• Loi « immigration » : experts et associations soulignent la rupture politique marquée par le texte
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/12/20/loi-immigration-experts-et-associations-soulignent-la-rupture-politique-marq

    Loi « immigration » : experts et associations soulignent la rupture politique marquée par le texte
    Par Julia Pascual
    JULIEN MUGUET POUR « LE MONDE
    Une « victoire idéologique de l’extrême droite », des « digues qui sautent », le texte « le plus régressif depuis quarante ans »… Mardi 19 décembre, le projet de loi sur l’immigration » a été définitivement adopté par le Parlement à 349 voix contre 186, au sortir d’une commission mixte paritaire conclusive.
    Un an et demi après avoir été annoncé par le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, et malgré une motion de rejet essuyée le 11 décembre devant l’Assemblée nationale, le vote de la loi marque aux yeux de nombreux chercheurs, historiens, syndicats, avocats ou associations une rupture politique inédite tant son contenu reprend plusieurs marqueurs de l’extrême droite en matière d’immigration. Le tout, avec l’assentiment du gouvernement et d’une majorité de ses troupes à l’Assemblée nationale, outre celui, unanime, des députés Les Républicains (LR) et Rassemblement national.
    Composée de près d’une centaine d’articles, la loi reprend l’essentiel de la version du texte adopté au Sénat en novembre, durci sous la domination de la droite et du centre, alliés indispensables à la Macronie dans la recherche d’un vote. Il entérine notamment le rétablissement du délit de séjour irrégulier, le conditionnement de l’accès aux prestations familiales et aux aides au logement à cinq ans de séjour régulier, la remise en cause de l’automaticité du droit du sol, la possibilité de placer en rétention certains demandeurs d’asile à la frontière, celle de retirer un titre de séjour en cas de non-respect des « valeurs de la République », l’allongement des délais pour bénéficier du regroupement familial, le durcissement des conditions de l’immigration étudiante ou pour soins ou encore le vote de quotas annuels d’immigration par le Parlement.
    Ces mesures se sont ajoutées aux dispositions initiales du projet de loi qui lèvent les protections à l’éloignement dont bénéficient certains étrangers – en particulier ceux arrivés en France avant l’âge de 13 ans –, accélèrent le traitement des demandes d’asile ou exigent un niveau minimal de français pour l’obtention d’un titre de séjour pluriannuel (prérequis jusque-là réservé à la naturalisation).
    Une victoire « historique » de la droite, a salué le patron des Républicains, Eric Ciotti. Ce texte laisse « le champ libre à une xénophobie aujourd’hui complètement décomplexée », ont dénoncé mardi une large coalition d’associations parmi lesquelles la Fondation Abbé Pierre et France terre d’asile. Il « heurte de plein fouet les principes de notre République », a aussi déclaré la Défenseure des droits, Claire Hédon, s’alarmant notamment de la consécration de la « préférence nationale ». « C’est un basculement, estime à son tour Pierre Henry, président de France Fraternités et directeur général de l’association France terre d’asile entre 1997 et 2020. En franchissant ces lignes rouges, le gouvernement français rejoint les gouvernements illibéraux et populistes d’Europe. »
     »Alors qu’une loi sur l’immigration est votée en moyenne tous les deux à trois ans depuis les années 1980, celle qui vient d’être entérinée se distingue par une accumulation de mesures ayant trait à des champs très larges touchant à la fois au droit de la nationalité, au droit du séjour, à l’asile ou au code de la Sécurité sociale.
    L’opposition au texte avait gagné jusqu’aux syndicats de magistrats administratifs, le Syndicat de la juridiction administrative (SJA) et l’Union syndicale des magistrats administratifs, qui avaient de façon inédite appelé à la grève lundi 18 décembre pour dénoncer, en particulier, les dispositions – prévues dès la première version du texte – qui généralisent les audiences délocalisées ou en vidéoconférence pour juger des recours d’étrangers placés en rétention administrative. « C’est la première fois que, pour une catégorie entière de contentieux, on dit qu’on peut tenir des audiences sans la présence physique de l’ensemble des parties ou en dehors d’un lieu de justice, analyse Julien Henninger, président du SJA. C’est une bascule parce qu’on crée une inégalité devant la justice pour toute