• Saint-Exupéry, le droit moral, la succession et la transaction (1/2) | Livres Hebdo
    http://www.livreshebdo.fr/article/saint-exupery-le-droit-moral-la-succession-et-la-transaction-12

    L’économie de la rente passe quand même avant la littérature. Faut pas exagérer, isn’t it ?
    Où l’on voit également que le « droit moral » n’est qu’une carte dans la main d’un négociateur, et nullement un outil pour le respect d’une oeuvre. Dommage, l’idée était bonne, mais la réalisation désastreuse (et ce n’est pas la première fois, cf. le livre « Cosette » et la famille Hugo - heureusement déboutée... versqatilité et insécruité juridique sur le statut du droit moral.

    Les revenus générés par l’œuvre d’Antoine de Saint-Exupéry restent au cœur de batailles juridiques.
    La Cour de cassation a statué, le 5 avril 2018, dans une nouvelle affaire Saint-Exupéry, rendant une décision instructive sur la possibilité de transiger sur le droit moral d’un auteur et sur sa dévolution successorale. L’œuvre d’Antoine de Saint-Exupéry reste en effet une des plus intéressantes… financièrement.

    Car celui qui eut sa vie durant de récurrentes peines d’argent génère depuis sa disparition, en 1944, de colossaux revenus. Si l’auteur du Petit Prince, publié à New York en 1943 et en France en 1945, n’a pas bénéficié des avantages que ne tarda pas à produire son œuvre, ses héritiers et son éditeur, eux, contemplent leurs escarcelles se remplir des dividendes que leur procure depuis plus d’un demi-siècle la vente de ses livres.

    C’est simple, Le Petit Prince est l’un des textes qui s’écoule le plus dans le monde (trente millions d’exemplaires), avec la Bible et Le Capital de Marx. Il est traduit en près de deux-cents langues, y compris le toba, langue amérindienne de l’Argentine où n’avait jusque-là été transposé que le Nouveau Testament...

    Héritage

    Quelles sommes les éditions Gallimard, qui perçoivent les droits étrangers avec la succession, engrangent-elles chaque année sur le nom de Saint-Exupéry ? C’est un secret. Le reste du pactole revient donc à la famille, du moins pour la moitié, l’autre étant dévolue à José Martinez Fructuoso, ancien secrétaire particulier de Consuelo de Saint-Exupéry, veuve de l’aviateur, qui, à sa mort en 1979, lui lègue ses biens et ceux dont elle a hérité de son mari.

    N’ayant pas eu d’enfant, l’écrivain avait désigné sa famille comme dévolutaire des droits sur son œuvre et son nom, c’est-à-dire ses deux sœurs survivantes, Simone, morte en 1979 (comme Consuelo), et Gabrielle, disparue en 1986 – son frère, François, et sa sœur, Marie-Madeleine, étaient morts avant lui.

    Gabrielle d’Agay —elle avait épousé Pierre, comte de Giraud d’Agay en 1923—, cadette de la famille, est la seule à avoir eu des enfants. Les quatre neveux d’Antoine de Saint-Exupéry sont donc devenus les héritiers et ayants droit de son œuvre. Tous se sont regroupés au sein de la Succession Antoine de Saint-Exupéry-d’Agay.

    Partage par moitié

    Précisions que, quand Consuelo meurt en 1979, elle lègue ses biens et ceux dont elle avait hérité de son mari —lesquels se composaient de lettres, cahiers de notes, papiers divers et manuscrits, ainsi que la moitié des royalties de son œuvre— à José Martinez Fructuoso. Le légataire de Consuelo de Saint-Exupéry partage donc les droits d’auteur engendrés par ces documents et l’ensemble des textes de l’écrivain avec la famille d’Agay, qui dispose en sus de l’exclusivité du droit moral. Ce qui signifie qu’elle seule est en mesure d’autoriser, ou non, les nouvelles exploitations des œuvres de Saint-Exupéry et des produits dérivés qui en sont issus, indépendamment de toute question de propriété patrimoniale.

    La Cour de cassation décrit, dans son arrêt de 2018, l’accord intervenu en 1947 entre les deux branches de la succession : "par une convention conclue le 29 mai 1947, pour « régler les droits respectifs des parties (relatifs) à la propriété littéraire des ouvrages de Saint-Exupéry », Consuelo, d’une part, Simone et Gabrielle d’Agay, d’autre part, ont décidé que « les héritiers du sang (auraient) seuls la propriété morale de l’oeuvre d’Antoine, le droit de décider quelles (seraient) les oeuvres à publier ou à rééditer, ainsi que... tous les droits qu’avait sur l’oeuvre l’auteur de son vivant » ; que les parties ont convenu, en outre, que « les produits de l’oeuvre (…) tant publiée de son vivant que posthume », seraient partagés par moitié".

