#doute_méthodique

  • « Je ne fais que poser des questions ». La Crise épistémologique, le doute systématique et leurs conséquences politiques – Fragments sur les Temps Présents
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    C’est dans ce contexte propice que la « foire aux illuminés » caractéristique de l’ère du complotisme accueille toujours plus d’exposants et de visiteurs, et que les activités de propagande, désinformation et subversion conduites par des puissances étrangères ou groupes terroristes hostiles rencontrent un succès croissant en proliférant sur le terreau favorable de la « démocratie des crédules ».

    Toutes ces tendances ne sont pas nouvelles, mais leur convergence au cours des dernières années a désormais des conséquences politiques notables : en premier lieu des transformations du jeu électoral dans nombre de pays, mais aussi une mutation de la tonalité du débat politique : des acteurs majeurs tels que le président des Etats-Unis ou des candidats à l’élection présidentielle française tiennent par exemple des propos d’une violence croissante à l’égard des médias (les percevant comme une faction hostile et non pas comme l’écho de la diversité des opinions publiques). Une forte créativité sémantique a été déployée pour tenter de définir cette nouvelle ère : « post-vérité », « faits alternatifs », « fausses nouvelles », « infox », mélangeant parfois des phénomènes de nature différente sous le même vocable.

    La ligne directrice qui donne un air de parenté à des phénomènes et des thèmes très divers avance que notre époque est fondamentalement marquée par une crise épistémologique. Plusieurs auteurs ont déjà accusé le post-modernisme, qui postule l’impossibilité de l’établissement d’une vérité universelle, d’être responsable du relativisme contemporain. Je voudrais ici plutôt montrer que cette crise épistémologique prend la forme de l’entrelacement dans l’espace public des versions abâtardies de trois approches épistémologiques parfaitement respectables par ailleurs : le doute cartésien, les relations entre pouvoir et savoir analysées par Foucault, et le déconstructionnisme inspiré de Derrida. Deux de ces auteurs sont certes post-modernes, mais le problème tient plus à leur mauvaise compréhension qu’au post-modernisme lui-même (Descartes n’étant de toute façon par définition pas post-moderne). Nous employons volontairement le terme « abâtardies » plutôt que « vulgarisées » : la vulgarisation est une activité noble consistant à transmettre et diffuser largement les résultats de la recherche scientifique dans des formats appropriés au plus grand nombre, là où la crise épistémologique provient d’une compréhension partielle et biaisée des trois approches mentionnées.

    Identifier et tenter de résoudre cette crise épistémologique est un enjeu politique majeur pour le fonctionnement de nos démocraties.

    • Mi figue mi raisin, plein de réflexions intéressantes sur la vraie manière de douter scientifiquement sans tomber dans le complotisme, mais en évacuant un peu (beaucoup) rapidement les critiques sociales, les critiques sur la production de l’information (tout en concédant qu’il y a quelques problèmes, mais je parle de la critique radicale sur la collusion sociologique entre les journalistes, et les gens de pouvoir) et les critiques sur la production scientifique.

      Par une personne faisant évidemment partie du monde de la recherche (et il prédit le genre de critique qui suit) et qui défend un peu son pré carré d’expertise. Tout en étant intéressant, ça fait un peu « on voudrait la même chose, la même organisation sociale, mais avec des experts, des technocrates, un peu plus vertueux » (demande quelque peu courante et ancienne).

      #critique #doute_méthodique #complotisme #information #journalisme #science #recherche