une catégorie de requérants. » Idem pour la disposition – également présente dans le texte initial – qui prévoit la généralisation du juge unique au détriment des formations collégiales de trois juges pour statuer sur les demandes d’asile. « Alors que le président de la République a encore déclaré [le 10 décembre] qu’il était attaché à la tradition d’asile, il remet en cause ce que la droite n’a jamais osé faire, c’est une rupture », juge l’historien Patrick Weil. La droite a largement œuvré à durcir la copie gouvernementale. Elle a, par exemple, resserré les conditions d’obtention du titre de séjour étudiant à travers le dépôt d’une caution ou la majoration des frais d’inscription. « C’est la première fois qu’une mesure aussi forte est prise, qui laisse à penser que les étudiants étrangers ne sont pas les bienvenus, regrette Guillaume Gellé, le président de France Universités, l’entité qui rassemble les dirigeants des universités et des grandes écoles. Cela va à l’encontre des intérêts de nos établissements – où plus de 40 % des doctorants sont étrangers – et de la diplomatie scientifique, culturelle et d’influence de notre pays. »
    Plus symbolique de la reprise des marqueurs idéologiques de la droite, le rétablissement du délit de séjour irrégulier (passible d’une amende de 3 750 euros), voulu par LR avec l’assentiment de l’exécutif, signe un retour en arrière dans l’histoire. Ce délit avait été supprimé en 2012 par la gauche, en application d’une directive européenne, et remplacé par la possibilité de placer les étrangers en retenue administrative. Devant la commission des lois de l’Assemblée nationale, M. Darmanin avait d’ailleurs convenu que « l’absence d’un délit de séjour irrégulier n’empêche pas la police de procéder à des retenues ni de renvoyer les personnes ». Mais l’exécutif s’est finalement rangé derrière les desiderata de la droite.
    Il l’a fait encore – en dépit d’âpres négociations – sur le conditionnement de l’accès à certaines prestations sociales à cinq ans de séjour régulier (délai minoré pour ceux qui travaillent), qui « légitime la préférence nationale chère à l’extrême droite », regrette Dominique Sopo, président de SOS-Racisme. Avalisée également, la fin de l’automaticité du droit du sol. L’enfant né en France de parents étrangers devra ainsi manifester sa « volonté » de devenir français à sa majorité. Une « régression énorme », selon Patrick Weil. M. Darmanin voyait dans cette mesure, introduite par la droite sénatoriale, un cavalier législatif (sans rapport avec l’objet de la loi) susceptible d’être retoqué par le Conseil constitutionnel. Mais, là encore, les digues ont cédé. « C’est un peu le retour de la droite Pasqua », s’est d’ailleurs réjoui mardi Olivier Marleix, le chef de file du parti Les Républicains à l’Assemblée nationale, en référence à celui qui, ministre de l’intérieur, avait remis en cause la tradition républicaine du droit du sol et introduit la manifestation de la volonté entre 1993 et 1998.Egalement considérée comme un cavalier législatif, la suppression de l’aide médicale d’Etat – une couverture maladie pour les sans-papiers – a été écartée du texte final mais, sous la pression des LR, le gouvernement a promis une réforme début 2024.« L’accumulation de mesures dans le texte installe une logique de soupçon inédite vis-à-vis de l’immigré », considère le sociologue François Héran. « Ce n’est pas l’opinion publique qui pousse dans ce sens, dénonce l’avocat Stéphane Maugendre, président du Groupe d’information et de soutien des immigrés. Ce sont les politiques qui créent un appel d’air au racisme. »Longtemps présenté comme la jambe gauche du texte gouvernemental et conspué par la droite, le titre de séjour pour les travailleurs sans papiers dans les métiers en tension a été réduit à peau de chagrin. La régularisation de ces immigrés salariés devait à l’origine se faire de « plein droit ». A l’arrivée, elle demeure à la libre appréciation des préfets et seul l’accompagnement de l’employeur dans les démarches n’est plus un prérequis. « Historiquement, on a toujours eu des vagues de régularisation, même sous Nicolas Sarkozy, recontextualise l’avocat Patrick Berdugo, vice-président de l’association Avocats pour la défense des droits des étrangers. Aujourd’hui, c’est totalement exclu, au point que la droite se coupe d’une partie non négligeable de son électorat parmi les patrons de PME. » Mardi encore, le Medef expliquait pourtant que l’économie avait un besoin « massif » d’immigration.

