• Au Québec, de plus en plus d’Haïtiens fuient les Etats-Unis pour trouver refuge au Canada
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    Au Québec, de plus en plus d’Haïtiens fuient les Etats-Unis pour trouver refuge au Canada
    Par Eliott Dumoulin (Montréal, correspondance)
    Jameson (qui utilise un prénom d’emprunt par crainte de représailles) s’apprête à parler, mais sa respiration se coupe, il s’effondre, son front posé contre la table. La chaleur qui étouffe Montréal, en ce début juillet, n’en est pas la cause : « C’est le stress, je suis épuisé », raconte-t-il, essoufflé. Le trentenaire est à bout. De l’Etat américain du New Jersey au canapé du centre d’hébergement La Traverse, dans le nord de Montréal, au Canada, il vient d’accomplir un périple de 700 kilomètres.
    Arrivé la semaine précédente au Québec, après avoir roulé longtemps, puis traversé à pied une forêt de la Nouvelle-Angleterre, il a rejoint la trentaine de demandeurs d’asile hébergés ici, dans le presbytère d’une église de la communauté haïtienne. « La forêt, c’était dur. Et je voyais des voitures de police au loin, j’avais tout le temps peur », détaille-t-il. Mais il ne voulait plus rester un jour de plus aux Etats-Unis, où il vivait depuis un an, par crainte d’être renvoyé rapidement en Haïti, où il a déjà subi des violences, dont il garde un tibia cassé. « Il fallait que je parte au plus vite », soupire Jameson, l’œil vif et la voix saccadée.
    Comme lui, ils sont des centaines à franchir la frontière  terrestre, ces dernières semaines. Le nombre de demandes d’asile reçues au poste frontalier de Saint-Bernard-de-Lacolle – le plus fréquenté par les demandeurs d’asile haïtiens, entre New York et le Québec – a quasiment triplé par rapport à celui de 2024 (passant de 2112 entre le 1er avril et le 6 juillet 2024 à 5725 sur la même période en 2025), avec une accélération durant la première semaine de juillet (761 demandes, contre 149 en 2024). Haïti figure en tête des pays d’origine des demandeurs d’asile qui arrivent par la frontière terrestre canadienne en 2025. Ils fuient la fin annoncée du statut de protection temporaire aux Etats-Unis, un statut humanitaire accordé notamment à plus de 520 000 Haïtiens des Etats-Unis, dont certains installés depuis le séisme de 2010.
    L’administration Trump souhaitait y mettre fin dès le 2 septembre, arguant d’une amélioration de la situation en Haïti, malgré la famine et la flambée continue de violence toujours en cours. Mais le 1er juillet, un juge fédéral new-yorkais a suspendu cette décision et rétabli le statut jusqu’en février 2026. « La suppression du statut de protection temporaire ne peut qu’aggraver la crise en Haïti : pour beaucoup, le retour resterait très dangereux », assure l’avocate Suzanne Taffot, qui accompagne des demandeurs d’asile haïtiens à Montréal.
    Depuis la dictature de « Papa Doc », François Duvalier, à partir de 1957, le Canada a vu déferler plusieurs vagues d’immigration haïtienne. La communauté haïtienne compte désormais près de 180 000 personnes, dont 9 sur 10 vivent au Québec. La dernière arrivée importante remonte à la période comprise entre 2017 et 2019, dans la foulée, déjà, du refus de renouvellement du statut de protection temporaire pour 46 000 Haïtiens par la première administration Trump. Mais, depuis le 25 mars 2023, les règles ont changé, avec l’entrée en vigueur d’un protocole additionnel à l’Entente sur les tiers pays sûrs, un accord entre le Canada et les Etats-Unis qui détermine dans lequel des deux pays une demande d’asile doit être examinée. L’entente oblige les demandeurs à la présenter dans le premier de ces deux pays dans lequel ils posent le pied. Avant mars 2023, cette règle ne s’appliquait qu’aux demandes faites dans les postes frontaliers officiels. Désormais, elle concerne toute la frontière, y compris les passages irréguliers entre deux postes, ce qui ferme la porte à ceux qui tentaient d’entrer au Canada depuis les Etats-Unis par ces voies pour y demander l’asile : les personnes interceptées sont donc généralement renvoyées vers le premier pays « sûr » traversé, les Etats-Unis.
    Ce durcissement complique la tâche des Haïtiens qui tentent de fuir l’Amérique de Donald Trump pour rejoindre le voisin du Nord. Seuls ceux pouvant prouver la présence d’un membre de leur famille au Canada, les mineurs non accompagnés ou ceux qui risquent la peine de mort peuvent déposer une demande d’asile auprès d’Ottawa.
    « Les Haïtiens qui viennent en ce moment au Canada considèrent que les Etats-Unis ne sont plus un pays sûr pour eux : ils sont sur un siège éjectable là-bas, observe Audrey Macklin, professeure de droit spécialisée en immigration à l’université de Toronto. Mais Ottawa fait comme si rien n’avait changé et continue de les y renvoyer. » Plus de 2 000 demandeurs d’asile considérés comme non admissibles au Canada – tous pays d’origine confondus – ont été remis aux Etats-Unis depuis janvier. Autre symbole d’une fermeté croissante, le projet canadien de loi C-2, déposé le 3 juin à la Chambre des communes (pas encore adopté), qui vise à « moderniser le régime » de l’asile, prévoit, entre autres, de nouvelles restrictions dans les délais de demande. La fondatrice du centre d’hébergement La Traverse, Kicha Estimé, croise les doigts pour que celle de Jameson soit acceptée. « Je ne sais pas s’il va réussir à rester ici : on va tout faire pour, mais le Canada a changé, ce n’est plus le même pays », estime-t-elle. Allongé sur le canapé, Jameson a le regard qui brille malgré tout : « Je vais y arriver, Dieu est avec moi et j’ai déjà survécu à beaucoup de choses. »

    #Covid-19#migrant#migration#canada#etatsunis#haiti#asile#droit#politiquemigratoire#sante#protection

  • France : un rapport d’associations dénonce d’importantes disparités territoriales dans la prise en charge des mineurs isolés étrangers - InfoMigrants
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    France : un rapport d’associations dénonce d’importantes disparités territoriales dans la prise en charge des mineurs isolés étrangers
    Par Clémence Cluzel Publié le : 11/07/2025
    Publié jeudi 3 juillet, le rapport de deux associations de défense des droits des migrants alerte sur les nombreuses défaillances et disparités d’un département à un autre dans la prise en charge des mineurs non accompagnés étrangers en France. Ces inégalités dans l’accès au droit affectent aussi la reconnaissance de leur statut de mineur et contraignent des centaines de jeunes à survivre sans protection, dans la rue.
    "Critères subjectifs" pour déterminer l’âge, mineurs laissés à la rue, traumatismes ignorés, évaluation sommaire des documents d’identité, manque de structures adaptées... sont autant de défaillances dans la prise en charge des mineurs non accompagnés (MNA) en France dénoncées dans le rapport "Des droits au hasard du département d’arrivée ?” des associations Utopia 56 et l’Association d’Accès aux Droits des Jeunes et d’Accompagnement vers la Majorité (AADJAM), publié ce 3 juillet. L’enquête, menée entre fin 2024 et début 2025, dans 53 structures réparties dans 38 départements, dresse un constat accablant. Des "défaillances systémiques", des "dysfonctionnements administratifs" et des "disparités majeures" ont été relevés dans les départements de l’Hexagone concernant l’accueil et la prise en charge provisoire d’urgence des mineurs isolés étrangers. L’évaluation de la minorité ainsi que la mise à l’abri relèvent de la responsabilité des départements - et non de l’État - au regard de leurs compétences en matière de protection de l’enfance.
    Ainsi, "iI y a des différences de traitement importantes selon l’endroit du territoire où les jeunes arrivent", rapporte à l’AFP Angelo Fiore, membre d’Utopia 56, et corédacteur du rapport. "Cela a de lourdes conséquences dans la construction de leur avenir".
    Cet accès au droit, qui se fait “au hasard des départements d’arrivées des MNA”, entrave aussi la reconnaissance de leur minorité et accentue leur vulnérabilité. Chaque mois, de nombreuses personnes se déclarant mineures se retrouvent sans protection à la rue après avoir été décrétées majeures par les départements. Or, après dépôt d’un recours, un mineur sur deux est finalement reconnu comme tel par un juge des enfants. Durant le traitement de ce recours, qui peut durer un an et demi, les jeunes ne sont pas pris en charge par les autorités et sont ainsi livrés à eux-mêmes.
    Ces dernières années, la mission de la protection de l’enfance assurée par l’Aide sociale à l’enfance (ASE) se retrouve confrontée à la politique migratoire toujours plus répressives des autorités françaises. Celle-ci s’illustre notamment par des expulsions brutales des lieux occupés par les personnes se déclarant mineures. Selon le collectif Le Revers de la Médaille entre février et mai 2024, 828 jeunes ont été expulsés de leurs lieux de vie à Paris.
    Ces MNA sont principalement originaires de Guinée, Côte d’Ivoire, Tunisie, Bangladesh mais aussi de Gambie et du Cameroun. Majoritairement masculins, ces jeunes ont fui des conflits, des situations de violences, la pauvreté ou sont en rupture familiale. En 2024, l’ASE protégeait officiellement 13 554 MNA en France.
    Si dès son arrivée en France un mineur isolé exilé peut demander une protection dans son département d’arrivée, son premier défi est de "comprendre où et comment accéder à celle-ci", note le rapport, avec de plus grandes difficultés pour identifier un interlocuteur la nuit et les weekends. Déjà confrontés à un long parcours d’exil souvent émaillé de violences, des jeunes ont rapporté avoir été confrontés à un refus de prise en charge dans certains départements.Pourtant, la loi leur impose d’assurer un accueil provisoire d’urgence auprès des MNA pour une durée maximum de cinq jours, renouvelable par deux fois. Depuis 2013, les frais de prise en charge reviennent aux départements qui peuvent être remboursés par l’État, suivant conditions. Le montant s’élève à 90 euros journaliers durant 14 jours.
    Dans la capitale, c’est l’association France Terre d’asile qui gère l’évaluation et la mise à l’abri de ces jeunes, au sein de l’Accueil des mineurs non accompagnés (AMNA). "En moyenne, nous avons 130 jeunes qui arrivent par semaine" rapportait en avril dernier Béatrix Allan, directrice du service d’évaluation au sein de l’AMNA.“Depuis 2015, nous faisons le constat d’une augmentation croissante du nombre de jeunes se déclarant mineurs non accompagnés venus de différents pays. Alors que 1 500 jeunes se présentaient pour une évaluation en 2015, ils étaient 10 500 en 2023, avec un nombre de présentations totalement inédit. En 2024, nous estimons le nombre à 8 500” indique la Ville de Paris. Les MNA représentent aujourd’hui 30% des enfants pris en charge par cette mairie qui, de par ses compétences départementales en matière de protection de l’enfance, leur consacre un budget global de 80 millions d’euros.
    “L’année 2023 a été marquée par une forte augmentation du nombre de mineurs non accompagnés pris en charge ainsi que de personnes se présentant comme MNA entraînant une saturation des dispositifs d’accueil”, appuie la Direction générale de la Cohésion Sociale (DGCS). En juin dernier, la commission d’enquête parlementaire définissait la protection sociale de l’enfance comme un “système qui craque de toutes parts” et dans lequel les MNA sont les “oubliés des oubliés”.La Direction indique que "les services de l’État sont attentifs aux situations et aux difficultés rencontrées par les départements” et “sont pleinement mobilisés pour les soutenir". En 2024, la création d’une “instance de dialogue renforcée avec les départements” et le gouvernement a permis de dégager "sept chantiers prioritaires” dont l’un portait sur la prise en charge des mineurs non accompagnés.
    Mais si la DGCS juge qu’il y a une "bonne appropriation par les départements" du guide de bonnes pratiques édité en 2019 par le ministère en charge des Solidarités afin d’harmoniser le traitement des mises à l’abri et évaluation de minorités, les conclusions du récent rapport dressent un autre constat.
    L’accueil est loin d’être uniforme sur le territoire, certains départements mènent en effet une fronde contre ce dispositif d’accueil et prise en charge qui est coordonné par la direction de la protection judiciaire de la jeunesse (DPJJ). La Seine Saint-Denis a suspendu temporairement l’accueil de nouveaux MNA en 2011 tout comme la Mayenne et l’Alsace en 2013. Aujourd’hui encore, plusieurs départements sont peu enclins à s’acquitter de ce devoir. Sollicité par la rédaction, le département des Alpes-Maritimes, qui connait un fort afflux de migrants, dont de MNA, depuis l’Italie depuis ces dix dernières années n’a pas répondu à nos questions.
    Manque de structures adaptées, placement dans des hôtels en violation de la loi Taquet, encadrement aléatoire faute de personnel, non-respect du temps de répit avant l’évaluation, absence de bilan de santé pourtant obligatoire… Les défaillances dans la prise en charge sont nombreuses et discriminantes par rapports aux traitements appliqués aux autres enfants en France.
    “Les pratiques observées varient d’un territoire à un autre, ce qui questionne doublement sur le traitement accordé à ces enfants migrants en France” souligne le rapport. Preuve d’un manque d’harmonisation des pratiques, un jeune reconnu non mineur dans un département peut l’être dans un autre après un nouveau dépôt.
    Le déroulement des enquêtes sociales destinées à évaluer la minorité de la personne a aussi déjà été plusieurs fois épinglé, notamment en 2018 dans un rapport de l’ONG Human Rights Watch (HRW). Les entretiens express, parfois sans interprète, ainsi que la mise en doute quasi systématique de l’authenticité des documents d’identité transmis sont décriés par les associations. L’évaluation de l’âge se base également sur des critères "très subjectifs", pointe Angelo Fiore. Des "délits au facies" selon les associations qui ne prennent pas toujours en compte les traumatismes vécus et les stigmates qui peuvent affecter l’apparence physique de la personne.
    “Les consignes données aux évaluateurs sont claires : tout doute sur la minorité doit profiter au jeune”, se défend la ville de Paris qui indique avoir créé une plateforme pour renforcer les compétences des travailleurs sociaux à travers une permanence juridique et des formations pour permettre un meilleur accompagnement des MNA dans leur parcours. C’est en grande partie sur cette évaluation sociale que se base ensuite le président du conseil départemental pour statuer sur la minorité et l’isolement d’un jeune étranger isolé.
    Alors que la loi stipule effectivement qu’en cas de suspicion, le doute doit bénéficier à l’individu, la réalité est autre. Au niveau national, le taux de reconnaissance de la minorité est en baisse constante ces dernières années : d’environ 52% en 2016, il est descendu à 19% en 2021 pour légèrement remonter à 23% en 2023.
    L’accès à l’information et à la justice restent aussi difficile d’accès pour des mineurs isolés, ne parlant pas toujours la langue et ne maitrisant pas les rouages administratifs. Le recours gracieux devant un juge des enfants, seul habilité à reconnaitre la minorité, pour contester une non-reconnaissance de minorité est souvent ignoré de ces jeunes. Les délais d’attente de la procédure sont également assez longs et éprouvants.
    Jusqu’à la décision de la justice, "la présomption de minorité" doit être garantie rappelle la commission d’enquête parlementaire et permettre au présumé mineur de continuer à bénéficier de l’accueil provisoire et d’un accompagnement. Le juge des enfants a en effet la possibilité de prononcer un placement provisoire pendant le temps de l’instruction. Or selon le recensement de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) de mars 2024, un mineur en recours sur trois vivait à la rue au niveau national. Une proportion probablement sous-estimée. En situation d’extrême vulnérabilité, nombre de MNA se retrouvent à survivre dans la rue, sans aucun soutien. “Chaque jour, dix jeunes sont mis à la rue et se retrouvent sans protection”, y compris lorsqu’ils présentent des graves problèmes de santé ou qu’il s’agit de jeunes filles enceintes.
    Pourtant “dans un cas sur deux, ils sont reconnus comme mineurs après leur recours auprès d’un juge pour enfants, parfois après avoir passé plus de 18 mois à survivre à la rue”, assure le rapport. Sur 2 550 jeunes ayant saisi un juge des enfants en 2023 suite à un refus par le département, 1 550 ont été reconnus mineurs, soit 61% des cas. Cependant, beaucoup restent exclus du dispositif et sortent des radars de la protection de l’enfance. D’autres sont devenus majeurs entre temps.Les associations, à qui les départements peuvent également déléguer la prise en charge des MNA, jouent alors un rôle crucial pour pallier les carences institutionnelles dans l’hébergement, l’accompagnement ainsi que l’aide à la scolarisation des MNA. En l’absence de protection, ils sont privés d’accès à l’éducation, d’un logement ainsi que d’un suivi social, médical et psychologique. Déjà très vulnérables, ils subissent durement cette exclusion qui aggrave leur santé mentale et peut accentuer leurs traumatismes. L’insécurité et leur situation irrégulière les rendent aussi plus susceptibles d’être victimes d’exploitation par des réseaux criminels et soumis aux violences.

