comment désirer après #MeToo ? » qui est un bel exemple de #backlash

      Le désir, ce « lutin espiègle qui nous joue des tours », comme disait Lacan , connaît-il ses derniers soubresauts ? En 1998, dans « les Particules élémentaires », Michel Houellebecq notait : « Pour que la société fonctionne, pour que la compétition continue, il faut que le désir croisse, s’étende et dévore la vie des hommes. » Les hommes, surtout les femmes, semblent en train d’achever cette hydre à fantasmes formatés par l’imagerie capitaliste. En guise de flèche mortelle, un hashtag : #MeToo. Les affaires Weinstein , Polanski ou Matzneff ont rebattu les cartes du Tendre et mis au cœur du jeu la notion de consentement. Retour à l’ordre moral, pour les uns ; révolution, pour les autres. Elan vital, sauvage, le désir obéit aujourd’hui à de nouvelles lois. Lui qui repose sur le manque – à l’origine, désir signifie « absence d’un astre » – se trouve confronté à la surabondance. En un clic, il peut être exaucé. Et alors qu’il s’épanouit dans la transgression, n’étouffe-t-il pas dans une société débarrassée de nombreux tabous ? Quatorze écrivains se sont penchés sur le sujet dans « les Désirs comme désordre » (Editions Pauvert), recueil de textes aux accents étrangement plus politiques qu’érotiques. Six d’entre eux évoquent pour « l’Obs » cet obscur objet de la pensée et ses métamorphoses.

      La page d’acceuil ne met en valeur que les points de vue émis par les hommes, il faut cliqué sur le dossier pour voire que 3 femmes ont été aussi invités à répondre à la question, mais celles qui ont été élus ont aussi un discours sexistes.

      Aurélien Bellanger : « Avec Houellebecq, la partouze est apparue comme un idéal démocratique »

      Blandine Rinkel : « Le désir s’éprouve dans l’ambigu »

      François Bégaudeau : « Il n’y a jamais de désir personnel »

      Camille Laurens : « Domestiquer le désir me semble l’effet d’un puritanisme excessif »

      Laurent Binet : « Le désir de désordre est un désir de justice »

      Maria Pourchet : « La guerre des sexes a périmé trop vite la guerre des classes »

      Coté femmes on a droit à la promotion de la zone grise, la comparaison #metoo = puritanisme et l’opposition de la lutte des classes et des violences sexuelles faites aux femmes sur leur lieux de travail.

    • c’est moi où il y a une confusion, en france au moins, entre les #sex_wars, moment du féminisme où va se poser la dichtomie prosex vs... « puritaines » et une « guerre des sexes » qui opposerait les hommes aux femmes ?

  • "No bra" rejeté, "crop top" qui divise, débardeurs acceptés : l’avis contrasté des Français sur la tenue des lycéennes
    https://www.marianne.net/societe/education/no-bra-rejete-crop-top-qui-divise-debardeurs-acceptes-lavis-contraste-des-

    Les « hauts avec décolleté plongeant » suscitent là aussi une forte opposition, avec 62% de Français favorables à une interdiction, le clivage entre les générations étant moins marqué concernant ce choix vestimentaire.

    Le clivage… Où je me rends compte que l’alt-right françaouis, omnubilée par le « décolleté plongeant », n’a aucune idée de ce que signifie « cleavage ».

  • #Nawal_el_Saadawi : « La maternité est une prison ; le père est libre mais la mère ne l’est pas. »
    https://tradfem.wordpress.com/2020/06/13/nawal-el-saadawi-la-maternite-est-une-prison-le-pere-est-libre-ma

    Dans une interview accordée à Clarín, l’écrivaine et militante arabe a déclaré que « sans égalité, il n’y aura pas de véritable amour entre hommes et femmes, il n’y aura que le mariage ; c’est pourquoi j’ai divorcé de trois maris » et a ajouté qu’ »il n’y a pas de véritable amour dans un monde construit sur le patriarcat, la règle de l’argent et la religion ».

    Pour Nawal El Saadawi, les façons de restreindre la liberté sont multiples : « Les femmes finissent par s’opprimer : beaucoup croient au mariage pour la vie et le subissent ; d’autres pratiquent des mutilations génitales sur leurs filles ou, dans l’obéissance, se couvrent la tête. Nous devons bien comprendre l’oppression de la culture, de la politique, de la religion et de la maternité.