    #Covid-19#migration#migrant#france#loimigration#droitdesejour#retention#prestationsociale#etudiant#regularisation#prefet#titredesejour#metierentension#economie#racisme

  • Loi « immigration » : experts et associations soulignent la rupture politique marquée par le texte
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    Loi « immigration » : experts et associations soulignent la rupture politique marquée par le texte
    Par Julia Pascual
    JULIEN MUGUET POUR « LE MONDE
    Une « victoire idéologique de l’extrême droite », des « digues qui sautent », le texte « le plus régressif depuis quarante ans »… Mardi 19 décembre, le projet de loi sur l’immigration » a été définitivement adopté par le Parlement à 349 voix contre 186, au sortir d’une commission mixte paritaire conclusive.
    Un an et demi après avoir été annoncé par le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, et malgré une motion de rejet essuyée le 11 décembre devant l’Assemblée nationale, le vote de la loi marque aux yeux de nombreux chercheurs, historiens, syndicats, avocats ou associations une rupture politique inédite tant son contenu reprend plusieurs marqueurs de l’extrême droite en matière d’immigration. Le tout, avec l’assentiment du gouvernement et d’une majorité de ses troupes à l’Assemblée nationale, outre celui, unanime, des députés Les Républicains (LR) et Rassemblement national.
    Composée de près d’une centaine d’articles, la loi reprend l’essentiel de la version du texte adopté au Sénat en novembre, durci sous la domination de la droite et du centre, alliés indispensables à la Macronie dans la recherche d’un vote. Il entérine notamment le rétablissement du délit de séjour irrégulier, le conditionnement de l’accès aux prestations familiales et aux aides au logement à cinq ans de séjour régulier, la remise en cause de l’automaticité du droit du sol, la possibilité de placer en rétention certains demandeurs d’asile à la frontière, celle de retirer un titre de séjour en cas de non-respect des « valeurs de la République », l’allongement des délais pour bénéficier du regroupement familial, le durcissement des conditions de l’immigration étudiante ou pour soins ou encore le vote de quotas annuels d’immigration par le Parlement.
    Ces mesures se sont ajoutées aux dispositions initiales du projet de loi qui lèvent les protections à l’éloignement dont bénéficient certains étrangers – en particulier ceux arrivés en France avant l’âge de 13 ans –, accélèrent le traitement des demandes d’asile ou exigent un niveau minimal de français pour l’obtention d’un titre de séjour pluriannuel (prérequis jusque-là réservé à la naturalisation).
    Une victoire « historique » de la droite, a salué le patron des Républicains, Eric Ciotti. Ce texte laisse « le champ libre à une xénophobie aujourd’hui complètement décomplexée », ont dénoncé mardi une large coalition d’associations parmi lesquelles la Fondation Abbé Pierre et France terre d’asile. Il « heurte de plein fouet les principes de notre République », a aussi déclaré la Défenseure des droits, Claire Hédon, s’alarmant notamment de la consécration de la « préférence nationale ». « C’est un basculement, estime à son tour Pierre Henry, président de France Fraternités et directeur général de l’association France terre d’asile entre 1997 et 2020. En franchissant ces lignes rouges, le gouvernement français rejoint les gouvernements illibéraux et populistes d’Europe. »
     »Alors qu’une loi sur l’immigration est votée en moyenne tous les deux à trois ans depuis les années 1980, celle qui vient d’être entérinée se distingue par une accumulation de mesures ayant trait à des champs très larges touchant à la fois au droit de la nationalité, au droit du séjour, à l’asile ou au code de la Sécurité sociale.
    L’opposition au texte avait gagné jusqu’aux syndicats de magistrats administratifs, le Syndicat de la juridiction administrative (SJA) et l’Union syndicale des magistrats administratifs, qui avaient de façon inédite appelé à la grève lundi 18 décembre pour dénoncer, en particulier, les dispositions – prévues dès la première version du texte – qui généralisent les audiences délocalisées ou en vidéoconférence pour juger des recours d’étrangers placés en rétention administrative. « C’est la première fois que, pour une catégorie entière de contentieux, on dit qu’on peut tenir des audiences sans la présence physique de l’ensemble des parties ou en dehors d’un lieu de justice, analyse Julien Henninger, président du SJA. C’est une bascule parce qu’on crée