    #Covid-19#migrant#migration#france#MNA#politiquemigratoire#ASE#politiquemigratoire#sante#santementale#droit#minorite

  • Des opérations policières « vertigineuses » : la Mauritanie durcit sa politique migratoire sous la pression de l’Europe
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    Des opérations policières « vertigineuses » : la Mauritanie durcit sa politique migratoire sous la pression de l’Europe
    Par Abbas Asamaan (Nouadhibou [Mauritanie], envoyé spécial)
    Nouadhibou, port de pêche situé au nord de la façade maritime du pays, est depuis un quart de siècle l’un des carrefours du départ de migrants et « le ventre mou du dispositif » sécuritaire mauritanien. Mais, poussées par Bruxelles, les autorités tentent de porter un coup d’arrêt aux filières d’émigration irrégulière.
    Le capitaine de vaisseau Mohamed Salem Hamza dirige les garde-côtes mauritaniens et recèle en lui un lot d’images « cauchemardesques ». « Comment oublier ce bébé allaité par sa mère et tous deux retrouvés morts sur une plage ? », lâche l’officier, ébranlé, établi à Nouadhibou depuis un an et demi. Jusqu’à la fin de l’année 2024, « les cadavres jonchaient la plage et l’odeur était irrespirable jusqu’en ville », se souvient cet homme chargé de la surveillance des côtes et du sauvetage en mer dans cette zone devenue l’une des principales voies d’accès vers l’Europe. « Il fallait que cela cesse », ajoute-t-il.
    Port de pêche industriel, Nouadhibou est depuis un quart de siècle l’un des carrefours du départ de migrants et « le ventre mou du dispositif » sécuritaire mauritanien d’après M. Hamza, dont les « moyens restent insuffisants » avec deux patrouilleurs de haute mer, quatre vedettes et une vingtaine d’autres petites embarcations, pneumatiques compris. Selon le ministère de l’intérieur espagnol, 180 000 personnes ont ainsi rejoint illégalement les côtes des Canaries entre 2020 et 2024. Ces îles sont à trois jours de bateau de Nouadhibou, faisant ainsi de la capitale économique de la Mauritanie une base de projection des candidats à l’exil. Selon les autorités locales, 30 000 ressortissants d’Afrique subsaharienne y seraient désormais installés.
    Cet afflux, conjugué à l’émoi suscité par les images de naufragés, a poussé la Mauritanie à tenter de porter, entre février et mars, un coup d’arrêt aux filières d’émigration irrégulière. Alors que la route maritime par l’Atlantique avait permis en 2024 à près de 45 000 personnes – un record – de gagner l’archipel espagnol, les arrivées ont depuis baissé drastiquement : plus de 11 300 exilés ont débarqué depuis début 2025 sur les îles contre près de 19 300 sur la même période un an plus tôt, d’après les données du ministère espagnol de l’intérieur.
    Sous la pression de Madrid et de l’Union européenne (UE) et encouragée par une aide de 210 millions d’euros, en partie dédiée à la lutte contre l’émigration irrégulière, Nouakchott a donc opéré un « durcissement sur les questions migratoires », que salue M. Hamza, fier de poser devant les centaines de moteurs de bateaux confisqués qui s’étalent sous les fenêtres de son bureau. La réaction est tout d’abord intervenue à Lagouira, zone frontalière avec le Sahara occidental, mais contrôlée de fait par les forces mauritaniennes, dont les plages du Cap-Blanc ont vu partir les cayucos (pirogues) des migrants pour les Canaries. 88 réseaux de passeurs, la plupart à Nouadhibou, ont été démantelés au premier trimestre 2025 et seules deux embarcations ont pu partir de Lagouira, indique une source policière.
    Puis, la répression a débordé sur Nouadhibou. Des rafles, ciblant officiellement les sans-papiers, sont menées sur tout le territoire depuis fin février. Dans la rue, sur les chantiers, dans les salons de coiffure, dans les stations-service, sur les marchés, dans les champs et les mines… Entre janvier et avril, les autorités mauritaniennes assurent avoir expulsé « 30 000 personnes en situation irrégulière ».
    Un chiffre probablement sous-estimé car, pour la seule communauté malienne, au moins 27 000 de ses ressortissants auraient été renvoyés dans leur pays en guerre, d’après des sources au sein de cette communauté. Issiaka Traoré, à la tête des « Maliens de Mauritanie », l’une des communautés étrangères les plus nombreuses, raconte des opérations policières « vertigineuses ». Le 3 mars reste « [son] pire souvenir », lorsque « 524 Maliens ont été arrêtés en une seule journée et tous expulsés », déplore ce professeur marié à une Mauritanienne. « Des enfants de 10 ans ont passé une semaine de détention », relate Abdoulaye Diallo, de l’association d’aide aux migrants Ensemble pour un avenir meilleur (EPAM), basée à Nouakchott. Plusieurs cas de viols ont été recensés par des ONG mauritaniennes et des policiers ont extorqué des détenus, d’après des témoins rencontrés par Le Monde.
    Les opérations policières ont été pratiquées au faciès, ciblant exclusivement les personnes de couleur noire. « Etrangement, parmi les interpellés et les refoulés, il n’y a aucun Marocain ou Pakistanais, s’offusque le député de l’opposition Khally Diallo, alors que les réseaux de traite des migrants établis en Mauritanie attirent depuis des années des candidats à l’exode en Europe venus d’Afrique, mais aussi de Syrie et du sous-continent indien. Pour appuyer son propos, l’élu évoque les cas de « cinq Négro-Mauritaniens arrêtés puis refoulés » avant que l’Etat mauritanien ne s’en rende compte et les rapatrie. Contacté, le ministère de l’intérieur n’a pas souhaité répondre.
    Ces opérations policières ont par ailleurs été appuyées par des discours stigmatisants de personnalités du pouvoir. « Les migrants, on doit même aller les chercher dans leur maison ! », lançait, le 24 mai, Ahmedna Ould Sidibe, le wali (gouverneur) du Trarza (sud) sous les vivats d’une assemblée de Beidanes, la minorité des Maures blancs qui contrôle toujours les leviers du pouvoir en Mauritanie. « Si vous voyez un étranger qui n’est pas en règle, vous le signalez et le dénoncez », appelait-il.
    Cette traque a suscité l’effroi des migrants en situation irrégulière. Même les étrangers qui se pensaient protégés, comme les titulaires d’une carte de réfugié – on en dénombre plus de 176 000 dans le pays d’après le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) – se sont retrouvés dans le viseur. Moussa (un prénom d’emprunt), ancien chauffeur routier qui a fui le Mali il y a dix ans après avoir été menacé à quatre reprises par les djihadistes, se terre aujourd’hui dans un lieu tenu secret. « Après les premières rafles début mars, je n’osais plus sortir de chez moi, explique-t-il. Je n’allais plus au marché travailler, on se sent persécutés. » Pour un impayé d’une « centaine d’euros » sur son loyer, des proches de son propriétaire, installé en Angola, l’ont menacé de mort. Ses deux plaintes déposées à la police sont restées lettres mortes.
    Comme Moussa et sa famille, des centaines de ressortissants d’Afrique subsaharienne, contraints de changer de domicile, sont désignés comme des ennemis de l’intérieur, selon les ONG mauritaniennes. Plus de 4 100 autres souhaitent rentrer dans leur pays d’origine, souligne l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Du jamais vu. « Dans ces opérations policières, la dimension raciale et raciste est évidente, alerte Sonia Haidara, une militante féministe qui, devant l’ampleur de la crise, a transformé son centre d’aide aux femmes victimes de violences sexuelles en hébergement d’accueil d’urgence aux migrants. Face aux abus, le pouvoir a certes affiché son opposition mais, en réalité, il se radicalise. » Le raidissement du pouvoir s’est encore accentué lors du procès d’Ablaye Ba, figure de l’Initiative pour la résurgence abolitionniste – mouvement fondé pour l’abolition de l’esclavage, criminalisé depuis 2007, mais dont certaines pratiques demeurent en Mauritanie – et bête noire du régime. Pour avoir critiqué les opérations en cours, le militant a été condamné, le 6 juin, à six mois de prison ferme pour « incitation à la haine raciale ».
    La gestion de la crise migratoire suscite pourtant un mécontentement grandissant. Face à « une crise sans précédent », prévient Khally Diallo, l’élu et d’autres ont aussi dirigé leurs critiques contre l’UE, accusée d’être « complice » du régime. « Par ses dotations financières colossales, l’Europe a versé de l’huile sur le feu. Si l’UE continue de soutenir ce régime qui arrête massivement et expulse abusivement en bafouant les droits les plus élémentaires, on court à notre perte », s’inquiète-t-il. Selon les données européennes, entre 2024 et 2027, l’Europe devrait engager plus de 950 millions d’euros en Mauritanie.
    Les conséquences de cette politique sont déjà visibles pour l’économie mauritanienne, fortement dépendante de la main-d’œuvre étrangère. Taxis, ménage, pêche et mines d’or artisanales, BTP… Des pans entiers de l’économie manquent de bras. A Nouakchott, le prix d’une brique et le salaire journalier des manœuvres ont presque doublé. Comme une centaine d’autres briqueteries de la capitale, celle de Kalidou Sy est moribonde.
    « Quotidiennement, les agents du ministère de l’emploi viennent inspecter », témoigne l’entrepreneur qui employait cinq Maliens. Plusieurs ont été arrêtés et refoulés. « C’est du harcèlement sous couvert d’une directive pour “mauritaniser” l’emploi », dénonce-t-il. Le lendemain de notre rencontre, sa société a été fermée et M. Sy recherchait dans les commissariats un employé disparu, probablement interpellé par la police.
    Par sa dénonciation de la présence de migrants subsahariens, l’aile dure du régime a réveillé les vieux démons du pays. Les rafles ont ravivé celles d’une tout autre ampleur survenues après 1989, lorsqu’un conflit frontalier précipita la Mauritanie et le Sénégal au bord de la guerre. En Mauritanie, comme le relata en 1994 l’ONG Human Rights Watch dans son rapport « Campagne de terreur », sans le dire, une campagne d’« épuration ethnique mais qui en avait les effets » fut menée.Des dizaines de milliers de Négro-Mauritaniens furent expulsés de leurs terres, des centaines de fonctionnaires noirs arrêtés, torturés, et tués. « 1989, c’est encore vivant dans les esprits, rappelle Aminetou Mint El-Moctar, défenseuse des droits humains, sélectionnée pour le prix Nobel de la paix, en 2015. On ne peut pas soigner les événements racistes du passé en commettant de nouveaux crimes racistes. »

    #Covid-19#migrant#migration#mauritanie#UE#espagne#subsaharien#politiquemigratoire#droit#sante

  • En Californie, heurts entre des défenseurs des droits des migrants et des agents de l’immigration lors d’opérations dans des fermes de cannabis
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    En Californie, heurts entre des défenseurs des droits des migrants et des agents de l’immigration lors d’opérations dans des fermes de cannabis
    Le Monde avec AFP
    Des agents fédéraux de l’immigration ont mené, jeudi 10 juillet, des perquisitions dans deux exploitations de cannabis en Californie, qui ont provoqué un affrontement avec une centaine de manifestants, entraînant des tirs de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc. Des heurts se sont produits avec des défenseurs des droits des migrants autour d’une plantation légale de cannabis de Camarillo, située à une soixantaine de kilomètres à l’ouest de Los Angeles.
    Un homme, filmé par ABC News, apparemment en train de tirer sur des agents du Service des douanes et de la protection des frontières des Etats-Unis (CBP), est recherché, avec « une récompense de 50 000 dollars pour toute information », a fait savoir sur son compte X le procureur des Etats-Unis par intérim pour le district central de Californie, Bill Essayli.
    « La rhétorique dangereuse des politiciens de l’Etat de Californie alimente les agressions contre les agents fédéraux chargés de faire respecter les lois sur l’immigration. Leurs paroles imprudentes encouragent implicitement la violence et aggravent les tensions. Mais nous ne reculerons pas », a assuré cet ancien élu républicain, qui a été nommé en avril par la ministre de la justice, Pam Bondi.
    Le patron du CBP, Rodney S. Scott, a déclaré que la découverte de dix mineurs dans l’établissement, dont huit mineurs non accompagnés en situation irrégulière, avait déclenché une enquête sur d’éventuelles violations du droit du travail des mineurs, qualifiant cette situation de « Californie de Newsom ».
    Le gouverneur démocrate de l’Etat, Gavin Newson, a riposté sur les réseaux sociaux, accusant le président Donald Trump de cibler les familles et les travailleurs agricoles tout en défendant le bilan de la Californie en matière de poursuites contre l’exploitation des enfants. M. Newsom a dénoncé « des enfants qui fuient les gaz lacrymogènes, qui pleurent au téléphone parce que leur mère vient d’être enlevée dans les champs », et qualifié M. Trump de « véritable ordure ». Des affrontements ont aussi eu lieu dans une autre plantation de cannabis située à une cinquantaine de kilomètres plus à l’ouest de Camarillo, à Carpinteria. Ces deux raids interviennent alors que l’administration Trump a intensifié sa répression de l’immigration à travers le pays, ciblant ce qu’elle dit être des entreprises criminelles exploitant des populations vulnérables.