    Atteinte au droit moral

    Malgré cet accord originel, les relations sont en apparence tendues entre les deux branches, puisque, déjà, le 17 octobre 2008, Les Arènes étaient condamnées pour atteinte au droit moral, et sommées de verser 68500 euros (sur les 100000 d’abord réclamés) de dommages et intérêts et frais de justice. Trois ans plus tôt, l’éditeur avait publié sans autorisation des lettres inédites de Saint-Exupéry à Consuelo, reproduites dans Antoine et Consuelo de Saint-Exupéry, un amour de légende, ouvrage coécrit par Alain Vircondelet et José Martinez Fructuoso.

    Dans la mesure où ni le légataire universel de Consuelo ni Les Arènes n’ont sollicité l’accord des d’Agay, ceux-ci ont porté l’affaire devant la justice. Et celle-ci leur a donné raison. Le tribunal a considéré que la reproduction de « 51 œuvres originales inédites d’Antoine de Saint-Exupéry, sans solliciter préalablement l’accord des consorts Giraud d’Agay » portait « atteinte au droit de divulgation post-mortem dont ces derniers sont titulaires ».

    Réhabilitation

    Le livre d’Alain Vircondelet et José Martinez Fructuoso montre des photographies, des reproductions d’objets, de télégrammes, qui sont des documents inédits sur lesquels, selon Laurent Beccaria, directeur des Arènes, les d’Agay ne détiennent pas de droits. Le directeur des Arènes explique aussi : « C’est un livre de charme, d’atmosphère, qui réhabilite une histoire d’amour émouvante et méconnue. La famille d’Agay nous reproche la divulgation d’extraits inédits, qui ne sont qu’une tête d’épingle des trésors qui reposent dans les archives de Consuelo. Le litige porte sur une dizaine de documents, quand le livre en contient environ quatre cents et pourrait en contenir des milliers d’autres, qui dorment encore dans des coffres, à cause du climat conflictuel qui entoure ce dossier. »

    Ce livre est aussi une entreprise de réhabilitation après les mots très virulents dont Consuelo était l’objet dans un catalogue paru à l’occasion d’une exposition organisée à la BNF, et à travers lesquels il était sous-entendu que son épouse n’avait été qu’une sorte d’erreur dans l’existence de l’écrivain.

    Or, poursuit Laurent Beccaria, « dans la réalité, Saint-Exupéry était un homme incroyablement vulnérable, déchiré, avec des amours multiples, mais qui a toujours gardé un lien fusionnel avec Consuelo. Les lettres qu’il lui a écrites montrent une tendresse forte et durable pour sa femme. Toutes les archives conservées par José Martinez-Fructuoso confirment qu’elle a joué un rôle important jusqu’à la fin. Comme les Mémoires de la rose, ses souvenirs posthumes publiés par Plon, ce livre lui rend justice. » Cela n’a pas convaincu les juges.

    #Edition #Domaine_public #Héritage #Droit_moral

  • Daniel Buren contre le Street Art (ou la trahison du droit moral) | Calimaq
    https://scinfolex.com/2018/06/16/daniel-buren-contre-le-street-art-ou-la-trahison-du-droit-moral

    A la fin du mois dernier, on apprenait que Daniel Buren a exigé le retrait d’une oeuvre de Street Art installée temporairement dans la cour du Palais royal, où se situent les fameuses colonnes sur lesquelles une partie de la renommée de cet artiste s’est construite. Le street artist Le Module de Zeer avait placé… Source : : : S.I.Lex : :