une inégalité devant la justice pour toute une catégorie de requérants. » Idem pour la disposition – également présente dans le texte initial – qui prévoit la généralisation du juge unique au détriment des formations collégiales de trois juges pour statuer sur les demandes d’asile. « Alors que le président de la République a encore déclaré [le 10 décembre] qu’il était attaché à la tradition d’asile, il remet en cause ce que la droite n’a jamais osé faire, c’est une rupture », juge l’historien Patrick Weil. La droite a largement œuvré à durcir la copie gouvernementale. Elle a, par exemple, resserré les conditions d’obtention du titre de séjour étudiant à travers le dépôt d’une caution ou la majoration des frais d’inscription. « C’est la première fois qu’une mesure aussi forte est prise, qui laisse à penser que les étudiants étrangers ne sont pas les bienvenus, regrette Guillaume Gellé, le président de France Universités, l’entité qui rassemble les dirigeants des universités et des grandes écoles. Cela va à l’encontre des intérêts de nos établissements – où plus de 40 % des doctorants sont étrangers – et de la diplomatie scientifique, culturelle et d’influence de notre pays. »
    Plus symbolique de la reprise des marqueurs idéologiques de la droite, le rétablissement du délit de séjour irrégulier (passible d’une amende de 3 750 euros), voulu par LR avec l’assentiment de l’exécutif, signe un retour en arrière dans l’histoire. Ce délit avait été supprimé en 2012 par la gauche, en application d’une directive européenne, et remplacé par la possibilité de placer les étrangers en retenue administrative. Devant la commission des lois de l’Assemblée nationale, M. Darmanin avait d’ailleurs convenu que « l’absence d’un délit de séjour irrégulier n’empêche pas la police de procéder à des retenues ni de renvoyer les personnes ». Mais l’exécutif s’est finalement rangé derrière les desiderata de la droite.
    Il l’a fait encore – en dépit d’âpres négociations – sur le conditionnement de l’accès à certaines prestations sociales à cinq ans de séjour régulier (délai minoré pour ceux qui travaillent), qui « légitime la préférence nationale chère à l’extrême droite », regrette Dominique Sopo, président de SOS-Racisme. Avalisée également, la fin de l’automaticité du droit du sol. L’enfant né en France de parents étrangers devra ainsi manifester sa « volonté » de devenir français à sa majorité. Une « régression énorme », selon Patrick Weil. M. Darmanin voyait dans cette mesure, introduite par la droite sénatoriale, un cavalier législatif (sans rapport avec l’objet de la loi) susceptible d’être retoqué par le Conseil constitutionnel. Mais, là encore, les digues ont cédé. « C’est un peu le retour de la droite Pasqua », s’est d’ailleurs réjoui mardi Olivier Marleix, le chef de file du parti Les Républicains à l’Assemblée nationale, en référence à celui qui, ministre de l’intérieur, avait remis en cause la tradition républicaine du droit du sol et introduit la manifestation de la volonté entre 1993 et 1998.Egalement considérée comme un cavalier législatif, la suppression de l’aide médicale d’Etat – une couverture maladie pour les sans-papiers – a été écartée du texte final mais, sous la pression des LR, le gouvernement a promis une réforme début 2024.« L’accumulation de mesures dans le texte installe une logique de soupçon inédite vis-à-vis de l’immigré », considère le sociologue François Héran. « Ce n’est pas l’opinion publique qui pousse dans ce sens, dénonce l’avocat Stéphane Maugendre, président du Groupe d’information et de soutien des immigrés. Ce sont les politiques qui créent un appel d’air au racisme. »Longtemps présenté comme la jambe gauche du texte gouvernemental et conspué par la droite, le titre de séjour pour les travailleurs sans papiers dans les métiers en tension a été réduit à peau de chagrin. La régularisation de ces immigrés salariés devait à l’origine se faire de « plein droit ». A l’arrivée, elle demeure à la libre appréciation des préfets et seul l’accompagnement de l’employeur dans les démarches n’est plus un prérequis. « Historiquement, on a toujours eu des vagues de régularisation, même sous Nicolas Sarkozy, recontextualise l’avocat Patrick Berdugo, vice-président de l’association Avocats pour la défense des droits des étrangers. Aujourd’hui, c’est totalement exclu, au point que la droite se coupe d’une partie non négligeable de son électorat parmi les patrons de PME. » Mardi encore, le Medef expliquait pourtant que l’économie avait un besoin « massif » d’immigration.