    #covid-19#migrant#migration#etatsunis#californie#politiquemigratoire#droit#sante#expulsion

  • A Los Angeles, la police de l’immigration doit cesser ses contrôles au faciès, ordonne une juge fédérale
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/07/12/a-los-angeles-la-police-de-l-immigration-doit-cesser-ses-controles-au-facies

    A Los Angeles, la police de l’immigration doit cesser ses contrôles au faciès, ordonne une juge fédérale
    Le Monde avec AFP
    Une juge fédérale a ordonné, vendredi 11 juillet, à l’administration Trump de prendre des mesures pour éviter les contrôles au faciès à Los Angeles, lors des arrestations musclées de migrants qui se multiplient depuis un mois autour de la mégapole californienne.
    Elle donne ainsi raison à plusieurs migrants, à deux citoyens américains, et aux associations qui les ont aidés à porter plainte, début juillet. Ces personnes estimaient avoir été victimes de contrôles arbitraires, et elles dénonçaient également des obstructions pour avoir accès à un avocat en détention.
    « Ce que le gouvernement fédéral voudrait faire croire à cette cour – malgré la montagne de preuves présentées dans cette affaire –, c’est que rien de tout cela ne se produit réellement », a dénoncé la magistrate, Maame Ewusi-Mensah Frimpong.
    Sa décision, qui s’applique à Los Angeles et dans six autres comtés de Californie, interdit à la police de l’immigration (Immigration and Customs Enforcement, ICE) de procéder à des arrestations sans motif valable sur la base de quatre facteurs, seuls ou combinés : l’origine ethnique, le fait de parler espagnol ou anglais avec un accent étranger, le métier d’un individu ou le fait qu’il se trouve dans un lieu particulier – comme un arrêt de bus, un lavage auto, une ferme ou un magasin de bricolage.
    L’intensification des descentes de la police de l’immigration dans ce genre de lieux, dans des zones connues pour être fréquentées par des Latino-Américains, fait polémique depuis début juin à Los Angeles. Une grande partie de la communauté latino se sent injustement visée, et des manifestations de protestation ont eu lieu en juin, dégénérant parfois en violences.La Maison Blanche a réagi, vendredi en fin de journée. « Aucun juge fédéral n’a le pouvoir de dicter la politique d’immigration – ce pouvoir appartient au Congrès et au président, a déclaré une porte-parole, Abigail Jackson. Les opérations d’application de la loi nécessitent une planification et une exécution minutieuses, des compétences qui dépassent largement le cadre [ou la compétence] d’un juge. Nous nous attendons à ce que cet abus flagrant de l’autorité judiciaire soit corrigé en appel. »
    Quelques heures avant la décision, le responsable de la politique d’expulsions massives ordonnée par Donald Trump, Tom Homan, a défendu l’usage de l’apparence physique comme critère pouvant motiver une arrestation.
    Le gouverneur démocrate de Californie, Gavin Newsom, a salué une décision qui « met un terme temporaire aux violations des droits des personnes et au profilage racial par les fonctionnaires fédéraux de l’immigration. » « Le programme de Stephen Miller [l’architecte de la politique antimigrants de M. Trump] en matière d’immigration est un programme de chaos, de cruauté et de peur. (…) Cela doit cesser maintenant », a ajouté M. Newsom dans son communiqué.
    Le climat continue d’être tendu autour de Los Angeles, mégapole démocrate érigée en contre-exemple par l’administration Trump. Vendredi, un ouvrier agricole est mort à la suite d’une chute lors d’un raid de l’ICE dans une ferme de cannabis légale, dans le comté de Ventura, à une heure de la ville. Des milliers de soldats de la garde nationale sont toujours déployés dans la région, les opérations antimigrants y sont quotidiennes et le gouvernement conteste en justice son statut de « ville sanctuaire », qui limite la coopération des forces de l’ordre locales avec la police de l’immigration.

    #covid-19#migrant#migration#etatsunis#droit#politiquemigratoire#ICE#expulsion#sante#californie

  • En Californie, un ouvrier agricole meurt après une descente de la police de l’immigration dans des fermes de cannabis
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/07/12/en-californie-un-ouvrier-agricole-meurt-apres-une-descente-de-la-police-de-l
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    En Californie, un ouvrier agricole meurt après une descente de la police de l’immigration dans des fermes de cannabis
    Le Monde avec AFP
    Un ouvrier agricole est mort, vendredi 11 juillet, après avoir été grièvement blessé la veille lors d’une chute durant une descente de la police de l’immigration près de Los Angeles, dans des fermes légales de cannabis où des affrontements entre agents et manifestants ont eu lieu. « La famille m’a informé qu’il se trouvait en soins intensifs, et ce matin, elle a confirmé qu’il était décédé », a expliqué sur place à l’Agence France-Presse (AFP) Roman Pinal, vice-président de United Farm Workers, un grand syndicat agricole américain. L’homme serait tombé du toit d’une serre alors qu’il tentait d’échapper aux agents de l’immigration, selon le Los Angeles Times.
    L’opération menée par ICE, la police de l’immigration, avec le renfort de la Garde nationale, a eu lieu jeudi à Carpinteria et à Camarillo, deux communes rurales du comté de Ventura, situées à un peu plus d’une heure de route de Los Angeles.Les agents fédéraux ont « arrêté environ 200 étrangers en situation irrégulière sur les deux sites », et « ont essuyé des coups de feu » de la part d’un tireur « toujours en fuite », a précisé, de son côté, le ministère de la sécurité intérieure dans un communiqué. « Plus de 500 émeutiers ont tenté de perturber les opérations », a ajouté le ministère, en expliquant que les agents agissaient avec des « mandats d’arrêt ».
    Les images des médias locaux montrent des agents masqués en tenue antiémeutes disperser des dizaines de protestataires avec du gaz lacrymogène, et certains manifestants jeter des projectiles sur les voitures de police. Sur une vidéo captée par la chaîne ABC7, un homme semble brandir un pistolet en direction des forces de l’ordre. La police fédérale (FBI) « offre désormais une récompense de 50 000 dollars [soit 42 700 euros] pour toute information permettant l’arrestation de cet émeutier violent », selon le ministère.
    Vendredi soir, Donald Trump a ordonné, sur sa plateforme Truth Social, à tout agent fédéral « qui serait victime de jets de pierres, de briques ou de toute autre forme d’agression, d’arrêter leur voiture et d’arrêter ces raclures, en utilisant tous les moyens nécessaires pour y parvenir. » « Je ne veux plus jamais voir une voiture transportant un agent des forces de l’ordre être attaquée ! », a-t-il insisté, en dénonçant « un mépris total pour la loi et l’ordre ».
    Au cours de l’opération, la police a trouvé « dix enfants migrants », que les autorités estiment avoir « sauvés d’une exploitation potentielle, de travail forcé ». L’entreprise Glass House, propriétaire des deux fermes visées par la police, a assuré dans un communiqué qu’elle « n’a jamais sciemment enfreint les pratiques d’embauche applicables et n’emploie pas ni n’a jamais employé de mineurs ».
    Vendredi, la ferme de Camarillo était de nouveau calme, a constaté une journaliste de l’AFP. Des dizaines de proches des travailleurs arrêtés faisaient la queue, désemparés, face à des agents de sécurité qui les laissaient rentrer sur l’exploitation pour récupérer leurs affaires et le solde de leur paie.
    Des milliers de soldats de la garde nationale sont toujours déployés dans la région, les opérations antimigrants y sont quotidiennes et l’administration Trump conteste en justice le statut de « ville sanctuaire » de la mégapole démocrate, qui limite la coopération des forces de l’ordre locales avec la police de l’immigration. Lundi, la maire Karen Bass a confronté une foule d’agents fédéraux à cheval et lourdement armés lors d’une opération organisée dans un parc prisé des Latinos, en dénonçant une opération « scandaleuse ».

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#latino#politiquemigratoire#ICE#expulsion#droit#sante

  • Une Gazaouie obtient le statut de réfugiée en France en raison des « persécutions » de l’armée israélienne à l’encontre des Palestiniens
    https://www.lemonde.fr/guerre-au-proche-orient/article/2025/07/11/une-gazaouie-obtient-le-statut-de-refugiee-en-raison-des-persecutions-de-l-a

    Une Gazaouie obtient le statut de réfugiée en France en raison des « persécutions » de l’armée israélienne à l’encontre des Palestiniens
    Par Julia Pascual
    La situation de violence à Gaza est telle que les Palestiniens qui y vivent peuvent obtenir le statut de réfugié en raison des persécutions qu’ils subissent de la part des forces armées israéliennes, estime la Cour nationale du droit d’asile (CNDA). Vendredi 11 juillet, la juridiction administrative a rendu une décision qui fait jurisprudence, en se fondant sur les méthodes de guerre utilisées par l’armée israélienne depuis la fin du cessez-le-feu en mars.
    Jusque-là, les Palestiniens de Gaza pouvaient se voir accorder une protection subsidiaire en France compte tenu de la situation de violence aveugle d’intensité exceptionnelle résultant du conflit armé entre les forces du Hamas et l’armée israélienne. La décision de vendredi marque une étape, puisqu’elle reconnaît une « persécution » à leur encontre, qui justifie l’octroi du statut de réfugié, mieux-disant que la protection subsidiaire.
    « La portée en fait est très limitée car les sorties de Gaza sont peu nombreuses, mais en droit, c’est important », insiste Maya Lino, l’avocate de la requérante gazaouie à l’origine de la décision et membre du Collectif des avocats France-Palestine. La CNDA avait déjà jugé, en 2024, que les Palestiniens protégés par l’ONU pouvaient bénéficier du statut de réfugiés, au vu de la situation à Gaza et de la défaillance de l’ONU sur place.
    Mme H. et son fils mineur ne relevaient pas de cette catégorie. Ils avaient saisi la CNDA en faisant valoir le fait que l’« armée israélienne a recours à des techniques de guerre indiscriminées contre les populations civiles [qui] reposent sur leur nationalité palestinienne ». Mme H. estimait donc relever de la convention de Genève de 1951 sur les réfugiés. Agée de 47 ans, elle résidait à Beit Lahya, dans le nord de la bande de Gaza. Sa maison a été partiellement détruite lors d’un bombardement et son fils de 11 ans a alors été blessé aux jambes. Pris en charge par l’ambassade de France, ils ont été exfiltrés en Egypte, puis accueillis en France en janvier 2024.
    Pour examiner leur demande, la CNDA s’est appuyée sur les sources documentaires publiques disponibles, en particulier celles des Nations unies. Elle relève ensuite que « les méthodes de guerre employées par les forces israéliennes dans la bande de Gaza conduisent à un nombre important de victimes et de blessés civils dont une majorité de femmes et d’enfants, une destruction à grande échelle d’infrastructures essentielles à la population civile, comme des points d’approvisionnement et de distribution d’eau et d’électricité, d’hôpitaux ou des écoles et des déplacements forcés de population ».
    En outre, « les entraves et blocages à l’acheminement de l’aide humanitaire créent un niveau de crise d’insécurité alimentaire pour l’ensemble de la population gazaouie ». Des méthodes « suffisamment graves du fait de leur nature et de leur caractère répété pour pouvoir être regardées comme des actes de persécution ».Ensuite, la juridiction française estime que ces persécutions sont liées à une « nationalité ». En octroyant le statut de réfugié à Mme H. et son fils, elle considère qu’« ils craignent, avec raison, en cas de retour (…) d’être personnellement persécutés du fait de cette “nationalité” par les forces armées israéliennes qui contrôlent une partie substantielle de [la bande de Gaza] », détaille la Cour dans un communiqué de presse publié vendredi.
    Pour examiner la requête de Mme H. , la CNDA s’était réunie en grande formation, une composition de neuf juges (dont le président de la CNDA), au lieu de trois habituellement, qui permet d’harmoniser la jurisprudence soit sur une question juridique nouvelle, soit sur l’appréciation d’une situation géopolitique.
    La France traite peu de demandes d’asile en provenance des Territoires palestiniens occupés. En 2023, l’Office français de protection des réfugiés et apatrides a ainsi reçu 204 premières demandes, puis 230 en 2024 et 100 entre janvier et mai 2025. L’offensive israélienne menée en représailles des attaques terroristes du 7 octobre 2023 a fait près de 58 000 morts à Gaza, en majorité des civils, selon le ministère de la santé du Hamas, dont les chiffres sont jugés fiables par l’ONU.

    #Covid-19#migrant#migration#france#palestine#gaza#israel#refugie#CNDA#sante#droit

  • DIAGRAMMES
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    Le monde se droitise à une cadence infernale.

    Le mouvement qui l’emporte est concurremment imprimé par des potentats qui invoquent la sécurité de leur peuple pour remodeler leur voisinage, des oligarques qui profitent de leur proximité avec le pouvoir pour faire main basse sur les ressources de l’État, et des faiseurs d’opinions payés par les seconds pour légitimer les basses œuvres des premiers. Mais sa trajectoire bénéficie en outre de la complaisance d’acteurs politiques et d’experts censément attachés au droit et à la raison, ainsi que de la perméabilité croissante des électorats aux désirs d’épuration que nourrit le ressentiment. Parce qu’entraver la poursuite d’une telle dérive suppose d’abord de mieux la comprendre, Diagrammes ambitionne de rejoindre le réseau des sites où les composantes de l’actuel « cap au pire » sont inventoriées et analysées.

    Pour rendre compte de ce qui nous arrive, on misera sur le développement mais aussi sur le croisement de cinq programmes. Le premier sera consacré aux mutations du capitalisme depuis la crise de 2008, et notamment à l’emprise croissante qu’y exercent les gestionnaires d’actifs et les nouveaux « barons voleurs ». Le deuxième traitera de l’émergence d’un ordre géopolitique inédit, dont le caractère multipolaire est aussi irréductible à la configuration de la première guerre froide qu’au modèle d’une « communauté internationale » régie par les États-Unis et leurs alliés. Troisièmement, on s’emploiera à dresser une typologie des extrêmes droites – car celles-ci agitent diversement leurs phobies communes – et de leurs modes de croissance. Le quatrième programme portera quant à lui sur l’évolution des formes de mitigation et de déni dont l’urgence climatique fait l’objet. Enfin, le cinquième est en quelque sorte le symétrique des précédents, puisqu’il traitera des leçons que les gauches devraient tirer des évolutions en cours.

    Diagrammes fera paraître en ligne une nouvelle édition toutes les trois semaines : dans chacune d’elles figureront de longs entretiens avec des chercheurs, des journalistes et des activistes dont le travail concerne l’un des cinq programmes ou se situe à l’intersection de plusieurs d’entre eux. Ces entretiens seront filmés et accompagnés d’un dossier destiné à les introduire, à les étayer et à les relier entre eux. L’objectif poursuivi est en effet de faire connaître des travaux éclairants mais aussi de souligner leurs résonances, et ainsi de construire un prisme capable d’augmenter la lucidité de celles et ceux qui ne se résignent pas à l’allure du présent.

  • Les États-Unis imposent des sanctions à la Rapporteuse spéciale de l’ONU sur le TPO

    + États-Unis. Les sanctions contre la rapporteuse spéciale des Nations unies Francesca Albanese constituent un affront à la justice internationale
    + Francesca Albanese, enquêtrice de l’ONU à Gaza, estime que les sanctions américaines à son encontre sont un signe de « culpabilité »
    + Chris Hedges : La persécution de Francesca Albanese

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2025/07/12/les-etats-unis-imposent-des-sanctions-a-la-rap

    #international #droit #usa

  • Libye : Tripoli annonce un plan anti-immigration lors d’une visite dans le pays de plusieurs ministres européens - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/65659/libye--tripoli-annonce-un-plan-antiimmigration-lors-dune-visite-dans-l

    Libye : Tripoli annonce un plan anti-immigration lors d’une visite dans le pays de plusieurs ministres européens
    Par La rédaction Publié le : 09/07/2025
    La Libye a annoncé mardi un plan pour lutter contre l’immigration irrégulière vers son territoire lors d’une réunion avec le commissaire européen chargé des questions migratoires, les ministres italien et maltais de l’Intérieur, ainsi que le ministre grec des Migrations. Depuis le début de l’année, les arrivées en Italie depuis la Libye ont augmenté de 50%. La délégation européenne, qui espérait aussi trouver un accord avec le gouvernement de l’est libyen, a été refoulée à son arrivée à l’aéroport de Benghazi.
    Mardi 8 juillet, une rencontre à Tripoli, la capitale libyenne, a réuni Magnus Brunner, commissaire européen chargé des questions migratoires, les ministres italien et maltais de l’Intérieur, Matteo Piantedosi et Byron Camilleri, le ministre grec des Migrations, Thanos Plevris ainsi qu’Abdelhamid Dbeibah, le chef du gouvernement d’unité nationale. Cette visite a pour objectif de renforcer la coopération entre l’Union européenne (UE) et les autorités libyennes dans la lutte contre la migration illégale, qui a connu une forte accélération ces derniers mois.
    À l’issue de cette réunion, Abdelhamid Dbeibah a annoncé « une vaste campagne nationale [qui] va être déployée avec le soutien de plusieurs pays amis pour lutter contre la traite des êtres humains ».
    Hausse de 50% des arrivées de Libye