  • La nouvelle fin de Carmen et les libertés du domaine public – – S.I.Lex –
    https://scinfolex.com/2018/01/10/la-nouvelle-fin-de-carmen-et-les-libertes-du-domaine-public

    par Calimaq - Lionel Maurel

    L’idée même d’une « dénaturation de l’oeuvre » ne fait guère de sens, du moment que l’adaptation est clairement présentée comme telle et ne cherche pas à entretenir de confusion avec l’original. Les oeuvres du domaine public sont par définition « indestructibles » : Carmen restera toujours Carmen, tout comme les adaptations, souvent très libres, des Contes de Perrault par Disney n’ont pas fait disparaître le souvenir des originaux. C’est pourquoi l’analogie employée par Monsieur Poulpe à propos de cette nouvelle fin pour Carmen me paraît aussi choquante qu’absurde. Faire mourir Don José au lieu de Carmen n’a rien à voir avec un « taliban armé d’un lance-roquette qui estime que telle ou telle statue mérite d’être défoncée« . L’oeuvre – par essence immatérielle – est à l’abri des outrages irréversibles que l’on peut faire subir à la pierre. Elle s’offre sans fin aux nouvelles interprétations et c’est cette dynamique de recréation perpétuelle qui contribue à maintenir vivantes dans la mémoire les oeuvres du passé.

    #Domaine_public #Droit_moral

    • Si l’on se réfère à d’autres jurisprudences, on peut constater que cette balance des droits est loin d’être évidente à opérer. Une compagnie de théâtre a par exemple été condamnée pour violation du droit moral pour avoir monté une adaptation de la pièce En Attendant Godot de Samuel Beckett dans laquelle les personnages principaux étaient interprétés par des actrices. Jérôme Lindon, l’exécuteur testamentaire de Beckett, a réussi à obtenir gain de cause en faisant valoir que l’auteur avait laissé des instructions très claires manifestant sa volonté que le sexe des personnages ne soit pas modifié. Les juges ont donc bien retenu en l’espèce la « dénaturation de l’oeuvre », mais on notera que la pièce n’était pas encore entrée dans le domaine public et le jugement a été rendu en 1992, soit avant la jurisprudence des Misérables qui introduit la nécessité de tenir compte de la liberté d’expression et de création.

      https://books.google.fr/books?id=Bc8aBQAAQBAJ&pg=PT107&lpg=PT107&dq=en+attendant+godot+droit+mo

  • Des artistes demandent le retrait de leurs oeuvres prêtées, sans leur consentement, à la Biennale Méditerranéenne de Sakhnin, Israël
    http://www.huffpostmaghreb.com/2017/06/24/story_n_17282442.html

    « NOUS N’AVONS PAS ACCEPTÉ de participer à cet événement ». C’est en lettres capitales, comme pour exprimer leur colère, que trois #artistes ont tenu à remettre les pendules à l’heures. Dans une mise au point signée par l’artiste française d’origine algérienne #Zineb_Sedira, et les artistes franco-marocaines Yto Barrada et Bouchra Khalili, les trois plasticiennes nient avoir accepté de participer à la Biennale Méditerranéenne de Sakhnin, en Israël.

    Publié ce 24 juin et largement partagé sur les réseaux sociaux par de nombreux acteurs culturels, le texte indique que les artistes ont demandé à ce que leurs oeuvres soient retirées de la Biennale. "Un événement artistique nommé « la #Biennale_Méditerranéenne » à #Sakhnin, #Israël, a récemment annoncé à travers la newsletter à grande diffusion e-flux la participation d’#Yto_Barrada, #Bouchra_Khalili, #Zineb_Sedira lors de sa prochaine édition. C’est un mensonge, et une tentative de nous co-opter. NOUS N’AVONS PAS ACCEPTÉ de participer à cet événement", atteste le texte.

    #récupération #résistance via @mona

  • Le Comité Orwell de Natacha Polony rattrapé par les ayants droit de l’écrivain - Libération
    http://www.liberation.fr/france/2017/03/20/le-comite-orwell-de-natacha-polony-rattrape-par-les-ayants-droit-de-l-ecr

    Le patronyme d’un auteur est non seulement « un attribut de la personne », mais également « un élément essentiel du droit moral de l’auteur », explique Emmanuel Pierrat à Libération. Et si les droits de la personnalité s’éteignent pour l’essentiel avec le décès, il n’en va pas de même pour le droit moral qui est, en France, imprescriptible et inaliénable. Or, rappelle Agnès Tricoire, avocate spécialiste en droit de la propriété intellectuelle, « un média est une œuvre en soi et un ensemble d’œuvres ». Dès lors, estime-t-elle, associer à un auteur des œuvres qui ne sont pas de lui « peut constituer une atteinte à son droit moral ».