    #Covid-19#migration#migrant#france#loimigration#droitdesejour#retention#prestationsociale#etudiant#regularisation#prefet#titredesejour#metierentension#economie#racisme

  • 🔴 Victoire pour le droit de manifester !

    « Le tribunal administratif de Paris a suspendu l’interdiction par la préfecture de police de manifester ce soir (démarche du Syndicat des avocats de France, du Syndicat de la magistrature, de la Ligue des Droits de l’Homme et de l’Union Syndicale Solidaires. »

    #Grèves #DroitDeGreve #Droitdemanifester

    > via l’Union Syndicale Solidaires
    https://www.solidaires.org

    > via la LDH
    https://www.ldh-france.org

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  • 🛑 Gardes à vue, assignations, crainte de licenciements : la répression vise aussi les syndicalistes - Basta !

    Depuis le début du mouvement, des militants syndicaux ont été mis en garde à vue à la suite de manifestations, arrêtés sur des actions non violentes, poursuivis pour un piquet de grève, et même blessés par la police (...)

    #ViolencesPolicières #répression #Grèves #DroitdeGrève #syndicat...

    ⏩ Lire le texte complet…

    ▶️ https://basta.media/reforme-des-retraites-manifestations-greves-gardes-a-vue-tribunal-craintes-

  • Des réfugiés syriens privés de permis de séjour au Danemark
    https://www.lemonde.fr/international/article/2021/04/08/des-refugies-syriens-prives-de-permis-de-sejour-au-danemark_6076008_3210.htm