    Carte de la Libye à l’appui, le ministère libyen de l’Intérieur, Imad Trabelsi, a présenté les grands axes de ce plan : renforcement de la présence sécuritaire et des contrôles dans les villes, en mer et aux frontières, expulsion d’une partie des migrants, régularisation de « ceux dont le marché de l’emploi libyen a besoin ».Le ministre a affirmé qu’en Libye, pays qui compte environ sept millions d’habitants, il y a « entre trois et quatre millions de migrants entrés illégalement (...) que nous encourageons à repartir ».
    Le responsable libyen a mis l’accent sur la nécessité d’un « soutien politique » à la Libye de la part de l’UE et des pays concernés par les flux migratoires. « La question migratoire ne peut être résolue sans le soutien des pays amis. (...). Le problème est plus grand que les capacités de notre pays », a-t-il souligné.
    Ces derniers mois, la route libyenne qui mène de l’ouest de la Libye vers l’Italie est à nouveau largement empruntée par les exilés. Au cours du premier semestre 2025, 30 060 migrants ont débarqué sur le sol italien, contre 26 131 à la même période en 2024. Soit une hausse de 15%, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur. Parmi ces quelque 30 000 exilés arrivés en Italie cette année, 27 000 avaient pris la mer depuis une plage libyenne, soit une hausse de près de 50% (14 684 personnes recensées en 2024 sur les six premiers mois de l’année) par rapport à l’année passée.
    Les départs depuis la Tunisie ont en revanche fortement chuté : on compte près de 2 000 arrivées sur le sol italien depuis janvier, contre plus de 10 000 à la même période de 2024. « La vie en Tunisie est devenue si difficile qu’on peut imaginer un déplacement [du flux migratoire] vers la Libye », a expliqué la semaine dernière Sara Prestianni, directrice de plaidoyer à l’association EuroMed Rights, contactée par InfoMigrants.
    Après cette visite à Tripoli, la délégation européenne espérait rencontrer les autorités de l’est libyen. Mais les responsables politiques ont été déclarés mardi « persona non grata » et invités à quitter le territoire libyen à leur arrivée à l’aéroport de Benghazi. L’ordre a été donné par le gouvernement de stabilité nationale (GNS), rival du gouvernement d’unité nationale (GNU) reconnu par la communauté internationale. Le premier contrôle la ville de Benghazi et le second celle de Tripoli. Dans un communiqué, le Premier ministre de l’ouest libyen, Oussama Hammad, a qualifié cette visite de « violation flagrante des normes diplomatiques établies et des conventions internationales », et a dénoncé des « actions qui ne tiennent manifestement pas compte de la souveraineté nationale de la Libye ».
    Plongée dans le chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est devenue une plaque tournante pour des dizaines de milliers de personnes cherchant à gagner l’Europe par la mer au péril de leur vie. Les plages de l’ouest de la Libye sont des zones de départs bien connues des exilés qui souhaitent atteindre l’île italienne de Lampedusa, située à plus de 300 km des rives libyennes. Mais ces dernières années, face au renforcement des contrôles dans cette région, une autre route se développe : celle qui part de Tobrouk, à l’est de la Libye, vers la Grèce. Au cours des quatre premiers moi de 2025, « l’afflux en provenance de Libye [a] augmenté de 174% », avait affirmé fin mai Makis Voridis, l’ancien ministre grec des Migrations.
    Depuis un an, la petite île de Gavdos, située au large de l’île grecque et ne comptant que quelque 200 habitants, est devenue une zone d’arrivées pour les migrants partis des rives de l’est libyen. Les plages de Tripiti et Karave voient débarquer ces derniers mois un afflux d’exilés sans précédent, principalement des Égyptiens, mais aussi des Pakistanais, Bangladais, Soudanais et Yéménites.
    Au total, 5 161 ont débarqué à Gavdos et en Crète l’an dernier, soit six fois plus qu’en 2023, où l’on comptait 815 arrivées.
    L’UE se rend « complice d’horribles violations des droits humains »
    Cette nouvelle visite d’une délégation de l’UE est vivement critiqué par les ONG. Amnesty International a affirmé mardi que la coopération migratoire de l’Union européenne avec la Libye était « dépourvue de moralité » et revenait à « se rendre complice d’horribles violations des droits humains ».L’ONG a évoqué les « conditions épouvantables » auxquelles sont confrontés migrants et réfugiés en Libye, et a appelé l’UE à « réévaluer en urgence » son soutien « aux autorités et aux milices libyennes ».
    Depuis 2017, un accord entre la Libye et l’Italie soutenue par Bruxelles autorise Tripoli à prendre en charge la coordination des sauvetages en Méditerranée centrale (tâche qui incombait auparavant à Rome ou à La Valette, à Malte). Le but : « endiguer » les arrivées de migrants en Europe. Depuis cet accord, non seulement la Libye est autorisée à arrêter les embarcations de migrants qui partent de ses côtes, mais le pays bénéficie aussi d’une aide financière et logistique de l’Union européenne : Rome équipe les autorités libyennes et les forme aux interceptions. Lorsqu’ils sont interceptés en mer par les gardes-côtes libyens, les migrants sont envoyés dans des prisons gérées par le département de lutte contre l’immigration illégale (DCIM) où les abus, les tortures, les viols, les travaux forcés, la malnutrition… sont légion. Pour en sortir, les exilés doivent débourser une importante somme d’argent. Certains, totalement démunis, peuvent passer des années enfermés dans les geôles libyennes.
    Un récent rapport de Médecins sans frontières (MSF) a, une nouvelle fois, mis en lumière les pratiques de torture à grande échelle dont sont victimes les migrants dans le pays. De janvier 2023 à février 2025, le projet MSF à Palerme (Sicile) a aidé 160 survivants de torture ayant traversé la Méditerranée. Originaires de 20 pays - principalement du Bangladesh, de la Gambie, de la Côte d’Ivoire et du Nigeria -, ce sont en majorité des hommes (75 %) d’une moyenne d’âge de 25 ans. Dans 82 % des cas, la torture a eu lieu dans un pays de transit, en majorité en Libye. Et les formes de sévices y sont multiples et systématiques. Sur un total de 181 incidents de torture signalés, « 17 types de violences infligées ont été identifiés, notamment des coups, des coups de fouet, des brûlures, l’ablation des ongles, des décharges électriques et la suffocation, entre autres », note MSF.

    #Covid-19#migrant#migration#grece#libye#UE#mediterranee#routemigratoire#politiquemigratoire#sante#droit

  • Le Royaume-Uni annonce un accord pilote pour renvoyer en France des migrants qui arrivent illégalement par la Manche
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/07/10/le-premier-ministre-britannique-keir-starmer-annonce-un-accord-avec-paris-po

    Le Royaume-Uni annonce un accord pilote pour renvoyer en France des migrants qui arrivent illégalement par la Manche
    Le Monde avec AFP
    Le premier ministre britannique, Keir Starmer, a annoncé, jeudi 10 juillet, un accord pilote pour un échange de migrants avec la France, qui doit entrer en vigueur dans les « prochaines semaines ». Cet accord, qui doit encore être soumis à la Commission européenne avant d’être signé, repose sur le principe du « un pour un ».
    « J’ai le plaisir d’annoncer aujourd’hui notre accord sur un projet pilote inédit : pour la première fois, les migrants arrivant par petits bateaux seront arrêtés puis renvoyés rapidement en France », a déclaré le dirigeant travailliste, ajoutant qu’« en échange de chaque retour » une autre personne pourrait venir via un itinéraire contrôlé et légal. Cette dernière devra, au préalable, exprimer sa volonté, via une plateforme en ligne, de s’installer au Royaume-Uni et justifier de liens avec ce pays.
    Seuls les individus « qui n’ont pas essayé d’entrer illégalement au Royaume-Uni » seront éligibles pour cet échange, a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse avec le président français, Emmanuel Macron, à l’occasion d’une visite d’Etat de trois jours au Royaume-Uni.« Pour la première fois, les migrants arrivant par petits bateaux seront arrêtés puis renvoyés rapidement en France », a ajouté le premier ministre britannique, se réjouissant d’un accord « révolutionnaire » sur un projet susceptible de démarrer « dans les prochaines semaines ». Le sujet est délicat alors que sur les six premiers mois de l’année 2025, plus de 20 000 personnes sont parvenues à rejoindre les côtes britanniques à bord de small boats, une hausse de presque 50 % par rapport à la même période l’an dernier.
    Le président français a également déploré une « incitation » à traverser la Manche depuis le Brexit, en 2020, en expliquant qu’il n’existait depuis plus « aucun accord migratoire avec l’Union européenne ». « Il n’existe pour les candidats à la traversée ni voie d’admission légale alternative ni dispositif de réadmission à l’issue d’une traversée, et la situation actuelle crée en réalité une incitation à réaliser la traversée », a détaillé Emmanuel Macron. Il a estimé que ce projet pilote « exercera[it] un effet très dissuasif sur le modèle des passeurs et sur les traversées ». Aucune précision chiffrée n’a été donnée sur le nombre de migrants que l’accord pourrait concerner. Il doit encore être soumis à vérification juridique, selon Emmanuel Macron. L’ONG Médecins sans frontières a de son côté jugé que ce projet n’était « pas seulement absurde » mais « aussi extrêmement dangereux ».(...).

    #Covid-19#migrant#migration#france#royaumeuni#politiquemigratoire#migrationirreguliere#droit#sante

  • Un juge fédéral suspend de nouveau le décret de Donald Trump revenant sur le droit du sol
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/07/10/un-juge-federal-suspend-de-nouveau-le-decret-de-donald-trump-revenant-sur-le

    Un juge fédéral suspend de nouveau le décret de Donald Trump revenant sur le droit du sol
    Le Monde avec AFP
    Un juge fédéral américain a de nouveau suspendu, jeudi 10 juillet, le décret du président des Etats-Unis, Donald Trump, visant à revenir sur le droit du sol, l’un des plus contestés du nouveau mandat du milliardaire républicain. Cette décision s’inscrit dans le cadre d’une action de groupe par plusieurs associations au nom de toute personne née aux Etats-Unis à partir du 20 février, donc potentiellement affectée.
    Tous les tribunaux et cours d’appel qui en avaient été saisis avaient déjà suspendu sur tout le territoire l’entrée en vigueur de ce décret. Un juge fédéral de Seattle, dans l’Etat de Washington, avait suspendu ce même décret le 23 janvier, le jugeant « manifestement inconstitutionnel ».Mais la Cour suprême, à majorité conservatrice, saisie par l’administration Trump, a limité le 27 juin le pouvoir des juges de bloquer à l’échelle nationale les décisions de l’exécutif qu’ils considèrent comme illégales. L’administration Trump demandait à la Cour non pas de lever la suspension de son décret à ce stade, mais de limiter la portée des suspensions aux seules personnes ayant saisi la justice.
    L’influente organisation de défense des droits civiques Union américaine pour les libertés civiles (ACLU), une des associations engagées dans ce dossier, s’est félicitée dans un communiqué que cette décision « protège les droits à la citoyenneté de tous les enfants nés sur le sol américain ».« Les parents vivaient dans la peur et l’incertitude, se demandant s’ils devraient faire naître leurs enfants dans un autre Etat et si leurs bébés risquaient d’être expulsés », a expliqué Aarti Kohli, la directrice de l’ONG Asian Law Caucus, qui a salué une « victoire majeure ».
    Le juge a reporté d’une semaine l’entrée en vigueur de sa décision afin de donner le temps au gouvernement de faire appel. Cela interviendra avant le 27 juillet, échéance fixée par la Cour suprême pour permettre à l’administration Trump d’appliquer partiellement le décret, soulignent les associations. La Cour suprême n’a pas statué sur la constitutionnalité du décret présidentiel mais a autorisé les agences fédérales à élaborer et publier des directives quant à son application, à partir d’un mois après sa décision.Le décret interdit au gouvernement fédéral de délivrer des passeports, des certificats de citoyenneté ou d’autres documents aux enfants dont la mère séjourne illégalement ou temporairement aux Etats-Unis, et dont le père n’est pas citoyen américain ou résident permanent – titulaire de la fameuse « carte verte ».
    Le décret de Donald Trump, qu’il a signé le jour de son investiture, le 20 janvier, devait entrer en vigueur le 19 février. Le président avait lui-même reconnu s’attendre à des contestations devant les tribunaux. Il avait également jugé que le droit du sol est un principe « ridicule » et avait faussement affirmé que les Etats-Unis seraient « les seuls » à l’appliquer. En réalité, des dizaines de pays reconnaissent le droit du sol, dont la France, le Canada et le Mexique. Le principe du droit du sol, consacré par le quatorzième amendement de la Constitution, disposant que tout enfant qui est né aux Etats-Unis est automatiquement citoyen américain, est appliqué depuis plus de cent cinquante ans

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#politiquemigratoire#droitdusol#droit#sante#citoyennete

  • Un Tunisien menacé d’expulsion en dépit des risques de torture encourus
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/07/10/un-tunisien-menace-d-expulsion-en-depit-des-risques-de-torture-encourus_6620

    Un Tunisien menacé d’expulsion en dépit des risques de torture encourus
    Par Julia Pascual et Simon Roger
    C’est un cas qui interroge autant sur la nature du système judiciaire tunisien que sur les pratiques du gouvernement français. Vendredi 11 juillet, Mohamed Fahem devrait franchir les portes du centre pénitentiaire de Nanterre après avoir purgé une peine de six ans de prison pour association de malfaiteurs terroriste. Mais ce ressortissant tunisien de 35 ans est également passible d’une peine de cent trente-deux années d’emprisonnement en Tunisie, où il est poursuivi pour des faits de terrorisme. Le régime de Kaïs Saïed a d’ailleurs émis à son encontre une demande d’extradition, rejetée le 22 janvier par la cour d’appel de Paris.
    Malgré cela, le ministère de l’intérieur entend expulser Mohamed Fahem vendredi. Un arrêté a été pris en ce sens par la préfecture des Hauts-de-Seine, mercredi. La cour d’appel de Paris avait pourtant estimé, en suspendant son extradition, que Mohamed Fahem encourait dans son pays un « risque réel de subir des actes de torture ». Dans son arrêt de janvier, consulté par Le Monde, la justice estime par ailleurs que la « remise de Mohamed Fahem aux autorités tunisiennes lui ferait encourir un risque réel et sérieux de subir un déni de justice flagrant en l’absence de garanties suffisantes sur l’exercice effectif des droits de la défense, sur l’indépendance des magistrats du siège et sur la publicité des débats ». Elle motive sa décision sur des « éléments documentés de sources diverses et concordantes » et « l’absence de réponse satisfaisante du gouvernement tunisien au complément d’information [qui lui a été demandé] ».
    Dans son arrêté du 9 juillet, la préfecture des Hauts-de-Seine balaye ces arguments, au prétexte que si la torture « n’a pas été totalement éradiquée en Tunisie », les personnes les plus exposées seraient les « opposants politiques ». Plusieurs rapports, rédigés notamment par les organisations non gouvernementales Amnesty International et Human Rights Watch, documentent la mise au pas de l’appareil judiciaire tunisien enclenché, en 2022, par Kaïs Saïed. Le 12 février de cette année-là, le chef de l’Etat décidait de dissoudre le Conseil supérieur de la magistrature et de le remplacer par un conseil provisoire, dont il a nommé une partie des membres. Le 1er juin 2022, il s’arrogeait le pouvoir de révoquer les magistrats et limogeait aussitôt 57 d’entre eux. La suspension de 49 de ces révocations, prononcée quelques semaines plus tard par le tribunal administratif de Tunis, ne sera pas suivie d’effet.
    « L’arrêt de la cour d’appel de Paris est inédit, estiment Raphaël Kempf et Romain Ruiz, les avocats de M. Fahem. La juridiction dit clairement qu’aujourd’hui, on ne peut pas être jugé sereinement en Tunisie. » « L’interdiction de la torture est un impératif absolu, poursuivent-ils. Il s’applique à tous, y compris aux personnes condamnées pour les faits les plus graves. »
    Lorsque débute le mouvement prodémocratique du printemps arabe, fin 2010 en Tunisie, M. Fahem s’est rapproché de la mouvance salafiste. Comme certains de ses membres, il est tenté par le djihad. Arrêté à plusieurs reprises par la police tunisienne, il rejoint l’organisation Etat islamique (EI) en 2014 à Rakka, en Syrie. En désaccord par la suite avec l’EI, qu’il quitte en 2015, selon le témoignage qu’il livre à un journaliste tunisien rencontré en Turquie, M. Fahem fuit en Allemagne, où il se marie à une Allemande convertie à l’islam. Il se rend ensuite en France où il est interpellé en octobre 2019. Il est condamné, le 8 décembre 2023, par le tribunal judiciaire de Paris à six ans d’emprisonnement pour association de malfaiteurs terroristes. Outre son appartenance à l’organisation Etat islamique en Syrie, il a participé à un trafic de faux papiers.
    Il écope d’une peine complémentaire d’interdiction définitive du territoire français, qui s’ajoute à une obligation de quitter le territoire français (OQTF). M. Fahem va être libéré de prison et la France va-t-elle l’expulser alors qu’une juridiction française a interdit son extradition ? Sollicitées, les préfectures des Hauts-de-Seine (où le Tunisien est incarcéré) et de l’Oise (qui a émis l’OQTF) n’ont pas donné suite à nos sollicitations.
    Les avocats de M. Fahem devaient contester, jeudi 10 juillet après-midi, devant le tribunal de Cergy-Pontoise, l’arrêté préfectoral pris mercredi. Me Raphaël Kempf et Me Romain Ruiz ont également saisi la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) pour empêcher, dans l’urgence, l’expulsion. Jeudi, elle n’avait pas encore statué.
    Si M. Fahem était expulsé, ce ne serait pas la première fois que les autorités françaises outrepassent des décisions de justice. En 2024, un autre Tunisien, Houssem J., avait été mis dans un avion en direction de Tunis, où il avait été incarcéré à son arrivée. Pourtant, la veille de son expulsion, le tribunal administratif de Paris avait suspendu en urgence l’interdiction administrative du territoire dont il faisait l’objet, sur la base de soupçons de radicalisation islamiste.
    En 2023, un ressortissant ouzbek et un Haïtien ont aussi été expulsés alors même que des décisions de la CEDH défendaient aux autorités françaises de le faire, en raison des risques de torture encourus. A l’association La Cimade, Paul Chiron pense que des « personnes passent nécessairement en dessous des radars et d’autres décisions de justice ont été bafouées ».