    #droit_d_auteur #droit_moral #orwell

  • Le #grand_n'importe_quoi_du_web
    Exemple d’appel d’offre d’une collectivité territoriale

    Il est alors convenu que le prestataire s’engage à céder à XXX les droits patrimoniaux attachés aux créations, pour la durée légale des droits d’auteur à savoir la vie de l’auteur puis 70 ans après son décès, pour l’ensemble des pays membres de la convention de Berne qui reconnaissent le droit d’auteur.

    ou comment inverser la donne…

    • @nicod_ j’entends bien ce que tu dis, que le contrat sera réécrit etc… n’empêche une telle méconnaissance au départ est alarmante.
      Le droit d’auteur est là non pour celui qui use de l’oeuvre mais pour défendre l’oeuvre et son auteur, que l’on soit pour ou contre le principe, et ce droit court de fait et sans déclaration jusqu’à 70 ans après la mort de l’auteur (pour ses ayants-droits) puis il monte dans le domaine public.
      Ce n’est pas qu’une histoire d’argent, l’auteur peut réclamer des dommages pour par exemple une oeuvre détournée de son objet ou détruite sans son accord.
      La cession des droits d’auteurs permet d’user de l’oeuvre durant un temps donné pas de se l’approprier ! donc c’est illégal.

    • Qu’est ce qui pourrait tomber sous le droit d’auteur quand on livre un site web sur commande ?

      Tout ! à partir du moment où tu peux prouver l’originalité de ta création : le design, la base de données, son contenu, les codes des fonctions…

      http://blog.christellemozzati.fr/droits-dauteur-les-fondamentaux
      explique assez bien le #droit_moral (incessible)

      Il est (…) légalement interdit pour l’exploitant, de reprendre une de vos créations pour l’arranger à sa sauce. Un webdesign librement interprété lors de l’intégration, ou complètement remanié par un autre graphiste à partir de vos créations originales sont, en théorie, des actions illégales.

      et le #droit_patrimonial d’une création web cessible via la #cession_de_droits

      Il est à noter que si un client exige une cession aussi complète, celle-ci doit être réalisée par l’avocat de l’auteur, pour les raisons évidentes que celui qui cède est celui qui possède, et c’est donc à vous d’imposer les règles.

      Comme de bien entendu, c’est de la théorie, difficile de se défendre en cas de manque du respect le plus simple : plagiat, saccage des codes, détournement du graphisme, retrait des noms d’auteur… même avec la loi, il faut du temps, de l’énergie et de l’argent pour réclamer. Ça peut être moralement très violent d’être bafoué par un commanditaire inconvenant et comprendre que finalement il est sourd à votre travail, alors parfois mieux vaut aller voir ailleurs, même si sensibiliser nos diffuseurs fait partie amha du métier.

      Code de la propriété intellectuelle

      Article L111-1
      L’auteur d’une oeuvre de l’esprit jouit sur cette oeuvre, du seul fait de sa création, d’un droit de propriété incorporelle exclusif et opposable à tous.

      http://www.legifrance.gouv.fr/affichCode.do?cidTexte=LEGITEXT000006069414

  • Copier, coller, respirer ! | Lionel Maurel (Calimaq)
    http://owni.fr/2012/06/20/copier-coller-respirer

    Déformer, détourner, transformer, partager : le #remix et le #mashup nous enrichissent, à l’#image de ces festivals consacrés à ces pratiques amateurs. Jusqu’aux frontières du légal aussi, vu que le #droit d’auteur n’a pas été inventé pour amuser la galerie. Entre « droit moral » et « liberté d’expression », choisis ton camp !

    #Chronique #Culture #Pouvoirs #creative_commons #dailymotion #droit_d'auteur #droit_moral #exception_culturelle #forum_des_images #liberté_d'expression #Mashup_Festival_Film #Rebecca_black #youtube

  • Ne touchez pas à Borges ! | La république des livres
    http://passouline.blog.lemonde.fr/2011/11/10/ne-touchez-pas-a-borges

    Chaque fois qu’une gazette se fait l’écho d’un procès contre un critique, un universitaire, un essayiste, ou même un défunt ami de son illustre mari (tel Adolfo Bioy Casarès) qui a osé à sa manière déposer ses hommages aux pieds de l’écrivain, le chœur se presse pour lui crier : bienvenue au club ! La fière cohorte des condamnés. Car la veuve veille, ses hommes de loi en embuscade. Propriétaire du droit moral et du droit patrimonial sur les écrits du grand aveugle visionnaire de la littérature, elle se manifeste dès qu’elle sent poindre une menace

    #littérature #Jorge_Luis_Borges #Maria_Kodama #hommage #droit #droit_moral