    Agée de 19 ans aujourd’hui, Aya habite Nyborg, une petite ville de la province de Fyn, au centre du pays. En juin, celle que le directeur de son lycée présente comme une « élève brillante » aurait dû décrocher son diplôme de fin d’études secondaires. Mais, le 30 mars, elle a reçu un e-mail de l’office des migrations, l’informant que son permis de séjour, arrivé à expiration fin janvier, ne serait pas renouvelé : les autorités danoises estiment que la situation dans la région de Damas est suffisamment sûre pour qu’elle et ses parents puissent y retourner.Leur cas est loin d’être isolé. Selon les chiffres de l’office des migrations, 170 réfugiés syriens ont perdu leur titre de séjour en 2020. Entre janvier et février, 84 autres. Et, depuis mars, plusieurs dizaines encore, faisant du Danemark le premier pays en Europe à ordonner le retour des réfugiés syriens. En pleine pandémie de Covid-19, leur sort avait jusque-là suscité peu d’émotion dans le royaume scandinave. Le message du directeur du lycée de Nyborg, publié sur Facebook, le 1er avril, et partagé plus de 10 000 fois depuis, leur a donné un visage : celui d’Aya, dont les parents, écrit Henrik Vestergaard Stokholm, ont été « harcelés et menacés » par les autorités syriennes après que leurs fils ont quitté le pays, et qui ont « tout fait pour s’intégrer depuis qu’ils sont arrivés » au Danemark. Sans que cela suffise.(...)
    Depuis, les trois partis de centre gauche, alliés du gouvernement minoritaire, dirigé par la sociale-démocrate Mette Frederiksen depuis 2019, ont pris fait et cause pour la lycéenne, ses parents, et les autres Syriens, dont les témoignages commencent à émerger sur les réseaux sociaux. Pas de quoi émouvoir cependant le ministre de l’immigration et de l’intégration, Mattias Tesfaye. Sur TV2, le 2 avril, il a fait semblant de croire que la famille d’Aya espérait un traitement de faveur et martelé qu’il n’était pas question de faire « deux piles différentes », entre « ceux qui passent à la télé » et les autres. Contacté par Le Monde, le ministre (lui-même fils d’un réfugié éthiopien) affirme que le Danemark a été « honnête dès le premier jour » avec les Syriens, « en disant clairement que leur permis de résidence était temporaire et pouvait être révoqué si le besoin de protection cessait d’exister ».
    Fin février, Mattias Tesfaye avait fait savoir que les dossiers de 350 personnes, originaires de la province de Damas, allaient être réexaminés. La commission de recours des réfugiés venait alors de confirmer en appel la décision de l’office des migrations de ne pas renouveler le titre de séjour de trois Syriens. Raison invoquée : « Depuis mai 2018, les autorités syriennes contrôlent pratiquement toute la ville de Damas et sa province, et il n’y a eu aucun incident de sécurité majeur dans la région. »En juin 2020, se basant sur des conclusions similaires de l’office des migrations pour la capitale syrienne, M. Tesfaye avait déjà ordonné le réexamen de 900 dossiers. Pour justifier de la position de son gouvernement, le ministre rappelle que près de 100 000 Syriens, qui ont fui leur pays, y sont rentrés l’an dernier, dont 237 repartis volontairement du Danemark entre 2019 et 2020.
    Les ONG dénoncent une « décision politique », ne reflétant en rien la situation sur le terrain. « Les récentes améliorations observées dans certaines zones en Syrie ne sont pas suffisamment importantes, stables et durables pour garantir la sécurité de ceux qui rentreraient », assure Anders Aalbu, porte-parole du Haut-Commissariat aux réfugiés dans les pays nordiques. « Le fait qu’il n’y a pas de combats dans la région de Damas ne veut pas dire qu’il n’y a pas de risques », renchérit Charlotte Slente, secrétaire générale du Conseil danois des réfugiés. Elle fait état de « violations des droits de l’homme, détentions arbitraires et disparitions ».
    Engagé dans la défense du droit d’asile, l’écrivain Carsten Jensen fustige « une politique dans la continuité de ce que la droite a fait depuis le début des années 2000, avec le soutien de l’extrême droite ». Les sociaux-démocrates l’assument. « Ils sont convaincus que c’est ce qui leur a permis de récupérer les voix de l’extrême droite et de revenir au pouvoir », résume M. Jensen. Fin janvier, Mme Frederiksen, a d’ailleurs rappelé que son objectif était « zéro réfugié ».Toutefois, les Syriens ne pourront pas être renvoyés de force. Si le parti libéral souhaite signer un accord de rapatriement avec le régime de Bachar Al-Assad, le gouvernement danois s’y oppose. Ceux qui refusent de partir d’eux-mêmes seront donc placés dans des « centres de retour », avec interdiction d’étudier ou de travailler. Des conditions que Lisa Blinkenberg, conseillère à Amnesty International, craint voir pousser les personnes concernées à accepter un retour, malgré les risques.

    #Covid-19#migrant#migration#danemark#syrie#sante#politiquemigratoire#rapatriement#asile#droitdelhomme

  • La direction menace les cheminots de poursuites disciplinaires pour une grève « pas acceptable »
    https://www.revolutionpermanente.fr/La-direction-menace-les-cheminots-de-poursuites-disciplinaires-

    Que la sécurité dans les trains ne soit pas assurée, que les conducteurs soient seuls pour gérer des situations gravissimes, que le matériel soit de plus en plus endommagé, rien de tout cela ne dérange le gouvernement. Par contre, que les cheminots le dénoncent et exercent leur droit de retrait, voilà qui dérange le gouvernement et la direction de l’entreprise, qui a décidé de mettre en demeure des cheminots qui ont arrêté le travail, les menaçant de « poursuites disciplinaires ».