    #Covid-19#migrant#migration#france#CEDH#droit#sante#politiquemigratoire#tunisie

  • #France-Algérie : quand la politique intérieure sacrifie la diplomatie
    https://lvsl.fr/france-algerie-quand-la-politique-interieure-sacrifie-la-diplomatie

    Le lien franco-algérien s’était-il à ce point délité depuis l’indépendance ? Tandis qu’Alger réactive un imaginaire anticolonial à l’encontre de Paris, de nombreux dirigeants français dénoncent les accords bilatéraux de 1968. Au-delà des contentieux bien réels entre les deux pays, cette crise semble moins résulter d’enjeux diplomatiques que de questions de politique intérieur. Des deux côtés […]

    #International #Accords_de_1968 #Alger #Algérie #Colonialisation #droite #extrême_droite #Macron #OQTF #Tebboune

  • Les moyens colossaux et les méthodes brutales d’ICE, la police de l’immigration déployée par Donald Trump
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/07/09/aux-etats-unis-le-renforcement-historique-des-moyens-de-la-police-de-l-immig

    Les moyens colossaux et les méthodes brutales d’ICE, la police de l’immigration déployée par Donald Trump
    Par Corine Lesnes (San Francisco, correspondante)
    Quand elle a appris, lundi 7 juillet, que la police fédérale de l’immigration (ICE) avait débarqué au MacArthur Park, un parc du centre de Los Angeles fréquenté par les Latinos, Karen Bass s’est précipitée sur place. A son arrivée, la maire de la deuxième ville du pays a trouvé ce qu’elle a qualifié de forces « d’occupation armée » : des dizaines de policiers en tenue de combat, avançant vers les tables de pique-nique et les balançoires, suivis par la police montée et protégés par la garde nationale californienne – dont plusieurs milliers de membres, réquisitionnés par Donald Trump depuis les manifestations de début juin contre les raids de l’ICE, sont toujours à Los Angeles. Seuls 150 ont été transférés à la lutte contre les incendies, sur l’insistance du gouverneur démocrate de l’Etat Gavin Newsom.
    Une volée d’enfants, qui jouaient sur les pelouses du MacArthur Park, se sont réfugiés à l’intérieur d’un centre de loisirs, alors que quelques protestataires se sont rassemblés autour des véhicules blindés aux cris de « No ICE, no KKK, no fascist USA » (« non à ICE, non au Ku Klux Klan, non au fascisme aux Etats-Unis »). Des secouristes d’une clinique ambulante d’aide aux sans-abri ont été priés de quitter les lieux. Un hélicoptère du département de la sécurité intérieure survolait la scène. Dans un coup de fil arrangé sur place avec le chef régional de la police aux frontières, Gregory Bovino, la maire démocrate a exigé le départ des policiers. Interrogé plus tard sur Fox News, l’officier a balayé ses objections : « Je ne travaille pas pour Karen Bass. Mieux vaut s’habituer à nous maintenant, parce que tout cela va très bientôt devenir la norme. Nous irons partout et à n’importe quel moment dans Los Angeles. » Autrement dit, les raids anti-immigrants dans les villes et les campagnes américaines vont encore s’intensifier.
    Les promoteurs du programme d’expulsions de masse voulu par Donald Trump se frottent les mains. Après plusieurs mois d’attente, le Congrès vient de leur donner les moyens de réaliser leur ambition d’expulser un million de personnes en un an, ou 3 000 par jour selon l’objectif fixé par l’architecte du plan de la Maison Blanche, Stephen Miller.Promulguée le 4 juillet par le président, la « grande et belle » loi de finances (dite « BBB » pour « Big Beautiful Bill »), a alloué une enveloppe record de 170 milliards de dollars (soit environ 145 milliards d’euros) à la lutte contre l’immigration illégale et à la sécurisation des frontières. Elle va faire de l’ICE, dont le budget est multiplié par trois, « la plus grande agence fédérale de maintien de l’ordre de l’histoire américaine », selon Aaron Reichlin-Melnick, chercheur à l’American Immigration Council, un organisme défense de l’immigration.
    Principal poste de dépenses : la détention. Sur l’enveloppe globale, 45 milliards de dollars sont prévus en quatre ans pour la construction de nouveaux centres qui pourront accueillir jusqu’à 100 000 étrangers en attente d’expulsion. Soit une augmentation de 265 % par rapport au budget actuel et une somme supérieure de 62 % à celle qui est consacrée au système pénitentiaire fédéral dans son ensemble. Actuellement, la capacité maximale est censée être de 5 000 places, mais plus de 5 600 étrangers sont en détention. Pour réduire la surpopulation, le ministère de la sécurité intérieure a construit des campements à la va-vite. Dans les zones humides des Everglages, en Floride, son projet dit « Alligator Alcatraz » (l’« Alcatraz des alligators »), conçu en une semaine et inauguré le 1er juillet par Donald Trump, a déjà souffert d’une inondation.
    L’ICE va bénéficier directement de 29,9 milliards de dollars pour le recrutement et la formation des agents, ainsi que la modernisation des technologies et des véhicules. Placée sous la tutelle du département de la sécurité intérieure dirigé par la très dure alliée de Trump, Kristi Noem, l’agence compte recruter 10 000 nouveaux policiers d’ici à 2029. Ses effectifs sont actuellement de quelque 21 000 agents (contre 38 000 pour le FBI).
    Déjà, il semble que l’ICE a pris position un peu partout dans le pays. Selon le New York Times, les arrestations ont plus que doublé dans l’ensemble du pays par rapport à 2024, avec une moyenne de 666 arrestations quotidiennes contre 300 en 2024. Début juin, les descentes de police à Los Angeles ciblant des travailleurs sans histoire, ont cristallisé les oppositions. Les images d’agents masqués, se saisissant d’individus, en pleine rue, pour les faire monter dans des voitures banalisées ont choqué nombre d’Américains.
    Même Joe Rogan, le podcasteur favori des amateurs d’arts martiaux et des libertariens convertis au trumpisme, a trouvé « insensé » que l’administration Trump, qui avait annoncé s’attaquer aux cartels et aux trafiquants de drogue s’en prenne aux jardiniers et aux ouvriers du bâtiment. « Ils débarquent sur les chantiers, ils perquisitionnent. Sérieusement ? », a-t-il lancé dans son émission. Selon les chiffres compilés par l’American Immigration Council, un tiers des étrangers arrêtés par ICE et placés en détention n’ont aucun antécédent criminel. Les « durs » de l’administration n’ont pas l’intention de transiger. Mi-juin, Donald Trump avait laissé entendre que les rafles épargneraient les employés du secteur hôtelier et les « bons agriculteurs » qui assurent l’alimentation du pays. La secrétaire à l’agriculture Brooke Rollins a affirmé, lundi 7 juillet, qu’il n’en était pas question. « Il n’y aura aucune amnistie, a-t-elle assuré. Les expulsions de masse vont continuer mais d’une manière stratégique. »
    Pour compenser les départs dans le secteur agricole, le gouvernement encouragera « l’automatisation » des fermes et le recrutement d’une force de travail « 100 % américaine ». Le remplacement des immigrés par des Américains « devrait intervenir assez rapidement », a assuré la ministre, compte tenu du fait que les Etats-Unis comptent « 34 millions de personnes bénéficiant de Medicaid [l’assurance-maladie pour les personnes ayant de faibles revenus] ». Ceux-ci risquant d’être privés de leur couverture santé par la nouvelle loi budgétaire, ils seront obligés de rechercher un emploi ou de travailler davantage, laisse entendre l’administration.
    Créée en 2003, après les attentats du 11 septembre 2001, l’ICE a toujours bénéficié d’un régime particulier. Ses agents disposent d’un pouvoir d’intervention plus étendu que les polices locales et sont soumis à moins de garde-fous. Le port de caméras corporelles ne leur est pas imposé. Ils ne sont pas tenus à porter une identification de leur unité ou un numéro de matricule et possèdent le droit d’intervenir dans des véhicules banalisés. Ils peuvent arrêter quiconque leur paraît suspect dans la rue, sans être poursuivis pour profilage racial. S’ils ne peuvent intervenir au domicile des particuliers, un mandat administratif leur suffit pour lancer un raid. Les agents de l’ICE peuvent même arrêter des citoyens américains, pris en flagrant délit d’infraction, mais n’ont pas le droit de les placer en centre de détention.
    Le faramineux renforcement des moyens de l’ICE prévu dans la loi « BBB » inquiète les défenseurs des libertés. Certains y voient l’embryon d’une police politique à la solde de Donald Trump. L’élu démocrate de Californie Lou Correa a déposé un projet de loi à la Chambre des représentants pour limiter le pouvoir de l’ICE et interdire aux agents d’intervenir masqués. Il est intitulé le « No Secret Police Act » : une loi « contre la police secrète » aux Etats-Unis.

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#politiquemigratoire#ICE#expulsion#sante#droit#detention

    • Ce n’est que le début. On connaît la suite.
      https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Camps_de_concentration_nazis#

      En 1933, l’arrivée au pouvoir des nazis s’accompagne de vagues d’arrestations visant tout d’abord leurs opposants politiques. Ceux-ci sont détenus en vertu de la Schutzhaft (détention de protection), qui autorise à restreindre la liberté d’une personne pour sa propre protection, ou pour « mettre en garde à vue des éléments séditieux en cas d’urgence ». Ce dispositif juridique, déjà utilisé par la République de Weimar, semble alors acceptable, comme solution temporaire, pour faire face à ce qui est présenté comme la menace communiste[2].

      Les nazis s’appuient sur ce précédent. Ils l’amputent de toute garantie légale et élargissent son objectif, au-delà du parti communiste, à tous les partis qu’ils viennent d’interdire. Le 24 novembre 1943, le régime institue la détention provisoire (Vorbeugungshaft) qui s’applique aux récidivistes de droit commun. L’association Schutzhaft-Vorbeugungshaft confère au régime l’outil nécessaire aux arrestations et aux détentions arbitraires applicables à n’importe quelle catégorie sociale réputée « nuisible à la communauté nationale »[2].

      Pour loger et surveiller les dizaines de milliers de détenus résultant de ces vagues d’arrestations, les autorités improvisent des lieux de détention de plusieurs types, qui vont persister jusqu’en 1934 et appartiennent à plusieurs catégories :

      camp de détention préventive (Schutzhaftlager) : les détenus sont logés dans des structures carcérales existantes sans contact avec les droits communs. La plupart des établissements pénitentiaires du Reich ont servi, à un degré ou un autre, à la détention préventive. À l’exception du centre de détention préventive pour femmes de Münich-Stadelheim, qui opère jusqu’en janvier 1936, ces structures ferment fin 1933 - début 1934[2] ;
      camps de concentration (Konzentrationlager) : environ 70 camps ont été établis en 1933, dans n’importe quelle structure se prêtant à la détention de prisonniers. Le premier camp est établi à Nohra (Thuringe) le 3 mars 1933 dans une école, à l’initiative du Gauleiter local. Les premiers camps ne relèvent pas d’un schéma organisé au niveau central. Ils sont improvisés au cas par cas en fonction des circonstances et des disponibilités. Les détenus sont logés dans des usines désaffectées, des ateliers, des exploitations agricoles, des châteaux, une barge. La gestion est également improvisée selon les ressources locales : la garde peut être confiée aux SS, aux SA, à la police et même aux anciens combattants (Stahlhelm), voire à l’association des Femmes du parti nazi (NS-Frauenshaft)[2] ;
      sites de torture (Folterstätten ou Folterkeller) : il s’agit de sites utilisés par la police auxiliaire (Hilfspolizei) pour torturer des opposants sous prétexte d’interrogatoires. Il y en aurait eu 150 à Berlin. Les SA, par exemple, utilisaient le site de la SA-Gefängnis (prison SA) sur General-Pape-Strasse ou le siège du Parti communiste allemand (KPD), dont ils s’étaient emparés, pour torturer leurs ennemis et poursuivre leur lutte contre la Gauche[2] ;
      camps sauvages (wilde Lager) : cette catégorie, créée après la guerre par des accusés cherchant à atténuer leurs responsabilités, n’aurait pas de réalité historique et aucun camp n’a réellement exercé sans aucun contrôle et hors de l’orbite du pouvoir. Il est possible que de telles situations aient existé pour une durée très limitée, mais pour retomber très rapidement sous la coupe de l’État[2].

      Hétérogène et décentralisé, ce proto-système concentrationnaire sera démantelé en 1934, à l’exception de Dachau dont le commandant, Theodor Eicke, après avoir créé l’IKL (Inspection des camps), déploiera un véritable réseau centralisé, bâti sur le modèle Dachau, indépendant des Länder et des ministères de l’Intérieur et de la Justice, et entièrement placé sous la coupe de la SS[2].