    Traduction : #Tradfem
    Version originale : https://www.eldinamo.cl/mundo/2017/03/31/mujer-activista-arabe-maternidad
    #maternité #mariage #domination_masculine

  • Francis Dupuis-Déri : « Il y a dans cette crise des éléments qui relèvent de logiques antiféministes »
    Emmanuel Laurentin et Hugo Boursier, France Culture, le 8 mai 2020
    https://www.franceculture.fr/societe/francis-dupuis-deri-il-y-a-dans-cette-crise-des-elements-qui-relevent-

    Le site de Terrafemina a souligné que Paris Match et Le Parisien pratiquaient la non-mixité en ne mobilisant que des « experts » masculins pour deviner de quoi demain sera fait. Une photo a montré le Président français à une table à l’Élysée, entouré d’une quinzaine d’hommes. Un cliché du pape et de ses cardinaux n’aurait pas été bien différent... Quant au journal Le Monde (10 avril 2020), apparemment en manque de sujets, il a annoncé que Pascal Bruckner profitait du confinement pour écrire un (autre) livre contre « le néoféminisme l’antiracisme et le discours décolonial [qui] ont fait de l’Homme blanc le responsable de tous les malheurs du monde », ressassant les lubies qui constituent son fonds de commerce depuis les années 1980 !

    #coronavirus #femmes #solidarité #Francis_Dupuis-Déri

    Voir compile des effets délétères indirects de la pandémie :
    https://seenthis.net/messages/832147

  • Eliane Viennot : Le Covid-19 s’attaquerait-il aussi à la langue française ?
    https://christinedelphy.wordpress.com/2020/05/12/eliane-viennot-le-covid-19-sattaquerait-il-aussi-a-la-lan
    https://theconversation.com/debat-le-covid-19-sattaquerait-il-aussi-a-la-langue-francaise-13781

    Car pourquoi le masculin serait-il générique, et pas le féminin ? La réponse existe : parce que ses pouvoirs ont été accrus aux dépens du féminin, de manière délibérée, depuis qu’il existe des gens qui s’autorisent à dire le droit en matière de grammaire et de vocabulaire. Des hommes, jusqu’au beau milieu du XXe siècle.

    Précisons : aucun théoricien n’aurait soutenu, jusqu’en avril 1944, que les femmes sont incluses dans les discours au masculin, car cela aurait impliqué que les droits élaborés pour les hommes étaient valables pour elles aussi. Dans cette phrase, par exemple, qui parle de la loi : « Tous les citoyens ont droit de concourir personnellement, ou par leurs représentants, à sa formation » (Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, art. 6). On sait que pour exercer ce droit, les femmes ont dû attendre la décision du Conseil national de la Résistance. C’est après seulement qu’on a pu prétendre qu’elles étaient incluses dans les mots « citoyen » et « représentant ». C’est donc après seulement que de bonnes âmes ont mis au point la théorie du « masculin générique ».

    Pourquoi cette Une de Corse-Matin, le 12 avril, avec une quarantaine de visages féminins accompagnés de la manchette « On est avec eux » ? Pourquoi ces titres sur « nos héros » ? Pourquoi cette insistance, chez tant de journalistes, à camper sur « Bonjour à tous » ? Et pourquoi cet acharnement à parler du virus qui s’attaque à « l’homme », comme si les femmes étaient épargnées, comme si le mot « humain » n’existait pas depuis des siècles ?

    Deux ans après #MeToo, ces gens savent tout cela, et il est à parier qu’ils n’ont pas digéré ce que visent ces campagnes, à savoir le recul de la domination masculine. On peut parier qu’ils trouvent « autrice » et « maitresse de conférences » ridicules. Et que pour eux le « monde d’après » peut bien continuer d’être dirigé par des hommes, comme l’avouait si bien, le 5 avril, la Une du Parisien. Cependant, contrairement aux femmes qui sont mortes, tuées par le Covid-19 ou par leurs compagnons – puisque le massacre continue, et même s’amplifie à l’occasion du confinement le féminin se relèvera de cette crise, et il poursuivra sa (re)conquête du terrain. La crise aura été, aussi, celle d’une masculinite aiguë difficile à soigner – mais dont on connaît le remède : l’égalité.

    #langue #féminisation #femmes #travailleuses #égalité #domination_masculine

  • Blanquer à l’Assemblée

    En direct depuis une heure et demi, auditionné par la mission d’enquète de l’AN.

    Notre olibrius ressemble furieusement à un suspect qui vient tout juste d’arriver à la Loubianka en 1937, ignorant que classé catégorie 1 dans la directive n° 00047, il recevra deux heures plus tard la rétribution qui l’attend, et ne recourt nobobstant à aucun mensonge pour tenter de convaincre son interrogateur.

    Evidemment dans la cour deux heures plus tard, une pression sur la gachette du Nagant, et justice est rendue...