  • Petit récapitulatif sur les arrêts de la CJCE Viking et Laval. Arrets Laval et Viking, la délicate conciliation du droit syndical et des liberté de prestation de services et d’établissement
    http://www.eurogersinfo.com/actu5507.htm

    Dans l’affaire Laval, il s’agissait de savoir si des syndicats suédois pouvaient imposer à une entreprise lettone qui détachait des travailleurs en Suède le respect de conditions de salaire résultant d’une convention collective sectorielle. Laval, une entreprise de bâtiment avait obtenu un marché de construction en Suède. Mais un syndicat suédois du bâtiment avait bloqué le chantier au motif que Laval ne respectait pas la convention collective applicable au secteur . La société refusait en effet de la signer, ce qui lui permettait de payer ses ouvriers détachés à des salaires inférieurs à ceux prévus par la convention (« dumping salarial ») . L’action du syndicat avait conduit à l’abandon du chantier par Laval en février 2005, ce dont cette dernière demandait réparation.

    Dans l’affaire Viking, la question posée était celle de la légalité de l’action collective syndicale pour dissuader une société de délocaliser au sein de la Communauté européenne, afin de tirer profit de législations sociales plus avantageuses pour les employeurs car moins protectrices des salariés. En l’espèce, la société finlandaise de ferries Viking Line, avait décidé de faire immatriculer un de ses ferries en Estonie afin de remplacer le personnel navigant par un équipage estonien, rémunéré à un niveau de salaire inférieur à celui pratiqué en Finlande, et de pouvoir concurrencer d’autres ferries sur la même liaison maritime. Elle avait demandé en justice une injonction afin d’empêcher le FSU, Syndicat des marins finnois, de mener une action syndicale visant à protéger les emplois de ses membres et d’obliger la Fédération internationale des ouvriers du transport à retirer l’interdiction qu’elle avait faite à ses affiliés de négocier avec elle, en solidarité avec le FSU.

    #droitdegreve #UE #Viking_et_Laval

  • Le Figaro - Flash Eco : Refus du Sénat sur le droit de grève UE
    http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2012/04/26/97002-20120426FILWWW00539-refus-du-senat-sur-le-droit-de-greve-ue.php

    Le Sénat a donné un avis négatif sur une proposition de règlement européen sur le droit de grève la jugeant « contraire au principe de subsidiarité », indique aujourd’hui un communiqué de la commission des Affaires européennes du Sénat.

    La commission sénatoriale, présidée par le socialiste Simon Sutour, a jugé « qu’en soumettant l’exercice du droit de grève au respect de la liberté d’établissement et de la libre prestation des services dans l’Union » la proposition de règlement « empiète sur les compétences réservées aux Etats membres ».

    « Les traités excluent, en effet, formellement le droit de grève du champ de compétence de l’UE », assure-t-elle.

    La commission sénatoriale « appelle les autres parlements nationaux à adopter rapidement des avis motivés sur ce texte important pour la protection des droits des travailleurs et la lutte contre le dumping social ».

    Elle souligne que « si un tiers des parlements de l’Union juge une proposition de la Commission européenne contraire à ce principe (de subsidiarité), la Commission européenne doit la réexaminer ».

    La commission européenne a présenté le 21 mars une proposition de règlement du conseil « relatif à l’exercice du droit de mener des actions collectives dans le contexte de la liberté d’établissement et de la libre prestation des services ».

    #droitdegreve #UE #viking_et_laval #c'estbond'avoirunsénatdegauche

  • La commission européenne veut inscrire les dispositions des arrêts Vikings et Laval dans le Traité européen ! Autrement dit, faire du droit de grève un droit constitutionnellement subordonné à la liberté d’entreprendre. « Proposition de résolution sur la proposition de règlement du Conseil relatif à l’exercice du droit de mener des actions collectives »
    http://www.senat.fr/leg/ppr11-509.html

    16 mai 2012

    EXPOSÉ DES MOTIFS

    Mesdames, Messieurs

    La Commission européenne a présenté le 21 mars 2012 deux textes très attendus par les partenaires sociaux européens : la proposition de directive du Parlement européen et du Conseil relative à l’exécution de la directive 96/71/CE concernant le détachement de travailleurs effectué dans le cadre d’une prestation de services1() et la proposition de règlement du Conseil relatif à l’exercice du droit de mener des actions collectives dans le contexte de la liberté d’établissement et de la libre prestation des services2().