      #USA #fascisme

  • En Allemagne, la justice ordonne la délivrance de visas promis aux Afghans menacés, malgré le gel du programme d’accueil par le gouvernement
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/07/08/en-allemagne-la-justice-ordonne-la-delivrance-de-visas-promis-aux-afghans-me

    En Allemagne, la justice ordonne la délivrance de visas promis aux Afghans menacés, malgré le gel du programme d’accueil par le gouvernement
    Le Monde avec AFP
    Après que le nouveau chancelier, Friedrich Merz, a gelé un programme d’accueil de ces réfugiés dans un contexte de durcissement de la politique migratoire, le tribunal administratif de Berlin a ordonné au gouvernement, mardi 8 juillet, de délivrer les visas promis à une famille afghane menacée dans son pays. L’Allemagne « doit délivrer les visas aux requérants » après s’être « juridiquement engagée » envers eux, a décidé le tribunal.
    Le tribunal berlinois a donné raison à une ressortissante afghane et à sa famille, qui avaient obtenu un engagement d’admission en Allemagne en octobre 2023 et attendaient depuis la délivrance des visas. Cet engagement « volontaire et toujours en vigueur ne peut pas être annulé », a expliqué le tribunal dans un communiqué de presse. Ces Afghans « ont démontré de manière crédible qu’ils risquent une expulsion du Pakistan vers l’Afghanistan, où leur vie et leur intégrité physique seraient menacées », a-t-il aussi souligné.
    Environ 2 500 Afghans qui se trouvent actuellement au Pakistan figurent encore sur les listes de ces programmes d’accueil, destinés aux anciens collaborateurs afghans de l’armée et d’autres institutions allemandes, mais aussi à des militants des droits humains ou à des journalistes. Mais l’accord de coalition entre les conservateurs de Friedrich Merz et les sociaux-démocrates prévoit de mettre fin « dans la mesure du possible » à ces programmes, sur fond de restrictions croissantes à l’accueil de réfugiés en Allemagne.
    Le durcissement de la politique migratoire est une promesse majeure du gouvernement de Friedrich Merz, sur fond de progression de l’extrême droite, désormais en tête dans certains sondages. Au cours des derniers mois, une série d’attaques mortelles, imputées notamment à des ressortissants syriens et afghans, ont électrisé le débat en Allemagne.
    Juste avant l’entrée en fonction de M. Merz, au début de mai, le gouvernement de son prédécesseur Olaf Scholz avait annoncé ne pas prévoir d’organiser de nouveaux vols de rapatriement de ces Afghans. Les entrées sont « suspendues » le temps d’un « examen » du projet de la coalition, avait ensuite fait savoir le ministère de l’Intérieur, à la fin de juin. Vendredi, l’ONU a critiqué le projet évoqué par Berlin de négocier directement avec les autorités talibanes au pouvoir en Afghanistan pour faciliter l’expulsion de délinquants afghans. Selon les derniers communiqués, datant d’avril 2024, plus de 33 000 Afghans menacés et leurs familles ont été accueillis en Allemagne dans le cadre de ce programme, lancé à la fin de 2022.

    #Covid-19#migrant#migration#allemagne#afghanistan#asile#rapatriement#expulsion#politiquemigratoire#refugie#droit#sante

  • #Racisme : « Depuis les premières découvertes, rien n’a changé » - Entretien avec #Mireille_Fanon-Mendès-France - #Le_Poing
    https://lepoing.net/racisme-depuis-les-premieres-decouvertes-rien-na-change-entretien-avec-mire

    Mireille Fanon-Mendès-France a rappelé quelques fondamentaux lors de la Plateforme des Peuples d’Europe, mi-février à Vienne, s’inspirant du travail mené par son père, #Frantz_Fanon, figure majeure de l’anticolonialisme. Délaissant les statistiques et les cartes pour se concentrer sur les paradigmes fondateurs de notre monde, elle perçoit les violences internationales de notre temps comme la continuation d’une longue histoire raciste de conquêtes coloniales

    Article initialement paru dans le numéro 46 du Poing, imprimé en mars 2025 et toujours disponible sur notre boutique en ligne

    « Vous êtes des centaines face à moi, venus de toute l’Europe, et je ne vois aucun noir. C’est saisissant. » Le constat dressé par la juriste Mireille Fanon-Mendès-France, face aux participants de la Plateforme des Peuples d’Europe, est implacable et en dit long sur les tares de l’extrême-gauche pour assumer son combat antiraciste et décolonial. En tribune comme en coulisse, face à un journaliste du Poing, la septuagénaire ne se contente pas de l’écume des choses. Quand on lui demande si l’on n’assiste pas à une récente radicalisation de l’ordre international, elle nous fait remonter à la Bulle de 1452 par laquelle le pape Nicolas V autorise le roi du Portugal Alphonse V à « envahir, rechercher, capturer et soumettre les Sarrasins et les païens et tous les autres incroyants et ennemis du Christ où qu’ils puissent être […] et de réduire leurs personnes en servitude perpétuelle ». Selon elle, les événements internationaux de notre époque ne sont pas le fait de rapports de forces, mais « la continuation de ce qui a été mis en place dès les premières colonisations des territoires découverts : l’appropriation illégitime et le règlement des différends par les armes ».

    Pour l’ancien collaboratrice d’un député communiste, quand Donald Trump revendique vouloir vider Gaza de son peuple et transformer sa terre en riviera pour les dominants, il s’inscrit pleinement dans cette longue histoire raciste et coloniale reposant sur le vol et les crimes de génocide. « De la doctrine des découvertes de 1492 à celle de la lutte contre le terrorisme ou pour défendre la sécurité, au nom de la loi et de l’ordre, il n’y a aucune différence puisque l’objectif reste celui d’Alphonse V » tranche-t-elle. « À cette doctrine des découvertes a été ajoutée celle de la plantation, d’où est né le système économique actuel. Il s’est enrichi de la vente des corps noirs considérés comme biens meubles, […] au point que la conceptualisation de l’universalisme s’est construite par opposition aux corps noirs et non par adhésion à la dignité et l’identité humaine. » Un racisme antinoir déshumanisant qu’elle prolonge au discours d’Emmanuel Macron du 6 janvier 2025, selon lequel ses pairs africains auraient « oublié de nous dire merci » alors qu’« aucun d’entre eux ne serait aujourd’hui avec un pays souverain si l’armée française ne s[y] était pas déployée ».

    Un #droit_international « #néocolonial »
    Présidente du Groupe de travail des Nations-Unies sur les personnes d’ascendance noir de 2014 à 2016, Mireille Fanon-Mendès-France ne se fait guère d’illusion sur le droit international, certes « déstructuré » voire « déchiré », mais de toute façon fondamentalement « #occidental et néocolonial » car « réservé aux seuls #États_dits_civilisés, face à des peuples “non civilisés” ne pouvant bénéficier de la protection du #droit en général et du droit international en particulier ».

    Elle regorge d’exemples montrant comment le droit cristallise ces rapports de force. L’ordonnance de 1825 du roi de France Charles X reconnaissant l’indépendance d’Haïti est conditionnée au versement de 150 millions de francs au titre de dédommagement, une dette imposée après quinze jours de siège militaire qui sera remboursée jusqu’en 1952. Dans le même esprit, le député Victor Schœlcher a pris le soin de prévoir une #compensation financière aux propriétaires d’esclaves dans la loi d’abolition de 1848. Mireille Fanon-Mendès-France considère aussi que le tribunal de Nuremberg s’est sciemment concentré sur les crimes des nazis, sans possibilité d’étudier les génocides passés, pour ne pas ouvrir une boîte de Pandore qui aurait éclaboussé les Alliés. « Et n’est-ce pas précurseur que la construction de l’État d’Israël se soit faite en violation du droit par une communauté internationale qui venait d’affirmer, la main sur le cœur, le fameux “plus jamais ça” ? » s’indigne la membre de l’Union juive française pour la paix.

    Autre exemple : dans les années 1970, la France a mis en place le Bureau pour le développement des migrations intéressant les départements d’outre-mer, reconnaissant ainsi, par le terme de migrants, que les Martiniquais, Guadeloupéens, Réunionnais ou bien encore les Guyanais n’étaient pas des citoyens à part entière, alors que dans le même temps, l’État français qualifiait les populations venant d’Europe par leur pays d’origine : les Italiens, les Espagnols, les Polonais, etc. Notre interlocutrice constate que le droit international, même humanitaire, s’est laissé imposé le règne de la marchandise : « N’existe plus que le droit commercial, où la production des biens est soumise à la loi du marché et fait l’objet d’appropriation légale par les firmes privées et par les grandes corporations transnationales. […] Dans cet ordre, les maîtres ne cherchent pas seulement à exploiter les esclaves, mais, comme le remarque Frantz Fanon, les maîtres les considèrent comme “inessentiels” ».

    Malgré son sombre tableau, un brin désespérant, elle plaide pour que le damné fasse preuve d’une « attitude positive, sans laisser de côté sa rage, comme une forme de négation, inspirée et orientée par l’attitude positive de l’amour […] Il s’agit pour nous tous de ne pas attendre d’être adoubé par les agents de la colonialité et à être attentifs à ne pas devenir, occasionnellement ou plus moins occasionnellement, des agents de la #colonialité. »

  • Au Parlement européen, la droite et l’extrême droite se soutiennent sur le dossier migratoire
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/07/08/au-parlement-europeen-la-droite-et-l-extreme-droite-se-soutiennent-sur-le-do

    Au Parlement européen, la droite et l’extrême droite se soutiennent sur le dossier migratoire
    Par Philippe Jacqué (Bruxelles, bureau européen)
    En matière d’immigration, les résultats des élections européennes, en juin 2024, ont donné une orientation claire vers un durcissement de la politique migratoire au niveau du continent avec la victoire des conservateurs du Parti populaire européen (PPE) et le renforcement de plusieurs groupes d’extrême droite. Alors que les eurodéputés se retrouvaient, à partir de lundi 7 juillet, à Strasbourg, pour leur dernière session avant les vacances d’été, ces groupes politiques passent désormais aux travaux pratiques.
    Faisant fi de la plateforme majoritaire qu’il a créée avec les socialistes et les libéraux pour soutenir l’actuelle Commission, le PPE a décidé, le 4 juillet, de se rapprocher des groupes d’extrême droite au sein de la commission sur les affaires intérieures, chargée des questions migratoires, pour obtenir le pilotage de certains textes sensibles en cours de négociation : le règlement sur les pays tiers sûrs et le règlement sur les pays d’origine sûrs.
    Ces dossiers concernent la dimension externe de la gestion des migrations. Le premier règlement, proposé fin mai par la Commission, doit autoriser les Etats européens à transférer hors d’Europe des réfugiés dans des centres de traitement des demandes d’asile. Le second, dévoilé en avril, doit permettre l’établissement d’une liste européenne des pays dits sûrs. Les Etats européens pourront alors traiter de manière accélérée les demandeurs d’asile en provenance de ces pays.
    « Ce sont deux textes très importants pour le PPE », rappelle l’Allemande Lena Dupont, qui coordonne les eurodéputés conservateurs au sein de la commission sur les affaires intérieures. Elle assure avoir longtemps discuté avec les socialistes et les libéraux « pour qu’un libéral puisse gérer ces textes ». Faute d’accord, un eurodéputé écologiste ou de la gauche radicale pouvait devenir rapporteur de ces dossiers législatifs. « Impossible pour nous. Nous avons préféré trouver une alternative pour sécuriser ces textes », explique Mme Dupont. Quitte à s’allier aux trois groupes d’extrême droite, dont les Patriotes pour l’Europe, dirigé par le président du Rassemblement national (RN), Jordan Bardella, afin de mettre en minorité ses alliés et d’obtenir le suivi des textes.
    Cette version est néanmoins contestée. Les discussions étaient en fait déjà engagées depuis plusieurs semaines entre le PPE, les Conservateurs et réformistes européens (ECR, groupe des postfascistes italiens Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni) et les Patriotes pour l’Europe. « Il était inconcevable que les partis de gauche puissent obtenir ces textes, confie Fabrice Leggeri, des Patriotes. Nous étions prêts à soutenir le PPE sur ce dossier. » Le parti conservateur va donc gérer le destin législatif du règlement sur les pays tiers sûrs. ECR celui sur les pays d’origine sûrs.
    « Cet accord est une entorse de plus au cordon sanitaire », se réjouit M. Leggeri. « Le PPE a conclu un sale accord avec l’extrême droite pour s’emparer de la proposition sur les pays tiers sûrs », cingle, pour sa part, le groupe socialiste, furieux de la manœuvre. « La situation est sans précédent », dénonce, passablement irritée, la libérale Fabienne Keller. En avril, Manfred Weber, le patron du PPE, « avait réaffirmé que toute coopération avec l’extrême droite n’était pas envisageable, reprend l’eurodéputée française. Cette position n’est pas confirmée dans les faits. »
    Avec sa majorité alternative, assumée, le PPE va pouvoir promouvoir des textes beaucoup plus fermes. « Je ferai tout pour trouver une majorité au sein de notre plateforme commune avec les socialistes et les libéraux, tente de convaincre Mme Dupont. C’est notre ambition première. » M. Leggeri compte bien pour sa part participer activement à l’évolution des textes avec l’accord du PPE et d’ECR : « Nous avons montré que nous étions fiables », assure-t-il. Dès lors, la promesse de Mme Dupont peut-elle vraiment suffire à restaurer la confiance avec les socialistes et les libéraux ?
    « Cette situation est d’autant plus préoccupante à l’heure où la présidence danoise du conseil de l’UE a débuté le 1er juillet, souligne pour sa part Fabienne Keller. En matière de migration, elle souhaite durcir les trois règlements actuellement en discussion : retour, pays tiers sûrs et pays d’origine sûrs. Son objectif est d’appliquer au niveau européen ce qui a été fait au niveau national : réduire les flux de migrants en situation irrégulière et sécuriser les frontières extérieures. » A Aarhus, lors de l’inauguration de sa présidence le 4 juillet, Mette Frederiksen, la première ministre danoise, s’est dite déterminée à renforcer l’arsenal législatif contre l’immigration clandestine. Son ministre chargé du dossier, Kaare Dybvad Bek, confiait à la presse sa volonté de faciliter la création de centres de gestion de demandeurs d’asile ou de plateforme de retour hors de l’Europe. « Nous voulons développer ces concepts », assurait le ministre, qui espère que l’Union européenne pourra un jour les financer. « Si ce n’est pas possible au niveau européen, concluait-il, je pense que les pays nordiques, par exemple, pourraient se mettre d’accord sur ce type d’arrangement. »

    #Covid-19#migrant#migration#UE#politiquemigratoire#extremedroite#asile#retour#migrationirreguliere#frontiere#sante#droit

  • Droit d’asile : en Grèce, « on est passé du modèle de jungle à un modèle carcéral »
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/07/03/droit-d-asile-en-grece-on-est-passe-du-modele-de-jungle-a-un-modele-carceral

    Vidéo publiée sur la réseau TikTok, réalisée dans le secteur de la « safe area », réservée aux mineurs isolés. Ils protestent pour le droit à sortir de la zone et de meilleures conditions de vie. Au mois de janvier 2025, ils étaient plus de 500 pour une capacité maximum de 200 places.