    Ces deux textes doivent répondre aux inquiétudes consécutives aux désormais célèbres arrêts Viking3(), Laval4() et Rüffert5() de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE). En effet, ces arrêts ont interprété de manière très restrictive la directive 96/71/CE sur le détachement des travailleurs et ont semblé subordonner le droit à l’action collective des travailleurs au respect des grandes libertés économiques. La Confédération européenne des syndicats (CES) a immédiatement dénoncé un risque immense de « dumping social » et de limitation de la capacité des travailleurs européens à défendre leurs droits sociaux fondamentaux6().
    ...
    Enfin, l’article 3, paragraphe 4, dessine le raisonnement que les juridictions nationales doivent suivre lorsque, dans un cas concret, l’exercice d’un droit fondamental restreint une liberté économique. Il revient aux juridictions nationales « de déterminer si et dans quelle mesure une telle action collective, en vertu des règles nationales et du droit conventionnel applicable à cette action, ne va pas au-delà de ce qui est nécessaire pour atteindre le ou les objectifs poursuivis, sans préjudice du rôle et des compétences de la Cour de justice ». En somme, cet article invite les juridictions nationales à soumettre le droit à mener des actions collectives à un contrôle de proportionnalité. Il reprend très exactement le raisonnement suivi par la CJUE dans ses arrêts Viking et Laval précités.

    #fuck_UE #droitdegreve #droitsociaux_endanger

  • Documentaire vidéo : Les suffragettes
    http://videos.arte.tv/fr/videos/les_suffragettes-6440880.html

    Dans la seconde moitié du XIXe siècle, au Royaume-Uni, des femmes commencent à s’organiser pour militer en faveur du droit de vote. En 1905, dans l’Angleterre Edwardienne, les femmes n’en ont toujours pas le droit. Les injustices qu’elles subissent ne sont pas entendues et leurs revendications sont nombreuses. Il faudra attendre 1928 pour que celles que l’on surnomme les suffragettes obtiennent gain de cause. En dix ans, grâce à leur farouche détermination, elles vont faire passer le Royaume-Uni du vote censitaire au suffrage universel, en redéfinissant totalement la notion de citoyenneté. Les femmes, traditionnellement considérées comme inférieures, et écartées des affaires politiques, peuvent désormais s’exprimer au même titre que les hommes.

    #droitdevote #féminisme

  • Interview de Bafing Kul sur sa lutte contre l’excision | MilitantVibes
    http://militantvibes.com/mv/interview-de-bafing-kul-sur-sa-lutte-contre-lexcision

    Continuons à supporter le projet de concert au mali contre l’excision, en demandant à Bafing Kul de nous parler de son engagement pour le droit des femmes. Retour sur le rôle d’un artiste dans la société, sur les origines d’une prise de conscience et sur un Code la Famille qui aurait pu défendre les femmes maliennes… si il avait été promulgué.

    MilitantVibes : Peux tu nous parler de ta chanson « exciser c’est pas bon », écrite en partie en Bambara ?
    Bafing Kul : Je peux te parler d’”Exciser c’est pas bon”, qui a une partie en français et une autre en bambara. Elle me tient à coeur, l’excision est une véritable injustice contre toutes les femmes et envers l’humanité. Je dis dans cette chanson qu’il y a une coutume pour les femmes qui n’est pas bénéfique. J’explique que contrairement à ce que dis la coutume, la femme n’a pas besoin de passer par là pour être brâve ou digne, et que ni la religion ni la tradition ne demandaient cette pratique. Et même si elles le demandaient il ne faut pas pour autant suivre un tel comportement. Après tout la religion et la tradition sont faites pour servir l’humanité, si on sait qu’un point ne nous sert pas, il faut l’abandonner. Exciser c’est pas bon, exciser c’est mutiler, arrêtez de mutiler.

    http://www.youtube.com/watch?v=j3b9fT3Ec_Q

    #excision #droitdesfemmes #musique