    #Covid-19#migrant#migration#UE#grece#mineur#droit#sante

  • Les présidents en chansons : Giscard d’Estaing

    https://lhistgeobox.blogspot.com/2025/07/les-presidents-en-chansons-giscard.html

    "Conscient que la France n’est plus qu’une puissance moyenne, Giscard cherche à préserver l’influence de l’hexagone en son pré-carré africain, quitte à perpétuer des pratiques néocoloniales douteuses. Giscard Bongo de Tchibanga est un 45 tours édité à l’occasion du voyage officiel de VGE au Gabon en août 1976. Le titre est co-signé par Ali Bongo, fils d’Omar et futur chef de l’Etat du Gabon. « Le nouveau président de tous les Français / L’ami de Bongo et des Gabonais / L’ami de l’Afrique et des Africains / Ce président-là, c’est Giscard d’Estaing / Pour gouverner la France et les Français / La France a dit : Giscard à la barre / Pour gouverner le Gabon et les Gabonais / Nous disons "Bongo à l’avant du bateau" ».
    Le président français entretient des liens très forts avec l’Oubangui-Chari de Jean-Bedel Bokassa et s’y rend chaque année pour s’y adonner à son passe-temps favori : la chasse de l’éléphant. C’est sans doute lors d’une de ces visites, en 1973, que VGE se fait remettre des diamants d’une valeur de 100 000 euros par le dirigeant centrafricain. De plus en plus mégalomane, Bokassa se fait sacrer empereur, avant de se transformer en un dictateur sanguinaire. VGE se voit contraint de lâcher son allié et d’abandonner son terrain de chasse préféré. Profitant d’un voyage de Bokassa en Libye, la France lance "l’opération barracuda" qui destitue le despote le 21 septembre 1979. Trois semaines plus tard, Le Canard enchaîné révèle l’affaire des diamants qui devient un scandale d’Etat. En 1977, avec Le président et l’éléphant, Gilbert Lafaille moque les nombreux safaris auxquels le président participe en Afrique."

    en version podcast :https://creators.spotify.com/pod/show/blottire/episodes/Les-prsidents-en-chansons--Giscard-dEstaing-e33tt1c

  • Les « small boats » de migrants traversant la Manche pour atteindre le Royaume-Uni se multiplient
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/07/07/dans-la-manche-les-traversees-de-migrants-ne-cessent-d-augmenter-c-est-assez

    Les « small boats » de migrants traversant la Manche pour atteindre le Royaume-Uni se multiplient
    Par Julia Pascual (Boulogne-sur-Mer [Pas-de-Calais], Dunkerque,
    La mer est calme, lisse. Au loin, une tache noire. Bientôt, l’aube dévoile un canot pneumatique d’à peine 10 mètres de longueur. Assis de part et d’autre, à cheval sur les boudins, une trentaine d’hommes au moins. Ils tendent leurs jambes pour ne pas toucher l’eau. Certains ont des gilets de sauvetage, d’autres non. Dans le détroit du pas de Calais, mardi 1er juillet, ils seront 440 migrants à rejoindre le Royaume-Uni à bord de huit small boats. Celui que l’on suit paraît plein. Pourtant, il remonte la côte pour s’approcher de la plage de Malo-les-Bains (Nord).
    Les clients du Radisson dorment encore quand, devant l’hôtel de luxe, un groupe de femmes, d’hommes et d’enfants s’avancent dans la mer jusqu’à la taille. Tous ne réussiront pas à embarquer. Alors que des policiers s’approchent, le canot repart. Plus lent, plus lourd. L’embarcation s’enfonce un peu plus dans l’eau. On entend des cris. Ils disent la tension à bord, la peur. A une vitesse d’environ 4 nœuds (7,4 kilomètres-heure), le small boat prend la direction de Douvres, à plus d’une soixantaine de kilomètres, de l’autre côté du détroit.
    Un navire surveille à distance la course hésitante du canot. C’est le Minck, un des bateaux affrétés par l’Etat français dans la Manche. Si les migrants ne sollicitent pas d’aide, le Minck se contentera de les « escorter » jusqu’aux eaux anglaises, où les Britanniques prendront le relais.
    Quelques heures plus tard, la même scène se rejoue au large de Dunkerque (Nord). Cette fois-ci, une vedette de la gendarmerie maritime accompagne l’épopée risquée d’un canot surchargé, dont le moteur peine dans un bruit aigu de moulin à café.Ces scènes sont devenues ordinaires dans la Manche, où, depuis le début de l’année, plus de 20 000 personnes ont réussi à rejoindre le Royaume-Uni en small boat. Soit 7 000 de plus qu’à la même époque en 2024. Un record. Dans le même temps, au moins 15 personnes sont mortes lors de tentatives de traversée.Tandis que le président de la République, Emmanuel Macron, se rend à Londres, du 8 au 10 juillet, pour sceller le « reset » (« remise à zéro ») de la relation franco-britannique, le sujet migratoire est source de tensions.
    De plus en plus de personnes passent, en dépit de l’argent investi par les Britanniques pour la sécurisation du littoral français. La France déploie au quotidien 1 200 effectifs de forces de l’ordre sur la côte. C’est une voiture de police qui stationne près des dunes de Leffrinckoucke (Nord), ce sont trois gendarmes qui patrouillent au-dessus de la plage de Saint-Frieux, à Dannes (Pas-de-Calais), c’est encore un buggy, un véhicule léger tout-terrain, en surveillance au nord de celle de Neufchâtel-Hardelot (Pas-de-Calais)…
    A Gravelines (Nord), le maire socialiste, Bertrand Ringot, explique que, chaque jour, plusieurs équipages de police se trouvent sur sa commune. Il a en outre reçu, depuis 2023, plus de 1,3 million d’euros de subventions britanniques, avec lesquels il a déjà acquis 56 caméras et ouvert un centre de supervision équipé de dix écrans. Mais il a beau chercher à être « le plus dissuasif » possible, il observe une « multiplication des traversées » depuis ses plages.
    La météo a été bonne plus tôt que d’ordinaire, des ressortissants de la Corne de l’Afrique sont arrivés en plus grand nombre et les passeurs s’adaptent. Ils chargent davantage chaque bateau, recourent à la technique du « taxi boat », qui consiste à faire monter les personnes directement dans l’eau, pour empêcher l’intervention des forces de l’ordre, étalent les départs sur le littoral…
    Face à ce phénomène en expansion, les personnes venant en aide aux migrants s’adaptent aussi. Une nouvelle association a été fondée en mars 2025, Opal’Exil, pour organiser des maraudes dans le sud du Pas-de-Calais. Il est à peine 5 heures du matin quand deux bénévoles, Franck Tiquet, 49 ans, et Annie Richer, 67 ans, déplient une table de camping à proximité de la gare de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais). C’est ici que convergent des groupes de personnes harassées, dont la traversée a échoué. Elles regagnent alors les grands campements de Calais (Pas-de-Calais) ou de Loon-Plage (Nord).
    Elles sont plus d’une centaine, ce matin-là, à accepter le thé chaud et le pain offerts par Franck et Annie. Parmi elles, un couple de Soudanais, avec leur fille de 7 ans et leur garçon de 1 an et demi. La famille n’a pas pu embarquer parce qu’« il y a trop de police, trop de drones ». Cela fait deux ans qu’ils ont quitté leur pays en guerre. Pour arriver en Europe, ils ont déjà traversé la Méditerranée. Alors ils ne sont pas près de baisser les bras. Pas si près du but. Il y a aussi un couple de Kurdes de Turquie, leur garçon de 14 ans et leur fille de 13 ans, dont la demande d’asile a été rejetée en Allemagne, où ils ont vécu trois ans. Il y a encore Esma et son mari, des alévis, un courant religieux turc minoritaire, qui disent fuir des menaces de mort et la répression des autorités turques. « Nous sommes en danger de mort sur cette route », constate Esma, 40 ans (elle n’a pas souhaité donner son nom, comme les personnes citées par leur prénom). Néanmoins, le Royaume-Uni s’impose comme destination. Ce n’était pas le cas lorsqu’elle a quitté la Turquie, il y a six mois. « Nous n’avions pas de pays en tête, précise Esma. Mais nous sommes passés par la Croatie, où la police a menacé de nous renvoyer, et nos empreintes digitales y ont été enregistrées. Donc, nous ne pouvons pas demander l’asile ailleurs en Europe. » Esma a déjà tenté la traversée huit fois. « Parfois, la police intercepte le bateau et crève le boudin, parfois, trop de gens montent à bord et il y a un risque que le bateau explose ou que le moteur tombe en panne, alors on descend », rapporte-t-elle.
    Ces récits de bateaux surchargés, de policiers qui crèvent des boudins, de gaz lacrymogènes déversés pour empêcher des groupes d’embarquer, Yousef en a plusieurs à partager. La nuit est proche quand nous rencontrons ce Kurde d’Irak, âgé de 36 ans. Il marche, avec un groupe d’une cinquantaine de personnes, en direction des plages de Dunkerque. Il y a là des hommes, des femmes, des enfants et même des bébés. Certains dorment sur le dos de leurs parents, d’autres ont le regard hagard. Toutes et tous échoueront, encore une fois.
    Nous retrouvons Yousef le surlendemain dans le camp de Loon-Plage. Le parcours qu’il relate dit l’errance à laquelle sont condamnés beaucoup de celles et ceux qui risquent leur vie dans les small boats. Yousef a vécu au Royaume-Uni entre 2015 et 2018. Ne parvenant pas à obtenir l’asile, il a rejoint son frère dans l’Allier. Sans plus de succès. « J’ai perdu sept ans en France », regrette-t-il.
    En 2023, il essaie une première fois de retourner au Royaume-Uni en small boat. Sans y parvenir. Puis il trouve du travail dans les cultures d’endives à Saint-Omer (Pas-de-Calais), et commence à accumuler des fiches de paie dans l’espoir d’être régularisé. Las, « les règles ont changé », dit-il, en référence au ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, qui a durci les critères de régularisation. Le jeune Kurde est « fatigué ». La nuit, dans la tente qui lui sert d’abri, il trouve difficilement le sommeil.
    Près de 2 000 personnes se trouvent actuellement dans les camps de Loon-Plage. « C’est assez inédit qu’il y ait autant de gens », remarque Diane Leon, la coordinatrice de Médecins du monde, qui tient une clinique mobile sur place. Les autorités ont, depuis plusieurs semaines, accéléré le rythme des démantèlements de camps, obtenant pour principal résultat leur éparpillement. « Les gens se sont éloignés du seul point d’eau, on sait que des femmes enceintes boivent l’eau du ruisseau », rapporte Mme Leon. Par ailleurs, « comme les tentes sont confisquées, il n’y en a pas assez. Et, ici, tout se monnaie ». Médecins du monde a noté l’augmentation des cas de violences sexuelles. Des femmes obligées de partager leur tente ou violées sous la menace d’une arme…

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  • Huit migrants expulsés des Etats-Unis ont été transférés au Soudan du Sud
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/07/06/huit-migrants-expulses-des-etats-unis-ont-ete-transferes-au-soudan-du-sud_66

    Huit migrants expulsés des Etats-Unis ont été transférés au Soudan du Sud
    Le Monde avec AFP
    Huit migrants en situation irrégulière, originaires de différents pays, et expulsés en mai des Etats-Unis, sont arrivés samedi 5 juillet au Soudan du Sud, ont annoncé le ministère de la sécurité intérieure américain et un responsable au ministère des affaires étrangères du pays africain. Ils étaient jusque-là retenus sur une base militaire américaine à Djibouti, après qu’un juge avait suspendu ce type d’expulsions au motif qu’il n’était pas donné aux migrants une « opportunité significative » de les contester.
    Mais la Cour suprême américaine a validé, jeudi, leur expulsion vers le Soudan du Sud, l’un des pays les plus pauvres au monde et en proie à une instabilité chronique. Le droit international proscrit le refoulement des migrants en situation irrégulière vers des pays où ils risquent d’être torturés ou exécutés. Les autorités américaines affirment que ces huit hommes, dont certains ont purgé leur peine, ont été condamnés pour des crimes violents. Seul un migrant est originaire du Soudan du Sud. Le groupe comprend également deux Birmans, deux Cubains, un Vietnamien, un Laotien et un Mexicain. Leurs pays respectifs ont refusé leur retour, raison avancée par l’administration Trump pour les envoyer vers un pays tiers.
    « Ils sont arrivés à Juba [la capitale du Soudan du Sud] à 5 heures aujourd’hui [samedi] depuis Djibouti », a déclaré un responsable sud-soudanais, qui a requis l’anonymat, précisant qu’ils avaient été transportés par le corps des marines américain. Dans un communiqué, le ministère de la sécurité intérieure américain s’est félicité de cette expulsion « après des semaines d’atermoiements de la part de juges militants ». « Ces malades sont finalement expulsés au Soudan du Sud le jour de l’Indépendance », a salué une porte-parole du ministère, Tricia McLaughlin.
    Le président américain, Donald Trump, a érigé la lutte contre l’immigration illégale en priorité absolue de son second mandat et a promis d’expulser des millions de migrants en situation irrégulière. Il défend le recours à des Etats tiers face au refus de certains pays d’origine de reprendre leurs concitoyens. Devenu indépendant en 2011, le Soudan du Sud a connu une guerre civile de 2013 à 2018 qui a fait 400 000 morts. L’Organisation des Nations unies (ONU) craint le retour d’un conflit à grande échelle. Depuis janvier, les tensions entre le président, Salva Kiir, et le vice-président, Riek Machar, placé en résidence surveillée, ont viré à l’affrontement ouvert entre leurs forces armées. D’après l’ONU, environ 900 personnes ont été tuées entre janvier et avril.

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#expulsion#soudandusud#sante#droit#politiquemigratoire

  • Migrants dans la Manche : le Royaume-Uni salue le « durcissement » des interventions des forces de l’ordre françaises
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/07/05/migrants-dans-la-manche-le-royaume-uni-salue-le-durcissement-des-interventio

    Migrants dans la Manche : le Royaume-Uni salue le « durcissement » des interventions des forces de l’ordre françaises
    Le Monde avec AFP
    Le gouvernement britannique s’est félicité, vendredi 4 juillet, du « durcissement » des pratiques des forces de l’ordre françaises pour intercepter les migrants embarquant sur des bateaux dans le nord de la France pour rejoindre l’Angleterre.Des images diffusées vendredi par la BBC, tournées sur une plage, montrent des membres des forces de l’ordre françaises aller dans l’eau peu profonde jusqu’à un bateau pneumatique avec de nombreux migrants à son bord, parmi lesquels des enfants, et le crever à coups de cutter.
    « Ce que nous avons vu ce matin était un moment important, a réagi un porte-parole du premier ministre britannique, Keir Starmer. Nous saluons l’action des forces de l’ordre françaises pour intervenir dans les eaux peu profondes, et ce que vous avez vu ces dernières semaines est un durcissement de leur approche. » « Nous voyons de nouvelles tactiques utilisées pour perturber ces bateaux avant qu’ils ne commencent leur voyage », a poursuivi le porte-parole. « Avec tous les autres leviers que le gouvernement active, nous pensons que cela peut avoir un impact majeur pour mettre fin aux tactiques utilisées par ces gangs » de passeurs, a-t-il ajouté.
    Selon la préfecture régionale des Hauts-de-France, vendredi à 8 h 30, un « taxi-boat » est venu embarquer des passagers sur la plage de Saint-Etienne-au-Mont (Pas-de-Calais). L’embarcation transportait déjà trente personnes « lorsque une cinquantaine de migrants (hommes, femmes et enfants) se sont présentés sur la plage », a-t-elle précisé. Six militaires « sont restés en sécurisation lors de l’embarquement, en application des ordres ».Lors de l’embarquement, « les personnes situées à l’eau à l’arrière du “small-boat” couraient un danger immédiat », ce qui a conduit les gendarmes à intervenir afin d’éviter une « prise de risque aux passagers d’un esquif d’évidence très fragile, a poursuivi la préfecture. Aucune personne n’a été blessée ou a nécessité une prise en charge par les secours. »
    Outre cette embarcation, dans la nuit de jeudi à vendredi, puis dans la journée, la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord a précisé que 149 migrants tentant de rejoindre l’Angleterre avaient été secourus, dont 81 sur une même embarcation au large de Calais.
    Le Royaume-Uni fait pression sur la France pour qu’elle modifie la « doctrine » d’intervention des policiers et gendarmes en mer afin de pouvoir intercepter les taxi-boats jusqu’à 300 mètres des côtes. Ces derniers embarquent des migrants directement dans la mer pour éviter les contrôles sur les plages.Conformément au droit international de la mer, une fois qu’une embarcation navigue, les autorités ne doivent faire que du sauvetage et ne sont pas supposées intervenir pour intercepter les migrants, afin d’éviter des noyades.
    En avril 2024, des journalistes de l’Agence France-Presse (AFP) avaient déjà été témoins d’une scène où un policier, avec de l’eau jusqu’aux genoux, avait planté son couteau dans le boudin d’une embarcation, sous les jurons d’un migrant en larmes. Ce dernier était finalement parti une heure plus tard à bord d’une autre embarcation de fortune surchargée.Le premier ministre travailliste, Keir Starmer, arrivé au pouvoir il y a un an et sous la pression de l’extrême droite qui progresse, a promis de « reprendre le contrôle des frontières ». Voir aussi les cartes (2024) | Article réservé à nos abonnés La Manche, une frontière toujours aussi meurtrière pour les migrants Mais plus de 20 500 personnes ont traversé la Manche durant les six premiers mois de l’année, du jamais-vu ; cela représente une augmentation de près de 48 % par rapport à la même période de 2024. Un record annuel avait été atteint en 2022, avec 45 774 arrivées de migrants.

    #Covid-19#migrant#migrant#france#royaumeuni#politiquemigratoire#frontiere#droit#sante#routemigratoire

  • Pourquoi l’État veut-il faire interdire les #congés_menstruels des collectivités ?

    Des #collectivités_territoriales tentent à travers la France d’instaurer des congés pour les agentes souffrant de pathologies gynécologiques, comme des règles douloureuses. Mais le ministère de l’Intérieur essaie systématiquement d’annuler ce droit.

    (...)

    la direction générale des #collectivités_locales (DGCL), attachée au ministère de l’Intérieur, a diffusé le 21 mai une circulaire aux préfectures, leur demandant de systématiquement refuser la mise en place des congés menstruels dans les collectivités. Le texte rappelle que « seul le cadre juridique national peut instituer des autorisations spéciales d’absence » et que « le cadre légal en vigueur ne prévoit aucun motif pour raison de santé lorsqu’il est dénué de lien avec la parentalité ».

    Des collectivités ont voulu passer par des expérimentations locales, prévues par la Constitution, pour mettre en place les congés menstruels. Mais ces expérimentations doivent être « préalablement autorisées par une loi » et sont donc, dans les cas présents, jugées « illégales », selon la circulaire du ministère de l’Intérieur. La DGCL demande donc aux préfectures une « vigilance accrue » et leur suggère d’adresser aux collectivités ayant pris de telles délibérations « un recours gracieux, puis, le cas échéant, [de] déférer la décision au tribunal administratif ».

    La DGCL estime que les dispositifs de congés déjà existants doivent être privilégiés « pour traiter la question des règles incapacitantes », comme le recours aux arrêts maladie ou au télétravail.

    https://basta.media/pourquoi-Etat-veut-faire-interdire-conges-menstruels-collectivites-strasbou

    #droits_des_femmes

  • En Tunisie, des migrants chassés, leurs défenseurs poursuivis
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/07/04/en-tunisie-des-migrants-chasses-leurs-defenseurs-poursuivis_6617866_3210.htm

    En Tunisie, des migrants chassés, leurs défenseurs poursuivis
    Par Julia Pascual (Tunis et Sfax, envoyée spéciale) et Samuel Gratacap (Photos)
    Reportage« 2015-2025 : Dix ans de crise migratoire » (5/5). Depuis deux ans, le régime du président tunisien, Kaïs Saïed, financé par l’Union européenne, repousse les Subsahariens loin des villes, parfois violemment, et combat toute personne ou association qui les soutient.« Dieu voit tout. » Nana Tchana Apoline se raccroche à cette certitude depuis des mois. « Dieu voit tout », répète-t-elle. Et c’est bien le seul espoir qui survit chez cette femme de 29 ans, originaire du Cameroun. Elle marche sans but, sous un soleil de plomb, sur un chemin sablonneux du littoral tunisien. Il y a quelques heures, à quelques kilomètres de là, elle a été chassée par la garde nationale d’un campement où elle vivotait, avec Vidal, son fils de 2 ans. « On est démantelés à répétition, c’est grave », s’insurge-t-elle.
    Nana Tchana Apoline fait partie des quelque 20 000 migrants piégés dans des champs d’oliviers au nord de la ville de Sfax. Depuis 2023, des hommes, des femmes et des enfants, originaires de Côte d’Ivoire, de Guinée, du Burkina Faso ou encore du Mali, ont convergé vers cette région côtière, à moins de 300 kilomètres au sud de Tunis. Le site est devenu, pour moins de 1 500 dinars (442,61 euros) par personne, une rampe de lancement d’embarcations vers l’île italienne de Lampedusa, distante de moins de 200 kilomètres des côtes.
    Indésirables dans les centres-villes, les migrants subsahariens ont été peu à peu repoussés vers ces terres agricoles. Ils y ont aménagé des refuges sous des tentes de fortune, construites avec des couvertures et des bâches, tenues par des branchages ou du bois de palette. Ils s’y organisent un quotidien où l’attente d’une possibilité de départ le dispute à la recherche des moyens de subsistance.
    Les plus démunis s’approvisionnent en eau grâce aux tuyaux percés des systèmes d’irrigation agricoles, d’où jaillit un liquide salé et amer. D’autres préfèrent marcher deux heures sur des sentiers pour atteindre le robinet d’un cimetière. Tous se plaignent de diarrhées, quand ce n’est pas de la gale ou de la faim qui les tenaille et que beaucoup trompent avec des cigarettes bon marché. Pour garder un semblant de dignité, ils époussettent leurs nattes de plastique que la terre ocre recouvre à chaque coup de vent, se nettoient les dents avec un bâton, cherchent derrière un tronc l’intimité dont l’absence de latrines les prive.
    (...) Depuis la Tunisie, près de 100 000 hommes et femmes sont parvenus à gagner l’Italie en 2023 (dont plus de 17 000 Tunisiens). Une année record au cours de laquelle les arrivées ont triplé par rapport à 2022, selon les données de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). En 2024, ils n’étaient plus que 20 000, alors que les autorités tunisiennes multipliaient les interceptions en mer. Depuis le début de l’année, moins de 2 000 personnes ont réussi la traversée. La route semble refermée. Sur les plages de la région de Sfax, des vestiges témoignent de voyages empêchés. Sur la grève de la petite commune côtière d’Ellouza, des amas de tôles froissées et rouillées sont comme échoués sur des tapis d’algues séchées. Ce sont des bateaux artisanaux faits de minces plaques de métal soudées, interceptés par la garde maritime, qui les a rendus inutilisables. Ces vulgaires coques de noix n’auront pas tenu leur promesse.
    Celles et ceux qui étaient montés à bord ont été contraints de prolonger leur séjour dans un pays qui les retient mais qui ne veut pas d’eux. Les « Africains », ainsi que les autorités les désignent communément, ne sont les bienvenus nulle part. « On est bloqués, comme enfermés dans un trou », explique Mahamadou, un Guinéen de 27 ans. Découragés, certains se résignent à rentrer au pays, en souscrivant aux retours volontaires proposés par l’OIM. Cette agence de l’ONU a accompagné 11 000 migrants depuis 2024. Mais, dans les camps, cette option suscite de plus en plus la méfiance. De nombreuses personnes assurent avoir été trompées par la garde nationale. « On nous fait monter dans des bus en nous faisant croire que ce sont ceux de l’OIM, mais on nous envoie en prison ou dans le désert », témoignent-ils.
    Les violences infligées aux migrants sont largement documentées par la presse internationale, mais aussi dénoncées par la médiatrice européenne, des rapporteurs spéciaux des Nations unies ou encore l’Organisation mondiale contre la torture. Inlassablement, ceux qui ont échoué à traverser décrivent leurs arrestations, les moteurs et les stocks d’essence dérobés par les gardes-côtes, les téléphones et l’argent confisqués, les coups, les refoulements collectifs, les morts.
    Fabrice, un Camerounais de 25 ans, porte une large balafre sur la tempe. Il affirme avoir été frappé avec une crosse de fusil. Il a aussi une cicatrice au coin de la bouche, stigmate de coups de rangers portés au visage. « On ne peut pas s’opposer, on a les mains attachées par des gaines en plastique », assure-t-il. Aboubakar Bah, un Guinéen de 19 ans, rapporte avoir été refoulé dans une zone désertique en Algérie, après une interception en mer. « Dans notre convoi, deux femmes sont décédées du manque d’eau, qu’on a dû enterrer », ajoute-t-il.
    (...) Depuis 2011 et la chute du régime de Ben Ali, la Tunisie et l’Union européenne (UE) affichent une coopération parmi les plus importantes. Elle se déploie au travers de quelque 170 programmes représentant, au bas mot, une enveloppe globale de 1,5 milliard d’euros. Le volet migratoire du partenariat mobilise environ 230 millions d’euros. Ils sont distribués à des opérateurs, parmi lesquels des agences de l’ONU ou gouvernementales, comme le Centre international pour le développement des politiques migratoires (auquel concourent de nombreux Etats européens), l’agence de coopération allemande GIZ ou l’opérateur du ministère de l’intérieur français Civipol. Leurs actions consistent, notamment, à fournir des moteurs et des groupes électrogènes à la garde maritime tunisienne, à construire des bateaux, à financer et organiser des retours volontaires, ou à former des cadres de la garde nationale…
    Fin mai, des effectifs de cette dernière ont été reçus en France pour une « visite d’étude » sur le thème de la recherche et du sauvetage en mer. Par ailleurs, en juin 2023, la France a annoncé l’octroi de 26 millions d’euros d’aide, destinée, en particulier, à des effectifs de police et de gardes-frontières. L’Italie, la Suisse ou encore l’Allemagne sont également d’importants bailleurs.
    La Commission européenne s’est beaucoup investie dans cette coopération. Le 16 juillet 2023, sa présidente, Ursula von der Leyen, était reçue au palais présidentiel de Carthage par Kaïs Saïed, accompagnée de la cheffe du gouvernement italien d’extrême droite, Giorgia Meloni (qui a rendu pas moins de quatre visites à l’autocrate depuis 2023), pour mettre en scène la signature d’un mémorandum d’entente entre l’UE et la Tunisie. « L’objectif est de soutenir une politique globale en matière de migration fondée sur le respect des droits de l’homme », avait déclaré Ursula von der Leyen.
    Au regard des violations manifestes et multiples de ces droits, le bilan est accablant pour l’UE. « Il y a une volonté commune et partagée de réduire les flux, mais la politique tunisienne, c’est la Tunisie qui la fait », se défausse une source diplomatique européenne, sous le couvert de l’anonymat. Interrogée par un parlementaire, la commissaire à la Méditerranée, la Croate Dubravka Suica, répondait au début de l’année, dans un langage administratif et creux, que « la Commission tient les autorités des pays partenaires et les [opérateurs] responsables du respect et de la protection des droits de l’homme. En cas d’allégations, des éclaircissements et un suivi sont assurés par la délégation de l’UE ». Une façon expéditive de balayer les critiques tandis que de nouveaux protocoles d’entente essaiment au sud de l’Europe avec des pays comme la Mauritanie, l’Egypte ou le Maroc, dans le but d’externaliser le contrôle des arrivées irrégulières.
    « Il ne se passerait pas ce qu’il se passe en Tunisie si l’Europe ne fournissait pas un soutien actif au pays. Le pouvoir a besoin d’argent », tranche, sévère, Ramla Dahmani. Cette femme a mis sa vie en suspens depuis le 11 mai 2024. Ce jour-là, sa sœur Sonia Dahmani, avocate spécialisée dans la défense des droits humains et chroniqueuse, a été violemment arrêtée au sein de la Maison de l’avocat de Tunis. Peu avant, elle avait dénoncé le racisme dans le pays et moqué la vision complotiste des autorités lors d’une émission télévisée. Alors qu’un chroniqueur affirmait : « [Les migrants] veulent nous prendre notre pays », elle lui a répondu : « Mais de quel pays magnifique parle-t-on, dont les jeunes meurent en mer pour pouvoir partir ? »Son frère, Mehdi Dahmani, 53 ans, vit à Tunis, loin des camps de la région de Sfax, mais, comme les migrants subsahariens, il éprouve la sensation d’être pris à la gorge. Dans son bureau de transitaire, où flotte un parfum de tabac, il raconte les parloirs hebdomadaires de quinze minutes derrière une vitre en Plexiglas, sa sœur qui vient d’avoir 60 ans dans la prison de La Manouba, son état « aléatoire », tantôt « euphorique », plus souvent « à plat », les lettres qui lui sont adressées et qu’elle ne reçoit pas, ses problèmes d’arthrose, l’impossibilité de faire de l’exercice dans la cellule mal aérée qu’elle partage avec cinq autres femmes.Il évoque aussi leurs parents, âgés de 82 et 83 ans, « qui se demandent s’ils reverront leur fille » – Sonia Dahmani elle-même n’a pas revu la sienne depuis plus d’un an. « On ne sait même pas pourquoi elle est en prison », lâche Mehdi Dahmani. L’avocate a déjà été condamnée à deux peines d’un total de vingt-six mois de prison pour ses propos à la télévision. Le 30 juin, elle a de nouveau été condamnée à une peine de deux ans de prison (dont elle a interjeté appel) et elle fait encore l’objet de deux procédures pour des propos concernant l’état des prisons et le traitement des prisonniers.
    En mai 2024, ils sont nombreux, comme elle, à avoir subi la répression du régime pour être du mauvais côté. Plus aucune association ne s’aventure à venir en aide aux migrants. Leurs responsables ont fui le pays, pour les plus chanceux. Les autres ont été réduits au silence ou enfermés entre quatre murs. A l’image de Mustapha Djemali, un Suisso-Tunisien de 81 ans qui a fait carrière au Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), a sillonné le monde, avant de fonder, en 2016, le Conseil tunisien pour les réfugiés (CTR). L’essentiel de l’activité du CTR consistait à fournir une aide de première nécessité et accompagner les démarches d’asile en collaboration avec le HCR. Le 2 mai 2024, le CTR publiait une annonce, recherchant des hôtels pour héberger des demandeurs d’asile en situation précaire. Le lendemain, Mustapha Djemali était arrêté. Depuis lors, le HCR n’enregistre plus de réfugiés dans le pays et Mustapha Djemali, de santé fragile, attend d’être jugé, dans une cellule qu’il partage avec une trentaine d’autres détenus. Son comité de soutien redoute qu’il « tombe dans l’oubli ».
    Des mois durant, les proches de ces prisonniers d’opinion n’ont pas osé parler, espérant la clémence du régime de Saïed, pariant, pour d’autres, sur les efforts diplomatiques de l’UE, comme bailleur de certaines des organisations visées… Leur sagesse a été vaine. Dans le quartier bourgeois de La Marsa, une autre famille lutte contre l’oubli. Celle de Sherifa Riahi, ancienne directrice de Terre d’asile Tunisie, incarcérée depuis le 7 mai 2024. « C’est dur, très dur, souffle sa mère, Emna Farida Riahi, 74 ans. Je pense à ma fille loin de ses enfants. La petite a fait ses dents, elle marche et sa mère ne voit rien de tout ça. »Quand Sherifa Riahi a été arrêtée, elle ne travaillait plus pour Terre d’asile depuis un an, mais officiait pour l’organisation de développement Swisscontact. Sa fille, qu’elle allaitait, n’avait que 2 mois. Elle a dû être subitement sevrée. Son fils avait 3 ans. Il ne l’a pas vue pendant onze mois. Jusqu’à ce que la famille puisse demander un parloir spécial, et ses enfants la voir autrement que derrière une vitre, une heure, une fois tous les quinze jours.
    Pour arrêter cette femme de 42 ans, ainsi que plusieurs membres de Terre d’asile (deux sont, comme elle, incarcérés), les autorités ont d’abord visé sa participation à une émission de radio, en 2022, où elle évoquait le difficile accompagnement des migrants, avant de lui reprocher la signature, la même année, d’une convention entre l’association et la municipalité de Sousse (le maire et une adjointe sont en prison également) pour le prêt d’un local d’activités. Aux yeux des autorités, un « plan » visant à aider des « migrants illégaux ». Les accusations les plus graves, de complot et de blanchiment d’argent, ont été abandonnées, tout comme les charges contre l’association, mais Sherifa Riahi et ses anciens collègues restent en prison.Au bout d’un an de détention, Emna Farida Riahi n’« espère plus revoir [s]a fille sortir un jour » : « Même ceux qui ont été condamnés ne sortent pas une fois leur peine purgée. » Depuis l’incarcération de Sherifa, elle se réveille toutes les nuits, chaque heure, et se précipite sur son téléphone pour vérifier si des informations nouvelles lui sont parvenues. Son petit-fils, lui, ne veut plus prendre de douche. Avant mai 2024, c’était un moment privilégié qu’il partageait avec sa mère. Il en a désormais la phobie. A quelques centaines de kilomètres plus au sud, recluse dans les oliveraies de Sfax, Nana Tchana Apoline ne se lave pas non plus. Tandis que son fils, Vidal, joue dans la poussière, elle répète et se convainc : « Dieu voit tout. »

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